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DIAGNOSTIC PATRIMONIAL
DU RESTAURANT N°1
COMMISSARIAT A L’ENERGIE ATOMIQUE
CENTRE DE MARCOULE
BAGNOLS-SUR-CEZE
Département Economie et EmploiDirection de la Culture et du PatrimoineService Patrimoine RégionalSecteur Inventaire général du patrimoine culturel
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Le service Patrimoine Régional assure le diagnostic d’un res-
taurant d’entreprise situé sur l’emprise du Commissariat à
l’Energie Atomique de Marcoule. L’édifice est attribué à l’in-
génieur constructeur designer Jean Prouvé (1901-1984), créa-
teur incontournable du XXe siècle en matière d’architecture et
de mobilier.
La Région Languedoc-Roussillon, dans le cadre de son projet
de Parc Régional d’Activités Economiques Marcel Boiteux,
souhaite statuer sur le devenir de ce bâtiment.
Ce diagnostic patrimonial met en oeuvre la méthodologie
scientifique de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel
afin de répondre à plusieurs attentes.
Objectifs scientifiques
- apporter les premiers éléments de connaissance historique et
architecturale sur l'édifice
- examiner l'hypothèse d'une attribution de l'œuvre à Jean
Prouvé
- vérifier la présence de vestiges mobiliers
Objectifs évaluatifs
- confronter les résultats aux valeurs de patrimonialisation
Objectifs prescriptifs :
- examiner la pertinence d'une conservation
- nouvelles valeurs, nouveaux usages ?
- proposer des pistes de conservation et d’embellissement
DIAGNOSTIC PATRIMONIAL
DU RESTAURANT N°1
COMMISSARIAT A L’ENERGIE ATOMIQUE
CENTRE DE MARCOULE
BAGNOLS-SUR-CEZE
Texte et photos : Lionel Rodriguez
Analyse du mobilier et photos : Josiane Pagnon
Maquette : Véronique Marzo-Marill
Relectures : Jean-Michel Sauget
SynthèseL’édifice diagnostiqué présente une valeur patrimoniale
qui milite en faveur de sa conservation.
La construction n’est pas dûe à Jean Prouvé mais il est
probable qu’il ait travaillé à sa conception avec les ar-
chitectes Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut, maî-
tres d’oeuvre de l’Etat. Ce tandem a contribué à la
reconstruction de la région après la guerre et a ensei-
gné à l’école des Beaux-Arts de Montpellier.
La valeur architecturale et esthétique de l’édifice re-
pose sur la volonté de l’Etat de donner un caractère
édilitaire à ses installations nucléaires. C’est pourquoi le
CEA a passé commande à Jean Prouvé d’un ensemble
mobilier de première importance. Il s’agit de sa der-
nière réalisation conçue et fabriquée dans ses ateliers
de Nancy. Sa carrière de designer s’achève avec ce pro-
jet en 1953.
En préservant ce bâtiment, la Région s’approprie
l’unique témoignage de l’aventure nucléaire nationale
présent sur son territoire. Sa qualité architecturale et
son capital symbolique sont des facteurs d’attractivité
pour les entreprises, sensibles à l’image de modernité.
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Résultats scientifiques
L'édifice
Les maîtres-d'oeuvreLe Commissariat à l'Energie Atomique est créé par le Gouvernement provisoire présidé par le général de
Gaulle le 18 octobre 1945. Cet organisme de recherche entend impulser et coordonner les travaux scienti-
fiques autour de l'activité nucléaire, inaugurés en 1896 par la découverte de la radioactivité naturelle par Bec-
querel. La vocation du CEA est à la fois d'expérimenter une nouvelle source d'énergie dans le contexte de la
reconstruction et d'assurer la sécurité de la France dans le nouvel ordre politique mondial. En 1951 le CEA
lance un programme industriel ambitieux pour lequel le site de Marcoule est retenu dès le 4 décembre 1952.
L'acquisition des terrains s'effectue à partir de 1953 et les constructions s'élèvent à un rythme accéléré. L'Etat
fait appel à un groupement d'entreprises spécialisées fortement qualifiées. Le chantier des infrastructures
concerne l'édification de la cantine, des bâtiments administratifs et techniques.
Ces édifices, tout comme l'ensemble de l'usine, bénéficient d'un traitement esthétique. En effet, l'aventure nu-
cléaire française entend fonder une nouvelle ère industrielle qui, à la différence de la précédente, se veut
"propre", belle et humainement valorisante. La cité idéale de Marcoule se dote donc d'un plan d'urbanisme,
d'un parc orné de bassins, de bâtiments aux proportions harmonieuses et d'un mobilier de qualité réalisé par
Jean PROUVE (1901-1984) pour la cantine et la direction (Mazzucchetti 2005). Un code couleur est adopté
pour tous les bâtiments et équipements mobiliers du site : c'est le bleu Marcoule.
La consultation des archives du CEA indique que les architectes Daniel BADANI et Pierre ROUX-DOR-
LUT assurent la maîtrise d'œuvre du restaurant d'entreprise, des bâtiments administratifs, d'un belvédère sur
la Dent de Marcoule et peut-être de villas du comité d'entreprise dans le parc du château de Paniscoule. Les
plans de la cantine sont datés du 15 juillet 1954, le chantier s'achève en décembre 1955 pour une mise en ser-
vice début 1956. La construction est complétée d'un porche dont les plans sont fournis le 24 février 1956.
Le restaurant accueille les ingénieurs et cadres du CEA. Les ouvriers disposent de leur propre restaurant.
Daniel Badani (1914-2006) est architecte et urbaniste, diplômé en 1941. Il est nommé Inspecteur général ad-
joint de l'urbanisme et de la reconstruction pour la région Languedoc-Roussillon. En 1956, il devient archi-
tecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux et conseil auprès du ministère de la Construction. Il sera
le maître d'œuvre de la préfecture et du palais de justice de Créteil.
Pierre Roux-Dorlut (né en 1919), ancien élève de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts et de l'Insti-
tut d'Urbanisme de Paris, est diplômé en 1944. Il est lui aussi architecte conseil du ministère de la Construc-
tion et préposé à la reconstruction de l'Hérault. Les deux hommes s'associent en 1946. Ils créent une agence
à Montpellier et enseignent l'architecture à l'Ecole des Beaux-Arts de la ville. Ils ouvrent aussi des agences à
Paris, à Nice et à Bône (Annaba) en Algérie. Ils réaliseront de nombreux établissements pour le ministère de
l'Education nationale, quelques ensembles de logements, 1400 logements à Villiers-le-Bel et à Nice, la tour
Gambetta à La Défense en 1975 et l'ensemble de tours du pont de Sèvres, à Boulogne-Billancourt, en 1975
également, deux centres de recherche pour le CEA (Marcoule et Cadarache), et dresseront des plans d'ur-
banisme pour les villes de Toulouse, Avignon, Champigny-Chennevières, Nice, Bône, Abidjan, etc. Leur col-
laboration au ministère de la France d'Outre-mer les amène, en outre, à beaucoup construire à Abidjan (palais
de justice, aéroport, hôpital, etc.), ainsi qu'à Dakar, à Niamey et au Cameroun (Clerc 2006)
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DescriptionLe choix du site a été effectué avec le plus grand soin. Le restaurant s'établit près des bureaux du CEA dont
le personnel, ingénieurs et cadres, composait la clientèle. Il est conçu comme un lieu de repos et de convi-
vialité. C'est pourquoi il se situe à l'opposé des installations industrielles, près de l'enceinte mais à l'intérieur
de la clôture. L'implantation est décidée à l'extrémité d'une terrasse naturelle, au cœur d'une zone de garrigue
aujourd'hui arborée. L'édifice tourne le dos à l'usine et s'ouvre largement au sud afin de bénéficier du point
de vue privilégié sur la plaine viticole rhodanienne.
La construction adopte un plan rectangulaire sur trois niveaux, avec un sous-sol technique, un rez-de-chaus-
sée à usage de cafétéria pour les ingénieurs et un premier étage occupé par le restaurant des cadres. Les fa-
çades sont orientées selon les points cardinaux, avec les deux murs gouttereaux au nord et au sud. L'édifice
est couvert d'un appentis versant vers le nord. On accède au sous-sol en façade ouest par un plan incliné
creusé à ciel ouvert, suffisamment large pour permettre le passage de camions. Le sous-sol émerge légère-
ment du terrain dans le lequel il est creusé, jusqu'à un mètre en façade sud. Ce premier niveau construit en
béton sert de fondation à la structure du bâtiment. Elle est composée de poteaux qui portent le plancher de
l'étage et les fermes de la charpente. La structure s'appuie également sur le mur gouttereau nord et une par-
tie du gouttereau sud, construits en béton comme le sous-sol. Les niveaux sont fermés par des panneaux de
vitrage préfabriqués, indépendants de la structure porteuse. Le choix de la structure métallique sur sous-sol
béton permet d'ajourer les murs au maximum.
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Le programme constructif répond à la nécessité de superpo-
ser une cafétéria et un restaurant au sein d'un bâtiment uni-
taire. Ces deux espaces séparés doivent traduire les distinctions
catégorielles au sein de l'entreprise, reflet de la hiérarchisation
sociale des années cinquante. C'est pourquoi la distribution et
le décor diffèrent selon les niveaux. La distribution s'organise
autour d'un hall situé à l'extrémité ouest du bâtiment. Deux
entrées le desservent : les ingénieurs accédaient à leur cafété-
ria par le sud, tandis que les cadres empruntaient une entrée
sous porche par le nord, donnant sur une aire de stationne-
ment. L'accès des cadres par le rez-de-chaussée constituait un
empiètement sur l'espace des ingénieurs, contraints de céder
une partie du hall. Celui-ci était divisé par une cloison vitrée
munie de portes. Elle délimitait les deux zones, distinctes au
point de posséder un pavement différent. La cafétéria est re-
couverte de carreaux de grès céramique rouge à carroyage
lâche de tesselles blanches. Le hall des cadres, l'escalier et le sol
de l'étage possèdent des carreaux de grès Rhune rouge.
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Après avoir pénétré dans le hall des ingénieurs, une
porte vitrée sans menuiseries donnait accès au self et
au réfectoire. L'espace était organisé de part et d'autre
d'un axe longitudinal. Côté nord, l'axe était brodé par
un long comptoir de distribution. Il communiquait di-
rectement avec la cuisine. Face au comptoir les tables
étaient disposées en lignes discontinues perpendicu-
lairement à la façade. Des panneaux en contreplaqué
cloisonnaient l'espace à hauteur d'homme. Le réfec-
toire s'étendait ensuite à l'est et occupait toute l'extré-
mité du bâtiment. Les ingénieurs pouvaient emprunter
des portes vitrées de sortie depuis le réfectoire ou bien
retourner dans le hall. Là, ils passaient devant la cloi-
son vitrée les séparant des cadres.
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Ces derniers pénétraient dans le hall par le nord en traversant un porche que ne possédait pas l'entrée des in-
génieurs. Les cadres empruntaient ensuite un escalier tournant à gauche à deux volées droites et un repos.
Un mur vitré percé dans la façade ouest éclaire l'escalier sur deux niveaux. A l'étage, on retrouvait la même
distribution organisée autour d'un axe central. Une cuisine occupait la partie nord, tandis qu'une enfilade de
pièces occupait la partie sud. Les cadres étaient servis à table, ce qui évitait de placer un comptoir de distri-
bution dans le couloir. C'est un bar qui les accueillait. L'espace au-devant du bar était éclairé par des portes-
fenêtres pouvant se replier en accordéon. Elles donnaient sur une pièce découverte formant loggia où les
cadres pouvaient bénéficier d'un point de vue particulièrement agréable. Les jours de mauvais temps, ils
avaient la possibilité d'occuper un fumoir accessible depuis le couloir et la loggia. Au centre de l'étage, une
salle rectangulaire privative isolait les invités reçus autour d'une longue table. La dernière salle accueillait les
cadres, qui pouvaient également profiter d'une terrasse surmontant le réfectoire des ingénieurs. Des portes
coulissantes à deux battants assuraient la circulation entre les pièces. Il est intéressant de remarquer à ce titre
le caractère apparent de la structure du bâtiment, le nu vertical des panneaux de vitrage et des cloisons, l'ou-
verture sur l'extérieur et les portes coulissantes pouvant faire référence à l'architecture domestique tradi-
tionnelle du Japon, esthétiquement proche du parti d'origine.
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Le bâtiment est couvert par une toiture en appentis
versant vers le nord. Les photographies prises lors du
chantier et l’observation directe des saillies de rive cou-
vrant les murs-pignons indiquent que la couverture re-
pose sur des fermes métalliques inversées. Les
chevrons asymétriques forment les sous-faces, qui re-
posent sur les poteaux. Les entraits placés en partie su-
périeure, rectilignes, supportent les pannes.
La façade sud forme le gouttereau le plus élevé, car la
toiture en appentis verse du côté opposé. Elle se com-
pose d'un registre différent par niveau, ce qui lui
confère une animation particulière. Le premier niveau
correspond à la partie émergée du sous-sol, aveugle au
sud car constituant un parvis surélevé gradué de
quelques marches. Le rez-de-chaussée développe une
juxtaposition sur le même plan de panneaux de vitrage
aux menuiseries jointives. Ils sont indépendants des
poteaux porteurs. Le mur-rideau repose sur un sou-
bassement maçonné en béton placé devant les po-
teaux. La façade de l'étage est asymétrique mais
respecte le jeu de lignes horizontales caractéristique de
l'édifice. L'extrémité droite, occupée par la terrasse,
n'est pas couverte, réduisant d'autant la surface de
l'étage. En effet, la capacité de la cafétéria s'élevait à
364 couverts, tandis que le restaurant des cadres n'en
prévoyait que 40. L'espace a été adapté à la répartition
des effectifs de l'entreprise. L'asymétrie est renforcée à
l'extrémité gauche de la façade par la loggia. La paroi
ajourée du fumoir, de la salle à manger privative et de
la salle des cadres est identique à celle du rez-de-chaus-
sée, à la différence qu'elle est placée en retrait du plan
des poteaux. L'espace dégagé par la différence
d'aplomb entre la façade du rez-de-chaussée et celle de
l'étage permet d'aménager un balcon continu et une
coursière. Balcon, coursière et terrasse sont unifiés par
un garde-corps qui souligne tout le niveau. Il s'inter-
rompt à son extrémité gauche pour permettre l'accès
à un escalier en vis métallique montant depuis le par-
vis. La coursière sert également de support à un brise-
soleil suspendu, destiné à occulter le réfectoire du
rez-de-chaussée. Une fermeture d'avant-toit lambris-
sée ponctuée de suspensions circulaires protège la
coursière. Elle n'est pas interrompue par la loggia, de
manière à préserver l'horizontalité de la façade.
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Le mur-gouttereau nord est entièrement formé d'une
élévation en béton faiblement ajourée. Le sous-sol
prend le jour par des soupiraux à la base du mur. Une
série de fenêtres rectangulaires éclaire la cuisine du rez-
de-chaussée. La cuisine de l'étage est trahie par une
claire-voie fixée aux poteaux, entre l'arase du mur et
l'égout de la toiture. L'entrée des cadres se situait à l'ex-
trémité ouest de ce mur. Elle était précédée d'un
porche formé d'un mur asymétrique coudé coupe-vent
placé en avant de la façade et surmonté d'une dalle de
couverture plate reposant sur un poteau. La disposi-
tion asymétrique du mur dégageait deux espaces de
tailles différentes. Le plus vaste constituait l'entrée du
restaurant avec ses portes-fenêtres, le plus petit était
occupé par une vitre et un grand bac à fleurs intérieur.
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Le restaurant a fait l'objet d'un traitement esthétique global.
Les menuiseries, l'escalier, les structures porteuses visibles et
le mobilier étaient revêtus de ce bleu Marcoule caractéristique
du CEA. Les parements extérieurs sont couverts de petits car-
reaux de faïence marron et de galets roulés ocres. Les parois
du porche sont couvertes de faïence, ce qui tranche par rap-
port aux galets recouvrant la totalité de la façade qui se trouve
à l'arrière-plan. En façade sud, il n'y a qu'un pan de mur plein,
lui aussi couvert de galets. L'intégration paysagère se fait par
l'origine locale des galets et par les lignes horizontales du bâ-
timent, qui épousent la rectitude de la terrasse naturelle sur la-
quelle il est construit. On peut ajouter que le mur-gouttereau
nord est faiblement ajouré pour se prémunir du vent, alors
que la façade sud est largement ouverte afin de profiter plei-
nement de l'ensoleillement. Les garde-corps de la coursière
adopte un motif d'ondulations verticales sous limon penta-
gonal rectangle. Enfin deux bassins rectangulaires tapissés de
galets roulés et aux parois couvertes de carreaux irréguliers
bleus Marcoule agrémentaient les abords de la façade méri-
dionale.
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Le mobilier Jean Prouvé de la cafeteria de Marcoule, souvenirs, souvenirs,…
Il existait une unité de style entre le bâtiment et son mobilier : priorité à la structure, fonctionnalisme et es-
thétique brute. L'unité va même jusqu'à un rappel des formes entre architecture et mobilier. Ainsi la forme
des fermes de la couverture et des supports des marches de l'escalier est la même que celle des supports des
tables de Jean Prouvé, de structure symétrique ou asymétrique. Jean Prouvé a conçu en 1953 les modèles bien
connus de la table empilable, de la table compas, de la table cafétéria standard 152 et du tabouret haut, tous
représentés au restaurant de Marcoule. Le chantier s'est achevé vers 1955. On pourrait en conséquence pen-
ser que ces pièces ont été dessinées pour Marcoule. Leurs piétements étaient bleus (le fameux code couleur)
et les plateaux en formica jaune. La table compas appartient au dernier système mobilier conçu par Jean
Prouvé. Les fauteuils réglables et les chaises sont de conception plus ancienne, mais ont également garni le
restaurant de Marcoule.
D’après les personnes employées depuis longtemps à la cafeteria, tout le mobilier, qui semble bien avoir été
totalement de Jean Prouvé, n’était déjà plus sur place bien avant 2002, date du changement de prestataire de
service (Eurest aujourd’hui). Elles ont reconnu sur photographies des meubles avec lesquels elles ont vécu.
La documentation iconographique mise à disposition par l’archiviste du C.E.A. a permis de confirmer et
compléter ces souvenirs.
D’après Monsieur Dominique Ferrebeuf, notamment Responsable des Affaires juridiques au sein du Com-
missariat à l’énergie atomique, les choses se sont passées ainsi : le mobilier de la cafeteria a été renouvelé
comme cela se fait pour tout mobilier usagé, mais il était dans les villas du CE et dans d’autres lieux du site
de Marcoule. Au fil des ans, la cote des œuvres de Jean Prouvé sur le marché de l’art s’est élevée de façon
impressionnante et la pression des marchands d'art est devenue forte – les habitants de la zone ont même
reçu dans leurs boîtes aux lettres des papillons indiquant que ces meubles étaient recherchés. La direction n’a
pas vraiment agi sur le problème de disparition progressive du mobilier jusqu’à ce qu’un employé soit pris
en flagrant délit, avec sa camionnette remplie de meubles.
Finalement, le CEA lui-même a vendu en 2000, sous la direction de M. Ferrebeuf, les quelques pièces sub-
sistantes, moins de dix. Une chaise a été conservée pour l'anecdote. Le produit de la vente (600 000 francs)
a bénéficié à l'école de Chusclan ravagée par une inondation et à l'école de chimie de Toulouse victime de
l'explosion d'AZF. Ces pièces sont perdues pour les musées du design ou des arts décoratifs qui auraient pu
faire rayonner l'image du CEA, qui a toujours souhaité maintenir qualité et cohérence dans ses constructions.
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Chaise kangourou : 1942-1944;
à Marcoule, pas de coussins mais
souvenirs de toiles à aspect cuir
Bahut : 1946-1952 ;
dimensions : 100 x 160 ou 200 x 45;
acier (pieds) et bois
Source : Jean Prouvé,
objets et mobilier,
éditions Le Moniteur, 2008.
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Table cafeteria standard : 1953,
70 x 60 x180 ou 70 x 50 x 100,
Structure : pièce transversale en acier tubulaire sou-
dée à quatre pieds triangulaires; plateau en bois mas-
sif ou stratifié.
Table empilable : 1953 ;
aluminium coupé, moulé et anodisé;
conçue pour le bureau d’Air France à Tokyo
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Valeur patrimoniale de l'édifice
Valeur d'ancienneté : intérêt localLe restaurant appartient au groupe de constructions
le plus ancien de Marcoule. Il est le témoin essentiel
de l'aventure industrielle, avec le bâtiment adminis-
tratif voisin et d'autres bâtiments techniques dissé-
minés sur le site. Il convient de rappeler que 2010
correspond au 55e anniversaire de la mise en service
du site de Marcoule. Son histoire est faite des souve-
nirs de ses salariés, actifs ou retraités, des apports
scientifiques et technologiques de ses ingénieurs, de
ses archives mais aussi de ses édifices encore conser-
vés. Faire disparaître le restaurant reviendrait à am-
puter Marcoule d'un pan entier de son histoire et se
priver de la signification de son programme archi-
tectural.
Valeur symbolique : intérêt nationalL'activité nucléaire relève en France de la politique
régalienne. La France est le pays de Becquerel, le dé-
couvreur de la radioactivité, en 1896. Le nucléaire mi-
litaire a été l'une des voies de l'indépendance
nationale dans le contexte de guerre froide, où à par-
tir de 1958 la France s'est illustrée par son position-
nement en tête des pays non-alignés. Puissance
militaire, puissance industrielle, puissance politique,
la France doit au nucléaire son statut passé d'acteur
international de premier plan. La mondialisation éco-
nomique a durement affecté ce statut, mais l'industrie
nucléaire demeure encore l'un des fleurons de son ca-
pital technologique. Marcoule est le témoin privilé-
gié de cette aventure et appartient au patrimoine de
tous les Français.
A son échelle, le restaurant participe de cette histoire.
Le prestige attaché à l'activité nucléaire, le haut degré
de technologie déployée à Marcoule se sont traduits
par une recherche de qualité esthétique omniprésente
dans les bâtiments, le mobilier et l'urbanisme du site.
La conception du site a été confiée à des maîtres
d'œuvre de l'Etat ayant œuvré durant la reconstruc-
tion du pays, et auteurs de nombreuses réalisations.
En outre, Badani et Roux-Dorlut ont mené ponc-
tuellement une carrière d'enseignants à l'Ecole des
Beaux-Arts de Montpellier, ce qui accentue leur an-
crage régional. La recherche de qualité formelle s'ap-
pliquait aux constructions comme au mobilier. Le
recours à Jean Prouvé, au faîte de sa carrière de des-
igner, témoigne de cette volonté esthétisante. Enfin,
le bâtiment conserve la trace des divisions de l'espace,
reflets des divisions sociales au sein de l'entreprise.
Le programme n'a pas vraiment été modifié après
Mai 68… Interpréter cette distribution revient à faire
œuvre pédagogique, pour illustrer par l'exemple le dé-
passement des clivages sociaux, toujours renaissants.
La Région Languedoc-Roussillon entend participer
activement au développement du site de Marcoule
par un transfert de technologie vers des entreprises
installées autour du restaurant. Conserver ce dernier
permettrait de s'approprier une partie de l'histoire
non seulement du site lui-même, mais surtout de
toute l'aventure nucléaire française. Conserver ce bâ-
timent revient à s'approprier une parcelle du patri-
moine national. Elaborer un travail de médiation
autour de la valeur symbolique du bâtiment peut être
un argument attractif pour des entreprises soucieuses
d'image et de reconnaissance à l'heure du dévelop-
pement durable.
Valeur architecturale et esthétiqueNous avons vu que le restaurant a bénéficié d'une re-
cherche d'intégration paysagère traduite par la forme
rectangulaire allongée de l'édifice, l'emploi de galets
locaux et l'orientation du bâtiment. La composition
recourt à la ligne horizontale : toit plat, coursière, ter-
rasse, baies vitrées, brises-soleil, mur arrière, mur du
porche. La construction donne la priorité aux prin-
cipes structurels. Couverture et planchers sont por-
tées par des poteaux apparents. Les parements à de
rares exceptions près, se composent de panneaux vi-
trés indépendants de la structure métallique porteuse.
Le bâtiment est empreint d'une esthétique de la so-
briété et de la solidité, une apparence brute, presque
massive, dépourvue de décoration superflue, fonc-
tionnelle, concentrée sur l'essentiel mais confortable.
La perte du mobilier affaiblit considérablement la va-
leur esthétique globale.
Valeur d'authenticitéL'authenticité qualifie le lien avec l'état initial. Celui-
ci est particulièrement bien connu, grâce aux plans
originaux et aux photographies prises au moment de
la réception. Les modifications postérieures ont ba-
nalisé l'édifice. D'œuvre architecturale hautement
qualitative dotée d'un mobilier signé d'un des plus
grands designers français, le restaurant est devenu un
édifice presque anodin, considéré comme vieillot. La
vente de son mobilier, qui en constituait l'un des
atouts les plus remarquables, trahit bien cette absence
d'appropriation (pas pour tous cependant). Il en va
de même pour l'architecture. L'aspect extérieur a été
19
modifié par la suppression du brise-soleil du rez-de-
chaussée en façade principale, mais conservé en fa-
çade latérale droite. La pénétration de la lumière était
encore modulée par des stores à lamelles remplacés
par un store enroulé, aujourd'hui déchiqueté et du
plus mauvais effet. La loggia a été supprimée pour
augmenter les capacités du restaurant, en lien avec
l'accroissement des effectifs du CEA dans les années
soixante. Un cliché de 1965 la représente encore. Les
menuiseries ont presque toutes été changées pour des
raisons d'isolation mais leur composition ne respecte
plus le parti d'origine. Les châssis fixes, basculants et
tabatières à deux vantaux ont été supprimés au pro-
fit de baies coulissantes montées sur des menuiseries
en alu gris mat très visibles qui nuisent à l'unité d'en-
semble. Ce contraste est renforcé par la peinture
verte appliquée sur les structures porteuses et me-
nuiseries d'origine conservées, en rupture avec le bleu
Marcoule. La couleur bleue subsiste par contre sur
les poteaux de l'étage. La distribution du rez-de-
chaussée a été fortement perturbée. La cloison du
hall a disparu, un comptoir a été construit contre le
mur de la cuisine, perpendiculairement à l'ancienne
cloison. Une porte vitrée donnait accès au réfectoire.
Elle n'existe plus. Le comptoir de distribution du self
a été retiré mais l'imposte qui le surmontait existe
toujours. Par contre, l'espace a été libéré par l'enlève-
ment des panneaux de contreplaqué qui cloison-
naient le réfectoire à hauteur d'homme. Le pavement
n'a pas été touché. A l'étage, la distribution est mieux
conservée. L'escalier constitue la pièce de choix. Le
couloir existe toujours même si le comptoir a disparu.
La largeur étant disproportionnée au flux de circula-
tion, le personnel a donc disposé contre les cloisons
des salons des meubles de rangement dépareillés et
des tables peu en rapport avec l'esthétique du bâti-
ment. Le faux-plafond surbaissé du comptoir sub-
siste mais n'a plus de signification. Les cloisons
portent encore la couleur bleue, même si le repeint
est récent, ainsi que les impostes fixes vitrées. Le pre-
mier salon correspond à la loggia, le deuxième au fu-
moir. La salle des invités a été victime de
l'agrandissement de la salle des cadres ; ses cloisons
ont été retirées.
Un sentiment général de perte de sens et de prestige
se dégage de la visite.
Valeur scientifique Cette évaluation ne prétend pas statuer sur la typicité
ou la représentativité du restaurant de Marcoule au
sein de l'œuvre des architectes Badani et Roux-Dor-
lut. Pour cela, il conviendrait d'approfondir la re-
cherche par un inventaire de leurs productions. Les
fonds d'archives sont disponibles à l'Institut Français
d'Architecture et dans les fonds déposés par les ad-
ministrations commanditaires aux archives départe-
mentales. Par ailleurs, un article publié dans le
numéro 70 de la revue "l'Architecture d'Aujourd'hui"
en 1957 présente les constructions de Marcoule mais
n'a pas pu être consulté dans les délais car il se trouve
à Marseille. Le fonds Jean Prouvé se trouve quant à
lui aux archives départementales de Meurthe-et-Mo-
selle, à Nancy. Sa consultation permettrait de creuser
la piste du lien entre l'œuvre du célèbre designer
20
constructeur et celle des architectes Badani et Roux-
Dorlut : ont-ils collaboré sur d'autres chantiers ? Jean
Prouvé a-t-il participé à la conception du bâtiment ?
Plus largement, l'œuvre de ce tandem d'architectes
mérite une étude du site de Marcoule. Il s'agirait
d'étudier les premiers bâtiments construits, ainsi que
les logements des cadres, les villas du comité d'en-
treprise à Paniscoule, la salle de projection… Ce
chantier d'étude relève de la thématique du patri-
moine industriel ou de l'architecture édilitaire de
l'Etat ou encore de l'architecture contemporaine. La
valeur scientifique du restaurant est manifeste, car il
constitue un exemple bien conservé et bien docu-
menté de l'architecture des années cinquante.
Prescription de conservation
Un édifice à patrimonialiserIl n'existe pas de patrimoine a priori. Le patrimoine
est une convention entre une société et un monu-
ment, un objet, un site. Cette convention repose sur
un ensemble de valeurs que la société confère à ces
éléments, en fonction de l'utilité qu'elle en tire, et à
fins de conservation, c'est-à-dire de transmission.
Pour susciter le consensus social autour de ces élé-
ments, le rôle de médiateurs est déterminant. Ce sont
eux, qui au nom de la société, vont appliquer des cri-
tères d'appropriation et mettre en œuvre le proces-
sus de patrimonialisation (Leniaud 1992, Heinich
2010). En général, ce processus s'amorce lorsque la
valeur d'usage est perdue, et qu'une interrogation naît
sur le devenir d'un édifice en l'occurrence le restau-
rant du CEA. Sa perte d'usage est largement antici-
pée, ce qui allège le dossier d'une urgence souvent
nuisible. C'est l'Inventaire Général qui joue ici le rôle
de médiateur, au nom de la société, c'est à dire du
propriétaire (le CEA) et l'acquéreur potentiel (la Ré-
gion). Le but de l'analyse est de faire naître le consen-
sus autour de la conservation du restaurant, au nom
des valeurs d'ancienneté, symbolique, architecturale
et esthétique, d'authenticité et scientifique reconnues
au bâtiment.
Nouvelles valeurs, nouveaux usages ?La convention de patrimonialisation peut revêtir
d'autres formes. La plus évidente serait la décision de
conservation pure et simple du restaurant. Cette
éventualité pose la question de l'usage. Il est préco-
nisé de maintenir la fonction de restaurant, qui cor-
respond au programme initial de l'édifice. C'est en
général la solution la moins coûteuse car adapter à de
nouveaux usages implique souvent des travaux im-
portants, le bâtiment n'ayant pas été conçu pour cela.
Le maintien d'une cantine implique une mise aux
normes d'hygiène et de sécurité et d'économies
d'énergies dont le coût absorberait une grande partie
du budget de rénovation. Par contre, la banalisation
du restaurant serait à corriger. Il a été conçu comme
un équipement collectif de qualité. Il faut lui rendre
cette caractéristique, rognée par cinquante cinq ans
d'usage. Les travaux de nature esthétique ne sont pas
à négliger mais leur impact budgétaire peut être li-
mité si l'on s'en tient à des mesures simples.
Propositions de conservation et d'embellissementOn ne fera pas revenir le mobilier dispersé il y a peu,
ni éditer des copies fort chères. Cependant, on pour-
rait redonner un peu de lustre au bâtiment en réta-
blissant l'harmonie générale de la façade principale. Il
conviendrait de repeindre en bleu Marcoule les me-
nuiseries, les poteaux et les garde-corps. Le lambris
de l'avant-toit doit être réparé et repeint, les suspen-
sions disparues doivent être remplacées. Dans la me-
sure du possible, le rétablissement de la loggia
confèrerait une allure bien plus élégante au bâtiment
en rompant la symétrie du premier étage. Cette in-
tervention peut être envisagée à moindre coût car la
structure porteuse n'est pas affectée. Il s'agit de dé-
monter quelques panneaux de vitrage récents et de
21
rétablir les portes fenêtres sous les impostes qui elles,
sont conservées. La découverte partielle de la toiture
est à examiner mais elle n'est pas absolument requise,
quoique souhaitable. C'est la seule concession que
l'on peut envisager à la restauration, car la restaura-
tion à l'identique est proscrite par la convention in-
ternationale de Venise que la France a ratifiée. Par
contre rien n'interdit déontologiquement d'avoir re-
cours à la création contemporaine pour recréer cer-
tains éléments disparus. Il ne s'agira pas de
commander des pastiches mais de créer des éléments
en harmonie esthétique avec le bâtiment. Le bassin
posté à l'entrée de la façade principale pourrait être
remis en eau, et le porche en façade postérieure res-
tauré dans sa fonction originelle. Les portes sont
remplacées aujourd'hui par des fenêtres sur allèges
fixes. Il conviendrait de rétablir des portes aux me-
nuiseries contemporaines soignées, ce qui remettrait
en valeur cette entrée pourvue de qualités esthétiques.
L'espace du rez-de-chaussée gagnerait en qualité si
l'axe central longitudinal était rétabli par l'enlèvement
des dessertes du self et l'installation d'un comptoir
de distribution sous l'imposte d'origine. Le renouvel-
lement du mobilier représente une dépense impor-
tante qu'il n'est pas utile d'engager, même si une
commande à un designer contemporain serait bien-
venue. Enfin il serait intéressant de restaurer une cloi-
son vitrée en travers du hall, associée à des supports
d'information pour permettre aux salariés de s'ap-
proprier cette anecdote. Le hall est le lieu stratégique
où doivent se concentrer les travaux d'embellisse-
ment. Il pourrait accueillir ces supports pérennes
comme des panneaux, des reproductions de photo-
graphies anciennes commentées ou une plaque com-
mémorative dont l'objectif serait de faire partager
l'histoire du bâtiment, et de lui conférer la valeur de
témoin d'une aventure industrielle porteuse de mo-
dernité, dont la Région a la volonté d'être un acteur
essentiel.
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Remerciements
M. Dominique Ferrebeuf, CEA, conseiller juridique, res-
ponsable des affaires juridiques, de la propriété intellectuelle
et de l'action régionale, officier de sécurité.
M. Boissonnade, CEA, responsable du pôle accueil, officier
de sécurité.suppléant
M. Thierry Bihler, CEA, chef de service de la direction de
l'énergie nucléaire, département des unités de sécurité et de
protection, formation locale de sécurité.
M.Frédérick Lamare, CEA, archiviste.
Mme Corinne Cunnac, AREVA, chargée de communica-
tion.
M. Baeza, Compass Groupe, responsable du restaurant.
Bibliographie
CLERC (Pierre), Dictionnaire de biographie héraultaise,
Montpellier, éditions Pierre Clerc-Nouvelles Presses du Lan-
guedoc, 2006, p. 136.
HEINICH (Nathalie), La fabrique du patrimoine, Paris, Edi-
tions de la Maison des sciences de l'homme, 2010, 286 p.
LENIAUD (Jean-Michel), L'Utopie française, Essai sur le
patrimoine, Paris, Mengès, 1992.
MAZZUCCHETTI (Denis), De divergences en conver-
gences; Les cinquante premières années de Marcoule : 1955-
2005, Sommières, Cogema, CEA, Romain Pagès Editions,
2005, p. 5-53.
DACHS (Sandra), DE MUGA (Patricia), HINTZE (Laura
Garcia) dir., Jean Prouvé, objets et mobilier, Paris, éditions
Le Moniteur, 2008, 127 p.
juillet 2010
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Fonds d’archives du CEA, dossier du restaurant n° 1, inventaire sommaire.
Un recueil de photographies noir et blanc du chantier de construction et du bâtiment en activité, 1955-1956. Contient
des photos des autres bâtiments administratifs, techniques et du belvédère. Cote : 2010/11/47
Un dossier porte-photos en papier japon contenant des clichés noir et blanc d'Yves Guillemaut (1963) et un cliché cou-
leur de La Photothèque (1965). Nom du document : cantine 1.
Un dossier à intercalaires contenant des plans de D. Badani, P. Roux Dorlut, architectes dplg, 17 juillet 1954 : surcharges,
électricité, fluides, évacuations, chauffage. Nom du document : Centre de Marcoule, section des travaux immobiliers,
cantine 1, cote 03.
Un lot de plans signés D. BADANI, P. ROUX DORLUT architectes DPLG 70 rue Amelot Paris 11e.
Mar Cantine : Proposition de porche, 24 02 1956 ; modification emplacement porté le 24 04 1956
Mar Cantine 1 : plans de situation fondations, toiture, non daté
Mar Cantine 2 : plan du sous-sol, 15 07 1954
Mar Cantine 3 : plan du rez-de-chaussée, 15 07 1954 ; mise à jour le 19 01 1959
Mar Cantine 4 : plan de l'étage, 15 07 1954
Mar Cantine 5 : façade nord, 15 07 1954
Mar Cantine 5b : façade nord, 01 12 1954
Mar Cantine 6 : façade sud, 15 07 1954
Mar Cantine 7 : façades est ouest 15 07 1954
Mar Cantine 8 : plan schématique des canalisations, non daté
Mar Cantine 11 : coupe E.F., 15 07 1954
Mar Cantine 12 : détails sanitaires, 15 07 1954
Mar Cantine 13 : charpente ferronnerie, 15 07 1954
Mar Cantine 14 : menuiseries bois, 15 07 1954
Mar Cantine 15 : menuiseries métalliques, 15 07 1954
Mar Cantine 16 : cour de service caniveau, 15 07 1954
Mar Cantine 17 : plan du sous-sol, 25 04 1955
Un dossier de plans réalisés par le CEA, service GTI
- Extension de la cantine, 10 05 1957
- Cantine premier étage, aménagement d'un self-service, nombre de couverts : 96, 14 05 1958. Suppression de la ter-
rasse couverte et du fumoir, ainsi que du bar devenu self
- Cantine premier étage, aménagement d'un self-service, nombre de couverts : 82, 16 05 1958.
Version avec l'extension de la terrasse qui absorbe le fumoir.
Un lot de plans réalisés par Béton Armé S.O.B.E.A. Groupement d'ingénieurs 6 impasse de l'Oratoire Avignon, 18 11
1954-25 03 1955. Architectes : P. Badani, P. Roux Dorlut, entrepreneur : Mariton (Cavaillon ). Plans des structures por-
teuses.
Un lot de plans réalisés par Entreprise Louis Loupiac Sarl, bâtiments travaux publics, béton armé constructions in-
dustrielles, 2 rue de Reims Toulouse, agrandissement de la cantine, 08 03 1956-14 03 1957.
Un lot de plans réalisés par Compagnie Industrielle de Travaux (Entreprises Schneider) 16 bd Malesherbes Paris, tra-
vaux ferraillage, coffrage, sols, dessinateur Braets, Ingénieur Laplaud, 22 11 1954-27 04 1955 : coffrage, coupes, pou-
tres, ferraillage, sols niveaux finis, poteaux, poutres, dalles, murs, ferraillage, transformateur en sous-sol.
Un plan réalisé par les Etablissements M. Rulland SA Annecy, transformation chaufferie raccordement au feeder de
chauffage, installation d'un générateur d'eau chaude, 29 04 1961.