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Le Leurre Autobiographique L'autobiographie est un genre littéraire de popularité relativement récente. Le mot en tous cas — on parlait autrefois surtout de « mémoires ». Philippe Lejeune, qui s'est spécialisé dans son étude, le définit comme « le récit rétrospectif en prose que quelqu'un fait de sa propre existence, quand il met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité. » Dossier réalisé par : Ariane Bussard Groupe 6, 2006/2007 1

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Le Leurre

Autobiographique

L'autobiographie est un genre littéraire de popularité

relativement récente. Le mot en tous cas — on parlait autrefois

surtout de « mémoires ». Philippe Lejeune, qui s'est spécialisé

dans son étude, le définit comme « le récit rétrospectif en

prose que quelqu'un fait de sa propre existence, quand il met

l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de

sa personnalité. »

Dossier réalisé par : Ariane Bussard

Groupe 6, 2006/2007

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Sommaire

Introduction...................................................................................................................4

I La nécessité de l'écriture...........................................................................................4

I. 1 Vertus thérapeutiques.....................................................................................4

I.2 Se souvenir.....................................................................................................5

I.3 Laisser un témoignage posthume....................................................................6

II L'omniprésence de l'autre.....................................................................................7

II.1 Expliquer à l'autre.........................................................................................7

II.2 Se présenter, exister en plus vrai..................................................................8

II.3 L'adaptation du récit.....................................................................................9

III Le leurre autobiographique...............................................................................10

III. 1 L'impression de sincérité et la rupture du pacte........................................10

III. 2 Le roman autobiographique.......................................................................11

Conclusion..............................................................................................................12

Annexes..................................................................................................................13

Bibliographie...........................................................................................................26

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Introduction

Parce qu'aujourd'hui connaître la vie de l'autre nous paraît parfois indispensable, comme

le prouve les parutions de la vie de personnes plus ou moins célèbres, parce que

l'autobiographie semble être un courant en vogue, il semble pertinent de s'interroger sur ses

fondements. Le courant autrefois lancé par Saint Augustin et ses Confessions a aujourd'hui

évolué et les récits de vie se partagent en divers courant (journaux intimes, mémoires...) qu'il

s'agit de connaître pour comprendre les ficelles de l'autobiographie.

Ainsi pour nouer une relation avec l'autre il importe de le connaître et pour cela nous

tenons à ce qu'il se dévoile, raconte lui-même sa vie, fasse part de ses sentiments. Dans cette

quête de l'identité d'autrui, le lecteur doit trouver le meilleur moyen de s'informer.

En quoi l'autobiographie est-elle un outil dans ma construction et celle de mon rapport

avec l'autre? Pouvons nous accorder une totale confiance aux textes autobiographiques? Si la

connaissance de l'autre est nécessaire, n'y a-t' il pas un autre moyen de s'en instruire?

Nous verrons donc, à travers l'étude de textes, que la nécessité d'écrire sur soi, besoin à

l'origine de l'autobiographie, est largement influencé par la présence de l'autre et qu'un texte non

officiellement référencé comme autobiographie peut-être une bien meilleure source

d'information pour le lecteur.

I La nécessité de l'écriture

I. 1 Vertus thérapeutiques

A l'origine de l'autobiographie : le besoin d'écrire sur soi, ainsi la première utilité de

l'autobiographie est peut-être thérapeutique : le fait d'écrire les évènements de sa vie, de se

souvenir et de mettre des mots sur ses sentiments sont nécessaires à la psychanalyse pour

contrecarrer les associations de symboles parfois malheureuses. Le principe est ici le même,

dans un cas le patient parle, dans l'autre il écrit : c'est le phénomène de résilience décrit par

Boris Cyrulnik dans un de ses ouvrages Un Merveilleux Malheur. Car si après avoir subit un

traumatisme il est possible de raconter cela reste un témoignage et l'autobiographie se veut aller

plus loin, au-delà du récit c'est une réflexion. Il n'est pas facile de se connaître comme nous le

rappelle la célèbre formule de Socrate : "Connais-toi, toi-même" et parler de soi fixe les idées.

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Simplement nous ne sommes pas le même à tous les stades de notre vie, nous nous construisons

sur notre histoire, c'est pour ça que les textes autobiographiques peuvent s'apparenter à des

archives. Mais des archives réfléchies, la même vie racontée par deux personnes différentes

donnera deux textes différents car si les faits sont les mêmes, l'écriture portera l'empreinte du

narrateur, son raisonnement. Lorsqu'il s'agit de raconter sa vie on se souvient. On se souvient

des scènes, des faits et des sentiments que l'on éprouvait sur l'instant. Enrichie par d'autres

expériences, une connaissance plus étendue nous pouvons comprendre certaines choses qui

nous paraissaient flous à l'époque. La compréhension du passé éclaire notre présent, on retrouve

ici la dimension psychanalytique de l'autobiographie.

Rousseau qui dans ses Confessions s'attache particulièrement à l'histoire de son enfance et aux

conséquences qu'elles ont eut sur sa vie présente est dans un sens précurseur de la psychanalyse.

La tentative d'introspection qui domine le texte tout du long montre la volonté de se

comprendre, elle est marquée dès le début de l'œuvre par une des premières phrases: " Je sens

mon cœur et je connais les hommes." Il "sent son cœur", il ne va pas se contenter d'un récit

factuel de sa vie mais va l'agrémenter de ses sentiments.

Un autre exemple de récit de vie à vertus thérapeutiques : les Essais de Montaigne. Ce

dernier à la mort de son ami Etienne de La Boétie écrivit ses pensées comme pour continuer un

dialogue interrompu trop tôt.

L'autobiographie permet donc à ses auteurs de se soulager de leurs peines par le biais de

l'écriture mais pour cela ils doivent commencer par se souvenir.

I.2 Se souvenir

Le souvenir, qu'il soit mémoire personnelle ou collective, fonde le récit

autobiographique. C'est le principe même de l'autobiographie qui peut être remis en jeu car la

légitimité d'un souvenir n'est jamais acquise, qu' on n'est jamais assuré qu'un souvenir nous est

bien personnel et non pas adapté par notre mémoire suite au récit d'un proche (et ce

particulièrement pour les souvenirs ayant trait à la petite enfance). Le souvenir est parfois

trompeur et en même temps il reste la structure des textes autobiographiques.

En même temps écrire son histoire c'est en garder une trace, c'est être sûr de ne pas

oublier ce que l'on pense, ce que l'on sait. L'autobiographie est alors une copie de la mémoire,

un support dont l'aide peut être précieuse. Alors faut-il considérer ces souvenirs falsifiés ou

fiables témoins? Cela dépend bien sûr de la date à laquelle ils écrivent, un journal de bord écrit

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au jour le jour aura bien sûr plus de chance d'être fiable qu'un récit lié aux aléas de la mémoire.

Enfin la manière de raconter modifie encore le sens du texte. Le simple fait ou bien une

introspection laissant une place aux sentiments de l'auteur, si on perd en vérité pure dans le

deuxième cas ne gagne-t' on pas en sincérité? N'est-ce pas alors le but recherché?

Ainsi certains auteurs laissent l'analyse de leurs souvenirs aux soins du lecteur et se

contentent de publier leur mémoire. C'est le cas de Georges Perec et de son livre Je me souviens

qui liste ses souvenirs sous forme de phrases commençant par "Je me souviens" et numérotées.

Il demande même à son éditeur de laisser quelques pages blanches à la fin de son livre afin que

le lecteur puisse compléter l'ouvrage de ses propres souvenirs. Perec appelle à la mémoire.

D'autres accordent une place à leur vision des choses : quatre couples d'auteurs ont publié un

recueil de nouvelles, Petite Géographie intime, dans lequel chacun participe en écrivant

quelques textes sur un souvenir heureux ou malheureux, qui faisant part d'un match de foot, qui

du mur de Berlin lors de sa chute ou bien encore de l'émotion à la vue d'une gare abandonnée

sous les mauvaises herbes. Ici les souvenirs sont accompagnés de l'analyse des sentiments mais

ils n'offrent qu'une vision partielle de l'auteur car soumis au lecteur en dehors du contexte

particulier de leur vie ils forment une mosaïque de pensées qui bien que personnelle reste

impénétrable.

Pour l'auteur c'est une façon de valider son histoire, toujours en mettant des mots sur des

sentiments mêlant tous les sens. Chaque histoire peut être racontée plusieurs fois toujours d'une

façon différente, l'écrire lui donne une forme définitive. L'auteur est alors, dans un certain sens,

maître de sa vie.

I.3 Laisser un témoignage posthume

Les journaux intimes sont les récits de vie les moins à même d'être publiés car les plus

privés. Toutefois les auteurs de ce genre littéraire ont tendance à toujours écrire comme si

quelqu'un lisait par-dessus leur épaule. Ecrire même si les textes ne sont pas destinés à être lus

c'est ouvrir une porte sur ses pensées parfois les plus secrètes.

On remarque que même dans les journaux intimes les auteurs tentent de se justifier ou

bien de se montrer sous un jour meilleur. Pourquoi cette tentative? C'est bien qu'au fond les

auteurs pensent toujours pouvoir être lus.

Dans L'Enfant de sable de Tahar Ben Jelloun l'histoire passe par un conteur qui transmet

ce qu'il a appris à travers un journal, que lui a donné l'auteur sur son lit de mort avec consigne

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de ne l'ouvrir que quarante jours après sa mort. Cette histoire fictive rapporte pourtant un fait

réel : celui du journal intime à "fonction posthume". En écrivant ce que l'on pense de soi, en

réalisant un jugement personnel, on interdit aux autres de nous administrer une identité qui ne

nous correspond pas. On s'assure ainsi une certaine reconnaissance.

II L'omniprésence de l'autre

II.1 Expliquer à l'autre

S'il paraît évident que l'écriture autobiographique est personnelle il n'en reste pas moins

que la présence de l'autre influence largement les écrits. Que ces textes aient fonction de

témoignage, de plaidoyer ou bien de confessions les auteurs ne sont plus véritablement sincères

car ils servent une cause, supérieure à la véritable sincérité de leur œuvre.

Certaines autobiographies portent plus particulièrement sur une période de l'Histoire

mise en relation avec l'histoire de l'auteur. Il existe beaucoup d'exemples de textes témoignant

de la seconde guerre mondiale : la mémoire privée soutient alors la mémoire collective. Ces

auteurs rappellent les événements dont ils souhaitent une certaine reconnaissance ainsi en plus

de se soulager en écrivant, ils évitent qu'une telle erreur se reproduise. On peut lire les textes

d'Anne Franck (Le Journal d'Anne Franck), de Martin Gray (Au Nom de tous les miens) et de

tant d'autre ayant vécut l'holocauste. Ils racontent tel un reportage ce qui se passait, ils

témoignent et finalement prennent leur vie pour exemple de l'Histoire. Ils vont alors livrer leur

vie au grand public et de façon volontaire, avec pour but la mobilisation ou bien l'explication,

utiliser d'un genre personnel pour un dessein public.

De façon plus anonyme mais toute aussi pertinente on peut faire état de toute ces

personnes dont la vie a été marquée d'épreuves et qui souhaitent laisser un témoignage à leurs

descendances. C'est le cas d'une femme que j'ai croisé lors d'un trajet en train, elle rejoignait sa

mère chez son frère et ces retrouvailles lui pesaient à cause de l'histoire difficile qui était la

sienne, marquée par l'abandon, le viol puis les retrouvailles avec une mère qui ne cessait d'être

manipulatrice et destructrice. Elle conclut son récit par cette phrase : "Un jour j'écrirai tout ça.

Pour laisser une trace, une explication à mes nièces."

A toutes les échelles donc il est important de laisser une trace de ses pensées, surtout si

celles-ci peuvent aider leurs destinataires. C'est le sentiment de pouvoir, ou de devoir, expliquer

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qui fait agir ces gens. Si un événement leur paraît inexplicable ils peuvent toujours narrer ce

qu'ils connaissent, c'est à dire eux même.

On s'aperçoit que dans les cas extrêmes l'autobiographie n'est qu'un moyen comme un

autre de faire passer un message. Ne peut-on pas alors se demander si les autres autobiographies

sont objectives ou si elles servent un message, pas toujours explicite.

II.2 Se présenter, exister en plus vrai

Ecrire sur soi c'est aussi se présenter. La présence de l'autre est alors comme dans le cas du

témoignage indissociable de l'écriture. En se racontant on dévoile son identité, une identité dont

nous sommes maîtres, une identité différente de celle que nous offre le regard des autres. Cela

permet d'exister autrement pour les autres, de trouver une place dans la société qui nous

ressemble plus.

Rousseau utilise ses Confessions comme un moyen de plaider son innocence. En

réutilisant le terme de confession utilisé par Saint-Augustin aux alentours de 400, il marque sa

volonté d'explication dès le titre, et précise dans le prologue "Que la trompette du jugement

dernier sonne quand elle voudra; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le

souverain juge. " Comme Saint-Augustin il le présente comme un projet religieux, mais du fait

de sa publication on se doute que Rousseau essaye de transmettre un message à ses prochains.

C'est un message d'explication, des fautes qu'il a commises comme le fait d'avoir abandonner

cinq de ses enfants, des fautes dont il ne sent parfois pas responsable, comme dans l'épisode du

peigne où il jure de son innocence ou celui du ruban volé.

En plus d'une utilité privée, Rousseau donne à son œuvre une utilité publique en répondant à

toutes les accusations dont il a put être l'objet ; ses justifications prenant naissance avec lui dans

l'histoire de sa vie. Son identité revisitée lui permet de s'acquitter de certains remords,

d'expliquer certaines attitudes.

Moravia donne accès à ses idées et se décrit comme il pense être. On ne ressent pas

autant le besoin de justification dans son autobiographie mais de la même manière que

Rousseau il dément l'identité que la société, sa famille, lui donne pour expliquer ce qu'il est

vraiment. Ecrire c'est alors faire accepter par les autres une autre part de nous m

De tels écrits donnent à penser que l'auteur se sent incompris, qu'il cherche à imposer aux autres

une façon de le voir différente, et le plus souvent tournée à son avantage. Cette idéalisation du

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personnage n'est pas blâmable car naturelle mais elle fausse les recherches du lecteur. Comment

ne pas se demander alors si l'auteur est réellement sincère et ne cherche pas à se présenter sous

son meilleur jour, comme on en a l'impression dans Rousseau.

II.3 L'adaptation du récit

Dans Moravia la présence de l'autre n'est plus sous entendu car son autobiographie

permet de comprendre les méthodes d'une autobiographie narrative dans laquelle l'auteur

dialogue avec son lecteur et où les réponses restent sous-entendues. Publier sa vie c'est supposer

avoir des lecteurs, et les auteurs ne veulent ni les ennuyer ni les décevoir. C'est pourquoi les

autobiographies peuvent paraître plus épiques que la vie de l'auteur ne l' a été. Mener l'histoire

de sa vie telle un film à suspense permet de garder en haleine un lecteur que l'on ne veut pas

voir se désintéresser de notre vie. C'est pour la même raison que les événements susceptibles

d'attirer l'attention du lecteur seront rapportés avec plus de précision. Généralement ce sont des

histoires inhabituelles, parfois tristes, dont l'auteur tire toujours un enseignement qu'il partage

avec ses lecteurs. C'est pourquoi le récit est aménagé de façon à plaire. Mais le seul fait

d'adapter rend les choses moins sincères, l'autobiographie perd de son intérêt.

III Le leurre autobiographique

III. 1 L'impression de sincérité et la rupture du pacte

Lorsqu'on ouvre un récit de vie on est fort souvent frappé par le ton très proche que

prend l'auteur, du rapprochement qui s'opère entre lui et ses lecteurs, ces formes très

personnelles du récit ajoute de la valeur à une des règles de l'autobiographie : la sincérité.

Effectivement sans sincérité une autobiographie n 'est plus puisque son but est de rapporter la

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vie de son auteur avec le plus de précision possible. Le mensonge est donc à proscrire mais sont

également rejeté par le public toutes formes d'incertitude de la part de l'auteur.

Tout texte appartenant à la famille des autobiographies répond donc de la véracité des

faits rapportés. Comme Roald Dahl qui dans sa préface dément écrire une autobiographie, récit

trop fastidieux et imparfait selon lui, mais défend la sincérité de ses écrits. Cette défense tous

l'on a cœur, les techniques d'écriture en témoignent. Un ton proche, l'utilisation du "je" pour

accentuer la certitude des souvenirs et la maîtrise que l'on a de soi, un foisonnement de détails.

On ne peut cependant réclamer une totale transparence de la part de quelqu'un qui nous

est inconnu. Nous avons vu que les autobiographies répondaient souvent à un but et pour mieux

servir ce but ultime certains faits doivent, sans être cachés, être quelque peu arrangés. Enfin on

ne peut demander à quelqu'un d'être totalement objectif sur sa propre vie.

Ainsi le style autobiographique nous laisse une impression de sincérité profonde, d'une

écriture directe et non remaniée alors que comme n'importe quel livre qui sera publié, il est relu,

arrangé, amélioré. Ce n'est donc plus le premier esprit de l'auteur, celui dont l'analyse nous

importe mais un esprit qui s'adapte à la société, qui est planifié, presque uniformisé dans le sens

où une autobiographie répond à certaines normes ; par exemple, celle de la première phrase

traditionnelle : "Je suis né à etc.".

Il y donc rupture de l'accord placé entre lecteur et auteur car si le premier s'attend à

trouver une vie sincèrement rapportée, le deuxième utilise cette attente pour ne pas trop se

dévoiler…

III. 2 Le roman autobiographique

La plupart des auteurs s'accordent sur ce fait : pour écrire, on s'inspire de sa vie. Alors

ne serait il pas plus judicieux d'aller chercher les informations qui nous intéressent directement

au cœur des œuvre de ces auteurs? Moins exposés ne se livreraient-ils pas plus librement,

protégés l'imaginaire de leurs histoires? Cyrulnik écrit : "Toute opinion est autobiographique

puisqu'elle révèle notre sensibilité au monde."

Ce que l'on cherche dans une autobiographie c'est la part de l'écrivain dans le récit de sa

vie, sinon on aurait tout simplement choisi une biographie. Cette influence passe dans le choix

des événements et la façon dont ils seront racontés. Une histoire est porteuse de symboles et

ceux-ci permettent de mieux cerner son auteur. Mais les symboles que l'ont recherche dans

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l'autobiographie existeront aussi dans les romans des écrivains et ils seront plus purs car l'auteur

se sentira plus libre. Protégés par la fiction, ils pourront librement s'inspirer de leur expérience

qu'ils symboliseront eux-même, à travers leurs personnages par exemple. Ainsi en lisant un

roman on accède directement à la personnalité créatrice de l'auteur.

Prenons exemple sur Romain Gary, il est l'auteur de nombreux romans dont Les Clowns

lyriques dans lequel deux personnages peuvent s'apparenter à l'écrivain. Willy, le producteur

hollywoodien, désespéré par le refus d'amour de sa femme, Ann, imagine sa mort, la met en

scène et prévoit plusieurs scénario. A la fin du roman il se jette du haut d'une falaise. On pense

donc immédiatement à Romain Gary qui s'est suicidé à 80 ans et chez sui l'idée de la mort était

présente dès l'enfance comme il le dit dans un roman autobiographie réservé à sa relation avec

sa mère. Mais un deuxième personnage, le père d'Ann , éternellement déçu par l'amour, l'art et

le monde ne serait il pas aussi une personnification de Romain Gary en tant qu'homme

insatisfait de la vie que lui offre ce monde et donc prêt au suicide? Je ne suis pas psychologue et

mon dossier n'a pas pour sujet Romain Gary mais sans approfondir le sujet on aperçoit bien vite

que les pensées de l'auteur transparaissent clairement dans sa fiction.

On peut aboutir aux mêmes conséquences avec Georges Perec dont le livre La

Disparition témoigne de la douleur qu'il éprouve depuis la perte de ses parents, eux, E, la

voyelle à qui il a dédicacé son autobiographie (sous forme de roman) W ou le Souvenir

d'enfance. La Disparition est un roman écrit entièrement sans cette voyelle, tant il est difficile

pour Perec d'évoquer ses parents disparus. Egalement Rimbaud dont les poèmes sont

l'expression de l'âme comme le recueil de la Saison en enfer qui retrace ses périples avec

Verlaine, leurs difficultés. On se rend alors bien compte de la tension qui régnait dans l'esprit de

Rimbaud et tout le symbolisme utilisé par le poète est plus explicite puisqu'on a directement

accès à son esprit.

Cette méthode consistant à étudier les fictions des écrivains afin de s'éclairer sur leur vie

est bien développée. Ainsi dans une biographie d' Albert Camus chez Découvertes Gallimard,

on s'apperçoit que de nombreuses références à ses oeuvres fictives permettent d'avoir une

meilleure vision de ce qu'il était. Les livres de Camus transmettent souvent un message

politique, philosophique ou sociologique, ces messages sont ses idées. Ainsi lorsque dans

L'Etranger il dénnonce le jugement hâtif de Meursault par la société, c'est son refus de voir sa

personnalité complètement anihilé par la vision des autres qui s'exprime. Pareillement on

perçoit nettemtn son attachement à la terre algérienne à travers tous ses livres qui la décrive

d'une façon objective mais marquée d'une profonde affection, comme dans La Peste ou L'

Etranger quand il décrit un paysage, nature parfois hostile à l'homme mais si belle.

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Conclusion

Après une étude du fonctionnement de l'autobiographie, on se rend donc compte qu'elle

ne satisfait pas toujours les attentes d'un lecteur. Parce que si son utilité est d'abord personnelle

on peut se rendre compte que dans bien des cas elle le reste et n'apporte pas toujours ce qu'on

attend d'elle. Servant un but propre à l'auteur : confession, plaidoyer, témoignage ; elle ne peut

plus être sincère et objective.

Il est donc plus bénéfique de lire les romans plutôt que les autobiographies des auteurs

qui nous intéressent. Même si un aperçu de la vie des écrivains permet souvent d'éclairer leurs

oeuvres, une biographie peut avoir les mêmes avantages. Dans un roman on a directement accès

aux symboles utilisés par l'auteur. Les écrivains le disent ils s'inspirent de leur vie pour leurs

fictions. Les romans sont donc une représentation de leurs esprits.

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Annexes

Les Confessions de Jean Jacques Rousseau (extraits)

W ou le souvenir d'enfance de George Perec (extrait)

Le Journal d'Anne Frank (première et dernière lettre)

Je me souviens de Georges Perec (extraits)

Fiche de lecture sur un extrait d' Un Merveilleux Malheur de Boris Cyrulnik

La plupart de références portent sur des livres entiers qu'il était impossible d'ajouter en

annexe. Il est nécessaire de se reporter à la bibliographie.

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Annexe 1: Rousseau Les Confessions

Intus, et in cute

Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme ce sera moi.

Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.

Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement: voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire; j'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été: j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité; et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose: Je fus meilleur que cet homme-là.

Préambule des confessions de rousseau

Le peigne cassé

J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la plaque les peignes de Mlle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout un côté de dents était brisé, A qui s'en prendre de ce dégât ? personne autre que moi n'était entré dans la chambre. On m'interroge ; je nie d'avoir touché le peigne. M. et Mlle Lambercier se réunissent,m'exhortent, me pressent, me menacent ; je persiste avec opiniâtreté ; mais la conviction était trop forte, elle l'emporta sur toutes mes protestations, quoique ce fût la première fois qu'on m'eût trouvé tant d'audace à mentir. La chose fut prise au sérieux ; elle méritait de l'être. La méchanceté, le mensonge, l'obstination parurent également dignes de punition ; mais pour le coup ce ne fut pas par Mlle Lambercier qu'elle me fut infligée. On écrivit à mon oncle Bernard ; il vint. Mon pauvre cousin était chargé d'un autre délit non moins grave : nous fûmes enveloppés dans la même exécution. Elle fut terrible. Quand, cherchant le remède dans le mal même, on eût voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n'aurait pu mieux s'y prendre. Aussi me laissèrent-ils en repos pour longtemps.

On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux, je fus inébranlable. j'aurais souffert la mort et j'y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique entêtement d'un enfant ; car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant.

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Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être aujourd'hui puni derechef pour le même fait. Hé bien ! je déclare à la face du ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé ni touché le peigne, que je n'avais pas approché de la plaque, et que je n'y avais pas même songé. Qu'on ne me demande pas comment ce dégât se fit ; je l'ignore, et ne puis le comprendre ; ce que je sais très certainement, c'est que j'en étais innocent.

Qu'on se figure un caractère timide et docile dans la vie ordinaire, mais ardent, fier, indomptable dans les passions ; un enfant toujours gouverné par la voix de la raison, toujours traité avec douceur, équité, complaisance ; qui n'avait pas même l'idée de l'injustice, et qui, pour la première fois, en éprouve une si terrible, de la part précisément des gens qu'il chérit et qu'il respecte le plus. Quel renversement d'idées ! quel désordre de sentiments ! quel bouleversement dans son coeur, dans sa cervelle, dans tout son petit être intelligent et moral ! Je dis, qu'on s'imagine tout cela, s'il est possible ; car pour moi, je ne me sens pas capable de démêler, de suivre la moindre trace de ce qui se passait ayons en moi.

Je n'avais pas encore assez de raison pour sentir combien les apparences me condamnaient, et pour me mettre à la place des autres. Je me tenais à la mienne, et tout ce que je sentais, c'était la rigueur d'un châtiment effroyable pour un crime que je n'avais pas commis. La douleur du corps, quoique vive, m'était peu sensible, je ne sentais que l'indignation, la rage, le désespoir. Mon cousin, dans un cas à peu près semblable, et qu'on avait puni d'une faute involontaire comme d'un acte prémédité, se mettait en fureur à mon exemple, et se montait, pour ainsi dire, à mon unisson. Tous deux dans le même lit nous nous embrassions avec des transports convulsifs, nous étouffions ; et quand nos jeunes coeurs un peu soulagés pouvaient exhaler leur colère, nous nous levions sur notre séant, et nous nous mettions tous deux à crier cent fois de toute notre force : Carnifex Carnifex Carnifex.

Je sens en écrivant ceci que mon pouls s'élève encore ; ces moments me seront toujours présents quand je vivrais cent mille ans. Ce premier sentiment de la violence et de l'injustice est resté si profondément gravé dans mon âme, que toutes les idées qui s'y rapportent me rendent ma première émotion ; et ce sentiment, relatif à moi dans son origine, a pris une telle consistance en lui-même, et s'est tellement détaché de tout intérêt personnel, que mon coeur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, quel qu'en soit l'objet et en quelque lieu qu'elle se commette, comme si l'effet en retombait sur moi. Quand je lis les cruautés d'un tyran féroce, les subtiles noirceurs d'un fourbe de prêtre, je partirais volontiers pour aller poignarder ces misérables, dussé-je cent fois y périr. Je me suis souvent mis en nage, à poursuivre à la course ou à coups de pierre un coq, une vache, un chien, un animal que j'en voyais tourmenter un autre, uniquement parce qu'il se sentait le plus fort. Ce mouvement peut m'être naturel, et je crois qu'il l'est ; mais le souvenir profond de la première injustice que j'ai soufferte y fut trop fortement lié pour ne l'avoir pas beaucoup renforcé.

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, extrait du livre I

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Le ruban volé

Il est bien difficile que la dissolution d'un ménage n'entraîne un peu de confusion dans la maison, et qu'il ne s'égare bien des choses. Cependant telle était la fidélité des domestiques, et la vigilance de M. et Mme Lorenzi, que rien ne se trouva de manque sur l'inventaire. La seule Mlle Ponta1 perdit un petit ruban couleur de rose et argent déjà vieux. Beaucoup d'autres meilleures choses étaient à ma portée ; ce ruban seul me tenta, je le volai, et comme je ne le cachais guère on me le trouva bientôt. On voulut savoir où je l'avais pris. Je me trouble, je balbutie, et enfin je dis en rougissant que c'est Marion qui me l'a donné. Marion était une jeune Mauriennoise dont Mme de Vercellis avait fait sa cuisinière, quand, cessant de donner à manger, elle avait renvoyé la sienne, ayant plus besoin de bons bouillons que de ragoûts fins. Non seulement Marion était jolie, mais elle avait une fraîcheur de coloris qu'on ne trouve que dans les montagnes, et surtout un air de modestie et de douceur qui faisait qu'on ne pouvait la voir sans l'aimer. D'ailleurs bonne fille, sage, et d'une fidélité à toute épreuve. C'est ce qui surprit quand je la nommai. L'on n'avait guère moins de confiance en moi qu'en elle, et l'on jugea qu'il importait de vérifier lequel était le fripon des deux. On la fit venir ; l'assemblée était nombreuse, le comte de la Roque y était. Elle arrive, on lui montre le ruban, je la charge effrontément ; elle reste interdite, se tait, me jette un regard qui aurait désarmé les démons et auquel mon barbare coeur résiste . Elle nie enfin avec assurance, mais sans emportement, m'apostrophe, m'exhorte à rentrer en moi-même, à ne pas déshonorer une fille innocente qui ne m'a jamais fait de mal ; et moi avec une impudence infernale je confirme ma déclaration, et lui soutiens en face qu'elle m'a donné le ruban. La pauvre fille se mit à pleurer, et ne me dit que ces mots : " Ah Rousseau ! je vous croyais un bon caractère. Vous me rendez bien malheureuse, mais je ne voudrais pas être à votre place. " Voilà tout. Elle continua de se défendre avec autant de simplicité que de fermeté, mais sans se permettre jamais contre moi la moindre invective. Cette modération comparée à mon ton décidé lui fit tort. Il ne semblait pas naturel de supposer d'un côté une audace aussi diabolique, et de l'autre une aussi angélique douceur. On ne parut pas se décider absolument, mais les préjugés étaient pour moi. Dans le tracas où l'on était on ne se donna pas le temps d'approfondir la chose, et le comte de la Roque en nous renvoyant tous deux se contenta de dire que la conscience du coupable vengerait assez l'innocent. Sa prédiction n'a pas été vaine ; elle ne cesse pas un seul jour de s'accomplir.

J'ignore ce que devint cette victime de ma calomnie ; mais il n'y a pas d'apparence qu'elle ait après cela trouvé facilement à se bien placer. Elle emportait une imputation cruelle à son honneur de toutes manières. Le vol n'était qu'une bagatelle, mais enfin c'était un vol, et, qui pis est, employé à séduire un jeune garçon ; enfin le mensonge et l'obstination ne laissaient rien à espérer de celle en qui tant de vices étaient réunis. je ne regarde pas même la misère et l'abandon comme le plus grand danger auquel je l'aie exposée. Qui sait, à son âge, où le découragement de l'innocence avilie a pu la porter. Eh ! si le remords d'avoir pu la rendre malheureuse est insupportable, qu'on juge de celui d'avoir pu la rendre pire que moi.

Ce souvenir cruel me trouble quelquefois et me bouleverse au point de voir dans mes insomnies cette pauvre fille venir me reprocher mon crime comme s'il n'était commis que d'hier. Tant que j'ai vécu tranquille il m'a moins tourmenté, mais au milieu d'une vie orageuse il m'ôte la plus douce consolation des innocents persécutés : il me fait bien

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sentir ce que je crois avoir dit dans quelque ouvrage, que le remords s'endort durant un destin prospère et s'aigrit dans l'adversité. Cependant je n'ai jamais pu prendre sur moi de décharger mon coeur de cet aveu dans le sein d'un ami. La plus étroite intimité ne me l'a jamais fait faire à personne, pas même à Mme de Warens. Tout ce que j'ai pu faire a été d'avouer que j'avais à me reprocher une action atroce, mais jamais je n'ai dit en quoi elle consistait. Ce poids est donc resté jusqu'à ce jour sans allégement sur ma conscience, et je puis dire que le désir de m'en délivrer en quelque sorte a beaucoup contribué à la résolution que j'ai prise d'écrire mes confessions.

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Livre II.

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Annexe 2 : Georges Perec W ou le souvenir d'enfance

J’ai trois souvenirs d’école.

Le premier est le plus flou : c’est dans la cave de l’école. Nous nous bousculons. On nous fait essayer des masques à gaz; les gros yeux de mica, le truc qui pendouille par-devant, l’odeur écœurante du caoutchouc.

Le second est le plus tenace : je dévale en courant — ce n’est pas exactement en courant : à chaque enjambée, je saute une fois sur le pied qui vient de se poser ; c’est une façon de courir à mi-chemin de la course proprement dite et du saut à cloche-pied très fréquente chez les enfants, mais je ne lui connais pas de dénomination particulière —, je dévale donc la rue des Couronnes, tenant à bout de bras un dessin que j’ai fait à l’école (une peinture même) et qui représente un ours brun sur fond ocre. Je suis ivre de joie. Je crie de toutes mes forces : « Les oursons! Les oursons ! »

Le troisième est, apparemment, le plus organisé. À l’école on nous donnait des bons points. C’étaient des petits carrés de carton jaunes ou rouges sur lesquels il y avait d'écrit : 1 point, encadré d’une guirlande.

Quand on avait eu un certain nombre de bons points dans la semaine, on avait droit à une médaille.

J’avais envie d’avoir une médaille et un jour je l’obtins. La maîtresse l’agrafa sur mon tablier. À la sortie, dans l’ escalier, il y eut une bousculade qui se répercuta de marche en marche et d’enfant en enfant.

J’étais au milieu de l’escalier et je fis tomber une petite fille. La maîtresse crut que je l’avais fait exprès; elle se précipita sur moi et, sans écouter mes protestations, m’arracha ma médaille. Je me vois dévalant la rue des Couronnes en courant de cette façon particulière qu’ont les enfants de courir, mais je sens encore physiquement cette poussée dans le dos, cette preuve flagrante de l’injustice, et la sensation cénesthésique de ce déséquilibre imposé par les autres, venu d’au-dessus de moi et retombant sur moi, reste si fortement inscrite dans mon corps que je me demande si ce souvenir ne masque pas en fait son exact contraire : non pas le souvenir d’une médaille arrachée, mais celui d’une étoile épinglée.

Georges Perec, (1936-1982), W ou le Souvenir d’enfance, Éditions Denoël, 1975.

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Annexe 3: Anne Frank, Journal

Samedi 20 juin 1942

Il y a plusieurs jours que je n’ai plus écrit ; il me fallait réfléchir une fois pour toutes à ce que signifie un Journal. C’est pour moi une sensation bien singulière que d’exprimer mes pensées, non seulement parce que je n’ai jamais écrit encore, mais parce qu’il me semble que, plus tard, ni moi ni qui que ce soit d’autre ne s’intéresserait aux confidences d’une écolière de treize ans. Enfin, cela n’a aucune importance. J’ai envie d’écrire, et bien plus encore de sonder mon cœur à propos de toutes sortes de choses.

" Le papier est plus patient que les hommes. " Ce dicton me traversa l’esprit alors qu’un jour de légère mélancolie je m’ennuyais à cent sous l’heure, la tête appuyée sur les mains, trop cafardeuse pour me décider à sortir ou à rester chez moi. Oui, en effet, le papier est patient, et, comme je présume que personne ne se souciera de cahier cartonné dignement intitulé Journal, je n’ai aucune intention de jamais le faire lire, à moins que je ne rencontre dans ma vie l’Ami ou l’Amie à qui le montrer. Me voilà arrivée au point de départ, à l’idée de commencer ce Journal : je n’ai pas d’amie.

Afin d’être plus claire, je m’explique encore. Personne ne voudra croire qu’une fillette de treize ans se trouve seule au monde. D’ailleurs, ce n’est pas tout à fait vrai : j’ai des parents que j’aime beaucoup et une sœur de seize ans ; j’ai, tout compte fait, une trentaine de camarades parmi lesquels de soi-disant amies ; j’ai des admirateurs à la pelle qui me suivent du regard, tandis que ceux qui, en classe, sont mal placés pour me voir, tentent de saisir mon image à l’aide d’une petite lampe de poche. J’ai de la famille, d’aimables oncles et tantes, un foyer agréable, non, il ne me manque rien apparemment, sauf l’Amie. Avec mes camarades, je ne puis que m’amuser, rien de plus.Je ne parviens jamais à parler avec eux d’autres choses que de banalités, même avec une de mes amies, car il nous est impossible de devenir plus intimes, c’est là le hic. Ce manque de confiance est peut-être mon défaut à moi. En tout cas, je me trouve devant un fait accompli, et c’est assez dommage de ne pas pouvoir l’ignorer.

C’est là la raison d’être de ce Journal. Afin de mieux évoquer l’image que je me fais d’une amie longuement attendue, je ne veux pas me limiter à de simples faits, comme le font tant d’autres, mais je désire que ce Journal personnifie l’Amie. Et cette amie s’appellera Kitty.

Chère Kitty,

" Un fatras de contradictions " sont les derniers mots de ma lettre précédente, et les premiers mots de celle-ci. " Fatras de contradictions ", peux-tu m’expliquer ce que c’est au juste ? Que signifie contradiction ? Comme tant d’autres mots, il a deux sens : contradiction extérieure, et contradiction intérieure.

Le premier sens s’explique simplement : ne pas se plier aux opinions d’autrui, savoir mieux que l’autre, avoir le dernier mot, enfin toutes les caractéristiques désagréables pour lesquelles je suis bien connue. Mais en ce qui concerne le second, je ne suis pas connue, c’est là mon secret.

Je te l’ai déjà dit, mon âme est pour ainsi dire divisée en deux. La première partie héberge mon hilarité, mes moqueries à propos de tout, ma joie de vivre et, surtout, ma tendance à tout prendre à la légère. J’entends par là : ne pas me choquer des flirts, d’un baiser, d’une embrassade ou d’une histoire inconvenante. Cette première partie est toujours aux aguets,

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repoussant l’autre, qui est plus belle, plus pure et plus profonde. Le beau côté de la petite Anne, personne ne le connaît, pas vrai ? C’est pourquoi si peu de gens m’aiment vraiment.(…)

Je tremble de peur que tous ceux qui me connaissent telle que je me montre toujours ne découvrent que j’ai un autre côté, le plus beau et le meilleur. J’ai peur qu’ils ne se moquent de moi, ne me trouvent ridicule et sentimentale, ne me prennent pas au sérieux. J’ai l’habitude de ne pas être prise au sérieux, mais c’est " Anne la superficielle " qui y est habituée et qui peut le supporter : l’autre, celle qui est " grave et tendre " n’y résisterait pas. Lorsque, vraiment, je suis arrivée à maintenir de force devant la rampe la bonne Anne pendant un quart d’heure, elle se crispe et se contracte comme une sainte Nitouche aussitôt qu’il faut élever la voix, et , laissant la parole à la Anne n°1, elle a disparu avant que je ne m’en aperçoive.

Anne la tendre n’a donc jamais fait une apparition en compagnie, pas une seule fois, mais dans la solitude, sa voix domine presque toujours. Je sais exactement comment j’aimerais être puisque je le suis…intérieurement, mais hélas ! je reste seule à le savoir. Et c’est peut-être, non, c’est certainement la raison pour laquelle j’appelle ma nature intérieure : heureuse, alors que les autres trouvent justement heureuse ma nature extérieure. A l’intérieur de moi, Anne la Pure m’indique le chemin ; extérieurement, je ne suis rien d’autre qu’une biquette détachée de sa corde, folle et pétulante.

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Annexe 4 : Georges Perec, Je me souviens

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Je me souviens que mon oncle avait une 11CV immatriculée 7070 RL2.

4

Je me souviens de Lester Young au Club Saint-Germain; il portait un complet de soie bleu avec une doublure de soie rouge.

95

Je me souviens que dans le film Knock on wood, Danny Kaye est pris pour un espion du nom de Gromeck.

101

Je me souviens des mousquetaires du tennis.

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Je me souviens de "Bébé Cadum".

110

Je me souviens que Khrouchtchev a frappé avec sa chaussure la tribune de l'O.N.U.

138

Je me souviens que Jean Bobet — le frère de Louison — était licencié d'anglais.

145

Je me souviens que j'adorais le Bal des Sirènes avec Esther Williams et Red Skelton, mais que j'ai été horriblement déçu quand je l'ai revu.

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Je me souviens que Fidel Castro était avocat.

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Je me souviens de Charles Rigoulot.

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Annexe 5 : Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, premier poème

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l’ai trouvée amère. - Et je l’ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. O sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !

Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.

Or, tout dernièrement, m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !

« Tu resteras hyène, etc... » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »

Ah ! j’en ai trop pris : - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

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Annexe 6 : CYRULNIK Boris, Un Merveilleux Malheur, fiche de lecture

L’étude se limitera à un extrait de cet ouvrage portant sur les cinq premiers chapitres de la seconde partie. C’est à dire de la page 117 à la page 135, fin du chapitre intitulé « Quand le récit de soi devient une déclaration affective, l’auditeur peut aimer cet aveu ou en être gêné. »

Ayant lu ce livre au début de l’année pour des raisons personnelles je me suis aperçue qu’il pouvait m’être utile dans le cadre de mon dossier sur l’autobiographie comme analyse de soi et relations avec l'autre. Publié en 1996 c’est un ouvrage récent de psychologie sur les enfants qui ne montrent aucun traumatismes mais plutôt des signes de réussite après avoir vécu une épreuve difficile ; l’autobiographie fait le sujet de quelques chapitres.

Boris Cyrulnik a vécut la seconde guerre mondiale en tant qu’enfant juif :en 1942 ses parents sont arrêtés et déportés, il échappe lui même à une rafle en 1944. Aujourd’hui professeur d’éthologie humaine à l’université et écrivain il a réalisé le travail de résilience qu’il décrit dans son livre et peut servir lui même d’exemple pour certain cas qu’il traite, ce qui est intéressant dans le cadre d’une étude des récits de soi.

Ce livre est destiné à étudier le concept de résilience définit par Cyrulnik comme la capacité d’un enfant à retrouver une vie normale après avoir vécut une expérience traumatisante. La première partie est descriptive, elle s’attache plus particulièrement à présenter des cas de traumatisme et de résilience ; la seconde partie étudie les différents « processus de réparation » : comment ces enfants vont pouvoir reprendre une vie normale.

Ici raconter son histoire prend une dimension thérapeutique indispensable : cela aide à retrouver une identité complète réunissant le moi secret et le moi qui sert de couverture pour la société. Par cette nouvelle identité bien plus facile à porter car plus légitime, le narrateur tâchera de se faire comprendre. Dans ce cas le roman autobiographique semble le bon moyen car le nombre important de lecteurs permet de construire un lecteur idéal qui lui comprendra. Identité et compréhension sont les débuts d’une relation amicale entre auteur et lecteur ; la confidence est importante car le résilient a besoin de se faire aimer également pour ce qu’il a vécut.

Le récit de soi sera sans doute romancé, une histoire épique avec héros, obstacles et victoire, tel un « conte de fée social » étant plus attrayante, et théâtralisée dans l’esprit de l’auteur, lui permettant de mieux comprendre sa souffrance à travers des représentations symbolistes. Le roman, le théâtre sont autant d’outils qu’ont les résilients pour transmettre leur histoire à la société sans la choquer, ils sont alors artistes pour exprimer une histoire trop dure pour le public.

Finalement Cyrulnik explique l’autobiographie : entre mémoire, souvenirs (personnels ou transmis) et réalité le récit autobiographique peut sembler mensonger. Cependant il faut voir au delà du fait et comprendre le message implicite donnée par telle association d’idées, telle erreur. Le passé est vu à travers le présent, les souvenirs sont complexes, en lisant un texte autobiographique il faut savoir démêler le fait du symbole car sans un certain recul ce n’est pas une autobiographie mais une information.

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Avant de lire ces chapitres il faut connaître le concept de résilience. Au delà d’une simple « guérison », la résilience est plutôt la capacité de ces enfants traumatisés à puiser dans leur malheur leur force d’aujourd’hui. Ils étonnent, intéressent par leur réussite et leur vie équilibrée malgré les épreuves de leur jeunesse. C’est de ce paradoxe que Cyrulnik tire son titre Un Merveilleux Malheur.

Ensuite, on sait que l’enfance de Boris Cyrulnik a été marquée par la même sorte d’événements que ceux qui lui servent d’exemple, parfois le « je » de Cyrulnik en tant qu’individu prend le pas sur la parole du professeur. S’il nous dévoile les secrets de l’autobiographie, il délivre son opinion, son parcours, sa résilience à travers son essai. Il faut donc prendre garde à ne pas prendre pour un discours scientifique objectif les informations personnelles sur l’auteur.

Enfin cet essai exploite essentiellement le côté relationnel de l’autobiographie. Cyrulnik a écrit un livre qui explique comment un résilient retrouve une place dans la société. C’est donc un ouvrage complet sur la relation entre le résilient et la société, sur ce que la société attend et accepte de la part d’un autobiographe et ce que l’autobiographe peut espérer gagner dans son dialogue avec l’autre grâce à son récit. Ce n’est dons pas un essai sur le travail que doit effectuer le résilient avec lui même :accepter son histoire, l’écrire au besoin. Le lecteur doit garder à l’esprit l’éternel échange qu’il y a entre l’auteur et le lecteur, entre celui qui raconte et celui qui écoute, entre le résilient et la société afin de lire l’analyse sous un angle intéressant.

C’est un ouvrage de référence en ce qui concerne le surpassement d’une épreuve dont la lecture est facilité par l’appui du discours par de nombreux exemples et témoignages. L’ensemble du livre est un véritable éventail des processus de résilience et donne une image complète de ce phénomène. Je le conseillerai comme première lecture en ce qui concerne ce domaine, le lecteur choisira par la suite une œuvre plus détaillé si son intérêt se porte sur un point particulier de l’essai.

Bibliographie

http://www.lemonde.fr/mde/ete2001/cyrulnik.html

entretien avec Boris Cyrulnik au sujet de ses œuvres

http://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Cyrulnik

http://www.evene.fr/celebre/biographie/boris-cyrulnik-4322.php

biographies de Boris Cyrulnik

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Bibliographie

CAMUS Albert, La Peste, Gallimard, 1972, 278p.

CAMUS Albert, L'Etranger, Gallimard, 1972, 185p.

CYRULNIK Boris, Un Merveilleux Malheur, Editions Odile Jacob, 1996, 238p.

DAHL Roald, Moi Boy, Gallimard, 1997, 204p.

FRANK Anne, Journal, LGF, 1977, 349p.

GARY Romain, Les Clowns lyriques, Gallimard, 1989, 275p.

GARY Romain, La Promesse de l'aube, Folio, 1992, 391p.

GRAY Martin, Au Nom de tous les miens, Pocket, 2002, 377p.

MORAVIA et ELKANN, Vita di Moravia, C.Bourgeois, 1991, 346p.

PEREC George, Je me souviens, Hachette Littérature, 1998, 147p.

PEREC George, La disparition, Gallimard, 1989, 319p.

PEREC George, W ou le Souvenir d'enfance, Messagerie du livre, 1993, 219p.

REY Pierre-Louis, Camus L' Homme révolté, Gallimard, 2006, 127p.

RIMBAUD Arthur, Oeuvres poétiques, Une saison en enfer, Garnier Flammarion, 1964, p115 à

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