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Témoignages, revues de presse, archives...

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Témoignages presse

Les articles que nous avons choisis de reproduire dans ce court dossier de presse, volontairement réduit, datent de 1956 et présentent l’intérêt de retracer le

début du théâtre marocain, tant dans les stages fondateurs des « chênes » près de Rabat, que dans les premières représentations au Festival International

de Paris. Les succès obtenus à cette occasion, méritent d’autant plus d’être rappelés, qu’ils restent à ce jour, uniques.

Ces articles permettent ainsi de retracer l’atmosphère enthousiaste d’une époque dont Abdessamad Kenfaoui aurait espère qu’elle puisse à nouveau renaître.

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À l’issue d’un stage d’une vingtaine de jours

Maroc presse mars 1956

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A l 'issue d'un stage

d'une quinzaine de jours

un théâtre national marocain va

naître aux « Chênes »

Ce n'est pas la première fois que nous entretenons nos lecteurs des stages d'art

dramatique qui, chaque année, tant à l'intention des Marocains que des Français, ont

lieu aux «Chênes », centre éducatif situé à quelques kilomètres de Rabat et

dépendant maintenant du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Ces stages étaient

placés sous la direction du centre Marocain d'Expression (Service de la Jeunesse et des

Sports) et ses réalisations, depuis 1951, en langue arabe, comme en langue française,

sont loin d'être négligeables. Si nous revenons aujourd'hui sur ce sujet qui, si l'on s'en

tient au stade travail est loin d'être... spectaculaire (sans jeu de mots) c’est que, depuis

samedi dernier, un nouveau stage s’est ouvert aux « Chênes ». Il a été organisé pour

les Marocains et, du fait des circonstances, revêt cette année un caractère exceptionnel.

Il s'agit en effet d’un stage National à l'issue duquel doit être effectivement créé un

Théâtre National Marocain et cela sous le patronage de SAI le prince Moulay Hassan.

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Berrada Mohamed, Amrani Mansouri, Ahmed Abdane, Ouazzani Mohamed,

tous comédiens que nous avons déjà eu l'occasion d'applaudir aux « Chênes » à la fin du

stage et sur diverses scènes du Maroc. Nous possédons assez peu de détails sur le «

curriculum vitae » des responsables marocains du stage actuel. Abdessamad Kenfaoui

est originaire de Larache. Il fréquente une école franco-marocaine de zone espagnole. ll

fait ses études secondaires au collège Moulay Youssef à Rabat. Il est bachelier, fait son

droit, sans grande conviction. Un visa refusé par les autorités espagnoles pour rentrer à

Larache le contraint à rester à Rabat. Il rencontre André Voisin, se laisse entraîner

aux « Chênes » et semble avoir trouvé sa véritable voie. Quant à Tahar Ouaziz, il

est d'une famille d'0ulémas. Son oncle était le directeur de la première école libre du

Maroc, la première à utiliser les méthodes modernes de pédagogie occidentale. Il la

fréquente, puis se rend à Fès et suit les cours à la Karaouyine. Nommé dans une

administration marocaine de Rabat, il rencontre dans la capitale, non seulement

André Voisin, mais aussi Abdessamad Kenfaoui. Il est embarqué sur le char de

Thespis et il est content de son abri. Bien sûr, le travail qui se fait actuellement aux «

Chênes ›› est un travail d'équipe. Mettre quelques-uns en avant n'est pas nécessaire.

Mais nous avons tout de même pensé que donner une brève biographie de ceux qui

sont actuellement les promoteurs du théâtre national marocain n'était pas superflu.

René Dcrour ,Maroc Presse, mardi 6 man: 1956

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Le théâtre marocain de Rabat au Festival de Paris

Aux sources du théâtre

Le Théâtre Marocain de Rabat

au Festival de Paris

Le théâtre m'a souvent donné de grandes joies, mais rarement une émotion

comparable à celle que j'ai ressentie cette semaine en assistant aux deux

représentations de la Troupe du Théâtre Marocain de Rabat, dans le cadre du

Festival de Paris. Pour essayer de faire comprendre cette émotion à mes lecteurs, je

leur dirai simplement : vous, Français de 1956, lettrés et cultivés, héritiers de trois

siècles de classicisme, imaginez-vous ramenés en arrière, à l'époque où le théâtre

venait tout juste de naître et où le jeune Poquelin le découvrait en flânant devant les

bateleurs du Pont-Neuf. Découverte, émerveillement : on se sent une ardeur sans

égale pour cet art merveilleux, on l'étudie, on se l'approprie, on en fait un 311

national, et de quelle manière ?

1. - en donnant libre cours au jeu scénique élémentaire, aux ressorts évidents deslames ou du rire.

2. – en prenant sans vergogne les sujets où ils se trouvent, c'est-à-dire chez lesAnciens. Telle est exactement la situation de la scène marocaine aujourd'hui : elleboit avidement aux sources du Théâtre et nous sommes ses Anciens - ses Plaute, sesTérence et ses Sophocle.

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Théâtre populaire

Ce n'est pas par hasard que j'ai cite Molière. Le premier spectacle

de la Troupe de Rabat s'appelait les Fourberies de Joha. et vous

avez tout de suite reconnu sous ce titre, les Fourbeties de Scapin,

transplantées au Maroc tout de même que Molière. Jadis. Les avait

prises aux Italiens et implantées chez nous. Voici donc ce que

nous avons vu : un rideau se levant sur les remparts de Mogador.

Un Géronte et un Argente rebaptisés Hadj Mjeddal et Hadj Allah,

portant la djellaba et revenant de la mosquée. Une Zerbínette

devenue Zineb, et une Hyacinthe devenue Amina : quant au texte, il

était facile de comprendre qu'il était resté le même il travers toute

les modifications inspirées par le décor, le costume, la religion. les

mœurs. Le même, oui, et il soulevait les mêmes rires. Aux mêmes

endroits. D'abord parce que c’est un texte eternel. Ensuite parce

que la mise en scène de M. André Voisin était excellente, enfin

parce que Scapin -- pardon ! Joha – était interprété par un acteur

remarquable. M. Tayeb Saddiki. Qui ne le sautait ni ne le dansait

exagérément comme on le fait à la Comédie Française ou ailleurs

mais le jouait. Et ce fut une soirée fort drôle et combien

rafraîchissante !

Le second spectacle, lui, ne devait rien à Molière ni à aucun de nos

classiques traduits ou adaptés. Quatre auteurs de la troupe, MM, Abdessamad Kenfaoui, Tahar Ouazziz, André Voisin et Ahmed El Alj l'avaient tire de leur propre

fonds. C'était les Balayeurs, une sorte de fabliau dont l`intrigue assez compliquée -- quoique scéniquement parfaitement claire -- reposait sur ce jeu élémentaire

que j'ai évoque tout à l'heure : histoire de doubles (le bon vieux gag éprouvé des Sosies), de trésor volé, perd, retrouvé, passer de main en main, de quiproquos

sans tin et de poursuites dignes de Charlot a des premiers Westerns. Que de bonne humeur, que d’ingénuité- dans le meilleur sens.

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Théâtre populaire

Mot - et quel évident plaisir de jouer la comédie ! La salle,

composée à peu près également de Français et de Marocains,

a fait, comme la veille, une ovation méritée aux acteurs de

Rabat.

Mais ces acteurs, quels sont-ils et qui les a formés ? Si on a

lu attentivement ce qui précède, On y a trouvé un nom

français, celui de M. André Voisin. M. Voisin est en effet,

avec MM. Pierre Mauduit et Didier Beraud l'un des

instructeurs français de la scène marocaine. Ce que celle-ci

leur doit, un long article ne suffirait pas à le recenser. En un

temps et en des circonstances que l'on avouera difficiles et

que je n'ai nul besoin de rappeler. Ces trois jeunes

animateurs ont, là-bas, dans un climat d’amitié et de

travail en commun, imposé et adapté au génie de la race

arabe les techniques indispensables au théâtre occidental.

Cependant, leur magnifique effort eût été. Il va de soi

absolument stérile sans l’immense mouvement qui a porté en trois ans. Le peuple marocain vers l’art dramatique. Dans quelle mesure l’évolution des mœurs et en

particulier la « libération » des femmes - a-t-elle contribué à ce mouvement ? Nous laisserons à d`autres le soin de l'étudier et nous nous bornerons à enregistrer

le triomphe actuel du Théâtre au Maroc. Ce qui, chez nous, est devenu à peu prés un divertissement plus ou moins «réservé ›› est encore là-bas un an populaire

dont témoignent ces photos saisissantes de foules immenses et bigarrées rassemblées en plein air pour Molière, Beaumarchais ou Shakespeare, Songez qu’

on y joue Hamlet intégralement et sans entracte ! Les instructeurs français se félicitent de cet engouement qui est aussi leur œuvre. Ils vantent l’application

des acteurs, leur prodigieuse mémoire fumée par la récitation des textes coraniques. Leur intelligence de nos classiques tant admiré, ils ne doutent pas que

les auteurs arabes.

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Théâtre populaire

Viendront, et peut-être bientôt. En bref, ils ont la fierté d'avoir transmis un

flambeau que le Maroc ne laissera pas s'éteindre.

D'ores et déjà, en tout cas, le Maroc possède de remarquables comédiens, MM. Aïd

Mouhoub, Tayeb Saddiki, Ahmed El Alaoui, etc. C'est un théâtre professionnel

parfaitement digne de figurer au festival et qui en constitue une des révélations pour

cette année.

Carrefour , 30 mai 1956

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Le Théâtre Marocain

Regards et Commentaires sur la troupe

La troupe du théâtre marocain, création de la Division de la Jeunesse et des

Sports, est la première et authentique compagnie théâtrale au Maroc. Nous

devons ici nous souvenir de son éclatant succès au Festival International de

Paris en 1956.

Depuis cette haute consécration, la troupe a pu donner une impression de

sommeil, mais en voilà Le réveil, semble-t-il. Un stage d'après «

convalescence » a commencé hier soir, qui durera, en principe, jusqu'au 10

novembre. Du bon travail doit en résulter.

Le premier résultat tangible de ce stage — organisé en internat, sous la

forme au retour à l'école— doit être un esprit d'équipe plus fort, une

mystique du théâtre et du travail bien fait. Le second point sera la mise en

répétitions dirigées du programme de la saison du théâtre marocain.

« Montserrat» et « Le Malade imaginaire »

Nous souhaitons bonne chance à tous et d'avance, nous avons le plaisir de

faire connaître les deux pièces qui entrent en répétitions avant d'affronter le

public de tout le Maroc : ce sera tout d'abord, en arabe classique, la

traduction de la célèbre pièce de Roblès, « Montserrat », et puis une

œuvre classique qui fera la Joie des jeunes comme des autres, « Le

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malade imaginaire », de Molière, adapté cette fois en arabe dialectal. Sans aucun doute, « Montserrat »sera présenté en grande première à l'occasion de la Fête

du Trône, â Rabat, avant de prendre son essor dans tout le Maroc. Quant â la tournée du «Malade imaginaire», elle partira à la conquête du public vers le

mois de janvier.

Une grande tournée européenne

Au répertoire prévu, une seconde partie forte importante comprend « Hamlet » de William Shakespeare, et une œuvre théâtrale marocaine en dialectal.

Ces deux pièces constitueront le bagage (assuré du succès), d'une tournée à l'étranger en avril et mai. Notons au passage : le Festival de

Paris(Théâtre des Nations), l'Exposition internationale de Bruxelles, les grandes capitales européennes, et les centres d'ouvriers nord-africains travaillant en

France. Le public marocain n'appliquera ce répertoire de tournées qu'au retour de celles-ci. Et puis... le Théâtre marocain, qui aura bien accompli sa mission

tant au Maroc qu'en Europe, fera son stage d'été dans le calme du Centre des Chênes, où il travaillera à l'abri des curiosités (ce qui n'est pas si sûr !). C'est ainsi

que l'on fait du bon théâtre avec l'amour de son art, l'esprit d'équipe et une foi entière en son animateur. A bientôt donc, nous vous attendons à l'œuvre.

R. du FOURNET Petit Marocain / 20.10.1957

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Grande première « MONTSERRAT » en arabe classique

Albert Botbol,animateur du Théâtre National Marocain

Nous parle de la tournée qu’il entreprend

avec « Montserrat »

Sur une étagère, une maquette reproduisant les décors, grilles,

blason et rideau noir de « Montserrat ». Un magnétophone

destiné au bruitage, émerge â peine d'un bureau couvert de

documents de toutes sortes : photographies, coupures de presse,

comptes financiers, correspondance…C'est le bureau de la

Direction de la Jeunesse et des Sports où Albert Bot bol, qui

s'occupe du théâtre National Marocain — un Botbol un peu las.

Mais rayonnant — nous reçoit.

— Combien de temps vos comédiens resteront-ils en tournée ?

— Un mois environ. Mais après avoir donné leurs

représentations dans le Nord. Ils repasseront par Rabat avant de

« descendre » vers Mazagan et le Sud... De Tanger à Marrakech,

en passant par Fès et Oujda, Ils Joueront « Montserrat »dans tout

le Maroc.

— Vous débutez à Tanger ?

— En effet. La troupe y Jouera dés lundi soir, au cinéma Alhambra, sous la présidence du gouverneur, le Dr Abdellatif Benjelloun. Nous avons voulu que

notre passage dans la capitale d'été coïncide avec les fêtes nationales.

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— Trois Jours plus tard. Je crois, vous serez à Meknès ?

— Oui, et J'en suis très heureux, car Meknès a beaucoup manqué de spectacles ces derniers temps, et J'espère que l'accueil y sera bon.

— Parmi les centres où ils doivent se produire, quel est celui que vos acteurs attendent avec le plus d'impatience ?

— Fès, assurément. D'abord, c'est le pays de six d'entre eux. dont Tayeb el HadJ, qui Joue « le comédien » dans Montserrat, et est connu comme le meilleur

acteur comique du Maroc. Et puis, Fès est le plus grand centre intellectuel arabe du Maroc, et nous y aurons notre premier contact avec les étudiants de la

Garaouyine. Mais, entre temps, nous aurons rencontré un public bien différent, à Boubeker par exemple, où nous Jouerons pour le personnel des mines de

Zellidja. J'attends personnellement beaucoup de cette représentation, d'autant plus qu'elle sera l'occasion d'un contact fructueux avec les deux troupes. locales les

de langue française et arase, les groupes Jouvet et Molière.

Vous reverra-t-on à Rabat ?

— Sans doute au début de décembre. Nous donnerons des représentations privées pour des groupes d'étudiants, et une séance publique.

A Fès pour le Congrès de l'UNESCO

Albert Botbol nous apprend d'autre part, qu'après leur tournée qui commence lundi, la troupe du Théâtre National Marocain reviendra à Fès au début de

l'année prochaine. Elle y Jouera de nouveau «Montserrat». Ainsi que « Le Malade Imaginaire» dans l'enceinte du Palais Royal, qui aura été mis, par S.M. le

Roi, à la disposition du Congrès International de l'Unesco, prévu pour Janvier prochain. M. C.

La tournée du T.N.M. au MarocVoici le programme de la tournée marocaine du T.N.M. : Tanger : Aujourd'hui 18 novembre à 21 heures, cinéma Alhambra: Tétouan : Mardi 19 novembre à 21

heures, cinéma Monumental ; Port Lyautey : Jeudi 21 novembre à 21 heures, cinéma Le Palace : Meknès : Vendredi 22 novembre à 21 heures, cinéma le

Régent ; Azrou : Samedi 23 novembre à 21 heures ; Oujda : Lundi 25 novembre à 18 heures 21. Cinéma Le Paris : Boubeker : Mardi 28 novembre â 21 heures ;

Fès : Jeudi 28 novembre à 21 h. cinéma Empire ; Mazagan : Samedi 30 novembre à 21 heures. Théâtre Municipal; Louis- Gentil : Lundi 2 décembre à 21

h, salle des fêtes de l'Office Chériflan des Phosphates ; Safi : Mardi 3 décembre à 21 heures, cinéma Le Royal ; Marrakech : Mercredi 4 décembre à 18 h et 21

h.Casablanca : Vendredi 20 décembre, à 17 h. Théâtre Municipal ; Kouribga : Salle des fêtes de l'Office Chériflan des Phosphates.

Echo du Maroc /18.11.1957

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GRANDE PREMIERE DE « MONTSERRAT»en arabe classique

La troupe du Théâtre National Marocain, qui prépare une tournée dans diverses villes du

Maroc avant de se produire en Europe, donnera s première représentation le 14 novembre, au

cinéma Royal de Rabat, de « Montserrat », d'Emmanuel Robles, en arabe classique.

La troupe, qui répète actuellement aux Chênes, donnera cette première représentation

au profit de l'Entraide Nationale. C’est d'ailleurs aux Chênes que sera donnée, en privé, le 9

novembre, la répétition des Couturiers.

Petit Marocain / 17.11.1957

Avec « MONTSERRAT », la troupe de Théâtre National Marocain

a pris jeudi un nouveau et triomphal départ

Depuis longtemps déjà, nous vous avions entretenu ici même des efforts soutenus de la Jeune troupe du théâtre marocain, de la Division, de la Jeunesse et

des Sports. Jeudi soir, ce fut pour elle, à Rabat, le « lâchez tout » de la présentation en public, avec l'aimable appui de S.A.R. Moula; Hassan et des princesses

Lalla Aïcha, Lalla Nzah, Lalla Malika et, un peu plus tard, du prince Moulay Abdallah, venus ouvrir la carrière — qui s’annonce brillante — des comédiens.

Un texte dur, direct, dépouillé. Une pièce — sinon à thèse — du moins construite sur un fait d’histoire vécu, que l’écrivain Emmanuel Robles fit

représenter à Paris. Un décor, pour les trois actes, parfait de lignes et de sobriété ; des éclairages fort bien réglés ; bruitage et fond sonore, pour quelques

incidence voulues, parfaitement adaptés. Les personnages, eux, demandent un«analyse beaucoup plus complète. Ils sont échantillon de l’humain d’une ville. Ils

ont noms le potier, le marchand, le comédien, la mère, les amoureux, aux prises avec le milieu militaire en temps de révolution. Je vous dirai leur nom à

tous un peu plus loin, mais avant cela, il me plaît de vous définir l’impression quo l’on retire devant le choix des costumes, des couleurs et des attitudes. Le

côté très statique qu’a voulu pour ses personnages l’intransigeant metteur par l’éventail coloré qui évolue sur le plateau. A diction (en arabe) des uns et

des autres est excellente du fait du choix des registres vocaux ; chacun porte sa raisor d’être dans son timbre de voix d’abord, dans son comportement ensuite.

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La mise en scène joue un rôle extrêmement important dans le

résultat final qui est une réussite. Sans vouloir faire de peine à Bot- bol, je

lui rappelle que la recherche qui a été la sienne, a été le but de ceux des

théâtres du Cartel au temps de ma Jeunesse : René Rocher. Dullin Baty,

Jouvet. Ils ont créé le théâtre moderne, l’ont sorti des ornières et du

conventionnel. Ils ont donné le coup de pioche à un édifice et des

matériaux ont refait le théâtre. Botbol qui est jeune, passionné, ardent et

dur au travail, pour lui d’abord, pour les autres ensuite, semble dans sa

nuise en scène de «Montserrat », être l’héritier direct de ceux du Cartel.

C’est un compliment, certes, mais aussi une critique. Pourquoi suivre un

chemin déjà tracé par les anciens quand on possède comme lui, le feu

sacré ?

Jean-Louis Barrault aussi avait été envoûté par les mises en

scène puissantes. Sa dernière« officielle » a été, si nos souvenirs sont bons,

« Le soulier de satin » et bien qu’aucun rapprochement ne puisse être fait

avec « Montserrat », le style-mouvement s’y apparente. Ce : écrit, je cite

avec joie Adrienne Moury qui a dessiné les costumes, Michel Aguilar le décor, Lemonnier décorateur. Le décor a été exécuté par les ateliers de la troupe. (Entre

parenthèses, ce décor maintenant déplait à Albert Botbol. Mais il a reçu l’entière approbation du public difficile).

Il serait agréable de taire en particulier, et à chacun des membres de la troupe, des compliments mérités. Ce n’est guère possible, ils forment un tout

d’une telle homogénéité, que les hommages à l’un vont aux autres. Qu’ils sachent simplement tous qu’ils ont bien servi le théâtre, le vrai théâtre en se pliant

à des disciplines draconiennes. Seul le résultat compte et il est magnifique : « Montserrat » pour le théâtre marocain est une réussite et une leçon de

persévérance et d’amour du métier. Voici la liste des protagonistes par ordre d’entrée en scène :Ben Bareck, Zarki, Skircj (les trois sous officiers) ; Farah (le

colonel) ; Dougluni (le père religieux) ; Afifi (Montserrat) ; Alaoui (le potier) ; Tounsi (le marchand) ; Khadija (la mère) ; El Haj (le comédien) ; Fatima Regragui

(Eleira) ; Rifi (Ricardo) ; Marrakchi et Tahiri (deux gardes). Metteur en scène, Albert Botbol. Régie générale : Ouazzani. Je crois avoir dit tout ce qui méritait de

l’être mais ne puis oublier que cette première représentation au bénéfice de l’entraide avait attiré un nombreux public et de hautes personnalités.

RAOUL DU FOURNET. Petit Marocain / 17.11.1957

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Pleins feux sur la rampe

L'annone «de la première de « Montserrat », à Rabat (après la générale

récemment aux «Chênes») avait attiré, à côté des personnalités officielles qui honorèrent

de leur présence la présentation, un publié nombreux.

Il s'agissait en effet d'un événement théâtral de première importance. N'ayant

pas vu cette pièce à Paris lors de la création il y a quelques années, ne connaissant

qu'assez vaguement le sujet et pas du tout la langue arabe, Je comptais assister

seulement au premier acte... Je suis resté jusqu'à la fin, enthousiasmé. Cette jeune troupe

marocaine peut être fière du travail accompli. Et, après le rodage nécessaire, son actuel

spectacle constituera une « pièce de résistance » sûre de son répertoire.

L'excellente direction d’A. Botbol, par une stricte observance des lois

impérieuses de la rampe et des trouvailles soniques personnelles, a évidemment

contribué au succès de l'œuvre de Roblès . Mais le plus avisé des metteurs en scène

ne peut créer le tempérament dramatique, pas plus qu'Insuffler la foi à ses acteurs si ces

derniers ne la possèdent déjà, incontestablement, il s'agit, dès les premiers contacts,

d'une révélation, ne serait-ce qu'au titre de la parfaite coordination d'une équipe déterminée autant que capable de défendre son art. L'incompréhension totale

du texte parlé peut-être, m'a aidé à ne plus voir que les gestes, la diction. la justesse des attitudes... Le choix même de la pièce a été on ne peut plus heureux

pour un début. Les trois actes se déroulant dans un seul décor, c'est pratiquement une question matérielle résolue Quant au cas de conscience autour duquel

l'action se noue, tous les acteurs semblent en avoir pénétré la grandeur, la noblesse. La distribution brille par l'intelligence de son interprétation : Mohamed Afifi,

Larbi Doghmi, Mohamed Farrah, Khadija Jamal, pour ne citer que les plus remarqués protagonistes, ont marqué d'une pierre blanche l'histoire théâtrale de

Rabat.

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Les costumes et le décor, ainsi que les éclairages et la musique de scène ont solidement encadré soutenu, mis en valeur le texte. Ils ont parfaitement aidé à

la création du climat psychologique nécessaire. Il est tout à fait logique d'augurer, pour la troupe du Théâtre Marocain, après la tournée en Europe prévue et

l'expérience acquise grâce aux réactions diverses de publiés différents, une série de succès assurant à cette Jeune formation une place intéressante dans l'activité

artistique contemporaine.

M.O. Echo du Maroc / 17.11.1957

Le Théâtre national marocain donnera « Montserrat »

le 28 novembre à Fès

RABAT (dncp) — le Théâtre National Marocain, qui vient de remporter un beau succès à

Rabat, et présentant «Montserrat », l a pièce d’Emmanuel Prette traduire en arabe classique, va

entreprendre dans tout le Maroc une tourné dont voici le programme :Tanger ; 18 novembre au –

théâtre Alharnibra ; Tétouan ; 19 nombre au cinéma Monumental ; Port Lyautey ; 21 novembre au

cinéma Le Palace ; Meknès 22 novembre au cinéma Le Régent ; Azrou : 23 novembre; Oujda : 25

novembre au cinéma Le Paris ; Boubeker : 26 novembre ; FES : 28 novembre au cinéma Empire

; Mazagan : 30 novembre au théâtre municipal ; Louis Gentil : 2 décembre à la salle des fêtes de

l'Office Chértfien des Phosphates ; Safi : 3 décembre au cinéma Le Royal ; Marrakech : 4 décembre ;

Casablanca : 20 décembre au théâtre municipal ; Khouribga : salle des fêtes de l'OCP.

Echo du Maroc / 17.11.1957

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Brillante inauguration de la saisondu Théâtre National Marocain

RABAT (DNCP).— Le Théâtre National Marocain a ouvert hier sa saison

1957-1958 en donnant la première de « Montserrat », d'Emmanuel Robles,

traduit en Arabe classique par Souhail Idriss au cinéma Royal de Rabat.

LL. AA. RR. Le prince héritier Moulay Hassan et le prince Moulay

Abdallah, ainsi que les princesses royales honoraient de leur présence cette

première, qui fut donnée au profit de l'Entraide nationale et obtint un succès

mérité.

De nombreuses personnalités ont assisté à cette représentation. Nous

avons remarqué particulièrement les membres du gouvernement et du corps

diplomatique, M. Omar Mezzour, directeur de la division de la Jeunesse et des

Sports, S.E. Si Abbès Tazi, gouverneur de Rabat, Mgr Léfèvre, archevêque de

Rabat, et de nombreuses autres autorité ainsi que M. Alibert Botbol, animateur du

Théâtre National Marocain.

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Le théâtre de Abdessamad Kenfaoui

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Désormais le souvenir de Abdessamad Kenfaoui ne sera

plus lié au seul monument qui lui est dédié, la salle qui

porte son nom dans les locaux de la jeunesse et sport du

parc de la Ligue arabe. Aujourd'hui, le souvenir de ce

pionnier hors-pair du théâtre marocain se concrétise

également dans la publication de ses œuvres dans un

magnifique ouvrage intitulé Théâtre populaire. Titre

simple et modeste comme le fut le défunt. Une publication

qu'il faut saluer doublement. D'abord parce qu'elle vient

réparer une injustice en rendant hommage à feu

Abdessamad Kenfaoui qui a consacré sa vie et son action à

ses deux amours le Maroc et le théâtre. Aussi bien dans le

service public que dans les activités sociales et culturelles,

Abdessamad Kenfaoui était porté par le même idéal de

justice. C'est en outre une publication qui vient restituer

au théâtre marocain une partie de sa mémoire. Les œuvres

de Kenfaoui ont marqué leur époque. Elles relèvent d'un

patrimoine authentique restitué judicieusement à

l'attention des chercheurs et des jeunes dramaturges

pour de nouvelles lectures et interprétations. L'ouvrage est bilingue et comporte dans sa partie française des témoignages, la traduction de La pièce très

célèbre Bouktef et un dossier de presse. La lecture de ce dossier est particulièrement significative. C’est un dossier en fait très restreint, un choix volontaire

des éditeurs, et qui est consacré exclusivement à 1956, retraçant ainsi les débuts du théâtre marocain. Le premier article (tiré du journal Dimanche- Matin du 3

juin 56) est consacré à la prestation du théâtre marocain au festival international de Paris. La troupe marocaine y a présenté deux pièces, une adaptation des

Fourberies de scapin de Molière "Les Fourberies de Joha" et les Balayeurs Dans les deux travaux, Nous retrouvons la signature de "Ken". Parlant du

personnage de Scapin, l'auteur de l'article note :"Toujours est-il que ses metteurs en scène marocains. MM.Abdessamad Kenfaoui. Tahar Ouaziz, Ahmed El Alj

ont manié le personnage avec une sorte de complicité naturelle qui lui a dicté son allégresse et sa virtuosité. Un autre article (Maroc Presse. 6 mars 56) est

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consacré au stage théâtral effectué au centre des "Chênes"(centre de stage qui voit pratiquement l'émergence d'un théâtre national marocain. Là encore, nous

retrouvons un travail formidable effectué par Abdessamad Kenfaoui. C'est lui d'abord qui assure la conduite (en collaboration avec Si Tahar Ouaziz) du stage

et il est également auteur d'une adaptation en arabe marocain du Barbier de Seville, Maalem Azouz, présentée dans le cadre du programme de la jeune troupe

marocaine. L'auteur de l'article, René Déront, parle en ces termes de A. Kenfaoui. "Nous possédons assez peu de détails sur le "curriculum vitae" des

responsables marocains du stage actuel. Abdessamad Kenfaoui est originaire de Larache. Il fréquente une école franco marocaine de zone espagnole. Il fait

ses études secondaires collège Moulay Youssef à Rabat. Il est bachelier, fait son droit, sans grande conviction. Un visa refusé par les autorités espagnoles

pour rentrer à Larache le contraint à rester à Rabat. Il rencontre André Voisin, se laisse entraîner aux Chênes et semble aussi trouver sa véritable voie". En effet,

le théâtre fut un choix définitif. Même quand ses tâches administratives étaient importantes. Zakya Daoud rapporte dans son témoignage "Une personnalité

riche et complexe". alors même qu'il est secrétaire général de l'OCE (de 1965 à 1970). Il écrit Sultan Tolba et A Moula nouba. C'est aussi en pleine carrière

administrative qu'il termine Bouktef. Cette pièce peut passer d'ailleurs pour la figure représentative du théâtre de Abdessamad Kenfaoui. On y retrouve en effet

les traits caractéristiques d'une écriture nourrie d'authenticité et d'originalité. Authenticité dans la thématique et la construction des personnages. Des

signes ancrés dans leur espace culturel mais repris dans une perspective moderne portée par des idéaux d'humanisme et de liberté. Bouktef qui donne son

nom à la pièce est une figure populaire, c'est l'image du prolétariat local. Dans l'imaginaire de l'époque, Bouktef renvoyait à cette nouvelle catégorie sociale qui fit

son apparition avec l'industrialisation à savoir l'ouvrier qui ne possède que sa propre sa force de travail qu'il vend au patronat. Kenfaoui récupère cette figure

moderne dans un registre symbolique. Il en fait son héros et le titre de sa pièce. C'est un véritable hymne dédié au peuple. D'autres figures symboliques

traversent la pièce notamment celle incarnée par Joha. Ce personnage historique tué de la légende populaire est réutilisé dans une autre perspective. Il

incarne la conscience éclairée du peuple. C’est lui qui apporte la lumière et par la sagesse de son raisonnement mène le peuple dans sa lutte implacable

contre la féodalité et l'oppression. L'enjeu dans la pièce est Hourya (Liberté) fille de Bouktef est objet de convoitises multiples. Elle renvoie en fait à la liberté

et à la dignité. L'union du peuple autour de Bouktef sera le moyen efficace pour déjouer toutes les manœuvres visant à les bafouer. C’est donc un théâtre

aux intentions clairement affichées. C’est un théâtre politique, aux vertus didactiques indéniables. Il relève d'une entreprise globale qui vise l'émancipation du

peuple. Il s'agit donc véritablement d'un théâtre populaire, dans sa forme et dans son contenu. Sa lecture, aujourd'hui dénote la pérennité des valeurs qu'il

défend. Le souvenir de Abdessamad Kenfaoui n'en est que plus vivant.

Mohammed Bakrim 1996

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ــــائق ووث ـــات ذكري المعمــورة ح مســر

العلــــم /20.07.1997

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ــــــاوي الكنف الصـــمد عبــد زوجة دانيــــال

ــــوم الي 14.11.1997/مغرب

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… ـــــذي عاتقال الرجــل ــــــاوي- الكنف الصـــمد عبــد ـــاب كت عرض

االشــــــتراكي االتحـــــــــــــــــــــاد / 28.03.2000

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االشــــــتراكي االتحـــــــــــــــــــــاد /28.03.2000

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Journée mondiale du Théâtre

Le 27 mars de chaque année, le monde entier célèbre la

journée mondiale du théâtre. L'avocat ion de cette journée est

ponctuée ici par deux rappels : un rappel de la mémoire du 26e

anniversaire de la mort de Abdessamad Kenfaoui, un des

fondateurs du théâtre marocain, et le rappel de l'état d'esprit

dans lequel le théâtre marocain atteint cette journée.

M.S M.S.

Les enseignements de A. Kenfaoui

Cette coïncidence pourrait être riche d'enseignements à tirer du

vaste projet énoncé par Kenfaoui et leur extrapolation à l'ensemble

de l'expérience ultérieure à lui et à l'expérience en cours

aujourd'hui. Cette expérience semble amnésique par rapport au

passé et au travail de récupération et de réadaptation qu'impose

la prise en charge des précurseurs. Or, tout porte à croire que les "

chantiers " ouverts par Kenfaoui n'ont pas été balisés, ni même

programmés dans la suite et la poursuite de la pratique

théâtrale, excepté deux " héritiers " exceptionnels : Tayeb Seddiki

et Tayeb Laâlaj. Le premier a réussi, au fil des expériences, à

sculpter un projet esthétique exemplaire, le second a modelé une

conception assez singulière d'un théâtre populaire stylisé. Avec le

recul, profitant de la célébration du 26e anniversaire de la mort

de Kenfaoui, on peut remédier à cette rupture de la mémoire d'un côté par la reconstitution des éléments de son projet et de l'autre par un rappel de ce qui

pourrait reconstituer, ensigne-d'hommage, sa mémoire depuis sa disparition le 31 mars 1976. Trois éléments semblent importants à relever:

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1- La pratique pédagogique, le style et la méthode archéologique de cette pratique, à travers les stages de formation à la Maâmora notamment ouvrent sur

une manière appropriée de l'imagination ainsi que la réappropriation de l'imaginaire du quotidien de la vie et de son oralité. Cet exercice lui permettait

d'offrir des thèmes de jeu et des canevas dramatiques. Rapproché au type de formation dispensé à l'ISADAC, on pourrait se poser la question de la

réorientation vers un apprentissage plus approprié aux modes de production scénique et thématique autochtones.

2- La valeur de la dimension anthropologique du théâtre marocain : cette dimension est articulée aux dons du conteur, aux coutumes chorégraphiques et

aux dramatisations sociales et rituelles de la société marocaine.

La pièce " Soltan Tolba " que Kenfaoui devait écrire- en collaboration avec T. Saddiki - sur une suggestion de feu Hassan II, focalise jusqu'à aujourd'hui

sur une ressource esthétique et thématique encore inépuisable. Rituel d'inversion. Soltan Tolba figure une césure dans le pouvoir, qui donne à voir une

projection imaginaire d'une société, où les rôles sont inversés, les hiérarchies sont bouleversées. Ressource fondamentale du comique, de la dérision, elle

renvoie à une dimension politique essentielle, invalidant les pratiques sociales déviantes par cette sorte d'exercice de la démocratie populaire et vivante.

3- L'investigation d'un théâtre populaire, tenant compte des disponibilités du public marocain et assurant l'affermissement de ses liens avec la technologie

du théâtre. Cette investigation a été malheureusement détournée de ses objectifs vers un théâtre avilissant, et appauvrissant l'expérience esthétique du

spectateur marocain. Il serait peut-être vital, en cette occasion d'anniversaire de la mort de Kenfaoui de pensera constituer une association de ses

amis prolongeant sa mémoire. On sait qu'en 1976 le ministère de la Jeunesse et des Sports avait donné à la salle du parc de la Ligue arabe le nom de

Kenfaoui, qui a besoin d'être.

En 1977, Bouktef, son œuvre maîtresse a été jouée à Casa à l'occasion de son premier anniversaire. On peut se référer à son " théâtre populaire " publié

en 19%, etc...

Aujourd'hui, on souhaite perpétuer son souvenir de la meilleure façon qui soit, à savoir rendre à son œuvre à quoi il la destinait : la représentation

théâtrale. Une telle association pour permettre, l'édition et l’ mise en scène de ses pièces, si possible dans la salle qui porte son nom après sa

restauration rendue nécessaire par son état de grand délabrement, au moment Où la Casablancaise est aujourd'hui en phase de restauration. Il paraît

utile de porter à la connaissance de la jeunesse marocaine les qualités du théâtre de Kenfaoui, à savoir les valeurs actuelles de la justice et de la

dignité et de lui sortir de l'oubli, des pièces et des adaptations dont tout un chacun se plaît à décrire la modernité des valeurs, l'universalité des thèmes et la

richesse de la langue dialectale .

A. KENFAOUI La verité / 04.04.2002

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Hommage

Kenfaoui Un dramaturge

fin délicat et discret

Il y a vingt six ans - le 31 mars 1976 - s'est éteint à

Casablanca Abdessamad Kenfaoui qui a marqué de

sa forte empreinte le théâtre marocain naissant.

Né à Larache en 1928 où il fait ses

études primaires, en espagnol, avant de rejoindre

le collège Moulay Youssef à Rabat, ce natif du

Nord va développer une grande faculté

d'adaptation et une pédagogie sans égales à faire

naître chez les autres le pouvoir de création. C’était

un magicien initiateur, modeste et exigeant

.Passionné de poésie, et féru de lecture, aux talents

multiples, Ken, comme l'appelaient ses proches, a

privilégié le théâtre parce que celui-ci échappe

comme disait Antonln Artaud "à la dictature

exclusive de la parole" et "doit parier un langage

physique et concret". Dans son œuvre théâtrale,

Kenfaoui, traite de la dépravation des mœurs, de la

corruption et autres maux qui rongent la

société."Bouktef, "Ara Lakhour", "Si Taki", "Barberousse", "Soltane Balima","Bd Durand", "Soltane Tolba"," Même la mort" etc...., sont des comédies qui

dénoncent l'a maque, la mauvaise foi et la bêtise. Elles s'inspirent du quotidien le plus ordinaire, le plus trivial, adhérent aux réalités de l'être-là dans sa

simplicité. Sous le pseudonyme de Atta Wakil, Kenfaoui s'est associé à Ahmed Taïeb Laâlej et Tahar Ouaziz pour adapter des pièces qui ont marqué leur époque

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et contribué à l'éclosion d'un théâtre marocain populaire moderne : "Les fourberies de Joha", "Le malade imaginaire" de Molière, "Maâlem Azzouz" d'après "Le

barbier de Sévilles" de Beaumarchais, "Les fusils de la mère Carrare", de Bertold Brecht, etc....

Nul, mieux que Charles Nugue, consultant auprès de l'Unesco, fondateur et directeur d'un centre régional français de théâtre aux "Chênes" à la

Maâmora n'a résumé l'apport essentiel de Kenfaoui au théâtre marocain. " Grâce à une heureuse conjonction de sensibilité et de connaissances livresques plus

qu'à sa propre expérience (II n'avait pas 25 ans), il proposait les attitudes et gestes susceptibles d'influencer l'esprit et la formalisation des mises en scène en

insistant sur leurs spécificités marocaines. Son souci étant toujours de provoquer une enrichissante symbiose entre les situations et les personnages universels

du théâtre de tous les temps, et les apports originaux que pouvaient leur amener l'imaginaire, les traditions et usages propres au Maroc. " Je le revois encore

nous expliquant et essayant de nous montrer un pas de la danse du sabre où ses qualités physiques n'étaient pas forcément à la hauteur de ses dons de

conteur... Mais son enthousiasme, lorsqu'il s'agissait de parier des coutumes chorégraphiques de son pays, suppléait largement au manque de vivacité et de

souplesse qu'il devait à ses fâcheuses habitudes de fumeur et noctambule impénitent Enfin Saïd Seddiki, un ami, un compagnon, un complice, parfois un "con-

tradicteur" du défunt, écrivait rendant hommage à Ken : " Mais je sais très cher Ken, que toi au moins, tu n'est pas "dérangé" par le grand silence qui, déjà,

voile ton nom I " Trop intelligent pour croire à ces marques extérieures de l'humaine gratitude, tu as, une fois de plus, fait fleurir sur tes lèvres gercées le

sourire narquois des sages. " Que t'importent, là où tu es, une coupe Kenfaoui, une avenue ou une Impasse Kenfaoui, une troupe ou un festival kenfaoui ? Parmi

nous, tu aimais d'autres coupes, débordantes celles-là du vin de l'amitié et de l'amour ! Tu cheminais apparemment nonchalant, à travers tes rues intérieures et

qui donnaient sur de magnifiques jardins de beauté et de rêve. Tes festivals étalent autres ; c'étaient ceux de la haute poésie et de la divine musique. Celles du

Coran, par exemple." Ces choses de l'histoire ne peuvent être point gommées.

Le Loup

Quelquefois au bord d'un sentier Je me sens las et le m'assieds Pour regarder passer les autres, Les gens heureux... les bons apôtres, Ceux qui

ne portent pas de croix. Les semeurs de règle et de droit... Moi, le damné, le solitaire. Mol qui suis le dépositaire Des péchés de tous les proscrits,

De leurs larmes et de leurs cris, Je m'assieds et le les contemple Sans pouvoir suivre leur exemple Et Je me fais la réflexion : Pourquoi...

dans ce monde éphémère Suis-le sorti de ma tanière Pour remettre tout en question... Alors qu'il serait bien moins fou D'aller hurler avec les loups " !

Abdessamad kenfaoui

L’essentiel / 04.2002

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… ــــــالعرائش ب ــــــاوي الكنف لمســـرح االول ـــني الوط المهرجان

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ـــــبوعي االس االتحــــاد / 06.02.2003

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ABDESSAMAD KENFAOUI RESSUSCITÉ

Le livre, l'association et le théâtre

Cela fait 28 ans qu'il est mort. Un 31 mars. Juste retour des

choses, Abdessamad Kenfaoui est tire de l'oubli, cette année.

Premier acte, une association d'amis de ce pionnier du théâtre

marocain a enfin vu le jour, initiée par sa veuve, Danielle Kenfaoui,

finalement devenue dépositaire de l’ensemble de son œuvre. La

structure voudrait permettre aux Marocains de découvrir ce haut

fonctionnaire de la Jeunes- se et Sports, mentor des hommes de

théâtre qui occupent la scène actuellement, comme Tayeb Seddiki

et Tayeb Laalej. Deuxième acte, la publication de sa pièce à la

dimension anthropologique, Soltane Tolba, est imminente chez

Tarik Éditions, et sa mise en scène potentiellement acquise. Elle l'a

été une fois à la demande de Hassan I I, en 1967. Ali Kadiri, qui a

joué alors le rôle principal, se rappelle avec émotion du roi qui

voulait que " l'on inverse la structure de la pièce". Troisième acte,

celui-là n'est qu'un vœu pieux pour le moment, déjà exprimé en

son temps par son ami et complice, feu Saïd Seddiki, ii consiste en

la rénovation et la valorisation de la salle de théâtre, sise au Parc de

la Ligue arabe à Casablanca, qui porte son nom depuis sa mort en

1976, et qui a été laissée depuis belle lurette à l'abandon.

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Il nous arrive cycliquement de nous rappeler au bon souvenir de cet homme qui vivait mal ses hautes fonctions ( OCE, CNSS. diplomaties), qui

noyait son chagrin du mieux qu'il pouvait et s'isolait des journées durant pour pondre un texte théâtral à la charge historique et culturelle, comme

Bouktef, Moula nouba. Ce Rit le cas, une année après sa disparition, lorsque Masrah Ennass avait monté Bouktef. Depuis. Saddiki est moins disert

sur les mérites de celui qui l'avait en quelque sorte initié à l'art de la scène. En 1996, pour commémorer le vingtième anniversaire de sa disparition, il y a eu la

publication de quatre pièces réunies ( Bouktef, Moula Nouba, Si Taki et L’ homme à la barbe bleue) et la mise en scène d'un florilège de ses œuvres en France.

Aujourd'hui, et surtout après des tentatives non abouties de l'ISA- DAC et du FITUC, l'idée de rendre les Marocains plus familiers avec le théâtre Kenfaoui -

et pourquoi pas avec le nom ? - est à l'ordre du jour. Mieux vaut tara que jamais.

Par Driss Ksekess

Telquel / 3-9.04.2004

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Soltan tolba chez Tarik

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La Journée internationale du théâtre coïncide avec l'anniversaire de sa mort

Drôlerie et lyrisme font bon ménage entre les lignes de cet

auteur qui ne se sera pas contenté d'adapter Molière mais

d'en être l'équivalent pour ce théâtre marocain

aujourd'hui en perte de vitesse.

Devoir de mémoire

Aujourd'hui, l'association qui œuvre à perpétrer

le souvenir d'Abdessamad Kenfaoui prépare un site Web

qui présentera ses œuvres, sa biographie et quelques

témoignages. Il va sans dire que c'est entre les mains de

la jeunesse marocaine que la mémoire peut survivre,

cette même jeunesse qui ne peut rencontrer Kenfaoui

qu'à travers la salle qui porte son nom à Casablanca!

De symbole, il est devenu un nom sur une pancarte en

désuétude. Pourquoi ne pas en faire alors un lieu de s

rendez-vous, de retrouvailles? Kenfaoui, c'est Joha et

Scapin réunis autour d'un texte marocain, c'est Molière

en«tarbouche», Antar en costume et un drapeau au fond

du cœur. C'est cette «darija»qui (aujourd'hui sujet de bien

des débats et revendiquée par tant d’artistes),par sa

plume, vécut des moments de gloire alors que le Maroc

faisait ses premiers pas dans le monde d'aujourd’hui. Un exemple à suivre pour tous nos compatriotes et parmi eux les artistes et leur public... Si jamais un

jour après ma mort, un homme, un seul, venait à travailler pour pérenniser mon œuvre, cela voudrait dire que je n'aurais pas été sans intérêt dans ce monde».

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Cette phrase de Jean-Pierre Koffel, l'écrivain marocain, me fait penser à un autre grand personnage de l'art marocain, un homme de théâtre,

Abdessamad Kenfaoui. C’est toute une association qui est derrière le souvenir de cet homme, des amis nostalgiques qui se battent pour sa postérité, une

épouse dépositaire de son œuvre, fidèle à ses convictions, ses idéaux, son art. Selon la formule de Keffel, toutes proportions gardées, Kenfaoui n'est alors pas

seulement intéressant mais plutôt important. Alors que le drame se trouvait dans les rues marocaines, l'ironie du sort voulut que ce pionnier soit appelé à

encadrer un groupe de stagiaire amoureux de théâtre en compagnie de feu Voisin et Charles Nugue. Consultant auprès de l’UNESCO, afin de créer ce qui devait

devenir le théâtre marocain. Cependant, Kenfaoui eut plus d'effet sur l'art dramatique marocain derrière sa feuille blanche qu'entouré d'apprenants.

Apprenants qui, pourtant, n'étaient pas des moindres. Les Afîfi, Laâlej et Seddiki -l'aîné s'entend- lui sont tributaires de leurs débuts sur les

scènes ou dans l'écriture. Ils avouent lui devoir plus que cela même, il était pour une génération d'artistes un maître à penser. Artiste lui-même, il aura écrit

quelques-unes des plus brillantes œuvres jamais esquissées dans cette «darija» que l'on confine au rang de dialecte, alors qu'il l'élève au rang de langue par sa

poésie subtile et élégante. Drôlerie et lyrisme font bon ménage entre les lignes de cet auteur qui ne se sera pas contenté d'adapter Molière mais d'en être

l'équivalent pour ce théâtre marocain aujourd'hui en perte de vitesse. C'est pour la retranscription d'un recueil de proverbes qu'il avait récoltés que j'ai pu

découvrir toute la teneur de ce dont m'avait parlé Danièle Kenfaoui. Un enchaînement de mots, un chapelet de poésies qui s'égrène entre sagesse et coquinerie.

Une plume d'auteur qui ne peut qu'être admirée du fait de sa fluidité et sa construction. En fond, comme le rayon d'une lueur tamisée, c'est la personnalité

d'un homme qui jaillit, sa sagesse, son sérieux, son humour, parfois même sa grossièreté. Un homme avec ses qualités et défauts car en aucun cas il ne se

targue d'être un «surhomme». Tout simplement l'un de ses pairs. C'était tout de même un drôle d'homme. Un artiste au talent inné à la cause marocaine.

Membre de lit première délégation marocaine en République populaire de Chine, il fit aussi partie de cette troupe qui conquit Paris durant son Festival du

théâtre en 1958. Un demi-siècle plus tard, il serait peut-être temps de toucher à nouveau la ville des Lumières par l'éclat du souvenir de cet artiste engagé. Il

fut à l'origine d'une acharnée mais lyriquement métaphorique dénonciation de la corruption, pas dans la lâche position de l'opposant, mais dans celle d'un

homme qui critique un système dont il est l'un des maillons. Ne pas exiger l'intégrité sans en donner l’exemple. Un artiste comme on n'en faisuit plus au

vingtième siècle; plus qu'un marchand de rêves, était un moteur du «meilleur», Un mécène d'idéaux. Chargé d'affaires à l'ambassade marocaine de France, il

n'en était pas moins le pionnier de la «darija»artistique. Plus proche des Nass Gihiwan et des Jil Jilala que l'Oum Keltoum, il Etait Marocain avant d'être Arabe,

indigène avant d'être «colonisé», Nais aussi Arabe et «colonisé français». Il était tout ce que e carrefour des civilisations que présente ce pays lui imposait l'être

dans une grâce flirtant avec l'insolence mais noyée dans l'impressionnant.

Par Amine Lagssir

Le matin du Sahara / 27.03.2008

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La sincérité engage l'être dans son intégralité, alors que

le commerce des humains voudrait que l'on garde toujours un

peu sous le manteau. Abdessamad Kenfaoui aura été au bout de

cette assertion. Un personnage entier qui savait que, par

moments une certaine parcimonie dans les faits et les pensées

pourrait s'avérer salvatrice. Il avait cette capacité d'allier deux

types d'intelligence, celle du cœur, infaillible, souvent apparenté

à l'instinct et son corollaire l'intuition ; et celle de l'esprit qui en

a fait le créateur incontesté de la scène marocaine. Oui,

Abdessamad Kenfaoui a donné naissance aux planches au

Maroc. Il a présidé à la création du Théâtre dans son approche

marocaine.

Ceci pour l'histoire d'un homme qui, un jour, aux côtés

d'André Voisin (1), lors d'un stage de théâtre, organisé par ce

dernier dans

la forêt de la Maamora à Rabat en 1952, il a lancé le théâtre

populaire en langue arabe. Lui, qui naviguait entre le

Français, l'Espagnol (il est né à Lârache) et l'arabe avec une rare

aisance. Charlyne Vasseur Fauconnet (2) résume bien le

tempérament de Kenfaoui : «Le théâtre est aventure humaine,

un lieu géométrique où se déroulent des événements, des

combats où les héros sont souvent pris au piège des libertés, et

les libertés prises aux pièges des héros. Magnifique échiquier, pour ce cérébral soumis à ses pensées, à ses sentiments, mais parfois isolé au milieu de

réalités...Ni homme de parti, ni homme de pouvoir. Il mesurait l'espace qui lui permettait d'agir dans une relation authentique à lui-même.»

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Ceci pour dire que les seuls hommes vrais sont ceux qui peuvent pénétrer en eux-mêmes, les esprits cosmiques capables de descendre assez profond pour

discerner leurs liens avec le grand rythme universel. Kenfaoui aura marché sur ce type de sentier intime. Aura-t-il rencontré quelque reflet de lui-mê-me dans les

profondeurs de cette plongée en soi ? Son art seul pourra nous le dire.

Un homme dans la foule

Théâtre populaire, consécration de la darija, les œuvres d'Abdessamad Kenfaoui sont ancrés dans le cœur même de la vie marocaine. Même quand il

transpose les Fourberies de Scapin de Molière en Fourberies de Joha (pièce jouée par Tayeb Seddiki et Tayeb El Alj en 1956), il puise dans l'âme des

Marocains pour révéler le caché, mettre la lumière sur une époque, rendre compréhensible une lutte, la victoire d'un peuple, l'engagement par la ruse. Il

savait déjà que quand on est en haut on ne voit pas ceux d'en bas. On ne risque même pas un regard dans cette direction. On fixe des points toujours

plus haut, on finit par avoir le vertige si on n'a pas l'estomac bien calé. Et souvent on tombe de tout son poids. Occupant des postes de très haut rang, Kenfaoui

a su allier entre les deux extrémités d'un seul corps. Le sommet et la base sont une assise mobile sur laquelle, il a bâti son théâtre où l'humain a toujours été

l'unique credo. Pour Kenfaoui offrir sa vie était la règle à suivre.

Si cette limite n'est pas franchie, l'art et le théâtre, politique ou social ne seront que fabulation. Savoir se donner aux choses et aux êtres, fait que

l'homme de théâtre peut agir sur le cours de la vie. Tout acte qui n'est pas chronique de l'âme, et rien de plus, n'est que formes dénuées de sens. Ceci

Kenfaoui le savait.

Le mensuel / Avril 2008

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Aussi. C'est dans le discours, le propos, les situations que l'on

ressent le vrai du faux ; c'est dans le frottement avec le réel que

l'art de faire illusion comme un prestidigitateur se dévoile. Cela

aussi Kenfaoui le savait. Car le mot est une figure de destin qui

se révèle comme une forme de confession, que confirment la

sincérité et l'authenticité de la personne qui le dit. Dans ce sens, ce

qui vient des tripes n'a pas à se chercher des formes. Il est la vérité,

même du moment, mais une vérité solide qui instaure ses règles,

impose sa vision, crée son univers indéfectible. C'était cela le

théâtre de Kenfaoui que l'on découvre aujourd'hui dans ses

œuvres, ses écrits posthumes, ses notes, ses archives, tous ses

cahiers d'écoliers où il a couché quelques pans de son histoire.

Le sens de l'histoire

On le sait qu'il est presque toujours impossible de savoir

aujourd'hui ce qui sera considéré comme élevé et grave demain,

ou comme insignifiant et ridicule après coup. Nous n'avons que

des approches mutilées de ce que nous vivons. Nous n'avons

pas cette faculté d'embrasser d'un seul regard tous les angles qui

forment un événement de la rie. Il est même possible que cette

vie que nous acceptons sans mot dire paraisse un jour étrange, stupide, malhonnête, peut-être même coupable. Comment Kenfaoui a eu cette acuité du

sentiment pour voir en visionnaire ce que sera l'avenir. Lisez Sultan Tolba ou Sultan Balima, il n'y a pas plus Actuel dans toute la littérature marocaine.

L'historien, le militant à l'UMT, le poète, toutes ses facettes de la personne de Kenfaoui ont su éviter le ressac du flou.

On se rend tous compte au bout d'une bonne lecture de Kenfaoui que les hommes moyens dont l'esprit est surexcité, mais incapable de se libérer

dans la création, éprouvent toujours le désir de se donner.

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En spectacle. Malgré des années difficiles, entre la fin

des années cinquante et la moitié des années soixante-

dix, Kenfaoui, plongé dans une époque qui n'était

pas celle du rêve pas plus qu'elle n'était celle de l'illusion

béate, il a su garder son autonomie. Une indépendance

à toute épreuve. Une liberté de citoyen, d'homme de

parole qui savait aussi se jouer des apparences, biaiser

avec les partis pris et faire des pieds de nez aux acquis

des autres. Tout son théâtre est un réquisitoire sous des

allures d'histoire, contre la supercherie, le mensonge, la

vacuité, l'injustice et la mort de l'âme.

En définitive, l'art d'Abdessamad Kenfaoui n'est pas

uniquement cet engagement sincère à la fois politique,

culturel, social et humain, mais celui d'un grand

monsieur qui a toujours dit que le but de la vie sur terre

n'est peut- être rien de plus que de découvrir son être

véritable... et de vivre en accord avec lui, et peu importe

le drapeau qui pourrait flotter sur nos têtes pourvu que

l'on soit en règle avec qui nous sommes. Amen.

(1) André Voisin était un animateur culturel au service de la

Jeunesse et des Sports dans les années cinquante. Il devientrapidement critique de la politique culturelle de la France auMaroc. Il développe sa propre analyse de la situation du peuple marocain et de son théâtre, ainsi que celles des troupes et de leur public. (2) Charlyne Vasseur Fauconnetest psychanalyste et Directrice de collection aux Editions de l'Harmattan)

Le mensuel / Avril 2008

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Ponsabilité des écoles de formation syndicale de l’ UMT. Quatre années

plutard, il accède au poste de secrétaire général de l'Office de

commercialisation des exportations (OCE), un des fiefs du syndicat.

« Il était un homme de principes , homme de luttes et un homme de lettres

.Sondestin a été celui d’un créateur , d’un militant authentique et d’un fin

diplomate »

dira de lui Mahjoub Benseddik. En 1959 il est membre de la première délégation

marocaine gouvernementale à se rendre en Chine. Il fait de la lutte contre la

corruption son cheval de bataille .L’homme est résolument engagé fidèle , aux

idéaux de l’époque. Bourré de paradoxes, de ce natif Larache fait pourtant une

carrière francophone.

Aujourd'hui, c'est son aime théâtrale que ses amis, réunis au sein

de l’association créée en 2002. Veulent ressusciter. Danièle, la présidente

d’honneur de l'association. veut surtout «que l’on rende à l'homme de

théâtre son mérite»,Kenfaoui , mémoire bafouée, personnage oublié ?Pas

vraiment. Plusieurs salles, dont celle du Parc de Ligue arabe à

Casablanca, portent son nom. En 2004.

Soltan Tolba une de ses œuvres les plus connues, est édité en arabe

dialectal, la pièce est mise en scène en 2006

Soltan Balima devrait être édité en français et en arabe dialectal. Ses

pièces pourraient également être à nouveau jouées à Paris. I e plus bel

hommage que Ton puisse rendre à ce passionné qui conduisait déjà le

théâtre marocain, à Paris, à l'aube de l'indépendance.

Amale daoud Le journal /Mai 200

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Kenfaoui ou le théâtre militant

Plus de trois décennies après sa

mort, l'Association Kenfaoui, créé

à l'effigie de l'homme de théâtre

Abdessamad Kenfaoui, tente de

faire revivre ses œuvres.

Abdesamad Kenfaoui n'a pas cessé d'écrire poèma, pitta de théâtre

proverbes, critiques littéraires et mots croisés, sans chercher, dans sa grande

humilité, à pire public ses manuscrits». Près de trente années après sa

mort, les amis d'Abdessamad Kenfaoui. -Ken. Comme beaucoup

d'entre eux aimaient à le surnommer- évoquent encore cette grande

humilité qui caractérisait cet tomme, sans nul doute une des plus

grandes figures du théâtre marocain. Bouktef. A Moula Nouba ou

Sultan Tolba sont quelques-unes de ces œuvres. C’est lui qui conduit en

1958, à Paris, La première troupe marocaine au théâtre Sarah

Bemhardt .Il adapte le Barbier de Séville au théâtre marocain. Il

conduit également Maalem Azrouz. Jouée en 1956 par Tayeb laàlej.

Les célèbres Fourberies de Scapin deviennent Les Fourberies de Joha .

Interprétées cette fois par Tayeb Seddiki. Toujours en 1956. C'est

d'ailleurs auprès de Kenfaoui que ce dernier fait ses premiers pas dans

la vie d'artiste. Tout comme Tayeb laalej et Mohamed Afifi Pour eux. il s'agit carrément d'un »maitre à penser». Kenfaoui est aussi un pionnier de la darija.

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Il ai«ce don de passer du Français à la darija et vice versa avec une aisance hors du commun». raconte un de ses compagnons de route. C'est sans doute ce qui

l'aida à adapter de grandes comédies françaises au théâtre marocain. Mais ce n'es! pas uniquement l'humilité qui est évoquée.

Un touche-à-tout. Abdssamad Kenfaoui cet «homme hors du commun», est d'abord «un homme à plusieurs talents». témoigne Abdellah Sîouky. Homme de théâtre.

Écrivain et fenil de l'expression populaire. Kenfaoui était aussi un juriste.

Cela fait peut-être beaucoup, mais c'est vrai, il était tout cela à la fois». Il touchera également à la politique. Danièle, son épouse, dépositaire de son

œuvre depuis sa mort en 1976, dira plutôt qu'il «aimait son pays». Au tout début des années 60. amour du pays rimait avec engagement politique.

À cette époque, il s'engage aux cotés d'Abdallah Ibrahim et bien d'autres au sein de l'Union nationale des forces populaires (UNFP) puis de l'Union

marocaine du travail (UMT). Mahjoub Benseddik secrétaire général de l'UMT véritable force politique du Maroc de l’après indépendance, lui confie, en 1961.

Le Journal Hebdomadaire du 3 au 9 mai 2008

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Abdessamad kenfaoui pour que persiste la mémoire

Le 14 mai. Le Maroc célébrera la journée nationale du

théâtre. Pour l'occasion, quelques « artiste » Fêteront cet

événement. Mais que célèbre-t-on au juste? Un art tombe

en désuétude, (les artistes laissés pour compte, des salles

vouées à la démolition ? Pour cette journée du théâtre, chez

Ousra magazine, nous avons décidé de célébrer Abdessamad

Kenfaoui, le Molière, L’Edemond Rostand…En un mot : Le

père fondateur de l'art scénique au Maroc !

Il est parti tôt, trop tôt, comme tous les meilleurs (1928-

1976) laissant derrière lui un héritage que nous nous devons de

sauvegarder tel un trésor national. Kenfaoui a interprété à sa

façon Molière. Gogol.... Rassemblé des dictons populaires,

recherché les origines des fables... Il a même conduit la

première troupe marocaine au théâtre Sarah Bernhardt (Paris.

1958).Sultan Tolba : Et si on « jouait » la réalité ?

Kenfaoui s'est inspire de la réalité marocaine de l'époque

pour construire un univers où le drame coexistait avec

l'ironie. C'est à lui que Feu le Roi Hassan II avait demandé

une pièce de théâtre qui incarnerait la culture et les traditions du

Maroc. C'est ainsi que « Sultan Tolba » vit le jour, un grand

succès et surtout, une pièce qui est devenue un chef d'œuvre. Ali

Kadiri. qui a joué Sultan Tolba. Se souvient avec émotion de ce grand moment inoubliable où Feu Hassan II est monté sur scène pour féliciter la troupe.

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Dans « Sultan Tolba », ouvrage édité A la mémoire de Kenfaoui, publié chez Tarik Edition, Ali Kadiri reprend la phrase dite par Hassan II à l'un de ses ministres,

Majid Ben Jelloun : « Si Majid, essayez de faire de cette pièce...Un film. Voyez avec Sam Spiegel. par exemple. Même si ça

coûte six ou sept cents millions, ce n'est pas grave. Pourvu qu'on sache ce qu'est le Maroc. »

Pour l'Histoire :

Pour écrire Sultan Tolba, Kenfaoui s'est inspiré d'une fête instaurée par le sultan alaouite Moulay Er-Rachid (1664 1672).

Ousra / Mai 2008

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A célébrer Aussi le Maroc est en train de fêter les 12

siècles de la fondation de la ville de Fès. La pièce de

théâtre < Sultan Tolba > Fait partie intégrante de

l'histoire de la ville. Et pour cet anniversaire, le Maroc

a programmé pleins de festivités a l'honneur du < grand

évènement> Remarque : Sultan Tol- ba ne figure pas sur

le programme des manifestations culturelles !

brail une période où le Makhzen et les

étudiants de Fès et de Marrakech partageaient le

pouvoir. Chaque printemps, les « Tolba » des

medersas de Fès et de Marrakech organisaient une «

Nzaha » (un pique-nique) durant la quelle était

nommé, parmi les étudiants, un sultan des tolbas

qui constituait son propre Makhzen et formulait un

vœu que le vrai sultan se devait d'exaucer !

Toutefois, l'œuvre de Kenfaoui ne se résume pas à

Sultan Tolba. Il a écrit et réalisé les «Fourberies de

joha, Maàlem Azzouz, le malade imaginaire. A

Moula Nouba, Sultan Balima, Bouktef, Tartuffe ...Et

bien d'autres projets que la mort l'a empêché de mettre en scène.

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Association Kenfaoui : Pour la mémoire collective :

L'association Abdessamad Kenfaoui est née du désir de ses proches et ses amis de continuer à faire vivre sa mémoire. L'objectif, poursuivre l'édition de ses

œuvres et les mettre en scène, au Maroc et à l'étranger. Et même s'il est de plus en plus difficile pour l'association de subvenir à ses besoins, Danièle Kenfaoui

(épouse du défunt) et dépositaire de l'œuvre de Kenfaoui, ne compte pas baisser les bras. La mémoire du père du théâtre se doit d'être respectée, défendue et

sauvegardée. Une conviction à laquelle tiennent tous les membres de l'association : De Danièle Kenfaoui à Odile Suire, (amie d'Abdessamad Kenfaoui et

directrice de l'école Al Jabr en passant par le docteur Aguezenay; Marie Louise Belarbi et M. André Azoulay, membre d'honneur de l'association. La mémoire

collective nous concerne tous et l'on se doit de la protéger. D'une manière ou d'une autre chacun a sa part de responsabilité dans le maintien et la sauvegarde de

l'œuve d'Abdessamad Kenfaoui. Vous pouvez aussi aider Danièle Kenfaoui à faire revivre cet héritage national, en contactant l'association Abdessamad

Kenfaoui au : 321, route d'i Jadida, Appartement '213, Casablanca. Tel. : 0222.59007. [email protected]

Ousra / Mai 2008

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Hommage à l’homme de théâtre

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Je voudrais faire découvrir aux jeunes générations la

place que Kenfaoui a su donner au théâtre marocain, par la

richesse de ses créations, de ses adaptations et de ses

traductio-ns»: plus de trois décennies après la mort d'un des

plus grands hommes de théâtre marocain, l'Association

Kenfaoui, créée à son effigie, veut faire revivre les œuvres de

l'artiste. Abdessamad Kenfaoui, connu aussi bien pour sa pas-

passion du théâtre et de la littérature que par son parcours

militant-il a longtemps été aux côtés de Mahjoub Benseddik

a d'abord été attiré par la politique. Dès les années 60, il

rejoint un des leaders de l'époque au sein de l'Union

nationale des forces populaires, Abdellah Ibrahim. Puis il se

range aux côtés de l'Union marocaine du travail dont il

dirige les éco-les de formation. Il accède quelques années plus

tard au poste de directeur général de l'Office de

commercialisation et d'exportation (OCE), un des fiefs du

syndicat.

Il sillonne le monde avec des délégations syndicales

marocaines. Il fait d'ailleurs partie de la première délégation syndicale marocaine à se rendre en Chine. Tout au long de son existence, il restera éperdument

poète, romancier et surtout homme de théâtre. «Bouktef», «A Moula Nouba» ou«Soltan Tolba» ne sont que quelques-unes de ses Tuvres. En 1958 déjà, il

conduisait la première Troupe de théâtre à Paris. Elle est accueillie au théâtre de Sarah Bernardi. Il est à l'époque attaché culturel et chargé d'Affaires de

l'Ambassade du Maroc à Paris.

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L'homme de théâtre, qui est aussi un féru de

littérature et un excellent critique littéraire, est également un

passionné de proverbes et de prose. «Le barbier de Séville»

est adapté au théâtre marocain et devient «Maâlem Azzouz».

Les célèbres«Fourberies de Scapin» deviennent «Les

fourberies de Joha»interprétées par Tayeb Seddiki en 1956.

Ken est le maître de Seddiki, Tayeb Laâlej et de Mohamed

Afifi, eux aussi de grands noms du théâtre marocain. Four

eux, il s'agit carrément d'un «maître à penser». Aujourd'hui,

ses amis et fans réunis au sein de l'Association veulent qu'un

hommage lui soit rendu. «L'association fait l'inventaire de

toutes ses oeuvres, inachevées, publiées et non encore

publiées, et projette de les faire connaître aux jeunes

metteurs en scène et comédiens ( universités, lycées,

Instituts francais», explique Danièle Kenfaoui, son

épouse qui est aussi dépositaire de son oeuvre. Ses pièces

pourraient aujourd'hui être jouées à Paris. «Certaines de ses

pièces, écrites en arabe dialectal, pourraient être jouées à

Paris, vu l'importance de la communauté marocaine en

France», souhaite Danièle. L’association va également faire

éditer certaines de ses œuvres.

Bledmag / Déc 2008

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Un dramaturge de génie

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est aventure humaine, un lieu géométrique où se déroulent

des événements, des combats où les héros sont souvent pris au piège

des libertés, et les libertés prises aux pièges des héros. Magnifique

échiquer, pour ce cérébral soumis à ses pensées, à ses sentiments,

mais parfois isolé au milieu des réalités. . . Ni homme de parti, ni

homme de pouvoir Il mesurait l 'espace qui lui permettait d'agir dans

une relation authentique à lui-même».Ceci pour dire que les seuls

hommes vrais sont ceux qui peuvent pénétrer en eux-mêmes, les

esprits cosmiques capables de descendre assez profond pour

discerner leurs liens avec le grand rythme universel. Kenfaoui

aura marché sur ce type de sente intime. Aura-t-il rencontré

quelque reflet de lui-même dans les profondeurs de cette plongée en

soi ? Son art seul pourra nous le dire.

Un homme dans la foule

Théâtre populaire, consécration de la darija, les œuvres

d'Abdessamad Kenfaoui sont ancrés dans le cœur même de la

vie marocaine. Même quand il transpose les Fourberies de Scapin de

Molière en Fourberies de Joha (pièce jouée par Tayeb Seddiki et

Tayeb El Alj en 1956), il puise dans l'âme des Marocains pour

révéler le caché, mettre la lumière sur une époque, rendre compréhensible une lutte, la victoire d'un peuple, l’engagement par la ruse. ll savait déjà que quand

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on est en haut on ne voit pas ceux d'en bas. On ne risque même p un regard dans cette direction. On fixe des points toujours plus hauts, on finit par avoir

le vertige si on n'a pas l'estomac bien calé. Et souvent on tombe de tout son poids. Occupant des postes de très haut rang. Kenfaoui a su allier entre les

deux extrémités d'un seul corps. Le sommet et la base sont une assise mobile sur laquelle, il a bâti son théâtre où l’humain a toujours été l'unique credo. Pour

Kenfaoui offrir sa vie était la règle à suivre. Si cette limite n'est pas franchie, l'art et le théâtre, politique ou social ne seront que fabulation. Savoir se donner

aux choses et aux êtres, fait que l'homme de théâtre peut agir sur le cours de la vie. Tout acte qui n'est pas chronique de l’âme, et rien de plus, n'est que

formes dénuées de sens. Ceci Kenfaoui le savait aussi. C’est dans le discours, le propos, les situations que l'on ressent le vrai du faux ; c'est dans le forttement

avec le réel que l'art de faire illusion comme un prestidigitateur se dévoile. Cela aussi Kenfaoui le savait. Car le mot est une figure de destin qui se révèle comme

une forme de confession, que confirment la sincérité et l'authenticité de la personne qui le dit. Dans ce sens, ce qui vient des tripes n'a pas à se chercher des

formes. ll est la vérité, même du moment, mais une vérité solide qui instaure ses règles, impose sa vision, crée son univers indéfectible. C'était cela le théâtre

de Kenfaoui que l'on découvre aujourd’hui dans ses œuvres, ses écrits posthumes, ses notes, ses archives, tous ses cahiers d’écoliers où il a couché quelques

pans de son histoire.

Le sens de l'histoire

On le sait qu'il est presque toujours impossible de savoir aujourd'hui ce qui sera considéré comme élevé et grave demain, ou comme insignifiant et ridicule

après coup. Nous n'avons que des approches mutilées de ce que nous vivons. Nous n'avons pas cette faculté d'embrasser d'un seul regard tous les angles qui

forment un événement de la vie. Il est même possible que cette vie que nous acceptons sans mot dire paraisse un jour étrange, stupide, malhonnête, peut- être

même coupable. Comment Kenfaoui a eu cette acuité du sentiment pour voir en visionnaire ce que sera l'avenir, Lise , Sultan Tolba ou Sultan Balima, il n'y a

pas plus actuel dans toute la littérature marocaine. L'historien, le militant à l'UMT, le poète, toutes ses facettes de la personne de Kenfaoui ont su éviter le

ressac du flou. On se rend tous compte au bout d'une bonne lecture de Kenfaoui que les hommes moyens dont l'esprit est surexcité, mais incapable de se

libérer dans la création, éprouvent toujours le désir de se donner en spectacle. Malgré des années difficiles, entre la fin des années cinquante et la moitié

des années soixante-dix, Kenfaoui, plongé dans une époque qui n'était pas celle du rêve pas plus qu'elle n'était celle de l'illusion béate, il a su garder son

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autonomie. Une indépendance à toute épreuve. Une liberté de citoyen, d'homme de parole qui savait aussi se jouer des apparences, biaiser avec les partis pris

et faire des pieds de nez aux acquis des autres. Tout son théâtre est un réquisitoire sous des allures d'histoire, contre la supercherie, le mensonge, la vacuité,

l'injustice et la mort de l'âme.

En définitive, l'art d'Abdessamad Kenfaoui n'est pas uniquement cet engagement sincère à la fois politique, culturel, social et humain, mais celui d'un

grand monsieur qui a toujours dit que le but de la vie sur terre n'est peut-être rien de plus que de découvrir son être véritable... et de vivre en accord avec lui, et

peu importe le drapeau qui pourrait flotter sur nos têtes pourvu que l'on soit en règle avec qui nous sommes. Amen.

(1)André Voisin était un animateur culturel au service de la Jeunesse et des Sports dans les années cinquante. Il devient rapidement critique de la politiqueculturelle de la France au Maroc. Il développe sa propre analyse de la situation du peuple marocain et de son théâtre, ainsi que celles des troupes et de leurpublic.

(2)Charlyne Vasseur Fauconnet est psychanalyste et Directrice de collection aux Editions de l'Harmattan)

La vérité / 16.04.2009

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Théâtre en quête d'auteurs

ll est incontestable que le théâtre marocain traverse une

crise de création. ll est légitime de s'en inquiéter d'autant plus

qu'il n'est pas né d'hier et qu'il a eu un passé glorieux. Il n'est

que de se remémorer les lendemains de l’indépendance.

La troupe de la Maâmora avait participé au Théâtre

des Nations â Paris avec «Les fourberies de Scapin›› de

Molière et «Les balayeurs››, imagerie populaire due en

particulier à feu Abdessamad Kenfaoui que secondaient

Pierre Lucas puis Albert Botbol. La troupe de la Maâmora

effectuait un travail collectif d'où émergeait Ahmed Tayeb El

Alj adaptateur des «Fourberies››. Tout le public français ainsi

que la critique avaient accueilli ces deux spectacles avec un

rare enthousiasme, soulignant la performance de Tayeb

Saddiki dans le rôle de Scapin.

On peut affirmer qu'à l'occasion du Théâtre des

Nations, le théâtre marocain avait marqué sa naissance de

belle manière. Quelque temps plus tard, feu Abdessamad

Kenfaoui allait écrire «Bouktef et Ahmed Tayeb El Alj adapter

«Le Tartuffe» de Molière, rebaptisé «Walyou Allah», mettant en scène les faux dévots. Cette pièce qui reste d'une actualité brûlante, si l'on peut dire, avait été

filmée par la RTM Auparavant, un comédien exceptionnel, Mohamed Said Afifi, allait éclater dans «Monsserat»d’Emmanuel Roblès. Outre son talent, ce

comédien était doué d'une grande générosité puisqu'il allait quelques années plus tard former une troupe composée de malvoyants.

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((On peut se demander comment et pourquoi

le théâtre marocain est actuellement aride alors

qu'il| avait débuté par un coup d'éclat à Paris.

au théâtre des Nations.))

Après la disparition de la troupe de la Maâmora, certains des acteurs devenaient des animateurs et avaient constitué des troupes. C’est ainsi qu'une expérience

exceptionnelle avait vu le jour à Casablanca. plus précisément au port. Encouragé par l'UMT, Tayeb Saddiki s'était installé dans un hangar, transformé en salle

de théâtre pour y installer le «théâtre travailliste». La troupe allait y jouer « L’assemblée des femmes» d'Aristophane et «Le revisor» de Nicolas Gogol devant

un nombreux public et avec un grand succès à chaque représentation. L’expérience avait été stoppée brutalement.

Pour des raisons mystérieuses. Le même Tayeb Saddlki allait plus tard adapter «En attendant godot» de Samuel Becket rebaptisée «Fintidar

Mabrouk»puis «Amédée ou comment s’en débarrasser» d'Eugène lonesco devenue « Moumou bou khorça ». Plus tard encore ce sera «Le Maroc est un», grand

spectacle accueilli par les défuntes arènes de Casablanca.

De leur côté, les frères Badaoui, avant et après leur séparation, ont écrit de nombreuses pièces dont « Almaslaha al amma » (l'intérêt général). Le théâtre

arabe n'était pas absent puisqu'ils ont fait jouer «Ahl al kahf» de Tawfik Al Hakim. Il faut préciser que les frères Badaoui avaient débuté leur carrière théâtrale

avant l’indépendance. Ce long chemin a abouti, il y a peu, à l’adaptation par Abdelkader Badaoui, d'une pièce en un acte d’Anton Tchélthov, «L’ourss»,

diffusée par 2M.

Si on ne trouve pas de chronologie dans tout cela, c'est que ce n'est pas l’objectif. Il est surtout important de montrer que le théâtre marocain a un répertoire, à

l'instar de tous les théâtres du monde. Ce répertoire est composé de créations nationales et d'adaptations d'auteurs étrangers. «Mesure pour mesure» de

Berthold Brecht avait été adaptée et jouée par Mohamed Khalfi et sa troupe. Ce répertoire existe donc mais sommeille.

Y est inscrit «Al Harraz» et «Albdemhmane Belmejdoub» de Tayeb Saddiki, le plus prolifique des auteurs dramatiques marocains, et dont les travaux

rappellent que le regretté Saïd Seddiki n'était pas loin. Ce répertoire est enrichi aussi par l'expérience solitaire de Zerouali, et les pièces de Berrechid.On le

répète, il ne s'agit ni d'une chronologie et encore moins d'un palmarès. On peut se demander comment et pourquoi le théâtre marocain est actuellement aride

alors qu'il avait débuté par un coup d'éclat à Paris, au théâtre des Nations. Travail pour un sociologue à coup sûr. Ce qu’on souligne avec insistance c'est

l'existence d'un large répertoire qui sommeille. il n'empêche qu'il est vivant. Et que des troupes peuvent s'en nourrir. ll faut ajouter qu'un répertoire n'est pas un

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musée qu'un visite nonchalamment. Une pièce de théâtre est toujours d'actualité. Il est donc impératif que les générations nouvelles connaissent ce répertoire sur

scène et non par ouï-dire. Elles poseront alors la question pourquoi hier et pas aujourd'hui.

Challenge / 24.10.2009

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BOUKTEF, un souffle de jeunesse

Pour ceux qui ont vécu les moments forts du mouvement national comme pour les générations d’après l’indépendance la pièce de Abdessamad Kenfaoui,

BOUKTEF[1] restitue avec une fraîcheur totale l’esprit de ce progressisme qui, jusqu’au milieu des années 60, anima cette vision du monde quelque peu simpliste

mais résolue et cette sensibilité exaltée par un optimisme historique ayant valeur d’absolu.

Sous les ponts de l’Histoire, bien de l’eau à coulé et dans BOUKTEF c’est un souffle de jeunesse confiante (contrastant avec l’amertume et le scepticisme

accumulés depuis) qui nous revient. C’est ce qui fait que cette pièce est si émouvante et que tout y coule de source : et la sobriété des moyens et la simplicité si

dense de la langue.

Le populisme de Kenfaoui n’a pas le goût ranci des écrits populistes d’aujourd’hui. On adhère volontiers aux prototypes de sa pièce car ils ne prétendent pas

tant fixer la réalité que susciter le changement au nom des valeurs premières qui ont nom justice et dignité.

Tout ce qui est « le peuple » est certes sublimé : la sagesse rusée de Joha, (conscience et avant-garde du peuple travailleur porteur d’une justice immanente

qui vient à bout de l’Exploitation et galvanise les esprits), l’obstination de BOUKTEF malgré ses chaînes, la prompte solidarité des gens simples n’empêche, cela a

un accent d’authenticité (celle là qui convie aux lendemains rénovés, non pas au repli passéiste.

BOUKTEF, c’est aussi, c’est surtout cette langue dialectale riche, alerte, aux litotes poétiques et inattendues mais cependant si familière et si proche,

ce qui nous repose du sabir grimaçant de tant de « dramaturges.

Masrah Annass est resté fidèle à la ferveur qu’évoque la pièce, par un souci de sobriété extrême dans la mise en scène, excluant toute fioriture. On ne

pouvait rendre meilleur hommage à Kénfaoui.

Pièce donnée en représentation au théâtre municipal de Casablanca le 31/03/1977 et le 1ere et 2 Avril 1977. Diffusée sur la chaine 2M en Février 2003

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Si Taki

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Témoignages écrits

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Hassan Mnii : Professeur universitaire

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Abdelouahed Ouzri : Docteur en Arts de spectacle de l'Université Paris X à Nanterre

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Bahraoui : Professeur, chercheur

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Souad Rezok : Cadre au Ministère de la Jeunesse et des Sports

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3/Le recrutement des comédiens :

En pratique, A.Voisin recrutait ses comédiens au cours des stages d'art dramatique que le Service de la Jeunesse et des Sports organisait au centre des "Chênes"(1).

C'est ainsi que furent recrutés, outre M.Affifi et L.Doghmi déjà cités, Tayeb Saddiki, Mustapha Amai, Mohamed Lazrak, Larbi Yakoubi, Fatima Regragui, Fatima

Amai, etc.. Du côté français Claude Nahon (plus connu aujourd'hui à la télévision française sous le nom de Claude-Jean Philippe, animateur d'émissions de cinéma), Saddy Rebbot,

Rose Thierry, Charlyn£Fauconnet, Gilbert Lévy...

4/ Autour d'André Voisin :

Avant d'aborder l'activité des Centres d'expression dramatique, il faut signaler que leur réalisation est l'œuvre de toute une équipe. En effet, pour leur

mise en place artistique, administrative et technique, A.Voisin était entouré d'une équipe franco-marocaine qui a travaillé dans un climat d'amitié, dans un esprit

de collaboration et dans une même ambition et perspective, celle de doter le Maroc d'un théâtre national.

Mettre en avant certains serait une injustice pour les autres. Néanmoins, nous nous devons de citer ici, ceux d'entre eux qui furent en première ligne

et dont nous retrouverons les noms tout au long de cette étude.

Du côté marocain, on notera dans un premier temps la présence aux côtés d'André Voisin de deux jeunes intellectuels: Si Tahar Waziz et Abdessamad

Kenfaoui. Bien qu'ils n'avaient au départ aucune expérience théâtrale, ils deviendront très vite des assistants-instructeurs efficaces, et le trait d'union idéal entre

les apprentis comédiens marocains et lui, qui connaissait mal le milieu marocain malgré ses "premières approches".

Supérieures Modernes de philosophie. C'est là qu'il rencontre A.Voisin et Abdessamad Kenfaoui.

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Il sera l'un des premiers cadres marocains à travailler au Service de la Jeunesse et des Sports pendant les années cinquante. Très actif dans

l'encadrement des stages dramatiques aux Chênes, il collabore principalement au travail littéraire de la troupe. Sa parfaite connaissance de la tradition arabe et

musulmane sera très précieuse à l'Atelier d' Auteurs, ainsi que son trilinguisme (arabe, français, anglais). Il sera le premier, dans le monde arabe, à traduire

intégralement Hamlet en arabe classique, en 1955.(1)

Abdessamad Kenfaoui (1928-1976), est originaire de Larache, petit port du Nord du Maroc. Il fréquente une école franco-marocaine de la zone

espagnole. Il fait ses études secondaires à Rabat, au Collège Moulay Youssef, puis prépare son droit, sans grande conviction.

(1) Seuls quelques extraits de cette pièce de Shakespeare avaient été traduits auparavant, notamment par Khalil Matran au Liban, qui a traduit les trois premiersactes.

Un visa refusé par les autorités espagnoles pour rentrer à Larache le contraint à rester à Rabat. Il rencontre A.Voisin qui lui propose et le convaincu,

malgré ses réticences, de participer au premier stage de théâtre qu'il organise en 1952. Il deviendra rapidement son assistant.

Dans un premier temps, il s'occupe da la bibliothèque du Centre éducatif des "Chênes" et assure la traduction en simultané des interventions techniques

des moniteurs français, plusieurs membres du stage n'entendaient que 1'arabe.

"Mais Kenfaoui ne se contentait pas de traduire. Sans jamais rien dénaturer, il se permettait, très sûr de lui mais à juste titre et à bon endroit; d'inclure

dans ses propos ses remarques à lui, où éclatait une technicité étonnante vu son âge " écrira à son propos Abdallah Chakroun(1).

L'éventail de ses activités va, très vite, s'élargir. Moulay Tayeb Ben Zidane, l'un des responsables de la direction de la Jeunesse et des Sports, le nommera

directeur technique et culturel au sein de son service.

Il participe à la fondation de la première troupe professionnelle marocaine, il en sera le co-directeur avec A.Voisin quand celle-ci participe au Festival de

Paris en 1956. Il conduira la même troupe, en 1958, en Belgique à l'Exposition Internationale.

(1) A. Chakroun, in Programme de la soirée organisée pour le premier anniversaire de la mort d'A.Kenkaoui, le 31 mars 1977, au Théâtre Municipal deCasablanca.

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Comme auteur dramatique, il participe aux créations collectives de l'atelier d'auteurs, qui constitue la base du premier répertoire artistique marocain

(Chems ed Doha, Les babouches ensorcelées, Les Balayeurs. . . ). De même qu'il traduit et adapte, en collaboration avec Si Tahar Waziz et Ahmed Tayeb el Alg,

des pièces françaises (Le Barbier de Séville, Les Fourberies de Scapin...)

A ses condisciples de l'époque, il laissera le souvenir d'une personnalité inoubliable. A.Kenfaoui était un personnage à multiples facettes: homme de

théâtre, diplomate, militant syndicaliste, chercheur: il a traduit des films, organisé des festivals, recueilli plus de vingt mille dictons populaires , auteur

dramatique et plus secrètement poète. Didier Béraud (1) nous dira à son propos: "J'étais ébloui par ce garçon, non seulement pour ses connaissances mais pour

les analyses qu'il avait sur les situations vécues dans son pays et dans le monde, j'adorais l'écouter et m'instruire (...) il m'a offert une ouverture sur le monde et

surtout sur la différence ( ) c'était un ami fraternel mais aussi un maître ( . . . ). Je crois sincèrement que quelques soient les qualités immenses de Voisin, il

n'aurait pas réussi au point où il a réussi sans Kenfaoui, qui était pour tous les jeunes marocains le pôle.

(1) Didier Béraud, que nous retrouverons plus loin, nous a accordé plusieurs entretiens dont nous avons extrait ces propos.qu'ils se tournaient, c'est lui qui les incarnait le mieux, c'était lui leur emblème."

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Ziati Abdelmoula : Comédien, dramaturge

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Témoignages amis

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Des hommes de théâtre, des amis, des femmes témoignent.

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Tahar Ouaziz :Dramaturge, enseignant universitaire

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Charles Nugue : Animateur culturel et Expert à l'UNESCO (1927 – 2003)

Abdessamad Kenfaoui

Origine d’une vocation ou portrait de l’auteur dramatique à 25 ans.

Dans le fond, il doit être heureux – bien qu’un peu goguenard – notre Abdessamad Kenfaoui, de voir que ses pièces de théâtre, plutôt que ses

rapports administratifs assument aujourd’hui la présence écrite de son souvenir. Pour être tout à fait complet (mais pourrait- on jamais l’être avec ce curieux,

gourmand de tout), il faudra aussi éditer un jour ses poèmes, témoignages intimes de sa pudique sensibilité, et surtout les dictons populaires qu’il récoltait

soigneusement, comme de précieuses fleurs parfumées de naïve sagesse. On l’imagine bien à sa table d’auteur dramatique entrain d’inventer les répliques de ses

personnages en s’inspirant du fatalisme d’un proverbe paysan, de l’insolence d’un adage murmuré par une vieille ou de l’audace d’une maxime lancé par un

gamin des rues, sans oublier les comptines rythmant la danse des petits enfants. Même les pièces étrangères qu’il traduira ou adaptera seront ainsi souvent

imprégnées de cet esprit, plein de bon sens et finesse, qui fut l’un des charmes de son théâtre et de son succès populaire. L’œuvre de Kenfaoui s’inscrit au

croisement d’une tradition fondamentale marocaine faite d’une oralité joyeuse impertinente et d’un formalisme reposant sur les habituels ressorts dramatiques

occidentaux.

Il eut à explorer ces deux pistes dès le début des années 50. Ayant à peine plus de 20 ans, il fut chargé, avec Tahar Waziz et aux cotés d’Andre Voisin,

de l’encadrement de stages d’art dramatique se déroulant aux chênes, dans la forêt Maâmora et devant déboucher sur l’émergence d’un théâtre marocain original

et moderne. Persuadé qu’il ne saurait y avoir d’avenir sans passé, il eut à cœur de sensibiliser les jeunes stagiaires dont il avait la charge à l’histoire de ces

formes, théâtrales avant la lettre, que sont le Bsat, Sultan Tolba et la Halqua. Si cette dernière existe toujours à Marrakech, et continue de réunir autour de

conteurs et acrobates d’éternels cercles de badauds, les deux autres ont disparu avec le protectorat. Sultan Tolba donnait aux étudiants de Fez de droit de choisir

pour une semaine un roi chargé d’organiser fêtes et concours de poésie où la critique pouvait trouver place. Le Bsat mettait en valeur l’esprit satirique des

saltimbanques qui pouvait devant le Roi ridiculiser une fois l’an les mœurs du temps et les personnages en vue. Kenfaoui était plus attiré vers ces origines

historiques et contestataires que par le répertoire des troupes existantes, généralement amateurs, oscillant entre les traductions des pièces occidentales et les

œuvres des dramaturges du Moyen Orient ou de jeunes auteurs locaux s’inspirant le plus souvent de problèmes familiaux maladroitement traités. S’il put ainsi

faire participer les stagiaires à une meilleure approche du théâtre à travers une bonne connaissance de son histoire et une analyse critique de sa situation, il dut

ainsi contribuer à leur formation professionnelle de futurs comédiens. Mais il ne se sentait ni compétence, ni attirance pour les arts de la diction et du geste.

Son apport consista alors à une recherche de concordances entre les disciplines corporelles et vocales du métier d’acteur et certaines de ces expressions

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chorégraphiques, musicales et chantées que sont l’aidous, la guedra ou l’ahouache. Il fut sensible à la dimension cosmique de ces opéras collectifs, intégrant la

respiration des saisons dans le rythme des cérémonies d’une communauté, le rituel ancestral de pas cadencés aux improvisations poétiques issues de l’imaginaire

de sociétés encore agro-pastorales. C’est sans doute alors que Kenfaoui le futur dramaturge, né dans le nord, à Larache, découvrit et fit siennes ces

traditionnelles et populaires expressions du sud marocain. C’est au cours de ces stages dans la forêt de la Maamora que s’affirma pour Kenfaoui une vocation

d’auteur dramatique dont lui même jusqu’alors n’avait peut être pas encore entièrement conscience. Les cours théoriques sur l’histoire du théâtre et la

dramaturgie, les exercices pratiques de formation des comédiens, devaient trouver leur application, en fin de stage, dans la réalisation de spectacles. Il ne pouvait

être question pour André Voisin d’utiliser ni les textes existants en arabe dialectal, souvent de simples pochades, ni les pièces d’auteurs connus du Moyen

Orient, ni les traductions en arabe classique d’œuvres européennes. Il fallait donc inventer un répertoire adapté aux compétences des stagiaires et pouvant

répondre aux attentes d’un nouveau public dont l’émergence était espérée.

Kenfaoui sera l’âme et la cheville ouvrière de ce travail d’imagination et d’écriture. Certes il ne fut pas seul. L’expérience de Tayeb El Alj et la

rigueur de Tahar Waziz furent indispensables pour que puissent être rapidement créés des ouvrages aussi divers que Ibrahim Ibn Adham, Chams El Doha, Joha

ou Maalem Azzuz. Si les deux premiers s’inspirent de l’hagiographie et du légendaire arobomusu lman, les deux autres mêlent à la trame de Molière ou

Beaumarchais des situations, constructions et expressions dramatiques spécifiquement marocaines. Puis ce seront des créations plus originales comme les ` les

balayeurs ` et les ` Babouches ensorcelées `. Même si elles restent collectives, Abdessamad en fut le jeune maître d’œuvre. La suite confirmera sa vocation

d’auteur dramatique et l’originalité de son théâtre à la fois universel et spécifiquement marocain. C’est bien en ce tout début des années 50, singulièrement aux

chênes et dans les tournées qu’il accompagna, que se précise sa décision d’écrire pour à la fois faire rire et réfléchir.

Son œuvre parlera donc désormais de la vie au Maroc, tout en racontant les aspirations et désillusions, les espoirs et révoltes, les défauts et qualités

des hommes de partout et de toujours. Subtile alchimie sachant harmoniser une connaissance des ressorts dramatiques les plus intemporels à une curiosité qui

lui fit sans cesse porter un regard aigu sur la société des personnages qui l’entourèrent. Le tout coloré par la tendresse malicieuse, la poésie nostalgique et

l’espérance en l’homme qui furent l’essence profonde de Kenfaoui que j’ai connu et aimé. Dès le début des années 1950 Abdessamad Kenfaoui fut chargé de

l’encadrement de stages d’art dramatique devant déboucher sur l’émergence d’un théâtre marocain original et moderne ; il a contribué à la formation des futurs

comédiens dont Mohamed Afifi, Ait Mouhoub, Hassan Skalli, Fatima Regragui, et d’hommes de théâtre dont Farid Bark De 1952 à 1956, il fut le maître d’œuvre

des créations et adaptations collectives de l’Atelier d’auteurs créé par André Voisin.

Il a conduit la première troupe marocaine au Théâtre Sarah Bernarhardt à Paris en 1958.

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Saïd Saddiki : Dramaturge, journaliste et poète

Les morts, les pauvres morts...

Il y a deux ans, jour pour jour, nous quittait, définitivement hélas, Abdessamad Kenfaoui. Aimé, respecté, estimé, admiré, il incarnait, parmi nous,

la culture, la générosité et l’amour du Maroc et des marocains.

Deux ans seulement que Kenfaoui est absent de cette scène que nous appelons vie et pourtant, déjà, autour de son nom et de son œuvre comme un

voile d’oubli.

Aucune rue, aucune artère de Larache dont il était le fils et qu’il chérissait au-delà de toute expression, ne porte son nom. Les édiles de la ville ont,

c’est évident, bien d’autres chats à fouetter. Laissons les morts enterrer les morts…

Aucune fédération sportive, aucune équipe – pas même le Raja – ne lui ont dédié une coupe, ou seulement une rencontre ; lui qui, depuis les temps

lointains de son adolescence s’est dépensé, a dépensé sans compter pour telle ou telle discipline. Il a bu sa « coupe » notre cher Ken. Qu’il en soit remercié.

Mais…en silence !

Le théâtre, le théâtre marocain dont il a été peut être le pionnier le plus efficace, aura été le plus ingrat envers lui. Mis à part la commémoration

du premier anniversaire de sa mort par Tayeb Saddiki pour lequel il fût l’aîné incomparable, l’initiateur éclairé et l’ami de toujours, aucune rampe au Maroc ne

s’est illuminée en son honneur. « Côté jardin », la verdure s’est fanée, les fleurs ont dépéries et les vases, depuis seulement deux ans, ont eu le temps de se fêler

. « Côté cour », les comédiens qui oublient tout sauf « la réplique » qui les pose, continuent à faire leur cour aux auteurs à succès qui eux, au moins ont encore

l’immense mérite d’être vivants…

Pour certains parmi ces « auteurs », ces dramaturges, ces Molière et ces Brecht à la petite semaine, il semblerait qu’ils optent volontairement

pour l’oubli. On dirait même qu’ils craignent l’apparition d’un spectre indésirable, tant il est vrai que Abdessamad détestait et rejetait ce qui était médiocre,

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impur, intéressé ou faux. Kenfaoui « dérangeait » les grosses têtes pensantes et les petits cœurs vils et serviles. Kenfaoui continue de déranger. Kenfaoui ne

veut pas mourir. Re-tuons-le encore une fois encore, et baissons un lourd rideau sur sa mémoire.

Abdessamad, fils de sa ville chérie, sportif homme de culture, homme de théâtre, militant politique et syndicaliste, chantre de l’amitié, oui, il est tout

cela à la fois. Mais il était aussi et surtout, le témoin exigeant et sceptique, ironique et lucide de son temps, de son pays, de notre théâtre et de notre culture.

Ce témoin, par sa droiture foncière, son honnêteté sans faille, était, est toujours la mauvaise conscience des consciences élastiques. Il aimait – il

aime toujours, j’en suis sûr -- redresser les échines inclinées et les mains tendues. Détestant la flagornerie, il prenait plaisir à faire taire sur les lèvres des faux

poètes les mots passe-partout et les strophes malsonnantes. Ah ! Certes, par son exemple, par l’exemple de sa vie d’homme libre, d’homme intègre, Kenfaoui

a « dérangé » grandement plus d’un. C’était là sa vertu et sa grandeur. Et c’est notre honneur, nous ses amis, de l’avoir toujours compris et souvent approuvé et

suivi.

Mais je sais très cher Ken, que toi au moins, tu n’es pas « dérangé » par le grand silence qui, déjà, voile ton nom ! Trop intelligent pour croire à ces

marques extérieures de l’humaine gratitude, tu as, une fois de plus, fait fleurir sur tes lèvres gercées le sourire narquois des sages.

Que t’importe, là où tu es, une coupe Kenfaoui, une avenue ou une impasse Kenfaoui, une troupe ou un festival Kenfaoui ? Parmi nous, tu aimais

d’autres coupes, débordantes celles là du vin de l’amitié et de l’amour ! Tu cheminais apparemment nonchalant, à travers tes rues intérieures et qui donnaient sur

de magnifiques jardins de beauté et de rêve. Tes festivals étaient autres ; c’étaient ceux de la haute poésie et de la divine musique. Celles du Coran, par exemple.

D’autres amis, non moins chers, ont eu le temps hélas, de te rejoindre, de l’autre côté de la barrière ! Puissent-ils t’avoir transmis notre message et

notre souvenir. Ta place est toujours chaude ici, dans les « coins » où nous aimions à nous rencontrer. Sache du moins, nous garder la nôtre auprès de toi. Et

prépare pour nous, avec la grâce de Dieu, la coupe immaculée, la fleur idéale et le chant qui fait indicible l’éternelle résurrection.

1997

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قصيدة للزجال المغربي السعيد الصديقي

في ذكرى الفنان الراحل عبد الصمد الكنفاوي

ضوات وما طوالتدزت فسمانا نجمة

دزت فظالمنا حلمـــــةودغية طفــــــات

مـــــن كـــل بسمــــــةباألنــــــوار زهــــــات

هيهات هيهات على البسماتواصفى من كل نسمة

كنت كلمة فصيحة وفكر فهيمورق على األحالم الزاهيــات

كنت إحسان ونكتـــة لطيفــةوفوجه الظلم صرخة عميقة

كنتي نجمـــة دازت فسمانــاوعلم كريم

ومـــــــــــا طوالتغير ضوات وطفات

والحزن مرات اهزم فراحناالليل الليل طال ويطول

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الحزن مرات اجرح عيدناوذبل شال أزهار معطرة بعطور تعطار

جور وسطوة بدون فتاويوخنق نشيدنا

والنجوم فليلنا سيارةرغمي ورغمك يا الكنفاوي

بصباح الخير الماجيبحال بشارة

يا نجمة مزروبةبالصباح اللي يفاجي

بعدما شعـــــــالتفسماك ما طوالت

ونا بك ماني ساخيومشيتيعرفتك وما عرفتك

وطيور العرايش فوجمةوسوار لعريش حكات صراخي

وعرصتي جفاتها نسام لعطورنسات النغمة

يا للي حبيتي فالكون أشجاره وأزهارهايبملي انت عنها غ

يا للي عشقتي كل زين مخلوقونسامه وطيوره

وافتحتي القلب لكل كلمة حبوكل سر مغلوق

يا للي عشتي لالخرين ودزت فسماهم نجمةلكل صرخة مقهور

ازاك يازماني من القساوة وشديد المكرةمصاب كون ما كانت مزروب

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شال عزينا وال تعزيناازاك ما تغدر بأعز األص

طال ليل مصابيات لهيه وهنا فطريق الصباح اله وشال مو

وال نجمة مزروبةوال وجدت فتعذابي

وال نجمة مهبوبةالم أياميتضوي ظ

بالراس الصغير زينتي علمكتحيي جنان األحالم

ومشيتي مع الناس وبين الناسوشرفتي فنك بالقلب الكبير

وسخرت من الكذوببالصدق والشجاعة

وعشتي كل دقيقة من دقايق حياتكيت للمحبة والسالمودع

ماد يد مفتوحةمنساجم مع احالمك

وفاتح قلب ممدود

د كالمكفهذا المسرح اللي ردوفهذا المكان اللي عرفتيه وعرف

أيام كنت بينا نجمة واقدةوطرب بنغامك

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اسمح للذكرى تبلل لسانيونسمة بعطورها شاخدة

أغالطي كانت عنده مسموحةيالليواعذر لفاظي المجروحة

وما طوالتيا نجمة ضوات يا خليلي يا أعز األصحاب

يا نجمة مزروبة

1977مارس 18الدار البيضاء

1978نونبر 28الميثاق الوطني الثالثاء

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Mohammed Afifi : Comédien dramaturge

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Aziz Mouhoub : Dramaturge, metteur en scène

.كان رحمه هللا يجمع كل هذه الصفات. حوم عبد الصمد الكنفاوي الكاتب والفنان والمثقف والسياسيللمر" أمول نوبة" كان لي الشرف والفخر أنني قمت بإخراج مسرحية

قطاعات إال عدةأن منصبه كان يشملكان المرحوم كان المرحوم يشغل مديرا لدبوان وزير الشبيبة والرياضة الوزارة التي كانت تحتضن الحركة المسرحية في المغرب أنذاك، ورغم1972في أواخر سنة

ان قد اقترح قطعة أرضية كانت فرقة المعمورة أنذاك مزدهرة ومتألقة وازدادت ازدهارا وتألقا في عهده كان يساندها ويدعمها، ومن محاسن الخدمات التي قدم لها، ك. انه لم يوجه اهتمامه إلى المسرح

وكذلك اقتراح إنشاء مكان تجاري لتنمية اقتصاد الفرقة ومن أهم ما قام به هو تأسيس لجنة قرآة المسرحيات الختيار أحسن . رقةفالحية في غابة المعمورة تستغل فالحيا ويكون دخلها لصالح أفراد الف

فلما دخلت . لي التحق بالسيد الكنفاوي أنه يريدكذهبت إلى السيد عيسى إيكن ورئيس قسم الشباب ألسئلة عن النتيجة قال. مسرحية الفتتاح الموسم، في هذه الفترة الذات لما انتهت لجنة القرآة من أعمالها

شعرت . مسرحيتي، نوظرا لطموحك واجتهادك داخل الفرقة رشحتك ألن تقوم بإخراجها" اموال نوبا" اسمع يا موهوب المسرحية التي سيفتتح بها هذا الموسم هي . على المرحوم في مكتبه بادرني بالكالم

تناول المسرحية -كن عند حسن ظن الجمهور، خذ" البهل" ة وقلت وأنا أبحث عن تغيير منا حسب، أتمنى ان أكون عند حسن ضنك فقال لي بطريقته المعهودة برعشة خفيفة في جسمي من شدة الفرح

موضوع قديم وجديد صارع بين مشعودين . عالية بناء درامي محبوكأخذتها، ولم أنام تلك الليلة حتى قاتها وأعدت قرائها مرارا حتى تعمقت في ظاهرها وباطنها، كان المرحوم يكتب بطريقة احترافية

على تبليغه يصدق وبدون تكلف، وبعد تفهمي وإلمامي وسداج، موضوع ينطبق على جميع المجتمعات ويصلح لكل زمان حوار سلس بسيط في نطقه وعميق في معانه، من نوع السهل الممتنع يساعد الممثل

فتحنا الستار وظهر الممثلون وبدأت المسرحية، وكانت هذه . مثلي الفرقة احمد العلوي محمد الحبشي مصطفى منير محمد الكيناني، بدأنا الجولة بالعرض االول بمدينة مراكشبالمسرحية اخترت من أجود م

انفجر الجمهور بالضحك وبدأ يصفق تعبيرا عن " كاينة المعنى" ت وصاح بصوته الجهوري البداية بمثابة امتحان بالنسبة لنا، ومن خالل أدائنا المشهد األول قام شخص من وسط الجمهور واختار فترة صم

من أجود المسرحيات التي قدمت فرقة المعمورة " أمول نوبة" وهكذا أصبحت مسرحية . إعجابه وتقديره، وهكذا ارتفع تصفيف الجمهور من بداية المسرحية حتى نهايتها بل من بداية الجولة حتى آخرها

لتاريخ يشهد على هذاوا

عزيز موهوب

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Abdellah Chakroune : Dramaturge, ancien directeur de la RTM

C’est Kenfaoui qui était le responsable…

Nous étions l’été 1952, à l’époque du premier séminaire organisé au bois de Maâmora près de Rabat, pour les gens de théâtre, techniciens et artistes.

L’initiative de cette manifestation venait des services de la Jeunesse et des Sports. Plusieurs jeunes hommes participèrent à ce séminaire et tous étaie- nt

enthousiastes. Ce fut le premier rassemblement du genre dans notre pays.

Nous étions, peu nombreux, quelques uns à assurer le rôle d’animateurs moniteurs. Parmi nous se trouvaient ceux qui se présentaient comme

experts et comptaient sur leur expérience, d’autres qui en hommes cultivés ne tiraient leur action que de leur culture générale et d’autres encore, homme

d’administration, qui n’étaient là que pour répondre à une obligation réglementaire, ou appelés à concourir à la réussite de ce cycle d’essai. Accompagné d’autres

moniteurs français, André Voisin fut du groupe, ainsi que M. Bensaïd, un jeune homme actif et de vive intelligence et aussi, déjà, un fin connaisseur du monde

du théâtre.Vinrent aussi des fonctionnaires de la Jeunesse et des Sports, accoutumés aux rencontres culturelles. Revenu fraîchement de Paris où il fit ses études

supérieures, l’auteur de ces lignes eut le privilège de participer à l’événement.

Au milieu de ce monde varié et sympathique, j’eus le bonheur de faire la connaissance d’un jeune homme au regard franc et—tout le laissant deviner—

profond. Il est, me dit- on, surveillant répétiteur au Collège Moulay Youssef de Rabat en même temps qu’étudiant. On précisa qu’il était aussi un excellent ami

de notre distingué frère le Chérif Moulay Tayeb Zidane, un des cadres les plus valables et les plus dynamiques de la Direction de la Jeunesse et des Sports. Ce fut

Moulay Tayeb qui, en hommage à sa solide culture et à son sens artistique des plus raffinés, choisit ce jeune homme, universitaire de talent : Abdessamad

Kenfaoui.

Nous disposions à Maâmora d’une bibliothèque fournie où nous trouvions ce dont nous avions besoin : documents et références.

C’est Kenfaoui qui en était le responsable et il y eut tout un éventail d’activités entre autres celle d’assurer la traduction en simultané des interventions

techniques, des moniteurs français ; plusieurs membres du séminaire n’entendaient, en effet que l’arabe. Notre cher KEN fut le trait d’union idéal et les bilingues

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parmi nous ne tardèrent pas à découvrir chez lui une vertu complémentaire: son originalité, signe d’une personnalité qui devait par la suite s’imposer comme

particulièrement brillante.

Ken ne se contentait pas de traduire. Sans jamais rien dénaturer, il se permettait, très sûr de lui, mais à juste titre et à bon droit, d’inclure dans son propos ses

remarques à lui, où éclatait une technicité étonnante vu son âge. Tous les stagiaires ne tarissaient pas d’éloges à son endroit. De leur côté, les moniteurs

l’admirèrent et le félicitèrent chaudement.

Il m’incombait, entre autres responsabilités, d’élaborer la version arabe du texte de la revue théâtrale « Ibrahim ben Adham », ce qui m’amena à

passer bien des moments féconds à la bibliothèque du stage, aux côtés d’Abdessamad. Nous discutions et souvent, je m’éclairais de ses avis et conseils toujours

pleins de sagesse.

Dans un autre ordre d’idées, nous coordonnions en commun le travail quotidien. C’est ainsi que naquit et se développait notre amitié. J’eus l’insigne

bonheur de découvrir ses grandes qualités de cœur et ses dons d’homme d’esprit, fin, subtil, prompt à l’intelligence des hommes et des choses. Et, surtout si

sensible.

Au terme du séminaire, nous mesurions tous deux, les horizons du théâtre et en saisissions l’importance pour l’avenir de notre jeunesse et de la

culture nationale. Cette bonne rencontre fut un excellent départ pour une amitié et une réciproque estime qui ne faillirent jamais.

Ken, repose en paix, l’âme en joie pure !

Tu as réussi à t’entourer de camarades et d’amis qui perpétuent ton souvenir de camarade attentionné, d’ami sûr, d’homme noble et généreux.

Ton cœur pur les inspirera à jamais, Abdessamad.

Il n’est pour résumer la considération dont tu jouis que cette unanimité des voix autour de ton nom. On humera longtemps ton doux parfum, celui

de l’amitié, celui d’un sourire qui fut ton secret, comme fut ton secret l’Amour que Dieu dans Sa sagesse incommensurable a su en mesurer la dimension et en la

belle et dense éternité.

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Mohammed Zniber : Ecrivain, ancien président de l’Association des Ecrivains du Maroc

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Mahjoub Ben Seddik : Secrétaire général de l’UMT

Un homme de principes et de luttes

Il a laissé un immense vide. Mais sa mémoire, façonnée par son intelligence et sa créativité, invite à l’enthousiasme et à l’espérance qui ont toujours

animé cet homme à la vie débordante. Voilà pourquoi l’évocation de Abdessamad Kenfaoui, le témoignage de son sujet, ne peuvent que susciter en moi des

émotions et des sentiments contrastés.

Tristesse et regret de la perte d’un être qui me fut cher ; en même temps, souvenir vif et chaleureux du personnage et de ses inoubliables qualités.

Il était un homme de principes, un homme de lettres et un homme de lutte. Son destin a été celui d’un créateur, d’un militant authentique et d’un fin

diplomate. Il a réuni l’amour d’un théâtre de talent, un total engagement envers l’action et l’organisation syndicales ; il était curieux des cultures des autres et

ouvert au dialogue avec elles. Il était une personnalité tolérante et agréable.

Abdessamad Kenfaoui, c’est une évidence de le dire, avait investi sa créativité personnelle dans le théâtre. Il l’aimait, passionnément. Peut être

bien que son œuvre telle qu’on la connaît, d’une qualité exceptionnelle, ne suffit pas à restituer sa relation au théâtre, ni le temps et l’énergie qu’il lui consacrait.

Cette passion a eu pour elle la richesse et la diversité culturelles d’un auteur dont l’art s’enracinait dans l’authenticité de sa propre personne. C’est que

Abdessamad était un homme à la connaissance plurielle. Et son éclectisme à lui s’est révélé fécond parce que c’était un éclectisme ordonné, ancré au plus profond

de sa société et sereinement ouvert à l’intelligence de son temps.

Comment ne pas évoquer le théâtre travailliste, cette première et véritable école du théâtre marocain qui a donné une des meilleures générations

d’acteurs et de créateurs que notre pays ait connues. Abdessamad avait apporté au théâtre travailliste une contribution des plus précieuses et des plus riches. Je

suis certain, qu’à tout jamais, l’histoire du théâtre marocain s’écrira en bonne partie avec le nom de Abdessamad Kenfaoui et avec le théâtre travailliste au

chapitre de la reconnaissance.

Quant au militant syndicaliste, son action s’est déclenchée au lendemain de la grève de 1961 à la suite de laquelle il n’a pas repris ses fonctions.

Abdessamad avait alors choisi d’assumer son sort, digne, et il a rejoint l’Union Marocaine du Travail, abandonnant des années d’une carrière diplomatique.

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En fait il n’était pas tout à fait étranger à la lutte syndicale et il n’a fait qu’y prendre la place qui lui revenait. Au sein comme à l’extérieur de l’Organisation, il

aura sans cesse été porté par son sens de l’engagement, de la fidélité aux idéaux et par un souci tout à fait rare de la qualité, du devoir, et du travail bien fait.

Abdessamad n’était pas de ces intellectuels cloîtrés dans leur tour, seuls avec leur savoir, imbus parfois de leur production et de leur personne. De

tels destins et de telles productions sont sans utilité pour le mouvement social. Il n’était pas non plus de ces opportunistes dont l’âme déserte généralement la

plume. Ceux-là considèrent les travailleurs et leurs luttes comme une abstraction utilitaire. On a pu voir combien, inéluctablement, ils sont gommés par le

mouvement des choses et de l'histoire.

Abdessamad était un intellectuel au sens simple, c'est-à-dire au sens plein ; le verbe, pour lui, était action et l’action pour lui était principe, c'est-à-

dire qu’elle était lutte. Il a observé et compris la fraternité et la communauté d’idéal des hommes et des femmes organisés et agissant pour des principes et des

droits. Il les a rejoints et a agi avec eux. Sa force d’abstraction et son intelligence, il les convertissait en humilité pour être chaque jour, avec les autres, comme

tous les autres, un militant, un vrai.

Quelques mots aussi sur le diplomate. La carrière de Abdessamad Kenfaoui a été brève, certes, mais sans doute est-elle, au moins en partie, à

l’origine de ces traits de caractère qui étaient bien à lui : ouvert, disponible, ayant le sens du dialogue, de l’écoute de l’autre, le sens de l’argument. Il était fin,

délicat et discret. Aussi brève qu’elle fût, sa carrière aura été intense car vécue durant ce qu’on appelle un moment d’accélération de l’histoire, une phase difficile

mais riche en événements.

Tel était, à mon sens, et aussi brièvement que possible, Abdessamad Kenfaoui. Une personnalité immensément attachante. Je n’oublie pas notre

tristesse à tous quand il nous a quittés. Son souvenir est demeuré parmi nous d’autant plus présent et plus fort, j’allais dire intact, grâce à son œuvre magnifique

et à son engagement exemplaire.

1996

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Bachir Aouad : Enseignant à la Sorbonne Nouvelle Paris III et à l’Institut National des Langueset Civilisations Orientales

L’initiative de publier les quelques pièces de théâtre du regretté et ami Abdessamad Kenfaoui, dont on a réuni les manuscrits, est le meilleur

hommage que l’on puisse rendre à cet auteur dramaturge de talent, disparu avant de parachever une œuvre qui s’annonçait fort prometteuse pour le théâtre

maghrébin, à une époque où ce genre était encore à ses premiers balbutiements.

Tout le mérite de cette initiative combien heureuse, revient à son épouse Danièle qui n’a cessé de se battre pour que l’œuvre de son mari prenne

la place qui lui revient dans le patrimoine culturel de notre pays. Est-il besoin d’ajouter que sa lutte n’avait d’autre but que de témoigner à cet homme tout

l’amour et l’admiration qu’elle lui portait.

Les quelques pièces qui font l’objet de cette publication sont au nombre de cinq : - A MOULA NOUBA - BOUKTAF EN ARABE - BOUKTAF EN

FRANÇAIS - Une adaptation de TARTUFFE : SI TAKI - BARBE BLEUE.

Certes, bien avant Abdessamad, quelques auteurs marocains s’étaient essayés dans ce genre avec plus ou moins de bonheur.

Celui qui avait réussi à avoir une assez large audience et à toucher le grand public sûrement grâce au choix de la langue utilisée, à savoir le

dialectal a été incontestablement Abdallah Chekroun qui occupait un poste de responsabilité à l’Union de la Radio et Télévision Marocaine.

Toutes les tentatives ébauchées, une vingtaine d’années environ avant Abdessamad Kenfaoui, étaient conçues pour la radio et à ma

connaissance, jamais portées à la scène.

C’est à Abdessamad Kenfaoui que le public marocain et international doit les premières représentations d’un théâtre qui se distingue par son

authenticité et son originalité quant aux thèmes abordés et à la langue utilisée.

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Si ma mémoire ne me trahie pas, je dirais que les sketches d’Abdellah Chekroun tournaient sans cesse autour des questions de mariage

forcé de nos jeunes filles et de quelques conflits de générations.

L’apport nouveau du théâtre Abdessamad Kenfaoui réside dans sa volonté de porter à la scène des pièces traitant des thèmes à caractères

universels.

A ce propos il ne pouvait mieux choisir que de faire connaître au peuples marocains le grand Molière et ce, en faisant des adaptations

notamment de Tartuffe, etc...

L’originalité du théâtre de Abdessamad Kenfaoui, c’est aussi de préserver de l’oubli, des traditions on ne peut plus pittoresques, mais du génie

de notre peuple. Je veux parler de Soltane Tolba et A Moula Nouba.

Rappelant qu’en 1956, il a remporté un immense succès au théâtre des Nations avec une adaptation des Fourberies de Scapin et une pièce

originale des Balayeurs avec la première troupe théâtrale professionnelle marocaine, dont il était le fondateur.

La chanson « Ana echettab » chantée par les comédiens des Balayeurs fût un véritable tube à l’époque, et fredonnée par la jeunesse

marocaine.

1996

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Hamid Triki : Historien

Le solitaire ressuscité

Moi, le damné, le solitaire. Moi qui suis le dépositaire Des péchés de tous les proscrits(...) Je m'assieds et je contemple.

Abdessamad Kenfaoui

Mais je sais très cher Ken que toi au moins tu n'es pas » dérangé » par le grand silencequi. déjà, voile ton nom ...

Saïd Saddiki ( 1978)

Je me sens d'autant plus mal venu d'affronter cette « préface » que je n'ai point eu la

faveur de connaître personnellement Abdessamad Kenfaoui afin de pouvoir joindre

mon témoignage à celui de ses amis. Cependant, aurais-je pu me dérober à la

sollicitation de Madame Danièle Kenfaoui et aux personnes qui, en ce moment même,

s'activent à ressusciter la mémoire du dramaturge ? Certes non. Et il est d'autres

raisons qui m'invitent à accepter. En premier lieu le respect que nous, marocains, devons

à la mémoire de l'auteur de « Soltan Tolba Ne serait-ce pas une manière de nous

libérer de cette lourde dette envers l'homme qui consacra le peu d'années actives qui lui

furent imparties à l'illustration de notre culture populaire ? Ce fut en un temps - celui

de la ferveur des premières années de l'indépendance - alors que la vague de la «

modernité » expédiait aux bas-fonds tant de traditions culturelles accumulées des siècles durant, tant de modes d'expression empruntant les voies du Malhoun,

des quatrains de al-Majdûb et de ses héritiers les « Hlaïqi-s » des places publiques...

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Il faut savoir gré à A. Kenfaoui d'avoir audacieusement mis en scène

aussi bien les strates enfouies de cette culture populaire que la langue qui les

porte. On imagine aisément que cela lui en coûta de nager à contre-courant dans

les ténébreux limbes de notre mémoire.

Pardonne-nous, cher Kenfaoui, si nous t'avons par deux fois

ensevelies ! Mais, voilà que tu ressuscites : 1994, les œuvres de ton « théâtre

populaire » sont enfin publiées, accompagnées de magnifiques témoignages.

1998, sur ton sol natal à Larache, est créé le Prix Abdessamad Kenfaoui

et c'est la biographie que t'a consacré Hassan Bahraoui qui en recueillait la

primeur.

Entre temps, la Faculté des Lettres de Ben Msik à Casablanca t'a dédié

son « Sixième Festival International du Théâtre Universitaire ». Ton nom repose

enfin paisiblement dans une salle au Parc de la Ligue Arabe. Aujourd'hui, c'est le manuscrit déterré de ton « Soltan Tolba », enfoui depuis les premières

représentations en 1967, qui est offert au public. Est-ce le prélude à la reconstitution de notre mémoire estropiée ?

Voilà donc la première raison justifiant cette préface. La seconde consisterait, au regard de l'historien que je suis, à aspirer à couvrir autant que possible

la pièce de Soltan Tolba d'une sorte de tenture historique. J'avoue que l'entreprise n'est pas exempte d'interprétation comme la nature même de la pièce m'y

autoriserait.

En effet, entre le scénario théâtral et les événements qui le fondent depuis le XVII siècle, la relation est établie, à quelques nuances près. Du reste,

Kenfaoui, dans les manuscrits autographes de cette œuvre a pris soin de mentionner constamment les sources historiques consultées.

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Cependant, il est aussi un fait que le caractère historique de Soltan Tolba ne saurait soustraire à notre vigilance les engagements culturels et politiques de

Kenfaoui, les profonds mobiles ayant présidé au choix par lui de ce thème précisément dans l'élan de notre jeunesse des années 1960 : enthousiasme

accompagnant la réémergence de notre langue et de notre culture populaire ; tentative de résistance, par cette culture, à la double vague d'acculturation,

orientale et occidentale qui planait alors sur nous ; rappel au souvenir d'un passé si proche, aux effets palpables, d'une ancestrale tyrannie ; sans oublier cette

ferveur qui saisissait notre jeunesse d'alors... Un sultan des étudiants !

Quelle charge d'illusion cette expression pourrait-elle engendrer en caressant d'un frisson

les esprits et les cœurs !

Mais au fait, quel sens attribuer, en profondeur, à cette tradition remontant au XVII siècle

et consiste à élire, chaque printemps, un Soltan Tolba à la souveraineté aussi éphémère

qu'illusoire ? Réjouissances d'étudiants au tempérament naturellement fêtard ? Cela est certes

vrai. Mascarade Carnavales que prenant l'étudiant comme pâture et le tournant en dérision ? Cela

se dégage clairement des propres propos des tolbas pendant la cérémonie. Prétexte pour parodier le

Makhzen, son appareil répressif, la corruption de ses représentants ? C'est manifestement

évident à en juger par le cérémonial traditionnel de la fête, au moins tel qu'on en connaît le

protocole d'après les descriptions depuis la fin du XIXème siècle et l'iconographie du début du

XXème siècle. Encore faudrait-il préciser que ce cérémonial était établi en accord avec le sultan

régnant. Cette « complicité » du haut Makhzen était peut-être une manière d'adresser un message déguisé rappelant à l'ordre ses propres agents.

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Reste enfin le non-dit ... Etait-ce le rêve de voir évoluer l'ordre établi que seul le Carnaval était à même d'exprimer dans les sociétés où le pouvoir

s'exerçait sans limite ?

Pour ne point abuser de la patience du lecteur, je l'invite, s'il le désire, à pénétrer dans l'alcôve historique de Soltan Tolba par l'intermédiaire des

documents écrits et iconographiques mis à sa disposition. Ainsi ce serait au lecteur de les interpréter à son tour.

Hamid TRIKI

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Ziadi Abderrahman : Cadre - Directeur à La CNSS

ــــان فن نضال

مد خل

و شك ح ال و ح فـيناباقي اش ـشــتـنا[1] ح حال و يـا الكـنفـا وي ش[3] وا نـت مـجـا ورلـال مـنا ناواحنا في أعـما لـنـا ناك[2] ش ح ◌ تو

و بكـلما ت احـنـيـنا أبـكـا كأنعاك المرحوم السعيد عزيزي[4]د قك سط العا فية يـتـ صد قـتيه وهو دا ئما مـص بــعكوحتى لو

.مكافحين و مضحيين مع اخوتكمكـنـتـم فـي طـلـيعـة زما نـ

الظرو ف

السيدة فالسيوني دانـييـل لاتصلت بى .زوجة الكنفاوي الفنان المنا ضطلبت رأيي في ترجمة األمثا يللـصدا قـتـي مـع الـرا حـلو نـظرا

ـمـع و بـقى غيير كـا ملا لـلي وتقديم المرحوم وهذا التراث الها ئل .ج.لحفظه من الضياع و الـتـضلـيـلكتـا ب جـميـلنـشـره في و تـقـرر

.المعروف بالتواضع والفكرالشاملالعا د لالرجل لها ذ تـقـد يـم هذا

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الدراسة و الحياة المسرحية

حا كم البالدو االستعـما ر االسبا ني داد[5] عبد الصمد الكنفاوي في العرائش از

تابع فيها الدراسة االبتدائية مع االوالدق فـي مـد يـنـة األ مـجا دكا ن مـعـشـو

الـد را سة الـثا نـويوفي الربا ط .وفي اعدادية موالي يوسف حاز الباكالوريةكمـل

شــؤون ا لـثـقـا فـيـــةتـعـيـن رئـيـس الـبـعـد د را سـة ا لـعـلـوم ا لـقـا نـونـيـــة

غـنـيــةو خـيا لـيـة بــذ كــاء وا بـدعلرياضة المصلحة المركزيةفي الشبيبة وا

.الـمغـربيةلـصا لـح شـبـا ب مـن الـنـخـبـةتـأ طـيـر ا لـتـداريـب الـمسرحـيـةفـي

.لـلـمـغــربعــصري مـسـرح خـلـقا لـتـد ا ريـــبهـا ذمـن الـمـقـصود

.الـكـنـفـا ويو [6] زيز و ڤـوازانشـرفـوا على إنـشاء هـا د الـفـن الحـيـوي ع طاهر و

. و عبقريتهالـكـنـفـا ويداعإبو اكتشف بـمـقـد رتــه [7] نـوكشا رل و عـززهم

مــسـرحـيــةحـركـة تـنـشـأ بـا ش ضـروريــةكـا نـت شـروطثــال ثـة

لـلـمـفـرجيـنمـسـرحـيا ت و تأ لـيـف الـمـمثـلـينتـكـويـن مـجـمـوعـة د يـال

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.الجـد والسـرورمـسـرح أسـا س هـم و الـجـمهـــورو الممثـل ا لـتأ لـيـف

الزجال المذكورالثـالثي لهاد الـغا ية اجـتـهد لج لع المشهوروالتحق بهم الطيب

مغـربيفي قا لب و تكـتـبـوا المسرحيات األجـنبي من الـتـراث بدا اال قـتـبا س

"شمس الضحى"مسرحية بتأليف بداو عزوز لم ع لط و الم مي الز حاوع ل ج ◌ ماي وع

[9]مترجمة من بومارشيوالمعلم عزوز [8] ما يل موليير مـقـتـبــسةمن جحا ع

لط .زان و تـرجـمتها المجموعةڤـوا ألـفـها المـسـرحية ا لـقـصـيـرةعمي الز

لـلعـربـيــةترجمهامـطران وخـلـيـل ألفها باالنجليزية أما همليت شكسبير[10]

ـــــــة حترافي بـــا همليـــت ـــــل دور ـــــي مث وعفيف ــغ ــــةلــمـ ـربـيــ ــــة ــــها ا لـفـرقـ ــــا تـ ونـتـجـ

ـطروحة الم ـــصوص ـــة الـنـ حـــل مـشـكـلـ فـــي الـبــــدا يــــة ا قـتــــبا س المـجـمـوعــــة

األ زمــة المـخـلـوقـــة ــــل ــــروا لـحـ وا بـتـكـ وخلـــق اشـــكالية حقــــوق المؤلــــف المعروفــــة

اةلمـجـمـوعـــ يمثــــل "كيـــليمثــل فــي اســم "عطــا و" ـــــــوبة ـــــــرحيا ت ا لـمـكـتـ ـــــــل الـمـسـ بـتـسجـيـ

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ـــــب لـقــلـ ا وي ــــــــا لـلـكـنـفـ ف ـــكا الـ ـــــر" المفك الــذماغ وعــزيز" للطــاهر الطــاء

يـر الكلمة الطيبة و الوجه الخ لج لع والالم ل ــــير ــــديل المن ــــوازان القن ــــدري ف ــــف ألن أل ل ا

ــوار لـحـ ــل ــاال ـجـمـيـ ـــــوضع كـيـ الـكـنـفــــــــا وي زيـــا د ة عـلــــى تـكـويــــن الـمـمـثـــــل

ـــــنها ر ـــــا لـ ـــــر ب ـــــل بالـتـمـشـخـيـ والـلـيـ والعـمـــل ألصيـــــل ا وكـيسهــــر علـــى اإلخــــراج

فرقة التمثيل المغربي و مهرجان مسرح األمم

ـد يـر فـرقـة الـتـمـثـيـل ا لمغــربـيمفي بداية االستقالل تعين الكـنـفا وي

سـود ةبـن ا حمد السـيـد ا لـفا ضل ا لـتـسـمـيـةو ا شــرف عـلى ها د

.في الشبيبة والـريا ضةالدولة كا تب ا لــمـد ةها ذ ه فـي كـا ن الـلـي

[14] ا أل مــممـســرح مـهــرجـا ن فـي الفـرقـة با هـتـمـا مو شاركت ها د

.الـفـن واالعـالمعـا صمة باريز في الـهــا مسـا رة بــرنـا ر بـمـسـرح

فـوازا ناالخـرا ج عـلى و أ شـرف والشطـا ببعـما يل جحا شـا ركت

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يقي ا لـشـو ساعده ـد .مـزيــا نبـنـجـا ح وفـا ز ا لـعـرض ا بالطيب الص

وركـزواعلى الفـرقة المغربية الممتا زةو نوهت الصحافة الفرنسية با لـمشاركة

.ومها رةبمـقـدرة أ دوارهم شخـصوا الـممـثـلـيـن ا لمغـا ربــةبا ن و قـا لـوا

با قا مـوجـود ةشـهـا د ات ا لـجـرا ئـد و [15] فـرا نسةممثلين كوميديا من أ حـسـن

ا لـط مـمـثـل كـبـيــرا لـصـد يـقيـيـب قال الصحفي هليير [17] [16] "ديمانش ماتان"في

[18]ا ـحـا مـثـل .الكروخارج من لوحة الرسام دوكانهبـروعــةد ور سـكـا بـا ن ج

و جـما لالمغاربة مثلت بكفا ئة و فـرقة حـا ز االسـتـقـال قال الـمغرب و وزاد

.المغربيالـمسرح باستقـال لية وأقنعتنا الـشعـبـيالـد يكـور واأل داء و أ تـقـنـت

.الـد ا رجـةبـا لـلغـة مـكــتـوبة كـلـهـا متنوعةروا يا ت الكـنـفـا وى و ا نـتـج

.سـبـةو الـمــنـا الـظروف فــرضا تـهـا قـــصـــةلـهــامــســرحــيـة كـــل

.وأ مــوال نــوبــةبـلـيـمـا سـلــطـا ن و [19] ـتـف و سلطان الطلبةمن إ بـداعـه بوك

ا قي أ ما ـي الـسي الـتـ قـاة و اللح ر .ا لمــقــتــبــســةا لـروا يـا ت فــمـن الز

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ـي ش ورغـم المـضا يـقـا ت اللى خـنـقـا تـهرغـم اعــمـا لـهحــقـقـه و ها د

.شا عـريـتـهمـع وخـال تــو كـيـتـأ لـم عـبقـريتهسجنا ت الرقابة اللى ورغم

يــا .الكـيةمحا يـن على تـطـا لـع حـتى بـا لـبـلــيــة تــلـوم ال الـــال يـم

شــفـا فـيـةبـوكـــتــف بـكـل قـا لـهـا حـورية محـنـوكعـذ بـوك .أحوريةأ◌

لى ـط , يـعـيـط الـ ◌ ◌ الـبال والحرمانمـن الـفـنا ن يـحـفـظمـنا نعـلى الـيـعـي

.رمضانكـيـف شـهـر مـحـرم كـيـف عـد نا نمـحـمـد ولـد ويـصلى على

.المسرح العمالي

.النضاليو العمل التوعية مدرسة [20] الـمـسرح العـما ليو ما ش نسا و

الملتـزمةالشعـبـية الثـقا فـة نهـضة االتحاد المغربي للشغل حقق نهضة

و شرفـوا على هذا االختيارات النبيلة [21] الطليعةمسرح نـهـضة وشـجـع

ينه على الصغيرة والكبيرةكــثـيـــرةو مــمــثــلـيــن أ طــر .والصديقى ع

[22] يتأدى عرض يومي مقبول لڭوڭول)الريفيزور( لمسرحية المفتش و كان ك

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[23]القديم جمعية النساء ألريسطوفانوولـيـلـة لـتـوفـيـق الحـكـيـموبـيـن يـوم

.و بالـنـضا ل الـنـقا بي المنظم [25] الملتزموالـعـمل بالمسرح الشبيبة العاملة[24] فت ر و تع

الحياة النقابية

باالتحاد المغـربي لـلـشـغـلو التحق بعدما غادر الكنفاوي وزارة الخا رجية

كـا لـبـطـلاإلخــوا ن ا سـتـقـبـلــوه الد بلـوماسيةالحيا ة وراء ه و تـرك

ن جـيـل من األطر في الـنـضا ل وكو و كلفوه كمسؤول على التداريب النقابية[26]

[27]للعمل ثل ين خبير في المنظمة الدوليةد ولـيـةفي مهراجانات االتحادو م وتع

الغروبتد فـع في [29] بكلمات متقاطعة [28] المـحـجـوبجـريـد ةفـي وشا رك

والـكـفـاحالـنـضا ل مـقـا الت مـع صـبـــا حكــل و تــقـرأ و تــنـشـر

لـقـراء مغـرب انفورماسيون بـنجـا حأفكار الـتـضا من بالكالم المبـا حلقن

[30] د ا و ودنــضـا ل زكـيـة و زكى ا لـوجـودبـها ذا الـجـريد ة شـرف

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الدارجة واألمثال

ونا ضل با ش تـكـون مـعـززةاستعمل الكنفاوي في المسرح الدارجة

نقةو لـغة لـغـة األم هـي بأن ها ذا اللغةما نسا وش ـد ون زا ي الز

وا لــشــراا لـبـيــع و لـغـةوا لـنــقــا بــةا لـعـمـا ل ولـغـة

والحـلـقة [32] [31 ] ا لـبـسـا طولـغـة ا لـمـلـحـون و ا لـعـيـطــة ولـغـة

بـلـغـة ا ألمثـا يـل وا لـحـكـمـةو لهذا تـكـتـبا ت ها د ا لـمـقـد مـة

جاللي فيهم إشارات دا مغزى تربوي نبقاو ديرين بنضال الكنفاويباش

يـقـولو يـعـا ود يـقـول و يـزيـد يـقـولللـكـنـفـا وي يمكـن كا ن

أ مــيلـغــة غــيـر فـي نــكـيكـا ن نـعــرف مـا أ نـا

لـوا الـلي بـغـيـتـوا فـهــمـي ـو .الـلي مـطـا لـعـيـن عـلى هـمـوميو س

واستعملهم في المسرح حسناالستعمالاأل مـثـا للـغـة هي والـدا رجـة

األ قـوا لوا لـد لـيـل عـلى هـا دفي الحواراستعمل القصاروالطوال

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دغـلبـحـكـم حـكـمـوا عـلـيـنـا ما قاله بوكتف للمدني صاحب المال

ة ع د ة الداو البر ر و بـقـى بوكـتـف حـيـران كيتساءلاو واحد أدى البغلعش

.الـجـمـلرا سا لـمـد نـيمـع ا لـحــل يـكــون غــا د ي كـيـف

ريها دا"نـفـس المسرحية بوكتف قـا ل فـيها "ر باهااللي تطلقها ال تـو

ـا يطيح " عـلـيـهــاا بــرا هــيــم زا د أ م ة ك فر شي ح فر "فيهااللي ح

لي ليه"قال ع ع ج يح ه ك ر ◌ ◌ ي م على ح "اللي تكايس [33] ـــلطانباليمــــــا في مسرحيةس

[34] بو عبد الرحمان و احتج عليه "ثا نيبديت بهدا المثا يل عند ك "أو جاو

ـيوق ـلـي لـعـزوز الـبـحـا ط يـا ل ع اط ماتو ث ر ي ما تح اط الع طاك إلى أع

في وباقي الكثيرمن األمثال في مسرحياته ـذ كـورينـش .كـتا بها لـلـي مـا م

فـ و االمثال جزء من حضارتنا األصيلة ـر .وا با لـعـقـلـية المغـربـيـةو كـيـع

.با لــنـضا ل وا لعـز والـمـسـؤولـيـةالبد نحافظوا على ثـقا فـتـنا الشعـبـية

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ا لـزوجـة الـمنـا ضلـة

.وصبرت صاب العيش وال ما صابهحبابهواحترمتبعبدالصمددانييلتزوجت

مها هـو وعا ئـلـتـه وا صحا بـها بحجا بهالمحجوب بـن الصديق أحماه .و دع

ـا بودا ئـما من نوابهالرفيق محمد عـبـد الرزاق .مـوجود إلى اآلخـريـن غ

ا ت حـتـى جـر .أ حـبـا بـهبـشـهـا د ا ت و عززتهم كـتــوبــهطـبـعــت

مـجـهــود قي و با .نـشـيــرلـتـكـمـيـل ا لـلي بـا قـى بـال كـبــيــركــتــد يـر

.مـا رى لــويــزبـلـلعـربـىا لـسـيـد ةوسعداتها فى هاد الميدان مشجعة الكتاب

.ا لـمــنـيــر ا لـعــمـل هـا د عـلـىا لـتـنـويـه وكــل خــيــرتـسـتـحـقـا ن

.على أعمالهم وعلى موقفهم ا لـنـبـيـلبالجميلوكتعـترف لالتحاد ومناضليه

سواء تـعـا لـج فى الخارج أو الداخلبعد ما تكفل بمصارف مرض الرا حل

ر المثـيـللـسـيـد ابـن سودة المستـشاا أ رسـل المغـفـور له ا لـملـك الجـلـيـل[35]

[36] .و أل فـراد أسرة العـرا يـشي األصيـلللـسـيـدة دانيـيـللـتـقـد يـم الـتـعـا زي

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سالماللهم اغـفـر لـفـقـبـد مــاالعروبة واال موا نـصـر ا لـلـهــم مـوال نـا اال

.لسالموارزقه اللهم الصحة والعافية واجاللة الملك محـمـد السادس الـهـمـا م

مــحــمــــدســيــد نــا آ لو عــلـىو صلي الـلـهـم على سـيـد نـا مـحـمـد

.األ عــيـا نو صـحـبـه آ لــه وعـلى عـــــد نـــــــا نو لــــدســــيــــد

Les amis intimes de Kenfaoui l’appelaient aussi Wahch.

[2] Comprendre par twahchnak et wahchak : tu nous manques.[3] Lalla Mannana est un cimetière de Larache.[4] Il s’agit de feu Saïd Saddequi (frère aîné de Si Tayyeb) poète, journaliste et aussi militant à l’UMT.[5] 1928ازداد فى سنة [6] André Voisin a été engagé par les services de la Jeunesse et des Sports en 1950 en tant qu’ «expert culturel » pour encadrer les troupes du théâtre amateur. Voir note n°13[7] Charles Nugue, instructeur d’art dramatique au service de la Jeunesse et des Spotrs en 1952. Après l’indépendance ,, il est engagé par L’Ambassade de France au Maroccomme conseiller artistique.[8] Molière[9] Beaumarchais[10] Shakespeare[11] Mohamed Afifi homme de théâtre et comédien de grand talent. Il a fait, lors de l’émission Hodor en 1977 à la TVM un brillant et original parallèle entre Kenfaoui etStanislavski.[12] Hamlet[13] ATA WAKIL , ce pseudonyme comporte les initiales des quatre auteurs : André Voisin , Tahar Waâziz, Kenfaoui et Laâlej. Cinq pièces théâtrales sont produites par cettecréation collective : Brahim Ibn Adham, Ammi Zlat, les Babouches ensorcelées, les Balayeurs et le Malade imaginaire. André Voisin en désaccord avec la politique culturelle dela France au Maroc a pu convaincre ses supérieurs de la nécessité de promouvoir « Les Ateliers d’Auteurs » , solution idoine pour créer un répertoire marocain adapté à lasituation du Maroc à cette époque.[14] Théâtre des Nations (festival de Paris)[15] Comédie Française[16] Dimanche Matin du 3 juin 1956 (journal)[17] Georges Hilaire journaliste[18] Delacroix peintre français.[19] « Soltan Tolba » Tarik éditions 2004 : Carrefour du Livre.

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Sotan Tolba était un spectacle initié par le Sultan Moulay Errachid (1664-1672) qui a été soutenu par les étudiants contre son adversaire Ben Mechâal.( Voir détails de lapréface et de la présentation réalisées par l’ historien Hamid Triki)

[20] Théâtre travailliste (union marocaine du travail)[21] Théâtre d’avant garde[22] Le Revizor de Nicolaï Gogol[23] L’Assemblée des femmes d’Aristophane (auteur dramatique athénien 450 avant JC)[24] Jeunesse ouvrière marocaine (JOM), organisation des jeunes travailleurs de l’UMT reconnue sur le plan national et international.[25] Théâtre engagé[26] Ecole de formation syndicale[27] Expert auprès de l’Organisation Internationale du Travail[28] M Mahjoub Benseddiq secrétaire général de l’UMT. Il s’agit du journal Maghreb Informations[29] Mots croisés[30] Zakia Daoud, journaliste à Maghreb Informations et auteur de plusieurs livres dontAbdelkrim une épopée d’or et de sang (Séguier) et Les années Lamalif (Tariq éditionsfevrier 2007) : carrefour du Livre.[31] Le bsat était un spectacle annuel qui se prod0.uisait à la cour en présence du Roi, des membres du gouvernement et des notables du royaume. Les représentations produites,outre leur caractère burlesque étaient satiriques ; tout le monde y passait.[32] Halqa est un spectacle populaire produit en plein air. Les représentations de la halqa sont très variées : halqa de musiques populaires, danses folkloriques, gnaouas,acrobates, prestidigitateurs, petits sketchs improvisés……[33] Soltane Balima est en cours d’édition chez Tarik éditions[34] Réplique de Abderrahmane employeur de Ali dans Soltane Balima[35] Feu SM HassanII bien sûr.[36] Décès à Casa le 31 mars 1976

عبد الرحمان الزيادي

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Danièle Kenfaoui

Remerciments à l’occasion de l’édition de la nouvelle collection théâtre ( en 2010)

Durant toutes ces années pendant lesquelles jʼai partagé sa vie... «Une vie de gueux faite à deux», comme il aimait le répéter... Abdessamad

Kenfaoui nʼa pas cessé de dénoncer à travers ses choix dure, ses écrits et tout son oeuvre de théâtre, proverbes, critiques littéraires et mots croisés, l’injustice , la

corruption et la tartufferie, sans chercher dans sa grande humilité, à faire publier ses manuscrits. C’est pourquoi quand la mort lʼa surpris, je m suis retrouvée

en face dʼune œuvre importante, parfois inachevée, sans savoir sʼil aurait vraiment souhaité quʼelle fût publiée. En cette année 2009, à un moment charnière

entre mémoire et histoire, me voici arrivée au terme de la tâche que je mettais fixée : rassembler et publier son oeuvre, en arabe dialectal et en français, dans

une nouvelle collection en six volumes. Toutes les actions menées ont pu être réalisées, grâce à des amitiés fidèles à sa mémoire, convaincues de son talent et de

lʼimportance du rôle quʼil a joué, en fervent défenseur de la tradition et de la modernité, dans lʼenrichissement de la culture de son pays, durant une période

des plus cruciales de lʼhistoire du Maroc.

Collection inachevée : dʼAphorismes

Je remercie aujourd’hui toutes les personnes qui mʼont aidée, de près ou de loin à faire éditer son oeuvre et en particulier ses «fidèles», Mmes Marie Louise

Belarbi, Leila Messaoudi, Odile Suire Sinaceur, MM Abderrahman Ziadi, Boubker Monkachi, Reda Barrada, Mohamed Berrada, Hamid Oudgghiri et le Dr

Mustapha Agueznay, la plupart dʼêtre eux membres fondateurs de lʼAssociation Abdessamad Kenfaoui. Mes remerciements, vont particulièrement à Monsieur

Mohamed Mʼjid, humaniste convaincu et sincère, qui malgré ses activités multiples et prenantes mʼa consacré beaucoup de son temps, ainsi qu’à Monsieur

Abbas El Fassi, Premier Ministre et Député de Larache, Monsieur André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi, pour leur aide précieuse et leur sensibilité,

relative à la sauvegarde du patrimoine culturel marocain, fidèles en cela à lʼestime et à lʼamitié qui les liaient au défunt. Enfin jʼexprime toute ma gratitude à

lʼégard de MM. Abid Kabadi, Abdelkader Boukhriss, Abed El Maallem, le Pr Hamid Triki et le Dr Noureddine Bouchareb pour le soutien quʼils ont apporté à

lʼAssociation depuis sa création en 2002. Que ses amis le retrouvent dans ses écrits, que les jeunes générations le découvrent sur le site Web qui lui sera

consacré, et quʼon lui rende la place quʼil mérite dans lʼhistoire du théâtre marocain, demeure mon vœu le plus cher.

Danièle Kenfaoui

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Marie Louise Belarbi :Libraire éditeur

A l’occasion de la publication de la pièce de théâtre : Soltan Tolba

Tarik Editions, existe depuis juin 2000 et s’est fixé comme objectifs, non seulement la publication de témoignages de l’histoire vécue et non encore révélée

du Maroc récent et contemporain, mais aussi de rééditer les œuvres des plus grands écrivains marocains tombés dans l’oubli ou tout simplement publiés à

l’étranger, ainsi pour Mohamed Khair-Eddine dont nous avons réédité six titres et aujourd’hui enfin, pour Abdessamad Kenfaoui. Nous souhaitons rendre au

Maroc ce qui constitue son patrimoine culturel.

Pour notre ami « Ken », la tâche n’a pas été facile ! Cela fait plus de dix ans que Danièle, son épouse, travaille à rassembler ses œuvres éparpillées au gré des

lectures que « Ken » confiait à ses amis : poèmes, œuvres théâtrales, proverbes, critiques littéraires et même mots croisés , en français ou en arabe dialectal…et il

en manque encore !…Mais aujourd’hui grâce à la création de l’Association Abdessamad Kenfaoui regroupant ses plus fidèles amis, l’œuvre, entière pourra être

rassemblée, déposée, protégée, mise en scène et éditée, car comme vous le savez, Danièle a rejoint dès sa création, l’équipe de Tarik Editions.

La Salle Kenfaoui , rénovée, reprendra du service pour donner un nouvel essor au théâtre populaire marocain, et faire connaitre aux jeunes troupes et à la

jeunesse marocaine, ces œuvres qui leur étaient au fond, destinées ; elles n’ont rien perdu de leur actualité, de leur humour !

« Très cher Ken, permets-moi aujourd’hui de t’interpeller, car je sais que tu es là ce soir, tu ne nous as jamais quittés ; je te vois, penché vers nous, sur les balcons

du ciel, avec ton sourire narquois de sage et ton œil malicieux et tendre. Ben oui ! Je suis sûre que tu n’en reviens pas, toi qui de ton vivant ne t’es jamais

préoccupé de ta notoriété : tu vois, Danièle a accompli, avec l’aide précieuse de ses garçons et demoiselles d’honneur, la mission dont elle se sentait investie

: Abdessamad Kenfaoui est de retour dans l’aventure du théâtre marocain ! »

Marie Louise Belarbi – Tarik éditions – Oct 2004

A l’occasion de la publication de la pièce de théâtre : Soltan Tolba

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Leila Ben Allal Messaoudi :Ecrivain

Préface de Messaoudi Leïla

Mon cher Ken,

J’ai fait ta connaissance avant même de t’avoir jamais vu, toi pour qui le théâtre a tant compté, m’en voudras-tu si je cède à la tentation d’évoquer les étapes de

nos rencontres sur le rythme d’une pièce en 3 actes ?

Acte

A l’occasion d’une rentrée scolaire, après les vacances d’été, une camarade de classe me fait le compte-rendu de son séjour en « métropole ». Partie avec un

groupe envoyé en colonies par le service de la Jeunesse et des Sports de l’époque, elle, française du Maroc, découvrait la France pour la 1ére fois. De retour, elle

voulait tout me raconter de ce pays, que pour ma part je connaissais alors à travers les leçons apprises quasi par cœur. Bien que mes ancêtres n’aient pas

été gaulois, j’avais quand même eu le privilège, parmi mes camarades qui eux en descendaient en droite ligne, d’accéder à toutes ses ressources,

architecturales, agricoles, viticoles…Les moindres affluents de chacun de ses fleuves, les points culminants de ses chaînes montagneuses, son relief côtier et

même son découpage départemental n’avaient effectivement aucun secret pour moi.

Enthousiaste, mon amie me décrit tout ce qui a trouvé grâce à ses yeux. Parmi les meilleurs souvenirs rapportés, elle évoque la présence dans le groupe d’un «

Marocain » d’une grande finesse d’esprit, avec un sens de la répartie et une verve sans pareils et cerise sur le gâteau : « ce garçon est cultivé, aimable, courtois, si

bien élevé… »

Nous vivions alors la dernière année du protectorat français au Maroc et autant d’éloges à l’adresse d’un « marocain » en cette période de préjugés, de défiance, de

rancoeurs, de la part dune communauté à l’égard de l’autre, ne pouvaient être que remarquables.

Je découvris par la suite que ce « Marocain » si particulier, c’était toi.

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Acte II

Tu étais conseiller culturel à l’Ambassade du Maroc à Paris, j’étais au Ministère des Affaires Etrangères à Rabat.

Le Ministre de notre département commun, t’avait fait rentrer au Maroc pour une consultation dans le cadre de ta fonction. Oui, mais voilà que cette rencontre

avec le Ministre qui semblait présenter un caractère d’urgence impérieux, se fait attendre indéfiniment, d’autres urgences avaient pris le pas sans doute.

Pour tuer le temps, tu te mis alors à rendre visite aux différents membres du « service Central » encore assez embryonnaire en ce début d’indépendance de notre

pays.

Je te voyais pour la 1ére fois.

Charlyne Vasseur Fauconnet (Psychanalyste à Paris et Directrice de Collection aux Editions

l’Harmattan)

"L’AMI aux talents multiples"

« Ce que j’ai appris, je l’ai oublié ; Ce que je sais, je l’ai inventé ». Chamfort

Je me souviens de Abdessamad KENFAOUI, cet ami aux talents multiples, homme de théâtre, chercheur, écrivain, poète visionnaire, militant …Nous

nous sommes rencontrés dans les années cinquante [1], années charnières entre le protectorat et l’indépendance ; malgré la complexité politique, il essayait de

concilier la vie, avec la réalité incertaine de cette période historique.

Né à Larache, il se situait à la croisée des langues arabe, française et espagnole. Il connaissait admirablement bien l’âme marocaine, et son pays.

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Aux côtés d’André Voisin[2], il fut le promoteur d’un théâtre populaire de langue arabe. Il s’engagea dans cette aventure qui lui permettait de

repenser le monde, et de faire prendre consciences à la jeune génération marocaine de leur individualité, et de la richesse de leur culture.

Le théâtre est aventure humaine, un lieu géométrique où se déroulent des événements, des combats où les héros sont souvent pris au piège des

libertés, et les libertés prises aux pièges des héros. Magnifique échiquier, pour ce cérébral soumis à ses pensées, à ses sentiments, mais parfois isolé au milieu

des réalités.

Ni homme de parti, ni homme de pouvoir. Il mesurait l’espace qui lui permettait d’agir dans une relation, authentique à lui-même. Il lui fallait être

juste avant d’être généreux. Il n’était point bavard, mais observateur ; et derrière l’acuité de son regard et la distance de son sourire réservé, il y avait une

véritable écoute de l’autre.

Dans ce cahier retrouvé après sa mort, il avait consigné des pensées, des images, autant d’amorces propres à stimuler l’imagination, favoriser des processus

de métamorphose, à engendrer de nouvelles énonciations. Il usait volontiers des aphorismes, comme de petites étincelles d’esprit ou de sagesse – et la sagesse

prête main forte à l’homme pour affronter les contradictions de l’existence.

Elle a participé en 1952 au stage fondateur du théâtre marocain à la MAAMORA.

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Odile Suire Sinaceur : Directrice de l'école El Jabr

En 1958, à Paris, des étudiants maghrébins m'ont présenté Abdessamad, alors attaché culturel à l'Ambassade du Maroc.

En France la situation politique était plus que précaire pour tous ces étudiants et particulièrement les Algériens qui ne pouvaient rester indifférents à

la guerre qui sévissait dans leur pays, (le seul pays du Maghreb qui n'avait pas encore recouvré son indépendance.)

Dès lors, nombreux d'entre eux furent arrêtés, condamnés à diverses peines de prison, à l'issue desquelles, il y avait souvent des mesures d'internement

administratif.

Beaucoup ont réussi à quitter le territoire pour échapper à cette deuxième peine restrictive de liberté. Abdessamad n'y était pas étranger et son aide leur

fut précieuse.

C'est donc, avant l'auteur, l'homme à l'écoute des autres, sensibilisé à leurs difficultés, que j'ai d'abord connu. Mais sa personnalité ne pouvait que rendre

curieux de son oeuvre qui est malheureusement restée trop longtemps ignorée du grand public.

Aujourd'hui, la réédition de l'ensemble de ses pièces, n'est que justice rendue !

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Dominique Caubet :Professeur à l’INALCO Sorbonne

ABDESSAMAD KENFAOUI, PIONNIER DU THÉÂTRE MAROCAIN, MORT PRÉMATURÉMENT...

Voilà tout ce que je savais il y a peu, d'Abdessamad Kenfaoui que je n'ai pas connu personnellement ; je l'ai découvert un jour dans les années quatre

vingt dix, au Carrefour des Livres, la librairie de Casablanca créée par Marie-Louise Belarbi, alors que je faisais le tour des librairies marocaines à la recherche

d'ouvrages publiés en arabe marocain.

Le livre était empilé là : Kenfaoui Abdessamad, Théâtre Populaire : Œuvres, Horizons Maghrébins, Casablanca, 1994 ; préface de Danièle Kenfaoui 262

p. (ISBN 9981-34-006-5)…

Je me suis réjouie de trouver plusieurs pièces dans leur intégralité : Bouktef, Si Taki (adaptation de Tartuffe), A Moula Nouba (Chacun son tour) et

Barbe Bleue…A l'époque les ouvrages de prose en darija étaient rares. J'étais déjà contente d'avoir déniché les recueils de zajal de Ahmed Lemsyeh (Chkoun

trez el ma ? ou Dell errouh'), qui travaillait à faire revivre ce genre poétique.

Pour ce qui est de Kenfaoui, sa carrière à l'UMT ou de haut fonctionnaire au Maroc ou à l'étranger, ses activités militantes me sont inconnues jusqu'à ce

jour.

C'est l'homme de théâtre qui est aujourd'hui presque oublié de la jeunesse marocaine que j'ai découvert avec émerveillement.

Le seul écho qui sonne familier, c'est à Casa, la "Salle Abdessamad Kenfaoui" située dans le Parc de La Ligue Arabe, récemment restaurée et qui abrite

rencontres et spectacles. Mais qui connaît Abdessamad Kenfaoui et son œuvre ?

Pourtant, son théâtre est profondément ancré dans la société marocaine, par les thèmes qu'il fait vivre ou revivre dans ses pièces, et surtout par la

langue qu'il utilise et qui le pose de plein pied dans sa société : la darija. Aujourd'hui que la darija commence à faire parler d'elle, on ne réalise peut-être pas que

dans les années cinquante-soixante (et encore dans certains milieux de nos jours !), en plein mouvement d'indépendance, l'arabe "dialectal" - comme on le

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nommait à l'époque - était totalement décrié ; il était plutôt considéré comme "ringard", synonyme d'arriération et d'analphabétisme, et regardé avec le mépris

qu'on attachait aux choses trop populaires.

Finalement, et si l'on se situe au niveau de tout le Maghreb, on s'aperçoit que, dix à quinze ans avant Kateb Yacine, Kenfaoui a eu cette intuition que le

théâtre populaire (dans son sens le plus noble) ne pouvait s'écrire que dans la langue du peuple. C'est sans doute aussi parce que, en ce temps-là, le théâtre

maghrébin existait et les tournées se faisaient du Maroc à la Tunisie, en passant par l'Algérie ; Kenfaoui a organisé de tels périples et en particulier avec les Nass

El Ghiwane débutants.

Kenfaoui ne s'est jamais posé la question de savoir dans quelle langue écrire : d'emblée c'est la darija dont il va se saisir; et c'est cette même darija

que l'on retrouve ici dans ces aphorismes qu'il aimait collecter. Kenfaoui était comme la plupart des Marocains, grand amateur des quatrains d'Abderrahmane

El Mejdoub homme/héros légendaire du 16ème siècle, si lié au Nord du Maroc, dont lui-même était originaire (Larache) : El Mejdoub qui se raconte encore

chez les Masmouda et les quatrains devenus sagesse populaire marocaine par excellence.

Kenfaoui affectionnait également les histoires de Jha, patrimoine méditerranéen s'il en est ! C'est ainsi que l'adaptation de Molière est devenue tout

naturellement Les fourberies de Joha qui sera mis en scène par André Voisin et joué par les jeunes Tayeb Saddiqi et Ahmed Tayeb Lâalej en 1956, année le

l'indépendance du Maroc.

Pour ce qui est de la forme, au-delà de l'adaptation du théâtre occidental de Molière à Brecht, en passant par Beaumarchais, c'est en revisitant les formes

traditionnelles du "Bsat" (genre satirique) et de la "Halqa" (cercle des conteurs sur les places), qu'est né le théâtre marocain dont Kenfaoui est l'un des

fondateurs. Il a permis que s'invente un répertoire marocain, et que cela se fasse en marocain (darija). On est là dans la gestation d'un genre théatral nouveau qui

sera poursuivi et repris, chacun à leur manière, par Tayeb Saddiqi, Ahmed T. Laâlej et d'autres à leur suite…

Le nom de Kenfaoui évoque aussi des lieux: le Théâtre Municipal de Casa, malheureusement détruit depuis plus de 25 ans. En 1967, c'est là qu'il y crée

sa pièce Soltan Tolba qui reprend une vieille tradition du monde étudiant marocain: ils élisaient leur sultan qui régnait pendant une semaine et avait l'occasion

d'exprimer toutes leurs revendications et leurs critiques. Juste en face, naguère haut lieu de la culture aujourd'hui redevenu assommoir, le café "La Comédie" a vu

se croiser hommes et femmes de théâtre, de musique et plasticiens. Il a vu s'y retrouver Kenfaoui et Saïd Saddiqi, grand frère de Tayeb, les Ghiwane et autres

Jil Jilala…

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Ces dernières années, on a commencé à reparler de Kenfaoui en 2005, lors de la publication de la pièce Soltan Tolba chez Tarik Editions ; tant d'autres

textes restent inédits, dont il faudrait entreprendre la publication.

Pourquoi enfin, ne pas monter et filmer ces pièces pour la télévision afin que les Marocains puissent avoir accès à ces textes que l'on devrait considérer

comme une richesse du patrimoine théâtral marocain ?

2009

Mohamed Jibril

Pour ceux qui ont vécu les moments forts du mouvement national comme pour les générations d’après l’indépendance, la pièce maitresse de Abdessamad

Kenfaoui,«Bouktef», restitue avec une fraîcheur totale, l’esprit de ce progressisme qui, jusqu’au milieu des années 70, anima cette vision du monde quelque peu

simpliste mais résolue, et cette sensibilité exaltée par un optimisme historique ayant valeur d’absolu»

Le populisme de Kenfaoui n’a pas le goût ranci des écrits populistes d’aujourd’hui. On adhère volontiers aux prototypes de sa pièce, car ils ne prétendent

pas tant fixer la réalité, que susciter le changement au nom de valeurs premières, qui ont nom justice et dignité»

Bouktef, c’est surtout cette langue dialectale riche, alerte, aux litotes poétiques et inattendue. Mais cependant si familière et si proche., il a lui-même

traduit « Bouktef » en français .

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Fin