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"DANRIT" Driant écrivain 1914 – 2014 Centenaire de la Première Guerre Mondiale

"Danrit" : Driant écrivain

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Le colonel Driant, dit "capitaine Danrit", mort en 1916 au bois des Caures, est un écrivain de romans patriotiques et d'anticipation. crédit : licence CC by-sa

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"danrit"driant écrivain1914 – 2014

Centenaire de la Première Guerre Mondiale

Le Capitaine Danrit

Ce pseudonyme est l’anagramme transparente du commandant – plus tard colonel – Driant. Né à Neufchâtel-sur-Aisne le 11 septembre 1855, Émile Cyprien Driant, fils de notaire, plutôt que de succéder à son père, fait, malgré une licence en droit, le choix des armes. Marqué par la défaite de 1871, il intègre Saint-Cyr en 1875, à vingt ans.

En 1884, il lie son destin au général Boulanger et devient son officier d’ordonnance en Afrique, avant de devenir, en 1887, son gendre. Promis aux plus hauts postes de la hiérarchie militaire, son opposition aux gouvernements républicains de gauche lui ôte tout espoir. Il quitte, sans gloire, provisoirement, l’armée en 1905, pour se lancer dans le journalisme. Parallèlement, il mène de front une carrière politique. Élu député de la 3e circonscription

de Nancy en 1910, il est réélu quatre ans plus tard. Proche de Maurice Barrès et de Paul Déroulède, il se consacre principalement aux questions militaires.

Fidèle à ses convictions nationalistes, il est l’un des rares députés, à la déclaration de guerre, à exiger de reprendre du service actif. En charge du secteur du bois des Caures, près de Verdun, il est en première ligne, lors de l’offensive allemande lancée le 21 février 1916. Il périt, à la tète de son bataillon de chasseurs, après une résistance héroïque, le lendemain du déclenchement de la bataille de Verdun.

Si sa mort eut un retentissement aussi important, au point de donner naissance à un« mythe Driant », c’est surtout, au-delà du sacrifice du soldat, parce qu’il avait acquis, en tant qu’auteur patriotique et romancier pour la jeunesse, une certaine renommée. Son premier roman La Guerre des forteresses était paru en 1892. Il publia en vingt-cinq ans une trentaine d’ouvrages qui mêlent histoire et aventure (L’Aviateur du Pacifique), exaltent l’action guerrière et le courage militaire, glorifient la mission colonisatrice de la France et la grandeur de la civilisation blanche (Au-dessus du continent noir), avertissent des dangers qui, selon lui, menacent la France  : la perfide Albion, l’Allemagne, les Jaunes et les Noirs, sans oublier les syndicalistes et les francs-maçons. Il inaugure le genre du roman de guerre-fiction.

Un préCUrseUr DU roman D’antiCipation

« Lorsque j’étais enfant, vos merveilleux récits me transportaient  ; arrivé à l’âge d’homme, je les ai relus, admirant avec quel art vous vulgarisez tous les problèmes de sciences naturelles, avec quelles richesses de description vous racontez des voyages imaginaires, simplifiant les questions les plus ardues, rendant attrayante l’étude de la géographie, sachant faire jaillir les situations dramatiques et les émotions généreuses, amusant pour instruire, instruisant pour être utile. Si bien qu’un jour, piqué de la tarentule d’écrire, j’essayai d’appliquer, aux sciences qui dérivent de la guerre, votre merveilleux procédé ».

Ces quelques lignes dédiées à Jules Verne ouvrent L’Invasion noire publiée en 1894.

A l’instar de celle de son maître en anticipation, l’œuvre de Danrit se nourrit des progrès de l’époque   : bicyclette, dirigeable, avion, sous-marin, électricité, moteur à explosion, etc. Il utilise dans ses romans, tout un arsenal militaire, aérostatique, souterrain et sous-marin (la série des Robinsons). Mais les machines extraordinaires qui permettaient chez Jules Verne de voyager à travers les airs et les mers, sont désormais, avant tout, chez Driant, des engins de guerre.

Des iLLUstrations frappantes

Parus initialement en feuilleton, ses ouvrages sont publiés, pour la plupart, par Ernest Flammarion, qui, s’inspirant des recettes d’Hetzel, fait réaliser par Engel de riches cartonnages polychromes signés « Engel – Rel. » qui reprennent les illustrations originales de Georges Dutriac.

Impressionné par la victoire japonaise sur la flotte russe en 1905, il écrit L’Invasion jaune. On remarquera la couverture qui, contrairement aux autres cartonnages, court sur les deux plats et le dos. Entre l’Arc de Triomphe et le Grand Palais en flammes, les troupes de l’Empereur du Japon défilent en vainqueur sur les Champs-Élysées, précédées d’un couple d’Européens entravés. La belle Harouko, l’héritière du Fils du Ciel, conduite en palanquin, assiste au début du massacre des Européens, dont les corps ensanglantés gisent au sol.