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C e gros oiseau au plumage blanc se reconnaît très facilement. Le bec orange avec à sa base un tubercule noir et son long coup, sont caracté- ristiques tant chez le mâle que chez la femelle. Le seul signe distinctif est le tubercule plus prononcé chez le mâle et son poids plus important. Le petit nouveau Le Cygne tuberlé est originaire de quelques régions localisées entre l’Asie orientale et la Scandinavie. En Europe, ce dernier se trouvait dans l’ex-Union soviétique et au Nord de l’Alle- magne et de la Pologne. Il fût introduit en Europe centrale au XV et XVI siècles, principalement pour coloniser les plans d’eau de grandes propriétés. Dès cette époque, quelques individus se sont échappés et ont commencé à coloniser les milieux naturels. En Suisse, le premier lâcher recensé a eu lieu en 1690. De nombreux lâchers ont été réalisés entre le XIX et le XX siècles. Aujourd’hui, la population de cygnes s’est très lar- gement développée et colonise l’ensemble des lacs et grands fleuves suisses. Nous le trouvons principalement à des altitudes inférieures à 600 mètres, avec de nombreuses exceptions sur les lacs de montagne, comme, par exemple, sur les lacs de Joux et de Morgins ou même sur le lac de St.-Moritz à 1’770 mètres. Le cygne est devenu un symbole de nos lacs. La danse du cygne Lors de la parade nuptiale, mâle et femelle se fond face majestueusement en rapprochant leurs têtes et en se caressant les joues tout en balançant symétriquement leur cou. Nidification Pour nicher, la femelle entasse à proximité directe de l’eau, des herbes, des roseaux et des petits bois flottants apportés par le mâle. Cette construction ressemble à une grosse plate-forme. La femelle pond entre mi-mars et juin, de 5 à 7 œufs gris verdâtre. L’incubation dure 31 jours environ. Le mâle et la femelle se partagent la couvaison. Les poussins quitteront le nid après un à deux jours. Ils seront capables de voler après 4,5 à 5 mois. A Genève A Genève, l’atlas des oiseaux nicheurs du Canton fait mention de 17 nids trouvés sur le Rhône et 26 nids sur les rives du lac, pour 10 couples formés, alors que les comptages hivernaux annoncent environ 700 individus sur l’ensemble du Léman. La nidification est en diminution ces dernières années, probablement due aux dérangements humains, à la présence de nombreux chiens et aux fluctuations des niveaux d’eau. Si fâché... Lorsque le cygne est fâché, sa silhouette typique peut être observée, les ailes gonflées au-dessus du dos et sa tête rejetée en arrière. Il n’est pas rare dans ces situations, le cygne émet un souffle en direction de l’intrus afin de l’impressionner. Le Cygne tuberculé se nourrit principalement de végétation aquatique qu’il trouve sur les rives et sous l’eau. Pour atteindre la nourriture submergée, le cygne bascule, la tête au fond de l’eau et dres- se la queue, comme les canards de surface, pour «brouter». L’aéroport épargné Durant ces dix dernières années, le Cygne tuber- culé n’a été observé qu’à trois reprises à l’AIG dont deux fois en vol. Lorsqu’un cygne se déplace c’est en général sur de faibles distances et il suit le plan d’eau ou le cours d’eau qu’il occupe. Par deux fois des Cygnes de passage ont été observés au-des- sus de l’AIG pour la plus grande frayeur des contrô- leurs de la Tour et des agents de prévention aviai- re. Il y a plus de dix ans, un Cygne s’était perdu dans le brouillard et s’était posé en bordure de pis- te. Une fois le brouillard dissipé, ce dernier avait été effarouché et s’était envolé en direction du Rhône, qui rappelons-le se situe à 1’800 mètres du seuil de piste 05, alors que le lac se trouve à 1500 mètres du seuil de piste 23. Fort heureusement ces visites sont rarissimes, nous vous laissons imaginer une collision avec cet animal qui, signalons-le, fait 9 à 13 kilos et 200 à 250 cm. d’envergure. Stéphane PILLET Directeur de BTEE en charge de l’unité de prévention du péril aviaire et de gestion de la faune (PPA-GF) Ornithologie Qui ne connaît le Cygne tuberculé? Vos souvenirs d’enfance vous rappel- lent probablement la sortie du dimanche sur les quais de la rade oû nombreux étaient les promeneurs en train de jeter du pain aux cygnes. Connaissez-vous nos amis les oiseaux? Cygne Tuberculé (Cygnus olor) 16 No 51 Mars 2007 imprimé sur du papier 100% recyclé Cyclus Print (photo Christian Béchir)

Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

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Page 1: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

Ce gros oiseau au plu ma ge blanc se recon naîttrès faci le ment. Le bec oran ge avec à sa base

un tuber cu le noir et son long coup, sont carac té -ris ti ques tant chez le mâle que chez la femel le. Leseul signe dis tinc tif est le tuber cu le plus pro non céchez le mâle et son poids plus impor tant.

Le petit nou veau Le Cygne tuber lé est ori gi nai re de quel quesrégions loca li sées entre l’Asie orien ta le et laScandinavie. En Europe, ce der nier se trou vaitdans l’ex-Union sovié ti que et au Nord de l’Alle-magne et de la Pologne. Il fût intro duit en Europecen tra le au XV et XVI siè cles, prin ci pa le ment pourcolo ni ser les plans d’eau de gran des pro prié tés.Dès cette épo que, quel ques indi vi dus se sontéchap pés et ont com men cé à colo ni ser les milieuxnatu rels. En Suisse, le pre mier lâcher recen sé a eulieu en 1690. De nom breux lâchers ont été réa li sésentre le XIX et le XX siè cles.

Aujourd’hui, la popu la tion de cygnes s’est très lar -ge ment déve lop pée et colo ni se l’ensem ble deslacs et grands fleu ves suis ses. Nous le trou vonsprin ci pa le ment à des alti tu des infé rieu res à 600mètres, avec de nom breu ses excep tions sur leslacs de mon ta gne, com me, par exem ple, sur leslacs de Joux et de Morgins ou même sur le lac deSt.-Moritz à 1’770 mètres. Le cygne est deve nu unsym bo le de nos lacs.

La danse du cygne Lors de la para de nup tia le, mâle et femel le se fondface majes tueu se ment en rap pro chant leurs têteset en se cares sant les joues tout en balan çantsymé tri que ment leur cou.

NidificationPour nicher, la femel le entas se à pro xi mi té direc tede l’eau, des her bes, des roseaux et des petits boisflot tants appor tés par le mâle. Cette cons truc tionres sem ble à une gros se pla te-for me.La femel le pond entre mi-mars et juin, de 5 à 7œufs gris ver dâ tre. L’incu ba tion dure 31 joursenvi ron. Le mâle et la femel le se par ta gent lacou vai son. Les pous sins quit te ront le nid aprèsun à deux jours. Ils seront capa bles de voleraprès 4,5 à 5 mois.

A GenèveA Genève, l’atlas des oiseaux nicheurs du Cantonfait men tion de 17 nids trou vés sur le Rhône et 26nids sur les rives du lac, pour 10 cou ples for més,alors que les comp ta ges hiver naux annon centenvi ron 700 indi vi dus sur l’ensem ble du Léman. Lanidi fi ca tion est en dimi nu tion ces der niè resannées, pro ba ble ment due aux déran ge mentshumains, à la pré sen ce de nom breux chiens et auxfluc tua tions des niveaux d’eau.

Si fâché...Lorsque le cygne est fâché, sa sil houet te typi quepeut être obs er vée, les ailes gon flées au-des susdu dos et sa tête reje tée en arriè re. Il n’est pas raredans ces situa tions, le cygne émet un souf fle endirec tion de l’intrus afin de l’impres sion ner.

Le Cygne tuber cu lé se nour rit prin ci pa le ment devégé ta tion aqua ti que qu’il trou ve sur les rives etsous l’eau. Pour attein dre la nour ri ture sub mer gée,le cygne bas cu le, la tête au fond de l’eau et dres -se la queue, comme les canards de sur fa ce, pour«brou ter».

L’aéro port épar gnéDurant ces dix der niè res années, le Cygne tuber -cu lé n’a été obs er vé qu’à trois repri ses à l’AIG dontdeux fois en vol. Lorsqu’un cygne se dépla ce c’esten géné ral sur de fai bles dis tan ces et il suit le pland’eau ou le cours d’eau qu’il occu pe. Par deux foisdes Cygnes de pas sa ge ont été obs er vés au-des -sus de l’AIG pour la plus gran de frayeur des con trô -leurs de la Tour et des agents de pré ven tion aviai -re. Il y a plus de dix ans, un Cygne s’était perdudans le brouillard et s’était posé en bor du re de pis -te. Une fois le brouillard dis si pé, ce der nier avaitété effa rou ché et s’était envo lé en direc tion duRhône, qui rap pe lons-le se situe à 1’800 mètres duseuil de piste 05, alors que le lac se trou ve à 1500mètres du seuil de piste 23.

Fort heu reu se ment ces visi tes sont raris si mes,nous vous lais sons ima gi ner une col li sion avec cetani mal qui, signa lons-le, fait 9 à 13 kilos et 200 à 250cm. d’enver gu re.

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE en char ge de l’uni té de pré ven tion

du péril aviai re et de ges tion de la faune (PPA-GF)

Ornithologie

Qui ne con naît le Cygnetuber cu lé? Vos sou ve nirsd’enfan ce vous rap pel -lent pro ba ble ment lasor tie du diman che surles quais de la rade oûnom breux étaient lespro me neurs en train dejeter du pain aux cygnes.

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Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

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En été, la mouet te pos sè de un capu chon bruncho co lat, le dos et les ailes gri ses avec une

zone tri an gu lai re blan che qui carac té ri se la par tieanté rieu re de l'aile. Le reste du plu ma ge est blanc.Le bec et les pat tes sont rou ges. Les deux sexessont iden ti ques. En hiver, la mouet te perd son capu chon et se retro -u ve avec une tête blan che. Les jeu nes sont plus oumoins mar qués de brun.

Répartition euro péen ne La mouet te rieu se colo ni se toute l'Europe. Nous latrou vons aussi bien sur les eaux dou ces qu'enbord de mer. En Suisse, la popu la tion est séden tai -re avec quel ques indi vi dus qui migrent en hiververs le sud, alors que les effec tifs dans notre payspeu vent être ren for cés par des oiseaux pro ve nantdu nord. Durant les cent der niè res années, larépar ti tion des cou ples nicheurs s'est for te mentéten due vers le nord de l'Europe. En Suisse, lafluc tua tion annuel le des effec tifs est signi fi ca ti ve.Au début des années 80, on signa lait envi ron 3'000cou ples dans la plus gran de colo nie con nue auFanel sur les rives du lac de Neuchâtel, dans lescan tons de Neuchâtel et de Berne. L'atlas desoiseaux nicheurs de Suisse de 1972-1976 signa lait3'300 cou ples pour la Suisse, alors qu'en 1980 cechif fre passa à 3'800. La popu la tion fut affec téed'une forte dimi nu tion dans les années 90, avec1'300 à 1'800 cou ples répar tis sur 11 sites entre1993 et 1996. A Genève, cette sen si ble dimi nu tionfut éga le ment cons ta tée.

Causes du déclin obs cu res La dimi nu tion des popu la tions de mouet tes rieu sescons ta tées en Suisse n'est pas un phé no mè neuni que et se retro u ve dans la plu part des payseuro péens. La dimi nu tion des sites de repro duc -tion et la pres sion humai ne sur les milieux natu relssont peut-être une des cau ses de cette décli vi té. Ilest par ailleurs défi ni que, pour la colo nie du Fanel,comme pour d'autres zones en Europe, l'usur pa -tion des sites de nidi fi ca tion et la pré da tion desjeu nes mouet tes par les goé lands leu co phées,dont la popu la tion est en nette aug men ta tion,serait en tout cas co-res pon sa ble du phé no mè ne.

Nidification en colo nies Les mouet tes rieu ses nichent de pré fé ren ce dansdes milieux maré ca geux. Le mâle et la femel lecons trui sent un nid sous forme d'un impor tantamas de végé taux secs. La ponte à lieu de mi-avril

à juillet. La femel le pond trois œufs beige pâle àbrun pro fond, quel que fois bleu vert. Les deuxparents cou vent les œufs durant les 23 jours d'in-cu ba tion. Après une pério de de nour ris sa ge, dedeux à trois jours par les parents, les jeu nes quit -tent le nid à la recher che de nour ri ture. Après cinqà six semai nes, ils pren dront leur envol.La mouet te rieu se se nour rit prin ci pa le ment d'in-sec tes, de mol lus ques, de vers et de détri tus diverspro duits par l'être humain. Son évo lu tion anthro po -phi le l'a rap pro chée des habi ta tions, des villes etdes aéro ports.

Interdite de séjour dans les aéro ports !Dans les années 80, la mouet te rieu se en expan -sion à pro xi mi té de la plu part des aéro ports euro -péens a pro vo qué un déclic pour de nom breuxres pon sa bles de la sécu ri té aéro por tuai re qui ontcom men cé à réflé chir aux moyens à uti li ser pourlimi ter la pré sen ce de cet oiseau sur les pis tes etles tar macs.Il est à noter que la mouet te rieu se qui vole engrou pe est d'une taille (37 cen ti mè tres) suf fi san tepour pro vo quer des dégâts impor tants sur lesaéro nefs. Une col li sion mul ti ple, sur plu sieursréac teurs pour rait avoir des con sé quen ces signi fi -ca ti ves.Dans les années 80, face à la pré sen ce jour na liè rede mouet tes rieu ses à l'Aéroport International deGenève, les res pon sa bles d'alors ont pris desmesu res en uti li sant des «canons» au car bu re quiétaient dépla cés selon les lieux colo ni sés par lesoiseaux. En 1985, des géné ra teurs à gaz ont étéins tal lés en bord de pis te.Aujourd'hui, mis à part la dimi nu tion natu rel le despopu la tions, la mise en place de mesu res pas si vesporte lar ge ment ses fruits. La plu part des zoneshumi des de l'encein te aéro por tuai re ont été drai -nées. La ges tion des déchets et le net toya ge del'encein te aéro por tuai re évi tent l'atti ran ce desoiseaux. C'est uni que ment en hiver que quel quesindi vi dus s'aven tu rent sur le site aéro por tuai re etque les agents de l'Unité de Prévention du PérilAviaire et de Gestion de la Faune doi vent inter ve -nir pour la sécu ri té des usa gers.

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE en char ge de l'uni té de

pré ven tion du péril aviai re et de ges tion de lafaune (PPA-GF)

Ornithologie

Qui ne con naît pas lamouet te rieu se? Cetoiseau carac té ris ti quedes lacs suis ses de lafamille des Laridés estfaci le ment iden ti fia ble.

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Mouette rieuse (Larus ridibundus)

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No 52 Juin 2007

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Al’ori gi ne, le rou ge-queue noir est prin ci pa le mentmon ta gnard, mais, depuis fort long temps il a

colo ni sé la plai ne où l’hom me cons truit des édi fi -ces en pier res qui lui per met tent de trou ver descavi tés pour nicher.Aujourd’hui, ce pas se reau est pré sent sur 100% duter ri toi re suis se, ceci jus qu’à une alti tu de de 3’000mètres. Son effec tif est en aug men ta tion, alors quedans les années 80 une chute de la popu la tion s’é-tait faite sen tir à cause des hivers froids.Il se repro duit en cons trui sant un nid dans des fen -tes de murs, des cavi tés entre des pier res ou desrochers et dans les vieilles mai sons.Son nid est cons truit par la femel le qui entas se desmous ses, des peti tes raci nes et des her bes.La ponte a lieu d’avril en juillet, avec 5 à 6 œufsblancs à rosés, par fois bleu pâle lui sant. Les œufssont cou vés envi ron 13 jours. Une fois les petitsnés, se sont les deux parents qui les nour ri rontd’insec tes et d’arai gnées, avec quel que fois despeti tes baies.

Le dan ger le rend colé ri queLe rou ge-queue noir est assez dis cret. On peut l’a-per ce voir à la sor tie de sa cavi té ou lors qu’il chas -se sur du gra vier ou dans des ébou lis en sau tillantagi le ment à la recher che de ses proi es.Lorsqu’un dan ger l’inquiè te, le rou ge-queue setrans for me en une boule colé reu se et fait hocherner veu se ment sa queue.Le rou ge-queue noir est pré sent chez nous demars à sep tem bre. Les autom nes clé ments, quel -ques indi vi dus peu vent être obs er vés jus qu’à la finde l’année, mais la plu part des indi vi dus migrent ausud pour hiber ner dans le bas sin médi ter ra néen.

Crise du loge ment à l’AIGL’aug men ta tion de la popu la tion et la dimi nu tiondes cavi tés dans les bâti ments liée aux réno va -tions créent une crise du loge ment chez cetteespè ce qui se rabat quel que fois sur des lieux inso -li tes pour nicher.Au prin temps 2007, les agents de l’Unité de Pré-vention du Péril Aviaire et de Gestion de la Faune(PPA-GF) ont dû inter ve nir à plu sieurs repri sespour s’occu per de nids cons truits dans des voiesd’air, des moteurs ou des trains d’atter ris sa ge d’a-vions d’affai res ou pri vés qui étaient res tés au soldepuis plu sieurs jours. Dans ces cas, lors que la femel le n’a pas enco repondu ses œufs, le nid sera sim ple ment démon téet la femel le recons trui ra ce der nier dans un lieuplus appro prié. Dans d’autres cas, lors que lesœufs sont déjà pré sents ou les jeu nes déjà nés, lenid sera dépla cé de quel ques mètres et dépo sédans un abri spé cia le ment créé. Les parents con -ti nue ront alors de nour rir leurs pro gé ni tu res.

HLM pour oiseauxProchainement, l’Unité PPA-GF pro cé de ra à lapose de quel ques nichoirs dans des lieux stra té gi -ques à pro xi mi té des «squats» aéro por tuai res dece prin temps. Ces nou veaux HLM pour oiseauxdevraient offrir un poten tiel de nidi fi ca tion et évi terque ces der niers ne squat tent à nou veau les aéro -nefs.Du côté du ris que de chocs aviai res, cette espè ce,de part sa peti te taille et son fai ble poids, ne pré -sen te aucun dan ger pour les opé ra tions de notreaéro port.

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE en char ge de l'uni té de

pré ven tion du péril aviai re et de ges tion de lafaune (PPA-GF)

Ornithologie

Comme son nom l’indi -que le rou ge-queue noirpos sè de chez les deuxsexes le crou pion et laqueue d’un roux vif. Lemâle est noi râ tre en étéet plus gris en hiver avecun peu de blanc auxailes. La femel le et lesjeu nes sont gris-brun. Ilarri ve que, la pre miè reannée, cer tains mâlesnicheurs aient enco re leplu ma ge sem bla ble àcelui de la femel le.

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Rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros)

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No 53 Septembre 2007

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Nichée le 25 mai 2007 dans un réac teur d’un avion sta tion né sur le P48(photo Unité PPA-GF)

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Page 4: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

La femel le est plus terne et ne pos sè de pas deban deau. Les dif fé ren ces avec le rou ge queue

noir (voir «23/05» pré cé dent) sont prin ci pa le mentla cou leur oran gée de sa poi tri ne et le ban deaublanc. En para de, le mâle prend la pause en éti rant soncou, en lais sant pen dre ses ailes, en déployant saqueue en un large éven tail rou ge-cui vre tout enfai sant une espè ce de révé ren ce.

La femel le est l’archi tec te du cou ple Cet oiseau se repro duit prin ci pa le ment dans lescavi tés qu’il trou ve dans de vieux arbres ou dansdes bâti ments et infras truc tu res cons truits parl’hom me. La femel le cons truit à l’inté rieur de lacavi té un nid gros sier com po sé de fibres sèches etgarni de crins.

Actuellement, le rou ge queue à front blanc colo ni -se l’inté gra li té des ter ri toi res en Suisse, à l’excep -tion de quel ques régions d’alti tu de dans les Alpes.Le chan ge ment cli ma ti que et le réchauf fe ment destem pé ra tu res le pous sent cha que année à colo ni -ser les ter ri toi res res tés jus qu’à aujourd’hui libresde sa pré sen ce.

Vifs et agi lesLa ponte a lieu en mai ou en juin, avec 5 à 7 œufsbleu vert pâle quel ques fois ponc tués de brun-rou ge. La femel le va cou ver seule durant 12 à 14jours. Les jeu nes seront nour ris par les deuxparents durant 13 à 17 jours après quoi, les jeu nesquit te ront le nid. La nour ri ture est prin ci pa le mentcom po sée de ver mis seaux, d’arai gnées, d’insec -tes et de leurs lar ves avec de temps en tempsquel ques baies. Les adul tes vifs et agi les chas -sent dans les feuilles, sur l’écor ce et dans l’her be.Il est même fré quent que cer tains insec tes soientcap tu rés en vol.

Un migra teur néLorsqu’il chan te, le rou ge queue à front blancenton ne quel ques notes sono res avant de pour sui -vre avec une espè ce de gazouillis. Il entre cou peses pro pres stro phes par des imi ta tions pou vanttrom per l’orni tho lo gue qui cher che à l’iden ti fier.

Le rou ge queue à front blanc est migra teur. Aprèsla repro duc tion dans nos con trées, ce petit pas -se reau se rend en août-sep tem bre au nord de l’A-frique tro pi ca le, prin ci pa le ment dans les régionssahé lien nes pour y pas ser l’hiver. Il sera de retourchez nous vers la mi-avril. Dans les annéessoixan te, cette espè ce a très lar ge ment dimi nuéjus qu’au début des années qua tre-vingt. La pertedes indi vi dus a été attri buée aux pério des suc -ces si ves de séche res se que le Sahel a con nues.Parallèlement à ce pro blè me hiver nal, en Europela cul ture inten si ve des prai ries, les trai te mentsdes jar dins et des ver gers ont éga le ment fait dis -pa raî tre une par tie du poten tiel nutri tif de l’espè -ce. Actuellement, le déclin s’est sta bi li sé et danscer tai nes régions les effec tifs sont à la haus se,notam ment par les mesu res de reva lo ri sa tion dela zone agri co le.

Forte pré sen ce à l’AIGLa ges tion exten si ve des prai ries de l’aéro portfavo ri se le déve lop pe ment de l’ensem ble des chaî -nes ali men tai res et l’un des prin ci paux béné fi ciai -res est le rou ge queue à front blanc. Par ailleurs,cer tains ouvra ges per met tent la nidi fi ca tion descou ples. Par ces faits, cette espè ce est bien repré -sen tée dans l’encein te aéro por tuai re, ce qui nepose aucun pro blè me en matiè re de sécu ri té. Depart sa peti te taille, son fai ble poids, ses vols loindes aires de tra fic et de maniè re indi vi duel le, lerou ge queue à front blanc fait par tie des espè cesque l’on appré cie d’obs er ver sur notre aéro port.

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE en char ge de l'uni té de

pré ven tion du péril aviai re et de ges tion de lafaune (PPA-GF)

Ornithologie

Le rou ge queue à frontblanc, en plu ma ge nup -tial, est un oiseau d’unetrès gran de élé gan ce.Son mas que noir, sonban deau blanc sur lefront, sa poi tri ne rou ge-oran gé, son dos grisperle et sa queue d’unmagni fi que roux, dont iltire son nom en font unpas se reau magni fi que.

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Rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus)

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No 54 Décembre 2007

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Comme la plu part des goé lands, l’adul te estblanc, gris et noir. Chez le goé land leu co phée le

bec et les pat tes sont jau nes. Comme pour la plu -part des lari dés (famille des goé lands et desmouet tes), on recon naît faci le ment qua tre clas sesd’âges, répar ties ain si: juvé ni les de pre miè reannée, juvé ni le de deuxiè me année, sub-adul te etadul te.Durant les trois pre miè res années, cer tains indi vi -dus peu vent poser de sérieux pro blè mes d’iden ti fi -ca tion de l’espè ce et de l’âge de part une forte res -sem blan ce. Ceci même pour les spé cia lis tes.

Bonne répar ti tion suis se Le goé land leu co phée est répan du en régionsmédi ter ra néen nes et sur la côte Atlantique duMaroc à la France.En Suisse le goé land leu co phée est pré sent toutel’année avec des effec tifs ren for cés durant l’été.Même si nous pou vons faci le ment obs er ver deshiver nants sur nos lacs et nos fleu ves, une bonnepar tie des effec tifs redes cen dent vers le midi enlon geant le Rhône. Au même titre qu’au prin temps,cer tains oiseaux sont de pas sa ge chez nous pourremon ter plus au Nord.

Première nidi fi ca tion suis se en 1968En Suisse, le goé land leu co phée est pré sentdepuis son exten sion vers le nord depuis les zonesmédi ter ra néen nes. La pre miè re ten ta ti ve de nidi fi -ca tion de l’espè ce à pro xi mi té de notre pays, datede 1963 ou un cou ple avait tenté une nidi fi ca tionsur la côte fran çai se du Lac Léman. La pre miè rerepro duc tion a eu lieu en 1968 dans la région duFanel dans les Cantons de Berne et de Neuchâtelou une colo nie s’est déve lop pée depuis sur les îlesqui ont été cré ées tout spé cia le ment pour les lari -dés. C’est d’ailleurs la seule colo nie suis se, les aut-res sites de repro duc tion abri tant des cou ples iso -lés. Une dizai ne de sites sont con nus aujourd’huien Suisse, dont trois sur le Canton de Genève etdeux entre Genève et Nyon en ter res vau doi ses.

Nidification limi tée en Suisse par leman que de site favo ra ble:Le peu de nidi fi ca tion s’expli que par le man que desites favo ra bles à l’ins tal la tion d’une colo nie. Parcon tre, les nidi fi ca tions iso lées con nues peu ventse faire dans des endroits assez hété ro cli tescomme dans des bacs à fleurs, sur des toits, dansdes rochers ou quel ques fois sur des poteaux. Engéné ral, les adul tes res tent fidè les au lieu de

repro duc tion où ils peu vent reve nir pon dre durant15 à 20 ans. Le nid est com po sé d’une gros semasse de végé taux divers, tel les que des alguesou des her bes.La ponte à lieu entre la mi-avril et le mois de juillet.Le goé land pond trois œufs qu’il cou ve ra durant 28à 30 jours. Les jeu nes met tront 35 à 40 jours avantde s’envo ler.

Régime ali men tai re varié Le régi me ali men tai re du goé land est par ti cu liè re -ment varié. Il se nour rit de pois sons pêchés ouvolés lors que ceci est pos si ble, notam ment sur lesbateaux de pêcheurs. Il cap ture éga le ment desinsec tes et des vers, des mol lus ques et des crus -ta cés, et même à l’occa sion des jeu nes oiseaux,notam ment pour les espè ces qui nichent au sol etqui sont ainsi plus vul né ra bles.

Présence sur les aéro portsVu le régi me ali men tai re du goé land, il n’est pasrare d’obs er ver ce der nier dans des champs etdes cul tu res ou il trou ve sa nour ri ture. Il est doncfré quent que ces oiseaux colo ni sent les pla tes for -mes aéro por tuai res.Les aéro ports côtiers ou se situant non loin deplans d’eau con nais sent bien les goé lands et lesredou tent. Non seu le ment, cet oiseau peut sedépla cer en colo nie, mais il pèse de 390 à 1’250gram mes. A l’Aéroport International de Genève, le goé landleu co phée est pré sent notam ment pen dant l’au-tom ne lors que les prai ries, à la suite d’intem pé ries,sont gor gées d’eau. Il con vient dès lors d’être vigi -lants et d’effa rou cher les indi vi dus qui s’aven tu -rent sur notre plate for me. Fort heu reu se ment, il ya de nom breu ses années que nous n’avons pasenre gis tré de choc aviai re avec un tel oiseau.

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE en char ge de l’uni té de

pré ven tion du péril ani ma lier (PPA)

Ornithologie

Le Goéland leu co phéeest une espè ce à part

entiè re depuis quel quesannées. Considéré pen -

dant très long tempscom me une sous-espè ce

du goé land argen té(larus argen ta tus), il est

au jourd’hui recon nucom me une espè ce par

les milieux scien ti fi ques.

Connaissez-vous nos amis les oiseaux?

Goeland Leucophée (Larus cachinnans)

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No 55 Mars 2008

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Photographie : Christian Béchir

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Page 6: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

Une fois n’est pas coutume, nous n’allons pasdans ce numéro nous intéresser spécifique-

ment à une espèce d’oiseaux de notre aéroport,mais à cette fabuleuse voie migratoire qui bordenotre plateforme et que des milliers d’oiseauxempruntent chaque printemps pour aller se repro-duire, et chaque automne pour se rendre sous deslatitudes plus clémentes pour passer l’hiver.

Couloirs aériens partagés A l’instar des couloirs aériens qu’utilisent lesavions, les oiseaux, selon les espèces, suiventchaque année les mêmes itinéraires pour se rend-re dans leurs quartiers d’été ou d’hiver. Dans cer-tains pays, les vols migratoires représentent unréel danger pour l’aviation. En Israël, par exemple, haut lieu de migration denombreuses espèces, les ornithologues encadréspar les spécialistes de la station ornithologiquesuisse ont mis au point des radars très sensibles

pour détecter les vols d’oiseaux. Les couloirsaériens de l’aviation ont été modifiés, tant dansleur trajectoire que dans les altitudes afin de limi-ter le risque de collisions multiples d’un avion avecdes oiseaux.

Couloir migratoire riverain à l’AIGDans le bassin genevois, nous connaissons le cou-loir migratoire qui longe le Jura et passe par le Fortde l’Ecluse. Ce dernier borde la plateforme aéro-portuaire, ce qui occasionne en automne et auprintemps de belles observations d’espèces parti-culières et quelques fois en grand nombre. Malgréle bonheur que peuvent représenter ces observa-tions, il n’en demeure pas moins qu’elles restentune source de stress pour les agents de l’Unité dePrévention du Péril Animalier qui devront interve-nir souvent énergiquement pour garantir la sécuri-té aérienne.

Passage obligéComme dans plusieurs lieux en Suisse et dans lemonde, les ornithologues suivent de très prêt lespassages d’oiseaux au Fort de l’Ecluse. La topo-graphie du terrain, avec ces deux chaînes de mon-tagne qui se rencontrent et dont le Rhône a érodéson passage permet aux ornithologues qui se pla-cent sur le flan de la chaîne jurassienne, d’obser-ver pour ainsi dire à la même altitude les oiseauxde passage.En 2007, les observations ont eu lieu du 12 juillet au5 décembre. Durant ces 147 jours de suivis, 30jours de pluie ont compromis les observations,

Ornithologie

Connaissez-vous non amis les oiseaux?

Migration postnuptiale au fort de l’EclusePourquoi réa li ser un

exer ci ce d’éva cua tiond’un bâti ment ? La vie et

la santé des col la bo ra -teurs/tri ces. ainsi que detou tes les autres per son -

nes pré sen tes dans deslocaux doi vent être pré -

ser vées. Un incen dieimpor tant, une aler te àla bom be, un déga ge -

ment de gaz toxi que, etc.sont des rai sons d’éva -

cuer les locaux.

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No 56 Juin 2008

23-05 No56:23-05 No42 19.6.2008 10:29 Page 14

Page 7: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

ainsi que 11 jours de vent du sud-ouest contraireau sens migratoire. C’est ainsi que le recensementa eu lieu durant 106 jours.Vous trouverez ci-dessous une partie des résul-tats des observations effectuées et publiéesdans la revue de la Société romande pour l’étudeet la protection des oiseaux «Nos oiseaux» dumois de mars 2008. En visionnant ces chiffres,vous constaterez que le trafic ornithologique estbien plus intense dans la région que le traficaérien. Ce ne sont pas moins de 23’944 rapacesqui ont été observés et plusieurs centaines demilliers d’individus d’autres espèces. Et tout cecisans contrôle aérien, sans instruments de bord,du vol à vue pur.

Périodes à risqueLe personnel de l’Unité PPA reste très vigilantdurant tout le printemps et l’automne pour repérerle plus vite possible l’éventuel vol migratoire. Leplus grand risque de chocs animaliers pour unaéronef reste la collision multiple. C’est pourquoi,lorsque des oiseaux en migration se présentent àl’AIG et qu’ils souhaitent atterrirent dans l’encein-te aéroportuaire, les agents PPA leur refusent leur« slot » et les effarouchent avec des moyens pyro-techniques. Pour être le plus pro-active possible, l’Unité PPA atissé au fil du temps un réseau d’informateurs quiannoncent les passages repérés, à l’est ou àl’ouest de l’aéroport selon les périodes. En autom-ne, des cigognes blanches observées à Nyon vontprobablement vouloir faire halte à l’AIG dans lajournée qui suit. L’anticipation de l’arrivée probablede ces oiseaux permet d’informer les contrôleurs

aériens et d’être encore plus attentifs en scrutantminutieusement le ciel.Si vous êtes vous-même témoin de telles situa-tions, n’hésitez pas à informer les agents PPA.

Tel : 079 724 40 38

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE SA en charge de l’unité de

prévention du péril animalier (PPA)

cluse

Ornithologie

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No 56 Juin 2008

Photographies : Christian Béchir - Passage d’une centaine de cigognes blanches à l’AIG le 17 août 2006

Espèces observéesLa liste des espèces observées ressemble à uninventaire à la Prévert., qu’il n’est pas possiblede reproduire intégralement. En voici quelques«échantilons».

RapacesCela va de l’Aigle botté (1 passage observé enaoût), au «Vautour faune» (89 passages), enpassant par l’Aigle royal (7 passages), la Bon-drée Apivore (4’668 passages, dont 1’249 en unjour), la Buse variable (7’991 passages), l’Eper-vier d’Europe (744 passages), le Milan noir(5’857 passages, dont 1’078 en un jour), son cou-sin le Milan royal (3’681 passages, dont 485 enun jour). Au total, 21 espèces de rapaces ont étéobservées.

Autres oiseauxLà aussi, c’est très varié, une trentaine d’espè-ces ont été recensées. Cela va du Canard Pilet(7 passages, rien à voir avec Stéphane Pillet...),au très rare Pluvier Doré (1 passage), en pas-sant par le Chevalier Aboyeur (1 seul exemplai-re), les Cigognes (259 blanches, 138 noires), lesEtourneaux Sansonnet (3’631 passage de ceStumus vulgaris), les Grues cendrées (9 passa-ges), les Hérons cendrés (635 passages), lesHirondelles diverses estimées à plus de 250’000,ou encore les Vanneaux huppés (111 passages).

23-05 No56:23-05 No42 19.6.2008 10:29 Page 15

Page 8: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

Chez les adultes, le bec est jaune verdâtre àorange vif, l’iris jaune et les pattes jaune ver-

dâtre. Le mâle a la calotte, le dos et l’extrémitédes ailes noirs. La base des ailes est crème, et ledessous chamois à beige orangé. La femelle a ledos et l’extrémité des ailes brunâtres et le dosrayé de brun, la base des ailes et le dessous étantcrème, rayés de brun.

Un discretCet oiseau qui colonise les roselières est discretet se fait remarquer par son chant. Entre mai etjuin, son «ouôr…ouôr…ouôr» chanté à interval-les réguliers d’environ deux secondes, rappelantle chant d’un batracien ou un aboiement sourd etlointain permet de confirmer sa présence. Samagnifique coloration au soleil pourrait faire pen-ser à un oiseau exotique rappelant ses originestropicales.

Habitat très spécifique Le Blongios nain colonise les massifs denses deroseaux communs et de massettes où il se repro-duit. Il privilégie les roselières bordant les plansd’eau calmes, peu profonds et riches en petitspoissons, batraciens et insectes dont il se nourrit.Il construit un nid entre 10 et 100 centimètresau-dessus du niveau des eaux, la constructionprend entre deux et sept jours. Il arrive qu’il fondesa demeure dans un buisson ou sur une grossetouffe de laîche. En principe, il niche solitaire-ment, mais il arrive qu’une colonie de 3 à 4 nidsse crée.

La femelle pond entre 6 et 7 œufs, à un ou deuxjours d’intervalles à fin mai, début juin. Le mâle etla femelle vont assumer conjointement la couvai-son durant 16 à 24 jours. Les jeunes grimperont au sommet des roseauxdès 7 à 8 jours pour ne prendre leur envol qu’àtrente jours.

DistributionLe Blongios nain se répartit du Portugal à la Rus-sie. Son aire de reproduction se prolonge au sudjusqu’en Afrique du Nord et à l’est jusqu’auKazakhstan et à l’Inde. En Suisse, ce petit héron niche localement dansdes roselières inondées de basse altitude,

jusqu’à 660 mètres. La Grande Cariçaie sur la rivesud du lac de Neuchâtel abrite la plus grandepopulation suisse avec 17 à 35 territoires selonles années. A Genève, le Blongios nain avaitdéserté le canton et, suite à la revitalisation dela roselière de la Pointe à la Bise en 1998, desnidifications furent à nouveau constatées.

Migration Dès le mois de juillet, les jeunes devenus indé-pendants peuvent être observés, quelques foisen famille, hors des sites de nidification. Ilscommenceront leurs déplacements en vue dela migration qui se déroulera d’août à début octo-bre. Le retour pour les sites de nidification se feradans le courant du mois de mai.

Rares passages à l’AIG Le Blongios nain a été observé à quelques raresoccasions sur l’Aéroport International de Genève,lors de ses migrations, principalement d’automne.Le dernier à avoir fait une halte sur le site a dûpasser un séjour prolongé à l’hôpital des oiseaux(Centre Ornithologique de Réadaptation deGenthod - COR). En effet, en août dernier, unjeune individu s’est heurté aux baies vitrées dusatellite 40. Grâce à la vigilance des sapeurs duService de Sécurité de l’Aéroport (SSA), l’oiseaua été vite repéré et le service de piquet de l’Unitéde Prévention du Péril Animalier s’est rendu surplace, à 2 heures du matin, au chevet du blesséqui a été remis aux spécialistes du COR. L’oiseaupourra être relâché prochainement et poursuivresa route vers son camp d’hiver.

Stéphane PILLETDirecteur de BTEE SA en charge de l’unité de

prévention du péril animalier (PPA)

Ornithologie

Le Blongios nain, égale-ment appelé «Butor

blongios», est le pluspetit des hérons. Sa

taille est légèrementinférieure à celle d’un

pigeon domestique.

Connaissez-vous non amis les oiseaux?

Blongios nain (Ixobrychus minutus)16

No 57 Septembre 2008

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Page 9: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

Deux robes l’habillent !On reconnaît le héron garde-boeufs sous deuxaspects relativement différents : le plumage nup-tial et le plumage d'hiver. En robe nuptiale, son plu-mage arbore des plumes orangées sur la tête, ledos et la poitrine. Son bec est jaune et ses pattesrougeâtres. En plumage hivernal, il est entièrementblanc. Son bec est orange, ses pattes verdâtres etsombres. Entre les deux robes, le mâle subit unemue totale à la fin de l'automne. Ce héron de peti-te taille donne la curieuse impression d'être bossucar, lorsqu'il est perché, il rentre le cou dans sesépaules. Le garde-boeufs diffère des autreshérons par sa silhouette massive et son bec court.Les deux sexes sont identiques. Les juvéniles res-semblent aux adultes en hiver, mais ils ont le bec etles pattes noires. Il vole en battant lentement desailes, la tête repliée en arrière et les pattes ten-dues. Son vol est puissant et régulier.

Habitat aquatique, mais pas seulement !Contrairement aux autres hérons, le garde-boeufsn'est pas forcément lié au milieu aquatique. Mêmesi l'eau et les zones humides continuent à jouer unrôle important dans son mode de vie, on peut aussibien le retrouver dans les steppes et les prairies. Ilpeut même séjourner assez longtemps en terrainsec et à proximité des agglomérations. Originaire de l'Afrique, très courant au Kenya ouen Tanzanie, on le rencontre actuellement sur tousles continents, excepté à proximité des cerclespolaires. Il est courant dans la péninsule ibériqueet le sud de la France et on peut l'apercevoir occa-sionnellement dans le reste de l'Europe.

Un oiseau grégaireCet oiseau fait preuve d'un instinct grégaire. Ilniche en colonies plus ou moins nombreuses (dedix à un ou plusieurs milliers d’individus) dans lesarbres ou dans les buissons à proximité des lacsou des étangs. La recherche de nourriture est éga-lement souvent une quête collective. On les aper-çoit par petits groupes profitant du dérangementoccasionné par le bétail aux petits insectes. Leshérons garde-boeufs volent également en grou-pes, mais contrairement aux oies ou à certainsautres échassiers qui sont connus pour leur ali-gnement strict, ils adoptent des formations désor-données.

La femelle est l’architecte, le mâle le manoeuvreLa construction du nid est l'affaires des deuxparents, mais on assiste à une répartition assezrigoureuse des tâches : la femelle se charge del'architecture proprement dite, tandis que le mâles'occupe de la collecte des matériaux. Bâti debranchettes et de roseaux, le nid est installé dansun buisson au bord de l'eau.Quand l'un des partenaires revient au nid, ils effec-tuent une cérémonie avec les plumes du dos héris-sées et celles de la tête aplaties. La femelle dépose 4 à 5 oeufs de couleur bleu ver-dâtre qui sont couvés alternativement par le mâleet la femelle pendant 22 à 26 jours. Les jeunes s'en-volent après environ 30 jours. Ils sont capables degrimper dans les branches voisines du nid à l'âgede 14 à 21 jours.

Régime alimentaire Son régime est principalement insectivore. Lesinsectes ne représentent cependant pas sonmenu exclusif, il se nourrit également des petitsvertébrés qu'il capture en marchant lentementprès des troupeaux, des grands mammifères ouderrières les machines agricoles.

Nouveau pour l’AIG !Le garde-bœufs n’est pas nicheur en Suisse, parcontre il est fréquemment observé individuelle-ment ou en groupe de 2 à 4 individus. Cette année,les régions genevoise et yverdonoise, ainsi que lescantons de Berne et Fribourg ont été visités defaçon régulière.

A l’Aéroport International de Genève, il nous a faitl’honneur, pour la première fois, de sa présence levendredi 24 octobre dernier, ou deux individus ontpu être observés, en bordure de l’enceinte aéro-portuaire, du côté français au milieu des vaches.D’ailleurs, la plupart des observations faites sur leterritoire Suisse démontrent sa présence au milieude bovins.Les agents de l’Unité de Prévention du Péril Ani-malier sont restés attentifs lors du départ desoiseaux afin que ces derniers ne s’approchent pasde l’axe de piste.

Stéphane PILLETDirecteur BTEE SA en charge de l’Unité de

Prévention du Péril Animalier (PPA)de l’Aéroport International de Genève

Ornithologie

Le Héron garde-bœufsest très courant en

Afrique Septentrionale.C’est un échassier detaille moyenne, vivantprès des eaux douces.

Il accompagne fréquem-ment les bovins dans les

champs. On l’observe aussibien à côté de ces derniers,que sur leurs dos, ce quipermet à l’oiseau de débar-rasser le mammifère desinsectes parasites. Cetéchassier est légèrementplus petit que l'aigrettegarzette avec une taille de48 à 53 centimètres pour unpoids de 300 à 400 gram-mes. Son envergure est de90 à 96 centimètres.

Connaissez-vous non amis les oiseaux?

Héron Garde-boeufs (Bubulcus ibis)16

No 58 Décembre 2008

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Héron garde-bœufs en plumage nuptial

Page 10: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

On peut remarquer des taches blanches versl'extrémité de sa queue. Son front et sa gorge

sont d'un brun-roux souligné d’une bande pecto-rale sombre. Elle se distingue de sa cousine, l’hi-rondelle de fenêtre (Delichon urbica) par l'absen-ce de blanc sur le croupion.En vol, pour le non-spécialiste, sa silhouette seconfond avec celle des autres hirondelles, voiredes martinets. Sa vitesse moyenne est de 60km/h alors qu’en chasse, elle peut piquer jusqu’à100 km/h.

Habile chasseur La présence de zones de chasse est primordialedans l'installation des couples. L’hirondelle rus-tique privilégie les prairies, les zones marécageu-ses, les bocages, les étangs et cours d'eau, lesparcs et jardins qui sont propices à la présenced’insectes.Elle chasse en vol. Aussi lui est-il nécessaire dedisposer de zones dégagées pour capturer sesproies, principalement des insectes. Au sol, elletrouve également des araignées ou des chenilles.

Oiseau-maçonLa présence de boue est indispensable pour qu’el-le puisse construire son nid. Contrairement à l’hi-rondelle de fenêtre, la rustique construit un nidouvert sur le dessus. Il a la forme d'une moitié decoupe d'environ vingt-deux centimètres de diamè-tre et onze centimètres de profondeur. La cons-truction est une affaire de couple, puisque le mâleet la femelle mettent «le bec à la boue». La boueest malaxée en petites boules et consolidée pardes brindilles sèches. Il lui faut en moyenne huitjours pour finaliser son habitation. Il est fréquentqu’une fois la construction terminée, le moineaudomestique (Passer domesticus) cherche à«squatter» le nid, soit en nichant avant les proprié-taires, soit en les délogeant.Il est fréquent que la rustique réfectionne un nidexistant plutôt que d’entreprendre une nouvelleconstruction, ce qui crée une certaine «concur-rence» entre congénères à leur retour printanier.

Paramètre humainL'hirondelle rustique choisit en priorité des éta-bles, écuries et granges pour bâtir son nid. Ellefavorise tout particulièrement les plafonds quicomportent des solives. En cas d'absence de siteidéal, son choix pourra alors se porter sur des

garages, caves ou autres constructions, sous lesponts, parfois à l'intérieur de maison, pour autantque le bâtiment possède une ouverture. Les sitesde nidification sont donc principalement localisésà la campagne, la ville restant le territoire de sacousine: l’hirondelle de fenêtre.

Effectif en déclin Largement répartie en Amérique du Nord et enEurasie, l’aire de reproduction de cette migratriceenglobe également le Nord de l'Afrique. Elle nichesur la plupart du territoire suisse, en plaine. Elleévite les régions alpines et trop arides. Ses effectifs sont en déclin dans la majeure partiedes pays d'Europe. On la retrouve chez nous auprintemps, dès le mois de mars ou elle vient sereproduire. Elle nous quitte pour le sud en autom-ne, saison au cours de laquelle on peut observerdes rassemblements sur les fils électriques. Lesderniers individus sont observés jusqu’à mi-novembre.

Sensibilité météorologiqueLes hirondelles sont très sensibles à la faim et aufroid. Un printemps pluvieux peut compromettreleur reproduction. Les premières pontes ont lieu defin avril à juin. Dans nos régions, elles peuvent êtresuivies d'une deuxième ponte, plus rarementd'une troisième. La femelle pond de 3 à 6 oeufsqu'elle va couver durant 14 à 15 jours. Au 13èmejour, les jeunes peuvent atteindre le poids de 22grammes, soit 3 à 5 grammes de plus que lesparents. Ce surpoids sera rapidement perdu.A l’Aéroport International de Genève, l’hirondellerustique est observée tout l’été avec trois sitesde nidification recensés du côté de la caserne dela Police de Sécurité Internationale (PSI). Cetoiseau ne présente pas de risque pour l’aviationà Genève. Il faut toutefois rester attentif aux volsmigratoires qui peuvent compter plusieurs cen-taine d’individus.

Stéphane PILLETDirecteur BTEE SA en charge de l’Unité de

Prévention du Péril Animalier (PPA)de l’Aéroport International de Genève

Ornithologie

L’hirondelle rustique estun oiseau au dessus

bleu-noir avec desreflets métalliques qui

contrastent avec le dessous blanchâtre lavé

de roux. Elle a une silhouette élégante et

fuselée avec une queuefourchue largement

échancrée dont les brinssont très apparents et

plus longs chez le mâle.

Connaissez-vous nos amis les oiseaux?

L’hirondelle rustique (Hirundo rustica)16

No 59 Avril 2009

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Page 11: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

Comme la plupart des faucons, le faucon hobereau(falco subbute) est un petit oiseau de proie dont lebec est court et recourbé dès la base. De la même taille que le faucon crécerelle (Falcotinnunculus), le faucon hobereau est plus élancé: saqueue plus courte et ses ailes en faucille lui don-nent une silhouette de martinet très adaptée auxvols de chasse rapide. Le faucon hobereau adulte ales parties supérieures, les ailes et la queue gris-ardoise. Il est plus foncé sur la tête qui est brunenoirâtre. Idem pour le tour des yeux et la «mousta-che» typique des faucons. Sur la nuque, une étroite bande blanche est parse-mée de quelques plumes.Les rectrices centrales sont barrées de roux. La«moustache» contraste avec les joues et la gorgeblanches. Les parties inférieures sont blanchâtresou brunes très clair, intensément rayées de noir oude brun foncé. En vol, on distingue très nettementla culotte et le début des sous-caudales rousses. Lesyeux sont brun foncé. La cire et le cercle oculairesont jaunes. Le bec est bleuté, avec la pointe supé-rieure noire. Les pattes et les serres sont jaunes. Lesdeux sexes sont presque semblables, la femelleétant légèrement plus grande que le mâle. Lesimmatures ont leur plumage d'adulte au cours deleur troisième année.

Un «kikiki» significatif Lorsqu’il chante, le faucon hobereau semble récla-mer quelque chose. Durant la période de reproduc-tion, il se laisse facilement remarquer par ses cris.Près du site du nid ou pour avertir de l'approched'un intrus, le couple lance des cris répétés sousforme de «kikiki». Lorsqu'ils se posent et qu’ils sontplus calmes, ils émettent des sons plus doux. Quantle mâle approche du nid, il lance un cri strident, unseul, parfois répété, auquel la femelle répond parun sifflement. S’il chasse, il émet un cri court etâpre.Son habitat favori est constitué par les lisières debois ou boqueteaux, de préférence à proximité dezones humides. Il fréquente aussi les terrainsdécouverts, en particulier les landes et terres culti-vées avec arbres où il trouvera ses proies.C'est un rapace très discret et très mobile. On le voitpoursuivre les libellules au-dessus des étangs, desétourneaux ou des hirondelles au dortoir qu'il

déchiquette souvent en plein vol. Il poursuit aussiles martinets et chasse les alouettes dans nos cam-pagnes. Il n’est pas très fréquent et en Suisse, cetoiseau figure sur la liste rouge avec le statut depotentiellement menacé. On le trouve principale-ment sur le Plateau et dans le Jura. Il est rarementsignalé dans les Préalpes, les Alpes au Tessin et auGrison. Migrateur au long cours, le faucon hobereaurevient en avril de ses quartiers d'hiver sud-afri-cains en savane arborée. La migration post-nuptia-le débute en août, culmine en septembre. Les der-niers individus peuvent être observés chez nous enoctobre.

Chasseur à l’AIGLe faucon hobereau se nourrit principalement depetits oiseaux, d’insectes et de petits mammifères.Il surgit brusquement de derrière une haie ou unbâtiment. Il chasse sur des zones découvertes et àn'importe quelle heure du jour, mais il est plus actifles jours brumeux et au crépuscule.A l’Aéroport International de Genève, ce magni-fique chasseur nous fait l’honneur de sa présence

surtout au printemps où il est observé par lesagents de l’Unité PPA en train de chasser et de cap-turer des insectes au ras des prairies. Sa présencehonorifique n’est pas sans poser quelques problè-mes: sa grandeur et surtout son vol rapide de chas-se représente un danger pour les mouvementsd’aéronefs sur la piste. Il est donc sous haute sur-veillance comme son cousin le faucon crécerelle,même si les moyens d’effarouchement restent trèspeu efficaces face à son comportement.

Plus rénovateur que constructeur Dès les premiers jours de juin, le faucon hobereau achoisi un nid, un ancien nid de corvidé, de buse oud’épervier. Il ne construit jamais de nid, mais modi-fie fréquemment l'intérieur de celui qu'il a choisi,jetant ou emportant au loin une partie des maté-riaux qui le tapissent. Ensuite, il creuse et gratte uncreux où la femelle déposera les oeufs. La femelleen dépose 2 à 3 courant juin, à raison d'un tous lesdeux jours. L'incubation dure environ 28 jours, assu-rée par la femelle. Elle est nourrie par le mâle quiapporte des proies, parfois au nid, mais aussi sur leperchoir habituel du couple. Il appelle alors lafemelle et lui donne la proie, puis il va couver lesoeufs pendant un court moment, le temps que lafemelle se nourrisse. Les poussins naissent à deuxjours d'intervalles. La femelle les couve constam-ment pendant la première semaine, tout en étantalimentée par le mâle, qui va aussi jusqu'au nidavec des proies, en général des petits oiseaux plu-més et décapités. Les jeunes peuvent se nourrirseuls à 18-20 jours avec les proies déposées au nidpar les parents. Ils quittent le nid à l'âge de 28 à 31jours. Ils volent assez bien mais restent aux alen-tours, toujours nourris par les adultes. Le groupefamilial reste uni pendant 20 à 30 jours, avant dequitter la zone à la mi-septembre.

Stéphane PilletDirecteur de BTEE SA,

chargé de l’unité de prévention du péril animalier(PPA)

Ornithologie

Le faucon hobereau

23-05 No60 juin 2009 19

Ce migrateur est revenu dans nos contrées en avril, pours’y reproduire au mois de juin. Chasseur agile, il fait desprouesses sur le site aéroportuaire.

Page 12: Cygne Tuberculé (Cygnus olor)

Ornithologie

23-05 No61 octobre 2009 19

Le pluvier doré (pluvialis apricaria) fait partie del’ordre des Charadriiformes et de la famille des Cha-radriidés. D’une taille de 26 à 29 centimètres, sonenvergure va de 67 à 76 centimètres et son poids de140 à 210 grammes. Cet oiseau peut vivre jusqu’à12 ans.Le pluvier est peu courant. Selon l’Union Internatio-nal de la Conservation de la Nature (UICN), son sta-tut est menacé avec une préoccupation mineure.Cette menace est principalement due à la dispari-tion de son habitat et à la modification des pra-tiques agricoles. Le dérangement durant les pério-des de reproduction est également un facteur dediminution des populations.Le pluvier doré possède un corps trapu. Il est detaille moyenne. Sa tête est arrondie avec un coucourt, un petit bec et de longues pattes. En robenuptiale, ses plumes sont bariolées de noir etdorées sur le dessus, d’où son nom. Son plumage dela gorge au ventre est entièrement noir avec unelarge bordure blanche.En plumage hivernal, le doré du dessus s’estompe,la poitrine se strie de noirâtre et de doré terne.En vol, son identification est caractérisée par unevague barre alaire et un dessous des ailes blanc.Son chant est mélodieux monosyllabique. Un tou-iiisifflé ou un tlluu plaintif légèrement descendant.

Peu présent en SuissePassant l’essentiel de son temps au sol, le pluvierdoré affectionne les terrains plats et dégagés, sansarbre, avec des herbes rases. Ce biotope lui permetune bonne visibilité face aux dangers et de s’échap-per en courant rapidement.Durant la période de reproduction, les habitatstypiques du pluvier sont les landes rases et les ter-rains tourbeux : autant de biotopes rares en Suisse.C’est la raison pour laquelle aucune nidification n’aété recensée à ce jour en Suisse. Sa présence dansnotre pays se fait principalement lors des passagesmigratoires.En hiver, il fréquente les plaines cultivées, les prai-ries, les champs de céréales et les terres ouvertes.La plupart des oiseaux nordiques migrent vers lesud-ouest pour hiverner sous les climats plus tem-pérés de l’Europe de l’Ouest. Les rassemblementscommencent à fin août, alors que les oiseaux nequittent les lieux de reproduction qu’en octobre.Avant la migration d’automne, les pluviers pren-nent leur plumage hivernal. Les rassemblementsvarient entre 50 et 5000 individus. Au printemps,vers le mois d’avril, les groupes de migrateurs sonthabituellement plus petits. Certains migrent seulsou en couple.

Couvaison partagéeAvant le début de la reproduction, le pluvier doré mueet prend son plumage nuptial, plus coloré. Les cou-ples se forment habituellement juste avant l’arrivéesur les lieux de nidification et sont unis pour la vie.Le mâle creuse plusieurs petites cuvettes dans lesol, qu’il défend en s’appropriant le territoire d’où ilchasse les autres mâles. La femelle choisit unedépression. Le couple va parader avant de s’accou-pler. Le nid est ensuite agrandi et garni d’herbe.Trois semaines plus tard, la femelle y pond 3 ou 4œufs en l’espace de deux jours. La couvaison estpartagée irrégulièrement par les deux adultes. Lesœufs éclosent entre 28 et 31 jours.Pendant la reproduction, le pluvier doré se nourritd’insectes, principalement de coléoptères et de lar-ves qu’il va chercher relativement loin.En dehors des périodes de reproduction, les adultesse nourrissent, de nuit comme de jour, de vers deterre, de limaces et de quelques herbes.

Sur la plate-formeEn 2008, la présence du pluvier doré a été confir-mée pour la première fois à l’AIG. Bien que notrebiotope soit favorable à l’accueil des pluviers enmigration, c’est la première fois que les agents deprévention du péril animalier ont été en mesure deconfirmer sa présence. Et malheureusement, cettedécouverte a eu lieu après un choc aviaire. C’est icique nous relativisons notre manière de vouloir«dompter» l’environnement. Seul individu d’uneespèce rare à s’être présenté sur le site aéroportuai-re, ce bel oiseau a malheureusement choisi de tra-verser la piste au moment où un aéronef faisait sarotation ! Aucun dégât n’a été constaté sur l’avion,mais le choc a été fatal à l’oiseau.

Stéphane PilletDirecteur de BTEE SA chargé de l’unité de

prévention du péril animalier (PPA)

Le pluvier doréIl a fallu qu’un spécimen de cette espèce rare percute unavion au décollage à Genève pour que l’on puisse attesterla présence de ce migrateur sur notre plate-forme.

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Ornithologie

23-05 No62 décembre 2009 19

Cet oiseau au bec impressionnant est observéoccasionnellement en Suisse, où ses effectifssont toutefois en baisse.

Le courlis cendré (Numenius arquata) est le plusgrand des limicoles européens. Il se distingue parson long bec incurvé vers le bas qui lui a valu sonnom scientifique Numenius (du grec néoménie: nou-velle lune) et arquata (du latin arcuata : courbé enarc). Ses longues pattes sont grises bleues, termi-nées par quatre doigts. Le courlis cendré est ungrand marcheur. Son plumage est moucheté et striéde gris, roux, brun, fauve et blanc. Son croupionblanc est facilement observable en vol. La femelle du courlis cendré est plus grande et a unbec plus long que celui du mâle. Cette distinctionest difficile lors d’observation dans le milieu natu-rel. Les juvéniles sont davantage chamois et présen-tent un bec plus court et moins arqué.Son chant est magnifique. D’un son flûté qui reten-tit en vol, «couur –lii», été comme hiver. En cas dedanger, il émet un «Tlo û - tlo û» sonore et mélan-colique. Son chant est tout naturellement à l’originede son nom français.En vol, ses ailes cassées, son croupion blanc et sonlong bec permettent de l’identifier très facilement.Son vol est direct et soutenu. A grande hauteur, sesbattements d’ailes sont plus lents et rappellentceux des laridés (mouette, goéland).

Oiseau de basse altitudeLe Courlis cendré vit indifféremment sur des ter-rains secs ou humides, à l’intérieur des terres ou surle littoral avec une préférence pour les tourbières etles landes ne dépassant pas une altitude de 600mètres. Ils arrivent dès la fin du mois de février sur leursterritoires de nidification. L’été venu, les courlis serassemblent en troupes et se dirigent principale-ment vers les côtes. A la mauvaise saison, une par-tie de la population émigre vers le sud, surtout versla région méditerranéenne. Très farouches, ils setiennent toujours sur leur garde. La moindre alertedéclenche leur envol. Le seul moyen de les appro

cher est d’imiter leur cri. On les surprend souvent àse battre en plein ciel contre une buse ou parfoisdes corvidés.

Pendant les parades nuptiales, le mâle prend de lahauteur en lançant des sons flûtés assez graves quise transforment en cris plaintifs lors de la descente.

Peu présent en SuisseLe Courlis cendré est observé occasionnellement enSuisse. Il faut dire que les effectifs de cet oiseau sesont effondrés ces dernières décennies. La dispari-tion d’une bonne partie de son habitat et des zonesde nidification est à l’origine de cette rapide dimi-nution des populations. Cet oiseau est donc sur laliste rouge des espèces menacées avec le statut«d’oiseau au bord de l’extinction».Lors de la publication de l’atlas suisse des oiseauxnicheurs de 1972-1976 on trouvait des nidificationsde Courlis cendré dans 14 carrés de recensement,dont une en Suisse romande, sur les rives vaudoisesdu Léman. Lors de l’édition de 1993-1996, seuls deux carréssont occupés par trois ou quatre couples. En 1996,on le retrouve nicheur sur les rives du Lac de Cons-tance (ZH) et du Lac de Lauerz (SZ).Malgré sa faible présence sur territoire helvétique,les agents de l’Unité de Prévention du Péril Anima-lier (PPA) observent de temps en temps ce magni-fique oiseau, au printemps ou en automne, lors derares passages migratoires.

Nidification au sol et éducation paternel Le courlis cendré niche dans les prairies herbeuses,de préférence de faible hauteur, ce qui lui permetd’avoir une parfaite couverture visuelle de son terri-toire et de repérer les prédateurs et les dangers. Lafemelle pond. en avril-mai, de 3 à 5 œufs beiges,bruns ou olive tachetés de brun plus foncé, qu’ellecouvera alternativement avec le mâle pendant 27 à29 jours. Le nid est généralement construit dans unendroit sec, garni de quelques herbes sèches ou debrindilles. Les poussins se nourrissent seuls aprèsquelques jours seulement mais ne prendront leur

envol qu’au bout de 32 à 38 jours. Le mâle élèveraprincipalement les jeunes.Le courlis cendré se nourrit à découvert dans leslimons et vasières. Son bec est spécialement adapté

pour sonder la vase et capturer des vers et des mol-lusques. A l’extrémité de son bec des cellules trèssensibles au toucher lui permettent de localiser sesproies. Quant il séjourne dans des prairies, comme à l’AIG,il se nourrit principalement d’insectes et de lom-brics. Il peut quelque fois compléter son alimenta-tion par des baies, des graines ou des céréales.

Stéphane PilletDirecteur de BTEE SA en charge de l’unité

de prévention du péril animalier (PPA)

Le courlis cendré

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Ornithologie

23-05 No63 printemps 2010 19

Ce petit oiseau aux mœurslégères est présent sur laquasi-totalité du territoiresuisse et vient parfois senourrir dans les prairies del’aéroport.L’accenteur mouchet (prunella modularis) est de lamême taille que le rouge-gorge, avec un bec plusfin et une silhouette plus élancée. Il rappelle égale-ment le moineau domestique par son dessus brunrayé. Il est d'ailleurs fréquemment confondu avec cedernier en raison de sa coloration et de sa familiarité.Cet oiseau possède une tête gris bleutée avec unecalotte légèrement nuancée de gris brunâtre. Sapoitrine affiche une teinte similaire. Ses pattes sontbrun-rouge, la queue ne porte pas de marquesblanches. Ses grandes plumes de couverture sontmarquées de fines taches pâles qui forment parfoiscomme une étroite barre alaire. L'ensemble de sonplumage donne l'impression d'être uniformémentcoloré et assez sombre, excepté les parties inférieu-res de sa poitrine et de son ventre qui sont éclairéesde blanc. Les jeunes sont fortement rayés dessus.Cet oiseau se nourrit principalement d’insectes qu’ilne capture jamais en vol. En hiver, avec la diminu-tion des insectes, il modifie son régime alimentaireen consommant des baies et des graines.

L'accenteur mouchet possède un répertoire assezétendu. Son cri de contact en vol, émis souvent aupetit matin ou le soir, est un 'tihihihi' tintant ou trem-blotant et très fin. Son cri d'alarme est un 'tiih' assezfort et net. Son chant, souvent émis d'une cime,prend la forme d’une phrase aigrelette, assez sonore,aiguë, d'une durée d'environ deux secondes sur unton relativement uniforme. Cette petite mélodie,brouillée mais agréable, rappelle le chant du troglo-dyte mais en plus court et plus éclatant.

Bien présent en Suisse L’accenteur mouchet est présent en Europe du Nord oùil fréquente les boisements de conifères, les forêts mix-tes et de feuillus parsemées de clairières, de coupes etde fourrés épais. Il s'installe également dans les jeunesplantations d'épicéas. Au centre de l’Europe, on le trou-ve dans les parcs et les jardins, les haies et les brous-sailles touffues. Son aire de répartition s'étend de l’AsieMineure à presque toute l'Europe sauf l'extrême nordet l'extrême sud. Les populations qui vivent dansl'ouest et le sud sont sédentaires. Celles qui vivent plusau nord sont migratrices et hivernent dans le centre del'Europe ou dans la région méditerranéenne. En Suisse, cette espèce est répandue sur tout le territoi-re. On repère l’accenteur mouchet dans les régions debasse altitude, à la limite supérieure des arbres. Cetteespèce est même fréquente dans les régions comprisesentre 1’200 et 1’800 mètres d’altitude. Selon les esti-mations, la population d’accenteurs mouchets pour laSuisse serait de 100'000 couples nicheurs.

A l’Aéroport International de Genève, l’accenteurmouchet est un visiteur occasionnel. On le rencontrequelquefois alors qu’il se nourrit d’insectes dans lesprairies. Sa présence est renforcée en mars-avril etentre septembre et décembre lors de ses déplace-ments migratoires.

Vie extraconjugaleL’accenteur mouchet construit son nid à moins de 1,5mètre du sol dans un buisson ou un arbuste. A lamontagne, il s’agit souvent d’un petit conifère. Ce nidse compose de mousse et d'herbes sèches, avec unsoubassement de quelques brindilles. L'intérieur estgarni de crin, de mousses, d'herbes fines et rarementde plumes. La femelle couve de 3 à 6 œufs turquoisevif pendant 13 à 14 jours. L'accenteur mouchet peutse permettre d'avoir des œufs aussi colorés, car le nidest placé dans un endroit sombre où le camouflage amoins d'importance que chez les oiseaux nichant àdécouvert. Le séjour au nid dure entre 10 et 14 jours.Les jeunes sont surtout nourris d’insectes et quittentgénéralement le nid avant d'être complètementemplumés. Le couple mène généralement à termeune à deux nichées par saison. Sa vie amoureuse estassez étonnante: les accouplements extraconjugauxet les trios sont courants.

Stéphane PilletDirecteur de BTEE SA en charge de l’unité

de prévention du péril animalier (PPA)

L’accenteur mouchet

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23-05 No64 été 2010 19

Discret autant que rare, cepassereau fait des appari-tions sporadiques sur laplate-forme.

Le bruant proyer (miliaria calandra) constitue l’unedes quatre espèces de bruants déjà observées à l’aé-roport avec le bruant jaune (emberiza citrinella), lebruant des roseaux (emberiza schoeniclus) et lebruant fou (emberizia cia).

Ce petit passereau est relativement discret et rare et iln’est pas observé chaque année sur notre plate-forme. Chloé Proellochs, agente PPA, l’a redécouvertcette année grâce à son chant mélodieux. Il évolue àproximité de la clôture le long du bois de Ferney.Effectifs en baisse

L’atlas des oiseaux nicheurs de Suisse fait mentiond’une diminution des effectifs de l’ordre de 55 %entre les recensements 1972-1976 et 1993-1996. LaChampagne genevoise est l’une des régions où lepassereau s’est bien maintenu, le programme dejachère et de bandes abris en zone agricole semblantporter ses fruits.

Le bruant proyer fait penser à l’alouette des champsde par sa couleur assez terne, sombre au dessus, plusclaire en dessous, gris-brun avec de nombreuses strieslongitudinales brun foncé. Le mâle et la femelle ont lemême coloris. Il s’agit là d’une exception chez lesbruants où l’on constate habituellement un fortdimorphisme sexuel. Cet oiseau n'a pas de caractèresdistinctifs particuliers. L'absence de blanc sur les rec-trices externes le distingue des autres bruants. Son

bec est cossu, conique avec lebord de la mandibule supérieurerecourbé vers l’intérieur. Son chant est caractéristique etmélodieux, qui prend la formed’une brève strophe peu variée,avec un début haché s'accélérantau final.

Habitant de la plaineLe bruant proyer colonise princi-palement le plateau à une altitu-de de 400 à 800 mètres. De raresobservations ont été faites dansnotre pays jusqu'à 1'300 mètresd’altitude. Sa répartition estconnue dans toute l'Europedepuis le sud de la Scandinavie.On le trouve jusqu'en Afrique duNord, ainsi qu’en Asie Mineure etCentrale.

Il colonise les zones agricoles,principalement les prairies et lescultures de céréales. Les milieuxsteppiques et les coteaux her-beux lui conviennent particuliè-rement. Il affectionne les sitestotalement dépourvus d'arbres et de buissons.

Ce passereau apprécie tout particulièrement lespoints hauts pour chanter, comme la clôture de l’en-ceinte aéroportuaire. On le retrouve également surdes arbres ou arbustes isolés ainsi que sur des fils élec-triques ou téléphoniques pour son concert. Lors devos observations, vous devriez pouvoir le contemplerassez facilement car le bruant proyer n’est pas trèsfarouche.

C'est un oiseau principalement sédentaire. Seuls lesindividus des pays du nord de l’Europe se rassemblenten grandes bandes et migrent vers le sud afin derejoindre leurs quartiers d’hiver au centre et au sud ducontinent. En hiver, il est courant que le bruant proyerpartage les mêmes sites que le bruant jaune.

Il se nourrit principalement de graines, céréales,feuilles, herbes, baies mais peut aussi manger desinsectes, araignées et autres petits mollusques. Fibre paternelle relative

Les mâles chantent en mars -avril en attendant leurfemelle, qui rejoint un peu plus tard les lieux de nidi-

fication. La femelle va construire un nid de brindilleset de feuilles d’herbe au sol dans une petite dépres-sion d’une prairie. Elle va y pondre 4 à 5 oeufs qu'ellecouve entre 12 et 14 jours.

Pendant les quatre premiers jours après l'éclosion,la femelle nourrit seule ses petits, le mâle ne com-mençant à lui venir en aide que plus tard. Après 9 à12 jours, les jeunes commencent à se déplacer alorsqu'ils ne savent pas encore voler, et les parentscontinuent à leur apporter la nourriture parmi lesplantes environnantes où les petits se cachent. Lebruant proyer peut être polygame, le mâle frayantrégulièrement avec 2 ou 3 femelles, exceptionnelle-ment jusqu'à 7. Certains couples nichent une secon-de fois : la saison de nidification dure souvent jus-qu'au mois de juin.

Stéphane PilletDirecteur de BTEE SA en charge de l’unité

de prévention du péril animalier (PPA)

Le bruant proyer