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Document de réflexion Pour en avoir « vraiment » pour notre argent : un système public de santé Réflexion sur le rapport du Groupe de travail sur le financement du système de santé En avoir pour notre argent Mai 2008

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Document de reacuteflexion

Pour en avoir laquo vraiment raquo pour notre argent un systegraveme public de santeacute

Reacuteflexion sur le rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour notre argent

Mai 2008

Pour en avoir laquo vraiment raquo pour notre argent un systegraveme public

de santeacute - Document de reacuteflexion

Questions qui touĐhent lrsquoorgIJnisIJtion et le finIJnĐement des serviĐes de sIJnteacute et des serviĐes

sociaux La redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le

Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et

enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stIJĿilisIJtion deacutedieacute ij lIJ sIJnteacute

Date de Publication 2008-05-01

Auteur Conseil du statut de la femme

Le Conseil du statut de la femme est un organisme de consultation et drsquoeacutetude creacuteeacute en 1973 Il donne son avis sur tout sujet soumis agrave son analyse relativement agrave lrsquoeacutegaliteacute et au respect des droits et du statut de la femme Lrsquoassembleacutee des membres du Conseil est composeacutee de la preacutesidente et de dix femmes provenant des associations feacuteminines des milieux universitaires des groupes socioshyeacuteconomiques et des syndicats

Recherche et reacutedaction Francine Lepage

Soutien technique Francine Beacuterubeacute

Reacutevision linguistique Pierre Seneacutechal

Eacutediteur Conseil du statut de la femme Service des communications 800 place DYouville 3e eacutetage Queacutebec (Queacutebec) G1R 6E2 Teacuteleacutephone (418) 643-4326 ou 1 800 463-2851 Teacuteleacutecopieur (418) 643-8926 Internet wwwcsfgouvqcca Courrier eacutelectronique publicationcsfgouvqcca

Deacutepocirct leacutegal Bibliothegraveque et Archives nationales du Queacutebec 2008 ISBN 978-2-550-53038-1 (Version imprimeacutee) ISBN 978-2-550-53039-8 (Version eacutelectronique) copy Gouvernement du Queacutebec

Toute demande de reproduction totale ou partielle doit ecirctre faite au Service de la gestion des droits dauteur du gouvernement du Queacutebec agrave lrsquoadresse suivante droitauteurcspqgouvqcca

Ce document est imprimeacute sur du papier entiegraverement recycleacute fabriqueacute au Queacutebec contenant 100 de fibres postconsommation et produit sans chlore eacuteleacutementaire

T A B L E D E S M A T I Egrave R E S

INTRODUCTION 5

CHAPITRE PREMIER mdash LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL 9

11 La liberteacute de choix et la liberteacute de pratique au deacutetriment de lrsquoaccessibiliteacute et de lrsquouniversaliteacute 9

12 Les effets preacutevisibles sur les femmes en tant qursquoutilisatrices du systegraveme de santeacute 12

13 Lrsquointeacutegration de la recherche de profits dans les lieux de pratique et une segmentation de la population en diverses clientegraveles agrave lrsquoencontre de la qualiteacute des soins pour tous de la protection des plus deacutemunis et drsquoun

systegraveme public fort 13

CHAPITRE II mdash LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute 17

21 La preacutevention et les services de premiegravere ligne17

22 La deacutecentralisation des deacutecisions touchant lrsquoallocation des ressources et la dispensation des services 18

CHAPITRE III mdash LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute 21

CONCLUSION23

LISTE DES RECOMMANDATIONS DU CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 25

BIBLIOGRAPHIE29

I N T R O D U C T I O N

Le Conseil du statut de la femme (Conseil) srsquointeacuteresse depuis sa fondation aux questions qui touchent lrsquoorganisation et le financement des services de santeacute et des services sociaux Pour le Conseil notre reacutegime public constitue un acquis social extraordinaire qui favorise incontestablement le bien-ecirctre des personnes lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute et le deacuteveloppement eacuteconomique et social Il en est ainsi notamment parce que les soins sont accessibles sans eacutegard au revenu et que le reacutegime public est financeacute de faccedilon solidaire agrave partir des impocircts geacuteneacuteraux

Lrsquoavenir du systegraveme de santeacute concerne et interpelle eacutegalement de faccedilon particuliegravere la population feacuteminine En plus drsquoecirctre des usagegraveres du systegraveme de santeacute les femmes forment la principale force de travail du secteur elles se preacuteoccupent des questions relatives agrave la santeacute agrave lrsquointeacuterieur de la famille et enfin elles jouent souvent le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs proches malades ou en perte drsquoautonomie Pour toutes ces raisons le Conseil croit qursquoil faut choisir les avenues qui permettront de reacutesoudre les difficulteacutes actuelles de notre systegraveme de santeacute et drsquoassurer sa peacuterenniteacute tout en respectant les principes qui le caracteacuterisent et font sa force

La publication en feacutevrier 2008 du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute intituleacute En avoir pour notre argent donne au Conseil lrsquooccasion de se prononcer agrave nouveau sur le sujet1 Rappelons que le Groupe de travail mis sur pied en mai 2007 par la ministre des Finances Mme Monique Jeacuterocircme-Forget avait pour mandat de

bull suggeacuterer une structure pour un nouveau laquo compte santeacute raquo dans le but drsquoameacuteliorer la transparence du financement de la santeacute et de mieux informer la population

bull recommander des sources additionnelles de financement pour la santeacute

bull preacuteciser le rocircle que le secteur priveacute peut jouer pour ameacuteliorer lrsquoaccegraves aux soins et reacuteduire les deacutelais drsquoattente en preacuteservant un systegraveme public fort dans le respect des valeurs qui le caracteacuterisent

bull proposer des moyens drsquoacceacuteleacuterer le remboursement de la dette et faciliter ainsi le financement de la santeacute agrave long terme

bull examiner lrsquoEntente sur la santeacute conclue entre les premiers ministres des provinces et du Canada sur le financement de la santeacute et finalement

Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p Le Groupe de travail eacutetait composeacute de M Claude Castonguay agrave la preacutesidence et de Mme Joanne Marcotte et de M Michel Venne agrave la vice-preacutesidence M Venne a inscrit sa dissidence agrave lrsquoendroit de trois des recommandations formuleacutees par le Groupe de travail et il srsquoen explique agrave lrsquoannexe 3 du rapport

1

bull examiner les modifications qui pourraient ecirctre neacutecessaires agrave la Loi canadienne de la santeacute2

Selon les indications reccedilues les recommandations du Groupe de travail devaient en outre ecirctre compatibles avec les trois principes suivants

bull le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

bull la protection des plus deacutemunis notamment lrsquoaccegraves aux soins peu importe leur statut social et leur niveau de revenu

bull le maintien de critegraveres de qualiteacute eacuteleveacutee autant pour le secteur public que pour la prestation priveacutee3

Bien que les premiegraveres reacuteactions gouvernementales agrave la sortie du document laissent agrave penser que les propositions et les recommandations du Groupe de travail ne seront pas appliqueacutees dans leur inteacutegraliteacute le Conseil juge tout de mecircme pertinent drsquoen examiner la porteacutee Celles-ci font partie du deacutebat en cours et un certain nombre drsquoentre elles sont de nature agrave conduire selon le Conseil agrave un affaiblissement de notre systegraveme public de santeacute

La preacutesente reacuteflexion srsquoinscrit dans la fouleacutee des prises de position que le Conseil a soutenues au cours des derniegraveres anneacutees relativement agrave lrsquoavenir de notre systegraveme de santeacute et de services sociaux On pense notamment agrave lrsquoavis Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes4 de mecircme qursquoau Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux5 (commission Clair) rendus publics en 2000 On songe plus reacutecemment au Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute6 et aux commentaires sur le projet de loi 33 adresseacutes agrave la Commission des affaires sociales en 2006 ainsi qursquoagrave la lettre que le Conseil a fait parvenir au ministre de la Santeacute et des Services sociaux en janvier dernier sur le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

2 Ministegravere des Finances Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 p 20

3 Ibid 4 Conseil du statut de la femme Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai

2000 58 p 5 Conseil du statut de la femme Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux

Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p 6 Conseil du statut de la femme Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute

drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

6

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

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C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

10

En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

11

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

12

conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

13

couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

14

futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

16

C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

22

C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

Pour en avoir laquo vraiment raquo pour notre argent un systegraveme public

de santeacute - Document de reacuteflexion

Questions qui touĐhent lrsquoorgIJnisIJtion et le finIJnĐement des serviĐes de sIJnteacute et des serviĐes

sociaux La redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le

Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et

enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stIJĿilisIJtion deacutedieacute ij lIJ sIJnteacute

Date de Publication 2008-05-01

Auteur Conseil du statut de la femme

Le Conseil du statut de la femme est un organisme de consultation et drsquoeacutetude creacuteeacute en 1973 Il donne son avis sur tout sujet soumis agrave son analyse relativement agrave lrsquoeacutegaliteacute et au respect des droits et du statut de la femme Lrsquoassembleacutee des membres du Conseil est composeacutee de la preacutesidente et de dix femmes provenant des associations feacuteminines des milieux universitaires des groupes socioshyeacuteconomiques et des syndicats

Recherche et reacutedaction Francine Lepage

Soutien technique Francine Beacuterubeacute

Reacutevision linguistique Pierre Seneacutechal

Eacutediteur Conseil du statut de la femme Service des communications 800 place DYouville 3e eacutetage Queacutebec (Queacutebec) G1R 6E2 Teacuteleacutephone (418) 643-4326 ou 1 800 463-2851 Teacuteleacutecopieur (418) 643-8926 Internet wwwcsfgouvqcca Courrier eacutelectronique publicationcsfgouvqcca

Deacutepocirct leacutegal Bibliothegraveque et Archives nationales du Queacutebec 2008 ISBN 978-2-550-53038-1 (Version imprimeacutee) ISBN 978-2-550-53039-8 (Version eacutelectronique) copy Gouvernement du Queacutebec

Toute demande de reproduction totale ou partielle doit ecirctre faite au Service de la gestion des droits dauteur du gouvernement du Queacutebec agrave lrsquoadresse suivante droitauteurcspqgouvqcca

Ce document est imprimeacute sur du papier entiegraverement recycleacute fabriqueacute au Queacutebec contenant 100 de fibres postconsommation et produit sans chlore eacuteleacutementaire

T A B L E D E S M A T I Egrave R E S

INTRODUCTION 5

CHAPITRE PREMIER mdash LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL 9

11 La liberteacute de choix et la liberteacute de pratique au deacutetriment de lrsquoaccessibiliteacute et de lrsquouniversaliteacute 9

12 Les effets preacutevisibles sur les femmes en tant qursquoutilisatrices du systegraveme de santeacute 12

13 Lrsquointeacutegration de la recherche de profits dans les lieux de pratique et une segmentation de la population en diverses clientegraveles agrave lrsquoencontre de la qualiteacute des soins pour tous de la protection des plus deacutemunis et drsquoun

systegraveme public fort 13

CHAPITRE II mdash LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute 17

21 La preacutevention et les services de premiegravere ligne17

22 La deacutecentralisation des deacutecisions touchant lrsquoallocation des ressources et la dispensation des services 18

CHAPITRE III mdash LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute 21

CONCLUSION23

LISTE DES RECOMMANDATIONS DU CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 25

BIBLIOGRAPHIE29

I N T R O D U C T I O N

Le Conseil du statut de la femme (Conseil) srsquointeacuteresse depuis sa fondation aux questions qui touchent lrsquoorganisation et le financement des services de santeacute et des services sociaux Pour le Conseil notre reacutegime public constitue un acquis social extraordinaire qui favorise incontestablement le bien-ecirctre des personnes lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute et le deacuteveloppement eacuteconomique et social Il en est ainsi notamment parce que les soins sont accessibles sans eacutegard au revenu et que le reacutegime public est financeacute de faccedilon solidaire agrave partir des impocircts geacuteneacuteraux

Lrsquoavenir du systegraveme de santeacute concerne et interpelle eacutegalement de faccedilon particuliegravere la population feacuteminine En plus drsquoecirctre des usagegraveres du systegraveme de santeacute les femmes forment la principale force de travail du secteur elles se preacuteoccupent des questions relatives agrave la santeacute agrave lrsquointeacuterieur de la famille et enfin elles jouent souvent le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs proches malades ou en perte drsquoautonomie Pour toutes ces raisons le Conseil croit qursquoil faut choisir les avenues qui permettront de reacutesoudre les difficulteacutes actuelles de notre systegraveme de santeacute et drsquoassurer sa peacuterenniteacute tout en respectant les principes qui le caracteacuterisent et font sa force

La publication en feacutevrier 2008 du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute intituleacute En avoir pour notre argent donne au Conseil lrsquooccasion de se prononcer agrave nouveau sur le sujet1 Rappelons que le Groupe de travail mis sur pied en mai 2007 par la ministre des Finances Mme Monique Jeacuterocircme-Forget avait pour mandat de

bull suggeacuterer une structure pour un nouveau laquo compte santeacute raquo dans le but drsquoameacuteliorer la transparence du financement de la santeacute et de mieux informer la population

bull recommander des sources additionnelles de financement pour la santeacute

bull preacuteciser le rocircle que le secteur priveacute peut jouer pour ameacuteliorer lrsquoaccegraves aux soins et reacuteduire les deacutelais drsquoattente en preacuteservant un systegraveme public fort dans le respect des valeurs qui le caracteacuterisent

bull proposer des moyens drsquoacceacuteleacuterer le remboursement de la dette et faciliter ainsi le financement de la santeacute agrave long terme

bull examiner lrsquoEntente sur la santeacute conclue entre les premiers ministres des provinces et du Canada sur le financement de la santeacute et finalement

Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p Le Groupe de travail eacutetait composeacute de M Claude Castonguay agrave la preacutesidence et de Mme Joanne Marcotte et de M Michel Venne agrave la vice-preacutesidence M Venne a inscrit sa dissidence agrave lrsquoendroit de trois des recommandations formuleacutees par le Groupe de travail et il srsquoen explique agrave lrsquoannexe 3 du rapport

1

bull examiner les modifications qui pourraient ecirctre neacutecessaires agrave la Loi canadienne de la santeacute2

Selon les indications reccedilues les recommandations du Groupe de travail devaient en outre ecirctre compatibles avec les trois principes suivants

bull le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

bull la protection des plus deacutemunis notamment lrsquoaccegraves aux soins peu importe leur statut social et leur niveau de revenu

bull le maintien de critegraveres de qualiteacute eacuteleveacutee autant pour le secteur public que pour la prestation priveacutee3

Bien que les premiegraveres reacuteactions gouvernementales agrave la sortie du document laissent agrave penser que les propositions et les recommandations du Groupe de travail ne seront pas appliqueacutees dans leur inteacutegraliteacute le Conseil juge tout de mecircme pertinent drsquoen examiner la porteacutee Celles-ci font partie du deacutebat en cours et un certain nombre drsquoentre elles sont de nature agrave conduire selon le Conseil agrave un affaiblissement de notre systegraveme public de santeacute

La preacutesente reacuteflexion srsquoinscrit dans la fouleacutee des prises de position que le Conseil a soutenues au cours des derniegraveres anneacutees relativement agrave lrsquoavenir de notre systegraveme de santeacute et de services sociaux On pense notamment agrave lrsquoavis Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes4 de mecircme qursquoau Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux5 (commission Clair) rendus publics en 2000 On songe plus reacutecemment au Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute6 et aux commentaires sur le projet de loi 33 adresseacutes agrave la Commission des affaires sociales en 2006 ainsi qursquoagrave la lettre que le Conseil a fait parvenir au ministre de la Santeacute et des Services sociaux en janvier dernier sur le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

2 Ministegravere des Finances Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 p 20

3 Ibid 4 Conseil du statut de la femme Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai

2000 58 p 5 Conseil du statut de la femme Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux

Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p 6 Conseil du statut de la femme Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute

drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

6

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

7

C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

10

En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

11

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

12

conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

13

couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

22

C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

Le Conseil du statut de la femme est un organisme de consultation et drsquoeacutetude creacuteeacute en 1973 Il donne son avis sur tout sujet soumis agrave son analyse relativement agrave lrsquoeacutegaliteacute et au respect des droits et du statut de la femme Lrsquoassembleacutee des membres du Conseil est composeacutee de la preacutesidente et de dix femmes provenant des associations feacuteminines des milieux universitaires des groupes socioshyeacuteconomiques et des syndicats

Recherche et reacutedaction Francine Lepage

Soutien technique Francine Beacuterubeacute

Reacutevision linguistique Pierre Seneacutechal

Eacutediteur Conseil du statut de la femme Service des communications 800 place DYouville 3e eacutetage Queacutebec (Queacutebec) G1R 6E2 Teacuteleacutephone (418) 643-4326 ou 1 800 463-2851 Teacuteleacutecopieur (418) 643-8926 Internet wwwcsfgouvqcca Courrier eacutelectronique publicationcsfgouvqcca

Deacutepocirct leacutegal Bibliothegraveque et Archives nationales du Queacutebec 2008 ISBN 978-2-550-53038-1 (Version imprimeacutee) ISBN 978-2-550-53039-8 (Version eacutelectronique) copy Gouvernement du Queacutebec

Toute demande de reproduction totale ou partielle doit ecirctre faite au Service de la gestion des droits dauteur du gouvernement du Queacutebec agrave lrsquoadresse suivante droitauteurcspqgouvqcca

Ce document est imprimeacute sur du papier entiegraverement recycleacute fabriqueacute au Queacutebec contenant 100 de fibres postconsommation et produit sans chlore eacuteleacutementaire

T A B L E D E S M A T I Egrave R E S

INTRODUCTION 5

CHAPITRE PREMIER mdash LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL 9

11 La liberteacute de choix et la liberteacute de pratique au deacutetriment de lrsquoaccessibiliteacute et de lrsquouniversaliteacute 9

12 Les effets preacutevisibles sur les femmes en tant qursquoutilisatrices du systegraveme de santeacute 12

13 Lrsquointeacutegration de la recherche de profits dans les lieux de pratique et une segmentation de la population en diverses clientegraveles agrave lrsquoencontre de la qualiteacute des soins pour tous de la protection des plus deacutemunis et drsquoun

systegraveme public fort 13

CHAPITRE II mdash LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute 17

21 La preacutevention et les services de premiegravere ligne17

22 La deacutecentralisation des deacutecisions touchant lrsquoallocation des ressources et la dispensation des services 18

CHAPITRE III mdash LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute 21

CONCLUSION23

LISTE DES RECOMMANDATIONS DU CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 25

BIBLIOGRAPHIE29

I N T R O D U C T I O N

Le Conseil du statut de la femme (Conseil) srsquointeacuteresse depuis sa fondation aux questions qui touchent lrsquoorganisation et le financement des services de santeacute et des services sociaux Pour le Conseil notre reacutegime public constitue un acquis social extraordinaire qui favorise incontestablement le bien-ecirctre des personnes lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute et le deacuteveloppement eacuteconomique et social Il en est ainsi notamment parce que les soins sont accessibles sans eacutegard au revenu et que le reacutegime public est financeacute de faccedilon solidaire agrave partir des impocircts geacuteneacuteraux

Lrsquoavenir du systegraveme de santeacute concerne et interpelle eacutegalement de faccedilon particuliegravere la population feacuteminine En plus drsquoecirctre des usagegraveres du systegraveme de santeacute les femmes forment la principale force de travail du secteur elles se preacuteoccupent des questions relatives agrave la santeacute agrave lrsquointeacuterieur de la famille et enfin elles jouent souvent le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs proches malades ou en perte drsquoautonomie Pour toutes ces raisons le Conseil croit qursquoil faut choisir les avenues qui permettront de reacutesoudre les difficulteacutes actuelles de notre systegraveme de santeacute et drsquoassurer sa peacuterenniteacute tout en respectant les principes qui le caracteacuterisent et font sa force

La publication en feacutevrier 2008 du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute intituleacute En avoir pour notre argent donne au Conseil lrsquooccasion de se prononcer agrave nouveau sur le sujet1 Rappelons que le Groupe de travail mis sur pied en mai 2007 par la ministre des Finances Mme Monique Jeacuterocircme-Forget avait pour mandat de

bull suggeacuterer une structure pour un nouveau laquo compte santeacute raquo dans le but drsquoameacuteliorer la transparence du financement de la santeacute et de mieux informer la population

bull recommander des sources additionnelles de financement pour la santeacute

bull preacuteciser le rocircle que le secteur priveacute peut jouer pour ameacuteliorer lrsquoaccegraves aux soins et reacuteduire les deacutelais drsquoattente en preacuteservant un systegraveme public fort dans le respect des valeurs qui le caracteacuterisent

bull proposer des moyens drsquoacceacuteleacuterer le remboursement de la dette et faciliter ainsi le financement de la santeacute agrave long terme

bull examiner lrsquoEntente sur la santeacute conclue entre les premiers ministres des provinces et du Canada sur le financement de la santeacute et finalement

Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p Le Groupe de travail eacutetait composeacute de M Claude Castonguay agrave la preacutesidence et de Mme Joanne Marcotte et de M Michel Venne agrave la vice-preacutesidence M Venne a inscrit sa dissidence agrave lrsquoendroit de trois des recommandations formuleacutees par le Groupe de travail et il srsquoen explique agrave lrsquoannexe 3 du rapport

1

bull examiner les modifications qui pourraient ecirctre neacutecessaires agrave la Loi canadienne de la santeacute2

Selon les indications reccedilues les recommandations du Groupe de travail devaient en outre ecirctre compatibles avec les trois principes suivants

bull le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

bull la protection des plus deacutemunis notamment lrsquoaccegraves aux soins peu importe leur statut social et leur niveau de revenu

bull le maintien de critegraveres de qualiteacute eacuteleveacutee autant pour le secteur public que pour la prestation priveacutee3

Bien que les premiegraveres reacuteactions gouvernementales agrave la sortie du document laissent agrave penser que les propositions et les recommandations du Groupe de travail ne seront pas appliqueacutees dans leur inteacutegraliteacute le Conseil juge tout de mecircme pertinent drsquoen examiner la porteacutee Celles-ci font partie du deacutebat en cours et un certain nombre drsquoentre elles sont de nature agrave conduire selon le Conseil agrave un affaiblissement de notre systegraveme public de santeacute

La preacutesente reacuteflexion srsquoinscrit dans la fouleacutee des prises de position que le Conseil a soutenues au cours des derniegraveres anneacutees relativement agrave lrsquoavenir de notre systegraveme de santeacute et de services sociaux On pense notamment agrave lrsquoavis Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes4 de mecircme qursquoau Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux5 (commission Clair) rendus publics en 2000 On songe plus reacutecemment au Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute6 et aux commentaires sur le projet de loi 33 adresseacutes agrave la Commission des affaires sociales en 2006 ainsi qursquoagrave la lettre que le Conseil a fait parvenir au ministre de la Santeacute et des Services sociaux en janvier dernier sur le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

2 Ministegravere des Finances Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 p 20

3 Ibid 4 Conseil du statut de la femme Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai

2000 58 p 5 Conseil du statut de la femme Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux

Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p 6 Conseil du statut de la femme Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute

drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

6

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

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C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

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En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

22

C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

T A B L E D E S M A T I Egrave R E S

INTRODUCTION 5

CHAPITRE PREMIER mdash LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL 9

11 La liberteacute de choix et la liberteacute de pratique au deacutetriment de lrsquoaccessibiliteacute et de lrsquouniversaliteacute 9

12 Les effets preacutevisibles sur les femmes en tant qursquoutilisatrices du systegraveme de santeacute 12

13 Lrsquointeacutegration de la recherche de profits dans les lieux de pratique et une segmentation de la population en diverses clientegraveles agrave lrsquoencontre de la qualiteacute des soins pour tous de la protection des plus deacutemunis et drsquoun

systegraveme public fort 13

CHAPITRE II mdash LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute 17

21 La preacutevention et les services de premiegravere ligne17

22 La deacutecentralisation des deacutecisions touchant lrsquoallocation des ressources et la dispensation des services 18

CHAPITRE III mdash LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute 21

CONCLUSION23

LISTE DES RECOMMANDATIONS DU CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 25

BIBLIOGRAPHIE29

I N T R O D U C T I O N

Le Conseil du statut de la femme (Conseil) srsquointeacuteresse depuis sa fondation aux questions qui touchent lrsquoorganisation et le financement des services de santeacute et des services sociaux Pour le Conseil notre reacutegime public constitue un acquis social extraordinaire qui favorise incontestablement le bien-ecirctre des personnes lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute et le deacuteveloppement eacuteconomique et social Il en est ainsi notamment parce que les soins sont accessibles sans eacutegard au revenu et que le reacutegime public est financeacute de faccedilon solidaire agrave partir des impocircts geacuteneacuteraux

Lrsquoavenir du systegraveme de santeacute concerne et interpelle eacutegalement de faccedilon particuliegravere la population feacuteminine En plus drsquoecirctre des usagegraveres du systegraveme de santeacute les femmes forment la principale force de travail du secteur elles se preacuteoccupent des questions relatives agrave la santeacute agrave lrsquointeacuterieur de la famille et enfin elles jouent souvent le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs proches malades ou en perte drsquoautonomie Pour toutes ces raisons le Conseil croit qursquoil faut choisir les avenues qui permettront de reacutesoudre les difficulteacutes actuelles de notre systegraveme de santeacute et drsquoassurer sa peacuterenniteacute tout en respectant les principes qui le caracteacuterisent et font sa force

La publication en feacutevrier 2008 du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute intituleacute En avoir pour notre argent donne au Conseil lrsquooccasion de se prononcer agrave nouveau sur le sujet1 Rappelons que le Groupe de travail mis sur pied en mai 2007 par la ministre des Finances Mme Monique Jeacuterocircme-Forget avait pour mandat de

bull suggeacuterer une structure pour un nouveau laquo compte santeacute raquo dans le but drsquoameacuteliorer la transparence du financement de la santeacute et de mieux informer la population

bull recommander des sources additionnelles de financement pour la santeacute

bull preacuteciser le rocircle que le secteur priveacute peut jouer pour ameacuteliorer lrsquoaccegraves aux soins et reacuteduire les deacutelais drsquoattente en preacuteservant un systegraveme public fort dans le respect des valeurs qui le caracteacuterisent

bull proposer des moyens drsquoacceacuteleacuterer le remboursement de la dette et faciliter ainsi le financement de la santeacute agrave long terme

bull examiner lrsquoEntente sur la santeacute conclue entre les premiers ministres des provinces et du Canada sur le financement de la santeacute et finalement

Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p Le Groupe de travail eacutetait composeacute de M Claude Castonguay agrave la preacutesidence et de Mme Joanne Marcotte et de M Michel Venne agrave la vice-preacutesidence M Venne a inscrit sa dissidence agrave lrsquoendroit de trois des recommandations formuleacutees par le Groupe de travail et il srsquoen explique agrave lrsquoannexe 3 du rapport

1

bull examiner les modifications qui pourraient ecirctre neacutecessaires agrave la Loi canadienne de la santeacute2

Selon les indications reccedilues les recommandations du Groupe de travail devaient en outre ecirctre compatibles avec les trois principes suivants

bull le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

bull la protection des plus deacutemunis notamment lrsquoaccegraves aux soins peu importe leur statut social et leur niveau de revenu

bull le maintien de critegraveres de qualiteacute eacuteleveacutee autant pour le secteur public que pour la prestation priveacutee3

Bien que les premiegraveres reacuteactions gouvernementales agrave la sortie du document laissent agrave penser que les propositions et les recommandations du Groupe de travail ne seront pas appliqueacutees dans leur inteacutegraliteacute le Conseil juge tout de mecircme pertinent drsquoen examiner la porteacutee Celles-ci font partie du deacutebat en cours et un certain nombre drsquoentre elles sont de nature agrave conduire selon le Conseil agrave un affaiblissement de notre systegraveme public de santeacute

La preacutesente reacuteflexion srsquoinscrit dans la fouleacutee des prises de position que le Conseil a soutenues au cours des derniegraveres anneacutees relativement agrave lrsquoavenir de notre systegraveme de santeacute et de services sociaux On pense notamment agrave lrsquoavis Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes4 de mecircme qursquoau Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux5 (commission Clair) rendus publics en 2000 On songe plus reacutecemment au Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute6 et aux commentaires sur le projet de loi 33 adresseacutes agrave la Commission des affaires sociales en 2006 ainsi qursquoagrave la lettre que le Conseil a fait parvenir au ministre de la Santeacute et des Services sociaux en janvier dernier sur le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

2 Ministegravere des Finances Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 p 20

3 Ibid 4 Conseil du statut de la femme Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai

2000 58 p 5 Conseil du statut de la femme Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux

Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p 6 Conseil du statut de la femme Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute

drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

6

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

7

C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

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En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

22

C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

26

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

27

B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

I N T R O D U C T I O N

Le Conseil du statut de la femme (Conseil) srsquointeacuteresse depuis sa fondation aux questions qui touchent lrsquoorganisation et le financement des services de santeacute et des services sociaux Pour le Conseil notre reacutegime public constitue un acquis social extraordinaire qui favorise incontestablement le bien-ecirctre des personnes lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute et le deacuteveloppement eacuteconomique et social Il en est ainsi notamment parce que les soins sont accessibles sans eacutegard au revenu et que le reacutegime public est financeacute de faccedilon solidaire agrave partir des impocircts geacuteneacuteraux

Lrsquoavenir du systegraveme de santeacute concerne et interpelle eacutegalement de faccedilon particuliegravere la population feacuteminine En plus drsquoecirctre des usagegraveres du systegraveme de santeacute les femmes forment la principale force de travail du secteur elles se preacuteoccupent des questions relatives agrave la santeacute agrave lrsquointeacuterieur de la famille et enfin elles jouent souvent le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs proches malades ou en perte drsquoautonomie Pour toutes ces raisons le Conseil croit qursquoil faut choisir les avenues qui permettront de reacutesoudre les difficulteacutes actuelles de notre systegraveme de santeacute et drsquoassurer sa peacuterenniteacute tout en respectant les principes qui le caracteacuterisent et font sa force

La publication en feacutevrier 2008 du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute intituleacute En avoir pour notre argent donne au Conseil lrsquooccasion de se prononcer agrave nouveau sur le sujet1 Rappelons que le Groupe de travail mis sur pied en mai 2007 par la ministre des Finances Mme Monique Jeacuterocircme-Forget avait pour mandat de

bull suggeacuterer une structure pour un nouveau laquo compte santeacute raquo dans le but drsquoameacuteliorer la transparence du financement de la santeacute et de mieux informer la population

bull recommander des sources additionnelles de financement pour la santeacute

bull preacuteciser le rocircle que le secteur priveacute peut jouer pour ameacuteliorer lrsquoaccegraves aux soins et reacuteduire les deacutelais drsquoattente en preacuteservant un systegraveme public fort dans le respect des valeurs qui le caracteacuterisent

bull proposer des moyens drsquoacceacuteleacuterer le remboursement de la dette et faciliter ainsi le financement de la santeacute agrave long terme

bull examiner lrsquoEntente sur la santeacute conclue entre les premiers ministres des provinces et du Canada sur le financement de la santeacute et finalement

Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p Le Groupe de travail eacutetait composeacute de M Claude Castonguay agrave la preacutesidence et de Mme Joanne Marcotte et de M Michel Venne agrave la vice-preacutesidence M Venne a inscrit sa dissidence agrave lrsquoendroit de trois des recommandations formuleacutees par le Groupe de travail et il srsquoen explique agrave lrsquoannexe 3 du rapport

1

bull examiner les modifications qui pourraient ecirctre neacutecessaires agrave la Loi canadienne de la santeacute2

Selon les indications reccedilues les recommandations du Groupe de travail devaient en outre ecirctre compatibles avec les trois principes suivants

bull le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

bull la protection des plus deacutemunis notamment lrsquoaccegraves aux soins peu importe leur statut social et leur niveau de revenu

bull le maintien de critegraveres de qualiteacute eacuteleveacutee autant pour le secteur public que pour la prestation priveacutee3

Bien que les premiegraveres reacuteactions gouvernementales agrave la sortie du document laissent agrave penser que les propositions et les recommandations du Groupe de travail ne seront pas appliqueacutees dans leur inteacutegraliteacute le Conseil juge tout de mecircme pertinent drsquoen examiner la porteacutee Celles-ci font partie du deacutebat en cours et un certain nombre drsquoentre elles sont de nature agrave conduire selon le Conseil agrave un affaiblissement de notre systegraveme public de santeacute

La preacutesente reacuteflexion srsquoinscrit dans la fouleacutee des prises de position que le Conseil a soutenues au cours des derniegraveres anneacutees relativement agrave lrsquoavenir de notre systegraveme de santeacute et de services sociaux On pense notamment agrave lrsquoavis Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes4 de mecircme qursquoau Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux5 (commission Clair) rendus publics en 2000 On songe plus reacutecemment au Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute6 et aux commentaires sur le projet de loi 33 adresseacutes agrave la Commission des affaires sociales en 2006 ainsi qursquoagrave la lettre que le Conseil a fait parvenir au ministre de la Santeacute et des Services sociaux en janvier dernier sur le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

2 Ministegravere des Finances Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 p 20

3 Ibid 4 Conseil du statut de la femme Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai

2000 58 p 5 Conseil du statut de la femme Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux

Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p 6 Conseil du statut de la femme Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute

drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

6

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

7

C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

10

En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

11

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

26

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

27

B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

bull examiner les modifications qui pourraient ecirctre neacutecessaires agrave la Loi canadienne de la santeacute2

Selon les indications reccedilues les recommandations du Groupe de travail devaient en outre ecirctre compatibles avec les trois principes suivants

bull le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

bull la protection des plus deacutemunis notamment lrsquoaccegraves aux soins peu importe leur statut social et leur niveau de revenu

bull le maintien de critegraveres de qualiteacute eacuteleveacutee autant pour le secteur public que pour la prestation priveacutee3

Bien que les premiegraveres reacuteactions gouvernementales agrave la sortie du document laissent agrave penser que les propositions et les recommandations du Groupe de travail ne seront pas appliqueacutees dans leur inteacutegraliteacute le Conseil juge tout de mecircme pertinent drsquoen examiner la porteacutee Celles-ci font partie du deacutebat en cours et un certain nombre drsquoentre elles sont de nature agrave conduire selon le Conseil agrave un affaiblissement de notre systegraveme public de santeacute

La preacutesente reacuteflexion srsquoinscrit dans la fouleacutee des prises de position que le Conseil a soutenues au cours des derniegraveres anneacutees relativement agrave lrsquoavenir de notre systegraveme de santeacute et de services sociaux On pense notamment agrave lrsquoavis Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes4 de mecircme qursquoau Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux5 (commission Clair) rendus publics en 2000 On songe plus reacutecemment au Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute6 et aux commentaires sur le projet de loi 33 adresseacutes agrave la Commission des affaires sociales en 2006 ainsi qursquoagrave la lettre que le Conseil a fait parvenir au ministre de la Santeacute et des Services sociaux en janvier dernier sur le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

2 Ministegravere des Finances Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 p 20

3 Ibid 4 Conseil du statut de la femme Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai

2000 58 p 5 Conseil du statut de la femme Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux

Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p 6 Conseil du statut de la femme Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute

drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

6

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

7

C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

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En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

12

conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

13

couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

Les commentaires exprimeacutes dans ce document ne portent pas sur lrsquoensemble du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute Le Conseil a plutocirct choisi de se concentrer sur trois points principaux la redeacutefinition des principes fondateurs de notre systegraveme de santeacute proposeacutee par le Groupe de travail les solutions envisageacutees pour accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute et enfin lrsquoinstitution drsquoun fonds de stabilisation deacutedieacute agrave la santeacute

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C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

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En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

C H A P I T R E P R E M I E R LA REDEacuteFINITION DES PRINCIPES FONDATEURS DE NOTRE SYSTEgraveME DE SANTEacute PROPOSEacuteE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

11 LA LIBERTEacute DE CHOIX ET LA LIBERTEacute DE PRATIQUE AU DEacuteTRIMENT DE LrsquoACCESSIBILITEacute ET DE LrsquoUNIVERSALITEacute

Selon le Conseil le Groupe de travail reacuteinterpregravete de faccedilon toute particuliegravere agrave travers le prisme des modaliteacutes de financement les valeurs et les principes qui devraient inspirer notre systegraveme de santeacute On comprend agrave la lumiegravere des recommandations qui sont formuleacutees par la suite que ces modaliteacutes font reacutefeacuterence tant agrave des sources de financement public qursquoagrave des sources de financement priveacute (contribution de lrsquousager assurances priveacutees tarification franchise frais drsquoinscription annuels agrave une clinique etc) rompant ainsi avec les valeurs qui sont agrave la base de nos lois en santeacute

Par exemple le Groupe de travail met lrsquoaccent sur le principe de liberteacute qursquoil deacutefinit drsquoune part comme la liberteacute individuelle du patient de choisir par qui comment et quand il sera traiteacute et drsquoen deacutefrayer le coucirct individuellement et drsquoautre part comme la liberteacute individuelle du meacutedecin employeacute par le secteur public de travailler eacutegalement contre une reacutetribution priveacutee srsquoil le souhaite En revanche les auteurs occultent le principe drsquoaccessibiliteacute qui est avec celui drsquouniversaliteacute le plus fondamental dans les lois queacutebeacutecoises et dans la Loi canadienne sur la santeacute lui preacutefeacuterant celui plus restreint de solidariteacute envers les plus deacutemunis les personnes acircgeacutees et les jeunes Les auteurs donnent un sens tregraves eacutetroit au concept de solidariteacute qui reflegravete mal le caractegravere inclusif de notre systegraveme de santeacute

Or le principe drsquoaccessibiliteacute affirmeacute dans la loi canadienne7 beaucoup plus englobant implique que les reacutesidants drsquoune province doivent avoir un accegraves raisonnable aux services hospitaliers meacutedicaux et de chirurgie buccale assureacutes selon des modaliteacutes uniformes sans que cet accegraves ne soit restreint directement ou indirectement par des frais modeacuterateurs une surfacturation et une discrimination fondeacutee sur lrsquoacircge lrsquoeacutetat de santeacute ou la situation financiegravere Pour sa part le principe drsquouniversaliteacute preacutecise que tous les reacutesidants drsquoune province ont droit aux services de santeacute assureacutes par le reacutegime drsquoassurance maladie selon des modaliteacutes uniformes

De lrsquoavis du Conseil ces principes avec ceux de la gestion publique et de lrsquointeacutegraliteacute inscrits eacutegalement dans la loi canadienne reposent sur des valeurs collectives qui font encore consensus au Queacutebec et qui eacutelegravevent lrsquoaccegraves aux soins meacutedicalement requis au statut de droit fondamental On reconnaicirct que toutes les personnes sont eacutegales en valeur et en digniteacute et qursquoelles ont en conseacutequence le mecircme droit agrave la vie agrave la seacutecuriteacute et agrave lrsquointeacutegriteacute

7 Pour un aperccedilu de la Loi canadienne sur la santeacute consulter [httpwwwhc-scgccahcs-sssmedishyassurcha-lcsoverview-apercu_fhtml]

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

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En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

12

conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

Pour donner des assises agrave ces principes ainsi qursquoaux autres valeurs qui inspirent nos lois dans le domaine de la santeacute le gouvernement queacutebeacutecois agrave lrsquoinstar des autres provinces canadiennes srsquoest reacuteserveacute un pouvoir important au regard de la planification et de la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers du deacuteveloppement des infrastructures et de lrsquoallocation des ressources mateacuterielles et humaines (permis drsquoeacutetablissement et drsquoexercice formation des meacutedecins exclusiviteacute de pratique etc) De plus il a adopteacute des dispositions visant agrave minimiser lrsquooffre de services meacutedicaux et hospitaliers en dehors du reacutegime public en limitant la possibiliteacute de recourir agrave un financement priveacute en eacutechange de services et en reacuteduisant lrsquointeacuterecirct drsquoune pratique priveacutee agrave but lucratif prohibition de la surfacturation et des frais accessoires interdiction de lrsquoassurance priveacutee duplicative opposition agrave la mise en place drsquohocircpitaux priveacutes regravegles encadrant le deacutesengagement et la non-participation des meacutedecins etc

Or il paraicirct eacutevident que certaines des propositions formuleacutees par le Groupe de travail viendraient affaiblir ces dispositions qui protegravegent le secteur public et favoriseraient le deacuteveloppement du financement priveacute des soins et des lieux de pratique priveacutes agrave but lucratif

Ainsi le Groupe de travail recommande

bull de permettre aux meacutedecins de pratiquer agrave la fois dans le secteur agrave financement public et dans celui agrave financement priveacute

bull de lever complegravetement les interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative tant pour les services hospitaliers que pour les services meacutedicaux

bull de louer les eacutequipements publics au secteur priveacute agrave but lucratif

bull de privileacutegier un deacuteveloppement rapide des cliniques meacutedicales et de les soutenir financiegraverement avec les deniers publics (informatisation eacutequipement personnel) et ce peu importe leur statut qursquoelles soient agrave but lucratif publiques ou agrave but non lucratif

bull drsquointroduire des frais drsquoinscription pour les usagers drsquoune clinique sous la forme drsquoune cotisation annuelle

bull drsquoinstaurer une tarification dans les cliniques speacutecialiseacutees pour les actes qui bien qursquoeacutetant assureacutes par le systegraveme public nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune entente speacutecifique avec un eacutetablissement public en ce qui touche entre autres les frais accessoires ou de clinique

bull drsquoimposer une franchise aux patients en fonction du nombre de visites meacutedicales effectueacutees et du revenu familial

Selon le Conseil lrsquoadoption de ces propositions aurait pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et dans la production des soins et de deacutemanteler agrave terme notre systegraveme public de santeacute

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En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

En effet cette ouverture au financement priveacute est proposeacutee en deacutepit du fait que le secteur public souffre drsquoune peacutenurie relative de personnel qualifieacute que les deacutelais drsquoattente sont longs et que le Queacutebec affiche les deacutepenses publiques en santeacute par habitant les plus faibles parmi les provinces canadiennes Dans de telles circonstances on permettrait ouvertement aux personnes mieux nanties de passer avant les autres et de mobiliser agrave leur profit des ressources professionnelles deacutejagrave rares Ce fractionnement en diverses clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant reacuteunie sous le parapluie du systegraveme public irait sans conteste agrave lrsquoencontre de lrsquoeacutegaliteacute souhaiteacutee pour tous les citoyens et les citoyennes en matiegravere drsquoaccegraves aux soins meacutedicaux et hospitaliers quel que soit leur statut ou leur revenu

Recommandations

Le Conseil recommande

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

De surcroicirct dans le contexte ougrave les remises en question actuelles de notre systegraveme de santeacute prennent appui notamment sur lrsquoarrecirct de la Cour suprecircme dans lrsquoaffaire Chaoulli-Zeliotis le Conseil reacuteitegravere la recommandation suivante

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4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

12 LES EFFETS PREacuteVISIBLES SUR LES FEMMES EN TANT QUrsquoUTILISATRICES DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

Quels seraient les effets sur les femmes de cette entorse aux principes qui sous-tendent nos lois en matiegravere de santeacute Pour en juger il faut prendre acte que la population feacuteminine a dans lrsquoensemble une capaciteacute de payer nettement infeacuterieure agrave celle de la population masculine Les statistiques fiscales indiquent en effet que le revenu moyen de toute provenance des Queacutebeacutecoises de 20 ans et plus srsquoeacutelevait agrave 24 581 $ en 2004 alors que celui des Queacutebeacutecois atteignait 36 633 $ un eacutecart de 12 052 $8 De plus cette infeacuterioriteacute relative du revenu des femmes se veacuterifiait dans toutes les tranches drsquoacircge agrave partir de 20 ans Enfin on connaicirct eacutegalement la faiblesse du revenu en absolu de certaines cateacutegories de femmes notamment des femmes acircgeacutees seules des immigrantes et des femmes responsables drsquoune famille monoparentale

Il est eacutegalement neacutecessaire de regarder les deacutepenses publiques en santeacute effectueacutees pour chacun des sexes Les statistiques de lrsquoInstitut canadien drsquoinformation sur la santeacute (ICIS) indiquent que le gouvernement queacutebeacutecois consacrait globalement plus de ressources financiegraveres agrave la population feacuteminine qursquoagrave la population masculine en 2004 et cela bien que les deacutepenses par personne reacutealiseacutees pour les hommes aient eacuteteacute plus eacuteleveacutees que celles engageacutees pour les femmes dans toutes les tranches drsquoacircge sauf de 15 agrave 44 ans9

Deux pheacutenomegravenes principaux expliquent cette supeacuterioriteacute globale des deacutepenses faites pour la population feacuteminine Drsquoabord les besoins lieacutes agrave leur santeacute reproductive et agrave la materniteacute conduisent les femmes acircgeacutees de 15 agrave 44 ans agrave consulter davantage que les hommes de la mecircme cohorte (deacutepenses de 1 34778 $ par femme et de 96217 $ par homme) Ensuite le nombre de femmes acircgeacutees surpasse celui des hommes acircgeacutes agrave mesure que lrsquoon srsquoeacutelegraveve en acircge compte tenu de la longeacuteviteacute feacuteminine alors que les deacutepenses moyennes de santeacute par personne srsquoaccroissent progressivement agrave partir de 65 ans

On comprend sans peine que dans un systegraveme ougrave la capaciteacute de payer entrerait davantage en ligne de compte pour lrsquoaccegraves aux soins les femmes pourraient eacuteprouver plus de difficulteacutes agrave satisfaire leurs besoins en soins de santeacute que les hommes de faccedilon geacuteneacuterale et agrave plus forte raison lorsqursquoelles sont enceintes ou acircgeacutees

Agrave cet eacutegard les auteurs du rapport ne semblent pas avoir fait usage de lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes Cet instrument leur aurait permis de tenir compte des situations et des besoins diffeacuterents des populations masculine et feacuteminine de tester les

8 Nos propres calculs Ministegravere des Finances et ministegravere du Revenu Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 tableau 3 p 55-90

9 Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 tableau E17 p 151

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conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

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couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

conseacutequences potentielles de leurs propositions sur les femmes et sur les hommes et drsquoajuster le tir au besoin Ce processus nous apparaicirct essentiel et incontournable pour arriver agrave une prise de deacutecision eacuteclaireacutee qui soit respectueuse de lrsquoeacutegaliteacute entre les sexes

Recommandation

Le Conseil recommande

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

13 LrsquoINTEacuteGRATION DE LA RECHERCHE DE PROFITS DANS LES LIEUX DE PRATIQUE ET UNE SEGMENTATION DE LA POPULATION EN DIVERSES CLIENTEgraveLES Agrave LrsquoENCONTRE DE LA QUALITEacute DES SOINS POUR TOUS DE LA PROTECTION DES PLUS DEacuteMUNIS ET DrsquoUN SYSTEgraveME PUBLIC FORT

Selon le mandat reccedilu le Groupe de travail devait formuler des recommandations qui garantissent 1) des soins de qualiteacute eacuteleveacutee quel que soit le lieu de dispensation des services 2) la protection des plus deacutemunis et 3) le maintien drsquoun reacutegime public de santeacute fort

Or il est douteux que les recommandations dont nous venons de faire eacutetat conduisent agrave ces reacutesultats En effet les meacutedecins pourraient cumuler agrave la fois des revenus de source priveacutee et de source publique dans un contexte ougrave ils sont eacutegalement encourageacutes agrave pratiquer et agrave investir dans des centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes agrave but lucratif qui nrsquoont plus beaucoup en commun avec les anciens cabinets priveacutes et ougrave la recherche de revenus et de profits serait encore plus preacutesente Cette diversification des lieux drsquoappartenance et des modes de reacutetribution des meacutedecins ferait en sorte que plusieurs drsquoentre eux au lieu de se deacutefinir uniquement comme des artisans au service de la population et du secteur public porteraient eacutegalement le chapeau de lrsquoentrepreneur soucieux de rentabiliser sa pratique et ses investissements

On fournirait des assises agrave un systegraveme agrave deux vitesses eacutelargissant les bregraveches qui sont deacutejagrave perceptibles En effet dans notre reacutegime la possibiliteacute de se procurer des services diagnostiques aupregraves des cliniques de radiologie et des laboratoires drsquoanalyse priveacutes permet agrave ceux qui peuvent en assumer le coucirct drsquoobtenir un accegraves plus rapide aux soins meacutedicaux requis De nouveaux services sont eacutegalement offerts contre argent sonnant (bilan de santeacute priveacute prise de rendez-vous consultation meacutedicale par Internet cliniques exploiteacutees par des meacutedecins non participants etc) services qui vont agrave lrsquoencontre du principe drsquoeacutegaliteacute drsquoaccegraves Les recommandations du Groupe de travail viendraient reacutegulariser ces pratiques et mecircme les eacutetendre aux soins meacutedicaux speacutecialiseacutes puisque les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes priveacutes seraient autoriseacutes agrave imposer une tarification

13

couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

14

futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

15

Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

couvrant les frais accessoires et de clinique aux patients qui ne sont pas traiteacutes dans le cadre drsquoune entente conclue avec un eacutetablissement public Tout porte agrave croire que ces patients passeraient plus rapidement que les autres car sinon pourquoi accepteraient-ils de payer Or la rapiditeacute drsquoobtention des soins meacutedicalement neacutecessaires et a contrario les deacutelais drsquoattente font partie inteacutegrante des critegraveres qui permettent de juger de la qualiteacute des services reccedilus

La leveacutee des interdictions touchant lrsquoassurance priveacutee duplicative stimulerait eacutegalement le deacuteveloppement drsquoun secteur priveacute agrave but lucratif en santeacute renforccedilant ainsi lrsquoineacutegaliteacute drsquoaccegraves en fonction du statut ou de la capaciteacute financiegravere De plus les auteurs du rapport recommandent que lrsquousager drsquoune clinique paie des frais drsquoinscription sous la forme drsquoune cotisation annuelle une pratique qui a preacutesentement cours dans les cliniques priveacutees exploiteacutees par les meacutedecins non participants et qui pourrait encore lagrave introduire une diffeacuterenciation entre les personnes selon la clinique drsquoaffiliation la hauteur de la cotisation exigeacutee et les services reccedilus en retour

Enfin comme le rapport recommande de faire davantage appel aux cliniques meacutedicales le Conseil srsquointerroge agrave savoir si le patient jouirait des mecircmes droits et recours lorsque lrsquointervention a lieu en dehors drsquoun eacutetablissement public sans engager sa responsabiliteacute Par exemple dans le cas drsquoun traitement speacutecialiseacute lrsquoarticle 3493 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux preacutecise maintenant que les services reccedilus en centre meacutedical speacutecialiseacute (CMS) dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee peuvent ecirctre soumis agrave la proceacutedure drsquoexamen des plaintes de lrsquoeacutetablissement public ou de lrsquoagence qui est partie agrave lrsquoentente de mecircme qursquoaux dispositions de la Loi sur le protecteur des usagers en matiegravere de santeacute et de services sociaux comme si lrsquointervention avait eu lieu dans lrsquoeacutetablissement public Le Conseil craint que le patient nrsquoait pas accegraves agrave des recours administratifs de porteacutee comparable lorsque le traitement speacutecialiseacute est donneacute dans un CMS par un meacutedecin participant mais hors entente ou encore quand lrsquointervention est pratiqueacutee dans un CMS par un meacutedecin non participant au reacutegime public

Si crsquoest bien le cas et si de plus en plus de chirurgies drsquoun jour devaient ecirctre effectueacutees dans les centres meacutedicaux speacutecialiseacutes cette distinction de droits pour les patients pourrait devenir appreacuteciable compte tenu du champ drsquoaction maintenant passablement eacutetendu des CMS10 et eacutetant donneacute que le gouvernement nrsquoa toujours pas donneacute lrsquoassurance que tous les services speacutecialiseacutes dispenseacutes dans les CMS sous la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin participant feront lrsquoobjet drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee avec un eacutetablissement public ou une agence11 Rappelons agrave ce propos que rien ne garantit que certains patients traiteacutes dans un CMS ne se verront pas imposer dans le

10 En effet le projet de regraveglement intituleacute Traitements meacutedicaux speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un centre meacutedical speacutecialiseacute publieacute dans la Gazette officielle du Queacutebec du 14 novembre 2007 preacutevoit une longue liste de chirurgies qui en plus de lrsquoarthroplastie de la hanche et du genou et du remplacement de la cataracte peuvent ecirctre effectueacutees dans un centre meacutedical speacutecialiseacute

11 Selon notre compreacutehension de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux (2e alineacutea de lrsquoarticle 2333) le ministre aurait le pouvoir de deacutecreacuteter que tous les traitements speacutecialiseacutes dispenseacutes dans un CMS par un meacutedecin participant doivent faire lrsquoobjet drsquoune entente Lrsquoobjectif serait de srsquoassurer que tous les patients sont traiteacutes de la mecircme faccedilon pour un service assureacute quel que soit le lieu de pratique (recours frais accessoires etc)

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futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

futur certains frais additionnels (frais accessoires frais de clinique etc) agrave acquitter pour leur intervention Agrave la lecture de lrsquoarticle 3495 de la Loi sur les services de santeacute et les services sociaux on constate en effet que seuls les patients traiteacutes dans un CMS dans le cadre drsquoune entente de clinique meacutedicale associeacutee ont la garantie qursquoils nrsquoauront pas agrave payer plus pour leur intervention en CMS qursquoils nrsquoauraient eu agrave deacutebourser si lrsquointervention srsquoeacutetait deacuterouleacutee dans un eacutetablissement public

Compte tenu de tous ces eacuteleacutements on peut craindre que les propositions du Groupe de travail conduisent agrave une segmentation en plusieurs clientegraveles de la population qui eacutetait auparavant couverte par un seul et mecircme reacutegime Cette fragmentation en diverses clientegraveles pourrait srsquoopeacuterer agrave partir de facteurs comme le lieu de lrsquointervention le fait que lrsquousager y soit dirigeacute ou non par un eacutetablissement public les droits qui lui sont reconnus la capaciteacute de payer du patient la deacutetention ou non drsquoune assurance priveacutee le statut du meacutedecin traitant sa disponibiliteacute de pratique dans le secteur public la clinique drsquoappartenance etc

Pour le Conseil il apparaicirct nettement que la meilleure faccedilon de proteacuteger les plus deacutemunis et de srsquoassurer que les services sont drsquoeacutegale qualiteacute quels que soient lrsquoendroit ougrave ils sont dispenseacutes et le patient est que tous et toutes riches ou pauvres PDG comme simples employeacutes aient accegraves aux mecircmes services hospitaliers et meacutedicaux dans les mecircmes lieux de pratique et dans les mecircmes conditions En ce sens il faut rester fidegravele aux principes drsquoaccessibiliteacute et drsquouniversaliteacute tels qursquoils sont deacutefinis dans la Loi canadienne sur la santeacute qui preacutecise bien que les services doivent ecirctre dispenseacutes selon des modaliteacutes uniformes

Enfin le Groupe de travail ne fait pas la deacutemonstration que ses recommandations ne megraveneraient pas agrave un affaiblissement du secteur public En effet malgreacute le quasi-monopole exerceacute par le systegraveme public dans le financement des soins hospitaliers et meacutedicaux la part des deacutepenses priveacutees dans lrsquoensemble des deacutepenses en santeacute au Queacutebec a atteint quand mecircme plus de 284 en 2006 selon lrsquoICIS12 Une eacutetude de lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE)13 sur les deacutepenses priveacutees en santeacute effectueacutees dans un ensemble de pays indique que le Canada avec des deacutepenses priveacutees en santeacute srsquoeacutelevant agrave 29 des deacutepenses totales en santeacute et des assurances priveacutees couvrant 114 des deacutepenses totales en santeacute se situait pas tregraves loin des meneurs en ce qui a trait agrave lrsquoimportance relative du secteur priveacute en santeacute14

12 Au Queacutebec comme dans les autres provinces canadiennes le reacutegime public assume lrsquoessentiel du coucirct des soins meacutedicaux et hospitaliers Cependant les deacutepenses engageacutees dans les autres domaines de la santeacute sont habituellement financeacutees par les patients eux-mecircmes ou par les assurances priveacutees meacutedicaments obtenus agrave lrsquoexteacuterieur drsquoun eacutetablissement public services des professionnels de la santeacute autres que les meacutedecins qui sont dispenseacutes hors drsquoun eacutetablissement public (soins dentaires vision services infirmiers physiotheacuterapie ergonomie services de maintien agrave domicile autres que meacutedicaux etc) Source de la statistique mentionneacutee Institut canadien drsquoinformation sur la santeacute op cit p 133

13 Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 graphique 1 p 5

14 Dans plusieurs pays europeacuteens le reacutegime public srsquoeacutetend agrave une gamme plus eacutetendue de services de santeacute qursquoau Canada mais les coucircts ne sont pas couverts en totaliteacute

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Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

Dans ces circonstances on voit difficilement comment lrsquoaccroissement du financement priveacute pour les soins meacutedicaux et hospitaliers la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins et la hausse du nombre de cliniques priveacutees agrave but lucratif ne viendraient pas affaiblir le secteur public au Queacutebec drsquoautant plus que le Queacutebec investit moins en santeacute que les autres provinces et que les auteurs du rapport proposent de reacuteduire progressivement le taux de croissance annuel des deacutepenses publiques en santeacute et services sociaux Pour le Conseil le recours accru agrave la chirurgie drsquoun jour souhaitable dans la mesure ougrave elle permet de dispenser des services agrave moindre coucirct ne doit pas donner lieu agrave un essor du financement priveacute et de la pratique agrave but lucratif dans le secteur public

Recommandations

Le Conseil recommande

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

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C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

C H A P I T R E I I LES SOLUTIONS ENVISAGEacuteES POUR AUGMENTER LA PERFORMANCE DU SYSTEgraveME DE SANTEacute

21 LA PREacuteVENTION ET LES SERVICES DE PREMIEgraveRE LIGNE

Le Groupe de travail souhaite que le gouvernement accentue ses efforts en matiegravere de preacutevention une preacuteoccupation qui a eacuteteacute salueacutee et que le Conseil partage entiegraverement Le Conseil acquiesce eacutegalement agrave lrsquoobjectif drsquoaccorder la prioriteacute au deacuteploiement des services de premiegravere ligne un domaine pivot dans lrsquoorganisation des services ougrave malgreacute les avanceacutees reacutealiseacutees il reste encore beaucoup agrave accomplir Le rapport contient plusieurs recommandations agrave cette fin mais ne privileacutegie pas une forme drsquoorganisation donneacutee contrairement agrave ce que suggegravere lrsquoeacutetude commandeacutee par le Groupe de travail intituleacutee Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec15

En effet apregraves une revue exhaustive de la litteacuterature les auteurs de cette derniegravere eacutetude invitent le gouvernement agrave se concentrer sur les organisations priveacutees agrave but non lucratif (diverses formules sont possibles16) ou les organisations publiques pour la dispensation des services de premiegravere ligne Celles-ci leur apparaissent en effet beaucoup plus performantes que les organisations priveacutees agrave but lucratif agrave la lumiegravere des nombreux critegraveres retenus pour en mesurer les effets17 Le Conseil trouve particuliegraverement inteacuteressantes lrsquoanalyse et les conclusions des auteurs et il croit que le gouvernement devrait srsquoen inspirer le plus possible

Recommandations

Le Conseil recommande

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

15 Paul A LAMARCHE Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

16 Organisations communautaires coopeacuteratives ou municipales groupes de meacutedecine familiale etc 17 Neuf critegraveres ont eacuteteacute retenus aux fins de lrsquoanalyse lrsquoefficaciteacute lrsquoaccessibiliteacute la continuiteacute la qualiteacute la

globaliteacute lrsquoutilisation la reacuteactiviteacute la productiviteacute et la rentabiliteacute

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

18

se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

22 LA DEacuteCENTRALISATION DES DEacuteCISIONS TOUCHANT LrsquoALLOCATION DES RESSOURCES ET LA DISPENSATION DES SERVICES

Par ailleurs le Groupe de travail formule un ensemble de propositions qui visent agrave modifier la gouvernance la gestion du reacuteseau le mode drsquoallocation des ressources et les controcircles exerceacutes sur les producteurs de services dans le but drsquoaccroicirctre lrsquoefficaciteacute et lrsquoefficience du systegraveme Le ministegravere de la Santeacute et des Services sociaux (MSSS) serait responsable de lrsquoeacutelaboration des grandes orientations de la politique du partage des ressources entre les agences reacutegionales et de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats Les agences reacutegionales deviendraient des acheteurs de services tandis que les centres de santeacute et de services sociaux (CSSS) et les autres eacutetablissements et les cliniques auraient davantage drsquoautonomie dans la production et la dispensation des services tout en devant reacutepondre davantage de leur gestion

Le gouvernement srsquoest montreacute particuliegraverement inteacuteresseacute par cette partie du rapport et a mis sur pied rapidement cinq chantiers de travail et drsquoimplantation dans le but drsquoapprofondir la porteacutee de ces propositions de tester certaines drsquoentre elles agrave la faveur de projets pilotes et finalement drsquoy donner suite srsquoil y a lieu en eacutevitant les eacutecueils

Le Conseil est conscient que la recherche de lrsquoefficaciteacute et de lrsquoefficience doit ecirctre une preacuteoccupation constante dans le domaine de la santeacute et des services sociaux qui constitue le poste budgeacutetaire le plus important de lrsquoEacutetat Pour le Conseil il importe drsquoameacuteliorer les faccedilons de faire en respectant toutefois la nature de notre systegraveme actuel qui repose sur la gestion et le financement public de mecircme que les exigences de continuiteacute dont les organisations ont besoin pour performer Agrave cet effet le Conseil ne croit pas que la solution aux problegravemes actuels reacuteside dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute parce que dans un domaine aussi vital complexe et fondamental pour une socieacuteteacute que la santeacute le critegravere de rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier rang

Par ailleurs le Groupe de travail recommande de reacuteduire le nombre des agences de la santeacute ainsi que la taille des conseils drsquoadministration de ces agences et des eacutetablissements Au sujet de la composition des conseils drsquoadministration il propose drsquoabandonner le critegravere de repreacutesentativiteacute des membres et de valoriser plutocirct lrsquoindeacutependance la compeacutetence le jugement et les aptitudes de gestion des membres des conseils drsquoadministration Or le Conseil srsquoeacutetonne que le Groupe de travail oppose la repreacutesentativiteacute agrave lrsquoexpertise au bon jugement et agrave la capaciteacute drsquoagir pour le bien commun Si les modes de fonctionnement ou de repreacutesentation des agences et des eacutetablissements peuvent toujours ecirctre perfectibles ne pas donner de voix aux artisans du systegraveme et aux usagers et aux usagegraveres agrave lrsquointeacuterieur des conseils drsquoadministration va agrave lrsquoencontre de lrsquoorientation deacutemocratique que le Conseil a privileacutegieacutee au cours des anneacutees soit celle drsquoune repreacutesentation diversifieacutee refleacutetant les diverses composantes de la socieacuteteacute queacutebeacutecoise Selon le Conseil les citoyennes et les citoyens ne doivent pas ecirctre releacutegueacutes seulement agrave des instances consultatives parallegraveles comme les auteurs du rapport le preacuteconisent Sinon lrsquoeacuteventail des points de vue se trouvera limiteacute uniquement agrave ceux des gestionnaires de carriegravere qui quels que soient leurs meacuterites risquent alors de

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se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

22

C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

se retrouver entre eux pour discuter et deacutecider de la bonne marche et du devenir du systegraveme de santeacute et des services sociaux qui concernent pourtant lrsquoensemble de la socieacuteteacute

Enfin les modifications apporteacutees dans lrsquoorganisation des soins de santeacute doivent ecirctre respectueuses du personnel qui y travaille On doit se garder drsquoamplifier le problegraveme de rareteacute de main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public et de nourrir la deacutesaffection qui est notable preacutesentement agrave lrsquoendroit de certaines des professions de la santeacute Cette question nous touche particuliegraverement puisque la force de travail y est tregraves majoritairement feacuteminine Il faut eacuteviter que des conditions drsquoemploi trop peacutenibles au quotidien dans nos institutions publiques amegravenent cette main-drsquoœuvre qualifieacutee agrave deacutelaisser des carriegraveres qui pourraient ecirctre gratifiantes pour se tourner vers le travail au service des agences de placement ou des plus petites organisations qui offrent souvent moins drsquoavantages sociaux de perspectives de formation et de seacutecuriteacute drsquoemploi

Recommandation

Le Conseil recommande

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

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C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

C H A P I T R E I I I LA CREacuteATION DrsquoUN FONDS DE STABILISATION DEacuteDIEacute Agrave LA SANTEacute

Le Groupe de travail recommande la creacuteation drsquoun fonds qui serait alimenteacute par un pourcentage de la TVQ et une franchise imposeacutee au patient moduleacutee selon lrsquoutilisation des soins et le revenu familial Ce fonds permettrait de soutenir la hausse des deacutepenses de santeacute durant la mise en place des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer la performance du systegraveme public et agrave en limiter la croissance au taux drsquoaugmentation du PIB Selon le rapport il permettrait de diminuer progressivement lrsquoapport provenant des revenus geacuteneacuteraux de lrsquoEacutetat et une fois cet objectif atteint le fonds jouerait un rocircle de stabilisation en cas drsquoimpreacutevus (ralentissement eacuteconomique hausse subite des deacutepenses en santeacute etc)

Lrsquoideacutee du fonds semble tregraves inteacuteressante Par contre le Conseil nrsquoest pas favorable agrave lrsquoimposition drsquoune franchise en fonction de lrsquoutilisation des soins pour le financer En raison des nombreuses exceptions preacutevues lrsquoapplication de cette franchise serait complexe et mecircme fiscaliseacutee elle aurait quand mecircme lrsquoeffet drsquoun ticket modeacuterateur Selon le Conseil la constitution drsquoun fonds alimenteacute par la taxe de vente permettrait de diversifier les sources de financement du systegraveme de santeacute de soutenir les reacuteformes que lrsquoon jugera bon de mettre en place et de garder le cap advenant un ralentissement eacuteconomique

Dans le contexte ougrave lrsquoon souhaite apporter des modifications importantes dans le fonctionnement du reacuteseau pour en augmenter la performance il faut tirer des leccedilons du passeacute et ne pas reacutepeacuteter les erreurs faites au moment de lrsquoimplantation du virage ambulatoire On se souvient que les femmes en tant qursquoaidantes mais aussi comme artisanes du secteur de la santeacute ont porteacute le poids de cette reacuteforme qui a eacuteteacute instaureacutee en peacuteriode de restrictions budgeacutetaires et sans que les budgets pour les services qui devaient accompagner la deacuteshospitalisation preacutecoce aient eacuteteacute preacutevus

Enfin il faudra eacutegalement deacutegager des ressources pour faire face au vieillissement de la population une question qui touche particuliegraverement les femmes eacutetant donneacute leur longeacuteviteacute relative et le fait qursquoelles sont souvent appeleacutees agrave jouer le rocircle drsquoaidante aupregraves de leurs parents ou leur conjoint plus acircgeacute Si lrsquoon souhaite que le bon service soit donneacute agrave la bonne personne au bon moment et au bon endroit il faut srsquoassurer que les personnes acircgeacutees et leurs proches puissent compter sur un ensemble de services (soins de premiegravere ligne services de proximiteacute soutien agrave domicile infrastructures drsquoheacutebergement soins de longue dureacutee etc) On pourra alors eacuteviter que les personnes acircgeacutees se preacutesentent agrave lrsquourgence du centre hospitalier ou encore occupent un lit de soins aigus alors qursquoun autre service moins coucircteux aurait eacuteteacute plus indiqueacute dans leur condition

En deacutefinitive le Conseil craint que agrave deacutefaut de doter le systegraveme public des ressources financiegraveres neacutecessaires les pressions pour un financement priveacute accru des soins de santeacute et une pratique axeacutee sur la recherche de profits ne srsquoaccentuent agrave lrsquoavantage drsquoun petit nombre parmi les patients et les producteurs de soins et en viennent agrave deacutestabiliser le reacutegime public de santeacute agrave lrsquoencontre de la majoriteacute On pourrait alors assister agrave une

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

hausse des deacutepenses globales en santeacute sans que cela se traduise par un accroissement reacuteel de lrsquooffre de soins en faveur de lrsquoensemble de la population

Recommandation

Le Conseil recommande

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

C O N C L U S I O N

En deacutefinitive le Conseil se montre particuliegraverement critique agrave lrsquoendroit de certaines des propositions du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute En avoir pour son argent Celles-ci auraient pour effet drsquoaccroicirctre la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services meacutedicaux et hospitaliers et de fragmenter en diffeacuterentes clientegraveles la population qui se retrouve preacutesentement couverte pour lrsquoessentiel par un seul et mecircme reacutegime

Pour le Conseil le principe drsquoaccessibiliteacute aux soins de maniegravere uniforme selon les besoins sans eacutegard au revenu au statut social ou aux risques de maladie de la personne doit continuer de primer celui de la liberteacute individuelle invoqueacutee par le Groupe de travail pour justifier lrsquoattribution drsquoun accegraves privileacutegieacute aux soins agrave une minoriteacute Il importe de conserver les principes et les valeurs qui inspirent actuellement notre systegraveme public de santeacute Pour le Conseil il est le meilleur garant des droits collectifs et repreacutesente une condition essentielle agrave lrsquoatteinte de lrsquoeacutegaliteacute

Dans ce domaine ougrave la rentabiliteacute sociale doit demeurer au premier plan les solutions aux difficulteacutes rencontreacutees ne se trouvent pas dans lrsquoouverture des soins meacutedicaux et hospitaliers aux regravegles du marcheacute et aux impeacuteratifs de profits elles reacutesident plutocirct agrave lrsquointeacuterieur du systegraveme public de santeacute lui-mecircme En conseacutequence le Conseil estime que le gouvernement ne doit pas renoncer deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassurance-maladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec en matiegravere de santeacute

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

26

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

27

B I B L I O G R A P H I E

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire preacutesenteacute agrave la Commission drsquoeacutetude sur la santeacute et les services sociaux Queacutebec le Conseil octobre 2000 62 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

L I S T E D E S R E C O M M A N D A T I O N S D U C O N S E I L D U S T A T U T D E L A F E M M E

1 Que la philosophie agrave la base du rapport du Groupe de travail sur le financement du systegraveme de santeacute soit rejeteacutee parce qursquoelle

- accorde preacuteseacuteance au principe de liberteacute individuelle sur les autres principes et valeurs de notre systegraveme de santeacute et

- reconnaicirct agrave certains individus le droit drsquoavoir un accegraves privileacutegieacute aux soins meacutedicaux et hospitaliers au deacutetriment drsquoun accegraves eacutegal pour toutes et tous agrave des services de qualiteacute selon des modaliteacutes uniformes quel que soit le statut social la capaciteacute de payer ou le caractegravere assurable de la personne

2 Que les lois queacutebeacutecoises en matiegravere de santeacute et de services sociaux continuent de srsquoinspirer des principes de gestion publique drsquointeacutegraliteacute drsquouniversaliteacute de transfeacuterabiliteacute et drsquoaccessibiliteacute inscrits dans la Loi canadienne sur la santeacute

3 Que le gouvernement du Queacutebec se prononce clairement en faveur du financement public des soins meacutedicaux et hospitaliers et qursquoil srsquooppose fermement aux propositions du Groupe de travail procircnant

- la fin de lrsquoexclusiviteacute de pratique des meacutedecins

- lrsquoextension de lrsquoassurance priveacutee duplicative pour les services meacutedicaux et hospitaliers faisant partie du panier des services assureacutes

- lrsquointroduction dans le systegraveme de santeacute drsquoun financement priveacute permettant un accegraves privileacutegieacute aux services meacutedicaux et hospitaliers assureacutes dispenseacutes par les meacutedecins participants au sein du systegraveme public

4 Que le gouvernement ne renonce pas deacutefinitivement agrave la possibiliteacute drsquoinvoquer la clause deacuterogatoire dans lrsquoeacuteventualiteacute ougrave de nouveaux jugements des tribunaux pourraient dans lrsquoavenir porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute de la Loi sur lrsquoassuranceshymaladie et de la Loi sur lrsquoassurance-hospitalisation du Queacutebec et aux objectifs consensuels poursuivis au Queacutebec au regard de la protection des droits collectifs en matiegravere de santeacute

5 Que lrsquoanalyse diffeacuterencieacutee selon les sexes soit inteacutegreacutee degraves le deacutepart agrave la conception et agrave lrsquoeacutelaboration de tous les projets de politique et de reacuteforme drsquoimportance dans le domaine des services de santeacute et des services sociaux afin que les mesures et les politiques soient

- adapteacutees aux besoins des diffeacuterentes populations et

- respectueuses de lrsquoeacutegaliteacute entre les femmes et les hommes

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

26

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Meacutemoire sur le document de consultation Garantir lrsquoaccegraves un deacutefi drsquoeacutequiteacute drsquoefficience et de solidariteacute Queacutebec le Conseil avril 2006 54 p

CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME Pour un virage ambulatoire qui respecte les femmes Queacutebec le Conseil mai 2000 58 p

GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

LAMARCHE Paul A Raynald PINEAULT et Yvon BRUNELLE Modes drsquoorganisation des services prometteurs pour le Queacutebec rapport deacuteposeacute au Groupe de travail sur le financement des services de santeacute 31 octobre 2007 63 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

ORGANISATION DE COOPEacuteRATION ET DE DEacuteVELOPPEMENT EacuteCONOMIQUES laquo Lrsquoassurance-maladie priveacutee dans les pays de lrsquoOCDE raquo Synthegraveses Paris LrsquoObservateur OCDE 2004 8 p

6 Que le gouvernement mise avant tout sur les eacutetablissements publics (centres hospitaliers centres ambulatoires etc) pour la chirurgie drsquoun jour et ne reacuteserve qursquoun rocircle reacutesiduel aux centres meacutedicaux speacutecialiseacutes en privileacutegiant dans ce cas ceux qui sont agrave but non lucratif

7 Que le lieu de lrsquointervention nrsquoait pas drsquoeffets appreacuteciables sur les recours dont le patient dispose et les frais exigibles lorsqursquoun traitement speacutecialiseacute faisant partie du panier assureacute est dispenseacute par un meacutedecin participant au reacutegime public

8 Que le gouvernement poursuive les efforts entrepris en faveur de la promotion de la santeacute de la preacutevention de la maladie et de lrsquoacquisition des bonnes habitudes de vie

9 Que le gouvernement mette lrsquoaccent sur le deacuteploiement des services de premiegravere ligne en santeacute en se centrant sur les organisations publiques et les organisations priveacutees agrave but non lucratif de preacutefeacuterence aux entreprises priveacutees agrave but lucratif

10 Que dans sa recherche de solutions en vue drsquoaccroicirctre la performance du systegraveme de santeacute le gouvernement place au premier rang le critegravere de la rentabiliteacute sociale et eacutecarte en conseacutequence les avenues suggeacutereacutees par le Groupe de travail qui auraient pour effet

- drsquoannihiler lrsquoautoriteacute et le pouvoir drsquoaction du gouvernement du Queacutebec et du ministre de la Santeacute et des Services sociaux

- de confier la destineacutee des conseils drsquoadministration des agences et des eacutetablissements publics aux seuls administrateurs priveacutes de carriegravere au deacutetriment de tout souci de repreacutesentativiteacute

- de fragiliser les eacutetablissements publics ou les organisations agrave but non lucratif et de favoriser lrsquoeacutemergence des dispensateurs de services agrave but lucratif dans les soins meacutedicaux et hospitaliers

- de deacutestructurer le marcheacute du travail dans le domaine de la santeacute et des services sociaux et drsquoaccentuer la peacutenurie de la main-drsquoœuvre speacutecialiseacutee dans le secteur public

11 Que le gouvernement envisage la creacuteation drsquoun fonds deacutedieacute agrave la santeacute qui serait alimenteacute par les revenus de la taxe de vente du Queacutebec compte tenu

- de lrsquoappui de la population queacutebeacutecoise au financement public de notre systegraveme de santeacute

- de la faiblesse relative agrave lrsquoeacutechelle canadienne des deacutepenses publiques en santeacute au Queacutebec

- des sommes drsquoargent requises annuellement pour couvrir les coucircts du systegraveme inteacutegrer les changements technologiques et les nouveaux meacutedicaments lorsque requis et faire face au vieillissement de la population

26

- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

MINISTEgraveRE DES FINANCES ET MINISTEgraveRE DU REVENU Statistiques fiscales des particuliers anneacutee drsquoimposition 2004 Queacutebec gouvernement du Queacutebec juin 2007 237 p

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- de la neacutecessiteacute de deacutegager une marge de manœuvre pour implanter les reacuteformes aptes agrave accroicirctre la performance du systegraveme de santeacute sans pour autant occasionner drsquoeffets pervers

- de lrsquoutiliteacute de diversifier les sources de revenus et de constituer une reacuteserve afin drsquoecirctre en mesure drsquoaffronter les peacuteriodes de ralentissement eacuteconomique et de faire face aux impreacutevus (eacutepideacutemie pandeacutemie etc) et finalement

- de lrsquourgence de contrer efficacement les pressions qui risquent autrement de se manifester en faveur de lrsquoaccroissement de la place du priveacute dans le financement et la dispensation des services de santeacute si le systegraveme public nrsquoarrive pas faute de ressources financiegraveres suffisantes agrave relever les deacutefis qursquoil doit affronter

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GROUPE DE TRAVAIL SUR LE FINANCEMENT DU SYSTEgraveME DE SANTEacute En avoir pour notre argent des services accessibles aux patients un financement durable un systegraveme productif une responsabiliteacute partageacutee Queacutebec gouvernement du Queacutebec feacutevrier 2008 317 p

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INSTITUT CANADIEN DrsquoINFORMATION SUR LA SANTEacute Tendances des deacutepenses nationales de santeacute 1975 agrave 2006 Ottawa lrsquoInstitut 2006 151 p

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MINISTEgraveRE DES FINANCES Relever le deacutefi du financement de la santeacute budget 2007-2008 Queacutebec le Ministegravere mai 2007 20 p

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