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De l’urgence à la résilience Bonaventure Gbétoho SOKPOH Groupe URD Avril 2013 SIGLES ET ABRÉVIATIONS 2 INTRODUCTION 2 1. CONTEXTE 3 1.1. Le Sahel et ses caractéristiques 3 1.2. Le programme LRRD-REPI 2010 et sa zone d’intervention : inondation en 2010, sécheresse en 2011 4 1.3. Les résultats du programme LRRD-REPI 2010 6 2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD-REPI 2010 7 2.1. Le cadre conjoint Humanitaire-Développement de l’Union européenne 7 2.2. Eléments de coordination du programme LRRD-REPI 2010 : Cadre commun de suivi et comité de pilotage 9 2.3. Evaluation itérative 11 2.4. Le mécanisme de préparation et de gestion des crises du Groupe URD 12 2.5. Autres aspects intéressants du programme LRRD-REPI 2010 14 3. PRINCIPALES LEÇONS À RETENIR 16 3.1. Importance de la définition d’une durée optimale pour les programmes de transition 16 3.2. Importance du diagnostic, du suivi du contexte et de la flexibilité 17 3.3. Importance de l’implication de l’Etat 17 3.4. Le défi d’assurer la suite de l’intervention 18 CONCLUSION 19 Expérience de la réponse de l’Union européenne à l’inondation de 2010 dans les régions de l’Est (province de la Gnagna) et du Centre-Nord (provinces du Namentenga et du Sanmatenga) au Burkina Faso. Capitalisation des leçons apprises SOMMAIRE Projet financé par le fonds européen de développement (FED)

De l'urgence à la résilience

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Page 1: De l'urgence à la résilience

De l’urgence à la résilienceBonaventure Gbétoho SOKPOH Groupe URD Avril 2013

SIGLES ET ABRÉVIATIONS 2

INTRODUCTION 2

1. CONTEXTE 31.1. Le Sahel et ses caractéristiques 31.2. Le programme LRRD-REPI 2010 et sa zone d’intervention : inondation en 2010, sécheresse en 2011 41.3. Les résultats du programme LRRD-REPI 2010 6

2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD-REPI 2010 72.1. Le cadre conjoint Humanitaire-Développement de l’Union européenne 72.2. Eléments de coordination du programme LRRD-REPI 2010 : Cadre commun de suivi et comité de pilotage 9

2.3. Evaluation itérative 112.4. Le mécanisme de préparation et de gestion des crises du Groupe URD 122.5. Autres aspects intéressants du programme LRRD-REPI 2010 14

3. PRINCIPALES LEÇONS À RETENIR 163.1. Importance de la définition d’une durée optimale pour les programmes de transition 163.2. Importance du diagnostic, du suivi du contexte et de la flexibilité 173.3. Importance de l’implication de l’Etat 173.4. Le défi d’assurer la suite de l’intervention 18

CONCLUSION 19

Expérience de la réponse de l’Union européenne à l’inondation de 2010 dans les régions de l’Est (province de la Gnagna) et du Centre-Nord (provinces du Namentenga et du Sanmatenga) au Burkina Faso.

Capitalisation des leçons apprises

SOMMAIRE

Projet financé parle fonds européen de développement (FED)

Page 2: De l'urgence à la résilience

INTRODUCTION

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

En juillet 2010, de fortes pluies s’abattent au Burkina Faso sur les régions de l’Est, du Centre-Nord (239 mm de pluie en 24 heures entre le 22 et le 23 juillet)1 et du Sahel. Ces pluies ont été à l’origine d’une inondation qui a causé la destruction d’im-portantes infrastructures (digues, routes, etc.) et d’actifs de moyens d’existence (greniers, champs, habitats, etc.) ainsi que la perte de vies humaines.

Le gouvernement burkinabé et la communauté in-ternationale ont décidé de se mobiliser pour por-ter assistance aux populations affectées.

A l’occasion de son intervention en réponse à cette inondation, l’Union européenne, à travers l’Office Humanitaire des Communautés Européennes (ECHO) et la Direction Générale pour le dévelop-pement et la coopération (DEVCO), se sont effor-cées de travailler dans une logique de lien entre urgence, réhabilitation et développement ainsi que de soutien à la résilience des populations affectées. Ces deux thématiques sont en effet indispensables aujourd’hui pour faire face aux crises récurrentes que rencontre le Sahel.

Le but de ce document est de capitaliser les prin-cipaux enseignements tirés de cette expérience pour contribuer aux réflexions relatives au ren-forcement des approches axées sur le lien entre urgence, réhabilitation et développement

(LRRD)2 ainsi qu’aux interventions visant à soutenir la résilience des populations.Ce document vient en complément à d’autres outils de capitalisation : un film et des fiches thématiques qui résument les leçons apprises sur des thèmes forts de l’intervention de l’Union européenne, à sa-voir, le ciblage des populations sur la base des études HEA3, le transfert monétaire et la prise en compte de l’environnement dans le soutien de la résilience des populations.

Le contexte du Sahel et des régions d’interven-tion ainsi que les principaux résultats de cette in-tervention sont rappelés dans la première partie de ce document. Certains aspects particuliers de ce programme (comme les innovations) sont dé-veloppées dans la deuxième partie: 1) l’utilisation du cadre conjoint humanitaire-développement de l’Union européenne4, 2) le mécanisme de coordi-nation, notamment le cadre commun de suivi 3) l’évaluation itérative et 4) l’application du méca-nisme d’anticipation et de gestion des crises. En plus des enseignements tirés des précédents as-pects du programme, quelques grandes leçons sont à retenir de cette expérience. Elles sont liées à la durée optimale des interventions de transition, à l’importance du diagnostic, du suivi du contexte et de la flexibilité, mais aussi à l’implication de l’Etat et aux défis de la suite du programme. C’est l’objet de la troisième partie.

ACF : Action Contre la Faim ACP : Afrique, Caraïbes et PacifiqueAGR : Activité Génératrice de RevenusATAD : Alliance Technique d’Assistance au DéveloppementCES/DRS : Conservation des eaux et des sols/ Défense et restauration des solsCFW : Cash for Work (Argent contre Travail)CONASUR : Comité National de Secours d’Urgence et de RéhabilitationDEVCO : Development and Cooperation – Europeaid (Direction Générale pour le développement et la coopération)DG COOP : Direction Générale de la Coopération – Ministère de l’Economie et des finances – Burkina FasoDFID : UK Department for International DevelopmentDRAH : Direction Régionale de l’Agriculture et de l’HydrauliqueDREDD : Direction Régionale de l’Environnement et du Développement DurableDRRA : Direction Régionale de Ressources AnimalesDUE : Délégation de l’Union EuropéenneDWF : Development Workshop FranceECHO : European Community Humanitarian Office (Office Humanitaire des Communautés Européennes)EEAS : European External Action Service (Service Européen d’Action Extérieure)

EHAP : Emergency Humanitarian Action Plan

EPRD : Office for Economic Policy and Regional Development Ltd.

EPVC : Evaluation Participative des Vulnérabilités et des Capacités

FSTP : Food Security Thematic Programme (Programme Thématique de Sécurité Alimentaire)

FED : Fonds européen de développement

Groupe URD : Groupe Urgence Réhabilitation Développement

HEA : Household Economic Analysis (Analyse économique des ménages)

ICD : Instrument de financement de la coopération au développement

LRRD : Linking Relief Rehabilitation and Development (Lien Urgence – Réhabilitation – Développement)

ODE : Office de Développement des Eglises Evangéliques

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PEV : Politique européenne de voisinage

REPI 2010 : Relèvement des populations suite aux inondations de juillet 2010

RRC : Réduction des Risques de Catastrophes

SAP : Système d’Alerte Précoce

SISA : Système d’information sur la sécurité alimentaire

USAID : Agence de coopération des Etats-Unis d’Amérique

2

1 - EHAP 2010 UN2 - LRRD: Link between relief, rehabilitation and development3 - HEA : Household Economy Analysis (Analyse de l’économie des ménages)4 - Entre son Office Humanitaire des Communautés Européennes (ECHO) et sa Direction Générale pour le développement et la coopération (DG DEVCO)

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1. CONTEXTE

La zone concernée par cette expérience du lien entre l’urgence, la réhabilitation et le développement est située dans le Sahel qui présente des caractéristiques climatiques et agro-écologiques particulières.

1.1 Le Sahel et ses caractéristiques Le Sahel (de l’arabe sahel signifiant côte ou frontière) désigne une bande de territoires marquant la transition, à la fois flo-ristique et climatique, entre le domaine saharien au nord et les savanes du domaine soudanien (où les pluies sont subs-tantielles) au sud. D’Ouest en Est, il s’étend de l’océan Atlan-tique à la mer Rouge. La définition de la zone couverte est très variable selon les experts. Ainsi, pour certains, le Sahel com-prend tous les territoires bordant le Sahara : il y a donc un Sahel septentrional et un Sahel méridional, et c’est ce dernier qui est désigné quand on ne lui ajoute pas de qualificatif5.

Néanmoins, le Sahel, au sens strict, est habituellement défi-ni comme la zone comprise entre les domaines saharien et soudanien, où se produit une alternance marquée entre une courte saison humide estivale et une longue saison sèche hivernale (8 à 10 mois) elle-même subdivisée en une saison sèche et froide suivie d’une saison sèche et chaude qui se termine lorsque les pluies commencent. Les isohyètes de 100 à 250 et 400 à 600 mm sont relativement représentatifs des limites nord et sud de la bande sahélienne6.

A mi-chemin entre les isohyètes 200 et 600 mm se situe « la limite des cultures sous pluie ». Au nord de cette ligne

s’étend la « zone nomade » où chaque année la repousse des plantes herbacées témoigne ou non de la qualité de la saison des pluies et détermine l’activité pastorale. Au sud, apparaissent les villages des sédentaires dont la vocation agricole n’est cependant jamais exclusive7.

La ceinture sahélienne recouvre, entièrement ou en par-tie, les pays suivants : le Cap-Vert; le Sénégal ; le sud de la Mauritanie ; le Mali ; l’extrême sud de l’Algérie ; le nord du Burkina Faso ; le Niger ; l’extrême Nord du Nigeria ; le centre du Tchad ; le centre du Soudan (notamment le Darfour et le Kordofan). On y ajoute parfois : l’Éthiopie ; l’Érythrée ; Djibouti ; la Somalie (qui sont situés dans la Corne de l’Afrique).

Dans ce document, nous parlerons essentiellement de la partie Ouest du Sahel regroupant tout ou partie des pays membres du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) que sont : Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad.

Le Sahel fait face depuis plusieurs décennies à des catas-trophes naturelles (sécheresses, inondations, invasions acri-diennes, etc.) intervenant dans un contexte agro-climatique peu favorable (environ 400 mm de précipitation pendant 2 à 3 mois en une année). Alors qu’environ 90% de la population du Sahel dépend de la terre pour ses moyens d’existences, en plus de la récurrence des catastrophes naturelles et les conditions climatiques difficiles, les sols sont majoritaire-ment pauvres et érodés, rendant les cultures difficiles sur ces terres.

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Carte 1 : Carte des pays du Sahel montrant l’évolution des isohyètes entre les périodes de 1940 à 1967 et 1968 à 2000

5 - Trochain, J.L. (1980), Ecologie végétale de la zone intertropicale non désertique. Université Paul Sabatier, Toulouse.6 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Sahel.7 - Bossard, Laurent, Organisation for Economic Co-operation and Development, Economic Community of West African States. 2009. Atlas régional de l’Afrique de l’Ouest. [Paris]: OECD

Source : Centre Régional Agrhymet (CRA), CSAO / OCDE (2005) © Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest / OCDE 2007

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«Depuis le début du 20e siècle, la baisse des précipitations au Sahel a causé une dramatique avancée du désert entre 1968 et 1986 qui s’est accompagnée d’une sécheresse. Plus de 20 millions d’hectares de terres autrefois productives deviennent stériles chaque année (zone plus grande que la moitié des Iles Britanniques). Alors que tout indique que les sécheresses étaient limitées dans le passé à des zones relativement pe-tites, leur durée, leur ampleur et les dégâts qu’elles infligent n’ont cessé d’augmenter au cours des cent dernières années.

• 1910-1916 : période de sécheresse

• 1920 à 1970 : période humide, particulièrement de 1950 à 1957 (sept ans);

• 1970-2003 : période de sécheresse, particulièrement de 1971 à 1976 et de 1980 à 1988 (la plus longue et la plus intense du siècle).»8

Plus récemment, les crises alimentaires et nutritionnelles de 2004-2005, 2009-2010 et de 2011-2012 ont profondément marqué le Sahel.

Qu’elles soient nomades ou sédentaires, les populations qui y vivent ont, de longue date, développé des mécanismes pour se prémunir autant que possible des aléas : noma-disme, longue tradition de migration des populations en saison sèche, transhumance, cultures extensives et disper-sées pour réduire les risques économiques et climatiques. Toutefois, la croissance démographique, la pression sur les ressources et les services qui en résultent, la dégradation de l’environnement avec l’exploitation des ressources, l’urbani-sation, les effets du changement climatique, l’avancée du dé-sert (comme le montre la Carte 1, page 3), les crises agro-cli-matiques et économiques dont la fréquence et l’intensité augmentent, ainsi que les effets combinés des politiques d’ajustement structurel et d’ouverture sans protection des marchés, les tensions intercommunautaires ou les conflits

qui induisent des déplacements de populations, etc. dé-gradent fortement les mécanismes de survie des populations dans le Sahel. La forte prévalence de malnutrition aiguë globale et sévère, malgré la prévention et les interventions d’urgence de traitement, est un des indicateurs de cette dégradation9.Plusieurs études ont montré les limites des interventions où acteurs humanitaires et de développement travaillaient de façon séparée, et ont présenté les leçons tirées de la ges-tion des précédentes crises10. Parmi les principales leçons, on note celles relatives à la préparation des acteurs pour répondre aux crises, à l’efficacité des systèmes d’alerte et de réponse précoces, à l’analyse approfondie des moyens d’existence, aux transferts sociaux, à la résilience, etc. Bien qu’il y ait eu des progrès dans la mise à disposition des in-formations (suivi des données climatiques, de l’évolution de la biomasse et des prix des denrées alimentaires/du bétail, des stratégies de survie adoptées par les populations, etc.) pouvant montrer des signes précurseurs des crises, la ré-ponse précoce demeure l’un des principaux freins pour une réponse adaptée et opportune (c’est-à-dire arrivant à la pé-riode où elle a le potentiel de réduire au maximum les effets dévastateurs de la crise sur les moyens d’existence).11

C’est dans ce contexte général du Sahel qu’intervient le pro-gramme LRRD-REPI 2010 de réponse à l’inondation de 2010 dans les régions du Centre-Nord et de l’Est au Burkina Faso.

1.2 Le programme LRRD-REPI 2010 et sa zone d’intervention : inondation en 2010, sécheresse en 2011  La mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 (Relève-ment des Populations suite aux Inondations de juillet 2010 dans les régions du Centre-Nord et de l’Est du Burkina Faso)

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DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

CARTE 2

Source : OCHA : Burkina Faso - Inondation de juillet 2010, rapport de situation, 3 août 2010

Carte 2 : Zones touchées par l’inondation de juillet 2010 au Burkina Faso

8 - http://la.climatologie.free.fr/secheresse/secheresse2.htm#sec89 - http://www.urd.org/La-Resilience-du-concept-global10 - Cf. : - ALNAP 2011, Humanitarian Action in Drought-related Emergencies, ALNAP Lessons Paper. - Beyond any drought: Root causes of chronic vulnerability in the Sahel, The Sahel Working Group, 2007, 23 P. - Echapper au cycle de la faim : les chemins de la résilience au Sahel, Groupe de travail sur le Sahel, Septembre 2011, 124 P.11 - Sokpoh G.B., Adaptation d’un programme de réhabilitation face à la crise au Burkina Faso, Humanitaires en mouvement, numéro 10, Octobre 2012, pp 14-18, Groupe URD, Plaisians.

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est, comme son nom l’indique, une intervention liée à l’inon-dation de 2010 enregistrée dans les régions septentrionales du Burkina Faso. En effet, le 22 juillet 2010, de fortes pluies ont provoqué la destruction de plusieurs barrages entraînant la destruction des digues de protection dans les régions de l’Est, du Centre-Nord et du Sahel. Cela a provoqué d’importants dégâts ma-tériels et des pertes humaines (16 personnes dont 12 dans la région de l’Est et 4 dans de région du Sahel). Au-delà des habitations et des greniers détruits, plusieurs hectares de terres agricoles ont été lessivés (définitivement perdus) ou sont restés sous l’eau pendant de longues heures, voire plu-sieurs jours (les semis ne pouvaient que rarement être récu-pérés). Il faut également noter que les autres biens tels que les fosses fumières, la petite volaille et le petit bétail (source de revenus monétaires souvent utilisée pour se procurer des céréales en période de soudure) ont été perdus. Plusieurs voies de communication ont été détruites et de nombreuses digues endommagées ainsi que des petits barrages/rete-nues d’eau, des forages et puits à large diamètre, etc.

Au total, on compte plus de 140.000 personnes sinistrées soit plus de 17.000 ménages. Les régions les plus fortement atteintes sont les régions de l’Est (Province de la Gnagna) et du Centre-Nord (principalement les provinces du Namenten-ga et du Sanmatenga) avec plus de 105.000 sinistrés. Les be-soins humanitaires ont été estimés à 14 millions de dollars12.

L’assistance humanitaire a été coordonnée par le gouver-nement à travers le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) et ses ramifications dans les régions, provinces, et départements.

L’Office Humanitaire des Communautés Européennes (ECHO) a participé à cette réponse avec un total de 2 millions d’euros à travers les partenaires de mise en œuvre suivants : Action contre la Faim (ACF), Christian Aid, Oxfam, et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

Le programme LRRD-REPI 2010 a été mis en œuvre à la suite de cette réponse d’urgence, conçu pour consolider les ac-tions déjà entreprises, notamment les actions financées par ECHO. Il cherchait à établir le lien entre la réponse d’urgence et le développement en couvrant les besoins de reconstitu-tion des moyens d’existence n’ayant pas été couverts lors de la phase d’aide humanitaire.

Le programme LRRD-REPI 2010 est donc un programme de réhabilitation d’environ 3,5 millions € financé à 80% par la Délégation de l’Union européenne au Burkina Faso et mis en œuvre par 4 ONG à savoir, Action Contre la Faim, Christian Aid, Oxfam et Development Workshop France (cf. carte 3 ci-dessus et schéma 3, page 10). Il vise le «renforce-ment de la résilience des populations victimes de l’inonda-tion en assurant une continuité d’intervention après la ré-ponse d’urgence». Les 20% restant de la contribution totale du programme ont été financés par les partenaires de mise en œuvre.

Ce programme LRRD-REPI 2010 a donc été mis en œuvre par les mêmes acteurs déjà impliqués dans la réponse d’ur-gence (en dehors de DWF), lesquels sont pour la plupart présents dans la zone depuis plusieurs années, ce qui leur donne une connaissance des zones d’intervention et des po-pulations. La durée du programme était de 2 ans (avril 2011 - mars 2012).

Le programme LRRD-REPI 2010 a été réalisé dans le cadre conjoint humanitaire-développement pour lequel il existe une collaboration étroite entre la Délégation de l’Union euro-péenne et ECHO au Burkina Faso (cf. §2.1, page ). Il s’est mis en place avec une relative rapidité après la fin de la réponse d’urgence financée par ECHO.

En 2012, au cours de la mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010, la zone du Sahel a connu une crise alimen-taire et nutritionnelle due à une mauvaise saison des pluies de 2011 : la saison des pluies a été trop brève et la pluviomé-trie trop faible pour permettre d’alimenter les besoins des populations, qu’elles vivent de l’agriculture ou de l’élevage.

En 2012, plus de 18 millions de personnes vivant dans la ré-gion du Sahel, ont été confrontées à une grave crise alimen-taire consécutive à la sécheresse, aux mauvaises récoltes et à une forte augmentation des prix des denrées alimentaires13.

L’un des défis auquel le programme LRRD-REPI 2010 a été confronté était de tenir compte de l’évolution de contexte et de contribuer à réponse (dans les mesures de sa capa-cité) à cette nouvelle crise pour réduire l’effet de cette der-nière sur les populations cibles. Nous verrons plus loin la manière dont ce défi a été relevé (cf. §2.3, page 11 et §2.4, page 12).

5

1. CONTEXTE

Zone d’intervention de ACF

Zone d’intervention de CA

Zone d’intervention de DWF

Zone d’intervention de Oxfam

Chef-lieu de commune

Chefs de province

Régions du Centre-Nord et de l’Est touchées par les inondations de juillet 2010.

Burkina Faso :

BARSALOGHO

BOUROUMMAGBINGOU

TOUGOURI

COALLA

MANI

YALGO

KAYAPISSILA

BOULSA

ZEGUEDEGUIN BOGANDÉ

LIPTOUGOU

Carte 3 : Zones d’intervention du programme LRRD-REPI 2010

12 - OCHA : Burkina Faso, inondation 2010, rapport de situation n°3, 1er au 30 septembre 2010.13 - http://www.oxfam.org/fr/sahel

Page 6: De l'urgence à la résilience

1.3 Les résultats du programme LRRD-REPI 2010Sur la base des besoins identifiés à travers le cadre conjoint humanitaire-développement de l’Union européenne (cf. §2.1, page 7), l’objectif du programme LRRD-REPI 2010 était de relever les populations vulnérables et sinistrées par les inondations du 22 juillet 2010 dans les Provinces

du Sanmatenga, du Namentenga (Région du Centre Nord), et de la Gnagna (Région de l’Est). Il a couvert 4 rubriques principales d’activités que sont la restauration des capa-cités de production, la restauration du cadre de vie, l’amélioration des capacités des populations à l’adapta-tion au changement climatique et l’accompagnement du développement communautaire. Les résultats finaux de ce programme sont consolidés dans le Tableau 1 ci-dessous.

6

ACTIVITESQUANTITES REALISEES NOMBRES DE BENEFICIAIRES

Total TotalACF Oxfam CA DWF14 ACF Oxfam CA DWF14

Restauration des capacités de production

Semences (tonnes)112 16832

38 33 41 5952 6260 4620

Engrais (tonne)52,5 1373

9 0 43,5 527 0 846Aménagement/réhabilitation de bas-fonds rizicoles et de

périmètres irrigués (ha)

119 1218

60 29 30 388 520 310

Aménagements de sites maraîchers (ha)

21 10648 6 7 529 220 315

Mise en place système d’irrigation goutte à goutte 2   64

Dotation de petits ruminants (nombre de têtes)

5050 18501000 1500 2550 500 500 850

CES/DRS (ha)2988 2008

2633 100 255 1603 50 355

Réalisation de fosses fumières/tas de compostage (nombre)

1867 1257567 1000 300 111 1000 146

Distribution de faucilles 500 500 500 Distribution de moules à foin 100 500Mise en place d’une unité de

décorticage de riz 1 30

Activités autour des fours céramiques en CSB pour les

femmes1504

Formation de maçons pour la CSB 321

Cash (nombre de ménages bénéficiaires)

83522315 1349 2640 2048

Restauration du cadre de vieReboisement (nombre de

plants)163400

39650 30000 93750Construction sans bois (nombre

de maisons) 547

Constructions de fenil, magasin et greniers en CSB 38

Réalisation de latrines Eco-San 75 750Forages (nombre) 5

Construction de logements d’enseignants en CSB 4

Amélioration des capacités des populations à l’adaptation au changement climatique

Etudes (nombre)9

4 2 3

Sensibilisation (séances)88

23 20 25 20Emissions radio 180 03 115469 30000

Conduite des EPVC68

23 20 25

Accompagnement du développement communautairePlaidoyer (séances) 9

Tableau 1 : Résultats quantitatifs du programme LRRD-REPI 2010

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

14 - Résultats à fin avril 2013. Les activités continuent jusqu’à fin mai 2013 avec une possibilité de prolongation

Page 7: De l'urgence à la résilience

2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD REPI 2010

L’intérêt de la réponse de l’Union européenne à l’inon-dation de juillet 2010 tient au fait qu’elle a intégré une série d’éléments jugés importants du point de vue du lien entre urgence-réhabilitation-développement mais aussi du soutien de la résilience des populations sahéliennes. Quelques éléments de cette réponse méritent d’être mis en évidence. Il s’agit de l’applica-tion du cadre conjoint humanitaire-développement, des éléments de coordination du programme LRRD- REPI 2010, de l’évaluation itérative du programme LRRD-REPI 2010 et de la surveillance de l’évolution du contexte. Plusieurs autres points de ce programme sont également intéressants à relever.

2.1 Le cadre conjoint Humanitaire-Développement de l’Union européenneRelier l’urgence, la réhabilitation et le développement est un thème sur lequel l’Union européenne, comme de nombreux bailleurs de fonds et agences opérationnelles, tente de trou-ver des solutions depuis de nombreuses années.

Au niveau de l’Union européenne, l’intérêt majeur pour les questions liées au LRRD est souligné régulièrement par les deux Commissaires en charge respectivement du dévelop-pement et de l’aide humanitaire et de la protection civile. Le cadre politique de l’Union est très clair (Agenda for Change, Forum Busan, Accord de Cotonou) et a été retranscrit dans diverses Communications de la Commission et conclusions du Conseil (Lien Fragilité-Développement, Sécurité alimen-taire, Résilience, RRC…).

Plusieurs outils ont été développés par la Commission européenne. L’outil le plus holistique à l’heure actuelle qui implique les acteurs de développement et les acteurs huma-nitaires de l’Union Européenne est le cadre conjoint Humani-taire-Développement. Il prend en compte la différence entre les parties prenantes impliquées dans le lien entre l’urgence, la réhabilitation et le développement dans le but de faciliter la programmation conjointe entre les institutions de la Com-mission européenne (DEVCO, ECHO, et les Délégations de l’Union européenne dans les pays de coopération), les Etats membres, les agences humanitaires et de développement aussi bien que les autres donateurs.

La réponse humanitaire à l’inondation de 2010 ainsi que le programme qui l’a suivie constituent une mise en application de ce cadre conjoint Humanitaire-Développement. Ainsi, les 5 étapes principales du cadre ont été prises en compte pour la conception de la réponse de l’Union européenne à cette inondation.

Etape 1: Clarification de la compréhension de la nature et des dynamiques de la crise ainsi que de la transition. L’ensemble des participants sont invités à présenter leur point de vue sur la catastrophe. Cela permet de tirer pro-fit de la vision de chacun. Il ne s’agit pas ici d’analyser en

profondeur tous les facteurs mais plutôt de poser des élé-ments essentiels du contexte.

Dans le cadre de la réponse à l’inondation, chacun a été in-vité à exposer sa propre vision sur cette catastrophe. S’agit-il d’une catastrophe exceptionnelle ou d’un évènement qui se répète et qui a eu des conséquences dramatiques en raison d’autres facteurs aggravants ?

Etape 2: Identification de la population la plus vul-nérable qu’il convient de cibler avec ses caractéristiques socio-économiques, démographiques, etc.

Il a été question dans le cadre de ce programme LRRD- REPI 2010 de procéder à une identification collective (ECHO et la Délégation de l’Union européenne au Burkina Faso) des populations les plus vulnérables touchées par l’inonda-tion et ayant une « sécurité alimentaire » très précaire. Plus de 100.000 personnes ont été identifiées dans les zones touchées.

Etape 3: Analyse commune de l’ensemble des causes pro-fondes qui expliquent la vulnérabilité et la dégradation des moyens d’existence de cette population. Il s’agit de prendre en compte à la fois les causes structurelles et conjoncturelles mais aussi la dimension spatiale, les niveaux d’organisation démographique (supra national, national, régional, local, communautaire, ménage et individuel) et la dimension tem-porelle (court, moyen et long terme).

Dans le cas de l’inondation de 2010, les effets directs et indi-rects ont été analysés ainsi que les conséquences de ceux-ci. Un des premiers effets de l’inondation est la destruction de nombreuses infrastructures telles que les gros barrages d’importance nationale et les routes provinciales. La violence de l’inondation a été amplifiée quand les barrages et digues ont brutalement cédé ce qui a formé une dangereuse lame d’eau. Les destructions des investissements productifs ont fortement dégradé les moyens d’existence des populations touchées. Le fonctionnement du marché a été indirecte-ment affecté, notamment en raison de la destruction de moyens de communication. En retour, la hausse des prix a aggravé encore plus la situation financière des ménages les plus pauvres. La perte ou la destruction partielle des moyens d’existence ont eu un impact direct sur les membres des ménages qui n’ont plus eu accès aux aliments, aux soins de santé, à l’habitat et à l’éducation.

Les éléments identifiés ci-dessus sont également le résultat du mauvais suivi des politiques sectorielles. Les barrages ont cédé car ils n’étaient pas entretenus. Les populations les plus vulnérables ont tout perdu car elles n’ont pas été alertées en raison du dysfonctionnement du système d’alerte.

Etape 4: Etat des lieux des interventions de l’UE en cours, programmées ou à planifier qui répondent aux causes iden-tifiées. En effet, il est possible que l’Union européenne inter-vienne déjà sur les causes identifiées ou qu’elle ait prévu de le faire. Bien que cet état des lieux concerne principalement

7

Page 8: De l'urgence à la résilience

les interventions de l’Union européenne (ECHO, Délégation de l’Union européenne, Etats membres), il est important de prendre en compte les interventions des parties prenantes en dehors de l’Union européenne (le gouvernement, les autres bailleurs de fonds, les ONG internationales, la société civile nationale, etc.).

Les initiatives de l’UE en réponse à l’inondation de 2010 sont les suivantes :• Pour une réponse immédiate à l’inondation, ECHO est in-

tervenu en urgence pour sauver des vies (distribution de vivres, soins de santé, etc.), pour renforcer les moyens d’existence des ménages (distribution de semences) et enfin pour réaliser des travaux de restauration de petites routes dans le cadre d’un programme « nourriture contre travail ».

• Des interventions financées par le FSTP15 et par une « dotation spéciale » dite enveloppe B ont été program-mées (dont le programme LRRD-REPI 2010).

• Dans le cadre du partenariat entre l’Union européenne et le Burkina Faso, une coopération s’était engagée sur la for-mulation et la mise en œuvre d’une politique portant sur les infrastructures.

Etape 5: Evaluation de la cohérence de la réponse, dé-finition des priorités, élaboration d’un cadre commun d’intervention. Les priorités établies pour les interventions doivent être définies ou validées sur la base de l’analyse conjointe présentée à l’étape précédente. Une stratégie de sortie pour les interventions humanitaires est également à réfléchir a ce stade.

Toutes les interventions identifiées dans l’étape 4 méritent d’être analysées pour apprécier leurs impacts et en tirer des leçons ainsi que pour mesurer leur capacité à apporter

une solution aux causes identifiées. Ce travail montre éga-lement les duplications, les contradictions éventuelles et les « déserts » d’interventions pour résoudre les problèmes identifiés. Certaines interventions en cours ou programmées méritent d’être significativement améliorées pour contribuer valablement aux objectifs communs.

Dans le cas de la réponse à l’inondation de 2010, la priorité pour l’Union européenne était d’agir, avec d’autres bailleurs et avec l’Etat burkinabé, sur un ensemble diversifié de causes ayant le plus contribué à l’extrême fragilité des populations pauvres affectées par le désastre.

A travers l’application du cadre conjoint Humanitaire- Développement, l’intervention globale (humanitaire et réha-bilitation) de l’Union européenne en réponse à l’inondation de juillet 2010 a mobilisé plusieurs instruments financiers (humanitaires, Enveloppe B, FSTP, etc.) et institutions de la Commission européenne (ECHO, délégation de l’Union euro-péenne/DEVCO) et a comporté plusieurs phases (cf. Schéma 1 ci-dessous) et types d’intervention (cf. Schéma 2, page 9) coordonnées dès le départ.

L’application de ce cadre conjoint humanitaire-développe-ment a favorisé une harmonisation des interventions, l’utilisa-tion des mêmes partenaires pour la réponse d’urgence que pour la réhabilitation et l’accélération de la mise en œuvre de la réhabilitation de façon à ne pas perdre du temps entre la réponse d’urgence financée par ECHO et la réhabilitation financée par la DUE.

En effet, l’échange d’informations entre ECHO et la DUE a permis de retenir les partenaires de mise en œuvre d’ECHO qui étaient impliqués dans la réponse immédiate pour sau-ver des vies. Ces partenaires ont montré une certaine effica-cité dans les interventions et démontré une connaissance de

8

Schéma 1 : Résultats de l’état des lieux des interventions de l’Union européenne en réponse à l’inondation de 2010

15 - Food Security Thematic Programme (Programme Thématique de Sécurité Alimentaire)

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

Source : ECHO / EU au Burkina Faso

Page 9: De l'urgence à la résilience

la zone du fait de leurs présences depuis plusieurs années. Travailler directement avec ces partenaires pour les inter-ventions de la réhabilitation a favorisé la mise en œuvre rapide du programme en évitant de lancer un appel à pro-position qui aurait fait perdre 6 à 9 mois au programme. Ainsi, le programme LRRD-REPI 2010, qui voulait consolider certaines activités déjà commencées dans la réponse immé-diate (reconstitution de capitaux financiers, de cheptels, etc.) et renforcer les moyens d’existence des populations affec-tées, a pu être lancé juste à la fin de la réponse immédiate.

2.2 Eléments de coordination du programme LRRD-REPI 2010 : cadre commun de suivi et comité de suiviPour assurer une harmonie dans le suivi des projets des quatre partenaires de mise en œuvre (cf. Schéma 3, page 10) impliqués dans la mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 et en tirant les leçons des précédents programmes qui impliquaient plusieurs partenaires de mise en œuvre interve-nant dans plusieurs zones, un certain nombre de mesures ont été prises au moment de la conception. Nous citerons princi-palement le cadre commun de suivi et le comité de suivi.

Le cadre commun de suivi initialement établi en juin 2011 a été révisé en novembre 2011 après l’expérience de la col-lecte des informations en août/septembre. Les principaux éléments adoptés collectivement pour le cadre commun de suivi sont les suivants :

• Un nombre réduit (5) d’indicateurs en lien avec une métho-dologie simple et maîtrisée par l’ensemble des partenaires ;

• Des indicateurs complémentaires reliés pour une meilleure appréhension de l’évolution des moyens d’existence des populations ;

• Trois grandes périodes marquantes proposées pour la col-lecte et l’analyse des données :

- Période de récolte (décembre) ;

- Période de soudure (juillet) ;

- Période intermédiaire (avril). Plusieurs études et observa-tions montrent que la période d’avril-mai (période juste avant les pluies) constitue une période cruciale pour les populations en termes de diversité alimentaire.

• Des indicateurs de surveillance de la situation sont propo-sés (cf. §2.4, page 12).

Le tableau 2 (page 10) récapitule les indicateurs du cadre commun de suivi révisé.

L’utilisation de ce cadre commun de suivi a constitué une occasion d’échange d’expériences et de renforcement de capacités entre les différents partenaires de mise en œuvre pour harmoniser les méthodes de collecte et d’analyse des données.

L’exemple ci-dessous montre les résultats de l’utilisation du cadre commun de suivi.

Les valeurs du tableau 3 (page 11) reflètent une relative amé-lioration de la situation alimentaire des populations en août 2012 par rapport à la période d’avril 2012. On observe ainsi dans les zones d’ACF et de Christian Aid une augmentation du pourcentage des ménages ayant 3 repas par jour (res-pectivement de 18% à 43% et de 0,90% à 17,80%) et dans la zone d’Oxfam une diminution des ménages ayant 1 repas par jour (de 12,10% à 8,30%). Cela confirme l’observation faite plus haut sur le fait que les interventions humanitaires de divers partenaires ont réussi à réduire les effets de la mauvaise récolte de la campagne 2011-2012 sur la sécuri-té alimentaire des populations (en tout cas, la situation ne s’est pas aggravée pendant la période de juillet-août). Néan-moins, lorsque l’on compare la situation d’août 2011 à celle d’août 2012 dans les trois zones, on observe une situation alimentaire plus difficile pour les populations en août 2012 avec une diminution du nombre de ménages consommant 3 repas par jour dans les zones d’ACF et de Christian Aid (respectivement de 61,7% à 43% et de 24,50% à 17,80%) et

9

Niveaux d’intervention ECHO Enveloppe B /

FSTPProgrammes

géographiquesProgramme

régionalAutres

bailleurs

Phase 0Actions directes : Assistance hum.

Santé

Phase 1Sécurité alim. (TS)

Réhab. pâturages Reconstruction

maisonsPlan gestion

zones inondables

Phase 2 Pol. routes

Réhabilitation routes

provinciales Réhabilitation

écoles Pol. éducation

Phase 3 Réhabilitation digues

Reconstruction barrage

Pol. barrages

Réhabilitation périmètres irrigués

Phase 4Systèmes d’alerte

province et commune

Reforestation

Système d’alerte au

niveau national Gestion bassins

versants

Schéma 2 : La chronologie des interventions et les sources de financement.

2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD-REPI 2010

Reconstitution cheptel, champs, grenier

Source : ECHO / EU au Burkina Faso

Page 10: De l'urgence à la résilience

10

N° Indicateurs Périodicités Observations sur les données à collecter

1 Nombre de repas journalier

3 passages : décembre,

avril et juillet

• Collecte et traitement de données maîtrisés par les partenaires.• Ne pas collecter la veille d’un jour exceptionnel.2 Score de diversité

(SDA)

3 Index de stratégie d’adaptation (CSI)

• Collecte et traitement de données maîtrisés par les partenaires.

4

Principales sources de revenus/ dépenses/ nourriture

• Collecte et traitement de données maîtrisés par les partenaires.• Utiliser la méthode des piles proportionnelles pour l’estimation des proportions plutôt que les quantités par produit (qui visent surtout l’estimation des disponibilités énergétiques au sein du ménage). Il existe d’autres sources de données pour l’estimation de la production.

5

Nombre de ménages (ou %) qui adoptent de bonnes pratiques liées à la gestion des catastrophes naturelles (sécheresse, inondation, déforestation)

3 périodes : début de

programme, mi-parcours

et fin du programme

Pratiques à considérer: • Sécheresse :

> Cordons pierreux> Zaï > Demi-lune

• Inondations (à approfondir avec les services techniques) :

> Nivelage/Drainage• Déforestation :

> Constructions sans bois (CSB)> Foyers améliorés pour céramique : réduction de bois de chauffe

DWF

Provinces du Namentenga

Cible : 6290 ménages

Province du Namentenga

et du SanmatengaCible : 6498 ménages

Province du Namentenga

et du SanmatengaCible : 2048 ménages

*

ECHO(instrument d’aide

humanitaire)

Etat du Burkina Faso(DG COOP/CONASUR)

DEVCO/DUE au Burkina Faso(Enveloppe B du

FED/FSTP)

Schéma 3 : Montage institutionnel du programme LRRD-REPI 2010

Tableau 2 : Les indicateurs du cadre commun de suivi

Part

enai

res

finan

cier

s et

gou

-ve

rnem

enta

uxPa

rten

aire

s de

m

ise

en œ

uvre

Ev

alua

tion

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Capi

talis

atio

n

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

* Oxfam travaille en partenariat avec ATAD ; Christian Aid travaille en partenariat avec ATAD et ODE

Page 11: De l'urgence à la résilience

Zone ACF août-11 déc-11 avr-12 août- 12Nombre de repas2 37,4% 44% 60% 50% 3 61,7% 52% 18% 43%Extrait de poste de dépenses Nourriture de base 58,5% 39% 73% 69%

Zone Christian Aid sept-11 déc-11 avr-12 juil- 12Nombre de repas1 6,60% 16,80% 13.10% 13.10% 2 68.90% 57,90% 85.00% 65.40% 3 24.50% 25.20% 0.90% 17.80% 4 0% 0% 0.90% - Extrait de poste de dépensesNourriture de base 30.70% 58.20% 64.80% 53.60%

Zone Oxfam sept-11 déc-11 avr-12 juil- 12Nombre de repas1 6,90% 4,60% 12.10% 8,30% 2 60,40% 59,30% 63.60% 73,10% 3 32,70% 36,10% 20.60% 16,70% 4 0% 0% 0.90% - Extrait de poste de dépenses Nourriture de base 26,50% 46,90% 53.30% 59,4%

une dépendance plus forte vis-à-vis du marché dans les trois zones.

Les valeurs des indicateurs du cadre commun de suivi ont aidé à confirmer ou infirmer les hypothèses des effets des crises sur les populations affectées ou des effets des ré-ponses apportées à celles-ci. Cependant, du fait de la suc-cession des catastrophes naturelles (inondation en 2010-2011, sécheresse en 2011-2012) et du fait de l’intervention de plusieurs acteurs dans la réponse à la crise sur la zone d’intervention (gouvernement burkinabé, PAM, partenaires de mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 à travers les actions connexes, etc.), il est difficile de percevoir l’amé-lioration spécifique apportée par le programme LRRD-REPI 2010 à travers les indicateurs du cadre commun de suivi.

Aussi, des réunions de comités de suivi ont été program-mées tout au long du programme. Deux réunions du comité ont été réalisées le 25 octobre 2011 à Kaya et le 25 avril 2012 à Fada N’Gourma. Ces réunions, présidées par les Gouver-neurs des régions ou leurs représentants, ont réuni l’en-semble des parties prenantes du programme ainsi que des services techniques de l’Etat intervenant dans les zones d’in-tervention. Ces réunions ont constitué des occasions pour valider les activités proposées et faire un état des lieux de leurs réalisations, échanger des informations relatives aux bilans de campagne, analyser les relations entre les parte-naires de mise en œuvre du programme et les structures étatiques, sensibiliser sur certaines thématiques spécifiques du programme telles que les études HAE, la prise en compte des facteurs environnementaux dans le programme, etc.

Les rencontres régulières entre les partenaires de mise en œuvre du programme ainsi que les échanges d’informations et de compétences dans le cadre de l’élaboration du cadre commun de suivi ainsi de la collecte et l’analyse des données,

d’une part et les espaces de discussion avec l’ensemble des services étatiques réunis, d’autre part, ont constitué des éléments qui ont permis à ce programme de bien s’insé-rer dans son environnement institutionnel. Aussi, d’un acteur à un autre et d’une zone d’intervention à une autre, en dehors de quelques exceptions, les stratégies d’interven-tion et la mesure des résultats ont été harmonisées.

2.3 Evaluation itérativeLa Délégation de l’Union européenne (DUE) au Burkina Faso a intégré dans la conception du programme LRRD-REPI 2010 une demande de prestation nommée « Evaluation ex-ante et suivi des projets “ LRRD – REPI 2010 ” » (cf. Schéma 4, page 13). Ceci visait à assurer la capitalisation des projets finan-cés sous ce programme tout en apportant une contribution au dialogue sur les politiques de réponse aux catastrophes naturelles et de gestion des risques climatiques. Cette dé-marche devait également se faire en lien avec les stratégies de développement rural et de sécurité alimentaire et nutri-tionnelle au Burkina Faso.

Dans le cadre de cette prestation, le Groupe URD a réalisé une évaluation itérative (les trois dernières missions de cette prestation) qui consistait à réaliser une mission terrain tous les 6 mois.

L’expérience de l’évaluation itérative sur le programme LRRD- REPI 2010 a confirmé l’impact de ce type de processus sur la qualité des programmes et leur capacité à prendre en compte l’évolution du contexte. En effet, au cours de la mission d’éva-luation d’octobre novembre 2011, les caractéristiques de la campagne agricole en cours ont été analysées et des ajuste-ments ont été proposés pour s’adapter à la campagne.

11

Tableau 3 : Extrait des indicateurs du cadre commun de suivi

2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD-REPI 2010

Page 12: De l'urgence à la résilience

Dans la zone d’intervention du programme LRRD-REPI 2010, la campagne agricole 2011-2012 était caractérisée par une baisse générale de la pluviométrie par rapport aux années précédentes ainsi que par une mauvaise réparti-tion des pluies dans le temps et dans l’espace. De ce fait, certaines zones ont été touchées par une sécheresse lo-calisée alors que d’autres ont connu une inondation. Les partenaires de mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 avaient analysé la nouvelle situation des populations et avaient attiré l’attention de la DUE de Ouagadougou. Au cours des visites de terrain de la mission d’octobre- novembre 2011, l’équipe d’évaluation a constaté une si-tuation qui montrait que, dans un même village, il existait une différence significative entre la productivité des terres dénommées « bas-fonds » (qui ont une capacité de réten-tion d’eau relativement élevée) et les terres dénommées « terres sur les hauteurs » où le ruissellement est plus fort. Les caractéristiques de cette campagne ont également une incidence sur la disponibilité du fourrage pour le bétail. Ainsi, la situation agropastorale de la campagne agricole 2011/2012 laissait présager une dégradation localisée des moyens d’existence des populations.

De ce fait, l’équipe d’évaluation itérative, les partenaires de mise en œuvre et la Délégation de l’Union européenne au Burkina Faso se sont mis d’accord pour la mise en appli-cation de certains éléments du « mécanisme de prépara-tion et d’anticipation des crises » (cf. §2.4, page 15). Ainsi, des marges de manœuvre ont été recherchées pour une adaptation du programme LRRD-REPI 2010 à la situation agropastorale de cette année. Plusieurs propositions ont été étudiées dans le but de réduire les effets de la situation agropastorale sur les populations en renforçant durant la période d’octobre à décembre le pouvoir d’achat des po-pulations. Ceci leur permettrait d’avoir accès aux denrées alimentaires sur le marché à cette période afin de consti-tuer des stocks pour la période de soudure. Les prix sur le marché dans les zones d’intervention du programme étaient élevés par rapport aux prix habituellement consta-tés durant cette période de récolte. Les prévisions mon-traient une hausse des prix au cours des mois suivants. Il était donc important d’agir sur le pouvoir d’achat des popu-lations dans le court terme.

Après discussion entre les parties prenantes (l’équipe d’éva-luation itérative, les partenaires de mise en œuvre, et la DUE), il a été proposé une série de réajustements du programme qui n’implique pas une révision des contrats initialement si-gnés entre la DUE et les partenaires de mise en œuvre.

Les types d’ajustements retenus peuvent se résumer en trois points :

• La réadaptation du ciblage du programme en l’élargis-sant (dans les proportions absorbables) aux victimes de la sécheresse ou de l’inondation cette année.

• La réévaluation des priorités et de la pertinence des activités. Il s’agit de prioriser les activités qui renforcent l’accès aux denrées alimentaires et la production de contre-saison (HIMO, maraichage et autres activités géné-ratrices de revenus), et de réorienter les activités qui sont moins pertinentes du fait des mauvais résultats de la cam-pagne agricole.

• Le réaménagement du chronogramme en fonction des nouvelles priorités et la révision du budget (dans les limites contractuelles autorisées) de façon à prendre en compte les modifications induites par les deux premiers points (par exemple, réaliser dans la période de novembre 2011 à janvier 2012 les activités de HIMO prévues pour la période de mars à juin 2012).

Ces actions d’atténuation entreprises par le programme LRRD-REPI 2010 en cours dans les zones d’intervention ont été suivies par des interventions de distribution de vivres, du transfert d’agent, de la prise en charge de la malnutrition, etc., initiées ou financées par le gouvernement burkinabé à travers la CONASUR et ses organes décentralisés, la Com-mission européenne (ECHO et DUE), les agences des Nations Unies, les ONG internationales et nationales, etc. Les parte-naires de mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 se sont particulièrement mobilisés pour mettre en œuvre des interventions connexes au programme LRRD-REPI 2010 (par exemple : le dépistage et la prise en charge de la malnutri-tion, le CFW dans les villages à proximité des « villages REPI », le suivi de la malnutrition, la distribution de kits alimentaires et nutritionnels, etc.).

Ainsi, le programme LRRD-REPI 2010 a su s’adapter à l’évo-lution de son contexte. Les missions d’évaluation itérative ont constitué des étapes charnières pour la prise de recul et de décisions importantes pour maximiser les résultats et impacts du programme.

2.4 Le mécanisme de préparation et de gestion des crisesLe Groupe URD a élaboré un mécanisme de préparation et d’anticipation des crises il y a quelques années auparavant à travers les travaux de recherche opérationnelles et de for-mation dans le Sahel à la suite de la crise alimentaire et nutri-tionnelle de 2004-2005.

Un suivi du contexte et une certaine flexibilité est prévu dans la conception du programme LRRD-REPI 2010. Le méca-nisme de préparation et de gestion des crises a constitué une source d’inspiration complémentaire pour renforcer la surveillance du contexte et la possibilité de réaliser des ajus-tements au sein du programme (sans engendrer de modifi-cations des contrats initiaux).

12

Évaluation itérativeLe Groupe URD définit l’évaluation itérative comme étant un processus dynamique d’évaluation et d’accompagne-ment pour l’amélioration des pratiques dans un contexte changeant. L’évaluation itérative est constituée d’une série d’évaluations menées à des phases charnières d’un programme dans le but de renforcer la capacité d’un programme à s’adap-ter aux évolutions du contexte, de permettre une meilleure capitalisation et utilisation des leçons apprises et d’assurer la qualité du programme. Elle est caractérisée par une approche participative qui favorise l’échange d’expériences entre les parties prenantes du programme et le renforcement de leurs capacités.

L’évaluation itérative est en effet pertinente pour des pro-grammes de moyen terme (2 à 4 ans) dans des contextes mou-vants (post-urgence ou situation de crise récurrente) impliquant plusieurs partenaires. Elle nécessite une certaine souplesse du programme et du cadre de collaboration avec l’équipe d’éva-luation pour permettre d’ajuster le programme ou les missions d’évaluation aux éventuelles circonstances exceptionnelles du contexte.

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

Page 13: De l'urgence à la résilience

juil-10

août-10

sept-10

oct-10

nov-10

déc-10

janv-11

févr-11

mars-11

avr-11

mai-11

juin-11

juil-11

août-11

sept-11

oct-11

nov-11

déc-11

janv-12

févr-12

mars-12

avr-12

mai-12

juin-12

juil-12

août-12

sept-12

oct-12

nov-12

déc-12

janv-13

févr-13

mars-13

Inondation – plus de 111000 personnesaffectées

Réponse humanitaire

18

1ere mission évaluation itérative (EPRD) :Evaluation ex-ante ; élaboration du cadre

commun de suivi.

Démarrage effectif des activités sur le terrain

Début de la période du programme LRRD REPI 2010

Collecte de données de suivi ; 1ers signes de mauvaise saison agricole

2e mission dʼévaluation itérrative (Groupe URD): Révision du cadre commun

de suivi ; Ajustement du projet

Intensification des activités de transfert d’argent�; Mobilisation de ressources

additionnelles par les partenaires de mise en oeuvre

3e mission d’évaluation itérative (Groupe URD)�: évaluation à mi-parcourt

4e mission d’évaluation itérative (Groupe URD)�: analyse des résultats de la

campagne et du projet�; formation sur le suivi

Fin du programme LRRD REPI 201019

Saison des

pluies R

écoltes C

ultures de contre saison - m

araîchage Saison des pluies – C

ultures pluviales C

ultures de contre saison - m

araîchage Saison des pluies – C

ultures pluviales

Surveillance du contexte (collecte et analyse des données pour renseigner les indicateurs de suivi du programm

e et du contexte)

13

18 - Les activités de DWF ont démarré en juin 2011.19 - Les activités de DWF continuent jusqu’en mai 2013 avec possibilité de prolongation. Les activités de Christian Aid et d’Oxfam continuent jusqu’à fin mai.

Schéma 4 : Principales phases du programme LRRD-REPI 2010

2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD-REPI 2010

Page 14: De l'urgence à la résilience

La phase de surveillance consiste, sur la base des indica-teurs pertinents et faciles à renseigner, à suivre l’évolution du contexte de façon à pouvoir réagir au plus vite aux chan-gements qui indiqueraient une catastrophe. Elle est cruciale pour le mécanisme de préparation et d’anticipation aux catastrophes. Les indicateurs à retenir devraient respecter certaines caractéristiques dont la pertinence pour l’indica-tion d’une crise prochaine, la facilité de collecte, la fiabilité et la régularité des données, la possibilité de déterminer des seuils à analyser aisément pour une prise de décision et un nombre réduit de groupe d’indicateurs (4 à 5 indicateurs).

Les indicateurs retenus par les partenaires de mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 pour la surveillance des activités sont : le prix des denrées alimentaires de base, le prix du bétail, la pluviométrie, la production agricole, le taux de malnutrition/nombre d’enfants dépistés malnutris.

Aussi, la réflexion globale qui a sous-tendu les propositions du Groupe URD pour renforcer le lien entre l’urgence et le développement du programme LRRD-REPI 2010 s’est inspi-rée des éléments suivants, considérés comme des principes généraux en matière de LRRD : • Concevoir les réponses aux crises de manière à faciliter

la transition et les actions de développement (éviter que les réponses aux crises ne compromettent les actions de développement) ;

• Réduire les effets d’une nouvelle crise sur la progres-sion enregistrée par les actions de développement (préven-tion et renforcement de la résilience) ;

• Prendre en compte la « nouvelle donne » issue de la crise et les origines de la crise pour reconstruire « autre-ment », voire « rebondir » et profiter des changements issus de la crise.

2.5 Autres aspects intéressants du programme LRRD-REPI 2010Trois nouvelles approches, qui sont de plus en plus intégrées dans les programmes au niveau du Sahel, ont également été mises en œuvre dans les actions financées par l’Union eu-ropéenne : • Le ciblage socio-économique transparent des bénéfi-

ciaires finaux : ce programme est caractérisé par l’exploi-tation des résultats des études HEA d’une part et par une grande implication des populations dans le ciblage des bénéficiaires. Ainsi les catégories Pauvres (P) et Très pauvres (TP) de la classification du HEA ont pu être ciblées.

• L’utilisation des transferts sociaux, en particulier le trans-fert monétaire comme moyen pour soutenir la résilience des populations affectées.

• L’intégration de la protection de l’environnement avec pour finalité la préservation des moyens d’existence.

Une fiche thématique est rédigée par les partenaires de mise en œuvre pour chacun des points ci-dessus en com-plément de ce document. Les fiches thématiques détaillent les enjeux des approches, la manière dont le programme LR-RD-REPI 2010 les a pris en compte, les principaux résultats et les principales leçons à tirer de l’expérience.

Il est important de souligner un aspect très intéressant de ce programme que constitue l’appui aux ménages pauvres et très pauvres pour des activités qui combinent la réponse immédiate de sécurité alimentaire et le soutien à la résilience pour des crises éventuelles dans le futur. C’est le cas des activités de transfert monétaire favorisant l’adoption des techniques de CES/DRS (zaï et demi-lunes, cordon pierreux) et l’accès à la terre pour le maraichage et la riziculture. En effet, les techniques de CES/DRS sont bien reconnues comme pertinentes dans la zone d’intervention du programme LRRD- REPI 2010. Cependant, leur application par les catégories pauvres et très pauvres demeure un défi du fait des investis-sements que cela demande. De même les pauvres et les très pauvres ont généralement un accès très limité aux parcelles productives, notamment les bas-fonds pour la production rizicoles et maraichère. Le programme LRRD-REPI 2010, en promouvant la solidarité entre les bénéficiaires et en les sou-tenant avec le transfert monétaire, a favorisé la réalisation des techniques CES/DRS par les pauvres et très pauvres sur leurs propres parcelles. Aussi, la participation des pauvres et très pauvres dans des les travaux d’aménagement des périmètres rizicoles a été favorisée par la clarté du ciblage, le dialogue avec les différentes catégories de la population (autorités traditionnelles, propriétaires terriens, producteurs à la recherche de parcelles), et le transfert monétaire. En effet, dans la zone d’intervention du programme le fait de participer physiquement aux travaux d’aménagement d’un périmètre donne la possibilité de demander une parcelle à exploiter. Le programme LRRD-REPI 2010 a favorisé cela pour les pauvres et très pauvres.

En plus des enseignements ci-dessus tirés et des innovations de cette intervention de l’Union européenne, d’autres princi-paux éléments nous semblent importants à mettre en évi-dence de manière à nourrir les actions futures dans le Sahel. Ils sont présentés dans le chapitre ci-après.

14

Mécanisme de préparation et de gestion des crisesLe mécanisme de préparation et d’anticipation (cf. Schéma 5, page 15) est proposé par le Groupe URD pour s’adapter à une crise lente (une sécheresse par exemple) qui produirait une dé-gradation des moyens d’existence dans une zone donnée. Il a pour objectif de permettre aux organisations présentes sur le terrain de répondre aux catastrophes de façon rapide et pré-coce. Il est basé sur le constat que, très souvent, les premiers signes d’une catastrophe (dans le cas des crises lentes) sont perçus par les organisations présentes sur le terrain bien avant que les systèmes lourds nationaux et internationaux de réponse humanitaire n’en prennent conscience et ne se mobilisent. Cependant, il est difficile pour les organisations présentes sur le terrain, notamment les organisations nationales, de mettre en valeur leurs constats vis-à-vis de leurs partenaires financiers, de traduire les constats en décision et de réagir à temps. Ce mé-canisme de préparation et d’anticipation est proposé pour être intégré dans les projets de développement ou de réhabilitation existants des organisations qui mettent en œuvre des projets de renforcement des moyens d’existence des populations.

L’objectif de ce mécanisme est de permettre une réponse pré-coce à travers les actions de mitigation en adaptant les pro-grammes existants et de mobiliser le plus rapidement possible les ressources pour une assistance humanitaire qui, le cas échéant, permettrait d’éviter que les progressions/améliorations des moyens d’existence acquis à travers le programme de dé-veloppement ou de réhabilitation ne soient dévastées par une crise mal gérée.

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

Page 15: De l'urgence à la résilience

15

Diagnostic des m

oyens d’existence

V. Conception des interventions d’urgence

VI. Diff

usion, lobbying, recherche de fi

nancement

V. Clôture des interventions d’urgence

VII. Mise en œ

uvre/ suivi des interventions d’urgence

Surveillance du contexteM

eilleure compréhension /

Actualisation des inform

ations de base

Collecte des informations

Scénario 1�: Situation conforme

à l’évolution estimée

Scénario 2�: Menace de

dégradation des moyens d’existence

Scénario 1�: Situation conforme

à l’évolution estimée

Scénario 2�: Dégradation m

odérée ou localisée des m

oyens d’existence

Scénario 3�: Dégradation Sévère ou

généralisée des moyens d’existence

Analyse des indicateurs

Continuation du programm

e

Analyse des indicateurs

IV.1 Intervention autonome

dans la zone touchée

Diagnostic (si nécessaire)

Réajustement du program

me pour

la mise en œ

uvre des actions de mitigation

Plaidoyer sur la situation de la zone, coordination

IV.2 Intégration de la m

obilisation nationale et internationale

Diagnostic approfondi

Réajustement du program

me pour

la mise en œ

uvre des actions de mitigation

Plaidoyer sur la situation de la zone, coordination

Schéma 5 : Mécanisme de préparation et de gestion des crises

2. LES ASPECTS PARTICULIERS OU INNOVATIONS DU PROGRAMME LRRD-REPI 2010

Page 16: De l'urgence à la résilience

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Les principales leçons mis en évidence ici sont liées à la durée optimale des interventions de transition, à l’importance du diagnostic, du suivi du contexte et de la flexibilité, à l’implication de l’Etat et aux défis de la suite du programme.

3.1 Importance de la définition d’une durée optimale pour les programmes de transitionDurant cette intervention de l’Union européenne concernant l’inondation de 2010, la réponse immédiate pour sauver des vies a duré environ 6 mois, ce qui re-présente la durée moyenne des réponses d’urgence. Le programme LRRD-REPI 2010, comme expliqué plus haut (cf. § 1.2 page 4), a immédiatement suivi cette réponse d’urgence. Il était initialement programmé pour 2 ans. Très tôt dans le processus de l’évaluation itérative, cette durée a été questionnée, notamment concernant la capacité du programme à atteindre véritablement les objectifs d’une réhabilitation complète.

Par réhabilitation, nous entendons  une série d’actions permettant aux populations affectées de recouvrer, d’une manière durable, les principaux actifs de moyens d’existence à un niveau qui leur permet d’être à l’abri de la menace permanente de manque de nourriture et des stratégies de survie qui conduisent à la décapitalisation. Si les populations arrivent à ce stade, il est communé-ment admis que les programmes de développement peuvent prendre la relève et ainsi permettre de renfor-cer et d’augmenter les moyens d’existence de manière durable.

Au cours de ses 2 années d’activités, le programme LRRD-REPI 2010 a couvert deux campagnes agricoles. Cependant, la deuxième campagne (2012-2013) est celle qui a été entièrement couverte par les activités du pro-gramme car du temps a pu être utilisé pendant la saison sèche pour préparer la campagne (préparation des sols à travers les activités de CES/DRS, approvisionnement à temps des semences, formation en techniques agricoles, etc.). Les suivis et les évaluations du programme LRRD- REPI 2010 montrent que, au cours des 2 ans, plusieurs activités du programme ont permis aux populations affectées de reconstituer ou constituer des actifs physiques des moyens d’existence tel qu’initiale-ment prévu, et parfois même au-delà (par exemple, les surfaces cultivables agrandies et la productivité aug-mentée pour les pauvres et les très pauvres à travers les aménagements des sites rizicoles, des périmètres maraî-chers, des fosses fumières, des dotations en petits rumi-nants, l’accès à l’eau potable, des habitats en construction sans bois, etc.). Des groupements sont constitués (grou-pements maraîchers, groupements rizicoles, groupe-ments pour les activités génératrices de revenus, etc.). A la fin du programme, pour certaines activités comme les CES/DRS, la riziculture, le maraîchage et les constructions sans bois, les populations bénéficiaires ont témoigné de leur enthousiasme à les poursuivre dans le futur.

Cependant, les niveaux d’organisation des com-munautés autour de ces activités sont encore faibles et, sans phase de consolidation, à savoir un suivi et un accompagnement dans certaines acti-vités telles que l’approvisionnement en intrants et la commercialisation de façon autonome, la provision pour l’entretien des installations et équipement, les activités risquent de ne pas être maintenues dans la durée. Dans certains cas, compte tenu du faible niveau d’alphabétisation des populations ru-rales, il peut être nécessaire de former et informer les producteurs, d’accomplir les activités avec eux, de les laisser faire de façon autonome (mais avec une supervision de l’équipe de projet) et de corriger les éventuelles imperfections pour leur donner complè-tement la maîtrise entière des étapes de production et de commercialisation de certains produits agricoles (produits maraîchers, riz, etc.). De ce point de vue, le programme LRRD-REPI 2010 s’est achevé trop tôt et ne pourra pas assurer l’entière réalisation de ce processus. Il existe donc un risque d’essoufflement de la dynamique lancée par le programme LRRD-REPI 2010 s’il n’y a pas un programme de développement de moyen à long terme qui prend la relève.

Plusieurs évaluations et études du Groupe URD sur de précédentes expériences ont démontré l’existence de 2 phases principales pour les programmes de tran-sition :• Une 1e phase d’activités intenses sur le terrain en termes d’identification des populations cibles et de réalisations physiques : reconstitution du tissu social, construction/reconstruction ou réhabilitation des services sociaux de bases tels que les centres de santé, les écoles, les sources d’eau potable, recons-titution des actifs physiques (habitations, cheptels, surfaces cultivables, outils, etc.). Durant cette phase, il est important de couvrir valablement au moins 2 cam-pagnes agricoles et les activités de type « hard » sont dominantes. La durée minimum est d’environ 2 ans. • Une 2e phase de consolidation au cours de la-quelle sont intensifiées les activités de type « soft » : la formation des membres des communautés et des personnels des services de base, le suivi des activités et l’accompagnement sur le terrain (suivi du contexte, rappel de certains messages de sensibilisation, vérifi-cation de la continuité des activités lancées durant la phase précédente, évaluation des difficultés de conti-nuation de certaines groupes de population ou de structures, mesure de l’impact des interventions, etc.). Cette phase peut durer entre 1 et 2 ans.

D’une manière générale, la durée optimale des pro-grammes de transition se situe entre 3 et 4 ans.

Il est également important de déterminer les limites du relèvement et de travailler de façon à ce que les ac-teurs du développement et le gouvernement du pays d’intervention identifient les activités complémen-taires nécessaires ainsi que les moments opportuns pour les entreprendre.

3. PRINCIPALES LEÇONS À RETENIR

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

Page 17: De l'urgence à la résilience

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3.2 Importance du diagnostic, du suivi du contexte et de la flexibilitéLe programme LRRD-REPI 2010 s’est donné glo-balement les moyens et les outils pour établir le diagnostic, analyser le contexte d’intervention et identifier les populations cibles. Nous notons en particulier les échanges et analyses réalisés dans le cadre conjoint humanitaire-développement de l’Union euro-péenne, les analyses des partenaires de mise en œuvre au cours de la réponse d’urgence (alimentées par les connais-sances de la zone acquises durant plusieurs années d’in-tervention dans les zones concernées), les études HEA (Analyse de l’économie des ménages) et des analyses com-plémentaires réalisées par chaque partenaire pour l’identi-fication des bénéficiaires. La définition des indicateurs de suivi du contexte (cf. §2.4, page ) en cours de programme a aussi permis de suivre l’évolution du contexte et d’agir rapidement pour atténuer les effets de crises rencontrées pendant la mise en œuvre des actions. Le processus d’éva-luation itérative a également permis de vérifier la qualité du diagnostic initial (en l’occurrence l’évaluation ex-ante de la première mission d’évaluation itérative) et d’ajuster le programme en fonction de l’évolution du contexte et des besoins.

Malgré les efforts réalisés lors du diagnostic, certains as-pects sont restés peu approfondis, ce qui a eu des incidences sur certains résultats du programme :• La faible analyse des besoins en infrastructures de pro-

duction (diguettes des périmètres rizicoles par exemple) et l’estimation des coûts adaptés aux sites choisis dans certaines zones du programme. Du fait d’une sous- estimation de ces coûts, les diguettes réalisées dans quelques périmètres rizicoles ont cédé sous les pluies de la campagne 2012-2013 (campagne à pluviométrie située dans les moyennes de pluviométrie de la zone).

• L’analyse peu approfondie de précédentes interventions exécutées par d’autres acteurs dans la zone pour en tirer les leçons dans le cadre de cette nouvelle action. Avant la réhabilitation/création des périmètres rizicoles et des sites maraîchers, une analyse des expériences similaires précédentes aurait permis d’intégrer assez tôt les princi-pales leçons, notamment pour les zones qui ont connu dans le passé des programmes similaires et où les acti-vités sur les sites se sont arrêtées il y a plusieurs années.

Les éléments ci-dessus montrent l’importance de prévoir dans les programmes un processus d’approfon-dissement du diagnostic dans les premiers mois du programme, après le démarrage des actions urgentes. En effet, parce qu’il est nécessaire de soumettre dans un dé-lai relativement court des propositions de projet pour le démarrage rapide des interventions, on observe fréquem-ment que certains aspects du diagnostic sont peu appro-fondis. Il est alors nécessaire que le programme fasse preuve de flexibilité pour prendre en compte les résultats de ce processus diagnostic complémentaire.

La flexibilité constitue un point de blocage de plusieurs programmes et des points de débats tendus entre les partenaires financiers et les partenaires de mise en

œuvre. L’expérience du programme LRRD-REPI 2010 montre qu’il y a des marges de manœuvre pour la flexibilité des programmes financés par l’Union européenne. La flexibilité des programmes est en réalité possible à travers certains mécanismes que le contrat de subvention des actions extérieures de l’Union européenne peut offrir (réaménagements internes, réallocations bud-gétaires, et éventuellement avenants). C’est pour cette raison que nous encourageons toutes les parties à utiliser ces opportunités pour adapter au mieux les programmes à leur contexte et à l’évolution de celui-ci. Cela nécessite tou-tefois une bonne connaissance des règles contractuelles, ainsi qu’un dialogue permanent avec le représentant de l’autorité contractante, ici la Délégation de l’Union euro-péenne au Burkina Faso, qui a été particulièrement atten-tive à l’évolution du programme, et attachée à l’atteinte de ses objectifs de relèvement.

3.3 Importance de l’implication de l’Etat

Plusieurs services de l’Etat burkinabé sont directement ou indirectement impliqués dans la gestion des différentes crises que connaît le pays. Nous pouvons citer :• Le CONASUR (Comité National de Secours d’Urgence et

de Réhabilitation) du ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale et ses organes décentralisés aux ni-veaux provincial, départemental, communal et villageois. Il mène trois types d’activités, à savoir les activités de pré-vention, d’intervention d’urgence et de réhabilitation ;

• La SONAGESS (Société Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire) du ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique ;

• La SISA (Système d’Information sur la Sécurité Alimen-taire).

Interviennent également auprès des populations ou dans leur environnement immédiat, des directions régionales, provinciales et départementales de ministères techniques ainsi que des programmes nationaux (ex. le Programme National de Gestion du Terroirs). En effet, les réponses d’urgence ou de réhabilitation ne peuvent pas se mettre en place sans être associées aux interventions des structures étatiques concernées. Comme le montre le montage ins-titutionnel du programme LRRD-REPI 2010 (cf. Schéma 3, page 10), les directions régionales des ministères chargés de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement sont as-sociées au programme LRRD-REPI 2010. La collaboration avec les structures étatiques est importante pour assurer la durabilité des actions entreprises. Il est par exemple im-portant de s’assurer que les périmètres rizicoles réhabilités ou nouvellement créés sont enregistrés par les services techniques chargés de la promotion de l’agriculture pour qu’ils prennent en compte ces sites dans leur programma-tion future (dotation de semence, formation, etc.).

Cependant, la collaboration avec les structures étatiques s’est heurtée à quelques difficultés au cours de l’exécu-tion du programme LRRD-REPI 2010. En effet, les proto-coles d’accord de collaboration sont généralement signés avec les directions régionales. Dans certains cas, la com-munication et le transfert des ressources allouées par le

3. PRINCIPALES LEÇONS À RETENIR

Page 18: De l'urgence à la résilience

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programme LRRD-REPI 2010 pour ses activités entre la direction régionale et les directions provinciales ont fait défaut et conduit à des retards d’exécution des activités. Des mesures inspirées de la collaboration des institutions étatiques avec d’autres programmes ont dû être prises au cours du programme. Parmi elles, nous notons : • L’harmonisation de la démarche des partenaires de mise

en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 vis-à-vis des services techniques.

• L’information/implication des institutions étatiques le plus tôt possible dans le processus de mise en œuvre (si pos-sible les impliquer dans la définition du projet)

• La transparence des protocoles de collaboration entre les différents niveaux des institutions étatiques régionales et provinciales en clarifiant les tâches de chaque niveau et les ressources qui y sont affectées.

• Le suivi de la réalisation des activités et un règlement di-rect avec chaque niveau des institutions étatiques régio-nales et provinciales sur la base des tâches qui incombent à chacune.

• L’importance de s’inspirer des décrets existants qui fixent les coûts des déplacements des services techniques.

L’implication de l’Etat et de ses services administratifs et techniques est indispensable dans les interventions simi-laires à celle du programme LRRD-REPI 2010 et des solu-tions collectives méritent d’être recherchées pour faciliter cette implication.

3.4 Le défi d’assurer la suite de l’intervention

Le contexte sahélien est caractérisé par une vulnérabili-té structurelle aux aléas climatiques et aux crises écono-miques (cf. §1.1, page ). Les interventions méritent donc d’aller au-delà de la dichotomie de l’aide humanitaire d’un côté et de la coopération pour le développement de l’autre. Les précédents chapitres ont montré l’intérêt pour l’inté-gration des programmes qui, à travers une surveillance

du contexte, peuvent agir vite et intégrer des actions hu-manitaires adaptées sans compromettre les acquis du programme de long terme, au contraire, les actions huma-nitaires sont conçues de manière à maximiser les résultats du programme de long terme.

Comme cela est montré plus haut (cf. §3.1, page ), les be-soins pour amener les populations affectées à reconstituer les actifs des moyens d’existence durables permettant de résister aux chocs est encore important. Cependant la continuité des interventions soutenant la résilience dans les zones du programme LRRD-REPI 2010 constitue en-core un défi.

En décembre 2012, des fonds FSTP (2 millions) ont été attribués, à travers une procédure simplifiée, aux prin-cipaux partenaires de mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 (à Oxfam et Christian Aid en consortium et à ACF) et à d’autres partenaires de mise en œuvre de la DUE pour des actions visant à améliorer la résilience des populations affectées par la crise 2011-2012 (incluant les zones du programme LRRD-REPI 2010). Cependant, les activités de ces nouvelles interventions sont situées principalement dans les zones voisines de la zone du pro-gramme LRRD-REPI 2010 et touchent très peu les popula-tions qui en ont bénéficié.

D’autres appels à propositions (4 et 10 millions d’euros) sont en cours d’attribution pour continuer / élargir les actions de soutien à la résilience des populations dans des zones incluant celles du programme LRRD-REPI 2010. Les partenaires de mise en œuvre du programme LRRD-REPI 2010 ont soumis des propositions qui créeraient un lien avec les interventions de ce dernier.

Il appartient aux différents partenaires financiers, gouver-nementaux et opérationnels de ce programme de s’assu-rer de l’existence de liens entre ce programme et les pro-chaines programmations. Aussi, une coordination avec les autres acteurs intervenant déjà ou susceptibles d’intervenir dans ces zones est importante pour créer des connexions avec les acquis du programme LRRD-REPI 2010.

DE L’URGENCE À LA RÉSILIENCE

© O

xfam

Riz, produit dans un périmètre aménagé, récolté par un ménage bénéficiaire du programme.

Page 19: De l'urgence à la résilience

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CONCLUSIONDans cette expérience, la flexibilité du programme et la réactivité des partenaires de mise en œuvre ont permis une intervention pour réduire les effets de la crise alimen-taire 2011-2012 assez tôt (novembre 2011 – janvier 2012), bien avant la période d’avril à août 2012 jugée très critique, compte tenu des mauvaises campagnes agricole et pasto-rale. Les ajustements du programme LRRD-REPI 2010 pour s’adapter à l’évolution du contexte, accompagnés d’actions connexes des partenaires de mise en œuvre, ont réelle-ment contribué à atténuer les effets de la mauvaise cam-pagne agricole sur les populations et renforcé les chances que le programme atteigne ses objectifs.

Le bilan global de l’utilisation du cadre conjoint huma-nitaire-développement de l’Union européenne pour la réponse à l’inondation de 2010 au Burkina Faso est très positif. Cette pratique mérite d’être renforcée et institu-tionnalisée au sein de la Commission européenne. Les réflexions dans ce cadre déjà en cours devraient inclure le renforcement de l’analyse commune (ECHO, DEVCO, EEAS, etc.) de la situation globale du pays d’intervention. Celle-ci aboutirait à un document ou à un dossier unique de base à partir duquel se déclineraient des documents ou stratégies spécifiques (Documents Stratégiques Pays, Programmes Indicatifs pays, Humanitarian Intervention Plan, etc.). Est également nécessaire un travail préalable conjoint de détermination des zones de grandes vulnéra-bilités qui mériteraient une attention particulière.

Un système, inspiré du mécanisme d’anticipation et de préparation des crises pourrait renforcer le cadre conjoint humanitaire-développement. Pour ce faire il y a lieu de dé-finir un nombre limité d’indicateurs pertinents pour rensei-gner l’évolution de contexte et adapter les interventions en fonction de l’évolution de ce dernier. Plusieurs dispositifs et initiatives sont déjà en cours au Burkina Faso (SAP, SISA, intégration en 2012 de l’approche HEA dans le dispositif na-tional de sécurité alimentaire) et au niveau régional (cadre harmonisé bonifié, l’initiative AGIR Sahel). Ces dispositifs sont susceptibles de fournir des données sur l’évolution du contexte. Il sera donc important pour l’Union européenne d’avoir un dispositif interne de prise de décision sur la base des données existantes. Les échanges entre les différentes institutions de la Commission, qui sont actuellement plus ou moins formels et fortement dépendants de la volon-té des personnes présentes dans les pays d’intervention, méritent d’être institutionnalisés.

La tendance générale au Sahel est actuellement de sou-tenir la résilience des populations régulièrement affectées par les crises alimentaires et nutritionnelles. On constate en effet une mobilisation générale de la communauté in-ternationale : le plan Sahel des Nations unies, l’initiative AGIR Sahel portée par les institutions régionales et les bailleurs, notamment l’Union européenne, les évolutions programmatiques au sein de USAID et du DFID, la percep-tion d’enjeux nouveaux parmi les ONG et les agences du système des Nations unies, etc. De plus, une conjonction politique extrêmement favorable est à noter au niveau des

gouvernements de la région. Au Niger, en Mauritanie, au Sénégal, au Tchad ou au Burkina Faso, les équipes gouver-nementales se saisissent du sujet. L’initiative 3N au Niger (les Nigériens Nourrissent les Nigériens), la mobilisation de ressources des budgets nationaux au Tchad et au Sénégal sont des exemples d’initiatives concrètes des gouverne-ments des pays du Sahel.

Tout en saluant les orientations vers les actions qui sou-tiennent la résilience des populations et les filets de sécu-rité qui s’annoncent pour répondre à la situation du Sahel, nous rappelons la nécessité de doter ces programmes d’une capacité de préparation, d’anticipation et de gestion des crises probables (localisées ou généralisées) au cours de leur période d’exécution afin de préserver les progrès acquis.

En effet, les programmes de moyen/long terme qui vise-raient le renforcement de la résilience des populations dans le Sahel sont susceptibles d’être confrontés à des années de situation agropastorale difficile capables de conduire à une crise alimentaire et nutritionnelle similaire à celle de la campagne 2011-2012. Il s’avère donc nécessaire d’intégrer dans la conception des programmes de moyen/long terme un mécanisme de surveillance du contexte et de réaction précoce pour atténuer les effets de la crise et maximiser les résultats de programme de moyen/long terme.

En somme, la qualité de l’analyse du contexte, la qualité des indicateurs de suivi, la flexibilité du programme, la capacité à mobiliser rapidement des moyens d’interventions d’ur-gence sans compromettre les programmes en cours, l’ap-prentissage des leçons de l’expérience, le dynamisme de toutes les parties et leur volonté à avoir un programme de qualité, constituent les éléments indispensables à la réus-site des initiatives pour le soutien de la résilience.

Récolte de niébé dont les semences améliorées ont été distribuées par le programme.

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Page 20: De l'urgence à la résilience

REMERCIEMENTS Les parties prenantes du programme LRRD-REPI 2010 ont apporté de précieuses contributions à la réalisation des missions d’évaluation itérative et à l’élaboration des documents de capitalisation. Qu’elles trouvent ici notre sincère reconnaissance. Nous remercions en particulier :Christian Rasmussen, Ronan Pecheur, Marie-Noëlle Grell, Maïmouna Sanon, Abdoulaye Traore à la Section Développement Rural, Environnement et Société Civile de la Délégation de l’Union européenne à Ouagadougou ;Eric Pitois, Henriette Nikiema à l’Office Humanitaire des Communautés Européennes (ECHO) à Ouagadougou ;Anne Bichard, Abdoulaye Ilboudo, Martin Loada, à ACF, Omer Kaboré, Sosthène Konaté, Alice Zango à Oxfam, Yacouba Koné, Aika Van Der Kleij, Marc Kaboré, Philippe Bassinga à Christian Aid, John Norton, Arsène Tuina à DWF, Constant Zango, Ousséini Kouraogo, François Ouedraougo, Ousseni Sana à ATAD, Gustave Diendéré, Jean Bazie à ODE ainsi que tous les collaborateurs sur le terrain impliqués dans le programme LRRD-REPI 2010.Les autorités administratives et les représentants des services techniques dans les régions du Centre-Nord et de l’Est.Nos chaleureux remerciements vont également aux populations qui nous ont accueillis et ont échangé ouvertement avec nous.

Projet financé parle fonds européen de développement (FED)

Gouvernement du Burkina Faso /

DG COOP et CONASUR

PARTENAIRES FINANCIERS ET GOUVERNEMENTAUX

ÉVALUATION ITÉRATIVE ET CAPITALISATION PARTENAIRES DE MISE EN ŒUVRE