Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    1/52

    Dialogue entre la Nature

    et le Fils de la Philosophie

    Egidius De Vadis

    Version .pdf cre pour le siteEzoOccult:

    http://www.esoblogs.net/

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    2/52

    2

    Sommaire

    Prface par Bernard-Gabriel Pnot du Port 3

    Prface de lauteur 9

    Prire 11

    Chapitre I 12

    Chapitre II 14

    Chapitre III 16Chapitre IV 17

    Chapitre V 20

    Chapitre VI 22

    Chapitre VII 23

    Chapitre VIII 26

    Chapitre IX 27

    Chapitre X 30Chapitre XI 31

    Chapitre XII 32

    Chapitre XIII 34

    Chapitre XIV 35

    Chapitre XV 38

    Chapitre XVI 39

    Chapitre

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    3/52

    3

    Prface par Bernard-Gabriel Pnot du Port

    Qui recommande au Lecteur bienveillant un esprit de sincrit,avec de lintelligence et de lindustrie dans le travail, ainsi quune

    bonne sant.

    Je sais trs bien que plusieurs personnes condamneront danscette nouvelle dition la publication des trsors et des mystres dela Nature, en rptant cette maxime de lvangile : Ne jetez pasde perles aux pourceaux... et encore celle-ci : Nous ncrivons

    pas cela pour tout le monde, mais pour nous et les ntresseulement... et : Nous le sparons du vulgaire par un mur paiset une forte serrure... .

    Dautres ne raisonnent pas ainsi, mais ils assurent que le tempsnest pas encore venu de publier ces choses. Il sen trouve quelques-uns, car aujourdhui lenvie de mdire est infinie, qui ont mobjecter de quel droit je dcouvre ces mystres, nen tant pas

    lauteur. Dautres enfin demandent que je prouve quels signes onpeut connatre la vrit de lArt pour quon puisse avoir quelqueconfiance en ce que je dis.

    Je savais et jtais convaincu davance que, lorsque je publieraisces pages, il y aurait des gens sans humanit qui emploieraient laruse, le ridicule ou tout autre moyen pour en empcherlimpression. Plusieurs mme les dnigrent dj en aboyant contreelles, mais, quoique leurs cris aillent jusqu la folie, je ne pense pasquil y ait rien faire leur gard.

    Cest une action trs louable, tant envers Dieu quenvers leprochain quon incite la pit, que rien ne soit t, en les publiant,ni la grandeur de la majest de Dieu, ni aux bonnes uvres duprochain qui pourraient tre dtournes si ces pages taientcaches, ou empches si elles taient interprtes de travers outroubles si elles taient dites avec peu de soin.

    Mais, pour ne pas devenir prolixe, je rponds dabord auxobjections.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    4/52

    4

    Ces hommes rapportent et interprtent les passages delvangile comme sils taient les seuls dignes de ces dons de Dieu

    de possder ces perles, et que les autres fussent des porcs indignesde ces biens. Aussi, nous qui les publions, nous sommes des voleurset des dissipateurs de biens. Mais coutez, je vous prie :

    Nous, qui sommes vritablement les fidles dispensateurs desmystres de Dieu, nous communiquons ces choses ceux qui sontanims de lamour de Dieu et de la charit envers le prochain et quiambitionnent avec joie la connaissance des secrets mystres.

    Et ceux au contraire qui les envient sont de vritablespourceaux ; parce qu la manire de ces animaux, ils mlent auxexcrments les meilleurs fruits, dont ils sont trs avides, et ils sonttrs envieux lgard de ceux quils citent en ne voulant pas les voirpublis, car, selon eux, les auteurs de ces traits nont pas crit pourle public, mais pour eux seulement.

    ARISTOTE, dont la physique avait ainsi t publie, nerpondit-il pas ALEXANDRE, roi des Macdoniens, comme sielle ne lavait pas t ? Et les livres dARISTOTE nen ont pas moinst imprims.

    Que dirons-nous du prophte arabe, le roi trs exprimentGEBER : na-t-il pas laiss un crit de cette manire:

    Nous publions nous seuls lArt recherch par nous seuls, etnon pas ce qui provient des autres.

    Les crits de GEBER ne furent-ils pas mis par la suite souspresse ? Et mme, cest ceux-ci, et dautres semblables, qui sontlivrs au public afin qutant crits ils soient utiles tout le monde,et plus encore ceux qui, dous, en retirent une plus grande lumire mesure quils y mettent plus dapplication: les paroles pouvanttre imprimes et publies, mais lArt de lopration manuelleconsistant uniquement dans lexprience et les preuves.

    On ne saurait en dcrire la mthode, et mme peine peut-on

    lenseigner de vive voix, moins quon ne conduise par la main; caril faut prparer lor pour quil ne soit pas rebelle la solution, et cela

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    5/52

    5

    nest pas facile.

    On ne doit pas penser non plus que largent vif vulgaire quon

    vend publiquement soit celui qui obtient la facult de dissoudre lor;car, comme on ne peut nier quil faut mettre en action la solution ducorps qui par ressemblance se rapporte toute la substance de lor,dont la nature est chaude et humide, on ne peut nier non plus quilfaille obtenir par ressemblance largent vif, dont la nature estcertainement trs Froide, et surtout indtermine. Mais il faut tireret attirer, dailleurs par un Art industrieux, largent vif dun corps

    connu de peu de personnes et que la Nature a cuit et digr. Demme aussi lor se rapporte par ressemblance toute la substancede largent vif vulgaire, et cette substance ne se mle pas moins

    volontiers au premier contact avec lor que leau avec leau. On adj vu plus haut quel est ce corps.

    Quant au fourneau qui peut procurer une chaleur continuelle etgale, peu lont connu. Mais que ceux qui dsirent en avoirconnaissance lisent la pratique de luvre du grand Philosophepimontais de Rovilasco, quil a publie en 1582, uvre qui estproprement dite athanor, cest--dire digestion, mais non pas telleque simaginent les ignorants. Un plus petit nombre encore ontconnu le trpied des secrets, et moins encore lentretien de lachaleur qui tablit lgalit. Presque tout le secret consiste dans ledegr de chaleur : car, de mme quil ne faut pas que la forcemotrice et naturelle du poulet et de luf soit excde par la chaleur

    extrieure, sans quoi luf sendurerait et le poulet ne serait pasproduit, de mme la force de la semence venir de lor uni sonargent vif ne doit pas tre affaiblie, sans quoi lor ne serait pasdissous ; il ne germerait pas, et il nen rsulterait pas la matirepremire de lor, mais il se coagulerait par une chaleur tropexcessive, et si au contraire la chaleur manquait, lArtiste seraitfrustr de son travail.

    Enfin, cette poudre gt dans la puissance de Dieu, qui favorisequi il veut et la communique ceux quil veut, et ceux qui elle estrefuse la recherchent en vain. Cest ce qui fait dire

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    6/52

    6

    PALINGENIUS, dans son Zodiaque : Alors les hommes, lesprit divin, mditant des oracles obscurs, et aprs beaucoup

    dexpriences faites pendant un temps long et de grandes dpenses,inventrent cet Art qui nul ne le cde et trouvrent la pierrethre, que ne saurait connatre le profane et que le vulgairepervers cherche vainement. Celui qui la possde peut habiterdcemment o il veut, sans craindre la colre de la fortune, ni lesatteintes des voleurs. Mais il sen trouve si peu dignes de ce dondivin, etc. .

    Quant la preuve de la question si lArt existe rellement, leraisonnement et lexprience contribuent beaucoup la rsoudre. Jepourrais dabord citer les tmoignages de nombreux personnages etdautorits qui confirment que lArt est vritable. Ils ont publiplusieurs livres, parmi lesquels celui de La vrit de lantiquit delArt chimique et de la poudre, que lauteur, Robert VALENS, apubli Paris chez Morel Frdric en lan 1561, un autre intitulChrysippi Phaniani de Jure Alchemide, et, dernirement, celui qui a

    pour titre Apologia Chrysopide et Argyropiae, dans lequel onexamine et enseigne comment est la chrysope, ou lArt detransmuer et de perfectionner les mtaux, et qui, par des raisonssolides, des dmonstrations et certaines expriences, convainc. Ilprouve la vrit, la certitude et la facilit de lArt, et les argumentscontre cet Art et cette Science y sont solidement rfuts. Parmi troiscents manuscrits sur cet Art qui me sont passs devant les yeux, je

    ne me rappelle pas en avoir vu de plus savant, de plus parfait quecelui-l. Aussi, nous renvoyons ceux qui veulent se convaincre de lavrit de cet Art la lecture de cet ouvrage.

    lgard de ceux qui font des objections concernant le momentopportun la publication, ils ignorent que, si le temps nest pas venupour eux, il est venu pour nous. Choses qui ne peuvent tre nichanges, ni dsapprouves en les publiant. Parce quelle est uneseule chose et que sa fin est celle pour laquelle nous avons t crsde Dieu, cest--dire pour nous faire connatre les uvres du Christpar la thologie et celles de la Nature par la philosophie.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    7/52

    7

    Je ne veux pas cacher au lecteur bienveillant un pointimportant: tous les livres philosophiques qui parlent de cette

    mdecine hermtique cache ne sont que des labyrinthesspagyriques dans lesquels la plupart des disciples tombent pardiverses obscurits et tromperies sur la vraie route. En sorte quepoint ou trs peu jusqu ce jour ont pu trouver la vritable issue. Etsi, dans ce labyrinthe, il souvre ceux qui errent une route qui leurparat facilement conduire aux portes extrmes, bientt ils sgarentdans des lieux cachs, qui les enferment dans des prisons ternelles.

    De mme, il se prsente quelquefois dans les crits des Philosophesdes moyens qui, daprs la lettre, paraissent dabord faciles etvidents, mais bientt les impudents, tromps par les propresparoles des Philosophes, demeurent embrouills dansdinextricables erreurs. Ajoutez cela que plusieurs faux chimistesen trompent beaucoup par leurs sophismes et leur fourberie,

    vendant et rpandant de fausses oprations chimiques et desouvrages manuscrits qui promettent aux trop crdules des

    montagnes dor, et qui, semant livraie, font croire que lonrecueillera le froment.

    Touch de commisration, joffre ici au lecteur un trait pleinde vrit et de raisons physiques, dans lequel il trouvera lArtentirement et clairement dpeint comme sur un tableau.

    Quil lexamine, quil le mdite, et quil se prmunisse contre lesprventions de lesprit par des raisonnements solides, et il ne pourra

    pas sgarer. Celui qui ajoute foi sans rflexion tous les sophismessera invitablement du.

    Le vritable Art est cach sous nombre denveloppes quiembarrassent les irrflchis. Ainsi, avant de commencer oprer, ilfaut considrer les causes des choses naturelles avec une prudentesagacit. Avant cela, il ne faut rien entreprendre. Il vaut mieuxdonner son temps de judicieuses rflexions qutre victime des

    peines de sa tmrit ou de folie inconsidre.Et vous, lecteur ami, lisez, relisez, priez et travaillez. Oprez,recommencez avec un grand jugement et un esprit de bienveillance

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    8/52

    8

    cet ouvrage, entrepris avec le plus de bienveillance encore. Et vousparviendrez sans aucun doute la connaissance des grands secrets

    par lexprience et les considrations de la Nature, le tout pourlutilit du prochain et la gloire du Divin, auteur de tous lesmystres.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    9/52

    9

    Prface de lauteur

    Comme je mtais extnu de fatigue depuis plusieurs annes pntrer les secrets de la Nature, jexaminais soigneusement lesroutes irrgulires, dtournes ou directes, les sentences, les

    Allgories et les proverbes qui mavaient occup, car lesPhilosophes sont si sentencieux et ne se contentent pas dune seuleide. Ils prsentent tant dambages quil parat que personne ne peutse flatter de parvenir la fin dsire. Ce qui me fit penser quil valait

    mieux lutter avec la mort contre les esprits follets et combattre avecla Nature.

    Les Philosophes ayant surtout dit La Nature tinstruira... ,layant donc interroge et consulte de mille et mille manires, Dieu

    voulant bien minspirer, elle mapparut enfin, mais revtue et parede tant de diverses manires quau premier abord je ne fus pas peustupfait en la considrant. Car toutes les langues des hommes ne

    suffiraient pas pour expliquer ses diverses formes. Elle, cependant, voulant me donner quelque consolation, me tint cet obligeantdiscours : Ne crains, rien, mon Fils, car je suis, dit-elle, la Natureque tu as cherche avec tant de soin et te suis envoye par ordre deDieu. Prends donc courage et rjouis-toi, car je te rendrai heureuxde deux manires. Premirement en ce que tu sais combien Dieu estmisricordieux envers toi, qui es un vil pcheur, puisquil te renddigne de me voir avec les yeux de ton corps, quoique tu sois sans

    exprience et trs faiblement instruit dans les sciences.Secondement, je te donnerai des satisfactions bien consolantes enrpondant toutes les choses dont tu peux douter. Interroge-moidonc comme il te plaira, et je te dcouvrirai tout ce quil test permisde connatre .

    moi, bonne et divine Nature ! Pardonnez-moi, je vous enconjure, si mes balbutiements ne sont pas dignes de vous rendre

    grce. Car, comme vous le disiez tout lheure, je suis trs peuinstruit dans les lettres. Je poursuivrai nanmoins, et je rends grce Dieu qui, par son immense libralit, vous met ma disposition; et

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    10/52

    10

    ensuite je vous interrogerai sur toutes mes incertitudes. Et elle medit : Poursuis, mon Fils, ne tarde pas revenir sur ce que tu as

    connu: je vais attendre la fin de la prire... .

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    11/52

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    12/52

    12

    Chapitre I

    Dans lequel la Nature enseigne au Fils de lArt quelle est lamatire de la Pierre en disant que de la fin de lintention rsulte leprincipe de luvre.

    Le Fils: Aprs avoir, divine Nature, rendu des Actions degrce mon Dieu pour tous ses bienfaits, je vous interrogerai si vousdaignez me rpondre .

    La Nature: Propose, mon Fils, avec laide de Dieu jerpondrai tes doutes.

    Le Fils: Puisque jai trouv grce devant vous, dites-moi, je vous en conjure, Divine, pourquoi les Philosophes ne nommentpas dans leurs livres la matire dont leur pierre est engendre. Jai luplusieurs de leurs traits, je ne me rappelle pas cependant avoircompris quaucun deux lait nomme.

    La Nature: Apprends, mon Fils, que tous les Philosophes

    lont nomme dcouvert dans leurs livres; mais, comme ils neparlent que pour les Philosophes et en leur nom, ceux qui ne sontpas initis de la philosophie naperoivent pas comment ils lanomment. Et leur subtilit ne consiste que dans la folie et lagrossiret des ignorants. Ecoute mes discours, et je te montreraicomment ils la nomment de vive voix. Ne connais-tu pas la sentencedARISTOTE, qui dit: Les actes des actifs sont disposs dans le

    patient: donc la forme nagit que selon la disposition de la matire. Conois cela.

    Le Fils: Ensuite, Divine.

    La Nature: Tu vois dj comment ils la nomment; car si tudis ce que tu veux faire, tu verras clairement, tu concevras et tuexamineras soigneusement ce que tu cherches, parce que de la finquon se propose rsulte ncessairement son principe.

    Le Fils: Jai lintention de produire le Soleil et la Lune. La Nature: Remarque dabord comment tu as nomm lesprincipes de ton opration, en exprimant ton intention, qui est de

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    13/52

    13

    produire lOr et lArgent, qui doivent tre eux-mmes le principe deton opration: comme si tu avais dit vouloir produire un homme, tu

    aurais en mme temps nomm ton agent. De cette manire, il ne temanquerait que le patient convenable cette opration, car, demme quil nest pas possible de produire un homme sans homme,on ne produit pas de lor ou de largent sans or et sans argent; cartout semblable produit son semblable.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    14/52

    14

    Chapitre II

    Dans ce second chapitre, la Nature dit que les minraux sont denature hermaphrodite, car ils possdent lun et lautre sexe, cest--dire le soufre et largent vif, et que laccroissement dune chosedpend de son principe.

    Le Fils: Mais comment, Divine? Je vois en effet quelhomme est engendr de lunion de lhomme et de la femme, maisdans la production de lor et de largent, je naperois aucunaccouplement.

    La Nature: Il faut que tu saches, mon Fils, que toutecroissance dans les vgtaux, les minraux ou dans les animaux nestamene de la puissance lacte que par la runion de la forme lamatire, qui tient lieu du masculin et du fminin. Et si, dans les

    vgtaux et les minraux, il ne se fait point daccouplement, il y ananmoins entre eux une attraction qui fait connatre lhomme la

    forme convenable la matire: car, comme dit PLATON: lesformes sont donnes selon la valeur de la matire: nulle gnrationnest convenable si les choses ne se conviennent pas dans la Nature.Les minraux et les vgtaux sont hermaphrodites de leur nature, etil se fait en eux un accouplement de la forme avec la matire commedans les animaux.

    Le Fils: Divine, je vous demande instamment de me faire

    entendre de votre bouche comment se fait cet accouplement. La Nature: Fils, coute ce qua dit PLATON: Laccroissement dune chose est dans ce dont dpend sonprincipe... . Ne vois-tu pas que la gnration et le dveloppementde lhomme se font par le sang menstruel, et sa nutrition ouducation par le lait, qui est un sang deux fois cuit, parce quil nestdiffrent du menstrue que par la ritration de la coction. La plantese fait dune manire semblable par le subtil de la terre et de leau.

    Lorsque tu as la semence, confie-la la terre pour que, au moyen deson subtil et de son humide semblable, elle conduise de la puissance

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    15/52

    15

    lacte. Considre pareillement la nature du corps minral: il a tfait do il tire son origine. Rduis-le aussi sa propre matire,

    comme il a t dit des plantes, et tu accompliras ton dessein.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    16/52

    16

    Chapitre III

    La Nature enseigne quelle est cette matire ncessaire luvrephysique: elle en donne la preuve par lexemple, comme on pourrale voir en lisant ce troisime chapitre.

    Le Fils: Divine, il me parat impossible, si je le voulais, derduire ce corps minral sa premire matire telle quelle tait. Carla premire matire, selon les Philosophes, nest ni chaude ni sche,ni froide ni humide. Ainsi, cette rduction devrait tre trs loignedes mtaux.

    La Nature: Comment conois-tu la premire matire ? Je neparle pas de celle qui est trs loigne et qui est dite Hyl, mais decelle que lon nomme Chaos. Quoique tu aies besoin dune matireconfuse pour la nouvelle forme que tu veux introduire, nentendspas non plus celle des natures dont les lments proviennent, nicelle provenant des qualits de ces mmes lments, mais

    seulement la matire prochaine, qui est dite sperme dans lesanimaux, semence dans les vgtaux, soufre et argent vif dans lesminraux. Supple donc aux Philosophes, car cette premirematire, trs loigne, nest pas plus propre crer un ne quunmtal. Ainsi, je veux que tu rduises la premire matire enconservant lespce, en conservant mme lindividu. Car les espcessont sujettes aux actions sensibles. Observe bien lexemple de cetterduction que je vais te donner: lorsque les hommes et les femmesse conjoignent ensemble, ils sont alors rduits la premire matire,parce que de leurs corps sont engendrs les spermes cruds parlesquels furent tout dabord produits ces mmes corps qui,cependant, ne sont pas dtruits comme ils le seraient sils taientrduits la premire matire loigne. Il faut donc que tu fasses demme dans ton uvre, cest dire conserver lespce. Ce que tudois particulirement remarquer.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    17/52

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    18/52

    18

    connue de tout le monde et se vend publiquement. Il est peu depersonnes toutefois qui la reconnaissent comme ce chaos, cette

    matire confuse.Il est donc ncessaire, mon Fils, de la connatre, puisque sans

    elle, comme je lai dit plus haut, tu travaillerais en vain. Existant sansforme et tant propre recevoir toutes les formes, ce chaos peutaisment recevoir la forme que tu dsirerais lui attribuer. Et si tu

    veux en savoir davantage l-dessus, vois Raymond LULLE dans leschapitres 30 et 75 de son Testament, et tu trouveras comment Dieu

    a cr premirement la quintessence dans laquelle toutes mesuvres sont comprises universellement; lesquelles, linstar de ladivine essence, il a divises en trois parties. Il a cr les anges de lapremire, qui est la plus pure, de la seconde le ciel et les toiles, etde la troisime le monde lmentaire.

    Ne crois pas cependant que lorsque Dieu cra la terre il le fitinstantanment sans aucune succession de temps et sans matireprcdente) concernant la succession des genres. Je tinstruis ici decela loccasion de ton uvre, que tu dois assimiler cette premiredivision, car si tu prtends lachever sans division, tes efforts seront

    vains.

    De cette troisime partie divise en cinq autres, Dieu crapremirement la quintessence, et, des quatre autres, les quatrelments. Lis donc les chapitres allgus plus haut et, avec le temps,tu obtiendras toutes ces choses.

    Il reste, mon Fils, traiter des natures, qui sont plus simples queles lments; tu sauras donc quil y a deux natures: la nature de lachaleur, qui est active, et la nature de la froideur, qui est passive. Lachaleur est engendre par le mouvement, et la froideur, ou la naturede la froideur, lest par le repos de la terre; lis AVICENNE dans laClef de la Sagesse et tu trouveras toutes ces choses exposes dunemanire attrayante. Tu distingueras ce que cest que le simple, le

    compos simple, et le compos du compos. Ces deux premiresnatures sont dites simples, mais leur uvre est dite simple dessimples, qui est la nature de la chaleur, de la froideur, de lhumidit

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    19/52

    19

    et du sec. Et, relativement la gnration de ces natures, il dit quaucommencement le crateur, sans prononciation des mots, dit:

    Sois faite telle crature , et elle fut de suite cre. Cette cration,quon ne pouvait dire ni grande, ni petite, ni subtile, ni grosse, ni semouvant, ni se reposant, ni dtermine par aucune autre qualit ouassimile quoi que ce soit, et dans laquelle toutes choses existaientpotentiellement. Et, pour les mettre en acte, Dieu cra la secondecrature, quil jugea dtre appele Lumire. Je tai dj dit que larduction de cette matire dAVICENNE aux qualits provenant

    des lments est trop loigne, mais, ayant la premire et prochematire, tu feras cette rduction, car, pour diviser les lments, tu nemanqueras ncessairement pas de toutes les autres matires, lamatire confuse except pour les raisons invoques.

    Le Fils: Soyez comble de bndictions, divine Nature, jai bien fait attention vos paroles sur cette rduction la premirematire, mais je ne vois pas trs bien comment je puis rincruder lescorps: dans les animaux, la chose me parat facile, par leurs

    semences produites indigestes en eux, mais dans les minraux, celamchappe.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    20/52

    20

    Chapitre V

    On ne prend pas pour cette uvre physique la matire dont lesmtaux sont faits. La cration de lhomme en est lexemple. Enoutre, on voit comment les choses sont engendres dans lesentrailles de la terre.

    La Nature: Il nest pas tonnant que tu ne le conoives pas;car tu ne sais pas encore de quoi procdent ces corps.

    Le Fils: Cela est vrai, Divine, car je maperois que dunechose quelconque rsulte cette matire, mais je ne comprends pastrs bien quelle sera sa forme, parce que les mtaux sont homogneset une de leurs parties ne diffre pas de leur tout. Dans leshtrognes comme les animaux et les vgtaux, cest bien diffrent,car leurs semences sont assez perceptibles.

    La Nature: Je tai dj dit, mon Fils, que laccroissementdune chose est dans ce dont dpend son principe.

    Le Fils: Si cela est vrai, il sensuit que la forme et la matiredes mtaux ou leur accroissement doivent se trouver dans le soufreet le mercure, car, daprs tous les Philosophes, tous les mtaux enont tir leur origine.

    La Nature: Mon Fils, tu as dit la vrit. Il ne faut cependantpas prendre la matire dont les mtaux sont, mais celle qui est deux.Prenons lhomme pour exemple, qui, par laction de la Nature, a t

    fait au commencement du limon de la terre. Le premier homme nadonc pas t fait de ce dont il est lui-mme, mais de son sperme, quiest de lui.

    Prenons la mme comparaison dans les vgtaux. La plante,comme il a t dit ci-dessus, est engendre, ou plutt produite, parle subtil terreux et aqueux mls ensemble. Si donc on prend pour laproduire ce terreux et cet aqueux, si subtils soient-ils, on ny

    parviendra jamais. Que lon ne prenne donc pas ce dont elle est elle-mme, mais sa semence ou ses boutures.

    Les minraux sont forms de soufre et dargent vif, qui ne sont

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    21/52

    21

    nullement pris pour produire ton uvre. Je vais ten faire voir laraison par la composition du savon, qui se fait dune eau tire des

    cendres, passe au tamis et dhuile. Car si lon prend un seul desagents, que leau soit congele ou que la lessive soit dans le sel, ilnest pas possible de fabriquer le savon. Il en arrive de mme ausoufre qui, tant dabord une eau, dont la nature est froide ethumide, circule ensuite par la chaleur du soleil et se trouve changen air, dont la nature est chaude et humide, et enfin en feu, dont lanature est chaude et sche, avec lequel la terre se tempre ensuite:

    ainsi le soufre se fait.Conois la mme chose du mercure, mais dans un ordrediffrent, parce que le premier est extrmement chaud, et celui-ciextrmement froid. Si lon pouvait cependant avoir cette eau dontils sont composs avant cette circulation, elle pourrait ensuitedevenir un mtal, comme il a t dmontr avec le savon; ce qui nepeut arriver daucune autre manire.

    Ainsi il faut conclure, comme il a t dit pour les animaux et lesvgtaux, quil ne faut pas prendre ce dont les mtaux sont, mais cequi est deux. Si tu mas compris, mon Fils, le soufre et largent vifdont la pierre est cre ne sont pas ce dont les mtaux sontengendrs, car le soufre et largent vif sont combustibles. Mais ilssont engendrs par cette chose qui est deux et qui rsiste au feu.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    22/52

    22

    Chapitre VI

    La Nature enseigne au Fils de lArt que la matire ne peut pas sefaire avec le mercure des Philosophes et pour quelle raison celui-ciest appel mercure des Philosophes.

    Le Fils: Certainement, Divine, je suis persuad de la vritde tout ce que vous avez dit, car cela parat vident la lumire descomparaisons prcdentes. Nanmoins, je suis encore plusembarrass quauparavant, car je ne puis comprendre en aucunemanire quelle doit tre cette forme.

    Les Philosophes disent: Prenez notre mercure et notre soufre; et vous, Nature, vous dites quils nentrent pas dans notremagistre. Aussi jignore ce que je dois prendre, car je ne connaisrien dautre que les soufres et les argents vifs.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    23/52

    23

    Chapitre VII

    La Nature: Mon Fils, les Philosophes, en disant preneznotre mercure , laissent entendre quils ne parlent pas dumercure commun, car ils prcisent notre . Car le mercure est dittre deux comme le fils est dit du pre qui la engendr et que laNature dit: Il nest pas possible damener leur mercure de lapuissance lacte sans laide du Philosophe . Ainsi, ce mercure estdit juste titre tre des Philosophes parce quils le dveloppent

    jusqu ce quil produise son effet. La Nature enseigne que toute chose a son contraire et que l o

    il y a attraction il y aura aussi rtention. Cest lArt qui manifestelattraction produite par lAimant.

    Le Fils: Dites-moi, je vous en conjure, quel est ce mercurequi est dit la semence des mtaux.

    La Nature: Mon Fils, jespre que ce que je tai dit

    prcdemment te fera comprendre quelle est la matire, parcequelle rsulte de la fin de ton intention. Apprends donc que chaquechose a quelque objet quelle hait et quelle aime, ce qui, parconvention, sappelle attraction dans les pierres, amour et hainechez les animaux. Examine donc quelle chose dans le monde est tamatire la plus proche en rapport avec lattraction, sachant Surtoutque les corps lgers ne peuvent pas tre retenus suprieurement

    sans lassociation des graves, qui le sont imprieusement.Ainsi les uns et les autres, le grave et le lger, entre lesquels setrouve lattraction comme entre la cause et leffet, sont ncessairesdans luvre. Ainsi lhomme, regardant la femme, lattire et estattir par elle plus que par les autres animaux existants hors de songenre et de son espce.

    De mme, ton estomac, ayant de lapptit et voyant desaliments, les dsire bien plus que beaucoup dautres objets qui sont

    vus par les yeux. Il dsire ce qui convient sa nature. Sache doncque l o il se fait attraction, il se fait galement rtention. La

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    24/52

    24

    digestion en est la suite; par consquent, lvacuation doit aussi tredans ton uvre, de la mme manire et dans le mme ordre:

    1. - dans la sommit du vase, comme dans lestomac;2. - son propre centre, comme dans le foie;

    3. - entre ses parois et son mouvement, comme dans les veines;

    4. - dans toutes les parties du corps comme dans lesmembres.

    Le Fils: Je conois, Divine, que toutes les choses cres ontdes objets quelles hassent ou quelles aiment, et cest pourquoi le

    Philosophe dit: En ayant le symbole, le passage est plus facile";cependant, cette occasion, cela se trouve contraire aux paroles desPhilosophes, qui disent quune chose seule est ncessaire pourluvre, laquelle on najoute rien et dont on te seulement lessuperfluits. Mais si lattraction y est ncessaire, il doit donc falloirdeux choses.

    La Nature: Mon Fils, ignores-tu la dfinition de lespce qui

    est cite dans le nombre des diffrents ? Lhomme et la femme nediffrent pas quant lespce, mais seulement par le nombre. Aussi,dans ce magistre, il ny a pas dautres diffrences. Je ten donneraipour exemple lhomme lui-mme, qui est engendr par le spermeactif naturel et par le sperme passif innaturel avec le sang menstruelcontre nature. Et ces spermes proviennent originellement de cemme menstrue. De plus, la matrice dans laquelle ils sont reus decette manire ne diffre pas de ce sang, ainsi que lun et lautre corpsde lhomme et de la femme. Vois donc que jopre semblablementdans une chose qui nen diffre que dans la combinaison deslments, imite-moi donc dans ton uvre et tu ten rjouiras, etalors se vrifieront ces paroles: "Avant le premier pas, la Naturetinstruira .

    Si tu tcartes de cette route, tu ne parviendras jamais unebonne fin, car je ne me plais point dans les prodiges. Tu sauras ainsi,

    mon Fils, que lattraction du fer par laimant dvoile et manifesteaux yeux des Sages la plus grande partie de mes secrets: ainsi, tu vois

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    25/52

    25

    par l que lattraction nexiste pas seulement dans les animaux, maisgalement dans les pierres.

    Dispose donc ta matire avec discernement et considre biensa nature daprs ce qui a t dit plus haut. Par l tu connatras laforme qui lui est propre et qui convient ton uvre et, quand tulauras, rien ne te manquera.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    26/52

    26

    Chapitre VIII

    Ce quest la dpuration, et que sans elle, peine peut-on oprerquelque chose de bon dans cet Art. Parce que tout le magistreconsiste dans la prparation de la matire. Et que lor vulgaire nestpas la matire de la pierre.

    Le Fils: Divine, je vous conjure de me dire pourquoi lesPhilosophes disent que le soleil doit tre exalt dans le signe dAris.Le mouvement dAris doit y tre observ par le soleil ascendant oupar le soleil sy rassemblant.

    La Nature: Sache, mon Fils, que les Philosophes ne disentpas que le mouvement du ciel soit m par ce qui peut tre touteheure et tout moment susceptible de gnration et de corruption.Ils disent que le soleil den haut est exalt dans le signe dAris, quiest linfortune de Saturne, et la maison de Mars, lequel est toutcolrique; ainsi il faut que le soleil infrieur soit exalt dans la

    maison de Mars, cest--dire dans Aris, qui est ton fourneau danslequel est abattue la frigidit tandis que la chaleur exalte ton soleil.

    Le Fils: Comment, Divine ? Je ne comprends pas que notresoleil soit exalt par la chaleur du fourneau, parce quil est parfait,comme lassurent tous les Philosophes.

    La Nature: Conois, mon Fils, que le soleil est pur par lavertu du feu, que cette puration est prise pour lexaltation par les

    Philosophes, et que le soleil commenant dans Aris monter saplus grande hauteur, de mme ton soleil est toujours exalt jusqula fin de luvre.

    Le Fils: De quel soleil voulez-vous parler, Divine ?

    La Nature: Je ne parle ni de celui den haut, ni de celui quonnomme vulgairement soleil, car, ntant pas mixtes, ils ne peuventtre au-del de ce quils sont; mais je parle du soleil des

    Philosophes, qui est une chose vile, dun prix modique, qui peut, aumoyen de ce magistre, tre exalt au-dessus de lor, des degrsinfinis, et devient dun prix infini et un trsor incomparable.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    27/52

    27

    Chapitre IX

    Deux sont indispensablement ncessaires dans cet Art, c'est

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    28/52

    28

    La Nature: Tu as raison. Toute chose a t cre avecnombres et mesures. Aucune personne sense nen doute.

    Nanmoins, ces choses sont difficiles connatre parfaitement, carpersonne ne peut les expliquer, part les savants lus, qui sont trsrares et qui mettent tout leur bonheur en cela. Toi qui es faible etdune mdiocre intelligence, je tinstruirai par des exemplesfamiliers, comme la gnration de lhomme, dans laquelle le mleest dit lagent, et la femelle, le patient.

    Si donc lagent est plus excellent que son patient, il faut aussi

    quil ait en lui les lments les plus excellents, qui sont le feu et lair,et que les deux autres soient dans le patient. Seulement, ils ny sontpas dans le mme ordre. Parce que, ainsi quil a dj t dit, lgalna pas de pouvoir sur son gal. Do il sensuit que si la femme estaussi chaude que lhomme, il ne peut rsulter deux aucunegnration. Il faut donc que la femme soit trs froide lgard delhomme.

    Ainsi, lorsque tu auras la matire, tu pourras, en animant sanature, trouver plus facilement son agent, en ayant lattention de nepas sortir de la latitude de lespce que tu cherches.

    Le Fils: Je comprends parfaitement tout ce que vous dites,mais je ne vois pas le moyen de lui donner sa juste proportion.

    La Nature: En vrit, je te trouve passablement bte, mais je vais te donner un exemple de ta nature, semblable toi. Siquelquun tordonnait de lancer une pierre que tu trouves trop

    lourde, tu lui dirais que tu ne peux pas la lancer. Tu ferais de mmepar rapport la lgret. Examine donc, en faisant lpreuve, si laproportion y est entre toi et cette chose. Lorsque tu as faim et que tu

    vois des aliments, tu ignores la quantit dont tu as besoin, mais, enles mangeant, tu sens tout de suite la force de ton estomaccombien il ten faut: fais donc de mme dans ton magistre.

    Le Fils: Vos discours, Divine, sont assurment trs vrais.

    Cependant, ils ne dissipent nullement mes doutes: car je suis certainque, dans ces choses comme dans les autres, il y a un certain poidsdtermin. Vous men instruisez vous mme, non par la cause qui

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    29/52

    29

    appartient aux Philosophes, mais plutt par celle dont se servent lesgens simples et peu clairs. Parce quun estomac chaud et fort

    peut, en digrant, mieux conduire une espce de la puissance lactequun estomac froid et dbile. Et dans ces oprations, jimagine que

    vous observez une certaine mesure, un poids et un nombredtermins, et que cela est la cause de tout leffet.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    30/52

    30

    Chapitre X

    Cette Science est une partie de la cabale et peut tre enseignepar transmission orale, pourvu que lon sache la proportion despoids.

    La Nature: Mon Fils, ce que tu dis est vritable. Ces chosesne peuvent cependant se dire ou tre communiques qu ceux quisont craignants de Dieu, et seulement par le discours. Car les critssont faits pour ceux qui en sont indignes comme pour ceux qui ensont dignes. Ce qui fait dire quelques-uns que cette Science estune partie de la cabale dont la communication sinterprte par lediscours. Car les Philosophes, en traitant de cette Science, lontenveloppe de tant dnigmes, de tant de dtours, de difficults,demblmes et de doutes, que Pythagore instruit autant sur ce sujetpar son silence que par ses propres crits. Cest donc ici, sous cetarbuste, quest cach le livre, en ce que cette proportion est la clef

    de tous les secrets. Parce que les mtaux, qui tirent leur originedune seule racine, sont diversifis par leurs diffrents poids parcette seule proportion. Et les pierres prcieuses ne diffrent desmtaux mmes en qualit, chaleur, lgret, fusion, quau moyen decette mesure ou proportion. Ce qui produit les mtaux entre euxproduit par le mme rgime et en elles-mmes les pierresprcieuses, cependant avec diffrents instruments et sous diversesformes quil mappartient, ainsi qu lArtiste, de procurer.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    31/52

    31

    Chapitre XI

    Comment la Nature gouverne toutes choses, tant infrieuresque suprieures, par certaines mesures et proportions des lments.

    Le Fils: Quentendez-vous, divine, par des instrumentsdivers et une forme diffrente ?

    La Nature: Jentends que le lieu engendre et conserve ce quisy trouve plac, comme nous le voyons dans le premier livre deRaymond LULLE, par ce qui commence le chapitre; coute, monFils, ce quil dit de cette proposition, car il te lexpliqueadmirablement en disant: Telles sont la multiplication et lesproportions que notre Seigneur ma donnes pour faire latransmutation dans la Nature: une poigne de terre et neufpoignes dair produisent dix poignes deau. Une poigne deau etneuf poignes de feu produisent dix poignes dair, montant ainsi,par lchelle vivificatrice, de la nature grossire la nature simple et

    leve. De mme, une poigne de feu et neuf poignes deauproduisent dix poignes dair ou du mort, qui est leau vive, et,derechef, une poigne dair du mort qui est leau vive et neufpoignes de terre produisent dix poignes deau glorifie...

    Toute la Nature est gouverne par ces poids. Comprends donccette doctrine, car elle est celle par laquelle toute mesure et toutetemprance ont besoin dtre faites; et il est ncessaire que cela soit

    fait ainsi dans cet Art, cela ne peut se faire autrement. Cetteproportion est la chane dore et la roue des cercles de tous lessicles par laquelle moi, la Nature, je gouverne en tournant etcirculant au moyen de tous mes instruments. Vois RaymondLULLE ce sujet.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    32/52

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    33/52

    33

    parties ou dune seule. Il leur suffit seulement de trouver la manirede le mortifier, et alors ils pensent avoir trouv le magistre, tandis

    que dans la ralit ils en sont plus loigns que jamais. Je ne puisdonc que te louer de ton incertitude.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    34/52

    34

    Chapitre XIII

    Toutes choses gisent dans les nombres, et mme les lmentssont lis par certains nombres.

    Le Fils: Assurment, Divine, je me ressouviens davoir lu lecommencement des consolations de la philosophie de BOETHUS,et je ne pense pas que vous le disiez sans raison. Jai vu, dansquelques expriences, les lments se combiner par certainsnombres, dont les rsultats nauraient pu avoir lieu par aucun autre.

    Dailleurs, les Philosophes disent des merveilles des nombres. PICDE LA MIRANDOLE les lve au point quon ne craindrait pas dedire que par eux on peut parvenir toute Science. Je pense demme. Aussi, je veux vous interroger librement leur sujet et nerecevoir dinstruction de vous que celle que vous jugeriez proposde me donner.

    La Nature: Les nombres renferment beaucoup de secrets,

    nanmoins, si tu peux mimiter dans les choses dont tu dsires treinstruit, jacquiescerai peut-tre tes prires.

    Le Fils: Je dsire avoir des claircissements sur le corpsgalis, ou plutt galiser; car les Philosophes assurent que notremdecine peut tre rectifie au moyen de toutes sortes de corps,soit humain, soit minral ou vgtal. Ainsi donc, si elle ntait pasgalise, comment pourrait-elle donner ce quelle na pas ?

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    35/52

    35

    Chapitre XIV

    Cette Science, qui conduit la connaissance des chosescaches, soccupe de la recherche des choses naturelles.

    La Nature: Certes, ce que tu cherches, mon Fils, est assezpineux, et je dois te prvenir que je nclaircirai tes doutes, que jene dvoilerai toutes choses qu condition que tu ne les rvles aucune personne qui en serait indigne. Tu sauras donc que cetteScience recherche mes secrets plus profondment que toutes lesautres, car delle seule je suis imite, tant dans les gnrations quedans les transmutations par les digestions ou coctions ci-dessousnonces; lesquelles font voir comment les vgtaux sont dans lesanimaux, les animaux dans les hommes, cest--dire comment lachair et le sang humain sont convertis. Enfin, cette Sciencerecherche soigneusement toutes sortes de combinaisons deslments qui sont dans lunivers et qui, selon AVICENNE, sont au

    nombre de cent quarante-cinq, au moyen desquels toutes chosespartages par moi sont engendres, diversifies et varies: chosesdont la connaissance te sera extrmement ncessaire pour trouverce que tu cherches.

    Les cent quarante-cinq lments susdits peuvent tre rduits vingt-quatre combinaisons, que jexpliquerai par ordre, et qui teferont comprendre quil y a des qualits plus ou moins agentes oupatientes, au moyen desquelles tu trouveras la manire dgaliser leslments dans un corps. Et cest prcisment ce que tu cherches.

    Ne pense pas cependant que cette galisation puisse se faireselon la quantit de lgret ou de pesanteur, parce que le corpsainsi mlang naurait ni mouvement, ni repos. Il faut donc que cemlange se fasse suivant les substances et les qualits des lmentsquant lgalisation de la vertu qui opre en puissance, car il estpossible quon joigne peu de feu beaucoup de terre afin que ce qui

    est terre ait assez de puissance pour agir, comme ce qui est feu, etainsi des autres. Lorsque ces choses sont ainsi mlanges, les

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    36/52

    36

    Philosophes ont le mlange galis, dans lequel je me complaisextrmement; parce que, dun corps ainsi dispos, il ny a ni action,

    ni passion, comme tu peux le voir dans lor, qui ne peut trecorrompu, par la raison prcite de lgalisation.

    Passons donc ces combinaisons. La premire de ces vingt-quatre combinaisons peut donc prsenter soit deux lments plusgrands et deux plus petits, soit trois plus grands et un plus petit, soittrois plus petits et un plus grand, soit enfin les lments galiss.Cette combinaison ne peut se faire ni par le poids, ni selon les

    qualits des quantits; il faut donc quelle ait lieu par rapport auxvertus, et aussi aux puissances actives de ces mmes qualits. Car lesunions sappliquent aux puissances en puissance et aux vertus desqualits, et non au poids et la quantit en puissance. Conois doncque je parle ici des unions loccasion desquelles je tai dit plus hautque, si deux lments sont plus grands comme le feu et lair, leau etla terre seront plus petits. Et voil la premire combinaison.

    Ou, si le feu et lair sont plus petits, et leau et la terre plusgrands, cest la deuxime combinaison. Si le feu et leau sont plusgrands, et lair et la terre plus petits, cest la troisime combinaison.Si le feu et leau sont plus petits, et lair et la terre plus grands, cest laquatrime combinaison. Si le feu et la terre sont plus abondants,lair et leau moins abondants, cest la cinquime combinaison. Si lefeu et la terre sont moindres, lair et leau plus grands, cest lasixime combinaison. Mais si lair est combin avec leau ou avec la

    terre comme il a t dit du feu, cela produira six combinaisons.Ces combinaisons ne seront pas diffrentes dans la chose

    mme, mais seulement dans la manire de combiner. Cela estvident, car, si lon dit que lair et leau sont plus grands, la terre et lefeu plus petits, cest la sixime combinaison. Si lon dit que lair etleau sont plus petits, le feu et la terre plus grands, cest la cinquimecombinaison. Si lon dit lair et leau plus grands, la terre et le feu

    plus petits, cest la quatrime combinaison; si cest le contraire, cestla troisime. Si lon dit que leau et la terre sont plus grands, le feu etlair plus petits, cest la deuxime; et le contraire, cest la premire.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    37/52

    37

    Ainsi, tu dois comprendre quAVICENNE, en voilant cescombinaisons, en a suppos douze, qui, dans lexacte vrit, se

    rduisent six, qui, si lon en tire quatre de chacune, produisentvingt-quatre.

    Car, quand on dit que lair et le feu sont plus abondants, il estpossible que ce feu soit plus abondant que lair, et que la terre soitencore moins abondante que leau, et ainsi toutes ces combinaisonspeuvent se varier de quatre manires daprs la forme qui vientdtre dite. Car, dans la deuxime combinaison, o il est dit que le

    feu et lair sont moindres, leau et la terre plus abondants, il se peutque le feu soit trs petit, lair plus grand, leau plus grande et la terreplus abondante encore ce qui produit la premire combinaison -ou que le feu soit trs petit, lair plus grand, la terre plus grande etleau encore plus grande - do la deuxime combinaison - ou quelair soit petit, le feu plus grand, leau plus grande et la terre plusgrande encore - do la troisime combinaison. Tu dois concevoirainsi les autres combinaisons par ces exemples. Si tu veux, mon Fils,

    toutes les connatre, lis la grande alchimie dAVICENNE.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    38/52

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    39/52

    39

    Chapitre XVI

    La Science des degrs se continue encore, et en quoi un degrsurpasse lautre.

    La Nature: Sache, mon Fils, que le premier degr relatif lunion humaine est celui dans lequel est lgalit. Le deuximeexcde lgalit. Le troisime tend en quelque manire vers la lsion.Et le quatrime, cause de son excdent, blesse le sens.

    Par exemple, lorsque leau est bien tempre, le froid galementml avec le chaud de manire que le sens sy complaise, cest lepremier degr. Leau qui nest pas assez tide est trop froide etdplat au sens; elle reprsente le deuxime degr. Si elle est chaude

    jusqu blesser le sens, cest le troisime degr. Si elle est bouillante,cest le quatrime degr. Ces degrs peuvent aller jusqu linfini :mais quant nous, cest conformment laugmentation de cesqualits l, surtout dans le quatrime degr, que cela concerne le

    domaine de lunion humaine. Lorsque cette union, voque plushaut, est dite gale et tempre, cest ce qui convient le mieux lanature humaine, non pas que je considre ou sache quel degr estncessaire ici dans les choses, mais je vois dabord selon le toucheret le sens, et ensuite selon la vertu et la puissance.

    Car le gingembre est froid selon le sens, le tact et la substance,et selon la proprit dunion il est chaud et humide. Le vin est froid

    et humide selon le tact extrieur, la substance et le sens, et selon laproprit dunion il est chaud et sec. Tu peux comprendre par lquun magistre est contraire son occulte.

    Le Fils: Divine, que vos paroles sont suaves ! Dvoilez-moidonc encore quelque chose sur cette galisation que je dsire tant,car vous mavez tant embrouill dans ces combinaisons que je nesais quel parti marrter.

    La Nature: Si tu dsires en savoir davantage sur ce corpsgalis ou galiser, coute ce que les Philosophes pensent sur cetobjet.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    40/52

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    41/52

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    42/52

    42

    clair, quoique les choses que vous venez de prsenter soient assezobscures et mme difficiles, jespre cependant par leurs moyens et

    avec la grce de Dieu parvenir ce que je dsire. Je me souviensdavoir lu dans le livre de MARIE, sur de MOISE, "faites lemariage de la gomme avec la gomme... et dans MORIEN faitesen sorte que la femme rouge saisisse la blanche... , mais il nedcouvre pas la manire de le faire, ainsi que vous lavez pratique

    vous-mme de plusieurs faons.

    La Nature: Il nen est pas de cette Science comme des autres,

    car elle ne doit pas tre enseigne tout le monde et il est peudhommes qui soient dignes dune si grande faveur. Ainsi, on nedoit, selon lusage des anciens, la communiquer que par desnigmes, des paraboles, des figures et autres semblables. Les Sages,lus de Dieu, savent sparer le grain de la paille et faire la thriaquedu serpent selon BACON, dj cit: Partout o Dieu a mis unegrande vertu, il y a plac une grande difficult pour gardienne,comme on le voit dans les vipres, qui renferment un trs grand

    secret quon ne peut obtenir quavec pril et difficult trs grands .Je cache cette Science qui conduit la confusion la plupart des

    hommes qui la recherchent. Il en est peu qui la trouvent, tandisquune infinit sy perdent. Cependant, rien au monde nest plus

    vrai quelle, et toi, si tu ne peux comprendre la premire leon que jetai donne, recommence-la et prie le crateur de daigner clairerton intelligence, et finalement tu trouveras ce que tu cherches.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    43/52

    43

    Chapitre XVIII

    Cette Science ne sacquiert pas par des recettes ou de vainestudes, mais en travaillant, en mditant et en excutant la chosemme.

    Le Fils: Je vous implore, Divine, pour que vous daigniez aumoins me dvelopper lun de vos propos. Vous avez dit plus haut

    vingt-quatre heures font le jour, si lon en ajoute une elles font vingt-cinq. Quoique je pense que cela soit trs vrai, jignore pourtant ceque vous voulez dire par l.

    La Nature: Tu nas pas oubli que le jour est dans ton jour parle soleil luisant. Que ton soleil doit conduire cette uvre sa fin.

    Ajoute-lui un jour de lune qui est le mercure, et ils seront vingt-cinq.Ne vois-tu pas prsent ce que cest ?

    Le Fils: Divine, je vous remercie de nouveau de toutes mesforces, en vrit nous avons de grandes obligations envers les

    Philosophes qui nous ont transmis cette Science afin que lesprudents et les ingnieux devinssent en lacqurant plus dvotsenvers Dieu. CATON parlait bien lorsquil disait: Celui qui napas got les amertumes ne se ressouvient pas des douceurs, celuiqui refuse de combattre pour rgner nen est pas digne, qui pourraitoprer une victoire sans combat ? .

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    44/52

    44

    Chapitre XIX

    Dans lequel il est enseign quel est le premier moteur dans leschoses naturelles. Comment, dun grain sem, la Nature le multiplie linfini, et comment lArt imite la Nature. Et que, la pierreaccomplie, on peut la conduire la forme que lon voudra.

    La Nature: Je vois, mon Fils, que tu commences rflchir.Cest pourquoi je me plais tinstruire. Sache donc que le premiermoteur en moi, Nature, est lesprit vgtatif, qui dans les vgtauxest dit vapeur arienne, et dans les animaux vapeur radicale ouchaleur inne: et cest proprement dit le feu de nature. Ne pense pascependant que ce soit le feu chaud et sec. Cest au contraire, comme

    je lai dit auparavant, le feu naturel, qui est proprement dit chaud ethumide. Et cause de cela, les Philosophes disent que leur pierre est

    vgtale, puisque, sans cet esprit, elle ne crotrait ni ne pullulerait.

    Le Fils: Quentendez-vous, Divine, par crotre et pulluler,

    car je ne pense pas quelle croisse ni quelle soit multiplie, si cenest comme le pain crot en ajoutant de la farine et les autres chosesncessaires sa fabrication.

    La Nature: Mon Fils, tu lentends mal. Car la pierre, c'est--dire la mdecine que tu cherches, vgte et se multiplie comme legrain de froment jet dans une bonne terre, lequel, lorsquil estmort, rapporte nanmoins beaucoup de fruits. Ainsi tmoigne le

    divin PAUL, ce qui est sem ne fructifie pas quil ne soit auparavantcorrompu, quil ne soit mort; ainsi, lorsquil est corrompu, il peutproduire plusieurs autres grains. Tu dois comprendre de la mmemanire. Car dun grain, qui est le plus petit poids, il proviendra, legrain except, cent mille talents, qui est le plus grand poids. Etmme mille fois mille talents, et ainsi linfini sans aucunedtermination dun nombre, daprs la sainte volont de conduirede la puissance lacte.

    Tu vois par l que la comparaison avec le pain nest pas juste,parce que lopration du pain, si lon excepte la fermentation, na

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    45/52

    45

    aucune analogie avec ce qui est ncessaire cette uvre, et ainsi desautres.

    Si, dans lexemple de la cration, ou plutt de la gnration delhomme, il ne se trouvait pas dans la matrice de la femme quelquepeu de menstrue, ce qui est considr comme le ferment, lagnration de lhomme deviendrait impossible, de mme que lepain que tu as donn en exemple parviendrait difficilement lasaveur du pain sil ntait ferment. Cest pourquoi, mon Fils, ilexiste plusieurs secrets dans la fermentation, quil serait long de

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    46/52

    46

    savoir quil faut avoir lesprit vgtatif, car je ne puis voir un telesprit dans les minraux.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    47/52

    47

    Chapitre XX

    La mdecine des pharmacopens est corruptible, la mdecinedes physiciens est incorruptible: la pierre est multiplie par lamultitude des esprits.

    La Nature: Ecoute, mon Fils, ce que Raymond LUILE et Jean DE RUPESCISSA, son collgue, pensent sur ce sujet dansleurs quintessences. Ils disent que cest vouloir prserver par unechose putride et qui se corrompt promptement, vouloir restaurer

    une forme par une chose sujette la difformit, rendre incorruptiblepar une chose dfectueuse, gurir un malade avec une chosemalade, rendre propre avec une chose sale, imaginaire et vaine.Mais, avec cette mdecine, tu pourras gurir toutes les infirmits,mme les plus dsespres, produire lor, largent et les pierresprcieuses. Mais elle ne doit pas tre faite avec une chosecorruptible, comme les mdecines prpares chez lapothicaire,

    dont la vertu momentane sloigne la premire action quellereoit: parce quelles ne changent pas, mais plutt sont changes ensubstance du mixte dont elles sont composes (par la digestion quiles surmonte), quoique nanmoins elles produisent quelque actionsur certains sujets. Et cela, parce quelles sont composes de chosesqui se corrompent soudain, comme je lai dit plus haut.

    coute ce que dit Roger BACON ce sujet. Il sexprime ainsi,dans sa lettre, sur la manire dloigner la vieillesse: Il est nombrede choses qui ne montrent leurs forces et leurs qualits que par leurforme, leur matire, leur essence, leur couleur, leur dure, leurconservation et leur corruption , car, comme il le dit lui mme, ce qui se conserve longtemps conserve et ce qui se corromptpromptement corrompt... .

    Vois donc de quelle complexion et de quelle puissance doit trela pierre, car si elle est sujette la corruption, tu travailleras en vain

    sur elle et, comme le dit JOB: Qui pourrait produire le pur tirdune puissance impure ?... . Par ces considrations, tu pourras

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    48/52

    48

    voir clairement que la chose que tu cherches ne doit pas tre sujette la corruption. Quant tes doutes sur lesprit vgtal: ne vois-tu pas

    que si un grain de froment ou dune autre semence tait perc avantdtre sem, il perdrait son esprit vgtal et ne pourrait plus crotresans cet esprit ? Car, la cause manquant, leffet manque aussi.

    De mme, comment pourrais-tu esprer multiplier linfini lamdecine avec une petite quantit de la pierre sans la vertu de sonesprit vgtal ? Car je ne puis faire vgter nulle chose sans lui. Lapuissance vgtale est la premire dans lhomme, except

    cependant la puissance lmentaire, et elle a sous elle la puissancegnrative, sous quatre autres puissances que je tai expliques plushaut, savoir: lapptitive, la suspensive, la digestive et lexpulsive,qui, tant bien proportionnes, sans aucune altration et comme jeles ai disposes, rendent sain tout le corps de lhomme, et quicompltent cette autre puissance dite sensible. Par elle dabord tu

    juges tous les objets avec ses cinq sens extrieurs, puis par latroisime qui est limaginative, ensuite par la quatrime, la

    rationnelle. Car si lhomme voit quelque affaiblissement dans lapuissance vgtale, sa puissance sensible est trouble, parce quilcroit voir ce quil ne voit point, entendre ce quil nentend point, songot nest pas bon et il distingue mal par lodorat, parce que, cettepuissance du vgtal tant altre, les autres puissances sont altresou dtruites. Ainsi cette puissance vgtale, ou son esprit, estspcialement ncessaire pour engendrer ou produire la mdecine.

    Et si tu ignores, comme tu las dit, que cet esprit existe dans lesanimaux, recherche-le avec soin tant dans les corps que dans lesesprits et leurs milieux. Car sans lui tu ne viendras bout de rien.

    Le Fils: Certes, divine Nature, vos paroles sont trsvraisemblables au premier abord, mais elles sont ensuite difficiles comprendre. Je me rappelle que vous avez dit que la mdecinedevait sgaliser linstar de lor: elle nest donc pas de lor.

    La Nature: Jai donn plus haut la distinction de lor enparlant des anges du soleil, et jai dit quel est le soleil qui doit treexalt avec quelques raisons, car le soleil vulgaire ne sexalte pas. Ce

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    49/52

    49

    que PLINE, dans son histoire naturelle, explique en disant que lesoleil est, de tous les corps, le plus noble, quil nprouve aucune

    dperdition par le feu et que sa matire rsiste tous les incendies, tous les bchers. Fais attention que sil ntait pas galis dans sesqualits, il ne pourrait pas endurer le feu, ni sa matire subsister.Cest pourquoi je tai dit qu linstar de ses qualits, ta mdecinedoit ncessairement tre galise. Lor nest donc pas la mdecine,parce quil na pas en lui cet esprit vgtal dont je tai parl, mais ilest son aide Quoique RHASES dise que la teinture est dans les

    pierres comme le cur dans les animaux. Ainsi, tu vois clairementce quil nest pas lui-mme, mais quil est exalter par lesPhilosophes. Car je lai exalt moi-mme autant quil est possible.

    Voil pourquoi les uns le disent prcieux et les autres vil et basprix. Exalte-le donc en le sublimant jusqu son plus haut degr, cartu le trouveras par attraction, comme je lai dclar, et lorsque tu le

    verras ainsi, tu seras sr davoir opr sur une seule chose, la purettant dune seule essence et limpuret de plusieurs.

    Tche donc de navoir quune chose et non plusieurs, et enfin,pour te satisfaire, je dcouvrirai ce secret de tout lArt parrcapitulation.

    Comprends, mon Fils, que cette Science ressemble auxaliments dans la nourriture. Jai parl prcdemment de lapptitive,de la relative, et de la digestive. Je mefforcerai de nouveau de temontrer non seulement la manire dont se fait leur digestion, mais

    aussi par quel moyen les aliments sont changs en nourriture.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    50/52

    50

    Chapitre XXI

    La digestion se fait au moyen de la chaleur humide, mais il nesuffit pas dans luvre davoir une chaleur extrieure, encore faut-ilavoir celle qui est cache dans la matire.

    La Nature: Conois, mon Fils, que partout o il y a un vgtatif pour instrument, il y a un sensitif pour moteur, car ladigestion parat se faire par les proprits du moteur et non delinstrument. Et quoique lanimal prenne quelquefois des aliments

    dans le vgtal, ceux qui lui conviennent sont nanmoins dans lesensitif. Il faut donc que la conversion se fasse au moyen de sapropre chaleur naturelle qui digre laliment. Parce que nousnapercevons aucune cause qui puisse se produire. Il nest pas

    vraisemblable que cela puisse se faire par une seule chaleur, car alorsla digestion se ferait plutt par le feu des foyers que par une chaleurnaturelle. Et si elle tait ainsi produite, elle ne se changerait pas en

    sang, en chair et en os comme le montre lexprience. Il estncessaire que quelque autre cause cache y agisse, qui ne paraissenullement, mais conserve nanmoins le lieu et engendre ce qui sytrouve plac comme il a t dit plus haut; et, par l, rponde cettecause qui nest point divulgue. Elle rpond cependant en quelquemanire aux incertitudes des hommes. Comprends donc, mon Fils,que la chaleur extrieure ne te suffit pas dans ton uvre, quand bienmme tu aurais toutes les choses qui lui sont ncessaires, avec la

    chaleur qui digre la matire, moins que tu naies aussi cette causeocculte que je viens de te dcouvrir clairement si tu mas biencomprise. Comme je lai dit, cette chose est cache dans le moteuret non dans linstrument.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    51/52

    51

    Chapitre XXII

    La Nature enseigne que toute chose est avec une me ou, ce quirevient au mme, un esprit vgtatif qui meut la chose; que cet Artne dpend pas de nous, mais de Dieu tout puissant, et que pourcette raison nous devons linvoquer et prier.

    Le Fils: Divine, il me parat que vos paroles sontprofondes, et vous touchez au but avec finesse, mais je ne vois pas

    bien comment je puis diriger mon opration suivant cette causeocculte, moins que ce que vous dites tre le moteur ne soit la causede leffet et, dans ce cas, la cause serait dans lme, qui ne produitdeffet que lorsquelle existe dans son propre corps. Parce que lanature ne se rjouit que dans sa nature, comme il est dit des espritsexistant dans leurs corps morts. Car, quoiquils fassent mouvoir, parle manger, ils ne digrent pas par la chaleur naturelle quils nontpoint du tout, et par consquent pas par cette autre cause occulte

    dont vous nous avez parl. La Nature: Mon Fils, tu as parfaitement rpondu, car il en est

    ainsi dans la vrit. Joins donc lme avec son corps au moyen delesprit, car lme ne sempare de son corps que par lintermdiairede son esprit. Attendu quelle est de sa nature trop loigne ducorps. Et si lesprit, allgoriquement, est plac avec lun et lautre, lecorps sera attir, quoiquil soit de lui-mme inerte et sans effet etquil soit loign de la nature de lme.

    Conois donc ce que je tai dit si tu veux parvenir au magistre.Mais si tu ne peux pas le saisir au premier abord, alors prie lecrateur quil daigne taccorder sa grce, avec laquelle tonintelligence sclairera et te fera accomplir ton dessein.

    Ne recherche cependant pas cette mdecine pour tlever et teglorifier au-dessus des autres, comme le font les arrogants, lesambitieux et ceux qui mettent du faste dans leurs professions, parce

    que ces sortes de gens sont rprouvs non seulement de Dieu, maisde tous, et de la Science mme quils sont indignes dapprofondir.

  • 8/8/2019 Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

    52/52

    Ne la recherche au contraire que pour servir Dieu de toutes tesforces, pour connatre ce quil a fait pour les hommes de sa propre et

    bonne volont, et combien il est infini dans sa misricorde. Cestainsi que tu deviendras digne des grces infinies du Tout-Puissant,dont le Trs Saint Nom soit bni. Amen.

    Germinal, an X

    ===========================================

    Vous avez lu

    Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie, par

    Egidius De Vadis

    Version .pdf cre pour le site EzoOccult :

    http://www.esoblogs.net/