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Après avoir salué chaleureusement les déléguées et les invitées des autres organisations, la présidente de la Fédération, Jennie Skene, a invité la déléguation à poursuivre les travaux du 6 e congrès débuté en juin dernier. Nous reproduisons ici des extraits du discours d’ouverture prononcé par la présidente. « Vous entendrez souvent dire, au cours des prochains jours, que ce con - grès revêt un caractère particulier. Des membres de l’Exécutif, des salariées ou encore d’autres déléguées vous rappelleront que vous aurez à prendre une décision cruciale pour l’avenir de la FIIQ. Et c’est vrai! « Mais on ne saurait se mettre au tra - vail sans prendre quelques minutes pour revenir sur les événements qui se sont déroulés il y a 15 jours à peine, événements qui ont changé le visage du monde à tout jamais. Je veux par - ler ici des actes d’une extrême vio - lence portés contre les États-Unis. « Des gestes d’une violence inouïe ont entraîné dans la mort des milliers de victimes innocentes et ont semé la peur non seulement autour de nous, mais également à travers le monde. Rien ne peut justifier l’usage d’une telle violence. Il faut dénoncer ces gestes qui sont en fait des crimes con- tre l’humanité. « Malheureusement, force nous est de constater que le monde est, encore aujourd’hui, le théâtre de nombreuses manifestations de violence générées par l’intolérance, le pouvoir et l’ar- gent. Les tristes événements de ces derniers jours nous rappellent qu’il n’y a pas si longtemps se déroulait au Rwanda un terrible génocide, que des conflits armés sévissent au Moyen- Orient depuis plus de quarante ans, que le Congo vit une guerre civile dévastatrice, que la paix en Irlande n’est pas encore revenue et j’en passe... Les victimes : des hommes, des femmes et des enfants qui se comptent par dizaines de milliers, à chaque année. «Mais une chose est certaine, la vio- lence ne peut qu’engendrer la vio- lence. La recherche d’un monde meilleur, pour toutes et pour tous, passe indéniablement par le respect des droits humains de chaque être, dont le droit à la vie, le droit à la santé, le droit au travail et le droit à des conditions de vie décentes. Si col- lectivement notre volonté est d’ap- porter une contribution à l’atteinte de cet idéal, c’est certainement par les solidarités que nous pouvons bâtir avec les peuples d’ici et d’ailleurs que nous y parviendrons. La réflexion, les échanges que nous ferons et les déci- sions que nous prendrons au cours des trois prochains jours, nous con- duiront sans aucun doute vers cette voie. […] « …les décisions qu’on s’apprête à prendre sont majeures pour l’organi- sation. Tous nos congrès sont impor- tants, me direz-vous. Pensons au con- grès de 1991 où nous avons décidé ensemble de lutter contre la violence sous toutes ses formes; c’est pendant ce même congrès que nous nous sommes dotées d’un fonds de solida- rité. Pensons également aux congrès de 1993 et à celui de 1996 où nous avons décidé d’investir l’organisation du travail et de nous donner des ou- tils pour mieux intervenir. Pensons, finalement, au congrès de 1998 où nous nous sommes penchées sur les impacts de la mondialisation sur notre quotidien d’infirmières syn- diquées, de femmes et de citoyennes. Oui, tous nos congrès sont lourds de conséquences pour les infirmières, pour les femmes et pour notre organi- sation. « Ce 6 e congrès ne fait pas exception. En effet, les sujets qui y sont traités sont aussi de la plus haute impor- tance. Déjà, nous avons décidé de recommander aux infirmières de met- tre sur pied un fonds de grève et, demain, nous allons préciser et boni- fier notre politique pour contrer la violence, déterminer comment nous entendons élargir nos alliances syndi- cales et sociales et, finalement, décider d’une éventuelle affiliation à une cen- trale syndicale. « Je vous assure dès maintenant que, quelle que soit la décision, les mem- bres de l’Exécutif de la FIIQ vous accompagneront et assumeront, avec vous, la responsabilité de faire partager notre conviction aux infir- mières que le présent congrès a pris la meilleure décision possible. « Ainsi, si le congrès se prononce con- tre l’affiliation, nous allons demander à toutes les infirmières de nous don- ner les moyens de continuer à les défendre de la meilleure façon possi- ble, à l’intérieur d’une fédération indépendante.» 1 VOLUME 14 NUMÉRO 3 OCTOBRE 2001 6 e congrès du 12-13-14 juin et 26- 27 -28 septembre 2001 ... SPÉCIAL POST-CONGRÈS 2 IÈME PARTIE DES DÉCISIONS IMPORTANTES POSTE-PUBLICATION Convention 40065777 (adresse de retour) FIIQ-QUÉBEC 1260 boul Lebourgneuf Bureau 300, Québec, QC G2K 2G2

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Après avoir salué

chaleureusement les

déléguées et les

invitées des autres

organisations,

la présidente de la

Fédération, Jennie

Skene, a invité la

déléguation à

poursuivre les travaux

du 6e congrès débuté en

juin dernier.

Nous reproduisons ici

des extraits du discours

d’ouverture prononcé

par la présidente.

« Vous entendrez souvent dire, aucours des prochains jours, que ce con -grès revêt un caractère particulier.Des membres de l’Exécutif, dessalariées ou encore d’autres déléguéesvous rappelleront que vous aurez àprendre une décision cruciale pourl’avenir de la FIIQ. Et c’est vrai!

« Mais on ne saurait se mettre au tra -vail sans prendre quelques minutespour revenir sur les événements quise sont déroulés il y a 15 jours à peine,événements qui ont changé le visagedu monde à tout jamais. Je veux par -ler ici des actes d’une extrême vio -lence portés contre les États-Unis.

« Des gestes d’une violence inouïe ontentraîné dans la mort des milliers devictimes innocentes et ont semé lapeur non seulement autour de nous,mais également à travers le monde.Rien ne peut justifier l’usage d’unetelle violence. Il faut dénoncer cesgestes qui sont en fait des crimes con-tre l’humanité.

« Malheureusement, force nous est deconstater que le monde est, encoreaujourd’hui, le théâtre de nombreusesmanifestations de violence généréespar l’intolérance, le pouvoir et l’ar-gent. Les tristes événements de cesderniers jours nous rappellent qu’iln’y a pas si longtemps se déroulait auRwanda un terrible génocide, que desconflits armés sévissent au Moyen-Orient depuis plus de quarante ans,que le Congo vit une guerre civiledévastatrice, que la paix en Irlanden’est pas encore revenue et j’enpasse... Les victimes : des hommes,des femmes et des enfants qui secomptent par dizaines de milliers, àchaque année.

«Mais une chose est certaine, la vio-lence ne peut qu’engendrer la vio-lence. La re c h e rche d’un mondemeilleur, pour toutes et pour tous,passe indéniablement par le respectdes droits humains de chaque être,dont le droit à la vie, le droit à lasanté, le droit au travail et le droit àdes conditions de vie décentes. Si col-lectivement notre volonté est d’ap-porter une contribution à l’atteinte decet idéal, c’est certainement par lessolidarités que nous pouvons bâtiravec les peuples d’ici et d’ailleurs quenous y parviendrons. La réflexion, leséchanges que nous ferons et les déci-sions que nous prendrons au coursdes trois prochains jours, nous con-duiront sans aucun doute vers cettevoie.

[…]

« …les décisions qu’on s’apprête àprendre sont majeures pour l’organi-sation. Tous nos congrès sont impor-tants, me direz-vous. Pensons au con-grès de 1991 où nous avons décidéensemble de lutter contre la violencesous toutes ses formes; c’est pendantce même congrès que nous noussommes dotées d’un fonds de solida-rité. Pensons également aux congrèsde 1993 et à celui de 1996 où nous

avons décidé d’investir l’organisationdu travail et de nous donner des ou-tils pour mieux intervenir. Pensons,finalement, au congrès de 1998 oùnous nous sommes penchées sur lesimpacts de la mondialisation surn o t re quotidien d’infirmières syn-diquées, de femmes et de citoyennes.Oui, tous nos congrès sont lourds deconséquences pour les infirmière s ,pour les femmes et pour notre organi-sation.

« Ce 6e congrès ne fait pas exception.En effet, les sujets qui y sont traitéssont aussi de la plus haute impor-tance. Déjà, nous avons décidé derecommander aux infirmières de met-tre sur pied un fonds de grève et,demain, nous allons préciser et boni-fier notre politique pour contrer laviolence, déterminer comment nousentendons élargir nos alliances syndi-cales et sociales et, finalement, déciderd’une éventuelle affiliation à une cen-trale syndicale.

« Je vous assure dès maintenant que,quelle que soit la décision, les mem-bres de l’Exécutif de la FIIQ vousaccompagneront et assumeront, avecvous, la responsabilité de fairepartager notre conviction aux infir-mières que le présent congrès a pris lameilleure décision possible.

« Ainsi, si le congrès se prononce con-tre l’affiliation, nous allons demanderà toutes les infirmières de nous don-ner les moyens de continuer à lesdéfendre de la meilleure façon possi-ble, à l’intérieur d’une fédérationindépendante.»

1

VOLUME 14 NUMÉRO 3 • OCTOBRE 20016e c o n g r è sdu 12-13-14 juin et

26- 27 -28 septembre 2001. . .

SPÉCIAL POST-CONGRÈS 2IÈME PARTIE

DES DÉCISIONS IMPORTANTES

POSTE-PUBLICATION

Convention 40065777

(adresse de retour)FIIQ-QUÉBEC 1260 boul Lebourgneuf

Bureau 300, Québec, QC G2K 2G2

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À l’heurede la mondialisation

LE DROIT À LA SANTÉ,LE DROIT DE SOIGNER

Après une vingtaine d’années de croissance, lesperturbations économiques, particulière m e n tles crises économiques du milieu des années1970 et du début des années 1980, freinent ledéveloppement du réseau. Au début desannées 1990, M. Marc-Yvan Côté, alors ministre

de la Santé et des Services so-ciaux dans le cabinet du pre-

mier ministre Bourassa,part en croisade pour

annoncer à la popula-tion et aux gestion-n a i res du réseau, quele Québec doit ajusterle réseau de la santé àla « mesure de sesmoyens ».1

Comme on le sait, sousprétexte de viser l’efficience

du réseau public de santé(pour mieux le préserver dit-on…)

et l’obligation d’atteindre l’équilibre budgé-taire à tout prix, le gouvernement du Québeceffectue alors et depuis un peu plus de dix ansmaintenant, des compressions budgétaires, descoupures de services, l’impartition de certainsservices auxiliaires et des fermetures d’éta-blissements. La réduction des services publicss’inscrit clairement dans la philosophienéolibérale.

Le gouvernement se plaint des contraintes ren-contrées dans sa recherche d’efficience : les con-ventions collectives, les législations en matièrede relations de travail, les lois en matière pro-fessionnelle, etc. Or, le néolibéralisme exige queles marchés soient libres de toute entrave. Cettenouvelle philosophie est sans aucun doute ledénominateur commun des décisions gou-vernementales des dernières années en matièrede services publics de santé. Il est même aiséd’associer plusieurs interventions de l’État àl’une ou l’autre des stratégies utiles à l’implan-tation du néolibéralisme. Par exemple, lapénurie de main-d’œuvre et le sous-finance-ment du réseau public de santé, alors que lesimpôts sont diminués, peuvent être associés àla stratégie du défaut de re s s o u rces de laBanque mondiale , tandis que la révision du sys-tème professionnel peut être associée à lastratégie de déréglementation. L’objectif ultimevisé par les néolibéraux est le démantèlementdu réseau public de santé et la libéralisation deses services.

Dans ce contexte, les services de santé devien-nent des marchandises au même titre que n’im-porte quelle autre, qu’on peut magasiner etacheter. Cette affirmation a de quoi faire frémirtoute citoyenne et tout citoyen préoccupé-e dejustice sociale et pour qui le droit à la santé veutdire quelque chose. Pour les infirmières, c’estune affirmation qui se situe en contradictionavec leurs valeurs profondes et le rôle socialqu’elles se reconnaissent. Si on ne réagit pasp romptement, bientôt au Québec, on verranaître un système de santé à l’américaine. Pourles déléguées, il est urgent de préserver leréseau public de santé.

Devant la menace que porte la mondialisation,entre autres sur le droit à la santé pour lescitoyennes et les citoyens et le droit de soignerpour les infirmières, les déléguées ont décidéd’élargir leurs solidarités de manière significa-tive, avec les autres travailleuses et travailleurs,mais également avec les citoyennes et citoyens.Pour la délégation, ces deux droits sont indis-sociables et, en tant que gardiennes de la santéet citoyennes engagées socialement, les infir-mières ont la responsabilité de résister et detout mettre en œuvre pour que la santé neglisse pas au rang de marchandise. « Noussommes de plus en plus convaincues que nous nepouvons faire l’économie de larges alliances pourdéfendre les droits fondamentaux » ont affirméplusieurs et « cette lutte pour le respect des droitshumains, nous devons la livrer ici comme ailleurs »ont poursuivi d’autres. Ainsi, c’est pourquoi,ensemble, elles jugent pertinent que laFédération s’implique dans des organisationsnationales ou internationales qui travaillentdans cet objectif.

Le boulot à faire peut sembler énorme. Mais lesdéléguées ont la conviction qu’elles peuventcompter sur les réalisations des diff é re n t sgroupes citoyens, communautaires, féministesou autres qui oeuvrent à la défense des droitshumains et la Fédération doit les appuyer, defaçon régulière, par des actions concrètes. En cesens, elles ont jugé à propos de majorer defaçon importante les sommes versées annuelle-ment à la réserve Solidarité.

Afin que la déclaration de principes qui guideles actions de la Fédération au quotidien, lesdéléguées du congrès ont décidé d’y inclure : leprincipe de la primauté des droits humains surles impératifs économiques, le droit au travaildans un milieu sain, la nécessité de poursuivrela lutte pour contrer la pauvreté et la violence etbien sûr, le droit à la santé et le droit, pour lesinfirmières, de soigner.

On le sait, les enjeux que porte la mondialisa-tion touchent non seulement les générationsactuelles mais aussi celles à venir. Ayant donc àcœur l’avenir de la Fédération, les déléguées,en créant le Comité des jeunes, veulent susciterl’intérêt de ces dernières pour les amener às’impliquer au sein de leur organisation et dansl’action collective. Pour plusieurs d’entre elles,« un comité des jeunes pourrait fournir aux jeunesmilitantes un lieu de réflexion et d’action où ellespourraient exprimer leurs besoins et partager leurvision de l’avenir. Les jeunes doivent pouvoirinfluencer la société dans laquelle elles vivrontdemain. » En créant un tel comité, « il nous fau-dra accepter d’être éventuellement interpellées,questionnées et parfois même remises en questiondans nos façons de faire. Mais ce lieu deviendra,sans aucun doute, un endroit où il sera possible detransmettre la fierté de nos luttes et de nos victoirescollectives » ont exprimé quelques déléguées.Pour plusieurs, la création d’un tel comité estune autre façon d’élargir nos solidarités, celles-là intergénérationnelles.

Pour les déléguées à ce 6e Congrès, les choix quiont été faits dans le cadre du débat Syndicalismeet travail infirmier à l’heure de la mondialisation,permettent sans contredit à la FIIQ d’être uneorganisation solide et solidaire .

Les derniers deux cents ans de cycleséconomiques successifs ont été marquéspar le capitalisme comme modèle dedéveloppement, modèle qui a pris dif-férentes formes selon les mouvementssociaux et politiques de chaque époque.Alors que régnait le capitalisme sauvageau 19e siècle, le néolibéralisme s’imposeaujourd’hui en maître du monde.

À plus d’une occasion au coursde l’histoire, des actionsmenées par des travailleuseset travailleurs, des citoyen-nes et citoyens ou des popu-lations entières ont littérale-ment changé le cours deschoses. N’eut été certaines de cesluttes, les femmes n’auraient tou-jours pas le droit de vote, les congés dematernité n’existeraient pas, les tra-vailleur-euse-s accidenté-e-s se retrou-veraient sans emploi et dans la pau-vreté, la profession infirmière ne seraitpas reconnue, etc. Ces exemples sem-blent grossiers, mais lorsque l’on jetteun regard vers l’extérieur, on se rendbien compte qu’il n’en est rien. Faut-ilp réciser qu’encore aujourd’hui, danscertains pays du monde, les femmes lut-tent pour la reconnaissance de leursdroits les plus fondamentaux, que destravailleuses et des travailleurs sontcontraint-e-s quotidiennement de tra-vailler dans des conditions qui mettentleur vie en péril et que des militant-e-ssyndicaux-ales sont tué-e-s, pour le seulmotif qu’elles-ils mènent des activitéssyndicales.

Plusieurs luttes du passé ont porté fruitet sont à l’origine de changementsimportants. Il faut encore une fois fairepreuve de combativité, d’ingéniosité etcerner les stratégies qui pourront chan-ger le cours des choses à la faveur durespect de nos droits, en tant que per-sonne humaine, citoyenne, femme,i n f i r m i è re, travailleuse et pro f e s s i o n-nelle, tout en sachant que ces droits sontintimement liés. Avant d’aller plus loin,il faut faire le point sur l’histoire et cer-ner les enjeux pour l’avenir…

SYNDICALISME &

TRAVAILINFIRMIER

1 GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Ministère de la Santé et des Services sociaux, Un financement à lamesure de nos moyens, 1991.

Page 3: DES DÉCISIONS IMPORTANTES - fiqsante.qc.ca

3

À la lumière des

débats qui ont

précédé le rejet à

52 % d’une

a ffiliation de la

FIIQ à la FTQ,

on peut, sans crainte

de se tromper,

interpréter ce

résultat comme

reflétant la volonté

de l’ensemble des

déléguées de

développer la force

syndicale des infir-

mières. Bien sûr,

certaines auraient

voulu donner à la

FIIQ de nouveaux

moyens d’action et

de nouvelles tri-

bunes en s’af f i l i a n t

à la FTQ. Mais

d’autres, et elles ont

été majoritaires, ont

préféré consolider

leur organisation

pour continuer, à

l’intérieur d’une

fédération syndicale

indépendante, à

défendre les

revendications des

i n f i r m i è r e s .

La décision ne fut pasfacile, plusieursdéléguées sont d’ailleursvenues exprimer leurambivalence. Pour cer-taines, le temps deréflexion a été trop court.Il est vrai qu’entre lemoment où fut donné àla FIIQ le mandat d’ex-p l o rer un rappro c h e m e n ts t ru c t u rel avec la FTQ(cette démarc h ee x p l o r a t o i re fut par lasuite étendue à la CSN età la FCSII) et le momentoù les déléguées ont eu àtrancher la question, ilne s’est même pas écouléun an. De fait, lesdéléguées ont reçu unp remier rapport d’étapeen mars, dans lequelétait présentée la FTQ.En juin, elles ont reçu undeuxième rapport quileur présentait, cette fois,le portrait de la CSN etde la FCSII. Deuxinstances, c’est peu pours ’ a p p roprier les tenantset aboutissants d’unequestion aussi complexeet ce, d’autant plus quele sentiment d’apparte-nance à la FIIQ est trè sfort. Certaines déléguéesont donc proposé dere m e t t re la décision surl ’ a ffiliation au prin-temps, mais cette pro p o-sition ne fut pas re t e n u e .

La décision ne fut pasfacile non plus pourcelles qui, tout en admet-tant le bien-fondé d’unea ffiliation, ont exprimédes craintes quant à las a u v e g a rde de l’au-tonomie et de l’identitéde la FIIQ. « Pourrions-nous, si nous étions affi -liées, continuer en FIIQ àd é f e n d re les intérêts desi n f i r m i è res? » Cette ques-tion a été présente toutau long de la démarche :aux instances de novem-b re 2000 et de mars 2001,durant la tournée del’Exécutif au printempsd e r n i e r, à l’occasion de lare n c o n t re des syndicatsa ffiliés en avril 2001 etdurant le congrès, enjuin et en septembre .Cette inquiétude a cons-titué la toile de fond deséchanges avec les mem-b res et avec lesdéléguées. Le rapportfinal qui fut soumis auxdéléguées comportaitdes assurances à ceté g a rd ; mais cela n’a pasété suffisant pourc o n v a i n c re les déléguéesplus sceptiques.

La décision de re j e t e rune affiliation avec laFTQ n’a été facile pourpersonne, mais cellesqui, rejetant la FTQ ouexcluant toute idée d’af-filiation, voulaient con-tinuer dans une fédéra-tion indépendante ont,par leurs arguments, ral-lié la majorité desd é l é g u é e s .

UN POINT DE R A L L I E M E N TSi le vote a été divisé, ledébat et son résultat nef u rent pas pour autantdiviseurs les deuxg roupes partageaient lamême conviction : c’estavec la FIIQ que les infir-m i è res se sentent lemieux re p résenté. Deplus, la très grandemajorité des déléguéesse sont entendues sur unconstat : le résultat duvote ne se traduira paspar le maintien du statuquo pour la FIIQ, auc o n t r a i re. Elles ont con-venu que la décision dep o u r s u i v re dans une

fédération indépen-dante, constituaitl ’ a m o rce d’une larg eréflexion portant sur denouvelles voies d’avenirpour la FIIQ. Le Comitéexécutif de la FIIQ ad’ailleurs reçu le mandatdu Congrès de pro c é d e rà l’analyse de la situa-tion et de proposer unplan d’action visant ledéveloppement de laFIIQ et, par ricochet, ler a ffermissement du syn-dicalisme infirmier.

D ’ o res et déjà l’ensembledes intervenantes del ’ o rganisation, les éluescomme les salariées, sesont mises à la tâche. Lad é m a rche et les débatsauxquels elle a donnélieu ont permis d’identi-fier certaines des voies àe x p l o re r. D’autres ques-tions restent ouvertes,

mais une chose est cer-taine, c’est ensemble, enFIIQ, que les ré p o n s e ss e ront tro u v é e s .

En s’appuyant sur lesf o rces de la Fédération,de ses syndicats et de sesm e m b res, sur une soli-darité à toute épre u v e ,sur une re c o n n a i s s a n c esociale que bien d’autre sg roupes syndicauxenvient, sur une capacitéde réaction assez sur-p renante et sur unehabileté encore plus sur-p renante à trouver desmoyens originaux pourf a i re face aux défis quinous confrontent, nuldoute que demain laFIIQ sera encore forte etv i v a n t e .

Cette nouvelle FIIQ seraenracinée dans la FIIQactuelle et, tournée versle futur, prendra sonenvol à tous les niveauxde l’organisation : dansles établissements, dansles syndicats et à laFédération. Elle off r i r ap e u t - ê t re de nouveauxservices, mais elledeviendra aussi plusexigeante enversl’ensemble des élueslocales, régionales oufédérales qui mettro n te n c o re davantage lamain à la pâte. Bien sûr,elle tendra à améliore rses services, car il y atoujours place à amélio-ration, mais elle conti-nuera à re n d re lesresponsables syndicaleset les militantes toujoursplus autonomes. Elleleur offrira de nouvellesresponsabilités parc equ’au niveau central lerôle de la FIIQ sera élargi.

Les mois qui viennents e ront donc très stimu-lants pour l’ensembledes membres de la FIIQqui seront invitées à par-ticiper à la réflexion col-lective qui s’amorc e .Somme toute, si le re j e td’une affiliation à la FTQreflète le fort sentimentd’appartenance des infir-m i è res à leur org a n i s a-tion, il constitue égale-ment un nouveau pointde départ vers une FIIQe n c o re plus forte qui sep ré p a re à développer denouveaux moyens poure n c o re mieux défendreses membres.

POUR UNE FIIQPLUS

FORTE

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4

Les déléguées participent activement auxdébats à l’ordre du jour de ce 6e congrès

Un moment intense lors de la fête organiséepour souligner le départ de Régine Laurent

Dès 8 h les déléguées s’inscrivent

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Les déléguées ont profité de la visite du ministre Trudel pour lui donner l’heurejuste sur la réalité des infirmières dans le réseau de la santé. Elles étaient nombreuses à prendre la parole

La présidente du Conseil du statut de lafemme du Québec, Diane Lavallée, est venueprésenter le guide Femmes et Santé. La FIIQ a collaboré étroitement à la production de cet ouvrage

Le vote sur la proposition d’affiliation à la FTQ s’est déroulé à scrutin secret

Les déléguées ont exprimé leur point de vue sur les sujets mis en débat en plénière

Page 6: DES DÉCISIONS IMPORTANTES - fiqsante.qc.ca

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Depuis plusieurs années, la planification de la main-d’œuvre est unepriorité pour la FIIQ. Après avoir participé activement à un comité en 1998et à un groupe de travail en 1999, voilà qu’en 2000 la Fédération s’estinvestie sans compter dans le Forum national sur la planification de lamain-d’œuvre. Après une présentation du dossier par le 2 e vice-président,Daniel Gilbert, les déléguées ont pu poser des questions et surtoutpartager des informations sur les problèmes liés au manque d’infirmières.

Pour les déléguées, l’importance et l’urgence d’agir dans le dossier de laplanification de la main-d’œuvre n’est plus à démontrer. Des travauxexigeant une participation et une coordination des paliers national,régional et local devront être mis au rang des priorités par tous les inter-venants.

Des changements majeurs et significatifs sont nécessaires et attendus parles infirmières. Pour répondre adéquatement à ces attentes, le responsablepolitique, Daniel Gilbert, a annoncé que des militantes de chaque éta-blissement seront formées et que des outils seront mis à la disposition deséquipes locales qui feront un exercice de planification de la main-d’œuvre.De plus, une équipe de conseillères a été mise sur pied afin d’aider les con-seillères aux établissements.

Tout est mis en place pour s’assurer que là où c’est nécessaire, les équipeslocales aient le soutien et les outils appropriés pour trouver des solutionsstructurelles durables aux problèmes d’attraction et de rétention de lamain-d’œuvre infirmière.

C’est à suivre !

PMOI

Rappelons que lors de la première par-tie du congrès, en juin dernier, lesdéléguées ont adopté la création d’unfonds de grève et en ont déterminé lesmodalités. Elles étaient d’avis qu’unfonds de grève est nécessaire et nepeut qu’avoir des effets bénéfiquespour les membres, pour les syndicatset pour la Fédération. Elles étaientégalement d’avis, qu’avec un fonds degrève, les infirmières seraient indénia-blement les grandes gagnantes. Uneorganisation avec un fonds de grèven’a-t-elle pas de meilleures assisespour entamer une négociation etasseoir son rapport de force ? Bref,doter la Fédération d’un fonds degrève, c’est donner à toutes les infir-mières les moyens de choisir et sortird’une lutte encore plus fortes, plus so-lidaires et plus unies.

Les déléguées ont également décidé detenir un référendum auprès del’ensemble des membres sur cettequestion. Celui-ci se tiendra donc le 6 décembre. D’ici là, un documentprésentant l’importance de se doterd’un fonds de grève ainsi que lesmodalités de perception sera distribuéà l’ensemble des membres. Surveillezle tableau syndical pour connaître tousles détails concernant la tenue duréférendum.

UNE BONNESANTÉ

FINANCIÈRE !

C’est à partir du rapport des vérificateurs comptables et d’un tour d’horizon desétats financiers présentés par la tré s o r i è re, Lise Martel, que les déléguées ont été àmême de constater la bonne santé financière de la Fédération. En effet, après avoirpartagé les amendes, renfloué la réserve négociation, remboursé le Fonds dedéfense syndical et les prêts consentis par nos consœurs des autres provinces, unevigilance de tous les instants et de chacune a permis à la Fédération de re t ro u v e rune stabilité financière. Comme à chaque coup dur porté par le gouvernement, lesm e m b res, les militantes et les salariées de la Fédération se sont serré les coudes etont fourni les efforts nécessaires pour sauvegarder leur outil collectif : la FIIQ. Lasolidarité est et restera toujours la marque de commerce des infirmières.

UN FONDS DE GRÈVE, UN INSTRUMENT

DE LUTTE INCONTOURNABLE

Référendumle 6 décembre

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7

Selon une étude effectuée par l’Organisation internationale du travail, en1998, la violence au travail se généralise. C’est un phénomène en crois-sance qui sévit un peu partout dans le monde et constitue un grave sujetde préoccupation. La violence au travail n’est pas un pro b l è m eépisodique et individuel, il s’agit d’un problème structurel ancré dans uncontexte social, économique et culturel. De tout le personnel soignant,les infirmières sont les plus exposées à la violence. Les abus que subis-sent les infirmières, autant physiques que psychologiques, ont des réper-cussions graves sur leur santé et contribuent à l’augmentation de ladétresse qui les affecte déjà en raison des conditions de travail difficilesqu’elles connaissent. À cela s’ajoutent d’autres conséquences dont unrisque plus élevé d’erreurs, la diminution de la motivation, des tauxélevés d’absentéisme et l’abandon de la profession.

Il est urgent de poursuivre l’action entreprise par la Fédération depuisdéjà douze ans, c’est-à-dire nommer la violence que subissent les infir-mières, dépasser la peur qui les habite, briser le silence et se soutenir lesunes les autres. La politique adoptée par les déléguées à ce congrès, com-

plète celle adoptée en 1992 et en élargit la portée. En effet, cette politiquepermet de gérer non seulement les cas de discrimination mais toutes lesautres formes de violence qui peuvent survenir au travail. Elle comportetrois volets : une déclaration de principes, un projet type de politique etdes mesures de prévention. C’est une approche axée sur l’éducationplutôt que sur la punition. La Fédération ne souhaite pas multiplier lesplaintes mais, au contraire, outiller les infirmières pour qu’elles puissentmettre un terme aux insultes, à l’intimidation et au harcèlement qu’ellessubissent. Toutes les énergies vont dans le sens de favoriser une largesensibilisation des membres comme des milieux de travail pour que lesinfirmières puissent travailler dans la dignité.

Les objectifs poursuivis par la politique sont :

• d’instaurer un milieu de travail sain, c’est-à-dire exempt de vio -lence, sur la base du respect de l’intégrité physique et psy -chologique des personnes qui oeuvrent dans l’établissement;

• de travailler à développer des rapports harmonieux en tenantcompte de la diversité culturelle;

• de favoriser la prévention par des activités d’information, de sen -sibilisation et de solidarité;

• d’offrir support et assistance aux victimes de violence en établis -sant des mécanismes d’aide et de recours.

La politique comprend également des mécanismes de traitement desplaintes et l’identification d’autres recours possibles ainsi que le rôle dusyndicat et de la Fédération.

En adoptant cette politique, l’engagement de la direction devra se con-crétiser dans les trois champs d’action suivants : la sécurité des infir-mières, la sécurité des lieux et la formation des ressources du milieu.

La responsable politique à la condition féminine, Sylvie Boulanger, arappelé que la qualité de vie, dans un établissement, concerne à la foisl’employeur, le syndicat et tout le personnel. C’est seulement en accep-tant de partager cette responsabilité que pourra s’instaurer, dans lesmilieux de travail, la tolérance zéro.

Travailler dans la dignitéUne politique générale pour contrer

la violence au travail

La cinquième journée du congrès, les déléguées ont

adopté une politique pour contrer la violence au travail.

C’est d’ailleurs au même moment qu’une infirmière, tra-

vaillant à l’Hôpital général de Montréal, a été agressée

physiquement par un médecin. Les déléguées ont été à

même de constater l’importance de l’implantation d’une

politique dans chaque établissement ainsi que l’urgence

de briser le silence. C’est donc après avoir discuté des

actions déjà entreprises par la Fédération, des défini-

tions de la violence ainsi que de l’urgence de poursuivre

l’action que les déléguées ont adopté une déclaration de

principes et les moyens à prendre pour implanter une

politique.

La violence est une conduite abusive se manifestant par des paroles,des actes ou des gestes non désirés et qui est de nature à porteratteinte à l’intégrité physique ou psychologique de la personne et denature à entraîner pour elle des conditions de travail défavorables ouun renvoi. Il y a donc violence dans tous les cas où quelqu’un chercheà imposer sa volonté à une autre personne. L’agression peut êtreponctuelle ou s’exprimer sous forme de harcèlement dont la caractéris-tique est la répétition des gestes offensants. Dans tous les cas, ils’agit d’un abus de pouvoir qui blesse la personne et porte atteinte àsa dignité.

Définition de la violence inscrite dans la politique

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Comité Condition féminine

ANNIE ASPIREAULTCHUM - Pavillon Notre-Dame,Montréal

MADELEINE BELLEAUCHA - Pavillon Enfant-Jésus, Québec

RO LICATACUS McGill - Hôpital Royal Victoria,Montréal

MICHELLE POIRIERHôpital Louis-H. Lafontaine,Montréal

ISABELLE POULIOTCHUQ - Pavillon CHUL, Québec

NATHALIE ST-ONGECH Anna Laberge, Châteauguay

Comité Éducation-Animation

ANNE BOLDUCHôpital Ste-Croix, Drummondville

MICHEL CHAMPOUXCHUS - Hôpital Fleurimont,Sherbrooke

STÉPHANE GAGNONCH Delanaudière, Joliette

GUY LAROUCHECentre Le Jeannois - Pavillon H. D.d’Alma, Alma

SERGE PRÉVOSTCH Charles Lemoyne, Greenfield Park

WENDY SHERRYHôpital général de Montréal,Montrál

Comité Journal

ELAHÉ MACHOUFVigi Santé Lté - CHSLD Dollards-des-Ormeaux, Dollards-des-Ormeaux

MARIE-EDITH OUELLETInstitut national de santé publique,Québec

NOËLLA SAVARDInstitut universitaire gériatrique -Pavillon Alfred Desrochers,Montréal

YVES TREMBLAYHôpital Maisonneuve-Rosemont,Montréal

Comité Santé et Sécurité au travail

DANIEL BÉLANGERCH Robert-Giffard, Québec

BENOÎT DANDURANDCH Pierre-Boucher, Longueil

MARIE-JOSÉE GAUTHIERCH Anna-Laberge, Châteauguay

LORRAINE T. LAFORGECHUM - Pavillon Hôtel-Dieu deMontréal, Montréal

HENRI C. MOÏSECLSC du Vieux Lachine, Lachine

JEAN-FRANÇOIS TREMBLAYCH de Granby, Gramby

Comité Sécurité sociale

BARBARA J. ARSENEAUHôpital Douglas, Montréal

SYLVAIN LAPALMECHSLD Lucille Teasdale - Pavillon J. H. Charbonneau,Montréal

WENDY SHERRYHôpital général de Montréal,Montréal

Lors de la première partie du congrès, enjuin, les déléguées ont apporté une modifi-cation aux statuts et règlements qui dimi-nuait la composition du Comité exécutif.Celui-ci sera désormais composé de huitpersonnes au lieu de neuf. Ainsi, les postesde trésorière adjointe et de secrétaireadjointe ont été remplacés par un poste desecrétaire-trésorière adjointe. C’est avecplaisir que le FIIQ en Action vous présentehuit militantes déterminées, combatives etbattantes qui ont à cœur la cause des infir-m i è r e s .

8

FIIQ EN ACTION

VOLUME 14,NUMÉRO 3• OCTOBRE 2001Ce journal est publié par le service Communication-Information.Site internet : www.fiiq.qc.ca Courriel : [email protected]

Publié après chaque instance de la FIIQ, ce journal a un tirage pour ce numéro de 45 000 exemplaires. Toute reproduction de textes ou d’extraits doit porter la mention«Reproduit de la publication FIIQ enAction». ISSN 0838-4207

Comité d’Élection

GISMOND BERNATCHEZCH Fleury, Montréal

DANIEL DANISHôpital Ste-Croix, Drummondville

Comité Fonds de défense syndicale

BARBARA J. ARSENEAUCH Douglas, Montréal

Comité Vérification interne

LUC CAYERCHUS, Hôpital Fleurimont, Fleurimont

ANDRÉ HAMELHôtel-Dieu d’Arthabaska, Arthabaska

LUCIE MASSEHôpital Louis-H. Lafontaine,Montréal

Comités statutaires

Comités fédéraux

JENNIE SKENEprésidenteCHA - PavillonEnfant-Jésus, Québec

SYLVIE BOULANGER1re vice-présidente CHUQ - Pavillon St-François d’Assise,Québec

DANIEL GILBERT2e vice-président CH Beauce-Etchemin,St-Georges

MICHÈLE BOISCLAIR3e vice-présidente CLSC Pierrefonds,Pierrefonds

LINA BONAMIE4e vice-présidente Hôpital Maisonneuve-Rosemont,Montréal

CHANTAL BOIVINsecrétaireCAR Santé Joncquière ,Joncquière

LISE MARTELtrésorièreCorporation CHChauveau, Loretteville

SYLVIE SAVARDsecrétaire-trésorièreadjointe CHUQ - PavillonCHUL, Québec

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RAPPEL

QUELQUESNOTIONS

ÉVALUATION DES EMPLOIS : processus par lequelles emplois sont évalués en fonction de quatre grandsfacteurs : qualifications, efforts déployés, responsabi-lités assumées et conditions d’exercice. À la suite decet exercice, une valeur est attribuée à chacun desemplois pour être en mesure de les comparer entreeux et, par la suite, apporter les correctifs salariauxnécessaires.

RELATIVITÉ SALARIALE : démarche d’évaluationdes emplois chez un employeur donné. En relativitésalariale, tous les emplois sont évalués et comparésentre eux - y compris les emplois mixtes – pour établirune politique de rémunération cohérente.

ÉQUITÉ SALARIALE : démarche d’évaluation desemplois selon des critères exempts de biais sexisteschez un employeur donné. L’objectif du programmed’équité est de corriger les écarts salariaux dus à ladiscrimination fondée sur le sexe. Ainsi, en équitésalariale, seules les catégories d’emplois à prédomi-nance féminine et masculine sont évaluées et com-parées dans l’objectif de mettre fin aux différencessalariales dues au genre.

CATÉGORIE D’EMPLOIS : groupe constitué d’em-ployés qui occupent des fonctions similaires, avec desresponsabilités similaires et une rémunération – tauxet échelles – similaire. Ce n’est pas nécessairementéquivalent à un titre d’emploi.

PRÉDOMINANCE FÉMININE OU MASCULINE : laprédominance d’une catégorie d’emplois est fémininesi elle est constituée de plus de 60 % de femmes. Ellesera à prédominance masculine si elle est composéede plus de 60 % d’hommes. On dira d’une catégoried’emplois qu’elle est mixte si le taux de présenceféminine se situe entre 40 et 60 %. Le fait que la caté-gorie d’emplois soit associée à un stéréotype occupa-tionnel – comme c’est le cas pour les infirmières –peut aussi déterminer la prédominance féminine.

Exemples de catégories d’emplois : • infirmière (91 % de femmes) :

prédominance féminine• éducateur physique (69 % d’hommes) :

prédominance masculine• organisateur communautaire (48,6 % de

femmes) : mixte.

L’ÉQUITÉSALARIALE

UN DÉFI QUI INTERPELLE TOUTESLES ORGANISATIONS SYNDICALES

S’il est une question sur toutes les lèvres des infirmières, c’est bien celle l’état destravaux sur l’équité salariale. Ceux-ci vont rondement et devraient permettre de cor -riger la discrimination salariale subie par les infirmières du Québec. Un juste salairepour le travail et les responsabilités des infirmières, voilà certes un des objectifsimportants que la FIIQ s’est donnés depuis sa fondation, des avancées importantesont d’ailleurs été accomplies depuis. Aujourd’hui, dans ce dossier, la Fédération enest à l’étape la plus importante : la révision de l’outil utilisé par le Conseil du trésorpour évaluer les emplois. Jamais, depuis 1988, le Conseil du trésor n’avait accepté unerévision en profondeur de son outil pour prendre véritablement en considération lescaractéristiques propres au travail des femmes en général, et à celui des infirmièresen particulier. C’est à cette tâche que les organisations syndicales se sont attaquées enavril dernier. Un comité de travail composé de représentants du Conseil du trésor etdes ministères de l’Éducation et de la Santé et des Services sociaux, ainsi que dereprésentant-e-s de la FIIQ, de la FTQ, de la CSN, de la CSQ et du SFPQ a donc étémis sur pied. La FIIQ apporte à ce groupe de travail toute son expertise en matièred’évaluation des emplois et de reconnaissance des caractéristiques propres auxemplois à prédominance féminine. À la lecture des autres articles, vous constaterez lanature des modifications que le Conseil du trésor a accepté d’apporter à son outil d’évaluation des emplois.

La profession infirmière représente sans doute l’archétype des emplois féminins,emplois trop souvent sous-rémunérés en raison d’une structure salariale basée sur lescaractéristiques propres aux emplois masculins. Peu d’emplois à prédominance fémi-nine ne comportent autant de caractéristiques typiques au travail des femmes que celuid’infirmière. En ce sens, la grande préoccupation de la FIIQ concernant les caractéris-tiques propres au travail des infirmières, profitera à celles qui occupent ces emplois àprédominance féminine. Les organisations syndicales présentes à ces travaux ont con-venu de mettre en commun leurs énergies et leurs compétences pour que soit enfin cor-rigée la discrimination salariale induite par le genre dans les secteurs public et para-public. Il s’agit là, sans contredit, de l’un des plus grands défis auxquels ces organisa-tions auront jamais été confrontées et c’est toutes ensemble que nous relèverons ced é f i .

Lina Bonamie4e vice-présidente

DE NOUVEAUX SOUS-FACTEURSDepuis que le Conseil du trésor a déposé au comité intersyndical, le 9 avril, sa proposi-tion de révision du plan d’évaluation des emplois, des réunions en intersyndicale et desrencontres avec le Conseil du trésor se tiennent au rythme de trois jours par semaine,parfois plus. Dans un premier temps, les travaux ont porté essentiellement sur la défini-tion des sous-facteurs. Une fois cette étape franchie, les parties se sont attardées, depuisla mi-juin, à définir ce qu’elles voyaient comme mesure de ces sous-facteurs. En effet,non seulement faut-il déterminer les aspects du travail à considérer aux fins d’évalua-tion, il faut aussi s’entendre sur la façon de le faire. Ce n’est pas suffisant de dire qu’unesalariée a un peu, beaucoup ou énormément d’efforts à déployer, il faut décider ce quisera mesuré. Cet exercice doit être repris pour chacun des sous-facteurs évalués. LeConseil du trésor a accepté d’introduire de nouveaux sous-facteurs au plan d’évaluationdes emplois. Les voici.

Vers un nouveau plan d’évaluation

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Mise à jour des connaissances etdes compétences

La nécessité de mettre à jour ses connaissances etses compétences n’était pas formellement éva-luée dans le plan à 16 facteurs. Le Conseil du tré-sor a proposé d’en faire un sous-facteur distinct.Ce ne sont donc plus uniquement les connais-sances acquises par la formation académique,l’expérience et l’initiation qui seront mesuré e s ,mais également celles que la salariée acquierttout au long de sa carrière .

Ce nouveau sous-facteur devrait permettre def a i re ressortir et d’évaluer cet aspect essentiel dutravail. En effet, les emplois à pré d o m i n a n c eféminine se re t rouvent souvent dans des champsd ’ e x e rcice en constante évolution, où les innova-tions, les découvertes et les changements sontré g u l i e r s .

Habiletés en relations i n t e r p e r s o n n e l l e s

Bien qu’une très grande majorité des salariéesdes secteurs public et parapublic dispense desservices à des personnes, les habiletés en re l a-tions interpersonnelles, essentielles pour donnerces services, n’étaient pas mesurées. Seules leshabiletés physiques l’étaient, sous-facteur quifavorise davantage les emplois à pré d o m i n a n c em a s c u l i n e .

Ce nouveau sous-facteur devrait permettre dem e s u rer une caractéristique pro p re au travail desfemmes puisque ce sont souvent elles qui sontc h a rgées d’entrer en relation avec les clientèles,que ce soit pour les diriger vers la bonnere s s o u rce ou pour entrer en relation d’aide.Assumer ces responsabilités nécessite deshabiletés qui n’étaient pas mesurées à ce jour.

Contraintes psychologiques

Dans l’outil à 16 facteurs, le Conseil du tré s o rn ’ a c c o rdait qu’une très faible importance auxcontraintes psychologiques. Tout au plus y fai-sait-on ré f é rence comme étant une des condi-tions de travail contraignantes parmi un ensem-ble de contraintes physiques.

Cette situation sera corrigée, puisque les con-traintes psychologiques, essentiellement asso-ciées au travail des femmes, seront mesurées, aumême titre que les contraintes physiques, essen-tiellement associées au travail des hommes.

Salaire ($)

Points

A

BC D

Illustration

Parallèlement aux travaux sur le plan d’évaluation des emplois, un comitéde travail a été mis sur pied pour déterminer les critères qui guideront lacomparaison entre les salaires des catégories d’emplois féminines et ceuxdes catégories d’emplois masculines. Cette comparaison ne pourra toutefoiss ’ e ffectuer qu’une fois l’exercice d’évaluation des emplois complété. Legraphique suivant illustre la méthode retenue pour calculer les ajustementsà être versés aux catégories d’emplois féminines. À partir des valeurs desemplois masculins et de leurs salaires, une courbe est tracée selon une for-mule mathématique donnée. Par la suite, on calcule l’écart salarial en com-parant le salaire des catégories d’emplois féminines avec la courbe ainsiobtenue. L’écart entre un salaire féminin donné et la courbe détermine l’a-justement à verser.

Rappelons que la convention collective conclue en mai 2000 prévoyait lerepositionnement des échelles de salaire des infirmières et des infirmière sb a c h e l i è res. Cet ajustement des échelles a été obtenu en comparant la valeurde ces emplois à la courbe des emplois masculins. Comme la Commissionde l’équité salariale a reconnu que la méthode de calcul des écarts salariauxretenue par le Conseil du trésor était empreinte de biais et qu’il devait doncre f a i re ses devoirs, c’est cet exercice que nous sommes à mener conjointe-ment au sein de l’intersyndicale. Nous pourrons alors constater si l’ajuste-ment obtenu à l’occasion du renouvellement de la convention collectiveétait suffisant ou non.

C’est donc à la fin août que l’intersyndicale a présenté ses commentaires surl’ensemble des éléments déposés en avril dernier par le Conseil du tré s o r, àl ’ é g a rd du mode d’estimation des écarts salariaux. Les parties ont convenud’ajouter à leurs discussions les questions reliées à l’identification des caté-gories d’emplois et leur prédominance sexuelle. À ce jour, seule une caté-gorie d’emplois est toujours en suspens, mais les discussions à ce sujetdevraient être finalisées sous peu.

Nous poursuivons toujours nos discussions au sujet du mode d’estimationdes écarts en intersyndicale et une proposition globale incluant les sous-fac-teurs et l’estimation des écarts devrait être déposée au cours des pro c h a i n sjours à nos vis-à-vis patro n a u x .

Le Conseil du trésor a aussi accepté de revoir soitla définition, soit la mesure de sous-facteurs quiexistaient déjà. Voici, sommairement, la naturedes modifications discutées.

Habiletés physiques et dextéritém a n u e l l e

Dans son évaluation, le Conseil du trésor s’attar-dait essentiellement aux habiletés physiques et àla dextérité manuelle requises lors de l’utilisationd’outils. Pourtant, beaucoup des tâches eff e c-tuées par les salariées se font directement sur lespersonnes sans que des outils soient utilisés. Ilétait donc important de corriger cette lacune.Ainsi, la nouvelle mesure de ce sous-facteur per-mettra de considérer les habiletés et la dextéritén é c e s s a i res avec ou sans outils.

Responsabilités à l’égard des personnes

Bien que nos discussions avec le Conseil du tré-sor ne soient pas encore complétées quant à lafaçon dont seront mesurées les responsabilités àl ’ é g a rd des personnes, on peut déjà affirmer quela mesure de ce sous-facteur sera revue afin def a i re en sorte que les responsabilités importantesqu’assument les salariées lors de la dispensationde soins et de services à des personnes, soientc o r rectement considéré e s .

Responsabilités financière,matérielle et organisationnelle

L’ a p p roche qui avait été retenue par le Conseildu trésor pour mesurer ces responsabilités faisaitbeaucoup ré f é rence aux impacts des erreurs auxplans matériel et financier. Il est certain que cettea p p roche rendait difficile la mesure des re s p o n-sabilités lorsque celles-ci étaient assumées dansle cadre d’activités de soins et de services re n d u sà la population. Une nouvelle mesure est en dis-cussion avec le Conseil du tré s o r, mesure quidevrait faciliter la prise en compte de ces re s p o n-s a b i l i t é s .

Responsabilités de supervision oude coordination d’activités

Alors que par le passé, la responsabilité de sur-veillance était abordée dans un cadre hiérar-chique en fonction d’une approche très mascu-line, dorénavant ce sont les responsabilités desupervision et de coordination qui seront consi-d é rées, approche qui permettra de pre n d re enconsidération toute l’amplitude de cette re s p o n-sabilité, y incluant la supervision pro f e s s i o n n e l l e .

Responsabilités de communication

La mesure de ce sous-facteur n’est pas encorea r rêtée avec le Conseil du tré s o r. Bien que lespositions soient à ce jour diamétralementopposées, nous ne doutons pas de parvenir à uneentente avec le Conseil du trésor sur une mesure

qui permettra de mettre en valeur les re s p o n-sabilités importantes qu’assument les salariéesen matière de communication.

Autonomie et jugementRaisonnement et créativité

Ces deux sous-facteurs en formaient trois aupa-ravant (autonomie, jugement et raisonnement).Ce nouveau découpage devrait permettre demieux mesurer la latitude décisionnelle dontjouissent les salariées, qu’elle soit hiérarc h i q u eou professionnelle, de même que les efforts intel-lectuels inhérents au raisonnement et à la cré a-t i v i t é

Concentration et attention s e n s o r i e l l e

La mesure de ce sous-facteur a été revue afin des ’ a s s u rer que le niveau de concentration néces-s a i re, le caractère simultané des tâches et laf réquence des interruptions soient corre c t e m e n tm e s u rés. Ainsi, les effort liés à la concentration età l’attention sensorielle seront véritablement prisen compte.

Autres facteurs

Enfin, tous les autres sous-facteurs du plan d’é-valuation ont été revus afin de permettre demieux pre n d re en compte les caractéristiquesp ro p res aux emplois à prédominance féminine.

DES SOUS-FACTEURS RÉVISÉS

LE MODE D’ESTIMATION DES ÉCARTS SALARIAUX