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CLAVER DIALLO DEVELOPPEMENT D'UN MODELE D'IDENTIFICATION ET DE GESTION DES PIÈCES DE RECHANGE Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en génie mécanique pour l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.) DÉPARTEMENT DE GÉNIE MÉCANIQUE FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2006 © Claver Diallo, 2006

developpement d'un modele d'identification et de gestion des pièces

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CLAVER DIALLO

DEVELOPPEMENT D'UN MODELED'IDENTIFICATION ET DE GESTION DES PIÈCES

DE RECHANGE

Thèse présentéeà la Faculté des études supérieures de l'Université Laval

dans le cadre du programme de doctorat en génie mécaniquepour l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.)

DÉPARTEMENT DE GÉNIE MÉCANIQUEFACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE

UNIVERSITÉ LAVALQUÉBEC

2006

© Claver Diallo, 2006

Résumé long

Cette thèse aborde le problème de l'identification et de la gestion des stocks de pièces de

rechange de systèmes dont les caractéristiques opératoires se dégradent avec l'âge et avec

l'usage. Le besoin d'avoir des stocks de pièces de rechange est dicté par la nécessité

d'assurer une continuité de service à des équipements assujettis à des défaillances

accidentelles. Toute interruption prolongée peut, en effet, se révéler coûteuse. L'objectif est

donc de proposer une démarche globale de gestion des stocks de pièces de rechange en

présentant les modèles et les outils d'aide à la décision qui permettront au preneur de

décision de répondre aux questions suivantes : quelles pièces tenir en stock ? Quand et

combien de ces pièces faut-il commander ? Que faire avec les pièces de rechange reçues ?

Faut-il faire les remplacements préventifs à la réception des pièces ou attendre la panne ?

Comment s'assurer de disposer des pièces requises tout en respectant le budget alloué ?

Une démarche basée sur l'indice de criticité est élaborée pour identifier les composants

pour lesquels des pièces de rechange sont requises. Plusieurs méthodes de détermination

des besoins en pièces de rechange sont proposées dans les cas où les lois de dégradation ou

l'historique de consommation sont connus. La simulation est aussi présentée comme un

outil valide et particulièrement intéressant dans les cas où les processus de consommation

et de réparation des pièces sont complexes. Après une revue des principales politiques de

gestion des stocks, des stratégies conjointes de maintenance et d'approvisionnement des

pièces sont analysées. Une stratégie conjointe pour la maximisation de la disponibilité sous

des contraintes budgétaires est développée. Le recours aux pièces reconditionnées est aussi

considéré et les conditions de leur utilisation efficiente sont dérivées. Finalement, nous

étudions diverses initiatives de gestion des stocks de pièces de rechange qui intègrent

l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Cette recherche a débouché sur plusieurs contributions intéressantes dans le domaine de la

gestion des stocks de pièces de rechange et de la récupération des équipements en fin de

vie. Un des nombreux outils et modèles développés est en phase finale de validation sur un

poste pilote. Plusieurs extensions des modèles développés sont aussi envisagées.

11

Avant-Propos

Au terme de mes études doctorales, je voudrais dire un grand merci à tous ceux et celles qui

m'ont soutenu d'une manière ou d'une autre, et sans qui je n'aurais pu réaliser mon

parcours académique.

Un grand merci à M. Daoud Aït-Kadi qui, plus qu'un directeur de recherche, aura été un

père de rechange pour moi. Sa grande disponibilité, sa générosité et son savoir ont

énormément contribué à la réalisation de cette thèse.

À Dina, Erwin et Ethan qui m'ont supporté durant toutes ces années et qui ont tant sacrifié

pour moi : je vous aime. Un gros merci à feu mon père, à ma mère Aoua Diallo, mes frères

et sœurs (Ahmed Roland, Aïcha Blandine, Madina Solange, Alima Béatrice et Ibrahim

Roger), qui m'ont soutenu et encouragé de loin.

Merci aussi à M. Anis Chelbi, de l'École Supérieure des Sciences et Techniques de Tunis

(ESSTT), pour sa collaboration et ses conseils tout au long de mes travaux de recherche.

Des remerciements sincères à M. Georges Abdul-Nour de l'Université du Québec à Trois-

Rivières, M. Abdelhakim Artiba de l'École de Technologie Supérieure de Montréal et M.

Alain Martel de l'Université Laval, qui ont accepté d'évaluer cette thèse.

Je tiens spécialement à remercier, « la gang du 3515 », mes comparses de tous les jours :

Marc Chouinard, Mustapha Ouhimmou, Isaac Soro, Jean-François Audy, Marc Lapointe,

Ayad El Rhalmi et Xavier Zwingmann - mon jumeau astral ».

Mes remerciements vont également à M. Christian Vancraenenbroeck, M. François

Routhier, au personnel du Programme des aides techniques de l'Institut de réadaptation en

déficience physique de Québec (IRDPQ), à M. Marcel Côté et M. Pierre Cantin, de la

Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), aux collègues du laboratoire SIMNET

de l'Université Laval.

Un grand merci à mon directeur de recherche, à la Fondation de l'Université Laval, à la

RAMQ pour leur soutien financier.

111

Merci aux responsables et au personnel du Centre de recherche sur les technologies de

l'organisation réseau (CENTOR) dont le cadre de travail et les infrastructures de recherche

m'ont procuré d'agréables conditions d'études.

Que sais-je, qui ne m'ait été transmis par tous ces enseignants passionnés dont j 'ai eu la

chance d'être l'écolier, l'élève et l'étudiant? Je vous exprime toute ma reconnaissance pour

votre vocation et votre disponibilité.

Finalement, j'exprime ma gratitude aux personnes dont les noms suivent : Youssef

Abbaoui, Abdelhak Achouri, Claude et Reine Bichotte, Sylvie Brodeur, Redouan El

Chadhi, Nadia et Leila Dahan, Hélène Fafard, Augustin Gakwaya, la famille Hamel, Karine

Herreyre, Anouar Jamali, AbdelKader Hammami, Heidi Khaffel, la famille Konté, Detlef

Kretshmer, Robert LaPointe, Lise Leclerc, Steve Légaré, Pierrette Lemieux, la famille

Lingani, la famille Lopes, la famille Luzincourt, Marc Richard, Angel Ruiz, Dominique

Poulin, Diane Poulin, Johanne Pouliot.

IV

À la mémoire de mon pèreAlbert H.S. Diallo

et à la mémoire de mon beau-frèreJoël Lopes.

Table des matières

Table des matières y

Liste des tableaux vii

Liste des figures viii

Acronymes x

Notations xi

Introduction 1

Chapitre 1 : Identification des pièces de rechange 7

1.1. Cadre général 7

1.2. Les critères de décision 101.2.1. La fiabilité 101.2.2. La disponibilité 111.2.3. Les coûts de maintenance 111.2.4. Impacts et fréquence de la panne 131.2.5. La criticité 13

1.3. Les outils d'évaluation et de classification 151.3.1. La loi de Pareto 151.3.2. La classification matricielle 171.3.3. La méthode PIEU : 171.3.4. L'AMDEC 191.3.5. Le facteur d'importance marginale (MIF) 201.3.6. Les méthodes multicritères 23

Chapitre 2 : Estimation et calcul des besoins en pièces de rechange 24

2.1. Estimation basée sur la loi de dégradation du composant 24

2.2. Estimation des besoins dans le cas de composants pouvant être réparés et remis enservice : Le « repairman problem » 31

2.3. Estimation des besoins à l'aide de modèles de prévisions 352.3.1. La moyenne mobile pondérée 382.3.2. Le lissage exponentiel simple 382.3.3. Le modèle de Croston modifié 392.3.4. La méthode du bootstrap 402.3.5. Cas d'application 41

2.4. Estimation des besoins par la simulation 42

Chapitre 3 : Modèles classiques de la gestion des inventaires 46

3.1. La classification des pièces aux fins de la gestion des stocks 473.1.1. La méthode basée sur la loi de Pareto 473.1.2. Les méthodes multicritères 473.1.3. La méthode basée sur le coefficient de variation de la demande 47

3.2. Les politiques de contrôle des inventaires 50

3.3. Les modèles classiques de gestion des stocks 513.3.1. Le modèle de Wilson 52

VI

3.3.2. Le système (s,Q) 553.3.3. Le système (s,S) 563.3.4. Le système (S,R) 583.3.5. Le système (5-7,5) 60

Chapitre 4 : Gestion conjointe des stocks et de la maintenance 64

4.1. Modèles conjoints pour l'approvisionnement unitaire 654.1.1. Modèle de base sans maintenance préventive 654.1.2. Modèle avec maintenance préventive 674.1.3. Modèle d'approvisionnement unitaire avec réparation minimale 75

4.4. Modèles conjoints pour l'approvisionnement par lot 804.4.1. Aperçu général 804.4.2. Stratégie conjointe de gestion des stocks de pièces de rechange pour la maximisation de ladisponibilité 82

Chapitre 5 : Impacts des pièces reconditionnées 95

5.1. Impacts des pièces reconditionnées sur les stratégies de maintenance 965.1.1. Détermination de l'âge des pièces reconditionnées à utiliser 965.1.2. Stratégies de maintenance utilisant les pièces reconditionnées 101

5.2. Impact des pièces reconditionnées sur la gestion des stocks 1035.2.1. Quantités économiques à commander pour un système d'inventaire avec retours 1075.2.2. Modèle de gestion des stocks à un paramètre pour des cas de demande et de retours Poissonniensintégrant l'option d'élimination 112

Chapitre 6 : Contributions des TIC à la gestion collaborative des PdR 116

6.1. Définitions 117

6.2. L'accès à la documentation et aux bases de connaissance 117

6.3. La réduction du délai d'approvisionnement 118

6.4. Contribution de la gestion collaborative à la gestion des stocks de pièces de rechange 1196.4.1. La mutualisation des stocks de pièces de rechange 1206.4.2. Le regroupement des commandes 1286.4.3. Coordination entre le client et son fournisseur 134

Chapitre 7 : Récupération des pièces reconditionnées 140

7.1. Les modèles et outils d'aide à la décision de la logistique inversée 140

7.2. Cas d'étude : les fauteuils roulants usagés de la RAMQ 1437.2.1. Introduction 1437.2.2. Les critères de tri retenus 1447.2.3. Les arbres de décision 1517.2.4. L'analyse multicritère 1527.2.5. Le programme mathématique 162

Conclusion 172

Bibliographie 175

vil

Liste des tableaux

Tableau 1.1: Grille d'évaluation de la criticité (réf. LavinaY. 1992) 18

Tableau 1.2: Grille d'évaluation de la criticité proposée 19

Tableau 2.1: Relations entre les différentes caractéristiques f(.), F(.), R(.) et r(.) 26

Tableau 2.2: Choix d'un modèle de prévision pour les pièces de rechange 37

Tableau 2.3 : Résultats des simulations 44

Tableau 3.1 : Classification de la demande en 5 classes (Eaves et Kingsman) 49

Tableau 3.2 : Stratégie de contrôle selon la classe de l'article 51

Tableau 4.1: Résultats numériques pour a = 1 et X = 2 92

Tableau 4.2 : Résultats numériques pour a = 2 et X = 2 92

Tableau 6.1 : Tableau récapitulatif des actions de réduction du coût total de gestion 139

Tableau 7.1 : Principales alternatives de récupération de valeur 142

Tableau 7.2 : Pondération des critères 150

Tableau 7.3 : Benchmark de Altman 160

Tableau 7.4 : Benchmark de Emam 160

vin

Liste des figures

Figure 1.1 : Processus d'identification des pièces de rechange 9

Figure 1.2 : Exemple de filtre de décision 9

Figure 1.3 : Classification par la méthode de Pareto selon le coût de panne 16

Figure 1.4 : Exemple d'une structure de fonctionnement multi-composants 20

Figure 2.1 : Diagramme du processus de traitement des données 25

Figure 2.2 : Procédure de calcul du nombre de pièces de rechange 28

Figure 2.3 : Abaque de détermination du nombre de pièces de rechange 30

Figure 2.4 : Composantes d'un système de soutien logistique intégré pour un parc de N

machines 31

Figure 2.5 : Chaîne de Markov associée au processus de défaillance et de réparation 33

Figure 2.6 : Modèle de prévision selon le profil du taux de panne 36

Figure 2.7 : Diagramme du fonctionnement du modèle de Croston 39

Figure 2.8 : Comparaison de 3 méthodes de prévisions pour un article à faible demande...41

Figure 2.9 : Modèle de simulation à l'instant initial 43

Figure 2.10 : État de différents compteurs après 8400 heures de simulation 44

Figure 3.1 : Profil du stock pour le modèle avec demande et délai constants 52

Figure 3.2 : Profil du stock pour le modèle EOQ dans le cas où la demande est discrète....53

Figure 3.3 : Profil du stock pour le système (s,Q) avec stock de sécurité 55

Figure 3.4 : Profil du stock pour le système (s,S) 56

Figure 3.5 : Profil du stock pour le système (S,R) 59

Figure 3.6 : Profil du stock pour le système (S-1,S) 60

Figure 4.1 : Schéma du cycle de remplacement et de commande unitaire 65

Figure 4.2 : Scénarii de la stratégie d'approvisionnement avec réparations minimales 76

Figure 4.3 : Illustration des cycles de réapprovisionnement 83

Figure 4.4 : Profil du niveau du stock pendant le délai de réapprovisionnement 86

Figure 4.5 : Variation du stock de PdR durant un cycle de réapprovisionnement 90

Figure 5.1 : Représentation graphique de cp(x) 101

Figure 5.2 : Diagramme des transactions en mode classique de gestion des stocks 104

Figure 5.3 : Diagramme des transactions en mode de gestion des stocks avec retour 104

Figure 5.4 : Profil des stocks pour la politique (1,5) 109

IX

Figure 5.5 : Profil des stocks pour la politique (2,1) 111

Figure 6.1 : Exemple de structure décentralisation physique 121

Figure 6.2 : Exemple de structure de centralisation virtuelle 121

Figure 6.3 : Variation du nombre de pièces de rechange par machine en fonction de la taille

N du parc-machines et du niveau de disponibilité désiré 124

Figure 6.4 : Répartition des coûts de commande 129

Figure 6.5 : Exemple de cycles de commande pour plusieurs articles 130

Figure 7.1 : Échelle de répartition des poids et des critères 150

Figure 7.2 : Arbre de décision pour les fauteuils manuels 152

Figure 7.3 : Arbre de décision pour choisir la bonne méthode (source : Schârlig 1996)... 154

Figure 7.4 : Organigramme de la trichotomie de Moscarola et Roy 156

Figure 7.5 : Fonctions de transfert 157

Figure 7.6 : Aperçu de la page d'accueil de CAAMUS 158

Figure 7.7 : Aperçu de la page de calcul du coût estimé de remise en état 158

Figure 7.8 : Répartition des coûts et des revenus potentiels 162

Acronymes

AHP Analytic Hierarchy Process

AM Aides à la mobilité

AMDEC Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité

ARP Politique de remplacement de type âge - « Age replacement policy »

BRP Politique de remplacement de type bloc - « Bloc replacement policy »

CFAO Conception - Fabrication Assistée par Ordinateur

fdp fonction de densité de probabilité

FR Fauteuil Roulant

GMAO Gestion de la maintenance assistée par ordinateur

IRDPQ Institut de réadaptation en déficience physique de Québec

JRP Politique d'approvisionnement groupé - « Joint Replenishment Policy »

METRIC « Multi-Echelon Technique for Recoverable Item Control »

MIF Facteur d'importance marginale - « Marginal Importance factor »

MRP Politique de réparation minimale - « Minimal Repair Policy »

MTBF Moyenne des temps entre défaillances - « Mean Time Between Failure »

M T r ^ Moyenne des Temps jusqu^à la Toute-première déFaillance - « Mean TimeTo (First) Failure »

MTTR Moyenne des Temps Techniques de Réparation

MUT Moyenne des Temps de Fonctionnement - « Mean Uptime »

NTI Nouvelles technologies de l'information

PdR Pièce de rechange

RAMQ Régie de l'assurance maladie du Québec

(N)TIC (Nouvelles) Technologies de l'information et de la Communication

UTR Proportion du temps de bon fonctionnement - « Up Time Ratio »

u.t. Unité de temps

v.a. Variable aléatoire

VMI Inventaire géré par le vendeur - « Vendor-Managed Inventory »

XI

Notations

Les notations suivantes sont utilisées dans toute la thèse, à moins d'une définition locale

différente qui sera alors bien indiquée et restreinte à la section particulière où elle apparaît.

CTT(.) : coût total moyen de gestion par unité de temps sur un horizon infini ($/u.t.)">

T : durée d'un cycle d'approvisionnement

Tm : durée moyenne du cycle de réapprovisionnement;

Q : quantité à commander;

D : demande sur l'horizon considéré (demande mensuelle ou annuelle)

s : point de commande;

A : coût de passation d'une commande ($);

h : coût de stockage unitaire par unité de temps ($/unité/u.t.);

K : coût de pénurie unitaire par unité de temps ($/unité/u.t.);

C : coût d'acquisition d'une unité d'article

e : taux de dépérissement du stock

Tc : durée moyenne d'un remplacement à la panne;

Tp : durée d'un remplacement préventif;

Ta : durée moyenne d'inactivité pour cause de pénurie de pièce de rechange;

Cp : coût d'un remplacement préventif ($);

Ce : coût d'un remplacement à la panne [Cp < Cc] ($);

f(.) : fonction de densité de probabilité (fdp) associée aux durées de vie du système;

F(.) : fonction de distribution des durées de vie du système;

h(.) : fdp associée aux durées de remplacement correctif;

H(.) : fonction de distribution des durées de remplacement correctif;

g(. ) : fonction de densité de probabilité associée à la demande pendant le délai deréapprovisionnement. Demande moyenne : fxg et écart-type : ag.

M(t) : nombre moyen de remplacements à la panne dans l'intervalle [0,t];

: coût total moyen des actions de maintenance par unité de temps ($/u.t.);

: coût total moyen de gestion des inventaires par unité de temps ($/u.t.);

SA(.) : disponibilité stationnaire du système;

T : délai de réapprovisionnement aussi noté LT.

Introduction

Cette thèse aborde le problème de l'identification et de la gestion des stocks de pièces de

rechange. Elle s'inscrit dans le cadre d'une problématique globale de modélisation et

d'optimisation de la disponibilité des équipements sujets à des défaillances aléatoires. Que

ce soit dans un contexte industriel, militaire ou de la vie courante, on attend d'un

équipement qu'il soit en bon état de fonctionnement au moment de s'en servir. Cette

mesure de la performance, appelée disponibilité, est surtout affectée par les interruptions de

services causées par les pannes aléatoires qui peuvent survenir. Ces interruptions de service

sont indésirables et peuvent être lourdes de conséquences aussi bien au niveau humain que

financier. Si de plus, les pièces nécessaires au remplacement des composants défaillants ne

sont pas disponibles, alors l'équipement est durablement immobilisé. Pour remédier à de

tels inconvénients, des stocks de pièces de rechange sont constitués afin de permettre le

remplacement rapide des composants défaillants et assurer une continuité des opérations.

Les missions embarquées (navette spatiale, liaisons aériennes, opérations militaires) se fient

uniquement aux pièces de rechange emportées pour assurer leur succès [125].

Toutefois, les coûts de maintien de ces stocks de pièces de rechange sont élevés et peuvent

accroître significativement le coût des produits ou services offerts à la clientèle. Il importe

alors de judicieusement identifier les composants pour lesquels des pièces de rechanges

seront tenues en stock et d'établir les règles et paramètres de leur gestion en sachant que

d'une part, une pénurie peut se révéler catastrophique et que d'autre part, les ressources

et/ou capacités, en terme de poids, d'espace ou de budget disponibles, sont limitées.

Même si ce problème se pose, aujourd'hui, avec acuité dans plusieurs entreprises à cause de

la compétitivité accrue, il est rapporté dans la littérature scientifique que le problème des

stocks de pièces de rechange remonte à l'époque des premières expéditions de chasses de la

préhistoire. Bleed [23] indique que pour réparer leurs armes, lors d'excursions de chasses,

les tribus primitives utilisaient des kits de pièces de rechange constitués de pointes fléchées,

de tiges de bois, de bande de latex, de crocs d'animaux. L'auteur montre aussi les

préoccupations de fiabilité et de maintenabilité, qui fondent déjà à cette époque, la

conception de ces outils primitifs de chasse. Les quantités de pièces emportées lors des

expéditions de chasses n'étaient déterminées que par l'expérience ou les capacités de

fabrication. D'ailleurs, l'expérience et les méthodes empiriques resteront les seuls moyens

de résolution des problèmes de stockage jusqu'à la révolution industrielle. Au début du

20ème siècle apparaissent les premières applications des techniques analytiques à la

résolution des problèmes de stockage. Comme le mentionnent Hadley et Whitin [92],

l'essor des modèles mathématiques en analyse des stocks semble provenir du

développement de l'industrie de fabrication en général et de la construction mécanique en

particulier. En 1913, Ford Harris de la société Westinghouse établit le premier la formule

de la quantité économique plus connue sous le nom de formule de Wilson [72].

Ironiquement, R.H. Wilson n'a pas établi la dite formule. Il a simplement utilisé cette

relation dans un système de gestion qu'il a commercialisé et qui l'a en retour rendu

populaire. Après la deuxième guerre mondiale, la gestion des stocks connaît un essor

considérable notamment grâce au développement de la recherche opérationnelle et aux

applications militaires. Dès lors, les modèles analytiques proposés commencent à

s'intéresser à la nature aléatoire des problèmes de stocks. Au début des années 1960, ce

domaine de recherche connaît un foisonnement extraordinaire qui voit le développement

d'une diversité de modèles et d'applications. Depuis le début des années 1990, une

nouvelle dynamique, « la gestion des chaînes d'approvisionnement », s'est mise en place et

consiste à exploiter les nouveaux moyens de communication pour établir une collaboration

entre partenaires, permettant d'améliorer la gestion des stocks.

De nos jours, malgré l'existence d'une grande variété de modèles de gestion des

inventaires, la gestion des stocks de pièces de rechange constitue un défi de taille pour

plusieurs organisations parce que les pièces de rechange comportent des particularités qui

les différentient des autres produits [102]. Elles sont conçues pour un usage spécifique, leur

consommation est régie par un processus aléatoire, leurs délais d'approvisionnement sont

variables et le plus souvent inconnus. De plus, ces pièces sont assujetties à l'obsolescence

et à la détérioration durant la période de temps qu'elles passent en stockage et elles sont

difficiles à revendre. Utilisées aussi bien pour des opérations de maintenance corrective que

préventive, elles peuvent être réparables ou non. À cause du caractère spécifique des pièces

de rechange, la plupart des entreprises s'approvisionnent directement auprès des

constructeurs qui ne sont pas toujours facilement accessibles.

L'objectif de cette étude est donc de proposer une approche globale de gestion des stocks

de pièces de rechange pour des systèmes multi-composants sujets à des défaillances

aléatoires. Cette approche est motivée par le souci de rationalisation à tous les niveaux du

processus de décision. Pour chaque aspect du problème qui sera abordé, nous appuierons

notre développement par des résultats numériques et/ou des outils d'aide à la décision.

Cette thèse abordera, au chapitre 1, le problème de l'identification des composants pour

lesquels des pièces de rechange doivent être tenues en stock. La liste des pièces de rechange

suggérées par les constructeurs est rarement remise en cause par les clients qui ne disposent

pas nécessairement d'une connaissance suffisante sur la tenue de chaque composant pour

en estimer la durée de vie et les risques de défaillance. L'élaboration de cette liste repose

généralement sur l'expertise du constructeur, de ses distributeurs agréés et sur des

considérations plutôt commerciales [63]. Une étude réalisée par Melvold [129] auprès de

stations électriques utilisant des transformateurs à haute-tension montre que 71% de ces

stations ont acheté le kit complet de pièces de rechange suggéré par les constructeurs. La

méthodologie que nous suggérons est basée sur le calcul d'un indice de criticité des

composants. Nous proposerons, aussi, plusieurs méthodes et outils ainsi que les critères de

décision requis pour évaluer cet indice de criticité.

Une fois que les composants qui nécessitent des pièces de rechange seront connus, nous

déterminerons les besoins pour chacun. Le chapitre 2 proposera quatre approches de

détermination des besoins. La première approche repose sur l'exploitation des résultats de

la fiabilité des systèmes dans le cas où la loi de dégradation du composant est connue. La

deuxième approche utilise une modélisation par chaîne de Markov du processus de

défaillance et de réparation dans le cas d'un parc de composants qui sont réparables. La

troisième approche est basée sur les méthodes de prévisions et peut être utilisée lorsqu'un

historique de consommation des pièces est disponible. Cet historique peut être celui d'un

équipement semblable à celui en considération. La quatrième approche est la simulation qui

aboutit à d'excellents résultats lorsqu'il est difficile d'obtenir des modèles mathématique-

ment simples à traiter par les deux premières approches citées. Un exemple numérique est

donné pour illustrer l'utilisation de la simulation et souligner que les résultats obtenus sont

en accord avec les approches analytiques.

Le chapitre 3 sera consacré à la classification des pièces de rechange à des fins de gestion

des stpcks et à une brève présentation des principales politiques de contrôle des stocks de

pièces de rechange. Les modèles de détermination des paramètres de gestion seront exposés

ainsi que les algorithmes de calculs les plus performants.

Puisque les pièces de rechange sont surtout utilisées pour effectuer des actions de

maintenance, il semble intuitif qu'une politique d'approvisionnement des pièces de

rechange qui intègre les stratégies de maintenance soit plus efficace. Ces stratégies dites

conjointes feront l'objet du chapitre 4. On distinguera les modèles conjoints

d'approvisionnement unitaire, développés pour les articles essentiels, coûteux et à faible

circulation, des modèles conjoints d'approvisionnement par lot. Nous présenterons un

modèle de base sans maintenance préventive suivi de deux stratégies intégrant la

maintenance préventive. La première de ces stratégies a recours au remplacement préventif

à la livraison de la rechange ou à la panne du composant. Les conditions pour choisir

l'instant du remplacement optimal seront alors établies. L'autre stratégie suggère de lancer

la commande après la nlème panne et d'effectuer le remplacement préventif après la ^ème

panne. Les modèles de détermination de n et k seront développés dans le cas où les coûts de

réparation sont constants et dans le cas où ils augmentent linéairement. Un exemple

numérique illustrera ces modèles. Finalement, nous développerons un modèle conjoint

d'approvisionnement par lot dont l'objectif est de maximiser la disponibilité d'un système

faisant l'objet d'une stratégie de remplacement de type bloc sous des contraintes

budgétaires. Une procédure numérique est utilisée pour calculer la stratégie optimale dans

deux cas particuliers.

Au chapitre 5, nous nous intéresserons aux pièces de rechanges reconditionnées dont le

coût d'achat est faible et qui devraient permettre de baisser les coûts d'opération. Les

modèles de décision pour l'utilisation efficiente de ces pièces reconditionnées seront

élaborés. Puis nous analyserons les changements que ces pièces apportent aux stratégies de

maintenance et aux politiques de gestion des stocks.

En gestion des stocks, la période entre la passation de la commande et sa réception, appelée

délai de réapprovisionnement, est généralement la période où le risque de pénurie est le

plus élevé. Pour s'en prémunir, il faut soit augmenter le point de commande ou se garder un

stock de sécurité. Il apparaît alors que la réduction de ce délai de réapprovisionnement peut

significativement contribuer à baisser le niveau des stocks maintenus. Une méthode

efficace de réduction du délai de réapprovisionnement est l'adoption des transactions

électroniques et plus généralement les nouvelles technologies de l'information. Ainsi, le

chapitre 6 sera consacré à l'étude des impacts des technologies de l'information et de la

communication (TIC) sur la gestion des stocks de pièces. Hormis la réduction du délai de

réapprovisionnement, les TIC contribuent à la mise en œuvre de diverses stratégies de

collaboration telles que la centralisation virtuelle des stocks, le regroupement des

commandes inter-entreprises, etc. Nous analyserons la mise en commun des stocks de

plusieurs organisations et dériverons les conditions sous lesquelles elle aboutit à une

réduction du niveau des stocks. Nous passerons ensuite en revue plusieurs stratégies de

gestion collaborative des stocks de pièces de rechange. Un tableau récapitulatif des actions

de réduction du coût total de gestion des pièces de rechange mettra un terme à ce chapitre.

Au chapitre 7, nous traiterons d'un processus de récupération d'équipements en fin de cycle

de vie puisqu'une des principales alternatives de récupération est le démontage des

composants pour réutilisation comme pièce de rechange reconditionnées. Nous définirons

la logistique inversée et présenterons les modèles et outils développés pour la récupération

des fauteuils roulants usagés pour le compte de la Régie de l'assurance maladie du Québec

(RAMQ). Dans un premier temps, nous établirons une liste de critères pour la sélection des

options de récupération. Ensuite, nous élaborerons un arbre de décision et un outil d'aide à

la décision basé sur l'analyse multicritère pour choisir l'option de récupération appropriée.

Nous exposerons les tests de validation et de fidélité de l'outil multicritère d'aide à la

décision. Enfin, nous développerons un modèle de programmation mathématique qui

pourra être utilisé pour sélectionner l'option de récupération lorsque des données précises et

fiables seront disponibles.

La conclusion générale résumera le travail accompli et présentera quelques unes des

extensions envisagées pour les modèles qui auront été développés.

Par souci de clarté et afin de faciliter l'accès au contenu de cette thèse, à des personnes

concernées par la gestion des stocks de pièces de rechange, nous avons volontairement

repris certains concepts de base de la gestion des stocks et illustré, par des exemples

numériques, certains outils d'aide à la décision.

Chapitre 1

Identification des pièces de rechange

1.1. Cadre généralLors de l'acquisition d'un système, on est souvent confronté à la délicate question de

l'identification des composants qui risquent de tomber en panne sur l'horizon

d'exploitation considéré et pour lesquels des stocks de pièces de rechange sont à prévoir.

En l'absence de données et d'informations permettant d'apprécier le processus de

dégradation d'un composant en vue d'estimer sa probabilité de défaillance sur la durée de

vie économique du système, on se fie généralement aux recommandations du constructeur.

Ce dernier se contente parfois de fournir une liste de composants à garder en stock en se

basant sur ses propres retours d'expériences, sur des données issues d'essais effectués selon

des procédures normalisées ou sur des analyses plus élaborées des modes de défaillance du

système et de ses principaux composants. De nos jours, cette pratique est de plus en plus en

vigueur chez tous les constructeurs d'équipements qui désirent demeurer compétitifs.

Désormais le fournisseur est appelé non seulement à répondre à des besoins identifiés par le

client mais surtout à les anticiper et à faire la preuve que les produits et services offerts sont

équivalents sinon supérieurs à ce qui est disponible sur le marché.

8

En matière d'acquisition d'équipements ou de systèmes, le client peut réclamer toute

information pouvant l'aider à tirer un maximum de profit de son équipement et ce, sur tout

son cycle de vie. De plus en plus de clients exigent de leurs fournisseurs, pour certains

composants jugés critiques, la loi de dégradation, une analyse des modes de défaillance, de

leurs effets et de leur criticité (AMDEC), etc.

Ayant accès à ces données, il devient alors possible d'identifier les composants pour

lesquels des rechanges sont à prévoir. Ainsi, si pour un composant i donné, la distribution

Ft(.) associée aux durées de vie, ou le taux de panne r,fj, ou la fonction de densité fi. ) , ou

la fonction de fiabilité Rt(.) sont connues, alors des rechanges sont à prévoir si :

Fi(t) > F* (1.1)

où F* est le risque de défaillance jugé acceptable par le client sur la durée de vie

économique t de l'équipement.

Il est aussi possible de baser la décision sur un indice de criticité obtenu à partir de

l'AMDEC ou en se référant à des équipements similaires ou encore en se basant, tout

simplement, sur les recommandations d'experts internes ou externes.

La figure 1.1 présente le processus général d'identification des composants pour lesquels

des rechanges sont à prévoir.

Lorsque la liste préliminaire de pièces de rechange est établie, il faut la soumettre à des

filtres pour sélectionner les pièces qui seront tenues en stock localement dans le magasin

plutôt qu'approvisionnées au besoin. Un exemple de ces filtres est présenté à la figure 1.2.

Ce filtre prend en compte les coûts d'acquisition ou de production, les coûts de réparation,

les délais et l'existence ou non de signe avant-coureurs des défaillances.

Informations complètesdisponibles

' Fiabilité1 Disponibilité* Taux de pannes* Effet des pannes' Sécurité* etc..

Sélectionner le ou lescritères de décision àconsidérer selon lesdonnées disponibles

ParetoMéthode PEUAnalyse multicritèreAMDECMIF BirnbaumEtc..

Sélectionner le ou lesoutils d'aide à la

décision approprié(s)au(x) critères retenu(s)

7

Informations partiellesdisponibles

Machines similaires* Propriétaires dematériel identique

Bases deconnaissance

Colligier des donnéesde machines similaireset/ou du constructeur

du matériel

Évaluer chaquecomposant

Peu ou pas d'informationsdisponibles

Utiliser lesrecommendations du

constructeur dumatériel

Générer une liste préliminaire de pièces derechange rangées en 2 ou 3 classes distinctes

Soumettre cette liste à des filtrestechniques, économiques et stratégiques

Liste finale des pièces de rechangerangées en 2 ou 3 classes

Figure 1.1: Processus d'identification des pièces de rechange

Répareret ré-utiliser

Fabriquerau besoin

Acheter lesquantités requiseslorsque nécessaire

Acheter etstocker

Figure 1.2 : Exemple de filtre de décision

10

Les composants retenus sont classés par ordre d'importance en utilisant, à titre indicatif,

soit la méthode de Pareto, soit la méthode PIEU ou soit une méthode d'analyse multicritère

[26;121]. D'autres méthodes telles que les facteurs d'importance et la logique floue peuvent

aussi servir [5;68]. Cette classification permet d'accorder plus d'attention aux composants

jugés importants notamment dans le cas où la liste de pièces de rechange comporte un

grand nombre de composants et que les ressources requises pour les traiter sont limitées.

1.2. Les critères de décision

Les critères de décision les plus souvent utilisés pour justifier qu'une pièce est mise en

stock pour servir de rechange sont : la criticité, la fiabilité, la disponibilité, les impacts

d'une panne, la fréquence des pannes et les coûts de maintenance encourus en cas de panne.

Le plus souvent, par souci de simplification ou d'ignorance des outils d'analyse

disponibles, seuls un ou deux de ces critères sont considérés dans les analyses.

Nous passons en revue chacun de ces critères de décision en prenant soin de les définir et

de montrer leur pertinence pour l'identification des pièces de rechange.

1.2.1. La fiabilitéLa fiabilité, notée R(t), est une caractéristique d'un système, exprimée par la probabilité

qu'il accomplisse la fonction pour laquelle il a été conçu, dans des conditions données et

pour une mission de durée t donnée.

Pour un système dont la défaillance est catastrophique, et donc pour lequel la réparation

n'est pas envisageable, la fiabilité est le critère de sélection désigné. La section 2.1. du

chapitre 2 abordera la détermination et l'évaluation de la fiabilité.

Le critère de fiabilité permettra de classer différents composants selon leur capacité à

remplir leur fonction respective pour une mission de durée donnée. Les composants dont la

fiabilité R(t) est inférieure à 1 — F*(t) pourront alors faire partie de la liste des pièces de

rechange potentielles.

11

1.2.2. La disponibilitéLa disponibilité instantanée A(t), est la probabilité que le système soit en opération au

temps t si, à chaque panne, une action de maintenance est entreprise pour remettre le

système en état de fonctionnement. La disponibilité stationnaire, notée UTR pour « Up

Time Ratio », est la proportion du temps moyen de bon fonctionnement sur le temps total.

Pour un système qui fait l'objet de réparations à la panne, la disponibilité est le critère de

sélection indiqué. Comme dans le cas de la fiabilité, ce critère permettra de classer

différents composants selon leur capacité à être en état de fonctionner. Les composants

ayant la disponibilité la plus faible pourront alors faire partie de la liste des pièces de

rechange potentielles.

1.2.3. Les coûts de maintenanceLes coûts reliés à la maintenance peuvent être répartis en deux groupes : les coûts directs et

les coûts indirects [34].

Les coûts directs. Ces coûts comprennent :

a) Les coûts de la main-d'œuvre.

Le coût de la main-d'œuvre est égal au produit du temps pris pour effectuer une tâche

de maintenance par le taux horaire de l'employé qui a exécuté cette tâche. La durée

d'exécution de la tâche est généralement saisie à partir des bons de travail complétés

par l'employé. Cette durée dépend essentiellement des moyens disponibles pour

effectuer le travail et du niveau de qualification de l'employé. Les taux horaires sont

généralement fournis par le service de comptabilité et ils intègrent, outre le salaire,

l'ensemble des charges sociales afférentes au niveau de qualification de l'employé.

b) Les frais généraux.

Ce sont les frais fixes du service de maintenance. Ils sont généralement calculés au

mois et ramenés à l'heure d'activité. Ces frais comprennent les salaires des cadres, les

loyers, les assurances, les impôts directs, les frais de chauffage, d'éclairage et de

téléphone, les véhicules de service, etc.

12

c) Les coûts de possession des stocks, des outillages et des machines.

Ces coûts sont caractérisés par un taux d'amortissement et une évaluation des pertes et

dépréciations dues au stockage. Ils comprennent aussi les coûts de tenue des stocks

dans les magasins.

d) Les coûts reliés à la consommation de matières, de fournitures et de produits.

Ces coûts comprennent les coûts reliés à la passation de commande, au transport et à

l'achat de matières et fournitures diverses nécessaires à l'exécution des tâches de

maintenance.

e) Les coûts des travaux sous-traités.

Ces coûts sont généralement saisis directement à partir des factures des prestataires de

service.

Les coûts indirects de maintenance. Les coûts indirects sont reliés aux pertes de

production suite à une défaillance accidentelle d'une ou de plusieurs machines. Ces coûts

comprennent :

• Les coûts de perte de produits non fabriqués, des matières premières en cours de

transformation et de la non qualité après la panne ;

• Les coûts de main-d'œuvre non utilisée ;

• Les coûts d'amortissement de la machinerie en arrêt ;

• Les frais de remise en route de la production.

Les frais induits par les délais non respectés (pénalité de retard, perte de clientèle ou de part

de marché, .. .etc.) sont souvent difficiles à évaluer quantitativement.

Ces coûts indirects reliés à l'inactivité sont généralement estimés par le rapport de la perte

de production annuelle incluant tous les coûts ci-dessus mentionnés sur le nombre d'heure

de production par an. Ce rapport est exprimé en $/heure d'inactivité.

Les coûts de maintenance peuvent être utilisés pour détecter les machines qui sont les plus

coûteuses à entretenir et pour lesquelles il faut un suivi plus rigoureux. Le détail des coûts

13

de maintenance par composants de ces machines permet de détecter les pièces dont la

maintenance coûte cher à l'entreprise qui peut alors décider de surveiller davantage ces

composants et de procéder à une analyse plus fine des coûts de maintenance de ces pièces.

Plus précisément le ratio RG défini ci-après sera très intéressant à évaluer.

y) coûts indirects du composant considéréRG = —^=^

coûts directs du même composant

Si ce ratio RG est supérieur à 1 cela signifie par définition que les coûts encourus suite à

une défaillance du composant sont plus élevés que les coûts liés à la possession d'une

rechange et au remplacement du composant défectueux. Pour des composants ayant i?G>l,

il devient intéressant de les tenir en stock pour procéder au remplacement avant la panne ou

immédiatement après la panne.

1.2.4. Impacts et fréquence de la panneLa panne ou la défaillance d'un système engendre le plus souvent de la non-qualité

(dommages à la production), des pertes de production (ou de service) par arrêts auxquels

peuvent s'ajouter des dommages aux installations, aux personnes et à l'environnement.

Pour des composants dont les défaillances résultent en des conséquences coûteuses, il peut

devenir intéressant d'avoir des pièces en stock et de procéder à une surveillance des

dégradations afin de procéder aux remplacements avant que ne survienne la panne. Il en est

de même si les conséquences des pannes ou des défaillances d'un système sont mineures

mais qu'elles se produisent fréquemment.

1.2.5. La criticitéLa criticité d'un système traduit l'importance que revêt le système pour assurer un

fonctionnement sûr et efficace de l'ensemble auquel il appartient [54]. La criticité est

définie comme la gravité des conséquences d'une défaillance ou d'une panne du système.

Plusieurs méthodes et formules de calcul de la criticité existent et tendent à calculer un

indicateur qui est le produit des différents indices qui définissent la gravité de la panne. Par

exemple, la criticité C d'une panne donnée peut être définie par un preneur de décision

14

comme le produit de sa sévérité S avec son occurrence O et avec sa difficulté de détection

D.

C = SxOxD (1.2)

Un autre preneur de décision pourrait définir autrement la criticité en fonction des réalités

de son environnement. Cependant, la définition la plus courante est celle donnée par

l'équation (1.2) qui provient de la méthode AMDEC.

La panne d'un composant peut être due à plusieurs causes. Chaque cause engendre un

mode de défaillance qui est l'effet par lequel la défaillance est observée. Par exemple, la

panne du dispositif de freinage d'une automobile peut provenir de l'usure des plaquettes.

On dira alors que, l'usure est le mode de défaillance par lequel le réparateur reconnaît cette

défaillance. Puisque la défaillance du même composant peut faire intervenir plusieurs

causes de défaillances, on définira alors un indice ou index de criticité par mode de

défaillance qu'on calcule à partir de la formule suivante [189] :

Ck = %A' KE ' akp • Pk " \ * T (1-3)

où:

Ck '• l'indice de criticité selon le mode de défaillance k.

KA : le facteur d'ajustement du taux de panne pour tenir compte des conditionsréelles d'opération.

KE : le facteur d'ajustement du taux de panne pour tenir compte des conditionsréelles d'environnement.

Okp • La proportion des défaillances du composant p qui sont occasionnées par lemode de défaillance k.

pk : la probabilité conditionnelle que le mode de défaillance k engendre ladéfaillance identifiée.

Ap : taux de panne du composant p.

T : durée de mission considérée.

Un système ou composant qui possède une criticité élevée sera inscrit dans la liste de pièces

de rechange potentielles.

15

Plusieurs outils permettent d'évaluer spécifiquement la criticité. Nous en présentons

quelques-uns dans la section suivante.

Plusieurs autres critères peuvent être choisis ou adoptés par le preneur de décision. Dès lors

qu'un ou plusieurs critères de décision sont retenus, tous les composants sont évalués selon

ces critères. Différents outils permettent ensuite de classer les composants et de

sélectionner ceux qu'il faut considérer comme pièces de rechange potentielles. Nous en

présentons quelques-unes à la section 1.3.

1.3. Les outils d'évaluation et de classification

Dans cette section, nous présentons une série d'outils qui permettent de sélectionner les

composants à placer sur la liste de pièces de rechange potentielles en se basant sur un ou

plusieurs des critères ci-dessus définis.

1.3.1. La loi de ParetoCet outil d'aide à la décision, aussi appelé méthode ABC ou loi 20-80, permet de classer

des éléments par ordre d'importance selon un critère donné. Soient n articles à classer

selon le critère C donné. Dénotons par Ci la valeur du critère pour l'article i (1 < i < n).

Pour tracer la courbe de Pareto, il faut procéder comme suit :

• Trier les articles en ordre décroissant de Ci ;

• En partant de l'article ayant le plus grand C(, calculer pour chaque article le

pourcentage cumulé du nombre d'articles et le pourcentage cumulé des C{ ;

• Tracer la courbe du pourcentage cumulé des Ci en fonction des articles ou tracer la

courbe du pourcentage cumulé des C{ en fonction du pourcentage cumulé du

nombre d'articles tel qu'illustré dans l'exemple de la figure 1.3 qui montre la

classification de 20 articles selon leur coût de panne.

16

Articles

Article 1Article 2Article 3Article 4Article 5Article 6Article 7Article 8Article 9Article 10Article 11Article 12Article 13Article 14Article 15Article 16Article 17Article 18Article 19Article 20

Coût depanne($)

5014001800

60600

50300800

7050

250050

1501000

8050505090

150

Articles

Article 11Article 3Article 2Article 14

Article 8Article 5Article 7Article 20Article 13Article 19Article 15Article 9Article 4Article 18Article 12Article 16Article 17Article 6Article 1Article 10

ct

($)2500180014001000800600

300150150

9080

70605050

5050505050

%de Ci

27%19%15%11%9%6%

3%2%2%1%1%1%1%1%1%1%1%1%1%1%

%-dunombre

d'articles

5%5%5%5%

5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%5%

% cumulédeC,27%46%61%72%

80%87%90%91%93%94%95%96%96%97%97%

98%98%99%99%100%

% cumulédu nombred'articles

5%10%15%20%

25%30%35%40%45%50%55%

60%65%70%75%80%85%90%95%100%

0%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

% cumulatif du nombre d'articles

Figure 1.3 : Classification par la méthode de Pareto selon le coût de panne

17

D'après la figure 1.3, 20 % des articles génèrent pour environ 72% des coûts de panne. Ce

sont les articles 11, 3, 2 et 14. Dix (10) articles, représentant 50% du nombre total

d'articles, comptent pour 25% des coûts de panne tandis que six (6) autres articles ne

comptent que pour 3% des coûts de panne.

1.3.2. La classification matricielle

Chaque dimension de la matrice représente l'un des critères de classification. Supposons

que pour un cas d'application, le coût de réparation et l'occurrence de la panne soient les 2

critères retenus. Alors, en construisant une matrice ou un tableau 2x2, on définit des classes

de criticité (élevée [1], moyenne [2] et faible [3]).

Coû

t de

répa

ratio

n faible

moyen

élevé

Occurrence de la panne

rare

[3]

[2]

[2]

moyenne

[3]

[2]

élevée

[2]

[1]

[J]

Au-delà de 4 critères, la matrice obtenue devient difficile à représenter graphiquement. Il

est alors préférable de passer à l'analyse multicritère.

1.3.3. La méthode PIEU

La méthode PIEU [121] est une méthode d'hiérarchisation d'équipements qui définit

l'indice de criticité par la relation :

C=PxIxExU

Où:

l'indice P traduit l'incidence de la panne de l'équipement. Cet indice reflète les

répercussions techniques, économiques, environnementales et de sécurité associées

à l'occurrence d'une panne.

l'indice I traduit l'importance de l'équipement en évaluant l'impact d'une panne de

l'équipement sur la production.

l'indice E traduit l'état de l'équipement. Il spécifie l'âge de l'équipement, son état

d'usure et son état d'implantation.

18

• L'indice U traduit le taux d'utilisation. Il indique le degré d'utilisation de

l'équipement.

Chaque indice peut prendre une des valeurs suivantes : 0, 1, 2, 3 ou 4 selon l'évaluation qui

en est faite d'après le tableau 1.1.

Indi

ces

P

I

E

U

Poids0

Répercussionsgraves sur laqualité et/ou

l'environnementStratégique: pasde délestage sur

une autremachine, pas desous-traitance

possible

A réformer

Saturé (100%)

1Répercussions sur

la qualité avecgénération de

rebuts

Important: pas dedélestage sur une

autre machine,mais sous-traitance

À rénover

Fort

2

Retouchespossibles

Primaire:délestage sur uneautre machine et

sous-traitancepossible

Mauvais état

Moyen

3

Secondaire

Bon état

Faible

4Pas de

répercussions surla sécurité & la

qualité

De secours

Neuf

Très faible

Tableau 1.1: Grille d'évaluation de la criticité (réf. Lavina Y. 1992)

Les équipements sont ensuite regroupés en trois ou quatre catégories selon leur indice

global respectif. Pour une répartition en trois catégories, le découpage suivant est retenu :

• la catégorie A regroupe les équipements critiques pour lesquels (0 < Cr < 3) ;

• la catégorie B regroupe les équipements ordinaires pour lesquels (2 < Cr < 25) ;

• la catégorie C regroupe les équipements critiques pour lesquels (24 < Cr < 256).

La méthode originale s'adresse surtout à des équipements de production. Nous l'adaptons

ci-dessous pour hiérarchiser les composants d'un équipement quelconque. La méthode

PIEU modifiée que nous proposons procède de la même façon que la méthode originale. La

19

modification suggérée concerne la définition des indices d'importance et d'état. La grille

d'évaluation adaptée est décrite au tableau 1.2.In

dice

s

P

I

E

U

Poids0

Répercussionsgraves sur laqualité et/ou

l'environnement

Stratégique: pasde composant

redondant; pas defonctionnementen mode dégradé

À mettre aurebuts

Saturé (100%)

1Répercussions sur

la qualité avecgénération de

rebutsImportant: pas deredondance maispossibilité d'unfonctionnement

minimal en modedégradé

À remettre en étatà coût élevé

Fort

2

Retouchespossibles

Primaire: pas deredondance maispossibilité d'unfonctionnement

en mode dégradé

À remettre enétat à faible coût

Moyen

3

Redondanceavec capacité

limitée

Bon état

Faible

4Pas de

répercussions surla sécurité & la

qualité

Redondance totale

Quasi-neuf

Très faible

Tableau 1.2: Grille d'évaluation de la criticité proposée.

1.3.4. L'AMDECDéveloppée dans l'industrie aéronautique dans les années 1960, l'analyse des modes de

défaillance, de leurs effets et de leur criticité (AMDEC) est très utilisée dans l'industrie

aéronautique et l'industrie nucléaire. De nos jours, elle fait partie intégrante des méthodes

de conception dans l'industrie automobile, chimique, etc. C'est une méthode d'analyse

rigoureuse basée sur une logique inductive qui utilise toutes les expériences et compétences

disponibles pour examiner systématiquement les modes de défaillance et analyser leurs

effets sur les fonctions du système et de ses composants [25; 107]. Son objectif principal est

d'identifier les problèmes potentiels pouvant survenir et d'évaluer leur criticité.

20

L'AMDEC :

• Evalue et note les modes de défaillance suivant trois indices : occurrence (O),

sévérité (S) et détection (D) ;

• Calcule l'indice de criticité Cr pour chacune des causes de défaillance selon

l'équation ci-dessous. Cet indice est aussi appelé RPN (Risk Priority Number) dans

la littérature ;

Cr = SxOxD

• Hiérarchise les modes de défaillance selon leur indice de criticité.

Les composants prioritaires identifiés par l'AMDEC sont placés sur la liste de pièces de

rechange potentielles.

1.3.5. Le facteur d'importance marginale (MIF)

Considérons le système multi-composants dont le fonctionnement est défini par la structure

de la figure 1.4 ci-dessous. Le critère de sélection retenu pour cet exemple est la fiabilité.

R(S) est la fiabilité du système et R(i) est la fiabilité du composant i.

R2 = R(2) = 0.90 R3 = R(3) = 0.92

Figure 1.4 : Exemple d'une structure de fonctionnement multi-composants

Si l'on s'en tient uniquement à la fiabilité des composants, le composant 1 est plus à risque

de tomber en panne puisque sa fiabilité est la plus faible. Ainsi, il faudrait en tenir une ou

plusieurs unités en stock. Cependant, si l'on considère la structure de fonctionnement du

système, on remarquera que le composant 1 est en redondance (mis en parallèle) avec le

21

composant 2, ce qui contribue à pallier la défaillance du composant 1. Le réseau de la

figure 1.4 est alors équivalent à la figure ci-dessous.

Réq=0.985 #3=0.92

Le composant 3 devient, alors, celui qui risque le plus de tomber en panne et qui doit être

sélectionné pour faire partie de la liste de pièces de rechange. Cet exemple illustre la

nécessité d'avoir une mesure qui permet de tenir compte de la caractéristique des

composants et de la structure générale selon laquelle ces composants sont agencés.

Si les composants sont indépendants et isolés les uns des autres, alors on choisit celui ou

ceux qui sont les moins fiables pour les inclure dans la liste de pièces de rechange

potentielles. Par contre, si les composants font partie d'une même structure de

fonctionnement, alors il faut déterminer le ou les composants qui ont le plus d'impact sur la

fiabilité du système, ce qui revient à calculer la contribution relative de chaque composant à

la fiabilité de toute la structure : dR(S) / dR(i). Ce rapport est appelé le facteur

d'importance marginale (M1F : Marginal Importance Factor) ou encore le facteur

d'importance de Birnbaum [22]. Les facteurs d'importance sont surtout utilisés dans

l'industrie nucléaire pour détecter les équipements dont la défaillance pourrait avoir des

conséquences majeures ou catastrophiques.

Pour chaque critère de décision qui peut se mettre sous la forme d'une expression

analytique, il est possible de calculer le facteur d'importance marginale de chaque

composant selon ce critère en utilisant la relation suivante [65]:

MIF(S, i) = dP(S)/dP(i) (1.4)

Où P(S) est l'expression du critère de décision (ex. la fiabilité) du système multi-

composants et P(i) est l'expression du critère de décision du i me composant ou sous-

système. MIF(S, i) exprime la contribution du ieme composant au système global.

22

Dans le cas où le critère de décision est tel que l'équipement ne peut se retrouver que dans

2 états mutuellement exclusifs i et i , alors on peut écrire :

P(i) = 1 - P(i)

En appliquant le théorème de Bayes, on obtient:

P(S) = P(S | i) • P(i) + P{S 11) }

Ce qui donne finalement:

MIF(S,i) = P(S | i) - P(S | f) (1.5)

L'équation (1.5) est souvent plus facile à évaluer que l'équation (1.4) qui exige de

déterminer la fiabilité de la structure globale et de faire des calculs de dérivées partielles.

Pour la structure de la figure 1.4, l'expression de la fiabilité du système est donnée par :

on obtient alors :

MIF{S\3) = R{S\2> fonctionne)-/?(SI3 ne fonctionne pas) = dRs / ÔR^ = [\-(l-Ri)(l-R2)] = 0,985

MIF(S\2) = R(S\ 2 fonctionne)-/?^ 2 ne fonctionne pas) = dRs / ÔRi= Ri{\-R\) = 0,138

MIF(SU) = R(Sl 1 fonctionne)-/?^! 1 ne fonctionne pas) =8RS /3R1 = Ri(l-R2) = 0,092.

On remarque que le composant qui contribue le plus à la fiabilité du système global et dont

la panne affecterait le plus le système est le composant 3. En effet, ce composant est seul en

série avec les autres. Il est donc le plus critique. Cet exemple didactique montre l'intérêt du

MIF et la nécessité de connaître le fonctionnement des équipements ou de disposer

minimalement des plans détaillés des équipements pour éclairer les décisions

L'utilisation du MIF suppose qu'il est possible d'obtenir l'expression analytique du critère

de décision retenu. C'est le cas notamment pour la fiabilité et la disponibilité.

23

1.3.6. Les méthodes multicritèresDans la pratique, il n'est pas rare de devoir prendre la décision de stocker une pièce ou non

en tenant compte de plusieurs critères (coûts, fiabilité, fréquence de panne, temps de

réponse, etc.). Dans le cas où plus de 3 critères doivent être considérés, la classification

matricielle devient difficile voire inutilisable. L'analyse multicritère doit alors être

envisagée [80;153;157]. Dans la littérature, plusieurs travaux rapportent que les méthodes

multicritères ont été employées avec succès pour classifier les pièces de rechange [26;80] et

des équipements par ordre de priorité [36]. Les mêmes outils peuvent être adoptés pour

générer une liste de composants prioritaires à inclure dans la liste de pièces de rechange

potentielles. Braglia et al. [26] utilisent la méthode de classification multicritère AHP pour

classer les pièces de rechange en fonction des impacts des pannes, du taux d'utilisation, des

problèmes d'inventaires et des caractéristiques propres des pièces. Schârlig [157], Roy et

Bouyssou [149] proposent un panorama des méthodes multicritères et leurs formalisations

mathématiques. Plusieurs logiciels et sites web offrent la possibilité d'exécuter les

opérations de classification multicritère avec relativement beaucoup d'aisance. Hammami

[93] présente une excellente revue des logiciels d'aide à la décision multicritère.

L'analyse multicritère offre l'avantage de pouvoir travailler avec des données aussi bien

quantitatives que qualitatives ou un mélange des deux, ce qui devient rapidement un atout

lorsque peu ou pas de données sont disponibles parce que l'équipement est récent ou que

l'enregistrement des informations requises pour des études analytiques n'a pas été fait

correctement. Les opérateurs et mécaniciens peuvent alors exprimer leurs évaluations selon

les critères retenus par des réponses qualitatives (excellent, bon, passable ; fréquent, rare,

jamais ; etc.). Eisenhawer et al. [68] proposent une méthode de raisonnement approximatif

basée sur la logique floue pour établir une liste de pièces prioritaires à garder en stock pour

une installation nucléaire. Un exemple d'utilisation d'une méthode multicritère d'aide à la

décision sera présenté au chapitre 7.

Une fois que les composantes à considérer comme pièces de rechange sont identifiées, il

faut passer à la phase de détermination des besoins pour chacune d'elles. Dans le chapitre

qui suit, nous traiterons les modèles et méthodes de calcul des quantités de pièces requises.

Chapitre 2

Estimation et calcul des besoins en pièces de rechange

2.1. Estimation basée sur la loi de dégradation du composantPour chaque composant de la liste établie au chapitre 1, il importe d'estimer la quantité

requise sur tout le cycle de vie économique de l'équipement qui les fait intervenir. Pour y

arriver, il faut estimer le nombre moyen de remplacements à la panne et, le cas échéant, le

nombre moyen de remplacements préventifs.

En l'absence d'historique de pannes et des consommations, on se basera sur les

recommandations du fournisseur et éventuellement sur l'avis d'experts (méthode Delphi ou

autres). Des historiques de consommation de composants similaires peuvent être aussi

considérés pour obtenir un estimé vraisemblable.

Les historiques de pannes sont exploités pour établir la loi de dégradation du composant en

fonction de son profil de mission. Cette caractéristique permettra, entre autres, d'évaluer le

risque de défaillance du composant, d'estimer le nombre de défaillances en tenant compte

de la stratégie de maintenance en vigueur, d'effectuer des simulations et d'utiliser des

modèles appropriés de prévision pour estimer la consommation sur l'horizon considéré.

25

Dans le cadre de cette étude, les données disponibles seront principalement utilisées pour

déterminer soit la fonction de densité /(.) associée aux durées de vie du composant, soit la

fonction de distribution F(.), soit la fonction de survie ou de fiabilité /?(.), soit le taux de

panne r(.). La figure 2.1 présente le processus de traitement des données disponibles selon

que la loi de dégradation du composant est connue a priori ou non. La connaissance d'une

des quatre caractéristiques permet d'obtenir les trois autres. Le tableau 2.1 rappelle les

relations qui existent entre les différentes grandeurs. Ainsi, connaissant/^), on obtient :

r(t) =f f(x)dx

J t

ooo

= l-F(t)= / f(x)dx

xf(x)dx = / R{x)dx

/Durées de vieV observées

Distributions apriori

ExponentielleGammaWeibullNormaleLognormaleetc

Banques dedonnées

Données

Progiciels detraitement de

donnéesExperfitWeibull++Stat:fitRelex

/fonction de densité de\^ probabilités f(t)

Retour \d'expérience^

Méthodesstatistiquesd'analyse /Approche

Bayesienne

fonction deistribution F(t

f fonction de fiabilitéV R(t)

Figure 2.1 : Diagramme du processus de traitement des données

26

fit)

Ht)

Rit)

<t)

fit)

-

dF(t)/dt

-dR(t)/dt

-f'r(x)dxr(t)-e Jo

Fit)

ff(x)dxJo

-

l-R(t)

- f'r(x)dx1 f> J oX O

Rit)f*OO

1 fix)dx

l-F(t)

-

r(t)

f(t)/Jt f(x)dx

dF(t)// [ l - F(t)}dt

-dR(t)//R{t)dt

-

Tableau 2.1: Relations entre les différentes caractéristiques/(.), F(.), R(.) et r(.)

Pour un composant dont les durées de vie sont distribuées suivant fit) et pour lequel les

durées de réparation sont négligeables, le nombre moyen M(t) de remplacements à la panne

par un composant neuf, sur un horizon de longueur t, vérifie l'équation fondamentale de

renouvellement :

MU) = Fit) + flM(t - x)f(x)dx.J 0

•èmeSi FM(t) désigne la fme convolution de F(t) avec elle-même, alors, M{t) peut se mettre sous

la forme :

Si, à la panne, le composant défaillant est remis en opération sans affecter son taux de

défaillance r(.) (réparation minimale), le nombre moyen de défaillances sur l'horizon [0,t]

est donné par :

M(t) = f r(x)dx.*J 0

Dans le cas où les durées de remise en état d'un composant hors d'usage sont aléatoires, le

nombre moyen de défaillances dans [0,t] est donné par :

M(«) =

27

(2.1)i=\

où G(l)(t) désigne la /ème convolution de G(t) avec elle-même.

{i)(t) = ftG{i'1)(t-x)dG{x)*J 0

_dG{t)/ e s t \G pro(juit de convolution des fonctions de densité/(.) et h{.) associées,

respectivement, aux durées de vie et de réparation du composant.

9(t)= ftf(t-x)h(x)dx.J o

II est à noter que l'expression analytique de M(t) n'est connue que pour les lois

exponentielle et Gamma d'ordre 2. Pour des distributions quelconques de durées de vie et

de réparation, Aït-Kadi et Chelbi [3] proposent une procédure numérique de calcul de M(t)

basée sur l'algorithme de Cléroux et McConalogue [42].

Du fait que les défaillances peuvent survenir d'une manière aléatoire, le nombre de

défaillances N(t) dans un intervalle [0,t] est une variable aléatoire dont la moyenne est M{t)

et dont la variance Var(t) est donnée par (voir Barlow et Proschan [17]) :

Var(t) = M(t) - M(tf + 2 f M(t - u) • dM{u)

Si le composant est remplacé à la panne ou après T unités de temps sans panne, le nombre

n,A{t) de composants de rechange requis dans un intervalle de temps [0,t] est donné par :

nA(t) =f R(x)da

Jo

(2.2)

28

Si le composant est remplacé à la panne et à des instants prédéterminés T, 2T,...,kT

indépendamment de son âge et de son état, alors le nombre moyen «#(/) de composants de

rechange requis dans l'intervalle [0,/] est donné par:

nB{t) = \k[M(T) + 1] + M(t - kT)} a v e c kT <t<(k + 1)T (2.3)

Pour certaines applications, le nombre n*(t) de composants de rechange requis pour une

mission de durée t est tel que la probabilité de succès R[t,n*(t)] de la mission soit

supérieure ou égale à un seuil R* prédéterminé. Il s'agit alors de trouver le plus petit entier

n*(t) tel que :

R[t,n*(t)]>R* (2.4)

À noter qu'un composant est en opération et n*(t) composants sont en attente.

Si j{t) désigne la fonction de densité associée aux durées de vie du composant, l'équation

(2.4) se traduit par :

(2.5)

Où / ( ; )( .) est la / m e convolution àcj{.) avec elle-même.

L'algorithme de la figure 2.2 peut être utilisé pour calculer le nombre de pièces de rechange

identiques requises pour atteindre un niveau R* de fiabilité.

Figure 2.2 : Procédure de calcul du nombre de pièces de rechange

29

Cet algorithme peut aisément être programmé pour calculer la quantité de pièces de

rechange requises. Pour faciliter son utilisation par le responsable des achats ou par les

employés sur le terrain, nous avons construit des abaques qui donnent la quantité de pièces

de rechange requises sans avoir à faire des calculs. La figure 2.3 présente un exemple

d'abaque que nous avons généré. Il suffit de repérer le point d'intersection de la ligne

horizontale partant du niveau de fiabilité requis et la ligne verticale partant de la durée de

mission qu'on se fixe. Le nombre de pièces de rechange est donné par la courbe

immédiatement au dessus du point d'intersection.

Pour un composant pouvant être remis à neuf après défaillance, si son taux de panne

r{t) = A et son taux de réparation n(t) = /J, , l'expression de R[t,n*(t)] s'écrit :

R[t,n*(t)} = e-Zt

ou z =

et

Ces modèles supposent que les composants en stock ne se dégradent pas et que le temps

requis pour effectuer le remplacement du composant défaillant par un composant neuf est

négligeable. Aït-Kadi et al. [5] donnent les expressions de R[t,n*(t)] pour plusieurs

configurations du problème, y compris les cas avec dégradation des composants durant leur

stockage.

Plus généralement, dans le cas où k composants sont en service et (n-k) en stock,

l'expression de R[t,n*(t)] s'écrit :

R[t,n*(t)] = R[t,n*(t),k]

30

À noter que le choix du nombre de composants de rechange peut aussi être conditionné par

un seuil de disponibilité A* à satisfaire. La démarche consiste à trouver n*(t) tel que :

A[t,n*(t)] > A*, où A[t,n*(t)] est la disponibilité d'une structure constituée de n*(t)+l

composants dont un est en opération et n*(t) sont en attente.

1

0.75

jjjir* os2

1

0.25

0

\

\

\

\

\

\

\

\

\

—».

~~.

s

v

"^

N

N

\

B5SS-

\

S

\

-~—-———

V

^**s

N. —,

^ - _

—.8 PdR

^ 7 PdR

\6PdR

>.5 PdR

^ 4 PdR

"-^.3 PdR—

•—2 PdR

1 PdR

50 100 150 200

Durée de mission T

250 300

Figure 2.3 : Abaque de détermination du nombre de pièces de rechange.

Les modèles et outils présentés dans cette section ont traité de composants individuels. Il

peut être intéressant de considérer le cas où plusieurs composants identiques sont utilisés

sur le même équipement ou dans le même atelier. Dans ce cas, une pièce de rechange n'est

plus dédiée au remplacement sur un équipement précis mais elle peut être montée sur

n'importe quel équipement du parc. La section qui suit traitera donc de la détermination de

la quantité de pièces requises pour supporter un parc d'équipements.

31

2.2. Estimation des besoins dans le cas de composants pouvantêtre réparés et remis en service : Le « repairman problem »Le problème traité sous cette rubrique s'intéresse à un parc de N machines indépendantes et

identiquement distribuées (i.i.d.) ayant chacune un taux de panne X{t) et un taux de

réparation /u(t). Un stock de y machines est prévu pour remplacer les machines qui tombent

en panne. Un atelier de réparation constitué de c canaux parallèles assure la remise à neuf

des machines défaillantes. Le processus prend fin aussitôt qu'un total de (N+y) machines se

retrouvent hors d'usage. À noter que la désignation «machine» est générique et peut

s'appliquer à un équipement, à une partie d'équipement, à un module ou à un composant

élémentaire. La figure 2.4 présente une configuration d'un système de soutien logistique

intégré pour un parc-machines.

Parc machines

N machines enopération avec tauxde défaillance X(t)

Taux de rejet a(machines

irréparables)Atelier de réparation

des machinesc canaux de réparationTaux de défaillance Xtf)

pour le composant i

Taux de rejet(composantsirréparables)

Magasin demachines

y machines derechange en stock

composants derechange en stock

Taux deréparation des

composants iu(t)

Atelier deréparation des

composantss canaux deréparation

T Cannibalîsation

h ouriiissenrsexternes

Figure 2.4 : Composantes d'un système de soutien logistique intégré pour un parc de N

machines

32

Cette problématique particulièrement intéressante se retrouve notamment dans le domaine

du transport aérien, terrestre et maritime, dans les entreprises manufacturières, dans le

secteur d'exploitation des mines, etc. Elle est désignée par l'appellation de problème du

réparateur « repairman problem ». C'est à Taylor et Jackson [176] que l'on doit l'une des

premières applications de la théorie des files d'attente à la résolution du problème

d'approvisionnement en pièces de rechange. Plusieurs travaux ont par la suite été consacrés

au sujet. On se référera notamment aux travaux de Taylor et Jackson [176], de Sherbrooke

[162] et d'autres auteurs [12;95;116;130].

Deux tendances de résolution du problème co-existent. La première tendance suppose que

les capacités des stations de réparation sont suffisantes et donc qu'il n'y a pas de

phénomènes d'attente : c'est l'hypothèse dite du « ample server ». C'est l'hypothèse de

base des modèles Metric, Vari-Metric, et Dyna-Metric. Le modèle METRIC (Multi-echelon

technique for recoverable item control) proposé par Sherbrooke [162] traite du cas de

plusieurs parcs-machines (bases) reliés à un atelier central de réparation (dépôt). Du fait

que le modèle multi-échelon est plus complexe, les travaux de cette tendance supposent que

les capacités de réparation sont infinies et qu'il n'y a pas de phénomène d'attente :

permettant l'optimisation des stocks dans les bases et le dépôt central. Les hypothèses de

modélisation posées conduisent à des stocks inférieurs à ceux qu'il faudrait en réalité pour

atteindre le niveau de service spécifié [8]. Le principal avantage présenté par les modèles

de la première tendance est leur capacité à traiter relativement facilement des problèmes

multi-échelons. Ce qui n'est pas le cas des modèles de la deuxième tendance qui sont

complexes à résoudre même dans les cas à un seul échelon [8;89;116]. La difficulté vient

de la prise en compte des phénomènes d'attente qui peuvent survenir puisque les stations de

réparation n'ont pas des capacités infinies. Les modèles obtenus sont plus complexes et

requièrent plus d'efforts de résolution.

Dans cette section, nous abordons le problème simple de la détermination des quantités de

PdR requises dans une organisation qui dispose d'un magasin de stockage et d'un atelier de

réparation comptant c réparateurs. Lorsqu'un composant tombe en panne, il est remplacé

par un composant de rechange si celui-ci est disponible en stock. Le composant défaillant

est acheminé vers l'atelier de réparation où il est parfaitement remis en état, inspecté et

remis dans le stock de pièces de rechange qui est contraint de ne pas être nul dans une

33

certaine proportion (niveau de service). La chaîne de Markov associée au processus de

défaillance et de réparation des composants est donnée par la figure 2.5.

NX NX NX NX NX NX NX NX NX (N-1)X 2X X

CM CM

Figure 2.5 : Chaîne de Markov associée au processus de défaillance et de réparation

Le nombre y de machines à garder en stock doit permettre d'assurer un certain niveau NS

de satisfaction des demandes de pièces de rechange.

Soit P{ la probabilité, en régime permanent, que i machines hors d'usage soient en attente

ou en cours de réparation. Dans le cas où le taux de panne X(t)= X et le taux de réparation

fj(t)= /j,, les probabilités P, sont données par :

N• §

AU.t1)

N{

é-cc\/\fi

%0

NyN\(N-i y)

X— p

i\

NyN\

(N -i + y)\i\

NyN\

i < c

<i <y

y <i<y + N

pour c < y

y <i < c pour c > y

Puisqu'il faut nécessairement que \ . P( — 1, alors on tire l'expression de PQ '.

34

y AP A NyN\ A

(AY NyN\ A

; pour c < y

; pour c> y

La population source étant finie (N machines), les probabilités de défaillance Qi sont

données en fonction des Pi par la relation suivante proposée par Gross [89] :

Q{ — Pr (i dans l'atelier | une panne est sur le point d'arriver)

(N-

(N

(N-

N •y+N

E- Hy+N

Ei-y

Pt

(i

d

-y)Pi

i)-Pi

V / )

(y <

II suffit alors de trouver le premier entier y tel que :

(2.6)

v-iNS

i=0

(2.7)

Application numérique :

Pour N = 3 machines, X = 0,002 pannes/heure, c = 1 canal de réparation de capacité

individuelle n = 0,01 réparation/heure, le niveau de service requis est NS = 0,95.

Il résulte des calculs qu'il faut y = 5 pièces de rechange pour un niveau de service moyen

effectivement réalisé de 95,25%. Si le niveau de service requis est de 99%, alors il faut 8

pièces de rechange.

L'hypothèse selon laquelle les taux de panne et de réparation sont constants suscite parfois

des réticences en ce qui a trait à l'exploitation de ces modèles pour des applications

35

industrielles [8]. Gross [87] propose quelques règles empiriques pour estimer l'erreur

induite par une telle hypothèse.

Tous les modèles et méthodes présentés, jusqu'à cette section, supposent qu'au moins une

caractéristique de la loi de dégradation (fiabilité, taux de panne) du composant en

considération est connue. Toutefois, lorsque les données disponibles sont des historiques de

consommation, sans égard aux processus de dégradation des composants, on peut alors

avoir recours aux modèles de prévision pour estimer les besoins sur le cycle de vie

économique du système. Un aperçu des modèles pouvant servir dans le contexte de gestion

des stocks de pièces de rechange est présenté à la section 2.3.

2.3. Estimation des besoins à l'aide de modèles de prévisionsLes modèles de prévision sont largement utilisés pour prévoir les niveaux d'activités dans

le futur en se basant sur les observations effectuées dans le passé. Plusieurs logiciels

commerciaux, essentiellement basés sur des méthodes quantitatives de prévision, sont

actuellement disponibles sur le marché [196].

La consommation des pièces de rechange est influencée par plusieurs facteurs dont certains

sont intrinsèques et d'autres extrinsèques. Elle peut présenter des pics et des creux qui sont

parfois saisonniers ou cycliques. Le choix d'un modèle approprié de prévision doit tenir

compte de toutes ces particularités qui affectent la précision de la prévision. La figure 2.6

suggère des modèles de prévision qui peuvent être utilisés selon le profil du taux de panne

KO-En gestion des stocks, une distinction est faite entre articles à faible consommation et

articles à forte consommation. Lorsque la demande d'un article est inférieure à 10 unités

par cycle de réapprovisionnement, on parlera d'article à faible consommation [168].

36

Taux depanne r(t)

Phase demortalité infantile j

r(t) estdécroissant ;

Phase de maturité etd'exploitation

r(f) est constant

Phase d'usure

rit) estcroissant

Modèles deprévision pour

séries avectendance

Modèles deprévision pour

séries stationnaires

j Modèles de prévisionpour séries avec

tendance

Figure 2.6 : Modèle de prévision selon le profil du taux de panne.

Pour les articles à forte consommation, les modèles classiques utilisant le lissage

exponentiel simple ou double, les moyennes mobiles et la régression simple ou multiple,

linéaire ou non, se sont révélés efficaces pour prévoir les besoins. Pour les articles à faible

consommation, on distinguera ceux à demande non intermittente de ceux à demande

intermittente. Une demande intermittente est une demande aléatoire avec une grande

proportion de valeurs nulles [165]. Williams [193] développe une méthode basée sur les

variances des différentes composantes de la demande (les arrivées des demandes, les

quantités demandées, le délai de réapprovisionnement) pour faire une subdivision en 3

classes. Reprenant la méthode de Williams, Eaves et Kingsman [66] propose une

subdivision en 5 classes. Ces subdivisions sont surtout utiles pour le choix des modèles de

contrôle des inventaires. Pour les prévisions de la demande, une subdivision en 2 classes est

suffisante. Les modèles classiques utilisant le lissage exponentiel et les moyennes mobiles

sont employés pour prévoir les besoins dans le cas de demandes faibles et non

intermittentes. Les modèles de Croston et du « bootstrap », que nous décrirons plus loin,

sont recommandés pour les articles jugés critiques, coûteux et dont la demande est

intermittente [50] [192] [171] [66]. La demande intermittente est aussi souvent erratique,

37

c'est-à-dire qu'il existe une grande variabilité entre les valeurs non nulles. Brown [29]

considère qu'une demande est erratique lorsque son écart-type est supérieur à sa moyenne.

Il faut signaler que la plupart des logiciels commerciaux utilisent encore le lissage

exponentiel pour les articles à demande intermittente, même s'il existe des méthodes

beaucoup plus performantes telles que la méthode de Croston et la méthode dite « du

bootstrap ».

Article à fortecirculation

Article à faiblecirculation

Type de demande

stationnaire

(taux de panne constant)

non-stationnaire

(taux de panne variable)

non-intermittente

intermittente

Modèle de prévision

Moyenne mobile simple

Moyenne mobile pondérée

Lissage exponentiel à 1 paramètre

Lissage exponentiel avec tendance

Régression linéaire

Moyenne mobile

Lissage exponentiel simple

Méthode de Croston

Méthode du « Bootstrap »

Moyenne mobile

Tableau 2.2: Choix d'un modèle de prévision pour les pièces de rechange.

Nous présentons, ci-après, les méthodes de prévision de la moyenne mobile pondérée, du

lissage exponentiel simple, de Croston et du « bootstrap ». La méthode de Croston modifiée

intègre la correction apportée par Syntetos et Boylan [172] à la méthode originale proposée

par Croston. Cette modification corrige une erreur de biais de la méthode de base et

améliore significativement ses performances.

38

2.3.1. La moyenne mobile pondérée

La moyenne mobile pondérée d'ordre N permet d'affecter des poids différents aux N

observations les plus récentes contrairement à la moyenne mobile simple qui affecte un

poids identique à toutes les observations. Rappelons qu'il faut que la somme des poids soit

égale à 1.

Désignons par :

ân : l'estimé du niveau de la demande à la fin de la période n.

xnn+t : la prévision de la demande pour la période n+t calculée à la fin de la période n.

On a (voir [124]):

N

i (2.8)

où les w, sont les poids et xn est la demande à la période n.

2.3.2. Le lissage exponentiel simple

Le lissage exponentiel simple permet d'effectuer une prévision en accordant plus

d'importance aux données récentes. Les poids diminuent d'une manière exponentielle

relativement à l'âge des données. Contrairement à la méthode des moyennes mobiles, le

lissage exponentiel tient compte des erreurs de prévision dans le calcul des prévisions

subséquentes. En gardant la même notation que précédemment, on a :

0 < O; < 1 (2.9)

La constante ce est la pondération donnée à l'observation la plus récente (xn) dans le calcul

du nouvel estimé. Une valeur élevée de a donne beaucoup plus d'importance à la donnée la

plus récente. Si a est petit, on obtient un modèle stable. Le modèle suit la demande pour de

grandes valeurs de a.

39

2.3.3. Le modèle de Croston modifié

Au lieu de lisser la demande à chaque période, la méthode de Croston applique séparément

le lissage exponentiel à la taille des demandes et à l'intervalle inter-demande (voir figure

2.7). La méthode ne prend en considération que les périodes avec demande non-nulle.

Figure 2.7 : Diagramme du fonctionnement du modèle de Croston

Désignons par :

xn : la demande à la période n,

mn : l'estimé du nombre moyen de périodes entre 2 demandes,

Xn : l'estimé de la taille moyenne des demandes,

xn n+( : l'estimé de la demande moyenne par période calculé à la fin de la période n pour la

période n+t.

alors :

Xn = adxn + (1 - ad)Xn* 0 < ad < 1

mn- n*) 0

t = 1,2,...

(2.10)

n* étant l'indice de la période du lissage précédent. Généralement, les constantes de lissage

utilisées sont identiques {as -ocd). Ces constantes sont déterminées par une méthode essai-

erreur en utilisant les données historiques disponibles.

40

2.3.4. La méthode du bootstrapD'après l'encyclopédie en ligne Wikipedia (www.wikipedia.org), Karl Friedrich

Hieronymus, Baron von Miinchhausen, un noble allemand qui vécut de 1720 à 1797 et qui

joignit les rangs de l'armée russe avec laquelle il participa à deux campagnes militaires

contre les turcs, racontait ses aventures avec plusieurs passages affabulatoires. En

psychiatrie, le syndrome de Miinchhausen désigne la simulation d'une maladie associée à

un récit affabulatoire particulièrement dramatique et à de nombreux antécédents

d'hospitalisations. Dans une de ses aventures, von Miinchhausen se sauve des marécages en

tirant sur ses propres cheveux et de la mer en furie en tirant sur les languettes de ses bottes,

ce qui a donné l'expression anglaise « to pull oneself up with one's bootstrap ». Par

analogie aux « exploits » de Miinchhausen, la méthode de re-échantillonnage statistique

dite du « bootstrap » consiste à re-échantillonner un grand nombre de fois un échantillon

initial de plus petite taille prélevé de la population étudiée [67]. L'inférence statistique se

faisant par la suite sur les résultats des nouveaux échantillons générés. La méthode

proposée par Willemain et al. [192] prélève aléatoirement des valeurs de l'historique des

demandes non-nulles et les affecte aux périodes où des demandes non-nulles sont prévues,

d'où le nom de « bootstrap ». En résumé la méthode du « bootstrap » procède comme suit :

Étape 0 : Obtenir l'historique des demandes.

Étape 1 : Estimer les probabilités de transition pour un modèle markovien à 2 états (un étatpour les demandes nulles et un autre état pour les demandes non-nulles).

Étape 2 : Conditionnel à la dernière demande observée, utiliser le modèle markovienprécédent pour générer une séquence de périodes à valeurs nulles ou non-nulles surl'horizon de prévision considéré.

Étape 3 : À chaque période à valeur non-nulle, donner une valeur de demande aléatoirementsélectionnée dans l'ensemble des demandes non-nulles de l'historique.

Étape 4 : Ajouter une variation aléatoire aux valeurs non-nulles.

Étape 5 : Additionner toutes les prévisions sur l'horizon considéré pour obtenir la valeurprévue de demande.

Étape 6 : Répéter les étapes 2 à 5 un grand nombre de fois.

Étape 7 : Classer les demandes obtenues et générer une distribution de demande pendantl'horizon considéré. L'espérance mathématique de cette distribution est la demandemoyenne prévue.

41

Willemain et al. [192] effectuent des tests sur 28 000 articles industriels. Leurs résultats

montrent que la méthode du « bootstrap » produit de meilleurs résultats que le lissage

exponentiel et la méthode de Croston de base. La méthode a été brevetée et est incorporée

dans un logiciel commercial. Pour mieux juger de la performance de la méthode du

« bootstrap », il faudra cependant attendre les études qui la compareront à la méthode de

Croston modifiée de Synthetos et Boylan.

2.3.5. Cas d'applicationUn historique arbitraire de demandes intermittentes d'une pièce de rechange a été généré

sur 25 mois. La demande mensuelle est donnée par la série suivante : 0 0 3 0 1 0 3

0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 5 0 0 0 2 0 0 2. La moyenne mobile pondérée

d'ordre 3 de paramètres wj = 0,5 W2 = 0,3 W3 = 0,2, le lissage exponentiel simple de

paramètre a = 0,2 et la méthode de Croston modifiée de paramètres ai —ocd = 0,2 sont

utilisés pour générer la prévision de la demande de pièces de rechange pour le 26èrae mois.

La figure 2.8 présente les prévisions obtenues à partir du mois 15. On remarquera que le

lissage exponentiel et la moyenne mobile d'ordre 3 performent moins bien que la méthode

de Croston modifiée.

- Demande observée - "A - Croston modifié —•—Moyenne mobile d'ordre 3 —•—Lissage exponentiel simple

tu• I j

1,1 17 21

Périodes

•>.'.)

Figure 2.8 : Comparaison de 3 méthodes de prévisions pour un article à faible demande

42

2.4. Estimation des besoins par la simulationDans plusieurs cas, il est difficile d'obtenir des modèles mathématiques analytiquement

simples à traiter pour prévoir les quantités de pièces de rechange. On fait alors appel à la

simulation.

L'étude d'un cas a été réalisée sous ProModel pour illustrer l'utilisation de la simulation. Il

s'agit de l'exemple donné à la section 2.2.2 dédiée à l'étude du problème du réparateur. Il

fallait déterminer le nombre de pièces de rechange requises pour assurer un niveau de

service de 95% à un parc de 3 machines identiques ayant chacune un taux de panne

constant A = 0,002 pannes/heure. L'atelier de réparation a une capacité de réparation

constante// = 0,01 réparation/heure. En utilisant le modèle analytique, on trouve qu'il faut 5

pièces de rechange. Nous allons donc vérifier ce résultat à l'aide de la simulation.

Le principe de la simulation consiste à générer aléatoirement les instants de panne des

machines et les durées de réparation de manière à respecter leurs fonctions de distribution

respectives (exponentielles dans notre cas). À chaque panne, une pièce de rechange est

prélevée du stock s'il y en a. À la fin de chaque réparation, une pièce de rechange est

ajoutée au stock. Le niveau de service est la proportion de fois que la demande est satisfaite

à même le stock sans attente. Chaque reproduction du comportement du système est

appelée réplication. En générant un grand nombre de réplications, il est possible d'obtenir

un résultat moyen similaire au comportement réel du système. Dans notre cas d'étude, les

paramètres de la simulation sont le taux de panne, le taux de réparation, le nombre de

machines et le nombre de pièces de rechange de départ. La simulation permet d'obtenir le

niveau de service moyen obtenu avec le nombre de pièces de rechange de départ. En

répétant l'exercice pour différentes quantités de pièces de rechange de départ, on finit par

obtenir la quantité qui garantit le niveau de service moyen spécifié.

Pour chaque simulation nous avons effectué 10 réplications. Chaque réplication a une durée

de 10 000 heures (un peu plus d'une année). Cette durée de simulation nous garantit que le

système est déjà entré dans sa phase stationnaire. De fait, les résultats analytiques obtenus

montrent que le système, tel que décrit par les données de l'étude, est dans un état

stationnaire après environ 800 heures de fonctionnement (période de préchauffage).

43

SciKiatton SK.MB [ri , , »/ Irtwjct

Nombre cumuléde pannes (k)

Parc machines

Atelier de réparation

Inventaire en main (>)

Demande non satisfaite

1 0 0 1 Niveau de Service

Inventaire

Nombre de pièces enattente de réparation (h)

Nombre cumulé dePièces réparées

Figure 2.9 : Modèle de simulation à l'instant initial

La figure 2.9 montre l'état de la simulation à l'instant 0 de la première réplication. La

figure 2.10 présente l'état de la simulation après 8 400 heures de fonctionnement durant la

cinquième réplication. Les valeurs de niveau de service obtenu pour différentes valeurs de

pièces de rechange de départ sont regroupées dans le tableau 2.3. On voit qu'il faut au

moins 5 pièces de rechange pour atteindre le niveau de service requis de 95%. Si l'objectif

était de garantir un niveau de service de 99%, il aurait fallu garder 8 pièces de rechange en

stock.

La simulation se présente comme une excellente alternative surtout lorsque les distributions

de probabilités des instants de panne et des durées de réparation ne sont pas exponentielles.

44

Nombre cumuléde pannes (k)

attente de réparation (h)

Nombre cumulé dePièces réparées

Figure 2.10 : État de différents compteurs après 8400 heures de simulation

Nombre de PdR

Niveau de service (%)

3

73.7

4

85.2

5

95.3

6

97.3

7

98.5

8

99.2

Tableau 2.3 : Résultats des simulations

Nous venons de passer en revue différents modèles et outils de calcul des quantités de

pièces de rechange requises pour garantir des niveaux de performance donnés. Ces modèles

et outils font appel aux lois de dégradation des composants ou à l'historique de la

consommation et tiennent compte de la capacité de réparation des pièces pour en

déterminer les quantités à approvisionner. Maintenant que nous connaissons les besoins, il

45

faut déterminer quand et combien de pièces acheter à la fois. C'est le sujet du chapitre qui

suit.

Chapitre 3

Modèles classiques de la gestion des inventaires

Kennedy et al: [113] présentent une revue des travaux publiés jusqu'en 2001-2002 sur la

gestion des stocks de pièces de rechange. Les modèles proposés sont, en grande partie, des

variantes des modèles classiques de gestion des inventaires [92;96]. D'après Silver et al.

[169], l'objectif principal d'un système de contrôle des inventaires est de répondre aux trois

questions suivantes :

1. à quelle fréquence l'état de l'inventaire doit-il être déterminé (périodicité de

contrôle)?

2. quand placer une commande pour le réapprovisionnement (instant de commande)?

3. quelle quantité faut-il commander (quantité économique)?

D'une façon générale pour répondre à ces questions, il faut que le preneur de décision

puisse déterminer les préalables suivants [169] :

1. quelle est l'importance de l'article en considération?

2. l'état du stock doit-il être revu continuellement ou périodiquement?

3. quelle forme la politique d'inventaire devrait-elle prendre?

4. quels objectifs de service ou de coûts sont visés?

47

La section 3.1 de ce chapitre aborde la classification des pièces de rechange à des fins de

gestion des stocks. La section 3.2 traitera des politiques de contrôle. Quelques modèles

classiques de gestion des stocks sont ensuite présentés à la section 3.3.

3.1. La classification des pièces aux fins de la gestion des stocksCompte tenu de la variété, des différences d'importance des articles à gérer et de la capacité

limitée des ressources disponibles, il est recommandé de procéder à une classification des

articles et d'appliquer la ou les mêmes politiques de contrôle à chaque classe. Plusieurs

méthodes de classification sont proposées dans la littérature [24;26;45;102].

3.1.1. La méthode basée sur la loi de Pareto

La méthode de Pareto est la plus simple, la plus couramment utilisée dans le cas où un seul

critère de classification est considéré à la fois. Elle a été présentée au chapitre 1 portant sur

l'identification des pièces de rechange.

3.1.2. Les méthodes multicritères

Ces méthodes ont l'avantage de prendre en compte plusieurs critères contrairement à la

méthode de Pareto. Les plus simples d'entre elles sont graphiques lorsqu'il s'agit de 2 ou 3

critères. Les plus avancées font appel à plusieurs critères et peuvent nécessiter l'utilisation

de logiciels particuliers (Electre, Prométhée, AHP, Macbeth, Gaia, etc.). Elles ont aussi été

présentées au chapitre 1 portant sur l'identification des pièces de rechange.

3.1.3. La méthode basée sur le coefficient de variation de la demande

Williams [193] a développé une méthode de classification basée sur les composantes de la

demande pendant le délai de réapprovisionnement pour faire une classification des pièces

selon quatre types de demandes : régulière, faible circulation, irrégulière et intermittente.

La variance VDLT de la demande durant le délai de réapprovisionnement est décomposée en

ces éléments constitutifs que sont la variabilité des transactions (arrivées de demandes), la

variabilité de la taille des demandes et la variabilité du délai d'approvisionnement.

Dénotons, respectivement, par JUU, Vu et Cu, la moyenne, la variance et le coefficient de

variation de la variable aléatoire u. Par définition, on a :

C2 — _JL - _JLU u ~ 2

Supposons que le nombre de demandes qui arrivent à des périodes successives sont des v.a.

indépendantes et identiquement distribuées (i.i.d.) de moyenne n et de variance a\. De

plus, si les tailles de demandes sont des v.a. i.i.d. de moyenne x et de variance al et si les

délais de réapprovisionnement sont des v.a. i.i.d. de moyenne L et de variance al, alors

d'après les résultats de Burgin et Wild [33] et Clark C. [41], on peut écrire :

(3.1)

L'expression du coefficient de variation de la demande durant le délai de

réapprovisionnement est donnée par :

_ ''DIT

/ , n2-L-Vx , n 2 - x 2 - F t

Soit :

C2 — —2- 4- * u. (72 H 7\L n • L

Cette équation est sans dimension et les valeurs de ses trois composantes sont utilisées pour

classer les articles.

Cas particulier : Si la demande est aléatoire et suit un processus de Poisson de moyenne X

par période, alors :

a — v — \ • r l — ZJL — —Un A A

Si, de plus, le délai de réapprovisionnement est constant, on obtient : VL = 0. Alors, on a :

, 2 1'DIT — ~, '•

49

En fixant un seuil de séparation en deux catégories (bas et élevé) à chacune des 2

composantes du coefficient de variation, on obtient une classification en quatre groupes :

demande régulière et forte (D); faible circulation (B); demande irrégulière mais forte (C) et

demande intermittente (A).

/XLbas

élevé

r2 //XL

bas

D

B

élevé

C

A

Cas général : En conservant les 3 composantes du coefficient de variation et en appliquant

une séparation dichotomique comme précédemment, on aboutit à une classification en 8

groupes, ce qui peut rendre les calculs et le suivi des inventaires fastidieux. Généralement,

on réduit le nombre de classes en procédant à des regroupements. Eaves et Kingsman [66]

utilisent la dite méthode pour effectuer la classification en 5 classes présentées dans le

tableau ci-dessous.

Composantes de la demande pendant le délai de

Variabilité des

transactions

Cl/L

faible

faible

forte

forte

forte

réapprovisionnement

Variabilité de la

taille des demandes

Cll{n-L)

faible

forte

faible

forte

forte

Variabilité du délai

d'approvisionnent

r2

faible

forte

Classification du type de

demande

régulière

irrégulière

faible circulation

moyennement intermittent

fortement intermittent

Tableau 3.1 : Classification de la demande en 5 classes (Eaves et Kingsman)

50

Indépendamment de la méthode utilisée et des critères de classification retenus, le nombre

de classes distinctes doit préférablement se situer entre trois et cinq. En général, les articles

sont regroupés en trois classes : A, B et C. Les articles de la classe A ont priorité sur ceux

des classes B et C. Il en est de même pour les articles de la classe B par rapport à ceux de la

classe C. Ainsi, un suivi continu et rigoureux est assuré pour les articles de la classe A.

Rappelons que l'objectif de la classification est de regrouper les articles dans des classes

distinctes auxquelles des politiques spécifiques de contrôle seront appliquées.

3.2. Les politiques de contrôle des inventairesOn distingue deux politiques de contrôle des inventaires : le contrôle continu selon lequel le

niveau du stock est connu en tout temps et le contrôle périodique qui suggère d'effectuer un

contrôle avec une périodicité R prédéterminée. Silver et al. [169] présentent les avantages

de chacune des deux politiques de contrôle. Le contrôle périodique peut être avantageux et

attrayant si plusieurs articles (pièces de rechange) sont achetés d'un même fournisseur. Il

est alors possible de regrouper les commandes en une seule et d'utiliser le même service de

transport, de réception et d'inspection. De plus, il est plus facile avec ce type de contrôle de

planifier la charge de travail des préposés aux magasins de stockage, contrairement au

contrôle continu où les passations de commande peuvent se produire l'une à la suite de

l'autre sans possibilité de regroupement. Le contrôle continu occasionne aussi des coûts

additionnels puisqu'il nécessite un système de suivi en temps réel des transactions. Il faut

cependant noter la tendance à la baisse des coûts d'achat et d'implantation des systèmes

automatisés (code barres, radio fréquence, etc.) pour le repérage et le suivi des transactions.

Quant aux articles à faible circulation tels que les pièces de rechange essentielles de la

classe A, il coûte moins cher d'effectuer le contrôle continu puisque pour de tels articles

plusieurs contrôles périodiques peuvent être effectués entre deux demandes. D'autre part, le

contrôle continu garantit, pour un même niveau de service, un stock de sécurité plus bas

que le contrôle périodique. En effet, la période à risque de pénurie (R+L) est plus longue

avec le contrôle périodique qu'avec le contrôle continu où la période de risque est le délai

de réapprovisionnement (L). Le contrôle continu avec son point de commande permet aussi

de réduire les effets des fluctuations de demande en pièces de rechange occasionnées par

des variations de taux de panne ou de taux de productions. Avec le contrôle périodique, une

51

brusque augmentation de la demande peut causer une pénurie sans qu'il ne soit possible de

la prévoir.

Les paramètres de gestion des inventaires sont principalement : le point de commande (s),

le niveau maximum du stock (S), l'intervalle de temps (R) entre deux contrôles consécutifs

et la taille (Q) du lot à commander. Le Tableau 3.2, adapté de Silver et al. [169], donne un

aperçu des politiques de gestion des inventaires qui peuvent être utilisées pour chaque

classe d'articles.

Contrôle continu Contrôle périodique

Article de la classe A (S-1,S) ou (s,S) (R,s,S)

Article de la classe B 0,0 (R,S)

Article de la classe C (s, Q) ou EOQ (R, S) ou EOQ

Tableau 3.2 : Stratégie de contrôle selon la classe de l'article

Ainsi, pour les articles de la classe A, le contrôle continu peut s'effectuer selon la stratégie

(S - 1,S) qui suggère de maintenir un stock permanent S et de placer une commande aussitôt

qu'une unité est consommée. Si S=l, on parlera d'approvisionnement unitaire.

Pour un contrôle périodique de type (R,s,S), le niveau du stock h est évalué à tous les R

unités de temps. Si h est inférieur au point de commande s, une quantité S-IL est

immédiatement commandée.

Les paramètres de gestion s, S, Q, et R sont déterminés à l'aide de modèles analytiques et

de règles empiriques qui tiennent compte, entre autres, des coûts de passation de

commande, de possession, de pénurie, de désuétude, des délais d'approvisionnement, de

l'incertitude quant aux délais et à la demande et des ressources disponibles (voir

[92;169;198]). Ces modèles sont très bien couverts dans la littérature scientifique.

3.3. Les modèles classiques de gestion des stocksQuelques modèles classiques de la gestion des stocks sont présentés ci-après. Il s'agit du

modèle de Wilson avec une de ses extensions et des politiques (s,Q), (s,S), (R,S) et (S ~1,S).

52

3.3.1. Le modèle de Wilson ,Ce modèle fut établi par Ford Harris en 1913 et est, ans contredit, le modèle de gestion des

stocks le plus couramment utilisé (voir figure 3.1). Il est aussi connu sous l'appellation de

la formule de la rafale économique ou de la quantité économique à commander (QEC). Ce

modèle est à recommander lorsque le taux de demande et le délai de réapprovisionnement

sont connus et constants, ce qui peut être le cas pour des pièces de rechange utilisées

exclusivement à des fins de maintenance préventive systématique. La périodicité des

remplacements préventifs est alors fixée et le gestionnaire des équipements sait donc à

quels instants les remplacements sont prévus et peut approvisionner les pièces de sorte à les

recevoir suffisamment à temps pour assurer les remplacements préventifs.

Niveaudu stock

Q

•X-temps

Figure 3.1 : Profil du stock pour le modèle avec demande et délai constants

La quantité économique à commander g* et la durée du cycle optimale T* sont données

par :

T = (3.3)

53

Hadley et Whitin [92] et Silver et al. [169] ont montré qu'en terme de coût total, le résultat

de la quantité économique à commander est peu sensible aux erreurs d'estimation des

paramètres. Cela explique en partie le succès que le modèle a connu et sa grande utilisation

dans les logiciels commerciaux de gestion des inventaires. Par exemple, une surestimation

de 100% de la quantité économique à commander n'entraînerait qu'une hausse de 25% du

coût total.

Dans la plupart des applications pratiques, la valeur de Q* est suffisamment grande pour

qu'on puisse l'arrondir à la valeur entière la plus proche sans conséquences. Dans le cas de

pièces de rechange dispendieuses, il est intéressant de considérer la nature discrète et

entière de la demande telle que présentée à la figure 3.2 ci-dessous.

11.

QN M M

M M

1

—\

^ÊÊmm

"h

r

1

—k-

I temps

^ Demande unitaire

X Réapprovisionnement

U=l/D

Figure 3.2 : Profil du stock pour le modèle EOQ dans le cas où la demande est discrète

On remarquera que d'après la figure 3.2, le niveau maximal du stock est égal à (Q - 1) et le

niveau minimal est nul. L'expression du coût total CT(Q) est alors donnée par [92] :

(3.4)

(2* est la plus petite valeur de Q qui minimise l'équation (3.4).

54

Hadley et Whitin montrent qu'une commande est passée [(m + 1) • ts — r] unités de temps

après la demande qui ramène le niveau de l'inventaire (quantité totale en stock et en

commande) à m , où m est la partie entière de rlts.

Il existe plusieurs extensions du modèle de Wilson. Celle qui traite des denrées périssables

est une des plus intéressantes car elle tient compte de la dégradation des pièces de rechange

alors qu'elles séjournent dans le magasin. Dans le cas où le taux de dépérissement £ du

stock est constant, alors le niveau instantané du stock est donné par Ghare et Schrader [83] :

I(t) = (I0+~)e-«-~ (3.5)£ £

avec Io -1(0).

Le coût total d'acquisition et de stockage est donné par:

C T ( T ) = — + C - D + ( C - ^ - ^ + h - D ) - T + h - D - e - ~ (3.6)L À 2t

T* satisfait nécessairement l'équation :

dCT(T)dT

Ce qui revient à résoudre l'équation :

= 0 pour T = T

-A + ( — + hD)T*2 + hDeT*3 = 0 (3.7)

Connaissant la valeur de T*, on tire g* de la relation suivante :

Q* = 2 > . ( T * + e ~ ) (3.8)

55

3.3.2. Le système (s,Q)Ce modèle suggère de commander une quantité Q d'articles chaque fois que le niveau du

stock net (stock physiquement disponible + les unités à recevoir, s'il y en a) est inférieur ou

égal au point de commande s (voir figure 3.3). Le coût total est la somme des coûts de

commande, de stockage et de pénurie. L'expression de coût total CT(s,Q) est donnée par

[92]:

CT(a,Q) = A^ + h(Q ~- rf(s)

IX)

où ff(s) = \(x — s)g(x)dx est le nombre de composants en pénurie par cycle des

réapprovisionnement et SS = s — fj,g .

s+Q

Figure 3.3 : Profil du stock pour le système (s,Q) avec stock de sécurité

Les valeurs optimales s* et Q* sont solution de:

dCT(s,Q)/dQ = 0 pour 5 = 5* ; Q = Q*

dCT(s,Q)/ds - 0 pour s = s* ; Q = Q *

temps

56

Les valeurs de s* et Q* peuvent être obtenues en résolvant le système d'équations

précédent par une procédure numérique ou en utilisant la méthode de calcul proposée par

Hadley et Whitin [92]. Cette dernière converge assez rapidement.

3.3.3. Le système (s,S)Ce modèle suggère de ramener le niveau du stock à S chaque fois que le niveau du stock net

(stock physiquement disponible + les unités à recevoir, s'il y en a) atteint le point de

commande s (voir figure 3.4). Scarf [156] a démontré qu'il existe une solution optimale à

ce système de gestion des stocks.

temps

Figure 3.4 : Profil du stock pour le système (s,S)

Considérons un système d'inventaire à temps discret dans lequel une commande est passée

au début de chaque cycle et avec demandes différées (les quantités en pénurie sont

commandées et reçues plus tard). Veinott et Wagner [185] établissent l'expression du coût

total moyen cyclique CT(s,S) pour cette politique (s,S) à partir de la théorie du

renouvellement dans le cas où la structure de coût et les paramètres sont stationnaires.

57

Soient :

x : variable aléatoire associée à la demande durant une période;

pt: probabilité {*=/}, 1=0,1,2,3,...;

A: coût de passation d'une commande;

G(y): coût moyen cyclique de stockage et de pénurie lorsque le niveaud'inventaire est à y au début du cycle. Pour garantir l'existence d'unesolution optimale, il est requis que :

(i) -G(y) soit unimodale

(ii) lim G(y) > min G(y) + K.Jî/J—»oo y

L'expression du coût total moyen cyclique CT(s,S) est donnée par :

— (3.9)

m(0) = (1 - po)~\ M(0) = 0

3

1=0

7 = 1 2

Les valeurs optimales s* et S* peuvent alors être obtenues par un simple algorithme

d'énumération. Plusieurs algorithmes ont été élaborés pour réduire la zone de recherche des

solutions.

L'algorithme proposé par Zheng et Federgruen [198] est reconnu comme l'un des plus

simples et efficaces. Il opère comme suit :

• Trouver y* un minimum de la fonction G(.);

• Étape 1

o s :=y*; .

o S0:=y*\

o Faire s :=s - / jusqu'à ce que CT(s,So)<G(s);

58

o so:=s; c0:=CT(so,So); S°:=S0; S:=

• Étape 2

o Tant que G(S) < c° faire

Si CT(s,S)<c° alors

• S°:=S;

Tant que CT(s,S°) < G(s+l) faire s :=s+1 ;

c° :=CT(s,S°);

m

m

• Fin si;

• S:=S+l;

o Fin tant que.

Feng et Xiao [76] ont suggéré un autre algorithme qui est censé réduire de 30%, en

moyenne, le nombre d'itérations requises par l'algorithme de Zheng et Federgruen.

3.3.4. Le système (SJi)Après chaque période de temps R, on vérifie l'état du stock en main et une commande est

placée pour ramener le niveau du stock à S (voir figure 3.5). Selon Hax et Candea [96],

c'est la politique de contrôle périodique la plus utilisée. Elle est facile à comprendre et à

opérer par le personnel du magasin. De plus, les calculs sont moins complexes que dans le

cas des autres modèles de contrôle périodique. Cependant, cette politique n'est pas

conseillée si le coût de commande est élevé et qu'il vaut mieux ne pas placer

systématiquement des commandes à chaque instant de contrôle. Dans ce cas, la variante

(s,S,R) est plus avantageuse. Elle suggère de ne passer la commande pour ramener le niveau

du stock à 5 que si le niveau du stock est inférieur ou égal à s au moment de la revue.

59

A

Qj

-<

i

\

\

VN»

R >

_ iks% Niveau de F**%»

%»% ^/l'inventaire [%»% Stock net |

\ !

\ !

\ !

\ !

1

1^ — - — • — -H >

<

l

N i\ i

»,

XNI

\

>l temps

Figure 3.5 : Profil du stock pour le système (S,R)

Le coût total est la somme des coûts de révision, de commande, de stockage et de pénurie.

L'expression de coût total moyen CT(S,R) pour le cas où les pénuries ne sont pas

fréquentes est donnée par [92] :

CT(S,R) = Cr^A + hRDR "H- J(x-S)g(x)dx

où Cr est le coût de chaque révision de l'inventaire.

Les valeurs optimales s* et R* sont solution de:

dCT{S R) = Q p Q u r s, = i S * . j R = = i ? *

dCT(S,R) = Q ( S ^ i S , * . j R = jfi;*ai?

60

3.3.5. Le système (S-l ,5)

temps

Figure 3.6 : Profil du stock pour le système (S-l,S)

Ce système est aussi connu sous l'appellation anglaise « base stock ». Il est très utile en

gestion des stocks de pièces de rechange essentielles (articles de la classe A). Avec ce

système de gestion, une quantité S d'articles est tenue en stock. Chaque fois qu'un article

est consommé, une commande unitaire est passée à l'échelon supérieur pour ramener le

niveau du stock de S-l à S (voir figure 3.6). Ce système est un cas particulier du système

(s,S) avec s = S-l. On remarquera aussi que lorsque Q=l, le système (s,Q) devient

équivalent à (S-l,S). Plusieurs auteurs dont Feeney [74], Moinzadeh [132; 133],

Karush[110], Schultz [161], Dhakar [55], Walker [188] ont traité la question de

détermination du niveau du stock optimal S pour divers cas de figure. Nous présentons ci-

après, le cas sans arrérage. On considère un stock avec un niveau de stock maximal S. Des

demandes unitaires indépendantes et aléatoires arrivent de façon aléatoire à un taux X par

unité de temps. Chaque demande occasionne la sortie d'une pièce de rechange et la

commande d'une pièce de remplacement. Le délai de livraison de cette pièce de

remplacement suit une distribution quelconque de moyenne T. Si le stock est épuisé avant la

livraison des rechanges alors une pénalité L est encourue pour chaque demande qui doit être

61

satisfaite par une commande d'urgence qui est immédiatement livrée. Un coût unitaire h de

stockage par unité de temps est encouru pour chaque unité en stock.

Le processus de demande en pièces et de livraison de pièces peut être vu comme un

système de file d'attente Ml GIS où les arrivées sont poissonniennes avec S serveurs en

parallèle. En effet, on peut considérer chaque pièce en stock comme un serveur en parallèle.

Les clients (les pannes) arrivent avec taux X. Chaque fois qu'une panne se produit, une

pièce sort et sa place sur l'étagère reste vide et ne peut plus satisfaire d'autre client (panne).

Ce processus ressemble à un serveur qui est occupé et qui ne peut plus servir d'autres

clients. Les clients subséquents qui arrivent vont vers les autres serveurs. Lorsque la pièce

de remplacement arrive après un délai qui suit une distribution générale ou quelconque de

moyenne r, elle va occuper la place vide sur l'étagère et peut de nouveau servir à répondre

à la demande. Le processus ressemble de nouveau à un serveur qui devient libre après avoir

été occupé pendant une durée correspondant au délai de livraison. De plus, puisque les

arrérages ne sont pas permis, tout se passe comme si on ne permet pas à plus de S clients

d'entrer dans le système. Le (5+l)ème client reçoit un service immédiat (commande

d'urgence) et repart aussitôt. On peut ainsi dire que le système d'inventaire (5-1,5) que

nous étudions est équivalent à une file d'attente M/GIS/S dont les expressions des

probabilités d'état sont connues à l'état stationnaire. Les résultats de la théorie des files

d'attente établissent que les probabilités d'état en régime stationnaire pour le système

M/G/S/S sont les mêmes que pour le système Ml Ml SI S et sont données par la lère formule

d'Erlang ou distribution de Poisson tronquée. Les probabilités d'état du niveau d'inventaire

(inventaire=5 - demande) en régime permanent sont alors données par :

Qs(j) = P{j pièces en stock | le stock max vaut S}

Soit p(S)=Qs(0), la probabilité que le stock soit vide sachant que le stock max vaut 5. La

probabilité d'avoir une pénurie est qu'il y ait une panne alors que le stock est vide. Cette

probabilité vaut alors À • p(S). Le coût moyen de pénurie par unité de temps est donc

L • A • p(S).

62

Le coût de stockage moyen par unité de temps vaut :

h- = h-[S-(l-p(S))-\r]

L'expression du coût total moyen par unité de temps CT(S) est donnée par :

CT(S) = -(l~ p(S)) • Ar] + XLp(S) (3.10)

En ne tenant pas compte du terme constant hXx, qui n'influence pas la détermination du

niveau du stock S* qui minimise le coût total, on obtient une nouvelle expression :

CT(S) = h-S + Xrp(S) (3.11)

Smith [170] démontre que CT(S) n'admet qu'un seul minimum. Il suffit donc de recourir

à une procédure d'énumération pour obtenir la valeur optimale S*. Toutefois,

l'approximation suivante proposée par Smith [170] ne requiert pas d'ordinateur pour

calculer S* :

S* = Ar +

avec a = )1/2

La solution obtenue par l'approximation peut judicieusement être utilisée pour amorcer la

procédure d'énumération dans le but d'obtenir plus rapidement la solution optimale exacte.

Dans ce chapitre nous avons présenté quelques méthodes de classification des articles et

proposé une approche de sélection des modèles de gestion des inventaires appropriés à

chaque classe. Ensuite, nous avons passé en revue les principaux systèmes de gestion des

inventaires en donnant les équations et algorithmes nécessaires à la détermination des

paramètres optimaux de gestion. Les systèmes de gestion considérés ont été développés

63

pour la gestion des stocks de façon générale et n'intègrent pas l'aspect maintenance qui

constitue le principal usage des pièces de rechange. Le chapitre qui suit va donc aborder

l'intégration des actions de maintenance au système d'approvisionnement et de gestion des

stocks de pièces de rechange.

Chapitre 4

Gestion conjointe des stocks et de la maintenance

La plupart des modèles analytiques traitant de stratégies de maintenance supposent que les

ressources requises pour effectuer les actions de maintenance sont disponibles au bon

moment. Une fois que les paramètres caractérisant la stratégie de maintenance sont obtenus,

on rend disponibles les ressources requises en déterminant leurs paramètres

d'approvisionnement à partir des modèles classiques de la gestion des stocks. Cette

résolution en deux étapes est moins efficace que les solutions proposées par les modèles qui

optimisent conjointement les approvisionnements et les actions de maintenance. En effet,

de récentes études ont montré que l'optimisation conjointe des politiques

d'approvisionnements des pièces de rechange et des stratégies de maintenance génère des

gains substantiels en disponibilité et en coûts d'opération [9;28;35]. Ce chapitre est

consacré à l'étude de ces modèles conjoints d'approvisionnement et de remplacement. On

distinguera les modèles d'approvisionnement unitaire, recommandés surtout pour les

articles de la classe A, des modèles d'approvisionnement par lot.

65

4.1. Modèles conjoints pour l'approvisionnement unitaireCes modèles traitent d'articles encombrants ou dont les coûts d'acquisition, de stockage et

de pénurie sont élevés et dont la fréquence de remplacement est faible. On parle de faible

fréquence de remplacement lorsque le délai de réapprovisionnement est beaucoup plus

court que l'intervalle entre deux pannes qui s'étend sur plusieurs mois ou semestres. Une

des questions qui se pose pour un tel composant est de savoir à quel moment la commande

doit être placée sachant que, si elle est trop tardive, il y a un risque de pénurie et si elle est

trop anticipée, il y a un risque lié à la possession (coût de stockage, obsolescence,

détérioration, vol, etc.). Il s'agit alors de trouver un compromis entre ces deux situations

extrêmes. Le modèle de base proposé par Mitchell [131] est présenté en premier pour

introduire la problématique. Ensuite, plusieurs modèles avancés sont exposés. Ils tiennent

notamment compte de la réparation minimale, du délai de réapprovisionnement variable et

de coûts croissants pour les réparations minimales.

4.1.1. Modèle de base sans maintenance préventive

Considérons un composant ayant fonctionné sans panne pendant t unités de temps. A quel

instant optimal W* (W > t) doit-on passer la commande pour espérer obtenir un coût total

d'opération minimal sachant que le délai d'approvisionnement est de L unités de temps,

qu'un coût unitaire h est encouru pour entreposer l'article et qu'un coût de pénurie it est

encouru pour chaque épisode de pénurie. Si l'article est commandé à l'instant W, il est reçu

à l'instant W+L (voir Figure 4.1). Ce modèle de base a été proposé par Mitchell [131].

Instant deMise en fonction de la passation de Livraison de lapièce opérationnelle la commande p j è c e commandée

! I !—i 1 1 1 >

0 t W W+L t e m p S

Figure 4.1 : Schéma du cycle de remplacement et de commande unitaire

Le coût total moyen CT(W) est la somme du coût de stockage CS(W) de la rechange et du

coût de pénurie CP(W) advenant une panne avant la livraison de la pièce de rechange.

Le coût de pénurie

La probabilité de pénurie est égale à la probabilité de défaillance entre t et W+L sachant

que le composant était en vie à t. Cette probabilité est donnée par :

Proba de pénurie = / v 'dxJt R{t)

Le coût de pénurie vaut donc :

CP(W) = 7T f

Le coût de stockage

La période de stockage commence avec la livraison de la rechange et se poursuit tant et

aussi longtemps qu'il n'y a pas de panne du composant opérationnel c'est-à-dire tant que le

composant est en vie. L'expression de la durée moyenne de stockage est donnée par :

J»oo R(xj

W+L R(t)

Le coût de stockage moyen vaut donc :

Finalement, l'expression du coût total moyen CT(W) encouru si une unité est commandée à

l'instant W est donné par :

... , . (4.1)R(t)

L'instant W* qui minimise le coût total moyen CT(W) est solution de l'équation :

dW

67

Ce qui revient à trouver W tel que :

r(W + L) = % ' (4.2)

La relation (4.2) est une généralisation du résultat obtenu par Tavares et Almeida [175] et

que les auteurs ont appliqué avec succès à un problème industriel de gestion des stocks de

pièces de rechange dans des installations portuaires du Portugal.

4.1.2. Modèle avec maintenance préventiveAvec le modèle précédent, il n'est pas possible d'envisager des remplacements préventifs

encore moins de définir une politique optimale pour procéder au remplacement préventif.

Faut-il le faire à la réception de la pièce de rechange ou faut-il attendre la panne du

composant opérationnel? Dohi et al. [60] proposent un modèle généralisé avec délai de

réapprovisionnement non-constant qui permet d'énoncer une politique optimale de

remplacement.

On considère un système constitué d'une unité qui est remplacée à chaque panne. Une

commande unitaire est lancée dès que la panne se produit. L'unité commandée est reçue

après le délai de livraison. Le composant opérationnel commence à fonctionner à l'instant

0. Si le composant n'est pas tombé en panne jusqu'à l'instant to prédéterminé, une

commande normale est placée. La pièce de rechange est reçue après L unités de temps. Si à

l'arrivée de la commande, le composant est déjà tombé en panne, alors le remplacement est

fait et le cycle reprend. Sinon, la rechange est mise en stock jusqu'à ce qu'une panne ait

lieu ou que le composant en fonction atteigne l'âge to+tj. Si le composant opérationnel

tombe en panne avant to, une commande d'urgence est passée et reçue après Le(t) unités de

temps. Dès sa réception, le remplacement est fait et le cycle recommence. Les coûts

encourus sont : le coût de pénurie par unité de temps (n), coût unitaire de stockage par unité

de temps (h), le coût de passation d'une commande d'urgence (Ai) et le coût de passation

d'une commande normale (A2).

Il y a 4 scénarii mutuellement exclusifs à considérer pour exprimer le coût total moyen en

régime permanent par unité de temps. Pour chaque scénario i, il faut évaluer le coût total

moyen CT, et la durée moyenne du cycle correspondant D,.

68

Scénario 1 : La panne se produit avant ÎQ.

La commande normale n'ayant pas encore été placée, il faut donc assumer le coût de la

commande d'urgence et les coûts reliés à la pénurie.

Commande Livraison etd'urgence remplacement

panne'

et

A = JQ\t + Le{t))f{t)dt

Scénario 2 : La panne se produit entre to et to+L.

La panne se produit après le passage de la commande normale, mais avant la livraison de la

pièce de rechange. Il faut donc assumer les coûts reliés à la pénurie et à la passation de

commande normale.

Commande Livraison etnormale remplacement

0 t0 t to+L

CT2 = [4 + n(t0 +L-t)]- I f(t)dt

et

f(t)dt*0

69

Scénario 3 : La panne se produit après to+L mais avant to+ tj.

La panne a lieu après la livraison de la rechange mais avant l'instant du remplacement

préventif. Il faut donc assumer les coûts reliés à la passation de la commande normale et au

stockage de la rechange.

Commandenormale Liv™son Panne et

I | M remplacement

l !+! y Q, 10 to to+L t

et'Lt-f{t)dt

Scénario 4 : Aucune panne ne se produit avant le remplacement préventif qui a lieu à to+ ti.

Les coûts à assumer sont reliés à la passation de la commande normale et au stockage de la

rechange.

Commande Livraison Remplacementnormale ^ 7 ^tjf

o to to+L to+U

poo

/ f(t)dt

et

/

70

Finalement, l'expression du coût total moyen CT(to, t{) est donnée par la somme des coûts

des 4 scénarii :

'a+LdF{t) +{% +L-t)£+LdF(t)

+h\(t - -L)\ i

(4.3)

De même, l'expression de la durée moyenne du cycle de remplacement D (to, tj) est donnée

par :

D(t0A) = F(t + Le(t))f(t)dt + (tQ + L) fk+Lf(t)dt

+ Jtn+L

Parce que le processus stochastique considéré est un processus de renouvellement et que les

instants de remplacement sont des points régénératifs, on peut alors analyser le processus

selon son comportement cyclique.

£ = , x _ ^[coût total par cycle]^ ' l) £;[durée total d'un cycle]

II faut alors déterminer le couple (to, ti) qui minimise le coût total moyen par unité de

temps.

Le couple (to, f/)* est solution de :

= 0, pour et tx = t{

et

= 0, pour to = io et tx =

(4.5)

(4.6)

La résolution de l'équation (4.6) donne l'important théorème qui suit.

71

Théorème : Pour n'importe quel instant de commande to, la durée optimale de séjour en

inventaire ti * qui minimise le coût total moyen par unité de temps est :

- tj* —> oo (remplacement à la panne), si N(to) < 0.

- tj* = L (remplacement à la réception de la commande), si N(to) > 0.

N(tQ) = 7T PU*) • F(t)dt - r+LF(t)dt + (L- Le(t0))F(t0)

+h • [ £ (1 - le(t))R(t)dt + (Le(t0) - 4(0)]

Ce théorème établit les conditions d'existence de la politique optimale

d'approvisionnement et de remplacement unitaire. Il impose de ne considérer que deux cas

extrêmes :

- La pièce de rechange est mise en stock jusqu'à ce que la pièce opérationnelle tombe

en panne (tj* —> oo);

- Faire le remplacement dès que la pièce de rechange commandée est reçue (tj* —• L).

Il reste, à ce stade de la résolution, à déterminer les valeurs optimales de to pour chacune

des deux valeurs de ti*.

Cas 1 : ti* —> oo. La pièce de rechange en stock est utilisée lorsque la composante

opérationnelle tombe en panne.

En résolvant l'équation (4.5) avec la condition ti* —• oo, Osaki et al. [60] démontrent le

résultat suivant :

Théorème : Si Fit) est à taux de panne strictement croissant,

(1) si : qi(0) < 0 et #;(oo) > 0, alors il existe une solution optimale finie et unique to*

(0 < to* < oo) qui minimise le coût total moyen par unité de temps. Cette solution

satisfait à l'équation : qi(to)=0.

(2) si : qi(0) > 0, alors to* = 0 (on commande au début de chaque cycle).

(3) si : #/(oo) ^ 0, alors to* = oo (on commande à la panne).

72

qx{tQ) = [7r{(Le(O - L)r(t0)

-[(Le(tû)-L)r(tQ)

= f(t0)/R(t0)

CT(t0,oo) =

(A, -

Le(t)f(t)dt+ f (tQ+L-t)f(t)dt0 *J b.

+ h- (t-t0- L)f{t)dt + AJto+L

r*tn r*tf,-i-L

D(t0,oo)= (t + Le(t))dF(t) + / (to + L)dF(t)+

- l)\D(tQ,oo)

tdF(t).

Cas 2 : tj* = L. La composante opérationnelle est remplacée aussitôt que la pièce de

rechange commandée est livrée.

En résolvant l'équation (4.5) avec la condition tj* —*• L, Dohi et al. [60] démontrent le

résultat qui suit.

Théorème : Si Fit) est à taux de panne strictement croissant,

(1) si : #2(0) < 0 et <?2(°°) > 0, alors il existe une solution optimale finie et unique to

(0 < to* < oo) qui minimise le coût total moyen par u.t. Cette solution satisfait à

qi{to)=O.

(2) si : #2(0) > 0, alors to =0 (on commande au début de chaque cycle).

(3) si : #2(°°) ^ 0, alors t0* = co (on commande à la panne).

73

q2(t0) = [n

-[(Le(t0)-L)r(t0)

CT(io,I,) = * f L.(*)dn«) + f + («o + I* - t)dF(t)

D(to,L) = [ (t + Le(t))dF{t) + f (to+ L)dF(t).

) +

Un troisième cas, tj* fixé et prédéterminé, est analysé même s'il s'agit d'une politique

sous-optimale. C'est le cas où, pour diverses raisons, la pièce de rechange tenue en stock

est utilisée pour effectuer un remplacement préventif systématique à un instant

prédéterminé to+ti (L <tj< QO) et cela avant que la panne ne se produise. Nous énumérons

quelques raisons pour expliquer le recours à une telle politique sous-optimale :

• le constructeur de l'équipement peut imposer cette périodicité de remplacement

pour diverses raisons. Il pourrait notamment s'agir d'une condition à remplir pour

se prévaloir de certaines garanties. L'utilisateur de l'équipement ne pourra alors que

s'y conformer.

• la panne du composant peut être catastrophique ou comporter des conséquences trop

importantes à tel point que l'option du remplacement préventif avant la panne

s'impose.

• il peut aussi s'agir de profiter du remplacement d'une autre pièce pour faire le

remplacement du composant en question (maintenance opportuniste). Il faut

toutefois s'assurer au préalable que le remplacement opportuniste procure un gain

supérieur à la pénalisation due à l'utilisation d'une politique sous-optimale. Il

suffira pour cela de comparer la différence entre le coût optimal du cas 3 (ti * est

fixé) et le coût optimal du cas 1 (tj* —> oo) avec le gain dû au remplacement

opportuniste.

• pour éviter la dégradation du composant de rechange pendant le stockage, on peut

imposer qu'il soit utilisé après (ti - L) unités de temps passées en stock.

74

Cas 3 : ti * est fixé et prédéterminé. Une périodicité de remplacement est imposée.

En résolvant l'équation (4.5) avec tj fixe et connu, Dohi et al. [60] démontrent le théorème

qui suit.

Théorème : Si F(t) est à taux de panne strictement croissant, et si :

MW^TT)<rM' V L < t l < ° °(1) si : M(0, ti) < 0 et M(oo , ti) > 0, alors il existe une solution optimale finie et

unique to* qui satisfait M(to, ti) = 0.

(2) si : M(0, ti) > 0, alors to* = 0 (on commande au début de chaque cycle).

(3) si : Af(oo, //) ^ 0, alors to* = °° (on commande à la panne).

L'expression de M(to, ti) est donnée par :

F(t0 + L) - F(t0)

R(t0)

u met sous les hypothèses suivantes

7r- Le(t) + Al > h- L + A2

0 < Le(t) < L

h < CT(tn,U) < 7r

L'expression deJR2(^0,^1) n'apparaît pas dans l'article de Dohi et al. [60] probablement à

cause d'une omission de la part des auteurs. Nous avons donc repris leurs calculs pour

dériver l'expression présentée ci-dessus.

75

Par ailleurs, Dohi et al. [61] présentent une revue des plus récents travaux traitant de

l'approvisionnement unitaire des pièces de rechange ainsi qu'une généralisation du modèle

qui vient d'être exposé.

4.1.3. Modèle d'approvisionnement unitaire avec réparation minimaleLes pièces de rechange qui sont approvisionnées à l'unité sont généralement des systèmes

réparables soit parce qu'elles ont été conçues pour l'être, soit parce qu'il est plus

économique de remettre en état de tels systèmes qui sont souvent coûteux et/ou de grande

taille. Il est alors intéressant de déterminer l'instant de commande de la pièce de rechange

en fonction du nombre de pannes subies par le composant.

Considérons un système constitué d'une unité qui subi une réparation minimale à chaque

panne. Par définition, la politique de réparation minimale n'influence pas le taux de panne

du système. Le concept de réparation minimale fut introduit en premier par Barlow et

Hunter [15]. C'est un modèle de remplacement qui sied aux systèmes complexes qui

tombent en panne chaque fois qu'un élément constitutif est défaillant. Il suffit alors de

remplacer l'élément défaillant par un composant neuf pour remettre le système en état.

Puisqu'on ne remplace qu'un seul élément, les caractéristiques du système global sont très

peu affectées. Le taux de panne du système global reste le même que tout juste avant la

panne.

Pour ce système, on décide de placer la commande de la pièce de rechange à la n'eme panne

et d'effectuer le remplacement par du neuf à la k'eme panne. Le délai de

réapprovisionnement L est fixe et connu (voir figure 4.2). Le modèle de Sheu et al. [163]

que nous présentons ci-dessous traite de la détermination de l'instant optimal Sn de

passation de commande et du nombre optimal k de réparations minimales à effectuer avant

de procéder au remplacement de la pièce opérationnelle par une neuve. Les coûts encourus

sont : le coût de pénurie par unité de temps (TT), le coût unitaire de stockage par unité de

temps (h), le coût de passation d'une commande (A), le coût d'une réparation minimale

(C«) et le coût du remplacement préventif à la kieme panne (Cp).

76

RemplacementLivraison de de la pièce

I I la PdR opérationnelle

Figure 4.2 : Scénarii de la stratégie d'approvisionnement avec réparations minimales

Soient f(t) la fonction de densité associée aux durées de vie du système et r(i) son taux de

panne.

r(t) = f(t)/R(t)

R(t) = 1 - F(t)

On appellera fonction cumulative de taux de panne, la fonction définie comme suit

H(t) = J*r{x)dx

Les relations de base de la fiabilité nous permettent d'écrire :

R(t) =

On supposera que le taux de panne est une fonction continue et monotone croissante dans le

temps. De plus, on supposera que les pannes sont détectées instantanément et que les

réparations sont effectuées de manière parfaite.

Si N(t) désigne le nombre de réparations minimales effectuées sur un système qui a

fonctionné pendant t unités de temps, alors {MO. t > 0} est un processus de Poisson non-

homogène d'intensité r{t) (voir Barlow et Proschan [17]; Murthy [136]).

77

Lemme : Soit {N(t), t>0} un processus de Poisson non-homogène avec intensité r(t). Soit

Si, S2, S3,..., Sn les instants successifs de panne, alors :

a) la fonction de densité de probabilité de la variable aléatoire Sn est donnée par :

b) la fonction de densité de probabilité conjointe de Sn et Su (« < k) est donnée par :

fSnA(x,y) = [H(x)rl [H(y) - H{x)]M r(x)r(y){% _ ^ ( f c _ ^ _ ^ , (4.8)

Voir Sheu et al. [163] pour la démonstration du lemme. On pourra vérifier que si H(x)=X, la

proposition (a) du lemme donne :

fs ^ ) _ Anr~ c_xt

qui est le résultat bien connu qui dit que : pour un processus de Poisson homogène

d'intensité X, l'instant Sn d'arrivée du n'eme événement suit la loi gamma de paramètres X et

n.

La longueur Td'un cycle de remplacement est :

Sn +L; Sn < Sk < Sn + L (Scénario ©)rp

Sk; Sk>Sn+L (Scénario

alors :

Pr {Scénario ©} = Pr {S < Sk < Sn + L} = \ \ fss (x, y)dydxr*oo noo

Pr {Scénario ®} = Pr {Sk > Sn + L} = J J /^ A (x, y)dydx

Le coût total moyen par cycle de remplacement est donné par :

CT ={k - ï)Cr + (A + Cp) + n(Sn +L-Sk);

(A; - l)Cr h(Sk - Sn + L);

(Scénario

(Scénario •

alors :

E[CT] = {(k - ï)Cr + {A + Cp) + ir • E[Sn +L-Sk}}- Pr {Scénario

+ {(fc -ï)Cr+(A + Cp) + h- E[Sk -Sn+ L}} • Pr {Scénario

E[CT] = (k-ï)Cr+{A + Cp) + K- E[Sn + L - S k] • Pr {Scénario ©}

+ h • E[Sk - Sn + L] • Pr {Scénario ®}

L'expression du coût total moyen par unité de temps sur un horizon infini CT(n, k) est

donnée par :

CT(n, k)E[T]

Après simplification, on obtient

CT(n,k) = {{k - Ï)CR + {A + CP)

••oo px+Lpoo px+L poo px+L

+ ( / / fsn,sk(x,y)dydx)(-n l j (x + L - y)fss(x,y)dydx)

*J 0 v x J 0 \J xpoo r»oo poo />oo ^ /

+(Jo Jx+Lfsn,sk(^y)dydx)(hjo J+L(y-x-L)fSnA(x,y)dydx)^j

roo nx+L r°°£^e~{H{x)UH(x)V( p f \ 7 i \ / I X " l V / I 7 r \

I I f \œ Qi\nf)inrr\i I > / / T 1 _J- / , II , la a \ Jbt, U JIAJUUi*ls I \ I / \J/<JL/ ^ ^ XJ ]

(4.9)

-dx)j=0

II est difficile d'obtenir analytiquement la solution optimale qui minimise CT(n,k). Il faut

alors recourir à une procédure numérique d'enumeration bi-dimensionnelle pour trouver le

couple optimal («*, k*).

79

Au lieu de considérer que les coûts des réparations minimales sont constants, il serait

réaliste de s'attendre à ce que le coût de réparation augmente avec le nombre de pannes

puisque le système est de plus en plus vieux et que chaque réparation subséquente exige

beaucoup plus d'efforts que les précédentes. L'expression du coût total moyen par unité de

temps sur un horizon infini CTL(n,k) pour le cas où le coût de réparation minimale

augmente linéairement est donnée par :

., , (k-2)(k-l)-AC(4.10)

J>00 />]71 J 0

n-1 , , - t W} {H(x)}j

dx + L)

fc-1

-dx)

ÀC étant l'augmentation du coût de réparation à chaque réparation minimale.

Application numérique :

On considère un système dont les durées de vie suivent une loi de Weibull à deux

paramètres (\,fi).

f{t) = /JAV-V-W R(t)

r{t) = f(t)/R(t) = P^'1 H(t) = (XtfAlors, on obtient :

CT(n,k) = {(* - Ï)CR +(A + CP-ï)\(k-n-ï)\

Jioo noo

f (y-X-L) — vl)l(fc-n-l)!

dydx

Ar(n) Ar(Jfc)

ou

80

J»0O p\

X+L y

dydx(n-l)!(Jfc-n-l)!

v =

L'expression de CT(n,k) proposée par Sheu et al. [163] comporte quelques erreurs de

transcription que nous avons corrigées dans l'expression donnée ci-dessus.

Des calculs numériques sont effectués en utilisant les données suivantes : CR=$60; h=$4

par unité par unité de temps; ÀC=$10; A+Cp=$30Q; n =$40 par unité de temps; L=10

unités de temps; X = 0,05; /? = 2.

Pour le premier modèle avec coût constant de réparation minimale, le couple optimal est

(n*=3, k*=6). Une commande doit être lancée après la 3ème panne alors que le

remplacement préventif aura lieu à la 6ème panne.

Pour le modèle modifié avec augmentation linéaire du coût de réparation minimale, le

couple optimal est (n*=2, &*=4). Ce qui signifie qu'une commande doit être lancée après

la 2eme panne et le remplacement préventif effectué à la 4ème panne.

Les stratégies optimales qui viennent d'être présentées concernent les systèmes dont

l'approvisionnement en pièces de rechange est unitaire. Ce type de systèmes compte pour

une faible proportion des systèmes rencontrés dans une entreprise tout en représentant une

forte proportion des dépenses. Pour une plus grande proportion de systèmes, les

approvisionnements se font en lot de quelques-unes à plusieurs unités. Cette classe de

systèmes correspond à la classe B de la classification de Pareto. La section qui suit aborde

les stratégies conjointes d'approvisionnement et de remplacement de tels systèmes.

4.4. Modèles conjoints pour l'approvisionnement par lot

4.4.1. Aperçu général

Plusieurs stratégies de remplacement périodique ont été proposées dans la littérature. Les

stratégies de base les plus connues sont les stratégies de remplacement de type bloc (BRP),

de type âge (ARP) et la réparation minimale (MRP) [15]. Ces stratégies de base supposent

que les pièces de rechange sont toujours disponibles lorsque les remplacements doivent être

81

effectués. Dans la pratique, la disponibilité des pièces de rechange aux moments requis est

dépendante de l'état des stocks des pièces. Ainsi, il devient nécessaire d'établir une

stratégie de maintenance qui tient compte de l'approvisionnement des pièces de rechange.

Acharya et al. [1] traitent le cas d'un système assujetti à des défaillances aléatoires et qui

est remplacé systématiquement à des instants prédéterminés T, 2T, ..., kTet à la panne. Les

rechanges sont contrôlées suivant une politique de type (R,S) où R est un multiple de T.

L'objectif visé est de déterminer les variables T, R et 5 qui minimisent la somme des coûts

encourus pour effectuer les actions de maintenance et ceux reliés à la gestion des stocks des

rechanges. Chelbi et Aït-Kadi [35] proposent une extension du modèle d'Acharya et al. [1]

en adoptant une politique de contrôle de type (R,s) et une stratégie de maintenance de type

bloc. Brezavscek et Hudoklin [28] considèrent un parc de n machines identiques pour

lesquelles une stratégie de maintenance de type bloc est utilisée. Une politique de type (R,S)

est adoptée pour contrôler le stock de pièces de rechange. Le modèle considère un délai de

réapprovisionnement non nul et constant. Diallo et al. [58] proposent un modèle conjoint

où l'objectif est de déterminer le triplet (T,R,S) qui maximise la disponibilité du système

sous des contraintes budgétaires. La stratégie de maintenance adoptée est de type bloc alors

que le contrôle des inventaires de pièces de rechange est effectué selon la politique (R,S) où

R est un multiple de T. De façon générale, les stratégies proposées opèrent selon les

caractéristiques et les hypothèses suivantes :

• l'optimisation est effectuée uniquement à travers la minimisation des coûts [1;7;28];

• les délais de réapprovisionnement sont négligeables [1;35];

• les durées de remplacement ou de réparation sont négligeables [ 1 ; 127] ;

• les modèles de disponibilité ne sont pas traités analytiquement [7; 155].

• la politique de contrôle (R,S) est pratiquement la seule stratégie utilisée [1;28;35].

Afin de combler l'absence de modèles analytiques pour la disponibilité et les lacunes

observées plus haut tout en tirant profit des avantages de la politique (s,Q), nous proposons

une nouvelle stratégie conjointe qui vise la détermination du point de commande s et la

quantité à commander Q qui maximisent la disponibilité du système. Le système considéré

est remplacé à la panne s'il y a des rechanges en stock. Advenant une pénurie, le système

reste inactif jusqu'à la réception de la quantité commandée. Un remplacement préventif est

82

effectué chaque fois qu'une commande est délivrée. Notre stratégie considère la

distribution des durées de remplacement à la panne, un délai de réapprovisionnement non-

nul constant r, des coûts de pénurie proportionnels au temps d'inactivité et la politique de

contrôle (s,Q).

4.4.2. Stratégie conjointe de gestion des stocks de pièces de rechange pourla maximisation de la disponibilitéPour un système réparable sujet à des défaillances aléatoires, la disponibilité en un

intervalle donné exprime la proportion de temps où le système est en état d'opération dans

cet intervalle de temps. De plus, il est facile de relier cette disponibilité à la production ou

au service rendu. Ainsi, il est justifié de considérer la disponibilité comme objectif à

optimiser sous une contrainte budgétaire. D'ailleurs dans la pratique, un budget de

fonctionnement est établi par le département de maintenance avec pour objectif d'assurer la

meilleure disponibilité possible aux équipements.

La politique de contrôle des inventaires adoptée dans ce modèle suggère de commander une

quantité Q lorsque le stock atteint le niveau s.

La stratégie proposée suggère :

• d'effectuer les remplacements à la panne avec de nouvelles pièces de rechange si

elles sont disponibles en stock;

• de commander Q+l (avec Q > s) pièces de rechange dès que le point de commande

s est atteint. La pièce supplémentaire sera utilisée pour le remplacement préventif

qui sera effectué à la livraison des rechanges. Le délai de réapprovisionnement r est

supposé connu et constant. Si une pénurie survient durant le délai de

réapprovisionnement, le système demeure à l'arrêt jusqu'à la réception des

rechanges. Dès que la commande est lancée, un préavis est envoyé aux équipes de

production et de maintenance pour les prévenir d'une action de remplacement

préventif à réaliser dans un délai de r unités de temps. Les équipes disposent alors

de ce délai pour planifier et organiser l'opération de remplacement préventif.

La stratégie ainsi définie assure que les pièces de rechange sont effectivement disponibles

au moment de réaliser les actions de maintenance préventive tout en donnant aux équipes

de production et de maintenance un préavis pour organiser et préparer leurs actions.

83

L'objectif est de déterminer le couple optimal (s*,Q*) qui maximise la disponibilité

stationnaire SA(s,Q) sous une contrainte de budget. Ainsi, nous établirons les expressions

de la disponibilité stationnaire et du coût total moyen de gestion. Tous les coûts pertinents

sont supposés connus.

a) Durée moyenne du cycle de réapprovisionnement

Figure 4.3 : Illustration des cycles de réapprovisionnement

Dénotons par Tj la v.a. associée à la durée du fme cycle de réapprovisionnement, par yj la

v.a. associée au stock en main au début du cycle j , par Tj la v.a. associée au temps

nécessaire pour consommer (yj — s) pièces, et par a^ la v.a. associée au niveau du stock à

la fin du cycle de réapprovisionnement j .

Du fait que les pannes sont aléatoires, le temps T; pour atteindre le point de commande est

aussi aléatoire. Ainsi, l'intervalle de temps entre deux instants de réapprovisionnement

consécutifs T. est aléatoire. D'après la figure 4.3 , on a :

84

Soient Tm = £[T.] et Tm = E[TJ] , alors :

Tm=Tm+r + Tp (4.11)

Chaque cycle j commence avec un niveau de stock à yj — a;_j + Q. Notons E[a] le

niveau moyen du stock à la fin de chaque cycle. Alors en moyenne, chaque cycle

commence avec un stock égal à E[a] + Q. Ainsi, en moyenne, l'intervalle de temps Tm

entre l'instant de début du cycle et l'instant de passation de la commande est égal au temps

qu'il faut pour consommer [J5[a] + Q — s] pièces de rechange. Puisqu'une pièce de

rechange est utilisée pour le remplacement à chaque panne, alors le temps pour consommer

[E[a] + Q — s] pièces de rechange est le même que le temps qu'il faut pour accumuler

[E[a] + Q — s] pannes. En utilisant la fonction de renouvellement M(t), on peut alors écrire

que Tm est tel que :

= E[a] + Q - s (4.12)

L'expression explicite de E[a] sera dérivée à la section suivante.

Le nombre moyen de remplacements à la panne M{t) effectués dans l'intervalle [0,t] est

donné par :00

M{t) = 5> ( i )(<) (4.13)

où G(0(r) est la ième convolution de G(t) avec elle-même

- x)dG(x) (4.14)

et G{t) est la convolution de la distribution des durées de vie avec la distribution des durées

des remplacements à la panne :

G(t) = f F(t - x)dH(x) (4.15)

85

g(t) = f f(t- x)h(x)dx.

b) Expression de la disponibilité stationnaire SA(s,Q)

Pour chaque cycle de réapprovisionnement, le processus est régénératif. D'après la

propriété du « reward process » de la théorie du renouvellement, il s'en suit que la

disponibilité sur un horizon infini est égale à la moyenne des temps où le système est en

état de fonctionner sur un cycle divisée par la durée moyenne du même cycle :

„ . Eftemps où le système est en état de marche sur un cycle]DA =

Ce qui est aussi équivalent à :

Eftemps où le système n'est pas en état de marche sur un cycle]

Pour chaque cycle de réapprovisionnement, le système n'est pas disponible pendant le

remplacement préventif, pendant les remplacements à la panne et durant l'arrêt du système

pour pénurie de pièces de rechange. Le temps moyen d'indisponibilité est alors la somme

de la durée d'un remplacement préventif (Tp), de la durée des remplacements à la panne et

du temps d'inactivité occasionnée par une pénurie de pièces de rechange (Ta).

Durée du remplacement préventif.

Un remplacement préventif de durée Tp est réalisé par cycle.

Durée totale des remplacements correctifs ou remplacements à la panne.

Le niveau du stock au début de chaque cycle est, en moyenne, à E[a] + Q. Il est à E[a] à la

fin du cycle. On en déduit donc, qu'en moyenne, Q remplacements correctifs sont

effectués par cycle. Ce même résultat peut être obtenu en considérant l'intervalle de temps

de longueur Tm qui sépare deux instants de commande consécutifs. Le niveau du stock

passe de (Q + s) à s, ce qui signifie que Q pièces de rechange sont utilisées pour les

remplacements à la panne. La durée totale des remplacements correctifs est alors égale à

Q • Tc avec :

T = / xh(x)dx.

86

(4.16)

Durée moyenne du temps d'inactivité occasionnée par une pénurie.

La figure 4.4 montre le profil du niveau du stock pendant le délai de réapprovisionnement.

s |s-1s-2

u u+du

lére panne après la

État du système / passation dey commande

(UP) 1

fme panne

(Down) 0

s"""' panne (s+J) panne(

'4—-

u u+du temps

Figure 4.4 : Profil du niveau du stock pendant le délai de réapprovisionnement

Au début du délai de réapprovisionnement, le niveau du stock de pièces de rechange est

égal à s. Une pénurie se produira si et seulement si (s+1) pannes surviennent avant la

livraison de la quantité Q commandée. Si tel est le cas, alors le système demeure inopérant

dès l'instant de la (s+l)'ème panne jusqu'à la fin du délai de réapprovisionnement.

Dénotons par S, l'instant de la ieme panne, par gg.(t) la fonction de densité associée à S, et

par Af(/) la variable aléatoire associée au nombre de remplacements à la panne dans

l'intervalle [0,t].

D'après la figure 4.4, on voit que S, est la somme de i variables X, indépendantes et

identiquement distribuées selon la fonction de densité de probabilité g(t). Alors, gsfi) est

la ième convolution de g(t) avec elle-même.

87

8sM) = (8*8* * g * g)(t) = gii](t) (4.17)

avec g(t) = (f*h)(t).

Selon la figure 4.4, l'expression du temps d'inactivité dû à la pénurie vaut :

r — u ; 0 < w < r

0 ; ailleurs

ainsi,

Ta = E[ta) = f "(r - u)gSau(u)du (4.18)

Expression explicite de Z?[a].

Le niveau du stock aj à la fin du cycle j vaut (s — i) si et seulement si i (0 < i < s)

pannes se sont produites durant le délai de réapprovisionnement. Le niveau moyen du stock

est alors donné par :

E[a) = g (a - i) • P[N(TJ - N(Tm - r) = i]t=0

Puisque le composant installé au début du délai de réapprovisionnement est neuf et que

tous les autres remplacements se font avec des composants neufs, on a :

P[N(Tm ) - N(Tm - r ) = n] = P[N(r) = n) (4.19)

La probabilité d'avoir exactement n pannes (remplacements) durant l'intervalle [0,r] est

donnée par :

P[N(r) = n] = G(n)(r) - G{n+l)(r) (4.20)alors :

S

'">) (4.21)

Finalement, en utilisant les relations (4.11), (4.12), (4.16), (4.18) et (4.21), on obtient

l'expression de la disponibilité stationnaire.

SA(s,Q) = l-Tp+Q-Tc+Ta

Tm

où Tc = J°° xh(x)dxTa = f (T - u)gStJu)du

D'un point de vue pratique, il est possible de dériver des équations (4.19) et (4.20), les

probabilités de surplus et de pénurie durant le délai de réapprovisionnement sans avoir

recours à une distribution a priori de la demande pendant le délai de réapprovisionnement

tel que suggéré par Proschan dans [145].

Les probabilités de surplus et de pénurie durant le délai de réapprovisionnement.

Dans la littérature publiée sur la gestion des stocks, les probabilités de pénurie et de surplus

sont généralement calculées à partir de la fonction de densité de probabilité associée à la

demande pendant le réapprovisionnement. Cette fonction de densité est estimée à partir

d'un historique de la demande et est habituellement supposée normale. Ceci est peut être

vrai pour la gestion des stocks de produits de consommation courante mais difficile à

satisfaire pour des pièces de rechange dont la consommation est faible. D'ailleurs, Silver et

Peterson [168] recommandent la loi normale pour des articles dont la demande moyenne

pendant le réapprovisionnement est supérieure à 10 unités, ce qui est rarement le cas pour

des pièces de rechange. De plus, l'on remarquera que pour le système que nous considérons

dans notre étude, chaque demande de pièce pendant le délai de réapprovisionnement est

déclenchée par une panne. Aussi, est-il judicieux d'établir les expressions des probabilités

de pénuries et de surplus à partir de la loi de dégradation du système. Pour cela nous

utiliserons des résultats connus de la théorie du renouvellement.

89

La pénurie se produit lorsque le nombre de pannes pendant le délai de réapprovisionnement

excède s. L'expression de la probabilité de pénurie <b(s) est donc donnée par :

(4.22)

La probabilité d'avoir un surplus est donnée par : 3>(s) = 1 — <I?(s).

c) Le coût total moyen de gestion par unité de temps B

Le coût total moyen de gestion par unité de temps est la somme du coût moyen des actions

de maintenance par unité de temps CTM et du coût moyen de gestion du stock par unité de

temps CTj.

(4.23)

Le coût moyen des actions de maintenance par unité de temps CTM-

Durant chaque cycle de réapprovisionnement, un remplacement préventif et Q

remplacements à la panne sont effectués. D'où :

Le coût moyen de gestion du stock par unité de temps Cï'i.

Ce coût englobe le coût de passation de commande, le coût de stockage et le coût de

pénurie.

Pour un cycle moyen de réapprovisionnement, les coûts de gestion s'établissent comme

suit :

Le coût de passation d'une commande

Un coût fixe A est encouru pour la passation d'une commande par cycle.

Le coût de stockage

La quantité [ Q + E[a]} de pièces de rechange est stockée pendant toute la durée Tp du

remplacement préventif.

90

Un autre coût de stockage est généré sur l'intervalle [Tp ;Tm]. C'est le coût encouru pour

avoir un niveau de stock I(t) à chaque instant. La Figure 4.5 montre l'évolution du niveau

du stock I(t) dans l'intervalle [Tp ;Tm].

Q+E[a]

I(t)=Q+B\a\ - M(t)

Niveau du stockà l'instant t

Nombre de renouvellements à lapanne jusqu'à l'instant t

Figure 4.5 : Variation du stock de PdR durant un cycle de réapprovisionnement

L'expression du coût de stockage Cs par unité de temps durant un cycle de

réapprovisionnement de longueur Tm est donnée par :

m p

h

T Tm p

(4.24)

Alors, l'expression du coût moyen de gestion du stock par unité de temps CTi est donnée

par :

CTt = •£- + h • [E[a] + Q) • (1 + Tp) -p)m p

M(t)dt

Le coût moyen de pénurie

Chaque fois qu'une pénurie survient, une pénalité proportionnelle à la durée d'inactivité est

encourue. Le coût moyen de pénurie par unité de temps vaut alors : nTa / Tm.

91

L'expression du coût total moyen de gestion par unité de temps B est donnée par :

_7rT£_+CP+Q-Cc ( 4 2 5 )

Les variables de décision qui définissent la stratégie proposée sont obtenues en résolvant le

programme mathématique (PQ) suivant :

Tp+Q-Tc+TaMaximiser SA(s, Q) = 1

m

m

Sujet à :

m

Tm>r; s > 0; Q > s.

Résultats numériques

Due à la complexité de l'expression de M{i), il est difficile de résoudre (PQ) analytiquement.

Une procédure d'énumération à deux dimensions est développée pour déterminer s* et Q*.

À chaque itération, la valeur de M(t) est calculée en utilisant l'algorithme de calcul du

produit de convolution élaboré par Cléroux et McConalogue [42] et amélioré par Aït-Kadi

etChelbi[3].

Les calculs numériques sont effectués en considérant une distribution Gamma (a, X) pour

les durées de vie et une distribution exponentielle de moyenne XlpL pour les durées de

remplacement. Alors, on a Tc = 1 / \i.

Les résultats numériques obtenus pour des valeurs de paramètres arbitrairement choisis sont

consignés dans le tableau 4.1 et le tableau 4.2. En outre, Cp = 10$ et Cc= 50$.

Le ratio p=SA(T*)/SAco est calculé pour chaque instance considérée. La disponibilité

maximale qu'on peut atteindre SA"0 est déterminée en résolvant Po sans la contrainte de

budget. Le ratio p (0 < p < 1) exprime de combien la disponibilité optimale obtenue pour

une instance donnée est proche de la disponibilité maximale.

92

Paramètres

T

2

2

2

2

2

2

2

2

500

500

500

500

500

700

500

500

h

3

3

3

3

4

3

3

3

K

100

100

100

500

100

100

100

100

BL

150

00

145

150

150

150

150

150

Tc

1/8

1/8

1/8

1/8

1/8

1/8

1/6

1/8

TP

0,005

0,005

0,005

0,005

0,005

0,005

0,005

0,02

Résultats

Q*

7

5

8

7

8

11

5

7

s*

6

5

5

6

5

5

4

6

Tm*

6,4

5,2

7,1

6,4

7,1

8,9

5,4

6,4

SA*

0,863

0,875

0,856

0,863

0,856

0,844

0,838

0,860

P

0,986

1,000

0,978

0,986

0,978

0,964

0,958

0,983

B*($)

148,9

156,6

143,2

148,9

147,9

148,67

149,4

148,9

T *

0,0034

0,0154

0,0154

0,0034

0,0154

0,0154

0,0368

0,0034

0>(s*)

1,4%

5,3%

5,3%

1,4%

5,3%

5,3%

10,9%

1,43%

Tableau 4.1 : Résultats numériques pour a = 1 et X = 2

Paramètres

T

2

2

2

2

2

2

2

2

A

500

500

500

500

500

800

500

500

h

3

3

3

3

4

3

3

3

n

100

100

100

500

100

100

100

100

BL

140

00

120

140

140

140

140

140

Tc

1/8

1/8

1/8

1/8

1/8

1/8

1/6

1/8

TP

0,005

0,005

0,005

0,005

0,005

0,005

0,005

0,02

Résultats

Q*

3

2

4

3

3

6

2

3

s*

3

2

4

3

3

4

2

3

Tm*

5,6

4,5

6,7

5,6

5,6

9,0

4,6

5,6

SA*

0,932

0,934

0,925

0,932

0,932

0,916

0,919

0,929

P

0,998

1,000

0,990

0,998

0,998

0,981

0,984

0,995

B*($)

124,8

140,7

116,7

125,1

127,3

137,8

137,6

124,8

T*

0,0038

0,0043

0

0,0038

0,0038

0

0,0326

0,0038

0(s*)

1,5%

11,7%

0,1%

1,5%

1,5%

0,1%

9,5%

1,5%

Tableau 4.2 : Résultats numériques pour a = 2 et X = 2

93

Selon les résultats numériques obtenus, les conclusions préliminaires suivantes peuvent être

tirées. L'amélioration de la disponibilité est possible par l'accroissement du budget

disponible. Lorsque le budget augmente, le point de commande baisse puisqu'il devient

possible d'assumer les risques liés à la pénurie et la fréquence des commandes augmente

puisqu'il est aussi possible de supporter les coûts de commande. Cependant, l'amélioration

de la disponibilité se limite à la borne maximale de disponibilité réalisable SA00. Ainsi, il

n'est plus judicieux d'accroître le budget lorsque SAX est atteinte. Par contre, des

investissements en formation du personnel et en organisation des opérations peuvent se

traduire par une réduction des temps de remplacement qui, comme l'indiquent les résultats

numériques, ont une grande influence sur la disponibilité.

On remarquera aussi que l'augmentation des coûts de commande ou de stockage entraîne la

réduction de la part du budget consacrée aux opérations de maintenance. Alors, le modèle

allonge la période de remplacement préventif (réapprovisionnement) afin de réduire le coût

total moyen de maintenance par unité de temps.

Toutes ces remarques sont en accord avec les résultats connus de la gestion des stocks et

montrent que le modèle proposé permet d'obtenir des résultats valides. Une simulation du

modèle est en cours de réalisation et permettra d'établir la précision des résultats obtenus.

Le modèle proposé considère que le système demeure inactif lorsqu'une pénurie se produit.

Deux extensions du présent modèle sont envisagées pour tenir compte qu'en pratique, il

arrive qu'une commande d'urgence soit passée ou qu'un stock de sécurité soit prévu. Pour

ce faire, nous aurons recours aux résultats des modèles, avec commande d'urgence et stock

de sécurité pour la maximisation de la disponibilité dans le cas où le délai de

réapprovisionnement est négligeable [57;58], que nous avons déjà développés.

Les modèles conjoints proposés dans la littérature se sont révélés particulièrement

intéressants. Pour certaines stratégies de maintenance, la modélisation et la détermination

conjointe des paramètres de gestion des actions de maintenance et des stocks de pièces de

rechange peuvent devenir complexes. Pour ces cas particuliers, la simulation constitue une

alternative intéressante. Les travaux menés par Jamali et al. [106] confirment la flexibilité

de la simulation en tant qu'outil d'analyse et d'aide à la décision dans le cas où les

simulations sont effectuées selon des plans d'expérience rigoureusement élaborés. L'écart

94

entre les résultats obtenus par la simulation et ceux obtenus à partir d'un modèle analytique

est très faible voire nul pour les stratégies de base de type bloc (BRP) ou âge (ARP). Kabir

et Al-Olayan [109] proposent un modèle où l'équipement est remplacé à la panne ou après

T unités de temps sans panne. Le coût total moyen englobe les coûts de maintenance et de

gestion des stocks d'équipements de rechange gérés selon une politique du type (s,S). Le

triplet (T,s,S) qui minimise le coût total moyen est obtenu par simulation.

Plusieurs logiciels de simulation sont actuellement offerts sur le marché (ARENA,

PROMODEL, SIMUL, RAO, etc). Ces logiciels n'étant pas toujours conçus

spécifiquement pour évaluer des stratégies de maintenance, ils exigent parfois un certain

temps pour l'apprentissage et la maîtrise des différentes fonctionnalités qu'ils offrent.

Les différents modèles présentés dans ce chapitre permettent de tenir compte des actions de

maintenance dans la gestion des stocks de pièces de rechange. Cette gestion conjointe

permet de réaliser des économies substantielles. Il faut toutefois noter que ces modèles

considèrent que les remplacements sont effectués avec des composants neufs.

Qu'adviendrait-il si des composants reconditionnés d'un certain âge et de moindre coût

étaient utilisés? Ces composants reconditionnés peuvent provenir de fournisseurs externes

ou du reconditionnement des composants retirés lors des actions de maintenance préventive

ou de la réparation des composants remplacés à la panne. Le chapitre qui suit traitera du

recours aux pièces reconditionnées et de leurs impacts sur les politiques de maintenance et

de gestion des stocks.

Chapitre 5

Impacts des pièces reconditionnées

Ce chapitre est consacré aux impacts du recours aux pièces de rechange reconditionnées sur

les stratégies de maintenance et sur la gestion des stocks. Hormis les gains

environnementaux et écologiques, l'utilisation de produits valorisés procure surtout des

avantages économiques. Les pièces de rechange récupérées par démontage d'un

équipement inutilisé sont beaucoup moins chères que les pièces neuves ou les pièces qui

auraient été réparées [79]. Il est toutefois important de mentionner que les pièces

reconditionnées ne sont pas toujours disponibles, ni en quantité ni en qualité désirées. Ce

qui limite, dans certains cas, leur usage systématique comme pièces de rechange. Par

ailleurs, du fait que la fiabilité de ces composants reconditionnés est inférieure à la fiabilité

d'un composant neuf, le nombre de défaillances du système utilisant ces composantes est

plus élevé. Une analyse économique fine s'impose, alors, pour décider de recourir ou non

aux composants reconditionnés.

La première section de ce chapitre traitera de l'impact des pièces reconditionnées sur les

stratégies de maintenance alors que la seconde section abordera l'impact des pièces

reconditionnées sur la gestion des stocks.

96

5.1. Impacts des pièces reconditionnées sur les stratégies demaintenance.Que gagne-t-on et que perd-t-on à utiliser des pièces usagées plutôt que des pièces neuves

pour procéder aux remplacements préventifs et correctifs? S'il y a un avantage à utiliser des

pièces de rechange, quelles devraient être les conditions « gagnantes » de leur utilisation?

L'avantage principal de l'utilisation des pièces reconditionnées réside dans leur modique

coût d'acquisition. En effet, les équipements usagés ou inutilisés, desquels sont obtenues

les pièces de rechange, sont acquis à bas prix. De plus, le processus de reconditionnement

de ces pièces peut se ramener à des opérations de nettoyage, de test et d'emballage.

Fleischmann et al. [79] rapportent que les pièces de rechange récupérées coûtent jusqu'à

80% de moins que les pièces neuves. Il faut évidemment s'assurer, lors de l'achat de

composants reconditionnés, de leur qualité et de leur fiabilité. En général, les vendeurs

offrent des garanties de bon fonctionnement des pièces de rechange reconditionnées.

L'âge d'un composant reconditionné est une caractéristique importante à prendre en

considération lors de l'acquisition des pièces car il a un impact direct sur le nombre de

défaillances accidentelles dont les coûts sont généralement très élevés.

5.1.1. Détermination de l'âge des pièces reconditionnées à utiliser.

Un composant d'âge x est un composant qui a fonctionné sans défaillance durant x unités

de temps. Si/(0 désigne la fonction de densité associée aux durées de vie d'un composant

neuf (c.à.d d'âge nul) alors, la fonction de densité fx{t) associée aux durées de vie d'un

composant d'âge x est donnée par :

La fiabilité Rx(t) de ce composant d'âge x est donnée par

Ce qui donne finalement:

R (t) = R(x + $

R{x)

97

Pour un composant à taux de panne non-décroissant : Rx(t) < R(t), Va; > 0; Vi > 0.

Pour un tel composant, on dit que sa fonction de distribution F est NBU (new better than

used) [16;30].

De même, il est possible de montrer que si le composant est à taux de panne non-

décroissant, alors sa durée de vie résiduelle moyenne diminue avec l'âge En outre, on peut

déterminer le nombre moyen MU(T) de remplacements à la panne par des composants

usagés dans un intervalle [0,7].

Si à chaque panne, le remplacement est fait par un composant d'âge x et si le composant

d'origine (celui qui est mis en opération à l'origine) est aussi usagé d'âge x à l'instant de sa

mise en opération, alors :

() () (5.3)

où MX(T) satisfait l'équation de renouvellement :

Par ailleurs,

n=l

d'où:

(5.4)n=l

où Fx(n)(T)est la nième convolution de FX(T) avec elle-même.

Si le composant mis en opération à l'origine est neuf et que seuls les composants utilisés

pour les remplacements sont d'âge x alors, l'expression de MU(T) devient :

r= / [ l + M,(T - y)] • f(y)dy (5.5)

98

a) Modèle de décision basé sur les caractéristiques de fiabilité

Si pour une mission de durée T, le seuil de fiabilité requis est égal à RL, alors l'âge x des

pièces de rechange reconditionnées à acheter doit être tel que :

RX(T) > RL (5.6)

où RX(T) est la fiabilité d'un composant d'âge x pour une mission de durée T.

Il suffit alors de trouver x tel que :

mî±rL>R(x) -

Si la détermination de l'âge x du composant reconditionné à acheter est basée sur sa durée

de vie résiduelle moyenne MRT alors, l'âge x des composants à approvisionner doit

satisfaire l'inégalité suivante :

/ R(t)dtJ X

R(x)> MRT

b) Modèle de décision économique

Étant moins fiables, les composants reconditionnés tomberaient plus souvent en panne à

une fréquence croissante avec leur âge. Il faut alors déterminer le point d'équilibre entre le

gain réalisé à l'achat et les coûts de réparation.

Considérons un équipement exploité sur un horizon de longueur T (T>0). Soit CTf^T) le

coût total des remplacements par des pièces neuves et CTRÇT) le coût total des

remplacements par des pièces reconditionnées sur l'horizon d'exploitation T. Chaque pièce

neuve coûte C. Chaque pièce usagée d'âge x coûte (C — Cmiu) • e~bx +Cminoù b est un

paramètre qui traduit le taux de dépréciation du coût d'achat en fonction de l'âge x, Cmin

étant le coût minimum d'achat des pièces reconditionnées. Les remplacements sont

effectués à un coût unitaire CR. Déterminons l'âge optimal des pièces reconditionnées, de

sorte que le coût total de remplacement par des pièces usagées soit au plus égal au coût

total de remplacement par des pièces neuves au terme de la période d'exploitation. Dans les

deux cas, le composant d'origine est neuf.

Remplacementsavec pièces neuves

fRemplacements

avec pièces usagées

99

panne

CTR{T) = \{C + CmJ • CR\- MU(T)

II s'agit de déterminer la valeur de x telle que

CTR(T) < CTN(T)

Pour tout T tel que MU(T) > 0, cette inégalité devient :

(5.7)

En utilisant la relation (5.5) et en posant :

= (C + Crain)-e-te+Cmin+Cf i-(C + (7JM(T)

Mx(T-y))-f(y)dy

L'âge x est obtenu en résolvant l'inéquation (5.8).

0 (5.8)

(0.5T + 0.25e~2T - 0.25) • (x2 + 4x + 4)

100

À cause de l'expression de M(t), il est difficile de résoudre analytiquement l'équation (5.8).

Il faut alors recourir à des procédures numériques pour résoudre cette équation dans le cas

d'une distribution quelconque de durées de vie.

Pour illustrer l'utilisation de ce modèle, considérons un équipement exploité sur un horizon

de 15 ans (r=15) avec les caractéristiques suivantes : C=350$, 6=0,3, C«=100$, Cmjn=50$

et /(£) = te~l (Gamma d'ordre 2 avec À = 1). Pour ce cas particulier, on a :

M(T) = 0.5T + 0.25e"2r - 0.25

(x+2)T

HA (T\ — ~X " ^ X -~*- + {X

En résolvant l'équation ip(x) = 0, on obtient le seuil d'indifférence XL entre le

remplacement par des composants neufs et le remplacement par des composants usagés

d'âge JC.

Pour le cas particulier traité, le seuil d'indifférence XL vaut 1,23 année. Il est donc profitable

d'utiliser, pour les remplacements à la panne, des pièces reconditionnées dont l'âge est

supérieur à 1,23 année.

La représentation graphique de la fonction <p{x) est présentée à la figure 5.1. Le gain

maximum est atteint en utilisant des équipements usagés d'âge x*=7,53 années.

S'il existe un intervalle où <p(x) est une fonction négative et convexe, alors il existe un âge

optimal JC* unique et fini qui maximise le gain que procure le remplacement par des

composants usagés, x* est solution de l'équation :

101

d<p(x)

dx0 pour x = x

. s x*=7-5Sw

-4U

Figure 5.1 : Représentation graphique de (p(x).

En résumé, on retiendra que l'utilisation efficiente des pièces de rechange reconditionnées

est subordonnée à l'obtention d'un compromis entre la réduction des coûts de maintenance

et les objectifs (fiabilité ou disponibilité) de service attendus.

5.1.2. Stratégies de maintenance utilisant les pièces reconditionnées.La stratégie de remplacement de type bloc (BRP) est une des politiques de maintenance les

plus connues et appliquées grâce notamment à sa simplicité d'implantation et d'exécution.

Cette stratégie suggère d'utiliser des composants neufs pour effectuer les remplacements à

la panne et aux instants prédéterminés kT (k=l, 2, 3,..) de remplacement préventif. Cette

102

stratégie ne requiert pas un suivi détaillé de l'historique des réparations [174]. Cependant,

elle peut engendrer, dans certains cas, du gaspillage de ressources puisque des

remplacements préventifs peuvent être effectués peu de temps après un remplacement à la

panne alors que le composant en opération est quasiment neuf. Plusieurs stratégies ont alors

été élaborées pour permettre de réutiliser les composants retirés durant la maintenance

préventive ou de recourir à des pièces reconditionnées pour effectuer les remplacements à

la panne. Ces stratégies peuvent être regroupées en trois classes. La première classe

regroupe les stratégies utilisant la réparation minimale à la panne [15;48]. La deuxième

regroupe les stratégies qui ont recours aux pièces usagées pour effectuer les remplacements

à la panne [4;6;137;173]. La troisième classe regroupe les stratégies de maintenance qui

combinent la réparation minimale et l'utilisation des pièces usagées.

Bhat [21] suggère de remplacer tout composant qui tombe en panne par un composant

usagé. Tango [173; 174] divise le cycle de remplacement préventif de longueur T en deux

intervalles : [(k-l)T, kT-8) et [kT-8, kT). Il procède ensuite à des remplacements par des

pièces neuves aux instants kT et dans l'intervalle [(k-l)T, kT - 8). Les remplacements par

pièces usagées d'âge T n'ont lieu que si des pannes se produisent dans le deuxième

intervalle. Cette stratégie évite d'avoir à remplacer préventivement des composants qui sont

âgés de moins de S. Plutôt que de se limiter à n'utiliser que des pièces usagées d'âge T

comme Tango, Murthy et Nguyen [137] proposent un modèle qui utilise toutes les pièces

usagées retirées lors des remplacements préventifs pour effectuer les remplacements à la

panne. Aït-Kadi et Cléroux [4] divisent le cycle de remplacement de longueur T en trois

intervalles Ii=[(Jfc-l)T, kTSi), h=[kT-8u kT-82) et h=[kT-82, kT) avec Si < 52. Pour les

pannes se produisant dans Ii, le remplacement se fait avec du neuf. Des remplacements par

pièces usagées sont effectués pour les pannes survenant dans I2. Si une panne intervient

dans I3, alors aucun remplacement n'est effectué et le système demeure inactif jusqu'au

remplacement préventif suivant. Nakagawa [139; 140] introduit un modèle qui combine la

réparation minimale et l'utilisation des pièces usagées. Dans la même tendance, Aït-Kadi et

al. [2] proposent la stratégie suivante :

(i) le remplacement préventif est effectué avec des composants neufs aux instants kT;

(ii) à la panne, le coût d'une réparation minimale est évalué.

103

a. si ce coût est inférieur à un seuil prédéterminé, alors la réparation

minimale est effectuée.

b. sinon, le remplacement est effectué avec une pièce usagée d'âge T.

D'après les stratégies de remplacements examinées, le recours aux pièces reconditionnées

permet de réduire, de façon effective, le coût total moyen encouru pour effectuer les

remplacements préventifs et à la panne. Des gains en disponibilité sont aussi rapportés. À la

section 5.2, on abordera le processus de gestion des pièces reconditionnées provenant

d'activités de récupération et de cannibalisation.

5.2. Impact des pièces reconditionnées sur la gestion des stocksQue ce soit pour l'entreprise manufacturière qui acquiert des équipements usagés à des fins

de cannibalisation ou pour l'entreprise de récupération qui démonte les composants et les

revend comme pièces de rechange reconditionnées, les retours des équipements sont, pour

la plupart, aléatoires et indépendants de la demande et se rajoutent au mode

d'approvisionnement classique. Dans le mode classique de fonctionnement d'un magasin

de stockage, les clients placent des demandes qui sont satisfaites ou non à même les stocks

disponibles (figure 5.2). Le magasin passe ses commandes à ses fournisseurs et est livré à

l'expiration du délai d'approvisionnement. Dans le mode de fonctionnement avec boucle de

retour, les arrivées aléatoires d'articles reconditionnés s'ajoutent aux quantités reçues des

fournisseurs (figure 5.3). Le problème qui se pose alors est celui de la détermination de la

quantité à commander aux fournisseurs en tenant compte des quantités pouvant provenir de

la récupération.

104

Fournisseursexternes

Livraison desquantités

commandées

>

Com

mandes

Stockage

Demandes

Sorties des quantitésdemandées

Utilisation parle client

Figure 5.2 : Diagramme des transactions en mode classique de gestion des stocks

Fournisseursexternes

Livraison desquantités

commandées

Achat ou collected'équipements

inutilisés

Opérations deremise en état

Entrées aléatoires desarticles récupérés

Stockage

Demandes

Sorties des quantitésdemandées

Utilisation parle client

Éliminationpropre

Figure 5.3 : Diagramme des transactions en mode de gestion des stocks avec retour

Fleischmann [77] présente une revue de la littérature des contributions sur la détermination

des paramètres de gestion des stocks en présence de retours. Pour simplifier le problème,

on suppose que les articles reconditionnés sont aussi bons que les neufs et que la demande

peut être satisfaite indifféremment par une pièce neuve ou une pièce reconditionnée.

Le modèle le plus simple est celui qui aborde la détermination des quantités économiques à

commander dans le cas où le délai d'approvisionnement est nul et la demande et les retours

105

sont déterministes et continus. Schrady [160] a été le premier à aborder ce problème en

considérant une politique de contrôle avec des quantités fixes Qm de produits achetés du

fournisseur et Qr de produits reconditionnés. Chaque arrivage d'articles du fournisseur est

suivi de R lots de produits reconditionnés. En supposant des capacités infinies de remise en

état et d'approvisionnement de la part du fournisseur, il dérive les formules de Qm et Qr

semblables à la formule de Wilson. Plusieurs extensions furent apportées au modèle de

Schrady, notamment par Mabini et al. [123] qui considèrent le cas multi-articles et

Nahmias et Rivera [138] qui s'intéressent au cas avec taux fini de remise en état.

Teunter [177] a analysé le problème de façon plus générale en considérant que P arrivages

du fournisseur succèdent à R lots reconditionnés en incluant l'option de l'élimination des

surplus des stocks. En effet, dans un système de gestion des stocks avec retours aléatoires,

l'arrivée d'un lot d'articles reconditionnés peut faire passer le niveau du stock au-delà du

stock maximum permis. Il faut alors considérer l'élimination de ce surplus. Certains

modèles prennent en compte cette option, d'autres ne le font pas. Teunter démontre que,

pour cette politique de contrôle, P et R ne devraient jamais être des entiers pairs en même

temps pour garantir l'optimalité et que les cas P=\ et R=\ sont d'excellentes

approximations de la politique optimale. Il montre aussi que dans la plupart des cas, il est

optimal, soit d'éliminer tous les articles retournés, soit de les récupérer entièrement. Il

dérive par la suite les expressions des quantités économiques à commander.

Plusieurs travaux sont aussi consacrés à l'étude de la gestion des inventaires lorsque la

demande et les retours sont stochastiques aussi bien pour les politiques de contrôle

périodique ou continu [31;79;112;135;181].

Kelle et Silver [112] considèrent le cas d'articles dont une proportion donnée est retournée

après un temps aléatoire de service. L'autre proportion est considérée comme perdue. Ils

modélisent le problème sous la forme d'un programme stochastique en nombres entiers

qu'ils transforment en un problème classique de détermination de taille de lots qui est

résolu en utilisant l'algorithme de Wagner-Whitin.

Toktay et al. [180] se penchent sur l'approvisionnement en composants neufs pour la

remise en état des appareils photos jetables de Kodak. Ils modélisent le problème par un

réseau fermé de file d'attente à 6 stations. En considérant que la demande suit une loi de

Poisson, ils déterminent les paramètres de la politique optimale d'approvisionnement un-

106

pour-un (chaque fois qu'un article est demandé par les clients, un article est commandé au

fournisseur) qui minimise le coût total moyen d'approvisionnement, de stockage et de

pénurie.

Heyman [98] étudie un système d'inventaire à un article où le niveau du stock s'augmente

avec les articles retournés et décroît sous l'effet de la demande, et prend en considération

l'option de l'élimination. Il montre que le problème est équivalent à un système de file

d'attente avec un seul serveur. Lorsque la demande et le processus des retours suivent des

distributions Poisson, il détermine l'expression de la politique optimale de gestion à un seul

paramètre. Lorsque les distributions de demande et des retours sont générales, il propose

une approximation de la solution.

Muckstadt et Isaac [135] abordent un problème similaire au précédent en prenant en

compte les délais de ré-usinage supposés non négligeables. L'option d'élimination n'est

toutefois pas considérée. La demande et les retours sont unitaires suivant une loi de

Poisson. La politique de contrôle de l'approvisionnement auprès du fournisseur externe est

de type (s,Q) et les produits retournés sont récupérés (ré-usinés) aussitôt que possible. Une

loi normale est associée au stock net stationnaire pour déterminer les valeurs optimales de s

et Q. Muckstadt et Isaac se basent, par la suite, sur les résultats obtenus dans le cas unitaire

pour traiter un modèle à 2 échelons.

Van der Laan et al. [182] proposent une extension du modèle précédent reposant sur une

approximation de la demande nette durant le délai d'approvisionnement pour déterminer les

valeurs optimales de s et Q. Ils proposent aussi une extension pour inclure l'option de

l'élimination.

Fleischmann et Kuik [78] utilisent des résultats généraux des processus Markoviens pour

établir l'optimalité de la politique de type (s,S) lorsqu'il s'agit de minimiser le coût total

moyen de gestion. Pour cela, ils montrent qu'il est possible de transformer le modèle avec

retours en son équivalent (s,S) traditionnel sans retours. Le principal avantage de cette

approche est qu'il devient possible de recourir aux algorithmes traditionnels de résolution

pour déterminer les paramètres de gestion (s,S).

Lorsque les retours et la demande suivent des processus de Poisson indépendants, en se

basant sur le même principe de transformation que précédemment, Fleischmann [77]

107

démontre l'optimalité de la politique de type (s,Q) pour minimiser le coût total moyen de

gestion.

Dans le cadre de cette thèse, nous présenterons les deux modèles que nous avons retenus

pour calculer les paramètres de gestion pour le cas d'étude des fauteuils roulants qui sera

examiné au chapitre 7. Les deux modèles sélectionnés sont ceux qui correspondent au

mieux à la problématique de remise en état des fauteuils roulants inutilisés à laquelle est

confrontée la RAMQ et ses centres de réadaptation. En effet, les centres de réadaptation

récupèrent les fauteuils roulants lorsqu'ils ne sont plus utilisés. Une certaine proportion dé

la flotte totale de fauteuil est donc retournée aux centres qui doivent procéder à diverses

opérations de remise en état avant de les mettre en stock et les réutiliser en même temps

que les fauteuils neufs pour satisfaire la demande. Lorsqu'il y a trop de fauteuils usagés en

stock, le surplus est envoyé vers d'autres destinations. S'il n'y a pas de fauteuil usagé en

stock pour répondre à une demande, un fauteuil neuf est alors acheté. La sélection des

modèles retenus est basée sur leur pertinence à résoudre le problème posé à la RAMQ, leur

robustesse et la simplicité de leur mise en œuvre, car la disponibilité de données fiables

n'est pas assurée. Finalement, nous avons retenu le modèle EOQ de Teunter [178] et le

modèle à un paramètre avec demande et retours poissonniens de Heyman [98].

5.2.1. Quantités économiques à commander pour un système d'inventaireavec retoursTeunter [177] traite de la détermination des quantités économiques à commander dans le

cas où le délai d'approvisionnement est nul, la demande et les retours sont déterministes et

continus. Il a analysé le problème de façon plus générale en considérant que P arrivages du

fournisseur succèdent à R lots reconditionnés. Il démontre que pour cette politique de

contrôle, P et R ne devraient jamais être des entiers pairs en même temps pour garantir

l'optimalité et que les cas P=\ et R=\ sont d'excellentes approximations de la politique

optimale. Les expressions de la quantité économique d'articles à reconditionner Qr et de la

quantité économique d'articles à acheter (ou produire) Qp sont dérivées pour chacune des

politiques (/>,!) et (\,R).

108

Taux de production p

Production

Stockd'articles \ rretournés

Taux de remise en état r

- • Remise enétat

Qr

Qp

à. demandepar période

Stock d'articlesdestinés à la

clientèle

Clients

fd: quantité retournée par période

Selon les politiques (l,R), durant chaque cycle, il y a une livraison d'un lot de taille Qp

d'articles manufacturés et R livraisons d'articles reconditionnés en lots individuels de taille

Qr. De même, selon les politiques (P,l), il y a une livraison d'un lot de taille Qr d'articles

reconditionnés contre P livraisons d'articles manufacturés en lots individuels de taille Qp. Il

faut noter que le modèle de Teunter est certes proche du cas de la RAMQ, qui nous

intéresse, mais il ne constitue qu'une approximation. En effet, si un fauteuil récupéré est

disponible pour répondre à la demande, on va l'utiliser en premier. On ne procédera à

l'approvisionnement que dans le cas où aucun fauteuil récupéré ne convient.

La notation suivante est utilisée :

Kr

demande sur l'horizon considéré

proportion de la demande qui est retournée

taux de production

taux de remise en état

coût de lancement (setup) de la production d'un lot

coût de lancement (setup)de la remise en état d'un lot

coût de stockage par article retourné par unité de temps

coût de stockage par article par unité de temps

109

Les politiques (l,R)

Nivf.au du stockd'articles utilisables

Temps

Niveau du stockd'articles retourné.

Temps

Figure 5.4 : Profil des stocks pour la politique (1,5)

Chaque cycle est divisé en deux phases : la phase de traitement des produits retournés et la

phase de production (voir figure 5.4). R opérations de remise en état des articles retournés

ont lieu pendant la phase de traitement des articles retournés. Durant chacune de ces R

opérations de remise en état, les articles reconditionnés servent simultanément à satisfaire

la demande et à constituer un stock. Dès que le stock maximum d'articles reconditionnés

est atteint, les opérations de remise en état s'arrêtent. La demande est alors satisfaite à

même le stock qui vient d'être accumulé jusqu'à ce que le niveau de ce stock retombe à

zéro. C'est alors la fin de cette opération de remise en état. La phase de production est

constituée d'une seule séquence de production dont le fonctionnement est similaire à

l'opération de remise en état décrite plus haut.

Le coût total est la somme du coût de stockage des articles retournés, des coûts de

lancement (setup) et de stockage durant les deux phases de remise en état et de production.

L'expression du coût total par unité de temps est donnée par [178] :

110

Qr

d,

V

d(l--)Qr+Qf

Les quantités économiques optimales Q { ' et Qr sont solution du système

d'équations :

dCTihR)

= 0 pour Q^=Qr] et

dCT{1'R)

dQr

= 0 pour (£*) = Q'W et

Ce qui donne :

- /) 2/if.d (5.9)

avec

f Q?fi)

a - / ) Q:{I'R)

Si cette valeur de R^ n'est pas entière, alors on procède comme suit pour obtenir sa

valeur modifiée entière R(1'R) :

• soit R la valeur entière la plus proche de R{1'R) ;

• calculer R{l'R) tel que : R{1'R) = max {l, È] ;

• calculer le lot économique à produire modifié Q*p{l'R) telle que :

Pour^O, /ir=0 etp=oo, l'équation (5.9) redonne la formule de Wilson.

111

Les politiques (PA)

À chaque opération de remise en état succèdent P opérations de production (voir figure

5.5).

Niveau du stockd'articles utilisables

(l-d/p)Qp..

(l-d/r)Qr ..

Niveau dustock d'articles

retournés

(r-fd)Qr/r ..

Figure 5.5 : Profil des stocks pour la politique (2,1)

L'expression du coût total par unité de temps est donnée par [178] :

Q. Qr

P

(5.10)

Les quantités économiques optimales <5p(P1) et <5*(P1) • sont solution du système

d'équations :

ÔCT{p'l)

dQp

dCT{p'l)

dQr

= 0 pour Q{p-l) =

Ce qui donne :

= 0

112

et

et

avec

p(PX) _h _ A

_ l1 J)/ Q,

2Krdf'

Si cette valeur de P (P1) n'est pas entière, on procède comme suit pour obtenir sa valeur

modifiée entière P (P1) :

• soit P la valeur entière la plus proche de P (P1) ;

• calculer F ( P 1 ) tel que : P(n) = max{l,PJ ;

• calculer le lot économique à récupérer modifié Q*r{-P'l) telle que :

f

Ici encore, pour/=0, /v=0 etp=oo, l'équation (5.11) redonne la formule de Wilson.

5.2.2. Modèle de gestion des stocks à un paramètre pour des cas dedemande et de retours Poissonniens intégrant l'option d'élimination.Ce modèle fut proposé par Heyman [98] pour gérer les stocks d'appareils téléphoniques

retournés à la compagnie Bell Téléphone. Cette compagnie de téléphonie loue des appareils

de communication à ses clients qui les lui retournent lorsqu'ils résilient leurs contrats de

service. Selon l'état du produit retourné, la compagnie peut avoir à le réparer avant de le

remettre en stock en vue de le louer à un autre client. Il s'agit alors de déterminer le niveau

de stock maximal au-delà duquel il n'est plus rentable d'accepter d'unité supplémentaire,

113

parce que les coûts de réparation et de stockage de cette unité additionnelle sont supérieurs

aux gains réalisés par sa réutilisation.

La demande est satisfaite par des articles réparés s'ils sont disponibles, sinon un achat

d'article neuf est effectué pour satisfaire la demande. Le délai de remise en état des articles

retournés et le délai de livraison des articles achetés sont supposés nuls. Ce modèle est

manifestement plus proche du cas des fauteuils roulants de la RAMQ.

Dénotons respectivement par r, p, h et d, les coûts de remise en état, d'achat à neuf, de

stockage et le revenu d'élimination de chaque article. Le revenu d'élimination peut être

négatif s'il faut payer pour se débarrasser du composant. À chaque instant de retour, il est

possible d'éliminer tout ou une partie des quantités retournées. La variable de décision N

est le niveau maximum du stock. Les articles retournés qui occasionneraient le dépassement

de ce niveau N sont rejetés. Si Cu(t), pN(t), r^t) et d^t) désignent respectivement le coût

total, le nombre total d'achats, le nombre total de remises en état et le nombre total

d'éliminations à l'instant t en utilisant le stock maximum N, alors :

où IN(t) désigne le niveau de l'inventaire à l'instant t.

Le coût total moyen par unité de temps sur un horizon infini C(N) s'écrit :

C(N)=YimCN(T)/T

L'expression de C(N) est obtenue en remarquant que le problème à traiter est équivalent à

un problème de détermination de la longueur de file d'attente pour un système M/M/UN-l

avec préemption (voir [98] et [88]).

114

À partir des résultats de la théorie des files d'attente, Heyman dérive l'expression de C(N)

et établit les conditions d'existence de N* :

• iV* est le plus grand entier qui vérifie :

hsi

< p — r — d, si p = 1

X(l-pfPN

h N(N +1)A 2

• N*=0, si et seulement si: h/ \>p — r — d.

où A est le taux de demande (arrivée) et fi est le taux de retour (sortie).

La valeur optimale TV* obtenue par ce modèle servira à établir la quantité maximale S) de

fauteuils de type j qui peuvent être mis en stock en attendant leur réattribution. Toute

quantité supplémentaire sera dirigée vers d'autres orientations.

Afin de mettre en œuvre ces deux modèles, il faut extraire des historiques de demande,

d'opération et de retour, les valeurs des paramètres utilisés dans ces modèles. On prendra

surtout soin de vérifier que la demande et le retour des fauteuils suivent bien des

distributions de Poisson. Ensuite, il faut avec les preneurs de décisions estimer, le plus

précisément possible, les coûts de pénurie et de stockage avant de passer au calcul des

paramètres de gestion pour quelques articles-témoins. Finalement, il faut valider les gains

espérés par les calculs mathématiques en suivant les articles-témoins pendant une période

de pilotage. Si les améliorations attendues sont avérées, alors l'application de ces modèles

pourra être étendue à d'autres articles. Sinon, des ajustements seront nécessaires soit au

niveau des paramètres, soit au niveau des coûts ou même au niveau des modèles

sélectionnés.

En conclusion, nous rappelons que nous avons analysé les impacts de l'utilisation des

composants reconditionnés. Des modèles d'aide à la sélection de ces composants ont été

décrits. Ils permettent de choisir les composants qui assurent une exploitation profitable des

équipements. Nous avons ensuite présentés deux modèles de gestion des stocks qui tiennent

compte des retours d'équipements usagés. Dans le chapitre 6 qui suit, nous analysons la

115

contribution des technologies de l'information et de la communication à la gestion des

stocks de pièces de rechange.

Chapitre 6

Contributions des TIC à la gestion collaborative des PdR

Grâce au déploiement massif des technologies de l'information et de la communication

(TIC), il est désormais possible de réduire les délais, d'assurer un suivi rigoureux des

commandes, d'accéder à des fournisseurs à travers le monde, de bénéficier de prix

avantageux, d'échanger avec les fournisseurs et utilisateurs d'équipements similaires,

d'assurer une veille technologique, d'accéder rapidement à des expertises autant dans le

domaine technique que dans ceux des affaires. Certains fournisseurs d'équipements lourds

tels que Caterpillar garantissent présentement des délais de livraison, pour des pièces

critiques, de deux à quatre jours et ce à travers la planète. Par ailleurs, l'avionneur Boeing

offre, à partir de son portail web Myboeingfleet.com, un accès à plus de six millions de

pièces de rechange. Une exploitation intelligente de ces technologies contribuerait, sans

aucun doute, à l'amélioration des performances des systèmes de gestion des stocks de

pièces de rechange [100]. Ce chapitre est consacré à l'étude des impacts des nouvelles

technologies de l'information sur les stratégies de gestion des stocks de pièces de rechange.

Les impacts qui nous intéressent portent sur l'accès à la documentation et aux bases de

connaissances, la réduction du délai d'approvisionnement et la gestion collaborative des

stocks.

117

6.1. DéfinitionsDans la littérature, on retrouve indifféremment les termes nouvelles technologies de

l'information et de la communication (NTIC), nouvelles technologies de l'information

(NTI), technologies de l'information (TI) et technologies de l'information et de la

communication (TIC). Cette dernière appellation tend à s'imposer puisque ces technologies

ne sont plus vraiment nouvelles et que leur force vient de leur capacité à acquérir et traiter

des informations puis à les partager par divers modes de communication. L'Organisation

des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) définit les TIC

comme la combinaison des technologies issues de l'informatique avec d'autres

technologies apparentées, en particulier les technologies de la communication [114].

Brangier et al. [27] définissent les TIC comme l'ensemble des techniques applicables au

traitement des informations et à la communication de ces dernières à travers des systèmes

hommes-machines. Avec le micro-processeur comme support, elles transforment des

symboles représentatifs d'une information en d'autres symboles qu'elles communiquent via

un réseau, d'une machine vers d'autres. Selon Hernandez et Joly [97], les TIC se

décomposent en trois sous-domaines : l'informatique au sens large, les télécommunications

et l'internet. Dans le cadre de cette thèse nous traiterons des contributions d'Internet et des

échanges électroniques de données (Electronic Data Interchange EDI) sur la gestion des

stocks de pièces de rechange.

6.2. L'accès à la documentation et aux bases de connaissanceDe plus en plus de constructeurs mettent en ligne des sites web où leurs clients ont accès à

la documentation technique des équipements qu'ils ont achetés. Les informations

concernant les mises à jour d'équipements y sont aussi affichées. Les clients peuvent

télécharger les informations pour procéder aux mises à jour des équipements ou des

logiciels. Par logiciels, nous désignons tout code ou programme informatique exécuté par

une machine, qu'elle soit un micro-ordinateur ou une machine-outil. Il est aussi possible de

s'inscrire à des listes d'envois de courriels d'informations sur l'équipement qu'on vient

d'acquérir. Pratt & Whitney Online Services [46] permet à ses clients d'avoir accès à des

catalogues de pièces, à des documents pour la formation des employés de maintenance, à

des outils de diagnostic et à des données sur les performances des équipements. L'accès à

118

toutes ces informations à partir d'un simple poste de travail permet d'améliorer la

formation du personnel, d'avoir une meilleure connaissance des équipements achetés, de

procéder aux mises à jour des équipements, ce qui peut aider à améliorer la fiabilité et la

disponibilité des équipements. Certains constructeurs mettent en ligne des forums de

discussion où les utilisateurs d'équipements peuvent faire part des problèmes qu'ils

rencontrent et obtenir des réponses d'autres utilisateurs ou des services techniques du

constructeur.

Les constructeurs, en mettant en ligne toutes ces informations, s'assurent d'un bon service à

la clientèle tout en tirant d'intéressants profits des ventes de pièces de rechange.

6.3. La réduction du délai d'approvisionnementL'un des aspects de la gestion des stocks que l'Internet a profondément affecté est le délai

d'approvisionnement. Ce délai a été raccourci grâce aux transactions d'achat en ligne

[49; 191]. En réduisant le délai d'approvisionnement, on réduit du même coup les stocks de

sécurité. Avec le processus traditionnel de commande, le responsable des achats doit

remplir un formulaire de commande qu'il expédie au constructeur ou fournisseur. Sur

réception du formulaire de commande, le fournisseur fabrique et/ou prépare le lot demandé

et l'expédie au demandeur. Avec les catalogues en ligne, les procédures de commande de

pièces sont simplifiées. Il suffit d'une série de clicks de souris sur une image ou un menu

déroulant pour sélectionner précisément le composant voulu et éviter les erreurs de

retranscription de numéro de référence. Après confirmation de l'achat, une cascade

d'opérations logistiques se met en marche pour faire livrer le composant en quelques heures

ou quelques jours. La phase de transmission de la commande au fournisseur se déroule

quasi-instantanément. Avec le nombre sans cesse croissant de transactions en ligne, les

services de livraison s'améliorent et coûtent de moins en moins chers. Plusieurs

pourvoyeurs de services logistiques offrent la possibilité de suivre à la trace l'article

commandé et, ainsi, de mieux planifier sa réception et les opérations subséquentes.

Le projet RAMP (Rapid Acquisition of Manufactured Parts) des forces navales

britanniques est une technique d'acquisition rapide des pièces de rechanges usinées qui

s'appuie sur la production (fabrication) à la demande de ces pièces [53]. RAMP consiste à

119

générer un fichier contenant les spécifications (cotes, tolérances, finis de surface, matériau,

traitements thermiques ou chimiques, ...etc.) des pièces de rechange en se basant sur le

standard STEP (ISO 10303, Standard for the Exchange of Product model data) et plus

spécifiquement sur le protocole d'application AP224 qui traite des composants mécaniques.

Lorsqu'un besoin de pièce de rechange apparaît, le fichier de spécification correspondant

est transmis à un centre d'usinage qui en extrait les informations de fabrication et procède à

l'usinage du composant. L'étape d'extraction de l'information d'usinage peut être

automatisée, entraînant une réduction significative du délai de réapprovisionnement. À

l'origine, le système a été développé par une équipe de recherche de la South Carolina

Research Authority pour le compte de l'armée américaine qui voulait conserver les

informations de certaines pièces devenues obsolètes. En utilisant des normes

internationales, l'objectif est de rendre le système flexible et utilisable par n'importe quel

logiciel de conception ou de fabrication. En plus de la réduction du délai de livraison, il

faut signaler qu'en ne conservant que des fichiers de spécifications, le processus de mise à

jour ou de modification est plus rapide et moins coûteux que s'il s'agissait de composantes

réelles gardées en stock.

Le projet des forces navales britanniques a montré que le système pouvait être

effectivement implanté puisqu'il a été possible, dans le cadre d'un projet pilote, de faire

usiner 72 articles de classe A et 103 articles de classe B selon la classification de Pareto.

6.4. Contribution de la gestion collaborative à la gestion desstocks de pièces de rechangeLes technologies de l'Internet et d'échange de données permettent plusieurs formes de

collaborations interentreprises. Cette e-collaboration entre entreprises est déjà en

application au niveau des chaînes d'approvisionnements de produits manufacturés dans des

domaines aussi divers que le commerce au détail, l'industrie des pâtes & papiers, l'industrie

automobile et aéronautique [51;100;102;115]. Cette e-collaboration peut être horizontale

lorsque ce sont des entreprises, à un même échelon de la chaîne d'approvisionnement, qui

s'associent. C'est le cas notamment avec la mutualisation des stocks (inventory pooling), le

regroupement des commandes (order pooling), le partage des mêmes véhicules de

transport, etc. On parlera de e-collaboration verticale, lorsque des organisations à différents

échelons deviennent partenaires. C'est le cas par exemple du fournisseur qui gère les stocks

120

de son client dans le cadre du VMI (Vendor-Managed Inventory). Globalement, il est

possible d'exploiter les technologies d'interconnexion pour réaliser des gains en gestion des

stocks de pièces de rechange à travers le partage de l'information et la mutualisation des

risques (risk pooling). La mutualisation des risques, aussi désignée par l'expression

économies d'échelle statistiques, est un partage des risques entre les différents intervenants

ou participants. Plus le nombre de participants est grand et plus les effets individuels (coûts,

impacts) sont moindres. Ce principe est à la base des régimes collectifs d'assurance des

biens et personnes. Les frais élevés de dédommagement suites aux sinistres subis par un

nombre restreint d'assurés est réparti sur le nombre total d'assurés qui paient alors une

prime réduite. Cette analogie au domaine des assurances, justifie notre traduction du terme

anglais « risk pooling » par « mutualisation des risques ».

En gestion des stocks, la mutualisation des risques peut se traduire par plusieurs initiatives

telles que :

• la mutualisation des stocks (inventory pooling) [70; 127],

• le regroupement des commandes (order pooling) [99],

• l'utilisation d'articles similaires ou de modules interchangeables

(commonality/modularity) [81 ;99; 190],

• le retardement de la différentiation des produits [151].

La mutualisation des stocks de pièces de rechange et le regroupement des commandes sont

présentés ci-dessous.

6.4.1. La mutualisation des stocks de pièces de rechange

La mise en commun des stocks de pièces de rechange peut être réelle (physique) avec

plusieurs entreprises desservies à partir d'un seul magasin centralisé (voir figure 6.1)ou

bien virtuelle [159] lorsque chaque entreprise conserve une partie du stock sur son site mais

peut expédier ou recevoir des pièces des autres entreprises (voir figure 6.2). Dans ce dernier

cas, on parle aussi de transferts latéraux (latéral transshipments) [62; 120]. Le partage des

informations sur les niveaux de stock devient important et nécessaire à la bonne marche du

système.

121

Entreprise 1

HÏÏHD DD 0• DD DO

l

Demande

Pièces

Figure 6.1 : Exemple de structure de centralisation physique

Figure 6.2 : Exemple de structure de centralisation virtuelle

D'importantes économies peuvent être réalisées dans le cas où des utilisateurs d'un même

type d'équipement décident d'opérer en réseau, leur système de gestion des stocks de

pièces de rechange [115] [51]. Considérons un ensemble U de Nentreprises Uj, U2, -.., UN

qui décident de gérer en commun un magasin centralisé. En négligeant les coûts de transfert

des pièces entre les différents sites, Eppen [70] a montré que le coût total CT[ résultant

122

d'une gestion individuelle est plus élevé que le coût total CTc résultant d'une gestion

collaborative. Si la demande d'un composant de rechange pour l'utilisateur [/, (i=l,2, ...,

N), suit une distribution normale de moyenne //, et d'écart-type ou Eppen [70] démontre

que :

et

D'où,

CTC<CT1 (6.1)

K est une constante qui dépend des coûts de stockage et de pénurie.

La mise en commun des pièces est moins coûteuse parce que des demandes plus fortes que

la moyenne apparaissant chez un partenaire sont compensées par des demandes moins

fortes chez d'autres partenaires. Cette économie est envisageable grâce au partage

d'informations et à la possibilité de transfert de pièces entre les utilisateurs. Ce principe de

collaboration est à la base du système commercial sparefinder.com [75].

Plusieurs extensions ont, par la suite, été apportées aux résultats du modèle de base

d'Eppen [82; 105]. Cherikh [39] prouve que la centralisation reste bénéfique dans le cas de

la maximisation des profits d'un système multi-installations. Eppen et Schrage [71]

apportent des modifications au modèle de base [70] en considérant des systèmes multi-

échelon et développent leurs politiques optimales de commandes. Chen et Lin [38] étendent

les résultats du modèle de base en considérant des fonctions concaves pour les coûts de

stockage et de pénurie. Même si les résultats de plusieurs travaux indiquent que la

mutualisation des stocks réduit les niveaux de stocks, il ne faut pas pour autant en faire une

règle générale puisque d'autres travaux [37;82] ont révélé, à partir de contre-exemples, que

les niveaux des stocks pouvaient augmenter après la centralisation. Yang et Schrage [194],

123

Dong et Rudi [62], Zhang [197] ont étudié les conditions sous lesquelles cette « anomalie

de la mutualisation des stocks » apparaît. Benjaafar et al. [20] démontrent que la

mutualisation est toujours bénéfique dans un système de production pour stock dans lequel

un fournisseur (manufacturier) alimente plusieurs clients qui utilisent la politique (S-1,S).

Considérons le problème de détermination de la quantité de pièces de rechange réparables

requises pour garantir un niveau de service donné qui a été traité à la section 2.2.2. Pour

assurer un niveau de service (NS) à un parc de N machines ayant un taux de panne A

supporté par un atelier de réparation à c serveurs (réparateurs) ayant chacun un taux de

réparation //, la quantité y de pièces de rechange à maintenir en stock est donnée par

l'équation (2.7) que nous réécrivons ci-dessous :

Pour des valeurs arbitraires des paramètres NS, X, pi et c, on fait varier N (le nombre de

machines dans le parc) et on obtient différentes valeurs y de pièces de rechange requises.

Les courbes de la figure 6.3 montrent l'évolution de la quantité de pièces de rechange

requises par machine (yIN) en fonction du nombre total N de machines dans le parc. On

constate que, pour un même niveau de service, cette quantité de pièces requises par

machine décroît lorsque le nombre total de machines augmente. La mutualisation des

stocks permet, dans ces cas, de baisser la quantité de pièces de rechange. Un résultat

identique est obtenu par Kilpi [115] pour des stocks de pièces de rechange de compagnies

aériennes. Il faut cependant noter que la lourdeur des modèles mathématiques rend difficile

la démonstration analytique de ce résultat. Benjaafar et al. démontrent analytiquement cet

effet de la mutualisation en considérant un système de production pour stock que nous

présentons ci-après, en l'adaptant au problème du réparateur.

124

1.6 -

2 1.4 -

1.2 -

0)

CDa

«a)

I

0.8 -

0.6 -

0.4 -

•5 0.2 -

O" o

niveau de service de 95%

niveau de service de 99%

10 20 30 40Nombre de machines dans le parc

50

Figure 6.3 : Variation du nombre de pièces de rechange par machine en fonction de la taille

N du parc-machines et du niveau de disponibilité désiré

Considérons maintenant le problème suivant : un parc-machines est constitué de N

machines i.i.d. Chaque machine i a un taux de panne constant Â; (\ = X/N ) et possède

son propre stock de s, pièces de rechange. À chaque panne de la machine i, une pièce est

prélevée du stock, si celui-ci est toujours garni, pour remplacer la pièce défectueuse. Cette

dernière est acheminée à l'atelier pour réparation. L'atelier de réparation a un taux de

réparation constant fx. Ce système est équivalent à celui décrit par Benjaafar et al. [20]. Si

les machines sont identiques, les quantités de pièces de rechange s à approvisionner pour

chaque machine afin de garantir un niveau de service NS (NS=\-a) sont données par [20] :

<a (6.2)où

et

= p/(N-Np avec

S1 '- - S2 '- - . . . S• - - . . .

125

Si un seul stock de pièces de rechange est constitué pour toutes les machines, alors le

système est équivalent à une machine unique ( N = 1 ) avec taux de panne A d'où r = p,

qui est obtenu en posant N=l. Pour satisfaire un niveau de service NS, il faut donc un stock

sc tel que :

/ < a

On ne peut dire que la centralisation est bénéfique que si et seulement si :

cS <

c'est-à-dire :

sc < N • s .

Si la centralisation est bénéfique, alors si on utilise s+ = N • s comme niveau maximal du

stock centralisé, on devrait aisément satisfaire la contrainte :

ps+ <a

qui est équivalente à :

PNS <oc

D'après l'équation (6.2), on a :p r < «

II suffit donc de montrer que :

pN< P

N -Np + p

126

Cette inéquation est équivalente à :

NpN~l - Np + pN < 1 ; (p *= 0)

NpN'1 < 1 - pN + Np

Cette inéquation est toujours vraie puisque pour p < 1, le terme de gauche est toujours

négatif et celui de droite toujours positif. On peut donc affirmer que pour cette

configuration, la mutualisation permet toujours de réduire la quantité de pièces de rechange,

ce qui n'est pas le cas pour le problème suivant que nous allons traiter.

Considérons N entreprises qui gèrent leur stock respectif d'un composant non réparable

selon la politique « base stock » (5-1,5) sans arrérage tel qu'analysé à la section 4.3.5. Pour

chaque entreprise, des demandes unitaires indépendantes arrivent de façon aléatoire à un

taux A par unité de temps (processus de Poisson). Chaque demande occasionne la sortie

d'une pièce et la commande d'une pièce de remplacement. Le délai de livraison de chaque

pièce commandée suit une distribution quelconque de moyenne r . D'après les résultats de

la section 4.3.5, la quantité maximale S de pièces à garder, dans un contexte de gestion

individualisée, pour garantir un niveau de service NS ( NS = 1 — a ) est la première valeur

de S qui vérifie la relation suivante :

\^-<a (6.3)SI ~

Si les stocks de ces N entreprises sont mis en commun, alors la quantité maximale Sc de

pièces à garder, dans un contexte de gestion centralisée, pour limiter le risque de pénurie à

un seuil prédéterminé a, est la première valeur de Sc qui vérifie la relation :

127

(6.4)

Exemple 1 :

Pour A = 0,5 r = 15 a = 0,05 JV = 10, on obtient: S=21 et Sc=205 qui est bien

inférieur à 210 (210 = 21 x 10). Il y a donc une réduction du niveau de stock. Cette

économie est observable même si on considère des valeurs réelles (non entières) de S.

Toutefois, cette réduction n'est pas toujours garantie comme le montre l'exemple 2 ci-

dessous.

Exemple 2 :

Pour A = 0,35 r = 15 a = 0,05 N = 10, on obtient : 5=14 et Sc =144 qui est

supérieur à 140. Cet exemple montre que la réduction du niveau des stocks n'est pas

toujours possible. C'est ce que Yang et Schrage [194] ont appelé « anomalie de la

mutualisation des stocks ».

Si la centralisation des N stocks est bénéfique alors si on utilise N fois le stock optimal

individuel S comme stock maximal pour le système centralisé, on doit obtenir une

probabilité de pénurie à au plus égale à a, ce qui équivaut à à / a < l .

Ce qui donne :

â ^NXjNp)™ S\(N-S)\ Xps

Après simplifications et utilisation de la formule de Stirling a! == aa+1/2 e a • V2TT , on

obtient :

La mutualisation des stocks réduira le niveau des stocks si G < 1.

128

Pour l'exemple 1 ci-dessus, la valeur de G obtenue est 3,54. Dans ce cas, la mutualisation

ne réduit pas les stocks. Pour l'exemple 2, on obtient G=0,012. Ce qui est conforme avec la

réduction du niveau d'inventaire observée.

Même si la mutualisation des stocks n'est pas synonyme de réduction des stocks, il est

toutefois prouvé qu'elle contribue toujours à baisser le coût total d'opération [20;82]. À

partir d'études menées sur plusieurs exemples industriels, Hillier [99] affirme que de façon

générale, les bénéfices retirés de la mutualisation des stocks sont moindres que ceux

procurés par le regroupement des commandes.

6.4.2. Le regroupement des commandesLe regroupement des commandes de plusieurs entreprises permet de réaliser des économies

d'échelles substantielles aussi bien au niveau des coûts d'achat que des coûts de transports

[124; 142]. Considérons que N entreprises décident de regrouper leurs commandes d'une

pièce de rechange donnée en provenance d'un même fournisseur. Parce que les coûts de

stockage et de pénurie ne sont pas identiques d'une entreprise à l'autre et qu'il existe

également des différences au niveau des coûts de transport et du délai

d'approvisionnement, on peut considérer qu'il y a N produits (SKU Stock-Keeping Units)

même s'il s'agit de la même pièce de rechange. Le problème de coordination des

commandes d'un produit reparti sur N installations devient équivalent au problème de

coordination des commandes de N produits d'une seule installation. Le regroupement de

commandes inter-entreprises se ramène donc au problème classique de gestion simultanée

de plusieurs articles (Joint Replenishment Problem JRP). Une des entreprises participantes,

que nous appellerons entreprise 1, pourra être désignée pour passer la commande,

réceptionner à la livraison, faire la répartition en lots individuels et éventuellement expédier

vers les autres entreprises si ces dernières ne viennent pas récupérer leurs articles.

Le JRP a été largement couvert dans la littérature. Goyal et Satir [86] présentent une revue

des modèles déterministes et stochastiques. Dans la pratique, un magasin de stockage

comporte une multitude d'articles à gérer. Plutôt que d'approvisionner chaque article

séparément, il est possible de réaliser des économies en coordonnant les

réapprovisionnements des articles de même provenance (même fournisseur ou même région

géographique). Ce faisant, les coûts de passation de commande, de manutention et de

transport peuvent être répartis sur plusieurs produits. Le coût de commande est composé

129

d'un coût majeur, qui est encouru à chaque commande indépendamment de la quantité

commandée, et d'un coût mineur, occasionné par chaque produit inclus dans la commande.

Dans le contexte du regroupement de commandes inter-entreprises, le coût majeur de

commande est la somme des dépenses engagées par l'entreprise 1 qui est en charge de

passer les commandes alors que les coûts mineurs de commande représentent les coûts de

transports et de transaction entre l'entreprise 1 et chacune des autres entreprises partenaires

(voir figure 6.4).

Figure 6.4 : Répartition des coûts de commande

L'inconvénient du regroupement des commandes est que certains articles inclus dans le lot

ne sont pas commandés à leur rythme (cycle) optimal spécifique. Puisqu'il s'agit de

commandes anticipées pour la plupart des articles, des coûts supplémentaires de stockage

sont encourus. Le problème à résoudre est donc de trouver un compromis entre la réduction

des coûts de commande et les coûts supplémentaires de stockage.

1) Les modèles déterministes

Deux méthodes sont proposées dans la littérature : le regroupement direct et le

regroupement indirect. La méthode de regroupement direct repartit les n articles à

commander en m groupes disjoints (m < n) et détermine un cycle de commande fixe et

commun à tous les articles de chaque groupe. Le regroupement indirect utilise un cycle de

commande fixe de base T et détermine pour chaque article i (i=l,2, ..., n) une périodicité

130

de commande Ri qui est un multiple de T. La résolution du problème consiste alors à

déterminer, pour chaque article i, l'entier positif &,• tel que R(=kj*T. Plusieurs études

comparatives [148,184] concèdent une légère supériorité à la méthode de regroupement

indirect qui dispose aussi d'une couverture plus abondante dans la littérature. Ce principe

s'apparente à la maintenance opportuniste,

a) La méthode de regroupement indirect

1

03 2

a

M 3

--— •

Figure 6.5 : Exemple de cycles de commande pour plusieurs articles

Di : taux de demande pour l'article i (unités/unité de temps)

Qi : quantité à commander pour l'article i (unités)

T : cycle de commande ou d'approvisionnement de base (unité de temps)

Ri : cycle de commande de l'article i (Ri=kj*T), est un multiple de T

ht : coût de stockage pour l'article i ($/unité/unité de temps)

A : coût majeur de passation d'une commande

a, : coût mineur de commande si l'article i est inclus dans la commande

CT : Coût total par unité de temps.

L'expression du coût total par unité de temps est la somme du coût total de commande par

unité de temps et du coût total de stockage par unité de temps :

(6.5)

131

En résolvant l'équation dCT/dT = 0, on obtient la valeur optimale T* de T pour un

ensemble donné de &,. L'expression de T* est donnée par :

T* = \\t = l J V » = l

1/2

(6.6)

En utilisant les équations (6.6) et (6.5), on obtient :

CT*(kz) =1/2

(6.7)

II s'agit ensuite de déterminer les kt 0=1,...,«) entiers qui minimisent CT*. Pour de faibles

valeurs de n, la solution optimale est obtenue au moyen d'une simple procédure

d'énumération. Toutefois, le nombre de points à explorer explose très rapidement et il

devient nécessaire de recourir à des heuristiques. Goyal et Satir [86] présentent une revue

des principales heuristiques développées avant 1990 qui permettent de réduire l'espace de

recherche. Depuis, plusieurs autres heuristiques ont été proposées dont l'algorithme RAND

de Kaspi et Rosenblatt [111]. Les résultats obtenus par Kaspi et Rosenblatt montrent une

amélioration par rapport aux autres méthodes disponibles au moment de sa parution. Goyal

et Deshmukh [85] élaborent une nouvelle borne inférieure de recherche et améliorent les

performances de RAND. Les heuristiques proposées par Hariga [19;94], Van Eijs [183] et

Viswanathan [186] permettent d'obtenir des solutions très proches de l'optimum.

b) La méthode de regroupement direct

Très peu de travaux sont consacrés à cette méthode qui consiste à répartir les n articles en m

groupes disjoints et à trouver un cycle de commande propre à chaque groupe.

Soit:

m : nombre de groupes

j : index des groupes, j= 1,2,... ,m

Gj : le fme groupe

Tj : cycle de commande pour les articles du groupe;

132

Dans le cas du regroupement direct, l'expression du coût total par unité de temps est

donnée par :

je G,(6.8)

En résolvant l'équation dCT/dT = 0, on obtient la valeur optimale 7}* de 7):

1/2

(6.9)

On détermine ensuite un ensemble de m groupes de un ou plusieurs articles, puis on calcule

7}* pour chaque groupe. Pour de faibles valeurs de n, il est facile d'énumérer toutes les

combinaisons de m groupes possibles, de déterminer la valeur de m et la combinaison qui

donne le coût total minimal. Pour des valeurs plus grandes de n, une heuristique telle que

celle proposée par Bastian [18] est utilisée pour faire le regroupement. Une étude

comparative des méthodes directe et indirecte menée Van Eijs et al. [184] a permis de

trouver les seuils du rapport A/ai en fonction de n à partir desquels la méthode indirecte

supplantait la méthode directe. Olsen [143] a utilisé la technique les algorithmes génétiques

pour obtenir des solutions au problème de coordination des commandes.

2) Les modèles stochastiques

Plusieurs politiques ont été proposées pour traiter le problème de la coordination des

commandes lorsque les demandes sont aléatoires. On distingue les systèmes à revue

continue et les systèmes à revues périodiques.

Jusqu'à très récemment, la politique « can-order », que nous traduisons par commande

opportuniste, proposée par Balintfy [13], et la politique QS proposée par Renberg et

Planche [146] [144] étaient pratiquement les seules politiques à revue continue abordée

dans la littérature. Selon la politique de commande opportuniste (s,c,S), chaque article i

possède trois paramètres de gestion : un niveau maximal de recomplètement (S,), un niveau

133

à partir duquel la commande opportuniste est permise (ci) et un point de commande

obligatoire (si) tels que s, < c, < S,. Lorsque l'inventaire de l'article i atteint son point de

commande obligatoire su alors le processus de commande s'enclenche. Avant de passer la

commande, on vérifie les niveaux de stock de tous les autres articles j (j ^ ï). Ceux dont le

niveau d'inventaire est inférieur ou égal à leur point de commande opportuniste sont inclus

dans la commande de l'article / en commandant les quantités requises pour ramener leur

inventaire au niveau de recomplètement S,. Pour l'article qui déclenche la commande, il

s'agit d'un approvisionnement normal alors que pour les autres articles, on parle d'une

opportunité de commande à coût de commande réduit. Ignall [103] a démontré que les

politiques de commandes opportunistes ne sont pas optimales pour le problème. Schultz et

Johan [161] ont établi qu'il n'est pas toujours possible d'obtenir une politique optimale

exacte. Plusieurs heuristiques sont alors proposés dans la littérature pour calculer les

paramètres (s,c,S) (voir Silver [164;166;167], Federgruen [73], Melchiors [128], Johansen

[108]).

La politique QS, aussi notée (Q, Si, S2,..., Sn), opère comme suit: chaque fois que la

consommation totale des n articles depuis la précédente commande atteint la quantité Q,

une commande est passée pour ramener le niveau de stock de chaque article i à S,. Les tests

menés par Pantumsinchai [144] indiquent que cette politique donne de bons résultats

lorsque le nombre d'articles (et donc d'entreprises) est faible et que les paramètres de coûts

et de demande sont similaires.

À la suggestion de Viswanathan [187], Nielsen et Larsen [142] développent une nouvelle

politique à revue continue Q(s,S). Selon la politique Q(s,S), la consommation totale est

contrôlée en continu alors que les inventaires individuels des articles ne le sont que

périodiquement lorsque la consommation totale atteint Q. Alors, le stock de chaque article

est contrôlé selon la politique (s,S). Lorsque s, = 5,-1, la politique Q(s,S) devient la

politique QS.

Des versions multi-produits des systèmes à revue périodique à un article ont été

développées. Le niveau d'inventaire de l'article i est contrôlé à chaque période de longueur

Tj. Le recomplètement à S, est effectué si le niveau du stock est inférieur ou égal à une

valeur donnée. Les périodicités 7; sont des multiples d'une périodicité de base T, comme

dans le cas déterministe avec regroupement indirect de la section 7.4.2. La). Deux

134

heuristiques de calcul des paramètres de gestion ont été proposées par Atkins et Igoyun

[10]. Ces auteurs ont comparé les résultats obtenus par les modèles des politiques (s,c,S) et

ceux des politiques périodiques (5,7). Ils concluent que les politiques périodiques donnent

de meilleurs résultats. Il faut toutefois noter que ces comparaisons portent sur l'efficacité

des heuristiques utilisées dans chaque politique et pas sur les politiques elles-mêmes.

Pendant longtemps donc, les heuristiques des politiques périodiques ont produit de

meilleurs résultats. Toutefois, les nouvelles heuristiques développées pour les politiques

(s,c,S) par Melchiors [128] et Johanssen [108] donnent des résultats supérieurs aux résultats

des heuristiques des politiques périodiques lorsqu'il y a de grandes variations de la

demande.

Une autre politique à revue périodique a été proposée par Viswanathan [187] qu'il note

P(S,s). L'inventaire est contrôlé à chaque intervalle de t unités de temps. À chaque revue,

une politique de type (s,S) est appliquée à chaque article i dont le niveau du stock est

inférieur ou égal à St. Une procédure de résolution est appliquée pour déterminer les

paramètres de gestion t, s, et S1, : pour chaque valeur de t, trouver la politique optimale (s,S)

pour chaque article par l'algorithme de Zheng et Federgruen [198]. La solution sera la

valeur de t qui donne le coût total le plus petit.

Nous venons de traiter des bénéfices qui peuvent être retirés de la mutualisation des stocks

à la section 6.4.1 et du regroupement des commandes à la section 6.4.2. Ces deux initiatives

impliquent des entreprises au même niveau (échelon) dans le réseau d'approvisionnement.

Dans la section qui suit nous traiterons d'un exemple de coordination entre deux entreprises

situées à des échelons différents dans le réseau. Nous considérerons le cas d'une entreprise

et de son fournisseur.

6.4.3. Coordination entre le client et son fournisseurPour illustrer les avantages potentiels de la coordination des commandes, considérons un

client et son fournisseur dans un contexte où la demande est connue et stable. Le client fait

face à un taux de demande constant D et il s'approvisionne au coût unitaire de Ca auprès de

son fournisseur. Le coût de lancement de la production de chaque lot commandé est S. Le

135

taux de production du fournisseur est P (avec P>D). Le coût de production unitaire est Cp.

Le coût de stockage unitaire par unité de temps par dollar de la valeur de l'article est £.

Considérons le cas où il n'y a pas de coordination entre le fournisseur et son client. Chacun

détermine sa quantité économique sans tenir compte de l'autre. Les quantités économiques

à produire et à commander, respectivement, QEP et QEC, sont données par :

(6.11)

L'expression du coût total dans chacun des cas est donnée par :

D QEP D

et

QEc

Soit le client a suffisamment de pouvoir pour imposer que le fournisseur lui livre la quantité

exacte QEC dont il a besoin, soit le fournisseur a suffisamment de pouvoir et ne vend que

des lots de taille QEP. Appelons Q' (Q'=QEC OU Q'=QEP) la quantité qui est transigée entre

les deux. Le coût total CTSC encouru par les deux partenaires s'il n'y a pas de coordination

vaut:

CTSC = CT(Q') + CT(Q')

Considérons maintenant le cas où la quantité à mettre en production pour livraison au client

est déterminée de façon coordonnée (conjointe) telle que suggérée par Banerjee [14].

Chaque lot commandé est produit en une fois et livré. Le coût total conjoint est donné par

[84]:

136

(6.12)

Et la quantité économique optimale à mettre en production pour satisfaire chaque

commande est :

2D(S + A)

+ C(6.13)

Goyal [84] a aussi considéré l'éventualité où le fournisseur peut anticiper les commandes et

fabriquer un certain nombre n de lots pour satisfaire la commande courante et (n-1)

commandes ultérieures. Il montre que le coût total vaut alors :

Tl(6.14)

La valeur optimale n* doit satisfaire la condition suivante

n * (n * -1) < — ^ fj- < n * (n * +1)l + )

Lorsque n* est connue, on obtient la quantité à commander par :

1/2

20(4- + A)n

et la quantité à mettre en production vaut alors n*Q(n*).

137

Les coûts totaux encourus respectivement par le client et son fournisseur sont :

D-S Q(n*)+

Finalement le coût total CTC encouru par les deux partenaires est donné par :

CTC = CTCC + CTCf

Application numérique : Considérons l'exemple défini par les paramètres suivants :

Z)=1800 unités par an; P=3500 unités par an; A=$100 par commande; S=$450 par

lancement; Ca=$50 l'unité, Cp=$25 l'unité et £ =0.15.

Sans coordination, on a :

QEC = 219 unités

QEP =917 unités

CTSC(Q'=QEc) = $5552.9 par an

CTSC(Q'=QEp) = $5402.6 par an

Avec coordination, on a :

Q(n*) = 278 unités à commander à chaque fois par le fournisseur

n*Q(n*) = 556 unités à produire à chaque 2 commandes

CTCC =$1690 par an pour le client

CTCf = $2514.2 par an pour le fournisseur

CTC = $4204.2 par an pour les deux partenaires.

138

On remarque que lorsque les paramètres de gestion sont déterminés en coordination, il en

résulte un coût global moindre. Il est sous-entendu que les partenaires sont capables de

convenir d'un mécanisme équitable de répartition des gains réalisés.

Pour conclure ce chapitre, nous proposons un tableau récapitulatif des actions de réduction

du coût total de gestion des stocks de pièces de rechange. Ce coût total de gestion peut

généralement être exprimé comme la somme des coûts de commande, d'acquisition, de

stockage, de pénurie et de maintenance. Le tableau 6.1, ci-après, définit les différents coûts

inhérents à la gestion des stocks de pièces de rechange et suggère des pistes pour la

réduction de ces coûts.

Nous avons, dans ce chapitre, passé en revue différentes contributions des TIC à la gestion

des stocks de pièces de rechange, notamment l'accès à la documentation, les achats en

ligne, la réduction du délai de réapprovisionnement, la réduction des coûts et des niveaux

de stocks par la gestion collaborative des stocks. Le chapitre suivant est consacré à l'étude

d'un cas pratique dans un contexte de récupération d'articles usagés. Nous présenterons les

outils et le modèle développés dans le cadre du projet de recherche industriel sur les

fauteuils roulants qui constitue un cas d'application de plusieurs modèles et concepts

discutés dans cette thèse.

139

Coût

A

C

h

CTM

Libellé

Coût de commande : il englobetous les coûts de préparation, delancement, de suivi, de réceptiondes articles commandés.

Coût d'acquisition : coût d'achatde l'article. Il s'agit d'un coûtvariable

Coût de stockage : coût variablequi englobe toutes les chargesoccasionnées par la présence d'unarticle en stock (loyer, assurances,taxes, intérêts, salaires, etc). Le coûtde stockage d'une unité sur unhorizon donné est de l'ordre de 20 à60% de son coût d'acquisition.

Coût de pénurie : Ensemble descoûts encourus suite à une demandenon satisfaite parce que le stock estvide. Ce coût peut être difficile àévaluer mais comprendgénéralement les coûts de pertes decapacité, de compensation desclients et de report de la livraison.

Coût de maintenance : il englobeles coûts de toutes les actionseffectuées en vue de maintenir oude rétablir les équipements en bonétat de marche.

Actions de réduction du coût

• Rationaliser et regrouper les commandes;

• Utiliser les outils du commerce électronique pour lanceret suivre les commandes;

• Développer un partenariat avec les fournisseurs (VMI,coordination production-livraison, . ..etc);

• Développer des collaborations avec d'autres utilisateurs.

• Regrouper les commandes pour profiter des rabaisd'échelle;

• Surveiller et profiter des rabais temporaires (abonnementà des info-courriels);

• Faire régulièrement des recherches de nouveauxfournisseurs pour étendre son bassind'approvisionnement et baisser ses coûts d'achat;

• Avoir recours aux articles reconditionnés.

• Réduire les quantités à garder en stock (mutualisation oucentralisation virtuelle des stocks; réduction des stocksgrâce à l'interchangeabilité des composants similaires);

• Réduire les périodes durant lesquelles il y a du stockage(Juste-à-Temps, détermination de l'instant optimal depassation de commande);

• Avoir recours aux articles reconditionnés.

• Se garder une alternative d'approvisionnement d'urgence(transferts latéraux ou prêts d'autres utilisateurs, etc);

• Réduire les délais d'approvisionnement (soumission etcommande en ligne; technique d'usinage rapide RAMP);

• Avoir recours à l'interchangeabilité pour des composantsfonctionnellement similaires.

• Améliorer la formation du personnel;

• Préparer et organiser les actions de maintenance(logiciels de gestion de la maintenance assistée parordinateur GMAO);

• Lier le système de planification des actions demaintenance avec le système de gestion des inventairesde pièces de rechange;

• Garantir l'accès à une documentation actualisée (portailweb du constructeur) et à un outillage adéquat.

Tableau 6.1 : Tableau récapitulatif des actions de réduction du coût total de gestion

140

Chapitre 7

Récupération des pièces reconditionnées

Dans ce chapitre, on se situe dans un contexte de récupération d'équipements en fin de

cycle de vie ou non-utilisés. Une fois collectés, ces équipements peuvent être : soit

désassembles en composants ou en sous-systèmes devant servir de pièces de rechange pour

d'autres équipements en opération, soit dirigés vers diverses autres options de récupération.

Les pièces de rechange reconditionnées ainsi obtenues représentent une excellente

alternative aux pièces neuves. Elles sont moins coûteuses et possèdent les caractéristiques

requises pour assurer le fonctionnement du système. Les autres alternatives de récupération

permettent de prolonger la durée de vie des équipements ou de les éliminer proprement.

Nous développons dans ce chapitre des outils d'aide à la décision pour une sélection

rigoureuse des alternatives de récupération à travers un cas d'étude industriel.

7.1. Les modèles et outils d'aide à la décision de la logistiqueinversée.La logistique inversée aussi appelée logistique à rebours « reverse logistics » désigne

l'ensemble des activités de récupération de valeur qui ont lieu depuis la collecte des

produits inutilisés jusqu'à leur réintroduction sur le marché ou leur élimination propre. Ce

141

domaine d'études étant récent, aucune des différentes définitions et appellations ne s'est

encore réellement imposée. Chouinard [40] présente une discussion approfondie sur la

définition de la logistique inversée. Les travaux les plus récents parlent de chaîne logistique

en boucle fermée (closed-loop supply chain) [79]. Cette définition nous paraît la plus

appropriée car elle traite du retour des articles et de leur remise dans le circuit normal de

production et de distribution.

La récupération des produits inutilisés ou en fin de cycle de vie devient de plus en plus

importante. Elle est surtout stimulée par des préoccupations environnementales et

économiques qui engendrent diverses réglementations et initiatives. Le « Extended

Producer Responsability » est une initiative internationale dans le cadre du développement

durable qui rend tout fabricant responsable de son produit durant son cycle de vie utile et

surtout en fin de cycle de vie. L'intérêt des scientifiques pour ces problèmes s'est donc

considérablement accru au cours de la présente décennie. Plusieurs travaux ont de fait été

publiés sur la logistique inversée et le ré-usinage des produits récupérés. Mentionnons,

entre autres, les travaux de Nakashima et al. [141], Lee et al. [122], Guide et Wassenhove

[91], Klausner et Hendrickson [117], Thierry et al. [179], Baetz et Neebe [11]. Les activités

de récupération ont d'abord été réalisées et étudiées sous la pression d'intérêts écologiques.

Ces dernières années, la démonstration a été faite que ces activités étaient économiquement

rentables à condition de disposer d'outils et de modèles pour guider la prise de décision

[79]. Les articles publiés dans la littérature peuvent être classés en trois catégories. La

grande majorité de ces travaux abordent le déploiement stratégique des réseaux de

logistique inversée. Une autre partie examine la planification tactique des activités et enfin

une faible portion des publications est consacrée à l'aspect opérationnel des activités de

récupération [152].

En général, après la collecte ou l'achat des produits inutilisés, suivent les activités de

nettoyage, d'évaluation et tri, de désassemblage, de réutilisation et/ou d'élimination selon

l'ordre le plus approprié au produit [101; 119]. Selon le produit considéré, certaines des

étapes de traitement prennent plus ou moins d'importance. Par exemple, durant les

opérations de ré-usinage d'ordinateurs par IBM Global Financing, les données sur les

disques durs des ordinateurs récupérés doivent être effacées par une procédure de nettoyage

qui satisfait la norme 5220-22-m du département de la défense des États-unis. Pour les

142

fauteuils roulants, un nettoyage par vaporisation d'un mélange d'eau chaude et de produit

stérilisant est nécessaire.

Parce que les implications techniques et financières de l'ensemble des opérations

subséquentes de désassemblage, de réparation, d'inspection et de stockage peuvent être

importantes, il est impératif de pouvoir choisir l'alternative appropriée de valorisation dès

la réception des produits inutilisés : c'est l'étape de l'évaluation - tri. Pour réaliser ce tri, il

faut établir une famille cohérente de critères d'évaluation et disposer d'une liste complète

d'alternatives de récupération. Thierry et al. [179] distinguent cinq principales alternatives

de récupération : la réparation, la remise en état, le ré-usinage, la cannibalisation et le

recyclage. Ces alternatives sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Options de RPNiveau de

désassemblage Exigences de Qualité Produit résultant

Réparation

Remise en état

Ré-usinage

. . . Rétablir le produit dans un Des pièces réparées ouNiveau du produit .. . , , c • « *

état de bon fonctionnement remplacées

Niveau desmodules

Niveau descomposants

Inspecter et mettre à jour lesmodules critiques

Inspecter tous lescomposants/modules et les

mettre à jour

Des modules réparésou remplacés

Modules/ composantsneufs ou usagés dansde nouveaux produits

n , ,. . . En fonction d'utilisation Certains composants4 Cannibalisation dans d'autres alternatives de sont utilisés et les

décomposant , , v ,,. . ,récupération autres élimines

RecyclageNiveau du Dépend de l'utilisation dans Matériaux utilisés dansMatériau le ré-usinage d'autres produits

Tableau 7.1 : Principales alternatives de récupération de valeur

Plusieurs familles de critères sont proposées dans la littérature pour effectuer la sélection de

l'option adéquate de valorisation [32;104;l 18;119;195]. Ces critères sont regroupés en trois

catégories : les facteurs environnementaux, les facteurs économiques et les facteurs

143

techniques. Les critères retenus étant de nature différentes et multiples, les modèles de

décisions bâtis sont généralement multicritères ou multi-objectifs [122; 147].

Dans le cadre d'un projet de recherche multidisciplinaire sur la valorisation des aides à la

mobilités usagées collectées par l'institut de réadaptation en déficience physique de Québec

(IRDPQ), nous avons développé des outils d'aide à la décision et un modèle mathématique

de prise de décision au niveau opérationnel des activités de valorisation. La valorisation

désigne l'ensemble des activités de récupération de valeur économique résiduelle de

produits inutilisés, en l'occurrence des fauteuils roulants usagés. Les outils et le modèle

développés [59] sont présentés ci-dessous.

7.2. Cas d'étude : les fauteuils roulants usagés de la RAMQ

7.2.1. IntroductionLa Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) mandate 13 centres de réadaptation

situés partout dans la Belle Province pour effectuer l'attribution des fauteuils roulants aux

citoyens qui en ont besoin. Ces centres sont aussi chargés d'assurer la maintenance des

fauteuils roulants attribués. La RAMQ défraie la totalité des coûts encourus par l'attribution

et la maintenance des fauteuils. Depuis juin 2000, la RAMQ et les centres de réadaptation

ont signé une entente qui oblige les centres à récupérer tous les fauteuils roulants inutilisés

et à les valoriser [40]. Le rapport d'évaluation du projet de valorisation des aides à la

locomotion [47] indique que des économies de l'ordre de 4,35 millions de dollars ont été

réalisées pour la période allant du 15 juin 2000 au 31 décembre 2002. Ce même rapport

établit que les opérations de tri sont basées sur une grande variété de facteurs qui sont

diversement évalués et appliqués par les centres. En effet, les décisions d'orientation des

fauteuils semblent se faire à l'oeil et les coûts sont estimés mentalement avec tous les

risques d'erreurs qui peuvent survenir. D'autre part, le rapport révèle que jusqu'à 34% des

fauteuils collectés sont éliminés alors que seulement 11% sont démontés pour servir de

pièces de rechange. Au terme de l'évaluation du projet de valorisation, il a été recommandé

d'améliorer le processus de tri des aides à la mobilité collectées. Cette recommandation est

à l'origine du projet de recherche que nous avons mené conjointement avec la RAMQ et

l'IRDPQ.

144

Le tri des aides à la mobilité collectées constitue une étape cruciale du processus de

valorisation des aides à la mobilité, car elle conditionne toutes les autres opérations de

valorisation subséquentes et a des implications financières, opérationnelles et techniques

importantes. L'établissement d'une liste de critères appropriés, objectifs et faciles à évaluer,

et l'élaboration d'outils de tri procédant par étapes successives et systématiques

permettraient de garantir l'uniformité du tri et la sélection d'alternatives de valorisation

adéquates. La section 2 présente les critères retenus pour effectuer le tri. Les sections 3, 4 et

5 sont consacrées chacune au développement d'un arbre de décision, d'un outil multicritère

et d'un programme mathématique.

7.2.2. Les critères de tri retenusa) Les alternatives de valorisation

Le rapport d'évaluation du projet de valorisation des aides à la locomotion [47]

recommande le tri des fauteuils en 7 lots. Un regroupement est effectué et ramène le

nombre d'alternatives à 5. Ces alternatives sont :

1. Réattribution dans le programme de la RAMQ : lot qui regroupe des appareils

dont les attributs ou caractéristiques sont comparables à un appareil neuf, en vue

d'une utilisation identique à la fonction originale indépendamment des quantités en

stock dans un établissement donné. Les coûts pour remettre en état un appareil dans

une condition conforme à la définition ci-dessus ne devraient pas excéder $600 pour

un fauteuil manuel ou une base de positionnement, $3000 pour un fauteuil motorisé

de moins de deux (2) ans, $2000 pour un fauteuil motorisé entre deux (2) et quatre

(4) ans d'âge, $1600 pour un fauteuil motorisé de plus de quatre (4) ans.

2. Réemploi pour usage dans le réseau socio-sanitaire du MSSS : ce lot accueillera

les fauteuils du lot précédent qui seraient en surnombre ou des fauteuils qui ne

peuvent être remis en état sans dépasser la limite budgétaire imposée. Les fauteuils

de ce lot seront vendus dans le réseau socio-sanitaire du ministère de la santé et des

services sociaux (MSSS).

145

3. Cannibalisation des appareils pour utilisation des pièces et des composants

dans la remise en état ou les réparations: les fauteuils de ce lot sont démontés et

les pièces en bon état de fonctionnement sont retirées pour constituer un stock de

pièces récupérées. Les fauteuils affectés à cette catégorie ne peuvent être remis en

état sans dépasser la limite de budget et ne sont pas suffisamment de bonne qualité

(surtout l'aspect fiabilité) pour se qualifier pour la catégorie de réemploi, mais ils

contiennent des pièces récentes ou en bonne condition.

4. Prêt à des personnes admissibles ou conservation à des fins d'apprentissage :

les fauteuils de ce lot sont prêtés à des bénéficiaires à des fins d'entraînement ou de

prêts temporaires avant qu'ils ne reçoivent les fauteuils qui leur sont prescrits. Les

fauteuils de cette catégorie sont en fin de vie utile et nécessitent peu ou pas

d'opérations de remise en état.

5. Élimination par l'envoi d'appareils à l'extérieur du pays via l'organisme

Collaboration Santé Internationale (CSI) ou la régénération des rebuts et résidus: les

fauteuils de ce lot sont des fauteuils technologiquement dépassés et qui ne peuvent

plus être utilisés pour répondre aux besoins des bénéficiaires selon les standards de

la Régie. Ces fauteuils sont envoyés dans des pays en voie de développement par

l'intermédiaire de l'organisme CSI. Ce lot est aussi destiné aux pièces et composants

en mauvais état et obsolètes qui ne peuvent être récupérés par l'organisme CSI ou

utilisés pour leurs matériaux dans la fabrication d'autres équipements. Ils doivent

être éliminés proprement.

b) Détermination et définition des critères

Dans la littérature scientifique et technique, très peu de travaux sont consacrés à la

récupération des produits en fin de cycle. Il est encore plus difficile de trouver des travaux

consacrés à la récupération d'aides à la mobilité. Hormis les travaux publiés par la Régie de

l'assurance maladie du Québec (RAMQ) et l'équipe de recherche du projet de valorisation à

l'Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ), seule l'étude menée

par Rudi et al. [152] en Norvège aborde le problème du tri des aides à la mobilité usagées.

146

Pour la détermination de la famille de critères nécessaires au tri, nous nous sommes

appuyés sur les 3 sources suivantes :

a) Les critères utilisés par les établissements de réadaptation signataires de l'entente

sur la valorisation et qui sont recensés dans le rapport d'évaluation du projet de

valorisation des aides à la locomotion [47] ;

b) Les critères relevés par Rudi et al. [152] ;

c) Les critères relevés dans le cadre du projet de valorisation des aides à la mobilité à

l'IRDPQ [59].

Après plusieurs séances de travail avec les preneurs de décision et les mécaniciens, une

liste de critères nécessaires à la réalisation des opérations de tri a été dressée. Chacun des

critères a été examiné pour sa pertinence à pouvoir faire le tri des fauteuils. Les critères

retenus ont ensuite été définis et pondérés en se fondant sur les principes de:

• Simplicité : la définition du critère doit être suffisamment simple et claire pour que

l'intervenant moyen puisse la comprendre sans ambiguïté.

• Facilité d'évaluation : l'évaluation de chaque critère doit être facile et ne pas

nécessiter d'opérations trop lourdes pour le mécanicien. Pour certains cas, plusieurs

méthodes d'évaluation sont proposées par ordre de priorité d'utilisation. Les critères

retenus et leurs façons d'être évalués doivent tenir compte de la précision des

données disponibles et de l'absence de système d'information automatisé. Dans les

cas appropriés, l'évaluation sera qualitative plutôt que quantitative.

Finalement, 4 critères ont été retenus : l'âge (facteur technique), la disponibilité

contractuelle des pièces (facteur technique), le coût estimé de remise en état (facteur

économique) et le niveau des stocks (facteur économique).

Age : période de temps entre la date de première prise de possession (DPP) enregistrée à la

RAMQ et la date du tri (DDT).

L'âge d'un appareil est retenu comme critère de réattribution pour des raisons de fiabilité,

d'amortissement et de pertinence technologique de l'aide.

147

En l'absence de données précises sur les durées de vie des fauteuils, nous faisons

l'hypothèse qu'un fauteuil roulant a un taux de panne non-décroissant. Cette hypothèse est

vraie durant la phase d'exploitation de la plupart des équipements mécaniques. Au chapitre

5, nous avons établit qu'un équipement à taux de panne non-décroissant devenait moins

fiable en vieillissant. Ainsi, les fauteuils plus jeunes seront remis en état pour être

réattribués, alors que les autres pourraient être dirigés vers d'autres orientations. Dès que

les données sur les durées de vie des fauteuils seront disponibles, il sera alors possible de

calculer la loi de dégradation/(.) des fauteuils et de déterminer l'âge maximal des fauteuils

à mettre en réattribution à partir des modèles de décisions développés à la section 5.1.1.

L'âge est ici utilisé comme serait le kilométrage sur un véhicule automobile. Si les aides à

la mobilité disposaient d'odometre ou de compteurs du nombre de tours de roues, la lecture

de ces compteurs aurait fourni une information plus précise sur la dégradation des

composants du fauteuil. Toutefois, nous savons qu'en pratique le mode d'usage peut

affecter la fiabilité. Mais à ce stade-ci, les données disponibles ne permettent pas de faire le

lien entre l'usage d'un fauteuil et sa fiabilité. On tiendra cependant compte de l'usage qu'a

subi un fauteuil à travers d'autres critères.

Du point de vue de l'amortissement, plus un fauteuil est âgé plus il est déprécié et donc

moins intéressant à remettre en état pour être réattribué. Par contre, un fauteuil jeune est

peu amorti et donc plus intéressant à remettre en état pour réattribution, afin de récupérer

une partie de sa valeur économique.

Du point de vue de la pertinence, l'on dira que plus un fauteuil est jeune, et plus il est

conforme à l'esthétique et aux fonctionnalités des fauteuils les plus récents et par

conséquent plus apte à être remis en circulation.

Disponibilité contractuelle des pièces : se définit comme la période au cours de laquelle

un fournisseur est tenu de fournir des pièces en vertu du contrat qu'il a signé avec la

RAMQ. Cette période est égale à la durée du contrat (3 ans) à laquelle s'ajoutent cinq

années supplémentaires de disponibilité garantie. Au moment du tri, la durée résiduelle de

cette garantie de disponibilité est généralement de 8 ans moins le temps écoulé depuis le

début du contrat en vigueur au moment de sa première attribution.

148

La disponibilité contractuelle garantie la disponibilité de pièces pour remettre en état ou

réparer un fauteuil. Un fauteuil qui ne sera plus couvert par la garantie contractuelle de

disponibilité de pièces aura tendance à être orienté vers des alternatives autres que la remise

en état.

Coût estimé de remise en état : se définit comme la somme des coûts anticipés de main

d'œuvre et de remplacements encourus pour remettre un appareil dans un état similaire à sa

condition lors de l'attribution précédente. Il englobe les coûts de nettoyage, réfection avec

des pièces neuves ou usagées, main d'œuvre, vérification technique. Ce coût doit être

inférieur à une limite fixée par la Régie pour que la remise en état soit envisageable à moins

d'obtenir une autorisation de dépassement

Afin d'évaluer le coût estimé de remise en état (CERE) de la façon la plus systématique et

précise possible, un module informatique relié à des bases de données est mis au point. Les

bases de données contiennent une liste de pièces de rechange, leurs coûts, leurs durées de

remplacement et toute autre information pertinente à la détermination du coût estimé de

remise en état. De plus, afin de forcer les intervenants à davantage examiner le fauteuil à

trier, une phase d'inspection des points critiques identifiés par une étude AMDEC est

incluse à cette étape.

La RAMQ accorde un montant maximal de $600 pour les opérations de remise en état pour

réattribution d'un fauteuil manuel ou d'une base mobile. Ce montant ne doit pas être

dépassé sauf dans le cas d'une aide à la mobilité devant être attribuée à un bénéficiaire

selon les articles 53.3 et/ou 51.7 de la Régie. Dans ces cas, une autorisation de la Régie doit

être obtenue avant toute action. Le respect ou le dépassement de ce montant maximal

justifie qu'une aide soit mise en réattribution ou non. Il est donc important de tenir compte

de ce facteur. En outre, son évaluation doit être la plus systématique et précise possible.

Niveau des stocks ; constitue la quantité de fauteuils d'un type donné et d'un modèle

donné présent dans l'aire d'entreposage et en attente d'une réattribution. Le stock maximum

de chaque type de fauteuil est déterminé à partir du modèle d'Heyman [98] qui a été

présenté à la section 5.2.2.

149

Étant donné que tous les établissements n'ont pas le même niveau maximal de stockage et

que tous n'ont pas un système d'information en temps réel pour gérer les stocks au moment

de l'implantation de l'outil de tri, l'évaluation de ce critère se fera de façon qualitative. Il

s'agira de se poser la question suivante : quel est le niveau du stock de fauteuils mis en

réattribution (de même type que le fauteuil à trier)? Quatre réponses seront alors

proposées : bas, moyen, élevé, surchargé.

c) La pondération des critères

La détermination de la pondération des critères a été faite selon deux méthodes : la méthode

Delphi et une méthode ordinale par positionnement sur un axe gradué aussi appelée

méthode des cartes à jouer [158].

La méthode Delphi développée par Olaf Helmer et Norman Dalkey de la RAND

Corporation consiste en une série de questionnements successivement répétés,

généralement par écrit, d'un groupe d'individus qui connaissent bien le domaine ou le

processus qui est le sujet de l'enquête. Après le questionnement initial, les questionnements

subséquents sont accompagnés des résultats précédents qui sont anonymement présentés.

Les personnes interrogées sont encouragées à reconsidérer leur décision et si nécessaire à

changer leur réponse à la lumière des résultats du questionnement précédent. Après deux ou

trois cycles de questionnements, les réponses définitives sont déterminées en faisant une

moyenne ou par consensus.

Pour déterminer les poids des critères, nous avons procédé en 3 étapes : une phase

individuelle, une phase consensuelle et une phase de pondération en équipe. Durant la

phase individuelle, chaque preneur de décision et mécanicien participant devait classer par

ordre d'importance les critères retenus. Étant donné le nombre restreint de critères, nous

avons directement procédé à la phase consensuelle qui a donné les résultats du

tableau 7.2. Après avoir obtenu un ordre d'importance des critères, nous avons déterminé,

par la même méthode, une pondération des critères.

150

Ordre d'importance

1.

2.

3.

4.

Critère

Coût Estimé de Remise en État

Âge

Disponibilité Contractuelle

Niveau des stocks

Poids

55%

25%

15%

5%

Tableau 7.2 : Pondération des critères

La méthode ordinale est la deuxième méthode utilisée pour déterminer la pondération des

critères. Sur un axe gradué de 1 à 10, le critère le plus important est placé à la position 1.

Ensuite, le deuxième critère en importance est placé de sorte que sa position indique

combien de fois il est moins important que le premier critère. Cette procédure est répétée

pour les autres critères. Les positions sont ensuite traduites en poids par simple résolution

mathématique.

Pour le cas qui nous intéresse, la figure 7.1 ci-dessous donne le positionnement des critères

sur l'axe gradué.

Dispo.contractuelle

Niveaustock

10

Figure 7.1 : Échelle de répartition des poids et des critères

De cette échelle, on tire le système d'équations suivant à résoudre pour déterminer les poids

Pi, P2, P3 et p4 des critères :

pt = 2.5/72

pi = 10/74

Après résolution on obtient : pi = 58.8% ;p2=23.5% ;p3= 11.8% ;p4=5.9%.

151

On constate que les deux méthodes produisent des résultats similaires. Au début de l'étude,

la méthode Delphi était prévue pour être administrée aux preneurs de décision et la

méthode ordinale devait être employée avec mécaniciens. En fin de compte, les deux

méthodes furent administrées aux deux groupes.

7.2.3. Les arbres de décisionLes seize (24) scénarii de combinaisons possibles des quatre critères retenus ont été

énumérés. Pour chaque scénario, l'alternative la plus adéquate est désignée et motivée par

consensus entre les différents intervenants du programme de valorisation. Ces résultats sont

regroupés sous forme d'arbre de décision dont un exemple est présenté à la figure 7.2.

Avec un arbre de décision, il est impossible de faire varier les poids des critères. Des poids

différents et/ou variables peuvent être intégrés par d'autres outils tels que l'analyse

multicritère et la programmation mathématique. Contrairement à la programmation

mathématique qui exige une connaissance précise de tous les paramètres, l'analyse

multicritère peut fonctionner avec des évaluations relatives et qualitatives. Ainsi, dans les

cas où la programmation mathématique exigerait par exemple que le niveau du stock soit

défini par un chiffre bien précis, l'analyse mathématique utiliserait une évaluation

qualitative (par exemple : stock bas ou élevé). Nos observations sur le terrain ont montré

que, le plus souvent, les évaluations selon certains critères étaient qualitatives. De ce fait,

nos efforts ont surtout porté sur le développement et l'implantation d'un outil basé sur

l'analyse multicritère. Si un système d'information venait à être installé dans les centres de

réadaptation et que tous les critères pouvaient être évalués quantitativement, alors le

modèle de programmation mathématique développé à la section 7.2.5. deviendrait un outil

puissant et performant.

152

Faire selon lesindications de laliste d'exception

Prêtinterne ou pour

Apprentissage

Démontagepour les

Pièces

Regénération

Réemploidans le réseau

du MSSS

Faire une demanded'autorisation des coûts

L'AM peut-il être mis encondition pour le réemplo

coût raisonnable?e niveau du stock

d'AM mis enréattribution est -il

Inférieur à SVR?

e niveau du stockAM mis en vente est-ii

inférieur à Sv«nti?

niveau du stock ddestinés au Prêt est-ii

inférieur à S™?

Réattribution

Expéditionvers un autre

Centre

Figure 7.2 : Arbre de décision pour les fauteuils manuels

7.2.4. L'analyse multicritèreComme son nom l'indique, l'analyse multicritère est utilisée lorsqu'un preneur de décision

est confronté à un problème qui présente plusieurs aspects à prendre en considération

contrairement à l'optimisation classique qui ne porte que sur un aspect (critère) à la fois.

Dans la vie courante, la plupart des problèmes de choix ou de décision sont multicritères.

Considérons l'exemple d'un consommateur qui veut acheter un produit qui présente la

meilleure qualité du marché au coût le moins élevé possible avec un service après-vente à

la hauteur de ses attentes. Là où l'optimisation classique ne peut que l'aider à choisir le

153

produit le moins cher ou le produit de la meilleure qualité ou celui offrant le meilleur

service après-vente, l'analyse multicritère désignera le produit qui répondra globalement

aux désirs du consommateur. L'analyse multicritère tentera de trouver le meilleur

compromis possible. L'analyse multicritère prend de plus en plus de place dans l'aide à la

décision depuis que plusieurs auteurs, dont Roy et Bouyssou [149], ont élaboré une théorie

mathématique des méthodes multicritères. Elle a été appliquée avec succès à plusieurs

problèmes de décision : choix de l'extension de lignes de métros [150], choix de

fournisseurs de services [64], évaluation de systèmes hospitaliers [52], évaluation par le

congrès américain du statut commercial de la Chine [154], ...etc.

En toute généralité, lorsqu'on pose un problème multicritère, il s'agit de trouver la

« solution la plus adéquate », compte tenu d'une famille cohérente de critères. On peut

généralement opérer en 4 grandes étapes :

1. Dresser la liste des actions potentielles;

2. Dresser la liste des critères à prendre en considération;

3. Établir le tableau des performances;

4. Agréger les performances.

a) Le choix de la méthode multicritère

Schârlig [158] expose de façon claire et simple le fonctionnement des outils d'analyse

multicritère. Il y propose un arbre de décision pour sélectionner la méthode multicritère

appropriée au problème à traiter.

Avant de pouvoir choisir une méthode multicritère, il faut déterminer le type de

problématique qu'on traite. Il en existe 3 :

1. la problématique de choix : aussi appelée problématique « a », elle a pour but de

déterminer au sein de l'ensemble des actions (fauteuils) un sous-ensemble contenant

les actions les plus adéquates à la résolution du problème.

2. la problématique de tri : aussi appelée problématique « fi », elle cherche à scinder

l'ensemble des actions (fauteuils) en un certain nombre de classes prédéfinies.

3. la problématique de rangement : aussi appelée problématique «y », elle cherche à

classer (ranger) les actions de la meilleure à la pire.

154

Electre I Electre Is

Electre Iv

Electre IIIProméthée Electre IV

Figure 7.3 : Arbre de décision pour choisir la bonne méthode (source : Scharlig 1996)

Notre cas d'étude est une problématique de tri, car on désire affecter chaque action

(fauteuil) à une des classes prédéfinies (alternatives de valorisation).

Même si nous avons plus de 3 classes (alternatives de valorisation), nous avons retenu la

trichotomie de Moscarola et Roy pour sa relative simplicité comparée à Electre Tri et

surtout parce que Electre Tri exige la stricte monotonicité des critères [134] qui n'est pas

vérifiée dans notre cas d'étude. La monotonie caractérise le fait qu'une action soit meilleure

que l'action juste en dessous d'elle dans au moins un critère et au moins égale par rapport

aux autres critères. Supposons que nous ayons à trier deux fauteuils #1 et #2 dont les

évaluations selon les 4 critères sont les suivantes :

Fauteuil #1Fauteuil #2

Age Coût Disponibilité Niveau stock2 ans4 ans

1000$400$

44

basbas

Le fauteuil #2 sera jugé meilleur que le fauteuil #1 parce qu'il respecte le critère de coût de

remise en état même s'il performe moins bien que #1 selon le critère âge. La stricte

155

monotonie n'est pas vérifiée dans ce cas, puisque le fauteuil #2 est supérieur au fauteuil #1

relativement au critère coût mais inférieur relativement au critère âge. Pour que la stricte

monotonie soit respectée, il aurait fallu que le fauteuil #2 soit âgé de 2 ans ou moins. Ce

contre-exemple montre que dans le cas traité, la méthode Electre Tri ne peut être utilisée

directement.

Pour pouvoir classer les fauteuils dans plus de trois catégories, on a la possibilité

d'appliquer la trichotomie en plusieurs passes successives. Cette méthode a été employée

dans une version antérieure de l'outil de tri [126]. À cause du nombre restreint de critères, il

a été possible d'exécuter la trichotomie en une passe et de combiner le résultat obtenu avec

une portion de l'arbre de décision pour faire le choix des alternatives. Cette seconde

méthode permet de réduire considérablement le nombre de paramètres à initialiser.

b) La trichotomie de Moscarola et Roy

Cette méthode multicritère proposée par Moscarola et Roy dès 1976 trie les actions en 3

classes (supérieure, moyenne, basse) avec plusieurs actions pouvant définir une frontière

(séparation de deux classes). Pour ce faire, un ensemble B, constitué de toutes les actions-

étalons bonnes (fauteuils étalons pour la réattribution) et un ensemble M, comprenant

toutes les actions-étalons mauvaises (fauteuils étalons pour l'élimination) sont construits

en s'assurant qu'aucune action-étalon mauvaise ne surclasse une action étalon bonne (voir

figure 7.4).

La comparaison entre deux actions se fait au moyen de la notion de surclassement. Une

action 'a' en surclasse une autre 'b', si :

• 'a' est au moins aussi bonne que 'b' relativement à une majorité de critères;

• sans être trop nettement plus mauvaise relativement aux autres critères.

Ces deux conditions sont appelées conditions de concordance et de non discordance des

données du tableau des performances avec la proposition « a surclasse b ». On désigne par

tableau des performances l'ensemble des évaluations des fauteuils selon tous les critères.

La trichotomie exploite les mesures de surclassement qui existent entre les actions à classer

et les actions-étalons pour déterminer l'orientation des actions à classer. Ces

surclassements peuvent résulter de diverses procédures : algorithmes de surclassement

d'Electre I, Iv ou Is.

156

Le calcul des surclassements permet de définir 4 nombres pour chaque action a,- :

• B+ ou nombre de fois que l'action à classer surclasse une action de B

• B" ou nombre défais qu'une action de B surclasse l'action à classer

• M+ ou nombre défais que l'action à classer surclasse une action de M

• M" ou nombre défais qu'une action de M surclasse l'action à classer

L'action est affectée àla Classe Inférieure

L'action est affectée àla Classe Moyenne

Non

L'action est affectée àla Classe Supérieure

Figure 7.4 : Organigramme de la trichotomie de Moscarola et Roy

À ce stade, tous les outils sont réunis pour faire le tri. Nous avons rajouté une étape

supplémentaire, qui se situe avant l'application de la trichotomie, dans le but de pouvoir

apporter plus de détails dans le classement des fauteuils en intégrant les préférences du

preneur de décision à travers des fonctions de transfert. Les fonctions de transfert

transforment les résultats des évaluations selon chaque critère en mesures de performance

qui intègrent les préférences du preneur de décision ou les caractéristiques du processus à

modéliser. La figure 7.5 ci-dessous présente les 2 fonctions qui ont été construites pour

l'âge et le coût estimé de remise en état. Pour les 2 autres critères, les évaluations obtenues

sont directement utilisées sans passer par une fonction de transfert.

157

Performance

1.0

0.8

0.5-

0.3

0.2-

0.1

0

Performance

1.0

0.7

10 12 14

• • + -

100 200 300 400 500 600- H *

700 800 Coût estimé deremise en état

Figure 7.5 : Fonctions de transfert

c) L'interface graphique de l'outil de tri multicritère

L'interface graphique a été conçue avec les lignes directrices suivantes :

1. assurer une excellente convivialité aux utilisateurs,

2. minimiser les erreurs lors de la saisie des informations,

3. faciliter la mise à jour des paramètres (taux horaire, coût des pièces,.. .etc.),

4. permettre un gain de temps comparativement aux opérations manuelles,

5. garantir la compatibilité avec les systèmes en usage à la Régie et dans les centres.

La figure 7.6 et la figure 7.7 montrent deux captures d'écran de l'interface graphique

conçue.

158

I I • I i

Classification Automatisée des Aidesà la Mobilité USagées

Résolve de pièces usagées

S I <.J*«i*»j»cii

Pour diibutnr les différentes étapes de l'évaluation -

l«ifc,nl Motorisé

f" Cachez pour un test

Figure 7.6 : Aperçu de la page d'accueil de CAAMUS

I I)' . I 11 •

TOTAL.-I TiïiïT.

Figure 7.7 : Aperçu de la page de calcul du coût estimé de remise en état

159

Dès qu'une interface fonctionnelle a été obtenue, une série de tests fut menée dans les 5

centres de réadaptation suivants : Centre de Réadaptation Constance-Lethbridge

(Montréal), Centre Montérégien de Réadaptation (St-Hubert), Centre de Réadaptation de

l'Outaouais La RessourSe (Hull), Centre de Réadaptation Lucie-Bruneau (Montréal) et

IRDPQ (Québec). Les principaux objectifs des tests étaient de vérifier la facilité

d'utilisation de l'outil, de rechercher éventuellement l'existence d'autres critères ou facteurs

de tri, d'échanger avec les intervenants de la valorisation sur les différents aspects du tri des

fauteuils et surtout de recueillir les données pour effectuer une comparaison entre les

décisions de l'outil et les décisions d'orientation des mécaniciens. Pour chaque fauteuil

testé, la décision de l'outil et la décision du mécanicien sont enregistrées. Les alternatives

de valorisation sont codées par ordre de priorité par des chiffres dans l'ordre suivant :

Remise en état pour réattribution (1), Démontage des pièces (2), Réemploi aussi appelé 3ème

vie (3), Prêt ou apprentissage (4), Régénération ou Élimination ou envoi à CSI (5).

Au total, 79 paires de données furent recueillies lors des tests [56].

Deux méthodes d'analyse statistique ont été employées pour tester la concordance des

décisions prises par l'outil et les décisions des mécaniciens. La première méthode est celle

des coefficients Kappa. La seconde est un test des signes avec niveau de confiance à 95%.

d) Les analyses statistiques

Le test statistique Kappa de Cohen [43] permet d'évaluer l'accord entre des jugements

catégoriels appliqués aux mêmes objets, fournis par deux ou plusieurs parties ou

techniques, en prenant en compte la concordance aléatoire (le fait que les parties puissent

aboutir à la même décision par chance). Les coefficients Kappa sont surtout utilisés dans

les sciences sociales et dans les études de fidélité des diagnostics en médecine.

Les coefficients Kappa de Cohen sont définis par:

K = ^ p - (7.1)

Où Po est la proportion d'accord observé et Pe est la probabilité que l'accord soit dû au

hasard.

160

Selon la valeur de K calculée, on obtient un niveau d'appréciation de l'accord entre les

parties ou techniques en situant cette valeur dans un tableau « benchmark ». Le tableau 7.3

représente un exemple de « benchmark » utilisé dans le domaine médical. Emam [69] a

proposé un « benchmark » présenté au tableau 7.4 pour l'estimation des accords sur

l'évaluation des logiciels. Globalement, on retiendra qu'il faut une valeur de K supérieure à

0,63 pour dire que l'accord est bon et une valeur de K supérieure à 0,75 pour qualifier

l'accord entre les parties d'excellent.

Parce que nos données sont codées dans une échelle ordonnée, nous pouvons utiliser les

coefficients Kappa pondérés qui tiennent compte des niveaux de désaccord en leur affectant

des poids [44].

Pour les données de nos tests, le coefficient Kappa obtenu est K = 0,753. Ce résultat

signifie que l'accord entre les décisions des mécaniciens et le logiciel varie entre bon et

excellent selon le « benchmark » utilisé.

Le coéf. Kappa

<0.20

0.21-0.40

0.41-0.60

0.61-0.80

0.81 - 1.00

Niveau d'accord

Médiocre

Passable

Modéré

Bon

Excellent

Tableau 7.3 : Benchmark de Altman

Le coéf. Kappa

<0.44

0.44 - 0.62

0.62 - 0.78

>0.78

Niveau d'accord

Médiocre

Modéré

Substantiel

Excellent

Tableau 7.4 : Benchmark de Emam

161

II existe plusieurs sortes de tests d'hypothèses repartis selon le type d'hypothèse et de

données considérés. Lorsque les données sont obtenues par paire, on parle de données

appariées. Chaque fois qu'un fauteuil est testé, deux données sont recueillies à savoir la

décision du mécanicien et la décision du logiciel. Pour de tels cas, on utilise le test des

signes comme test d'hypothèse. De plus, lorsque les données sont telles qu'il est possible

de quantifier des écarts (différences) alors le test de Wilcoxson (un cas particulier du test

des signes) est adéquat.

Pour un test bilatéral de Wilcoxson avec un niveau de confiance de 95% (a=0.05), il suffit

de calculer la statistique de test p et de la comparer avec a/2. Si p < a/2, alors on doit

rejeter Ho, sinon on accepte Ho. Nous avons utilisé ce test avec un niveau de confiance de

95% (a=0.05 donc a/2=0.025) pour un test bilatéral.

L'hypothèse nulle Ho est : la décision des mécaniciens coïncide avec celle du logiciel.

L'hypothèse non-nulle Hi est : la décision des mécaniciens est différente de celle du

logiciel.

Pour les données de nos tests, nous obtenons p - 0,92. Ce résultat signifie qu'il n'y a pas de

différence statistiquement significative entre les décisions de l'outil et celles des

mécaniciens.

On a aussi constaté, même si aucune variable n'était mesurée en ce sens, que les opérations

de tri manuel et les opérations de tri avec l'outil avaient, globalement, la même durée.

Cependant, l'outil permettrait des gains de temps au niveau des opérations survenant après

le tri en évitant les saisies répétées des mêmes informations sur les formulaires papier et

dans les bases de données. L'outil permet de saisir ces informations une seule fois, de

générer les formulaires automatiquement, de sauvegarder ces informations dans des bases

de données en temps réel et d'y accéder au moment opportun. En plus, en intégrant un

module de calcul du coût estimé de remise en état, l'outil permet de réduire les erreurs

d'évaluation. Sa grande flexibilité lui permettra de s'ajuster facilement à l'évolution des

critères de tri. Son caractère systématique procédant par étapes successives garantit

l'uniformisation des opérations de tri partout où il sera utilisé en permettant toutefois de

prendre en compte certaines particularités locales telle que la capacité de stockage.

Une version prototype de l'outil a été installée sur un poste pilote à l'IRDPQ. Elle a été

testée de la mi-janvier 2005 à la mi-mai 2005. Les premiers résultats obtenus sont

162

satisfaisants et démontrent l'efficacité de l'outil. Quelques modifications de l'interface sont

présentement en développement avant les tests définitifs.

L'arbre de tri et l'outil multicritère permettent de choisir une option de récupération à partir

de plusieurs critères. Cependant, ces outils ne prennent pas en compte les coûts induits par

chacune des options possibles, ce qui serait possible avec un programme mathématique.

7,2.5. Le programme mathématiqueDès que des données précises sont disponibles, la programmation mathématique devient un

excellent moyen de modélisation et de résolution des problèmes de sélection d'alternatives

[ll;56;90].

L'objectif est la maximisation des profits potentiels découlant des décisions de tri. Tous les

revenus et coûts relatifs à chaque alternative sont répertoriés et intégrés au modèle (voir

figure 7.8). Les critères de tri sont incorporés sous forme de contraintes. Cet outil va plus

loin que l'arbre de tri et l'outil d'aide multicritère, en s'intéressant aux retombées de

chaque décision.

Fauteuil récupéré

Évaluation et Tri

Variables de Décision:

COÛTS:

REVENUS:

Remise en état

X,

' Remise en état:- démontage;- achat pièces neuves;- achat pièces recyclées;- remontage;

* Stockage du fauteuil;

* Elimination descomposants démontés.

* Prime de Réattribution

Réemploi (3éme vie) !!

Xi

* Remise en état minimale:- démontage;- achat pièces recyclées;- remontage;

* Stockage du fauteuil;

* Elimination descomposants démontés;

* Recherche de marché

* Revenu de Vente

Démontage

xs

* Démontage etconditionnement descomposants;

* Stockage des composants;

* Elimination des autrescomposants.

'Vente des pièces derechange

iPrêt | Apprentissage

x4

* Stockage du fauteuil;

* Prime pour la mise en stockpour le prêt et l'apprentissage

T

Régénération

x5

* Élimination du fauteuil;

'Vente des matièresrecyclables;

Figure 7.8 : Répartition des coûts et des revenus potentiels

163

Le modèle que nous proposons, suppose que toutes les données requises sont connues ou

qu'un système d'information efficace est mis en place afin de générer ces données.

Notations;

Indices:

i : indice d'alternative i = 1, 2, 3,4, 5

j : indice de composant (j = 1,..., n)

Variables :

Xi : variable de décision binaire {*, = 1 si l'alternative i est sélectionnée; JC, = 0 sinon}

Af variable de pénalité pour dépassement du stock maximum de fauteuils orientésvers l'alternative i

Aj variable de pénalité pour dépassement du stock maximum du composant J lorsquel'alternative #3 de démontage des pièces est sélectionnée

Paramètres :

V : ensemble des alternatives de valorisation considérées V={ 1,2,3,4,5}

P : ensemble des n composants d'un fauteuil P= {1,2,... ,n}

R : ensemble des composants du fauteuil à remplacer pour une remise en état

C : ensemble des composants du fauteuil qui peuvent être démontés pour servir encannibalisation P = R{JC et Rf]C = 0

N : sous-ensemble des composants de R qui doivent être remplacés par des piècesneuves

17: sous-ensemble des composants de R qui doivent être remplacés par des piècesusagées R = U \J N et Uf1iV = 0

Bt : budget maximum alloué pour l'alternative i

DT : date du tri

164

DPP : date de première prise de possession du fauteuil

a : âge du fauteuil considéré

d : disponibilité contractuelle du fauteuil considéré

Pr : prime forfaitaire fixe perçue après chaque opération de tri pour couvrir les frais decollecte et de tri du fauteuil

Gt : revenu moyen généré par la réattribution d'un fauteuil valorisé

PVJ : prix de revente du composant y récupéré

Prij : prix d'achat neuf du composant y

PUJ : prix d'achat du composant y recyclé

Ch : taux horaire de main-d'œuvre

Tdj : temps pour le démontage du composant)

Trrij : temps pour le montage du composant y

Ri : revenu potentiel découlant du choix de l'alternative i

d : coût total occasionné par le choix de l'alternative i

CF : coût fixe encouru pour chaque opération de tri. Ce coût englobe les coûts decollecte, de traitement administratif, de nettoyage et de tri

CE : coût de régénération (élimination) du fauteuil entier

CE] : coût de régénération (élimination) du composanty ( CE < ^ CEj )

'Ti.F ; temps moyen de stockage d'un fauteuil orienté vers l'alternative i' •;

T : temps moyen de stockage du composanty récupéré

lF ; niveau courant du stock de fauteuils orientés vers l'alternative i

Ij : niveau courant du stock du composant y

SF : niveau maximum permis pour le stock de fauteuils orientés vers l'alternative i

165

Sj : niveau maximum permis pour le stock du composant;

nf ,• pénalité encourue pour dépassement unitaire du niveau maximum permis pour lestock de fauteuils de l'orientation i

-ÏÏJ : pénalité encourue pour dépassement unitaire du niveau maximum permis pour lestock du composant 7

K : pénalité totale encourue pour violation des contraintes de stockage

fiF : coût de stockage par unité de temps pour chaque fauteuil

hj : coût de stockage par unité de temps pour chaque composant j récupéré

Le problème consiste à sélectionner l'alternative qui permet de maximiser le revenu total

potentiel et qui respecte les contraintes du processus de tri.

Le revenu total potentiel Z est égal au revenu de l'alternative sélectionné duquel sont

soustraits les coûts générés par le choix de l'alternative et la somme totale n des pénalités

de violation des contraintes de stockage.

Ci)-xi}-7r (7.2)i&V

Ri : le revenu potentiel découlant de la sélection de l'alternative réattribution. Ce revenu

comprend la prime forfaitaire de tri et le revenu moyen enregistré pour chaque fauteuil mis

en réattribution.

#! = pr + Gx (7.3)

/?2 : le revenu potentiel découlant de la sélection de l'alternative 3ème vie ou réemploi dans

le réseau du ministère de la santé et des services sociaux. Ce revenu comprend la prime

forfaitaire de tri et le revenu moyen généré par l'orientation du fauteuil vers la 3ème vie.

(7.4)

166

/?3 : le revenu potentiel découlant de la sélection de l'alternative de démontage des pièces.

Ce revenu comprend la prime forfaitaire de tri et le revenu anticipé des ventes des pièces

récupérées. On suppose que les pièces en bon état sont toutes démontables sans dommage

et qu'il existe un marché pour leur revente.

R4 : le revenu potentiel découlant de la sélection de l'alternative des prêts. Ce revenu

comprend la prime forfaitaire de tri et le revenu moyen généré par l'orientation du fauteuil

vers les prêts.

R4 = Pr+ G4 (7.6)

R5 : le revenu potentiel découlant de la sélection de l'alternative de régénération. Ce revenu

comprend la prime forfaitaire de tri et le revenu moyen généré par l'orientation du fauteuil

vers la régénération.

R, = Pr + (h • (7.7)

Ci : le coût d'une remise en état pour réattribution englobe le coût fixe de triage, les coûts

de démontage et remontage, les coûts de pièces neuves ou récupérées utilisées dans les

remplacements, le coût d'élimination des composants démontés et le coût de stockage du

fauteuil après sa remise en état.

C1=CF + Y,[Ch{Tdj + Trrij) + CEj}+J2PnJ+YlPuijeR jeN jeu

C2 : le coût d'une remise en état en vue de l'alternative 3ème vie ou réemploi dans le réseau

du ministère de la santé et des services sociaux. Dans ce cas, les composants ne sont

remplacés que par des pièces récupérées. Le coût d'une remise en état pour le réemploi

englobe le coût fixe de triage, les coûts de démontage et remontage, les coûts des pièces

récupérées utilisées dans les remplacements, le coût d'élimination des composants

démontés et le coût de stockage du fauteuil après sa remise en état.

167

C2 = CF + ^[ChiTdj + Tmj) + Puj + CEj} + hF- T2F (7.9)

jeR

Ci : le coût de l'alternative démontage des pièces. Il englobe les coûts de triage, de

démontage, de stockage et d'élimination des composants non retenus.

o3 — uF + 2_j{^h • Idj + nj ' 1j) + Z-j^^i y'-™)jeC jeR

C4 : le coût de l'alternative prêts et apprentissage est constitué du coût fixe de triage et du

coût moyen de stockage.

O4 — L/p -f- Up • I4 \l. V 1)

C5 : le coût de l'alternative régénération. Il englobe le coût fixe de triage et le coût

d'élimination qui peut être négatif si un crédit est accordé à la régénération.

C5 = CF + CEF (7.12)

n : la pénalité totale infligée pour violation des contraintes de stockage. Elle est constituée

de deux sortes de pénalités : les pénalités pour dépassement du stock maximum de fauteuils

et les pénalités pour dépassement des stocks de composants.

n= V Uf.Afl + 5>rA,l (7-13)

Les contraintes du problème sont les suivantes

(Kl) : 1 seul choix d'alternative possible;

ieV

168

(K2) : le fauteuil à orienter vers l'alternative i doit être âgé d'au plus A,;

a-Xi -A < 0 • Vi EV (7.15)où a = DT - DPP

(K3) : le fauteuil orienté vers l'alternative i ne doit pas provoquer le dépassement du

niveau maximal du stock de fauteuils orientés vers cette même alternative sinon une

pénalité est imposée à l'objectif;

{if +l)-Xi-Af<S[ VieV (7.16)

(K4) : la composante j démontée pour servir de pièces de rechange ne doit pas provoquer

le dépassement du niveau maximal du stock sinon une pénalité est imposée à l'objectif;

{Ij+ïï-Xs-Aj^Sj \JjeC (7.17)

(K5) : le coût de chaque alternative i ne doit pas dépasser la limite de budget maximal

autorisé Bt\

Ci-Xi-Bi < 0 Vi € V (7.18)

(K6) : le fauteuil à orienter vers l'alternative i doit avoir une disponibilité contractuelle de

pièces d'au moins D,;

Di-Xi-d<0 VieV (7.19)

(K7) : contraintes de non négativité des variables, variables binaires.

169

On obtient le programme (Po) suivant qui peut être aisément résolu par les logiciels

commerciaux d'optimisation tels que LINDO ou GAMS.

5

Maximiser Z = ^ { ( - R j — C,) • £j } — 7r2 = 1

Sujet à :

a • a:* - 4 < 0 Vi G F

(/f +1)-Xi-Af < Sf V i e 7

(J;- +1) • xz - A;- < ^ Vj G C

^ • ̂ - Bi < 0 Vi G V

Di • x{ - d < 0 Vi G F

Contraintes de non négativité des variables, variables binaires.

Il est aussi possible de transformer le programme (Po) pour le résoudre à l'aide d'un

chiffrier (e.g. Excel) en le mettant sous la forme :

Maximiser [(R. - CJ - max {0;(a - 4 ) • M} - max {O;^ - d) • M}

- max {0; (C{ - B{) • M) - • max {O; Trf • (I? + 1 - Sf )} (7.20)

- max { 0 ; ^ . . ^ . + 1 - 5{ ; ^ ^ ,

Les deux méthodes sont utilisées pour sélectionner l'alternative de tri appropriée au cas

d'un fauteuil fictif constitué de 10 composants et ayant les caractéristiques suivantes : a=3

ans; d=5 ans. Les autres données pertinentes sont les suivantes : Aj=5; A2=6; A^=8;

A4=A5=\0; D/=2; D2=D3=D4=D5=0; fi,=600$; nf=180-30/;Sf =5; / f=4; l(=4; 73F=2;

/ f = l ; I[=3; G/=800$; G2=250$; Gj=0$; G4=200$; G5=150$; Ch=30$/h;

P={ 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10}; /?={2,3,6,8}; #={2,6}; f/={3,8}; C={ 1,4,5,7,9,10}; hF=Q.S;

ff = f3F = T4

F = T5F =90; T2

F=60, Pr=90$; CE=20; C^50$; Pvj=Pnj. D'autres données sont

consignées dans le tableau ci-dessous.

170

Composant

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Pvj

50

50

70

80

40

50

50

100

40

50

Puj

5

5

7

8

4

5

5

10

4

5

0.2

0.3

0.2

0.3

0.5

0.3

0.5

0.5

0.2

0.3

Trrij

0.2

0.2

0.2

0.2

03

0.3

0.3

0.3

0.2

0.2

40

45

60

100

40

30

20

40

40

40

10

5

5

5

5

20

15

5

5

15

h0.1

0.1

0.1

0.2

0.2

0.2

0.2

0.3

0.3

0.2

5

6

8

3

4

5

6

7

4

5

4

4

3

2

1

3

2

3

2

4

G®,

5

5

5

5

5

5

5

5

5

5

La résolution par le logiciel d'optimisation LINGO donne la même solution que la

résolution par Excel :

^ o *A'tj ™*— * ^ A ~~" ""c V-/ Z = 562$

L'alternative de récupération optimale est donc la remise en état pour réattribution.

Si l'on change le niveau de stock de fauteuils orientés vers la réattribution pour l'amener au

niveau du stock maximum permis (lf = Si=5), alors la résolution donne :

•'V'i "*~* •'V'j •*"•* " ^ 4 " ^ **Vç mm* \J Z = 412$

Le profit optimal est réduit à cause de la violation de la contrainte de stockage.

Si l'on change le niveau de stock de fauteuils orientés vers la réattribution pour dépasser le

niveau du stock maximum permis (lf=6> Sf), alors la cannibalisation (démontage des

composants pour servir de pièces de rechange) devient l'alternative optimale :

v% ~~ ***) ~~~ *^4, ~~" JVK """" V/ Z = 334$.

171

Dans ce chapitre nous avons, à travers l'étude d'un cas industriel, présenté quelques

modèles et outils d'aide à la décision pour la récupération d'équipements usagés. Une des

alternatives de récupération de ces équipements usagés est le démontage des composants

dans le but de les réutiliser comme pièces de rechange à bas prix. Les outils développés

sont en phase de validation finale sur un poste pilote installé dans un centre de réadaptation.

Les résultats préliminaires obtenus sont encourageants et ont mis en exergue les apports

possibles d'une gestion à l'échelle provinciale des stocks de fauteuils et de pièces

récupérés.

172

Conclusion

Une approche globale de gestion des stocks de pièces de rechange a été exposée dans cette

thèse. L'approche préconisée a procédé par étapes successives allant de l'identification des

composants pour lesquels des rechanges doivent être tenues en stock jusqu'à l'impact des

nouvelles technologies de l'information sur la gestion des pièces de rechange. L'objectif

était de proposer une démarche globale de gestion des stocks de pièces de rechange en

présentant les modèles et les outils d'aide à la décision qui permettraient au preneur de

décision de répondre aux questions : quoi commander ? Quand le faire ? Et combien

commander ?

Nous avons suggéré une démarche d'identification des composants pour lesquelles des

pièces de rechange sont requises. Cette démarche repose sur la détermination de la criticité

de chacun des composants constitutifs d'Un équipement. Un ensemble de critères et d'outils

d'aide à la décision permettant d'évaluer la criticité des composants a été établi. Plusieurs

exemples d'utilisation de ces outils viennent souligner leur pertinence et la façon de les

utiliser.

Dès lors que les pièces de rechange sont connues, il faut déterminer les quantités requises

pour chacune d'entre elles. Des modèles ont donc été proposés pour estimer les besoins sur

un horizon d'exploitation donné. En l'absence de données, ces besoins sont établis à partir

des recommandations du fournisseur et des avis d'experts. Lorsque des données sont

disponibles, les lois de dégradations ou les historiques de consommation qui en sont

extraits permettent de déterminer, par calcul ou par la simulation, les quantités requises.

Ces quantités sont ensuite approvisionnées selon des politiques de gestion propres à la

classe de chaque pièce de rechange. Pour ce faire, différentes méthodes de classification et

un guide de sélection de la politique de gestion des stocks ont été présentés. Par la suite, les

modèles pour la détermination des paramètres des principales politiques de gestion ont été

exposés. Ces modèles déterminent, pour chaque article, le niveau du stock à partir duquel

une commande doit être placée ainsi que la quantité à commander en tenant compte des

coûts de passation d'une commande, d'acquisition, de stockage, de pénurie et du délai

d'approvisionnement qui peut être connu et constant ou aléatoire.

173

Au chapitre 4, les stratégies conjointes de gestion des stocks et de maintenance ont été

abordées. En effet, il est reconnu que ces stratégies conjointes sont plus efficaces que la

démarche traditionnelle en deux étapes qui consiste à d'abord déterminer les quantités

nécessaires à la maintenance et ensuite calculer les paramètres de gestions et

approvisionner en conséquence. Notre contribution dans ce domaine a été le développement

d'un modèle analytique de détermination de la stratégie optimale conjointe de maintenance

et d'approvisionnement qui maximise la disponibilité d'un système sous des contraintes

budgétaires.

Au chapitre 5, le recours aux pièces reconditionnées a été considéré. Nous avons présenté

les impacts des pièces de rechange reconditionnées sur les stratégies de maintenance et la

détermination des paramètres de gestion des stocks. Nous avons aussi dérivé les conditions

d'une utilisation efficiente de ces pièces usagées.

Au chapitre 6, la contribution des nouvelles technologies de l'information à la gestion des

stocks de pièces de rechange a été mise en évidence, notamment en ce qui a trait à l'accès

et au partage des informations en vue de la réduction des coûts et des délais

d'approvisionnement.

Finalement, le chapitre 7 a été consacré à l'étude d'un cas pratique d'acquisition de pièces

de rechange reconditionnées dans un contexte de développement durable et de récupération

de produits en fin de cycle de vie. Les outils d'aide à la décision que nous avons

développés dans le cadre d'un projet de recherche sur la récupération et la réutilisation des

fauteuils roulants, en entier ou sous forme de pièces, avec l'Institut de réadaptation en

déficience physique de Québec ont été exposés.

Le contenu de cette thèse a été élaboré en tenant compte des questions et des problèmes

traités dans le cadre de projets industriels. Ces travaux ont débouché sur plusieurs

contributions intéressantes dans le domaine de la gestion des pièces de rechange. Plusieurs

extensions des modèles développées peuvent être envisagées. Mentionnons, à titre indicatif,

la prise en compte des coûts de la désuétude dans les modèles de décision, les notions

d'interchangeabilité des pièces et la dépendance stochastique des pannes. Une extension

particulièrement intéressante serait de modifier le modèle du « problème du réparateur »,

174

traité à la section 2.2, pour tenir compte du fait que l'atelier de réparation ne reçoit pas un

seul mais plusieurs types de composants en panne. Chaque composant a son taux de panne

et son taux de réparation spécifiques. De plus, tous ces composants n'arrivent pas avec le

même niveau d'urgence de réparation : certains peuvent être réparés avant les autres. Il

serait alors intéressant d'appliquer les résultats des modèles de files d'attentes multi-classes

et multi-serveurs avec préemption pour déterminer les quantités de pièces de rechanges

réparables à approvisionner. On pourrait aussi modifier le modèle obtenu pour tenir compte

du fait que ces pièces de rechange ne sont pas indéfiniment réparables. Il faut s'en

débarrasser après un certain nombre de réparations.

Dans le cas de la stratégie conjointe de maintenance et d'approvisionnement qui maximise

la disponibilité d'un système sous des contraintes budgétaires que nous avons proposée, il a

été impossible de résoudre analytiquement le modèle obtenu. Nous avons alors résolu le

problème pour un cas particulier avec des paramètres arbitraires qui nous ont permis de

vérifier l'impact de la variation de certains paramètres sur le résultat optimal. Des

conclusions générales ne pourront être tirées qu'à la condition d'élaborer et de réaliser un

rigoureux plan d'expérience. Nous prévoyons bâtir ce plan d'expérience en nous servant de

la méthode Taguchi.

Nous envisageons aussi une généralisation des outils et des modèles développés pour la

sélection des options de récupération des fauteuils usagés pour les étendre à n'importe quel

équipement usagé ou en fin de cycle de vie. De tels modèles généraux seraient d'une

grande utilité aux activités de récupération d'équipements usagés qui prennent de plus en

plus d'ampleur dans le contexte de développement durable que nous vivons.

Dans la plupart des modèles proposés, nous avons supposé qu'il s'agissait d'une

organisation avec une seule installation (un seul échelon). Il serait intéressant de traiter de

la gestion multi-échelon de l'approvisionnement des pièces de rechange et d'analyser les

implications aux niveaux des différents participants de la chaîne logistique.

Dans l'immédiat, tous nos efforts visent à valider l'outil de sélection des options de

récupération sur le poste pilote installé à l'IRDPQ avant de passer à son déploiement dans

les centres de réadaptation de la province du Québec.

175

Bibliographie

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