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DIRECTION GÉNÉRALE POLITIQUES INTERNES DE L'UNION

DÉPARTEMENT THÉMATIQUE B: POLITIQUES STRUCTURELLES

ET DE COHÉSION

AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL

La PAC face à la crise économique et financière

NOTE

IP/B/AGRI/NT/2009-02 04/03/2009

PE 408.971 FR

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Cette note a été demandée par la Direction des politiques structurelles et de la cohésion (Direction Générale des Politiques Internes - Parlement européen). AUTEUR M. Albert MASSOT MARTI Département thématique B: Politiques structurelles et de Cohésion Parlement européen B-1047 Bruxelles E-mail: [email protected] VERSIONS LINGUISTIQUES Original: FR. Traductions: BG, CS, DA, DE, EL, EN, ES, ET, FI, HU, IT, LT, LV, MT, NL, PL, PT, RO, SK, SL, SV. Manuscrit achevé en Mars 2009. Bruxelles, © Parlement européen, 2009. Cette note est disponible sur Internet: http://www.europarl.europa.eu/activities/expert/eStudies.do?language=FR Les opinions exprimées sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle du Parlement européen. Reproduction et traduction autorisées, sauf à des fins commerciales, moyennant mention de la source, information préalable de l'éditeur et transmission d'un exemplaire à celui-ci.

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La PAC face à la crise économique et financière ____________________________________________________________________________________________

PE 408.971 3

Introduction

L'éclat de la bulle immobilière américaine entre 2007 et 2008 marque le début d'une crise financière très profonde et répandue au niveau global, qui a débouché sur une récession de l'économie mondiale. À l'heure actuelle, on peut déjà confirmer que la détérioration du cadre macro-économique international connaît une ampleur et une durée inédites depuis 1929.

Sur cette base, la crise économique et financière actuelle bouleverse plusieurs paramètres de la Politique Agricole Commune (PAC):

- D'abord, il faut tenir compte de l'impact de la récession sur l'évolution des marchés des matières premières agricoles et notamment sur la demande mondiale de denrées alimentaires. Dans ce contexte, on peut déjà constater que la crise a mis fin à la bulle des matières premières enregistrée pendant la période 2006/2008 et actuellement les cours internationaux des produits agricoles et alimentaires sont déjà retombés aux niveaux d'avant 2006.

- La crise a également des effets sur les filières ainsi que sur l'évolution des revenus et des coûts de production agricoles, qui revalorisent le rôle stabilisateur des aides de la PAC.

- En dernier lieu, il existe un impact (asymétrique mais global) sur les finances publiques, soit sur le budget communautaire (au niveau des ressources propres et des dépenses), soit sur les budgets nationaux; cet impact peut même obliger à revoir les perspectives financières pluriannuelles en vigueur (2007/2013) et conditionner lourdement la négociation du prochain cadre financier de l'Union. Étant donné le poids de la PAC sur le budget communautaire, on peut s'attendre à des effets importants sur le niveau de dépenses alloué à l'agriculture à l'avenir; de plus, l'augmentation de l'endettement public et les engagements de dépenses déjà pris au niveau national pour faire face à la crise économique et bancaire affaiblissent la capacité de cofinancement des États.

Le point de départ: la flambée des prix des denrées alimentaires en 2006/2008

Pendant trente ans, les prix des aliments en Europe et dans le monde ont baissé en termes réels. Depuis 2006 jusqu'à mi-2008, les prix d'un large éventail de produits agricoles ont connu une flambée qui a renversé cette tendance (TABLEAU 2). Cette envolée des cours mondiaux a touché plusieurs produits de base à la fois: les huiles végétales, les céréales (le riz inclus), les produits laitiers et certaines viandes. Pour les consommateurs européens, les effets de la montée des prix ont été aggravés par les hausses simultanées des prix de l'énergie.

De nombreux facteurs ont contribué à ce phénomène, quelquefois structurels, d'autres conjoncturels, dans certains cas liés à l'offre et dans d'autres cas liés plutôt à la demande. Mais il est difficile d'en déterminer la part exacte en termes quantitatifs, étant donné que le degré de contribution de chaque facteur à la hausse des prix varie en fonction du produit et de la région.

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TABLEAU 1

Évolution des matières premières (agricoles et non agricoles) à prix courants

Source: Haniotis, T. (EC Commission, DG Agriculture and Rural Development), janvier 2009.

TABLEAU 2: Évolution des matières premières alimentaires 2008/2009

(A prix constants 2000/2004 = 100)

Source: FAO (Food Price Indices). Février 2009 (http://www.fao.org/worldfoodsituation/FoodPricesIndex/en/)

In current prices

0100200300400500600700800

Jan-

00

May

-00

Sep-

00Ja

n-01

May

-01

Sep-

01

Jan-

02

May

-02

Sep-

02

Jan-

03

May

-03

Sep-

03

Jan-

04

May

-04

Sep-

04

Jan-

05M

ay-0

5

Sep-

05

Jan-

06M

ay-0

6

Sep-

06

Jan-

07M

ay-0

7

Sep-

07Ja

n-08

May

-08

Sep-

08

Source: World Bank, January 2009

Agriculture Food Energy Fertilizers Metals/Minerals

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Parmi les facteurs plus importants qui expliquent cette évolution il faut mentionner :

- Le renforcement des interactions entre différents marchés de produits agricoles (à savoir céréales, oléagineux et produits d'élevage) en raison de la croissance démographique, les taux élevés de croissance économique, le processus d'urbanisation et le changement des habitudes alimentaires enregistrés dans de nombreux pays émergents (tels que la Chine, le Brésil ou l'Inde). Tous ces facteurs confondus ont provoqué une augmentation constante de la demande des produits de première nécessité et d'aliments à plus forte valeur ajoutée (tels que les produits carnés et laitiers qui, à la fois, contribuent à stimuler la demande de céréales fourragères).

- Le renforcement des interactions entre les marchés des produits agricoles et d'autres comme ceux des combustibles fossiles, des biocarburants et des instruments financiers, qui influent non seulement sur les coûts de production des denrées agricoles mais aussi sur la demande de ces produits. En fait, l'accroissement des prix de l'énergie a des répercussions plus importantes sur les prix finaux des denrées alimentaires que les hausses des prix des produits agricoles. Il affecte également les prix des aliments de façon plus directe, en renchérissant les intrants, tels que les engrais, les pesticides et le diesel, ainsi qu'en augmentant les coûts de transformation et de transport (food miles). Dans ce contexte de prix énergétiques élevés, l'apparition des agrocarburants comme nouveaux débouchés commerciaux pour les produits agricoles, a influé aussi sur la demande alimentaire. Enfin, l'évolution des marchés financiers a également joué un rôle important. La dépréciation du dollar américain par rapport à de nombreuses monnaies ainsi que l'abondance de liquidités et la spéculation sur les marchés financiers liés aux matières premières ont contribué à la hausse des prix des produits agricoles.

- Le ralentissement de l'augmentation des rendements des céréales alimentaires et la réduction progressive des stocks mondiaux depuis le milieu des années 90 sont d'autres facteurs liés à l'offre qui ont fortement influé sur les marchés mondiaux. Situation aggravée par les aléas climatiques de 2005 et 2006 qui ont entraîné des récoltes exceptionnellement mauvaises dans plusieurs pays producteurs et exportateurs de premier rang (l'Australie, l'Amérique du Nord, l'Ukraine, l'Union européenne). Suite aux changements dans les politiques agricoles mis en œuvre depuis les Accords du Cycle de l'Uruguay de l'OMC, les stocks mondiaux atteignaient à cette époque le niveau le plus bas depuis 25 ans. Dans ce contexte, la forte hausse des prix enregistrée n'a pas pu être amortie par des mesures de déstockage.

- Finalement, il faut mentionner les politiques d'exportation restrictives appliquées par certains pays exportateurs face à la hausse des prix afin d'éviter des pénuries sur leur marché intérieur. L'Inde a pris des mesures visant à interdire les exportations, le Vietnam, la Thaïlande et la Chine ont limité les exportations de riz, le Kazakhstan a interdit l'exportation du blé, l'Argentine a imposé des taxes sur l'ensemble des exportations agricoles et, enfin, l'Indonésie a instauré aussi des taxes sur les exportations d'huile de palme. Ces pratiques commerciales ont eu pour effet d'exacerber la volatilité des cours mondiaux. Même si la part de la production mondiale qui accède aux marchés agricoles mondiaux reste relativement modeste (16% de la production de blé, 8% pour les produits laitiers, 7% pour le riz), elle provient d'un nombre de plus en plus restreint de pays exportateurs qui, avec leurs récoltes et/ou leurs décisions commerciales, conditionnent lourdement les cours mondiaux.

Sur ces bases, plusieurs études ont conclu que les facteurs liés à l'offre ont eu un plus grand impact sur les prix que la croissance de la demande. De plus, l'écart des prix observé par rapport à des périodes antérieures a pu faire croire à certains analystes que le recul à

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long terme des prix réels touchait désormais à sa fin, ce qui aurait signifié un changement structurel des marchés des produits agricoles. Mais la récession qui a éclaté en 2008 nous a montré que ces appréciations constituaient une erreur majeure.

L'impact de la récession sur les marchés agricoles

La tendance à la hausse des prix de produits agricoles enregistrée depuis 2006 s'est inversée à partir de mi-2008. Les prix des huiles végétales, des oléagineux et des céréales ont commencé à enregistrer une baisse constante à partir de juin 2008 (TABLEAU 2). La même évolution a été observée depuis juillet pour les produits laitiers ou, dans une moindre mesure, pour le sucre, depuis août (TABLEAU 2). De leur côté, les viandes ont subi une évolution moins volatile, en raison de leur dépendance mineure à l'égard des marchés mondiaux.

Il ressort de toutes les analyses que plusieurs facteurs mis en rapport avec les hausses des prix des aliments ont été progressivement désamorcés dans les derniers mois. Il s'agit notamment des facteurs conjoncturels tels que les déficits de l'offre liés aux conditions climatiques. Dès lors, le retour à des niveaux de récolte normaux dans plusieurs pays producteurs a apaisé les tensions sur les marchés agricoles. D'autre part, l'extension des surfaces de production comme réaction des agriculteurs à la montée des prix a aussi contribué à satisfaire la demande de céréales et d'oléagineux. Finalement, l'assouplissement des restrictions aux échanges imposées par quelques pays exportateurs a également eu des effets dégressifs sur les prix agricoles.

D'ailleurs, la crise financière a éliminé les afflux de liquidités existants sur les marchés de produits dérivés adossés aux marchés agricoles. La spéculation sur les marchés à terme qui a été, nous l'avons déjà cité, un des facteurs de la flambée des prix agricoles, a donc disparu. De plus, des projets législatifs en vue de renforcer la régulation des marchés à terme sont en train d'être préparés par les Congrès américain. La Commodity Futures Trading Commission (CFTC), jusqu'à présent première responsable du contrôle des marchés de matières premières de Chicago, risque de perdre son monopole régulateur en faveur de la SEC.

Mais la disparition de quelques facteurs temporaires ne suffit pas à expliquer le changement de tendance dans les cours internationaux des matières premières en général et des produits agricoles en particulier (TABLEAUX 1 et 2). Si des facteurs conjoncturels ont bien déclenché, voire accéléré, les changements de tendance de 2006/2008, des facteurs structurels en restent les principaux responsables. Dans ce contexte, le ralentissement de l'économie mondiale devient un facteur explicatif majeur du retour des déséquilibres entre l'offre et la demande des matières premières au niveau global et de la chute soudaine des prix enregistrée depuis mi-2008.

En effet, la récession qui a suivi la crise financière affecte la croissance du PIB au niveau mondial. Elle est donc à la base de la retombée brutale des prix de l'énergie enregistrée depuis mai 2008 (TABLEAU 1). Bien que la diminution des prix du pétrole entraîne une réduction des coûts de production agricole (p.ex. les engrais - TABLEAU 1), de transformation et de transport, elle met aussi en question les mesures de substitution des combustibles fossiles par les agrocarburants et, en conséquence, ralentit la demande additionnelle des produits agricoles à usage énergétique.

Parallèlement à la baisse des prix énergétiques, la récession a provoqué la stagnation de la consommation alimentaire mondiale et des échanges agricoles internationaux. Deux

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facteurs qui ont induit le retour de l'instabilité des marchés agricoles (offre/demande) et qui expliquent également que les prix des aliments sont redescendus à leur niveau d'avant 2006 (TABLEAUX 1 et 2). D'ailleurs, l'impact de la crise sur les prix a été sans doute accentué par la relative inélasticité de l'offre et de la demande de produits agricoles à court terme: la production agricole a un caractère saisonnier, ce qui implique toujours un décalage entre les signaux du marché et la réponse des producteurs.

Il faut signaler que, malgré la récession qui touche l'ensemble des pays du G-20 (représentant 90% du PIB mondial), l'impact final sur la demande alimentaire globale dépendra de la contribution de chaque pays à la production et au commerce agricoles. A l'heure actuelle, il paraît évident que la consommation de la Chine et l'Inde ainsi que leur poids sur les échanges internationaux seront affectés à court terme. Mais il reste des doutes sur le long terme, en fonction particulièrement du comportement de la demande interne suite aux mesures de stimulation prises par leurs gouvernements. N'oublions pas la croissance démographique de ces deux pays, ainsi que leur position importatrice nette de produits agricoles au niveau mondial.

À ce stade, quelques conclusions peuvent être soulevées. En premier lieu la récession a confirmé la volatilité systémique des prix agricoles. La probable réduction des tarifs douaniers, prévue pour le Cycle de Doha, la renforcera à l'avenir. Par ailleurs les analyses sur le changement climatique suggèrent que les conditions climatiques inhabituelles vont probablement s'accentuer, ce qui pourrait rendre la production, très concentrée dans quelques régions de la planète, encore plus volatile en raison de déficits de production récurrents. De plus, la récession a confirmé l'interdépendance accrue des prix des produits agricoles de base (plus particulièrement du maïs) et des prix énergétiques. Même s'il est aujourd'hui impossible de prévoir la durée de la crise actuelle, il faut s'attendre à ce que les prix agricoles évoluent à la hausse, parallèlement au prix du pétrole. Cependant, il est très peu probable qu'ils atteignent à nouveau les niveaux record de la période 2006/2008.

La PAC face à l'instabilité des marchés agricoles et à la volatilité des prix

L'instabilité systémique des marchés des produits agricoles a toujours été au cœur des politiques agricoles. Un large consensus dans les analyses se dégage sur la persistance des fluctuations des prix à l'avenir, tenant:

- à l'ouverture et à la mondialisation des marchés,

- au changement climatique qui va accroître la fréquence et l'amplitude des aléas naturels,

- à la recrudescence des crises sanitaires et à ses répercussions sur les marchés.

Face à la volatilité des prix agricoles qui en découle, la PAC s'est toujours caractérisée par ses mécanismes poussés de régulation et d'encadrement des marchés. Le noyau dur de ce système a été l'intervention publique qui consiste à garantir aux agriculteurs un prix plancher d'achat de leur production par les pouvoirs publics en cas de crise.

La dernière réforme de la PAC, ledit "Bilan de Santé" ("Health Check") (1), a modifié le Règlement (CE) 1234/2007 (OCM unique) en assouplissant les régimes de régulation et de contrôle de l'offre en vigueur. L'intervention est, par exemple, limitée quantitativement pour le beurre (30 000 tonnes), la poudre de lait écrémé (109 000 t.) et le blé (3 millions de t.); elle est désormais supprimée pour la viande de porc, l'orge et le sorgho. Par ailleurs,

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et dans un contexte caractérisé par le développement des agrocarburants, la jachère obligatoire est éliminée. Il est également prévu de supprimer les quotas laitiers à l'horizon de 2014/2015. Pour y parvenir de manière progressive, le quota laitier européen sera augmenté de 1% par an à compter de 2009. En fin de compte, de nouveaux outils sont mis en place à titre facultatif pour la gestion des risques, notamment les assurances récolte et les fonds de mutualisation sanitaire (avec un taux de cofinancement porté à 75%).

Même si l'intervention publique reste désormais comme un filet de sécurité pour les principales productions communautaires, on peut se demander si les décisions du Conseil répondent aux besoins actuels des marchés. Malheureusement, l'UE a perdu sa capacité de garder des stocks stratégiques de commodités qui pourraient jouer un rôle amortisseur à la baisse vis-à-vis de la variation des cours intra européens. De plus, du fait des conditions de production et de l'absence de capacités de stockage en Russie et en Ukraine, les céréales produites dans ces pays peuvent venir se substituer massivement aux productions communautaires et accroître les déséquilibres internes.

Par ailleurs, même si certains régimes de stockage privé (huile d'olive, porc...) et de retrait des excédents (fruits et légumes, vin) sont maintenus, la restriction de crédit qui accompagne la crise financière met en doute leur efficacité à court terme. De plus, le succès de nouveaux outils de gestion des risques (assurances et fonds mutualisés) sera très conditionné par la détérioration de la capacité de cofinancement des Etats membres. Il faut remarquer également que le Bilan de Santé n'a pas vraiment renforcé le pouvoir économique des agriculteurs au sein des filières. Finalement, il faut constater que, malgré la disparition de l'intervention publique comme débouché en soi, les marchés à terme en Europe, qui pourraient la remplacer, restent encore dans une phase très embryonnaire.

L'impact de la crise sur l'agriculture européenne et le rôle des aides de la PAC

Il ressort de l'expérience du passé que les récessions ont des impacts profonds sur les revenus des agriculteurs, sur l'utilisation des facteurs de production et, enfin, qu'elles provoquent des restructurations des filières. À ce stade, il est difficile de quantifier ces effets qui, sans doute, seront très divers selon les secteurs (végétaux ou animaux), les capacités productives et financières des exploitations (et leurs niveaux d'endettement, de toute évidence). Du point de vue des produits transformés, on peut déjà prévoir un accroissement de la demande des marques blanches par les consommateurs. Les processus de concentration des exploitations et des coopératives vont s'accélérer également.

Toutefois, une attention particulière doit se porter sur la crise des revenus agricoles qui se déclenchera sur plusieurs secteurs et territoires. Du point de vue communautaire, il faut souligner l'indéniable effet de stabilisation des revenus que représentent les 40 milliards annuels d'aides directes perçues par les agriculteurs européens (TABLEAU 3). Plusieurs mesures existantes dans le cadre du développement rural contribuent aussi à aborder le problème des revenus, qu'il s'agisse entre autres des mesures de restauration du potentiel productif agricole et forestier affecté par des catastrophes naturelles, ou des indemnités compensatoires des zones défavorisées et de montagne.

La récession revalorise sans doute ce rôle stabilisateur des aides de la PAC, surtout dans un contexte de manque de liquidité et de restriction du crédit. Les aides agricoles, annuelles, garanties et gratuites, signifient donc un soutien financier de premier ordre pour les

1 Règlements (CE) 72 à 74/2009 et Décision 2009/61/CE (JO L 30 du 31.1.2009).

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exploitations. En outre, il faut compter sur le fait que les aides nationales allouées jusqu'à aujourd'hui dans les nouveaux Etats membres comme complément des aides communautaires peuvent tomber de façon drastique suite à la lourde crise des finances publiques subie par plusieurs pays qui restaient en dehors de la zone Euro.

L'impact de la crise sur le cadre financier pluriannuel de la PAC

Le coût de la PAC rapporté au produit intérieur brut européen a diminué de manière progressive. En 2009, il atteint 0,46% (TABLEAU 3). Le soutien du premier pilier représente en particulier 0,35% du PIB pour la période 2007/2013 (TABLEAU 3). Cependant, si la récession se confirme, les dépenses de la PAC étant fixes, leur part au sein du PIB - qui serait, lui, en régression - pourrait devenir beaucoup plus importante. Cela serait particulièrement vrai pour certains nouveaux États membres, où la part de l'agriculture pourrait quadrupler, alors même qu'elle est déjà beaucoup plus importante que la moyenne de l'UE-27.

Le dernier cadre financier pluriannuel, pour la période 2007/2013, a été approuvé en 2006 (2). Les mesures de régulation des marchés et les paiements directs (premier pilier de la PAC - FEAGA) représentent 33,9% des engagements totaux prévus, soit 293,1 milliards d'euros pour l'UE à 27. Par ailleurs, les mesures de développement rural (deuxième pilier - FEADER) en représentent 8%, soit 69,7 milliards d'euros (TABLEAU 3).

Toutefois, outre les sommes spécifiques qui ont été attribuées au développement rural, un transfert de fonds du premier pilier vers le deuxième pilier est prévu moyennant le mécanisme de la modulation obligatoire sur les aides directes perçues par les agriculteurs de l'UE-15. Le pourcentage de modulation en vigueur (5% des paiements directs au delà de 5 000 Euros par exploitation) a été renforcé par le "Bilan de Santé" de 2008: le taux sera porté à 10% d'ici à 2012. Une réduction supplémentaire de 4% sera appliquée pour les paiements supérieurs à 300 000 euros par an.

Dernièrement, le plan de relance de l'économie européenne (PREE), approuvé les 11 et 12 décembre 2008 par le Conseil européen, a prévu des crédits supplémentaires au FEADER en vue de développer l'internet à haut débit dans les zones rurales (1 milliard d'euros) et de faire face aux nouveaux défis de la politique de développement rural introduits avec le "Bilan de Santé" (0,5 milliard d'euros) (3). En conséquence, le cadre financier pluriannuel sera modifié moyennant une réaffectation des crédits (4). Mais il faut remarquer que, malgré la portée très limitée du PREE, plusieurs États membres rejettent à l'heure actuelle les propositions de la Commission (surtout les pays contribuables nets).

Les objectifs et la distribution des aides de la PAC ainsi que le rôle et le coût des mécanismes contre la volatilité des prix deviendront inéluctablement des sujets majeurs de la nouvelle PAC qui s'appliquera après 2013, avec de nouvelles perspectives financières. Vu qu'il est plus que probable qu'après 2013, les finances publiques de l'ensemble des États membres connaissent des difficultés (en raison des déficits budgétaires, de l'endettement public, des engagements pluriannuels des dépenses pris, etc.), il y a fort à parier que la négociation du nouveau cadre pluriannuel de l'Union devienne très difficile, d'autant que rien ne dit que la crise soit terminée à ce moment-là. On peut même s'attendre à ce que la contraction du PIB communautaire conduise à une forte réduction des montants alloués à la PAC, tout en préservant un pourcentage du PIB identique ou similaire à celui prévu pour 2 JO C 139 du 14.6.2006, p.1, modifié en dernier lieu par la Décision 2008/29/CE (JOUE L 6 du 10.1.2008). 3 COM (2009) 38 du 28.1.2009. 4 COM (2008) 859 du 16.12.2008.

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2013 (0,39%). D'autre part, ce gap financier ne pourra jamais être couvert si les Etats rejettent toute mesure de cofinancement de la PAC.

TABLEAU 3 LA PAC DANS LE CADRE FINANCIER 2007/2013

(Millions d'euros à prix constants 2004)

CREDITS

D'ENGAGEMENT

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

TOTAL

2007/

2013

A. Total crédits d'engagement

de l'UE-27, dont

119.195

(100%)

121.971 123.019 123.518 124.018 125.496 127.044

(100%)

864.261

(100%)

B1. AGRICULTURE - Politique des marchés et aides directes, dont

UE - 15

UE - 12 (Nouveaux membres)

43.120

(35,7%)

39.928

(33,0%)

3.192

(2,7%)

42.697

38.710

3.987

42.279

37.723

4.556

41.864

36.735

5.129

41.453

35.775

5.678

41.047

34.428

6.219

40.645

(32,0%)

33.826

(26,6%)

6.819

(5,4%)

293.105

(33,9%)

257.535

(29,7%)

35.580

(4,1%)

B.2. AGRICULTURE - Développement Rural, dont

UE -15

UE - 12 (Nouveaux membres)

10.710

(8,8%)

----

----

10.447

----

----

10.185

----

----

9.955

----

----

9.717

----

----

9.483

----

----

9.253

----

----

69.750

(8,0%)

36.740

(4,2%)

33.010

(3,8%)

B. TOTAL AGRICULTURE

(B.1 + B.2)

53.830

(44,5%)

53.144 52.464 51.189 51.170 50.530 49.898

(39,3%)

362.855

(41,9%)

TOTAL CREDITS D'ENGAGEMENT (A) EN % DU PNB (UE - 27)

1,10%

1,08%

1,07%

1,04%

1,03%

1,02%

1,01%

1,048%

TOTAL CREDITS AGRICOLES D'ENGAGEMENT (B) EN % DU

PNB (UE - 27)

0,49%

0,47%

0,46%

0,43%

0,42%

0,41%

0,39%

0,44%

TOTAL CREDITS AGRICOLES D'ENGAGEMENT DU PREMIER PILIER (B.1) EN % DU PNB

(UE - 27)

0,39%

0,37%

0,37%

0,35%

0,34%

0,33%

0,32%

0,35%

Source: Élaboration de l'auteur sur base des Décisions CE 2008/29 (JOUE L 6 du 10.1.2008) et 2006/493 (JOUE L 195 du 15.7.2006)

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