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Master 1 DROIT INTERNATIONAL PRIVE Mme Niboyet Année 2009-2010

DIP Cassandre

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Page 1: DIP Cassandre

Master 1

DROIT INTERNATIONAL

PRIVE

Mme NiboyetAnnée 2009-2010

Page 2: DIP Cassandre

INTRODUCTION : Spécificité quant à son objet, méthodes et sources

1) La spécificité de l'objet: 4 grands Blocs

* Non étudiés:

1 er bloc: En droit international privé, tout vient de ce que l'on appelle le phénomène de la frontière: il appartient à chaque Etat de délimiter ses nationaux que l'on définit comme la population constitutive de chaque Etat. Ainsi, une branche du droit français définit les conditions d'acquisition et de perte de la nationalité. Ce droit se trouve dans le code civil. Le droit de la nationalité est un des premiers morceaux du droit international privé. Est Français l'enfant né en France dont l'un des parents au moins y est né: le jus solis et le jus sanguinis.

2 e bloc: Une fois que l'on a définit les nationaux et par opposition les étrangers, il existe des règles définissant la condition des étrangers en France, règles par essence discriminatoires puisqu'elle visent l'étranger et non pas le national.Il existe d'autres règles qui ont pour objet d'assimiler l'étranger au national: en droit civil, le principe d'assimilation s'applique sauf exceptions. Ce bloc comporte aussi des règles sanctificatrices qui peuvent entrainer des expulsions par la force publique, c'est la raison pour laquelle on parle souvent de police des étrangers

* Etudié:

3 e bloc: Les conflits de lois: Pour qu'il y ait conflit de lois, il faut qu'il y ait une relation privée internationale, c'est-à-dire une situation qui aurait lié des liens avec plusieurs pays, soit par la nationalité, la résidence ou encore les lieux de situation des biens, de production des faits ou d'accomplissement des actes concernés. Le fait que cette situation présente des liens avec plusieurs pays est appelée une situation qui comporte des éléments d'extranéité. En présence d'élément d'extranéité, il y a une situation de conflit de lois: au moins deux lois de pays différents ont vocation à s'appliquer. Pour trouver la loi applicable, on élabore des règles de conflit de lois: ce sont des règles de choix de lois relevant de systèmes juridiques différents. Il peut y avoir un fait générateur commis dans un pays A et un préjudice dans un pays B: on appliquera une règle de conflit de lois, la plus importante est celle de l'application du droit du pays dans lequel s'est déroulé le délit.Il existe la méthode des lois d'application immédiate: certaines lois sont tellement importantes qu'elle doivent être respectées partout sur le territoire.

4 e bloc : Les conflits de juridiction : Cette expression est utilisée en parallèle avec les conflits de lois. En vérité il n'y a pas de choix de juridictions car les états sont exclusivement compétents pour déterminer la compétence de leurs juges et pour définir les effets des jugements étrangers sur son territoire. Or, les conflits de juridiction recouvrent deux matières : les règles de compétence judiciaire internationale et les règles concernant les jugements étrangers.

- Les règles de compétence judiciaire internationale ont pour but de dire dans quel litige les juges français sont compétents. Dès lors que la situation est internationale les juges français ne sont pas forcément compétents. Il faut qu'il y ait un lien de rattachement (critères) entre le litige et le juge français. Par ex : la nationalité française.Les articles 14 et 15 du Code Civil confèrent un privilège de juridiction aux ressortissants français : mais cette règle est très subsidiaire et son domaine d'application se restreint de plus en plus. Ces articles sont en effet exclus par de nombreuses conventions internationales mais également par des règles du droit de l'UE. Cf. Le règlement CE dit Bruxelles 1 qui détermine la compétence européenne en matière civile et commerciale : ce règlement exclut les privilèges nationaux. Lorsque la règle est internationale ou communautaire, elle peut établir des choix de juridiction compétente, les Etats signataires se mettant d'accord.

- Les règles concernant les jugements étrangers : Dans certains pays, on refuse d'exécuter un jugement étranger (Pays-Bas, Russie). En France, on accepte depuis très longtemps que des jugements étrangers puissent produire des effets mais ces effets sont subordonnés à des conditions. Le règlement Bruxelles 1 pose le principe de la reconnaissance de plein droit des jugements européens dans l'espace européen.

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2) La spécificité des méthode

Il existe des ordres juridiques nationaux mais également régionaux, comme l'ordre juridique communautaire. Dans ce dernier, il y a de plus en plus de règles de droit international privé. Certaines théories soutiennent l'existence d'ordres juridiques privés déterritorialisés : l'ordre des opérateurs du commerce international (l’ordre mercatique) qui aurait produit son propre droit que l'on appelle la lex mercatoria. Cette lex mercatoria n'a pas été produite par un Etat ni par une Convention entre plusieurs Etats, elle aurait été directement produite par les usages, pratiques du commerce international. Une école de pensée née à Dijon (Berthold Goldman) avait soutenu l'idée que les opérateurs pouvaient créer eux-mêmes du droit, c'est la régulation du marché par le marché lui-même. Cette réflexion très théorique implique que l'on s'interroge sur ce qu'est un ordre juridique.

Pour résoudre les conflits de lois, il existe un pluralisme méthodologique (cf. Ci-dessus). La loi du for c'est la loi du juge saisit. C'est le système juridique de référence en cas de conflit de lois. Le postulat est que si l'on accepte l'idée d'appliquer soit telle loi soit telle loi, c'est parce que l'on considère qu'il y a une équivalence entre ces deux lois, une présomption d'équivalence entre une loi étrangère et la loi du for. De la même façon que le postulat de la reconnaissance des jugements étrangers, c'est une présomption d'équivalence entre les différentes justices.Il peut cependant y avoir de tellement grandes différences entre les lois et entre les justices que la présomption peut être renversée. La présomption d'équivalence va être renversée au moyen d'exceptions que l'on peut considérer comme des gardes fous, des techniques protectrices de certains intérêts. Ex : l'exception d'ordre public, c'est ce qui va évincer la loi étrangère lorsque son contenu nous paraît contraire à notre ordre public, que la loi contrevient à nos valeurs essentielles.L'exception de fraude peut également faire écarter la loi étrangère lorsque son application résulte d'une fraude commise par les parties, qui peuvent imaginer des manipulations ayant pour effet de rendre applicable une autre loi que celle qui devrait normalement s'appliquer. Ex : lorsque le divorce était interdit en France, une princesse avait changé de nationalité et s'était installée en Allemagne pour pouvoir bénéficier de la séparation de corps en Allemagne puis était revenue en France pour se remarier. On lui a opposé l'exception de fraude.

3) Les sources du droit international privé

En France il y a une absence de codification nationale, il n’existe pas de code ou de loi référençant les règles. Il y a très peu de sources écrites à part le droit de la nationalité et le droit des étrangers.

A) Nationales:

* Les conflits de lois

Dans le domaine des conflits de la loi il y a des texte et surtout l’art 3 du Code Civil, c’est l’article à partir duquel la JP a former des principes.

Al 1: les lois de police et de sureté obligent ceux qui habitent le territoire. L’al 1 a été interprété comme concernant les délits civils par la JP, il soumet à la loi du lieu du délit les délits qui se produisent sur le territoire.

Al 2: les immeubles même ceux procédés par des étrangers sont régis par la loi française. Le deuxième alinéa concerne les immeuble rien n’est dit sur les meubles.

Al 3 : les loi concernant l’état et la capacité des personnes régissent les français même résidant en pays étranger. Le 3e al concerne le droit des personnes.Ces trois alinéas ont un objet limité.

Des questions sont donc étrangères: les actes juridiques et les relations familiale. Il y a aussi peut de choses dans le code de 1804 car pour les auteurs dans le domaine des conflits de loi les solutions étaient très diverses selon les régions et il n’était pas possible de se mettre d’accords sur des règles communes, ils s’en remettaient aux tribunaux. La JP a donc été obligée de trouver

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des solutions, jusqu’en 1972 il n’y avait aucun autre texte de loi. C’est ce travail de la JP qui est extraordinaire. Sous l’article 3 se trouve l’élaboration de la JP avec un grand nombre d’annotations.En 1972, il y a eu une réforme du droit de la filiation , le législateur a envisagé les situations de conflits de lois et a poser des règles de conflits dans ce domaine: art 311-14 et s.

En 1975: réforme du droit du divorce ( divorce par consentement mutuel) avec introduction d’un règle de conflit en cette matière, nouvel art 309. Puis art 370-3 et s.

* Les conflits de juridictions

En ce qui concerne les conflits de juridiction il y a peu de texte. Art 14 et 15 du Code Civil énonce un privilège au profit des français de juridiction qui leur permet de saisir les tribunaux français lorsqu’ils sont demandeur ou défendeur. La JP a longtemps considéré que le juge français était incompétente pour statuer sur les litiges entre étrangers . Puis la JP face à l’absence de texte s’est servie des dispositions du droit interne français lorsqu’elle a pu jugée de ces conflits, art 42 et s du CPC. Elle a posé le principe de l’extension à l’ordre international des règles de compétences internes.

* Les effets des jugements

Les effets des jugements: une seule disposition: qui indique que les jugements étrangers peuvent produire des effets conformément à la loi mais rien de plus ancien art 546 CPC maintenant art 509CPC.

Le DIP est une matière essentiellement jurisprudentielle. Mais évolution au mouvement d’internationalisation du DIP et de communautarisation du DIP. À défaut d’une codification nationale on dispose d’une codification internationale et européenne.

B) La codification internationale:

* Les conventions internationales

Résulte des conventions internationales élaborées en la matière. Deux organisations internationales ont été fécondes ici. Tout d’abord la conférence de DIP de La Haye (qui est une OI à dimension mondiale dont l’objet est de procéder à

l’uniformisation progressive du DIP) a été active depuis la seconde guerre mondiale, ainsi un très grand nombre de convention de La Haye dans tous les domaines: les relations personnelles (adoption, responsabilité parentale, pensions alimentaires), le droit des obligations (responsabilité du fait des accidents de la circulation, vente internationale), régimes matrimoniaux, compétence judiciaire internationale et les effets des jugements, procédure. Ainsi presque tous les domaines sont touchés. La particularité dans le domaine des conflits de lois c’est d’unifier les règles de conflit. Les droits internes des Etats restent intactes mais ils se mettent d’accords sur les règles de choix des lois, de conflits des loi ex: loi de la résidence habituelle des mineurs peut être choisie.

C’est différent pour l’autre grande OI: La Commission des Nations Unies pour le Droit Commercial Internationale qui a pour objet d’unifier les droits matériel des états membres dans certains domaines. Ex: la Conventions de Vienne sur la vente internationale de marchandise de 1980.

* L’Europe

Certaines conventions ont une portée régionale, telle qu’entre l’Europe: La convention de Bruxelles du 27 septembre 1968 sur la compétence judiciaire et les effets des jugements en matières civile et commerciale. Porte sur les conflits de juridiction. Et la convention de Rome du 18 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles. Porte sur les conflits de lois. On peut parler d’une codification internationale mais ce n’est pas la codification la plus importante: la codification européenne. A commencée avec les deux convection (Bruxelles et Rome).

Mais le mouvement s’est amplifiée depuis le traité d’Amsterdam. Ce traité a transféré les mesures de coopération judiciaire en matière civile et commerciale au premier pilier des compétences communautaire art 61 et s. du traité sur la communauté européenne. Il y a eu un débat doctrinal pour connaître l’étendue de cette compétence communautaire car les art 61 et s ne visent que la coopération judiciaire ce qui ne couvre pas en principe tout le DIP (mais aux effets des jugements et aux mesures de procédure). De plus cet article autorise l’adoption de règles communautaires pour prendre des mesures ayant une incidence transfrontière dès lors qu’elles sont nécessaires au bon fonctionnement du marché intérieur notamment une liste de mesures qui pourraient être prises: des mesures qui favorisent l’harmonisation des règles de conflits de lois et de juridictions. La première lecture est restrictive: la procédure seule concernée si l’on démontre qu’elles étaient justifiées par le bon fonctionnement du marché

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intérieur alors que la deuxième lecture était beaucoup plus large concernant le DIP.

La doctrine française s’est déchirée sur cette question. C’est l’interprétation large qui l’a emportée.

Tous les états membres ne sont pas placés dans la même situation. Le Royaume-Unis et l’Irlande se sont réservés la possibilité d’adhérer aux éléments de DIP communautaire: système d’opt in. Système d’opt out pour le Danemark : ce pays ne participe pas aux négociations, et lorsque les règlements sont adoptés, il faut que la communauté conclue une convention avec le Danemark, ex: la Convention de Bruxelles a été reprise dans un règlement dit Bruxelles 1 n°44 2201 du 22 décembre 2000; il a fallut conclure une convention avec le Danemark pour rendre applicable ce règlement. Il y a un mouvement de codification européen mais avec des paramètres assez complexe: géométrie variable.

Le règlement Bruxelles 1 est très large: harmonisation des règles de compétences judicaires européennes et dans les considérants de ce dernier il est indiqué que cette harmonisation est une nécessité dans le marché intérieur pour que les justiciables aient le même accès à la justice, devant la multiplication des contrats transfrontière. Cette harmonisation relève donc de la compétence communautaire. Des règlements ont depuis été élaborés en matière de conflits de loi dont le règlement Rome 1 n°593 2008 du 17 juin 2008 et Rome 2 du 11 juillet 2007 n° 864 2007. Rome 1 est la transformation de la convention de Rome, il unifie les règles de conflit de loi en matière contractuelle. Les Etats membres et la commission on estimé qu’il y a une compétence communautaire dans ce domaine. Rome 2 harmonise les règles de conflits en matière d’obligation extra contractuelle (responsabilité délictuelle).

On peut considérer que c’est l’ensemble des conflits de loi et de juridictions qui relèvent de la compétence communautaire. Cela a des conséquences importantes car lorsque la communauté a une compétence normale dans un domaine alors elle devient une compétence exclusive dans ses relations avec les états tiers et la CJCE avis 103 du 7 février 2006 a estimé que la communauté avait la compétence exclusive en matière de compétence judiciaire et d’effet des jugements dans le domaine civil et commercial car Bruxelles 1 le couvre et que dans le champs d‘application tombe des relations avec les états tiers donc y voit le signe d‘une compétence exclusive. Aujourd’hui les états membres en peuvent plus négocier individuellement de conventions internationales avec un état tiers dans ce domaine. La négociation doit se faire au sein de la communauté avec les états tiers. ex: à la conférence de La Haye à laquelle participe tous les états membres ont a du modifier les statuts pour que la CE devienne membre de la conférence et maintenant dans les réunions, les EM ont des réunions entre eux pour adopter une position commune représenté par la Commission.

Un autre règlement est important: Bruxelles 2 bis n° 2201 2003 qui concerne la dissolution du mariage et la responsabilité parentale. Il comporte des règles de compétences judiciaire et sur les effets des jugements.D’autres règlements sont en cours d’élaboration, et Bruxelles 1 est rediscuter pour une future révision.

La convention Lugano signée entre la communauté et les états membres de l’AELE, a été révisée pour l’alignée sur Bruxelles 1 ce qui a donné une nouvelle convention en 2007: Lugano Bis qui est pratiquement identique à Bruxelles 1.

En parallèle il a été mis en place un réseau judiciaire européen en matière civil et commercial: création de lien entre les juges européen pour des contact personnel entre les juges des différents EM, pour des échanges d’information et pour faciliter les transmissions d’actes de procédure.

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CHAPITRE PRELIMINAIRE : Premiers repaires

Lorsqu’un juge français est saisi d’un litige à l’occasion d’une situation de DIP, les règles concernant la compétences du juges sont proches de celles de la procédure civile. Mais la question de détermination du droit applicable est originale: possibilité pour un juge français de résoudre un conflit de droit privé par l’application d’une loi étrangère . Il faut définir des critères de choix applicable: définie en classification des questions susceptibles de se poser. La classification traditionnelle distingue ce qui touche aux personnes, aux biens, aux obligations et aux relations de familles patrimoniales (régimes matrimoniaux et successions).

Première Section: Les personnes

La catégorie « personne » englobe les éléments d’identification des individus, leurs capacités et les relations personnelles qu’ils peuvent entretenir dans le cadre des relations de couple ou dans le cadre des relations parents-enfants.

§1 - l’individus

Le statut juridique de l’individu pris isolément concerne essentiellement sont nom et sa capacité, on aurait pu inclure la nationalité de l’individu mais elle obéie à des règles totalement différentes.

Le principe est celui de l’application de la loi nationale, dégagé par la JP à partir de l’art 3 al 3 du code civil. Cet alinéa dispose que les lois concernant l’état et la capacité des personnes régissent les français mm résidents à l’étranger. Il n’envisage que le champ d’application de la loi française, mais la JP a dégagé de cet alinéa une règle de conflit de type bilatérale qui permet de désigner aussi bien une loi française qu’une loi étrangère, la règle est devenue l’état et la capacité des personnes sont régies par leurs lois nationales.

Pour la capacité le domaine de cette règle: la loi nationale détermine l’aptitude ou l’inaptitude des individus pour conclure des actes juridiques, fixe un âge de majorité qui rend apte. Mais pour ceux qui sont frappés d’inaptitude la question se pose du système de protection de ces incapables. En ce qui concerne les mineurs il faut appliquer les solutions de la convention de la Haie du 5 octobre 1961, cette convention devrait être prochainement remplacée par la convention de La haie du 19 octobre 1996 qui n’est toujours pas rentrée en vigueur (problème de ratification). Les solutions de la convention de 1996: le principe est que ce sont les autorités de la résidence habituelle du mineur qui sont compétentes pour désigner les organes de protection de ce mineur conformément à la loi nationale de ces autorités: application de la loi de résidence habituelle du mineur.

Une autre convention de la Haye a été élaborée pour la protection des adultes souffrant d’une altération de leurs facultés personnelles: du 13 janvier 2000 entrée en vigueur le 1er janvier 2009. Elle prévoit la compétence des autorités de la résidence habituelle de l’adulte pour l’application de leurs propres lois.Ainsi on se rend compte que la loi nationale a un domaine réduit (le système de protection).

§2 - Le couple

Jusqu’à la fin du XXe siècle l’organisation juridique était essentiellement conçue sur le modèle du mariage à la foie monogame et entre personnes de sexes différents. La loi de 1999 a introduit dans le droit français le PACS, une convention entre deux personnes qui souhaitent organiser juridiquement leurs relations, ce pacte civil existe dans beaucoup d’autres pays : les partenariats enregistrés. Ouverts souvent à des personnes de même sexes ou non, mais entre les pays c’est différents, modèles différents, sur le modèle du mariage ou non produisant des effets moindres: des conventions cadre de vie.

A) Le mariage

Il faut distinguer la formation et les effets du mariage qui ne sont soumis aux mêmes règles mais aussi distinguer un des effets du mariage: la dissolution du mariage.

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1- La formation du mariageIl faut ici distinguer les conditions de fonds et les conditions de formes:

Les conditions de fonds:

Condition d’identité de sexes ou non, l’âge ou d’éventuelles interdictions de mariage en fonction de la parenté. Le principe est celui de l’application de la loi nationale (art 3 al 3 JP). Si les époux sont de différentes nationalités la situation se complique. On peut procéder à l’application distributive des lois nationales toutes les fois ou la condition de fonds peut faire l’objet d’une application distincte pour l’un et l’autre époux. ex: l’âge pour se marier: la femme doit avoir l’âge prévu par sa loi national de même pour l’homme. Mais il y a des conditions qui concernent un lien entre les deux époux. On en peut plus alors faire l’application distributive, il faut faire une application cumulative des deux lois nationales. Femme française ne peut épouser son oncle mm si la loi nationale de l’homme lui permet: le mariage sera impossible; revient à appliquer la loi la plus sévère. L’application cumulative est procédée également sur des questions comme l’identité ou non des sexes, les unions polygamiques.

Mais le DIP est soucieux de trouver des solutions qui tiennent compte des situations qui se sont déjà constituée à l’étranger, on fait une différence selon que le mariage a été célébré en France ou à l’étranger. Concerne la mise en œuvre de l’exception d’ordre public. ex: 2 individus mauritaniens ne pourraient pas en France célébrer un mariage polygamique car on considère que cela choque les valeurs fondamentales de la société française, en revanche si le mariage a été célébré en Mauritanie conformément au droit mauritanien, la France reconnaitra le mariage c’est l’effet atténué de l’ordre public.il faudra faire le même raisonnement avec les personnes de même sexe. Mais il faut que les deux lois nationales des époux le reconnaissent.

Les conditions de forme de la célébration du mariage:

La règle applicable est l’application de la loi locale: de la loi du lieu de célébration du mariage; si le mariage est célébré en France on appliquera la loi française quelque soit la nationalité des époux: c’est le mariage civil qui doit être antérieur au mariage religieux. Si le mariage a lieu à l’étranger le mariage est valable s’il est conforme au droit légal (il peut être religieux si le pays le reconnait). En cas de mariage mixte enter un français et un étrangers, des dispositions du code civil impose une audition préalable des époux: pour vérifier la réalité du consentement des époux et détecter un mariage blanc (fait par un officier de l‘état civil). Si le mariage mixte est célébré à l’étranger la formalité doit être respectée: 171-1 et s. du code civil, l’audition préalable des époux interviendra devant les autorités diplomatiques françaises.

2- Les effets personnels du mariage

La JP a élaboré un rattachement particulier pour les effets du mariage, si les époux sont de mm nationalité on applique la loi nationale commune, si ils sont de lois nationales différentes ont applique la loi du domicile commun, si ils n’ont plus de domicile commun dans un même pays on applique la loi du for (la loi du juge saisi) . La loi française régissait mm les dissolutions du mariage. Aujourd’hui le domaine de la loi des effets du mariage est très réduit car la loi de 1975 a élaborée de nouvelles règles de conflits en matière de divorce (art 309), en ce qui concerne la filiation il y a des règles spécifiques.Aujourd’hui la loi des effets du mariage régit l’adoption par un couple marié, l’attribution du nom à la femme et la question des donations entre époux. Les régimes matrimoniaux sont soumis à une autre loi.

3- La question de la dissolution du mariage

Loi applicable au divorce art 309. C’est une règle de conflit unilatérale car elle détermine exclusivement le champ d’application de la loi française: dans quel cas un divorce international est régit par la loi française:

-lorsque le époux sont tous les deux français-lorsque les deux époux sont domiciliés en France-lorsque aucune loi étrangère n’est applicable.

A contrario on voit les cas d’application de la loi étrangère: époux pas tous les deux français et pas tous les deux domicilié en France, ou si une loi étrangère estime être applicable. française et Marocain pas domiciliés en France, le mari peut demander l’application de la loi marocaine.

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B) Les autres formes d’unions

Le partenariat enregistré suppose un pacte enregistré dans un pays donné. Au lendemain de la loi de 1999 et jusqu’en 2008 on ne savait pas quelle était la loi applicable. La doctrine a élaboré des raisonnements. Un nouvel article a été introduit 515-17-1 du code civil. Cet article rend applicable la loi de l’autorité chargée de l’enregistrement. Si un PACS a été enregistré en France il est régit par la loi française aussi bien quand à ses conditions qu’à ses effets, mais si un partenariat a été enregistrés à l’étranger alors la loi de l’autorité qui l’a enregistré l’applique.

Union libre: il n’y a pas de règles de conflits spécifiques. La solution consiste à appliquer les règles de conflits ordinaires aux effets des obligations crées éventuellement entre les concubins. S’il y a une responsabilité civile de l’un par rapport à l’autre on appliquera la loi de la responsabilité. On ne tient pas compte de l’existence du concubinage en DIP.

§3 - La filiation

A) La filiation par le sang

Il y a eu une réforme de 2005 du droit interne de la filiation, dont la conséquence a été de supprimer toute distinction entre filiation légitime et filiation naturelle.

L’établissement de la filiation :

o Règle générale art 311-14: désigne la loi nationale de la mère. o Il y a des règles particulières:

Art 331-17 pose une règle de conflit sur la loi applicable à la reconnaissance volontaire de paternité ou de maternité. Cette reconnaissance est valable si elle a été faite en conformité soit de la loi personnelle de l’auteur (celui qui a reconnu l’enfant) soit de la loi personnelle de l’enfant. Cette règle signifie que deux lois peuvent s’appliquer en fonction du résultat : la validité de la reconnaissance. Ce type de règle est une règle de conflit à finalité matérielle, ou encore une règle orientée vers un certain résultat (ici la validité de la reconnaissance).Art 311-15: prévoit que les effets de la possession d’état sont régis par la loi française si l’enfant et l’un de ses parents résident en France: c’est une loi d’application immédiate. C’est une règle qui ne vise que ponctuellement certaines dispositions de la loi françaises: ici celles qui donnent des effets à la possession d’état en France (si un enfant est traité comme un enfant par le sang on considère qu’il a la possession d’état des parents qui s’occupent de lui: réalité sociologique). Les effets peuvent être positifs ou négatifs (s’opposer à la filiation).

Les effets de la filiation : - L’autorité parentale: régie par la convention de la Haye sur la protection des mineurs. - le droit aux aliments: la convention de la Haye du 2 octobre 1993 désigne la loi applicable. En principe c’est la loi du créancier d’aliment, mais si celle-ci ne donne pas de droit à des aliments, on applique la loi du débiteur ou encore à défaut on applique la loi de l’autorité saisie.

B) La filiation adoptive

Des règles ont été introduites par la loi de 2001: art 370-3 à 370-5.

Conditions de l’adoption Les conditions relatives aux adoptants sont déterminées par la loi nationale si c’est une adoption par une personne seule,

et par la loi des effets du mariage si c’est une adoption par un couple . En outre l’adoption requiert le consentement du représentant de l’enfant, qui doit être donné en peine conscience des effets de l’adoption (mais on ne parle pas de la loi applicable, c’est une règle matérielle, on ne choisi pas une loi on dit directement quelle est la solution).

Les effets de l’adoption - adoption prononcée en France: les effets de l’adoption sont régies par le droit français.- adoption prononcée à l’étranger : le droit français s’applique en regardant si l’adoption prononcée à l’étranger ressemble à une adoption simple ou à une adoption plénière. On le voit en fonction du consentement donné. L’adoption plénière rompt

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définitivement les liens du sang, de l’enfant avec sa famille par le sang. Adoption simple: on ne fait qu’ajouter un lien d’adoption aux liens familiaux préexistant.

Deuxième Section: Les Biens

§1 - Les biens corporels

La loi applicable est la loi du lieu de situation du bien qu’il s’agisse d’un meuble ou d’un immeuble. Le domaine de cette loi régie la nature et le régime des droits sur les choses: droit de propriété, la possession, les suretés, les droits réel et accessoires, le statut réel, les choses, les biens. Cette règle de conflit a été déduite par la JP de l’art 3 al 2 la loi française régie les immeubles situés en France, la JP l’a étendue aux meubles et aux immeubles situés à l’étranger. Mais son application peut être compliquée. EX: une sureté sur un meuble, si le meuble est situé en France on applique le droit français. Si le bien est déplacé dans un autre pays: régis par la loi d’un autre pays: c’est un conflit mobile car on a déplacé dans l’espace le bien de sorte que l’on a deux lois qui sont successivement applicables dans le temps.

§ 2 – Les biens incorporels

Il n’y a pas de solutions homogènes, il a y des règles différentes selon chaque type de biens.Exemples :

- Les obligations : soumises à la loi de la source de l’obligation, si c’et contractuel ce sera la loi du contrat ; si c’est délictuel, on appliquera la loi du délit.

- Dans la société : on applique la lex societatis, la loi de la société qui peut être la loi du lieu de constitution de la société ou la loi du siège social de la société

- Propriété intellectuelle : grande variété de solutions découlant notamment de convention internationales : dont la Convention de Berne sur les droits d’auteurs.

Le bien est pris isolément, mais un bien peu être compris dans une universalité de bien. Leur traitement peu être spécifique, il y a des solutions particulières sur les faillites : loi du lieu d’ouverture de la faillite (lex concursus) ; si c’est le patrimoine d’une personne décédée : la loi des successions

Troisième section Section: Les Obligations

§ 1 – La loi applicable aux contrats

Le contrat est un concept juridique, pas de localisation dans l’espace et c’est une difficulté. En droit français on consacre le principe d’autonomie : libre choix par les parties de la loi applicable au contrat : c’est la loi d’autonomie, c’est le prolongement du principe selon lequel la volonté des parties est source de droit. C’est la JP qui avait posé ce principe. Mais à défaut de choix des parties il faut en trouver une. C’est fixé par le règlement Rome 1 du 17 décembre 2008 n°593 2008. Les solutions sont différentes de celles de la convention de Rome.

A) Les règles générales Article 3 : le principe du libre choix de la loi par les parties, choix qui peut être express ou implicite, mais le choix doit être

certain. A défaut de choix c’est l’article 4 qui prévoit des rattachements objectifs qui varient selon le type de contrat. Pour la vente la loi applicable est la loi du lieu de livraison ; pour les contrats de service la loi applicable est la loi du lieu d’accomplissement de la prestation de service. A l’article 4 : si le contrat ne comprend pas un rattachement particulier alors il est régit par la loi du lieu de résidence habituelle du débiteur de la prestation caractéristique : c’est celle qui permet de caractériser le contrat (ex : pour un contrat de représentation, c’est l’obligation de représenter le mandant).

B) Les règles spéciales Il y en a pour les contrats de consommation : art 6, contrats d’assurance art 7 ; les contrats de travail art 8 ; contrats de transport

art 5.

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§2 – Le rattachement des obligations non contractuelles

Règlement Rome 2 du 11 juillet 2007 n° 867 2007.Avant le R la JP appliquait la loi du lieu de production du délit : la loi du lieu du fait générateur du délit. Le R Rome 2 se

démarque, le principe retenu à l’art 4 : application de la loi du pays où le dommage, le préjudice survient. A) Le rattachement de principe Art 4-1 : application de la loi du pays ou le dommage survient et ce quelque soit le pays du lieu générateur et quelque soit le

lieu de survenance des conséquences indirectes. Il peut être écarté si :

- Si le responsable et la victime ont leur résidence habituelle dans un même pays : c’est la loi de ce pays qui s’applique.- Les parties peuvent par un accord de volonté déroger à l’application de la loi du lieu du préjudice soit par un accord

postérieur à la survenance du fait générateur, soit lorsque les parties sont commerçantes avant même la survenance du délit.

C’est nouveau que l’on puisse en matière délictuelle autoriser les parties à choisir la loi applicable.

B) Les rattachements particuliers Rattachements qui tiennent compte de conventions internationales existantes (ex : la responsabilité du fait des produits :

convention de La Haye 1973, l’art 5 de Rome 2 reproduit les solutions).Il en existe en droit de la concurrence art 6, droit de l’environnement art 7, en cas d’atteinte aux droits de propriété intellectuelle art 8. Le règlement Rome 2 prévoit des règles spéciales pour résoudre les obligations nées d’un quasi contrat, gestion d’affaires, enrichissement sans cause et pour la faute dans la négociation d’un contrat.

Rome 1 et 2 ont la particularité dans le domaine qui sont couvertes par ces R, la loi désignée par le R est applicable même si cette règle désigne la loi d’un Etat qui n’est pas celle d’un EM. C’est le champ d’application universel d’un R. la conséquence c’est que pour les juges des EM, les règles constituent le droit commun, il n’y a pas d’autres règles applicables.

Quatrième Section: Les Rapports de famille patrimoniaux

Régimes matrimoniaux : convention de la Haye 14 mars 1978 : applicable en France depuis le 1er septembre 1992, notre DIP des régimes matrimoniaux est différents selon que les époux se sont mariés avant ou après cette date. Depuis 1992, la loi applicable est la loi choisie par les époux mais ce choix ne peut porter que sur la loi nationale ou la loi de la résidence habituelle de l’un des époux. A défaut de choix la loi applicable est la loi de la première résidence habituelle des époux après le mariage.

La loi applicable aux successions : Pour les successions ab intestat (régies par la loi à défaut de testament) :

- Pour la dévolution des meubles : application de la loi du dernier domicile du défunt.- Pour les immeubles : application de loi du lieu de situation du ou des immeubles. Difficulté : si les immeubles sont situés

dans des pays différents, la succession est régie par plusieurs lois, peu être source d’incohérence. Il y a en ce moment un projet de R à ce sujet.

Pour la succession testamentaire :- Les conditions de forme : Régie par la convention de la Haye du 5 octobre 1961, ouvre un éventail de loi applicable dans le

but de favoriser la validité du testament.- Les conditions de fonds :On applique la loi successorale.

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Première partie : La théorie des Conflits de Lois Quelles sont les différentes méthodes qui permettent de résoudre un conflit de loi. Il y a plusieurs méthodes

applicables. Méthode classique : méthode de la règle de conflits de loi/ la méthode conflictuelle. Il y a aussi d’autres méthodes.

Titre 1 – Les différentes méthodesL’essence du DIP : c’est la possibilité d’appliquer dans une situation de droit privé une autre loi que celle qui est

normalement applicable dans l’ordre interne.

Chapitre 1 – les éléments du conflit de lois

§1 – la notion de conflit de lois

A) La concurrence entre plusieurs lois

On peut dire qu’il y a une situation de conflit de lois quant au moins deux lois de pays différents sont susceptibles de s’appliquer à une même situation juridique. Exemples :

- Un accident de la circulation survenu en Espagne entre un espagnol et un français : deux lois ont vocation à s’appliquer : la loi espagnole et la loi française.

La concurrence virtuelle car les lois ne s’affrontent pas. il n’y a pas de conflit de souveraineté. Ce n’est pas n on plus une contrariété de contenu des lois. Même si ça peut découler sur un antagonisme de lois :

- Français adoptent un enfant au Maroc et demande au juge français de prononcer l’adoption. Mais en droit marocain on ne peut pas adopter.

On pourrait raisonner au regard d’une équivalence possible des résultats : c’est utilisé aux USA : on regarde le contenu des lois, et si les lois sont similaires on dira qu’il n’y a pas de vrai conflit et on appliquera la loi du for. En France cette distinction n’est pas faite en vrai et faux conflit. Mais il existe une méthode : celle des voies de police qui refuse cette neutralité et au stade de l’application de la loi normalement compétente, la JP de la Cour de cassation a posé un tempérament fondé sur l’équivalence de solutions entre le droit étranger et le droit du for.

B) L’internationalité de la situation juridique

Il n’y a de concurrence que si la situation concernée présente des contacts avec plusieurs pays. C’est dire que la situation comporte au moins un élément d’extranéité. Jusqu’à ya pas trop longtemps on relevait facilement les situations internes et les situations internationales. Mais maintenant la distinction est beaucoup plus fuyante. Du fait de l’internationalisation des relations juridiques, presque toutes les situations internes peuvent muter en relations internationales. Et avec les nouvelles technologies : difficultés à pouvoir localiser les situations juridiques ex : un contrat conclu sur internet. On doit alors affiner les critères de rattachement, on va rechercher vers quel site un fournisseur dirige ses activités, celui qui veut vendre des contrefaçons sur le net il peut viser une clientèle française il va diriger ses informations sur un site spécialement accessible en France concernant spécialement les français. En général on n’a pas besoin de poser comme exigence le caractère international de la situation.

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Il y a deux cas dans lesquels la condition d’internationalité de la situation est expressément requise :- En matière contractuelle : la loi applicable est la loi choisie par les parties, si la relation est purement interne par

les parties ou l’objet du contrat on ne peut autoriser les parties à choisir une loi étrangère sinon c’est notre droit des contrats qui pourrait être éludé par une simple clause. La théorie juridique : est international tout contrat dans lequel se présente un élément d’extranéité soit relativement aux parties soit relativement aux circonstances de sa conclusion, soit relativement aux circonstances de son exécution. La conception économique du contrat : un contrat est international que s’il met en jeu les intérêts du commerce international : il faut qu’économiquement ce contrat intéresse plusieurs pays. La solution retenue est le critère juridique.

- Il existe des règles spécialement élaborées pour les situations internationales : souvent plus libérales que le droit interne. Ex : emprunts internationaux, la JP a admis la validité de clauses de références à des devises étrangères ou à des valeurs or : clauses interdites dans les paiements internes. C’est l’énoncé d’une règle matérielle de DIP qui donne une solution qui n’est applicable que pour les rapports internationaux. Pour un contrat de prêt mettre une telle clause : que si économiquement international : double mouvement financier au-delà des frontières.

On peut se demander s’il ne faudrait pas introduire un raisonnement trinaire : introduire la notion de relation

intracommunautaire : entre les EM, une relation interne à la communauté. La construction de la communauté a une influence sur les solutions du DIP : il y a un espace régional entre les EM. Ce raisonnement existe dans les Etats qui ont une structure fédérale.Ex : l’exception d’ordre public : on ne peut pas évincer avec de la mm façon une loi d’un EM qu’une loi d’un E tiers.

2§ - Les postulats du conflit de loi

A) La vocation éventuelle des lois étrangères

Il faut que la loi du for puisse entrer en concurrence virtuelle avec une loi étrangère. Cela présuppose que dans chaque système juridique il existe une norme apte à résoudre la question posée. Ce postulat découle de la complétude des systèmes juridique : le caractère complet de tout système et de leur vocation à résoudre toute difficulté juridique. Ce postulat repose sur l’observation que tous les systèmes sont opposés aux mêmes difficultés sociales (de tout temps et dans tous les pays) : état des personnes, échanges avec les personnes, situations accidentelles qui provoquent des dommages. De plus ne pas résoudre une question c’est la résoudre, répondre négativement est une réponse (pays musulman ne reconnaissent pas l’adoption : ils refusent de consacrer juridiquement l’adoption).

On peut admettre une présomption d’équivalence entre les droits : on admet que quelque soit la solution donnée à l’étranger on peut tenir les différentes solutions comme équivalentes : fongibilités entre les règles juridiques.car les règles de droit comportent une grande part de relativisme.

Les limites :Lorsque le droit étranger va heurter des valeurs essentielles : constitutives du fondement même d’une société.

C’est l’exception d’ordre public, mais ce n’est pas la seule manifestation d’une sorte de primauté du droit du for sur les droits étrangers. Cela se manifeste à toutes les étapes du raisonnement (pendant la qualification). Il n’y a jamais de stricte égalité entre le droit étranger et le droit du for.

B) Le titre d’application de la loi étrangère

Mais comment reconnaitre un caractère obligatoire à une règle étrangère : difficulté à reconnaitre la juridicité de la loi étrangère. Car les systèmes juridiques sont clos avec des harmonies propres, une articulation propre. Des théories ont été élaborées pour y répondre. L’explication qui fait l’unanimité en DIP français : le droit étranger se voit reconnaitre un caractère normatif dans l’ordre juridique du for en dépit de son extranéité en vertu d’une règle du for qui est une règle de DIP dont l’objet est précisément de reconnaitre la normativité des règles étrangères. Il y a réception du droit étranger dans l’ordre juridique du for : mais c’est formel, par application de nos règles de DIP. Ce sont les règles de conflit de lois qui reconnaissent aux normes étrangères leur caractère d’obligatoire et les règles de conflit de

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juridiction qui reconnaissent aux jugements étranger leur caractère normatif. La réception est organisée par les règles de DIP. Cela va avoir des conséquences sur la condition de la loi étrangère.

Section 1 – la méthode classique : la méthode de la règle de conflits

Historiquement la 1ere à être conceptualisée.Définition : une règle de conflit est une règle de choix entre plusieurs lois relevant de systèmes juridiques différents.Les caractères de la règle de conflit :

- Règle indirecte : ne donne pas directement la solution du litige- Abstraite : cette règle désigne une loi applicable en faisant abstraction de la solution que retient cette loi : fait

abstraction du contenu de la loi. La loi est désignée en raison des liens de rattachement que la situation présente avec la loi : par les nationalités des parties, les lieux de conclusion d’un acte. On dit qu’elle est neutre aussi. Ce caractère de neutralité n’est pas toujours respecté, il existe des règles qui ont une certaine coloration substantielle : ce sont des règles qui choisissent la loi en ayant un peu égard au contenu de la loi choisie : règles de conflits orientées : elles veulent aboutir à un certain résultat.

1§ - La fonction de la règle de conflit

Les auteurs qui ont prôné une vision politique de la règle de conflit de lois, concevaient le conflit de lois comme un conflit de souveraineté étatiques et ils ont souvent présenté des théories dogmatiques. Un autre courant la solution la plus adaptées aux intérêts des individus impliqués : ils ont élaborés des critères pragmatiques.

A) Le courant des doctrines dogmatiques

Des illustrations : l’auteur le plus dogmatique est français, XVI, un magistrat et un législateur : D’Argentré : son objectif était de renforcer l’autorité de la coutume de Bretagne dans le souci de renforcer l’indépendance politique de la Bretagne. Il a défendu le principe de la territorialité des coutumes. Ainsi tout fait produit dans le ressort d’une coutume devait lui être soumis. Principe : application territoriale de la coutume avec une exception : la condition des personnes, application extraterritoriale : pour assurer la continuité des statuts des personnes. Cette conception est proche des doctrines souverainiste. Cette doctrine a eu beaucoup de succès : Flandre, Hollande, au XIX : chez les Anglo-saxons par un juriste anglais.

Mancini, italien qui lui au XIX a développé l’idée que ce qui fait le cœur d’une législation c’est le lien avec l’idée de nation. Le principe : celui de la personnalité des lois, application de toutes les lois aux nationaux : ceux qui présentent un lien avec le législateur. Ne compte pas la présence sur un territoire. Doctrine ayant des objectifs politiques : assurer l’autorité de la loi italienne et l’unité de l’Italie. Ce principe a eu une grande influence, au début des travaux sur la Conférence de La Haye, le critère le plus communément retenu était le critère de la nationalité. Cela convient bien à des pays d’immigration.

B) Le courant des doctrines pragmatiques

Vers le XI et XII : l’école statutaire/ italienne. A l’époque où les cités étaient régies par les statuts des cités, et il y a avait des conflits entre les différents statuts (commerce). L’école raisonne par construction de catégories. Les statuts font l’objet d’une application tantôt personnelle tantôt territoriale en fonction de la question à résoudre : pour les questions il faut des critères de rattachement. Cette démarche est à l’origine de la méthode de la règle de conflit.

Cette démarche a été par la suite systématisée notamment par un allemand : Savigny. Il l’a fait pour rechercher les différents rapports de droits (sur les personnes, sur les biens, sur les actes juridiques) retenant sur la nature des

Chapitre 2 – Les modes de règlement des conflits de lois

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choses. L’idée est que l’on peut appliquer des lois étrangères avec des relations avec les Etats qui présentent une communauté de droits, de valeurs. Il a détaché clairement les conflits de lois de toutes idées de conflit de souveraineté étatique. Els états sont indifférents à l’application de leurs lois dans les relations privées internationales : il faut le rattachement le plus satisfaisant intellectuellement, de détacher pour chaque rapport de droit son centre de gravité afin de le localisé dans l’espace.

On constate aujourd’hui qu’il a un renouveau de l’approche politique des conflits de loi avec le, phénomène des lois de police et avec celui de la communautarisation du DIP.

2§ - La structure de la règle de conflit

Il y a deux types de règles de conflits : les deux types suivent deux démarches différentes selon que l’on veut partir des lois pour délimiter leurs domaines d’application dans l’espace c’est la démarche statutaire mais aussi la démarche unilatéraliste. L’autre part des rapports de droits, des situations, pour les localiser au moyen d’un critère de rattachement : démarche savignienne : la démarche bilatéraliste.

A) La structure unilatérale ou bilatérale de la règle de conflit

La règle unilatérale :C’est la règle de DIP qui délimite le champ d’application international des règles matérielles du droit du for

relativement à un type de question donné.Exemple : art 309 code civil (ancen 310) : il indique les situations internationales, les divorces, auxquels la loi française s’applique.

- La loi française s’applique si les deux époux sont français. - Si les deux époux ont leur domicile en France- Lorsqu’aucune loi étrangère ne se reconnait compétence, alors que les tribunaux français sont compétents pour

connaitre du divorce ou de la séparation de corps.Un autre exemple : art 370-4 : les effets de l’adoption prononcée en France sont ceux de la loi française.

La règle bilatéralle : C’est une règle de DIP qui relie un type de situation à un ordre juridique donné. Ex : art 311-14 : la filiation est

régie par la loi nationale de la mère de l’enfant. La conséquence est que la règle bilatérale est une règle à deux branches :

- elle peut désigner une loi du for ou- une voir plusieurs lois étrangères.

Alors que la règle de conflit unilatérale ne pourra que désigner une loi française car elle part de cette loi. Mais parfois le libellé de l’article est trompeur : exemple : art 3 al 2 : les immeubles même ceux possédés par des étrangers sont régis par la loi française : c’est une formulation unilatérale, amis la JP l’a transformé en règle bilatérale pour tout l’article. Le premier alinéa : JP : règle actuelle l’état et la capacité des personnes sont régis par la loi nationale : bi latéralisation par la JP.

Le droit français est influencé par la méthode bilatéraliste. Les règles unilatérales sont l’exception, l’art 309 a été très critiqué à son adoption à cause de cela. Mais on en a d’autres : art 370-4. Ces’t un signe du pluralisme des méthodes en droit français pour le comprendre il faut comprendre les fondements

Fondement de la méthode bilatéraliste : Le principe d’un traitement égalitaire entre les lois étrangères et les lois du for. Le postulat est celui de

l’équivalence des lois : c’est très internationaliste on ne veut pas privilégier un système par rapport à un autres, quels sont les objectifs du DIP : pour la continuité des situations juridiques, la stabilité de l’état des personnes, la prévisibilité des solutions, l’harmonie internationale des solutions.

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Les défauts de la méthode bilatéraliste : Ils apparaissent dans sa mise en œuvre : une fois que la loi étrangères est désignée :

- Difficulté à établir le contenu du droit étranger- Difficulté à combiner dans un même litige l’application de lois de pays différents.- Difficultés de qualification quand des institutions étrangères apparaissent dans les prétentions des parties et qu’il

faut trouver leurs catégories- Et d’autres : les réactions d’intolérances pour contrariété à l’ordre public…

Les fondements de la méthode unilatéraliste : Elle insiste sur un autre fondement : celui du respect de la cohérence des systèmes juridiques. L’idée qu’il y a un

lien entre les différentes règles d’un système juridique et entre les règles matérielles et les règles de DIP (législation sur le divorce et art 309). Une législation est élaborée en fonction de son champ d’application, lorsque le législateur envisage le divorce, il envisage les situations : dans le temps mais aussi son champ d’application international. Il y aurait une dimension sociologique dans le droit : le droit correspondrait à ses destinataires. Cette démarche considère que le droit du for ne peut pas déterminer la compétence internationale des lois étrangères. Que chaque Etat doit être exclusivement compétent pour définir le champ d’application dans l’espace de ses lois. Pour cela ont ne définit jamais le champ d’application de la loi étrangère : chacun décide pour soit. Repose sur le respect d’une prérogative étatique : détermination du champ d’application des lois.

On en peut méconnaitre l’idée de cohérence, mais la dimension sociologique n’est pas toujours sûre : pour le droit de la famille il importe au législateur de savoir à quels époux s’applique la loi : c’est concevable, mais d’autres lois apparaissent seulement techniques comme pour les contrats : pas la même résonnance sociétale.

De plus cette méthode soulève de grandes difficultés pratiques. Une fausse idée reçue : ne pas assimiler unilatéralisme et nationaliste : on peut suivre la démarche

unilatéraliste tout en acceptant l’application de lois étrangères, ne conduit pas nécessairement à la loi du for. Exemple art 309 al 3 : la loi française s’applique si aucune loi étrangère ne veut s’appliquer donc si une loi étrangère veut s’appliquer on le fera : si les époux ne sont pas tous les deux française et pas domiciliés en France alors l’al 3 peut jouer (une française mariée avec un anglais et domiciliés en Angleterre : al 1 et 2 ne s’applique pas : supposons que les tribunaux français sont compétents si la française revient en France vivre et que le marie demande le divorce en France, les tribunaux sont compétents, amis quelle loi appliquer ? le juge doit interroger les règles de DIP britanniques pour rechercher si la loi UK s’applique, si cette dernière veut s’appliquer alors le juge français doit l’appliquer dans le cas contraire le juge appliquera la loi du for). Difficulté de mise en œuvre de cet article al 3 : une allemande et un anglais : il faut regarder les deux droits, supposons que les deux veulent s’appliquer : conflit positif entre les deux lois étrangères, le juge français doit ? Difficulté non résolue, une CA a appliqué la loi du for sinon il faudrait une règles subsidiaire pour choisir plus une loi que l’autre : en cas de conflit positif de compétence, la méthode ne donne pas de solutions. Mais si il ya un conflit négatif : aucune loi étrangère ne veut s’appliquer alors cette démarche donne une solution : application de la loi du for (art 309 al 3).

Conclusion sur le choix des méthodes : la méthode dominante est la méthode de la règle de conflit bilatérale car ses inconvénients pratiques sont moins grands sans doute. Mais les lois de police suivent une démarche unilatéralisme.

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B) Les éléments d’une règle de conflit

Toute règle est constituée de deux éléments :- Une catégorie de rattachement- Un ou plusieurs critères de rattachement

Ex : art 309 : sa catégorie de rattachement c’est la catégorie divorce et séparation de corps, les critères de rattachement notamment nationalité et domicile des époux. De même pour une règles bilatérale art 311-14 : catégorie de rattachement est la filiation et le critère est la nationalité de la mère.

1- La catégorie de rattachement

Toute la science des conflits de loi a pour objet d’établir des classifications des rapports de lois. Les premières classifications sont apparues avec l’école statutaire : état des personnes, les biens, les contrats… l’idéal serait d’avoir des catégories très larges car :

- On pourrait facilement accueillir les institutions étrangères (pas comme le mariage laïque entre deux personnes monogames de sexes différents).

- On évite d’appliquer des lois différentes à un même rapport juridique : de morceler les rapports juridiques.Mais on doit faire des découpages pour identifier des questions homogènes : on distingue souvent les conditions des effets, conditions de forme et de fonds. On les retrouves dans toutes les matières.Mais certaines catégories comprennent tellement de choses qu’il n’a pas été possible de faire un critère unique de rattachement ex : la catégorie statut personnel. De même pour la catégorie obligation : les contrats, les délits, contrats spéciaux qui obéissent parfois à des rattachements particulier : éclatement de la catégorie au profit de règles de conflits spécial : mouvement de spécialisation des règles de conflit est un phénomène croissant surtout avec la multiplication des conventions internationales et des règlements communautaires.

2- Le facteur de rattachement

C’est le critère qui permet de relier la situation à une loi. Souvent ce critère est susceptible d’une localisation directe dans l’espace : le lieu de survenance d’un dommage,

le domicile d’une partie, lieu de survenance du décès d’une personne.Mais parfois le critère de rattachement procède à une localisation indirecte qui suppose une opération

intellectuelle préalable. Ex : la loi choisie par les parties, le critère qui retiendrait l’existence d’un lien entre deux actes juridiques : localisations d’une gestion d’affaire est opérée au regard de la relation juridique préexistante entre les parties qui a occasionné la gestion d’affaire. La localisation n’est plus matériel elle est intellectuelle.Elle peut venir du lien entre une personne et un pays : la nationalité. Parfois la religion est un critère de rattachement.

a) La technique de rattachement

Rattachement avec un critère unique : Un élément de la situation est choisi parmi d’autre : il est le plus significatif. Ex : en matière de capacité, le critère de

la nationalité qui désigne la loi nationale. Pour les droits réels : le lieu de situation du bien. Ce rattachement peut déboucher sur des difficultés de mise en œuvre et déboucher sur une pluralité de points de

rattachement dans sa mise en œuvre. C’est le cas pour le critère de la nationalité pour le mariage si les époux sont de différente nationale : soit application distributive des deux lois soit une application cumulative lorsque la question posée appelle une réponse commune (aptitude à la conclusion d’un mariage polygamique).

Les rattachements multiples : Les règles de conflit moderne retiennent de plus en plus une pluralité de rattachement : les rattachements multiples :

- Rattachement multiples hiérarchisé : un rattachement principal puis un ou plusieurs rattachements subsidiaires. C’est le cas de lois loi des effets du mariage : loi nationale commune des époux, à défaut loi du domicile commun, à défaut loi du for.rat subsidiaire

- Rattachement alternatif ou cumulatif : ex : la règle en matière de forme des contrats : soit la loi du lieu de conclusion soit la loi qui gouverne le fond du contrat.

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Dans les conventions internationales les règles de rattachement multiples peuvent être compliquées : convention de La Haye sur la loi applicable responsabilité du fait des produits de 1973 : concilié deux objectifs parfois contradictoires :

- Protection de la victime- Protection des prévisions du professionnel.

Pour la victime : loi la plus favorable, possibilité de choisir la loi applicable mais si on veut protéger le professionnel il faut éviter de lui appliquer une loi qu’il n’avait aucune raison de s’attendre appliquer. C’est pourquoi La Haye a énoncé des critères qui jouent de matière cumulative : c’est la loi du lieu ou le fait dommageable s’est produit mais à la condition que cette loi coïncide soit avec celle de la résidence de la victime soit avec celle du lieu d’acquisition du produit. C’est un rattachement en cascade.

Le rattachement flexible : Une autre technique de rattachement est le rattachement flexible : technique utilisée lorsque l’on en peut pas

définir un rattachement plus pertinent qu’un autre car cela dépend des circonstances d’espèce . Dans ce cas on pose une directive méthodologique : on préconise d’appliquer la loi des liens les plus étroits. C’est au juge de déterminer quels sont les liens étroits. En matière contractuelle jusqu’à la convention de Rome, la jurisprudence considérait qu’à défaut de loi on appliquait la loi des liens les plus étroit : théorie de la localisation du contrat : au regard des circonstances de conclusion et d’exécution du contrat. Cette méthode a l’avantage d’être souple mais imprévisibilité des solutions et risque d’arbitraire. C’est méthode est donc encadré dans la convention de Rome sur les obligations contractuelles on retrouve la directive générale (loi des liens les plus étroits) mais la convention présume que cette loi c’est la loi de la résidence habituelle du débiteur de l’obligation caractéristique du contrat. La convention prévoit aussi la possibilité d’écarter cette loi si les circonstances font apparaitre que le contrat présente des liens plus étroits avec une autre loi. On retrouve le rattachement flexible mais il joue comme une exception à la présomption posée à la convention. Ce type de rattachement est inspiré par le principe de proximité. Ce principe veut en Droit International Privé rattacher une situation juridique avec le système juridique qui présente la plus grande proximité. La convention de Rome va être remplacée par Rome 1 règlement : il a retenu une technique différente. A défaut de choix des partie il défini des rattachements particuliers pour différents types de contrats qui sont énumérés (art 4). Ce n’est qu’à défaut de pouvoir appliquer ces rattachements particuliers que le règlement retient le rattachement général à la loi de la résidence habituelle du débiteur de l’obligation caractéristique.

b) Les finalités du rattachement

Quels sont les principes qui inspirent le choix d’un rattachement plutôt qu’un autre : pourquoi retenir comme critère la loi nationale plutôt que la loi du domicile ou la loi choisie par les parties. Les principes obéissent à la justice du droit des conflits de loi ou la justice conflictuelle par opposition à la justice matérielle : les principes qui inspirent les solutions matérielles. Les principes des conflits de lois :

La continuité des situations : Il peut y avoir la volonté d’assurer la continuité du statut des individus dans les relations internationales. C’est

un grand objectif du droit des conflits de lois. De sorte que le mariage valable à l’étranger puisse rester valable dans tous les pays. Continuité des situations. Le rattachement qui assure le mieux c’est objectif est le rattachement par la nationalité car c’est le critère le plus stable : permet le mieux d’assurer la permanence du statut des individus.

Le respect des prévisions des parties Autre principe : le respect des prévisions des parties : si l’on veut les protéger : le critère du choix de lois est le meilleur critère. Il y a d’autres objectifs : Cohésion de la société du for : des critères favorisent l’intégration des individus dans un milieu donné : le critère du domicile par exemple. Quant on choisi un critère de rattachement on choisi de privilégier un objectif plutôt qu’un autre.

L’harmonie internationale des solutions : On cherche à tendre vers cet objectif : recherche de solutions identiques, universelles dans les différents systèmes

juridiques ; le principe de proximité est totalement neutre sur le plan idéologique, on cherche avec quel système juridique la situation présente des points de contacté étroits. Ce principe peut être adopté dans tous les systèmes

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juridiques. C’est pourquoi il a eu un grand succès. Il est retenu dans la plupart des conventions internationales et des règlements communautaire. Mais ce principe est concurrencé par 3 autres principes : Paul Lagarde

- le principe de souveraineté : exprime l’idée que l’Etat est fondé pour certains rapports de droit à exiger que ses rapports relèvent de sa loi. Ex : le rattachement du statut personnel à la loi national : idée de souveraineté. Conception assez dépassée : application de la loi nationale car le critère est commode et stable. Autre critère : application de la loi de situation des biens : la loi réelle présente l’avantage de permettre aux Etat de conserver la maitrise des biens situés sur le territoire.

- Le principe d’autonomie : principe du libre choix par les parties de la loi applicable. C’est le principe en matière de contrat mais il tend à service développé en dehors de ce domaine. Amis dans ce cas le choix est encadré : choisir en telle ou telle loi, un droit d’option. Dans Rome 2 la victime d’un délit d’atteinte à l’environnement peut choisir entre la loi du fait générateur ou la loi du fait dommageable.

- Le principe du substantialisme : c’est le principe selon lequel les règles de rattachement peuvent poursuivre des finalités substantielles. Ex : la règle en matière de reconnaissance d’enfant naturel : conforme loi auteur ou loi de l’enfant (311-17) : poursuit l’objectif de rendre le plus souvent possible valable la reconnaissance, favoriser sa validité. On quitte la logique abstraite du Droit International Privé, plus seulement la localisation d’une situation mais favoriser un résultat substantiel.

Les règles de conflit à coloration matérielle service multiplient : tous ces principes sont utilisés ce qui renforce le pluralisme des méthodes en Droit International Privé.

Section 2 – Les méthodes concurrentes

§ 1 – Les lois d’application immédiate

Lois de police ou loi d’application nécessaire. Particularité de la méthode est de définir le champ d’application dans l’espace de certaines situations quelque soit la loi normalement applicable à ces situations : sans recourir à la méthode de la règle de conflit.Il s’agit de règles qui sont en principe conçues pour les relations internes, qui sont étendues à certaines relations internationales. Elles sont étendues car cette extension est nécessaire en raison de leur contenu. Exemples : Les bancs du mariage : informer les membres de la famille et des tiers de la célébration future pour leur permettre de formulé une opposition au mariage le cas échéant. Si des futurs époux français connaissent l’existence d’un empêchement au mariage et qu’ils partent service marier à l’étranger alors ils évitent la règle. Mais pour éviter cela on va dire que les formalités du mariage doivent être accomplies en France au lieu du domicile des futurs époux même si ils se marient à l’étranger. Au départ c’est une disposition de pur droit interne mais elle s’applique aussi au mariage international d’époux français.Autre ex : le droit musulman s’applique dans des relations internes dans certains pays. Si des marocains viennent service marier dans un autre pays, le droit musulman va vouloir s’appliquer aussi : phénomène des lois de police.Les lois d’application immédiate sont nombreuses, la plus part viennent de la jurisprudence, il y a des exemples de lois d’application immédiate législatives. La première difficulté c’est de les identifier.

A. L’identification des lois d’application immédiate.

Pour qu’il y ai une lois d’application immédiate il faut une règle du droit interne qui étend son champ d’application à des situation internationales sans passer par la technique de la règle de conflits, elles s’appliquent directement.

Ex : art 311-15 Code Civil dispose que les effets de la possession d’état en matière de filiation sont gouvernés par la loi française dès lors que l’enfant a au moins l’un de ses parent qui résident en France. Il est d’application immédiate : en droit français la possession d’état (le fait de se comporter comme si on était titulaire d’un état, on pas juridiquement cet état, ex : on est traité comme l’enfant d’un couple sans qu’il y ait de lien juridique) peut produire des effets positifs : de permettre la création d’un lien de filiation, mais aussi des effets négatifs : celui d’interdire de détruire un lien de filiation.

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Ces effets le sont dans le droit interne. Le législateur a voulu que ces règles s’appliquent à tous les enfants résidant en France dont au moins l’un des parents réside en France. La loi est étendue à une situation internationale et ce sans avoir consulté la règle de conflit. Cette dernière a été concircuité. Si non suppose que la mère est étrangère, la règle de conflit désigne la loi nationale de la mère (311-14) et pourtant l’art 311615 applique la loi française.

On utilise ce procédé lorsqu’on est en présence de lois qui poursuivent des intérêts d’ordre public. Selon la formule de Francescakis : « les lois de police sont les lois dont le respect est crucial pour l’organisation sociale, économique ou politique d’un pays ». Ces objectifs sont rares et comme l’objectif est d’ordre public on les appelle : « lois de police ». L’appellation loi de police identifie la finalité de cette méthode tandis que l’appellation de lois d’application immédiate identifie le procédé lui-même. Peut-on dire que l’application des règles française de l’art 311-15 est vitale pour l’organisation sociale, économique ou politique de la France : la réponse est non. C’est la seule loi d’application immédiate qui ne soit pas une loi de police : c’est la volonté du législateur « c’est une lois d’application immédiate par narcissisme du législateur » car le législateur en 1972 a trouvé son droit de la filiation tellement formidable qu’il fallait l’imposer aussi aux étrangers résidants en France.

Il y a d’autres lois d’application immédiate la plupart venant de la jurisprudence. Exemple : les règles sur la représentation des salarié dans l’entreprise : ce sont les règles du droit interne, mais la jurisprudence a décidé que ces règles étaient applicables à toutes les entreprises établies en France quelque soit la nationalité des salariés et quelque soit la loi applicable au contrat de travail. Cela pour des raisons sociales, sinon ce serait trop facile pour l’employeur. Ce type de règles nécessité une application uniforme à tous les salariés sur le territoire et c’est ce qui justifie l’application immédiate du droit français.

Il y a des lois d’application immédiate qui nécessitent une application uniforme à tous les nationaux ou qu’ils se trouvent (la publicité du mariage par exemple). Des règles du régime matrimonial qui définissent les pouvoirs de représentation des époux. Pour les dépenses ménagères chaque époux engage solidairement l’autre conjoint, il y a une sorte de représentation des époux l’un par l’autre vis-à-vis des tiers : ces règles sont applicables à tous les contrats conclus en France et cela pour protéger les tiers : règles d’application territoriale. Dans le domaine de la protection des consommateurs : consommateur français et un professionnel étranger : il pourrait faire l’objet d’un choix de loi, si le fabriquant choisi une loi moins protectrice du consommateur, le consommateur ne fait pas attention : c’est pourquoi on considère que les lois protectrices des consommateurs sont d’application territoriale : applicables à tous les contrats conclus en France, pour ne pas priver le consommateur de cette protection. (Dans ce domaine convention de Rome et Rome 1). Autre exemple : les mesures protectrices de l’enfance en danger sont d’application immédiate à tous les enfants qui se trouvent dans une situation de danger sur le territoire français : mesure d’assistance éducative par exemple. Il y a l’extension, d’une disposition interne dans une situation internationale dans le respect d’une finalité sociale : la protection des enfants.

Ces règles comportent des critères de rattachement. Deux éléments essentiels caractéristiques de la méthode :- Le champ d’application de la loi dépend de son contenu même (ce n’est pas le cas de la règle de conflit qui est en

principe neutre)- Ces règles courcircuitent l’application de la règle de conflits.

Certaines lois de police visent à protéger certains intérêts vitaux de l’ordre juridique du for, ou jugés comme tel par la jurisprudence ex : la jurisprudence récente de la Cour de cassation arrêt Chambre Mixte 30 novembre 2007 : la loi française de 1975 protectrice des sous-traitants est une loi d’application immédiate applicable dans les opérations de sous-traitance internationale toutes les fois que le chantier se réalise en France. Tentation du juge d’appliquer trop facilement la loi française tendance au lex foris. Il faut limiter ce phénomène sinon tout deviendrait loi de police. Cette tendance service retrouve aussi dans la jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes dont un arrêt du 9 novembre 2000 affaire Ingmar : loi applicable au contrat d’un agent commercial qui exerçait son activité au RU alors que le contrat était soumis par la volonté des parties à la loi des USA. Or il existe une directive Communautaire qui protège les agents commerciaux en leur allouant des indemnités en cas de rupture du contrat. La directive avait été transposée dans le droit britannique. La question : le juge anglais peut il appliquer la loi anglaise comme loi de police pour écarter la loi du contrat moins protectrice. La Cour de Justice des Communautés Européennes a estimé que les lois de transposition de cette directive étaient internationalement impératives. On voit que la jurisprudence a qualifié une loi nationale de loi de police : cette loi est de source

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communautaire et cela s’impose dans tous les Etats membres. Cet arrêt a été critiqué car une telle loi n’est pas jugée généralement comme étant une loi de police : pas d’intérêt vitale. La cour a retenue cette qualification car elle a été sensible à la source communautaire de cette loi. L’identification de loi de police peut donc mené à controverses.

B. Les conditions de mise en œuvre des lois de police

L’applicabilité des lois de police du for : Si les choses sont simples, toutes les fois ou le juge a une loi de police de son for il est tenu de l’appliquer :

obligation pour lui, il doit le faire même d’office : même si les parties ne sollicitent pas l’application de la loi. Cette obligation est reprise à l’art 9 du règlement Rome 1 (qui donne la définition de la loi de police).

Les lois de police étrangères :Ex : juge saisi pour un contrat se rend compte que la loi de police d’un autre pays veut s’appliquer dans la

situation visée. On admet la possibilité pour le juge d’appliquer une loi de police étrangère. Mais ce n’est pas une obligation, le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation de l’opportunité d’appliquer une loi de police étrangère . Le juge peut décider que la loi de police étrangère est en contradiction avec une loi de police du for, ainsi la loi de police étrangère ne sera pas appliquée. Rome 1 : article 9-3 : le juge peut appliquer les lois de police étrangères mais seules les lois étrangères du pays d’exécution du contrat peuvent être appliquées. Mais il faut donc identifier une loi de police étrangère ce qui est difficile.

Les lois de police et leur compatibilité avec libertés de circulation en Europe : Pour toutes les lois de police : question de la compatibilité des lois de police avec les libertés de circulation en

Europe : Supposons qu’un prestataire de services vient d’un pays A et veut s’installer dans un pays B : il se considère comme régit par sa loi d’origine. Un juge du pays B entend appliquer au contrat une loi de police du pays B. le risque est que par l’application de la loi de police du pays B on crée des charges supplémentaires pour ce prestataire de services, les conditions d’exercice de sa prestation deviennent plus onéreuses. On peut considérer que ces charges supplémentaires sont constitutives d’une entrave à sa liberté, d’où le problème de compatibilité avec le droit de l’UE . On peut envisager que l’application d’une loi de police nationale soit soumise au teste de compatibilité avec le droit communautaire. L’Etat dont la loi de police est en cause pourrait estimer que sa loi est nécessaire pour des questions d’ordre public. Mais le problème de compatibilité est quand même présent. La doctrine s’y intéresse beaucoup, l’enjeu politique et économique est énorme. Cela pourrait conduire à un alignement des législations vers la législation la moins protectrice (phénomène de Law Shopping). Pour le moment il existe quelques arrêts de la Cour de Justice des Communautés Européennes qui ont jugés que l’application d’une loi de police nationale pouvait être constitutive d’une entrave : souvent le contentieux des salariés à l’étrangers : application de la loi française sur le SMIC pour des salariés détachés en France depuis la Belgique : entrave au motif que les salariés étaient détachés de manière très ponctuelle et très proche de la frontière 15 mars 2001. Le débat se poursuit aujourd’hui.

§ 2 – Les règles matérielles internationales

Ces règles sont des règles de Droit International Privé. Elles partent du constat que dans certaines circonstances les règles du droit internes ne sont pas adaptées aux relations internationales. Ainsi il faut forger des solutions spécifiques pour les relations internationales, et pour répondre au besoin du commerce international. C’est l’inverse de la méthode les lois d’application immédiate. Les lois d’application immédiate sont des règles internes étendues à certaines situations internationales. La règle matérielle internationale est celle qui écarte dans les situations internationales les limitations du droit interne. C’est principalement dans le domaine du commerce international que l’on rencontre ces procédés. Exemples de la jurisprudence en matière d’arbitrage international où il a été décidé de la validité de la clause compromissoire de même pour les clauses monétaires dans les paiement internationaux, mais aussi pour certaines conventions internationales élaborées par la CNUCI, dont le convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises.L’application de ces règles est subordonnée au caractère international de la situation.

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On retrouve ces règles dans d’autres domaines : la disposition de l’article 370-3 alinéa 2 du code civil édite une règle matérielle de Droit International Privé. Cette disposition concerne l’adoption internationale, les conditions de l’adoption dont régies par la loi de l’adoptant si il est célibataire ou la loi des effets du mariage si c’est par un couple marié. Supposons des époux français qui veulent adopter un petit marocain : le droit marocain interdit l’adoption, cet article : l’adoption d’un mineur étranger ne peut être prononcée si sa loi nationale prohibe cette adoption sauf si ce mineur est né ou réside habituellement en France. C’est une règle matérielle car elle vise une adoption internationale. La raison d’être de la règle est : éviter une adoption boiteuse pas valable dans le pays de l’enfant. Cet article prévoit une exception à l’interdiction : lorsque l’enfant est né et réside habituellement en France.

§3 – Les Interférences entre les méthodes

Il y en a deux types : - Possibilité d’articuler plusieurs méthodes- Possibilité de combiner plusieurs méthodes

A) L’articulation de plusieurs méthodes

L’adoption internationale est un bon exemple. On retrouve toutes les méthodes, elles ne sont pas mélangées mais utilisées de manière cumulative. Il y a des règles de conflit de loi bilatérale : art 370-1 alinéa 1 : les conditions de l’adoption sont régies par la loi de l’adoptant…, le consentement des adoptants va être apprécié par la loi des adoptants, ainsi que toutes les conditions posées pour avoir le droit d’adopter. Le législateur a utilisé art 370-3 alinéa 2 l’outil de la règle matérielle. Puis article 370-4 : sur les effets de l’adoption : une règle de conflit unilatérale. Assemblage de méthodes différentes qui ne porte pas atteinte aux critères de distinctions des méthodes.

B) L’hybridation de plusieurs méthodes

Une même règle est à cheval entre deux méthodes et qu’elle est donc difficile à classer. C’est le cas pour les règles de conflit orientées. Les règles de conflit qui visent à atteindre un certain résultat matériel. Ce sont des règles de conflit derrière les quelles se profile une règle matérielle. Ex : art 311-17, reconnaissance d’un enfant valable si conforme soit à la loi de l’auteur soit à la loi de l’enfant : à cheval entre la loi de conflit et la règle matérielle. On nous parle de résultat : « valable » (matériel), mais une idée de choix de loi « si conforme à telle ou telle loi ». Un autre exemple plus révélateur : toutes les règles dites protectrices d’une partie faible. Les règles protectrices des consommateurs ou des salariés. Exemple : convention de Rome repris dans le règlement Rome 1 article 6, en matière de contrat de consommation les parties peuvent choisir la loi applicable, c’est la solution normale. Mais ce choix de loi ne peut pas priver le consommateur de la protection que lui assure les dispositions auxquelles il ne peut être dérogé par accord en vertu de la loi qui aurait été applicable en l’absence de choix : en vertu de la loi de la résidence habituelle du consommateur. Cela veut dire que le choix ne peut pas priver le consommateur des dispositions internationalement impératives de la loi de sa résidence habituelle du consommateur. Ainsi on admet le principe du choix de loi mais ensuite lorsque l’on applique la loi choisie il faut comparer le résultat avec le contenu de la loi de la résidence habituelle du consommateur : regarder si cette loi contient des dispositions protectrice et il faut trouver quelle loi est la plus protectrice, soit la loi choisie soit la loi de la résidence habituelle du consommateur. C’est la plus protectrice qui sera retenue. La méthode suivie : loi choisi : règle de conflit, loi de la résidence habituelle : règle de conflit, mais le choix se fait au regard du contenu de ces lois et ne se fait que dans le sens de la protection le plus élevée du consommateur : ce n’est pas une loi de police, mais idée de dispositions impérative. Cela ne ressemble à aucune méthode. Cette combinaison est la transposition en Droit International Privé de la notion d’ordre public de protection. Il y a des dispositions qui fixent un seuil impératif de protection auquel il n’est pas permit de déroger par l’application d’une autre loi (comme en droit du travail avec l’ordre public social).

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4§ - Le procédé de la prise en considération du droit étranger

Un procédé en pleine extension aujourd’hui. Cela vise des hypothèses dans lesquelles on consulte le contenu du droit étranger sans appliquer à proprement parler le droit étranger. On applique le droit du for, mais ce droit du for tient compte du contenu du droit étranger. Exemple : le droit de la nationalité. Art 25 code civil : la déchéance de la nationalité française est subordonnée à l’existence d’une double nationalité. C’est bien une règle du for qui s’applique car s’agissant de la nationalité française il n’y a que le droit français qui peut donner les conditions de la déchéance de la nationalité. Mais cette règle française conditionne son application au contenu d’une règle étrangère. On n’applique pas le droit étranger de la nationalité.C’est un procédé distinct de celui de la règle de conflit.Autre exemple : la mise en œuvre du droit applicable se réfère à une notion qui nécessite de consulter le droit étranger. Exemple en matière contractuelle, le contrat est régi par la loi française, la question porte sur la responsabilité contractuelle, cette dernière dépend de l’existence ou non d’un évènement de force majeur. L’évènement invoqué est celui de l’existence d’une mesure étrangère d’embargo sur des marchandises. On peut considérer que c’est un fait du prince constitutif d’une force majeur et donc un fait exonératoire de responsabilité : on applique le droit français de la responsabilité contractuelle. Mais pour qualifier de force majeure, on va aller regarder le contenu de la norme étrangère qui a créé l’embargo : on n’applique pas la loi étrangère mais on la prend en considération.Car dans ces domaines par exemple la nationalité on ne peut pas appliquer la loi étrangère mais alors on la prend en compte. La prise en considération permet d’appliquer d’une certaines façon deux lois différentes, car la méthode la règle de conflit est nécessairement réductrice car elle veut choisir une loi, mais il arrive que des situations présentent des liens avec plusieurs pays : ici on applique une seule loi mais on tient compte de la loi étrangère. Dernier exemple : supposons que la loi applicable à un accident de la circulation soit la loi du pays dans lequel sont immatriculés les deux véhicules alors que l’accident a été causé dans un autre pays. Dans l’examen des responsabilités il faudra tenir compte des règles de conduites applicables dans le pays où à eu lieu l’accident.

§ 5 – La méthode de la reconnaissance des situations nées à l’étranger.

Méthode qui n’a pas encore beaucoup d’exemple en droit positif, émerge dans les conventions internationales, effervescence doctrinale.Théorie des droit acquis : si un droit est acquis dans un pays étranger on peut le faire reconnaitre dans les autre Etats quelque soit les règles de Droit International Privé de l’Etat dans lequel on veut se prévaloir de ce droit. Car ce droit a été régulièrement acquis à l’étranger : en conformité des règles de ce pays. Mais il faut vérifier les conditions d’acquisitions du droit, mais si c’est régulier alors le droit est reconnu. L’un des avantages de la méthode est d’éviter de devoir utiliser les règles de conflit. Autre avantage : abouti à une meilleure coordination internationale des solutions. Favorise l’harmonie internationale des solutions.

A. Le phénomène

On constate dans un certains nombre de conventions internationales l’utilisation d’une méthode qui consiste au lieu de rechercher le droit applicable en vertu d’une règle de conflit à poser un principe de reconnaissance dans tous les Etats signataires d’un certain type de situations (par ex : un mariage, un trust, un partenariat enregistré) dès lors que cette situation a été créée dans un ordre Etat signataire en conformité du droit qui y est appliqué.

Exemple : la convention de La Haye de 1978 sur le mariage impose aux Etats signataires de reconnaitre les mariages régulièrement célébrés selon le droit de l’Etat de célébration.

De même une récente convention de la Commission internationale de l’Etat civil pose le principe de la reconnaissance à certaines conditions des partenariats enregistrés dans les autres Etats signataires en conformité du droit du pays d’enregistrement.

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La méthode du conflit de loi pour déplacer le problème sur le terrain de la reconnaissance des droits . Mais qui décide du lieu de naissance de la situation (lieu de la célébration du mariage) : ce sont les individus concernés, cette méthode a pour effet de conférer aux individus le choix du droit qui leur sera applicable en choisissant l’autorité qui a été saisie soit pour célébrer le mariage soit pour enregistrer le partenariat.Pour certains c’est bien de laisser aux individus la liberté de choisir un statut plutôt qu’un autre en choisissant le pays du lieu de création de la situation. Pour les plus conservateurs c’est choquant car ce sont des matière non disponible comme l’état des personne : retire aux législations leur impérativité.

B. Les fondements et limites de la méthode

Une première justification est de la fonder sur le principe de la liberté de circulation des personnes en Europe. En effet, reconnaitre le statut qu’il leur a été conféré dans un pays donné dans tous les autres Etats membres a pour effet qu’ils ne s’exposent pas à une modification de ce statut lorsqu’ils exercent leur liberté de circulation. Exemple : le nom des individus : touche à l’état des personnes, en principe le nom relève de la loi nationale mais on peut imaginer que dans d’autres Etats une loi est compétente et que les conditions d’attributions du nom peuvent être différentes. Jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes. Les Etats membres ne peuvent pas imposer une règlementation sur le port du nom dans le pays de résidence des individus qui serait différente de celle que leur reconnait leur loi d’origine. Convention internationale de la Commission internationale de l’état civil qui a adopté comme solution que les Etats signataires doivent reconnaitre aux individus le nom qui leur est attribué dans leur pays d’origine.

Une seconde justification est de la fonder sur l’idée de respect des droits acquis. Cette méthode à l’avantage de bien respecter les droits fondamentaux et notamment dans le domaine de la vie familiale conformément au principe de l’art 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme (droit au respect de la vie familiale) si un lien familial a été crée dans un Etat les Etats signataires de la Convention européenne des droits de l'Homme ont l’obligation de le respecter sous peine de porter atteinte à l’article 8.

Cette méthode a des limites. Pour reconnaitre ainsi des situations nées à l’étranger encore faut il que les Etats partagent une communauté de valeur. On peut penser que les Etats européens en sont à ce stade au point que l’on peut considérer que les législations internes des différents Etats membres sont totalement équivalentes ou plus : fongibles. Noémie La limite est quand il n’y a plus la communauté de valeur entre les Etats ce qui va déclencher une exception d’ordre public qui va empêcher la reconnaissance de la situation.

Cette méthode conduit à reconnaitre la validité d’une situation juridique mais est ce qu’elle va au-delà va-t-on reconnaitre aussi les effets produits par cette situation juridique. Noémie. Exemple le partenariat enregistré : il a des effets directs : organisé la vie commune des partenaires, un effet que l’on ne peut pas dissocier de la création même de la situation. Mais qu’en est-il des effets plus éloignés, les effets de nature successorale par exemple. Les législations retiennent des situations différentes : loi anglaise, vocation successorale pour les partenaires, mais la loi française : le PACS ne produit aucun effet successoral. La loi successorale détermine la vocation successorale. Ainsi pour les effets successoraux d’un partenariat enregistré en Angleterre ce sera la loi française qui s’appliquera et non pas la loi du partenariat. Mais finalement l’objectif de la méthode de reconnaissance était le respect des prévisions des parties mais on ne peut pas appliquer la loi du pays sur tous les effets , ainsi les prévisions des parties pourront être remises en cause. Cette méthode ne peut être généralisée, utilisée que ponctuellement, son domaine essentiel est celui de la création d’un statut par intervention d’une autorité public (autorité civile qui a célébré le mariage, soit l’autorité d’enregistrement du partenariat) : suppose l’accomplissement d’une formalité auprès d’une autorité publique. Fin noémie.

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Titre 2 – La mise en œuvre de la règle de conflit

On va suivre les différentes étapes su raisonnement qu’il faut faire pour appliquer la règle de conflit.

Chapitre 1 - La qualification de la situation juridique en cause

Tout raisonnement juridique suppose une opération de qualification préalable, chaque foi que l’on cherche à appliquer une règle de droit on doit se demander si les faits rentrent ou non dans le domaine d’application de cette règle de droit : c’est qualifier. Dire qu’un élément de fait relève d’un domaine d’application d’une loi revient à qualifier. En Droit International Privé il y a deux difficultés supplémentaires :

- On va rencontrer des institutions étrangères- Les différents systèmes juridiques ne retiennent pas nécessairement la même qualification pour les mêmes faits. Il

va y avoir des conflits de qualification.

§ 1 – La qualification préalable au choix du droit applicable

La qualification va commander le choix du droit applicable.

A. Le conflit de qualification

Caraslanis Cour de cassation 22 juin 1955. Deux époux grecques tous les deux orthodoxes et qui avaient célébrés leur mariage en France selon la forme civile du droit français. En droit français le mariage était valable. Mais le droit grec lorsque les deux époux sont de même religion impose une célébration religieuse dans la religion commune. Est-ce que l’exigence d’une célébration civile ou d’une célébration religieuse est une question de condition de validité du mariage en la forme ou une condition de fond ? Le choix de la loi qui en découlait pour la forme loi du lieu de célébration, si c’est de fond alors la loi nationale des époux s’applique. De la qualification résultait l’application de lois différentes. Pour la Cour de cassation c’est une question de forme ; la cour pose le principe que la qualification avait se faire suivant les conceptions du droit français. C’est le principe de la qualification lege fori. Selon le droit français c’est le caractère laïque du mariage qui est consacré, l’élément de célébration est donc une condition de forme.

A partir de cet arrêt la doctrine a conceptualisé le conflit de qualification. Il y a conflit de qualification quant une même question peut être classée dans des catégories de rattachement différentes selon le droit du for ou selon le droit étranger avec lequel la situation présente des liens. Le principe lorsqu’il y a un conflit de qualification est que l’on tient compte des qualifications du for.

La justification de cette solution : ici il s’agit d’appliquer une règle de conflit du for, chaque juge applique ses propres règles de conflits, il s’agit donc d’interpréter une règle de conflit française ainsi il est normal de le faire au regard des conceptions du for.Si l’on appliquait le principe inverse : celui de la qualification lege cause (selon le droit de la cause) le résultat est qu’on pourrait aboutir à des conflits de qualifications qui seraient indéfinis.

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Les Inconvénients : Dans l’affaire des époux grec : validation d’un mariage qui peut être nul selon la loi nationale des époux : un mariage boiteux. Et dire que le caractère religieux du mariage est une question de forme c’est vrai dans un système laïque mais pas dans un système religieux.

Mais les conflits de qualification sont très rares. Même dans l’affaire Caraslanis ce n’était pas vraiment un conflit de qualification, rien n’interdisait de penser qu’au regard des conceptions du droit français le caractère laïque n’est pas seulement une question de formalité mais une question essentielle donc de fond. Alors on n’aurait pas pour autant annuler le mariage. On aurait pu dire :

- C’est une question de fond- Alors on applique la loi nationale des époux- Mais une loi de police du for qui impose à tout mariage célébré en France la forme civile préalable.

B. L’extension des catégories du for

Il faut poser un principe méthodologique : les qualifications en Droit International Privé sont autonomes par rapport aux qualifications du droit interne. Les catégories de rattachement des règles de conflits sont plus larges que les catégories du droit interne. C’est cette autonomie de qualification qui permet d’accueillir des institutions étrangères.

1) L’accueil des institutions étrangères

Le problème vient quand dans la situation juridique figure une institution étrangère et que l’on ne sait pas comment la classer dans nos catégories. Par exemple : à propos du mariage polygamique : ne correspond pas exactement à l’idée du mariage, on fait un effort d’assouplissement de la catégorie mariage pour l’étendre à d’autres formes de mariages que celles prévues par le droit français (laïque, monogame enter personnes de sexe différent).

Mais lorsque les institutions sont étrangères et de surcroit inconnues alors là ça se corse . Exemple : le trust, la particularité est d’instituer une relation triangulaire entre un constituant (le fondateur du trust : un trustee) et un ou plusieurs bénéficiaires : ceux dans l’intérêt desquels le trust est constitué. C’est la nature des droits que le trustee détient sur les biens du trust est particulier : il a tous les droits d’un propriétaire sans être propriétaire, les biens confiés ne rentrent pas dans son patrimoine personnel. C’est au carrefour du droit des contrats, du droit des libéralités, droits des sociétés, droit des successions. La jurisprudence a décidé de le traiter comme une institution spécifique. Utilise la méthode de la reconnaissance : le trust constitue en conformité d’une loi qui connait cette institution doit être reconnue.

La Kafala : est une institution du droit musulman rependue, permet de confier un enfant à un tiers pour que celui-ci lui prodigue les soins nécessaires sans créer de liens de parentés avec celui qui prend en charge l’enfant. Ce n’est pas une adoption qui il n’y a pas le lien de parenté. Pour la jurisprudence cela ne vaut même pas adoption simple. On peut penser que c’est une délégation d’autorité parentales mais c’est bof car cette délégation transfert un pouvoir de droit alors que dans la Kafala c’est une situation de fait. On peut penser à une simple convention ou à des hypothèses comme article 373-4 : un enfant confié à un tiers de confiance. La jurisprudence est très abondante. Mais peut-on confier à l’enfant un titre de séjour en France : le contentieux est né de là. La jurisprudence empêche l’enfant de bénéficier du titre de séjour car ne l’assimile pas à une adoption.

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2) Le respect des finalités du rattachement

Le choix d'une qualification doit se faire en relation avec la finalité du critère de rattachement. La qualification montre le lien qui existe entre la catégorie et le choix du rattachement. Ex: l'institution dont la catégorie de rattachement n'est pas encore identifiée: l'institution nouvelle. Jusqu'à une intervention récente du législateur français, le problème se posait pour les partenariats enregistrés. Ces pactes commencent à être reconnus par un grand nombre de systèmes juridiques mais selon des systèmes qui varient d'un pays à l'autre. Il ya le pacte conclu sur le modèle du mariage et celui qui veut s'en distinguer: le pacte organisation d'un cadre de vie.Le problème de qualification que soulève les partenariats enregistrés : doit-on les rapprocher du mariage, ou doit-on les rapprocher des contrats. Pour choisir la qualification la doctrine s’est interrogée sur les conséquences qui en résulterait qu’en aux critères de rattachement. Si on les rattache aux contrats : alors on laisse les partenaires choisir librement la loi applicable. Le PACS présente des affinités avec le contrat mais il est spécial : formalités d’enregistrement, incidence forte sur les relations personnelles entre les partenaires. Dans les relations internationales il n’est pas opportun de consacrer le principe du libre choix. Le PACS est proche du mariage : il faut une vie commune entre les partenaires, des règles du mariage ont été étendues aux partenaires tels que les empêchements au mariage ou le devoir d’assistance. La grande différence est qu’il n’y a pas de vocation successorale et de régime matrimonial. Le rattachement prévu par la catégorie mariage n’est pas facile si on l’applique au partenariat enregistré. Ainsi dès les premiers débats la doctrine avait préconisé de retenir une qualification suis generis : spécifique appelant un rattachement spécifique, le rattachement est celui du lieu d’enregistrement du partenariat. Cette solution a été retenue par la loi du 12 mais 2009 sur la simplification et la clarification du droit : art 515-7 code civil : les conditions de formation et les effets d’un partenariat enregistré ainsi que les causes et les effets de sa dissolution sont soumis aux dispositions matérielles de l’Etat de l’autorité qui a procédé à son enregistrement. Cette règle conduit à reconnaitre la régularité et les effets des partenariats enregistrés à l’étranger conformément au droit du pays d’enregistrement. La qualification est souvent guidée par le choix du critère de rattachement.rajout : la résidence habituelle a été définit ds la jpce : réglemnt bruxellees 2 bis, la notion de résidence habituelle en notion de resp parentale devait s’entendre en 1 notion de pure fait permettant d’identifier l’état ac lequel le miuneur a le lien le plus fort . le juge dispose d’1 certaine lib à la condition de respecter les objectifs du traité .ttes ces notions sont fonctionneles définies en fonction des besoins.

§ 2- La qualification postérieure au choix du droit applicable

La catégorie de rattachement est identifiée, la règle de conflit s’applique et le droit compétent également. A ce moment deux types de difficultés peuvent surgir.faut savoir quelle régle appliquée.

A. La qualification en sous ordre

La qualification qui doit s’effectuer au sein du système juridique étranger désigné par la règle de conflit. C’est la qualification substantielle, il faut identifier la règle matérielle à appliquer au sein du système juridique étranger.Exemple : en droit des biens la règle de conflit désigne la loi du lieu de situation du bien, il peut être nécessaire de savoir si le bien est mobilier ou immobilier. On s’intrroge sur la possession d’1 bien en allemgne, dc loi allemande.Sélection à l’intérieur du système juridique différent de la bonne règle. Pour opérer cela on doit effectuer une qualification lege fore : selon le droit étranger. Lege cose : à verifier lege cose. La qualification de meuble ou immeuble en matière successorale : elle n’est pas lege fore elle est internationale et commande la loi applique, car la loi successorale applicable est la loi du pays de situation de l’immeuble ou du domicile du défunt pour les meubles.

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Lorsque la qualification commande le droit de la loi applicable : qualification internationale.Lege cose :

B. Le renvoi de qualification

Nous verrons cette question plus loin

JPCE allemande arrte 1982 : le juge allemand saisit de la détermination d’1 prescription extinctive d’1 crénace qui était soumise à la loi américaine. Juge se demande si prescription d’1 créance .

Chapitre 2 - La condition de la loi étrangère/ le statut procédural du droit étranger

La condition de la loi étrangère : il ne s’agit pas de conféré au droit étranger une nature différente de celle du droit du for. C’est un droit qui est extérieur à l’ordre juridique du juge saisi, la difficulté vient de cette extériorité du juge par rapport au droit étranger. En droit interne on applique la maxime : le juge est censé connaitre le contenu du droit. Mais le juge français ne connait pas le contenu de toutes les lois étrangères.Cela a une incidence Office du juge quant à l’application de la règle de conflit elle même et aussi sur le rôle des parties et du juge quant à l’établissement du contenu du droit étranger.

§1 – le régime procédural des règles de conflit

Le juge français a-t-il l’obligation ou la simple faculté d’appliquer d’office les règles de conflit ? Le juge doit il appliquer une règle de conflit que si les parties en ont réclamé l’application ? Il faut supposer que le juge ait eu conscience de la dimension internationale du litige. Le juge le peut si l’élément d’internationalité est dans le dossier. Certain éléments sont tous le temps dans le dossier : nationalité, domicile, mais certains éléments ne seront présents dans le dossier que si les parties les invoque. Un juge ne peut pas se saisir d’éléments de faits non invoqués par les parties, le juge ne peut pas faire état de sa connaissance personnelle des fait, mais lorsqu’un fait est dans la cause le juge peut utiliser le fait : il aura alors connaissance de la dimension internationale et pourra en tenir compte.

Est-il opportun lorsque les parties n’invoquent pas la règle de conflit de conférer au juge le pouvoir ou le devoir de le faire.

A. L’office du juge

Evolution de la jurisprudence

En 1959 la Cour de cassation arrêt Bisbal du 12 mai : les règles françaises des conflits de lois entend du moins qu’elles prescrivent l’application d’une loi étrangère n’ont pas un caractère d’ordre public en ce sens qu’il appartient aux parties d’en réclamer l’application. Deux époux espagnols souhaitent divorcer en France car c’était interdit en Espagne, ils n’ont pas invoqué la loi espagnole. Devant la Cour de cassation l’un des époux a invoqué dans son pourvoi une violation de la règle de conflit : il demandait de sanctionner les juges du fond qui n’avaient pas fait application de la loi espagnole. La cour rejette le pourvoi. Absence d’obligation pour les juges du fond d’appliquer d’office la règle de

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conflit. La doctrine a critiqué : le caractère d’office de la règle de conflit ne pouvait pas varier selon qu’elle désigne la loi française ou étrangère. Cette solution favorise le forum shopping, elle se réalise avec la complicité des juges français.

Cour de cassation 2 mars 1960 : le juge n’a pas l’obligation d’appliquer d’office la règle qui désigne le droit étranger mais il en a la faculté. Le droit positif est resté ainsi mais critique de la doctrine.

Cour de cassation Coveco 4 décembre 1990 : la Cour de cassation énonce le principe que le juge est tenu d’appliquer d’office la règle de conflit dans deux cas :

- Lorsque les droits en cause sont indisponibles- Lorsque la règle de conflit est d’origine internationale : issue d’une convention internationale

Lorsque la règle de conflit est de source internationale Ce critère a été abandonné par la jurisprudence par la suite. En 1990 la Cour de cassation a pensé que l’origine

internationale de la règle de conflit lui conférait une impérativité plus forte car les conventions sont supérieures à la loi. La Cour de cassation a pensé que ne pas appliquer une règle de conflit posée par une convention internationale s’était violer le traiter et en conséquence c’était engager la responsabilité internationale de l’Etat français.

Mais l’art 55 C pose un principe de hiérarchie des sources, mais la constitution n’impose rien sur le plan du régime procédural de la mise en œuvre du traité. La seule obligation est de reconnaitre au traité un statut égal à celui de la loi nationale. Si la loi n’a pas à être appliquée d’office le traité ne doit pas d’avantage l’être. Or les traités contiennent rarement des dispositions sur leur régime procédural ainsi ne pas appliquer d’office le traité est une question de pure procédure laissée à l’autonomie des Etats, et cela ne peut pas mettre en cause la responsabilité de l’Etat.

De plus les règles de conflits d’origine internationale se multiplient de sorte que le critère va conduire à imposer au juge l’application d’office dans un très grand nombre de cas et notamment en matière contractuelle.

Ainsi la Cour de cassation est revenue sur sa jurisprudence et a abandonné le critère de la source internationale de la règle de conflit : 26 mai 1999.

L’impérativité du droit communautaire

De plus en plus de règles de conflits sont élaborées par des règlements communautaires : la source communautaire doit-elle rendre ces règles de conflit plus impératives que les règles de conflits ordinaires : principe de primauté du droit communautaire ? Pour la prof la source de la règle de conflit n’a pas à influer sur l’office du juge. La jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes n’a jamais imposé au juge national une application d’office du droit communautaire sauf lorsque le droit communautaire par son objet est impératif. Sur ce point il y a encore un débat.

Le critère tiré de la libre disponibilité des droits en cause

Il est maintenu par la Cour de cassation. Si le droit en cause est indisponible, le juge doit appliquer d’office la règle de conflit. En revanche toutes les fois que le droit est disponible le juge n’a pas l’obligation mais il conserve la faculté d’appliquer la règle de conflit : c’est le cas en matière contractuelle par exemple. Lorsque le juge statut après la survenance du dommage : la matière devient disponible : le droit à réparation.

Mais selon quelle conception devait on apprécier le caractère disponible ou non du droit en cause : selon les conceptions du droit français ou du droit étranger ? NOEMIE

La règle de conflit est une source de complication : les juges se disent qu’ils ne vont pas se prendre la tête à le faire lorsque les droits sont disponibles si les parties ne l’ont pas demandé. Beaucoup d’auteurs critiquent encore cette

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jurisprudence : toujours appliquer la règle de conflit sans distinctions. Mais cela c’est faire abstraction de la dimension concrète du procès.

B. La liberté des parties

Depuis près de 30 ans la Cour de cassation admet que les parties peuvent conclure un accord procédural. Termes choisi parla doctrine pour désigner l’accord des parties sur le choix du droit applicable. Cet accord ne peut intervenir qu’en cours de procès. Les parties peuvent d’un commun accord écarter l’application du droit étranger désigné par la règle de conflit à la condition que les droits en cause soient des droits disponibles. La clause d’electio juris est la clause du contrat qui choisi la loi applicable au contrat, l’accord procédural est lui soumis à des conditions plus strictes.

Les conditions de forme On a rapproché cet accord de l’article 12 alinéa 3 du Code de Procédure Civil : permet aux parties de lier le juge

sur les qualifications par un accord express. Aujourd’hui la Cour de cassation ne vise plus cet article mais vise l’article 3 du code civil. Ainsi la Cour de cassation a décidé que l’accord procédural n’était pas subordonné à un accord express, elle a estimé que le simple silence des parties sur l’applicabilité du droit étranger pouvait valoir accord procédural implicite. Cette jurisprudence est apparue explicite : il faut rechercher la volonté implicite ce qui n’est pas évident : le simple silence vaut il volonté implicite d’écarter la règle de conflit. C’est un moyen d’appliquer encore plus souvent le droit français ce que les juges préfèrent.

La portée Les parties peuvent écarter l’application du droit étranger mais les parties pourraient elles écarter l’application

du droit français désigné par la règle de conflit ? Le débat est ouvert. C’est peu fréquent en pratique.

§ 2 – L’établissement du contenu du droit étranger

Ici nous avons identifié le droit applicable : la règle de conflit a désigné le droit étranger.

A. La preuve du contenu du droit étranger

1) La question de la charge de la preuve

Qui doit rapporter la preuve du contenu du droit étranger : les parties si oui laquelle, le juge ? Jurisprudence Lotour arrêt du 25 mai 1948 : un accident de la circulation en Espagne entre des véhicules et un train : on sait que le droit applicable est le droit espagnol : loi du lieu du délit. Mais la question qui se pose est les conditions de la responsabilité en droit espagnol : prévoit-il une responsabilité sans faute ? La veuve de la victime ne réclame rien quant au contenu du droit espagnol, c’est le défendeur qui soutient que la responsabilité sans faute n’existe pas en droit espagnol. La Cour de cassation pose le principe suivant : c’est à l’auteur de la prétention soumise au droit étranger de supporter la charge de la preuve du droit étranger. En l’espèce : c’est à la veuve d’apporter la preuve. Mais la mauvaise fois des parties peut jouer fortement, et la preuve peut être difficile à rapporter. La sanction du défaut de preuve :

- Le rejet des prétentions- Application de la loi du for

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Jurisprudence Amerford chambre commerciale 16 novembre 1993 : pose une règle qui distingue :- Si les droits sont indisponibles : le juge doit rechercher le contenu du droit étranger- Si les droits sont disponibles : il appartient à la partie qui prétend que le droit étranger aurait un contenu

différent de celui du droit du for de le démontrer, à défaut on applique le droit du for.Car il faut faire peser la charge de la preuve sur celui qui a intérêt à l’application du droit étranger.Un droit est dit disponible lorsque les parties peuvent, par une manifestation de volonté y renoncer ou l'aménager. Le droit indisponible à l'inverse, s'impose et aucune manifestation de volonté, clause ne peut l'écarter . Le caractère disponible ou indisponible d'un droit se retrouve surtout dans le domaine de la procédure. En DIP, cette distinction est essentielle, notamment lorsque le juge doit appliquer d'office la règle de conflit lorsque le droit est indisponible.Si le droit est disponible, c'est à la partie qui prétend que le droit étranger a un contenu différent de celui du droit du for d'en rapporter la preuve. A défaut de preuve, le juge applique le droit du for. Si le droit est indisponible, le juge doit rechercher le contenu du droit étranger.

Après cet arrêt, la jurisprudence est devenue plus confuse en rajoutant des distinctions: toutes les fois que le juge recherche d'office la loi applicable, il doit rechercher le contenu du droit étranger. La jurisprudence a ajouté que toutes les fois que le juge a l'obligation d'appliquer le droit étranger, il doit rechercher le contenu du droit étranger. Le juge a une telle obligation quand les parties sollicitent l'application du droit étranger.Mais le système Amerford était en train de s'émietter : la Cour de cassation a donc modifié sa jurisprudence: dans deux arrêts rendus le28.06.2005, l'un de la chambre civile, l'autre de la chambre commerciale, la Cour de cassation a supprimé la distinction entre droits disponibles et droits indisponibles. Il incombe au juge français qui reconnaît applicable un droit étranger d'en rechercher soit d'office, soit à la demande d'une partie qui l'invoque le contenu de ce droit. La jurisprudence Amerford est donc abandonnée.Cela ne veut pas dire que le juge est le seul à procéder à la collecte des modes de preuve: le juge dispose d'un certain nombre de pouvoirs: il peut inviter les parties à lui donner des informations, il peut ordonner des mesures d'instruction. Le juge a donc maintenant un rôle actif, il doit utiliser tous les pouvoirs que lui confère le code de procédure pour vérifier le contenu du droit étranger.

2) Les modes de preuve

On peut recueillir des informations auprès des autorités officielles ou auprès d'un juriste privé . L'inconvénient de cette méthode est qu'il y a un risque d'absence d'impartialité puisque ce sont les parties qui vont rémunérer le juriste privé. Dans ces cas, on parle d'un certificat de coutume. Le juge dispose toujours d'un pouvoir d'appréciation, il n'est pas lié par les avis. Il peut également tenir compte du comportement des parties, tirer les conséquences d'un refus de l'une des parties de coopérer.

Aussi des éléments internationaux visent à favoriser l’aide judiciaire : La Convention de Londres du 7 juin 1968 = coopération juridique dans la cadre du conseil de l’europe: le juge qui a besoin d'un renseignement va saisir son autorité centrale, pour que celle-ci s’adresse à l’autorité centrale judiciaire : son correspondant à l’étranger, pour que les services administratifs répondent à cette demande d’informations. La demande ne peut être formulée qu’à l’ occasion d'une affaire dont le juge est saisi. La réponse ne lie pas le juge. Système peu pratiqué car il est lourd.

Aussi relation de juge à juge. Dans les relations européennes, il existe le réseau judiciaire européen: c'est une structure qui facilite les contacts entre les juges européens. Il existe des juges internet où les juges peuvent communiquer. Ce système a un avantage pour les parties de leur épargner les coûts d’expertise.

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La conférence de La Haye réfléchi aujourd’hui sur un tel système de coopération juge à juge pour la mise en place de la Convention de La Haye, comme la Convention de 1980 sur les enlèvements d’enfants.En conclusion, sur cette question de la détermination du contenu du droit étranger, les solutions sont imparfaites soit encore ébauchées, c’est sans doute la plus grande difficulté du DIP.

B. L’application du droit étranger

Le droit étranger n’a pas la même nature du droit du for. Pendant longtemps on a estimé que le droit étranger était un élément de fait. Par rapport à cela, les juges du fond disposent d’un pouvoir souverain d’appréciation. Traiter le droit étranger comme du fait permet d’expliquer la solution selon laquelle la Cour de cassation considère que l‘interprétation du droit étranger relève de l’appréciation souveraine des juges du fond. En réalité cette solution vient de ce que le droit étranger était extérieur au système juridique du for. Et cette extériorité du droit étranger a plusieurs conséquences : le juge français doit appliquer le droit étranger tel qu’il existe à l’étranger, mais sans rien y ajouter. Il ne dispose pas d'un pouvoir créateur.

En droit interne, la jurisprudence est une source de droit. Cette fonction est interdite au juge quand il applique le droit étranger. De même il n’appartient pas à la Cour de cassation de veiller à l’uniformité du droit étranger.Aussi l’interprétation du droit étranger est une source d’erreur, il existe d’ailleurs des études à ce sujet = Quand on applique le droit étranger, il y a beaucoup d’applications erronées du droit étranger. Il vaut mieux que la CC évite de formuler des erreurs sur l’interprétation du droit étranger. La règle est donc simple : les juges du fond peuvent interpréter le droit étranger, et cette interprétation est souveraine et doit être la plus fidèle possible a l'interprétation telle qu’elle existe dan le domaine étranger.

2 limites a cette souveraineté :

1) Le contrôle de la dénaturation :

La Cour de cassation censure la dénaturation du droit étranger. Il y a dénaturation quand il y a une erreur grossière flagrante, quand il y a dénaturation claire et précise. Il y a des cas de jurisprudence pour dénaturation du droit étranger.

2) Le contrôle de motivation :

L’arrêt qui appliquera une loi en disant qu’elle semble être la solution du droit étranger = motif hypothétique, ce n’est pas une motivation suffisante ou s’il apparait que le juge s’en est remis trop facilement à l’analyse d’une des parties = cassation pour défaut de motivation. Les juges du fond doivent justifier les solutions qu’ils retiennent après les avoir vérifiées. Mais, comme le contrôle de motivation est aujourd’hui de plus en plus rigoureux, on peut y voir un début de contrôle exercé par la Cour de cassation de l’interprétation faite par les juges du fond.

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Chapitre 3 – Le renvoi

C'est une technique spécifique au DIP, découverte fortuitement par la jurisprudence, à l'occasion d'une affaire qui a donné lieu à l'arrêt Forgo en 1878: Fargo est décédé, on s'interrogeait sur la succession de cet individu né en Bavière, qui avait fixé sa résidence et vécu en France. Il avait comme parents des collatéraux, il fallait déterminer s'ils avaient une vocation dans sa succession. Il fallait déterminer le droit applicable et à l'époque, la règle de conflit française désignait en matière de succession des biens mobiliers, la loi nationale. Pour les étrangers, on appliquait la loi de leur domicile de droit, ce qui supposait une disposition particulière d'admission à domicile. Forgo n'avait pas de domicile de droit en France, il n'avait qu'un domicile de fait. Il avait donc conservé son domicile de droit en Bavière. Selon le droit Bavarois, la succession devait être régie par la loi du domicile de fait. Les collatéraux réclamaient l'application de la loi Française. La Cour de cassation a énoncé que selon le droit bavarois, les meubles sont régis en matière de succession par la loi du domicile de fait du défunt. Les juges ont appliqué le droit français car il fallait suivre la désignation du droit bavarois. La règle de conflit Française désignait le droit bavarois mais la règle de conflit bavaroise renvoyait au droit Français: ainsi est apparu le droit bavarois qui suppose une double opération: on applique la règle de conflit du for qui désigne le droit étranger, puis on applique la règle de conflit du droit étranger qui désigne à son tour le droit français => la règle du for a désigné un droit étranger, et que la règle de conflit du droit étranger retourne au droit du for la compétence.

Il y a renvoi au deuxième degré si la règle de conflit étrangère désigne une loi tierce: ex: un Suisse domicilié en Angleterre. La règle de conflit française désigne la loi suisse, loi nationale et la règle de conflit suisse renvoie à la loi anglaise, loi du domicile. Ce renvoi au second degré se produit lorsque la règle de conflit du for a désigné un droit étranger et que celui-ci désigne une loi tierce. Le renvoi est une création jurisprudentielle.

Pourquoi la jurisprudence a t-elle raisonné ainsi pour revenir à la loi française? La jurisprudence a eu l'occasion, à de nombreuses reprises, de faire jouer le renvoi. Ainsi, en 1910, dans un arrêt Soulié, la CC a cherché à justifier le renvoi en énonçant que la loi française de DIP ne souffre nullement du renvoi qui est fait à la loi interne française par la loi de DIP étrangère. L'arrêt poursuit en observant qu'il n'y a qu'avantage que tout conflit se trouve ainsi supprimé et à ce que la loi française régisse, d'après ses propres vues, les intérêts qui naissent sur le territoire français.

Sur le plan théorique, ce renvoi est très difficile à justifier car la méthode de la règle de conflit postule que l'on peut appliquer aussi bien le droit français que le droit du for. C'est donc contredire le caractère bilatéral de la règle de conflit qui est de permettre de désigner une loi étrangère. C'est également une complication difficile à comprendre et il y a également un cercle vicieux: si l'on regarde la règle de conflit étrangère pour faire jouer le renvoi au profit du droit du for, il faudrait également regarder la règle de conflit du for et revenir au droit étranger: c'est une partie de ping pong internationale. Mais la jurisprudence a maintenu le cap.

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§ 1: La quête d'une explication rationnelle

On peut distinguer les explications logiques et les explications pragmatiques.

A. Les explications logiques

Le renvoi délégation: la règle de conflit du for délègue au DIP étranger le choix du droit applicable. Cette explication décrit un phénomène mais n'explique pas pourquoi cette délégation.

La théorie du renvoi réglement subsidiaire: Nerebours- pigeonniere (auteur du précis Dalloz): la règle de conflit du for offre une compétence au droit étranger mais on ne peut pas le forcer. S'il n'accepte pas cette compétence, on formule une règle de conflit subsidiaire. On applique donc la règle de conflit française subsidiaire.

B. Les explications pragmatiques

On est parti de l'explication proposée par le doyen Batiffolle: c'est celui qui a conçu le DIP comme un droit de coordination entre les systèmes juridiques, il recherche l'harmonie internationale des solutions. Pour lui, le renvoi permet cela, c'est pour cela que l'on appelle sa théorie le renvoi coordination: Rien n'impose ni n'interdit de faire jouer le renvoi, il faut regarder les résultats auxquels conduit le renvoi. Si le résultat est une meilleure coordination des solutions, il faut faire jouer le renvoi. Le renvoi doit favoriser la coordination des lois.

Cette théorie est surtout convaincante pour le renvoi au second degré qui permet d'aboutir à la coordination des lois qui peut être parfaite dans certains cas. Ex: Suisse domicilié à Moscou qui épouse sa nièce en Russei qui est également Suisse. Un juge allemand est saisit de savoir si ce mariage est nul ou valable. La règle de conflit Suisse et Russe soumettent la validité de ce mariage au droit Russe (loi du domicile et loi du lieu du mariage). La loi Russe considère que ce mariage est valable. La règle de conflit allemande désigne la loi nationale des deux époux, c'est la loi Suisse. Mais la loi Suisse considère que ce mariage est nul: si le juge allemand applique sa seule règle de conflit, le mariage est nul. Si un juge suisse ou russe est saisit, le mariage est valable. Il s'agit donc d'un mariage boiteux. Mais si le juge allemand fait jouer le renvoi, il applique d'abord la loi suisse, et la règle de conflit suisse désigne la loi russe => renvoi au second degré, il applique la loi russe. Grâce à ce renvoi, les trois juges appliquent la même loi, la loi russe, le mariage est valable quelque soit le juge saisit.

Affaire Zhaga: mariage religieux de deux Syriens en Italie. Le juge français est saisit, il applique la loi Italienne, loi du lieu de célébration. Si l'on ne fait pas jouer le renvoi, le mariage est nul car le droit italien impose un mariage civil. Mais les époux sont syriens et le droit syrien reconnaît le mariage religieux. La règle de conflit italienne désigne la loi nationale => renvoi au second degré.

Depuis, on parle de renvoi fonctionnel: on va vérifier concrètement le résultat du renvoi. Si la règle de conflit désigne la loi nationale et qu'elle renvoi à la loi du domicile, on peut considérer que c'est opportun d'accepter un tel renvoi de la loi nationale à la loi du domicile.

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Ex du rattachement des successions: en droit français, la règle de conflit dualiste distingue selon que l'on rattache des meubles ou des immeubles. Pour les meubles, c'est la loi nationale du défunt et pour les immeubles c'est la loi du lieu de situation de chaque immeuble. On soumet donc une même succession à une pluralité de lois et on provoque des situations très complexes. Si la règle de conflit étrangère renvoie à la loi du for comme loi nationale, on peut, grâce à ce renvoi, soumettre l'ensemble de la succession à la même loi. C'est un progrès quant au règlement de la succession. On peut ainsi dire que le renvoi corrige la règle de conflit française, on parvient à des solutions meilleures: c'est le renvoi correcteur des rattachements.La jurisprudence ne s'est pourtant jamais laissée impressionnée par la doctrine:

§ 2: Le phénomène jurisprudentiel du renvoi

A. Le renvoi classique

C'est celui de l'arrêt Forgo, qui découle d'une divergence de rattachement entre la règle de conflit du for et la règle de conflit étrangère. Pendant longtemps, le statut successoral et le statut personnel ont été les domaines de prédilection du renvoi, souvent de la loi national à celle du domicile. Aujourd'hui, les indications jurisprudentielles du renvoi se ratifient:

L'émergence de nouvelles règles de conflit incompatibles avec le renvoi

Les règles de conflit alternatives, ou encore substantielles, poursuivent un certain résultat matériel mais ne se concilient pas bien avec le mécanisme du renvoi. L'art. 311-17 sur la reconnaissance de paternité. Il n'y a pas non plus de renvoi possible avec les règles unilatérales. Enfin, on peut considérer qu'une règle comme celle laissant les contractants choisir la loi du contrat (loi d'autonomie) est incompatible avec le renvoi: la jurisprudence exclut le renvoi en matière contractuelle car il faut respecter le choix de loi des parties. La même solution est retenue en matière de régimes matrimoniaux, et ce pour la même raison.Dans l'arrêt Zagha, le renvoi au second degré a bien marché mais cela n'est pas toujours le cas, surtout lorsque la loi tierce désignée par la règle de conflit étrangère n'accepte pas la compétence qui lui est offerte.Ex: Il s'agissait du règlement d'une succession mobilière d'un anglais domicilié en Espagne, règlement présenté à un juge Français. La règle de conflit Française désigne dans cette espèce la loi espagnole, en tant que loi du dernier domicile du défunt. La règle de conflit espagnole désigne la loi anglaise, loi nationale. Mais la règle de conflit Anglais désigne le droit espagnol. La loi tierce n'accepte donc pas la compétence et renvoie à son tour à un droit précédemment désigné. Le renvoi ne peut pas jouer indéfiniment: la doctrine a proposé trois solutions:

Si la loi tierce n'accepte pas sa compétence, le renvoi a échoué et l'on s'en tient à la première désignation opérée par le droit français, en l'occurrence la désignation du droit espagnol.

Rechercher si l'un des systèmes juridiques étrangers exclue le renvoi. Interroger le droit international privé du système désigné par la règle du for. Si ce système écarte le renvoi, on

arrête la partie de tennis internationale.

Conclusion sur le renvoi de rattachement: dans la version la plus classique, la règle de conflit ne désigne pas une loi substantielle, la règle de conflit désigne un système juridique. Le système étranger a vocation à s'appliquer, aussi bien en ce qui concerne les règles matérielles qu'en ce qui concerne les règles de DIP. On peut ainsi être amené à consulter la règle de conflit étrangère. Les Conventions de la Haye comme les règlements Rome 1 et 2 précisent que les règles de conflit ne désignent que les règles internes du droit étranger et par là même excluent le renvoi . Ces instruments

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internationaux visent à unifier les règles de conflit. Comme ces instruments se développent, cela réduit le domaine du renvoi.

B. Le renvoi de qualification

Le renvoi classique résulte d'une divergence de rattachement entre la règle de conflit du for et la règle de conflit étrangère mais il peut apparaître un autre type de divergence, par exemple sur la qualification. Une question qui n'est pas classée dans la même catégorie de rattachement selon la règle du for et selon la règle du droit étranger: cette divergence de qualification soulève la question de l'éventualité d'un renvoi.Ex: la rupture de fiançailles entre deux français dont la rupture se produit en Allemagne. Le juge Français est saisi de l'éventuelle indemnisation de la fiancée délaissée. Pour un juge Français, la rupture des fiançailles est une question de responsabilité délictuelle. Puisque les fiancés ont rompus en Allemagne, pour le juge français, la loi applicable est la loi allemande, mais les juges allemands pensent qu’il s’agit de la loi nationale car cela a un rapport avec le statut personnel.Le problème ici est la qualification: Renvoi de qualification. Faut-il faire jouer ou non le renvoi de qualification? Pendant longtemps la doctrine française s’y est opposée. La doctrine allemande était plus ouverte à ce renvoi de qualification, c'est donc exactement le même problème.

Il faut distinguer plusieurs types de qualification, il faut distinguer la qualification internationale et la qualification matérielle. La première est celle qui détermine le choix de la loi. Une fois qu’une loi étrangère a été choisie, intervient un autre type de qualification, la qualification matérielle, celle qui détermine le choix de la règle matérielle applicable au sein du système juridique étranger. C’est ce qu’on appelle aussi la qualification en sous ordre, au sein de l'ordre juridique étranger. La première qualification est faite lege fori, la deuxième lege cause et la doctrine pendant longtemps disait qualification lege cause mais à la condition que ça ne remette pas en cause le choix de la règle applicable. C’est la dessus que la doctrine a changé de position, on peut admettre qu’il y ait après désignation du droit étranger, consultation de la qualification internationale du droit étranger. Si on s’interroge a la qualification internationale on peut encore s’interroger lege cause.

Il n’y a pas de jurisprudence en France qui a admis le renvoi de qualification. Un arrêt l'a refusé: Arrêt CC du 11.03.1997, elle l'a refusé car on était en matière contractuelle. Or, le renvoi est exclu dans cette matière. On pourrait donc admettre le renvoi de qualification mais il faudrait retenir les mêmes exceptions et notamment exclure le renvoi de qualification en matière contractuelle car cela remettrait en cause la volonté des parties.

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Chapitre 4 – Les mécanismes dérogatoires : les exceptions d’ordre public et de fraude

Il faut revenir sur la vocation subsidiaire du droit du for:En dépit du postulat d'équivalence entre le droit du for et le droit étranger désigné par la règle de conflit, il y a incontestablement une prévalence du droit du for. Cette prévalence se manifeste à tous les stades de la méthode conflictuelle: elle se manifeste d'abord au stade du choix de la méthode, (la méthode des lois de police par exemple préempte le droit désigné par la règle de conflit), mais également au stade de la mise en œuvre de la règle de conflit, avec la qualification et le principe de qualification lege fori. Cette prévalence se manifeste encore toutes les fois qu'un obstacle se produit pour empêcher la désignation ou l'application d'un droit étranger. Cela peut être un obstacle de fait ou de droit.Ex: la défaillance du critère de rattachement: La règle de conflit qui désigne la loi du lieu du délit ne permet pas de s'appliquer à un délit commis en haute mer, sur un territoire soustrait à toute souveraineté. C'est également le cas lorsque la règle de conflit désigne la loi nationale et que l'on est en présence d'un apatride: les Conventions internationales préconisent un critère subsidiaire comme le domicile ou la résidence. Il peut également y avoir une impossibilité temporaire d'appliquer la loi compétente, comme lors d'une situation d'urgence. On ordonne alors des mesures provisoires plus souvent prises sur le fondement du droit du for. Il peut également y avoir une impossibilité de déterminer le contenu du droit étranger: on applique alors le droit du for et c'est une manifestation de la vocation subsidiaire du droit du for. Enfin, il existe des obstacles tenant soit au contenu du droit étranger qui est contraire aux valeurs d'ordre public du for, soit aux circonstances de la désignation du droit étranger, dans l'hypothèse d'une fraude. Dans les deux cas, on déclenche soit l'exception d'ordre public soit l'exception de fraude, ce qui peut conduire à l'application du droit du for.

Section 1: L'exception d'ordre public

En droit interne, on distingue les règles d'ordre public ou impératives, auxquelles il est interdit de déroger par des conventions privées (art. 6 CC). Le caractère d'ordre public des règles intervient également en procédure civile, pour renforcer l'office du juge. En DIP, une des manifestations sont les lois de police, règles internationalement impératives.Toute la difficulté est que la notion d'ordre public est une notion cadre, dont le contenu n'est pas prédéfini.L'exception d'ordre public internationale est un instrument entre les mains du juge pour évincer les dispositions du droit étranger compétent dont le contenu contredit des valeurs jugées essentielles dans l'ordre juridique du for . Cela se présente donc comme une exception à l'application du droit compétent. Cette exception a son pendant dans les conflits de juridiction.

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§ 1: La notion d'ordre public international

A/ Le contenu de la notion

C'est un contenu flou, propre des notions cadres. On ne peut pas donner de définition précise: c'est un ensemble de valeurs jugées intangibles et supérieures aux seuls intérêts privés. Il y a un alliage de considérations politiques, économiques, morales et sociales. L'idée de valeur intangible est cependant moins large. La source de ces valeurs est très diverse: il y a des sources classiques, législatives, jurisprudentielles mais également des sources constitutionnelles et internationales. La notion intègre en effet les droits fondamentaux.

Les internationalistes ont tenté une définition plus précise: ils distinguent les valeurs qui constituent le noyau dur de l'ordre public international. Ce sont les sous bassement de la civilisation Française qu'il faut distinguer de valeurs plus contingentes mais qui peuvent également être d'ordre public international, pour garantir certaines politiques juridiques.Celles du noyau dur ont été définies par l'arrêt Lautour: ' les valeurs d'ordre public sont les principes de justice universels considérés dans l'opinion Française comme dotés de valeur absolue'. Ces valeurs sont difficilement identifiables mais on cite en général la prohibition de l'esclavage, la prohibition de l'inceste. L'interdiction de la corruption est souvent citée mais pas très convainquant car on la proclame plus qu'on ne la sanctionne. Ces valeurs définies par l'arrêt Lautour sont les fondements de la civilisation Française. Aujourd'hui, ce sont les droits fondamentaux: protection de la dignité, de la liberté, de l'intégrité physique des personnes. On cite également l'interdiction de discriminations fondées sur la race, la religion ou le sexe.La loi étrangère qui violerait ces valeurs serait donc écartée.

A côté de ce noyau dur, il faut identifier les politiques juridiques impératives: la difficulté est qu'il peut exister des lois impératives dans l'ordre interne qui ne présentent pas un tel caractère en DIP . Il faut avoir une conception restrictive de l'ordre juridique international. Ex: la loi de 1985 sur la protection des victimes et la réparation en cas d'accident de la circulation routière ( loi Badinter): elle est d'ordre public en droit interne mais la Cour de cassation a estimé qu'elle n'était pas d'ordre public en DIP. C'est le prolongement de l'arrêt Lautour, relatif à l'indemnisation de la veuve d'un automobiliste victime d'un accident. Le principe de la responsabilité objective n'avait pas été considéré comme d'ordre public international. Le principe n'est pas suffisamment essentiel pour être doté d'une impérativité internationale.

Il y a place pour une subjectivité du juge, qui va décider ce qui est d'ordre public international et ce qui ne l'est pas: c'est le caractère fluctuant de la notion. Elle peut évoluer dans le temps, comme dans l'espace. Selon les évolutions du droit français, ce qui était contraire à l'ordre public international à un instant T ne l'est plus forcément aujourd'hui. Ex: avant la loi de 1972 qui a posé le principe de légalité des filiations, les droits étrangers qui étaient plus égalitaires que le droit français entre les enfants légitimes et les enfants naturels étaient écartés comme jugés contraires à l'ordre public. Après la loi de 1972, la jurisprudence a adopté une position rigoureusement contraires : les lois étrangères plus discriminatoires que le droit français étaient jugées contraires à l'ordre public.

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Le domaine de l'exception d'ordre public est très général: cela concerne le droit des biens, des contrats, de la famille, des personnes...

B/ Les modalités d'appréciation

Le principe est celui de l'appréciation in concreto: la contrariété à l'ordre public ne peut pas s'apprécier de manière abstraite: on ne peut pas dire qu'une loi étrangère, en général, serait contraire à l'ordre public . Il n'y a que l'application d'une loi étrangère dans les circonstances concrètes du cas d'espèce qui peut être jugé contraire à l'ordre public: on ne porte pas de jugement sur le contenu du droit étranger, on évince la loi étrangère quand son application concrète à un cas particulier aboutit à un résultat choquant.

Ex: en matière contractuelle, un contrat est soumis par les parties à la loi anglaise. Ce contrat comporte une clause pénale. Le droit anglais, très respectueux de la force des contrats, ne prévoit pas que le juge puisse exercer un pouvoir modérateur de la clause pénale. Le juge anglais ne peut pas dire que la clause pénale est manifestement excessive alors que la loi française donne au juge la possibilité de réviser les clauses qui sont manifestement excessives ou dérisoires. Supposons que les parties ont, dans une clause du contrat, prévu des modalités de révision de la clause et que ces modalités permettent au juge de réduire la clause excessive. On voit dans cet exemple que l'application de la loi anglaise n'aboutit pas à un résultat choquant puisqu'elle respecte la volonté des parties et elle va permettre de mettre en œuvre les modalités prévues dans le contrat de révision de la clause.

Ex de la conformité à l'ordre public international de la répudiation en droit musulman: Cette prérogative n'est conférée qu'au mari. C'est donc l'inégalité dans laquelle se trouvent les femmes quant aux modalités de dissolution du mariage qui peut apparaître choquante car contraire au principe d'égalité entre les époux. Le principe est protégé par la CEDH, il y a deux exceptions où la femme peut répudier: si la femme achète sa propre répudiation, c'est la répudiation contre compensation ou si le droit lui a été donné par le mari, soit pendant la vie du mariage, soit prévu dans une clause du contrat de mariage. Il y a donc incontestablement une inégalité entre l'homme et la femme. Mais certains internationalistes ont soutenu que l'interprétation in concreto interdit de considérer que cette répudiation est contraire à l'ordre public. L'appréciation in concreto oblige à regarder le résultat, ici la dissolution du mariage à la demande du mari. En soi, on ne peut pas soutenir que la dissolution du mariage à la demande d'un époux est contraire à l'ordre public. Dans une série d'arrêt du 17.02.2004, la Cour de cassation a considéré que les répudiations étaient contraires à l'ordre public international dès lors que la femme réside en France.

§ 2: Le régime de l'exception d'ordre public

A/ Les conditions de déclenchement de l'exception

Les conditions temporelles: le principe d'actualité de d'ordre public La notion est fluctuante, évolutive: le principe d'actualité commande au juge d'apprécier la contrariété à l'ordre

public selon les conceptions du for au jour où il se prononce. Cette solution est l'application du principe selon lequel la jurisprudence a un effet immédiat.

Les conditions spatiales

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On a pendant longtemps raisonné sur le modèle de la théorie de l'effet atténue de l'ordre public: cette théorie est toujours utilisée mais a tendance à être supplanté par la théorie de l'ordre public de proximité.La théorie de l'effet atténué de l'ordre public est une théorie jurisprudentielle reposant sur l'idée qu'on ne peut pas s'opposer avec la même force à l'application des lois étrangères selon qu'il s'agit de créer une situation en France ou de permettre à une situation crée à l'étranger de produire des effets en France.Arrêt Rivière, 1953 à propos du divorce par consentement mutuel de deux époux en Equateur car interdit en France: la Cour de cassation a estimé qu'on ne pouvait pas opposer l'ordre public international dès lors que le divorce avait été prononcé à l'étranger.Il faut être conscient de l'ambiguïté des termes de l'effet atténue d'ordre public: cela ne veut pas dire que l'ordre public produit un effet atténué: soit la situation est contraire à l'ordre public et la loi est écartée, soit elle ne l'est pas et la loi est appliquée. Il n'y a pas de demi-mesure, d'effet atténué. Cela signifie que la réaction de l'ordre public est atténuée lorsque les faits se sont produits à l'étranger. Ex: mariage polygamique célébré à l'étranger entre des époux dont la loi nationale étrangère autorise la polygamie.

L’ordre public de proximité :L’ordre public de proximité est d’appréciation allemande, a été développée en France par Largarde comme un

prolongement du principe de proximité (facteur de rattachement). Pour déclencher l’exception d’ordre public il faut vérifier que la situation présente un lien de rattachement significatif avec l’ordre juridique du for. Ce lien peut être d’ordre territorial comme le domicile d’une des parties en France ou d’ordre personnel comme la nationalité d’une des parties. La distinction ne porte plus sur le seul lieu de création de la situation juridique mais sur l’existence d’un lien (au moment ou le juge se prononce) entre la situation et l’ordre juridique du for.

Dans un premier temps la jurisprudence s’est surtout fondée sur le lien de nationalité. Elle a fait de cette technique un moyen de protéger le national français contre les législations étrangères qui prohibent le divorce par exemple en décidant qu’une française ne pouvait pas être privée du droit de divorcer par application d’une loi étrangère. De la même façon, une enfant français ne pouvait pas être privé du droit d’établir sa filiation par l’application d’une loi étrangère. Cette loi étrangère doit être écartée par application de l’ordre public.

La doctrine a critiqué le caractère nationaliste de cette jurisprudence ; en réalité le lien de rattachement peut se fonder aussi sur le domicile et plus de soucis. Ainsi la théorie de l’OP de proximité n’est pas en soit nationaliste.

Cette théorie connait un succès doctrinale on voit un moyen d’arrêter les conflits de civilisation sur l’état des personnes : entre les pays laïques et les pays de droit religieux. L’OP de proximité permet d’avoir une politique plus souple : on en rejet la loi étrangère que si elle doit s’appliquer à des individus qui sont intégrés à la société française, donc elle n’est pas systématiquement rejetée. Ainsi la théorie de l’ordre public de proximité tend à se développer en jurisprudence.

Cela ne résout pas toutes les difficultés notamment lorsque des parties de nationalité étrangère veulent c réer en France une situation par application d’un droit étranger qui heurte les valeurs du for : alors pour certaines la théorie de l’effet atténué est meilleure car elle rejette cela mais si le lien de rattachement est faible.

En matière de filiation, la Cour de cassation n’a pas bien fait jouer l’ordre public de proximité en refusant le droit de filiation à un enfant étranger dont le père présumé est français mais dont la mère était étrangère. Mais on pouvait estimer que le lien juridique était suffisant.

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B/ Les effets de l’exception

Effet négatif :L’exception évince la loi étrangère compétente, mais il faut résoudre le litige d’où :

Effet positif :On substitut à la loi étrangère la loi du for. Cela peut s’expliquer par la vocation subsidiaire du droit du for.

Ce double effet doit être limitéL’éviction et la substitution doivent être limitées aux dispositions qui heurtent l’OP, cela ne veut pas dire que l’on va appliquer la loi français à tous les éléments du litige mais seulement ce qui est choquant. Ex : loi filiation qui est discriminatoire, on va seulement enlever l’élément discriminant et on appliquera quand même la loi étrangère.

§ 3- L’impact des droits fondamentaux et le droit de l’UE.

A/ Les droits fondamentaux

Il y a eu une querelle doctrinale intense sur la question de savoir comment faire respecter les DF en Droit International Privé.

- Pour certains : hiérarchie des sources pour trancher, et les DF protéger par un instrument international doivent faire l’objet d’une application directe. Sans passer par la méthode de la règle de conflit. Pour la Convention européenne des droits de l'Homme par exemple.

- Pour d’autres : on doit se servir des techniques du Droit International Privé car elles sont plus adaptées à la gestion de l’internationalité de la situation. Si un droit fondamental intervient alors : exception d’ordre public. Ainsi les droits fondamentaux s’intègrent à l’ordre public international et peuvent déclencher une exception d’OP.

L’enjeu :- DIPiste : conserver la souplesse du Droit International Privé et de respecter un impératif de la continuité des

situations juridiques.- Pour les autres : il faut respecter la logique des droits fondamentaux : accepter certaines restrictions mais celles

prévues par la Convention européenne des droits de l'Homme et selon les critères de la Convention européenne des droits de l'Homme.

Prof : c’est stérile car pour le résultat il n’y a pas de différence selon la méthode choisie, car les deux méthodes se rejoignent :

- D’une part sur le principe d’une appréciation in concreto de l’atteinte.- D’autre part il n’y a pratiquement aucun droit fondamental absolu sauf la prohibition de la torture qui concerne

peut le Droit International Privé. Les autres sont des droits conditionnés : qui peuvent faire l’objet de restrictions et les critères d’appréciation de la restriction:

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o Prévisibilité o Légitimitéo Proportionnalité

Rien n’interdit dans l’appréciation d’inclure les nécessités des relations privées internationales : de la continuité des situations juridiques. Pour la Cour Européenne des droits de l'Homme : répudiation : atteinte à l’égalité des sexes, mais peut être admise si elle répond à des causes objectives, raisonnables et la création d’une situation à l’étranger dans un système qui la tolère pourrait être la cause objective et raisonnable qui rend tolérable la discrimination. De plus si les époux sont étrangers et mariés à l’étranger et que la répudiation a été faite à l’étranger et que longtemps après internationalisation de la situation : remettre en cause la répudiation serait remettre en cause des droits acquis alors non et c’est une cause objective pour tolérer la répudiation (peut être dans l’intérêt de la femme si elle a refait sa vie). Arrêt de radiation de 2005 de la Cour Européenne des droits de l'Homme : plus lieu de prononcer une décision sur ce sujet : considère que la jurisprudence française est conforme à l’art 5 du protocole 7 or la jurisprudence utilise l’exception d’ordre public de proximité. On voit bien que le résultat est donc le même.

La jurisprudence française s’est orientée vers l’exception d’ordre public pour veiller au respect des droits fondamentaux.

B/ L’influence du droit de l’Union Européen

On parle souvent de communauté de droits entre les Etats membres. S’ils partagent cette communauté on ne devrait pas déclencher l’exception d’ordre public pour évincer le droit d’un autre Etats membres : alors l’exception d’ordre public ne peut jamais jouer pour évincer le droit d’un autre Etats membres. Mais on n’en est pas encore à ce stade. Il y a encore des disparités importante et notamment dans le domaine du droit familial dont le mariage gay. L’influence de l’UE ne se manifeste pas ainsi. Rome 1 et 2 sur la loi applicable dans des instruments européens, ces règlements maintiennent une clause de sauvegarde de l’ordre public.

Mais il y a une influence sur l’ordre public on peut parler d’européanisation de l’ordre public. La cour de justice peut exercer un certain contrôle sur la mise en œuvre de l’exception d’ordre public dans les relations entre Etats membres. Car il ne faudrait pas qu’en utilisant l’exception d’ordre public un Etat puisse porter atteinte à une liberté de circulation.

Jurisprudence dans le domaine des conflits de juridiction : l’exception permet d’évincer un jugement étranger. Lorsque cela concerne un jugement européen la cour exerce un contrôle sur les contours à l’ordre public pour qu’il n’y ait pas d’entrave à la libre circulation des jugements. La cour pourrait faire de même pour les conflits des lois.

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Section 2 – L’exception de fraude à la loi

Les situations de Droit International Privé sont propices à la fraude, car les législations sont disparates. C’est le fait de se soustraire à l’application d’une loi normalement applicable pour se placer volontairement sous l’empire d’une loi plus favorable. Ainsi on peut changer de nationalité, de domicile, déplacer un bien mobilier. Mais la fraude est une notion difficile à appréhender et à sanctionner. La difficulté vient de ce qu’il faut distinguer ce qui relève de l’habileté juridique et ce qui relève de la fraude.

§1 – La notion de fraude

L’affaire de la princesse de Beauffremont :C’était une princesse française mariée à un français qui voulait divorcer à une période où le divorce était interdit

en France. Elle a obtenu la séparation de corps puis elle s’est installée en Allemagne elle a acquis la nationalité allemande. Ainsi elle s’est fait appliquer le droit allemand pour convertir la séparation de corps en divorce. Puis elle s’est remariée et elle est revenue en France mais le premier mari a attaqué cela. Cour de cassation 18 mars 1878 : il y avait une fraude à la loi française car l’obtention de la nationalité allemande n’avait eu pour seul but que d’éluder l’application de la loi française loi normalement applicable. Il y a un élément intentionnel : volonté d’échapper à la loi française.

L’affaire Caron : Enfants déshérités par leur père qui vivait aux USA qui avait un immeuble en France. Caron a apporté

l’immeuble dans une SCI : transformation en part d’une SCI dans son patrimoine. Puis il s’est servi du trust : les parts on été apportées à un trust, soumis à la loi américaine. Ainsi les droits devaient suivre la succession mobilière : loi du dernier domicile du défunt : loi des USA. Mais le droit des USA ne protège pas le droit de la réserve héréditaire. Caron a opéré une manipulation qui a porté sur la qualification du bien à seule fin d’échapper à l’application de la loi française, la loi normalement applicable à la transmission successorale de l’immeuble situé en France. Constitution de la SCI et du trust : un ensemble de manipulations. Arrêt du 20 mars 1985 : la cour a admis qu’il pouvait y avoir une fraude par manipulation de la qualification. La fraude a été déclarée inopposable et l’immeuble a été considéré comme un immeuble soumis alors à la loi française.

A. La fraude et les notions voisine

La notion d’abus des droits La fraude à la loi suppose une manœuvre rendant artificiellement compétente une autre loi que celle qui avait

une vocation normale à s’appliquer (manipulation du critère de rattachement ou de la qualification).L’abus ne fait apparaitre aucune modification artificielle des éléments de fait. Les parties ont exploité une

situation préexistante, une liberté qui leur était donnée. Mais tout droit peut dégénérer en abus. Il faut démontrer une intention et un résultat anormal. En Droit International Privé il y a un abus toutes les fois qu’une liberté ou un choix d’option est laissée aux parties.

Exemple dans un contrat : si tous els éléments de la situation sont situés dans un seul pays, si le seul élément d’extranéité est le choix de la loi étrangère on peut considérer qu’il y a abus, convention de Rome le prévoit et le sanctionne par l’application de la loi du pays dans laquelle la situation est entièrement localisée Rome 1 art3 §3.

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Dans le domaine des libertés européennes de circulation il peut y avoir des abus : comme dans l’implantation d’une société. Jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes abondante, elle a toujours laissé suspendre une menace de sanctionner des abus mais elle le fait rarement.

La notion de simulation Lorsqu’il y a une simulation, on a une situation réelle et une situation fictive. La sanction peut être de faire

tomber le masque, par exemple un mariage blanc. Mais c’est différent de la fraude car les parties n’ont pas réussi à créer une situation réelle, la fraude elle ne ment pas.

La fraude joue dans les conflits de loi mais également dans les conflits de juridiction. La sanction dans les conflits de lois est l’inopposabilité de la situation frauduleusement créée. Dans le domaine des conflits de juridiction il peut y avoir la fraude dans la saisine artificielle d’un juge étranger

qui n’a aucun lien avec le litige, il peut y avoir une fraude aux droits de la défense d’autrui, une fraude au jugement : consiste à demander au juge étranger de prononcer un jugement qu’un juge français ne pourrait pas prononcer.

La fraude à la loi joue sur la disparité des lois.

B. Les éléments constitutifs de la fraude à la loi

Elément matériel C’est la manipulation qui permet d’extraire le fraudeur du champ d’application d’une loi pour le faire rentrer

dans le domaine d’application d’une autre loi. La fraude la plus simple est la manipulation du critère de rattachement par l’acquisition d’une nouvelle nationalité, d’un nouveau domicile, ou par le déplacement d’un bien mobilier. Mais avec Caron on vu que la fraude pouvait porter aussi sur la manipulation de la qualification.

L’élément moral Les changements sont frauduleux que s’il y a une intention frauduleuse, c’est élément moral. La preuve de cet élément est difficile. Souvent la fraude est présumée à partir des circonstances. Dans l’affaire de la princesse on a présumé de la fraude c’est qu’elle est revenue en France très vite. Il faut rechercher le motif déterminant du changement opéré par une personne.

L’élément légal Considère ton seulement la loi française ou aussi la fraude à la loi étrangère. Les formulations sont suffisamment générales pour faire penser qu’un juge français pourrait sanctionner une fraude à la loi étrangère.

§ 2 – la sanction de la fraude

Il est rare que la situation crée soit parfaitement régulière, si la situation n’est pas parfaitement régulière la sanction est de constater l’irrégularité. Face à une fraude réussie : une situation juridiquement régulière a réussie à être créée, seule la fraude peut remettre en cause le montage juridique. La sanction est l’inopposabilité de l’acte frauduleux. Il n’y a pas l’annulation de l’acte, il ne produits pas effets sur le choix de la loi applicable et la situation peut perdurer. Le montage n’est donc pas annuler.

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Deuxième partie   : Les conflits de juridiction

Les enjeux concernant le choix d’un tribunal dans un procès civil international, c’est l’enjeu du lieu de procès, intenter en France ou à l’étranger. Affaire Rougeron : Marcel était né en France mais était devenu citoyen américain et est décédé en suisse en laissant une veuve et un fils de nationalité française. Des biens situés aux USA et un testament soumis par le défunt à la loi américaine. Il faisait de sa veuve la légataire universel et privait de vocation successorale son fils, ce qui est autorisé aux USA. Si le fils agissait aux USA il aurait été débouté. Le fils a agit en Suisse, lieu du domicile du défunt. Les tribunaux suisses ont appliqué la loi suisse qui prévoyait une réserve des trois quart au profit du fils. Mais il n’y avait aucun bien en suisse. Ainsi l’un des enjeux du choix du tribunal c’est la détermination du droit qui sera appliqué par le juge saisi, chaque juge applique ses propres règles. Il faut regarder les règles de reconnaissance des jugements étranger, se saisir du jugement suisse pour le faire exequaturer en France mais à condition qu’il y ai des biens à saisir en France. Il aurait pu saisir directement les juges français, si les biens se trouvent en France c’est plus opportun. Le juge français aurait du appliquer la loi suisse mais il a estimé que le dernier domicile était aux USA et pas en suisse, d’où une différence avec le juge suisse. Mais en France il existe le droit de prélèvement : permet à un héritier français qui a été exclu d’une succession soumise à une loi étrangère de prélever sur les biens situés en France la valeur de ce dont il a été privé à l’étranger. Grâce à cette institution, le procès en France était plus intéressant que le procès aux USA.

Lorsque l’on sent que l’on va être assigné en justice à l’étranger, la meilleure attitude possible ? Attendre d’être assigné et se défendre devant le juge étranger ou faut-il prendre les devants et agir dans un autre pays par exemple en France pour bénéficier de l’avantage d’avoir saisi en premier le juge. La première saisine permet d’invoquer une exception de litispendance internationale : deux procédures qui concernent le même litige qui sont pendantes en même temps devant deux tribunaux de pays différents. Si on saisi en premier le juge français alors on a un avantage : soulever cette exception. L’effet de cette exception est de demander au juge saisi en second de se désister au profit du juge saisi en premier. Mais tout dépend des règles de Droit International Privé des différents juges. En France c’est admis.

On peut aussi espérer que le jugement français sera donné en premier : ce qui donne un avantage : de pouvoir s’opposer à la reconnaissance du jugement étranger prononcé en second. Arrêt Cour de cassation 30 septembre 2009 : a accepté de reconnaitre un jugement étranger (américain) alors pourtant que le juge français avait été saisie du même litige avant le juge américain. Cela montre qu’il ne suffit pas d’avoir saisi un juge en premier.

Cela montre la complexité de la matière.

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Chapitre 1 – Les règles de compétence judiciaire internationale

On va s’intéresser qu’à la compétence des juges français, savoir de quel litige les tribunaux français peuvent connaitre lorsque le litige a une dimension internationale. On ne peut pas admettre que le juge français juge d’une situation ayant aucun lien avec la France. Ce sont des règles de compétence directes car elles définissent la compétence des tribunaux français lorsqu’ils sont directement saisis d’un litige. La compétence indirecte est celle des tribunaux étrangers aux fins de reconnaissance de son jugement.

Les caractères des règles de compétence directes :Ce sont des règles unilatérales : car chaque Etat édicte lui même les règles de compétence de

ses propres tribunaux. On a présenté cela comme une compétence des Etats fondée sur le droit international public car cela touche à l’organisation de la justice et chaque Etat est souverain pour l’organiser. La coopération dans ce domaine reste exceptionnelle (droit de l’UE surtout). Ce sont des règles matérielles : elle donne immédiatement la solution. Dit si oui ou non le juge français est compétent.

Les objectifs des règles de compétence judiciaire internationale :Ils sont assez variés. Le principe de souveraineté est à l’origine de deux dispositions : art 14 et

15 du code civil. Ce sont des privilèges de juridiction au profit de personnes de nationalité française en position de demandeur art 14 ou de défendeur art 15. La raison d’être de ce privilège était une vision nationaliste de la compétence judiciaire, idée que l’Etat devait une protection à ses nationaux, un certain soupçon à l’égard des tribunaux étrangers qui ne pourrait pas présenter les mêmes garanties que la justice française.

Le principe de proximité peut en inspirer certaines : c’est la proximité d’un litige avec une juridiction. Cela peut être la proximité entre les plaideurs et le juge : exemple : tribunal du domicile du défendeur (protection du défendeur, cela lui vite les couts d’un déplacement, d’avoir à plaider dans un ordre système juridique, dans une autre langue). Mais la proximité peut être envisagée sous l’angle des éléments de la procédure comme l’accès aux preuves : proximité entre le juge et les éléments de preuve.

Il y a des objectifs d’ordre substantiels comme celui de vouloir protéger une partie plus faible que l’autre. Cet objectif va conduire au choix du tribunal de la résidence habituel de la partie faible.

Le principe d’autonomie de la volonté exerce aussi une influence. Les clauses attributives de juridiction dans les litiges internationaux bénéficient d’un traitement favorable, elles sont en principe licites. C’est la clause par laquelle les parties choisissent le tribunal compétent avant la naissance du litige. Ces clauses assurent la prévisibilité des solutions.

Cela montre que la matière de compétence internationale n’obéit pas qu’à des considérations purement procédurales.

Les sources des règles de compétence judiciaire internationale :International : des conventions internationales existent-elles sont souvent bipartites. Les

instruments les plus importants sont Bruxelles 1(matière civile et commerciale en général) et 2 bis portant sur la dissolution du mariage et la responsabilité parentale.

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Section 1 – Les règles du droit commun

§ 1 – Les privilèges de juridiction fondés sur la nationalité française   : les articles 14 et 15

Art 14 : l’étranger même non résident en France pourra être cité devant les tribunaux français pour l’exécution des obligations par lui contractées en France avec un français.Ainsi les personnes de nationalité française peuvent saisir les tribunaux français de litiges concernant les étrangers. Interprétation large de la jurisprudence, qui l’applique en toute matière sauf exception.

Art 15 : un français pourra être traduit devant un tribunal de France pour des obligations par lui contractées en pays étranger même avec un étranger.L’article 15 est la réciproque de l’article 14, cet article 15 tend à donner un privilège au demandeur étranger en lui ouvrant la compétence des tribunaux français. Mais la jurisprudence ne l’a pas d’abord interprété comme cela, pendant 100 ans elle a transformé la faculté prévue à l’art 15 donner à l’étranger d’agir en France contre le français en un véritable droit au profit du défendeur français à être jugé en France. La conséquence de ce droit était que le défendeur français pouvait se prévaloir de l’art 15 pour s’opposer à la reconnaissance d’un jugement étranger prononcé contre lui. C’était faire de l’art 15 une règle de compétence judiciaire indirecte qui permettait de faire obstacle à la reconnaissance des jugements prononcés à l’étranger à l’encontre d’un français. Cette jurisprudence a été abandonnée par un arrêt du 23 mai 2006 Prieur Cour de cassation. Dans cet arrêt la Cour de cassation a décidé que cet art15 n’édictait une règle de compétence exclusive au profit des tribunaux français. Il ne permet donc plus de s’opposer à la reconnaissance des jugements étrangers prononcés contre des français. Pour autant l’art 15 n’a pas été abrogé. Mais maintenant seul subsiste la faculté qui est offerte au demandeur étranger de saisir un tribunal français quand le défendeur est français.

Il y a deux règles de compétence directe facultatives l’une au profit du demandeur français l’autre au profit du demandeur étranger contre le défendeur français. Cette jurisprudence atténue le caractère nationaliste des articles 14 et 15. L’art 14 protège le français car il le dispense d’avoir à porter son action à l’étranger et donc le dispense d’un déplacement géographique, d’une autre langue, et contre des justices étrangères qui n’auraient pas les mêmes garanties que la justice française (les justices qui se sont pas indépendantes du pouvoir politique et celles qui ont l’inconvénient d’être très onéreuses). Mais l’art 15 tempère cet avantage car le demandeur étranger en bénéficie.

A. Le domaine d’application des articles 14 et 15

1) Les bénéficiaires

Les privilèges de ces articles sont attachés à la qualité de français. Cela s’applique aussi bien aux personnes physiques que morales.

Pour les personnes morales ont tient compte de son siège. La nationalité est appréciée au moment de l’introduction de l’instance et peut importe la nationalité de

l’autre partie. Lorsqu’il y a cession de droits c’est en la personne du titulaire du droit invoquer que s’apprécie la

qualité de français. C’est le cessionnaire qui doit être français. La limite est la fraude, la jurisprudence a

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sanctionné la fraude qui constitue à céder un droit à un français pour faire jouer les articles 14 et 15. Lorsque la cession n’a pas d’autre but que cela. L’autre limite est que ces articles sont souvent exclus par les conventions internationales et par les règlements de l’UE.

2) Les actions couvertes

Ces articles ne visent que les conventions contractées mais la jurisprudence les a étendus à toutes les matières : patrimoniales et extrapatrimoniales. Il a des exceptions : ils ne jouent pas :

- Lorsque le litige est relatif à des droits réels immobiliers et que l’immeuble est situé à l’étranger.- Lorsque le litige porte sur des mesures d’exécution forcée qui doivent s’exécuter à l’étranger. -

B. Le régime des articles 14 et 15

La jurisprudence a limité le domaine de ces articles de deux manières :

1) Le caractère subsidiaire des articles 14 et 15

Ils sont subsidiaires par rapport aux règles ordinaires de compétence judiciaire : toutes les règles qui définissent la compétence des tribunaux français sur le fondement de critères objectifs. Exemple : la compétence lorsque le domicile du défendeur est en France, ou lorsque le contrat s’exécute en France, ou lorsque les faits dommageables se sont réalisés en France. Toutes les fois que les tribunaux français sont compétent sur le fondement d’une règle ordinaire, objective cela exclu l’application des articles 14 et 15. Ces articles sont des règles résiduelles.

L’intérêt de cette hiérarchie est de favoriser la reconnaissance des jugements français à l’étranger. Si le juge français retient sa compétence sur l’art 14 car le demandeur est français mais que les éléments du litige sont situés à l’étranger alors à l’étranger le jugement français ne sera pas reconnu, ce qui est contre l’intérêt des français. Les privilèges de juridiction ne sont jamais reconnus à l’étranger. Ainsi si dans le litige il y a une règle de compétence ordinaire qui peut jouer alors cette dernière sera reconnue à l’étranger alors il faut mieux fonder sa compétence dessus. Les articles ont donc intérêt que lorsqu’ils sont les seuls critères de compétence des tribunaux français. C’est le caractère subsidiaire.

Lorsque ces derniers jouent il n’y a aucune compétence objective des tribunaux en français, on détermine leur compétence dans leur ensemble, mais devant quel tribunal faut il spécialement porter l’action ? Il faut distinguer la compétence générale et la compétence spéciale. Les articles donnent une compétence générale mais on ne sait pas ou précisément aller. Ainsi la jurisprudence les a complété, cette dernière a offert au demandeur une possibilité de choix : choix du tribunal géographiquement compétent en France à la condition que son choix ne soit ni arbitraire ni frauduleux, qu’il puisse se justifier par des considérations objectives.

2) Le caractère facultatif

La jurisprudence a toujours admis que les bénéficiaires de ces privilèges pourraient y renoncer de manière expresse ou tacite.

Pour l’art14 c’est le demandeur français qui doit y renoncer. Le demandeur français aura tacitement renoncé si

- Il existe une clause attributive de juridiction au profit d’un tribunal étranger.- Le fait pour le demandeur français de saisir un tribunal étranger.

Pour l’art 15 : c’est au demandeur étranger d’y renoncer, depuis qu’il ne protège plus le défendeur français il n’est plus nécessaire qu’il y renonce. Mais lorsqu’il y a eu une action à l’étranger, arrêt 30

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septembre 2009 illustre cela, la Cour de cassation a admis que le fait pour un français défendeur à l’étranger, de se défendre devant le juge étranger sans invoquer les articles 14 et 15 valait renonciation tacite à ‘lart 15 mais aussi à l’art 14. Ainsi le fait de ne pas contester la compétence du juge étranger vaut renonciation implicite à l’article 14.

Est-ce que le juge peu d’office fondé sa compétence sur les articles 14 et 15, la jurisprudence considère que c’est à la partie d’invoquer l’article 14.

C. Compatibilité des privilèges fondés sur la nationalité avec la convention européenne des droits de l’homme

Est-ce qu’il y a discrimination ? C’est prohibé par l’’est prohibé par l’article 14 de la Convention européenne des droits de l'Homme, mais cela ne suffit pas pour condamner les articles 14 et 15 car :

L’art 14 n’est pas autonome il doit toujours être combiné par la violation d’un droit protéger par la convention. Cela pourrait être l’art 6-1 de la convention qui protège l’accès à la justice et que la Cour Européenne des droits de l'Homme a une conception très large de ce droit d’accès : englobe tous les obstacles de fait et de droit à l’accès au juge et donc par conséquent les règles de compétences judiciaires qui pourraient être des obstacles. On pourrait soutenir que notre article viole le principe d’égalité des armes dans l’accès à la justice car il privilégie les français. Le français est avantagé par rapport à l’autre partie. Ainsi la combinaison des articles 14 et 6-1 de la Convention européenne des droits de l'Homme pourrait exposer la France à une condamnation du fait de ces privilèges discriminatoires.

Mais on peut répliquer qu’en matière internationale le critère de la nationalité n’est pas entièrement arbitraire. On l’utilise dans les conflits de loi et de juridiction. Mais dans un litige international il y a toujours une partie avantagée par rapport à l’autre quand elles sont de nationalités ou de domicile différents. C’est inhérent à la matière internationale.

Pour concilier : idée que les articles 14 et 15 ne sont pas en soit contraires à la convention mais qu’ils pourraient le devenir si dans leur mise en œuvre in concreto le privilège de juridiction conférait un avantage excessif à la partie française et spécialement lorsque la partie étrangère serait une partie plus faible. Si la partie forte utilise l’article 14 pour imposer un déplacement couteux à l’autre partie alors là oui peut être.

Le débat est essentiellement doctrinal, parfois en jurisprudence mais pas encore de jurisprudence nette de la Cour de cassation et la Cour Européenne des droits de l'Homme a été saisie récemment, elle a botté en touche.

Depuis la jurisprudence de 2006, et que l’article 15 n’édicte plus une règle de compétence exclusive au profit des tribunaux français, les risques d’atteinte à la Convention européenne des droits de l'Homme ont considérablement diminués.

§ 2 – Les règles ordinaires de compétence internationale

Au départ elles n’étaient pas prévues dans nos textes. En raison de la position adoptée par les tribunaux français jusqu’à l’arrêt Patino du 21 juin 1948, les tribunaux français s’estimaient incompétents dans les litiges entre étrangers. C’est fondé sur l’idée que l’Etat ne devait un droit d’accès à la justice que pour ses propres nationaux. Ainsi les articles 14 et 15 suffisaient. L’arrêt de 1948 a abandonné cela mais la conséquence est que la jurisprudence n’avait aucun critère pour définir la compétence des tribunaux français dans les litiges entre étrangers. La jurisprudence a élaboré les règles de compétence internationale et elle l’a fait en s’inspirant des critères retenus par les règles internes de compétence territoriale. Le principe de l’extension à l’ordre international des règles internes de compétence territoriale notamment arrêt Pelassa de la Cour de cassation du 19 octobre 1959.

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A. Le principe de l’extension des règles de compétence territoriale internes dans l’ordre international

Articles 42 à 46 du Code de Procédure Civil et d’autres sont dans des matières spécifiques : art R 517-1 du code du travail ou en matière de divorce article 1070 Code de Procédure Civil.

Le principe :La compétence internationale des tribunaux français se détermine par application des mêmes

critères que les règles de compétence territoriale internes posent pour la répartition géographique des litiges en droit interne.

La justification :Dans les deux cas compétence internationale ou territoriale interne : il s’agit de localiser un litige

dans l’espace. Et les objectifs à atteindre sont similaires :- Objectif de protection du défendeur : règle : est compétent le tribunal du domicile du défendeur.- Objectif de proximité entre le juge et les éléments du litige. Par exemple : compétence du tribunal du

lieu d’exécution d’un contrat.

La mise en œuvre :Article 42 : en droit interne : compétence du tribunal du domicile du défendeur. Pour étendre cet

article il faut dire : si le domicile du défendeur est en France, les tribunaux français sont compétents. Mais on ne peut pas dire : le tribunal compétent est le tribunal domicile car le règles de compétences internationales de droit commun sont unilatérales. Il faut prendre le critère de rattachement de la règle et de voir si ce critère est localisé en France ou pas. Lorsqu’il est localisé en France les tribunaux français sont compétents et dans le cas inverse on ne peut pas se prononcer sur la compétence des tribunaux étrangers. C’est la méthode à appliquer pour étendre.

Article 44 : en droit interne compétence du tribunal dans le ressort duquel est situé l’immeuble. S’il est situé en France alors les tribunaux français sont compétents.

Article 46 : en matière contractuelle le demandeur a une option entre le tribunal du domicile du défendeur ou celui du lieu de livraison effective de la chose pour une vente ou du lieu d’exécution de la prestation de service pour un contrat de service. Alors le demandeur a une option si le domicile du défendeur est France ou si le lieu d’exécution du contrat est en France alors il pourra saisir les tribunaux français.

De même en matière délictuelle, option lieu du domicile du défendeur et celui du lieu du fait dommageable ou du lieu où le préjudice a été subit. Si c’est en France on peut saisir un tribunal français.

B. Les adaptations nécessaires

Le principe d’extension des règles de compétence territoriales ne jour pas de manière mécanique, l’extension peut toujours être écartée soit être aménagée pour satisfaire les nécessités des litiges internationaux. La règle interne va être adaptée voir écartée si elle ne convient pas aux litiges internationaux.

Exemple : en matière de succession immobilière : art 45 Code de Procédure Civil donne compétence au tribunal du lieu d’ouverture de la succession. En litige internationale si la succession compte des immeubles situés à l’étranger la règle de l’article 45 ne sera pas étendue. Les tribunaux français du lieu d’ouverture de la succession n’en seront pas compétents pour statuer sur la dévolution successorale d’un immeuble situé à l’étranger. Car tout ce qui touche aux immeubles est considéré comme de la compétence exclusive des tribunaux du lieu de situation de l’immeuble.

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L’exemple des clauses attributives de juridiction, en droit interne c’est l’article 48 Code de Procédure Civil qui détermine la licéité de ces clauses et leurs régime. Il ne les autorise qu’entre commerçants. Si extension, les clauses attributives de juridiction n’auraient été valables qu’entre commerçants. Mais ce n’est pas adapté aux exigences du commerce international, car ces clauses sont très utiles y compris pour les non commerçant car elles permettent la prévisibilité quant au juge compétent mais aussi quant aux règles que le juge va appliquer. La jurisprudence n’a pas étendu l’article 48 aux litiges internationaux et a posé un principe jurisprudentiel : celui de la licéité de ces clauses dans les litiges internationaux. Mais ne peuvent déroger aux règles impératives de compétence internationale.

C. Les règles autonomes

Ce sont des chefs de compétence spécialement élaborés pour les litiges internationaux.

Exemple du droit de prélèvement : institution successorale qui protège les français qui se trouvent privés dans une succession internationale par application d’une loi étrangère des droits qu’ils auraient pu faire valoir si la succession avait été régie par le droit français. C’est une exclusion successorale qui découle du droit étranger. Le droit de prélèvement permet de prélever sur les biens situés en France, l’équivalent de ce dont ils ont été privés dans la situation internationale. La jurisprudence a toujours reconnu que les tribunaux français étaient compétents pour statuer sur une demande de prélèvement.

Exemple du risque du déni de justice : le for de nécessité. Les tribunaux français sont compétents toutes les fois que le demandeur peut établir qu’il se trouve dans l’impossibilité de saisir un tribunal étranger. C’est une impossibilité qui peut provenir d’un obstacle de droit ou de fait. Obstacle de droit  : supposons qu’aucun tribunal étranger ne s’estime compétent. Si le tribunal compétent est un tribunal d’un pays où le demandeur ne puisse pas avoir accès au territoire sans s’exposer à des risques à sa sécurité, alors il peut plaider le for de nécessité. On peut aussi considérer qu’il y a un risque de déni lorsque l’on sait qu’une prétention n’a aucune chance d’être accueillie à l’étranger car le tribunal est partial.

Pour certains le for de nécessité doit présenter au moins un lien suffisant avec le litige : plus que de se trouver sur le territoire français pour y prétendre. C’est une question qui peut être débattue. C’était le cas d’une femme Nigériane employée par un Britannique, elle n’avait jamais donné sont consentement au contrat et elle était maltraitée. Elle s’est sauvée en France et a trouvé l’aide d’une association pour faire une action en France. Il n’y avait pas beaucoup de liens avec la France, la Cour de cassation a estimé qu’on avait pas à appliquer le loi étranger sur le fond et que les tribunaux français étaient compétents mais sans préciser sur quel fondement ils étaient compétent. Elle a invoqué l’ordre public international. Certains on critiqué car l’ordre public international n’est pas un chef de compétence internationale et pas de liens avec la France. Pour la prof, c’est l’idée d’un for de nécessité : possibilité pour la femme d’agir en France on n’allait pas la jeter, elle avait fait tellement d’efforts. On peut considérer que l’article 6-1 de la Convention européenne des droits de l'Homme nous impose de reconnaitre la compétence des tribunaux français lorsque c’est le seul moyen pour une partie d’avoir accès à la justice.

On la retrouve dans la plupart des pays européens.

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Section 2 – Les règles de compétence de l’Union Européenne

A l’origine convention de Bruxelles transformé en règlement Bruxelles 1.

Sous Section 1 – La matière civile et commerciale en général

Concerne principalement le règlement Bruxelles 1, il est déclaré applicable au Danemark depuis juillet 2007 et qu’il est applicable aussi en Suisse, Norvège et Islande à la suite de la révision de la convention de Lugano de 1988 en 2007 (Lugano Bis).

§ 1 – Le champ d’application du règlement

Le champ d’application matérielMatière civile et commerciale au sens large. Cela inclus le droit du travail. Mais il y a des exclusions : les matières fiscales, douanières et administratives. En ce qui concerne

la matière administrative : la Cour de Justice des Communautés Européennes a une interprétation restrictive : exclu les litiges qui mettent en cause l’intervention d’une autorité publique agissant dans l’exercice de la puissance publique. La seule présence d’un organe public ne rend pas inapplicable le règlement. Son exclu les questions relatives à l’état des personnes et à la capacité, les régimes matrimoniaux, les faillites et l’arbitrage. Mais l’exclusion de l’arbitrage est discuté, car on exclu la validité de clases d’arbitrage.

Pour le moment le contentieux des pensions alimentaires relève du domaine du règlement mais c’est provisoire car un nouveau règlement a été adopté en la matière qui entrera en vigueur au mieux en 2010.

En matière successorale une proposition de règlement vient d’être adoptée qui comporte des règles de compétences et des règles de conflit de loi. (C’est exclu de B).

Le champ d’application spatial :Aujourd’hui le règlement Bruxelles 1 s’applique dès lors que le litige se rattache à l’UE soit à raison

du domicile du défendeur dans l’Union soit à raison de la réalisation dans l’Union d’un des chefs de compétence exclusive prévu par l’article 22 du règlement, soit à raison de la désignation par une clause attributive de juridiction des juridiction d’un Etat membre alors que l’une des parties est domiciliée dans l’Union.

Le règlement n’est pas applicable si le défendeur est domicilié sur le territoire d’un Etat tiers et qu’aucune juridiction d’un Etat membre n’est exclusivement compétente.

L’idée est que l’instrument ne s’applique pas à tous les litiges, il faut un lien avec l’UE. Le lien majeur est celui qui découle du domicile du défendeur. Si le défendeur n’est pas domicilié en UE alors art 22 ou 23.

C’est complexe et très peu rationnel, la Commission a saisi les Etats membres en vu d’une révision de ce règlement. Un livre vert a été publié. Parmi les questions posées figurent celle de l’extension du champ d’application spatial du règlement et celle de savoir si il faut maintenir cette distinction selon que le défendeur est domicilié ou non dans l’Union.

Affaire Owusu arrêt de la Cour de Justice des Communautés Européennes du 1er mars 2005 : relatives aux conséquences d’un accident produit en Jamaïque avec une anglaise contre un défendeur anglais qui avait organisé le voyage et des codéfendeurs jamaïcains. La compétence des tribunaux anglais a été fondée sur l’article 2 : domicile du défendeur. Mais le juge anglais peut apprécier l’opportunité de sa

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compétence et de l’exercice de cette dernière et il peut décliner sa compétence au nom du forum non convenience. La question posée à la Cour de Justice des Communautés Européennes est ce que lorsque le juge anglais est compétent sur le fondement du domicile du défendeur, le règlement interdit d’utilisé cette règle pour se dessaisir. Est-ce que l’article 2 édicte une règle de compétence obligatoire qui interdit au juge d’un Etat membre de décliner cette compétence ? Y compris lorsque pratiquement tous les éléments du litige se trouvent localisés dans un Etat tiers. C’est la question de l’impérativité de l’article 2 du règlement dans une relation juridique entre un Etat membre et un Etat tiers : relation externe. L’arrêt de la Cour de Justice des Communautés Européennes a répondu par l’affirmative : le système de règle de compétences posé par le règlement B1 est impératif y compris dans les relations externes. Il n’y a avait pas de doute car B1 contient des dispositions qui visent des relations externes, il n’a jamais entendu se limiter aux relations intracommunautaires. Il y a d’autres arguments : le système de Bruxelles ne vise pas seulement la protection du défendeur, il pose un ensemble de règles de compétences judiciaires harmonisées dans le but d’assurer la sécurité juridique y compris au profit des demandeurs. C’est important pour un demandeur de connaitre avec prévisibilité le tribunal compétent. Surtout lorsque le demandeur est la partie faible, la victime. Au-delà de ces arguments, la solution de cet arrêt peut s’expliquer pour des raisons politiques ou économiques. La Cour de Justice des Communautés Européennes considère que B1 participe à la création d’un espace judiciaire européen qui répond à plusieurs objectifs :

- Assurer une prévisibilité des solutions pour els citoyens européens et les ressortissants des Etat tiers- Renforcer l’attractivité des fors européens - Assurer une solidarité des Etats membres dans la gestion des flux judiciaires : éviter que les Etats

membres ne se fassent concurrence les uns vis-à-vis des autres pour attirer certain contentieux ou à l’inverse pour en repousser d’autres. En effet l’activité judiciaire peut être source de profit pours les Etats car le règlement des contentieux peut avoir des influences économiques, et des retombé économiques tiennent à l’activité judiciaire elle même : les métiers du droit.

Le champ d’application temporel   :Le règlement est entré en vigueur dans les EM le 1er mars 2002 et il est applicable à toutes les actions intentées postérieurement à cette date. Au Danemark il a été rendu applicable à compter du 1 janvier 2007.

§ 2 – Le système de règles de compétence

Les règles sont tantôt des règles de compétence générales lorsque l’article désigne les juridictions d’un Etat membre ex : article 2. Tantôt des règles de compétences spéciales qui désignent un tribunal : le tribunal du lieu d’exécution de l’obligation litigieuse art 5-1.

La pierre angulaire du système est le domicile du défendeur car il produit beaucoup d’effets. Le domicile du défendeur dans un Etats membres rend l’article 2 applicable. On dit que cet article contient en réalité deux règles : une règle d’applicabilité et un chef de compétence qui désigne les juridictions du domicile. C’est aussi le critère de compétence des règles de protection d’une partie faible. il y a des règles qui ont pour objet de protéger une partie faible en lui ouvrant la juridiction de son domicile (consommateur, assuré). Le règlement n’indique pas comment doit être déterminé le domicile il renvoi au droit national le soin de le faire pour les personnes physiques. Pour les personnes morale une définition est donnée art 60 : lieu du siège social statutaire ou du lieu de leur administration centrale ou encore le lieu de leur principal établissement.

A. La compétence de principe du for du défendeur

C’est l’article 2. La règle de principe est la compétence des tribunaux du domicile du défendeur. A défaut de défendeur domicilié dans un Etat membre, le règlement renvoi au droit national, sauf lorsque peuvent jouer les règles de compétence exclusives.

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B. Les règles spéciales

Ces règles ne s’appliquent que si le défendeur est domicilié dans un Etat membre.

1) Les options de compétence en raison de la matière litigieuse

Le premier terme de l’option est le même dans toutes les règles c’est la compétence des tribunaux du domicile du défendeur. Mais le demandeur peut saisir une autre juridiction qui varie selon la matière litigieuse.

a. Le for du contrat (le tribunal du contrat)

Article 5-1 : une règle générale au point a. en matière contractuelle le demandeur peut saisir le tribunal du lieu où l’obligation qui sert de base à la demande a été ou doit être exécutée.

Ce point a. reprend exactement la solution qui figurait à l’article 5-1 de la convention de Bruxelles ; L’interprétation faite par la Cour de Justice des Communautés Européennes de cette disposition

vaut toujours pour interpréter le point a.

Les difficultés :

- La définition de ce que l’on entend par « matière contractuelle » : la Cour de Justice des Communautés Européennes a forgé une notion autonome, c'est-à-dire une notion de matière contractuelle au sens de la convention et du règlement : quelque soit les interprétations des droits nationaux. Un contrat en ce sens englobe : toutes les contestations portant sur l’existence du contrat, contestation de la validité du contrat. Il suffit qu’il y ait une apparence de contrat.

- Après la fin du contrat : tous les litiges relatifs à la fin du contrat y compris la responsabilité consécutive à la rupture du contrat relèvent de la matière contractuelle.

- Existence d’un lien contractuel direct entre les parties : cela vise les hypothèses de chaines de contrats et le problème de l’action intentée par l’acquéreur final d’un produit contre le fabricant de ce produit dans les hypothèses où il y a eu plusieurs ventes successives : acquis le bien d’un revendeur. La cour a écarté la qualification contractuelle de l’action du sous acquéreur vis-à-vis du fabricant car il n’y a pas de lien direct entre les deux Cour de Justice des Communautés Européennes 17 juin 1992 Jacob Handte. C’est une action de nature délictuelle.

- Les relations précontractuelles : la Cour de Justice des Communautés Européennes a retenu la qualification délictuelle mais les loteries publicitaires elle a retenu la qualification contractuelle. En droit français on retient la qualification quasi contractuelle pour ces loteries.En cas pratique il faut regarder alinéa relation entre les parties.

- Ce qu’il faut entendre par « obligation qui sert de base à la demande » : ajout de la jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes dans un arrêt du 6 octobre 1976 De Bloos : sert de base au fondement dans la demande. Lorsqu’il y a plusieurs obligations dans le contrat alors soucis. Cela conduit à morceler le litige pour soumettre chaque obligation litigieuse à un tribunal éventuellement différent : toutes les fois que les obligations litigieuses ne s’exécuteront pas dans un

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même pays. Exemple : vente si l’obligation de livraison s’effectue en Allemagne et obligation de payer en France. La cour a précisé que ce morcellement ne joue que pour les obligations originaires qui sont prévues dans le contrat. Cela ne joue pas pour les obligations dérivées. Si on a une obligation de livraison : obligation originaire, si on forme une demande en dommages et intérêts, l’obligation de les verser se substitue à l’obligation non exécuté et c’est une obligation dérivée. Pour fixer la compétence du tribunal on ne tient compte que de l’obligation autonome/originaire, les obligations dérivées sont reliée aux obligations originaires devant le même tribunal : éviter un trop gros morcellement du contentieux. La cour a précisé que s’il y avait des obligations principales et accessoires on pouvait porter les obligations accessoires devant le tribunal du lieu d’exécution de l’obligation principale : on peut les regrouper. Comment les distinguer surtout si elles sont équivalentes : alors on doit les porter devant des juges différents. L’indemnité de rupture réclamée par un agent commercial a été considérée comme une obligation autonome faisant l’objet d’une localisation propre au motif que l’indemnisation découle de la loi et non du contrat lui-même.

- La détermination du lieu d’exécution : arrêt du 6 octobre 1976 Tessili, la Cour de Justice des Communautés Européennes a décidé que le lieu d’exécution de l’obligation devait être fixée par la loi applicable à l’obligation. C’est une réintroduction du conflit de loi pour déterminé pour déterminé la compétence judiciaire. Surtout pour le lieu de paiement du prix : tantôt c’est au débiteur d’aller chercher le paiement (obligation quérable) ou au créancier de se déplacer : obligation portable. Pas de règle uniforme, cela dépend de la loi applicable selon les règles de conflit du juge à l’obligation. La Cour de cassation s’est rebellée : fixation directe du lieu d’exécution au regard des circonstances de l’espèce arrêt 11 mars 1997 et des arrêts similaires dans d’autres pays. La Cour de Justice des Communautés Européennes a maintenu sa jurisprudence. Le système n’était pas bon.Le règlement a légèrement révisé cet article : ajout b. et c.

Le point b. fixe un tribunal compétent de manière plus simple pour deux types de contrats : vente de marchandises et pour la fourniture de services. Pour la vente de marchandises le tribunal est celui du lieu d’un Etat membre où en vertu du contrat les marchandises ont été ou auraient dû être livrées. Pour la fourniture de service c’est le lieu où en vertu du contrat les services ont été ou auraient dû être fournis.

C’est plus simple car pour ces deux contrats il n’y a plus de morcellement des obligations, elles sont toutes passé devant un seul tribunal.

De plus ce lieu est déterminé directement sans passer par la recherche de la loi applicable au contrat. On abandonne la jurisprudence De Boos et Tessili.

Mais il y a des difficultés :

- il y a des soucis de qualification car la distinction entre vente et prestation de services n’est pas toujours facile à opérer. On pense ici aux contrats cadres : pour la Cour de cassation, le contrat de distribution exclusif est ni l’un ni l’autre. Mais le point contre de l’article 5-1 : lorsque l’on ne peut pas appliquer le point b on revient au point a : on revient à la règle générale, et aux jurisprudences De Boos et Tessili. Alors que le point c visait les difficultés où le contrat n’est ni l’un ni l’autre alors que dans l’affaire portée devant la Cour de cassation, c’était un peu les deux.

- Localiser le critère : lieux de livraison ou lieu de fourniture. Lieu fixé en vertu du contrat. Les cas dans lesquels les parties ont déterminé dans une clause ce lieu. Mais si on retient cela on vide de tout contenu cet article car pour la Cour de Justice des Communautés Européennes s’il y a une clause de détermination du lieu d’exécution du contrat alors elle s’imposait.Donne un pouvoir au juge de rechercher d’après l’économie générale du contrat où situer le lieu d’exécution. S’il y a eu une exécution effective : le juge va procéder à une détermination purement factuelle.

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- Pour le lieu de fourniture des services : il y a des cas qui sont simples. Mais lorsque le service s’incorpore à un support matériel par exemple : une maquette. Arrêt Cour de cassation a considéré que le lieu de remise du support matériel caractérise la fourniture de service. Mais ce n’est pas un arrêt de la Cour de Justice des Communautés Européennes.

En France il y a une jurisprudence sur cet article 5-1-b. on pouvait penser que cette disposition était pourrie, mais le livre vert de la commission il n’y a pas de question : la Commission n’envisage pas de le réviser. 23 avril 2009 Cour de Justice des Communautés Européennes : savoir si un contrat de licence d’exploitation d’un droit de propriété intellectuelle était ou non un contrat de service : pour la cour c’est non car pour qu’il y ait service il faut un engagement d’effectuer quelque chose.

b. Le for des obligations alimentaires

En matière d’obligation alimentaire c’est l’article 5-2 qui permet de saisir le tribunal du lieu où le créancier d’aliment a son domicile ou sa résidence habituelle. On protège la partie faible. la notion d’obligation alimentaire doit être entendue de façon large : vise toute allocation de moyens nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels de la vie qu’il s’agisse d’une rente ou d’un capital. La prestation compensatoire après divorce au regard de cet article rentre dans la matière alimentaire. L’article prévoit une disposition lorsque la demande d’aliment est accessoire à une action relative à l’état des personnes (en matière de filiation ou de divorce). En principe les questions d’état des personnes sont en dehors du champ matériel du règlement mais l’obligation accessoire relève du règlement. Dans l’alinéa 2, l’action peut être portée devant le tribunal compétent pour connaitre de la demande principale sauf si cette compétence est uniquement fondée sur la nationalité de l’une des parties.

c. Le for du délit

Définit à l’article 5-3. En matière délictuelle ou quasi délictuelle. L’action peut être porté devant le tribunal du lieu ou le fait dommageable s’est produit ou risque de se produire.

« Matière délictuelle   »  : définie par la Cour de Justice des Communautés Européennes et a fait l’objet d’une interprétation autonome. Arrêt Kalfelis 27 septembre 1988 la cour a dit que la matière comprend « toute demande qui vise à mettre en jeu la responsabilité du défendeur ». Elle distingue ainsi les actions en indemnisation des actions qui auraient pour objet de contester la légalité d’un acte.

La cour a précisé ensuite que dans les ensembles contractuels, l’action directe entre deux personnes qui ne sont pas directement liée par le contrat est également de nature délictuelle.

La Cour de Justice des Communautés Européennes considère que la matière délictuelle est la matière résiduelle.

Le fait dommageable : la Cour de Justice des Communautés Européennes a précisé que cela concerne autant le lieu de production de l’évènement causal que la survenance du dommage lui même (le préjudice). Il y a beaucoup d »hypothèse dans lesquelles il y a une dissociation dans l’espace entre les deux : par exemple en matière de pollution arrêt Mine de Potasse du 30 novembre 1976. Ou par les médias et les dommages causés sur internet.

La Cour de Justice des Communautés Européennes veut restreindre le champ de cette disposition : au dommage initial, on ne tient pas compte des dommages indirects.

Arrêt Fiona Chevil du 7 mars 1995 : l’alternative offerte à la victime ne contient pa des termes exactement identiques devant le tribunal du fait générateur : la victime peut obtenir la réparation de la totalité de son préjudice, mais devant les tribunaux du lieu du préjudice elle ne peut obtenir que la réparation du préjudice local. C’est à la victime d’apprécier : lieu de parution du journal mais dommages dans les pays où le journal a été diffusé. La Cour de cassation suit le même raisonnement y compris pour les contrefaçons sur internet.

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Cette disposition envisage un dommage futur mais dont on craint la réalisation et on cherche à en éviter la survenance.

2) Les règles de compétences dérivées

Article 6 du règlement.

Article 6-1 : le regroupement du contentieux au domicile de l’un des défendeurs lorsqu’il y a un litige qui met en cause plusieurs codéfendeurs. Le but est d’économie de procédure.Cet article subordonne cette possibilité à une condition : les demandes doivent être liées entre elles apr un lien si étroit qu’il y a intérêt à les instruire et à les juger en même temps afin d’éviter des solutions qui pourraient être inconciliables. Il faut donc un lien de connexité entre les demandes.

Article 6-2 : hypothèse où il y a une demande principale et des demandes incidentes. Par exemple le défendeur forme un appel en garantie contre un tiers. Cet article permet le regroupement des demandes : de la demande incidente devant le tribunal saisi de la demande principale.

Il n’y a pas de condition de connexité posée : car il y a à priori un lien. Mais la jurisprudence a ajouté qu’il ne fallait pas utiliser cette règle à des fins de fraude, il ne faut pas que la demande principale soit fictive.

3) Les règles de compétence protectrice d’une partie faible

Il y a une communauté d’inspiration. L’idée qui a présidée est la suivante : on pose des règles de compétence dissymétriques pour compenser l’inégalité présumée des parties. La partie faible doit être protégée, et c’est pourquoi elle ne peut pas être attraite devant un autre tribunal que celui qui est censé la protégée (assuré, consommateur, salarié : lieu d’exécution habituel du travail). La partie forte doit saisir la juridiction la plus proche de la partie faible. Quand c’est la partie faible qui agit on peut admettre la compétence d’autres tribunaux. Le consommateur peut agir contre le professionnel devant les tribunaux de son propre domicile qu’au domicile du professionnel, il en va de même pour l’assuré ou pour le salarié. la partie faible a donc une option ce que n’a pas la partie forte.

C. Les règles de compétences exclusives

Article 22 du règlement il y a 5 chefs.

Article 22-1 : En matière de droits réels immobiliers et de baux d’immeuble (sauf en cas de location saisonnière de moins de 6 mois) le tribunal compétent est le tribunal du lieu de situation de l’immeuble. Pour les locations saisonnières inférieurs à 6 mois : tribunaux de l’Etat ou sont domiciliés le bailleur et le locataire.

En matière de validité, de nullité ou de dissolution des sociétés : compétence exclusive des tribunaux du siège de la société.

En matière de validité des inscriptions sur les registres publics, compétence des tribunaux sur le territoire de l’Etat sur lequel les registres sont tenus.

En matière de brevets, marques, dessins et modèles : pour contester la validité des brevets ou des inscriptions devant les tribunaux du pays du dépôt ou de l’enregistrement.

En matière d’exécution  des décisions : les tribunaux du lieu d’exécution.

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Les conséquences du caractère exclusif :- Le juge doit d’office faire respecter ces règles de compétences exclusives. Exemple : droit réel

immobilier sur un immeuble à l’étranger : le juge français doit d’office se déclarer incompétent.- Le jugement européen qui est rendu au mépris d’une règle de compétence exclusive ne sera pas

reconnu.Ces règles ne jouent que si le critère de rattachement se réalise sur le territoire d’un Etats membres.

Si l’immeuble est en Tunisie, il n’y a pas de compétence exclusive au profit du juge tunisien. Cela peut paraitre surprenant, pourquoi le juge français devrait considérer que le juge Italien est exclusivement compétent si l’immeuble est situé en Italie et pas le juge d’un Etat tiers si l’immeuble est situé sur cet Etat. On propose à l’occasion de la révision de B1 de faire jouer l’effet miroir des règles de compétence exclusives. Toutes les fois que le critère de rattachement d’une des règles de l’article 22 désigne les tribunaux d’un Etat tiers les tribunaux des Etats membres pourraient se dessaisir, se déclarer incompétents si ce tribunal de l’Etat tiers est compétent en vertu de son propre droit national sur un critère similaire à ceux retenus à l’article 22. Défendeur domicilié sur le territoire d’un Etats membres et que le critère se réalise chez un Etat tiers.

D. Les règles fondées sur la volonté des parties

La clause attributive de juridiction   :

Une clause par laquelle les parties désignent en cas de litige un tribunal déterminé ou les juridictions en général d’un pays déterminé.

Il y a une faveur pour ces clauses car cela permet aux parties de mieux prévoir les règles qui seront applicables.

Article 23 : il pose très peu de règles de fond. Il suffit que la clause ait été prévue à l’occasion d’un rapport de droit déterminé et que la situation soit internationale : c’est la doctrine qui la précisé.

Il pose comme condition d’applicabilité que la clause désigne les juridictions d’un Etats membres et que l’une des parties soit domiciliée sur le territoire d’un Etats membres.

Le régime : Le fond rien n’est dit on peut considérer que c’est au droit national du juge saisie d’apprécier l’existence par exemple d’un vice du consentement. Les conditions de formes :

- soit un écrit - soit en cas d’accord verbal, une confirmation écrite - ou l’accord est valable sans écrit s’il est conforme

o aux habitudes des parties o ou aux usages professionnels dans la branche considérée, usages que les parties sont

censées connaitre.

Les effets :- entre les parties : confère une compétence exclusive au tribunal choisi.- A l’égard des tiers : notamment en droit maritime : il y a souvent une clause dans les connaissements

maritimes (le contrat de transport) conclu entre le chargeur et le transpositeur mais produit des effets pour le destinataire des marchandises. La clause lui est-elle opposable. Pour la Cour de Justice des Communautés Européennes les effets dépendent de la loi applicable au connaissement : il faut rechercher la loi applicable au connaissement.

La clause attributive de juridiction ne peut pas déroger à une règle de compétence exclusive.

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Il y a des règles particulières pour protéger les parties faibles : contrat d’assurance, de consommation ou de travail. Elles sont règlementées, si elles sont conclues avant la naissance du litige elles ne peuvent pas priver la partie faible du tribunal censé être le plus protecteur (domicile ou lieu d’exécution habituelle du travail).

La prorogation tacite de compétences

Elle découle de la comparution volontaire des parties. Si les parties ne contestent pas la compétence on peut y voir un accord tacite.

Sous Section 2 – La matière de dissolution du mariage et de responsabilité parentale

Bruxelles 2 Bis. Innovations face à B1 :- Le champ d’application du règlement : le règlement couvre un champ d’application universel - Volonté d’offrir le plus large choix possible au demandeur en matière de divorce, volonté de favoriser

le divorce.

§ 1 – Le champ d’application du règlement

1) Le champ matériel

Divorce   : que pour les actions en dissolution du mariage, qu’elle soit réalisée par un divorce ou par une annulation du mariage. Action en validité du mariage : le règlement n’est pas compétent.

Responsabilité parentale : le domaine est très large : toutes les mesures de protection d’un enfant : protection de sa personne ou la protection de ses biens. C’est plus large que l’autorité parentale : mise en place de protection de l’enfant lorsqu’il n’ya pas de parent pour le faire (tutelle), mesures administrative de placement d’un enfant dans une famille. Il s’applique même si il n’y a pas d’action en divorce.

2) Le champ spatial

C’est différent de B1. Il n’y a pas de règles d’applicabilité du règlement qui définiraient les litiges auxquels le règlement s’applique.

Le règlement est applicable dès lors que ses règles de compétence désignent les juridictions d’un Etats membres. Il suffit que l’un des chefs de compétence prévu par le règlement se réalise sur le territoire d’un Etats membres pour que le règlement soit applicable et que cette juridiction désignée pour les chefs de compétence soit compétente. Toutes les règles sont à la fois des règles d’applicabilité et des règles de compétences.

3) Champ temporel

A toutes les actions introduites postérieurement au 1er mars 2005. Entre le 1er mars 2001 et le 1er

mars 2005 on applique le règlement Bruxelles 2 du 29 mai 2000.

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§ 2 – Les règles de compétence

En matière de dissolution du mariage  :

Article 3 : pose 7 chefs de compétence alternatifs au choix du demandeur. On y trouve tous els chefs imaginables en la matière : domicile du défendeur, tribunaux de la résidence habituelle des époux. Le règlement retient à la fois le critère de la nationalité et celui de la résidence habituelle soit du demandeur soit du défendeur.

La Cour de cassation a été saisie : comment interpréter la notion de résidence habituelle arrêt du 14 décembre 2005 elle a définit la résidence habituelle comme le lieu où l’intéressé a fixé avec la volonté de lui conférer un caractère stable le centre permanent ou habituel de ses intérêts. Ressemble à la définition du domicile.

En matière de responsabilité parentale   :

Tribunaux de l’Etat dans lequel l’enfant a sa résidence habituelle qui sont compétents. Il est souhaitable qu’il y ait une proximité entre le juge et le mineur. Mais quelle est la définition de la résidence habituelle de l’enfant. Cour de Justice des Communautés Européennes 2 avril 2009 : lieu qui traduit une certaine intégration de l’enfant dans un environnement social et familial. Mais en matière de dissolution du mariage la Cour de Justice des Communautés Européennes ne s’est pas prononcée.

Ce large choix en matière de divorce a un résultat qui était prévisible : le règlement favorise le forum shopping. C’est crucial en cette matière. Les juges n’ont pas la même attitude en matière de pension alimentaire ou de garde des enfants : les maris sont conseillés d’agir en France : plus stricte pour les pensions alimentaires. Des situations de litispendance se posent.

Section 3 – Le règlement des conflits de procédure

Observations   :Le conflit qui résulte de la saisine de tribunaux de pays différents à l’occasion d’un même litige, on

parle aussi de procédures parallèles.Ce phénomène est en expansion au point de devenir un fléau. Il est en expansion car avec

l’internationalisation des situations juridiques les conseils juridiques sont de plus en plus conscient des potentialités de saisir des juridictions de pays différents. Profiter de la disparité des systèmes juridiques et les occasions sont plus nombreuses.

C’est un fléau car le procès est toujours une charge notamment financière, si on multiplie les procédures dans des pays différents alors on augmente cette charge. De plus els conflits de procédure sont difficiles à résoudre or il faut trouver une solution : sinon pluralité de jugement et une contradiction de jugement.

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§ 1 – En droit commun

Le moyen le plus connu est l’exception de litispendance internationale.

A. L’exception de litispendance internationale

Rappel en droit interne   : Elle est régie par l’article 100 du Code de Procédure Civil : fait obligation au juge saisi en second de

se désister au profit du juge saisi en premier dans l’hypothèse où ces deux juges ont été saisis d’un même litige. Trois conditions : identité d’objet, de cause et de parties.Les avantages : économie de procédure et éviter des contrariétés de jugement.

Mais ce n’est pas la même chose avec la saisine concurrente de tribunaux d’Etats différents :- Les règles de procédures ne sont pas les mêmes- Les règles que l’on va appliquer au fond ne sont pas les mêmes

Plutôt que le critère chronologique on pourrait faire prévaloir les tribunaux du for. Cela interdirait d’étendre à la matière internationale l’exception de litispendance.

Mais on peut estime que l’on retrouve en matière internationale le même souci d’économie de procédure (renforcé car c’est encore plus couteux) et éviter des contrariétés de jugement très difficiles à résoudre. En droit interne si on a deux jugements différents sur le même litige c’est l’exception de chose jugée qui va s’appliquer puis procédure devant la Cour de cassation qui permet de résoudre les inconcevabilités.

La jurisprudence a été longue pour admettre la recevabilité de l’exception. Arrêt du 26 novembre 1974 de la Cour de cassation qui l’a admit. Mais les particularités des litiges internationaux font qui y a un régime différent. Il faut distinguer la recevabilité et les conditions de bien fondé.

Les conditions de recevabilité.Arrêt de 1974 a posé le principe de la recevabilité. Il faut une situation de litispendance. Pendant

longtemps on a estimé que cela valait : identité d’objet, de partie et de cause. L’exception étant conçue sur le modèle de l’exception de chose jugée. On a dit que c’était la chose en cours de jugement. En droit interne l’autorité de la chose jugée a évoluée chambre plénière 7 juillet 2006 a supprimé la condition d’identité de cause. Cet arrêt a pour justification de vouloir incité les parties à soulevé dès la première instance tous les moyens c’est le principe de la concentration des demandes. Il serait logique d’étendre cette jurisprudence à la litispendance et dire qu’il y a litispendance du seul fait qu’une demande formée entre les mêmes parties et pendante devant deux juridictions différentes. Le critère est donc celui de l’identité des demandes qui se définie par rapport à leurs objet et non pas par rapport à leur objet et cause. Auparavant dès lorsque la loi applicable devant l’un ou l’autre des tribunaux n’était pas la même il n’y avait pas d’identité de cause. Extension du droit interne mais la jurisprudence ne s’est pas encore prononcée.

Il faut aussi que les deux juges soient concurremment compétents. Cela se produit souvent de part les options de compétences et c’est logique. On ne vérifie pas la compétence du juge étranger au stade de la recevabilité ; cela intervient au stade de l’appréciation du bien fondé de l’exception. Cela ne veut pas dire que le juge va se dessaisir au profit du juge étranger, el juge français se réserve un pouvoir d’appréciation :

- Sur les chances de reconnaissance du jugement étranger. Certaines conditions de cela sont examinées au moment de la litispendance : on procède à un pronostic de régularité du jugement étranger car il n’a pas été encore rendu. Ici on peut déjà vérifier la compétence du juge étranger

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appréciée selon les mêmes règles que celles qui gouvernent la régularité des jugements étrangers : la compétence indirecte.

- Les conditions de la saisine du juge étranger sous l’angle de la loyauté de la procédure : si pas saisine déloyale du juge étranger. Exemple : en matière de divorce, saisine dans des procédures parallèle, le mari saisi un juge français car il est moins généreux en matière de pensions alimentaires, les deux saisines peuvent voir lieu le même jour à une heure de différence : course à la première saisine qui peut apparaitre déloyale, si le juge français saisi en second s’en aperçoit il peut refuser d’accueillir l’exception de litispendance.

Les plaideurs français ont perdu la protection des art 14 et 15 depuis la jurisprudence de 2006 : plus de compétence exclusive. Avant cet arrêt la saisine d’un juge étranger était paralysée toutes les fois que l’une des parties de nationalité française pouvait invoquer un de ces deux articles, car la compétence était exclusive ainsi elle empêchait l’exception de litispendance. Aujourd’hui l’arrêt du 22 mai 2007 l’a encore confirmé. L’art 14 n’empêche plus l’accueil de l’exception de litispendance internationale lorsque le juge étranger a été saisi en premier.

Mais l’accueil de l’exception n’est qu’une faculté pour le juge, il apprécie en opportunité si il convient ou non de se dessaisir au profit du juge étranger.

On applique le critère chronologique : priorité au premier juge saisi. L’avantage est la simplicité mais incite à la course à la saisine.

B. L’exception de connexité internationale

Le litige n’est pas strictement identique, les demandes présentent un lien de connexité.Elle est présente en droit interne article 101 Code de Procédure Civil : il peut être demandé au juge de se dessaisir au profit de l’autre.

C’est le même mécanisme en matière internationale : Cour de cassation 22 juin 1999 le consacre. Les conditions :

- 2 juridictions relevant de deux Etats différents soient concurremment saisies de deux instances faisant ressortir entre elles un lien de nature à créer une contrariété de décisions.

- Les deux jugent doivent être compétentsLa connexité en matière internationale joue de manière facultative, le juge peut sursoir à statuer dans un premier temps en attendant l’issu de la procédure étrangère et lorsque le jugement étranger est rendu se dessaisir.

L’exception joue t elle qu’au profit du juge saisi en premier ?En droit interne article 101 ne retient pas de critère chronologique.

Faut-il procéder à une évaluation des chances de reconnaissance du jugement étranger ?Faut-il admettre un contrôle de la Cour de cassation sur la notion de connexité ? on peut hésiter car la Cour de cassation ne contrôle pas cette notion qu’elle considère trop factuelle mais de ne pas le faire ce serait dangereux en matière internationale.

§ 2 – En droit de l’Union européenne

Les textes sont clairs.

A. La litispendance européenne art 27 B1

Le critère chronologique est utilisé pour réglé le conflit de procédure. Ce critère n’est pas au RU qui adopte les techniques de common law qui tendent à s’infiltrer dans les Etats européens.

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Cet article 27 ne s’applique qu’à la condition que deux juridictions d’un Etats membres soient concurremment saisies. Rien n’est prévu dans l’hypothèse où il y a une litispendance entre le juge d’un Etats membres et le juge d’un Etat tiers. Dans ce derniers cas ce sot les règles du droit commun qui s’appliquent.

Conditions de triples identité de partie d’objet et de cause. Mais la Cour de Justice des Communautés Européennes les interprète de manière très large notamment l’objet et la cause. Ex : arrêt du 9 décembre 1987 Gubitsch : la cour a estimé qu’il y avait identité d’objet et de cause entre d’une part une demande en exécution d’un contrat dans un pays et d’autre part une demande en nullité de ce contrat dans un autre pays. Pour la cour les deux demandes portaient sur la force obligatoire du contrat.Autre exemple : arrêt 6 décembre 1994 affaire de droit maritime navire Tatry : transport de marchandise détériorée : action en responsabilité contre le propriétaire du navire dans un pays et une action dans un autre pays du propriétaire du navire pour nier sa responsabilité. Pour alinéa cou il y a identité de cause et d’objet.

En matière de divorce B2 Bis : rarement identité de cause entre les demandes, donc dispositions spécifiques. Il a admis alinéa litispendance sans identité de cause. De plus mécanisme pour réunir des actions qui n’ont pas le même objet car l’une serait une action en nullité du mariage et l’autre en divorce. On procède en ce moment même à un transfert d’action.

Le règlement B1 a précisé à quel moment devait être déterminé la saisine des différents juges, c’est décisif car principe chronologique. Et la saisine est différente selon les Etats membres : simple dépôt au greffe, signification de l’acte. Le règlement a posé une règle souple : le moment de la saisine s’apprécie au regard du droit national, en France ce sera le moment du dépôt. Ex : une femme signifie l’acte devant un juge anglais avec exactitude pour l’heure, le mari avait déposé une requête en divorce mais la France ne les date qu’à son enregistrement et cela peut être décalé de quelques jours. La Cour de cassation s’est demandé comment résoudre ce problème. Dans un arrêt du 11 juin 2008 : on aurait pu en pas faire jouer la litispendance ou dire que c’est au demandeur de la litispendance d’établir l’horaire exact de la saisine. La Cour de cassation a elle considérée qu’il fallait décomposer la question : au demandeur à l’exception de litispendance la charge d’établir l’heure à laquelle il a saisi le juge étranger, et c’est au défendeur d’établir de la saisine du juge français. Mais il n’y a pas d’horodateur dans les greffes français.La litispendance est donc un enjeu de stratégie procédurale.

Les effets de l’exception de litispendance européenne   : Dans B1 : cette exception s’impose au juge, il doit la relever d’office. Il doit sursoir à statuer jusqu’à

l’autre juge se reconnaisse compétent puis il se dessaisira. La Cour de Justice des Communautés Européennes fait une application très stricte de cette règle. Elle a décidé dans une affaire où il avait litispendance entre un juge italien saisi en premier et un juge autrichien saisi en second mais ce juge était le juge désigné par une clause attributive de juridiction. Dans cette affaire, course à la première saisine, pour bénéficier de l’action torpille qui consiste à saisir un autre juge en espérant que ce juge va être lent à statuer sur la question de la compétence. Arrêt du 9 décembre 2003 Gasser. La cour a appliqué strictement l’exception : il faut que le juge italien statut sur la compétence.

B. La connexité européenne articles 28 et 29 B1

Elle est subordonnée à la condition d’un lien entre deux affaires si étroit qu’il y a intérêt à les instruire et les jugées ensemble afin d’éviter des contrariétés de décisions. le critère est le risque d’inconciabilité.Les effets : ce n’est qu’une faculté pour le juge pas une obligation : sursoir à statuer puis se dessaisir si l’autre juge se reconnait compétent. Ne peux jouer qu’en faveur du juge saisi en premier.

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Ces techniques sont simples, un seul critère : chronologique. Mais ce critère est un peu réducteur et surtout si on l’applique de manière rigide comme la Cour de Justice des Communautés Européennes. C’est cette rigidité qui peut faire douter du caractère satisfaisant du règlement des conflits de procédure en UE.

Techniques de common law :Dans ce système on ne cherche pas quel est le juge qui a été saisi en premier mais quel est le juge le

mieux placé pour trancher le litige : le juge more convenient, théorie du forum non convenient. Cette théorie permet à un juge de common law d’exercer un pouvoir d’appréciation sur l’opportunité de sa saisine dans les hypothèses où il est compétent. Cette appréciation s’effectue en regardant si il n’y aurait pas un autre juge mieux placé que lui, un for alternatif plus convenient. Cela suppose donc une comparaison. Le juge recherche par rapport aux éléments de fond de l’affaire et aux éléments de procédure : l’accès du défendeur au juge, l’accès du juge aux éléments de preuve, lieu où la décision doit être exécutée, difficultés d’application du droit applicable, et surtout si l’une des parties n’a pas un comportement vexatoire ou abusif. Ainsi il se demande si le plaideur qui l’a saisi ne l’instrumente pas contre le défendeur : si il n’y a pas un abus de procédure. Elément subjectifs Etat objectifs sont donc pris en compte. C’est complexe et subtile. Si il estime qu’il n’est pas le mieux placé il peut dans un premier temps sursoir à statuer puis se dessaisir au profit du juge qu’il estime mieux placé. Dans l’affaire du Cour de Justice des Communautés Européennes 1er mars 2005 Obouzou : accident en Jamaïque c’est ce que le défendeur invoquait.Ce qu’il faut retenir c’est qu’aujourd’hui cette théorie est interdite dans l’espace judiciaire européen : arrêt du 1er mars 2005. Dès qu’un juge européen est compétent en vertu d’un chef de compétence d’un des règlements, cette compétence est impérative et exclue toute exception de forum non convenience. Si litispendance entre un juge anglais et le juge d’un Etat tiers, le juge anglais n’a pas le moyen de résoudre cette litispendance car la litispendance joue si les deux juges sont d’un Etats membres, le juge anglais n’a pas de règles en la matière. Il faut admettre que le juge anglais utilise la théorie de forum non convenience dans ce cas. En 2005 aucune partie n’avait saisi un juge jamaïcain. Ainsi la question reste entière.

Une autre technique de common law existe : c’est l’injonction anti-suit : injonction de ne pas poursuivre. Le juge dispose du pouvoir de délivrer des injonctions de ne pas faire : injonction de ne pas saisir un juge à l’étranger ou injonction de se désister d’une procédure déjà engagée à l’étranger. C’est une injonction in personam : le destinataire s’expose donc à des sanctions en cas de violation. C’est efficace car la sanction est lourde : des amendes, des peines d’emprisonnement, et la privation du droit d’agir en justice : ce sont des sanctions pénales exécutable que dans le pays du juge qui a prononcé la sanction. Si le juge veut lutter contre un abus processuel. C’est le moyen de protéger les clauses attributives de juridiction ou les clauses d’arbitrage. La technique empêche donc le conflit de procédure. Les critères d’octroi de l’injonction sont semblables à ceux du forum non convenience.

Dans l’espace judiciaire européen : les juges anglais peuvent-ils utiliser l’injonction ? Affaire Turner 27 avril 2004 Cour de Justice des Communautés Européennes : conflit entre un cadre salarié et son entreprise et l’employeur voulait répliquer en introduisant une action en Espagne pour faire peur au salarié et l’obliger à el faire se désister de ses actions. B1 était applicable, situation de litispendance. La cour a considéré que le procédé de ces injonctions était contraire au principe de confiance mutuelle, quand le B1 est applicable le juge britannique ne peut utiliser cette technique pour contredire la compétence d’un autre Etats membres en vertu du règlement. Ce principe interdit au juge d’un MEME de contrôler la compétence des juges des autres Etats membres.

La question s’est posée à propos d’une affaire concernant une clause d’arbitrage mais une des parties a voulue saisir les juridictions d’un Etats membres. La encore le juge anglais a estimé que violer la clause était de la déloyauté et a voulu utiliser l’injonction. Arrêt du 10 février 2009 Aliance Ouest tanker : non toujours sur le fondement du principe de confiance mutuelle.

En droit commun quelle est la position de la Cour de cassation sur ces injonctions anti-suit ? La position a évoluée. Arrêt du 19 novembre 2002 la Cour de cassation a admis le droit d’obtenir d’un juge

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français une injonction de se désister d’une procédure introduite en Espagne sous astreinte. L’injonction faite au débiteur de ne pas disposer de ses biens a des finalités conservatoires, arrêt 30 juin 2004 s’est prononcé sur l’efficacité en France d’un Freezing Order prononcé par un juge anglais car les biens du débiteur étaient en France, la Cour de cassation a autoriser l’exéquatur de cet ordre de gel anglais (même si pénal) mais détaché de sa sanction. La Cour de cassation a précisé que cette injonction en porte pas atteinte à une prérogative de souveraineté étrangère, qu’elle pour seul but de préserver le droits légitimes du créancier à la différence des injonctions anti-suit (c’est un obiter dictum de la Cour de cassation). Ainsi la jurisprudence de la Cour de cassation : les injonctions de gels oui mais pas les injonctions anti-suit. Mais ces injonctions ne portent pas atteinte à la souveraineté étrangère, sanction préventive sur le plaideur. Arrêt 14 octobre 2009 a admis d’exequaturer une injonction anti-suit américaine. Clause attributive de juridiction au profit juge américain mais une des parties avait saisie un tribunal français et le juge américain avait prononcé une tel injonction de se dessaisir en France. Le plaideur n’a pas obtempéré, l’autre partie a demander l’exéquatur en France.

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Chapitre 2 – Les effets des jugements étrangers en France

On suppose que la procédure introduite à l’étranger a abouti et qu’un jugement a été rendu. Objectif de continuité de situations créées à l’étranger.

Section 1 -Les effets des jugements étrangers indépendamment de leurs provenances

Sous-section 1- La nature des effets produits par les jugements étrangers

On vise tout ce qui est attaché au caractère normatif du jugement étranger. Cela pose un problème théorique, une norme n’a de valeur de norme que dans le système juridique dont elle émane. Pour que des normes étrangères soient reconnues dans d’autres systèmes juridiques il faut que ces derniers prévoient des normes de réceptions des lois étrangères et des jugements étrangers. Ces règles du for qui reconnaissent le caractère normatif du jugement étranger. Ces règles sont les règles de reconnaissance des jugements étrangers qui fixent les conditions auxquelles ces jugements étrangers sont reconnus.

§ 1 – la reconnaissance du jugement étranger

A. L’objet de la reconnaissance :

La doctrine a forgé une expression : « efficacité substantielle d’un jugement ». Cela vise la modification que le jugement opère sur la situation juridique des parties. Tout jugement opère une modification de la situation juridique des parties : jugements constitutifs (créé ou dissout un droit tel que le jugement de divorce), mais les jugements qui se contentent de reconnaitre une situation juridique ont encore une efficacité substantielle car cette reconnaissance va modifier les droits des parties. Ex : jugement d’annulation d’un contrat : jugement déclaratif car la nullité préexistait au jugement, mais la situation des parties ne sera pas la même après. Tout jugement produit des effets sur les droits substantiels des parties. Reconnaitre un jugement étranger c’est reconnaitre cette nouvelle situation juridique des parties tel quel résulte du jugement.

La reconnaissance de l’autorité du jugement   : C’est le caractère indiscutable du jugement c’est l’autorité de chose jugée. Cela a un effet

négatif : empêche le renouvellement du procès (exception de chose jugée), effet positif : interdit de remettre en cause la solution du jugement et toutes les autorités du for sont tenues de tirer les conséquences du jugement. Exemple : un jugement étranger de divorce, il oblige l’officier de

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l’état civil d’accepter de célébrer un nouveau mariage, mais si l’un des époux voulait agir une nouvelle foi en France alors exception de chose jugée il ne le pourrait pas.

B. Les modalités de la reconnaissance

Certains jugements sont reconnus de plein droit, pour d’autre il faut une procédure spécifique : exéquatur.

Jurisprudence a débuté par un arrêt du 28 février 1860 Bulkley : relatif aux effets d’un divorce prononcé en Hollande, la femme de nationalité hollandaise voulais sans avoir procédé à aucune procédure, se remarier en France. Il a été décidé qu’elle disposait de ce droit, son jugement de divorce étranger devait être reconnu de plein droit c'est-à-dire dès son prononcé à l’étranger sans procéder à des procédures particulières en France. Cela a été élargit à tout les jugements rendus en matières d’état et de capacité des personnes. Ainsi le droit positif distingue :

- Les jugements constitutif Et les jugement rendus en matière d’état et de capacité des personnes : reconnus de plein droit

- Et les autres jugements : déclaratifs rendus en matière patrimoniale qui ne peuvent produire des effets qu’après l’octroi d’une procédure d’exéquatur.

L’exéquatur : Terme latin qui signifie « qu’on exécute ». A pour objet de conférer aux jugements étrangers la force exécutoire.

La distinction est historique car le besoin de reconnaissance des jugements étrangers est impérieux dans le domaine de l’état des personnes. Mais cette distinction n’est pas convaincante, il y a une besoin de continuité juridique et tout jugement devrait être applicable de plein droit. La doctrine est unanime : principe générale de reconnaissance de plein droit des jugements étrangers. C’est le principe en droit de l’Union Européenne.

Litispendance internationale a été admise dans faire de distinction selon que la matière soit patrimoniale par la Cour de cassation.

La reconnaissance à titre principal ou à titre incident :La reconnaissance d’un jugement étranger n’est jamais inconditionnelle, c’est une

reconnaissance sous réserve d’un contrôle ultérieur de régularité du jugement étranger. Mais lorsque le jugement est reconnu de plein droit il peut produire ses effets tout de suite sous réserve que l’une des parties conteste la régularité de ce jugement, cette contestation peut être exercée à titre principal ou à titre incident.

A titre principal : une partie agit en inopposabilité du jugement étranger. A titre incident : à l’occasion d’un autre procès. Par exemple en matière successorale, des

héritiers s’opposent au conjoint du défunt sur la dévolution de la succession, les enfants pourraient contester et dire qu’il y a eu un divorce et donc pas les droits du conjoint survivant. Ils vont à titre incident invoquer un jugement étranger : le jugement de divorce.

§ 2 – La force exécutoire

Effet coercitif sur les personnes ou sur les biens. Traditionnellement cette force exécutoire découle d’une autorisation donnée par le juge français d’exécuter le jugement étranger en

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France. Touche à la souveraineté étatique, ainsi seule une autorité du for pouvait conférer cette force exécutoire en France. C’est vrai en droit commun, mais dans l’espace judiciaire européen, entorse : reconnaissance de la force exécutoire immédiate dans tous les Etats membres.B2 BIS a prévu deux titres immédiatement exécutoires :

- Les décisions sur le droit de visite- Règlement de 2004 pour les créances incontestées : procédure de certification par le juge

do’irinige d’un titre immédiatement exécutoire

§ 3 – Les effets autres que juridictionnels

Depuis une doctrine ancienne on distingue trois effets que les jugements étrangers sont susceptibles de produire indépendamment de leur reconnaissance. Ce sont des effets qui ne découlent pas du caractère normatif du jugement.

A. L’effet de fait

Le jugement est pris en considération comme un fait et pas comme un élément de droit. Une des circonstances de fait du litige parmi d’autres.

Cet effet de fait n’est soumis à aucune conditions, pas de contrôle de régularité des jugements étrangers c’est leur simple existence qui est prise en considération.Exemple : jugement étranger sur la garde : attribue la garde au père de l’enfant. Le juge français prend compte la situation de fait du jugement anglais,

B. L’effet de preuve

Les jugements étrangers comportent des énonciations qui peuvent valoir comme des indices ou des présomptions comme des modes de preuve. Mais ces indices n’auront aucune valeur contraignante pour le juge : appréciation de leur force probante comme le juge le souhaite.

C. Effet de titre

Les jugements étrangers peuvent servir de titre toutes les fois qu’une règle juridique attache des conséquences au fait d’être titulaire d’un titre. Exemple : jugements étrangers pourraient la cause d’un enrichissement sans cause, ils empêcheraient la restitution fondée sur un enrichissement injuste.

Des auteurs contestent l’effet de titre et l’effet juridictionnel : saisie conservatoire si on dispose d’un titre qui rend la créance apparemment fondée, ce titre peut être un contrat mais aussi un jugement étranger dépourvu de force exécutoire. L’enjeu de savoir si c’est la

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reconnaissance des effets juridictionnel ou effet de titre : effet de titre : pas de contrôle de la régularité des jugements étrangers : c’est l’enjeu.

§ 4 - Influence de la Convention européenne des droits de l'Homme sur la circulation internationale des jugements

C’est en création.On constate que la Convention européenne des droits de l'Homme peut exercer une

influence à double sens car cela peut freiner la circulation internationale des jugements ou alors au contraire l’accélérée. La Cour Européenne n’est pas insensible à la spécificité de la circulation internationale des jugements au regard des garanties du droit à un procès équitable. Exécuter un jugement étranger ne peut pas être traité de la même manière qu’un jugement national car les systèmes juridictionnels sont très différents. Ainsi il faut instaurer une procédure de contrôle sur les jugements étrangers. Mais certains arrêts précisent cette spécificité :

L’article 6 de la convention peut imposer au juge d’un Etat signataire requis de faire exécuter un jugement étranger de vérifier la loyauté de la procédure suivie à l’étranger. Arrêt de la Cour Européenne des droits de l'Homme du 20 juillet 2001 Pelligrini : la Cour a condamné l’Etat Italien sur le fondement de l’article 6 pour avoir accordé l’exequatur à un jugement provenant d’un Etat non signataire de la convention des droits de l’Homme, en l’occurrence d’un jugement des tribunaux ecclésiastiques du Vatican. Le juge n’avait pas contrôlé le respect par le juge d’origine du principe de contradiction : jugement de mariage prononcé sans que la femme n’ait pu participer à la procédure. Il faut déduire de cet arrêt que lorsque le jugement d’un Etat non signataire de la convention le juge requis doit exercer un contrôle sur la loyauté de la procédure étrangère. Mais ce contrôle est-il aussi imposé quand le jugement émane d’un Etat signataire ? La question reste en suspend.

Depuis d’autres arrêts de la cour qui montrent que la procédure d’exequatur doit elle même respecter les exigences de l’article 6 notamment au regard de l’exigence de délai raisonnable. Le contrôle ne doit pas être trop long.

L’article 6 peut jouer comme le vecteur d’une meilleure exécution des jugements étrangers car il consacre le droit à l’exécution du jugement. Les Etats signataires doivent prêter leur concours à l’exécution effective d’une décision étrangère.

L’article 6 n’est pas le seul pour contraindre un Etat à reconnaitre des jugements étrangers : L’article 8 : droit au respect de la vie familiale peut justifier la reconnaissance d’un jugement étranger. Arrêt Wagner du 28 juin 2007 : condamnation du Luxembourg pour ne pas avoir reconnu un jugement péruvien d’adoption sur le fondement de l’article 8. Car le défaut empêcher la requérante d’exercer pleinement ses droits sur l’enfant. La cour s’est fondée sur les obligations inhérentes au droit au respect de la vie familiale pour imposer à l’Etat une obligation positive de reconnaissance de l’adoption et une obligation négative de ne pas constituer une ingérence disproportionnée dans l’exercice de ce droit.

Sous-section 2 – La nature des décisions susceptibles d’effets juridictionnels en France

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On peut hésiter pour les décidions qui émanent d’une autorité administrative ou religieuse : des jugements ? Parfois des décisions des juges ressemblent à des actes administratifs. Comment qualifier un acte de jugement susceptible de produire des effets en France. Conditions :

§ 1 – Un acte émanant d’une souveraineté étrangère

L’acte doit avoir été rendu par une autorité régulièrement investie par un Etat souverain étranger du pouvoir juridictionnel : le plus souvent c’est une autorité judiciaire mais dans certain pays le pouvoir de prononcer des jugements est conféré à des autorités religieuses ou administratives.

Dans les systèmes confessionnels les autorités religieuses ont ce pouvoir. Dès que l’Etat étranger a accepté cette délégation de pouvoir à l’autorité religieuse nous allons traiter l’acte comme un jugement. Ex : la répudiation par une autorité religieuse est assimilée à un jugement de divorce.

De même pour les autorités administratives : arrêt Rivière sur un divorce en Equateur 17 avril 1955 : prononcé par le préfet.

C’est au regard du droit étranger.

§ 2 – Un acte rendu en droit privé

On parle de matière civile et commerciale : englobe de manière large toutes les questions de droit privé par opposition aux questions de droit pénal et aux questions de droit public définies comme celles qui mettent en cause la puissance publique.

Cas limites : des décisions qui prononcent des peines privées : peine qui joue comme une sanction et qui n’a pas un caractère indemnitaire. Ex : l’astreinte. Est-on dans la matière privée ou pénale. La jurisprudence considère que les peines privées relève de la matière civile : arrêt du 28 janvier 2009 Cour de cassation : exequatur d’une condamnation à une astreinte très élevée.

§ 3 – Un acte juridictionnel

Mais sa définition n’est pas aisée. En Droit International Privé il faut savoir quel est le domaine de la procédure d’exéquatur. Un arrêt du 17 octobre 2000 de la Cour de cassation a définie la décision au sens du droit d’exéquatur comme toute intervention du juge qui produit des effets à l’égard des personnes ou sur les biens, droits ou obligations.Il y a donc deux critères :

- Un qui tient à la nature de l’organe : il faut l’intervention d’un juge- Un qui tient aux effets de l’acte : sur les personnes, biens, droits ou obligations

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Ce double critère est critiquable : trop stricte et trop large à la foi. Il est trop strict car on assimile à des jugements des actes qui peuvent émaner d’autorités non judiciaires, alors il ne faut pas restreindre aux actes des juges. Il est trop large car il définie le jugement comme l’acte susceptible de produire des effets, or par hypothèse toutes les fois qu’un organe intervient son intervention produit des effets juridiques donc il faut la restreindre : pas n’importe quel effet, l’effet doit être substantiel par opposition à un effet purement procédural ou probatoire. Il faut une modification de la situation juridique. Cela suppose que l’autorité a exercé un certain pouvoir d’appréciation ou de contrôle. Il faut distinguer entre les cas ou une autorité n’à exercer un rôle purement passif, de réception d’un acte, voir un rôle d’enregistrement ex : des actes élaborés par les parties mais réceptionné par autorité judiciaire : recueil légal d’un enfant dans certains pays. Autre exemple celui du 17 octobre 200, l’acte en droit américain qui permet de déclencher une procédure de faillite : par un enregistrement d’une déclaration unilatérale du débiteur de se mettre en Etat de cessation de paiement. Si ce ne sont pas des jugements on ne peut pas intenter une action en exequatur et on va traiter l’acte comme un acte privé.

La jurisprudence assimile les jugements gracieux aux jugements contentieux.

Section 2 – Régime de droit commun des jugements étrangers

Arrêt fondateur : arrêt Parker du 19 avril 1819 : Il a abandonné la théorie du juge naturel : idée que la compétence judiciaire des tribunaux

français reflétait un rapport d’allégeance entre les français et le souverain : droit à bénéficier de la compétence des tribunaux français et les protégeait contre les jugements prononcés à l’étranger. Les jugements étranger prononcés contre un français étaient réputés non avenu en France et ne pouvais produire aucun effet. Et les jugements étrangers contre les étrangers pouvaient produire tous leurs effets en France sans contrôle sous la réserve de l’accomplissement de formalités.

Cet arrêt pose le principe qu’un jugement étranger rendu même contre un français peut produire des effets en France sous réserve d’un contrôle exercé sur ce jugement.

Le contrôle évolué, la jurisprudence a définie la nature et l’objet de ce contrôle. Pas de source sauf article 509 Code de Procédure Civil : les jugements des tribunaux étrangers peuvent être rendus exécutoires en France de la manière et dans les cas prévus par la loi. C’est la jurisprudence qui a définie cette manière et les conditions du contrôle.

Autre texte L311-11 du Code d’organisation Judiciaire : R218-8 : pose une règle de compétence judicaire : pour donner compétence en matière d’exéquatur au Tribunal de Grande Instance statuant à juge unique.

Sous-section 1 – L’autonomie procédurale des actions relatives aux jugements étrangers

Plusieurs actions   : - Action en exéquatur pour faire exécuter le jugement étranger

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- Action en inopposabilité du jugement étranger : conteste la régularité d’un jugement étranger. A titre principale l’action est soumise au même régime procédural que l’action en exéquatur.

§ 1 – La nature du contrôle

Savoir si le contentieux de l’exéquatur est objectif ou subjectif ?Un contentieux subjectif est celui qui porte sur les droits subjectifs d’une partie.Un contentieux objectif est celui qui porte sur la légalité d’un acte.

Refait-on un procès sur le fond (subjectif) ou c’est un contentieux qui porte sur la régularité du jugement étranger ?

Caractère subjectif car jusqu’à l’arrêt Munzer du 7 janvier 1964 le juge de l’exéquatur disposait d’un pouvoir de réformation du jugement étranger : le pouvoir de révision. Cela permettait au juge de rejuger en fait et en droit l’affaire. Avec l’abandon de ce pouvoir le juge de l’exéquatur n’a plus le droit de substituer aux appréciations de droit ou de fait du juge étranger ses propres appréciations en droit ou en fait. Il n’a plus comme mission que de vérifier la compatibilité du jugement étranger avec des conditions : celles de la réception du jugement étranger dans l’ordre juridique français : un contrôle objectif, un contrôle de légalité.

§ 2 – La procédure du contrôle

La compétence judiciaire  : Elle est générale des tribunaux français pour toutes les actions relatives à l’efficacité et à

l’exécution des jugements étrangers en France.Pour connaitre le tribunal spécialement compétent on étend les articles 42 et 43 du Code

de Procédure Civil : domicile du défendeur, si pas en France, le demandeur peut saisir le tribunal de son choix : lieu d’exécution du jugement ou le tribunal de Grande Instance de Paris en raison de sa position centrale. L’article R212-8 : compétence au Tribunal de Grande Instance qui statut à juge unique dans le cadre d’une procédure contradictoire.

Recevabilité   :

o Qualité pour agir

La qualité est donnée à la partie bénéficiaire du jugement contre la partie perdante mais la jurisprudence a étendue cette qualité pour permettre des actions en exéquatur à toutes fins utiles : l’action qui vise non pas à faire exécuter le jugement mais à faire reconnaitre la régularité du jugement étranger. Dans ce cas les deux parties ont la qualité pour agir.

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La jurisprudence l’a étendue à tout tiers ayant un intérêt à l’action : surtout pour les actions en inopposabilité du jugement étranger. Quand un divorce est prononcé à l’étranger, la seconde épouse peut avoir un intérêt.

o L’intérêt à agir

Avec cette extension on touche à la question de l’intérêt à agir : c’est l’intérêt matériel d’obtenir l’exécution du jugement ou l’intérêt d’être fixé sur la régularité ou non du jugement étranger.

La jurisprudence a même admis dans le domaine de toute fin utile une action préventive avant tout litige pour obtenir le prononcé d’une décision sur la régularité du jugement étranger (l’intérêt n’est pas actuel pourtant), consécration d’une action déclaratoire (surtout en matière d’état des personnes).

Les pouvoirs du juge

Le pouvoir est limité, il ne reprend pas le débat au fond et il ne peut pas en principe statuer sur des demandes nouvelles, il doit se contenter de confronter le jugement étranger aux conditions de l’exéquatur. Il ne peut pas substituer un jugement français au jugement étranger.

Jurisprudence a admis que le juge de l’exéquatur pouvait connaitre des demandes accessoires : celles nécessaires à l’exécution du jugement étranger. Ex : jugement étranger de condamnation à des dommages et intérêt on pourrait lui adjoindre une astreinte, on peut aussi ajouter des intérêts moratoires, la réévaluation d’une condamnation.

Sous-section 2 – L’objet du contrôle

Conditions posées par l’arrêt Munzer, il en a énoncé 5 : mais depuis arrêt de 2007 qui les modifiées.

Munzer :- La compétence du juge étranger- La régularité de la procédure étrangère - L’application de la loi désignée par les règles françaises de conflit- La conformité à l’ordre public international - Absence de fraude à la loi

Arrêt Bachir du 4 octobre 1967 a supprimé la condition de régularité de la procédure. Mais elle n’est que partielle car le contrôle de la procédure devient une composante du contrôle de conformité à l’ordre public : il faut vérifier l’ordre public substantiel et l’ordre public procédural. Au sein de l’ordre public procédurale figure essentiellement les garanties de la défense.

Arrêt Cornelissen du 20 février 2007 : supprime une condition très contestée : celle relative à la compétence de la loi appliquée par le juge étranger.

Une condition n’est pas mentionnée dans ces arrêts que l’on trouve dans les conventions internationales : absence d’une inconciabilité avec un autre jugement.

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§ 1 – La condition relative à la compétence du juge étranger   : la compétence judiciaire indirecte

Arrêt Simitch du 6 février 1985 : cet arrêt a indiqué selon quelle méthode s’exerçait le contrôle de la compétence du juge étranger. Deux méthodes sont écartées : on ne contrôle pas cette compétence ni au regard des règles françaises de compétence directe ni au regard des règles étrangères de compétence, règles du juge étranger.

Règles spécialement conçues pour l’appréciation de la compétence du juge étranger : elles sont plus souples pour favoriser la reconnaissance du jugement étranger. Le juge étranger est compétent dès lors que le litige présente des liens caractérisés avec le système juridictionnel étranger. On ne définit pas à priori ces liens caractérisés : ainsi la règle est souple. L’appréciation s’exerce à postériori par le juge de l’exéquatur.

Dans l’arrêt c’était un jugement de divorce et le juge étranger a été considéré comme compétent en raison des liens entre le litige et le juge étranger. Attache à l’Angleterre par la nationalité de sa femme son domicile et le lieu de célébration de leur mariage ainsi que leur premier domicile conjugal.

Mais dans la jurisprudence ultérieure on a reconnu l’existence de liens caractérisé : nationalité commune étrangère des époux.

Dans l’arrêt de 1985, l’appréciation souple de la compétence est exclue dans les hypothèses où les tribunaux français disposent d’une compétence exclusive.

Cas dans lequel il y a une compétence exclusive des tribunaux français Elles désignent les tribunaux Français au sens de la compétence directe et excluent toute

compétence d'un tribunal étranger au sens de la compétence indirecte.Cette compétence se retrouve souvent dans des matières dans lesquelles il apparaît

opportun de lier la compétence législative et la compétence directe en raison de la nature des intérêts en cause: c'est le cas en matière de nationalité française. Ce lien apparaît dans des matières dans lesquelles la décision ne peut être exécutée qu'en France: c'est le cas pour les questions de droits réels relatives à des immeubles situés en France: seule la loi Française est applicable et seuls les tribunaux Français sont compétents. Dans ces cas, toute compétence d'un juge étranger est exclue.

La compétence des tribunaux Français peut également être incontestable grâce à une clause attributive de juridiction.

Les hypothèses de compétence exclusive des tribunaux français sont rares et c'est ce qu'a voulu indiquer l'arrêt Simitch qui a statué en matière de divorce à une époque où il n'existait pas de règlement communautaire dans cette matière: il a statué que l'article 1070 du CPC n'édicte pas de règle de compétence exclusive. Il définit simplement les tribunaux compétents en matière de divorce, c'est une règle de droit interne étendue à la matière internationale, mais elle ne l'est que pour une compétence directe et celle-ci n'est pas considérée comme exclusive par l'arrêt Simitch.

Pendant longtemps, autre source de compétence exclusif des tribunaux français : article 15 avant arrêt Prieur : compétence exclusif des tribunaux français dès lors que le défendeur avait la nationalité française. L’arrêt Prieur a effectué un revirement de jurisprudence : règle de compétence directe non exclusive de la compétence d’un juge étranger.

Cas dans lequel il n’y a pas de compétence exclusive des tribunaux français L’arrêt Simitch indique que le juge étranger au sens de la compétence indirecte sera reconnu compétent à deux conditions :

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- Si le litige présente des liens caractérisés avec le juge étranger : c’est une appréciation portée par le juge de l’exéquatur en fonction des circonstances concrètes du litige. Elle est assez souple aujourd’hui.

- Si le juge étranger n’a pas été saisi frauduleusement : c’est souvent affirmé, mais difficile à démontrer. Elle est présumée. La fraude suppose la preuve d’une intention frauduleuse et c’est toute la difficulté. Elle est parfois déduite de certaines circonstances objectives notamment dans le contentieux des divorces internationaux et particulièrement dans le domaine des répudiations, la jurisprudence a parfois refuser de les reconnaitre sur le fondement de la fraude lorsque le mari était spécialement allé à l’étranger pour répudier sa femme alors que tous les éléments de fait se trouvaient an France. La fraude est présumée lorsque la saisine du juge étranger était proche dans le temps de la saisine par la femme du juge français.Arrêt de la Cour de cassation du 30 septembre 2009 : mari avait saisi en premier les tribunaux français et la femme quelques jours après avait saisie les tribunaux américain : là pour la Cour de cassation pas de fraude et n’a pas tenu compte de la proximité des dates de saisine. Donc s’applique surtout pour les répudiations, car les juges n’aiment pas cela.

§ 2 – l’abandon du contrôle de la compétence législative indirecte

L’arrêt Munzer avait posé cette condition. Elle a été beaucoup critiquée : Les règles de conflit du juge étranger n’ont aucune raison d’être identique à nos règles de conflit, ainsi poser cette condition faisait qu’il y avait beaucoup de refus de reconnaissance et ce n’est pas l’intérêt des parties (continuité des situations juridiques). Et on ne peut affirmer que nos règles de conflits sont meilleurs que celles du juge étranger.

Dans la pratique elle était tempérée par la jurisprudence qui acceptait de reconnaitre le jugement étranger dès lors que la loi appliquée par le juge étranger aboutissait à des résultats équivalents à ceux de la loi désignée par nos règles de conflit : c’est le tempérament de l’équivalence des résultats.De plus on pouvait faire jouer le renvoi toutes les fois que la loi désignée par le juge étranger était la loi à laquelle renvoyait la loi compétente en vertu de nos règles de conflit.

L’arrêt de 2007 a abandonné cette condition. Tout n’est pas réglé, une question substitue sur la portée de cet arrêt. Est-ce que le contrôle de l’application des lois de police est supprimé et notamment celle du for ?Si on veut éviter que la loi de police du for soit contournée on peut maintenir le contrôle par le juge de l’exéquatur. C’est une question très importante car si on fait cet abandon aussi alors on permet aux parties de choisir la loi applicable en choisissant le juge : on porte atteinte à l’autorité des lois impératives. On peut considérer que cette question n’a pas sa place ici mais pourrait s’intégrer dans le contrôle de confirmé à l’ordre public international.

§ 3 – La conformité à l’ordre public international

L’ordre public est ici un garde fou indispensable contre des solutions étrangères qui heurteraient nos valeurs essentielles. Elle permet d’évincer le jugement étranger. On retrouve la double composante : un ordre public de procédure et un ordre public substantiel qui touche au contenu des droits qui sont en cause.

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Cette condition apparait souvent en jurisprudence, elle existe en droit commun mais aussi dans le droit de l’Union Européenne.

L’ordre public de procédure   : Les droits de la défense essentiellement. On pourra élever un moyen fondé sur l’ordre

public toutes les fois que le défendeur n’a pas été en mesure de préparer en temps utile sa défense.

On peut aussi le soulevé contre le jugement dépourvu de toute motivation. Elle est appréciée de manière souple : il peut être suppléée à l’absence de motivation par la production de document annexes de procédure : de nature à servir d’équivalent à la motivation défaillante. De façon générale toute atteinte au procès équitable sera une cause de refus de reconnaissance du jugement étranger.

Ordre public substantiel   : Permet d’assurer la préservation des droits fondamentaux substantiels. Exemple :

- jurisprudence de puis 2004 refuse de reconnaitre les répudiations au nom du principe de l’égalité des sexes protégé par l’article 5 du protocole 7 de la Convention européenne des droits de l'Homme.

- Ou article 1 protocole 1 : droit au respect des biens.

Modalité d’appréciation du contrôle à l’ordre public   : L’appréciation doit se faire in concreto, c’est la solution consacrée par le jugement qui est

confrontée à l’ordre public international et non pas les motifs du jugement.On fait jouer l’ordre public de proximité qui a pris le relai de l’effet atténué de l’ordre

public : on n’oppose pas de la même manière l’ordre public lorsque le litige a des liens éloignés avec l’ordre juridique du for ou lorsque les liens paraissaient étroits avec cet ordre. Ex : la condamnation des répudiations que si les époux on des attaches fortes avec la France caractérisées notamment par le domicile en France.

§ 4 – L’absence de fraude

C’est une condition distincte. Ici c’est la fraude au jugement et au droit processuel d’autrui.

La fraude au jugement : Consiste à obtenir d’un juge étranger une décision qui n’ aurait pas pu être prononcée par

un juge français. Ex : répudiation : il est impossible d’obtenir en France l’homologation d’une répudiation, aucun juge français ne pourrait l’accepter. Le mari doit donc aller à l’étranger, mais s’il veut s’en prévaloir en France on peut considérer qu’il y a eu une fraude. Avant ce contentieux il existait déjà le contentieux des divorces migratoires : recherché à l’étranger auprès d’un juge plus laxiste que le juge français et notamment au Nevada. La jurisprudence avait invoqué la fraude pour refuser de reconnaitre ces divorces. Mais c’est difficile d’établir la fraude : démontrer l’intention frauduleuse, le juge se fondait sur les circonstances pour apprécier l’intention des parties.

Fraude aux droits procéduraux d’autrui   :

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Vise toute manœuvre qui a pour but d’empêcher l’autre partie de se défendre en justice « escroquerie au jugement ». Lorsque l’une des parties dissimule le domicile de l’autre partie de façon à empêcher toute notification de l’adversaire.

§ 5 – L’absence d’inconciliabilité avec un autre jugement ou une autre procédure

L’arrêt Munzer n’est parlais pas, ni l’arrêt de 2007, pourtant pour la prof c’est opportun de présenter cette condition comme une véritable condition autonome. La jurisprudence a tendance à intégrer cette condition dans celle de conformité à l’ordre public international : arrêt Patineau du 15 mai 1963. Cet arrêt a refusé de reconnaitre un jugement bolivien car il était contraire à un précédent jugement français rendu entre les mêmes parties.

Cette condition relèverait de l’ordre public international car on considérait que l’exception de chose jugée faisait partie de l’ordre public international et que l’on était en matière de divorce qui est une matière indisponible. Mais en droit interne l’exception de chose jugée est considérée comme d’intérêt privé, on peut toujours la refuser.

La cohésion au sein de l’ordre juridique du for : difficile d’admettre que coexiste des jugements incompatibles les uns avec les autres. On pourrait donc dire que pour qu’un jugement étranger soit reconnu il faut vérifier qu’il ne crée pas d’incohérence avec les jugements qui ont déjà une autorité de chose jugée en France. Qu’il s’agisse de jugements français ou de jugements étrangers. Mais l’absence inconciliabilité avec un précédent jugement serait une condition de reconnaissance des jugements étrangers et c’est comme ça que raisonnent les conventions internationales et les règlements de l’UE : B1. Cela conduit à décrocher la condition d’une question de chose jugée. On parle de jugement inconciliable : deux jugements sont inconciliables lorsqu’ils ne peuvent pas être exécutés simultanément car leurs conséquences sont incompatibles. Inconciliabilité est plus large que la contradiction de chose jugée qui concerne seulement les mêmes parties et les mêmes demandes.

Question du conflit entre une procédure en cours en France et un jugement prononcé à l’étranger :

Hypothèse du divorce franco-américain : action introduite par le mari en France et avant que le juge rende sa décision la femme saisie le juge américain qui va plus vite et prononce le divorce. La femme invoque le jugement en France. Avant cette jurisprudence du 30 septembre 2009, la jurisprudence n’était pas très claire et la doctrine était partagée :

- Il faut regarder la date des deux saisines. Si le juge français avait été saisi en premier, certaines estimaient que le jugement étranger ne pouvait produire d’effets en France au motif qu’il était inconciliable avec la procédure en cours en France.

o Avantage : de la simplicité grâce à cette solution de prévisibilité pour celui qui a sais en premier le juge français il est assurer

que sa procédure va suivre son cours.o Inconvénient : la solution favorise la course à la première saisine.

- Les autres solutions possibles : pour un autre courant doctrinal il faut rechercher quel est le juge le mieux placé objectivement. Mais si les époux ne vivent plus dans le même pays c’est difficile de savoir quel juge est le mieux placé. De plus une justice va plus vite que l’autre : l’appréciation joue donc à postériori et il y a un risque que le juge de l’exéquatur ou

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de la reconnaissance estime plus ou moins bien placé le juge étranger en fonction du contenu du jugement étranger.

La Cour de cassation a choisi une troisième solution : la cour a considérée que le jugement étranger devait être reconnu dès lors que le litige présentait des liens caractérisés avec le juge étranger et qu’il n’y avait pas eu de saisine frauduleuse du juge étranger. (Critère de l’arrêt Simitch). Ici le jugement étranger a été reconnu non pas parce qu’il était le mieux placé mais seulement parce qu’il y avait des liens caractérisés. On consacre un autre type de compétition, plus la course à la première saisine mais la course au premier jugement : obtenir le plus vite possible une décision du juge étranger. On a remplacé un forum shopping par un autre. Sur le plan des avantages pratiques c’est neutre. Mais cela crée une insécurité juridique : quand on a saisi un juge français c’est un cout et il y a une épée de Damoclès : cela peut être fait pour rien. Le paradoxe est que cela peut rendre totalement inutile le privilège de l’article 14 du code civil.

Observations   :

L’office du juge en matière de reconnaissance des jugements étrangers :Ils ne sont reconnus à certaines conditions, le juge doit-il effectuer le contrôle d’office ?

Cette question n’est pas claire en jurisprudence. - Les certitudes   :

L’invocation d’un jugement étranger aux fins de reconnaissance ou d’exécution ou même d’inopposabilité du jugement étranger, doit déclencher un contrôle de sa régularité internationale. Ce contrôle est la condition de l’insertion des jugements étrangers dans l’ordre juridique du for. Ce contrôle doit être exercé lorsque le jugement est invoqué à titre principale mais aussi lorsqu’il est invoqué à titre incident. Ce contrôle est nécessaire toutes les fois que l’on veut reconnaitre les effets juridictionnels des jugements étrangers. Mais le contrôle n’est pas nécessaire pour reconnaitre les effets non juridictionnels : effets de fait, de preuve, de titre. Arrêt Munzer : « le juge de l’exéquatur doit s’assurer du respect des conditions ».

- Les incertitudes   : Question de savoir si une foi que le juge s’est saisi du contrôle de régularité du jugement

étranger doit il vérifier toutes les conditions ou seulement certaines d’entre elles. Certains auteurs soutiennent que le juge doit vérifier seulement les conditions d’ordre public c'est-à-dire la conformité à l’ordre public mais aussi l’ensemble des conditions lorsque la matière est d’ordre public. La jurisprudence ne consacre pas ces distinctions et en plus on voit qu’il ya des différences entre les juges du fond et la Cour de cassation. Au niveau des juges du fond on a de tout : contrôle de l’intégralité, pas de contrôle du tout obligatoire dans la limite des conditions contestées par les parties. Quant à la Cour de cassation elle a rappelée dans quelques arrêts la nécessité d’un contrôle d’office de la condition de la conformité à l’ordre public mais aussi de la condition de la compétence judiciaire et de compétence législative (avant l’abandon de cette dernière).  Donc obligation de tout vérifier même d’office. Mais tous les arrêts ont été rendus dans le domaine de l’état des personnes. Ce n’est pas réglé en jurisprudence.

Le rôle des parties et la reconnaissance des jugements étrangers :

Tendance qui apparait dans els arrêts des juges du fond pas encore consacrée par la Cour de cassation, tendance à interdire aux parties de se prévaloir devant le juge de l’exéquatur

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d’une cause d’irrégularité du jugement étranger lorsque cette cause n’a pas été invoquée devant le juge étranger. Cette tendance peut se référée à une notion : l’estoppel.

Section 3 – Le régime des jugements européens

La source de ce régime est le règlement Bruxelles 1 : en matière civile et commerciale ; en matière de dissolution du mariage et de responsabilité parentale : B2 Bis. Ce régime avait été largement élaboré par la convention de Bruxelles de 1968, B1 ne fait que simplifier encore d’avantage ce régime.

Sous-section 1 - La procédure de contrôle

Observations sur le domaine de la procédure prévue par B1   : Ce règlement lie tous les Etats membres y compris le Danemark. Cela ne concerne pas tous

les jugements européens : certains relèvent de la convention de Lugano révisée récemment (pour aligner le régime de ces jugements sur celui de B1).

B1 couvre les effets juridictionnels des jugements européens, ce qui touche à la reconnaissance de ces jugements avec leur efficacité substantielle, leur autorité de chose jugée, et aussi ce qui touche à la force exécutoire (pour permettre un exequatur simplifié). Certains effets restent en dehors du règlement : ceux qui ne sont pas liés au caractère juridictionnel du jugement : les effets de preuve ou de titre. Pour ces derniers le droit commun s’applique.

§ 1 – Le système originaire   : celui de la convention de Bruxelles

Son but était de favoriser la circulation des jugements et de mettre en place une procédure simplifiée de reconnaissance et d’exécution des jugements. Cela se manifestait quand à la procédure mais si quant à l’objet du contrôle.

En ce qui concerne la simplification de la procédure elle même : système en deux phases qui correspondait à la première et à la deuxième instance.

En première instance la procédure est unilatérale sur simple requête : le demandeur n’était pas obligé de notifier l’acte à l’adversaire, il lui suffisait de déposer une requête (en France devant le président du Tribunal de Grande Instance, le Tribunal de Grande Instance du domicile du défendeur ou celui du lieu de l’exécution du jugement). C’est encore la procédure à suivre en matière de dissolution du mariage et en matière de responsabilité parentale : Tribunal de Grande

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Instance de la résidence habituelle de la personne contre laquelle l’exécution est demandée ou du Tribunal de Grande Instance de la résidence habituelle de l’enfant en matière de responsabilité parentale. C’est la même procédure pour établir la régularité du jugement ou de le faire exécuter.

L’un des progrès majeur de la convention de Bruxelles est le principe de la reconnaissance de plein droit des jugements européens. Cela signifie qu’aucune procédure n’est requise pour faire jouer les effets de cette reconnaissance. Si une des parties veut contester la reconnaissance il est possible d’introduire une action en inopposabilité, aux cours de laquelle la régularité du jugement sera soumise aux conditions de la convention.

Le juge saisi de la requête doit vérifier la régularité formelle de la demande, il y a également des motifs de refus de reconnaissance prévus aux articles 27 et 28 de la convention  : ces motifs doivent être examinés par le juge dès la première instance.

La deuxième phase : après l’ordonnance d’exequatur : le défendeur peut exercer un recours, en France devant la Cour d’appel. A partir de l’appel la procédure devient contentieuse, il y aura un débat entre les parties. On débattait sur le rôle du juge, devait-il vérifier d’office la régularité du jugement européen, la convention était muette. La jurisprudence française a forgé un régime spécifique pour les jugements européens : elle a posé une présomption de régularité des jugements européens qui couvrait tous les motifs de refus d’exécution. Cela explique que la pratique montrait qu’il n’y avait en réalité aucun contrôle des jugements européens en première instance. L’appel avait un effet suspensif d’exécution. On pouvait avant même B1 obtenir une ordonnance d’exequatur dans des délais très brefs : la moyenne nationale était de trois semaines. Cette pratique a été entérinée par le règlement.

§ 2 – Le système révisé par B1

Vocation à aller plus loin de le système de l’inversion du contentieux. Vise les cas dans lesquels on donne une prime au demandeur en lui permettant d’obtenir sans débat contradictoire d’obtenir une décision exécutoire. A charge pour le défendeur d’élever le contentieux ensuite. En effet le règlement a supprimé tout contrôle de régularité au stade de la première instance. Il a laissé les Etats membres choisir l’autorité habilité à délivrer la force exécutoire, plus qu’il n’y a plus de contrôle il était possible de confier cette mission à d’autres personnes que les juges pour en faire une phase administrative.

La France a confié au Greffier en chef du Tribunal de Grande Instance le soin de le faire. La procédure démarre toujours par une requête mais devant le greffier en chef du Tribunal de Grande Instance qui n’a plus qu’à vérifier la régularité formelle de la demande : que le dossier est bien complet et qu’il relève du champ d’application du règlement. Il est aidé par un certificat établi par le juge d’origine. Ce certificat atteste à la fois l’authenticité du jugement et en cas d’une procédure par défaut qu’il y a bien eu une signification faite au défendeur défaillant. Il atteste aussi de l’origine du jugement ce qui permet de contrôler que le règlement est bien applicable. Cette intervention du greffier en chef est extraordinaire car il appose la force exécutoire du jugement alors que c’est l’expression la plus pure de la souveraineté étatique. Si le greffier en chef refuse l’exequatur alors le demandeur peut exercer un recours devant le président du Tribunal de Grande Instance. Un recours est encore possible mais c’est l’appel devant la cour d’appel. B1 a supprimé dans la première phase tout contrôle du refus d’exécution lors de l’appel.

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Pour la dissolution du mariage et la responsabilité parentale : procédure simplifiée mais devant le président du Tribunal de Grande Instance.

Sous-section 2 – Les conditions contrôlées

Le contrôle a été restreint.

§ 1 – Les motifs non contrôlés

La convention de Bruxelles a fait supprimer la révision du jugement. Le principe était posé à l’article 29 Etat la convention elle est reprise à l’article 36 du règlement. Le juge de l’exequatur ne peut pas réexaminer les éléments de faits et de droit du jugement européen.

La convention de Bruxelles avait pratiquement supprimé tout contrôle de la loi appliquée par le juge européen. Une hypothèse de contrôle subsistait article 27-4 : la demande principale ne relevait pas du domaine matériel de la convention mais le juge avait statué à titre accessoire sur une obligation alimentaire, dans ce cas la convention prévoyait un contrôle de la loi appliquée. B1 a abandonné tout contrôle de la loi appliquée. Depuis 2007 il n’existe plus de contrôle de la loi appliquée en France arrêt Cornelisen.

En droit commun : contrôle de la compétence du juge étranger, le système de Bruxelles se démarque du droit commun en ce que le contrôle de la compétence du juge étranger est exceptionnel. Application du principe de confiance mutuelle : les règles de compétences judiciaires ont été uniformisées entre les Etats membres dont il n’y a pas lieu de faire le contrôle. Il y a une exception : contrôle de la compétence : les règles de compétence exclusives font l’objet d’un contrôle, le jugement européen qui ne les a pas respectés n’est pas susceptible d’être exécuté.

Autre exception : contrôle des règles de compétences protectrices des assurés et des consommateurs, mais les règles de compétence protectrices de salariés ne sont pas contrôlées.

Il y a une condition qui n’est pas mentionnée : celle de l’absence de fraude. Est-ce que au nom du principe de reconnaissance mutuelle on ne vérifie pas l’absence de fraude ? La condition peut être contrôlé dans le cadre d’une autre condition : celle du contrôle de conformité à l’ordre public : peut s’étendre à un contrôle de loyauté de la procédure.

§ 2 – Les motifs contrôlés

B1 : il y a trois motifs de refus d’exécution, article 34.

La violation de l’ordre public  :

Cela permet de refuser de reconnaitre et d’exécuter un jugement européen en cas d’atteinte manifeste à l’ordre public. Il y a une double composante : substantiel et procédural dans le système de droit commun. Dans le système de Bruxelles : sous l’empire de la convention il y avait un débat. Le défaut de notification faisait l’objet d’un motif autonome. La Cour de cassation a tranché cela dans un arrêt Pordéa du 16 mars 1999. Jugement anglais présenté à l’exequatur en France, P de nationalité française avait voulu agir en diffamation contre un journal

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anglais sur place. Mais la législation anglaise prévoyait le versement d’une caution en raison de sa nationalité étrangère, il ne l’a pas versé et a donc été débouté. Mais jugement pour le débouter qui a généré des frais de justice mais il ne les a pas acquitté. Une première procédure d’exequatur en France a été introduite pour le paiement des frais de justice qui est allée jusqu’à la Cour de cassation. Il a été demandé à P l’équivalent de 500 000 francs. Une atteinte au droit d’accès à la justice et donc à l’article 6-1 de la Convention européenne des droits de l'Homme : pour la Cour de cassation oui : en mettant à la charge du demandeur le paiement de frais aussi élevés on l’avait privé d’agir en justice ce qui est contraire à l’ordre public international. Pour la première fois un refus d’exequatur a été prononcé pour une irrégularité procédurale.Une autre affaire a permis à la Cour de Justice des Communautés Européennes de se prononcé affaire Krombac du 28 mars 2000 : un médecin allemand qui avait été accusé d’avoir empoisonné sa belle fille au cours d’un séjour en vacances. La procédure pénale a débouché sur un non lieu pour défaut de preuve. Mais le père de la jeune fille a agit en France au pénal mais K n’a jamais voulu comparaitre devant la cour d’assise. Mais on exigeait la comparution de la personne sous peine de faire une procédure sous contumace. Il a été condamné au pénal mais aussi au civil. Le père a voulu faire exécuter en Allemagne la condamnation civile et les juridictions allemande se sont demandé si la procédure française de contumace. Mais K avait réclamer le droit d’être représenté en France par avocat sans y aller lui même mais on lui avait refusé ce droit : atteinte à la convention et les juridiction allemandes ont saisies la Cour de Justice des Communautés Européennes : est ce que la convention de Bruxelles à l’article 27-1 permet de contrôler la conformité aux principes fondamentaux de la procédure et au principe du droit au procès équitable. La Cour de Justice des Communautés Européennes a répondu de manière positive, le contrôle de conformité à l’ordre public s’étend au contrôle des principes essentiels de procédure et une violation de l’article 6 peut constituer un motif de refus d’exequatur. Autre décision dans ce sans arrêt du 2 avril 2009 Gambanni : les jugements européens peuvent faire l’objet d’un refus d’exécution en cas de contrariété à l’ordre public procédural. Faillite frauduleuse au canada, G condamné en Angleterre à une amende et à une privation de ses droits d’aller en justice (contempt of court). Cette décision anglaise était présentée à l’exequatur devant différents états européens. La Cour de Justice des Communautés Européennes se montre scrupuleuse dans les obligations qui sont faites au juge de l’exequatur face à des atteintes portées au droit au procès équitable.

L’absence de notification de l’acte introductif d’instance pour permettre au défendeur de se défendre en temps utile

Article 34-2 : vise les procédures par défaut il faut vérifier que le défendeur défaillant a bien été informé par une notification du projet et en temps utile pour préparer sa défense. C’est une des causes d’irrégularité les plus fréquemment invoquées. B1 a voulu éviter que cette cause d’irrégularité ne puisse donner un moyen dilatoire au défendeur. Ainsi ce motif ne peut être invoqué si le défendeur n’a pas exercé de recours à l’encontre de la décision alors qu’il était en mesure de le faire. Cela vise le cas ou il y a eu une procédure par défaut sans notification régulière mais le défendeur en a quand même eu connaissance et il avait des recours qu’il aurait pu exercer.

L’ INCONCILIABILITE du jugement avec un autre jugement

Il faut distinguer deux cas dans le système actuel de B1 :

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- Le jugement européen est inconciliable avec un jugement du for requis rendu entre les mêmes parties. Le jugement du for requis est un obstacle à la reconnaissance du jugement européen et cela quelque soit la date respective des jugements. C’est le jugement du for qui l’emporte. Mais c’est regrettable car tous els jugements devraient être placés sur un pied d’égalité.

- Le jugement européen est inconciliable avec un jugement rendu dans un autre Etat   : un autre Etats membres ou dans un Etat tiers. C’est le jugement reconnu le premier qui l’emporte car les jugements sont reconnus de plein droit dans l’espace européen. Cet obstacle est soumis à des conditions strictes : jugements entre les mêmes parties, sur le même objet et la même cause.

Mais on a une forte pression des acteurs économiques et des acteurs politiques pour obtenir la suppression de toute procédure d’exequatur en Europe. Mais il y a quand même des dangers d’une telle suppression : ils sont révélés par la jurisprudence que l’on a vu Kranback : si un jugement est prononcé en violation de l’article 6 de la Convention européenne des droits de l'Homme comment peut-on accepté qu’il soit exécutoire immédiatement dans tous les autres Etats membres. Alors que l’article 6 est une des principes généraux du droit communautaire. L’autre danger : l’UE a élaboré plusieurs instruments qui consacrent des titres immédiatement exécutoires dans l’UE : présentés comme des essais. Et il faut attendre pour voir ce que cela donne.