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LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE BIMESTRIEL NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2006 N° 5 P308613 Editeur responsable : Martine Van Dooren, rue des Petits Carmes 15, B-1000 Bruxelles - Bureau de dépôt Bruxelles X SERVICE PUBLIC FÉDÉRAL AFFAIRES ÉTRANGÈRES, COMMERCE EXTÉRIEUR ET COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT Les fruits de la recherche agricole

Dimension 3 n° 2006/5 (novembre-décembre 2006) · 2016. 3. 23. · DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 5/2006 Dans ce numéro L E J O U R N A L D E L A C O O

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L E J O U R N A L D E L A C O O P É R A T I O N B E L G E

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Les fruits de la recherche agricole

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Dans ce numéro

L E J O U R N A L D E L A C O O P É R AT I O N B E L G E

La recherche agricole pour le développement 3

Une recherche d’actions pour aider les 4 agro-pasteurs sahéliens à prendre leurs décisions

La Belgique et les Centres « Future Harvest » 6

Unir les forces pour aider les planteurs de bananes 8

Aider à mieux tirer profit des biotechnologies 10

Afghanistan: les semences maraîchères, 11un apport nutritionnel aux populations rurales

Pour son anniversaire, 14La coopération s’expose Rapport d’activités 2005 de la DGCD 16

EditorialL e 2 mai 2006, une journée d’étude consacrée au thème « De la terre à l’homme. La recherche agricole et la coopération au

développement » a été organisée au Sénat belge en collaboration avec le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). La présidente du sénat, Anne-Marie Lizin, y a accueilli Ian Johnson et Francisco Reifschneider, respectivement président et directeur du CGIAR. Parmi les orateurs qui ont pris la parole, figuraient: Emile Frison, le directeur de l’Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI), Benoît Dheda Djailo, le doyen de la faculté agronomique de Kisangani, Pierre Galand, le Président de la Commission spéciale Mondialisation, et Martine Van Dooren – le directeur général de la DGCD. Le panel a été suivi d’interventions énergiques de Sabine Laruelle, la ministre des Classes moyennes et de l’Agriculture, et de la sénatrice Sabine de Bethune. Une réunion des parties prenantes s’est tenue le lendemain au palais d’Egmont de Bruxelles à l’initiative de la DGCD. Plusieurs sommités belges et étrangères y ont présenté leurs activités en matière de recherche agronomique au profit du développement. Divers articles de ce numéro de Dimension 3 démontrent à quel point la recherche peut effectivement jouer un rôle majeur dans l’amélioration et l’accroissement de la production alimentaire et donc de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté. Les fruits de la recherche agricole bénéficient non seulement aux régions à problèmes « classiques » comme l’Afrique, mais aussi aux régions ravagées par les guerres comme l’Afghanistan. La coopération au développement belge y a, conjointement avec d’autres pays donateurs, financé la distribution de 67.5000 kits agricoles (semences et matériel) destinés à aider les réfugiés de retour dans leur région d’origine à relancer leur approvisionnement alimentaire. n

La rédaction

Photo de couverture : © OMS/P. Virot

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Les fruits de la recherche agricole

La croissance économique dans les pays en dévelop-pement dépend largement de l’essor de l’agriculture, qui y représente entre 20 et 70% du PNB. De plus, les populations les plus démunies vivent généralement dans les régions agricoles.

Or, la plupart de ces régions sont sensibles aux phénomènes natu-rels tels que le changement climatique, la désertification, les inon-dations, etc. On constate en outre que 90% de la consommation d’eau dans les pays en développement est destinée à l’agriculture. L’impact écologique de la production animale et les nouvelles méthodes de pêche continuent par ailleurs aussi d’y croître. Et si, aujourd’hui, la production alimentaire mondiale suffit à nourrir la population mondiale, on s’attend d’ici 2050 à un doublement de la demande alimentaire. Celui-ci s’accompagnera en outre d’une demande croissante de produits non alimentaires tels que les cultu-res industrielles, le carburant biologique, etc.

Ce bref aperçu démontre combien la recherche agricole s’avérera à l’avenir indispensable au développement. Elle devra ce faisant viser une productivité supérieure mais aussi la préservation des valeurs écologiques des systèmes de production.

La Belgique a pour sa part participé dès le début (1971) au Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale – le CGIAR (Consultative Group on International Agricultural Research – www.cgiar.org). Ce « Groupe » compte actuellement 64 membres, dont 25 pays en développement. Il se compose de 15 centres appelés « Future Harvest Centers », qui sont répartis sur 100 pays et emploient 8000 scientifiques. L’objectif principal du CGIAR consiste à organi-ser la recherche agricole en vue de la lutte contre la pauvreté en préservant la sécurité alimentaire dans les pays les plus démunis et en assurant la bonne gestion des ressources environnementales. Les moyens mis en oeuvre pour y parvenir sont le transfert des connais-sances et des technologies, l’utilisation optimale des scientifiques locaux et l’apport de moyens financiers. Pour 2006, les contributions volontaires au CGIAR ont été estimées à 460 millions de US$.

L’apport belge annuel moyen se monte, pour la période 2004-2007, à environ 5,8 millions d’euros. A ceci s’ajoutent les efforts constants déployés par les universités et les instituts scientifiques belges à travers leur participation aux programmes en cours dans plusieurs centres CGIAR. n

Patrick HolleboschCoopération avec les Fonds et Programmes sectoriels, DGCD

La recherche agricole pour le développement

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La Journée mondiale de l’Alimentation 2006 incite à investir plus dans l’agriculture pour la sécurité alimentaire. Sur 850 millions de personnes qui souffrent de la faim, il y en a 600 millions qui travaillent dans l’agriculture.

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Les fruits de la recherche agricole

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Le CGIAR et les Objectifs de développement du millénaire

P armi les huit Objectifs du Millénaire établis par les États Membres des Nations Unies, l’Objectif 1 est d’éliminer la pauvreté et la faim1. Les pays du Sahel et plus géné-

ralement, des tropiques semi-arides d’Afrique de l’Ouest se voient malheureusement classés, suivant l’indicateur de déve-loppement humain du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), aux dernières places mondiales2. Les

causes sont multiples et complexes mais il est globalement admis que le développement durable de leur agriculture est une condition sine qua non et une étape nécessaire à leur dévelop-pement humain3. Avec une population de plus de 100 millions d’habitants, dont plus de 80% vivent directement de l’agricul-ture, les tropiques semi-arides d’Afrique de l’Ouest font face à un fameux défi pour réduire la pauvreté.

1 Voir http://www.un.org/french/millenniumgoals/2 Le Mali, le Burkina-Faso et le Niger étant, en 2005, respectivement 174, 175, et 177ème sur 177 pays. Voir http://hdr.undp.org/reports/global/2005/3 Ce rôle clef de l’agriculture est également clairement reconnu dans les stratégies de réduction de la pauvreté élaborées ces dernières années par les pays d’Afrique de l’Ouest. 4 International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics. Institut membre du groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR).

Depuis déjà plus de trois décennies, le CGIAR s’emploie à réduire la pauvreté, à accroître la sécurité alimentaire et à préserver la base des ressources naturelles. ses 15 centres mènent des recherches visant à générer la science et les technologies susceptibles de permettre des avancées vers chacun des ODm, et en particulier ceux liés à:

• la pauvreté rurale (Objectif 1, cible 1) • la faim (Objectif 1, cible 2) • la santé (Objectifs 4, 5, et 6) • et l’environnement (Objectif 7).

Le CGIAR fait lui-même office de modèle pour l’Ob-jectif 8 : mettre en place un partenariat mon-dial pour le développement. Les autres ODm rela-tifs à l’éducation (Objectif 2) et à l’égalité de genre et à l’autonomisation des femmes (Objectif 3) profitent clairement des contributions indirectes de l’amé-lioration de la productivité agricole à la génération de revenus et à la sécurité alimentaire des ménages, en parti-culier celles visant les femmes.

Une recherche d’actions pour aider les agro-pasteurs sahéliens à prendre leurs décisions

Niger : photographie aérienne du village de Bagoua (Fakara) en fin de saison des pluies. Un fort gradient de fertilitié est visible dans les champs de mil avec une meilleure croissance aux abords du village. ©

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Les fruits de la recherche agricole

Produire mieux et plus dans un environnement difficile La recherche agronomique devrait guider le développement mais au Sahel, comme pour l’ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne, elle a eu jusqu’à présent un impact bien inférieur à celui espéré.

C’est dans ce contexte que la Direction générale de la Coopération au Développement a décidé de financer un projet de recherche au Sahel pour renforcer la dynamique d’échange et de collaboration entre acteurs. Ce projet de 5 ans, initié en 2003, est intitulé ‘Amélioration des conditions de vie des producteurs sahé-liens à travers la mise en œuvre d’outils bio-économiques d’aide à la décision’ et est coordonné par l’ICRISAT4. L’objectif spécifique du projet est l’aide à la prise de déci-sion des producteurs grâce à la mise à dispo-sition d’informations pertinentes, intégrées et adaptées à l’environnement bio-physique et économique à différentes échelles. L’hypothèse sous-tendant le travail étant qu’une amélioration de la qualité, de la diversité, de la pertinence de l’infor-mation accessible devrait permettre des décisions positives, c’est à dire des décisions qui améliorent les conditions de vie des producteurs et de membres de leur famille.

Le choix du projet a été de suivre une approche terroir et de sélectionner, au départ, trois sites contrastés de la zone agropastorale du Niger où les différents partenaires avaient déjà des activités de développement rural. Ces trois sites d’une superficie de 500 km2, situés à l’est de Niamey, au sud de Maradi et au nord-est de Zinder, diffèrent par leur pluviosité annuelle, leur potentialité agricole, leur densité de population et leur accès aux marchés. Une caractérisation générale des sites et des enquêtes sur les ménages ont été

réalisées et un protocole de suivi régulier des prix sur les marchés locaux mis en place. Sur chaque site, une station agro-climatique automatique ainsi qu’un réseau de 60 pluviomètres sont également fonctionnels.

Le projet comprend deux grands volets d’activités. Le premier volet est axé sur une meilleure compréhension des processus bio-économiques complexes des systèmes agraires. Ce travail de recherche conjointement mené par l’Université Catholique de Louvain, l’ILRI5 et l’ICRISAT est fortement appuyé par trois recherches doctorales.

Un travail complémentaire de modélisation est réalisé par l’ILRI avec la validation du modèle bio-économique IMPACT qui permet d’intégrer les productions animales et végétales à l’échelle de l’ex-ploitation agricole. Une série d’enquêtes de terrain (ILRI/CIRAD) sont également en cours pour évaluer les paramètres reproduc-tifs des bovins, ovins, caprins dans des conditions diverses.

Le deuxième volet du projet, suivant le principe de recherche-action couvre les approches de recherche participative et la gestion de l’information par les communautés rurales.

La mise en place de champs d’apprentissage dans les trois sites, avec comme leaders les fédérations Mooriben et FUMA pour le projet de la FAO, a permis de travailler avec les producteurs sur

des problématiques qu’ils ont identifiées.

Partant du constat que l’information circulait relative-ment mal dans les systèmes ruraux et grâce à l’appui

de l’African Centre of Meteorological Application for Development (ACMAD), le projet a dès sa

première année permis aux communautés des trois sites de s’équiper de radios rura-

les. Ces radios, rapidement appropriées par les communautés, ont un rayon

d’émission de plus de 20 km. Le contenu éditorial des ces radios est composé d’informations locales, générales, techniques ou non.

Ce projet a donné les moyens finan-ciers et le cadre institutionnel à onze

partenaires de créer et renforcer des synergies. Il démontre le potentiel de cette approche. Une telle intégration n’est pas toujours chose aisée mais au cours des trois premières années, la dynamique créée a permis à chacun de se rendre compte de l’importance de l’autre, de mieux appréhender la complexité de la problématique du développement rural et d’enrichir son travail par un échange fructueux avec les partenaires. n

Bruno Gérard,Environmental sciences and Land Use Planning

Université Catholique de Louvain5 International Livestock Research Institute

Production de semences d’arachide en contre-saison par les femmes de Dantiondou (région de la capitale Niamey). ©

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Studio d’émission de la radio rurale de Gabi. En plus de l’information technique, l’information sociale et les messages personnels sont également fort appréciés par la communauté.

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Les fruits de la recherche agricole

La Belgique et les Centres « Future Harvest »une base de données spatiale qui amalgamera les informations sur les marchés aux données concernant le climat et les sols.

Nouvelles technologies Les scientifiques belges ont développé, en pionniers, la méthode de transformation des plantes la plus communément utilisée aujourd’hui, à savoir le système Agrobacterium tumefaciens, aussi connu sous le nom d’agroinfection. Au début des années 1990, le Centre international de la pomme de terre (CIP) a eu recours à cette technologie, avec le soutien de la coopération belge au développement, pour développer une série de variétés de pommes de terre résistantes aux parasites. Depuis, le CIP a cultivé et distribué avec succès différentes variétés de pommes de terre résistantes à la teigne. Les nouvelles variétés améliorées ont été distribuées auprès des agriculteurs aux quatre coins de l’Afrique, y compris au Rwanda, au Burundi, en Ouganda et au Congo en Afrique centrale, et en Egypte, en Tunisie et au Maroc en Afrique du Nord.

L’initiative a remporté un tel succès que la technologie est maintenant aussi appliquée à la patate douce. Avec le soutien belge, le CIP déve-loppe actuellement des variétés de patates douces résistantes aux charançons et aux virus. Ces parasites représentent non moins de 50 à 100% des pertes des agriculteurs, les plus démunis d’entre eux étant les plus durement touchés. Les nouvelles variétés amélioreront non seulement le rendement agricole et la sécurité alimentaire, mais contribueront aussi au déploiement de variétés riches en carotène comme la patate douce. Ainsi, la patate douce à chair orange pourrait, d’après les estimations, protéger jusqu’à 50 millions d’enfants africains des graves conséquences de la déficience en vitamine A.

Partenariats La Belgique soutient le projet CEALCA qui réunit 3 centres Future Harvest (l’IPGRI, l’Institut international d’agriculture tropicale, l’IITA, et le Centre international d’agriculture tropicale, le CIAT) avec des par-tenaires tels que la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi. But: améliorer la conservation et l’utilisation de la diversité des bananes en Afrique centrale.

Foresterie Il faut s’attendre à ce que le changement climatique modifie les condi-tions de vie des arbres forestiers dans le monde entier, et les expose à toute une série de nouveaux parasites et de nouvelles maladies. Avec le soutien de la CE, le Centre pour la recherche forestière internatio-nale (CIFOR) a lancé un projet axé sur le changement climatique et ses conséquences pour les forêts tropicales. Son objectif est d’évaluer et de trouver des solutions à la vulnérabilité des forêts face au chan-gement climatique et de développer des stratégies d’adaptation orien-

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Membre fondateur du Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (CGIAR), la Belgique a longtemps soutenu les efforts des Centres « Future Harvest » dans

la lutte contre la faim et la pauvreté par la recherche scientifique nova-trice. En 1980, elle a décerné aux Centres le prestigieux Prix interna-tional Roi Baudouin pour le développement pour leur « contribution à l’amélioration qualitative et quantitative de la production alimentaire dans le monde ». Ces fonds ont permis au CGIAR de créer son propre prix biennal Roi Baudouin destiné à récompenser les excellents travaux de recherche agricole menés par ces Centres. Les paragraphes suivants présentent quelques-uns des projets actuellement mis en oeuvre par les Centres « Future Harvest » avec le soutien belge.

Outils décisionnels Confrontés au changement climatique et à une croissance rapide de la population, les agriculteurs du Sahel se battent pour améliorer dura-blement leur production végétale et animale. Avec le soutien de la coopération belge au développement, l’ICRISAT (l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tro-

picales semi-arides) développe des outils d’aide à la décision à partir des informations et technologies existantes, y com-

pris les fertilisants organiques et inorganiques, les techni-ques de gestion d’eau et la recherche socio-économique.

Ces outils permettront aux agriculteurs de choisir les meilleures technologies pour améliorer la production. En ce qui concerne l’importante question de l’accès

aux marchés, le projet est en train de développer

Ces femmes du Bangladesh élèvent des poules grâce à un crédit concessionnel de COGENT (Coconut Genetic Resources Network). COGENT assure aussi la formation nécessaire pour leur permettre de diversifier la production et de se créer des revenus. L’élevage de poules rapporte aux familles environ 26 dollars par mois.

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Les fruits de la recherche agricole

tées vers la mise en place de politiques pour s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité. Le projet est actuellement mis en oeuvre au Ghana, au Mali et au Burkina Faso ainsi qu’en Amérique centrale et en Asie.

ElevageUn projet de l’ILRI, soutenu par la Belgique, étudie l’arbitrage entre l’atténuation de la pauvreté et la conservation de la faune au Kenya et en Tanzanie, en vue de développer les options politiques les plus appropriées aux terres pastorales. L’ILRI a récemment aussi conclu un nouveau partenariat avec Vétérinaires Sans Frontières - Belgique, qui tablera sur les synergies existantes pour renforcer les activités de recherche et de développement en matière de santé et de production animale.

MusaDe toutes les cultures, celle de la banane est sans conteste le domaine dans lequel la Belgique a le plus fortement contribué à la recherche agricole internationale. Notre pays a en effet étroitement collaboré avec le Réseau international pour l’amélioration de la banane et de la banane plantain (INIBAP) au cours de ces 20 dernières années. Il a été associé à la création de l’INIBAP dans les années 1980 et reste à ce jour son principal soutien financier. La plus vaste collection au monde de bananes est soigneusement abritée dans des tubes à essai de la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven). L’INIBAP gère cette collection qui compte plus de 1100 obtentions ainsi que le programme de recherche afférent qui a à son actif la plupart des découvertes récentes en matière de conservation des bananes. Grâce au soutien à long terme de son gouvernement, la Belgique est reconnue dans le monde comme leader dans la recherche sur la banane (voir aussi l’article suivant).

Une convention récemment signée entre l’IPGRI et la Katholieke Universiteit de Leuven contribuera à protéger l’avenir des plantes à reproduction végétative. Les agriculteurs des régions tropicales dépen-dent de cultures telles que le taro, la cassave et la banane, qui sont multipliées par bouturage. Ces types de plantes posent souvent des problèmes de conservation et de manipulation aux phytogénéticiens,

Grâce à la technologie belge, le CIP a créé des patates douces riches en carotène pour les agriculteurs. L’étape suivante consiste à conscientiser la population aux qualités nutritionnelles de ces fruits.

L’ILRI et Vétérinaires sans Frontières-Belgique collaborent au Kenya dans le domaine de la recherche et de l’amélioration de la production et de la santé animale.

Les fruits et légumes indigènes peuvent apporter une solution à quantité de problèmes alimentaires et sanitaires. Le « mitoo » (Crotalaria brevidens) par exemple est extrêmement nourrissant. Il contient de grandes quantités d’acide folique, de fer, de calcium et de magnésium.

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problèmes que les recherches à la K.U. Leuven ont aidé à surmonter. La convention fait de la K.U Leuven un Centre d’excellence mondial en cryobiologie végétale.

RizAvec le soutien de la Belgique, les scientifiques du Centre du riz pour l’Afrique (WARDA) collaborent avec des programmes nationaux et des ONG en vue d’aider à rétablir la production rizicole dans les pays d’Afrique centrale ravagés par la guerre: la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et le Burundi.

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Les fruits de la recherche agricole

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Unir les forces pour aider les planteurs de bananes

Le lien entre la Belgique et la banane s’est renforcé avec la création du « Consortium for Improving Agriculture-based Livelihoods in Central Africa » (CIALCA). Composé

de trois instituts de recherche internationaux, de services de recherche agricole locaux, d’ONG et de partenaires du secteur privé, ce consortium surveillera la mise en oeuvre de trois projets financés par la Direction générale de la coopération au développement. Ceux-ci ont pour objectif d’aider les planteurs de bananes et de plantains dans la région des Grands Lacs d’Afrique à inverser la dégradation d’une de leurs principales cultures de base et à réhabiliter dans certaines zones le secteur bananier après des années de guerre civile. Les bananes et les plantains sont une importante source d’ali-mentation et de revenus pour toutes les populations rurales des régions tropicales humides, mais surtout pour celles d’Afrique centrale et orientale. La région des Grands Lacs, en particulier, est la région la plus peuplée (plus de 250 personnes par km2) et la région agricole la plus intensément cultivée d’Afrique. Les bananiers y couvrent près d’un quart de la superficie cultivée. Dans le passé, les plantations de bananes ne devaient être replantées qu’au bout de bien des décennies. Et lorsque cer-taines terres devaient être abandonnées en raison de facteurs tels qu’une accumulation de parasites, les longues périodes de jachère arbustive naturelle permettaient la régénération des éléments nutritifs des sols. Mais la pression démographique

Une partie de ce projet a consisté en un dévelop-pement des capacités et une formation, destinés à améliorer les compétences des scientifiques nationaux en matière de production de semences et de sélection de variétés végétales. Le WARDA

a aussi introduit de nouvelles technologies pour les variétés NERICA (Nouveau riz pour l’Afrique) éga-

lement développées par le WARDA. Dans la province de l’Equateur en RDC, les travaux du WARDA ont déjà donné lieu à des résultats positifs. Ainsi, les chercheurs ont identifié différentes variétés NERICA qui donnent de bons rendements dans les rizières pluviales en République démocrati-que du Congo.

ConclusionAu cours de ces 35 dernières années,

le CGIAR a sensiblement progressé,

avec le soutien belge, dans sa mission de mobilisation de la science au profit des pauvres. Cependant les problèmes de la pauvreté et de la faim sont non seulement complexes mais ils posent aussi d’énor-mes défis, du fait de leur corrélation avec l’instabilité géopolitique et environnementale et d’autres facteurs largement indépendants de la volonté des Centres. Il ne saurait donc être question de relâcher la vigilance. Ces dix dernières années, la contribution de la Belgique au CGIAR n’a pas augmenté, alors que son budget général d’aide au développement a quasiment doublé dans la même période, de même que le budget général du CGIAR. Nous espérons que le regain d’intérêt manifesté par les décideurs politiques mondiaux envers la recherche agricole incitera la Belgique à accroître sensiblement son soutien aux Centres, de manière à leur permettre de continuer à relever les défis, en recourant à une science novatrice et de pointe, pour le bien-être de l’humanité tout entière. n

Emile Frison, Directeur général,

Institut international des ressources phytogénétiques

croissante a réduit la disponibilité des terres, au point que les jachères ne sont plus suffisamment longues pour permettre aux sols de se régénérer, ce qui entraîne des conséquences néga-tives sur le rendement. Les périodes prolongées de conflit au Burundi, au Rwanda et en République démocratique du Congo (RD Congo) ont aussi eu des effets dévastateurs sur la produc-tion alimentaire.

Un marché aux bananes au Cameroun. Dans la cuisine africaine, la banane est aussi importante que la pomme de terre chez nous.

Depuis qu’il s’est lancé dans la culture et la vente de légumes à feuilles traditionnels, ce paysan kenyan a pu considérablement agrandir sa ferme.

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Les fruits de la recherche agricole

Au cours de cette période, les bananes et les plantains ont joué un rôle vital dans la sécurité alimentaire et ce, en dépit de longues périodes de négligence. Une part importante de l’infras-tructure à la base de la production et de la commercialisation de ces produits agricoles et d’autres a toutefois été disloquée, et la base de connaissances émergente dans le domaine du déve-loppement agricole dispersée. Dans ces zones, ainsi que dans les autres zones couvertes par les projets, le défi consistera à utiliser les forces du marché pour assurer la durabilité des changements.Les instituts internationaux de recherche bénéficiant du soutien de la Belgique sont: le Réseau international pour l’amélioration de la banane et de la banane plantain (INIBAP), qui renforcera les systèmes institutionnels d’identification et de prioritisation

et développera et diffusera les technologies appropriées d’amé-lioration de la productivité auprès des bénéficiaires; l’Institut de biologie et de fertilité des sols tropicaux du Centre international d’agriculture tropicale (TSBF-CIAT), qui développera une stratégie de gestion des ressources naturelles, d’amélioration de l’alimen-tation et d’accès aux marchés, en vue d’accroître la résilience des agro-écosystèmes; l’Institut international d’agriculture tropi-cale (IITA), qui développera et diffusera des technologies visant à accroître la durabilité du système de production bananière. Le soutien belge à la recherche bananière n’est pas nouveau. Le gouvernement belge a non seulement financé les activités d’amélioration des bananiers à l’IITA, il a aussi contribué à la création de l’INIBAP dans les années 1980 et reste à ce jour son principal soutien financier. La Belgique abrite aussi, à la Katholieke Universiteit Leuven, la plus vaste collection de bana-nes au monde. Cette collection, gérée par l’INIBAP, fait partie d’un réseau mondial qui veille au maintien de la diversité des cultures vivrières au profit de l’humanité et qui, depuis sa créa-tion, a expédié quelque 60.000 échantillons de bananes à 200 institutions réparties sur 88 pays. L’INIBAP prône aussi l’utili-sation de cette diversité pour améliorer les conditions de vie

Riz, froment, maïs. Ces trois céréales représentent les principales cultures vivrières dans les pays en développement. A la quatrième place suit la banane, le premier fruit au niveau mondial. Pour prévenir la destruction par les maladies de cette source alimen-taire vitale, un réseau mondial axé sur la recherche a été mis en place, comme mentionné dans les articles précédents. Pour l’Occidental moyen, la banane est un fruit sucré ordinaire qu’il ne consomme que de temps à autre, mais quatre cent millions d’habitants des pays tropicaux en mangent quotidiennement, parfois à raison de près d’un kilogramme par jour en Afrique. La culture bananière est donc particuliè-rement importante comme aliment de base pour la plupart des pays du sud. seulement 15% de la production mondiale est expor-té, le reste est cuit, rôti ou utilisé dans la préparation de la bière de banane, de biscuits ou de biscottes dans les pays producteurs mêmes. Les fibres de certaines variétés servent aussi à confectionner des tissus, des chaussures ou des paniers. Les bananes existent en toutes tailles, formes, cou-leurs et aux goûts les plus divers. Les bananes telles que nous les trouvons chez nous dans les magasins, appartiennent à deux ou trois variétés qui se culti-vent et se conservent aisément, mais qui ont moins de goût. C’est dans les pays tropicaux qu’on trouve les meilleures bananes.

et les moyens d’existence des petits planteurs de bananes et de plantains et de tous ceux qui dépendent d’eux. n

Rony swennen,Laboratory of Tropical Crop Improvement,

KU Leuven

La KU Leuven abrite la plus vaste collection de bananes au monde.

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Les fruits de la recherche agricole

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Aider à mieux tirer profit des biotechnologies

Les pays en développement devraient pouvoir tirer meilleur profit des possibilités offertes par les bio-technologies en vue de freiner la perte de biodiver-

sité agricole tout en utilisant leurs ressources génétiques de manière durable, selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Un grand nombre de ces ressources sont en péril d’extinc-tion. Les raisons sont nombreuses: citons notamment la surexploitation, le remplacement de cultures et d’espèces animales locales par des espèces non autochtones ainsi que la destruction ou la modification de l’habitat.

La nécessité de conserver les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture est d’une importance vitale. Elle a été soulignée lors de la première réunion de l’organe directeur du Traité sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (12-16 juin 2006, Madrid).

Les ressources génétiques (plantes, forêts, animaux terres-tres et marins) représentent une assurance contre de futurs changements climatiques ou d’éventuelles modifications des marchés ou de la production. Elles représentent aussi une source de matériel pour la recherche scientifique ainsi qu’un héritage historique et culturel pour l’humanité.

Une nouvelle publication de la FAO sur le rôle de la biotech-nologie pour l’exploration et la protection des ressources génétiques agricoles tente de faire la lumière sur le rôle potentiel et l’importance des outils de la biotechnologie - notamment l’utilisation des marqueurs moléculaires - dans les pays en développement.

Les biotechnologies - nouvelles ou anciennes - offrent une vaste variété d’outils pouvant servir à plusieurs usages (amé-lioration génétique, diagnostic des maladies, développement de vaccins, etc.). Elles incluent les marqueurs moléculaires, la cryopréservation et les techniques de reproduction qui peuvent être utilisées directement pour la caractérisation et/ou la conservation des ressources génétiques pour l’ali-mentation et l’agriculture.

La caractérisation des ressources génétiques va de pair avec leur conservation car elle est fondamentale aussi bien pour savoir ce que l’on veut conserver que pour choisir les ressources génétiques qui doivent être conservées, lit-on dans la publication.

L’élément humain«L’habileté à appliquer les biotechnologies dans les pays en développement est actuellement limitée à la fois par la pénurie de ressources financières, le manque de préparation de l’élément humain et la faiblesse des infrastructures», selon l’ouvrage.

Les capacités des pays en développement pourraient être renforcées grâce à une meilleure collaboration, d’une part, entre les instituts de recherche de ces pays et, d’autre part, entre les pays industriels et les pays en développement.

A cet égard, la FAO et les centres du CGIAR ainsi que les ONG et d’autres organisations peuvent jouer un rôle de coordination tout en soutenant les activités visant au ren-forcement des capacités humaines et institutionnelles. n

(Source : FAO)

Les fruits de la recherche agricole

Note de la rédaction: l’illustration ci-jointe, insérée dans Dimension 3 n°4/06 a été réalisée pour la campagne « Mondialisation et nouvelles formes de violence faites aux femmes » de l’ong belge « Le Monde selon les femmes ». Pour plus d’info http://www.mondefemmes.org/nouvelles/campraac.aspdonc

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Afghanistan

Les semences maraîchères, un apport nutritionnel aux populations rurales Suivant les Accords de Bonn pour le développement de l’Afghanistan sur cinq ans, suite à la chute des Talibans, en 2001, la Belgique a financé, en 2002, des opérations de distribution de semences maraîchères et d’outils, avec d’autres donateurs. Ce financement a permis la distribution en 2002 et 2003, à travers le programme des urgences de l’Organisation des Nations unies pour l’alimen-tation et l’agriculture (FAO), de 67 500 kits agricoles aux populations déplacées et réfugiées, de retour dans leur région ou leur pays.

L’Afghanistan n’a pas connu seulement des années terribles de guerre depuis le début des années 80, mais aussi, depuis 1999, une sécheresse prolongée sur plusieurs années. Aussi, le pays est sensible à d’autres désastres naturels tels que les inonda-

tions, les glissements de terrain, les tremblements de terre et les attaques d’insectes nuisibles. Avec un PIB annuel par habitant de 200 dollars EU, l’Afghanistan est devenu un des pays les plus pauvres de la planète. Certains chiffres montrent que 80 à 85 pour cent de la population vis avec moins d’un dollar par jour. La pauvreté est très répandue dans les zones rurales et il est important de casser ce cercle vicieux par le développement de l’agriculture. A cause de la guerre et de la sécheresse prolongée, l’agriculture a cru à moins d’un pour cent par an pendant la période 1978 à 2001, ce qui peut être comparé aux 2,2 pour cent de la période 1961-1978. Le Master Plan, développé par le Ministère de l’Agriculture afghan, espère une croissance annuelle de 5 pour cent en termes réels pour les pro-chaines années, à partir de 2006.

Les kits agricoles, distribués à 67 500 ménages, comprenaient des semences améliorées et variées de tomates, de carottes, d’oignons, ainsi que du capsicum, de l’ocra, qui étaient distribuées avec des outils tels que la bêche, la houe, l’arrosoir, la faucille et la pelle. Ces outils étaient achetés localement afin que le projet ait un impact sur l’économie locale. Ce projet de distribution de semences maraîchères et d’outils a permis d’améliorer la sécurité alimentaire des bénéficiaires, principalement des veuves, handicapés ou autres vulnérables. Ils proviennent de certaines provinces d’Afghanistan affectées non seulement par le retour des populations mais aussi par une malnutrition chronique.

Les légumes sont traditionnellement une part importante de la nourriture consommée et permettent une amélioration de la santé. Au cours des années précédant la distribution, une enquête de la FAO a permis de constater que la qualité des semences, et donc des légumes, s’est considérablement dépréciée. Dans un effort de survie

par les populations locales, les légumes ont été remplacés par des variétés sauvages qui peuvent empoisonner les consommateurs si mangés en grande quantité. Ainsi par exemple, le Latherys sativus qui

Veuve de guerre, Gul Bibi a reçu ses semences maraîchères et s’oc-cupe ici de sa parcelle d’oignons. Une famille afghane se compose généralement de plus de 10 membres.

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1 Cf Master Plan développé par le Ministère de l’Agriculture afghan en 2006.

cause la latherythis, une paralysie des membres inférieurs. Les mala-dies de la peau sont aussi une résultante fréquente de ce régime.

Le projet de distribution a permis de se concentrer sur certains besoins de certaines populations et ainsi d’assurer non seulement une diversification des aliments et donc des apports nutritionnels mais aussi l’accès à des semences améliorées devenues introuvables ou rares à l’époque.

Le projet était inclus dans un ensemble de projets qui permettaient un développement intégré du secteur de l’agriculture et répon-daient à l’appel formulé par le gouvernement afghan de transition de l’époque.

Cependant, en 2006, la malnutrition et les déficiences micro nutri-tionnelles sont encore très répandues en Afghanistan, surtout parmi

les enfants. Entre 45 et 55 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique.

La sécurité alimentaire en AfghanistanEn 2006, le Gouvernement afghan, à travers le Ministère de l’Agri-culture, préconise que la malnutrition et les déficiences micro nutritionnelles accroissent la vulnérabilité aux maladies et affecte sérieusement le développement intellectuel et la capacité de travail de l’individu. La malnutrition est l’un des obstacles au développe-ment de l’agriculture en Afghanistan et les interventions en vue de redresser la sécurité alimentaire doivent se faire dans une approche de nutrition améliorée1.

D’après les estimations du Programme alimentaire mondial (PAM) et de la FAO, quelques 35 % de la population consomme moins de 2 100 calories par personne par jour, ce qui représente une diffé-

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Une école de filles. A peine 36% de la population sait lire et écrire. En 2005, 85% des femmes étaient toujours analphabètes. Sous le régime des Talibans, même l’éducation des garçons n’était pas une priorité; quant aux filles, elles ne pouvaient tout simplement pas aller à l’école.

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Afghanistan

1 Cf Master Plan développé par le Ministère de l’Agriculture afghan en 2006.

L’ « afghanisation » des objectifs du Millénaire Suite à la guerre, l’Afghanistan n’a pas pu participer au Sommet du Millénaire de septembre 2000, à l’occasion duquel 189 Etats membres des Nations unies ont unanimement souscrit à la Déclaration du Millénaire et à ses 8 objectifs à réaliser d’ici 2015, à savoir: réduire de moitié la faim, assurer l’enseignement primaire pour tous, promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, assurer un environnement durable et mettre en place une politique commerciale mondiale équitable.

Ce n’est qu’en mars 2004 que l’Afghanistan a pu s’engager officiellement envers les objectifs du Millénaire (ODM), mais étant donné la situation pitoyable dans laquelle se trouve toujours le pays, il ne lui sera certainement pas possible de les réaliser d’ici 2015. Les guerres ont fait perdre 23 années de développement. Avec son plan de développement Vision 2020, le gouvernement afghan espère néanmoins atteindre la plupart des objectifs d’ici 2020. Voilà pourquoi on y réfère aussi comme à l’« afghanisation » des ODM. L’insécurité dans le pays demeure toutefois un problème majeur. Pourtant, il ne peut y avoir de développement sans sécurité, et, si elle ne s’accompagne pas de développement, la sécurité est vide de sens. La situation en Afghanistan en cette année 2006 peut être résumée comme suit:• aujourd’hui encore 1,5 millions de réfugiés, et ce chiffre s’accroît jour après jour en raison des récents troubles;• des millions d’Afghans n’ont pas suffisamment à manger, suite à la sécheresse, au chômage, aux bas salaires;• en dépit de la campagne « Retour à l’école » (2002-2205), la moitié des enfants ne sont pas scolarisés;• les structures médicales et sanitaires sont partout insuffisantes. Les ONG assurent 84% des soins médicaux; • un très petit nombre d’infrastructures sont restaurées ; • seule la production d’opium est en augmentation. Elle représente aujourd’hui 75% de la production mondiale et 17% du PNB. n

rence de 30 % et de 40 % en comparaison avec respectivement des pays comme le Pakistan et l’Iran. Ce ratio est même plus élevé pour les provinces afghanes de Bamiyan, Kunar, Nimroz, Paktika et Zabul.

Les trois déficiences micro nutritionnelles importantes enregistrées en Afghanistan sont les manques en fer, en vitamine A et en iode. Dans certaines régions, on a aussi noté l’apparition du scorbut, déficience en vitamine C. Non seulement les déficiences nutritionnelles développent des symptômes cliniques tels que la cécité (déficience en vitamine A) et le goitre, mais elles développent aussi une vulnérabilité générale aux maladies. L’importance d’une approche commune dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition n’est alors plus à démontrer.

L’accès des ménages à la disponibilité alimentaire est déterminé par leur propre production alimentaire et leur pouvoir d’achat. La sécu-rité alimentaire veut dire une explosion de la production agricole afin d’obtenir une disponibilité alimentaire plus grande au niveau des ménages et au niveau des marchés. n

Etienne Careme, FAO Afghanistan

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Un camp de réfugiés. Rien qu’en 2002, 2,3 millions des quelque 4 millions de réfugiés - d’après les estimations - sont rentrés chez eux. 1,8 millions d’entre eux venaient de l’étranger. Ce flux massif de personnes a encore aggravé les problèmes de pénurie de vivres et d’eau potable.

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Expo « 50/50 »

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Paroles aux jeunes« J’ai préféré le viodéomaton (NDLR : lorsque le jeune doit se mettre dans la peau du Ministre de la coopération et parler face à la caméra), mais j’espère que les messages ne resteront pas dans les archives de la DGCD, qu’ils serviront à quelque chose ! »

« Ils ont réussi à rendre des côtés très techniques abordables mais c’est parfois surchargé d’informations. »

« J’ai été très interpellé par l’explication du concept de genre »

« On a fait aussi un jeu de rôle sur comment faire ses courses. C’est intéressant, on se rend compte de son comportement. »

Pour son anniversaire, la Coopération s’expose

Soldes en ville ? Le ton est donné : confrontation des réalités du Sud et du Nord pour l’expo « 50/50 ». Le décalage invite les jeunes visiteurs à considérer les inégalités Nord /Sud, explorer les solutions, choisir des pistes d’action. « 50/50 » reflète le souhait de partager et le nombre d’années que la Belgique participe au développement des pays du Sud.

Expliquer 50 ans de coopération au déve-loppement à nos chères têtes blondes, voilà le défi qu’a lancé le Ministre de la coopération en demandant à la CTB1 (Coopération Technique Belge) d’organi-

ser l’exposition qui s’est installée à l’Espace Jacqmotte du 13 septembre au 28 octobre 2006. Pour ceux qui l’auraient ratée, voici une petite visite virtuelle.

Après les interpellations de l’entrée, le visiteur entre dans le vif du sujet. De l’assistance technique aux Objectifs du Millénaire sans oublier les Ajustements Structurels, 5 décennies d’essais, de réussites et d’erreurs sont retracées. Les grands thèmes aux noms mystérieux comme «gender», «mondialisation», «prévention des conflits», sont expliqués. Après la théorie, la pratique. Un projet concret de la coopé-ration belge est décortiqué: assainissement du canal à Ho Chi Minh Ville (Vietnam), une succès story dont nous avons déjà parlé (v. Dimension 3 n°3/2006). Enfin, la coopération prend visage humain à travers la série de portraits d’hommes et de femmes, aussi bien au Nord qu’au Sud, sur le terrain, dans les bureaux, qui œuvrent chaque jour à cette coopération.©

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Expo « 50/50 »

1 La CTB est l’agence d’exécution des projets belges de coopération. Elle est prestatai-re des projets de coopération bilatérale directe de la DGCD et met son expérience au service d’autres organisations.

2 Depuis 2006, le service volontaire offre une structure et un encadrement dans les projets CTB sur le terrain à des jeunes (+20 ans) qui veulent s’investir dans le déve-loppement pour une période de 1 à 3 ans. Voir www.btcctb.org

Pour son anniversaire, la Coopération s’expose Maintenant que l’on connaît les enjeux, si on passait à l’action ? Du simple geste de la vie quotidienne comme acheter équitable à une implication totale telle que le permet le nouveau projet de service volontaire2, des pistes sont proposées. Ce parcours exprimé à la deuxième personne du singulier donne le premier rôle au jeune visiteur. Bien compris ? Alors maintenant mets-toi dans la peau d’un ministre de la coopération, allume la caméra et explique ton programme ! n

EP Pour plus d’infos : www.expo5050.be

Pour quel public l’exposition a-t-elle été conçue ? Avez-vous rencontré ce public ?Oui, dès le départ, l’expo a été conçue pour des adolescents de 15 à 18 ans. Plus de 1.200 élèves du secondaire se sont inscrits. Nous avons eu aussi d’autres visiteurs, comme des responsables d’universités congolaises et belges, des professionnels de la coopération mais aussi de simples curieux. Nous avons également accueilli des événements : remise des « Be fair awards », des jeux éducatifs et des séances de sensibilisation, des films ou des débats d’ONG, un colloque.

Qui a « pensé » cette exposition ?Un groupe de travail composé de différents acteurs de la coopération (CTB, DGCD, ONG, Musée de Tervuren, syndicats, universités) et le recteur de l’ULB, commissaire de l’exposition, ont jeté les base de cette exposition. La CTB a fait appel à un scénographe pour le graphisme et la mise en scène de l’exposition. Les programmes de sensibilisation «Annoncer la Couleur» et «Kleur Bekennen» ont préparé un quiz pédagogique qui sert de support à la visite.

Des jeunes ont-ils rebondi sur vos propositions d’action ?Oui, en particulier sur le commerce équitable et les camps chantiers. Il y en a pas mal qui voudraient partir après leur Rhéto.

melissa Collignon, coordinatrice, répond à nos questions.

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Animation pédagogique CNCD

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CHANGEMENT D’ADRESSE / DEMANDE D’ABONNEMENT GRATUIT

Retourner le cadre dûment complété à :DGCD - Direction Programmes de Sensibilisation

Dimension �Rue des Petits Carmes, 1�1000 Bruxelles (Belgique)

® ADRESSE RECTIFIEE ® DEMANDE D’ABONNEMENT

nom, prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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rue et n°: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Éditeur responsable:Martine Van DoorenDirectrice Générale

Rédaction:DGCD - Direction Programmes de

Sensibilisationrue des Petits Carmes 15

B-1000 BruxellesTél.: 02/519 08 81 - Fax: 02/519 05 44E-mail: [email protected]

www.diplomatie.be

Rédactrice en chef:Myriam De Winter

Graphisme et production:www.inextremis.be

Les articles publiés ne représentent pas nécessairement le point de vue officiel de

la DGCD ou du gouvernement belge.La reproduction des articles est autorisée

pour autant que la source soit mentionnée et qu’une copie de la

publication soit envoyée à la rédaction.

Dimension 3 paraît 5 X par an

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Imprimé sur papier blanchi sans chlore

Périodique bimestriel de la Direction générale de la Coopération au Développement (DGCD)

L E J O U R N A L D E L A C O O P É R AT I O N B E L G E

En 2005, l’aide officielle belge au développement s’est élevée

à 1,5 milliard d’euros. Sur ce montant, 55 % ont été gérés par

la Direction Générale de la Coopération au Développement.

Dans le rapport d’activités 2005 de la DGCD, vous trou-

verez une vue d’ensemble des nombreux programmes

de développement grâce auxquels la Belgique soutient le

développement durable et contribue à l’amélioration des

conditions de vie de millions de familles, essentiellement

en Afrique. Le rapport d’activités présente également les

lignes de force de la politique belge de développement et

du contexte européen et international où évoluent les

activités de la DGCD.

Le rapport d’activités 2005 de la DGCD est disponible

gratuitement en néerlandais, en français et en anglais.

Le rapport peut être commandé via [email protected].

La version en format PDF peut être lue en la téléchargeant sur www.dgcd.be.

Rapport d’activités �00� de la DGCD