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DIPLOME SUPERIEUR DE L’I.N.S.E.P RAPPORT DE L’U.F.C. 1 MODELE D’ENTRAINEMENT EN AVIRON LOGIQUE ET REALITE Analyse du programme fédéral d’entraînement en aviron en regard des données de terrain et des modèles d’autres disciplines Franck BOUCHETAL PELLEGRI Professeur de sport Décembre 2001

DIPLOME SUPERIEUR DE L’I.N.S.E.P RAPPORT DE …p2.storage.canalblog.com/20/02/523625/31355199.pdf · (cyclisme sur piste, escrime, natation, décathlon) I- Principes de la planification

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DIPLOME SUPERIEUR DE L’I.N.S.E.P

RAPPORT DE L’U.F.C. 1

MODELE D’ENTRAINEMENT EN AVIRON

LOGIQUE ET REALITE

Analyse du programme fédéral d’entraînement en aviron en regard des

données de terrain et des modèles d’autres disciplines

Franck BOUCHETAL PELLEGRI

Professeur de sport

Décembre 2001

10 ans après Barcelone, l’aviron français est au plus haut niveau de ses performances.

L’arrivée de E MUND au début des années 90 a profondément transformé le paysage de la

pratique compétitive de l’aviron en France.

L’entraînement des rameurs de compétition, proposé dans le cadre du plan d’entraînement

fédéral annuel mis en place par E MUND dés son arrivée, est un élément clef de cette

transformation. La constante progression des résultats français, dont les jeux olympiques

de Sydney et les derniers championnats du Monde ont été le couronnement, montre la

validité de ce modèle d’entraînement.

Au travers d’une enquête sur les pratiques de terrain et d’une étude théorique du modèle

d’entraînement proposé par E MUND comparé avec ceux développés dans d’autres

disciplines sportives, je me propose d’analyser les paramètres originaux de la

programmation de l’entraînement des rameurs.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier E MUND pour sa disponibilité et la sincérité de ses réponses lors de

l’interview. D’autre part, je remercie chaleureusement A DARTY (CTR Aviron) et C

PALIERNE (Médecin des équipes de France) pour leur participation à ma réflexion, ainsi que

les 120 rameurs interrogés pour leur bonne volonté.

SOMMAIRE

INTRODUCTION : LES DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE EN AVIRON - Définition de l’activité de compétition - Déterminants de la performance en aviron - Morphologique type du rameur - Développement musculaire du rameur - Développement physiologique du rameur - Modèle de performance et modèle d’entraînement en aviron ETUDE DE L’ENTRAINEMENT DES RAMEURS I- Méthodologie de l’enquête sur l’entraînement des rameurs en France - Objet de l’étude - Choix de la population étudiée - Méthodologie de l’enquête II- Résultats de l’enquête sur l’entraînement des rameurs en France - Entraînement type du rameur de compétition senior - Spécificité de l’entraînement en fonction du niveau de pratique - Spécificité de l’entraînement en fonction de la catégorie de poids - Variation de l’entraînement en fonction de l’âge et de l’expérience - Variation de l’entraînement en fonction de la spécialité - Variation de l’entraînement selon la période III- Discussion : « L’entraînement des rameurs – réalité du terrain » ETUDE DU PROGRAMME FEDERAL D’ENTRAINEMENT I- Eléments de programmation - Séances types - Micro-cycles types - Planification annuelle - Bases de calage du programme d’entraînement II- Les fondements du programme d’entraînement fédéral III- Discussion : « 5 questions à E MUND à propos du plan d’entraînement fédéral »

ETUDE COMPAREE DE L’ENTRAINEMENT DANS 4 AUTRES DISCIPLINES (cyclisme sur piste, escrime, natation, décathlon) I- Principes de la planification annuelle - Période de transition - Période de préparation - Période de compétition II- Micro-cycles fondamentaux III- Séances types IV- Principes de calage des charges DISCUSSION ET SYNTHESE « L’ENTRAINEMENT DES RAMEURS LOGIQUE ET REALITE » BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Taille et poids des rameurs selon leur niveau

Figure 2 : Entraînement des rameurs selon leur niveau

Figure 3 : Répartition des séances selon les catégories de poids

Figure 4 : Age de début de pratique

Figure 5 : Répartitions poids taille

Figure 6 : Taille et poids moyen des rameurs selon leur âge

Figure 7 : Répartition des différents niveaux de pratique dans les classes d’âge

Figure 8 : Répartition des classes d’âge dans les différents niveaux de pratique

Figure 9 : Répartition des différents niveaux de pratique dans les classes d’expérience

Figure 10 : Répartition des classes d’expérience dans les différents niveaux de pratique

Figure 11 : Paramètres d’entraînement selon l’âge des rameurs

Figure 12 : Paramètres d’entraînement selon le niveau d’expérience des rameurs

Figure 13 : Paramètres d’entraînement selon la spécialité

Figure 14 : Répartition des pratiques de la pointe et de la couple selon la période

Figure 15 : Paramètres d’entraînement selon la période et la catégorie de poids

TABLE DES ANNEXES

Annexe 1 : Questionnaire

Annexe 2 : Programme d’entraînement des rameurs

Annexe 3 : Catalogue des séances

Annexe 4 : Séance de musculation « M2 »

Annexe 5 : Plan de carrière proposé par E MUND

Franck BOUCHETAL PELLEGRI – Professeur de Sport – page 1

INTRODUCTION :

LES DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE EN AVIRON

1- Définition de l’activité de compétition L’aviron de compétition consiste à faire se déplacer le plus rapidement possible sur l’eau, sur une distance de 2000m en ligne droite, un ensemble comprenant un bateau et un ou plusieurs rameurs, en prenant appui sur l’eau au moyen d’un ou plusieurs avirons, afin d’arriver premier d’une série de 6 équipages. Il ressort de cette définition que le critère de performance est : la vitesse de la coque sur 2km. 2- Déterminants de la performance en aviron Les données biomécaniques montrent que la vitesse de coque est très fortement déterminée par la longueur des leviers osseux des jambes et des bras et par la force, la vitesse, l’explosivité et la synchronisation des contractions des différents muscles ainsi que par la souplesse articulaire (Cf. le modèle technique du geste du rameur décrit dans les documents fédéraux et détaillé dans une étude biomécanique antérieure (30)). Au plan énergétique, les caractéristiques de l’effort (durée, intensité, absence de temps de repos) justifient largement l’importance des facteurs physiologiques de VO2max et de résistance lactique dans la performance. 3- Morphologie type du rameur L’adéquation entre la performance en skiff et les variables anthropométriques (taille, longueur des jambes et des bras, diamètres musculaires des biceps et des cuisses...) est largement démontrée par les études statistiques. + La taille et le poids des rameurs de haut niveau sont respectivement 10% et 27% supérieurs à ceux de la population moyenne, de même la longueur des membres conditionne la propulsion en modifiant l'amplitude du coup d’aviron. + La masse n’est pas un problème dans la mesure où l’aviron est un sport porté, toutefois le poids influençant la glisse, il est très intéressant d’avoir un fort ratio masse maigre/masse grasse, ce qui explique les faibles valeurs des plis cutanés des rameurs de haut niveau. En aviron, il existe 2 catégories de poids : poids léger (PL) moins de 72,5 kg et toute catégorie (TC). 4- Développement musculaire du rameur L’hypertrophie musculaire (notamment au niveau du dos, de l’abdomen, des cuisses et des biceps) et les capacités neuro-musculaires des rameurs caractérisent l’adaptation de l’appareil locomoteur aux contraintes de force explosive-endurance et de souplesse du geste d'aviron. + Lors de la compétition, environ 70% de la masse musculaire est impliqué dans un travail s’effectuant aux environs de 74% de la force maximale, sur une durée de 5 à 7’ (+/- 210 coups). La force moyenne développée par coup est de 800 à 900N, variant de 1000 à 1500N lors du départ à 500 à 700N en milieu de course. Celle-ci dépend d'un régime de contraction impulsif qui est fonction de la capacité de force explosive, de l’hypertrophie des fibres et de leurs aptitudes au travail glycolytique. La vitesse de contraction est un élément déterminant de la performance et conditionne l'explosivité du travail musculaire. Le temps de contraction musculaire lors de la traction est de 0,6 à 0,8 secondes pour un temps de repos (retour) variant du simple au double. Au niveau de la typologie musculaire, les deux types de fibre (rouge et blanche) sont présentent dans un rapport type I / type II supérieur à 55%. Elles sont riches en sarcomères (hypertrophie) et montrent de fortes capacités oxydatives (richesse en enzymes, en mitochondries et forte irrigation). Ce développement musculaire spécifique permet l’obtention d’une force élevée avec une vitesse de contraction maximale pour une charge lactique minimale. U.F.C.1 - Diplôme supérieur de l’I.N.S.E.P – I.N.S.E.P – année 2001 2002 -

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+ Il existe pour chaque rameur une constante individuelle du développement de la force en fonction du temps. Celle-ci dépend de la synchronisation des contractions musculaires et des capacités de force-vitesse des muscles et détermine la structure du coup d'aviron. Le travail individuel des différents muscles est d’autant plus faible que la coordination est efficace. La synchronisation intra et inter-musculaire est une qualité essentielle développée à l’entraînement. + L’amplitude articulaire et la souplesse musculaire sont des composantes fondamentales de l’efficacité gestuelle dans la mesure où elles conditionnent l’amplitude des mouvements (notamment d’extension sur l’avant) et le relâchement. L'hyperflexibilité lombaire en particulier est une capacité nécessaire à l'évolution au plus haut niveau en aviron. 5- Développement physiologique du rameur Les fonctions respiratoires des rameurs de haut niveau présentent une excellente adaptation aux contraintes de l’effort aérobie et de l’élimination rapide des lactates. Le développement des capacités circulatoires et ventilatoires est un élément déterminant de la performance en aviron. + Physiologiquement l’effort est continu et globalement homogène tout au long de la course. Il se situe dans le domaine aérobie proche du VO2max (91% à 95% de la VMA mesurée en laboratoire). Globalement 70 à 75% de l’énergie est produite par le métabolisme aérobie, 15% par le métabolisme anaérobie alactique et 15% par le métabolisme lactique. Le coût O2 est de 6,7 à 7l/min pour une dépense énergétique de 36kcal/min. Le travail musculaire libère de 15 à 17 mmol/l d’acide lactique pour un déficit d’O2 en fin d’effort de 92 à 97ml O2/kg. La concomitance des 3 filières énergétiques est liée à la capacité d'échange et de "régénération" des lactates par les muscles. L'entraînement a un effet majeur sur cette aptitude. + Les fréquences cardiaques maximales moyennes mesurées sont de 185 cpm +/- 5. Les rameurs présentent souvent une hypertrophie cardiaque spécifique répondant à l'augmentation de la résistance périphérique à l’effort. Au niveau circulatoire ils présentent une hyper-vascularisation des tissus musculaires améliorant l’élimination des lactates et l’apport de l'oxygène à l'effort. + La ventilation du rameur est calée sur la cadence. Lors de la traction, une apnée ventilatoire (manoeuvres de Valsalva) permet une amélioration de la transmission des forces (augmentation de la rigidité du rachis par le développement d’une pression intra-thoracique et intra-abdominale). Les restrictions imposées à la fréquence ventilatoire par la cadence et l’apnée sont compensées par un développement des capacités pulmonaires (+22%) et une amélioration de l'oxygénation alvéolaire associée au développement de la force de contraction des muscles inspiratoires. Une augmentation de l’irrigation pulmonaire (> 25%) et une amélioration importante de l’hématose caractérisent également l’adaptation respiratoire du rameur. 6- Modèle de performance et modèle d’entraînement en aviron Les modèles courants décrivent la performance comme le résultat de l’exécution correcte d’un modèle technique précis s’appuyant sur des caractéristiques morphologiques déterminantes, des capacités neuro-musculaires et des qualités physiologiques optimales. La logique de l’entraînement qui découle de ce modèle vise à agir sur les différents paramètres de la performance au travers de l’acquisition d’une technique gestuelle exacte, le développement des qualités neuro-musculaires de force, d’explosivité, de souplesse et d’endurance et l’optimisation des paramètres physiologiques (VO2max, résistance lactique…).

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ETUDE DE L’ENTRAINEMENT DES RAMEURS

Une enquête réalisée sur la lombalgie du rameur (document en cours de publication - faculté de médecine de Bobigny (30)), m’a permis de disposer de données sur l’entraînement en aviron. L’étude des éléments recueillis sur une population de 120 rameurs à deux périodes de la saison 2000-2001, permet de cerner la spécificité de l’entraînement des différentes populations et de mener une discussion sur la réalité de l’entraînement en aviron de compétition. I- METHODOLOGIE DE L’ENQUETE SUR L’ENTRAINEMENT DES RAMEURS 1- Objet de l’étude L’objet de l’étude est de dégager les caractéristiques de l’entraînement en aviron (volume, charge, répartition des différentes séances) sur l’ensemble de la population et sur les différentes catégories de pratiquants, en période hivernale et estivale. 2- Choix de la population étudiée La population sondée est représentative des différentes classes d'âge, d'expérience, de taille et de poids, des quatre niveaux de pratique (régional, interrégional, national et international), et des deux spécialités (pointe et couple). L'échantillonnage aléatoire a été effectué en hiver (période d'entraînement) et en été (période de compétition). L'enquête hivernale a été menée lors du Critérium National d'aviron en salle le 10/12/2000 à Paris (stade Pierre De Coubertin) et l'enquête estivale lors du Championnat de France bateau long le 02/06/2001 à Bourges (18). 3- Méthodologie de l’enquête Le questionnaire anonyme (voir annexe 1), a été soumis oralement et individuellement à chaque rameur par le même enquêteur. Les questions sont réparties en 2 groupes : - d'une part, les questions relatives à l'individu : âge, poids, taille. - d'autre part, les questions relatives à la pratique : volume et répartition des entraînements

(bateau, musculation, …), spécialité (pointe/couple), niveau et nombre d'année de pratique. La saisie et le traitement statistique des données ont été effectués par le même expérimentateur sur tableur Excel 5 de Microsoft. II- RESULTATS DE L’ENQUETE SUR L’ENTRAINEMENT DES RAMEURS 1- Entraînement type du rameur de compétition senior La population étudiée présent une taille moyenne de 183cm (+/- 6,3) pour un poids moyen de 77,2kg (+/-8,5), BMI : 23,05. Les rameurs s'entraînent en moyenne 7 fois par semaine (+/- 2,4) pour un volume de 13h 24 (+/- 4h 38). Les séances se répartissent de la façon suivante : 4,75 séances de bateau (+/- 0,9), 1,85 séances de musculation (+/- 1,8) et 0,5 séances diverses (+/- 0,8) (footing essentiellement). Le volume quotidien et la durée moyenne des séances sont de 1h 55. Commentaire : Les rameurs sont grands et leur BMI est faible. L'entraînement est quotidien et sans repos hebdomadaire. Il est structuré sur la base de 5 séances en bateau et 2 en musculation. La séance de footing intervient en substitution de séances de musculation ou de bateau. Sur l'ensemble de la population, la fréquence des entraînements en bateau est très homogène, tandis que celle des séances de musculation ou de footing est variable selon les rameurs. 2- Spécificité de l’entraînement en fonction du niveau de pratique

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La population des rameurs de compétition peut être divisée en 4 niveaux de pratique : régional, interrégional (demi-finaliste de l'une des 5 inter-régions en bateau court), national (sélection au Championnat de France bateau court) et international (membre du collectif national). Le niveau interrégional représente un effectif d'environ 720 rameurs seniors. Parmi ceux-ci, 216 (30%) ont le niveau national et 48 (7%) ont le niveau international. a- Données générales : Les 120 rameurs étudiés se répartissent en 39 rameurs régionaux (32,5%), 23 interrégionaux (19,2%), 49 nationaux (40,8%) et 9 internationaux (7,5%). La sur-représentation du niveau national dans l'échantillon s'explique par le niveau national des épreuves choisies pour les sondages. + Caractéristiques physiques des rameurs des différents niveaux (Fig. 1) :

Taille (moyenne) Poids (moyen) Poids PL Taille PL Poids TC Taille TC Régional 181,8 (+/- 6,7) 75,8 (+/-8,1) 69,1 177,8 81,6 185,2

Interrégional 182,6 (+/- 4,4) 77,4 (+/-6,1) 70,3 180 79,9 183,5 National 183,8 (+/- 6,9) 77,9 (+/-9,7) 69,8 180 83,6 186,5

International 185,2 (+/- 5,8) 79 (+/-9,5) 71,2 180,6 88,8 191 Référence élite* 187,2 (+/- 7,4) 81,6 (+/-10,1) 70,7 180,1 89 192

(*à titre de comparaison les rameurs des équipes de France aux JO de Sydney et au championnat du monde 2001)

b- Données sur l'entraînement : + Caractéristiques de l'entraînement des rameurs des différents niveaux (Fig. 2) :

Volume nb de séance Bateau Musculation Autre 11h 05 (+/- 3h 37) 5,8 (+/- 1,9) 3,9 (+/- 0,9) 1,7 (+/- 1,4) 0,1 (+/- 0,4) Régional Volume moyen : 1h 53 par séance - 1h35 par jour 13h 34 (+/- 3h 35) 7,2 (+/- 2,4) 4,5 (+/- 1,1) 1,9 (+/- 1,7) 0,8 (+/- 1) Interrégional Volume moyen : 1h53 par séance - 1h 56 par jour 13h 53 (+/- 4h 21) 7,4 (+/- 2) 5 (+/- 0,8) 1,8 (+/- 1,7) 0,6 (+/- 0,8) National Volume moyen : 1h53 par séance - 1h 59 par jour 20h 26 (+/- 4h 56) 10,7 (+/-1,8) 7,4 (+/-0,3) 2,1 (+/- 1,8) 1,1 (+/- 0,9) International Volume moyen : 1h 55 par séance - 2h55 par jour

c- Commentaires : Il existe une très étroite corrélation entre la taille et le niveau des rameurs (coef. de corrélation >0,98), surtout chez les rameurs TC (Fig. 1) (voir commentaires en 3). Le lien entre le volume d'entraînement et le niveau des rameurs est évident, toutefois il faut remarquer la plus forte hétérogénéité de la fréquence hebdomadaire des séances chez les rameurs de niveau interrégional (Fig. 2). Le volume quotidien apparaît très caractéristique du niveau de pratique (1h30 pour les rameurs régionaux, 2h pour les nationaux et 3h pour les internationaux). La durée moyenne des séances est stable quel que soit le niveau (1h55). La fréquence hebdomadaire des séances de bateau apparaît déterminante du niveau de pratique (4 séances au niveau régional, 5 au niveau national et plus de 7 au niveau international) (Fig. 2). La fréquence hebdomadaire des séances de musculation est relativement stable à tous les niveaux de pratique (2 séances) mais les rameurs de niveau national ou international effectuent un nombre proportionnellement plus important de séances diverses. En effet, si tous les rameurs effectuent entre 68 et 70% de leurs séances en bateau, les rameurs de haut niveau n'effectuent que 20% de leurs séances en musculation et 10% dans des activités diversifiées alors que les rameurs de moindre niveau tendent à effectuer près de 30% de leur travail en musculation et n'effectuent que très peu de travail diversifié.

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Figure 1 : Taille et poids des rameurs selon leur niveau

67

72

77

82

87

régional inter-régional national international référence élite177

179

181

183

185

187

189

191

poids PL poids TC poids moyentaille PL taille TC taille moyenne

Figure 2 : Entraînement des rameurs selon leur niveau

0

5

10

15

20

Régional Inter-régional National International0

2

4

6

8

10

bateau musculation divers nb séance vol. horaire

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3- Spécificité de l’entraînement en fonction de la catégorie de poids Lors des championnats de France la catégorie "Poids Léger" (<72,5 kg) n'est ouverte qu'à 2 bateaux (le deux de couple et le quatre) ce qui représente un effectif de 6 rameurs PL (18%) pour 27 rameurs en toute catégorie. a- Résultats : Les 120 rameurs étudiés se répartissent en : 48 rameurs "Poids Léger" (40%) et 72 rameurs "Toute Catégorie" (60%). La population des rameurs poids légers est sur-représentée. + Caractéristiques physiques des deux populations : Les rameurs poids légers ont une taille moyenne de 179,2cm (+/-5,1) pour un poids de 69,7kg (+/-3,2) et un B.M.I de 22,9 ; les rameurs toute catégorie ont une taille moyenne de 185,7cm (+/-5,8) pour un poids de 82,4kg (+/-7,1) et un B.M.I de 23,1. Ces valeurs évoluent différemment selon les niveaux de pratique (V. 2b et Fig. 1). + Caractéristiques de l'entraînement des deux populations (Fig. 3) :

Volume Nb de séance Bateau Musculation Autre Poids Léger 13h 13 (+/- 4h 31) 6,9 (+/- 2,2) 4,7 (+/- 0,8) 1,6 (+/- 1,8) 0,6 (+/- 0,9)

Toute Catégorie 13h 31 (+/- 4h 44) 7,2 (+/- 2,5) 4,8 (+/- 0,8) 2 (+/- 1,9) 0,4 (+/- 0,7) + Incidence de la taille et du poids sur le niveau (Fig. 1) : La taille des rameurs TC est directement corrélée avec le niveau de performance. Le poids est corrélé avec la taille mais présente une moindre progression traduisant une réduction de la masse grasse chez les rameurs de haut niveau. A l’inverse, les rameurs PL ont une taille et un poids constant à tous les niveaux (1m80, 70kg). + Effet de seuil de la catégorie PL (Fig. 5) : La courbe de tendance du poids en fonction de la taille montre un abaissement anormal des poids entre 175 et 190cm qui traduit l'allégement des rameurs pour d'entrer dans la catégorie PL. Cet allégement représente une perte de poids de 3 à 7kg par rapport à la courbe normale. b- Commentaires : Les rameurs poids légers sont plus petits, plus sec et proportionnellement moins lourd que les rameurs toute catégorie. Les 2 catégories ont globalement le même volume horaire d'entraînement mais les rameurs toute catégorie s'entraînent en moyenne une demi-séance de plus que les rameurs poids léger. Cette différence se situe essentiellement au niveau des séances de musculation. Les rameurs poids léger réduisent légèrement leur fréquence d'entraînement en bateau au profit de séances diverses (footing). La limitation du poids semble "brider" la taille des rameurs poids léger, toutefois de nombreux rameurs jouent de façon importante sur leur poids pour entrer dans cette catégorie ce qui explique la réduction de l'entraînement de musculation et une pratique plus fréquente du footing. Les rameurs toute catégorie de haut niveau optimisent leur rapport poids puissance en réduisant leur masse grasse. 4- Variation de l’entraînement en fonction de l’âge et de l’expérience Il est possible de commencer l'aviron dès 10 ans, mais le début de pratique se fait généralement en cadet entre 14 et 16 ans. La catégorie senior commence à 18 ans et la pratique de compétition n'a pas de limite d'âge supérieure. Les médaillés olympiques ont souvent plus de 30 ans.

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F ig u r e 4 : A g e d u d é b u t d e p r a t iq u e

0 %

5 %

1 0 %

1 5 %

2 0 %

2 5 %

3 0 %

b e n ja m in m in im e c a d e t ju n io r < 2 0 a n s 2 0 -2 5 a n s > 2 5 a n s

Figure 3 : Répartition des séances selon les catégories de poids

66%68%

28%23%

6%9%

0

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2

3

4

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6

7

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PL (13h15) TC (13h30)

bateau musculation divers

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Figure 5 : R épartition poids taille

0

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40

50

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90

100

110

120

130

160 165 170 175 180 185 190 195

Poids valeurs moyennes PL élite T C élite Courbe tendance

Rameurs T oute Catégorie

Rameurs Poids Léger

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a- Résultats : L'ensemble des résultats figure dans les tableaux suivants : + Age de début de pratique (Fig. 4) :

Benjamin Minime Cadet Junior 18-20 ans 20-25 ans >25ans 16% 21% 24% 15% 17% 5% 2%

+ Catégories d'âge et d'expérience de la population (Fig. 6) :

AGE <20ans 20 - 24ans 25 - 30ans >30ans Effectif 24% (29) 44% (53) 22% (26) 10% (12) Taille 180,79 (+/- 7,32) 183,81 (+/- 5,87) 183,65 (+/- 6,41) 183,58 (+/- 5,00) Poids 74,38 (+/- 8,02) 77,51 (+/- 8,30) 79,69 (+/- 9,59) 77,42 (+/- 7,14)

EXPERIENCE <5ans 5 - 6ans 7 - 9ans 10 - 15ans >15ans

Effectif 10% (12) 23% (27) 31% (37) 28% (34) 8% (10) Taille 184,7 (+/- 8,4) 183,8 (+/- 5,9) 183,9 (+/- 5,2) 183,1 (+/- 6,1) 184,2 (+/- 6,1) Poids 77,2 (+/- 7,9) 77,5 (+/- 8,3) 76,9 (+/- 7,6) 78,1 (+/- 9,2) 80,5 (+/- 8,5)

+ Relations âge, expérience et niveau de pratique (Fig. 8, 9, 10) :

AGE <20ans 20 - 24ans 25 - 30ans >30ans (*) Régional 41% 24% 34% 0%

Interrégional 32% 17% 43% 8% National 23% 12% 46% 19%

International (*) 33% 33% 33 0% Référence élite** 2% 40% 38% 19%

(**à titre de comparaison les rameurs des équipes de France aux JO de Sydney et au championnat du monde 2001) EXPERIENCE <5ans 5 - 6ans 7 - 9ans 10 - 15ans >15ans

Régional 23% 23% 31% 21% 3% Interrégional 4% 30% 35% 17% 13%

National 2% 20% 31% 37% 10% International 11% 11% 22% 44% 11%

+ Caractéristiques de l'entraînement selon l'âge et l'expérience des rameurs (Fig. 11, 12) :

AGE <20ans 20 - 24ans 25 - 30ans >30ans (*) Volume 12h 04 (+/- 2h 19) 13h 26 (+/- 4h 08) 15h 42 (+/- 6h 29) 11h 30 (+/- 4h 34) Nb de séance 6,1 (+/- 1,1) 7,1 (+/- 2,2) 8,1 (+/- 3) 7,1 (+/- 2,9) Bateau 3,9 (+/- 0,8) 4,9 (+/- 0,9) 5,5 (+/- 0,7) 4,6 (+/- 1,4) Musculation 1,8 (+/- 1,3) 1,9 (+/- 1,8) 1,8 (+/- 2,3) 1,7 (+/- 1,6) Autre 0,3 (+/- 0,6) 0,4 (+/- 0,7) 0,9 (+/- 1) 0,8 (+/- 1,1) Volume /séance 1h 59 1h 53 1h 55 1h 37 Volume h/jour 1h 43 1h 55 2h 14 1h 38 EXPERIENCE

<5ans 5 - 6ans 7 - 9ans 10 - 15ans >15ans Volume 11h 35

(+/- 5h 30) 13h 26

(+/- 4h 10) 13h 19

(+/- 3h 30) 14h 28 (+/- 6h)

13h 54 (+/- 4h 20)

Nb de séance 6,2 (+/- 3,2) 7,1 (+/- 2,2) 7,1 (+/- 2) 7,7 (+/- 2,8) 7,3 (+/- 2,2) Bateau 4,2 (+/- 1) 4,9 (+/- 0,9) 5 (+/- 0,8) 5,3 (+/- 1) 4,8 (+/- 0,8) Musculation 2 (+/- 2,5) 1,9 (+/- 1,8) 1,8 (+/- 1,4) 1,8 (+/- 2,2) 1,7 (+/- 1,4) Autre 0 0,4 (+/- 0,7) 0,4 (+/- 0,7) 0,6 (+/- 1) 0,8 (+/- 0,8) Volume /séance 1h 53 1h 53 1h 53 1h 53 1h 54 Volume h/jour 1h 39 1h 55 1h 54 2h 04 1h 59

(*) données faussées par l'échantillonnage non représentatif

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Figure 6 : Taille et poids moyen des rameurs selon leur âge

176

178

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186

188

<20ans 20-25ans 25-30ans >30ans66

71

76

81

86

Taille moyenne Taille PL Taille TCPoids moyen Poids PL Poids TC

Figure 7 : Répartition des différents niveaux de pratique dans les classes d'âge

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<20ans 20-25ans 25-30ans >30ans

Régional Inter-régional National International

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0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

régional inter-régional national international référenceélite

Figure 8 : Répartition des classes d'âge dans les différents niveaux de pratique

<20ans 20-25ans 25-30ans >30ans

Figure 9 : Répartition des différents niveaux de pratique dans les classes d'expérience

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<5ans 5-6ans 7-9ans 10-15ans >15ans

régional inter-régional national international

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Régional Inter-régional National International

Figure 10 : Répartition des classes d'expérience dans les différents niveaux de pratique

<5ans 5-6ans 7-9ans 10-15ans >15ans

Figure 11 : Paramètres d'entraînement selon l'âge des rameurs

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<20ans 20-25ans 25-30ans >30ans0

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bateau musculation divers nb séance vol. horaire

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Figure 12 : Paramètres d'entraînement selon le niveau d'expérience des rameurs

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<5ans 5-6ans 7-9ans 10-15ans >15ans0

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bateau musculation divers nb séance vol. horaire

Figure 13 : Paramètres d'entraînement selon la spécialité

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Pointe M ixte Couple0

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bateau musculation divers nb séance vol. horaire

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b- Commentaires : La population est plutôt jeune (44% des rameurs ont entre 20 et 24 ans et 68% ont moins de 25 ans). La taille est identique dans toutes les catégories d'âge et d'expérience sauf chez les moins de 20 ans. Le poids augmente avec l'âge et l'expérience ce qui peut traduire la prise de masse musculaire (les données des plus de 30ans ne sont pas significatives). 61% ont débuté la pratique avant 16 ans (24% en cadet et 21% en minime), quelques-uns uns ont débuté en junior (15%) ou senior A (18-20 ans) (17%) mais très peu après 20 ans (Fig. 4). La figure 7 montre que les différents niveaux de pratique sont présents dans toutes les classes d'âge, toutefois le niveau régional est de moins en moins représenté et le niveau national de plus en plus fréquent (les données des plus de 30ans ne sont pas significatives). La figure 8 montre qu'il existe une corrélation très significative entre le niveau de pratique et l'âge ce qui confirme l'importance de la maturité physique dans la performance. L'expérience apparaît liée à l'âge. Il existe une nette corrélation entre niveau de pratique et nombre d'année d'expérience (Fig. 10) ce qui traduit l'importance de l'expérience dans la performance en aviron. Toutefois, le niveau international est uniformément représenté à tous les niveaux d'expérience (Fig. 9), ce qui est du au mode de sélection des équipes nationales. Le volume d'entraînement augmente sensiblement en fonction de l'âge et l'expérience (Fig. 11 et 12). L'évolution se fait essentiellement au niveau du nombre de séance hebdomadaire de bateau. La durée moyenne des séances ne varie pas. La répartition des séances montre une diminution du nombre de séance de musculation (surtout après 25ans) (réduction de plus de 5%) au profit d'une augmentation très nette du nombre de séance diverse (multipliée par deux). 5- Variation de l’entraînement en fonction de la spécialité Il existe deux techniques en aviron : la pointe (le rameur ne manie qu'elle seule rame) et la couple (le rameur manie un aviron à chaque main). La compétition en couple n'existe que dans 2 bateaux longs (le double et le quatre) contre 5 en pointe (double, double barré, quatre, quatre barré et huit barré), ce qui représente 6 rameurs en couple (21%) pour 23 rameurs en pointe. a- Résultats : L'échantillon se compose de 15% de rameur de couple, 9% de rameur plutôt de couple, 29% de rameur à pratique mixte, 24% de rameur plutôt de pointe et 23% de rameur de pointe, toutefois ces chiffres varient énormément selon la saison (Fig. 14). + Les caractéristiques des deux populations sont les suivantes :

Taille Poids Pointe 183,8 (+/- 5,9) 76,9 (+/- 8,3) Mixte 182,1 (+/- 7,81) 77,7 (+/- 10,49)

Couple 182,7 (+/- 5,9) 77,3 (+/- 5,8) + Les caractéristiques de l'entraînement selon la spécialité (Fig. 13) :

Volume Nombre de séance Bateau Musculation Autre Pointe 13h 31 (+/- 3h 42) 7,2 (+/- 2) 4,9 (+/- 0,8) 1,9 (+/- 1,8) 0,4 (+/- 0,8) Mixte 14h 16 (+/- 5h 19) 7,4 (+/- 2,2) 4,9 (+/- 0,8) 1,8 (+/- 2,0) 0,7 (+/- 0,8)

Couple 12h 08 (+/- 5h 10) 6,5 (+/- 2,8) 4,2 (+/- 1,1) 1,7 (+/- 1,6) 0,6 (+/- 0,9) b- Commentaires : Les caractéristiques physiques des rameurs ainsi que leur niveau, âge ou expérience sont homogènes quelle que soit la spécialité. Le volume d'entraînement des rameurs de couple est plus faible. Ceux-ci effectuent moins de séance de bateau et remplacent des séances de musculation par des séances diverses. Ces différences peuvent être dues à la période ou à l'hétérogénéité des populations. 6- Variation de l’entraînement selon la période U.F.C.1 - Diplôme supérieur de l’I.N.S.E.P – I.N.S.E.P – année 2001 2002 -

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La période d'entraînement hivernale s'étend de septembre à mai soit environ 7 à 8 mois. La période de compétition s'étend sur 3 à 4 mois de mai à août. a- Résultats : L'effectif hivernal représente 57% de la population. + Les caractéristiques des deux populations sont les suivantes :

Taille moyenne Poids moyen Taille PL Poids PL Taille TC Poids TC Hiver 183,36 (+/- 7,04) 78,72 (+/- 8,70) 177,6 69,4 185,5 82,2 Eté 182,57 (+/- 5,28) 75,18 (+/- 7,90) 180,2 69,9 185,9 82,7

+ Les caractéristiques de l'entraînement des deux populations sont les suivantes (Fig. 15) :

Volume Nombre de séance Bateau Musculation Autre Hiver PL 12h 6,2 3,8 1,7 0,58 Hiver TC 12h 39 6,6 4,2 1,9 0,46

Eté PL 14h 7,3 5,2 1,5 0,63 Eté TC 15h 37 8,7 6,1 2,1 0,48

c- Commentaires : Les caractéristiques de taille, poids, âge, expérience et niveau sont identiques dans les populations hivernales et estivales. Toutefois la répartition des PL et des TC n'est pas homogène, la population estivale comprend davantage de PL que la population hivernale. La figure 14 montre que la spécialisation des rameurs est surtout significative en été à l'approche des championnats. La pratique hivernale est nettement plus polyvalente ce qui s'explique notamment par l'utilisation du skiff comme bateau d’entraînement hivernal. La figure 15 montre que l'entraînement varie selon la période. L'entraînement hivernal - en bateau court - présente un volume hebdomadaire inférieur de 1 à 2 séances. En été, l'entraînement en bateau est une priorité pour les rameurs. Chez les TC, le nombre de séance de bateau (+6,5%) et de musculation augmente en été. Chez les rameurs PL, le nombre de séance de bateau augmente (+10%) mais afin de maintenir leur catégorie de poids, les rameurs PL diminuent leur entraînement de musculation (-7%) au profit de séances de footing. III- DISCUSSION : « L’entraînement des rameurs – sa réalité du terrain » L'étude des caractéristiques générales de la population confirme l'importance des facteurs physiques dans la performance en aviron. • La taille apparaît déterminante du niveau de performance. Le poids est lié à la taille mais le

rapport poids/puissance fait l'objet d'une optimisation chez les rameurs de niveau élevé. La taille des rameurs PL est "bridée" par la limite de poids mais il existe une stratégie d'allégement permettant d'optimiser le rapport taille/poids.

• L'âge et l'expérience apparaissent des facteurs essentiels dans l'accession au plus haut niveau. L'étude confirme que l'aviron est un sport à maturation lente (notamment au niveau de la masse musculaire) et qu'il nécessite une expérience longue (10 à 15 ans pour atteindre le Haut Niveau). L'âge de début de pratique est précoce (<16 ans) si l’on considère la longévité de la carrière, mais la pratique de compétition s'avère très sélective. Dés la catégorie junior la poursuite de la pratique apparaît liée au niveau de réussite.

L'étude de l'entraînement des rameurs montre les caractéristiques suivantes : • L'entraînement estival est plus spécifique (jusqu'à 71% de travail en bateau), plus spécialisé

(pointe et couple) et plus important en volume (de 1 à 2 séances). L'entraînement tient compte des catégories de rameur ainsi les TC axent leur travail sur la musculation tandis que les PL réduisent la musculation au profit du footing.

• Le micro-cycle type présente 7 séances hebdomadaires (6 à 7 en hiver et 7 à 8,5 en été), soit entre 12 et 15h30 d'entraînement. La répartition des séances est de 5 séances de bateau (4 en

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hiver et 5 à 6 en été), 2 séances de musculation et selon les rameurs 1 séance de footing (souvent en substitution d'autres séances).

• Il n'a pas été possible de préciser le type des séances. Le travail en bateau représente 67% du travail total, la musculation de type M2 26% et les séances diverses (footing) 7%. Les séances de sport collectif ou les autres formes d'entraînement (gym…) sont quasi inexistantes. Il faut remarquer que le nombre de séance de footing ou de musculation varie énormément selon les rameurs. Certain d'entre eux n'en faisant pas.

Le calage de l'entraînement selon les types d'individu montre les caractéristiques suivantes : • L'entraînement varie essentiellement selon le niveau de pratique. Le nombre de séance de

musculation varie peu avec le niveau de pratique mais le nombre de séance diverse et surtout de séance de bateau augmente sensiblement (de 4 à 7,5 séances hebdomadaires). La part de l'entraînement spécifique en bateau est constante à tous les niveaux (68 à 70%) mais la pratique de la musculation apparaît d'autant plus importante que le niveau est faible ce qui est un paradoxe, d'autant que celle-ci est hautement spécifique du geste du rameur.

• La catégorie de poids n'influe pas vraiment sur la charge d'entraînement mais modifie la stratégie d'optimisation du rapport poids puissance. Les TC s'entraînent davantage en musculation de manière à augmenter au maximum leur masse musculaire tandis que les PL, limités dans leur poids en fonction de leur taille, diminuent leur masse grasse et limitent leur prise de masse musculaire. Ils effectuent moins de musculation notamment en période estivale et augmentent les séances de footing.

• Le volume d'entraînement augmente avec la maturité (âge et expérience) surtout au travers du nombre de séance de bateau. La fréquence des séances de musculation diminue régulièrement en fonction de l'expérience tandis que le nombre de séance de footing augmente sensiblement surtout chez les plus de 25 ans.

• L'entraînement ne présente pas de variation très significative en fonction de la spécialité.

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Figure 14 : Répartition des pratiques de la pointe et de la couple selon la période

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Hivers Ete Répartition des bateauxau Championnat de

France

Uniquement pointe Plutôt en pointe Mixte Plutôt en couple Uniquement couple

Figure 15 : Paramètres d'entraînement selon la période et la catégorie de poids

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PL hiver PL été TC hiver TC été

bateau musculation divers

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ETUDE DU PROGRAMME FEDERAL D’ENTRAINEMENT L'ensemble des compétiteurs français reçoive le programme fédéral établit par E MUND, directeur des équipes de France (annexe 2, 3 et 4). L’étude de ce programme a été menée sur les 7 dernières saisons de septembre 95 à l'été 2002 de manière à confronter le modèle d’entraînement proposé aux données de terrain exposées précédemment. Les éléments de programmation étudiés sont : la périodisation de l'entraînement, le volume et l'organisation des micro-cycles, les différentes séances et leur spécificité, les modalités de calage de l'entraînement (Fig. 16 à 19). L'étude sera conclue par une discussion au travers de 5 questions à E MUND. I- ELEMENTS DE PROGRAMMATION

1- Séances types L'entraînement est construit à partir d'un catalogue de 12 séances (annexe 3) : 8 séances de travail spécifique en bateau (B1 à B8), 2 séances de musculation (M1 et M2) et 2 séances diverses (footing et sport collectif). Le volume, l'intensité et le contenu des séances ne varient pas. a- Travail spécifique en bateau : Le travail spécifique en bateau représente 61% de l'entraînement annuel. Les séances sont de 2 types : séances aérobies et séances de développement anaérobie. Les séances B1 à B5 sont des séances aérobies de développement de la force-endurance spécifique, caractérisées par un travail continu homogène en série de 1 à 2 répétitions. • La séance B1 est une séance de capacité au seuil aérobie, la séance B2 est une séance de

capacité au-dessus du seuil aérobie. Les séances en capacité aérobie B1 et B2 représentent 74% du travail annuel en bateau (respectivement : 42% et 32%).

• La séance B3 est une séance au seuil anaérobie, la séance B4 est une séance au-dessus du seuil anaérobie et la séance B5 est une séance proche de la VMA (ou une compétition). Les séances de puissance aérobie représentent 14% du travail annuel en bateau.

• Les séances B6 à B8 sont des séances de vitesse anaérobie effectuées sous forme de fractionné court à vitesse homogène avec 8 à 10 séries et des récupérations actives. Elles représentent 12% du travail annuel en bateau.

b- Travail en musculation : Le travail de musculation représente 16% du travail annuel et varie selon la période de 1 à 3 séances hebdomadaires. La masse déplacée annuellement est voisine de 5000t. Le programme fédéral propose deux types de séance : • Un programme de développement de la force (M1) exécuté moins de 5 semaines par an (12

séances) en période de reprise et lors de la première semaine du stage terminal. • Un programme de développement de la force endurance générale (M2) (annexe 4) exécuté de

1 à 2 fois par semaine selon la période. Ces séances durent 1h30 à 2h et comprennent 2 à 3 répétitions d’un circuit de 14 mouvements correspondants à différentes séquences du geste d’aviron (tirades, squat, épaulé,...). L'ensemble est réalisé à des charges de 40 à 60% du maximum en séries de 30 à 70 répétitions, avec une amplitude, une cadence et un rythme correspondant au geste d’aviron. L'objectif du programme est de développer des capacités neuromusculaires de force endurance aérobie, l'effort se situe au-dessus du seuil anaérobie.

c- Séances diverses : Le programme fédéral comprend également un travail d’endurance effectué en footing (ou ponctuellement en vélo, ski de fond...) et un travail sur la coordination, l’esprit d’équipe et la condition physique effectué lors de séances de sports collectifs. Ces séances, qui durent moins d'une heure, représentent un volume annuel de 23%. Selon les périodes leur fréquence varie de 1 à 7 séances hebdomadaires (2 en moyenne).

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2- Micro-cycles types Le micro-cycle de base est hebdomadaire. Au cours de l'année, le nombre de séance et la structure du micro-cycle varient peu. Le volume moyen est de 12 séances hebdomadaires (19h30) d'une durée de 1h à 2h30. La répartition moyenne est de 7,8 séances de bateau, 1,6 séances de musculation et 2,6 séances autres (footing et sports collectifs). Il n'y a pas de journée de repos en dehors des lendemains de compétition et d'un jour tous les 23 jours lors des périodes d'entraînement de base de novembre à avril. Il est possible de distinguer 5 micro-cycles fondamentaux (Fig. 16 à 19) : lundi mardi mercredi jeudi vendredi samedi dimanche Reprise : septembre

M1 B1 M1 B2

B1 M1 B6 Footing

B1 Sport collectif

octobre - décembre

B1 M2

B1 B2 Footing

B1 M2

B1

B2 B1

B1 Sport collectif

janvier - avril B1 M2

B1 B2 Footing

B1 M2

B1 B2 B6

B2 Sport collectif

Eté (base) Footing M2

B1 B2 B1

Footing M2

B2 Footing

B2 B6

B2

Compétition Footing B4

Footing B1

Footing B5

Footing B6

Footing B5

Compétition Compétition

3- Planification annuelle a- Observations générales : En dehors de la période de coupure il n'y a pas de micro-cycle de repos dans l'année. Les jours de repos sont limités au lendemain des régates ou des tests et à une journée toutes les 3 à 4 semaines en période de préparation (7 jours par an). A l'intérieur d'une même période tous les micro-cycles sont identiques, il n'y a pas de variation du volume (nombre de séances et durée) ou de l'intensité. La planification comprend 3 périodes :

b- Période de coupure : A l’issue de l’objectif annuel, une coupure de 3 et 5 semaines permet aux rameurs de récupérer. Cette période ne fait l'objet d'aucun plan d'entraînement. c- Période de préparation : La période de préparation, de septembre à avril (7 à 8 mois), est axée sur un travail de base de "développement de la performance de force-endurance aérobie" et de maintien des qualités anaérobies alactiques et lactiques. Le travail hivernal en bateau se fait en skiff ou en double de pointe (bateaux courts). L'ensemble est axé sur un travail spécifique d'endurance, de force et de technique présentant trois méso-cycles : • La reprise d'entraînement (Fig. 16) dure 4 semaines. Le volume hebdomadaire est de 8,7

séances (environ 14h). Le travail spécifique (Fig. 17 - 18) ne représente que 49% du volume total (40% en B1, 5% en B2 et 4% en vitesse), 30% du travail se fait en musculation avec comme objectif le développement de la force maximale (3 séances par semaine) et 21% du travail se fait par des séances diverses (footing 16% et sports collectifs 5%). La part du travail aérobie est de 71% (66% capacité et 5% puissance), le travail anaérobie (29%) correspond essentiellement à la musculation de force (Fig. 19).

• La période d'entraînement d'octobre à décembre (13 semaines) se caractérise par un volume hebdomadaire de 8,8 séances (15h30) (Fig. 16). En dehors des semaines de test, le travail spécifique ne représente que 54% du volume total (Fig. 17). Le travail en bateau se fait uniquement en capacité aérobie (30% B1, 23% B2), 21% du travail se fait en musculation (2 séances M2 par semaine) et 25% se fait par des séances diverses (footing 20% et sports collectifs 5%) (Fig. 18). La part du travail aérobie est de 99% (77% en capacité, 22% en puissance en musculation), le travail anaérobie est inexistant (Fig. 19). A la fin de cette période des tests généraux sont mis en œuvre pour évaluer l’endurance de base (cross, ergomètre) et la force pure.

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• La période d'entraînement de janvier à avril (13 semaines) est caractérisée par un volume hebdomadaire de 11,5 séances (19h30) (Fig. 16). Le travail spécifique représente 61% du volume total (25% en B1, 24% en B2 et 12% en vitesse), 16% du travail se fait en musculation (2 séances M2 par semaine) et 23% se fait par des séances diverses (footing 17% et sports collectifs 6%) (Fig. 17 - 18). La part du travail aérobie est de 88% (72% en capacité, 16% en puissance en musculation), le travail anaérobie se fait uniquement en bateau (Fig. 19). Au cours de cette période des tests plus spécifiques d’endurance en bateau (4 à 6 km) permettent d'évaluer l'endurance spécifique. La période s'achève par le championnat de France Bateau court qui sert de test spécifique de début de saison.

d- Période de compétition : La période d’avril à août est marquée par un calendrier régulier de régates de sélection ou d’étalonnage sur 2000m permettant aux rameurs de constituer les bateaux longs et de préparer un objectif final pour fin juillet ou courant août. L'objectif est la préparation des performances sur les différentes régates notamment par les compétitions et le maintien des qualités de force-endurance aérobie développées antérieurement. Le principe de base est la baisse des quantités de travail et l'augmentation de l'intensité. Dans cette période, les rameurs effectuent une à deux régates par mois, séparées par des micro-cycles de travail de base visant au maintien des qualités de force-endurance aérobie. Chez les rameurs de haut niveau, la période de compétition s'achève par un stage terminal de 6 semaines permettant la préparation de l'objectif annuel (le programme ne sera pas étudié ici). • Lors des semaines de travail de base le volume hebdomadaire est de 15,4 séances (25h30)

(Fig. 16). Le travail spécifique représente 75% du volume total (Fig. 17), 60% du travail se fait en séance aérobie en bateau (18% B1, 23% B2, 19% puissance), 15% en vitesse, 7% en musculation (1 séance M2 par semaine) et 19% par des séances de footing (Fig. 18). La part du travail aérobie est de 85% (60% en capacité, 25% en puissance en musculation et en bateau), le travail anaérobie se fait uniquement en bateau (Fig. 19).

• Lors des semaines de compétition le volume hebdomadaire est de 9,4 séances (14h30) (Fig. 16). Le travail spécifique représente 75% du volume total (Fig. 17), 60% du travail se fait en bateau en aérobie (7% B1, 53% en puissance) et 15% vitesse, 24% se fait par des séances de footing, il n'y a pas de musculation (Fig. 18). La part du travail aérobie est de 85% (32% en capacité, 53% en puissance), le travail anaérobie se fait uniquement en bateau (Fig. 19).

4- Bases de calage du programme d’entraînement • Les séances de développement anaérobie (force maximale et vitesse en bateau), de footing et

de sport collectif ne varient pas en durée et ne font l'objet d'aucun calage particulier. • Le volume des séances M2 (nombre de répétition, nombre de mouvement, nombre de série,

nombre de séance) ne varie pas. L'intensité fait l'objet d'un double calage d'une part en pourcentage de la force maximale et d'autre part par rapport à la spécificité de la performance en aviron au travers de la spécificité des exercices, du rythme, de la cadence et du nombre de répétition. Des tests spécifiques sur 6' permettent d'évaluer l'état des qualités de force-endurance et des tests maxi. de repérer les pertes de force maximale. L’ensemble permet d'ajuster les charges d'entraînement dans la limite des 40 à 60% de la force maximale.

• Au niveau du travail spécifique le volume global d'entraînement (distances, nombres des répétitions, durées des séances) est constant. En début d’année, un temps pronostique est définit sur la base du temps probable des vainqueurs des championnats mondiaux à venir évalué à partir d'une étude statistique des résultats des championnats mondiaux et J.O. passés. L'intensité de l'ensemble des séances aérobies en bateau (B1 à B5) est calée en pourcentages de la vitesse cible fixé pour le rameur. D'une année sur l'autre c'est l'ensemble des vitesses d'entraînement qui progresse selon le temps pronostique. Les tests et compétitions permettent de contrôler la progression.

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Figure 16 : Volume d'entraînement en nombre de séance hebdomadaire

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2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

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14,00

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Septembre Octobre -Décembre

Janvier - Avril Eté (base) Eté (compétition)

Bateau aérobie Bateau anaérobie Musculation Divers

Figure 17 : Rapport travail spécifique (bateau) - travail non spécifique lors des entraînements

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Septembre Octobre -Décembre

Janvier - Avril Eté (base) Eté(compétition)

Spécifique Non spécifique

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Septembre Octobre -Décembre

Janvier - Avril Eté (base) Eté (compétition)

Figure 18 : Répartition des différentes séances d'entraînement

Bateau 1 Bateau 2 Bateau 3-5 Bateau 6-8 M2 M1 Sport collectif Footing

Figure 19 : Rapport des intensités des entraînements

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Septembre Octobre -Décembre

Janvier - Avril Eté (base) Eté (compétition)

Capacité aérobie Puissance aérobie Anaérobie

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II- LES FONDEMENTS DU PROGRAMME D’ENTRAINEMENT FEDERAL L'entraînement est fondé sur une analyse physiologique de la performance au terme de laquelle 70% de celle-ci est lié aux qualités de force-endurance aérobie, 15% aux capacités anaérobies lactiques et 15% aux capacités anaérobies alactiques. Compte tenu de l'inertie du développement des qualités de force endurance aérobie et de leur volatilité, 70% du travail est spécifique de ces qualités et se fait en bateau. L'entraînement général (30%) assure le développement des qualités plus générales de force, de force endurance ou d'endurance de base et participe à la récupération. Le travail spécifique en bateau intègre à la fois les paramètres énergétiques (cardio-vasculaires, ventilatoires, lactatémie…), les paramètres musculaires (force) et les paramètres neuromusculaires ou techniques (rythme du coup d'aviron) au travers du contrôle de la cadence et de la vitesse. La progression de la charge se fait à chaque augmentation de la vitesse pronostique. L'objectif est d'assurer une très grande stabilité des qualités de force-endurance aérobie et d'en contrer la baisse lors de la période de compétition en limitant les interruptions du processus de développement (baisse de la charge d'entraînement) (principe de continuité). Les qualités anaérobies réagissent plus vite à l'entraînement et sont de moindre importance dans la performance. Elles ne sont travaillées et développées que de façon ponctuelle notamment la semaine avant les compétitions. III- DISCUSSION : « 5 questions à E MUND à propos du plan d’entraînement fédéral » 1- Considérez-vous que le programme fédéral d'entraînement soit transposable à tous les

rameurs de compétition quel que soit leur niveau de pratique ? E. MUND : « Oui, mais pour pouvoir appliquer correctement le programme beaucoup de rameur senior manquent des qualités athlétiques de base. J’ai en effet remarqué que dans le plan de carrière des rameurs français, il manque une phase de préparation préalable à la compétition(*). L’absence ou l’insuffisance de cette étape explique l’incapacité de beaucoup de rameur senior à supporter les charges préconisées dans le programme. La qualité d’exécution du travail se détériore (non-respect des rythmes et des cadences demandées, absence d’accélération du geste, vitesses spécifiques non tenues…) et les charges d’entraînement sont réduites (suppressions de certaines séances, réduction des distances ou des séries…). Le volume est parfois réduit de plus de 50% ! Les séances générales (footing, sports collectifs…) sont supprimées de sorte que les rameurs ne font plus que du travail spécifique en bateau ou en musculation. Le programme proposé est une base minimale de travail pour les rameurs seniors or sur le terrain, il est trop souvent un objectif d’entraînement maximal. J’ai également remarqué que de nombreux clubs manquent de moyen, ce qui explique que certains rameurs s’entraînent exclusivement en bateau. Certains clubs n’ont même pas de barre de musculation ! » 2- Quelle incidence à l'âge et l'expérience sur la programmation de l'entraînement en

aviron, l'entraînement doit-il tenir compte de ces paramètres et si oui comment ?

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E. MUND : « La carrière de haut niveau commence aux environs de 20 ans et peut être maintenue 10 à 15 ans. L’entraînement doit être ciblé sur le développement des différentes capacités spécifiques, toutefois il doit aussi prendre en compte les caractéristiques individuelles du rameur. Le programme proposé n’est qu’une base minimale commune à tous les rameurs. L’adaptation individuelle doit se faire par l’ajout de charges d’entraînement en fonction des particularités du rameur. Ainsi certains rameurs de l’équipe de France ajoutent des séances en bateau ou en musculation selon de leur expérience et leurs besoins de progression. » 3- De quelle façon le principe de progressivité s'applique t’il dans votre programmation E. MUND : « L’aviron est un sport cyclique comme la natation ou le canoë, mais le geste est très lent (un cycle toutes les deux secondes). Physiologiquement 30% de l’effort est anaérobie ce qui implique une très haute charge lactique lors de l’exécution du geste, mais le temps de retour permet une importante élimination des lactates, ce qui explique que plus de 90% de la performance finale pourra être développé par un travail de force-endurance aérobie. L’objectif du programme proposé est d’obtenir une stabilité optimale des capacités de force-endurance aérobie très précocement dans la saison. Dans la période estivale, le travail d’amélioration de la performance ne concerne plus que 5 à 10% du résultat final. Ce travail de base est aussi un moyen d’améliorer la résistance aux séries et aux éliminatoires. Il faut remarquer que sur les épreuves internationales les rameurs français arrivent frais en finale, ce qui leur permet d’y exprimer toutes leurs qualités. » 4- L'entraînement proposé ne présente que très peu de journées de repos. De quelle façon

envisagez-vous la récupération dans la programmation de l'entraînement en aviron ? E. MUND : « La quantité d’entraînement proposé dans le programme est très modeste, il n’est donc pas nécessaire de prévoir de journées de repos. De toute façon, j’ai remarqué que sur le terrain le programme n’est effectué qu’à 50% ! Dans l’idéal, il y a une demi-journée de repos toutes les 2,5 journées d’entraînement. D’autre part il existe des transferts entre les séances permettant des mécanismes de récupération active d’une séance sur l’autre, ainsi les séances B1 et B2 ou les footings. » 5- Il y a peu de variation de l'entraînement au cours de l'année. A la différence d'autres

disciplines sportives, votre programme ne propose pas de distinguer des périodes de préparation générale et des périodes de préparation spécifique. Quelle est l'importance du rapport entre l'entraînement spécifique et l'entraînement général dans la réussite des rameurs ?

E. MUND : « En fonction de l’âge biologique du rameur on devrait passer de 70 à 80% de travail généralisé et 20% de travail spécifique en bateau chez les cadets à 70% de travail spécifique et 30% de travail généralisé chez les seniors de haut niveau en fin de carrière (*). Dans la réalité, le travail généralisé est négligé, chez les rameurs seniors en raison de la réduction du plan d’entraînement (voir 1), et chez les jeunes en raison d’une mauvaise gestion de leur carrière au niveau des clubs. L’entraînement généralisé doit se faire avant d’aborder la compétition. En France, les jeunes abordent tout de suite la compétition et l’entraînement spécifique. Il manque un travail U.F.C.1 - Diplôme supérieur de l’I.N.S.E.P – I.N.S.E.P – année 2001 2002 -

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très important sur la maîtrise corporelle, la coordination et le développement des qualités générales. Certains seniors qui arrivent en équipe de France ne sont pas coordonnés et ne savent pas maîtriser une balle en sport collectif ! Ces qualités de coordination, de contrôle gestuel et de maîtrise corporelle doivent être acquises avant 15 ans. Il y a également un déficit de force de base qui se traduit par une baisse de l’aptitude à accélérer le geste et une perte de puissance dans la force développée par le rameur lors de la phase active du mouvement. Le développement des qualités de force maximale, essentielles à la performance en aviron, doit être assuré avant 18 ans. La spécialisation excessive de l’entraînement des jeunes est un facteur limitant non seulement de la performance mais également de l’aptitude des rameurs seniors à effectuer correctement le programme d’entraînement. L’aviron est un sport à maturité tardive. On peut débuter l’aviron après 14 ans, voir même après 16-17 ans, et atteindre le plus haut niveau. La pratique d’autres activités est un facteur à encourager, les anciens nageurs, par exemple, font souvent d’excellent rameurs seniors. La volonté de certains entraîneurs ou de certains clubs de vouloir obtenir des résultats en minime (<14 ans) ou en cadet (14 – 15 ans), les pousse à négliger le travail de développement des qualités athlétiques au profit d’un travail spécifique en bateau. Cette situation est très grave car sans un important travail de préparation physique de base entre 13 et 14 ans (*), il est impossible d’acquérir les fondamentaux physiques et techniques nécessaires à la poursuite de l’entraînement au plus haut niveau, ce qui hypothèque les chances de longévité en senior. » (*) E MUND propose un plan de carrière présenté en annexe 5

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ETUDE COMPAREE DE L’ENTRAINEMENT DANS 4 AUTRES DISCIPLINES (cyclisme sur piste, escrime, natation, décathlon)

En préambule à la discussion finale sur l’entraînement des rameurs, il apparaît intéressant de reprendre les programmations d’entraînement présentées lors du stage de l’U.F.C.1 du diplôme de l’I.N.S.E.P en : cyclisme sur piste (programme de G Quintyn Entraîneur National), escrime (programme de M Sicart Entraîneur National), natation (programme fédéral) et décathlon (programme de N Krantz), afin de dégager des modèles de programmation communs confrontables au modèle d’entraînement proposé par E MUND pour l’aviron. La réflexion portera sur 4 paramètres d’entraînement : la planification annuelle, la structure des micro-cycles fondamentaux, les types de séance et les principes de calage des entraînements. Remarque : le décathlon présente un caractère particulier en raison de l'existence de deux saisons annuelles et de la multiplicité des épreuves. I- PRINCIPES DE PLANIFICATION ANNUELLE Tous les programmes proposés présentent le même découpage de la saison en 3 périodes : une période de transition, une période hivernale et une période de compétition. 1- Période de transition En escrime et en natation la période de transition dure 4 à 6 semaines. Elle est consacrée au repos et ne fait l’objet d’aucun programme d’entraînement. En cyclisme elle dure 2 mois divisés en deux phases : une première phase de repos complet (1 semaine) et une seconde phase de repos relatif caractérisée par un programme allégé d'entraînement foncier (6 à 7 semaines). En décathlon elle dure 3 semaines et demi, placées entre les périodes de préparation et de compétition. 2- Période de préparation • Dans toutes les disciplines on retrouve une période de préparation hivernale d'environ 6 mois

(4 mois en décathlon) consacrée au développement des qualités de base. Cette période est divisée en deux phases : une première phase d’entraînement axée sur les qualités athlétiques générales (force, endurance), une seconde phase ciblée sur les déterminants de la performance (force et vitesse en cyclisme, endurance spécifique et technico-tactique en escrime, endurance de force spécifique en natation). En décathlon cette dernière correspond à la première phase de la période de compétition (pré-compétition).

• Dans les quatre disciplines, au cours des phases d’entraînement, la progression de la charge suit un modèle pyramidal. Le volume et/ou l’intensité augmentent progressivement d'un micro-cycle sur l'autre jusqu’à atteindre une valeur maximale avant de décroître sur les derniers micro-cycles (micro-cycle de récupération). En escrime le modèle est strictement pyramidal. En natation la progression de la charge présente une phase de progression puis une phase de stabilisation.

• L’alternance des micro-cycles de travail et de récupération suit une rythmicité d'une semaine toutes les 7 semaines en cyclisme et, selon l’intensité des micro-cycles, d'une semaine toutes les 4 à 6 semaines dans les autres disciplines.

3- Période de compétition U.F.C.1 - Diplôme supérieur de l’I.N.S.E.P – I.N.S.E.P – année 2001 2002 -

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La période de compétition dure environ 4 mois (5 semaines et demi en décathlon). Elle est consacrée à la préparation des compétitions. Elle se caractérise par une succession d'alternances de 3 phases : une phase de préparation des compétitions (pré-compétition), une phase de compétition (micro-cycle de compétition) et une phase de récupération d'après épreuve. La durée des phases est très variable. Leur contenu est hautement spécifique. Les phases de pré-compétition correspondent généralement à des stages de préparation terminale. II- MICRO-CYCLES FONDAMENTAUX • Dans les 4 disciplines le micro-cycle de base est hebdomadaire. • Le nombre de séance par micro-cycle est très variable selon les disciplines : 7 en escrime (11

à 13h), 9 à 12 en décathlon, 11 en natation et en cyclisme (20 à 25h). A l’exception du décathlon, en dehors des micro-cycles particuliers (repos, stages, compétitions…), il y a peu de variations du nombre de séance en cours d’année.

• Les micro-cycles présentent toujours au moins 1 à 2 jours consécutifs de repos complet (1 jour en cyclisme, 1 jour et demi en natation et 2 jours en escrime et en décathlon).

• L'orientation du micro-cycle et la nature des séances sont spécifiques de la phase de travail. Le volume des séances ou des séries et l'intensité des charges de travail varient d'un micro-cycle sur l'autre en fonction du schéma de progression de la charge de travail (voir I)

III- SEANCES TYPES Le catalogue des séances types est très spécifique de chaque discipline, toutefois on retrouve quelques principes communs : • Aucun des programmes ne propose de façon régulière et continue sur l’année, de séances

diverses s'appuyant sur d'autres disciplines (footing, sports collectifs…). • Les séances spécifiques représentent l'essentiel de l'entraînement. En escrime et en décathlon

elles sont axées sur la technique et la tactique, en cyclisme sur les qualités anaérobies et en natation sur les zones de travail physiologique.

• Les 4 programmes présentent des séances de développement des qualités musculaires (1 à 3 par semaine). Celles-ci poursuivent deux objectifs : le développement de la force maximale et le développement de la force spécifique.

• Tous les programmes présentent des séances de développement des qualités aérobies poursuivant deux objectifs : l'endurance de base ("fond") et la puissance aérobie. Ce travail est effectué dans la spécialité. En natation il est confondu avec les séances spécifiques.

IV- PRINCIPES DE CALAGE DES CHARGES • Les programmes d’entraînement sont calés sur une analyse de la performance au travers de

modèles fondés sur les facteurs physiologiques. Les éléments déterminants dégagés par cette analyse sont : la force explosive et la puissance anaérobie (alactique et lactique) en cyclisme, la force-endurance aérobie et les capacités anaérobies spécifiques en natation, l’endurance aérobie et la technique en escrime, la force et la technique en décathlon.

• L’entraînement est organisé en cycles de travail (micro-cycles hebdomadaires, phases de

travail de 4 à 6 semaines, périodes d’entraînement de 3 à 5 mois) au cours desquels la progression de la charge suit une dynamique ondulatoire. L'orientation, le volume et l'intensité des cycles sont spécifiques de l'objectif de travail.

• La planification suit les modèles théoriques de Platonov, Matvieiv et Vercoshanski.

L’optimisation du niveau des aptitudes générales constitue une base de travail préalable à l’amélioration des capacités spécifiques déterminantes de la performance. Ainsi les

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premières phases d'entraînement annuel donnent les bases de développement des capacités générales nécessaires à la poursuite d'un processus d'entraînement de plus en plus spécifique. Ce modèle d'entraînement est calé sur un modèle de performance au terme duquel les qualités physiques générales servent de sous bassement à l'émergence des qualités spécifiques déterminantes.

• Afin de respecter le principe de surcompensation, fondement du mécanisme d’adaptation de

l'organisme, l’entraînement est organisé autour de l’alternance de phases de travail et de récupération. Selon le modèle développé en natation et expérimenté par N Krantz, il existerait une limite de sollicitation efficace des réserves adaptatives de l’organisme qui se retrouverait à tous les niveaux de l'entraînement (micro-cycles, phases de travail et périodes). Lorsque l’entraînement a épuisé cette « réserve adaptative », il est nécessaire d'assurer sa régénération par une récupération (jours de repos hebdomadaires, micro-cycles de récupération de fin de phase de travail ou de période).

• L’entraînement respecte le principe de progressivité. Entre les micro-cycles, il y a une

progression ondulatoire de la charge en intensité et/ou en volume à mesure de la progression des capacités. De même, d'une saison sur l'autre la planification est reproduite à des niveaux de charge (volume et intensité) croissants.

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DISCUSSION ET SYNTHESE : « L’entraînement des rameurs logique et réalité »

Le programme d’entraînement fédéral proposé par E MUND est fondé sur deux principes : la spécificité de l’orientation des séances de travail et la continuité de l'entraînement. • L'orientation de l’ensemble des entraînements proposés est hautement spécifique des

caractéristiques de l’épreuve d’aviron et surtout de l’objectif annuel ciblé. L’indexation de toutes les séances de bateau, quel que soit leur objectif et leur intensité, sur la vitesse pronostique en est la conséquence. De même, les séances de musculation « M2 » dont les paramètres physiologiques, biomécaniques, musculaires sont calqués sur l’épreuve d’aviron (même niveau de sollicitation physiologique, même niveau de force développée, même cadence, même rythme, mêmes angles de travail musculaire…), illustrent la très haute spécificité de l’orientation des séances d’entraînement des rameurs seniors.

Pourtant les séances de travail spécifique ne représentent que 74% de l’entraînement annuel (61% de bateau et 13% de musculation « M2 »). Le principe de spécificité s’applique moins à l’entraînement qu’à l’orientation des séances. La part des séances spécifiques qui varie peu en cours d’année, est relativement faible par rapport aux autres disciplines. Par contre, l'ensemble des séances spécifiques (bateau, musculation) est orienté sur un seul objectif de travail (force-endurance aérobie) et un seul niveau de progression (le temps pronostique). E MUND dans la discussion, insiste longuement sur l’importance du travail non-spécifique (séances diverses) qui est présent toute l'année et représente 26% du volume annuel d'entraînement et déplore le manque de rigueur des rameurs qui les amène à dénaturer l’orientation des séances spécifiques. Les données de terrain confirment que le modèle idéal est loin d’être respecté. L'adaptation de l’entraînement aux rameurs revient très souvent à supprimer les séances diverses et à augmenter le travail spécifique. Chez certains ce dernier atteint 93% du volume annuel d’entraînement (67% de bateau et 26% de musculation « M2 »). Il est très alarmant de constater que ce décalage est d’autant plus important que les rameurs évoluent à des niveaux inférieurs, sont plus jeunes ou moins expérimentés. Le non-respect des objectifs des séances et les modifications de l'organisation de l'entraînement en fonction des capacités des rameurs affectent l'orientation des phases de travail. L’orientation des séances n’est plus spécifique des qualités à développer, les volumes insuffisants et l'équilibre travail général - travail spécifique non respecté. Pour E MUND ces modifications nuisent à l'efficacité du programme car elle en dénature la qualité. S’il reconnaît la nécessité d’adapter l'entraînement aux spécificités des rameurs, il précise que cette adaptation ne doit pas affecter le programme de base proposé. • Le second principe de base du programme fédéral est la continuité de l’entraînement.

L’objectif clairement indiqué par E MUND est d’obtenir une stabilisation précoce des qualités de force-endurance aérobie qui représentent plus de 90% du résultat final. La conséquence de cette logique très forte est l’extrême homogénéité et régularité de l’entraînement annuel. A tous les niveaux de l'entraînement, le principe de continuité s'exprime dans la stabilité des charges et l'invariabilité de l’objectif de travail. La part du travail spécifique dans les micro-cycles hivernaux et estivaux est toujours voisine de 75%. L'objectif de stabilisation des qualités de force-endurance aérobie au niveau de la vitesse pronostique est constant sur toute la saison. Le volume de travail ne change pas à l’intérieur d’une période et évolue très peu d’une période à l’autre. L’intensité des micro-cycles ne change pas à l’intérieur d’une même période. Celle des séances évolue seulement d’une année sur l’autre par l’augmentation de la vitesse d’exécution des séances en bateau et dans une moindre mesure des charges des exercices spécifiques en musculation.

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D’autre part, il n’existe aucune phase de repos au cours des périodes et les jours de repos sont limités au lendemain des compétitions. E MUND ne reconnaît pas la nécessité de phases de récupération dans le processus d’entraînement en dehors de l’organisation spécifique des micro-cycles (une demi-journée de repos toutes les 2 et ½ journées de travail).

Les données du terrain montrent que la stabilité annuelle des volumes et des objectifs d’entraînement est respectée mais les rameurs réduisent les charges de travail et ajoutent des journées de repos dans les micro-cycles et des phases de récupération dans les périodes. Le programme d’entraînement d’E MUND se différentie nettement du modèle proposé par les autres entraîneurs. Le principe de continuité va à l’encontre des principes fondamentaux développés dans les autres disciplines : principe d’acquisition progressive des capacités spécifiques (les objectifs de l'entraînement sont de plus en plus spécifiques à mesure de l'avancée de la saison), principe de progressivité des charges (la charge doit progresser à mesure de la progression des capacités des sportifs) et principe d’alternance travail – repos (la récupération est nécessaire à la surcompensation fondement des mécanismes d'adaptation de l’organisme). Le modèle d’E MUND suit une logique de plateau annuel. Le niveau de performance progresse et se stabilise lors de la période hivernale, il se maintient lors de la période estivale. A l’inverse le modèle proposé dans les autres disciplines et notamment en natation, suit une logique de « pics de performance ». La performance est atteinte par la sommation des surcompensations des différentes capacités spécifiques. En aviron le rameur stabilise plus de 90% de son résultat final par la régularité d’un travail hivernal axé exclusivement sur la force-endurance aérobie. En natation, le nageur joue sur l'optimisation d'un ensemble de qualité et leur sommation idéale pour atteindre des pics de performance lors des compétitions estivales. Pour E MUND l’invariabilité de l’entraînement est un gage de qualité et de stabilité de la performance finale. Dans les autres modèles, celle-ci est conçue comme une somme d’aptitudes indépendantes, plus ou moins cohérentes dont le développement séparé, judicieusement planifié, aboutit à un résultat optimal. Les deux modèles reposent sur des logiques sportives différentes : Le modèle français est axé sur une carrière sportive par cycles (minime, cadet, junior, senior espoir, élite) avec des étapes de sélection sur résultat. Il faut « être détecté en minime » pour entrer dans l’équipe en cadet, « faire ses preuves» pour être suivi dans les filières de haut niveau en junior et « se sélectionner aux championnats» pour accéder au collectif national. Dans le modèle d’E MUND la carrière est longue et tardive et se construit progressivement à partir d’évaluations des aptitudes initiales. Chez les jeunes, les clubs sont des écoles des sports pluridisciplinaires dont l’objectif est le développement harmonieux des qualités athlétiques. La pratique cadet – junior vise autant le développement des aptitudes générales que celui des capacités techniques et des fondamentaux de l’aviron. Elle doit s’appuyer sur des entraîneurs experts, capables de transmettre un maximum de maîtrise spécifique en un volume minimum de travail. L’entraînement senior est planifié sur une dynamique de progression longue (plus de 10 ans). La régularité et la rigueur élevée qui sont imposées aux rameurs impliquent des moyens spécifiques et une disponibilité totale. Sur le terrain les rameurs de club s’efforcent de suivre la logique du programme d’E MUND, tout en palliant leurs lacunes et leurs limites individuelles (ajout de jours de repos, réduction des volumes, suppression de séance pour répondre au manque de disponibilité ou de condition, augmentation des volumes de travail estivaux en réponse aux limites hivernales dues au froids, aux crues ou à la nuit…). Au final, le travail n’est ni fidèle au modèle de MUND, ni conforme au modèle français classique, mais force est de constater qu’il est efficace si l’on en juge par la jeunesse de l’équipe de France médaillée aux championnats du monde 2001. U.F.C.1 - Diplôme supérieur de l’I.N.S.E.P – I.N.S.E.P – année 2001 2002 -

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Pour comprendre il faut voir autre chose…

« Je suis en début d’entraînements et à l’issue de la fatigue.

A la base d’efforts, je ne participe pas à l’adaptation

et pourtant j’interviens doublement dans la récupération,

qui suis-je ? »

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BIBLIOGRAPHIE

Références bibliographiques extraites de : « Lombalgie du rameur » (Mémoire de D.U. – faculté de médecine de Bobigny -

Franck BOUCHETAL PELLEGRI – Décembre 2001

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U.F.C.1 - Diplôme supérieur de l’I.N.S.E.P – I.N.S.E.P – année 2001 2002 -

Franck BOUCHETAL PELLEGRI – Professeur de Sport – page 33

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30- Bouchetal Pellegri F -"Lombalgie du rameur" Mémoire de DU sport et santé 2001 – Faculté de médecine de Bobigny

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