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Périodicité : BimestrielOJD : 8872

Page de l'article : p.32,33,34,...,41Journaliste : Stéphane Friédérich

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DIEUAU PIANO

Surdoué, extraordinaire, exceptionnel, flamboyant, extravagant... Avecle pianiste chinois, tous les superlatifs sont permis. Sa notoriété planétairefascine. Son charisme et son audace dénotent, voire choquent dans l'universfermé de la musique classique. Une enfance sacrifiée sur l'autelde la compétition par un père tyrannique, des rencontres qui allaient changerle cours de son destin... notre abécédaire raconte une trajectoire horsdu commun et part à la découverte d'un phénomène musical qui reflète,en ce début de XXIe siècle, révolution de notre société.

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A comme argentUn sujet qui fâche et suscite bien des jalousies chez ceux qui,contrairement a Lang Lang, ne sont pas propuetaires d'un luxueuxappartement de î millions de dollars, a New York Dans linconscientcollectif, l'artiste cst un etre « pur », éloigne dc toute tentationmatérielle, qui devrait presque faire vœu de pauvrete. Or, le pianistechinois, qui se révèle etre un homme d'affaires hors pair, détonneOn ne compte plus les contrats qu'il a signes avec le constructeurAudi, les montres Rolex et Hublot, l'électronique Panasonic etSonv Electronics, maîs aussi Montblanc, Adidas qui a specialement cree le logo « Lang Lang » — ou Giorgio Armani LangLang possède également son propre parfum, \ma7ing I angLang, dont le design du flacon rappelle les courbes d un pianoa queue Dans ses interviews, il affirme sa passion pour les fragrances « Le jasmin est le plus fiais des ingrédients comme la noiesi » II fallait y penser Le musicien est devenu une marque deluxe Son nom est dépose Ses mains seraient assurees pour70 millions de dollars Apres tout, le sourire de Julia RobertsI est bien pour 40 millions de dollars, et la voix et les jambes deMariah Carey, pour 70 millions de dollars également '

B comme balletJouer Chopin en accompagnant des danseurs ' En 2013,le « Dance Project », ne d'une idée de Lang Lang et du chorégrapheaustralien Stanton Welch, se concrétise « La danse est une musi-que mise en mouvement Elle est un art fur, dénué de complexitéf avais depuis longtemps l'idée déplacer les deux expressions artistiques

— musique et danse — sur un même plan d'égalité Le concept estd autant p lus fort qu il a pris forme au Theatre des Champs-ElyséesCe lieu témoigne de maniere Irs1, particuliers de ses rapports historiquesentre la musique et la danse », commente le pianiste

C comme chefs d'orchestreDeux rencontres décisives ont change le destin de Lang LangD'abord, telle avec le pianiste et chef d'orchestre allemandChristoph Eschenbach Ce dernier a révèle le jeune musicienage seulement de 17 ans Alors étudiant au Curtis Instruite ofMusic de Philadephie, aux États-Unis, Lang Lang court apresles petits cachetons Eschenbach lui accorde une audition vingtminutes et pas davantage ' II l'écoute pendant plus de deux heureset manque sa propre répétition Le lendemain, Lang Lang inter-prète le Concerto n°l de Tchaikovski avec le Symphonique deChicago II remplace Andre Watts, souffrant, au pied leve Celuiqui jouait avec des formations étudiantes et des amateurs estsubitement courtise par les plus grandes phalanges américainesII devient une célébrité grace a une presse dithyrambiquePuis celle avec Daniel Barenbonn « Côtoyer des pianistes qui sontaussi de grands chefs d orchestre, cela vous met au contact dè traditionsd interprétation Karajan a dirige Eschenbach, Furtwang/er etBarenboim Ce sont des artistes si riches qu'ils vous apportent énor-mément de choses en peu de temps > confie Lang Lang La com-préhension avec Barenboim est immédiate Tout comme lui,Lang Lang a été un Wunderkind'et contraint a l'exil Le maestroisraélo-argentin lui enseigne l'approche allemande du piano et

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représente un modele d artiste investi dans, diverses causes Le pianiste chinois s'en sovrviendra lorsqu'il sera nomme ambassadeurde bonne volonté de I Unicef et qu'il créera s>a propre fondation

D comme disquesLang Lang a 18 ans quand il enregistre son premier CD, un recitald'œuvres diverses « La photo [de l'album] montre un garçon un peuenieloppe un peu boutonneux et vêtu dim smoking », raconte-t-ilII a signe chez Telarc, un label americain indépendant, moinspresDgieux que Deutsche Grammophon, qui lui fait pourtant déjàdes avances Maîs Telarc lui assure des engagements aux EtatsUnis Les vrais débuts discographiques de Lang Lang se bâtissentd'abord grace aux orchestres C'est le Concerto n°3 de Rachmamnovavec Yuri Temirkanov, un disque sidérant de vie, puis les Concertosn I de Liszt et n°2 de Rachmamnov, aux cotes de Valery Gergievceux de Chopin, diriges par Zubin Mehta, de Tchaikovski etMendelssohn, sous la baguette de Daniel Barenboim, les Concertosni et n°4 de Beethoven, avec Christophe Eschenbach, jusqu'àl'inénarrable Concerto du fleuve jaune qui réunit quatre orchestreset 100 pianos ' Sans oublier la musique de chambre, notammentle répertoire russe avec Vadim Repm et Mischa MaiskyLe public adore cette « bete de scene » qui ne revendique aucuneecole, maîs impose un jeu d'une franchise a toute epreuve

Hy a bien des choses que je ferais différemment aujourdhui maîsje n ai jamais éprouve de deception ou de regrets Je me dis quej aifait de mon mieux avec les moyens dont je disposais , reconnaîtLang Lang En 2010, il quitte Deutsche Grammophon pourSon) Montant du contrat 3 millions de dollars ' Suivent desrécitals sur CD et DVD au Carnegie Hall, au Musikverem deVienne, a Pans, et aussi des concertos de Prokofiev et Bartoka\ ec Rattle et le Philharmonique de Berlin Les recompensespleuvent, jusqu'à un disque de platine pour ses concertos deMozart, aux cotes de Nikolaus Harnoncourt

E comme enfance et étudesSon tout premier souvenir "> Un dessin anime de Tom et JerryTom joue - du moins, essaie - la Rhapsodie hongroise n°2 deLiszt, maîs Jerry l'en empêche C'est le declic Lang Lang seraTom ' Sa famille a ete en partie bnsce par la Revolution culturelleSon pere joue du erhu, un instrument traditionnel II est chefd'orchestre sur une base de l'armée de l'air, et sa mere, standardiste Le pere reporte ses désirs d'accomplissement sur son fils« Devenir un pianiste professionnel, e est se sacrifier ' lui assene-t-d Celui-ci démissionne afin de gerer les débuts de sa carriere< C était une période ou lamour entre mon pere et moi cobalt trouveun moyen d'expression Cetait une entente profonde et puissantemaîs dangereuse aussi, un amour mêle dune ambition deioranteet sans merci suffisamment forte pour transformer un jeu denfanten obsession », se souvient Lang LangSon pere s'identifie a Leopold Mozart <Avec du recul, j éprouvedes sentiments assez mitigés Evidemment, j ai travaille tres durMon pere était severe, impitoyable E pensait bien faire C est l'influencede lecole russe du piano décuplée par la tradition asiatique, d autantplus exigeante qual epoque, en Chine, les familles ne pouvaient éleverqu'un enfant, un garçon de preference II ny avait donc pas de secondechance dans une societe entierement dominée par la compétitionen Chine, on ne joue pas pour partager la musique avec les autresmaîs pour dominer», poursuit Lang Lang Dans sa biographie

le pianiste décrit son emploi du temps d'enfant «5h45 reveilet pratique du piano pendant une heure École a 7 heures Dejeunera la maison quinze minutes pour manger, quarante-cinq minutespour pratiquer Apres lecole deux heures de pratique avant le dinerDiner vingt minutes durant lesquelles je pouvais regarder des dessinsanimes Deux heures de pratique apres le diner Devoirs de classe »Le pere s'installe avec son fils a Pekin Ala dureté de la vie, la pauvrete, l'msalubnte,les humiliations du professeur et la violencedu pere s ajoute I absence de la mere Unjour, celui-ci perd la raison et, apres unequerelle, il demande a son fils de se suiaderavaler des pilules ou se jeter par la fenêtre 'L enfant arrete momentanément le pianopour punir son pere, avant de reprendre la compétition, car pourentrer au Conservatoire de Pekin, la selection est impitoyable12 candidats obtiennent le sesame sul des milliers de prétendantsDevenu adulte, apres le succes des prix nationaux et internationaux, Lang Lang doit surmonter des chocs culturels et affectifsconsidérables «/avais du mal a gerer tout cela Bien sur, j'étaistres content de ce qui se produisait maîs tout était venu si vite quema tete n arrivait pas a rattraper mon cœur » A 21 ans, il donne

Lang Lang est devenuune marque de luxe. Sonnom est déposé. Ses mainsseraient assurées pour70 millions de dollars.

son premier recital au Carnegie Hall, le Graal de tout concertisteLors des < bis », il loue en duo avec son pere au erhu « Sans quej'aie rien oublie des difficultés dupasse, la nature même de ma relationavec mon pere avait change » Une forme de sagesse peut-êtreavant la réconciliation Deux civilisations - bouddhisme et chrisnanisme - se sont heurtées dans la vie du musicien Est-ilcroyant ^ II demeure en tout cas convaincu qu il existe une forcespirituelle superieure, qui se révèle par la musique

F comme fondation< J aime me rendre utile a la societe [ ] Jamais je n oubheiai dou

je viens — la pauvrete, la solitude — et je f a i s ce que je peux »,explique Lang Lang, qui cree sa propre fondation — LangLang International Music Foundation — et une ecole pourenfants en 2007 Fst-ce le souvenir des emissions pédagogiques

« Dance Project »au Theâtre desChamps Élyseesde Paris en 2013un spectacle imagineparLangLanget le chorégrapheStanton Welch

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Page de gaucheL enseignementest devenu unedes grandes passionsde LangLangqu il dispensea des jeunespianistes au semde son InternationalMusic Foundation

Page de droiteSéance de dédicacesapres un recitala Baden Badenen Allemagne

de Leonard Bernstem > Ln tout cas, I enseignement estdevenu une de ses grandes passions "fat entame une secondecarriere grace a la fondation », constate t il Un engagementqui est sincère et profond Tl lui arrive même de rechigner ainterrompre son tra\ail auprès de dizaines de petits musiciensalors qu on l'attend pour un recital ' En 2012, Lang Langinaugure un complexe artistique en Chine Dans cette mstination, les étudiants peuvent suivre des classes de maitre degrands pianistes et la pédagogie repose largement sur le multimedia La musique, e est un peu comme le sport si-vous ne faitesque regarder ce n est pas drôle ' » plaisante t il

G comme gesteLe geste est théâtral, emphatique Du coup, on I accuse d exhibitionmsme Certes, le mmimalisme n cst pas Ic fort dc Lant,Lang *f ai réfléchi pour trouver un moyen de reduire cela mai

je n y suis pas parvenu Je reste moi même Je ne peux pas change!ma maniere de jouer J ai besoin de transmettre physiquementmes sensations Croire que la musique n est qu un effort purementintellectuel est une vue de I esprit > « Quand je joue mes gestesaccompagnent mon émotion ll ny a rien d intentionnel dans cetteexpression , analyse t il, évoquant les interprètes de la musiquechinoise traditionnelle Daniel Bartnboim, lui, s en tient ises dons U joue comme un chat qui aurait 12 doigts »

H comme HorowitzLe « Grand Vladimir » fait partie, avec Arthur Rubinsteinet Glenn Gould des modeles de Lang Lang II éprouve une

fascination pour I energie, le toucher, la personnalisation desinterprétations du pianiste ukrainien « Elie soi sans travestirla musique , tel est le credo de l'artiste

I comme IvoireLn 2003, Lang Lang, qui joue plusieurs heureb par jour, travaillesur I un des pianos ayant appartenu a Vladimir Horowitz Sontoucher est particulièrement dur, I épaisseur de I ivoire ayant etefortement diminuée Un soir, il est pris d une douleur fulgurante,allant de son annulaire droit a I epaule C est le blocage tantredoute que certains jeunes virtuoses actuels connaissent parfoisComme pour les grands sportifs, il n existe qu un seul remedeIc repos total des muscles Le pianiste annule alors tous ses

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« En Chine, on ne jouepas pour partagerla musique avec les autres,mais pour dominer. »

concerts, maîs sent poindre la depression Aide par des amisaméricains, il se met a la lecture, prend le temps d'aller au cinema,s'éloigne un temps de sa drogue quotidienne du clavier De cetteexpénence, il tire profit, rompant un peu plus avec son education

J comme jazz et autres esthétiquesLe jazz, c'est une vraie passion chez Lang Lang, que l'on retrouved'ailleurs chez bien des pianistes classiques, de plus en plusdécomplexes devant l'improvisation « [Ces dermers]fonf de laresistance quand on leur dit d'oubhei la partition et de se "lâcher"ils n'arrivent pas a imaginer la musique en dehors de leur piano »,note-t-il. Lang Lang se pro-duit en duo avec Herbie Han-cock Etonnante rencontreque celle d'un jeune interprèteque rien n'effarouche et d'unmaître du jazz de 76 ans, quis'avoue terrorise a l'idée de lireune partition ' En 2014, Lang Lang récidive, lors dc la cérémoniedes 56e Grammy Awards, avec le groupe americain de heavymetal Metallica Ils jouent ensemble le titre « One » Décoiffant '

K comme kaléidoscopeLang Lang fait partie des surdoues instinctifs Supérieurementmusicien, il résout les questions de styles par lui-même Pourlui, le style ne s'apprend pas, il s'acquiert naturellement « EnRussie, il est probable que f aurais du apprendre tout RachmamnovMaîs, au Curtis Institute, on ne rn 'apas impose l'étude du répertoireallemand ou français ' // rn 'arrivait de confondre les, compositeurset les dates - voire les pays dorigine -, maîs je dévorais les partitions »II passe d'une sonate de Haydn a un prélude de Rachmamnov,changeant instantanément son jeu Son répertoire est assezproche de celui de Horowitz, car, comme lui, il néglige les inté-grales et les grands cycles II construit ses voyages musicaux enassociant les contrastes et les dynamiques les plus grandes

L comme lookLe pianiste cultive savamment l'extravagance, arrivant sur scenetout en blanc ou en jean-costume, avec une coiffure tres étudiéeII saisit le micro et annonce, avec des digressions franchementdrôles, ce qu'il va jouer On comprend que cette bete de scenea Failure d'ado, maîs au charisme digne d'un homme politiqueamericain, intéresse autant de marques de vêtements de luxe

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« Quand je joue,mes gestes accompagnentmon émotion. Il ny arien d'intentionneldans cette expression. »

M comme médiatiqueLes documentaires ou plus encore les emissions dédies a LangLang sont legion Le pianiste ipparait dans le tres scneux Pianomamade Robert Obis et Lilian Franc k et dans un episode de la deuxiemesaison de la serie Mozart in the Jungle II joue aussi certaines piecespour piano de li bande originale du film Le Voile des illusionscomposee par Alexandre Desplat, qui remporte un Golden Globe,et interprète celle du jeu video Gram Turismo 5Lang Lang est le « client » reve de la presse non spécialisée En2009 il fait partie, selon le magazine Time, des IOU personnalitésles plus influentes dans le monde Sur le reseau social chinoisWeibo, il est observe par plusieurs dizaines de millions de « foi

lowers » Ce qui semble logique dans lamesure ou ses compatriotes (dont unemajorité de jeunes filles) lui \ ouent un ventable culte Le lendemain de son passagea la television apres la cercmonie d ouvcrture des Jeux Olympiques, les ecoles demusique chinoises auraient recueilli plusde 40 millions de demandes d'inscription

Chiffre insensé maîs a I échelle de la Chine crédiblePourtant, e est grace au sport, et non a la musique, que LangLang a gagne ses galons de superstar internationale II est surle terrain pendant la cérémonie d ouverture dc la Coupe duMonde de football en 2006 Puis, deux ans plus tard, lors detelle denjeux Olympiques de Pekin, sa prestation est regardéepar deux milliards de personnes ' Sans oublier les Championnats du Monde d'athlétisme, en 2015, toujours a Pekin«Je nal jamais pense etre une pop star et je ne suis pas un adepte

du cross-over Je reste un artiste du classique En revanche j acceptebien volontiers de profiter de ma notoriété pour promouvoirla musique classique auprès des jeunes >, déclare t ilMaîs revenons dans les salles de concert Pour le 200e- anniversairede la naissance de Liszt, Lang Lang joue avec I Orchestre de Phila-delphie dmge par Charles Dutoit Le recital est retransmis en directdans 500 salles aux Ltats Unis et en Lurope ll est enfin, I un despremiers invites de la toute nouvelle Philharmonie de Pins <Aucours de la répétition generale^ ttais accompagne par le bruit des ouvrierset des eclairagistes Apparemment je ne les dérangeais pas Je peuxvraiment dire que] ai participe a I inauguration ' » Une médiatisationa outrance qui fâche les ames sensibles Je rn aperçus, non sam amu-sement que les a itiques étaient pam quelque chose dans les propositionsd'engagement qui affluaient Ellesfaisaient de moi un personnage contro-verse et la controverse, comme vous le savez, fait vendre >, iromse-t-il

N comme naissanceLang Lang naît le 14 juin 1982 a Shenyang, dans le dortoir d unbaraquement de l'armée chinoise Son nom, Lang, signifie « lumiere »et < soleil >, et son prénom, Lang, « gentleman cultive » La premierefois que le pianiste se présenta a h porte des artistes du MusikvereinJe Vienne, l'appanteur lui demanda comment il s'appelait pourle laisser passer Ayant entendu « Lang Lang », il lui répondit sèche-ment «favais compris ce n est pas la peine de le repeter '

O comme orchestreComme nous I avons déjà vu, Lang Lang entretient une relationspeciale avec les chefs d orchestre Ils ont construit sa carriere ctdeux d entre eux ont ete ses mentors Christoph Eschenbach

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•t Daniel Barenboim Le pianiste cherche avant tout le contactdes maîtres et ne se pose guère la notion de tradition avec les for-mations qui l'accompagnent « Avec Paavo Jarvi et /Orchestre dePam, nous avons merveilleusement enregistre les Concertos pour pianon°l et n°4 de Beethoven Les onhestres s adaptent a tous les répertoiresf ai joue a de nombreuses reprises allee le Philharmonique de Vienne,notamment sous les baguettes de Zubin Mehta, Valery Gergiev etNikolaus Hamoncourt avec lesquelsj ai d ailleurs enregistre A chaquefou, ce fut une experience unique, presque un orchestre différent 'Je pourrais aussi vous parler de Simon Hattie a Berlin de Yannick

Nezet-Seguin a Philadelphie », relate-t-ilII a vécu l'une de ses plus belles rencontresavec Nikolaus Harnoncourt qui nous arécemment quittes « Hamoncourt rn ajas-cine Vous êtes devant un musicien issu dela grande tradition viennoise, un artisted'une expérience et d'une culture extra-ordinaires En vente, il est plus en avanceque la plupart des jeunes musiciens queje connais II est d'une curiosité insatiable et

il tente des choses que I on n a jamais entendues auparavant C'était tresdéroutant déjouer avec ce vieux gentleman autrichien qui me mettaitdans un etat de recherche permanent Le plus étonnant, cest que soussa baguette I orchestre changeait instantanément de personnalité »

P comme partitionsCours, classes de maître, fondation Maîs aussi pédagogieLa Lang Lang Acadeni) en cinq volumes est récemment parue

« II f dut qu'il deviennele pianiste numéro un detoute la Chine et, ensuite,du monde entier. Cela vousparaît-il possible ?»

Le père de Lang Lang

chez Faber Music <Je voulais realiser une methode qui ne soitpas celle d'un enseignant, maîs d un artiste qui se produit sur sceneet veut livrer son experience Mon message est tres concret et s interesseavant tout au jeu et moins a l'étude proprement dite >

P comme prixLang Lang remporte un premier prix a seulement 6 ans Troisans plus tard, il est vainqueur du Concours Xingsai a Pekin En1993, c'est le Concours international déjeunes pianistes a Ettlingen,en Allemagne, qui le distingue II s'agit de son premier voyageen Europe déterminant pour sa carriere a venir alors qu'il n'abénéficie d'aucune bourse, car il n'est pas un musicien « officiel »chinois En 1995, e est avec le « bon » visa qu'il gagne, au Japon,le Concours Tchaikovski pour les jeunes musiciens II a soif d'êtrele « premier », pousse par son pere Aux Etats Unis, pendantses premieres annees d'études au Curtis Institute, il cherchedes cachets, sans pouvoir passer de nouveaux concours Alors qu'ilse produit déjà avec les plus grands orchestres américains, la pressede son pa\s le méprise ouvertement, car un artiste d'une envergureinternationale doit avoir obtenu les plus grandes distinctions

Q comme Queen Elisabeth IILang Lang a rencontre la reine d Angleterre a deux reprises,notamment lors de son jubile de diamant, a Buokingham PalaceII a aussi joue en prive pour Barack Obima a la Maison-Blancheapres avoir donne des recital;, devant les présidents Bush (Sr etJr ) et Clinton Ajoutons Poutine et le president chinois Hu JintaoNulle trace, en revanche d'une visite au pape François

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R comme Révolution culturelleTous les musiciens chinois ont ete eux-mêmes ou dans leursfamilles profondement marques par la Revolution culturelle« Mes parents avaient vu leurs propres reves artistiques brises etj 'avais,d'une certaine façon, la charge d'assumer ces reves dans la famille del'enfant unique Durant cette période, jouer du piano était interditOu, plus exactement, il et aii interdit déjouer de la musique occidentale >,se rappelle Lang Lang Encore aujourd'hui, le piano est, avec lesport, le seul moyen de faire sortir de l'anonymat des enfantsdoues D'où l'interrogation surréaliste du pere au premier professeurde piano de Lang Lang - elle-même ancienne déportée dansles rizières « II faut qu'il devienne le pianiste numero un de toutela Chine et, ensuite, du monde entier Cela vous paraît-il possible ? »

S comme sexeLang Lang le dit nettement, le vocabulaire utilise par les jeunesAméricains l'a interpelle - lui qui eut tant de peine a apprendrel'anglais Les series Frunds et Six and the City firent presqueautant son apprentissage de la langue que ses premiers flirts,ce qu il avoue sans fard et avec humour «fêtais choque d'entendredes femmes parler de sexe aussi librement et jy gagnais une motivationsupplementaire pour apprendre I anglais » « Mes relations avecles filles étaient en progres [ ] Elles étaient une merveilleuse diver-sion Sije tombais a Los Angeles sur une qui me plaisait, j'avais apeine le temps de faire sa connaissance qu 'il me fallait déjà repartir »,ajoute-t-il Et aujourd'hui ' < Bien sur, je veux i encontrer la femmede ma -Lie et avon des enfants J'ai un besoin vital d'ancrage familialSi je jouais moins, cela pourrait etre possible Cela viendra »

T comme travail« Je travaille deux heures par jour au piano Pas davantage Enfant,

je passais de six a huit heures devant le clavier parce quej avais besoind'acquérir la technique la plus sure fai toujow s plusieurs partitions adetude Je passe de Tune a l'autre J'évite ainsi de me lasser et j'ai le tempsde laisser mûrir chaque piece Toucher le piano n 'estpas la seule manierect apprendre la musique Je consacre beaucoup de temps a lire des partitions,a les analyser, a les décortiquer La compréhension duphrase, de f harmonie,du contrepoint est essentielle Pour jouer un concerto, j'apprends aussila partition d'orchestre Connaissant toutes les entrées des pupitres, "j'inter-pelle" plus facilement les solistes et je joue avec le son de leurs instruments »Comment aborde-t-il pour la première fois une nouvelle œuvre '<Je la joue tout d'abord en entier J'en isole les grandes p'at fies, les phrasesdominantes, les respirations essentielles C'est un peu comme lireun roman On n assimile les atmospheres que progressivement Je notetres peu de doigtes lh me viennent assez naturellement lis correspondenta mapiopre logique et me posent rarement de véritables problèmesLe doigte est subordonne a la technique Si vous dominez toutes les dif-ficultés techniques, le problème des doigtes ne se pose pas Cela étant,certains compositews sont plus délicats a travailler que d'autres Je pensenotamment a Beethoven, Chopin et Schumann »

U comme USAC est le pere de Lang Lang qui décide qu'il suivra des etudes auxÉtats-Unis, et non en Europe, car il y est plus facade de se lancerdans une carriere de concertiste Lang Lang a 14 ans et il joue auSteinway Hall La critique s'émerveille II cherche une bourse afinde poursuivre son cursus, maîs aussi parce qu'il est descolanse GaryGraffman I entend sur cassette La premiere rencontre est un coup

de foudie le celebie piofesseui I accueille en parlant lt mandarinEntre 1997 et 2002, Lang Lang travaille au Curtis Insntute de Philadelphie auprès du pédagogue, qui instruira bien d'autres élevésdont Yuja Wang «Je n 'avais que 14 ans et une fondation a paye lheber-gement de mon pere qui m accompagnait Dans mon appartement,je disposais comme tous les autres élevés dun piano pour moi tout seul etmes depenses coulantes étaient payées Vous connaissez beaucoup d'écolesqui offrent de tels services ?fai conscience d'être arrive a une période tresprivilégiée Le contexte economique est différent aujourd'hui «Ils'cloigncprogressivement de son pere, gagne en autonomie, refuse touteforme de contrainte Son rêve devenir le Tiger Woods du piano '

V comme Versailles«Je suis tombe sous le charme du chateau de Versailles quej ai découvertpam la premiere fois il y a six ans, entant que touriste», se remémoreLang Lang Le pianiste cst devenu ambassadeur « informel » Pasde label ni de transactions financieres, maîs une collaboration quipasse notamment par une promotion sur les reseaux sociauxLe château a ouvert un compte sur WeChat, le premier reseausocial chinois Une information relayée par Lang Lang

W comme Wolfgang Amadeus Mozart«fêtais terrifie a I idée déjouer du Mozart », confesse Lang LangC'est grâce a Nikolaus Harnoncourt- on ne peut guère imagi-ner duo plus improbable entre le pape du renouveau baroqueet le pianiste chinois - qu il a enregistre deux concertos ducompositeur parus chez Sony

Z comme ZhaoLe premier professeur de Lang Lang au Conservatoire de Pekin,Zhao, lui permet de « respirer naturellement et de lâcher pi isc »L'adolescent sort petit a petit de son obsession d'être le numeroun II quittera son mentor apres une dispute entre celui-ci et sonpere, trop mtrusif dans l'enseignement

Stephane Fnederrch

Un certain nombre de citations sont extraites du livre Lang Lang- I e piano absolu avec Da\id Rit? aux editions JC Lattes

En 2009, Lang Langse produit en duoavec Herbie Hancockau Philharmoniquede Los Angeles

A NE PASMANQUERS JUILLET

Récital Chopindans les jardinsdu château deVersailles16 SEPTEMBRESortie de « NewYork Rhapsody »chez SonyAu programmeRhapsody rn Bluede Gershwm,version a quatremains avecHerbie Hancock,aux côtesdu LondonSymphonyOrchestra (dirJohn Axelrod),Copland,Bernstem,Mancim12 NOVEMBRETheâtre desChamps-Elysées

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