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LE TARZAN Dossier pour la commission des objets mobiliers de l’Hérault (vendredi 23 octobre 2009) Synthèse Dossier PHOTOGRAPHIQUE Fiche TECHNIQUE Fiche HISTOIRE

Dossier TARZAN

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dossier de classement du Tarzan

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Page 1: Dossier TARZAN

LE TARZAN

Dossier pour la commission des objets mobiliers de l’Hérault

(vendredi 23 octobre 2009)

Synthèse

Dossier PHOTOGRAPHIQUE

Fiche TECHNIQUE

Fiche HISTOIRE

Page 2: Dossier TARZAN

SYNTHESE

IDENTIFICATION DU NAVIRE STATUT

Le Tarzan

Typologie : Goélette italienne

Immatriculation : ST310587

Quartier maritime : Sète

Inscription aux Affaires maritimes : plaisance

Localisation : Sète, quai de la République:

Propriétaire : William CHERINO

Coordonnées : 06 14 52 33 53

Le Cayla

30120 Avèze

Acquisition : 2 septembre 2008

DIMENSIONS DESCRIPTION GENERALE Longueur hors-tout : 20,54m

Largeur au maître-bau : 4,90m

Hauteur sous barrot : 1,70m

Jauge nette : 21,20 tx

Longueur du pont : 18,70m

Tirant d’eau : 2,20m

Tirant d’air : 18m

MATERIAUX

Coque (membrures et bordés) : chêne

Pont : plastifié

Cabine, roofs, coffres : contreplaqué plastifié

sur structure iroko

Mâts : bois

Gréement : synthétique

Aménagements intérieurs : contreplaqué

INTERIEUR

Etambot : sortant, poupe ronde

Etrave : sortante à guibre

Cabine : un « dog house »

Roof : 2 petits et 1 grand

Coffres : 2 coffres sur l’avant

Treuil : à l’avant

Mâts : 2 mâts droits

Banc : un banc court sur l’arrière adossé au

pavois, en arc de cercle

Pavois : continu

Type de gréement : le gréement principal est

aurique

Type de barre : roue hydraulique

Moteur : 6 cylindres, DNK6, gasoil

Couleur dominante : blanc

Ornementation : décor floral jaune sur fond

bleu (fin du pavois jusqu’à l’étrave)

ETAT GENERAL

Aménagement intérieur et cabine :

équipement plaisance (cuisine, toilettes,

table, banquettes, douche, couchettes)

Equipement de navigation : timonerie

complète, tout électronique Etat général correct.

Naviguant

Difficile d’évaluer le détail des œuvres vives

Page 3: Dossier TARZAN

HISTOIRE MODIFICATIONS Chantier de construction : MANNO, Sfax

Charpentier : ANSELMI ( ?)

Date de construction : 1950

Mise à l’eau : 18 mars 1950

Propriétaire d’origine / armateur : les frères

Vincent et Joseph MARINELLO

Port d’attache d’origine : Sfax, Tunisie

Usage d’origine : pêche à l’éponge

1950-1955 : Gangavier

Le bateau pêche l’éponge dans le Golfe de

Gabès.

1955-1957 : Chalutier

Il est transformé en chalutier et pêche au

large de la Tunisie.

1957 : Arrivée à Sète

25 juillet 1957, il fait partie d’un groupe de 5

bateaux tunisiens à bord desquels une

trentaine de personnes fuient la Tunisie pour

gagner la France.

1957-1965 : désarmement

Par manque de moyens et dans un contexte

sétois difficile le bateau est désarmé. Le

jaugeage et la francisation sont tout de même

effectués en 1960.

1965-1977 : la pêche à Sète

Réarmé, il assure 12 années de campagne de

pêche sur Sète. Il sort de la famille

MARINELLO en 1977.

1978-2008 : la plaisance

En 1978, il passe à la plaisance et par la suite

change de propriétaires de nombreuses fois.

Si les œuvres vives semblent

raisonnablement modifiées, de très

nombreuses modifications ont été apportées

au niveau des œuvres mortes ce qui éloigne

fortement le bateau de son apparence de

1950.

A chaque changement de destination, le

bateau a été transformé :

- à l’origine : la propulsion principale est la

voile (gréement mystic), 3 capots (cale pour

éponges, poste d’équipage, descente du

patron) mais pas de cabine

- du gangavier au chalutier : nouvelle

motorisation, installation d’une petite cabine

- réarmement chalut en 1965 : nouveaux

mâts, nouvelle motorisation (moteurs

jumelés)

- de l’armement pêche à l’armement

plaisance : la liquidation d’office de 1979

signalait un « bateau très usagé, accidenté à

l’étrave ». Début des années 1980, son

propriétaire, M. RICHARDIS, l’aménage

avec l’aide d’un charpentier (non marin) sur

Port Vendre. La cabine, l’armement chalut et

le pont sont démontés. Ils installent les

actuels pont, roofs, cabine et barre

hydraulique. L’intérieur est aménagé pour la

plaisance.

En outre :

- suspicion d’une modification de la

coque sur l’arrière

l’écubier n’est pas d’origine

RESSOURCES PROJET Les ressources sont importantes et permettent

de retracer l’histoire du bateau et de donner

des informations sur son évolution

morphologique.

- Archives administratives

- Archives privées

- Documents iconographiques

- Personnes ressources

On note une faiblesse bibliographique

concernant des thèmes permettant une mise

en contexte : peu de monographies ou

ouvrages sur la pêche à l’éponge, les

goélettes italiennes, la pêche à Sète dans la

2ème

moitié du 20ème

siècle.

Via l’association « Les amis du Tarzan » un

projet est en cours de création.

- Restauration du bateau : souhait de le

restaurer dans sa version « gangavier »,

chantier pressenti en Tunisie.

- Création d’un partenariat franco-tunisien.

- Faire du bateau un lieu culturel :

événements, animations

- Support pour une collecte de mémoire

Page 4: Dossier TARZAN

L’intérêt historique et ethnologique du Tarzan est certain et il appartient bien au

patrimoine sétois.

- Il est le bateau type employé par la communauté italienne pour la pêche à l’éponge

pratiquée en Tunisie jusqu’au milieu du 20ème

siècle. De l’importante flotte de

gangaviers qui occupait le port de Sfax, il ne reste quasiment plus de représentants. Il

semble en être l’un des derniers et constitue à ce titre un témoignage de cette activité.

- Le Tarzan est également, toute mesure gardée, un « acteur » dans l’histoire de

l’Indépendance de la Tunisie et plus généralement de la décolonisation du 20ème

siècle.

Nationalisé en 1956 suite à la déclaration d’Indépendance, les tunisiens fêtent à son

bord la victoire (présence de Habib BOURGUIBA à vérifier), et il participe à la fuite

de plusieurs familles siciliennes vers la France en 1957. L’arrivée sur Sète de ce

bateau et de ses passagers (ainsi que l’accueil qui leur est fait) est un prémisse de

l’arrivée de nombreux rapatriés venus d’Algérie au début des années 1960.

- Dans les années 1960-70, la pêche en mer à Sète connaît de profonds changements.

Sète devient le 1er

port de pêche méditerranéen de France. L’arrivée des rapatriés, de

leurs techniques de pêche et surtout de leurs puissants bateaux y est pour beaucoup. Le

Tarzan, armé à la pêche de 1965 à 1977, a participé de ces bouleversements et de cette

modernisation de la pêche sétoise, jusqu’à l’avènement des chalutiers métalliques

encore plus grands et puissants dans les années 1980.

- Ce bateau a également accompagné sur 50 ans, de la Tunisie à la France, l’histoire

d’une petite communauté de siciliens. Son histoire reflète les péripéties de ces

immigrés et leur dynamisme en tant que pêcheurs et armateurs.

Ces sujets n’ont apparemment pas fait l’objet de recherche poussée. Peu ou pas d’ouvrages, de

monographies leur sont consacrés. A ce titre, le Tarzan offre un support intéressant pour des

collectes de mémoires. Des personnes ayant connu le bateau sont à même d’apporter des

témoignages sur ces différents thèmes et évènements.

Si l’état du Tarzan est correct son authenticité est toute relative.

Certaines transformations dues à l’entretien du bateau, à sa modernisation, et à son activité de

pêche, qu’elle soit à la gangave ou au chalut, font partie de la vie d’un outil de travail.

Par contre en l’état actuel, tous les aménagements plaisance qu’il a subi dans les années 1980

et l’emploi de matériaux synthétiques altèrent profondément son authenticité en tant que

bateau de pêche.

Le diagnostic d’un charpentier de marine permettrait d’aller plus loin dans l’évaluation de

l’état comme de l’authenticité de ce bateau.

Page 5: Dossier TARZAN

DOSSIER PHOTOGRAPHIQUE

Le Tarzan, Sète, avril 2009

Le Tarzan, Sfax, mars 1950, photographie famille Marinello

Page 6: Dossier TARZAN

Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU

Page 7: Dossier TARZAN

Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU

Page 8: Dossier TARZAN

Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU

Page 9: Dossier TARZAN

Détails

Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU

Page 10: Dossier TARZAN

Aménagements intérieurs

La cabine : équipement de navigation, cuisine. La cabine : table, banquette, accès au moteur.

Sous le roof principal : couchette, coffre

Cale sous la cabine : moteur

Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU

Page 11: Dossier TARZAN

Le Tarzan sous voile (voiles actuelles)

Années 1990, photographie Gilles Boutibones

1980, photographie Gilles Boutibones

Page 12: Dossier TARZAN

FICHE TECHNIQUE DU BATEAU

IDENTIFICATION DU BATEAU

Type

Goëlette italienne

Immatriculation

ST310587

Patronyme

Tarzan

Inscription aux Affaires Maritimes

Plaisance

DESCRIPTION GENERALE

Longueur hors-tout (en m)

20,54

Largeur au maître-bau (en m, hors

bordés)

4,90

Nature du fond

quille

Capion

non

Inclinaison de l’étambot

sortante

Inclinaison de l’étrave

sortante

Proue

Sortant à guibre, Beaupré de 3m

Poupe

« Popa ronda » = ronde

Pontage

oui

Bouge

faible

Banc

Un banc court sur l’arrière adossé au pavois

(en arc de cercle)

Tonture

relativement importante

Roof

3 roofs

Cabine

un « dog house »

Nombre de mâts

2

Type de gréement

Le gréement principal est aurique

Quête des mâts

droits

Couleur dominante

Blanc

Moteur

oui

Page 13: Dossier TARZAN

DIMENSIONS

Longueur du plan (en m)

accès impossible

Longueur du pont (en m)

18,70

Longueur à la flottaison (en m, hors

bordés)

17,40

Creux sur quille (en m)

Accès difficile

Jauge nette (en tx)

21,20

Tirant d’air (en m)

18,00

Tirant d’eau (en m)

2,20

Hauteur du pavois (en m)

0,70

Hauteur sous barrot (en m)

1,70

MORPHOLOGIE

LA COQUE

Lest

ciment

Nombre de couples

70 (estimation car l’accès y est difficile : 1

couple de 10cm de large tous les 20cm)

Composition des couples

Couples et varangues

Matériaux de la coque

Chêne (membrures et bordés)

LE PONT

Largueur des virures de pont

Matériaux du pont

contreplaqué plastifié

Echancrures du pavois

Pavois continu sans échancrure

Petit coffre

- Un à tribord avant

- Un adossé au grand roof central

Treuil

Oui, à l’avant entre le roof avant et l’étrave

Description de la cabine

Elle est située sur le tiers arrière et mesure 5

m de long sur 2,80m de large.

En contreplaqué plastifié sur structure iroko,

elle vitrée sur quasiment toute sa longueur.

Description des roofs

En contreplaqué plastifié sur structure iroko :

- Petit roof avant

- Grand roof central

- Petit roof arrière

Les deux premiers sont équipés de hublots.

Page 14: Dossier TARZAN

INTERIEUR

Equipement de navigation

Equipement électronique : sonar, feux…

= timonerie de navigation

Aménagements de la cabine

Cuisine équipée

Petit salon : table, banquette escamotable

Toilettes + douche

Aménagements sous le roof principal

Equipement pour la plaisance : coursive,

couchettes, placards, toilettes…

Aménagement sous la cabine

Espace dédié au moteur et au stockage, pas

d’aménagement spécifique.

Principaux matériaux d’aménagement

Contreplaqué

Aménagement du poste avant

Rangement pour l’outillage, couchettes

Remarques et modifications

- Pont et aménagements à l’époque de la pêche à l’éponge (d’après Rocco MORELLO) :

- un capot devant (carré d’environ 1,50m de côté). C’était la cale aux éponges.

- un capot dans la 2ème

moitié du bateau. C’était le poste d’équipage. C’est là que

se trouvaient les couchettes : en général 7 pour les hommes d’équipage et les

autres pour les provisions.

- un capot, plus petit, tout à l’arrière, appelé « la cabine » ou « descente du

patron ».

- une sorte de mât tronqué (à environ 1m) sur la partie avant du bateau entre les 2

cales. On l’appelait la « tête de l’arabe » et tous les cordages y étaient rassemblés.

- La barre était une barre franche d’environ 1,70m et il y avait un banc à l’arrière

pour s’asseoir.

- En 1954-55, le bateau abandonne la pêche à l’éponge et est armé pour la pêche au

chalut. Des modifications sont apportées pour installer un moteur plus puissant et une

cabine est construite à l’arrière du 1er

mât (dernier tiers du bateau).

- En 1978, le bateau passe en armement plaisance. La liquidation d’office de 1979

signalait un « bateau très usagé, accidenté à l’étrave ».

Au début des années 1980, son propriétaire, M. RICHARDIS, l’aménage avec l’aide

d’un charpentier (non marin) sur Port Vendre. La cabine, l’armement chalut et le pont

sont démontés. Ils installent les actuels pont, roofs, cabine et barre hydraulique.

L’intérieur est aménagé pour la plaisance.

- Suspicion de modification de la coque sur l’arrière (sorte de cassure dans la ligne).

Pas de trace ni de date.

- L’importance de l’aménagement intérieur gêne l’accès et la visibilité de certains

éléments.

EQUIPEMENTS DE NAVIGATION

Type de barre

Roue hydraulique

Safran

Oui

Taille du safran

Forme du safran

à pavillon

Page 15: Dossier TARZAN

Largeur du safran

Système de mouillage

ancre à jas

Chaîne de mouillage

oui

Autres ancres

2 autres ancres de types différents

Remarques et modifications

- L’écubier (ouverture pour le passage de la chaîne d’ancre) était à l’origine dans le

pavois à bâbord. De forme arrondie, il en reste la trace mais il est bouché. Un nouvel

écubier a été aménagé dans la coque juste en dessous de son emplacement d’origine.

Pas de date.

- A l’origine la barre était franche. L’actuelle barre hydraulique a été installée lors de

l’aménagement de la cabine en 1981-82.

GREEMENT

GREEMENT PRINCIPAL

Mât

Mât d’Artimon (le plus en arrière)

Type de gréement

Aurique

Emplacement du mât

situé à 5,50 m de l’arrière

Tête de mât

pas de flèche

Haubans

Fixes en cordes et acier tressés

Système de fixation du mât

Emplanture contre quille et pont

Coins

Oui

Matériau du mât

Bois résineux

Collier

Oui

Poulies

Cap-de-mouton en hêtre et bois exotique

Espar

Bôme en bois

Matériau de la voile

Darcon (synthétique)

Surface de la voile (en m2)

100

Creux de la voile

Largeur des laizes (en cm)

Pas de laizes

Ralingage

Non

Remarques et modifications

A l’origine le gréement principal était un gréement mystic.

Les deux mâts actuels ont été installés en 1965 par Rocco MORELLO qui est allé les

chercher à EDF.

Page 16: Dossier TARZAN

2ND

GREEMENT

Mât

Mât de Mestre

Type de gréement

Fisherman

Emplacement du mât

situé à 5m de l’avant

Tête de mât

Pas de flèche

Haubans

Système de fixation du mât

Coins

Matériau du mât

Bois

Collier

Oui

Poulies

Cap-de-mouton en hêtre et bois exotique

Matériau de la bôme

bois

Matériau de la voile

synthétique

Surface de la voile (en m2)

45

Creux de la voile

Largeur des laizes (en cm)

Ralingage

Remarques et modifications

Autre gréement

Mât

Beaupré de 3m, d’une seule pièce

Type de gréement

Petit foc, foc de route

Matériau de la voile

Surface de la voile (en m2)

20 et 10

AUTRES PROPULSIONS

Rames

Non

Année de motorisation du bateau

Sûrement un petit moteur dès la construction

Année du moteur

1980

Marque du moteur

Baudouin

Type de moteur

6 cylindres, DNK6

Puissance (en cv)

150

Autonomie (en h)

Carburant

Gazole

Page 17: Dossier TARZAN

Vitesse moyenne (en nœuds)

8-10

Remarques et modifications

- Le bateau a sûrement été motorisé dès sa construction en 1950. Pas de traces

d’archives mais d’après les témoignages il possédait un petit moteur de moins de

100CV lorsqu’il pêchait l’éponge : un DB6 de 90CV ou un moteur de 36CV.

- Lorsqu’il est transformé en chalutier en 1955 à Sfax il est équipé d’un moteur plus

puissant, un Burmeister de 180CV.

- En 1965 quand il reprend la pêche sur Sète il est équipé d’un groupe de moteurs

marins jumelés, type DNK 6 MR I/3, réglage 320 CV, n° 670 573 _ 670 574.

- L’actuel moteur a été installé par les propriétaires Messieurs CALLI et LEBOFFE a

priori en 1980.

ORNEMENTATION

Couleur de la coque

Blanc

Couleur du pavois

blanc

Couleur du liston

bleu

Couleur de la planche à dalots

blanc

Couleur du plat-bord

blanc

Couleur du pont

blanc

Décorations externes

Sur la fin du pavois jusqu’à l’étrave : un

décor floral jaune sur fond bleu.

Décorations internes

Page 18: Dossier TARZAN

HISTOIRE

Construction

Le Tarzan a été construit à Sfax (Tunisie) en 1950 au chantier Pierre MANNO, un chantier

sicilien. D’après différents témoignages le charpentier pourrait être un certain ANSELMI. Ce

quartier de construction navale est appelé Madagascar.

En ce qui concerne la typologie du Tarzan, il s’inspire fortement des goélettes italiennes

construites notamment dans la région de la Torre del Greco (sud de l’Italie, région de

Naples) : étrave à guibre, poupe ronde, lignes générales. Il ressemble beaucoup à certains

bateaux comme par exemple l’Aurore construite en Italie en 1946. Il serait une copie de la

Furieuse mais en plus grand.

Il est construit en bois (chêne), possède deux mâts et ses dimensions d’origine sont les

suivantes :

- longueur : 19,90m

- largeur : 5,10m

- hauteur : 1,80m

- Contenance : 26,20tx

Il est équipé dès le départ d’un petit moteur (un 35CV ou un DB6 de 90CV selon les

témoignages) mais sa principale propulsion est à l’origine la voile : gréement mistique. Le

principal vendeur et fournisseur de moteurs de l’époque à Sfax était ROCOPOLOS, c’est

sûrement lui qui a équipé le bateau de sa motorisation.

Ce sont les frères MARINELLO, Joseph et Vincent, famille d’origine sicilienne, qui ont fait

construire le Tarzan pour agrandir leur flotte de chalutiers et gangaviers basée Sfax.

Il a été conçu pour pêcher l’éponge et est donc appelé gangavier (en français), saccaleva ou

saccolève (en italien), carcare (en arabe) du fait de son armement à la gangave, instrument

employé pour pêcher les éponges dans cette région.

Il est mis à l’eau le 18 mars 1950.

Mise en contexte

Dans les années 1950 le port de Sfax présentait différents types de bateaux de pêche, miroir

des différentes communautés qui pratiquaient cette activité : maltais, grecs, italiens, arabes.

Chaque communauté avait son type de bateau inspiré du pays d’origine du groupe mais

également fonction de la technique de pêche pratiquée. Les grecs par exemple pêchaient

l’éponge au scaphandrier alors que les siciliens pêchaient l’éponge uniquement à la gangave.

D’après les témoignages le port de Sfax comptait au moins 15 bateaux du type du Tarzan

avant 1956.

Le Tarzan est a priori un des derniers représentants de cette flotte de bateaux italiens de

Tunisie construits pour la pêche à l’éponge.

Page 19: Dossier TARZAN

La pêche en Tunisie

1950-1955

Le Tarzan est armé à la gangave et va pêcher l’éponge dans le Golfe de Gabès. Immatriculé

SF1222, il est armé par ses propriétaires, les frères MARINELLO (49% pour Joseph et 51%

pour Vincent) mais pas commandé par ceux-ci.

Le 1er

juillet 1954, le Royaume de Tunisie leur accorde un « Congé » pour que le bateau

circule librement.

On sait qu’en 1954-55 le patron du bateau est M.AURESLE et que à titre d’exemple sont

débarqués de son bord 280kg d’éponges le 28 juillet 1954 à Maharès (32km au sud de Sfax).

Mise en contexte

La pêche à l’éponge est une activité qui semble importante à Sfax au moins depuis le milieu

du 19ème

siècle. La pêche se faisait au large de la Tunisie et de la Lybie dans le golfe de Gabès

: Djerba, Querkina, Sersis, Ampedouza…

Les campagnes de pêche duraient de 2 à 3 mois à la voile ou d’1 à 2 mois lorsque le moteur

est arrivé.

[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Rocco MORELLO et l’interview de Joseph

RUVIO pour la description de cette pêche]

1955-1957

Le Tarzan navigue sous pavillon tunisien : les documents sont enregistrés le 28 juin 1955 et

l’Acte de nationalité signé le 7 juillet 1955 à Sfax.

Le bateau, toujours armé par les frères MARINELLO, est transformé en chalutier car cela

rapporte plus que l’éponge : son tonnage passe à 40,57tx et il est équipé d’un moteur plus

puissant (180CV).

Les rôles d’équipage montrent des campagnes s’étalant du 28 juin 1955 à avril 1957. Les

équipages sont mixtes : français, italiens, tunisiens. En 1956 et 1957, le patron du bateau est

Antonio FORTINO, dit Toto le Géant (1,55m).

La fuite et l’arrivée en France

La fuite, 1956-1957

En 1956, suite à la proclamation de l’Indépendance du 20 mars, les biens des européens sont

nationalisés. Les bateaux des MARINELLO ne leur appartiennent plus. Un tunisien est

nommé à bord de chaque bateau pour le commander. Il semble qu’il y ait également eu des

grèves qui bloquaient les bateaux à quai. La situation n’est pas très bien acceptée par la

communauté de pêcheurs et propriétaires siciliens.

D’après Vincent FORTINO, en avril 1956 le Tarzan (ou un autre des bateaux de la flotte des

MARINELLO) aurait conduit Habib BOURGUIBA sur l’île de Kerkéna alors qu’il faisait le

tour du pays pour fêter la victoire. (Voir photographie en annexe)

Les hommes FORTINO (Antonio et Giro) et MARINELLO (Joseph et Vincent) se décident à

quitter le pays en secret avec leurs bateaux. Ils embarquent le soir de l’Aïd en juillet 1957. La

Page 20: Dossier TARZAN

flotte de 5 bateaux (la Furieuse, le Tarzan, l’Aurore, le Dany, la Mamma Bianca) quitte la

Tunisie avec à bord une trentaine de personnes : la famille MARINELLO, la famille

FORTINO, Nuncio RUVIO, quelques matelots. Le périple dure plusieurs jours avec des arrêts

en Corse et en Provence.

Ils arrivent à Sète le 25 juillet 1957.

[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Vincent FORTINO pour le détail du

départ et du périple de ces 5 bateaux]

Mise en contexte

Indépendance de la Tunisie, immigration sur Sète.

En Tunisie le début des années 1950 est marqué par de nombreuses attaques contre le système

colonial. La situation est alors assez difficile dans le pays et la tension monte. Sfax semble

être un foyer important dans la lutte pour l’indépendance. A titre d’exemple deux militants de

la lutte nationale y sont assassinés en 1952 et 1953 par la « Main rouge » organisation

terroriste coloniale. Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France signe l’autonomie interne de la

Tunisie. Une convention franco-tunisienne est signée le 3 juin 1955. Elle est approuvée par le

Néo-Destour (parti créé par Habib Bourguiba en 1934) le 15 novembre à Sfax.

Le 20 mars 1956 la France reconnaît solennellement l’Indépendance de la Tunisie. Le 25

juillet la Monarchie est abolie dans le pays et la République proclamée. Habib Bourguiba en

devient le président. Cette année là la Tunisie effectue de nombreuses nationalisations.

La République est proclamée le 25 juillet 1957.

L’accueil sétois, 1957-1960

Sète a été choisi comme destination par la famille MARINELLO pour son port de pêche et

donc pour ses potentialités de travail. Aucun lien familial, la communauté sicilienne y était

alors inexistante.

L’accueil sétois a été des plus frais pour ces rapatriés. A cela différentes raisons : ils arrivaient

avec des bateaux plus gros et plus puissants, ils étaient siciliens. Le Prud’homme, comme

l’ensemble de la communauté de pêcheurs, n’a pas apprécié cette arrivée et les bateaux ont été

mis en cale pendant 5 ans. Le Tarzan a donc été désarmé.

De son côté, la municipalité ne les a pas du tout aidé. Les familles ont dormi longtemps sur les

bateaux, quai d’Alger. Les hommes allaient travailler sur des bateaux sétois.

C’est une période qui a été assez durement vécue par ce petit groupe qui avait tout perdu en

dehors de leurs bateaux.

[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Vincent FORTINO et de Rocco

MOERELLO]

Mise en contexte

La pêche à Sète dans les années 1950 :

- La communauté de pêcheurs au chalut de Sète était majoritairement d’origine

italienne. Issue des mouvements d’immigration initiés dès 1880, elle provenait de la

région de Naples, Cetara, Gaete.

- La pêche à Sète n’est pas caractérisée par sa modernité («archaïsme des méthodes ») et

son tonnage annuel est relativement modeste (750tonnes).

Page 21: Dossier TARZAN

Ces nouveaux arrivants, « étrangers » aux bateaux puissants et aux pratiques différentes, sont

donc accueillis avec méfiance.

Ils font partie des premiers rapatriés politiques de la décolonisation que Sète découvre.

La pêche à Sète

Tout l’administratif concernant le Tarzan est effectué en 1960 :

- 1er

juin 1960, le jaugeage maritime du Tarzan

On remarque des modifications dans ses dimensions par rapport à celles consignées en

Tunisie:

- longueur : 20,54m

- largeur : 4,90m

- hauteur : 1,74m

- jauge nette : 21,20tx

- juin 1960, importation officielle

- 25 août 1960, francisation

Le Tarzan retrouve l’autorisation de pêcher. Néanmoins par manque de moyens il n’est pas

réarmé tout de suite.

En 1965, Vincent MARINELLO vend ses parts à son frère Joseph qui réarme le bateau. Rocco

MORELLO participe à ce réarmement et transformation du bateau notamment concernant sa

motorisation (moteurs jumelés). Le chalutier part alors pour 12 années de campagnes de pêche

de 1966 à 1977. Les équipages se succèdent, avec toujours à bord un membre de la famille

MARINELLO (Joseph ou Vito) jusqu’en 1977 date à laquelle le bateau est vendu à Messieurs

CALLI et LEBOFFE.

Mise en contexte

Dans la décennie 1960-1970, la pêche à Sète va connaître plusieurs bouleversements qui vont

profondément modifier ce secteur économique et le moderniser :

- mutation des techniques de pêche

La pêche au lamparo est autorisée le 25 juin 1960.

- arrivée de nombreux rapatriés, notamment d’Algérie après 1962,

Equipés de bateaux performants, les Pieds-Noirs créent une concurrence qui oblige la

flottille sétoise à se moderniser.

Des chalutiers plus grands, plus puissants sont construits, la « production » de poissons de

fond augmente.

- la réglementation des activités se précise

Sète devient le 1er

port de pêche de la Méditerranée.

Exemple de modernisation : une nouvelle criée électronique ultra moderne est construite en

1966.

Page 22: Dossier TARZAN

La plaisance

En 1978, le Tarzan est racheté par Jean-Louis RICHARDIS et Jean SEGUI. Les nouveaux

propriétaires changent le genre de navigation du bateau et l’arment à la plaisance. Il est alors

très usagé, accidenté à l’étrave et ne possède plus de moteur.

1982, le Tarzan est rattaché au port de Port-la-Nouvelle.

Les propriétaires font de très nombreux travaux sur le bateau et l’aménage pour la plaisance.

En 1987 M.RICHARDIS confie la garde, l’utilisation et l’entretien du bateau à l’association

pour la Sauvegarde des vieux gréements (bail d’un an) basée à Port-la-Nouvelle et dont le

président est Bruno REGIS.

Mise en contexte

Le passage du Tarzan part l’association s’inscrit dans un mouvement de prise de conscience et

de prise en compte du patrimoine maritime qui se développe en Méditerranée dans les années

1980.

Aujourd’hui

William CHERINO rachète le Tarzan en septembre 2008. Il le ramène de Canet-en-Roussillon

à Sète et crée l’association « Les amis du Tarzan ».

Les projets à venir concernant le Tarzan via l’association :

«Dans un premier temps :

• restaurer le bateau en développant un projet technico-culturel avec la ville de SFAX où il a

été construit,

• développer un véritable partenariat culturel avec la maison de FRANCE à SFAX, en

proposant un projet d'animation pluridisciplinaire,

• créer et animer un ‘’ Festival du Conte’’ sur les deux rivages destiné aux scolaires et au

grand public de la Région "Si la Méditerranée m'était contée..."(écriture en cours) »

Dans un deuxième temps :

TARZAN emblème de la Méditerranée et de la Région Languedoc Roussillon, ancré dans la

mémoire collective des "Gens de Mer de SETE" servira de support pluridisciplinaire:

- En collectant en Italie, en Tunisie et en France:

• les événements qui retracent la "Saga de la famille sétoise"

• les savoirs et savoir faire, les techniques du chantier naval qui a construit le TARZAN

• la construction navale des goélettes italiennes

• la mémoire des hommes de la mer concernant la pêche à la voile (éponge, chalut)

• les éléments populaires de la culture maritime...

- En accueillant à son bord:

• différents intervenants (artistes- conteurs- scientifiques...) des deux rivages de la

Méditerranée

• du public scolaires et du grand public...

- En participant aux animations:

• concernant les rassemblements de bateaux à voiles traditionnelles de la Méditerranée

• des ports de la Région... »

Page 23: Dossier TARZAN

Propriétaires

2 septembre 2008, William CHERINO (totalité)

Immatriculation : 310.587V (Port Vendre)

Port de Stationnement : Canet en Roussillon

11 septembre 1995, Georges SABATE (totalité)

Immatriculation : 310.587V (Port-Vendres)

Francisation : (Sète)

Port de Stationnement : Port Leucate

28 septembre 1993, Georges SABATE (50%), Jean-Louis RICHARDIS (50%)

Immatriculation :

Francisation : 77709 (Sète le 3 avril 1979)

Port de Stationnement : Port Leucate

19 septembre 1993, Jean-Louis RICHARDIS (totalité)

Immatriculation : 310 587V, Port-Vendres

Port de Stationnement : Port la Nouvelle

25 octobre 1983, Jean-Louis RICHARDIS (90%), Jean SEGUI (10%)

Immatriculation : 310 587, Sète

Port de Stationnement :

2 novembre 1978, Jean-Louis RICHARDIS (50%) et Jean SEGUI (50%)

(totalité, coque (pas de moteur))

Immatriculation : 310 587

Port de Stationnement : Sète

Utilisation avant la vente : pêche / Utilisation après la vente : plaisance

2 juin 1977, Ange CALLI (50%), Alain LEBOFFE (50%)

(avec licence Chalut)

Immatriculation : 1991

Port de Stationnement : Sète

3 août 1965, Joseph MARINELLO

Immatriculation : 1783, Sète

Port de Stationnement : Sète

Vincent MARINELLO (51%), Joseph MARINELLO (49%)

Immatriculation : SF1222, Sfax

Port de stationnement : Sfax