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Documents : le parcours d’une famille juive de France dans la Shoah, celle de Léon Ichbiah Doc 1 : quelques photographies de la famille Ichbiah Doc 2 : l’arrestation et l’internement au camp de transit de Drancy Léon Ichbiah en mai 1943 (soit deux mois après la fin de son premier séjour dans le camp de Drancy) Victoria et Michèle Ichbiah (non datée) Michèle Ichbiah (non datée) Photographies extraites de l’ouvrage Léon Ichbiah, Matricule 173293, René Collinot, Magnard, 1983. Le régime alimentaire, fixé par un économe notoirement antisémite, est en effet très dur : 250 g de pain par jour, et deux consommés, midi et soir. (…) Ce sont les carottes, navets et choux que je vole qui m’aident à subsister, mais je perds 23 kg en 60 jours ». D’après Léon Ichbiah, Matricule 173293, René Collinot, Magnard, 1983. Lire la suite page suivante… Léon Ichbiah habite à Paris. Il a 24 ans lorsqu’il est arrêté une première fois puis interné à Drancy (d’août 1941 à mars 1943). Pendant presque deux ans, il vit séparé de sa femme Victoria qui met au monde leur premier enfant, Michèle, en mai 1942. « Ce matin-là, les Allemands arrêtent tous les Israélites du quartier de la Roquette. Je suis du lot, avec mes deux frères, ainsi que quelques membres de ma famille et beaucoup d’amis. Nous sommes transportés par bus aux gratte- ciel de Drancy, transformés en camp pour la circonstance. Je suis le seul à avoir emporté quelques vivres, vite avalés à trois. Le camp de transit de Drancy dans la banlieue de Paris en décembre 1942.

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Page 1: Documents : le parcours d’une famille juive de France dans

Documents : le parcours d’une famille juive de France dans la Shoah,

celle de Léon Ichbiah

Doc 1 : quelques photographies de la famille Ichbiah

Doc 2 : l’arrestation et l’internement au camp de transit de Drancy

Léon Ichbiah en mai 1943

(soit deux mois après la fin

de son premier séjour dans

le camp de Drancy)

Victoria et Michèle Ichbiah

(non datée)

Michèle Ichbiah (non datée)

Photographies extraites de l’ouvrage Léon Ichbiah,

Matricule 173293, René Collinot, Magnard, 1983.

Le régime alimentaire, fixé par un économe notoirement antisémite, est en effet très dur : 250 g de pain

par jour, et deux consommés, midi et soir. (…) Ce sont les carottes, navets et choux que je vole qui m’aident

à subsister, mais je perds 23 kg en 60 jours ».

D’après Léon Ichbiah, Matricule 173293, René Collinot, Magnard, 1983.

Lire la suite page suivante…

Léon Ichbiah habite à Paris. Il a 24 ans

lorsqu’il est arrêté une première fois

puis interné à Drancy (d’août 1941 à

mars 1943). Pendant presque deux ans,

il vit séparé de sa femme Victoria qui

met au monde leur premier enfant,

Michèle, en mai 1942.

« Ce matin-là, les Allemands arrêtent

tous les Israélites du quartier de la

Roquette. Je suis du lot, avec mes deux

frères, ainsi que quelques membres de

ma famille et beaucoup d’amis. Nous

sommes transportés par bus aux gratte-

ciel de Drancy, transformés en camp

pour la circonstance. Je suis le seul à

avoir emporté quelques vivres, vite

avalés à trois.

Le camp de transit de Drancy dans la banlieue de Paris en

décembre 1942.

Page 2: Documents : le parcours d’une famille juive de France dans

Doc 3 : reçu remis à Léon

Ichbiah lors de son second

séjour à Drancy (22 janvier

1944)

Durant sa détention, Léon essaye de se débrouiller pour que Victoria et Michèle puissent quitter Paris mais

en vain. Il est libéré une première fois du camp le 15 mars 1943 et retrouve sa famille. Malheureusement, le

20 janvier 1944, à une heure du matin, tous les trois sont raflés à leur domicile, conduits à Drancy (Léon y

est interné pour la seconde fois) puis déportés à Auschwitz quelques jours plus tard.

Doc 4 : extrait de la liste du convoi n°67 au

départ de Drancy le 3 février 1944 et à

destination d’Auschwitz.

« Ce qui nous préoccupe pour le

moment, c’est le voyage : combien de

jours durera-t-il ? Comment Mimi supportera-telle cette atmosphère étouffante ? Heureusement pour

nous, c’est le seul bébé du wagon. (…) Nous roulons ainsi des heures interminables. (…) Dans le wagon, les

gens sont calmes. Les deux seaux d’eau sont vides depuis longtemps, les gens ont soif. Le grand bac à

selles est plein, l’odeur qu’il répand indispose les gens, qui rendent un peu partout. Les vieillards sont

anéantis. (…) Il fait froid, aussi chacun se serre contre son voisin. Plus nous nous enfonçons vers l’est, plus

nous sentons le froid. (…) Les hommes doivent rester debout la nuit, les places allongées étant en nombre

limité ; les femmes peuvent ainsi dormir. »

D’après Léon Ichbiah, Matricule 173293, René Collinot, Magnard, 1983.

Doc 5 : la déportation vers

Auschwitz

Page 3: Documents : le parcours d’une famille juive de France dans

Doc 6 : l’arrivée à Auschwitz et la sélection

Doc 7 : plan d’Auschwitz Birkenau

Plusieurs, parmi lesquels des vieilles femmes, tombent d’épuisement, ou sous les coups. C’est à grands

coups de pied qu’ils sont relevés. La vue de ce premier spectacle nous terrifie, nos illusions s’envolent tout

d’un coup, maintenant nous avons peur. Mais ce qui nous frappe le plus est la vue d’une centaine de

bagnards habillés de pyjamas rayés et portant chacun un numéro et une lettre majuscule indiquant sa

nationalité. (…) Aussitôt à terre, nous sommes triés par catégories : (…) les vieillards, les femmes, les

enfants et les infirmes sont dirigés vers des camions qui les emportent*. (…) J’ai fait signe au passage à

Victoria qui tient Michèle dans ses bras. Je ne les reverrai jamais... ».

D’après Léon Ichbiah, Matricule 173293, René Collinot, Magnard, 1983.

*Ces camions emmènent les déportés (dont Victoria et sa fille) vers les chambres à gaz. Léon Ichbiah, lui,

est sélectionné pour travailler dans le camp. Il survit et est libéré en 1945.

Première étape de la sélection des déportés sur la

rampe d’arrivée d’Auschwitz (mai-juin 1944)

« Le 7 février 1944 à 9 heures, c’est-à-dire

quatre jours après notre départ, le train stoppe

en gare de marchandises d’Auschwitz. Déjà des

hurlements nous réveillent de notre torpeur.

Nous sommes, malgré notre grande fatigue, très

nerveux. Après un court instant d’attente, les

portes s’ouvrent, la lumière aveuglante qui

envahit le wagon nous découvre un paysage de

neige. Il fait très froid.

(…) On nous ordonne de laisser valises et

ravitaillement dans les wagons, et les SS entrent

et nous font descendre en vociférant, et en

frappant les retardataires à grands coups de

matraques, sans distinction de sexes. Les gens

affolés se bousculent et se précipitent au-

dehors.

Page 4: Documents : le parcours d’une famille juive de France dans

Doc 8 : les chambres à gaz d’Auschwitz décrites par Rudolph Hoess, commandant SS

du camp

Doc 9 : dessins du Krematorium III d’Auschwitz Birkenau effectués par David Olère,

un survivant français du Sonderkommando

« En juin 1941, je reçus l’ordre d’organiser l’extermination à Auschwitz (…). Je me rendis à Treblinka* pour

voir comment s’effectuaient les opérations d’extermination. Le commandant du camp de Treblinka me dit

qu’il fallait faire disparaître 80 000 détenus en six mois. Il s’occupait plus particulièrement des juifs du

ghetto de Varsovie. Il utilisait l’oxyde de carbone. Cependant, ses méthodes ne me parurent pas très

efficaces. Aussi, quand j’aménageai le bâtiment d’extermination à Auschwitz, je choisis le gaz Zyklon B**

que nous faisions tomber dans la chambre à gaz par un petit orifice. Il fallait de 3 à 15 minutes pour tuer

ceux qui étaient enfermés dans la chambre à gaz. (…) Nous savions que les victimes étaient mortes

lorsqu’elles cessaient de crier. Nous attendions une demi-heure avant d’ouvrir les portes et de sortir les

cadavres. Nous groupes spécialisés leur retiraient alors bagues, alliances ou dents en or***. Nous

apportâmes une amélioration en aménageant des chambres à gaz pouvant contenir 2000 personnes à la

fois, alors qu’à Treblinka elles n’en contenaient que 200 ».

D’après lé témoignage de Rudolph Hoess, commandant SS du camp d’Auschwitz de mai 1941 à décembre

1943, au procès de Nuremberg (1945-1946).

*Treblinka : centre de mise à mort près de Varsovie en Pologne.

**Zyklon B : puissant insecticide utilisé pour gazer les juifs.

*** Ces groupes de détenus forment le Sonderkommando. Ils travaillent dans les chambres à gaz et sont

régulièrement massacrés à leur tour afin de garder secret le processus d’extermination des juifs et des

Tziganes.

Arrêté à Paris en 1943 puis déporté à Auschwitz, David Olère est sélectionné pour faire partie du

Sonderkommando. Il parvient à survivre et est libéré en 1945. Après la guerre, il ne cesse de témoigner de

son expérience concentrationnaire par le dessin et la peinture.