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DOSSIER HISTOIRE La Première Guerre Mondiale Page 1 : sommaire Page 2 et 3 : des origines à l’armistice… Page 4 : carte de l’Europe en 1914 Un « Poilu » en 1914… Page 5 : déclaration de guerre et mobilisation Page 6 : la tenue de guerre Page 7 à 13 : les témoignages de guerre Page 1

DOSSIER HISTOIRE La Première Guerre Mondiale · La Première Guerre Mondiale Des origines à l’armistice ... stabilise sur plus de 700 km, des Vosges à la mer. Les soldats creusent

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DOSSIER HISTOIRE

La Première Guerre Mondiale

Page 1 : sommaire

Page 2 et 3 : des origines à l’armistice…

Page 4 : carte de l’Europe en 1914

Un « Poilu » en 1914…

Page 5 : déclaration de guerre et mobilisation

Page 6 : la tenue de guerre

Page 7 à 13 : les témoignages de guerre

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HISTOIRE La Première Guerre Mondiale

Des origines à l’armistice…

Les origines du conflit De 1871 à 1914, l’Allemagne est devenue une grande nation industrielle et commerciale, dont la population est passée de 40 à 68 millions d’habitants (39 millions pour la France qui stagne). Face à la menace que représente une telle puissance, la France a cherché des alliés. En 1914, un jeune Serbe assassine le prince héritier d’Autriche à Sarajevo. L’Allemagne pousse son alliée, l’Autriche à punir la Serbie et déclare la guerre à la Russie qui mobilisait ses troupes pour défendre ce pays dont elle est l’alliée. Le premier août, la France, alliée elle aussi de la Serbie mobilise ses troupes. Mais c’est l’Allemagne qui, le 3 août déclare la guerre et envahit la Belgique, pays neutre, pour nous attaquer par le nord. C’est le début de la Grande Guerre qui va mobiliser plus de 30 millions d’hommes de chaque côté.

La guerre de mouvement En quelques jours, les Allemands s’emparent de la quasi-totalité de la Belgique, malgré la courageuse résistance des soldats d’Albert 1er. Du 20 au 23 août, l’armée franço-anglaise est défaite à Charleroi et l’avalanche ennemie déferle vers Paris. Le général Joffre ordonne un repli vers la Seine et se prépare à la contre-attaque de la dernière chance. Pour protéger Paris, son gouverneur, Galliéni, réquisitionne les « taxis de la Marne » qui amènent des renforts sur ce fleuve. Joffre attaque le 5 septembre et, non seulement contient l’ennemi, mais il le repousse.

Pièce d’artillerie de 155 - 1914

Les Allemands reculent jusqu’à l’Aisne, puis ils tentent de nous déborder vers le nord. C’est la course à la mer, et les batailles d’Ypres et de l’Yser (en Belgique) nous permettent de sauver Calais, port où débarquent les troupes anglaises. Le front se stabilise sur plus de 700 km, des Vosges à la mer. Les soldats creusent des tranchées et s’y enterrent pour résister à l’ennemi qui fait de même. La guerre de tranchées

Dans les tranchées - 1916

L’Allemagne est en guerre sur deux fronts : à l’ouest contre la France et l’Angleterre, à l’est contre la Russie. Les forces en présence étant sensiblement égales, les offensives, d’un côté comme de l’autre, sont repoussées, souvent au prix de lourdes pertes. Les principales batailles ont lieu en Artois et en Champagne (1915), sur la Somme (1916) et sur l’Aisne (1917). La célèbre bataille de Verdun en 1916 montre la cruauté de cette guerre particulièrement meurtrière.

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Cette guerre d’usure se traduit quotidiennement par des avalanches d’obus pour préparer l’attaque, des vagues d’assaut qui se brisent sur des défenses imprenables : mitrailleuses fauchant les assaillants, barbelés dans lesquels les soldats s’empêtrent et restent accrochés, morts, pendant des jours. La vie des Poilus (nom donné aux soldats français) dans les tranchées s’organise dans des conditions terribles. C’est une guerre atroce, dans laquelle les belligérants jettent toutes les forces humaines et de production. Les Allemands, au mépris des conventions de guerre, utilisent des gaz asphyxiants qui brûlent les poumons. Maîtresse des mers, l’Angleterre empêche les empires centraux de se ravitailler, mais l’Allemagne se constitue une flotte de sous-marins qui torpille aussi bien les cuirassés alliés que des bateaux neutres, suscitant ainsi les protestations des Etats-Unis. La fin de la guerre La Russie, notre alliée, a subi de lourdes pertes et le Tsar a été renversé en 1917 par les révolutionnaires communistes. Las de ces tueries, ceux-ci signent la paix avec l’Allemagne en mars 1918. Les Allemands lancent alors leurs troupes, ainsi libérées sur le front ouest contre les Alliés qui, depuis 1917, ont été rejoints par les troupes américaines.

Le front français est rompu sur l’Aisne mais, grâce aux troupes américaines, aux chars d’assaut, aux avions et à la supériorité de notre artillerie, les Allemands reculent devant les troupes alliées commandées par Foch. Leurs alliés, Bulgare, Autrichien et Turc ayant renon cé à la lutte, les Allemands, démoralisés, capitulent et, le 11 novembre1918, l’armistice est signé à Rethondes, près de Compiègne.

La paix et les conséquences de la guerre Des traités particuliers règlent les questions concernant l’empire autrichien qui est démantelé. On assiste à la naissance de nouveaux états : Yougoslavie, Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne, Lithuanie, Lettonie, Esthonie aux dépens de l’Autriche, de l’Allemagne et de la Russie. La France reconquiert l’Alsace-Lorraine et s’installe dans la Sarre. L’empire colonial allemand est partagé par les alliés (traité de Versailles en 1919).

Arras (Pas-de-Calais)

Signature de l’Armistice – 11 novembre 1918

Mais surtout cette guerre a fait des millions de morts : 1 773 000 pour l’Allemagne ; 1 700 000 pour la Russie ; 1 357 000 pour la France… Au total, la Première Guerre Mondiale , avec plus de 9 millions de morts est alors la guerre la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité.

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HISTOIRE La Première Guerre Mondiale

Carte – L’Europe en 1914

La Première Guerre mondiale se déroula du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918. Elle opposa les empires centraux : Allemagne et Autriche-Hongrie

(ainsi que la Turquie et la Bulgarie) à l'Entente : France et Grande-Bretagne et ses nombreux alliés : Russie, Belgique, Italie, Etats-Unis, Serbie, Japon,

Chine etc. Elle mobilisa soixante-cinq millions de personnes, fit neuf millions de morts et vingt et un millions de blessés.

Les Etats européens et les systèmes d’Alliance en 1914 Page 4

Témoignages de guerre

La déclaration de guerre et la mobilisation « Avant 1914, nous lisions très peu les journaux. Nous savions vaguement que ça n'allait pas. A ce moment-là, l'épicier recevait Le Petit Parisien je crois ou Le Petit Journal qui coûtait un sou ; alors, de temps en temps on l'achetait. Et puis il y avait La Croix des Hautes-Alpes, qui était alors hebdomadaire. On ne se souciait pas trop de la guerre. Évidemment, les derniers jours du mois de juillet, on a bien senti qu'il y avait quelque chose qui se préparait. Et la mobilisation a sonné, et tout le monde est parti, plus ou moins content, pensant bien qu'il serait là dans quelques mois, que nous allions entrer à Berlin très facilement.

C'est ça, oui. C'était la guerre joyeuse ! Oui : la fleur au fusil. Seulement tout le monde a déchanté, parce que, comme beaucoup de jeunes gens de Cervières étaient au 159e d'infanterie, dans des combats sanglants, presque chaque semaine, le maire allait prévenir une famille qu'un de ses fils était mort. »

Explications … La mobilisation a sonné : dans les villages, le tocsin, qui est la sonnerie rapide d'une cloche, a annoncé la mobilisation. La mobilisation c'est l'appel des hommes valides, en âge de faire la guerre. Ils doivent rejoindre leur régiment à une caserne de la ville précisée sur leur livret militaire ou leur feuille de route. Là, ils sont habillés, armés, entraînés et dirigés vers le front, c'est-à-dire aux endroits où les armées ennemies se livrent bataille. Quelque chose se préparait : des événements internationaux graves faisaient redouter la déclaration de la guerre entre l'Allemagne et la France. L'infanterie : un régiment d'infanterie, en 1914, était composé d'hommes armés d'un fusil avec baïonnette et marchant à pied au moment des attaques. Au début de la guerre, deux soldats sur trois étaient dans l'infanterie. La fleur au fusil : les soldats sont partis, persuadés qu'ils iraient rapidement jusqu'à Berlin, la capitale de l'Allemagne. A Paris, la foule était en général joyeuse, elle jetait des fleurs aux soldats qui les piquaient au canon de leur fusil. Des événements semblables se déroulaient en Allemagne, à Berlin. Là, les soldats s'écriaient « nach Paris » avec le même enthousiasme.

Le poilu de 1914 possédait : - un képi - un fusil avec une baïonnette - une capote de drap - un clairon - un pantalon rouge « garance » - une gourde de 2 litres - un havresac, un gros sac à dos de

Le poilu de 1915 possédait : - un casque en tôle et cuir appelé Adrian - un fusil Lebel au tir plus rapide - une veste de drap - un barda de plus de 20 kg - un pantalon bleu horizon - des bandes molletières

Témoignages de guerre La tenue de guerre

Comment étiez-vous habillés ? Ah ! Nous étions bien habillés, les Français ! On avait des pantalons rouges... un képi rouge, et puis une veste bleue; avec ça on était beau ! Les Allemands, eux, ils étaient habillés comme il faut : couleur bleu foncé... Les Allemands ils disaient "Tiens voilà les Franzouses" parce que c'étaient des silhouettes ces rouges, alors ca fait qu'ils nous voyaient de loin... Ah nom de Dieu ! On est resté plus d'un an avec cette tenue là. Parce que pour faire des costumes pour l'armée entière, vous comprenez, c'est pas en cinq minutes, …

Témoignages de guerre : La vie dans les tranchées

Les rats et les poux Qu'est-ce qu'il y avait dans les tranchées ? Des gros rats ! C'était épouvantable, et puis pour les tuer, c'était pas possible : il y en avait trop. Il y en avait partout, partout : dans les gourbis, il y en avait dans les champs, il y en avait partout, partout ! Ils nous donnaient des puces, ces salauds-là ! Intenable ! Les puces, la nuit, sur la figure, là, je ne pouvais pas les encaisser : fallait que je sorte dehors ! Autrement les poux, il y en avait : tout le monde en avait. Il y en avait dans les pantalons, il y en avait dans la veste, il y en avait partout ! ... dans les capotes : des totos qu'on disait ; c'étaient les poux ! On avait composé une chanson une fois : la valse des totos ! « Du godillot jusqu'au calot, la vacherie des totos... c'est la grattouillette... »

Comment ça a débuté, les tranchées, quand il n'y avait rien du tout dans un champ par exemple ? Ça a débuté pour se cacher, d'abord. Les Allemands s’arrêtaient. Ils tenaient bon. On n'attaquait pas toujours. Alors fallait commencer un petit trou pour se cacher le nez. Petit à petit dans la nuit on améliorait son trou : on se garait quoi ! Et puis les régiments qui venaient après, ils continuaient le travail qu'on avait commencé.

Quand il pleuvait ? Ah ! Qu'il pleuve ou qu'il ne pleuve pas, on était là. Fallait bien y rester. On était trempé le matin des fois ! Encore l'été ça allait bien; mais l'hiver des fois on se réveillait, on avait la capote raide de gel quand il avait tombé la rosée et gelé là dessus. Alors petit à petit c'est venu qu'on a fait des abris formidables, des abris profonds.

Explications Il y en avait partout dans les gourbis : les soldats creusaient dans les flancs des tranchées des trous assez profonds pour s'abriter quand ils n'étaient pas de garde. Ces excavations étaient des « sapes » mais eux les appelaient des cagnas, des guitounes ou des gourbis. Les totos : les soldats désignaient les poux par ce mot familier. Du godillot jusqu'au calot : les godillots sont des souliers. Ce mot vient du nom de M. Godillot, fabricant de chaussures, fournisseur de l'armée. Le calot est une coiffure. Les soldats créaient des chansons du genre de celle que chante M. Taurisson. Rire des moments difficiles était pour eux un moyen pour essayer de supporter leurs souffrances. Dans les tranchées les soldats ne pouvaient pas se laver, pas se raser, rarement changer de linge. Ils restaient habillés d'une relève à l'autre. Même au repos, les conditions d'hygiène et de logement étaient déplorables, d’où le nom de poilus.

Extraits des « Carnets de guerre de Louis Barthas » : « Nous prîmes six jours de repos... Notre principale occupation fut de nous livrer à la chasse aux poux ; nous en portions des milliers sur nous ; ils avaient élu domicile dans le moindre pull, le long des coutures, dans les revers de nos habits... on en tuait dix, il en revenait cent... » « Il tomba relativement peu de neige, ce mois de décembre 1917 mais elle était collée au sol... Les rats arrivaient affamés et par centaines dans nos abris. Si la nuit on n'avait pas pris la précaution de se couvrir la tête, plus d'un aurait ressenti au nez, au menton et aux oreilles, les dents aiguës de ces maudites bêtes. »

La boue "La boue, la voici, la vraie, la seule gadoue! Partout nous en avons jusqu'aux genoux. La guerre n'est pas le seul ennemi du poilu. Tous les récits de la boue, véritable problème dans des tranchées creusées dans le limon des plateaux, et cela dans un labyrinthe de boyaux. Notre consolation, c'est de penser que si les Boches s'aventuraient là-dedans en nous attaquant, il n'en reviendrait pas un seul à Berlin. Les ordres nous sont parvenus d'installer des liaisons par coureurs dans les boyaux. Nous répondons par une fin de non recevoir; vu que nos coureurs ne savent pas nager." Lieutenant Etévé du 417 R.I. "Ce matin, j'ai eu la frousse d'avoir des pieds gelés dans ma section. Il y avait sur la gadoue une couche de glace qu'on brisait en avançant.... La compagnie d'à-côté a perdu un homme enlisé dans un boyau.

Le capitaine Paul Flamant du 33ème RI : « Nous vivons ici dans une boue immonde. Il tombe sans cesse des pluies diluviennes et, lorsque le soleil luit soudain, des mouches infectes bourdonnent sur le charnier humide où ont été creusés nos abris et nos tranchées. La glaise des boyaux est remplie de cadavres momifiés, allemands et français, qui se confondent avec la teinte neutre des choses, parmi les armes brisées et les épaves dont le sol de cette région est resté jonché depuis les furieux combats de 1916. Çà et là, une main crispée sort de terre ; un soulier chaussant un tibia apparaît à la suite de quelque éboulement. Nos hommes, indifférents, ou plutôt philosophes, y accrochent leurs bidons. » L'Historique du 30ème RI relate : « Nuit du 22 au 23 avril. - Le Ier bataillon du 30ème RI monte à l'attaque du ravin de la Dame. Il a plu, la boue a envahi tout le secteur. Cherchant un abri, un homme s'est jeté dans le boyau, et la boue est aussitôt montée jusqu'à sa ceinture. Il demande de l'aide ; deux hommes lui ont tendu leurs fusils ; deux fois, ils ont glissé et vite ils ont repris place dans la colonne qui passe tout près, sourde aux supplications de l'enlisé qui s'enfonce lentement, sans secours. »

Cadavres et visions d'horreur Du capitaine Albert Garnier, de la 52ème DI : « 2 Juin. - Ce que je vois est affreux. Les cadavres sont légion ; ils ne se comptent plus ; on marche sur les morts. ( ... ) Des mains, des jambes, des têtes et des cuisses coupées émergent de la boue et on est contraint de patauger là-dedans, car c'est encore dans ce méchant fossé à moitié comblé par endroits qu'on peut espérer se dissimuler un peu. Ici, un soldat est tombé à genoux ; il bouche le passage ; on lui grimpe sur le dos pour avancer, à force de passer sur lui, on a usé ses vêtements, on marche sur sa peau."

La boue

Dans la boue Dans la Somme, alors là nous avions beaucoup de boue. Quand il pleuvait, c'était de la boue, c'était un terrain gras. Sur les routes, on croisait les convois, avec les chevaux — parce que ce n'étaient pas les autos encore à ce moment-là, c’étaient les chevaux — eh bien ! On passait là à côté, on avait vingt centimètres de boue. Et dans les tranchées, eh bien ! Tu étais dans la boue, il n'y avait pas à discuter. Dans une compagnie, ils avaient coupé les capotes. Tellement qu'ils avaient de la boue, c'était lourd, ils ne pouvaient plus marcher ! Parce que les molletières — on avait des molletières qui étaient autour des jambes — eh bien ! C’était de la boue ; du genou en bas, c'était pareil ! Pareil ! Et voilà ! On était là, on attendait, on prenait patience !...

Explications Ils avaient coupé les capotes : la capote est un grand manteau arrivant au mollet. Les deux soldats représentés sur la diapositive portent une capote. Les molletières étaient de longues bandes de tissu qui étaient enroulées autour de chaque mollet, par-dessus le pantalon. La Somme est un petit fleuve du nord de la France qui coule dans une large vallée très plate. La Somme est aussi un département français.

Extraits des « Carnets de guerre de Louis Barthas » :

« Je vis arriver, venant des lignes, trois habitants des tranchées. Je les regardais avec effroi ; ils étaient couverts de boue de la pointe de leurs souliers à la calotte de leur képi, comme s'ils venaient de traverser un lac de vase. Leurs mains, leur visage, moustaches, cils, cheveux étaient également couverts de boue visqueuse. » « Parfois l'un glissait, tombait et ne pouvait plus se relever. 11 fallait lui porter secours, écrasé sous le poids de sa charge, englué dans la boue. » « Et perdant notre dignité, notre conscience humaine, nous n'étions plus que des bêtes de somme, avec comme elles, leur passivité, leur indifférence, leur hébétude. »

La nourriture, corvées de ravitaillement

La soif Jean Vergne, du 24ème RI : « ... Je n'ai pas faim, j'ai soif seulement. Le soir, on descend remplir les bidons à l'étang ; il y a des cadavres qui pourrissent dans cette eau, on sent un goût de vase en la buvant, elle dessèche la langue au lieu de rafraîchir et on boit encore, encore ; on a soif, on a soif. ( ... ) Il fait jour ; je constate que les parois de cette tranchée ne sont qu'un pâté de terre et de chair humaine avec mille débris d'antres et de vêtements. Cette terre a été tournée et retournée, les cadavres qu'elle contient ont été enterrés, déterrés, mis en morceaux et mêlés plusieurs fois.»

« Depuis la tranchée, qui allait au ravitaillement ? Eh bien ! C'était chacun son tour. Le soir, on allait au ravitaillement à... un kilomètre, des fois deux, ça dépend où ça se trouvait. On y allait deux, pas plus, par escouade ; parce qu'il y avait le pain à prendre, le vin, le café... Que mangiez-vous ? En tranchées, on n'avait pas de soupe, on n'avait que des légumes : pommes de terre ou haricots, et puis la portion de viande, et un casse-croûte. Double ration, parce qu'on prenait le ravitaillement pour vingt-quatre heures. C'était tout froid on mangeait tout froid, voilà ! Pas de sauce, rien, parce qu'à cause des pierres, parce que c'était bombardé par les Allemands ; parce qu'il y avait de l'artillerie autour ! Il y avait des endroits où il y avait cinq cents mètres de boyaux à faire : la terre, ça tombait dedans, alors on avait plus de facilité quand c'était pas en sauce, comme ça, d'enlever un peu les cailloux. »

Explications Deux par escouade : en 1914, une escouade est un petit groupe de soldats commandés par un caporal ou un brigadier. Cinq cents mètres de boyaux : les boyaux étaient des fossés, établis souvent en zigzag pour ne pas être directement sous le tir de l'adversaire. Ces boyaux permettaient de circuler entre les premières lignes de tranchées et l'arrière, pour la relève, le ravitaillement en vivres et en munitions, l'évacuation des blessés, etc. Les soldats avaient dans leur sac des vivres de réserve constitués par des gros biscuits secs et des boîtes de conserve de viande de boeuf. Ils appelaient ces conserves « des boîtes de singe ». La cuisine était préparée sur des « cuisines roulantes » ou « roulantes » qui étaient des grosses cuisinières chauffées au bois ou au charbon. Ces cuisinières étaient montées sur roues et tirées par des chevaux.

Extraits des « Carnets de guerre de Louis Barthas » :

« Chaque nuit, ils (les ravitailleurs) allaient prendre nos vivres, lettres, colis, aux cuisines roulantes qui s'avançaient non sans danger sur la route... » . « Au petit jour, les hommes de soupe partis depuis la veille, arrivèrent pour distribuer le jus, la gnole, le casse-croûte. » « Le 17 octobre (1915), à neuf heures du soir un obus éclata en plein... dans la tranchée, tuant net deux ravitailleurs chargés de vivres pour leur escouade. »

Les attaques

« On avait touché un quart de gnole : chaque soldat avait reçu un quart de litre d'eau-de-vie. Dans cet alcool on ajoutait souvent de l'éther ou d'autres drogues pour que les soldats se rendent moins compte du danger. Chaque soldat avait dans son équipement un gobelet de métal appelé quart en raison de sa contenance (environ un quart de litre) et un bidon dans lequel il mettait sa boisson : vin ou café. Un fusant, un obus qui éclaterait en l'air : un obus fusant éclate avant de toucher le sol alors qu'un obus percutant n'éclate qu'en touchant une surface dure : mur, sol. »

Et les attaques, comment se passaient-elles ? Ah ! bien les attaques... on était dans la tranchée, alors on nous avertissait : « A telle heure nous attaquons. » Le matin, on avait touché double ration, on avait touché un quart de gnole, qu'on appelait ! C’était... de la gnole... je ne sais pas exactement, il y avait un peu de tout ! Un litre de vin, un litre de café. Le capitaine passe, il nous a dit : « Vous avez touché ça ? » « Oui. » « Eh bien ! À midi, il y aura à faire bien attention : sur le poste du commandant, un fusant (un obus qui éclatait en l'air), quand il éclatera, ça sera l'attaque ! Et tout le monde dehors, hein ! Je pars, mais avant de sortir de la tranchée, je fais la tournée : que tout le monde soit sorti. » II nous commandait avec revolver au poing : ceux qui ne sortaient pas !... Le commandant qui commandait le bataillon, il avait pris un équipement comme les hommes et un fusil, pour ne pas faire voir qu'il était l'officier. Alors là, tout le monde sortait, et on partait...

Extraits des « Carnets de guerre de Louis Barthas » : «Un ravitailleur arriva avec deux bidons de gnole pour distribuer immédiatement : chacun avança son quart, mais beaucoup la reniflaient avec méfiance ; cette distribution insolite au moment d'une attaque paraissait suspecte. » «C'était un vieux sous-officier... Revolver au poing à l'entrée du boyau, il barrait le chemin à ceux qui pouvaient être pris du compréhensible désir de s'esquiver. » «Soudain on fait passer de mettre baïonnette au canon ; un frisson parcourut tout mon être... Je vais être jeté dans une lutte sauvage corps à corps, contre des malheureux, victimes comme moi d'une implacable fatalité... Au bout de quelques minutes, le mot fatal : « En avant ! » se répéta dans la tranchée. » « Il n'y avait que le caporal qui était obligé de marcher en tête de son escouade, les sergents marchant en serre-file pour faire marcher les traînards et les abattre à coup de revolver à discrétion. » Une attaque Et tu sais... les mitrailleuses tiraient, les obus tombaient, tu étais mélangé dans les obus français, les obus allemands, les mitrailleuses françaises, les mitrailleuses allemandes... J'ai vu un de mes camarades à qui un 150 ou un 105 lui est tombé aux pieds : l'explosion l'a soulevé de terre et j'ai dit : « T'as pas de mal ? » Eh bien ! Il dit : « Non, tu vois bien ! » Parce que dans la Somme la terre était mouvante. II avait son fusil, baïonnette au canon. Et il a continué. Si tu réussissais à sauver ta peau, tu la sauvais ; si tu ne réussissais pas, tu étais pris. C'est que, tu sais, avec les copains, il y a des fois, c'était sauve qui peut ! Et il fallait marcher toujours, mais... moi j'ai eu la chance !

Le courrier

Est-ce que vous aviez le droit d'écrire ? On avait le droit d'écrire, comme on voulait. On n'avait pas d'encre : mes camarades et moi, on avait un crayon bleu, on avait du papier sur soi, puis avec la salive, on écrivait avec ce crayon bleu. Et quand on était en attaque, on avait des cartes ; c'était imprimé dessus : je suis malade - je suis mort - je suis blessé. Celui qui en réchappait rayait mort, blessé, malade. Moi j'écrivais à ma femme, je rayais tout ça, et je mettais « bonne santé », puis la lettre partait. Quand vous étiez mort, vous ne pouviez pas le barrer ! C'était quelqu'un qui le barrait à votre place ? Ah ! bien, mais... quand il y avait un camarade qui était mort, il y avait toujours quelqu'un qui connaissait la famille ; eh bien ! On écrivait une lettre, une fois au repos : votre mari, votre fils est tombé à tel endroit. Puis c'est tout. Ou il est prisonnier. Il y a dû y en avoir des enterrements quand vous êtes revenu ! II y avait beaucoup d'enterrements, mais il y avait beaucoup d'hommes aussi qui n'étaient pas revenus.

Explications

Et puis avec la salive on écrivait avec ce crayon bleu : ce genre de crayon avait une mine contenant une matière colorante : la fuchsine. Pour utiliser un tel crayon, il faut mouiller la surface sur laquelle on veut écrire ou humecter le bout de la mine. Généralement, les soldats pouvaient écrire librement. La carte imprimée dont il est question dans cette séquence n'existait pas dans tous les régiments. L'expédition des lettres du soldat vers sa famille ou de la famille vers le soldat était gratuite. On indiquait, à la place du timbre : F.M., ce qui signifie : Franchise militaire.

Les gaz

Combien de fois vous êtes-vous servi de votre masque à gaz ? Je m'en suis servi trois fois, pas plus. La première fois c'était pas bien grand-chose, c'était lacrymogène... Ils les lançaient par les obus. Alors ça fait que les yeux se sont mis à me couler, à me couler, mais ça coulait les yeux alors ! Ça coule ! C'était une espèce de fumée jaunâtre, là ; ça a duré peut-être bien une vingtaine de minutes que ça venait vers nous. Je l'ai pris après d'autres fois, mais c'était l'ypérite à ce moment-là. C'était mauvais, Nom de Dieu ! C'était mauvais ? Oh là ! Je l'ai vu les premières fois : c'était épouvantable. Combien qu'il y en a qui sont morts, ce jour-là ! Oh ! Ça brûle, ça brûle d'une manière formidable... Les habits, ça vous brûle tout ! Et ceux qui étaient pris, ils se couchaient, ils se mettaient à baver, à baver... c'était épouvantable comme saleté, et ils mouraient en l'espace de deux, trois heures. Ah oui ! C'était lacrymogène : un gaz lacrymogène est un gaz qui fait pleurer. Actuellement la police se sert de grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants.

L 'ypérite est un gaz asphyxiant qui attaque les muqueuses des voies respiratoires et la peau. Il est mortel. Le mot « ypérite » vient du nom de la ville d'Ypres en Belgique où tombèrent pendant la guerre de 1914-1918 les premiers obus contenant ce gaz. Chaque guerre donne naissance à de nouveaux moyens d'exterminer de plus en plus de monde : gaz, napalm, bombe atomique, etc.

Blessé

« Par exemple, moi... j'ai été gazé, ypérité, le 22 août 1918. J'ai été évacué tout de suite : j'étais brûlé à l'intérieur, à l'extérieur. Et j'ai fait quelques hôpitaux du front, puis on m'a finalement envoyé à Tours. Eh bien ! Là, je n'ai jamais dit à mes parents ce que j'avais. Je leur ai dit : « Je suis évacué parce que j'ai un petit bobo, enfin c'est rien du tout, ne vous faites pas de mauvais sang ! » Puis un beau jour, je n'ai pu leur écrire, parce que j'étais mourant. Eh bien ! Que voulez-vous ? Ils auraient pu apprendre ma mort sans avoir su que j'étais grièvement atteint. C'est là où l'on voit que les parents ont dû souffrir, surtout quand ils n'ont qu'un fils. Mon père avait fait la guerre de 70 et ma mère avait fait toute la Commune de Paris ; alors, voyez ! Nous connaissions tous les trois la guerre, ce qui n'a pas dû arriver souvent dans les familles : père, mère et fils. » Explications Chaque soldat portait dans son sac un paquet de pansement. Il s'en servait, en cas de blessure, pour lui ou pour un camarade, Le poste de secours était établi à côté du poste du commandant, c'est-à-dire à quelques centaines de mètres des premières lignes. De ce poste de secours, après les premiers soins par un médecin major, les blessés étaient emportés par d'autres brancardiers à un deuxième poste où les ambulances pouvaient venir les prendre en charge. Les blessés étaient ensuite soignés dans un hôpital, près du front ou évacués en train vers un hôpital plus éloigné, si la blessure était grave.

Prénom : .................................... Date : ...............................................................................

HISTOIRE La Première Guerre Mondiale

Résumé à compléter… (01)

Comment s’est déroulée la Première Guerre Mondiale ?

En 1914, une grande prospérité régnait dans les principaux pays d’Europe.

Cependant, par suite de rivalités, certains pays avaient réalisé des Alliances. D’un côté, la Triple ………………….., regroupant la France, l’Angleterre et la ………………….., de l’autre la Triple ………………….., comprenant l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie.

Un attentat contre l’héritier du trône d’Autriche le 28 ………………….. 1914, à ………………….., a entraîné l’Allemagne à déclarer la guerre à la Russie. Par le jeu des alliances, c’est toute ………………….. qui est entrée en guerre.

Les ………………….. les plus meurtrières ont opposé la France à l’Allemagne.

Verdun 1916

Les Allemands, passant par la ………………….., ont envahi l’Est de la France. Joffre et Galliéni, commandant les troupes françaises, ont organisé une contre-offensive dont le moment le plus important fut la victoire de la ………………….. en septembre 1914.

Partout, ensuite, s’installait une guerre de ………………….. .

Dans les deux camps, les soldats s’abritaient dans des ………………….. et dormaient dans des abris souterrains. Durant ………………….. ans, de 1915 à 1917, les soldats ont vécu dans la boue, grelottant de froid, rongés par la vermine, sales et mal rasés d’où leur nom de …………………... . Ces héros n’hésitaient pas à s’élancer par-dessus les barbelés à l’assaut du camp adverse sous le tir de la ………………….., du canon et des grenades.

En France, tous les hommes étaient mobilisés et, dans les usines comme dans les campagnes, les ………………….. s’étaient mises au travail.

En février 1916 a commencé la ………………….. de Verdun qui fut la plus meurtrière de la guerre. En 1917, les Etats-Unis décidaient de déclarer la guerre à l’Allemagne. La guerre devenait ………………….. .

Une grande offensive était lancée, appuyée par les premiers ………………….. . Le 11 ………………….. 1918, l’Allemagne signait l’Armistice dans un wagon près de Compiègne. Les armées alliées avaient gagné mais toute l’Europe était ruinée et ………………….. millions d’hommes étaient morts.

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