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Antoine PRÉNOM D’AGATA NOM Autoprotrait, Marseille 1997 Polaroïd

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Photographer D Agata

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  • AntoinePRNOM

    DAGATANOM

    Autoprotrait, Marseille 1997Polarod

  • AntoinePRNOM

    DAGATANOM UVRES

    Insomnia, 2003Textes de Christian Caujolle et de Bruno Le Dantec, ditions Images en Manoeuvre, Marseille, 2003

    Extraits de la prface dInsomnia, Septembre 2003Christian Caujolle

    La nuit ? Elle nest quune illusion de plus, mais bien relle. Un espace, temps et lumires, qui na pas, ou en tout cas pas encore, t norm de la mme manire que le jour. La nuit na pas dheure. Elle est nuit.Antoine dAgata la traverse, sy perd, broyant le noir lexcs, y compris celui de son grain photographique, pour croiser, voire rencontrer, des personnages avec lesquels il dialogue une fraction de seconde ou jusquau bout de la nuit. Il a la capacit, totalement vcue, daller au bout des expriences extrmes du voyage, de lalcool, de la vie et du regard.Dans ses nuits sans limites, nous dcouvrons, souvent dforms par la violence ou limmdiatet de visions qui sont des ashs , des per-sonnages en drive, intensment vivants et toujours aux limites de la disparition, de la mort, du danger. Comme le photographe, ils pratiquent lexistence en intgrant le fait quils peuvent, brutalement, disparatre dans linstant qui aura suivi la prise de vue.Il y a ceux quAntoine dAgata voit peut-tre et victimise dun dclic qui les ge et les soumet notre regard, et ceux et celles quil immole avant de partager avec eux, elles plutt, un temps de nuit, des corps dans la nuit, des plaisirs qui, mme sils sont gurs, nous resteront tou-jours trangers.Vivre vite, fond de nuit, et faire semblant, parce que lon en rapporte des bribes comme des images de souvenirs, de montrer ses nuits tout en nous les refusant, tel pourrait tre le propos qui nous invite vivre plutt qu nous repatre de la vie des autres, frustration contemporaine parfaitement organise et quAntoine dAgata nous refuse en nous pigeant de ses sductions coup de poing.

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    DAGATANOM UVRES

    Reconstruire lunivers en le cadrant mal, en le traitant mal, surtout dans ce quil a de conventions, et en le poussant au bout de ses noirceurs qui abritent dinvraisemblables tendresses voues la solitude. Le plaisir est aussi douloureux que lexcs est ncessaire quand les images ne cherchent pas prouver mais quelles tentent de comprendre, exploration vif dune exprience qui cherche se dfaire, sans cesse, de ce monde quelles dconstruisent en srie de rectangles qui ne serviront, illusions, qu en restituer le chaos.Antoine dAgata ne cherche pas reprsenter le monde mais nous dire comment il sinscrit dans ce monde. trangement, sans aucun narcis-sisme, il dresse, la limite absolue de la prise de risque, un autoportrait qui, nalement, pourrait se rsumer par je suis ainsi, extrmement dglingu, parce que le monde, que vous ne voyez pas, que vous ne regardez pas, va extrmement mal . Au contraire de la dnonciation, il nous entrane avec lui dans des parcours qui ignorent les directions et les horaires convenus. Le lyrisme de la forme, lexagration des situa-tions et de la vision, fascinant paradoxe, nous obligent bien plus que toutes les images qui prtendent documenter nous interroger sur la ralit de ce que nous voyons. Le pouvoir absolu de la photographie tant de nous dire, de par sa nature, que quelque chose, dans le monde tridimensionnel, a exist avant limage que nous voyons et a permis quelle existe, nous nous trouvons emports dans la frquentation dune Cour des Miracles qui nous invite la rejoindre. Aucune attitude morale, aucun jugement, simplement lthique, sublime, de lafrmation, sans protection aucune, quil faut, pour explorer certains univers, les partager jusquau bout. Sous peine de devenir voyeur. Il est nalement stupant que, face des nus qui voquent davantage LOrigine du monde de Courbet que des images pornographiques, face une image de fellation, face une vision de prostitues dans des bars dsolants ou face des images dglingues de cantinas mexicaines, nous nayons justement jamais le sentiment dtre ext-rieurs, voyeurs. Que nous ne consommions pas ces images, mais quelles nous interrogent sur ltat du monde et sur nous-mmesCes photographies ont le mrite de ne tricher ni avec leur relation au rel ni avec les enjeux dimage qui, aujourdhui, exigent que la photo-graphie se situe par rapport aux autres modes de reprsentation. Elles nous interdisent dignorer le monde qui nous environne. Elles sont, en cela, indispensables et salutaires. Parce quelles mettent en uvre la seule forme dengagement qui vaille et qui, dans un dialogue entre les-thtique et lthique, produit du sens. Parce quil y a eu, successivement, ncessit, pratique, rexion et choix. Donc engagement.

    Insomnia, 1998-2003

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    Insomnia, 1998-2003

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    Insomnia, 1998-2003

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    Insomnia, 1998-2003

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    Mala Noche, 1998Textes de Bruno Le Dantec et Jose Agustinditions En Vue, Nantes, 1998

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    Mala Noche, 1998

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    Mala Noche, 1991-1997

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    Mala Noche, 1991-1997

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    Vortex, 2003Texte de Christian Caujolle, dition Atlantica, Paris, 2003

    Prface de Vortex Christian Caujolle.Soul. Mai 2003

    Cest un personnage. Un individu, de sexe masculin, qui marche, se dplace, sarrte, fait lamour, boit, se drogue, continue avancer. Cest un personnage de nuit qui nit par sapprocher de la dnition stendhalienne du roman, force de marcher sur une route et de lui servir de miroir. Peut-tre, dailleurs, ce personnage est-il lui seul un roman.Cest un personnage qui sorganise dans le temps, dans une chronologie et des localisations qui font semblant de nous rvler un espace-temps qui nest, si lon est un tant soi peu attentif, quune nouvelle ction : les traces du personnage, mme organises ainsi, tonnamment sages par rapport aux agissements de lindividu, ne nous apprennent, en fait, rien de crdible ou de certain. Mais il est vrai que la seule trace de ces dplacements est photographique. considrer, donc, avec la plus grande prudence. mettre la fois en doute et en cause.Dailleurs, plusieurs reprises, le personnage se dissout, svanouit, se drobe, comme si, au moment mme o il fait semblant dexpliciter une manire de biographie, il brouillait encore plus les cartes quil ne le faisait auparavant. Impression forte que se reprsenter est vain et aboutit se nier, en fait ou en images.Qui a pris les images, dailleurs ? Le personnage, un voyeur commandit ou accompagnateur ? Les deux ? Aucune certitude, si ce nest celle de la contradiction, du mlange, de la terrible ncessit de retourner un magma dont la mise en squence se drobe sans cesse lexplicite. Et cela bien quelle soit savamment organise.Au nal, une compilation dont lapparente cohrence se drobe plus violemment lintelligence que les propositions auxquelles nous a habitus Antoine dAgata mixant des degrs successifs du chaos.Cest un personnage, qui restera une nigme, moins quil ne soit un rvlateur. Et cest ainsi.

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    Vortex, 1998-2003Autoportraits

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    Vortex, 1998-2003Autoportraits

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    Vortex, 1998-2003Autoportraits

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    Home Town, 2002Sans texte, Le Point du Jour Editeur, Paris, 2002

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    Home Town, 1998

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    Home Town, 1998

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    Home Town, 1998

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    Home Town, 1998

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    Mille et une nuits, 1998Vue d'ensemble, format 2,25 x 17 m

    Une installation photographique de forme exprimentale, trace unique et dnitive dun huis clos psychologique clat dans lespace et le temps.Ce projet de livre et dexposition donnera une forme nale dix annes dengagement et dimplication extrmes, de rexion et de prises de positions sur la nature autobiographique de toute uvre dart, sur lexprience et le dsir du monde.Entre 1991 2004, Antoine dAgata a vcu et travaill la nuit dans de nombreuses villes travers le monde : Alexandrie, Athnes, Bamako, Banja Luka, Braga, Conakry, Le Caire, Essaouira, El Paso, Guatemala, Gaza, La Havane, Hong Kong, Hambourg, Istanbul, Johannesburg, Katowice, Livingstone, Los Angeles, Marseille, Matamoros, Mexico, New Orlans, New York, Nijni Novgorod, Nuevo Laredo, Oslo, Palerme, Paris, Porto, Port-au-Prince, San Salvador, Tijuana, Tokyo, Tombouctou, Vigo etcAujourdhui, cette odysse dglingue touche sa n pour des raisons lies son parcours personnel et la nature mme de son travail qui a volu vers de nouveaux champs dexprimentation. 1001 Nuits constitue un tout, des prises de vues jusqu la forme nale de linstallation, et ne peut tre rduit une de ses composantes. La mme logique anime des mthodes de travail trs personnelles, la nature autobiographique de la retranscription de ces errances noctur-nes, et le caractre la fois fragment et homogne du bloc nal.

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    DAGATANOM UVRES

    Lenvie tait de montrer beaucoup dimages, de montrer le tourbillon plus que de voir les meilleures images, les icnes. Lenvie tait ailleurs, lenvie tait de montrer au mme tire les bonnes et les mauvaises photos, lenvie tait un petit peu de ramener les choses lessen-tiel, et encore une fois lessentiel pour moi ntait pas dans les images elles-mmes mais tait dans laccumulation, dans lobsession, dans tout ce qui nest pas photographie.

    Une exposition ce nest pas un talage, quoique, mais cest une longue longue phrase qui dit quelque chose, si cest possible, et chaque image a un rle trs limit la fois essentiel et la fois trs limit dans cette construction. Le but est de dire des choses. Lenvie tait de raconter quelque chose en fait, et pour a il me fallait beaucoup dimages. A cause de ma faon de photographier je nai jamais prtendu dans une simple image, comme des gens comme Cartier-Bresson ont pu le faire de reconstruire le monde au sein dune image parfaire et ge et immuable. Je crois que de plus en plus jai photographi des fragments de ralit avec tout ce que a implique comme limitation, c'est--dire que jai photographi des fragments isols souvent difciles recontextualiser ou replacer ou resituer. Lenvie pour cette exposition tait de reconstruire le puzzle de la ralit telle que je peux la percevoir et de rabaisser un petit peu encore la prtention de toute photographie.

    Lenvie tait de reconstruire le monde tel que je peux le percevoir.

    Jai arrt de faire des images, il y a un an environ, de mes diverses dambulations, et je crois, pour diverses raisons, que jai tourn un petit peu la page, en tout cas cette page, et que javais du mal regarder ailleurs, javais du mal regarder autre chose et autrement, et que javais vraiment besoin dafrmer et conrmer. Javais besoin un petit peu de ger dune faon ou dune autre toutes ces images et le livre comme lexposition sont les seuls manires ma disposition pour le faire. Je crois que la page tait tourne depuis un moment mais quil fal-lait arriver ce stade de lexposition et du livre pour avancer.

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    Stigma, 2004L exposition Stigma est compose de 37 tirages (26 tirages verticaux de 30 x 40 cm et 11 tirages horizontaux de 40 x 60 cm) peut tre prsente comme ci-aprs sous forme linaire ou sous forme de bloc.

    Stigma, 2004, Novembre 2003 et mai 2004

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    Stigma, 2004, Novembre 2003 et mai 2004

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    Stigma, 2004, Novembre 2003 et mai 2004

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    Stigma, 2004, Novembre 2003 et mai 2004

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    Psychogographies, Travail en cours

    "On a besoin de gens qui crent de la richesse. Il faut nous dbarrasser de la moiti des habitants de la ville. Le cur de la ville mrite autre chose."Claude Valette, adjoint au maire de Marseille dlgu lurbanisme, Le Figaro, 18 novembre 2003

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    Psychogographies, Travail en cours

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    Psychogographies, Travail en cours

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    Psychogographies, Travail en cours

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    Panoramique, Travail en cours

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    La frontera / the border, Mexique, Etats-Unis, 1999Villa Mdicis hors-les-murs, AFAA3 pices

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    La frontera / the border, Mexique, Etats-Unis, 1999Villa Mdicis hors-les-murs, AFAA3 pices

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    Oswiecim, 2002Pice unique, 170-x-273 cmCollection Marin Karmitz, Paris

    Hiver 2000. Oswiecim. Aprs Berlin et Katowice, Oswiecim est la dernire tape dun itinraire improvis. La proximit ma dcid me rendre jusquici. Pendant le trajet, depuis le train, je photographie la campagne polonaise, les routes, les maisons isoles. Le paysage naccroche pas le regard. Il est imprgn, mais comme en creux. Dpourvu de tragique, mais charg dune intimit avec lHistoire qui me reste inaccessible. Le dcalage entre la banalit des apparences et cette charge motionnelle dforme mon regard, provoque en moi un malaise indni, une douleur sourde. Ce que je sais contamine ce que je vois. Depuis mon arrive en Pologne, cest ce mme sentiment dabsence, de fait accompli qui mobsde. Mes premires photographies des abords du camp, faites travers la vitre du compartiment, ne sont pas innocentes. Elles sont empreintes de cette frustration. La vitesse, la lumire blafarde installent dans les images un ou encore inconscient qui troublera mon regard jusquau bout, qui deviendra comme un brouillard intime. La petite ville dOswiecim est quelconque. La lassitude et une vague hostilit voilent le regard de ses habitants. Comme sils devaient partager avec les visiteurs, contrecur, la mme atmosphre empoisonne. Lambigut de ce premier rapport pervertit plus encore mon apprhension de lendroit. Le camp dAuschwitz est un trou noir. Les btiments de pierre, les miradors, les barbels sont des balises concrtes. Pourtant, je ne peux pas me dfaire de mon sentiment dincomprhension face ce que je devine de lhorreur. Les seuls points de repre explicites sont les images darchives que je rephotographie. Je fais le choix de ne pas faire de mise au point. Mes images resteront oues. Ce qui sopre, cest un renoncement. Prtendre documenter naurait aucun sens. Cela a t fait avant, pendant, et aprs la libration du camp. Je ne peux pas photographier le mal. Ce nest pas une question de morale, mais de pertinence. Je ne peux rendre compte que de ma propre perception du camp qui, conu comme lieu de mmoire vocation pdagogique, sinterpose comme un cran. Je dois rendre compte que de mon impuissance comprendre et voir. Le camp est dsert. Le sentiment dintimidation, dcrasement face larchitecture concentrationnaire est brutal. Je minterroge sur la lgitimit de ma prsence et de mes actes. Est-ce que je profane un sanctuaire ? Quelles images ? Pourquoi des images ? Il y a aussi le sentiment de culpabilit, celui de porter davance cette part de responsabilit partage avec tous. Mais je ne peux que tenter de lassumer avec mes propres moyens. Tout cela ne me pousse pas, paradoxa-lement la retenue mais des prises de vue physiques, compulsives. Mon parcours est heurt, dans lurgence, sur le l de la conscience. La vrit de ces courts moments se joue dans la distance qui me spare de la surface des lieux, dans lincomprhension de leur nature profonde. Je regarde des espaces vides, opaques. Les traces du pass se confondent avec des images qui sont comme des rminiscences du prsent. Plusieurs fois, je tente de photographier les reliques les plus sacres du camp. Chaque fois, je renonce. Les portraits anthropomorphiques sont une suite sans n de visages damns, dhumanit anantie. Effondrement de la logique, de la pense. La nuit vient. Je me rsous partir. Un seul des btiments est clair. Le camp redevient comme une tombe. Plus loin, des champs de mort, des rails, le vent, le froid. tat dhb-tude dans une caftria de la gare dOswiecim. Seule image qui reste en moi. Un paysage enneig. Le monde extrieur photographi depuis le camp. Comme une rconciliation. Construire, se librer de limmoralit dautres systmes. Tout se dilue. Le silence, complice. Le temps, ennemi. La lumire sefface. Une certaine force ne de ce passage. Des images ; Ne pas laisser sendormir ces fragments de conscience.

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    DAGATANOM UVRES

    Huit clos, 2001

    Huis Clos (Jrusalem)

    Une interrogation sur le rle de la photographie de reportage, de lengagement face aux impratifs et dysfonctionnements de linformation et de ses modes de production. Ce travail a t ralis au sein du conit Jrusalem Est. Publi dans Le Monde Diplomatique, Le Monde 2, Newsweek... Prsent au Centre Photographique de Lectoure dans le cadre de lexposition Photographie de guerre. Du document lu-vre , mai 2001. Ces images ont t faites Jrusalem, dans la vieille ville, aux abords de la porte des lions, le 6 octobre 2000, entre 14 heu-res et 18 h 30. Unit de lieu, unit de temps, unit d'action pour une journe de violence ordinaire o se retrouvent les trois acteurs habituels de cette tragdie : la police isralienne, les Palestiniens et la presse internationale, grande bnciaire de la situation. Adepte dune pense anthologique et dun savoir rducteur, elle s'approprie les gestes, dtourne les actes et vomit les signes qui indiquent notre relation l'image et dterminent notre perception d'une ralit devenue hypothtique.

  • LE MONDE DIPLOMATIQUE, Dcembre 2000

    Comment rendre compte en images ? Antoine d'Agata n'est pas un photographe de reportage au sens habituel. Envoy Jrusalem par l'agence Vu pour un magazine amricain (qui n'a pas publi son travail), il a rapport peu d'images, qu'il a montes en squences, sans lgendes, comme une planche-contact. Cette autre faon de porter son regard a trouv un cho certain dans la presse franaise. Tmoignage fort d'une subjectivit, qui doit poser aussi interrogation sur son articulation au rel, sur le sens que produit cette confrontation lorsque man-que un lment du dcryptage.

    Ce vendredi de prire, jour de la colre pour les Palestiniens, je me suis retrouv pour la premire fois en position de photographier une situation de conit. Ce n'est pas le regard que porte le photographe sur le monde qui m'intresse, mais ses rapports les plus intimes avec celui-ci. Dans mes photographies, dans ma pratique ordinaire du mensonge, je ne peux pas prtendre dcrire autre chose que ma propre situation - mes tats ordinaires, mes dsquilibres intimes. Je crois que les seules photographies qui ont une existence propre sont les images innocentes . On les trouve dans les chiers de police et les albums de famille. Elles tmoignent du rle du photographe, de son impli-cation, de l'authenticit de sa position. En gnral, j'vite de dnir l'avance ce que je vais photographier. Les prises de vue sont dues au hasard des rencontres et des situations. Les choix restent inconscients, mais les obsessions sont les mmes : la peur, l'obscurit, la mort...

    Ce jour-l, pour atteindre le lieu des vnements, je me suis laiss guider par le bruit des dtonations. De suite, la ncessit de photographier, non comme un acte rchi, mais comme la mise plat d'une exprience ordinaire et extrme. J'ai voulu tablir un tat des lieux partiel et partial, systmatique et instinctif d'un espace physique et motionnel o je me retrouvais, acteur part entire. Le photojournalisme, sou-vent, utilise un langage ignorant de sa propre matire : l'apparence, l'ambigut, l'imaginaire. Critiquer de faon cohrente l'image dominante actuelle exige d'une photographie qu'elle soit lucide sur les conditions troubles de son exprience entre l'il et le regard, la machine et l'in-conscient, sur l'impuret fondamentale de son rapport au rel et au ctif.

    Une exprience aussi brve ne me permet pas d'accompagner les images d'une analyse politique ou d'une prise de position idologique. Je ne peux parler que du sentiment de frustration extrme qui m'a accompagn pendant ces quelques heures. Pas le temps de communiquer, de dchiffrer les vnements, de toucher l'essentiel ou de collectionner les fragments d'une ralit chaotique qui chappent toute analyse et visualisation instantane de l'vnement, mais n'en sont pas moins ses constituants essentiels.

    Quant au contenu, quel peut en tre le sens dans un conit sur mdiatis o les soldats, les enfants palestiniens et les journalistes semblent tous jouer la perfection le rle qui leur a t rserv ? Difcile d'expliquer ce que l'on ressent devant un homme qui tombe terre quel-ques mtres de soi. Difcile de raconter la colre devant la mort d'un enfant, dont le seul crime, au-del de toute considration politique, aura t cet aprs-midi-l de jeter des cailloux. Rpugnant jouer le rle de voyeur, confront dans l'urgence aux aspects les plus drisoires de l'engagement photographique, je n'tais nalement tmoin que de ma propre exprience - et de mon manque d'exprience -, de mon impuis-sance devant l'imbcillit de la violence arme du fort sur le plus faible, de ma position l'intrieur du chaos.

    Ne me restent aujourd'hui l'esprit que les plaisanteries changes par des soldats israliens, alors mme qu'ils se servaient de leurs armes, et l'inconscience de ces enfants palestiniens qui semblaient se livrer un jeu dont les rgles leur chappent. Au nal, ne reste qu'un bloc d'images assez chaotique, forme aboutie, absolue, bien que terriblement phmre. Pas de titre ou de lgendes, mais une volont de laisser parler ces photographies qui ne sont que des fragments, ne pas imposer un sens arbitraire.

    J'essaie de rendre compte de contradictions inhrentes la fonction du photographe documentaire, cens retranscrire une ralit com-plexe alors qu'il ne relate qu'une somme d'expriences. Je peux alors utiliser le monde mes propres ns et, dans une exprience assez soli-taire, le remodeler, le transformer volont, faire en sorte que, sans les images, le monde nexiste plus.

    AntoinePRNOM

    DAGATANOM UVRES

    Jnine, 2002En commande pour Le Monde 2Extrait d'un journal de guerre d'une semaine dans 7 villes sous couvre feu de la Cisjordanie occupe