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1 Ouverture de l'année pastorale 2015-2016 DIOCESE DE BOSSANGOA ********* REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE « Eglise du Diocèse de Bossangoa, famille de Dieu, sois témoin de miséricorde et de réconciliation ». Du 30 septembre au 04 octobre 2015

DIOCESE DE BOSSANGOA€¦ · nous exhorte à contempler la grande richesse de la miséricorde : « Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre

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Ouverture de l'année pastorale

2015-2016

DIOCESE DE BOSSANGOA *********

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

« Eglise du Diocèse de Bossangoa,

famille de Dieu, sois témoin de

miséricorde et de réconciliation ».

Du 30 septembre au 04 octobre 2015

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INTRODUCTION

Du 30 septembre au 04 octobre 2015, s'est tenue à Bossangoa la session diocésaine de la rentrée pastorale 2015-2016.

Ont pris part à ces assises, les prêtres présents dans le diocèse, quelques religieuses et les laïcs. A l'issue de cette rencontre, des orientations pastorales ont été proposées pour la relance et la redynamisation de cette année pastorale 2015-2016.

MOTS D’OUVERTURE DE L’EVEQUE

Introduction En cette année pastorale, nous avons choisi comme thème : « Eglise du Diocèse de

Bossangoa, famille de Dieu, sois témoin de miséricorde et de réconciliation ». Dans la perspective du témoignage évangélique et de la maturité de notre foi en Jésus-

Christ, nous prolongeons cette année notre réflexion dans le domaine de la miséricorde et de la réconciliation. Ce choix répond à une double préoccupation pastorale.

I. L’année de la divine miséricorde

Le Pape François a annoncé l’ouverture du Jubilé de la divine Miséricorde qui commencera le 8 décembre 2015 en la solennité de l’Immaculée Conception. Nous aurons le privilège de vivre par anticipation ce grand événement en Centrafrique lors de la visite pastorale du Saint Père. En effet il procèdera à l’ouverture exceptionnelle de la porte sainte en la Cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception de Bangui le dimanche 29 novembre 2015.

Le Saint Père veut faire de ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde « un temps favorable pour l’Eglise, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace » (MV n° 3). Temps favorable ou temps de grâce pour la crédibilité de notre témoignage de foi, tel est l’objectif que le Saint Père à assigner à ce jubilé. C’est donc une opportunité offerte à chaque croyant d’évaluer, de manière concrète la qualité, la force, l’efficacité et la pertinence de son témoignage. Chacun est appelé à se poser les questions essentielles : quel croyant suis-je par rapport aux exigences de témoigner avec enthousiasme et conviction de ma foi et de me sentir « responsable d’être dans le monde le signe vivant de l’amour du Père » (MV n° 4) ?

Au-delà du témoignage que nous sommes appelés à rendre de notre foi, le Saint Père nous exhorte à contempler la grande richesse de la miséricorde : « Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché » (MV n° 2). Dans cette perspective, la miséricorde implique la pleine réalisation du croyant en Dieu qui vient à sa rencontre en son Fils Jésus-Christ.

Par cette année jubilaire, le Pape nous invite à nous inscrire dans une dynamique d’épanouissement personnel et spirituel, de nous mettre en vérité devant Dieu et de le reconnaitre dans nos frères et sœurs. Par ailleurs il nous rappelle les exigences des œuvres de miséricorde corporelles qui consistent en la sollicitude à l’endroit des nécessiteux et de ceux qui sont dans le besoin. Toutefois nous ne devons pas aussi oublier les œuvres de la miséricorde spirituelles par une formation soutenue de nos fidèles et de nos communautés chrétiennes.

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II. La nécessité du pardon dans le contexte centrafricain

Le jubilé de la miséricorde nous prépare au pardon, à la réconciliation, à la confiance dans la magnanimité et à l’espérance dans la bonté de Dieu qui nous configure à son image en dépit de nos limites et de nos péchés. Cette perspective est une forte invitation qui s’impose à nous dans le contexte de la crise sociopolitique qui affecte notre pays depuis plus de trois ans et des nombreuses blessures dont nous sommes marqués.

L’expression qui semble désormais voler la vedette dans notre vocabulaire est celle de « cohésion sociale ». Au regard des difficultés réelles du vivre-ensemble et des tensions récurrentes, beaucoup doutent de sa pertinence. Limiter la cohésion sociale à la seule dimension de cohabitation intercommunautaire, c’est réduire la richesse de cette réalité qui prend l’homme dans sa globalité : épanouissement spirituel, humain, intellectuel, social, économique et affectif. Il est davantage question de l’intégration harmonieuse et individuelle de la personne dans un milieu qui favorise son bien-être et celui de toute la communauté.

Dans la perspective des blessures qui nous empêchent de grandir, de nous ouvrir aux autres et d’établir des ponts avec ceux qui sont différents de nous, la miséricorde nous indique, dans l’humilité, le chemin « de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon » (MV n° 6). Elle est notre marque distinctive en tant que croyants et elle nous caractérise dans notre être-chrétien. C’est pourquoi « Jésus affirme que la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux » (MV n° 9).

En cette année pastorale, comment nos communautés chrétiennes vont-elles intégrer les préoccupations relatives à la famille, à la miséricorde et à la réconciliation ? Dans le déploiement de la thématique du témoin de la miséricorde et de la réconciliation, les différentes interventions nous amèneront tour à tour à approfondir les sous-thèmes relatifs à :

1. Place et rôle de la famille pour la miséricorde et la réconciliation dans le diocèse de Bossangoa ;

2. Réflexion sur Jésus-Christ, Visage de la miséricorde du Père, à la lumière de la bulle d’induction du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde du Pape François ;

3. Mahomet, témoin prophétique de miséricorde ; 4. Qu’exige à notre Eglise diocésaine, sur le plan pastoral, le témoignage à la

miséricorde et à la réconciliation ? Conclusion « Visages de la miséricorde du Père » (MV n° 1), nous sommes appelés à manifester la

mansuétude de Dieu dans la fragilité de notre vie. En effet pour l’efficacité de notre témoignage,

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la grâce de Dieu nous rend forts. Aussi vivons dans l’espérance de la miséricorde de Dieu qui nous renouvelle et nous configure à son Fils, Jésus-Christ.

Mgr Nestor Désiré NONGO AZIAGBIA SMA Évêque de Bossangoa

EXPOSE I

REFLEXIONS SUR JESUS-CHRIST, VISAGE DE LA MISERICOR DE DU PERE : A la lumière de la Bulle d’indiction du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde

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du PAPE FRANCOIS (MisericordiaeVultus)

Introduction :

La situation critique qui est la nôtre nous pousse à aller aux sources de notre foi et à devenir disciples et témoins du Dieu de Jésus-Christ d’une façon plus décidée et plus radicale. Tel est l’enjeu souligné par notre évêque ; tel est ce qui guide les réflexions qui suivent. Comme le scribe de l’Evangile, allons puiser dans le trésor de notre Tradition, celle du peuple d’Israël et celle de la révélation de Dieu en Jésus-Christ, pour découvrir des sources et des ressources qui nous permettent de fonder le témoignage de notre espérance en la miséricorde du Père et par la suite pour formuler quelques propositions sur le témoignage de l’espérance dont la charge vis-à-vis de l’humanité incombe à l’Eglise.

Comme chrétiens, nous partageons la condition de tous. Nous sommes pris dans les mêmes mutations et les mêmes difficultés. Nous partageons les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de nos contemporains. Chrétiens, nous ne vivons pas dans un autre monde, nous n’appartenons pas à une autre histoire. Mais dans cette marche avec tous, dans cette histoire commune, nous faisons, comme Cléophas et son compagnon, l’expérience d’être rejoints par l’Inconnu, par le Christ, alors même que le jour baisse. L’enjeu pour chacun et chacune d’entre nous, pour les communautés et les mouvements auxquels nous appartenons, comme pour l’Eglise dans son ensemble, est de parcourir la totalité de la route qui va de Jérusalem à Jérusalem en passant par Emmaüs. Il s’agit de ne pas nous arrêter en route, de ne brûler aucune étape, ni celle du retour à Jérusalem, ni celle du récit partagé avec les frères, récit au cours duquel le Ressuscité « fut présent au milieu d’eux » (Lc 24, 36). Cette rencontre les a institués « témoins » en direction de toutes les nations (Lc 24, 47-48).

1. Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père :

C’est dans la miséricorde du Père que nous trouvons tout le mystère de notre foi chrétienne. Le Père « riche en miséricorde » (Ep 2, 4), après avoir révélé son nom à Moise comme « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34, 6), n’a pas cessé de faire connaitre sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments. A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu (DV, n° 4).

« La miséricorde est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché » (MV, n° 2).

« Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir, nous aussi, signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle le Saint Père a voulu ce jubilé extraordinaire de la Miséricorde, comme

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un temps favorable pour l’Eglise, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace.

« L’Année Sainte s’ouvrira le 08 décembre 2015 en la solennité de l’Immaculée Conception. Cette fête liturgique montre comment Dieu agit dès le commencement de notre histoire. Après qu’Adam et Eve eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (Ep 1, 4), pour qu’elle devienne la Mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne» (MV, n° 3).

En cette occasion, le Saint Père, le Pape François aura la joie d’ouvrir la Porte sainte ; ce sera la Porte de la Miséricorde, où quiconque entrera pourra faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. Chaque église particulière est donc directement invitée à vivre cette Année Sainte comme un moment extraordinaire de grâce et de renouveau spirituel. Donc, le Jubilé sera célébré à Rome ainsi que dans toutes les églises particulières, comme signe visible de la communion de toute l’Eglise.

« C’est le 20 novembre 2016, en la solennité liturgique du Christ, Roi de l’Univers, que sera conclue l’Année jubilaire. En refermant la Porte Sainte ce jour-là, nous serons animés de sentiments de gratitude et d’action de grâce envers la Sainte Trinité qui nous aura donné de vivre ce temps extraordinaire de grâce. Nous confierons la vie de l’Eglise, l’humanité entière et tout le cosmos à la Seigneurie du Christ, pour qu’il répande sa miséricorde telle la rosée du matin, pour une histoire féconde à construire moyennant l’engagement de tous au service de notre proche avenir » (MV, n° 5).

Pour nous en Centrafrique, après ces événements que nous avons vécus, notre souhait est que les années à venir soient imprégnées de miséricorde pour que nous allions à la rencontre de nos frères et sœurs pour leur offrir la bonté et la tendresse de Dieu !

« "Patient et miséricordieux", tel est le binôme qui parcourt l’Ancien Testament pour exprimer la nature de Dieu. Sa miséricorde se manifeste concrètement à l’intérieur de tant d’événements de l’histoire du salut où sa bonté prend le pas sur la punition ou la destruction. D’une façon particulière, les Psaumes font apparaitre cette grandeur de l’agir divin : " Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse " (Ps 102, 3-4). D’une façon encore plus explicite, un autre Psaume énonce les signes concrets de la miséricorde : " Il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchainés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin, il égare les pas du méchant " (Ps 145, 7-9)… En bref, la miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils » (MV, n° 6).

« La personne de Jésus n’est rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne gratuitement. Les relations avec les personnes qui s’approchent de lui ont quelque chose d’unique et de

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singulier. Les signes qu’il accomplit, surtout envers les pécheurs, les pauvres, les exclus, les malades et les souffrants, sont marqués par la miséricorde... L’appel de Matthieu est lui aussi inscrit sur l’horizon de la miséricorde. Passant devant le comptoir des impôts, Jésus regarda Matthieu dans les yeux. C’était un regard riche de miséricorde qui pardonnait les péchés de cet homme, et surmontant les résistances des autres disciples, il le choisit, lui, le pécheur et le publicain, pour devenir l’un des Douze » (MV, n° 8).

Comme on peut le remarquer, la miséricorde est, dans l’Ecriture, le mot-clé pour indiquer l’agir de Dieu envers nous. Son amour n’est pas seulement affirmé, mais il est rendu visible et tangible. D’ailleurs, l’amour ne peut jamais être un mot abstrait. La miséricorde de Dieu est sa responsabilité envers nous. Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et nous veut heureux, remplis de joie et de paix. L’amour miséricordieux des chrétiens doit être en fonction de l’exemple donné par Dieu. Comme le Père est miséricordieux, ainsi sommes-nous appelés à être miséricordieux les uns envers les autres.

« La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Aujourd’hui la crédibilité de l’Eglise passe par le chemin de l’amour miséricordieux et de la compassion. Il est triste aujourd’hui de voir combien l’expérience du pardon est toujours plus rare dans notre culture. Même le mot semble parfois disparaitre. Sans le témoignage du pardon, il n’y a qu’une vie inféconde et stérile. Il est temps de revenir à l’essentiel pour nous charger des faiblesses et des difficultés de nos frères » (MV, n° 10).

L’Eglise a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu. De nos jours où l’Eglise est engagée dans la nouvelle évangélisation, la vérité première de l’Eglise est l’amour du Christ. Dans notre diocèse, nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, quiconque doit pouvoir trouver une « oasis de miséricorde » là où il y a des chrétiens..

Nous voulons vivre cette année pastorale à la lumière de la parole du Seigneur : Miséricordieux comme le Père (Cf. Lc 6, 36). C’est donc la « devise » de l’Année Sainte. Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour. Jésus nous montre les étapes à travers lequel nous pouvons atteindre la miséricorde : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnés pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera ; c’est une mesure bien plaine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous » (Lc 6, 37-38).

Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère. De fait, en jugeant, les hommes s’arrêtent à ce qui est superficiel, tandis que le Père regarde les cœurs. Que de mal les paroles ne font-elles pas lorsqu’elles sont animées par des sentiments de jalousie ou d’envie ! Mal parler du frère en son absence, c’est le mettre sous un faux jour, c’est compromettre sa réputation et l’abandonner aux ragots.

Combien de situations de précarité et de souffrance n’existent-elles pas dans le monde d’aujourd’hui, dans notre pays, dans notre diocèse voire même dans nos communautés respectives ? « Combien de blessures ne sont-elles pas imprimées dans la chair de ceux qui

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n’ont plus de voix parce que leur cri s’est évanoui et s’est tu à cause de l’indifférence des autres ! Au cours de cette année pastorale, l’Eglise sera encore davantage appelée à soigner ces blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention » (MV, n° 15). N’oublions pas les paroles de saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ».

« La miséricorde n’est pas contraire à la justice, mais illustre le comportement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle possibilité de se repentir, de se convertir et de croire » (MV, n° 21). La colère de Dieu ne dure qu’un instant, et sa miséricorde est éternelle. « La justice seule ne suffit pas et l’expérience montre que faire uniquement appel à elle risque de l’anéantir. C’est ainsi que Dieu va au-delà de la justice avec la miséricorde et le pardon. Cela ne signifie pas dévaluer la justice ou la rendre superflue, au contraire. Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot, mais le début de la conversion, en faisant l’expérience de la tendresse du pardon. Dieu ne refuse pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans un événement plus grand dans lequel on fait l’expérience de l’amour, fondement d’une vraie justice » (MV, n° 21).

2. « Soyez toujours prêts à rendre raison de l’espérance qui est en vous, devant ceux qui vous en demandent compte » (1 P 3, 15) :

Pour témoigner de l’espérance, de la miséricorde et de la réconciliation, l’Eglise les puise dans la Parole et dans l’Eucharistie dont elle vit. Selon la logique sacramentelle définie à Vatican II, l’Eglise pose des gestes qui sont signes et événements d’espérance et de miséricorde pour l’humanité.

L’espérance relève par excellence de l’ordre du témoignage, à condition de redonner à ce mot toute sa force. Le mot « témoignage », dans le Nouveau Testament, est un des titres donnés au Christ dans l’Apocalypse : le « témoin fidèle », le témoin fidèle de Dieu. Dans la langue grecque, le même mot « marturos » veut dire martyr ou témoin. C’est la même chose dans la langue arabe.

Le témoin, pour comprendre les termes de l’Evangile de Jean, c’est celui qui dit ce qu’il a vu et entendu, au prix de sa vie. Il risque sa parole en jouant sa vie. Le Pape Paul VI disait que notre époque n’a pas besoin de « maitres à penser », mais qu’elle a besoin de « témoins » qui vivent ce qu’ils disent. Le seul témoin parfait, c’est le Christ. Le témoin est donc celui qui s’engage en paroles et en actes.

Les chrétiens sont invités à proposer la foi ; vivre la charité ou l’amour ; témoigner de l’espérance et de la miséricorde de Dieu. En ajoutant aussitôt que dans la vie des chrétiens comme dans la mission, l’un n’est pas séparable de l’autre, l’un ne va pas sans l’autre.

3. Le jubilé amène la réflexion sur l’indulgence :

Le pardon de Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, Dieu rend manifeste cet amour qui va jusqu’à détruire le péché des hommes. Il est possible de se laisser réconcilier avec Dieu à travers le mystère pascal et la médiation de l’Eglise. Dieu est toujours prêt au pardon et ne se lasse jamais de l’offrir de façon toujours

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nouvelle et inattendue. Nous faisons tous l’expérience du péché. Nous sommes conscients d’être appelés à la perfection (Mt 5,48), mais nous ressentons fortement le poids du péché. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que cela.

Le grand désir du Pape François pour cette année jubilaire est que le peuple chrétien réfléchisse sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. « Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde de Dieu. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts (MV, n° 15).

Le temps de Carême de cette année jubilaire doit « être vécu intensément comme un temps fort pour célébrer et expérimenter la miséricorde de Dieu. Combien de pages de l’Ecriture peuvent être méditées pendant les semaines du Carême, pour redécouvrir le visage miséricordieux du Père ! Nous pouvons aussi répéter avec Michée : Toi, Seigneur, tu es un Dieu qui efface l’iniquité et pardonne le péché ? De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! (voir Mi 7, 18-19) » (MV, n° 17).

« Avec conviction, remettons au centre le sacrement de la Réconciliation, puisqu’il donne à toucher de nos mains la grandeur de la miséricorde. Pour chaque pénitent, ce sera une source d’une véritable paix intérieure » (MV, n° 17).

Le Pape tient à ce que les confesseurs soient un véritable signe de la miséricorde du Père : « On ne s’improvise pas confesseur. On le devient en se faisant d’abord pénitent en quête de pardon. N’oublions jamais qu’être confesseur, c’est participer à la mission de Jésus d’être signe concret de la continuité de l’amour divin qui pardonne et qui sauve. Chacun de nous a reçu le don de l’Esprit Saint pour le pardon des péchés, nous en sommes responsables. Nul d’entre nous n’est maitre du sacrement, mais un serviteur fidèle du pardon de Dieu. Chaque confesseur doit accueillir les fidèles comme le père de la parabole du fils prodigue : un père qui court à la rencontre du fils bien qu’il ait dissipé tous ses biens. Les confesseurs sont appelés à serrer contre eux ce fils repentant qui revient à la maison, et à exprimer la joie de l’avoir retrouvé. Ils ne se lasseront non plus d’aller vers l’autre fils resté dehors et incapable de se réjouir, pour lui faire comprendre que son jugement est sévère et injuste, et n’a pas de sens face à la miséricorde du Père qui n’a pas de limite » (MV, n° 17).

En résumé, les confesseurs sont appelés, toujours, partout et en toutes situations, à être le signe du primat de la miséricorde. Le Pape François souhaite que cette « Année sainte » soit pour tous les croyants un véritable moment de rencontre avec la miséricorde de Dieu et que personne ne soit exclu. Il donne à cet effet des indications précises à Mgr Rino Fisichella,

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en sa qualité de Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation : « Je désire en effet que le Jubilé soit une expérience vivante de la proximité du Père, permettant presque de toucher du doigt sa tendresse, afin que la foi de chaque croyant se renforce et que le témoignage devienne ainsi toujours plus efficace » 1.

Il rappelle que « le Jubilé a toujours constitué l’opportunité d’une grande amnistie, destinée à toucher de nombreuses personnes qui, bien que méritant une peine, ont toutefois pris conscience de l’injustice qu’elles ont commise, et désirent sincèrement s’insérer à nouveau dans la société en apportant leur contribution honnête »2. Il souhaite « qu’à toutes ces personnes parvienne de façon concrète la miséricorde du Père qui désire être proche de ceux qui ont le plus besoin de son pardon ».

Le Pape évoque « l’indulgence jubilaire » et le passage de la Porte sainte comme « signe du désir profond de véritable conversion ». Pour les malades, et les personnes âgées et seules, ceux qui ne peuvent faire la démarche de pèlerinage dans les diocèses ou à Rome, le pape affirme que la miséricorde les rejoint : « Vivre avec foi et l’espérance joyeuse ce moment d’épreuve, en recevant la communion ou en participant à la Messe et à la prière communautaire, également à travers les divers moyens de communication, sera pour elles la façon d’obtenir l’indulgence jubilaire »3 . Il ajoute que « l’indulgence jubilaire peut être obtenue également pour les défunts ». Nous sommes liés à eux par le témoignage de foi et de charité qu’ils nous ont laissé.

De même que nous les rappelons dans la célébration eucharistique, ainsi, nous pouvons, dans le grand mystère de la communion des Saints, prier pour eux afin que le visage miséricordieux du Père les libère de tout résidu de faute et puisse les accueillir dans ses bras, dans la béatitude qui n’a pas de fin.

« L’un des graves problèmes de notre temps est sans aucun doute le changement du rapport à la vie. Le drame de l’avortement est vécu par certains avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal très grave qu’un tel acte comporte. Beaucoup d’autres, en revanche, bien que vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d’autres voies à parcourir »4. Le Pape pense, en particulier, à toutes les femmes qui ont eu recours à l’avortement. (Pour notre pays, on parlera des tueries, des viols, des assassinats, beaucoup d’autres crimes que nous connaissons tous). Le pardon n’est pas réservé uniquement aux femmes qui ont subi un avortement, mais aussi aux médecins ou toute personne ayant une responsabilité.

Le Pape connait « bien les conditionnements qui les ont conduites à cette décision… Ce qui a eu lieu est profondément injuste ; pourtant, seule sa compréhension dans sa vérité peut permettre de ne pas perdre l’espérance. Le pardon de Dieu à quiconque s’est repenti ne peut être nié, en particulier lorsqu’avec un cœur sincère, cette personne s’approche du Sacrement de la Confession pour obtenir la réconciliation avec le Père. C’est pour cette raison que le Pape a décidé, nonobstant toute chose contraire, d’accorder à tous les prêtres, pour l’Année jubilaire, 1 Pape François, Indications pour vivre la grâce du jubilé de la miséricorde, Vatican, 1er septembre 2015, p. 1. 2 Pape François, Indications pour vivre la grâce du jubilé de la miséricorde, Vatican, 1er septembre 2015, p. 1. 3 Pape François, Indications pour vivre la grâce du jubilé de la miséricorde, Vatican, 1er septembre 2015, p. 1. 4 Pape François, Indications pour vivre la grâce du jubilé de la miséricorde, Vatican, 1er septembre 2015, p. 2.

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la faculté d’absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent pardon »5.

Habituellement, les évêques qui ont le pouvoir de pardonner un avortement peuvent autoriser les prêtres de leur diocèse à le pardonner à des moments particuliers, pendant l’Avent, en préparation à Noël, pendant le Carême, en préparation à Pâques, ou à l’occasion d’événements spéciaux, comme cela a été récemment le cas dans le diocèse de Turin à l’occasion de l’Ostension du Saint-Suaire.

« Que les prêtres se préparent à cette tâche importante en sachant unir des paroles d’authentique accueil à une réflexion qui aide à comprendre le péché commis, et indiquer un itinéraire de conversion authentique pour pouvoir obtenir le pardon véritable et généreux du Père qui renouvelle tout par sa présence »6.

4. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Cor 5, 20)

La réconciliation est la capacité de dépasser les problèmes, résoudre les conflits, se mettre d’accord, amener à s’entendre des personnes qui sont divisées, opposées, désunies. Cette attitude nous a été proposée avec force par le deuxième synode africain. Elle a été posée comme un des modes principaux de la mission de l’Eglise. C’est un moment pour nous plonger, au cœur de notre vie, dans notre relation personnelle avec le Seigneur.

« Laissez-vous réconcilier avec Dieu » annonce une action qui doit être vécue dans la dimension de l’accueil. Ce n’est pas « réconciliez-vous avec Dieu » comme si l’activité, le choix, la capacité revenait à l’homme et à la femme et à leur volonté. Ce n’est pas une action qui part de l’humanité qui veut régler sa division. La volonté peut jouer un rôle, mais elle est secondaire. « Tout vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation » (2 Cor 5, 18).

« C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). La réconciliation qui vient de Dieu est fondée sur une réalité qui d’abord est le fruit même de la grâce. Dieu nous donne la parole de réconciliation. Dieu, « mettant en nous la parole de réconciliation », nous rend capable d’une parole de libération. C’est d’abord une parole de pardon, c’est une parole de consolation, une parole prophétique qui donne la force du témoignage. Le péché reconnu ouvre la possibilité du pardon.

Le pardon partagé devient vraie consolation. La vraie consolation est le fruit d’une amoureuse Présence reconnue. Ce pardon et cette consolation donnent au cœur pardonné la force du témoignage. C’est Dieu qui nous demande de nous laisser réconcilier avec lui. Il faut partir d’où ? De Dieu qui nous appelle à son amour, à sa réconciliation. Il faut se laisser pacifier. C’est la démarche qui fait qu’à notre tour, nous devenons des personnes de réconciliation qui

5 Pape François, Indications pour vivre la grâce du jubilé de la miséricorde, Vatican, 1er septembre 2015, p. 2. 6 Pape François, Indications pour vivre la grâce du jubilé de la miséricorde, Vatican, 1er septembre 2015, p. 2.

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demandent la réconciliation, qui supplient les autres d’entrer dans cet amour que nous avons goûté.

Conclusion :

Notre grand souhait est de vivre, en cette année dans le quotidien de notre vie, la miséricorde que le Père répand sur nous depuis toujours. Au cours de cette année pastorale, laissons-nous surprendre par Dieu. Il ne se lasse jamais d’ouvrir la porte de son cœur pour répéter qu’il nous aime et qu’il veut partager sa vie avec nous. L’Eglise ressent fortement l’urgence d’annoncer la miséricorde de Dieu. La vie de l’Eglise est authentique et crédible lorsque la miséricorde est l’objet d’une annonce convaincante.

Elle sait que sa mission première, surtout à notre époque toute remplie de grandes espérances et fortes contradictions, est de faire entrer tout un chacun dans le grand mystère de la miséricorde de Dieu, en contemplant le visage du Christ. L’Eglise est d’abord appelée à être témoin véridique de la miséricorde, en la professant et en la vivant comme le centre de la Révélation de Jésus-Christ.

La miséricorde divine est comme une source qui ne sera jamais épuisée pour tous ceux qui s’en approchent. Chaque fois qu’on en aura besoin, on pourra y accéder, parce que la miséricorde de Dieu est sans fin.

En cette Année pastorale, Année Jubilaire, que l’Eglise en général et le diocèse de Bossangoa en particulier, fassent écho à la Parole de Dieu qui résonne, forte et convaincante, comme une parole et un geste de pardon, de soutien, d’aide, d’amour. Qu’ils ne se lassent jamais d’offrir la miséricorde et qu’ils soient toujours patients pour encourager et pardonner. Qu’ils se fassent la voix de tout homme et de toute femme, et répètent avec confiance et sans relâche : « Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours » (Ps 25, 6).

Abbé Alain EOUANZOUI

EXPOSE II

Muhammad, témoin prophétique de miséricorde.

Plusieurs fois le jour, par la voix des muezzins et la bouche des musulmans, Dieu est proclamé le plus grand, plus grand que tout : Allah Akbar ! Et la grandeur de Dieu, en terre d’islam et selon le coran, est un des attributs les plus expressifs de sa radicale transcendance. Aussi, plusieurs fois le jour, par la voix des fidèles musulmans, fuse la basmala qui est le fait

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de dire bismillah qui signifie : « Au nom de Dieu ». Elle se trouve au début des sourates excepté la 9ème, et les musulmans ont, à la suite de Muhammad, pris l’habitude de la prononcer au début de toutes actions : avant de prier, de manger, de boire, de travailler, de dormir, voire égorger une bête etc. ; elle exprime le mieux l’attitude que tout musulman doit avoir dans sa vie envers Dieu. Bismi ‘llah’l-ramani’l-rahim , habituellement traduit par « Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, le miséricordieux ». Ainsi, plusieurs fois le jour, par la voix des musulmans, Dieu est proclamé le plus grand et aussi celui qui fait miséricorde, le miséricordieux. Et les deux pôles de la prédication coranique qu’il faut prendre comme tout, sont l’absolue toute puissance divine et son insondable miséricorde, rahma en arabe. Car, à trop affirmer sans contrepartie, la seule transcendance de Dieu, on risque de ne plus se représenter Dieu que comme un être lointain, étranger et même étrange, voire redoutable. Ainsi, dans le coran et selon la piété musulmane, on a pris l’habitude d’invoquer Dieu par les « plus beaux noms de Dieu » (al-Asma’l-Husna, coran 7, 180 ; 17, 110 ; 20, 8). « Dis : Invoquez Dieu, ou bien : invoquez le Miséricordieux. Quel que soit le nom sous lequel vous l’invoquez, les plus beaux noms lui appartiennent » (coran 17, 110). Dans le coran, il est question des 99 beaux noms de Dieu sous lesquels Il veut être invoqué. Selon l’enseignement coranique, l’accent est délibérément mis sur la grandeur de Dieu, grandeur qu’Il ne partage avec personne d’autre que Lui. La grandeur de Dieu ne découle pas de sa toute-puissance, mais encore de ce qu’Il est le Tout-Autre, irréductible à la création, tellement fulgurant qu’on ne peut l’approcher et le voir sans mourir. Certes, Dieu est tellement grand et puissant qu’Il est en tout et partout. Il est le seul Grand, le Très-Haut, le Maitre du monde qui remplit le ciel et la terre de sa majesté toute-puissante. Et c’est en quelque sorte l’effet de sa toute-puissance d’être aussi proche de sa créature. De l’homme, en particulier, le coran dit en une image familière que Dieu lui est « plus proche que sa veine jugulaire ». Dieu est aussi particulièrement proche des pauvres et des malheureux. Et sa miséricorde embrasse toute chose (coran 7, 156). Alors Muhammad a été, d’abord, objet de miséricorde, puis témoin prophétique de miséricorde. Enfin le coran est le signe tangible de cette miséricorde (coran 2, 2-4).

1. Muhammad, objet de miséricorde de Dieu.

En terre d’islam et selon le coran, l’absolu de Dieu y est non seulement professé, mais encore attesté comme la référence première et dernière. Toutefois la proximité de Dieu aux hommes et très spécialement à ses fidèles est aussi une des idées-forces de l’islam. De cette proximité et présence toute-puissante, l’islam retient d’abord de Dieu son infinie prévenance (tout est entre ses mains), et son infinie préférence pour sa communauté. Cette proximité, en terre d’islam, est vécue également comme une miséricorde et une tendresse. Une miséricorde, car le musulman croit que Dieu connait sa faiblesse, qu’il en a pitié et qu’il lui pardonnera tout, du moment qu’il ne se renie pas dans une impardonnable apostasie (ridda en arabe). Une tendresse, car le musulman croit que Dieu, malgré sa grandeur, sa souveraineté, son inaccessibilité, est miséricordieux d’une inégalable tendresse. « Ma miséricorde embrasse toute chose, dit Dieu » (coran 7, 156). « Dis : « O mes serviteurs ! Vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Oui, il est celui qui pardonne ; il est le Miséricordieux » (coran 39, 53).

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Aussi Dieu est-il particulièrement proche des pauvres, des malheureux, des orphelins et des égarés. Il en fut ainsi de Muhammad : orphelin, Dieu lui a procuré un refuge ; errant, Dieu l’a guidé ; pauvre, Dieu l’a enrichi (coran 93, 6-8). Dieu lui a même ouvert le cœur et l’a débarrassé du fardeau qui pesait sur son dos (coran 94, 1-3). Muhammad fut ignorant, et Dieu lui a enseigné ce qu’il ne savait pas. Car il ne connaissait primitivement « ni le Livre ni la foi » (coran 42, 52). Alors Muhammad devint le premier soumis et l’Envoyé de Dieu (rasul Allah).

2. Muhammad est l’Envoyé de Dieu.

Ayant été objet de miséricorde de Dieu, Muhammad est l’Envoyé de Dieu. « Nous t’avons seulement envoyé comme une miséricorde pour le monde » (coran 21, 107). En terre d’islam et selon le coran, l’apostolat de Muhammad est envisagé comme une miséricorde pour le monde parce que Dieu l’a envoyé avec la Direction (al Houda) et la vraie Religion (din al-haqq), (coran 9, 33) à une nation des gens ignorants qui n’avaient encore jamais reçu de Prophète ou d’Ecriture, une nation vivant dans l’ignorance (jahaliyya), dans l’erreur, dans la haine et l’hostilité, se battant pour un puits, ne sachant pas ce que c’est d’obéir à Dieu et de le craindre avec zèle. Ils avaient coutume de s’entre-tuer et de répandre le sang de leurs frères humains. Ils permettaient le mariage avec les parents, faisaient périr leurs enfants, surtout les filles. Ils menaient une existence de malheur, des plus pénibles efforts, la pire des existences jusqu’au jour où Dieu leur envoya le prophète en gage de sa compassion pour eux et comme une exhortation qu’Il leur adressait. Le Prophète les invita alors à se tourner vers Dieu, leur montra la voie droite (sirat al mustaqim) qui conduit avec assurance au jour du jugement (yawmal-din), leur indiquant clairement ce qui est permis et ce qui est interdit. Il les empêcha d’associer des idoles à Dieu. Il leur imposa l’obligation de la prière, du jeûne du Ramadan, de l’aumône rituelle, du pèlerinage ; il leur ordonna la piété, la crainte de Dieu, le respect des liens de parenté, la fidélité à la parole donnée tandis qu’il déclarait interdits la rébellion, l’injustice, la trahison, le mensonge, le meurtre, la fornication, le vol et le brigandage etc.

3. Muhammad comme représentant ou mieux encore témoin prophétique de miséricorde.

Sa mission étant considérée comme une compassion de Dieu pour le monde, le Prophète devait être le témoin de cette miséricorde. Car, selon le coran, tout ce que Dieu nous attribue relève de sa miséricorde pour nous. Et Il nous a envoyé le Prophète comme le représentant de cette miséricorde : d’abord comme annonciateur et avertisseur, double aspect caractéristique de la mission coranique des envoyés de Dieu. Annonciateur, Muhammad est chargé d’annoncer l’heure du jugement qui est proche sans qu’on puisse dire à quel moment elle va s’abattre sur les hommes. Avertisseur envers ceux qui sont négligents, Muhammad est chargé d’avertir et d’attirer l’attention sur la rétribution des œuvres, sur le sort des Elus et celui des Damnés (coran 74, 1-2 ; 35, 23-24 ; 69, 15-29). Enfin « bel exemple » (coran 33,21), doté d’un caractère magnifique (coran 68,4), Muhammad est donné en modèle de parfaite conduite, beau modèle à imiter, Prophète idéal selon Sayyid Sulayman NADWI. « N’avez-vous pas lu le coran ? Le coran contient les préceptes en mots et en phrases tandis que la vie de Muhammad en est la démonstration pratique en action ». « Annonciateur et législateur, offrant à l’humanité une siyasa (politique) à la fois spirituelle et extérieure, le Prophète, médiateur entre le précepte divin

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et le comportement humain, constitue un archétype, est modèle de référence en cas de doute. Son exemple ne constitue pas seulement un mode de vie idéal : il doit inspirer un désir d’ennoblissement par acquisition et maintien de la santé morale ». Le coran annonça cela en ces termes : « Oh ! Le Prophète ! Nous t’avons envoyé comme témoin et annonciateur et avertisseur appelant à Dieu, par Sa permission et lampe éclairante » (coran 33, 45.46). Il est le prophète bien informé, le témoin des commandements de Dieu, l’annonciateur de bonnes nouvelles, l’avertisseur envers ceux qui sont négligents, le convocateur des égarés vers le chemin de Dieu, la lumière resplendissante qui anéantit l’obscurité et montre le droit chemin (coran 10, 16).

Cette donnée est admise aussi bien par la falsafa que par les fuquha’, les plus légalistes. D’où l’imitation du Prophète est l’une des valeurs religieuses de la foi musulmane.

4. Le coran, en terre d’islam, est le signe le plus évident de miséricorde.

« Le signe le plus patent, aux yeux des musulmans, de cette proximité toute-puissante et miséricordieuse est le coran dans lequel Dieu, parfait législateur, fait aux hommes le don de sa loi et ainsi de la voie droite qui conduit, avec assurance au Jour du Jugement ». Le coran demeure le Livre unique des musulmans, leur lien d’unité par excellence et leur bien commun. Car « la base et l’armature de l’islam, c’est le Coran », disons que ce livre est pour les musulmans selon les dires de Louis Massignon « à la fois leur premier livre de lecture, leur manuel de leçons de choses, leur unique psalmodie liturgique, leur livre de prière, leur code de droit canon, enfin leur livre de méditation, celui qui a lentement formé leur mentalité. C’est leur unique nécessaire, le dictionnaire des pauvres ». Voilà pourquoi les musulmans ont un attachement viscéral pour ce livre qui joue un rôle très important dans leur vie et leur pensée.

Conclusion

En résumé, disons : ayant été objet de miséricorde, Muhammad est l’Envoyé de Dieu comme miséricorde et comme représentant de cette miséricorde pour le monde. Et le coran est le signe le plus patent de cette proximité toute-puissante et miséricordieuse de Dieu. On comprend pourquoi toucher à la personnalité de Muhammad, l’Envoyé de Dieu, et profaner le Coran soulève toujours un tollé général en terre d’islam et partout où se trouvent des fidèles musulmans. Par exemple, la caricature du Prophète Muhammad qui a couté la vie au personnel de Charlie Hebdo en France. Souvenez-vous aussi de l’ « affaire Salman RUSHDI » en 1989.

Puisse cette proximité toute-puissante et miséricordieuse nous saisir, nous aussi, afin d’en faire de nous les témoins privilégiés pour le monde.

Abbé Serge DOUNIA YOSSET

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EXPOSE III

PLACE ET RÔLE DE LA FAMILLE POUR LA MISERICORDE ET LA RECONCILIATION DANS LE DIOCESE DE BOSSANGOA

Introduction générale

L’Eglise Catholique a, depuis quelques décennies, mis un accent particulier sur la pastorale de la Famille. Il ne serait possible de parler de la famille sans le mariage. Les deux sont intrinsèquement liés car ils constituent l'un des biens les plus précieux en vue du salut intégral de l’homme. « Le mariage et la famille chrétienne construisent l'Eglise. Dans la famille

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en effet, la personne humaine n'est pas seulement engendrée et introduite progressivement, à travers l'éducation, dans la communauté humaine, mais grâce à la régénération du baptême et à l'éducation de la foi, elle est introduite également dans la famille de Dieu qu'est l'Eglise »7.

Le Diocèse de Bossangoa, dans cette même dynamique, veut que son Eglise, famille de Dieu, soit témoin de miséricorde et de réconciliation en vue du salut intégral de l’homme. Etre témoin de la miséricorde et de la réconciliation suppose une double disposition pour cette famille de Dieu : sa place et son rôle.

Il sera présenté tour à tour : la définition de la famille, son fondement, ses conceptions et enfin son rôle pour la miséricorde et la réconciliation.

I. Définition de la famille

Nous pouvons définir la famille selon plusieurs angles en Afrique :

Premièrement, sur le plan juridique, la famille est l’ensemble des personnes descendant d’un ancêtre commun et rattachées entre elles par le mariage et la filiation.

Deuxièmement, sur le plan sociologique, la famille est plutôt caractérisée par la parenté. Pour les sociologues, ce sont des personnes habitant sous le même toit tel que deux colocataires et surtout le père, la mère et les enfants.

La troisième approche est purement anthropologique. La priorité est plus accordée au lignage qui n’est autre chose que l’appartenance à un ancêtre commun. Dans ce cas, tous les membres de cette famille se trouvent sous la coupe d’un seul chef.

Sur le plan théologique, la famille est une communauté de vie fondée sur l’alliance d’un homme et d’une femme et ordonnée à l’amour et à la vie8, à l’image de l’alliance entre Dieu et son Peuple et le Christ avec son Eglise.

II. Origine et conception de la famille

1. Origine de la famille

La famille a une origine à la fois humaine et divine. Elle est à comprendre comme une communauté de personnes. La femme et l’homme sont liés par un amour duel et éternel qui s’ouvre à la procréation et à l’éducation. C’est cet amour désintéressé, total qui est à l’origine de toute famille. Dieu, étant amour ; c’est Lui qui, dès l’origine à appeler Adam et Eve à l’amour, à construire une famille ; c’est Lui qui met au cœur de tout couple cet amour. Pour ainsi dire que toute famille trouve son fondement en l’Homme et en Dieu.

2. Conception de la famille

7 Saint Jean Paul II, Exhortation Apostolique Familiaris Consortio, n°15, $2.

8 NANSOUNON François, Cours sur « L’évolution socio-juridique de la famille en Afrique : Le cas du Bénin », op. cit, 4-5

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2.1. Conception vétérotestamentaire

Le peuple est divisé en tribu et la tribu en famille. Il se marie en tribu par souci de préserver la pureté du mariage. Même sans le baptême, la famille était déjà considérée en Israël comme sacrée. Elle appartient à Yahvé. La famille en Israël est conçue comme un don de Dieu. Elle a trois caractéristiques.

� Election gratuite de Dieu : C’est Yahvé qui suscite et consolide l’amour conjugal au cœur de l’homme et de la femme. Il renforce ainsi le double caractère divin et humain de la famille.

� Obéissance à Yahvé : Cette obéissance permet de maintenir son identité, en effet la famille appartient à Dieu. Au nom de Yahvé, on peut renoncer à l’enfant et à la vie conjugale par obéissance. Ainsi Jephté a sacrifié sa fille par obéissance à Dieu.

� Consanguinité : La famille est considérée dans sa dimension naturelle. Elle est composée du Père, de la Mère et des Enfants. C’est un rapport familial que Dieu a développé avec son peuple.

2.2. Conception néotestamentaire

La vraie famille selon le Christ en Mt12, 46-52 est celle qui fait la volonté de Dieu. On est père ou mère qu’en lien avec le Christ.

La nouvelle notion de la famille que Jésus nous apporte est la communauté des gens qui font la volonté de Dieu. Les rapports avec Dieu priment sur les rapports familiaux tel le sacrifice d’Isaac.

La famille doit s’enraciner ontologiquement en Dieu. Le sang qui nous relie désormais, c’est le sang du Christ et non seulement le sang du père et de la mère. Toute famille qui veut s’intégrer dans l’Eglise, famille de Dieu, doit s’engager :

� Au baptême qui la fait entrer dans cette grande famille de Dieu en les rendant ses fils et filles

� Au mariage pour témoigner de leur amour un, total, désintéressé et éternel à l’image de l’alliance entre Yahvé et son Peuple et le Christ avec son Eglise.

� A l’eucharistie : pour prendre part au Corps du Christ dont le sang nous lie éternellement avec Dieu.

� La confirmation : pour recevoir la force de l’Esprit Saint afin de ne pas tomber dans les péchés contre l’amour conjugal.

Bref aux différents sacrements de l’Eglise prévus pour tout chrétien.

On ne peut parler de famille sans un lien de sang. Le sang qui unit désormais et de manière indéfectible les membres de la famille chrétienne est le sang de Jésus Christ, coulé sur la croix.

2.3. La famille, expression économique de la famille trinitaire

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La Trinité demeure la communion de personnes et la communion de relation. La famille est l’icône même de la Famille trinitaire. La famille humaine est aussi l’expression de la communion des personnes et de relation. Comme dans la Trinité, le Père est Père parce qu’il a un Fils : la paternité. Le Fils est Fils parce qu’il a un Père : la filiation. Par ailleurs la relation qui lie l’Esprit au Père et au Fils est celle de la procession.

� Implication entre famille trinitaire et famille humaine : L’homme est créé à l’image de Dieu. Dieu s’identifie à lui. Il est en contact de Dieu qui l’a investi d’honneur, de gloire, d’autorité et de responsabilité vis-à-vis du reste de la création.

� Incorporation au Christ : Dans le sacrement du mariage, l’amour conjugal se fonde dans l’amour trinitaire dont il est la manifestation. Ainsi ce qui est visible est l’image de ce qui est invisible. En effet la famille est l’icône de la famille trinitaire. La famille humaine est à l’image de la famille trinitaire. Elles sont toutes les deux marquées par la communion des personnes et la communion des relations. A l’exemple de la famille trinitaire, témoin de la miséricorde et de la réconciliation, la famille chrétienne hérite de cette identité et de cette mission.

III. Famille, actrice de la miséricorde et de la réconciliation

Tant dans l’Eglise que dans la société, la famille chrétienne a sa place et joue un rôle important en tant que témoin de la miséricorde et de la réconciliation.

Parler de la miséricorde, c’est avoir un cœur penché vers la misère, évoquer l’amour divin pour le pécheur, l’aider à renouer ses relations avec Dieu et les autres. La famille chrétienne peut assumer cette responsabilité en se calquant sur Dieu et son Fils. Toutefois elle doit satisfaire au préalable à certaines conditions.

1. Dispositions préalables

� Savoir : la connaissance de son identité et de sa mission, des différents textes de l’Eglise, mais surtout la famille doit bien s’enraciner dans la foi et la doctrine de l’Eglise.

� Savoir-être : pour être témoin ou alors actrice de la miséricorde et de la réconciliation, il faut à la famille le sens de l’intégrité, de la neutralité, de l’exemplarité, du dialogue, de la compréhension et surtout de l’accompagnement. Comme le rappelle saint Jean-Paul II, la miséricorde a pris le visage du Christ : « Jésus est Lui-même dans un certain sens la miséricorde. Pour qui Le voit et la trouve en Lui, Dieu devient visible comme le Père riche en miséricorde »9.

� Savoir-faire : il est important à la famille chrétienne d’avoir la facilité d’accepter, d’écouter et d’accompagner le pécheur en vue de la miséricorde et de la réconciliation avec Dieu et avec les autres. Il revient à la famille chrétienne d’aller vers le pécheur pour sa conversion, pour bénéficier de l’amour de Dieu comme dans la parabole du bon berger et du fils prodigue : le bon berger « s'en va après la brebis qui est perdue jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée » (Luc 15, 4). D’autre part, « Comme le fils prodigue était encore loin, son Père l'aperçut (…) ; il courut se jeter à son cou… » (Luc 15, 20b).

9 Jean-Paul II, Lettre encyclique Dives in misericordia, n° 2, Rome, 30 novembre 1980.

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2. La mission de la famille

La principale mission de la famille est définie par l'amour. Chaque famille reçoit la mission de garder, de révéler et de communiquer l'amour, reflet vivant et participation réelle de l'amour de Dieu pour l'humanité et de l'amour du Christ Seigneur pour l'Eglise, son Epouse. Le péché brise cet amour et exige la miséricorde et la réconciliation. En aucun cas, elle doit laisser le pécheur accablé et demeurer dans son état. Elle doit l’amener à s’en sortir à travers la pénitence et la réconciliation au moyen de la reconnaissance de ses péchés, du regret de ses fautes, de l’aveu, de l’absolution et de la réparation. La mission de la famille chrétienne est intrinsèquement liée à son identité. Tout son être et son action doivent être à l’image de ceux de Yahvé avec le peuple juif et du Christ avec son Eglise.

En plus de cette mission d’éducation à l’amour divin afin d’éviter tout autre péché ou des fautes au sein de la société, la famille chrétienne manifeste sa mission aux valeurs fondamentales de la société à savoir la justice, la paix, la vérité, le respect de la vie humaine, le respect de la religion… La violation fait du chrétien un pécheur et exige miséricorde et réconciliation.

IV. Les fonctions de la famille

La famille joue plusieurs rôles : la procréation, l’affection et la protection, l’économie, l’intégration et la solidarité.

� La première fonction est celle de la procréation : les enfants sont une richesse incomparable.

� La fonction affective et protectrice : les enfants doivent être entourés d’affection et se sentir aimés par leurs parents. C’est pourquoi en Afrique les mamans portent les enfants dans le dos.

� La fonction de la transmission de la foi : la famille est, en effet l’Eglise domestique, le premier lieu où se fait la catéchèse et où la foi est suscitée et vécue. Il revient aux parents de transmettre très tôt à leurs enfants l’éducation religieuse au moyen des enseignements et surtout par le témoignage de leur vie chrétienne.

� La fonction économique : elle a une triple dimension : � La fonction patrimoniale : il s’agit de laisser un patrimoine aux enfants. Le patrimoine

recouvre, selon la définition du sociologue français Pierre Bourdieu, le capital culturel (la culture, les goûts, le style de vie), le capital économique (habitation, meubles, terres, titres), le capital social (le nom de famille tout d’abord, celui du père ; les relations de la famille) et le capital symbolique (la réputation, la notoriété).

� La fonction de productivité : à cela s’ajoute la fonction nutritive. � La fonction de consommation : la consommation des biens durables et de loisirs. � L’intégration : ce sont les fonctions sociales de la famille ou la socialisation qui est

l’ensemble des mécanismes par lesquels les individus font l’apprentissage des rapports sociaux entre les hommes et assimilent les valeurs, les normes et les croyances d’une société. Au cours de la socialisation, la famille inculque à l’enfant les conduites à tenir

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en différentes circonstances de la vie sociale, ce en quoi il faut croire ou ne pas croire, ce qui est beau ou laid, estimable ou pas. Cette socialisation s’accompagne de sanctions négatives (punitions) ou positives (récompenses).

� La solidarité : les enfants, après avoir été pris en charge par les parents, doivent à leur tour faire montre de générosité envers leurs parents d’où une certaine réciprocité. Leurs aides peuvent être de trois natures : financières, domestiques et sociales.

La famille a une lourde responsabilité envers les enfants à travers leur éducation.

Ce que nous venons d’observer au sujet de la famille traditionnelle est l’un des aspects de la culture centrafricaine qui est de plus en plus bouleversée par le choc de la modernité. La société centrafricaine est en pleine évolution. Que ce soit dans les villages plus reculés ou que ce soit dans les milieux urbains, la famille n’est pas épargnée par ce changement.

Conclusion

Etre témoin de la miséricorde et de la réconciliation exige de la part de la famille chrétienne d’assumer en tout temps sa paternité et maternité responsable aussi bien sur le plan ecclésial que social. En tant que socle et cellule vitale de toute la société ainsi que de l’Eglise, la famille doit toujours témoigner de sa foi, être lumière pour le peuple de Dieu et surtout pour les pécheurs.

La famille de Dieu qui constitue le Diocèse de Bossangoa doit s’approprier toutes ces réalités et ces missions qui incombent à la famille chrétienne. Constituée de deux grosses entités, le presbyterium d'une part et tous les fidèles laïcs d’autre part, chacun doit s’évertuer (de son côté et dans la synergie) à être de véritable témoin de miséricorde et de réconciliation.

Abbé Magloire GOLO

EXPOSE IV

« QU’EXIGE A NOTRE EGLISE DIOCESAINE, SUR LE PLAN PASTORAL, LE TEMOIGNAGE A LA MISERICORDE ET A LA RECONCILIATION? »

La Miséricorde et la Réconciliation sont deux notions qui s’articulent du fait que l’une, c’est-à-dire la Réconciliation fait figure de l’aboutissement de l’autre (Miséricorde). La Miséricorde, étant une notion fondamentalement spirituelle, puisqu’elle nous renvoie à l’absolu Amour divin, peut être située comme force intérieure disposant l’homme à la Réconciliation, qui, par contre, renvoie beaucoup plus à l’homme. C’est la raison pour laquelle, vous conviendrez avec moi, le concept Réconciliation fait la une des actualités de nos nations et des discours dans le monde par rapport au concept de la Miséricorde.

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Parler de la Miséricorde et de la Réconciliation sur le plan pastoral dans une Eglise particulière comme la nôtre, pour le moment, ne peut se faire sans pour autant se situer dans le programme pastoral de l’Eglise universelle de l’année. En effet, il faudrait se dire que l’année liturgique ou pastorale à venir est proclamée « année sainte de miséricorde » par le Saint Père qui, souhaiterait en faire une année de grâce pour chaque chrétien, une année de conversion où chaque chrétien est invité à faire plus d’effort pour témoigner de son appartenance au Dieu de miséricorde dans une vie de miséricorde envers ses prochains. Alors, le thème pastoral que s’est choisi pour cette année notre diocèse n’est pas un fait du hasard mais plutôt c’est en écho à ce programme pastoral de l’Eglise universelle tout en rattachant à la Miséricorde son ad quem qui est la Réconciliation.

Ainsi pour nous permettre de faire l’analyse pastorale de ce thème diocésain, nous sommes emmenés à le reformuler comme suit : « Qu’exige à notre Eglise diocésaine, sur le plan pastoral, le témoignage à la Miséricorde et à la Réconciliation ? »

Telle que reformulée, cette interrogation-ci nous permettra de scruter en premier le contexte actuel de la pastorale dans notre diocèse, en deuxième lieu la Miséricorde et la Réconciliation dans la mission générale de l’Eglise et en dernier les stratégies pastorales pour un authentique témoignage à la Miséricorde et à la Réconciliation dans notre diocèse.

I. Le contexte actuel de la pastorale dans notre diocèse

Le contexte pastoral de l’Eglise centrafricaine en général reste particulièrement compliqué et complexe vue l’ampleur des divers problèmes qui secouent le pays en ce moment. Cette complexité est beaucoup plus accentuée dans le cas de notre diocèse où avec la crise nous faisons face aux difficultés sans précédent sur le terrain. Ce contexte est à la limite du chaos où la souffrance des populations devient aiguë.

Le contexte spirituel : Nous vivons un moment où les fondements de la foi en Dieu sont profondément secoués par des pratiques païennes où il est difficile de distinguer clairement le croyant du non-croyant. Des garantis illusoires offerts à l’homme par une pseudo-vie d’opulence font croire à la jeunesse qu’elle se suffit à elle-même pour bâtir son existence. Des conceptions erronées sur Dieu résultant de la prolifération des sectes offusquent et occultent la vérité sur Dieu et font douter de sa miséricorde : Un Dieu justicier, dont la peur se traduit dans un manque d’engouement de nombre de chrétiens pour le sacrement de pénitence faisant perdre à la limite la valeur fondamentale de ce sacrement de guérison spirituelle. La foi ambiguë qui anime le comportement syncrétiste de nombre de chrétien.

Le contexte social : L’insécurité ambiante qui introduit l’homme dans une peur sans précédent du lendemain accable les populations de notre zone. La pauvreté aiguë qui écrase l’homme de notre zone dénature la dignité humaine et l’expose à tant de maux. Les divisions humaines : à base religieuse, confessionnelle, ethnique, clanique, générationnelle, générique font naître de tensions entre les hommes éloignant ainsi la chance d’une réconciliation. Ce contexte a pour conséquence directe l’existence de communautés d’hommes isolées les unes des autres avec la situation des déplacés internes qui abandonnent leurs maisons, parfois, leurs biens pour vivre dans des conditions moins humaines et misérables avec des difficultés liées à

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l’alimentation, à la santé et à l’éducation des enfants. Par ailleurs certaines zones du diocèse demeurent encore inaccessibles aux Agents pastoraux, exposant ainsi les fidèles à la tentation d’apostasie et de syncrétisme.

Le contexte moral est caractérisé par la dépravation des mœurs par la perte de repères moraux, aussi bien de la morale sociale que religieuse (chrétienne). Nous assistons à une montée en puissance de la culture de violence qui laisse libre-court à la mentalité du non-respect de la sacralité de la vie humaine, des lois et de la justice. Le retour au galop des cultures promouvant des forces négatives à la vie humaine et à la société : le vol, la corruption, le mysticisme, la sorcellerie…. qui sont des forces qui avilissent l’homme. Une culture de mensonge, de calomnie, d’hypocrisie qui prend le dessus sur la culture de la vérité telle enseignée par l’Evangile. La solidarité et l’amour comme valeur fondamentales pour rendre la société plus humaine tendent à disparaître au profit de l’égoïsme, l’individualisme qui font prévaloir l’intérêt personnel sur l’intérêt communautaire ou commun de la société.

Nous vivons, aussi, une situation de crise de confiance entre les acteurs pastoraux dans ce diocèse (Evêque et ses Prêtres ; entre confrères Prêtres et entre Prêtres et fidèles laïcs). Un climat de suspicion, des méfiances à base de telle ou telle considération qui ont mis en mal l’unité et la cohésion du diocèse.

En bref, le contexte pastoral actuel dans lequel notre Eglise diocésaine est invitée à être témoin de Miséricorde et de Réconciliation ne peut que susciter une profonde inquiétude et un désespoir. Face à un tel contexte, l’Eglise doit partager l’inquiétude qui habite nos contemporains du diocèse, puis se préoccuper de ce déclin des valeurs fondamentales qui constituent un bien incontestable de la culture morale tant chrétienne qu’humaine, de cette permissivité morale qui frappe à plein fouet notre société, de crise de vérité dans les relations humaines, de l’irresponsabilité dans la parole, de la perte du sens du bien commun authentique et de la désacralisation qui prend la forme de la déshumanisation afin de créer des schémas pastoraux adéquats de miséricorde et de réconciliation pour un renouveau social et ecclésial.

II. La miséricorde et la réconciliation dans la mission de l’Eglise

La bulle d’indiction de l’année sainte, « Le visage de la Miséricorde » promulguée par le Saint Père, expose dans sa grande partie le Christ comme l’incarnation de la Miséricorde de Dieu ou plus encore, comme l’indique le titre même de la bulle, le visage de cette Miséricorde. Et cela parce que le Christ, durant sa vie terrestre, n’avait cessé de manifester sa compassion à l’égard de la vie humaine misérable, accablée de toutes les formes du mal à travers ses gestes et paroles qui accompagnaient ses enseignements sur le Père. Ainsi donc, la personnalité du Christ avait permis au monde de connaître le Père et ses intentions. Alors l’Eglise, appelée à rendre présent à travers des générations, par sa présence et son action, le Christ dans le monde, ne peut avoir d’autre mission que celle qui a été celle de son fondateur : Faire connaître au monde de toutes les époques le Père. A cet effet, l’Eglise doit enseigner aux hommes les vérités sur Dieu et d’en vivre dans le monde. De ces vérités, nous avons la Miséricorde et la Réconciliation qui sont des attributs divins.

1. L’Eglise professe et proclame la Miséricorde de Dieu

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Par le Christ, nous avons conscience que notre Dieu est un Dieu de miséricorde, « lent à la colère et plein d’amour. Un Dieu qui veut le Bonheur et la vie de l’homme et non sa mort. Et vivre en harmonie avec ce Dieu est synonyme de salut, de Bonheur et de la plénitude de vie.

Voilà cette Vérité sur Dieu que l’Eglise, dans sa mission d’enseignement, doit révéler ou professer au monde pour renforcer davantage son lien avec Lui. En effet, l’Eglise est appelée par nature pour faire connaître au monde le Christ, visage de la Miséricorde de Dieu, pour lui permettre de se faire une idée claire sur Dieu qui veut sauver l’homme et non le condamner. C’est ce que Saint Jean Paul II disait en ces termes : « L'Eglise doit rendre témoignage à la miséricorde de Dieu révélée dans le Christ en toute sa mission de Messie, en la professant tout d'abord comme vérité salvifique de foi nécessaire à une vie en harmonie avec la foi, puis en cherchant à l'introduire et à l'incarner dans la vie de ses fidèles, et autant que possible dans celle de tous les hommes de bonne volonté »10. Cette dimension première de la mission de l’Eglise reste fondamentale du fait que tant d’hommes n’ont pas encore une conception claire de Dieu. Noyés dans diverses conceptions erronées de Dieu, beaucoup de personnes se ferment tant volontairement qu’involontairement à la miséricorde de Dieu et donc à la possibilité du salut apporté par son Christ. Ainsi donc, l’authenticité de vie de l’Eglise réside dans cette mission de profession et de proclamation de la miséricorde, « attribut plus admirable du Créateur et du Rédempteur » et conduit les hommes aux sources de la Miséricorde du Sauveur dont elle est la dépositaire et la dispensatrice.

2. L’Eglise professe et proclame la Réconciliation de Dieu et avec Dieu

La Réconciliation doit être vue, dans notre contexte, c’est-à-dire sous l’angle spirituel, comme l’aboutissement de la Miséricorde tant de Dieu envers l’humanité que de l’homme envers son prochain. A cet effet, appelée à professer et proclamer la Miséricorde de Dieu aux hommes, l’Eglise est de fait, chargée d’enseigner au monde la vérité sur la Réconciliation que Dieu a opérée entre Lui et l’humanité en son Fils. En fait, comme le dit St Paul dans ses lettres, Dieu s’est réconcilié le monde en son Fils, qui a été, à la fois, l’incarnation de la compassion du Père à l’égard des hommes dans des situations tragiques et la victime expiatoire pour nos offenses ou de nos péchés. Et oui, l’Eglise doit témoigner de cette vérité de foi au monde afin qu’il puisse croire et comprendre que la miséricorde de Dieu envers l’homme n’a d’autre objectif que de permettre à l’homme de se réconcilier avec Dieu, synonyme de son salut puisqu’il entre dans une vie de grâce avec Dieu. L’Eglise doit s’efforcer à faire comprendre au monde que ces deux notions sont des attributs divins et donc des réalités de foi et que tout croyant ou chrétien doit en connaître les portées.

Cette mission de professer et de proclamer la vérité sur la Miséricorde et la Réconciliation de Dieu aux hommes, l’Eglise doit la mener en mettant en exergue, dans la vie des hommes trois exercices spirituels qui permettent plus à expérimenter et à cerner ces deux attributs de Dieu : La méditation constante de la Parole de Dieu, qui nous permet de mesurer, à partir des faits bibliques, la portée et la volonté salvatrice de Dieu à travers sa miséricorde envers l’homme comme source de sa réconciliation avec Lui ; la participation consciente et

10 Jean-Paul II, Encyclique Dives in misericordia, n° 12, Rome, 30 novembre 1980.

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réfléchie à l’Eucharistie, qui nous rapproche de la miséricorde de Dieu, entendue comme l’amour plus fort que la mort : « La liturgie eucharistique, célébrée en mémoire de celui qui dans sa mission messianique nous a révélé le Père par sa parole et par sa croix, atteste l’inépuisable amour en vertu duquel il désire toujours s’unir à nous et ne faire qu’un avec nous, allant à la rencontre de tous les cœurs humains » (DM. n°13 §3) ; et la participation consciente et réfléchie au sacrement de pénitence ou de réconciliation, qui aplanit la route de l’homme, même accablé par de lourdes fautes, à se rapprocher du Christ pour expérimenter de manière unique la miséricorde, c’est-à-dire l’amour qui est plus fort que le péché. Car la Miséricorde de Dieu envers l’homme se manifeste dans ce sacrement par la promptitude du Père à accueillir les fils prodigues qui reviennent à sa maison. Ainsi donc, l’Eglise doit, dans cette mission, annoncer la conversion à Dieu et y inviter, car elle consiste en la découverte de sa miséricorde et elle en est le fruit. Alors, une connaissance authentique du Dieu de miséricorde est une force de conversion constante et inépuisable disposant, en permanence, l’homme à la conversion continuelle.

Tenant compte de l’invitation lancée par le Christ, en Mt 5,7 « Heureux les miséricordieux ils obtiendront miséricorde » ou celle en Luc « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux », l’Eglise en tant que bénéficiaire de la Miséricorde et de la Réconciliation de Dieu, doit se faire aussi dispensatrice de ce même amour aux hommes ou au monde. Et cette invitation du Christ, devient en Luc, en quelque sorte, un devoir chrétien qui est d’être miséricordieux comme le Père est miséricordieux. C’est donc, une condition essentielle pour entrer dans le Royaume des cieux. Cette mission prend des degrés et de consistance selon les contextes dans lesquels l’Eglise est appelée à exercer. Ainsi, en fonction du contexte de notre diocèse décrit ci-haut, quelle forme pastorale pouvons-nous donner à la mission de témoigner de la Miséricorde et de la Réconciliation qu’a notre Eglise? Ou quelles stratégies pastorales pouvons-nous entreprendre pour faire de notre Eglise diocésaine témoin de Miséricorde et de Réconciliation ?

III. Les stratégies pastorales pour un témoignage à la miséricorde et à la réconciliation dans notre diocèse.

En relation avec le contexte dans lequel nous œuvrons dans notre diocèse, trois grandes stratégies pastorales sous forme de schéma, sont à promouvoir pour permettre à notre Eglise diocésaine de faire prévaloir l’authenticité et l’efficacité de son témoignage à la Miséricorde et à la Réconciliation.

∗ Un schéma pastoral où l’Eglise se positionne en porteur du Bonheur (libération) à notre société (cf. Lc 4, 16-21) ;

∗ Un schéma pastoral où l’Eglise s’identifiera au bon samaritain (cf. Lc 10, 30-37) ∗ Un schéma pastoral où l’Eglise se donnera l’image des parents du paralytique en

Marc

(Mc 2, 1-12)

Tous ces trois schémas pastoraux qui doivent être transformés en stratégie pastorale ont en commun la vision ou l’orientation pastorale que le St Père souhaite donner à cette année en

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la déclarant une année sainte, de jubilé de miséricorde. Une vision qui n’est autre que le souhait d’un changement ou d’un renouvellement spirituel des hommes dans une proximité avec Dieu et dans une vie de foi dynamique pour transformer la société en vue de la rendre plus humaine. Et je crois ce souhait du St Père rejoint l’aspiration de tant d’hommes en général, et plus particulièrement de tant de Centrafricains et tant d’hommes de ce diocèse, que nous sommes qui peinons à retrouver l’unité de notre nation et la cohésion sociale en ce moment.

1. Le schéma pastoral où l’Eglise se positionnerait en libératrice de notre société (nation) (cf. Lc 4, 16-21)

Pour ce schéma nous avons choisi comme texte biblique de référence celui de Luc 4, 16-21 où le Christ s’est attribué la prophétie d’Isaïe qui annonçait l’arrivée d’un consacré de Dieu comme porteur de délivrance, de libération, de joie et de Bonheur pour tous ceux qui subissent les conditions de vie misérables et aliénantes. En fait, ce texte est comme un texte programme de toute l’activité du Christ, comme « visage de la Miséricorde de Dieu » ; alors, l’Eglise étant l’image du Christ dans le monde doit s’attribuer, aussi, cette prophétie en l’accomplissant et en la réalisant dans le contexte social actuel de notre zone. Ainsi donc, la stratégie pastorale dans ce cadre de figure est que notre Eglise diocésaine doit se manifester comme véritable visage du Christ à travers une pastorale de proximité et d’ouverture au monde. Elle doit chercher à offrir une chance de repentir, de renouvellement à tous ceux et celles qui, pour diverses raisons, se sont embourbés dans des situations d’inconformité avec l’Eglise. En ce sens, une pastorale des indulgences doit être développée durant cette année exceptionnelle, pour en faire une véritable année de grâce pour tous, en mettant en exergue le côté maternel et de tendresse de l’Eglise au détriment de son côté justicier ou casuistique. Dans le même sens, un accent particulier doit être mis, dans nos priorités pastorales, sur le sacrement de pénitence ou de réconciliation. Une catéchèse axée sur le cœur ou l’amour miséricordieux de notre Dieu qui est une force sur laquelle aucun péché de l’homme ne peut prévaloir si ce n’est que son manque de bonne volonté et son manque de promptitude dans la conversion et la pénitence. Pour cela, l’invitation à la conversion à Dieu doit être la toile de fond de toutes les prédications et de tous les messages de notre Eglise pour cette année de grâce. Des pèlerinages tant diocésains que paroissiaux ou communautaires doivent être organisés avec d’autres exercices spirituels pouvant servir d’espaces ou de moments propices de pénitence tout au long de cette année jubilaire de miséricorde.

L’œcuménisme et le dialogue interreligieux doivent être, aussi, beaucoup plus développés comme une autre stratégie pastorale pour cette année dans le but de bâtir l’unité chrétienne et un rapprochement entre les différentes cultures religieuses afin de libérer nos sociétés de l’esclavage du sectarisme et du divisionnisme. En effet, comme le dit le Pape François, à l’ère du Vatican II, l’Eglise ne peut oublier, dans ses visions pastorales, les paroles riches de sens de St Jn XXIII à l’ouverture des travaux dudit concile : « Aujourd’hui, l’Epouse du Christ, l’Eglise, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité,…. L’Eglise catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se montrer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés. » (MV, n°4) et ces paroles interpellent davantage encore notre Eglise du Diocèse de Bossangoa dans un contexte de tensions entre les différentes confessions

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et les différentes communautés religieuses. Une telle stratégie pastorale permettra de manifester la miséricorde de l’Eglise envers les frères-séparés et les autres croyants afin de libérer les autres et les autres des préjugés traditionnels dans le but de surmonter ou de détruire les obstacles qui empêchent la Réconciliation entre les chrétiens et les adeptes des autres Religions (la Communauté musulmane). Et dans le contexte qui est le nôtre dans notre diocèse où le fossé s’est davantage creusé avec la crise socio-politique transformée, malheureusement, en conflit religieux, que nous traversons, une telle pastorale menée avec conviction, foi, détermination et dans la vérité permettra d’aplanir le terrain social au rétablissement de la cohésion social entre les Communautés. Des temps forts doivent être organisés en vue de la réconciliation afin de resserrer les liens familiaux de cette Eglise famille de Dieu de Bossangoa, perdus, malheureusement, ces derniers temps.

Une pastorale de pardon doit être, aussi, promue en vue de transformer l’esprit de tous les acteurs pastoraux de ce Diocèse et leur inculquer le sens du pardon et de réconciliation, authentique gage d’un renouveau dans notre diocèse avec le pardon de Dieu dont nous sommes des bénéficiaires permanents. Un tel esprit traduira notre volonté de manifester, à notre tour, la miséricorde qui nous habite à nos frères. C’est ce que dit le Pape François en ces termes : « La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. » (MV, n°2). Je crois que cette pastorale est d’une importance indéniable pour ce diocèse où persistent des tensions afin d’y rétablir l’unité et la confiance entre les différents acteurs qui y œuvrent dans une solidarité fraternelle qui nous obligerait à nous supporter « les uns les autres avec charité ».

2. Le schéma pastoral où l’Eglise s’identifiera au Bon samaritain (Cf. Lc 10, 30-37)

Ce schéma pastoral se réfère plus à la miséricorde matérielle ou la charité que l’Eglise doit manifester envers les laisser- pour compte ou les victimes d’injustice sociale qui attendent les hommes de bonne volonté. En effet, le Bon samaritain est ce « demi-juif » qui a manifesté son amour, sa tendresse et sa pitié envers ce voyageur victime des bandits dans l’Evangile, en se portant à son chevet pour lui porter secours et le sauver.

Dans une zone où beaucoup de personnes vivent des situations sociales particulièrement difficiles : la misère, les maladies, les cas d’exclusion liée aux pesanteurs culturelles, aux injustices sociales, cas de délocalisation, paupérisation, notre Eglise diocésaine est appelée à approfondir, tout au long de cette année, sa pastorale sociale afin de refléter l’image du Bon samaritain auprès de nos sociétés au seuil de destruction. Oui, en plus de ses institutions à vision sociale tels que Caritas, Codis, Ecac, médias et Justice et Paix dont elle doit renforcer les capacités afin de les rendre efficaces en la matière, une pastorale sociale fondée sur la charité doit être développée auprès de nos chrétiens afin qu’une attention particulière soit portée envers les nécessiteux de nos communautés. A cet effet, les fraternités et mouvements dans nos Communautés doivent être poussés vers une pastorale basée sur l’apostolat permanent qui traduirait l’attention que l’Eglise porte à l’égard des catégories

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sociales vulnérables. Il serait donc mieux que les Aumôniers diocésains des différentes fraternités et différents mouvements développent un suivi et accompagnement de marque pour permettre à ceux-ci d’être des véritables prolongements du cœur tendre et compatissant de l’Eglise à travers une charité active. Ainsi donc, par l’image du Bon samaritain, nous sommes davantage invités à une pastorale sociale beaucoup plus pratique et active que théorique afin d’apporter un réconfort moral et social aux différentes victimes des situations sociales.

L’Eglise doit mettre aussi un accent particulier sur la formation de la conscience chrétienne, sur la charité qui nous permettra de nous comporter en responsables de nos prochains.

3. Le schéma pastoral où l’Eglise se donne l’image des parents du paralytique en Marc (cf. Mc 2, 1-12)

Ce troisième schéma pastoral qui doit s’inspirer de la détermination et de la confiance des parents du paralytique qui les ont mobilisés à porter leur frère par delà tous les obstacles jusqu’à Jésus pour être guéri. Une détermination et une confiance qui traduisent leur foi au Christ. Ainsi nous inspirant de cette figure, nous avons à développer une pastorale avec des stratégies qui puissent manifester l’Eglise comme intercesseur pour notre monde auprès du Christ. En effet, face aux multiples formes de mal qui pèsent sur les Communautés de notre zone, l’Eglise doit faire appel à la miséricorde de Dieu à travers la prière d’imploration et de supplication qu’elle élève, guidée par la foi, l’espérance et la charité. Et selon St Jeann Paul II, le droit et le devoir fondamental de l’Eglise, dans le Christ Jésus, est de « faire appel au Dieu de la miséricorde avec de grands cris » (DM, n°15).

Ainsi donc, que la miséricorde qui habite l’Eglise doit se transformer en une ardente prière qu’elle élève à tout moment à Dieu en faveur des victimes des différentes situations sociales de notre zone. Pour cela, une pastorale des malades, des prisonniers, des familles vivant des difficultés internes doit être développée dans nos différentes communautés paroissiales, ecclésiales de base et au sein de nos communautés presbytérales et religieuses. Dans ce sens, il convient davantage de développer dans nos communautés des groupes de prière d’intercession, de mettre l’accent particulier sur le sacrement des malades qui manifeste la compassion et la tendresse de Dieu envers l’homme dans son combat contre les forces négatives à la vie.

Conclusion

Au terme de ce parcours pastoral autour du thème de notre Diocèse, nous pouvons conclure que l’époque que traverse actuellement notre diocèse est une interpellation aiguë à une pastorale de tendresse et de compassion symbolisant la miséricorde en vue de rendre plus humaines les conditions de vie de l’homme.

Ainsi, pour qu’elle soit véritablement témoin de la Miséricorde et de Réconciliation dans notre zone, notre Eglise diocésaine, loin de se replier sur elle-même dans une pastorale à tendance conservatrice et loin de se montrer justicière dans une pastorale à tendance casuistique, doit se laisser guider par la spiritualité du Vatican II qui prône une pastorale

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d’ouverture, d’affection, d’admiration, de charité et de promotion envers l’homme qui doit être servi quels que soient ses conditions, sa misère et ses besoins.

Au seuil de cette année sainte, celle du jubilé de la Miséricorde, des réformes et ajustements des stratégies pastorales doivent être opérés dans notre diocèse dans le sens de la miséricorde afin d’en faire une véritable année de grâce pour notre diocèse en vue de son renouveau : un diocèse uni, dynamique, confiant et réconcilié avec Dieu et avec lui-même.

Abbé Aubin NDONTIMBAYE

CARREFOUR

1. Que devons-nous faire pour que nos familles soient l'avenir de notre pays et de

notre Eglise ? � Une paternité et une maternité responsables � Une revalorisation de l'éducation à la vie chrétienne et à l'amour � Le respect des autorités � L'alphabétisation des enfants � La culture d'une fraternité basée sur l'appartenance à la grande famille de Dieu

(Mc 3, 31-35) � La recherche de l'unité

2. A partir de l’expérience de notre Eglise, que disons-nous de la miséricorde et de la

réconciliation ? Par la voix de ses Evêques, l'Eglise de Centrafrique a toujours milité pour la

réconciliation de ses filles et fils. La figure de Mgr Paulin POMODIMO comme médiateur de

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la République témoigne de la volonté de l'Eglise de disposer ses ouvriers au service de la réconciliation nationale. Par ailleurs la Commission Episcopale Justice et Paix œuvre aussi pour la réconciliation.

3. Quels moyens allons-nous déployer pour la réconciliation en vue de devenir des messagers de la miséricorde ?

� Le respect des lois de la société et de l'Eglise � La cohésion sociale � Le respect de la dignité humaine � La vérité � La charité envers le prochain � Les conseils � L'écoute de la Parole de Dieu

4. Quelle est l'attente des fidèles laïcs envers les prêtres ?

� Les formations et les récollections � La bonne collaboration avec leurs fidèles � La proximité des prêtres avec les chrétiens � La famille sacerdotale en tant que reflet de la miséricorde et de la réconciliation � La pastorale sacramentelle � La pastorale des malades

SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS PAR LES PARTICIPANTS

I. Pour l'année jubilaire de la miséricorde de Dieu et de la réconciliation

1. Mise en place d'un calendrier pastoral diocésain :

� Visite de l'Evêque � Pèlerinage � Evaluation à mi-parcours des activités pastorales � Retraite annuelle

2. Image du Père et de l'enfant prodigue pour symboliser le thème de l'année pastorale 3. Mise en place d'une équipe de cohésion sociale dans chaque paroisse

II. Pour la redynamisation du Diocèse 1. Commissions diocésaines :

� Effectuer des tournées d'évaluation � Collaborer avec les curés

2. Auto-prise en charge : � Recherche des méthodes dans chaque paroisse selon les atouts

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� Participation des prêtres dans les orientations 3. Aumôniers diocésains :

� Appel à proximité avec les mouvements et les fraternités � Souhait d'un Forum des Jeunes

4. Renforcement de la capacité des catéchistes en objets et documents liturgiques 5. Renouvellement des promesses (engagements) à l'ouverture de l'année pastorale dans

chaque paroisse

6. Recrutement des candidats au poste de catéchiste et recyclage des anciens catéchistes.

7. Famille

� Catéchèse pour la famille

� Formation avant et après le mariage

8. Rencontres inter-paroissiales à l'ouverture de l'année pastorale dans chaque paroisse

(but : soutenir les caisses paroissiales)

9. Nomination des aumôniers et évaluation de leurs activités

10. Fréquentation régulière des Communautés chrétiennes par les prêtres

11. Revalorisation des moyens de communication par des notes circulaires

12. Mise en place du comité de vocation pour l'accompagnement des séminaristes

13. Création d'un centre de formation féminine à Bossangoa

14. Catéchèse sur la miséricorde et la réconciliation par le biais de la Radio Ndoyé

ORIENTATIONS PASTORALES

Au terme de trois jours d’intense réflexion, nous tendons vers la fin des travaux de l’ouverture de notre année pastorale diocésaine. Ce temps de grâce nous a permis, dans le contexte sociopolitique qui est celui de notre pays, de réfléchir aux orientations pastorales pour notre diocèse en lien avec l’année de la miséricorde.

Je remercie les intervenants pour la richesse, la qualité et la profondeur de leurs

présentations. J’exprime par ailleurs ma sincère gratitude à tous nos délégués paroissiaux pour la richesse de vos contributions.

Je retiens des débats et des différentes discussions les préoccupations pastorales

relatives à l’administration des sacrements, à la formation des catéchistes, à la redynamisation de nos communautés chrétiennes, à la réhabilitation de nos infrastructures notamment les couvents et les presbytères en vue de favoriser un meilleur accompagnement spirituel de nos fidèles, à la dotation des agents pastoraux en moyens adéquats de déplacement, au renouvellement des équipements liturgiques détruits lors de cette dernière crise. Certes, cette longue liste s’impose et nous devrons en tenir compte pour l’élaboration de nos plans pastoraux. Toutefois, comme j’ai eu à vous le rappeler, il ne suffit pas de dresser la liste des besoins et

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attendre que quelqu’un d’autre fournisse les moyens de notre politique. La construction de notre Diocèse relève avant tout de notre responsabilité. Bien que la crise nous ait plongés dans une grande pauvreté et dans la précarité, quelle stratégie devons-nous élaborer afin de relever les nombreux défis qui s’imposent à nous ? Réfléchissons-y ensemble !

Dans le contexte de notre thème d’année, je souhaite insister sur la double dimension

des œuvres de la miséricorde, notamment les œuvres corporelles et les œuvres spirituelles. Par les œuvres de miséricorde corporelles, l’Eglise accueille les étrangers. Elle

manifeste par ailleurs la sollicitude et le visage aimant de Dieu à ceux qui sont dans le besoin, en particulier aux affamés, aux assoiffés, aux malades, aux prisonniers et à ceux qui sont nus. Pour cette mission ou pour ce témoignage, notre Diocèse et nos paroisses disposent des structures qu’il faut redynamiser. Il s’agit de la Caritas, de la Coordination de la Santé, de l’Enseignement catholique et des différentes aumôneries. La plupart des fraternités et des mouvements qui exercent dans notre Diocèse répondent par la charte de leur constitution à ces préoccupations pastorales. Dans la synergie et la transparence, nous devons renforcer la collaboration entre les instances diocésaines et les structures paroissiales afin « de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine » (MV, n° 15).

Quant aux œuvres de miséricorde spirituelles, elles constituent un défi majeur pour nos

communautés chrétiennes dans la mise en pratique du pardon. Comme le rappelle François, ces œuvres consistent à « conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts » (MV, n° 15). Note foi est ainsi mise à l’épreuve du pardon et de la réconciliation.

Fidèles du Diocèse de Bossangoa, prêtres et religieuses, dans la cohérence et la fidélité

à nos engagements baptismaux, manifestons le visage aimant de Dieu par le témoignage de la miséricorde et de la réconciliation !

Par l’intercession de Notre Dame de l’Ouham, devenons véritablement témoins de

miséricorde et de réconciliation dans notre Diocèse de Bossangoa, ébranlé par les tempêtes de la crise sociopolitique qui affecte encore notre pays.

Mgr Nestor Désiré NONGO AZIAGBIA SMA Évêque de Bossangoa

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MESSAGE DE SON EXCELLENCE MGR Nestor Désiré NONGO AZAGBIA SMA AUX PRETRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES,

FIDELES ET HOMMES DE BONNE VOLONTE DU DIOCESE DE BO SSANGOA A L’OCCASION DE L’OUVERTURE DE L’ANNEE PASTORALE 20 15-2016

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Du 30 septembre au 4 octobre 2015, nous nous sommes retrouvés à Bossangoa pour réfléchir et partager sur le thème pastoral de l’année intitulé : « Eglise du diocèse de Bossangoa, famille de Dieu, soit témoin de Miséricorde et de Réconciliation ». Le choix de ce thème se justifie à deux niveaux, à savoir l’année jubilaire de la divine Miséricorde proclamée par le Saint Père, Pape François, et le contexte actuel de notre pays.

L’approfondissement des quatre sous-thèmes ci-dessous nous a aidés à nous approprier le thème pastoral de cette année et à tirer les bénéfices spirituels du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde :

1- Place et Rôle de la famille pour la miséricorde et la réconciliation dans le diocèse de Bossangoa.

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2- Réflexion sur Jésus-Christ, visage de la miséricorde du Père : à la lumière de la bulle d’indiction du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde du Pape François ;

3- Mahomet, témoin prophétique de miséricorde ; 4- Qu’exige de notre Eglise diocésaine le témoignage de la Miséricorde et de la

Réconciliation sur le plan pastoral ?

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Le témoignage à la Miséricorde et à la Réconciliation trouve son fondement dans la contemplation du Christ, visage de la Miséricorde du Père, et engage l’homme dans toutes ses dimensions : spirituelle, sociale, politique, économique et religieuse. L’homme, dans chacune de ses dimensions, doit vivre et manifester la miséricorde et la réconciliation dans son agir.

A la lumière du contexte de notre pays, ce thème nous interpelle tous à mettre en pratique les conseils du Saint Père à travers la double dimension de la miséricorde, notamment les œuvres corporelles qui nous invitent à la charité et les œuvres spirituelles qui nous exhortent au pardon et à la conversion.

A cet effet, nous sommes invités à reconnaître que la miséricorde de Dieu est plus grande que le péché de l’homme. Il est temps de reconnaître nos péchés et de nous réconcilier avec Dieu et avec nos frères, sans distinction de race et de religion.

Au cours de cette année jubilaire, que nos activités pastorales soient orientées vers la valorisation du sacrement de la réconciliation et vers notre épanouissement social et spirituel.

Par l’intercession de Notre Dame de l’Ouham, confions nos projets pastoraux au Seigneur et implorons sa divine miséricorde sur nos familles respectives et sur notre Diocèse qui cherche à toujours rayonner la Bonne Nouvelle du Christ en dépit des tempêtes de la crise sociopolitique qui affecte encore notre pays.

Donné à Bossangoa le 04 0ctobre 2015, en la fête de Saint François d’Assise

Mgr Nestor Désiré NONGO AZIAGBIA SMA Evêque de Bossangoa

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LISTE DES PARTICIPANTS A LA SESSION DIOCESAINE

A. PRETRES 1. Abbé Jean Claude DIORO 2. Abbé Guy Alain Désiré ANDJILEDOU 3. Abbé Marcel YEREMANDJI 4. Abbé Flavien FEHINGMONA II 5. Abbé Magloire Clet GOLO 6. Abbé François NGANAMOKWE 7. Abbé Frédéric Théodore MALIMOU 8. Abbé Alain EOUANZOUI 9. Abbé Joseph KPIKOLO TOMBO 10. Abbé Koffine Firmin DEMASSE 11. Abbé Marcel KOUSSAYO 12. Abbé Michel NINGANDO 13. Abbé Aubin NDONTIBAYE 14. Abbé Aurélien Arthur NGAYA

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B. RELIGIEUSES 1. Pte Sœur Théodorine BISSA 2. Pte Sœur Marie Catherine

C. LAICS I. Doyenné de l'Est 1. Paroisse François d'Assise de Bouca

� FEÏRA Ruth � TANGAMAGO Adrien � SIODOUBI Thierry � FEIDANGAMO Thibaut � NOMBE Joseph � NZAPAKETE Innocent � DIALLO Teddy-Narcisse � SARAGAZA Georges

II. Doyenné du Centre 1. Paroisse Saint Antoine de Padoue

� BEOROFEÏ Saint Cyr � KOÏKOUMA Béatrice � KOÏKOUMA Triphonie � LOMBAYE Yvonne � DEFARAFEÏBONA Christophe � ALADOUM Emmanuel � GONISSERE Thomas � FEÏNDIRI Samuel � DAHOZOUM Annette � DELEGUE Etienne

2. Paroisse Saints Pierre et Paul de Borro

� SANWOLI Constant � DANBEAM Laurent � NGAÏHOURON Léonard � OUATO Igor � KESSANGANAM Pacôme � YANDOUMA Paterne � TOMBOLA Crépin � KONAMNA André � MAÏTOLAL Théophile � SENIA Pélagie � KINGAÏ-BINON Célestin � PEABOY Patrick � TOUANGAY Podesta � NGARTOLOUM Clément-Aristide

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� HONISSE Anastasie

3. Paroisse Notre Dame de l'Ouham � BELMAR Pierre � YEDANGA Michel � BALEGO Jean � ANGUELEPOU Nestor � LOUSSOU Prisca � NDJAELENGA Eloïc � PARTOUT Gabriel � NGUENGO Jean Bruno � PEFEI Luc � ZERE Boniface

4. Paroisse Saint Charles Lwanga

� SENDANGANAM Michel � NAMASANDE Alexis � NGANAYAM Salomon � NAMNGAÏ Jonas � NGANANAM Damaris � YANKOSSI Martin � FEÏDAMAÏ Brice Gustave � DOLE Thibaut Papias � WILIBONA Fidèle � FELEMA Jean Pierre � KEANFEI Michel � SENWELI Célestin � ZANFEI Solange

III. Doyenné du Nord

1. Paroisse Sainte Thérèse de l'Enfant de Nana Bakassa

� NGANARE Albert � EZOUI Dénis � BEKAÏDEMO Marcel � DEAHOU Eric � NGANARE Justin

2. Paroisse Saint Laurent de Kouki

� NGANAMOKWE Kisito � NOZINDO Epaye � FEÏZOUI Zéphirin

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PHOTO DES PRETRES, SERVANTS DE MESSE, DANSEUSES ET LECTEURS APRES LA MESSE DE CLOTURE DE LA SESSION DIOCESAINE SOUS LA VERANDA DE L’EVECHE DE BOSSANGOA