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LES 11 QUARTIERS NANTAIS Quinze pages d’actualité sur votre lieu de vie Quinze pages d’actualité sur votre lieu de vie HISTOIRES DE QUARTIERS Le Champ-de-Mars et les Dervallières, histoire d’une cité populaire Le Champ-de-Mars et les Dervallières, histoire d’une cité populaire S UPPLÉMENT À N ANTES PASSION , MAGAZINE DE L’I NFORMATION MUNICIPALE N °142 - F ÉVRIER 2004 S UPPLÉMENT À N ANTES PASSION , MAGAZINE DE L’I NFORMATION MUNICIPALE N °142 - F ÉVRIER 2004

d’actualité sur votre - Nantes · 65 ans, n’a jamais chômé. C’est même la première levée. Bien avant que les “forts ... nommée “la Dame en Noir”, n’a rien à

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  • LES 11QUARTIERS NANTAISQuinze pagesd’actualité sur votrelieu de vie

    Quinze pagesd’actualité sur votrelieu de vie

    HISTOIRES DE QUARTIERS

    Le Champ-de-Marset les Dervallières, histoired’une cité populaire

    Le Champ-de-Marset les Dervallières, histoired’une cité populaire

    SUPPLÉMENT À NANTES PASSION, MAGAZINE DE L’INFORMATION MUNICIPALE N°142 - FÉVRIER 2004SUPPLÉMENT À NANTES PASSION, MAGAZINE DE L’INFORMATION MUNICIPALE N°142 - FÉVRIER 2004

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    Tenter l’expérience du café la Perle, c’est un peu commeêtre secoué dans le shaker d’un maître ès cocktails. Çabrasse, ça mouline, ça mélange. On en ressort tout neufavec la voluptueuse sensation d’avoir joué dans Un singeen hiver et donné la réplique au couple Gabin/Belmondo.“C’est le seul bar où je serre la main à tout le monde”,commente Micheline. Rue de la Convention, Manuel daSilva Cruz et sa femme Maryline, tiennent l’Exclusif, connucomme le bistrot de la communauté portugaise deNantes. Une histoire de chaleur humaine et de bouche àoreille comme le résume Séraphin, l’un des habitués : “Jeviens ici parce que c’est chaleureux. Je me sens bien. C’estune habitude. Je ne supporte pas de rester à la maison.”Témoignages.

    Au Breil, le projet urbain voit s’achever une nouvelletranche de travaux. À Saint-Clément, l’Ancre offre auxjeunes une écoute et un soutien psychologique pourparler de leur mal-être, de l’échec scolaire, des conflitsfamiliaux… Aux Hauts-Pavés/Saint-Félix, la Maison desPoupies, crèche associative, est un lieu de vie pour lesenfants valides et les enfants souffrant d’un handicap.“L’objectif est d’offrir à l’enfant une alternative à l’hôpital,mais aussi d’aider les mamans à ne pas s’arrêter detravailler et d’aider celles qui ne travaillent pas à soufflerun peu sans pour autant tomber dans l’assistanat”,explique Michèle Meignier, la directrice. Ce ne sont quedes exemples de l’actualité que vous retrouverez surquinze pages dans ce numéro de Nantes au quotidien.

    Enfin, dans les histoires de quartiers, nous vous invitonsà découvrir, ce mois-ci, l’histoire d’une cité populaire, lesDervallières et celle du Champ-de-Mars.

    Bonne lecture. NANTES AU QUOTIDIEN

    L’ENQUÊTE

    LES 11 QUARTIERS

    Le Parisien à Talensac, La Perle, rue du Port-au-Vin,l’Exclusif, rue de la Convention… Autant de bistrots dequartier qui participent, à leur façon, à l’animation de la ville.Des endroits parfois privilégiés où se mélangentcommerçants, banquiers, étudiants, ouvriers, lycéens. Deslieux de vie où l’on recherche la rencontre, la convivialité, lacamaraderie. Témoignages.

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    HISTOIRESDE QUARTIERSLe Champ-de-MarsLes Dervallières, histoired’une cité populaire

    Centre-Ville Zéphyr, des loisirs pour les personnes handicapéesBellevue / Chantenay Justine, cavalière prodigeDervallières / ZolaKui Bo To, l’Afrique à chœur ouvertNantes ErdreBeaujoire Basket Club : La fusion fait la forceÎle de NantesLe Bridge Club de Nantes joue l'ouvertureHauts-Pavés / Saint-Félix Les Poupies accueillent les enfants handicapésMalakoff/Saint DonatienUn coup de pouce en cas de bourdonNantes NordDouze femmes et des coussinsBreil / BarberieLes espaces publics réaménagésDoulon/BottièreJacques-François Piquet, écrivain né à la PilotièreNantes SudLes jeunes du Clos-Toreau chantent leur quartier

    Nantes au quotidien, supplément à Nantes PassionDirecteur de la publication : Jean-Marc AyraultCo-directeur de la publication : Mathieu BaradeauRédacteur en chef : Philippe BougléResponsable Nantes au Quotidien : Isabelle RobinPhotos : Stéphan Ménoret, Régis Routier, Patrick GarçonOnt collaboré à ce numéro : Jacques Chanéac, Armelle de Valon, MichaëlGheerbrant, Emmanuelle Morin, Laure Naimski, Pascale Wester.

  • Sa journée commence toujourspar un petit café “chez Mado”.Murielle y a ses habitudes.“Elle est chiante !” lance sur leton de la plaisanterie Rachelle,

    la fille de Madeleine dite Mado, qui tientle café Le Parisien à Talensac depuis 1966.“Eh bien oui, je prends mon café allongé,mais pas trop, avec un peu de lait chaud,mais pas trop et mon journal du matinposé à côté de la tasse ! Et alors ?” Et alors“Madame est servie” et avec le sourire enprime ! Chez Mado, c’est ça, un concentréde gentillesse qui tient dans une grandeenseigne au fond de la salle : “Bienvenuechez Madeleine” et une maxime derrièrele bar : “Quand on ne travaillera plus le

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    Le Parisien à Talensac, La Perle, rue du Port-au-Vin, l’Exclusif, ruede la Convention, Au bon accueil, route de Vertou... Autant de

    bistrots de quartier qui participent, à leur façon, à l’animation dela ville. Des endroits parfois privilégiés où se mélangent

    commerçants, banquiers, étudiants, ouvriers, lycéens. Des lieux devie où se retrouvent, comme à la Colinière, les amoureux de la

    boule nantaise. Des ambiances où l’on recherche la rencontre, laconvivialité, la gentillesse, la camaraderie. Témoignages.

    Ces bistrots où l’on Ces bistrots où l’on

    Le Parisien à Talensac. Chez Mado, c’est ça, un concentré de gentillesse qui tient dans une grandeenseigne au fond de la salle : “Bienvenue chez Madeleine” et une maximederrière le bar : “Quand on ne travaillera plus le lendemain des jours derepos, la fatigue sera vaincue.”

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    lendemain des jours de repos, la fatiguesera vaincue.” Bien entendu, Madeleine,65 ans, n’a jamais chômé. C’est même lapremière levée. Bien avant que les “fortsdes halles” ne pointent le bout de leurtablier au comptoir. Plus tard dans la mati-née, l’endroit devient le refuge des lycéensentre deux cours et des promesses defilets de cabillauds préparés par Josette :“À Talensac, je retrouve les ambiances dumarché couvert de la Rochelle où j’habi-tais avant de venir m’installer à Bellevue,il y a vingt ans. Après mes courses, je faistoujours une petite pause chez Madeleine.Elle me dit un petit bonjour en me servantmon café. C’est une femme très simple,très naturelle. Je ne parle jamais à per- }

    sonne d’autre. Je suis très solitaire.” Unetranquillité que respectent Sarah, Céline etKarine qui, à la table voisine, révisent leurscours. “Ce qu’on aime, c’est que Madelei-ne nous parle, nous sourit. Elle nousencourage pour les cours.” Comme lerésume Murielle : “Madeleine, c’est quel-qu’un d’unique, elle a une goule, du chien,du caractère. Elle fait partie de Talensac.”

    Micheline, gueule d’atmosphère.Dans l’étroite rue du Port-au-Vin, c’est là,à l’enseigne de La Perle que s’entrouvreun “rade” comme il en existe un ou deuxdans une ville, qui plus est en pleincentre. Tenter l’expérience de la Perle,c’est un peu comme être secoué dans le

    shaker d’un maître ès cocktails. Ça bras-se, ça mouline, ça mélange. On en res-sort tout neuf avec la voluptueuse sen-sation d’avoir joué dans Un singe en hiveret donné la réplique au coupleGabin/Belmondo. Au bar - guère le choixtant l’endroit est étroit - Micheline seraconte. “Un jour, rue du Dragon à Paris,avec une copine, on pousse la porte d’unbar. Et qui l’on voit ! ? Gainsbourg ! Il étaitlà, assis sur un tabouret au comptoir. Ilnous lance “salut les filles, je vous offreà boire ?” On répond “pourquoi pas”.“Alors champagne !” “Ah non merci !Nous on préfère la bière !” Côté person-nalité haute en couleur, Micheline, sur-nommée “la Dame en Noir”, n’a rien à

    se sent en famillese sent en famille

    La Perle, rue du Port-au-Vin.“C’est le seul bar où jeserre la main à tout lemonde. La première foisque je me suis installéedevant le comptoir et quej’ai commandé un demi,Laurent, le patron, ne m’apas dévisagée de haut enbas. Alors je suis restée. Ce que j’aime ici c’est qu’ily a une ambiance de caféde quartier dans un café de centre-ville.

  • L’Exclusif,rue de la Convention.“Je viens ici parce que c’est chaleureux. Je me sens bien. C’est unehabitude. Je ne supporte pas de rester à la maison.” Alors Séraphin,la quarantaine, vient taper le carton l’après-midi et jouer auxdominos le matin avec sa bande de copains du troisième âge.

    journalistes, les gens qui sortent du ciné-ma ou qui vont faire des courses.” Et puisbien sûr, il y a aussi les trucs en plus pourles habitués comme le “forum d’expres-sion libre” créé entre les deux tours desdernières élections présidentielles, tousles mardis soirs à l’étage, un endroit quia jadis accueilli en catimini des concertsdes Wampas et de la Mano Negra, ouencore l’élection du client du mois avecdevinette à l’avenant : “Il a de la cuisse,mais ne bat pas de l’aile même si sonanagramme est poulette.” Clouées dansle bois du comptoir, les plaques desclients fidèles comme Bertrand ou Sté-phane Delouis. “On fait aussi le loto footexplique Laurent. 70 % des gains vont augagnant et 30 % à la cagnotte qui sert àse payer un bon gueuleton. Les femmessont invitées, mais la plupart des clientsici sont célibataires.” Et galants ! Tous les24 décembre, les habitués de la Perleapportent à Micheline un bouquet defleurs dans le magasin de chaussures deluxe qu’elle dirige rue Crébillon à

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    } quelques pas de la Perle. Parce queMicheline est plus qu’une habituée, c’estune vraie gueule d’atmosphère !

    Porto et dominos. L’atmosphère, c’estdonc cette subtile et fragile alchimie quise libère comme un précipité entre unpatron(ne) et ses clients, entre un comp-toir et sa salle. L’atmosphère, c’est undécor fait de mille et un visages avec cettechose sonore indéfinissable qui s’appellele brouhaha ! À l’Exclusif, rue de laConvention, à deux pas de la station detramway Croix-Bonneau, il s’articule enportugais au rythme du cliquetis desdominos sur les tapis de jeu accentué parle fado lancinant des gloires populaires dePorto. Pas chauvin, mais de Porto plutôtque de Lisbonne, le patron. Très précisé-ment de Villanovafamaliçao. Le bistrot,c’est de famille. Son père en tenait un àChantenay après avoir immigré en France.Son fils, Manuel da Silva Cruz et sa femmeMaryline, ont racheté l’Exclusif, déjàconnu depuis la fin des années 70 comme

    envier au “fumeur de Gitanes”. Pilier ducomptoir de Laurent, elle débarque tousles jours sur les coups de midi. “C’est leseul bar où je serre la main à tout lemonde. La première fois que je me suisinstallée devant le comptoir et que j’aicommandé un demi, Laurent ne m’a pasdévisagée de haut en bas. Alors je suisrestée. Ce que j’aime ici c’est qu’il y a uneambiance de café de quartier dans uncafé de centre-ville. Tiens, ça c’est monpetit cordonnier favori qui arrive !” Lepoint d’exclamation final se perd dans lesembrassades. Le cordonnier, grossesbacchantes et journal L’Équipe sous lebras, serre la main de Laurent qui distil-le avec une gentillesse non feinte larecette de son alambic : “Ici, tout lemonde se mélange. Il n’y a plus de diffé-rence. Il y a les banquiers, les commer-çants, les ouvriers du port autonome, lesétudiants, les lycéens qui s’installentavec leur sandwich/frites acheté à côté,les artistes (une expo sur l’unique mur,l’autre étant occupé par le comptoir), les

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    le bistrot de la communauté portugaise deNantes. Une histoire de chaleur humaineet de bouche à oreille comme le résumeSéraphin, l’un des habitués en battant unjeu de quarante cartes comme l’exige labelote portugaise : “Je viens ici parce quec’est chaleureux. Je me sens bien. C’estune habitude. Je ne supporte pas de res-ter à la maison.” Alors Séraphin, la qua-rantaine, vient taper le carton l’après-midiet jouer aux dominos le matin avec sabande de copains du troisième âge :Armando qui habite la Halvèque, José quivient en voisin et Joachim qui fait le trajetdepuis la Contrie, “tous les jours pour voirles copains en fin d’après-midi et parlerun peu”. “Entre nous, on fait une espècede salade de langues. Un peu de françaiset un peu de portugais ! Je dirais qu’ici, ily a bien une centaine de portugais quipassent. À Nantes, il doit y avoir trois ouquatre cafés portugais. Mais c’est chezManuel qu’on trouve le gros de la tête. Ona aussi deux équipes de foot seniors etaprès chaque match, ils viennent boire un

    coup ici,” raconte José. La Sagrès et lasuper Bock, deux bières du pays, coulentalors à flot pendant que se déguste leporto (nombreuses marques) à petiteslampées. Ce que préfère Paula, 29 ans,c’est le petit noir au comptoir pour discu-ter avec Manuel. “On est du même villa-ge” précise la jeune femme qui s’avoue“très portugaise !”. “Je suis très attachéeà mes origines. Je ne fréquente pas lescafés du centre-ville.”

    La locomotive PMU. Sur la façade, l’en-seigne rouge et néon bleu de l’Exclusifnous fait de l’œil alors que route de Ver-tou, Au bon accueil, c’est un immensebonhomme de neige gonflable qui nousaccueille. Impossible dans ces conditionsde manquer le café que François Cuny aracheté, il y a trois ans. Un vrai as du mar-keting, François. “Il faut bien” expliquel’intéressé. “De nos jours, si on fait juste“café pur”, c’est dur. Il faut une locomo-tive en plus, comme le tabac, le PMU, laboule ou la restauration.” Au bon accueil

    est un café-PMU-boule nantaise. “Ici,c’est un vieux PMU de quartier, ce n’estpas l’usine. Je ne voulais pas d’une gros-se bestiole avec écran géant. Une télésuffit. J’ai cinq cents clients dans unrayon de deux kilomètres et je lesconnais tous par leur prénom. La com-munication, c’est mon truc !” Un bon che-val, ce François ! Il possède tous les ingré-dients du parfait PMU : la télé toujoursallumée, le Paris Turf en libre lecture, letableau d’affichage des courses de lajournée, en moyenne une quinzaine, etcelui de la veille, le prix du café-PMU Aubon accueil, le seul PMU de Nantes àavoir sa propre course, le pronostic dupatron, le présentoir à tickets. “Bientôt,ils vont disparaître au profit d’une machi-ne à dicter” précise François en saluantun habitué qui en profite pour se livrer àbride abattue : “Ici, on est une bande decopains. On joue ensemble et l’on parta-ge les gains. J’ai un vilain défaut, commej’habite à cent mètres, je viens jouer tousles jours, mais je ne dis pas tout à ma

    Au bon accueil, route de Vertou.“Ici, c’est un vieux PMU de quartier, ce n’est pas l’usine. Je ne voulais pas d’une grossebestiole avec écran géant. Une télé suffit. J’ai cinq cents clients dans un rayon de deuxkilomètres et je les connais tous par leur prénom. La communication, c’est mon truc !”

  • femme !” s’exclame Claude avant de lan-cer un sonore “Eh salut Loïc qu’est ce quetu bois ?” “Un coup de rouge !” Loïc il estfoot, cheval et chasse. Moi ce que j’ai-me en dehors des courses, c’est la danseen couple. Et la boule alors ? “Ah non,pas la boule.”

    La boule nantaise, affaire de famil-le. Pour ce sport, qui fait aujourd’hui par-tie du patrimoine nantais et qui donneleur âme à certains cafés de la ville, direc-tion La Colinière, 144, boulevard de Dou-lon. Le lieu est un ancien arrêt de dili-gence devenu café d’octroi puiscafé-boule nantaise au début du XXe

    siècle. C’est là qu’officie la famille Char-rier. Derrière le comptoir, rien que desfemmes : Marie-Lyse, la mère, Julia, la filleet Océane, la petite-fille. Pourtant, laboule nantaise a longtemps été un sportréservé aux hommes (ouvert aux femmesuniquement depuis trois ans). “Un jour,j’ai battu un homme 9 à 0. Il ne voulaitplus que je le serve et il m’a fait la gueu-

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    } le pendant deux mois !” se souvient Juliaavec humour. Au comptoir, Jean-PierreDurant, cuisinier de son état, président del’amicale laïque Jean-Macé et vice-prési-dent de la fédération de la boule nantai-se, s’amuse de l’anecdote. Il veille surune fédération qui compte un millier d’ad-hérents et qui organise six concours paran dont un fameux concours de volailleavec dinde et canard à gagner, tous lesans au mois de novembre. Mais ici,comme dans les autres cafés-boule de laville, les femmes ne sont toujours paslégion. Pour le vérifier, il suffit de pous-ser la porte de la salle du jeu attenanteau café. Là, une poignée de copains ver-sion amitié virile, dans un décor rustiqueavec feu de cheminée qui crépite pourréchauffer l’atmosphère. Accoudé à labalustrade qui délimite la piste, Chris-tophe Letutour, l’un des meilleurs joueursde la ville, observe le jeu d’un œilconnaisseur : “Les bases, c’est comme àla pétanque, après, c’est une affaire dedosage.” Sur la piste, Alain, Marco,

    Michel viennent presque tous les après-midi. Les anciens aussi. “Quand l’und’entre eux ne vient pas, on se dit qu’ilest malade. On se connaît tous. On estune bande de copains,” raconte Joseph, 88 ans, qui a tenu un bistrot ruedes Olivettes pendant trente ans. “Mafemme me descend là en voiture à 16heures tous les jours et un copain meramène chez moi vers 19 h.” Joseph aimejouer avec Eugène, 79 ans, un autre habi-tué qui vient depuis cinquante ans : “Cequi me plaît ici, c’est la camaraderie, lapatronne, les petits. Mais, aujourd’hui, j’aipas de veine, je suis tombé avec deuxcroûtes !” plaisante l’ancêtre. “L’équipequi perd une partie met 30 centimes dansune cagnotte. Ça paye le buffet campa-gnard”, précise Michel qui s’inquiète unpeu pour l’avenir du lieu. Tenu depuis cinqans par la famille Charrier, le café-bouleappartient à la mairie qui va le transfor-mer en juin 2004. “Il va y avoir une sépa-ration entre le café et le jeu de boule, àcause de la loi Évin sur la consommation

    La Colinière, boulevard de Doulon. “J’espère que le café restera un lieu de rencontre. C’est important que les membres de l’amicale laïque puissent s’y retrouver. Ici, c’est un café où l’on se sent en famille.”

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    d’alcool, explique Marie-Lyse. J’espèreque le café restera un lieu de rencontre.C’est important que les membres de l’ami-cale laïque puissent s’y retrouver. Ici, c’estun café où l’on se sent en famille.”

    Association cherche café. Marie-Lysepointe du doigt l’un des problèmes ren-contré par certaines associations nan-taises à la recherche d’un café pour seréunir. C’est le cas de l’association desAmis de la place du Petit-Bois, sans caféfixe depuis quelques mois. “Dans le quar-tier, explique Annick Heaulme, secrétairede l’association, il n’y a pas de salle muni-cipale. Dans l’association, nous devonsêtre quatre à pouvoir accueillir une ving-taine de personnes dans notre salon. Leproblème, c’est que tout le monde travailleet que nous faisons nos réunions le soirentre 20 h et 22 h. Rares sont les cafetiersà rester ouverts jusqu’à cette heure.” Pen-dant longtemps, l’association s’est réuniechez Thérèse, au bistrot Les Colombines,rue Appert. “C’était une dame très sympa.

    Nathalia Salmon-Ortiz (vice-présidente del’association de quartier Saint-Félix) etNadia Sevesque, 38 ans toutes les deux,sont les mains dans la peinture en com-pagnie de quelques copains et copinesvenus les aider pour finir les travaux. Plusque quelques jours avant l’ouverture deleur établissement qu’elles ont racheté.“Ça fait dix ans que j’habite dans le quar-tier et Nathalia cinq ans. Nous noussommes rencontrées à la sortie de l’écoleen allant chercher nos enfants, raconteNathalia, la commerciale de l’affaire. Notreidée, c’est de faire vivre cette place.” AuBistrot Saint-Félix, les gens du quartiercomme les étudiants de la toute nouvelleannexe de l’École des Beaux-Arts pourrontse régaler le midi de terrines maison, gra-tins et tartines cuisinés par Nadia. “Àl’heure de la mondialisation, préciseNathalia, la notion de bistrot de quartiernous tient à cœur. Nous serons chaleureuxdans le plat et dans l’accueil ! Ce bistrot,c’est le bistrot de tout le monde.”

    LAURE NAIMSKI

    De temps en temps, elle nous cuisinait unechoucroute de poisson. Elle recevait notrecourrier, elle donnait notre numéro de télé-phone, elle vendait notre petit journal dequartier, elle distribuait des bulletins d’ins-cription pour le bric à brac, elle faisaitmême notre secrétariat. Elle nous rendaitbien des services. Il y avait une vraie com-plicité entre nous. Et puis, elle a pris saretraite et nous avons dû changer de lieu.On aurait pu aller dans une salle munici-pale du côté de Zola. Mais, on souhaite res-ter dans le quartier et le café, c’est quandmême plus sympa. Mais, vu les difficultéspour trouver un nouveau café pour nousaccueillir, il est possible qu’on se tournevers une salle associative.”

    Le Bistrot Saint-Félix renaît. Dom-mage que l’association d’Annick Heaulmene soit pas implantée du côté de la placeSaint-Félix. Car là, deux femmes sont biendécidées à redonner vie à l’ancestral caféde la place et pourquoi pas à accueillir desréunions d’associations. Pour l’heure,

    Bistrot Saint-Félix, place Saint-Félix.“À l’heure de la mondialisation, la notion de bistrot de quartiernous tient à cœur. Nous serons chaleureux dans le plat et dansl’accueil ! Ce bistrot, c’est le bistrot de tout le monde.”

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    LES 11 QUARTIERS ➜ CENTRE-VILLE

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    H élène Fillaudeau et Karine Péansont parties d’un constat : “Lespersonnes adultes qui souffrentd’un handicap mental, phy-sique ou social ont, comme tout le monde,besoin de loisirs, d’activités culturelles,artistiques et elles l’expriment.” Les deuxjeunes femmes, spécialistes de l’anima-tion, ont donc décidé de créer, il y a un an,l’association Zéphyr grâce au soutien del’association Plan Jeunes, couveuse d’acti-vités qui aide les porteurs de projets à selancer. Première étape, l’ouverture d’unlocal rue de Gigant avec jeux de société,fauteuils aux couleurs acidulées, canapéprofond, table basse, bar et coin lecture.“Je viens de Rezé tous les mardis et lesmercredis. Je me sens bien ici”, témoigneLaurent. “Je retrouve des copains.” Zéphyrest également ouverte aux personnesvalides et les activités, seconde étape du

    projet, sont aussi un moyen pour les per-sonnes handicapées d’aller à leur ren-contre. “Zéphyr permet de lutter contrel’isolement et la solitude”, précise Hélène.Avec Karine, elle encadre de nombreusesactivités qui vont de la soirée dansante à lasortie aux champignons en passant par labalade en bord de mer. Karine s’occupedavantage des ateliers de création, dessin,peinture, collage... Pour l’avenir, les deuxjeunes femmes aimeraient obtenir un localplus grand et offrir aussi des activités leweek-end pour les nombreux adhérentscélibataires qui souffrent davantage de lasolitude à ce moment de la semaine.

    Association Zéphyr, 1, rue de Gigant, 44100Nantes. Tél. 02 40 69 65 39. E-mail : [email protected]. Adhésion annuelle de 20 € + participationselon les activités.

    Depuis cinq ans, l'école Léon-Blumchante en chœur. Chaque samedi,c'est toute l'école qui répète septou huit chansons pour un grandconcert dans le cadre de la Fête dela musique, sous l'égided'enseignants de l'établissement.Il y a deux ans, ce travail a prisune nouvelle dimension : deuxclasses ont écrit et interprété unecomédie musicale avec l'aide deJames Wood, musicienprofessionnel (ancien membre dugroupe de rock pour enfantsBouskidou) et parent d'élève.Devant le succès remporté, unesouscription a été lancée et un CDenregistré l'année dernière. Cette année, dans le cadre d'unprojet artistique et culturel (PAC)subventionné par l'Éducation

    nationale et la Ville de Nantes,l'aventure recommence, avec cettefois les sept classes de l'école. Les grands écrivent les textes, les petits font des dessins, les enseignants trient, orientent…“Nous nous contentons detravailler la matière qui vient desenfants”, explique Marie-ChristineBataille, enseignante et chef dechœur. Quand les textes seront aupoint, James Wood composera lesmusiques. Il ne restera plus qu'à...répéter le spectacle qui seradonné le 19 juin par les centsoixante-dix élèves.

    Comédiemusicale

    Zéphyr, des loisirspour les personneshandicapées

    Zéphyr, des loisirspour les personneshandicapées

  • Claude Savinel, épicier d’art, cherche àrecréer l’ambiance des cabinets de curiositésd’autrefois.

    Calligraphie : “Art de bien former les caractères d’écriture”, dit le dictionnaire. Pour Jamel Benouarzeg, c’est bienplus que ça : “C’est l’art de l’émotion. La calligraphie met en jeu la position du corps, la respiration. C’est d’abordune démarche spirituelle, une philosophie”. Et une technique qui requiert des années de pratique pour êtremaîtrisée. Passionné, il fonde Tour art zeg, association qui œuvre pour la découverte de la calligraphie. La

    structure a désormais un local en plein centre-ville, pourexposer les œuvres d’artistes et accueillir des stagiairesvenus s’initier ou se perfectionner. Chaque mois, un artistereconnu encadre ces formations qui alternent les styles :calligraphies arabe, perse, chinoise, tibétaine... Jamelaimerait aller plus loin et créer à Nantes une structure uniqueen France, une véritable école de calligraphie qui intégreraitune bibliothèque spécialisée, un musée... Pourquoi pas,puisque, comme il l’affirme : “Tout part d’un rêve...”

    Contact : 7, rue Saint-Pierre (près de la cathédrale). Tél. 02 51 81 08 93 ou 06 62 12 09 17. Exposition de calligraphies sur le thème de la paixjusqu’au 29 février, le mercredi, vendredi et samedi de 15 h à 18 h.

    L’épicier de l’art pas cherL’épicier de l’art pas cher

    N ’hésitez pas à descendre lesmarches du vieil escalier, c’esten bas que ça se passe.“L’idée, c’est de démocratiserl’art. Et de recréer l’ambiance des cabinetsde curiosités d’autrefois. Des œuvres d’arten rang serré, de haut en bas.” Peinturesde tous formats, sculptures, photos,objets divers, il y en a partout chez l’épi-cier d’art. Alias Claude Savinel, artiste ico-noclaste, décidé à rendre l’œuvre d’artaccessible à tout un chacun. Ici, artistesconfirmés ou du dimanche déposent leursœuvres pour un mois. Le prix est fixé encommun, ça varie entre 0,50 et moins de100 € (dont 60% reviennent à l’auteur).Tout cela est accroché sur les murs d’unsous-sol, ancien squatt plutôt mal faméjusqu’alors, que Claude a nettoyé, repeint,remis en état, à la grande satisfaction descopropriétaires. Et depuis, le lieu nedésemplit pas. “Il y a toutes sortes degens, des jeunes, des artistes, des curieuxet même des mamies qui viennent prendrele thé...” et le décor change tous les jours.“Je veux que ce soit convivial, que n’impor-te qui puisse montrer ce qu’il fait. C’est unlieu de passage et aussi d’inspiration pourles artistes. L’énergie circule, j’ai l’impres-

    Tour art zeg enseigne la calligraphie

    sion que ça fonctionne !” Entre caverned’Ali-Baba et lieu de rencontre artistique,l’épicier d’art semble avoir trouvé sonpublic...Épicier d’art, 3, rue Affre, du mardi au samedi,de 14 h à 22 h.

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  • En 2003, Justine Damiens a remporté lechampionnat de France de poney dans sacatégorie.

    Yves Jensens est un enseignant du Conservatoire qui porte le drôle de nom de“dumiste”. C’est-à-dire que ce jovial contrebassiste de formation est titulaire du“diplôme universitaire de musicien intervenant”. Et où intervient-il ? Eh biendans les écoles. Plus particulièrement, à l’école Alain-Fournier où il anime, avecLaurent Crinière, percussionniste et Samuel Mirales, guitariste et “dumiste”comme lui, des ateliers musicaux les mardis et vendredis soirs. Gratuits, ilss’adressent en priorité aux enfants de ce quartier classé en ZEP (zoned’éducation prioritaire). Depuis la rentrée 2002, l’école est en effet dotée d’unpôle musical avec salles de musique rénovées et équipées de xylophones,caisses claires, tambourins, pupitres, percussions diverses et variées. YvesJensens explique aux enfants qui frappent avec application sur leur djembé

    (instrument de percussion africaine) qu’il faut s’écouter et se regarder pour jouer ensemble. “Je ne fais pas desolfège, je privilégie le rythme et la pratique d’ensemble.” Contact : école élémentaire Alain-Fournier, 87, rue du Bois-Hardy, 44100 Nantes. Tél. 02 40 46 28 53.

    Justine, cavalière prodige

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    LES 11 QUARTIERS ➜ B E L L E V U EC H A N T E N A Y

    Justine, cavalière prodige

    À 14 ans et demi, Justine Damiensmesure 1,79 mètre. Son grandgaillard de père a fait du rugby, samère pratiqué la danse, alors queson frère aîné joue en équipe de France“jeunes” de handball. Autant dire que danscette famille du quartier Sainte-Anne, lesport occupe une place privilégiée. Petitefille, Justine s’essaya au judo, au tennis, aubasket et même au... foot avant de décou-vrir le poney à l’occasion de vacances chezses grands-parents. “C’était avant tout despromenades, un amusement.” Mais Justines’inscrit vite dans un club. À neuf ans, elledispute ses premiers concours par équipes.Le jeu devient passion. Depuis septembre2002, la jeune fille s’entraîne au Centreéquestre régional du Val de Loire (Cerval)sous les ordres de François Breuil. Elle selie d’amitié avec “Joé de Thouaré”, un jeuneponey qu’elle prépare en vue du concourscomplet (dressage, cross, saut d’obs-tacles). “Justine est travailleuse, assidue.Elle a l’équilibre, la souplesse et uneapproche déterminée de la compétition”,analyse son moniteur. Après s’être classéetroisième du championnat régional, Justineremporte le championnat de France 2003de sa catégorie avec une rare maîtrise. En2004, elle effectue une ultime saison avecson nouveau poney, Lakmé de la Janière :

    “Je viens au centre tous les jours sauf ledimanche et le lundi et je monte trois foispar semaine.” Dans un an, elle franchira lepas : “En principe, nous devrions acquérirun cheval”, souffle-t-elle sous le regardcomplice de son papa.

    Les ateliers musicaux du Conservatoire

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  • ➜ DERVALLIÈRESZOLA

    P rofesseur de musique et per-cussionniste, François Fampouavait créé, il y a quatre ans, unechorale dans son quartier desDervallières : “Nous n’étions qu’une douzaine. On plafonnait un peu.” Pourdynamiser l’activité, les choristes déci-dent de s’ouvrir vers l’extérieur autourd’un projet baptisé Kui Bo To (littérale-ment : chant avec tambours). Cette allian-ce des voix et des percussions motive trèsvite près de cinquante personnes, issuesd’autres quartiers (Zola, Sainte-Anne) oude communes limitrophes. L’activité s’ins-crit dans le cadre de l’amicale laïque desDervallières et trouve tout naturellementà s’exprimer au sein de la maison de quar-tier. “Notre souci est de contribuer àdynamiser la vie des Dervallières, demontrer ce qui peut être fait par des habi-tants et d’amener de nouvelles personnesà nous”, résume François Fampou. Bâtiautour de la rencontre entre des chants

    africains et des percussionnistes, le pro-jet a trouvé sa concrétisation lors de TisséMétisse 2002 où la chorale s’est produitepour la première fois. Une expérience quechacun a voulu prolonger et pérenniser,notamment dans le quartier d’origine dela chorale. “L’an passé, nous avons présenté notre concert en avril à la mai-son de quartier puis lors de la Fête de lamusique, et nous comptons bien récidiveren 2004, car notre vocation est de propo-ser aux habitants des Dervallières unspectacle de qualité, créé dans leur quar-tier, sachant que notre porte leur estgrande ouverte”, conclut François Fampou. Répétitions générales un samedipar mois (14 h-17 h 30) et par pupitres leslundis de 20 h à 22 h 15.

    Renseignements-inscriptions : amicale laïque des Dervallières, pôle associatif La Palmeraie, 19, rue Auguste-Renoir, 44100 Nantes.

    “Dire avec nos propres motsqu’on est capable de réaliser deschoses même en élevant seulesnos enfants. Moi, ça m’a valoriséen tant que parent. Je neculpabilise plus si mon fils a dumal à l’école.” Ghislaine, Sylvie,Corinne et Monique avaient envied’exprimer leur vécu de parentsd’adolescents. Après dix-huitmois d’efforts, de recherchesd’informations, de rédaction etbeaucoup de discussions, leurprojet a pris la forme d’uneplaquette. Au sommaire : parolesde jeunes, être parentsd’adolescents, le collège, quellesrelations après la séparation ?, latélé : amie ou ennemie ?, l’argentde poche, la violence.

    “On ne pensait pas qu’on feraittout ça !...” Trouver des thèmes,réunir des documents,rencontrer des gens du Planningfamilial ou de la Maison de lajustice et du droit puis mettre enforme, aller chez l’imprimeur,taper les textes sur ordinateur,créer une maquette...Aujourd’hui, les six centsexemplaires de la plaquette vontêtre diffusés, présentés aucollège, à la maison dequartier... et servir de support àdes discussions.

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    Relationsparents-ados

    Kui Bo To, l’Afriqueà chœur ouvertKui Bo To, l’Afriqueà chœur ouvert

  • Beaujoire Basket Club : La fusion fait la force

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    Il n’est jamais facile de mettre unterme à la vie d’une association d’unsimple trait de plume, surtout quandelle s’exerce depuis trente ans -Saint-Joseph-de-Porterie Basket Club -ou... soixante-quinze (amicale Saint-Georges-des-Batignolles). C’est pourtantce qu’ont décidé de faire ces deux clubsdes quartiers Est de Nantes en fusionnanten septembre dernier, sous le nouveauvocable Beaujoire Basket Club. “Beaucoupparmi nous se connaissaient de longuedate, avaient disputé des matchs face àface et partagé quelques belles troisièmesmi-temps”, explique Jacques Philippe,président d’une nouvelle structure où lespostes de responsabilité sont équitable-ment répartis entre les deux clubs d’origi-ne. Stéphane Bourgouin, l’un des vice-pré-sidents, précise les raisons de ce rappro-chement : “Saint-Joseph est un quartier enplein développement. Nous avions du malà gérer des effectifs pléthoriques. Saint-

    Ces archers quivisent au cœur !Alain Le Merdy est un archeramateur qui vise juste. Voilà deuxans avec l’Élan, association desport adapté, et en partenariatavec l’amicale laïque desMarsauderies, il a créé unesection de tir à l’arc pour lespersonnes handicapéesmentales. Depuis, le cours nedésemplit pas ! Chaque lundisoir, ils sont une douzaine àdécocher des flèches dans unesalle prêtée par l’amicale laïquede Port-Boyer. “Le tir à l’arc a uneffet bénéfique tant sur le planphysique que psychique. C’estpour ces personnes l’occasiond’effectuer un travail sur soi quimontre au fil du temps qu’ellessont capables de maîtriser leur

    corps et leurs gestes.” Ce n’est sûrement pas Jacques,45 ans, qui contredira Alain.Médaillé de bronze en division 3à l’occasion du dernierchampionnat de France, c’estl’un des fidèles du lundi. Alain etMarie-Pierre Deniaud, autreresponsable de l’activité, sont deces archers qui visent au cœur.Ils s’accordent pour dire : “Il esttemps de faire taire les peursancestrales créées autour despersonnes handicapéesmentales.”Contact : Tél. 02 40 49 80 16.

    Georges a un passé glorieux, des struc-tures et une expérience supérieures. Noussommes complémentaires et nous avonsdonc uni nos forces pour améliorer etdynamiser la qualité de notre offre.” Leslicenciés des deux clubs ont adhéré aunouveau concept puisqu’ils sont plus dedeux cent cinquante (vingt-cinq équipesdont dix-huit de jeunes) à se presser dansles différents gymnases où évolue le BBC :“Nous sommes portés par une vague d’en-thousiasme, soulignent les dirigeants quiont fait appel à l’ancien pro de l’Hermine,Eric Dezélus, pour s’occuper de l’équipepremière. Nous devons profiter de cettedynamique pour nous ouvrir encore plus,notamment en direction des habitants denos quartiers.”

    Contact : Nathalie Bourgouin. Tél : 02 40 30 10 52. Permanence : 55, boulevard de la Beaujoire, le lundi de 18 h 30 à 20 h . Tél. 02 40 30 15 41.

    Beaujoire Basket Club : La fusion fait la force

  • Les écoliers dansent avec Claude BrumachonLes écoliers dansent avec Claude Brumachon

    T irer sur une ficelle imaginairepour faire bouger le bras, legenou, la tête de son voisin...Deux par deux, les enfantsébauchent des pantomimes. S’allongentsur le dos et “remontent la manivelle”pour se relever doucement. Comme tousles jeudis matins, Camilla, Damien, Davidet toute la classe de CE2 de l’école Mai-sonneuve se rendent au Centre chorégra-phique national de Nantes, pour uneheure trente de danse avec Claude Bru-machon. Aurore Michaud, leur institutri-ce, raconte : “j’ai fait un stage sur les artsde la scène avec l’Éducation nationale etj’ai vu ce que faisait Claude Brumachonavec l’école Jean-Moulin de Malakoff. Jel’ai contacté pour lui proposer ce travail.Ça se fait dans le cadre des Ateliers depratiques artistiques et culturelles(APAC), sous couvert du ministère de laCulture et du ministère de l’Éducation.”Quinze séances jusqu’à début avril pourmieux appréhender son corps, investirl’espace, acquérir des gestes précis, letout sous la houlette bienveillante etexpérimentée du chorégraphe, qui tra-vaille depuis vingt-trois ans avec desenfants. “À force, j’ai acquis une sorte deméthode, une manière d’amener lesenfants dans le mouvement.” Et ça sevoit. De retour en classe, les enfants note-

    ront leurs impressions sur un cahier toutexprès. “Car ce projet nous permet de tra-vailler sur d’autres notions, le rythme, laconfiance en soi, le travail en commun...”

    Réhabilitation de la salle BonnaireRénovation de la salle festive, aménagement d’un espace bar, d’un officecuisine, de vestiaires, mise aux normes... la salle Georges-Bonnaire vaêtre entièrement réhabilitée pour accueillir dans des conditionsoptimales les activités physiques qui s’y déroulent, les réunionsassociatives mais aussi les spectacles amateurs et les fêtes familiales.Le programme prévoit également l’amélioration de l’isolation phonique,la mise à disposition d’une scène mobile, la mise en place d’un accèsautomatisé pour les utilisateurs et l’amélioration de l’accès et dustationnement. Dans sa nouvelle configuration, la salle festive pourraaccueillir cent cinquante personnes environ. L’équipement devrait êtreréalisé pour l’automne 2005.

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    Deux par deux, les enfants ébauchent despantomimes sous la houlette du chorégraphe.

  • LES 11 QUARTIERS ➜ ÎLE DE NANTES

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    Mardi 15 heures. Ils sont bienune soixantaine à discuter enattendant le début des par-ties, sous le regard amical etattentif de la présidente, Madeleine Guicheux : “C’est comme ça tous lesaprès-midi. Ce sont surtout des retraitésou des femmes qui ne travaillent pas,

    mais le soir, on a des joueurs de tous âgeset origines sociales.” Les installationsspacieuses et confortables du boulevardVictor-Hugo peuvent accueillir deux centquarante bridgeurs autour des soixantetables : “Parmi nos quatre cents membres,nous avons des joueurs de tous niveaux,du grand maître, Michel Lebel, champion

    du monde, aux débutants. Tous ceux quiveulent découvrir le bridge sont les bien-venus.” Des professeurs diplômés prodi-guent en effet des cours accessibles àtous. “Les dix premières leçons sontoffertes par le club. Nous ne voulons paspénaliser financièrement une personnequi n’accrocherait pas au bridge.” Autreillustration de la volonté d’ouverture duBCN : le partenariat conclu avec le collègeAristide-Briand qui permet aux élèves desixième de s’initier au jeu, à raison d’uneséance hebdomadaire dispensée par lesmoniteurs du club. Très éloignée du “brid-ge de salon”, la philosophie du BridgeClub de Nantes est avant tout empreintede convivialité. “Autour de leur passion,nos membres apprennent à se connaître.Beaucoup se fréquentent en dehors duclub.” Ouvert tous les après-midi et leslundi, mardi et mercredi soir, le BCN allieavec bonheur la pratique compétitive àtravers ses tournois quotidiens et ladimension “loisir”, fondamentale pourl’équipe de bénévoles animée par Made-leine Guicheux.

    Contact : Bridge Club de Nantes, 14, boulevard Victor-Hugo. Tél : 02 51 82 23 08.

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    Le Bridge Club de Nantesjoue l’ouvertureLe Bridge Club de Nantesjoue l’ouverture

    Il y a là Isabelle, Bernadette, Martine, Florence, Chantal, Muriel. Quiépluche et coupe les fruits pour la salade, qui étale la pâte brisée pour laquiche, qui surveille la cuisson des lardons. Et ça sent bon. IsabelleGervais est là qui supervise, de son autorité de directrice adjointe ducentre socioculturel des Ponts. “L’idée de ces samedis culinaires estsortie... d’une boîte à idée, explique-t-elle. En début d’année, nous nousdemandions quelles nouvelles activités créer. Plusieurs personnes ontproposé un atelier cuisine. Autour de la préparation d’un repas, on apprend des gestes, on se transmet des savoirs,entre celles qui ne savent pas faire cuire un œuf et les cuisinières confirmées. La convivialité est immédiate. Il y aparmi nous des personnes handicapées, inscrites en centre d’apprentissage thérapeutique. Ici, elles valorisent leurssavoir-faire, échangent avec les autres sur un pied d’égalité. C’est une vraie richesse.” Ces rendez-vous culinaires setiennent un samedi par mois. L’objectif est de préparer à manger pour une quarantaine de personnes.Centre socioculturel des Ponts, 14, rue Michel-Rocher. Tél. 02 40 48 61 01 - Fax : 02 51 72 99 96. e-mail : [email protected].

    Les samedis culinaires

  • Les Poupiesaccueillent les enfants handicapés

    Les Poupies accueillent les enfants handicapés

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    C et hiver, la Maison des Poupies n’apas échappé à l’épidémie de bron-chiolite. Les tout-petits pleuraientbeaucoup sous l’œil tendre de ladirectrice, Michèle Meignier. Une femmeque ni la maladie ni le handicap n’ef-fraient. Avec son mari, médecin spécialistede la prise en charge de la douleur chezl’enfant, cette ancienne puéricultrice aacheté cette maison en centre-ville, il y adix ans, pour en faire une crèche associati-ve qui accueille des enfants validescomme des enfants souffrant d’un handi-cap. Sur les cinquante-cinq enfants, petitspensionnaires, ils sont une douzaine à pré-senter des difficultés motrices ou intellec-tuelles. “À cet âge, entre 0 et 3 ans, il estdifficile d’établir un diagnostic. Nousobservons simplement les symptômes.”La Maison des Poupies est avant tout unlieu de vie et non un lieu de soin. “L’objec-

    ➜ HAUTS-PAVÉSSAINT-FÉLIX

    tif est d’offrir à l’enfant une alternative àl’hôpital, mais aussi d’aider les mamans àne pas s’arrêter de travailler et d’aidercelles qui ne travaillent pas à souffler unpeu, sans pour autant tomber dans l’assis-tanat.” Car le but est aussi de rendre l’en-fant autonome grâce notamment aucontact avec les enfants valides. “Lesenfants, précise Michèle, n’ont pas d’apriori ou de rejet. Ils ont du bon sens. Ilsprotègent les plus faibles, mais ils jouentaussi avec eux.” Avant de refermer la portede la Maison des Poupies, Michèle lanceun appel aux généreux donateurs. “Noussommes, à la recherche d’un terrain de1000 m2 pour ouvrir un jardin d’enfantspour les 3-6 ans.”Contact : La Maison des Poupies, 38, rueOctave-Feuillet. Tél. 02 51 82 37 93. La crècheaccueille les enfants du lundi au vendredi, de7 h 30 à 19 h.

    Un groupemédical àMonseletExit la clinique Notre-Dame-de-Grâces qui a rejoint lapolyclinique de l’Atlantique,voici le groupe médicalMonselet. Quatorze spécialitésmédicales groupées sur le mêmelieu pour une approche pluri-discuplinaire. “Ça n’est pas uneclinique mais un groupement de

    cabinets libéraux.” Angiologue,chirurgien dentiste,nutritionniste, psychiatre,rhumatologue, sage-femme... ilssont une quarantaine depraticiens sur deux étages. Ausous-sol, une piscine derééducation pour le centre dekinésithérapie. Plus haut, unecuisine pour le secteurdiététique, tout est flambantneuf. “On travaille encomplémentarité. On ne seconnaissait pas du tout audépart. Il a fallu une dizaine demois pour trouver unedynamique et que les genstrouvent leurs repères.” L’autreavantage, c’est la proximité. “Àl’heure où tout est décentralisé,on maintient une activitémédicale dans le quartier.” Contact : 25, rue Octave-Feuillet,Nantes. Fax : 02 51 72 78 84.

  • LES 11 QUARTIERS ➜ MALAKOFF / SAI N

    D epuis avril 2003, l’Ancre, Pointécoute jeunes pour les 16-25 anset Point écoute parents, a changéde port d’attache. L’association aquitté le quartier Graslin pour s’amarrerderrière le musée des Beaux-Arts, rueDugast-Matifeux. “Le quartier est davanta-ge fréquenté par les jeunes, il est près de lagare, proche d’un lycée, de la caserne etd’une nouvelle annexe de l’école desBeaux-Arts, explique Corinne Lescarret,directrice de l’Ancre (service de l’associa-tion nantaise des Foyers de jeunes tra-vailleurs), créé* en 1997 pour répondre aumal-être des jeunes qui ne s’adressaientpas à des services classiques. À l’Ancre, ilsbénéficient sans rendez-vous, d’une écouteet d’un soutien psychologique dans le res-pect de l’anonymat et de la confidentialité.

    Mal-être, échec scolaire, conflits familiaux,fugues, violences subies ou agies, prise derisques, sexualité, toxico-dépendance,délinquance, errances... sont les sujets leplus souvent évoqués. “Nous offrons uncoup de pouce en cas de bourdon, nousaidons à mettre à plat les problèmes pourmieux repartir, à restaurer l’image del’adulte”, explique Patricia Riffard, l’un destrois travailleurs sociaux de l’association.L’Ancre propose également des entretiensfamiliaux afin de restaurer le dialogue.

    *Créé par l’État avec le soutien de la Villede Nantes et du Conseil général.

    L’Ancre, 3, rue Dugast-Matifeux, 44 000Nantes. Tél. 02 40 14 54 44. e-mail :[email protected].

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    Rénovation des AgenêtsConstruit en 1967, le gymnasedes Agenêts va bénéficier d’unprogramme de rénovation etd’agrandissement engagé par laVille. Le projet prévoit laconstruction d’une extensionpour abriter une tribunepouvant accueillir plus de deuxcent cinquante personnes. Àl’arrière de celle-ci, seraaménagé un espace deconvivialité dédié au club de laSaint-Rogatien, qui évolue

    aujourd’hui au plus haut niveaurégional. L’ensemble seracomplété par une salle demusculation, un local matérielet un local administratif. La partie ancienne del’équipement sera rénovée avecravalement de façade, réfectionde la toiture, des vestiaires,remplacement du sol sportif,rénovation du chauffage,peinture des locaux. Les travauxdevraient démarrer en avril pourune durée de dix mois. Coût del’opération : 1 125 000 euros.

    Un coup de pouce en cas de bourdonUn coup de pouce en cas de bourdon

    Comité consultatif de quartierLa séance plénière du comité consultatif du quartier Malakoff/Saint-Donatien aura lieu le jeudi 4 mars à 20 h à laManufacture, boulevard de Stalingrad. Elle sera présidée par Jean-Marc Ayrault. À ses côtés seront présentsCatherine Touchefeu, adjointe au maire en charge de la démocratie locale, ainsi que Michèle Meunier, Marie-Françoise Clergeau, Michelle Frangeul, Delphine Boufénie, Elhadi Azzi. Cette séance plénière est ouverte à tous leshabitants et les représentants associatifs ou institutionnels du quartier.

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    T-DONATIEN

    explique Gaétan Bourdin, de la compagnieBafodi. Le cédérom qui réunit tous les por-traits mis en scène sort le 18 février et seradistribué dans les écoles et auprès des insti-tutions et associations du quartier. Et déjà onparle d’un projet de “jardin de printemps”.

    Six cents habitantsimmortalisés sur cédérom

    Cueilleuse de morceaux de vie“Tout le monde a une vie extraordinaire.” Partant de ce principe, Béatrice Blouet a décidé de se lancer dans lerecueil de morceaux de vie, après cinq ans dans la formation et la communication. “Annick a soixante dix-sept ans,elle est la dernière de sa fratrie et n’a pas d’enfants. Elle m’a confié des épisodes de son enfance pendant la guerre,avec parfois beaucoup d’émotion. Je trouve important de tout capter, la façon de s’exprimer, les hésitations, de

    manière à laisser une trace fidèle de la personne...” Une trace queBéatrice restitue, texte écrit et informatisé, enregistrement sonore etphotos numérisées. “La personne me confie des photos parfoisanciennes, précieuses. La numérisation lui permet de les transmettreplus facilement à la famille.” Après Annick, Béatrice s’intéresse à uneentreprise familiale guérandaise, qui souhaite conserver une traceécrite de son histoire, à travers les témoignages des différentesgénérations. “Les personnes âgées chez elles ou en maison deretraite, les associations, les entreprises, ma cible est large.” La cueilleuse d’histoires commence à peine sa récolte de souvenirs.Mais ne regrette en rien sa reconversion. Contact : 02 40 37 97 28.

    P our transformer un centre sociocul-turel en jardin d’hiver, il fautquelques plantes, des idées et dela bonne volonté. Quand le tour estjoué, inviter les voisins de tous âges. Lesfaire entrer par groupes et les amener, au fild’une mise en scène, à tremper le bout d’undoigt ou toute la main dans une assiette plei-ne de peinture puis à se faire sur le visage,sans miroir, une petite empreinte ou unegrande, comme on veut. Entraîner tout legroupe dans la pièce d’à côté et le faire dan-ser, accompagné d’un clown musicien. Parfois, en arrêter un, le temps d’une photoprise par un pro.Ils sont plus de six cents à s’être prêtés à cejeu proposé à Malakoff par la compagnieBafodi, pendant deux semaines en décembredernier. Les professionnels du quartierdéguisés en jardiniers, le service desespaces verts de la Ville, l’Accoord et surtoutles habitants ont relevé le défi poétiquelancé par les artistes. Il s’agissait aussi d’ac-compagner la métamorphose en cours duquartier, en dédramatisant, en parlant, encollectant des traces. “Si tout le monde s’ymet, ce n’est pas si compliqué que ça decréer de jolis lieux et de jolis moments”,

    Parallèlement, la troupe prépare chaquemercredi, avec les enfants du quartier, unspectacle de théâtre qui sera répété au coursde séjours en Bretagne pendant les vacancesde février et Pâques, avant de partir en tour-née d’été.

    Six cents habitantsimmortalisés sur cédérom

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    LES 11 QUARTIERS ➜ NANTES NORD

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    Douze femmes et des coussinsDouze femmes et des coussins

    Bout-des-Pavés :opérationpropretéQuinze jours pour nettoyer lequartier de fond en comble, c’estl’opération propreté menée endécembre dans le quartier Bout-des-Pavés (Nantes Nord) par laCommunauté urbaine, enpartenariat avec Nantes Habitat etles services de la Ville. 44 m3 defeuilles mortes déblayées, 105 m3

    d’encombrants évacués, destrottoirs sablés, des panneauxremplacés, des marquages au solrefaits, des épaves de voituresdébarrassées. Sans compterl’assainissement des égouts,

    l’amélioration de l’éclairagepublic, le remplacement et laréparation de corbeilles et diverstravaux de voirie... une initiativesaluée par des habitants“agréablement surpris”. Et qui devrait être étendue àd’autres quartiers, avec commeobjectif une concertationpréalable des riverains pluspoussée.

    O n connaît l’association Atao pourses chantiers d’insertion profes-sionnelle répartis sur l’agglomé-ration nantaise. Chaque année,ils permettent à une centaine de per-sonnes de reprendre le chemin de l’em-ploi. Mais, on connaît moins ses ateliersde dynamisation dont le dernier en date,créé au printemps 2003, s’adresse à unedouzaine de femmes domiciliées dans lequartier Nord de Nantes, la plupart bénéfi-ciaires du RMI. Elles sont accueillies ausein des locaux du chantier d’insertion derénovation de sièges anciens et contempo-rains. Celui-ci emploie également unemajorité de femmes du quartier. CatherineMainson, responsable du chantier siège etOdile Brousse, animatrice de l’atelier dedynamisation, apportent, en plus de leursoutien et de leur écoute, leur savoir faireen matière de restauration de sièges, decouture d’ameublement ou encore de

    création d’objets décoratifs. “Autant d’ac-tivités, explique Catherine, qui permettentde reprendre confiance en soi, de sortir deson cocon, de mieux connaître la ville etson quartier.” Quatre après-midi parsemaine, pour une durée minimum de troismois - il s’agit d’un contrat moral - les par-ticipantes vont rencontrer d’autres asso-ciations de quartier, visiter des chantiersd’insertion ou des lieux culturels comme leLieu Unique. “En ce moment, préciseCatherine, elles réalisent des coussinspour la halte-garderie du quartier et deschaises en forme de fruits et légumes quisont bien sûr prétexte à s’intéresser parexemple aux questions touchant à l’ali-mentation”.

    ATAO, 28, rue du Capitaine-Hervouet, 44300 Nantes. Tél. 02 51 83 03 26. e-mail : [email protected]. Tramway : arrêt Santos-Dumont.

  • ➜ BREIL / BARBERIE

    La Laëtitia s’agranditCréé au milieu du XIXe, le centre sportif de la Laëtitiamanque de place pour continuer de développer les vingt-deux disciplines que compte l’association sportive etculturelle de Sainte-Thérèse et accueillir de nouveauxadhérents. C’est pourquoi la Laëtitia projette en 2004d’agrandir la salle “éveil de l’enfant” et de construire unenouvelle salle de musculation ainsi que divers locaux(accueil, bureaux...). Dans le cadre de cette extension, laVille subventionnera les travaux à hauteur de 138 000euros, soit 63% du coût global de l’opération qui devraitêtre achevée à l’automne 2004.

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    D émarré en 2002, le projet urbaindu Breil voit s’achever une nou-velle tranche de travaux. Aprèsl’ouverture récente du nouveaucentre commercial, la phase en coursconcerne les espaces publics situés der-rière l’ancienne supérette et au pied del’immeuble de la rue Jules-Noël. Le par-king de l’ancien centre commercial seratraversé par un mail piétonnier quirejoindra le futur prolongement de la rueFeyder et le cheminement reliant lesécoles à la Chézine. Devant l’immeublede la rue Jules-Noël, les véhicules nepeuvent plus circuler et les stationne-ments le long de la voie sont remplacéspar un petit parking plus particulière-ment destiné à l’usage des résidants. Àcôté, une aire de jeux pour les enfantssera aménagée. Celle-ci sera complétéepar un autre espace de jeu dédié auxtout-petits sur l’arrière du bâtiment.L’ensemble est agrémenté d’arbres -chênes, cèdres, prunus - de bancs et d’unnouvel éclairage.Entre juin et novembre 2004, l’anciennesupérette sera démolie, ainsi que la pre-mière cage d’escalier de l’immeublecontigu, au 49, rue du Breil, de manière àpouvoir prolonger la rue Feyder jusqu’au

    nouveau centre commercial et le boule-vard Pierre-de-Coubertin. En ce quiconcerne la partie conservée de l’anciencentre commercial (le bâtiment long),elle sera réhabilitée en attendant de voirdéterminer son affectation.

    Un mail piétonnier traversera le parking de l’ancien centre commercial pour rejoindre le futur prolongement de la rue Feyder.

    Les espaces publicsréaménagésLes espaces publicsréaménagés

  • LES 11 QUARTIERS ➜ DOULON / BOTTIÈ

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    Jacques-FrançoisPiquet, écrivain né à la Pilotière

    Jacques-FrançoisPiquet, écrivain né à la Pilotière

    L a Pilotière, rue de Thann. C’est làque l’écrivain Jacques-FrançoisPiquet, qui vit aujourd’hui enrégion parisienne, a grandi, “dansce quartier périphérique coincé entreusine et jardins maraîchers, rencognéentre rails et nationale !” Aujourd’hui,l’homme de cinquante ans a plusieursromans, nouvelles et pièces de théâtre àson actif dont Noms de Nantes, une auto-biographie, récemment publiée par JocaSeria, qui a fait grincer quelques dents pardéfaut de nostalgie bon teint. L’auteur yfustige “les commères qui caquettent” etautres “langues bifides”... “Je dresse unconstat, c’est tout. J’ai longtemps cru queje détestais ma ville natale. Or, c’était monenfance et mon adolescence que je détes-tais.” Noms de Nantes se lit comme unecartographie intime de l’écrivain, mais

    aussi comme une mémoire collective delieux disparus tels l’usine métallurgiquedes Batignolles ou le Bateau-lavoir. Dansles années 60, le Pin-Sec qui jouxte la Pilotière, accueille les rapatriés d’Algérie.“Les HLM métastatiques du Pin-Secgagnaient champs et terrains maraîchers”,écrit alors Jacques-François. “À monépoque, le quartier était plein de gosses.Aujourd’hui, dans les deux ou trois ruesque je fréquentais, il n’y a plus que despersonnes âgées.” Noms de Nantes estune suite de fragments qui se lisent dansun souffle et nous précipitent gare d’Or-léans où le jeune soldat quitte sa villenatale avec “une seule certitude. Tureviendrais à Nantes, mais pas de sitôt !”

    Noms de Nantes, 2002, Éditions Joca Seria,89 pages, 10 €. www.jfpiquet.com.

    Local pourassociationsDepuis le début de l’année,un collectif de sixassociations a élu domicileau centre commercial de laBottière : la CLSF, Vie libre,l’association FêteBottière/Pin-Sec, ACFI 44, le Forum des amis et Aimes.Aucune de ces associationsne disposait jusqu’alors delocaux sur le quartier de laBottière. Pour les loger, la Ville s’est engagée àlouer cet espace auprès de Nantes Habitat. Ici, lesassociations souhaitent nonseulement tenir leurspermanences et leursréunions mais espèrentégalement faire de ceslocaux un espace où leshabitants puissent seretrouver autour d’un cafépour discuter... du quartier,du cadre de vie. Pour sefaire, trois après-midi parsemaine, le lieu sera ouvertaux habitants, de 15 h à 18 h , le lundi, le mercredi etle samedi.

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    M ercredi ordinaire au JudoAtlantic Club. Sur les tatamisdu Dojo du Croissant, desdizaines de gamins travaillentsous l’autorité souriante mais ferme dePhilippe Ménard. Il s’agit pour l’heured’enfants de neuf ans, mais déjà ceux dedix et onze se préparent. Les plus âgés et

    les adultes viendront plus tard. Tout estorchestré au millimètre selon les principesfondateurs de la discipline : “La politesse,le contrôle de soi, le respect des règles etdes autres, qui n’excluent pas le courageet l’envie de se surpasser”, explique Domi-nique Rennou, présidente du JAC. Depuis1979, ce club allie initiation, entraînement

    et compétition, tout en cultivant la convi-vialité et la volonté de rassembler :“Chaque année, et ce sera le cas en 2004,nous organisons de nombreuses manifes-tations destinées à faire se rencontrer leslicenciés.” Pour répondre à la demande deses membres, le Judo Atlantic Club a éga-lement créé en septembre un atelier babyjudo (pour les 5 ans !), réactivé sa sectionjiu jitsu, et ouvert une activité Taï So : “Ils’agit de techniques d’échauffement etd’étirements essentiellement destinéesaux adultes qui peuvent ainsi côtoyer leursenfants dans leur activité.” Enfin, club dequartier, soucieux de solidarité, le JAC mettout en œuvre pour permettre aux per-sonnes en difficulté de pouvoir pratiquer ladiscipline de leur choix.

    Contact : Judo Atlantic Club : 02 40 74 04 20ou Complexe Sportif du Croissant.

    Changement de décor aux Jardins des ChaupièresTout au long de l’année 2003, les rencontres se sontsuccédées avec la Ville, les jardiniers et les riverains de larue des Chaupières pour que les jardins familiaux dumême nom retrouvent leur caractère champêtre. “Les riverains avaient en effet réagi au développementanarchique des cabanes auxquelles les jardiniers avaientadjoint au fil des ans des extensions”, explique Marie-France Ringeard du service espaces verts de la Ville.“Nous avons donc défini ensemble une configuration de base maintenant sur chaque parcelle la cabane d’originequi sera agrandie par un auvent de 5 m2 fermé sur deux côtés.” Celui-ci permettra de répondre aux exigencesnouvelles des jardiniers qui ne fréquentent plus le jardin pour seulement cultiver un potager. Aujourd’hui, on yvient en famille pour profiter du grand air, dès les premiers beaux jours. Les opérations de démolition desextensions sont d’ores et déjà engagées et les premiers auvents montés. Tout devrait être terminé au printemps.

    Dominique Rennou, présidentedu Judo Atlantic Club

    Un Atelier de baby judo Un Atelier de baby judo

  • Les jeunes du Clos-Toreauchantent leur quartier

    LES 11 QUARTIERS ➜ NANTES SUD

    Les jeunes du Clos-Toreauchantent leur quartierL e club des jeunes du Clos-Toreau alancé une jolie idée baptisée :“Viens parler de ton quartier”. Il s’agit d’instaurer un échangeavec d’autres jeunes des quatre coins deFrance, chacun apportant “quelque chosequi représente ce qu’ils sont et ce qu’ilsvivent”. Au Clos-Toreau, ils sont unedizaine à participer à l’opération et ontchoisi de réaliser un clip. Auparavant,Guy, Jamila, Rami, Foued, Ingrid, Fatma,Stéphane, Cyrielle et Mohamed ont suivides ateliers d’écriture de textes de chan-sons et ont travaillé la musique avec l’ai-de de l’association Kontradixion. Le tour-nage est en cours, le clip doit être terminépour les rencontres prévues à Pâquesavec, pour l’instant, des jeunes de Pariset Grenoble. D’ores et déjà, Catherine etLaurent, animateurs du centre, consta-tent que le projet a transformé les rela-tions entre garçons et filles, a changé leurcomportement dans les autres activités :“Nous voulions qu’ils fassent vraiment untravail en commun, pas chacun sa chan-son, ce qui les a amenés à faire mieuxconnaissance et à constituer, depuis lemois de septembre, un groupe soudé. Ceprojet a permis à certains de trouver leurcompte ici alors qu’ils ne fréquentaient

    pas le club jusqu’alors, pour diverses rai-sons.”Contact : centre socioculturel du Clos-Toreau.Tél. 02 40 34 19 27.

    Se réapproprier des lieux hostiles“Choisissez un lieu dans la ville qui vous semble hostile, photographiez-le etmettez-le en scène.” C’est à partir de cette proposition artistique originale que lephotographe et plasticien Arnaud Théval a engagé, en septembre et juin 2002,un atelier artistique avec huit patients du centre d’accueil thérapeutique à tempspartiel de l’hôpital Saint-Jacques, créé et dirigé par Rachel Bocher. Le résultat dece travail baptisé Hostiles, soutenu par la Ville de Nantes, est aujourd’hui éditépar Joca Séria sous la forme d’un livret où l’on découvre les mises en scèneimaginées par les participants qui se sont réappropriés des lieux “hostiles” de laville en les chargeant de poésie. “Ce qui soigne, c’est la relation qui se noue au

    sein d’un groupe à travers les pratiques artistiques et culturelles où le sujet retrouve le libre jeu de la créativité”explique Rachel Bocher qui affirme haut et fort : “l’art fait du bien”. Un projet comme celui-ci permet de renforcerl’autonomie des patients, de les valoriser, de favoriser les rencontres et bien sûr de changer le regard sur la villeen explorant un espace urbain souvent effrayant au premier coup d’œil. Hostiles, éditions Joca Séria, 10 p., 10 euros, diff. Les belles lettres.

    Une dizaine de jeunes participent à l’opération“Viens parler de ton quartier” dans le cadre delaquelle ils réalisent un clip.

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    HISTOIRES DE QUARTIERS

    1943.À Nantes, lesb o m b a r d e -ments détrui-sent la majeu-

    re partie du centre-ville. Avec le retour dessinistrés et des réfugiés, les besoins enlogement sont énormes. Dès 1947, onévoque l’achat du terrain des Dervallièrespour y édifier des logements. Ce siteexceptionnel, ouvert sur la vallée de la

    Chézine, est alors propriété du comte de laBrosse (voir encadré). Il paraît idéal pourrépondre à l’urgence : construire vite !En 1950, le projet des Dervallières devientun grand projet d’intérêt national et en1951, il se voit qualifier de “chantier d’ex-périence”. Le projet en effet, est tout à faitnouveau : par son échelle, il dépasse toutce que l’on a fait jusqu’alors, avec laconstruction de 2 500 logements. Il pré-voit, dès le départ, d’intégrer équipementspublics et commerciaux au cœur du quar-tier. Il s’agit en somme, de construire uneville dans la ville...“La vétusté du parc de logements, le sur-peuplement dans de vieux appartements,l’exode rural qui accompagne le redresse-ment industriel d’après-guerre fondent lesarguments d’une politique du logementsocial produit en quantité selon des

    Les Dervallières

    À partir de 1956, la construction de la cité des Dervallières répond à uneurgence : construire vite pour loger des centaines de familles, sinistrées oumal logées. Ce chantier, gigantesque pour l’époque, préfigure déjà lesfutures ZUP du milieu des années 60. Peuplée d’ouvriers, de rapatriés... la cité vit d’abord comme un grand village...

    Les Dervallières, histoire d’

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    confort. Nous avons attendu notre appar-tement quatre ans : c’était la crise du loge-ment, on démolissait les taudis, les rapa-triés arrivaient d’Algérie, il y avait encoreles restes des bombardements... Quandnous sommes arrivés, nous avons eu lasensation d’un confort total, c’était toutneuf, il y avait une salle de bains, une cui-sine indépendante, des toilettes dans lelogement...” Mado et Jo Aoustin, installésen juillet 63, ont vécu la même attente :“Au bout de quatre ans d’attente, les Dervallières, c’était le grand luxe : de l’es-pace, du chauffage, du plancher sur lessols, une vraie salle de bains...” La cité alors, est encore en chantier. Les immeubles sortent de terre, l’école estconstruite, les commerces ouvrent les uns

    après les autres, sur la place centrale ou enrez-de-chaussée des bâtiments B : “Il yavait un Famiprix, une charcuterie, un fleu-riste, une boulangerie, un tabac, une pois-sonnerie, une mercerie... Tout ce qui fallait !C’était très vivant, les gens se retrouvaientcomme dans un village” explique DeniseJoret. Mado Aoustin elle, se souvient descommerçants ambulants : “Pour le pain, laviande ou le fromage, on se retrouvait enbas des immeubles, j’entends encore l’ac-cent chantant des rapatriés : on en a passéde bons moments ! En fait aux Dervallières,on ne pouvait pas ne pas se rencontrer : àl’école, dans les commerces ou dans l’es-calier...”Dans la cité, un événement rassemble tousles habitants : la kermesse. Organisée parl’amicale laïque jusque dans les années70, “elle drainait un monde fou, bien au-delà des limites du quartier. On y venaitdes quartiers voisins, voire de la cam-pagne proche. Pensez ! C’était la plusimportante après celle de Procé” se sou-vient Denise Joret.

    Une cité populaire. Les Dervallièressont une cité populaire où se côtoient unepopulation ouvrière vivant des chantiersnavals ou des entreprises industrielles,des rapatriés d’Algérie, et des fonction-naires. Jean Joret, traceur de coque auxChantiers, raconte : “La solidarité est unevaleur traditionnelle forte dans le mondeouvrier, comme chez les rapatriés. Il y a eucréation de liens très rapidement, et c’est }

    méthodes industrialisées.”* Sous la direc-tion de l’architecte Marcel Fauvraud (futurarchitecte de Bellevue), la constructiondes Dervallières préfigure ce que seront,quelques années plus tard, les futuresZones à Urbaniser en Priorité (ZUP).

    Un parcours long et difficile. Dès1952, l’Office Public d’Habitations à BonMarché (HBM) lance les procédures d’ex-propriation, la consultation d’architectes,l’étude des financements, etc. Il faudraattendre 1956 pour voir le démarrage destravaux avec la construction d’une premièretranche de 1 200 logements. Au total, ceseront 2 650 logements qui, en 1965, for-meront la cité des Dervallières : grandesbarres autonomes au couloir traversant,pavillons accueillant les familles nom-breuses. Mais, si le cadre de verdure estexceptionnel, la disposition des immeublesen revanche, enferme la cité sur elle-mêmeet l’isole physiquement du reste de la ville.En décembre 63, Denise et Jean Joret arri-vent dans la cité : “C’était le bonheur ! Noushabitions un deux pièces rue Talensac, sans

    une cité populaire

    Loïc Amisse, enfant du quartierJean et Denise Joret se souviennent biende Loïc Amisse, actuel entraîneur del’équipe de foot nantaise. “Il habitait les bâtiments B...Il a commencé le foot à cinq ans, àl’amicale laïque des Dervallières. Ils seretrouvaient souvent entre copains pourjouer au foot, entre le B2 et le B3, sous legrand arbre. Ils poussaient alors leur cride ralliement : “Tous au grand arbre !”

    En décembre 1963, Denise et Jean Joret arrivent auxDervallières : “C’était le bonheur ! Nous avons eu la

    sensation d’un confort total.”

    “Nous avons crée la CSF en 1964 pour faire avancerla vie du quartier.” Mado et Jo Aoustin habitenttoujours les Dervallières et continuent de militerpour leur quartier.

  • HISTOIRES DE QUARTIERS

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    sur cette solidarité que s’est construit unvrai tissu associatif dans le quartier.” Témoin, mai 1968. Une grande partie deshabitants est en grève. Le salaire ne rentrepas, il faut pourtant continuer à vivre :“Nous organisions des distributions quoti-diennes de nourriture à la maison desjeunes et de la culture du quartier. Nousavions les produits invendus du MIN, ainsique des légumes apportés par les PaysansTravailleurs de Couëron. La grève a bienduré deux mois : les distributions, elles,ont continué plus longtemps auprès deshabitants en difficulté” raconte Jean Joret.Très vite, la vie associative se développe.Dans cette cité encore jeune, il existe peu

    d’équipements de quartier et, comme par-tout, “il y a des choses qui ne vont pas.Nous avons créé la CSF (confédération syn-dicale des familles) en 1964 pour faireavancer la vie du quartier” rappelle MadoAoustin. “Mais nous n’avions pas delocaux associatifs. La vie associative étaitpeu reconnue, nous squattions le châteaupour nous retrouver... De même, il n’exis-tait rien pour les enfants : ni crèche, nihalte-garderie, ni centre de loisirs. Nousavons organisé des activités entre nous,dans le château. Nous avons retapé troispièces et chacun notre tour, proposionsaux enfants du quartier des activitéschaque jeudi.” Les jeunes du quartier eux,

    investissent une ancienne ferme, le Ranch,de l’autre côté du chemin du Massacrepour organiser leurs loisirs de façon “col-lective et autogérée”. Il faudra attendre1967 pour que s’ouvre la première “maisondes jeunes” des Dervallières.

    Le chômage a tout cassé. “Les soli-darités naturelles de la cité sont restéesjusque dans les années 75-80. Après, lechômage a tout cassé. Avec lui, a commen-cé la paupérisation des Dervallières.” Lesfamilles Joret et Aoustin soulignent ledépart progressif des classes moyennes etla présence importante de familles “assi-gnées à résidence”, monoparentales ouissues de l’immigration ; ils signalent ladégradation des bâtiments et de l’environ-nement, ignorés pendant vingt ans, ainsique l’enclavement de la cité ; ils rappellentl’augmentation progressive de la délin-quance... Eux, ont choisi de rester, et de continuer àse battre au sein de leurs associations(CSF et CLCV) pour que les Dervallièresvivent mieux. “La première restructurationdu quartier en 1990 a été importante pourla cité. Aujourd’hui, les projets continuentet c’est bien” concluent-ils.

    EMMANUELLE MORIN

    * “ Voyage au bout de la ville”, Michel Pin-son, 1989.Sources : Équipe de quartier, Archivesmunicipales. “La construction d’un patri-moine, de l’Office Public d’HBM à NantesHabitat, 1913-1993”, MP Halgand, E. Pas-quier, 1993.

    Un château au cœur du parcAvant le XVe siècle, le domaine desDervallières appartenait aux seigneurs de labaronnie de Derval. François de Laval héritede la propriété, avant de la léguer àFrançoise de Dinan, comtesse de Laval. Cettebranche des Laval avait un hôtel dans lecentre de Nantes (l’actuelle mairie) et unemaison de campagne, les Dervallières,s’étendant de la Contrie à la Garotterie et àCarcouët. De nombreux propriétaires se succèdent à latête du domaine tout au long des XVe, XVIe etXVIIe siècles. Au XVIIIe siècle, la propriétépasse aux mains des Stapleton, riches

    armateurs irlandais, déjà propriétaires deplantations à Saint-Domingue. Au XIXe siècle,les familles de La Rochefoucault, puis Guilletde la Brosse acquièrent les Dervallières.Celle-ci fait construire un château “auxtuffeaux ornés d’armoiries nombreuses” aucœur du parc. En 1950, le domaine devientpropriété de la Ville de Nantes. Jean Joret sesouvient : “Nous avons souvent demandé laréhabilitation du château : nous voulions ycréer un foyer pour les anciens, des salles deréunion pour les habitants, une salle pour lesfêtes familiales. Il a été détruit en 1987 : onne nous a pas demandé notre avis.”

    En 1956, le chantier des Dervallières, grand projetd’interêt national, est engagé. Une première tranchede mille deux cents logements, sur les deux millesix cent cinquante prévus, est construite.

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    A u milieu du XIXe siècle, le quartier

    du Champ-de-Mars est déjà unquartier peuplé, essentiellementpar des artisans et ouvriers à

    domicile, souvent misérables. Mais c’estpendant la deuxième moitié du siècle quela partie orientale de l’île Gloriette connaîtun essor considérable, grâce au dévelop-pement industriel. Les usines fleurissent,notamment celle de l’entreprise Lefèvre-Utile, à partir de 1882. En 1903, le GrandMarché aux légumes, qui se tenait aupara-vant place de la Duchesse Anne, est trans-féré sur le Champ-de-Mars, dans un bâti-

    ment de bois qui se remplit chaque matindès l’aube de maraîchers et négociants enfruits exotiques qui approvisionnent lesdétaillants nantais en primeurs. Le marchéest aussi fréquenté par des particuliersattirés par les prix intéressants. Alentourpoussent des entrepôts de marchandisesen gros et des mûrisseries de bananes. En 1924, Messieurs Bodin et Doceul orga-nisent au Champ-de-Mars une expositionnationale qui réunit de nombreux pavillonset animations. Dans la foulée, ou presque,la première Foire de Nantes est inauguréeen avril 1927. Elle deviendra un événement

    Champ-de-Mars

    Quand le Champ-de-Marsétait le ventre de NantesDe 1938 à 1988, grouillant d’activitésdepuis l’ouverture du marché àl’aube et en sous-sol jusqu’à la finde concerts ou réunions le soir aupremier étage, le Palais du Champ-de-Mars a irradié de vie tout sonvoisinage et bien au-delà : le cœurde la ville aura battu à son rythmependant un demi-siècle. }

  • HISTOIRES DE QUARTIERS

    “À quatre heure du matin, dés que la cloche sonnait,les commerçants qui attendaient impatiemmentl’ouverture des portes, se precipitaient pour passerleurs commandes”.

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    départ de l’étape du Tour de France quiverra Louison Bobet revêtir son premiermaillot jaune... La salle des fêtes accueilletoutes les grandes tournées musicales,mais aussi des congrès et, en périodesélectorales, de mémorables meetings poli-tiques, sans oublier le théâtre de marion-nettes où plusieurs générations de petitsNantais ont applaudi les créations de lafamille Créteur.

    Aller au marché, “c’était la fête...”Surtout, jusqu’en 1969 et la création duMarché d’Intérêt national (MIN) derrière lagare de l’État, le marché aux primeurs est

    la grande animation du quartier. Chaquenuit, les producteurs affluent des environs,d’abord en charrettes à cheval, jusqu’à lafin des années cinquante, puis en camions,venus de toute la France pour vendre ouacheter : “Les Bretons descendent avecdes artichauts et remontent avec destomates et des agrumes. Les voitures segarent à l’emplacement actuel de la Citédes congrès”, se souvient Marie dans Mag-deleine, le journal de l’association de quar-tier. Chantal, elle, en garde de magiquessouvenirs d’enfance : “Mes parents maraî-chers à Saint-Herblain allaient deux foispar semaine aux Halles vendre leur produc-tion, les grands jours de marché, c’est-à-dire les mardis et vendredis. Parfois aussiles “petits jours”, quand ils n’avaient pastout vendu. Pendant les vacances d’été,nous pouvions inviter nos cousines ouamies à dormir la veille au soir à la maisonet à nous accompagner aux halles. C’étaitla fête. Il y a quarante ans, c’était très inha-bituel de dormir ailleurs que chez soi. À 2 h 15 du matin, le réveil sonnait pourtout le monde. Un chocolat chaud avecpain-beurre et hop, c’était le départ dans lecamion, prêt depuis la veille au soir. Nousavions parfois aidé à charger les cageotsde laitues, carottes, poireaux, concombres,melons, fraises, parfois des fleurs en sai-son. Aux halles, nous aidions nos parents àinstaller leur espace de vente, très délimitéet réglementé en surface. Un contrôleurpassait vérifier et faire payer la place.

    régulier au succès toujours croissant.En 1935, l’aménagement du Champ-de-Mars figure au programme de la municipa-lité qui s’installe. Un édifice imposant, “endur”, groupera le marché en gros auxlégumes et la poissonnerie municipale : labâtisse sera un immense vaisseau de 150 mètres de long sur 40 mètres de largeet 20 mètres de hauteur, au sol entière-ment revêtu de parquet. L’aménagementnécessite la suppression d’un terrain desport utilisé par le SNUC, remplacé par unstade construit quai Malakoff.

    La plus grande salle de France.Réservé d’emblée, deux mois par an à lagrande manifestation commerciale nantai-se, le premier étage du Palais du Champ-de-Mars sera mis le reste de l’année à dis-position des groupes désireux d’yorganiser expositions, spectacles oucongrès. Cette salle, la plus grande deFrance à l’époque, pourra accueillir 6 000auditeurs assis ou 10 000 debout. Attri-buée à l’entreprise Limouzin, sa construc-tion représente une prouesse technique : ils’agit d’édifier sur un terrain d’alluvions etde remblais un bâtiment de béton armé,reposant sur 225 pieux de 25 à 30 mètresen béton armé moulés d’avance. 3 700tonnes de ciment, 6 700 m3 de béton, 850tonnes d’acier, 2 000 m2 de baies vitrées,90 000 journées d’ouvriers. L’achèvementdu chantier est prévu pour le 31 décembre1937. Le Palais sera inauguré le 14 sep-tembre 1938 à l’occasion du 9e congrèsinternational du dalhia.C’est le début d’une longue carrière pen-dant laquelle le palais du Champ-de-Marssera un haut lieu de la vie nantaise, utilisédans toutes les grandes occasions. Ainsi,le 30 juin 1939, on y effectue le tirage de laLoterie nationale, en 1948, on y donne le

    En 1903, le grand Marché aux légumes esttransferé au Champ-de-Mars, dans un batiment enbois qui se remplit chaque matin de maraîchers etnégociants en fruits exotiques.

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    La nôtre devait faire 2 m2. Nous avions unedemi-heure pour nous installer puis, à quatre heures du matin pile, dès que lacloche sonnait, les commerçants qui atten-daient impatiemment l’ouverture desportes se précipitaient pour passer leurscommandes : une vraie ruée. Il fallait toutnoter et enregistrer le plus vite possible.Ensuite, nous devions aller livrer la mar-chandise au véhicule du client qui nousavait laissé son numéro d’immatriculation.Autour des Halles, les espaces pour pro-ducteurs et épiciers étaient finement orga-nisés avec des allées, des lettres, desnuméros de places. Quand nous, enfants etados, faisions les livraisons dans la nuit,nous avions peur des ombres, des chiens,des hommes qui s’amusaient à tester notrecran. Nos parents ne nous laissaient paslivrer seul(e), nous étions au moins deux outrois ensemble. Je garde un beau souvenirdes couleurs des légumes et fruits, ainsique des odeurs très variées selon les sec-teurs.”

    De la chaleur... malgré les cou-rants d’air. L’usine LU, juste à côté, par-ticipe aussi de l’ambiance olfactive, “selonles jours et l’orientation des vents. On serégalait de Paille-d’or cassées et autresbiscuits invendables. Nos voisins dockersnous ramenaient souvent des régimes debananes, mes parents distribuaient leslégumes invendables, mes oncles don-naient du lait, on pratiquait l’échange.”Malgré les innombrables courants d’air dela halle ouverte à tous vents, l’atmosphèreest chaleureuse. Après le marché, vers six/sept heures, les familles de maraîcherset épiciers remplissent les cafés alentour,

    Le déménagement du marché en 1969marque pour le quartier et la ville la find’une époque. Peu après, l’ouverture duParc de la Beaujoire signifie le départ de laFoire internationale, trop à l’étroit dans sesanciens locaux. Le Palais survit quelquesannées et sera démoli en 1988. Une pagecolorée de l’histoire nantaise est tournée.

    PASCALE WESTER

    Crédit photo : Archives municipales etl’association Magdeleine 3, rue Fouré.Tél. 02 40 35 15 85.

    Le marché en gros aux légumes et la poissonnerie municipale seront groupés dans un immense vaisseau de 150 mètres de long : le Palais du Champ-de-Mars, inauguréle 14 septembre 1938.

    La poissonnerie du Champ-de-Mars.

    notamment le célébrissime Café du mar-ché, chez Monsieur Pierre, à l’angle de larue Jemmapes : “On y dégustait un choco-lat chaud avec un petit pain de seigle auraisin. L’ambiance était très chaleureuse,chacun causait de ses affaires, des prix,des événements... Les lendemains étaientparfois plus difficiles, fatigués que nousétions. Nos parents nous rappellent notremauvaise humeur au réveil...” Marieévoque, elle, les multiples petits com-merces qui travaillaient beaucoup les joursde marché : cafés, coiffeur, pharmacie,boulangerie, etc.”