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DROIT CIVIL II Bibliographie : Philippe BRUN, la responsabilité civile extracontractuelle, chez Lexis-lexis, ou Letech. Droit de la responsabilité civile, le fait juridique illicite. Le fait juridique licite ramène à la théorie des quasi-contrats, le fait juridique illicite amène à la théorie de la responsabilité civile. CHAPITRE INTRODUCTIF La responsabilité civile est une source d’obligations, elle se définit comme l’obligation de réparer le dommage causé à autrui par un fait anormal imputable au responsable. Deux aspects contenus dans cette définition, d’abord elle fait référence à un certain nombre de conditions, puis à un effet. Pour qu’il y ait responsabilité civile, il faut qu’il y ait un dommage, un lien de causalité, et une faute rattachée à un responsable. Trois conditions, dommage, lien de causalité, et fait générateur (faute, provenant de l’auteur du dommage). A ces conditions se rajoutent un effet, l’obligation de réparation. Les conditions seront surtout étudiées. Deux questions à élucider. D’abord, quel est le domaine de la responsabilité civile, la comparer à d’autres institutions, et en second lieu, lorsqu’on parle d’obligation de réparer un dommage de réparer, on peut parler de responsabilité contractuelle, et extracontractuelle. Une autre question sera celle du fondement de la responsabilité civile, qui explique que l’on soit obligé de réparer, question juridique et philosophique. Section 1 : le domaine de la responsabilité civile. La responsabilité civile est une institution spécifique, mais aussi duelle. Sous-section 1 : la spécificité de la responsabilité civile. Deux institutions, il faut d’abord distinguer la responsabilité civile des systèmes d’indemnisation, ensuite la distinguer de la responsabilité morale, et en troisième lieu que la responsabilité civile se distingue d’autres formes de responsabilité. Tout d’abord, distinguer la responsabilité civile des systèmes d’indemnisation. Dans les systèmes d’indemnisation, deux types d’institutions, les assurances et les fonds d’indemnisation. A. L’assurance.

Droit Civil S2

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Bibliographie : Philippe BRUN, la responsabilité civile extracontractuelle, chez Lexis-lexis, ou Letech. Droit de la responsabilité civile, le fait juridique illicite. Le fait juridique licite ramène à la théorie des quasi-contrats, le fait juridique illicite amène à la théorie de la responsabilité civile.

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DROIT CIVIL IIBibliographie: Philippe BRUN, la responsabilit civile extracontractuelle, chez Lexis-lexis, ou Letech. Droit de la responsabilit civile, le fait juridique illicite. Le fait juridique licite ramne la thorie des quasi-contrats, le fait juridique illicite amne la thorie de la responsabilit civile. CHAPITRE INTRODUCTIFLa responsabilit civile est une source dobligations, elle se dfinit comme lobligation de rparer le dommage caus autrui par un fait anormal imputable au responsable. Deux aspects contenus dans cette dfinition, dabord elle fait rfrence un certain nombre de conditions, puis un effet. Pour quil y ait responsabilit civile, il faut quil y ait un dommage, un lien de causalit, et une faute rattache un responsable. Trois conditions, dommage, lien de causalit, et fait gnrateur (faute, provenant de lauteur du dommage). A ces conditions se rajoutent un effet, lobligation de rparation. Les conditions seront surtout tudies. Deux questions lucider. Dabord, quel est le domaine de la responsabilit civile, la comparer dautres institutions, et en second lieu, lorsquon parle dobligation de rparer un dommage de rparer, on peut parler de responsabilit contractuelle, et extracontractuelle. Une autre question sera celle du fondement de la responsabilit civile, qui explique que lon soit oblig de rparer, question juridique et philosophique. Section 1: le domaine de la responsabilit civile.La responsabilit civile est une institution spcifique, mais aussi duelle. Sous-section 1: la spcificit de la responsabilit civile.Deux institutions, il faut dabord distinguer la responsabilit civile des systmes dindemnisation, ensuite la distinguer de la responsabilit morale, et en troisime lieu que la responsabilit civile se distingue dautres formes de responsabilit. Tout dabord, distinguer la responsabilit civile des systmes dindemnisation. Dans les systmes dindemnisation, deux types dinstitutions, les assurances et les fonds dindemnisation. A. Lassurance.Lassurance est un contrat, le contrat dassurance. Un assureur sengage envers un assur en contrepartie dune prime dassurances verser une rparation en cas de dommage. Deux types dassurances, les assurances dites de dommage, et les assurances de responsabilit. De manire schmatique, il est possible dassurer les dommages que lon subit, assurance de dommage, mais aussi on peut assurer les dommages que lon cause aux tiers, et l on parle dassurance de responsabilit. Exemple, accident entre deux vhicules, A et B. Le vhicule A est assur la fois pour les dommages quil a caus au vhicule B, assurance de responsabilit, mais aussi pour les dommages quil subit, assurance de dommage. Cette obligation de rparation prend sa source dans un contrat, alors que lvnement est un fait juridique, non voulu dans ses effets. Il y a donc une distinction fondamentale entre lassurance et la responsabilit civile, la dernire prend sa source dans le fait juridique. Mais ces deux institutions sont lies. La responsabilit civile est influence par le dveloppement de lassurance. Premire raison de ces liens, le paiement de lindemnit dassurance peut tre conditionn la dmonstration de la responsabilit de lassur. Exemple, vhicule A percute vhicule B, le B va demander une rparation au vhicule A, et comme A est assur, il va dire son assureur de payer pour lui, pour que lassureur paie sa place, il faudra dabord dmontrer que A est bien responsable envers B. le dclenchement de la garantie supposera dabord de dmontrer la responsabilit de lassur. Deuxime raison, mme lorsquun assureur paie une rparation la place de lassur, il peut disposer dun recours contre lassureur de ladversaire, exemple, A percute B, A et B sont assurs (obligatoire en matire automobile), B demande rparation A, qui dit son assureur de payer sa place, une fois que A aura t dclar responsable, et que lassureur de A aura pay, cet assureur pourra former un recours contre lassureur de B. lassurance est un autre mcanisme de rparation, mcanisme qui reste tributaire de lapplication des rgles de responsabilit civile.

B. Le fonds dindemnisation.On dit aussi fonds de garantie. Les fonds dindemnisation sont crs par le lgislateur pour indemniser les victimes de certains accidents lorsquil existe un impratif social de justice, et lorsquaucun responsable identifiable ou solvable ne peut indemniser la victime. Plusieurs fonds, par exemple, le fonds de garantie automobile, prvu larticle L421-1 du Code des assurances. Ce fonds sert indemniser la victime dun accident lorsquaucun responsable nest identifiable, ou lorsque le responsable identifiable ntait pas assur, en violation de la loi, ou une personne renverse par un chauffeur qui sest enfuit et qui na jamais t retrouv. De la mme manire, il existe un fonds dindemnisation des victimes dinfraction pnale, une personne victime dun viol, et bien quayant t retrouv, le violeur est insolvable, le fonds dindemnisation va permettre de compenser le prjudice moral subi par la victime. Il existe aussi un fonds dindemnisation des accidents mdicaux, prvu par le Code de la sant publique. A chaque fois quune activit humaine est dangereuse, et quil parat juste de ne pas laisser la victime sans rparation, les fonds dindemnisation sont lgalement constitus. Le fonds dindemnisation nest pas responsable. Cest une obligation de rparation qui incombe un non-responsable.

Au 19me sicle, la responsabilit civile tait trs lie la responsabilit morale, parce que la responsabilit civile tait dabord fonde sur la faute, tait responsable uniquement celui que lon pouvait qualifier de coupable dune faute, la faute tant colore dune morale chrtienne. Puis, progressivement le droit de la responsabilit civile sest carte de la faute, pour admettre que la responsabilit civile pouvait se fonder sur des donnes sociales, et pas simplement morales. La responsabilit civile peut en effet se fonder sur des donnes sociales essentiellement fondes sur un principe de solidarit. Il est parfois juste quune personne rpondre du dommage quelle a caus alors mme quelle nest pas fautive, mais pour des raisons qui tiennent soit son autorit, sa place sociale, son activit, qui implique un devoir de solidarit. Il y a dans le droit de la responsabilit civile, des responsabilits pour faute, fondes sur des considrations morales, supposant de porter un jugement de valeur sur le comportement du responsable, et puis dautres responsabilits, que lon qualifie de sans faute, de responsabilit objective, fondes sur des donnes sociales, des principes distincts de la morale.

La responsabilit civile nest pas la seule forme de responsabilit juridique, il existe des comparaisons avec les autres formes de responsabilits juridiques. Le lien dabord peut tre fait avec la juridiction administrative, qui nexiste quen France, et son primtre tient ce que les responsabilits civiles et administratives sont distinctes, une personne publique est responsable en vertu des rgles prvues par la jurisprudence administrative. Pas de cloisons strictes, dabord parce que la responsabilit civile est plus ancienne que la responsabilit administrative, et le JA puise dans les rgles du Code civil de temps en temps, et il existe des activits sociales pour lesquelles le JA et le juge civil sont concurremment comptents et suivant les mmes principes, cest le cas particulirement en matire mdicale. Si lon subit un dommage dans une clinique prive, la responsabilit est civile, si cest dans un hpital public, la responsabilit est administrative. Finalement le JA et le juge civil suivent des principes communs. La rparation dun dommage nest pas fondamentalement diffrente devant le JA comme devant le JC. Au-del de cette distinction, une autre grande distinction existe entre le droit civil et le droit pnal, la responsabilit civile et la responsabilit pnale, l encore le droit de la responsabilit civile dtermine les conditions et les effets de la rparation de dommage, alors que le droit pnal dtermine lgalement les infractions et les conditions de la responsabilit pnale, ainsi que les sanctions encourues. Pour simplifier, le droit de responsabilit civile appelle rparation, la responsabilit pnale appelle punition, les objectifs de ces deux droits ne sont pas identiques. Comme les finalits de ces deux droits ne sont pas identiques, les rgles qui gouvernent ces deux droits sont fondamentalement distinctes. Exemple, il ny a pas de responsabilit civile sans dommage, en revanche, il peut y avoir une responsabilit pnale alors mme quil ny a pas eu de dommage, parce que le trouble lordre public que sanctionne le droit pnal peut exister alors mme quil nexiste pas de dommage. Est punissable en droit la tentative dune infraction, dans certaines conditions. Mme si ces deux droits sont distincts, ils restent lis dans le systme procdural, parce que la victime dune infraction peut toujours demander la rparation des consquences de cette infraction devant le juge pnal. Le juge pnal est ainsi comptent la fois pour sanctionner linfraction, au titre de ce quon appelle laction publique, est comptent dautre part pour rparer les consquences de linfraction, laction civile. L encore, le juge pnal applique une partie des rgles de la responsabilit civile. Sous-section 2: la dualit de la responsabilit civile. Les articles 1146 et suivants du Code civil ne traitent que de linexcution dune obligation. Cette formule fut comprise comme le fondement dune responsabilit contractuelle, distingue de la responsabilit extracontractuelle. Dabord, il faut affirmer lexistence de la responsabilit contractuelle. Il a t rcemment soutenu que les articles 1146 et suivants du Code civil ne sont quun mode dexcution par quivalent de lobligation contractuelle, qui serait soit excute en nature, cest--dire conformment aux prvisions des parties, soit excute par quivalent, il ny aura donc pas l une responsabilit mais une excution force du contrat. Selon cette doctrine, il sagirait en effet de fonder des rgles traditionnelles de la responsabilit, par exemple, une des consquences de cette thorie est que le crancier na pas dmontrer lexistence dun dommage, il lui suffit de dmontrer linexcution du contrat. Cette doctrine nest pas partage par la majorit des auteurs pour deux raisons essentielles. Dabord, le fondement mme de cette thorie est contestable, parce que les dommages-intrts ne sont pas un effet de lobligation contractuelle, mais un effet de linexcution contractuelle, ce qui nest pas la mme chose. Or, linexcution est un fait juridique, qui se distingue de la dette contractuelle elle-mme. Si par exemple, un transporteur sengage livrer un colis une heure et date dtermine, voil la dette, il y a engagement cette obligation spcifique. Le fait de ne pas excuter cette obligation se rsoud en dommages-intrts, se transforme, selon larticle 1142. Le schma est le suivant,lobligation contractuelle, par le fait de linexcution, donne naissance une seconde obligation, lobligation de rparation. Schma de responsabilit civile, le dbiteur doit rpondre dun fait anormal, linexcution, et ce fait donne naissance une obligation nouvelle, lobligation de rparation. Deuxime critique la thorie, la fonction des dommages-intrts, prvus par les articles 1146 et suivants, est toujours de rparer un dommage, on rpare en effet selon le Code civil les suites de linexcution, or les suites immdiates et directes de linexcution, ce sont le dommage, le prjudice, comment peut-on valuer des dommages-intrts sil ny avait pas de prjudice quantifier. La jurisprudence considre que la responsabilit contractuelle existe, et quelle suppose un dommage rsultant de linexcution. Comment va-t-on distinguer les cas o sapplique la responsabilit contractuelle et o sapplique la responsabilit extracontractuelle.

Les rapports entre la responsabilit contractuelle et la responsabilit extracontractuelle. Dun point de vue mthodologique, il faut se demander si la responsabilit nest pas dabord contractuelle, avant de voir si elle est peut tre extracontractuelle.

A. Les enjeux de la distinction.Ces enjeux tiennent la diffrence de rgime des deux ordres de responsabilit. Il y a plusieurs diffrences, premire diffrence, elle tient aux clauses limitatives ou exclusives de responsabilit (cas, montant, etc). Ces clauses sont parfaitement possibles en matire contractuelle, mais sont inconcevables en matire dlictuelle, nulles. Deuxime diffrences, les caractres du dommage indemnisable prsentent une particularit en matire contractuelle, cette particularit est que seul le dommage prvisible par les contractants est indemnisable, article 1150 du Code civil. En dautres termes, en matire contractuelle, la rparation peut tre limite en matire de dommage prvisible, pas en matire extracontractuelle, de nature imprvisible. Troisime diffrence, la capacit du dbiteur joue un rle en matire contractuelle, un contrat nest pas valable si lun des contractants nest pas juridiquement capable, et sil nest pas valable, la responsabilit rsultant de son excution ne peut tre de nature contractuelle. En matire extracontractuelle, la capacit de lauteur du dommage est de nature indiffrente, un enfant peut civilement tre responsable. Quatrime diffrence, la prescription est distincte, articles 2224 et 2226 du Code civil, en matire contractuelle, la prescription est de 5 ans, et en matire extracontractuelle, la prescription est de 10 ans. Enfin, la comptence des tribunaux peut tre diffrente, en matire contractuelle, la comptence peut tre le tribunal du domicile du dfendeur, mais aussi le tribunal du lieu de livraison de la chose, ou encore le tribunal dtermin par une clause contractuelle, dite attributive de juridiction, alors quen matire extracontractuelle, le tribunal comptent est en gnral le tribunal du lieu de ralisation du dommage.

B. Le domaine respectif des responsabilits.Le principe est que les responsabilits sont alternatives, le critre est que la responsabilit extracontractuelle ne peut sappliquer que si la responsabilit contractuelle nest pas applicable. Dire que ces responsabilits sont alternatives signifie quelles ne peuvent tre invoques en mme temps par la mme personne, ce principe de lalternativit est appel soit le principe des non-cumuls, ou le principe de la non-option. Ce principe signifie que le crancier dune obligation contractuelle ne peut se prvaloir contre le dbiteur mme sil y a intrt des rgles de la responsabilit extracontractuelle, il nest pas possible de choisir sauf deux exceptions. Premire exception, cest le choix offert une victime dune infraction pnale dobtenir rparation des consquences de cette infraction, soit devant le juge pnal, soit aussi devant le juge civil. Hypothse, victime dune agression physique, qualifie pnalement de violences, suivie dune ITT (interruption temporaire de travail), le juge pnal va alors condamner lauteur de lagression. Mais ensuite, pour la rparation du dommage corporel, choix, dclencher laction civile devant le juge pnal, ct de laction publique, soit de saisir le juge civil pour une action civile. Laction mene devant le juge pnal est une action en responsabilit, influence par linfraction pnale, et cette influence de linfraction pnale est une action en responsabilit civile pour faute, cest une action extracontractuelle, le juge pnal napplique que les rgles de la responsabilit pour faute, et de la responsabilit pour faute extracontractuelle. En revanche, si laction est oriente devant le juge civil, les rgles de la responsabilit contractuelle peuvent tre applicables. Exemple, en tant que crancier, le dbiteur sest rendu coupable dun vol, dun dtournement, dun abus de confiance. Le transporteur a dtourn lobjet son profit, cest pnalement un abus de confiance, et civilement linexcution de lobligation de transport. Le juge pnal dira que cest une faute dlictuelle, le juge civil dira que cest une faute contractuelle, devant suivre les articles 1146 et suivants. Seconde exception, la stipulation pour autrui, pendant un temps, la jurisprudence a invent la responsabilit tacite, lorsque lon sengage envers le transporteur, il y a un contrat, donc envers le transport, les rgles qui sappliquent sont celles de la responsabilit contractuelle, mais la jurisprudence a ajout que dans le cadre de ce contrat de transport, on peut envisager une stipulation pour autrui, envers les hritiers, et les hritiers pourraient agir sur le fondement de la responsabilit contractuelle en cas de dcs. Cette stipulation pour autrui est soumise la leve doption par les hritiers. Quel est le critre de lalternative? Le critre est le suivant, si la responsabilit contractuelle est applicable, la responsabilit extracontractuelle est inapplicable. Pour chaque dommage, il faut vrifier que la responsabilit contractuelle nest pas applicable, les rgles qui gouvernement les conditions dapplication de la responsabilit contractuelle sont revoir. Il y a des lments constitutifs de la responsabilit contractuelle. Premier lment, existence dun contrat, lment contractuel, pas de responsabilit contractuelle sans contrat, ce qui suppose bien videmment de qualifier un contrat, accord de volont destin produire des effets de droit. Cet lment contractuel peut certes rsulter dune simple qualification, mais aussi dune apprciation chronologique, car il faut vrifier que le dommage dont on demande rparation nest pas un dommage antrieur au contrat, ni postrieur, mais bien inhrent au contrat. La question de la chronologie, avant, pendant, aprs, sest particulirement pose en matire de contrat de transport. Une personne est blesse sur le quai dune gare par une voiturette lectrique, cette personne voulait prendre le train, cette personne doit-elle agir sur le fondement de la responsabilit contractuelle ou extracontractuelle. Il faut dabord vrifier sil y a une responsabilit contractuelle. La jurisprudence a rsolu ce problme en disant que le critre contractuel ntait pas la seule condition, mais lexcution du contrat, arrt Valvert, Cour de cassation, 1989, dcide que le critre est celui de lexcution du contrat. Soit le dommage rsulte de lexcution du contrat, et alors la responsabilit est contractuelle, soit le dommage ne rsulte pas de lexcution, et alors la responsabilit est extracontractuelle. Selon lexemple, il faut distinguer les dommages subis sur le quai et les dommages subis lors du transport. Deuxime lment, il faut une obligation au sein du contrat, lment obligationnel. Il y a des obligations qui naissent de la volont des parties, mais il y a aussi des obligations fondes sur des principes dordre public, fonds sur des principes de bonne foi, obligation dinformation, de scurit, lquit, dontologiques, professionnelles, ces obligations sont imposes par un ordre public. Ces obligations donnent-elles toutes naissance une situation contractuelle. La jurisprudence a admis que certaines obligations pouvaient tre rattaches au contrat, mais pas toutes. Les obligations professionnelles, cest--dire les obligations imposes dans le cadre dun contrat certains professionnels, qui ont une dontologie, une rglementation professionnelle, un notaire par exemple, ces obligations sont considres comme des obligations extracontractuelles, bien que rattaches au contrat, et bien alors la responsabilit encourue par le professionnel est extracontractuelle. Exemple, bien vendre, on charge le notaire de la vente et de prparer lacte sous seing priv puis authentique. Le notaire est la fois mandat en tant quagent immobilier, et en tant quagent public. En tant que notaire, il est soumis certaines obligations dontologiques. Le notaire va profiter de sa fonction pour faire acheter le bien lune de ses connaissances un prix bas, en retour dune commission. Cette responsabilit du notaire sera ici extracontractuelle. Troisime lment, un lment personnel, la qualit de partie, de dbiteur et de crancier. La responsabilit nest contractuelle quentre le dbiteur et le crancier, il faut donc distinguer les dommages causs par le dbiteur son crancier, et les dommages causs par le dbiteur un tiers au contrat. Dans le premier cas, dommage caus par le dbiteur son crancier, responsabilit contractuelle, mais si le dommage est caus un tiers, la responsabilit ne peut tre quextracontractuelle. Exemple, prise dun ascenseur en visitant un ami, ascenseur qui tombe en panne, plusieurs heures coinc dedans, hospitalisation la suite de crises de panique. La socit de maintenance na pas correctement entretenu lappareil, la socit na pas tenu ses obligations envers ses cranciers, les propritaires de limmeuble. Mais le tiers, dans lascenseur, est un tiers par rapport au contrat existant entre la socit et les propritaires. Cela suppose dtre certain sur la qualification de partie et de tiers, car il existe des catgories intermdiaires.

Il faut faire tat des personnes substitues, qui remplacent une partie contractante, par leffet dune succession, il sagit par exemple des ayant cause universel, les hritiers, mais ce peut tre aussi le bnficiaire dune session de contrats, ou encore le bnficiaire dune stipulation pour autrui. Toutes ces personnes ne sont pas des personnes qui ont consenties au contrat initial, mais ce sont des personnes qui vont tre considres comme substitues aux parties initiales, et de l y rsulte que la responsabilit est alors contractuelle envers des personnes, ce sont des parties. Autre catgorie de personnes, les tiers, qui sont lis par un groupe de contrats, exemple dentreprises ralisant une maison, et si les diffrents participants sont des parties un contrat avec le matre de louvrage, il ny a pas en revanche entre les participants de contrats. Ici, la nature de la responsabilit ventuelle entre les membres du groupe est intressante, exemple, le carreleur abme la plomberie, la responsabilit sera-t-elle de nature contractuelle, ou extracontractuelle, sont-elles crancier ou dbiteur lune envers lautre. Les personnes dun groupe de contrats sont les unes par rapport aux autres des tiers, arrt Bs, 1991, et donc la responsabilit est de nature extracontractuelle. Dernire prcision, sagissant de la question suivante: quelle est la nature de la responsabilit dun contractant envers un tiers? A priori, pas de dbats, cette responsabilit est de nature extracontractuelle, mais ce qui pose problme, une fois ce principe pos, est de savoir dans quelles conditions la responsabilit extracontractuelle sera mise en uvre. A ce stade, on va dire que la responsabilit contractuelle sera fonde sur les articles 1382 et suivants, ceux de la responsabilit extracontractuelle, mais un dbat sest pos sur cette question: le tiers victime de linexcution dun contrat doit-il simplement tablir linexcution, ou doit-il tablir une faute distincte de linexcution? Exemple, lascenseur tombe, dommage corporel subi, les experts disent que la socit de maintenance na pas correctement excut ses obligations. La victime agit sur le fondement de la responsabilit extracontractuelle. Pour prouver la faute de la socit, faut-il prouver linexcution contractuelle, ou faut-il dmontrer quau-del de linexcution, cette socit a eu un comportement particulirement blmable? Certains arguments peuvent tre voqus, lorsquon contracte, on prvoit une certaine responsabilit, prix fix, la socit de maintenance prvoit dans le prix quelle pourrait tre responsable, et cette responsabilit a lieu lgard des intresss ou des tiers, le contractant peut tre tenu plus dobligations que prvu. Leffet relatif du contrat stendait ici leffet relatif de linexcution, linexcution ne doit tre envisage quentre les parties. Donc, les tiers peuvent obtenir rparation, mais eux de dmontrer une faute distincte leur gard. Quelle faute devraient prouver ces tiers? Cette faute serait le devoir de ne pas nuire autrui, il faudrait outre linexcution du contrat, prouver la violation du devoir de scurit, obligation extracontractuelle. Lassemble plnire de la Cour de cassation en 2006, va poser la rgle suivante: la seule inexcution contractuelle tablit la faute extracontractuelle lgard du tiers, cest donc le mme fait gnrateur qui va tre source de responsabilit contractuelle, mais aussi de responsabilit extracontractuelle. Finalement, si le tiers peut invoquer le contrat son profit, le contrat est opposable. Si le tiers ne respecte pas le contrat, sa responsabilit est extracontractuelle, car il nest pas une partie, opposer le contrat aux tiers par les parties, mais autre aspect de lopposabilit, opposer le contrat aux parties par les parties. Il reste un lment, llment dommageable, qui doit tre de nature contractuelle, car il est concevable, dans une relation entre un crancier et un dbiteur, on puisse distinguer deux types de dbiteurs, les dommages contractuels et extracontractuels. Exemple, un plombier vient pour inondation, le plombier procde la rparation, qui savre dfectueuse, et que linondation est encore plus grave, cela sajoute que le plombier a aussi accroch le portail en venant. Sur la premire catgorie de dommages, ceux conscutifs de la prestation dfectueuse, ce dommage rsulte de linexcution, suite immdiate et directe de linexcution, ce dommage est de nature contractuelle. Sur le second dommage, ce dommage nest pas en relation avec la prestation du plombier, mais seulement avec sa prsence, il nest pas la suite immdiate et directe de linexcution, et donc ce dommage na pas tre indemnis sur le fondement de la responsabilit contractuelle. Deux actions, responsabilits contractuelle et extracontractuelle coexistantes. La responsabilit civile est spcifique, duelle.

Section 2: les fondements de la responsabilit civile. Parler de fondements de la responsabilit civile, cest rpondre la question du pourquoi est-on responsable. Cette question peut se rsoudre par le fait que la loi le dit, on est responsable lorsque les conditions sont runies prvues par les articles 1382 et suivants. On est donc soit responsable de son fait personnel, la faute, articles 1382 et 1383, soit du fait des choses et dont on a la garde, article 1384 alina 1, ou du fait dautrui (avec exceptions). Ce faisant, on confond la question des fondements avec les conditions de la responsabilit. Pourquoi la loi dtermine des hypothses de responsabilit, et quels sont les principes qui motivent le lgislateur, principes qui sont fonds sur lide de justice, pourquoi est-il juste quune personne soit oblige de rparer un dommage caus une autre personne, question aussi politique, au sens noble du terme. A cette question, la doctrine a apport au fil du 20me sicle, des rponses qui sont la fois diffrentes et complmentaires, lvolution du droit de la responsabilit civile correspond une volution des fondements philosophiques de cette responsabilit, et lvolution de ces fondements philosophiques est lie une volution du contexte social. Trois grands fondements sont gnralement proposs, tant observ quon pourrait en ajouter, ou des variantes certains fondements.

Le premier fondement est la faute, la faute est en 1804, le fondement de la responsabilit civile, fondement unique, il ny a pas de responsabilit autrement que pour faute. Cette proposition suppose dtre vrifie dans les rgles poses par le Code civil.A. Les rgles.En 1804, le Code civil propose les rgles fondant la responsabilit civile dans un chapitre intitul des dlits et quasi-dlits. Les auteurs du Code civil ont construit la responsabilit civile en comparaison de la responsabilit pnale, le dlit suppose une intention, le quasi-dlit une imprudence. Pour tre responsable civilement, il faut un dlit ou un quasi-dlit. Sauf que le point de dpart de cette analogie pose problme, en matire pnale, on parle de dlits et dinfractions, il ny a pas dinfractions si la loi ne le prcise, mais ce principe en matire civile nexiste pas, le dlit ou quasi-dlit civil nest pas dtermin par la loi, pas de liste des fautes, cest le juge judiciaire lui-mme qui va, au cas par cas, dterminer les fautes civiles. Cest pour a que lon parle de responsabilit dlictuelle, et de la responsabilit quasi-dlictuelle, dune faute non-intentionnelle. En 1804, les rgles du Code civil sont simples, un texte fondateur, larticle 1382 du Code civil, et ensuite des textes complmentaires, qui sont les articles 1383, 1384, 1385 et 1386. Le texte fondateur dispose que tout fait quelconque de lhomme qui cause autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arriv, la rparer. Formule inspire de Domart, qui dfinissait dans son trait la responsabilit pour faute. La notion de faute est mise en avant, principe inspire de morale chrtienne. La faute est utile la fois moralement et socialement, car on sanctionne le fait de mal se comporter. Celui qui se comporte mal et qui cause un dommage doit en assumer les consquences. Au-del de la morale, la faute a aussi une utilit sociale, car si on sanctionne ceux qui se comportent mal et causent un dommage, alors on incite ces personnes adapter leur comportement, et ne pas causer de dommages autrui injustement, la faute est un facteur de prvention des dommages. Au-del, si la faute est le fondement, il peut cependant tre envisag des amnagements de preuves, les auteurs du Code civil ont tenu compte des donnes sociales de lpoque, en 1804, la France est agricole, qui construit des immeubles assez vtustes, et de l, les auteurs du Code civil ont vu deux types daccidents de lpoque, dune part, ceux causs par les animaux, dautre part, ceux causs par des btiments en ruine. Sagissant de ces deux types daccidents, les auteurs du Code civil ont admis un amnagement de la responsabilit pour faute, qui est le suivant: la faute peut tre prsume sur la base de certains indices lgaux que les auteurs vont dfinir dans les articles 1385 pour les animaux, et 1386 pour les btiments en ruine. Par exemple, le propritaire dun btiment en ruine est prsum fautif ds lors que sont runies certaines conditions, comme un dfaut dentretien. Les auteurs du Code civil ont pos un principe, seule la faute engage la responsabilit. Un enfant cause un dommage, le pre est responsable du dommage caus par son enfant, parce quil est prsum fautif, mauvaise ducation, surveillance, etc. Ce sont des adaptations, le principe reste bien la faute. Ce systme a parfaitement fonctionn au long du 19me sicle.

B. La critique de ces rgles.La critique vient que ces rgles paraissent inadaptes lvolution de la socit du 19me sicle. Premier vnement, socit industrielle, avec lapparition dune catgorie sociale inconnue autrefois, louvrier, la relation entre un employeur et un salari, lapparition du travail la chane, et cet vnement l est source daccidents, une machine blesse un certain nombre douvriers, est-il juste que les ouvriers nobtiennent pas rparation parce que lemployeur na pas commis de faute? Dans ltat du droit de 1804, louvrier bless ne peut sen prendre qu la force obscure du destin. Deuxime vnement, avnement de lautomobile la fin du 19me sicle, les vhicules freinent mal, routes prvues pour des chevaux, et cela est source daccidents. Est-il juste quun piton nobtienne pas rparation parce que le conducteur na pas commis de faute. Malaise qui sinstaure, au-del de linjustice tenant labsence de rparations, se dresse une injustice sociale, louvrier est pauvre, le piton, face des personnes plus aiss, employeur, automobiliste. Cest en raction ces vnements quest propose une nouvelle thorie, la thorie du risque, la fin du 19me.

La thorie du risque fut invente par deux professeurs de droit, Raymond Saleilles, et Louis Josserand. Ces deux auteurs ont dvelopp lide suivante: certes, la faute ne peut pas justifier une responsabilit civile dans les cas daccidents du travail ou de la circulation, mais une autre explication serait concevable, le risque. Une personne peut tre dclare responsable ds lors que soit elle cr un risque par son activit, soit elle profite du risque de son activit. Se dgagent alors de cette thorie du risque, la thorie du risque cr et la thorie du risque profit. Dabord, la thorie du risque cr, celui qui cr un risque doit en assumer les consquences, ainsi celui qui roule avec un vhicule, lpoque dangereux, doit lgitimement assumer les consquences dun accident parce quil est lorigine de ce risque, et celui qui profite dune activit, cest le cas de lemployeur, du propritaire de lusine, doit assumer les consquences de ce risque, cest--dire laccident qui pourrait survenir au sein de lusine et la blessure des ouvriers. Au 20me sicle, une troisime thorie sera dveloppe, la thorie de lautorit, celui qui exerce une autorit sur autrui doit regrouper les risques lis cette autorit. Dun point de vue philosophique et politique, ces deux professeurs mettent en avant un principe de solidarit, alors que le 19me sicle est un sicle libral, on met en avant la libert de lhomme, et cette libert implique une responsabilit, on est libre donc responsable de son exercice, et son mauvais exercice de la libert est la faute. On peut tre responsable par solidarit lorsque lon cr un risque. Dun point de vue plus technique, la thorie du risque va vincer la notion de faute, et fait merger la notion de causalit. Les responsabilits fondes sur le risque sont fondes sur une donne objective, la causalit. Cette thorie dveloppe par Saleilles et josserand va influencer considrablement le droit positif, le lgislateur et la jurisprudence. Le lgislateur, dans une loi du 9 Avril 1898, envisage les accidents du travail dans une loi spciale, qui admet lindemnisation de plein droit des accidents subis par les ouvriers dans lentreprise, indpendamment de la faute de lemployeur. On peut aussi voir, dans une loi du 21 Avril 1810, propos du travail dans les mines, une responsabilit de lemployeur. Mais cest surtout la jurisprudence qui sest saisie des ides de Josserand et Saleilles, qui vont interprter ces textes pour leur donner un nouveau sens. Ds la fin du 19me sicle, la Cour de cassation a, depuis larrt du 16 Juin 1896, arrt du remorqueur, commenc une volution, arrt Jandheur, 13 Fvrier 1930, qui va progressivement consacrer une responsabilit du fait des choses, et ces arrts vont consacrer une responsabilit du fait des choses sur la base de larticle 1384 alina 1, qui ntait pas un texte de responsabilit mais dannonce, et cette responsabilit du fait des choses va tre fonde sur lide du risque, pourquoi doit-on rpondre du fait des choses, parce que ces choses crent un risque, alors le gardien de ces choses doit tre dclar responsable, mme sil nest pas fautif. A partir de ceci, on va pouvoir rparer les dommages subis par la circulation, le gardien dun vhicule sera dclar responsable mme sil nest pas fautif. Difficults, il y a, dans la thorie du risque un certain nombre dimperfections la fois techniques et politiques. Dun point de vue technique, la thorie du risque pose une difficult, celle de dfinir le fait gnrateur de responsabilit, comment dfinir le fait lorigine de la responsabilit autrement que par la faute, et on rpondra cette difficult en disant que le fait gnrateur doit tre dfini travers la notion de causalit, doit rpondre celui qui est lorigine causale du dommage. Parce quon est lorigine du risque, cela suffit engager la responsabilit. Mais cette ide est absurde, parce que pour reprendre lexemple de laccident de voiture sur piton, il faut toujours au moins deux causes, premire cause, le fait de conduite, mais il faut aussi un autre fait, que le piton se trouve tre l au moment de laccident, en train de marcher, or il est bien certain que le fait de marcher, ni de conduire ne sont des fautes, mais ils participent la faute. Pourquoi serait-il plus juste que la causalit nous oriente vers lauteur du fait que vers la victime? La causalit ne fournit pas un critre dattribution, si on choisit lauteur par rapport la victime, raisons sentimentales, en dfinitive, cest la qualit dauteur qui est dterminante, non de responsable. Philosophiquement, cela pose problme, on attribue ncessairement celui qui agit la qualit de responsable,et celui qui subit, le droit dobtenir rparation. Seconde difficult, si on est tous tenu rparation de tous les dommages quon cause, par le seul fait quon les cause, ny a-t-il pas un risque de crispations, le risque serait de brider les initiatives, ny a-t-il pas, selon Ripert, des dommages qui doivent tre assums par chacun dentre nous, qui relvent de la force obscure du destin.

Troisime thorie, la thorie de la garantie, uvre de Boris Stark, professeur de droit, dans sa thse, essai de responsabilit gnrale et de responsabilit civile, va dvelopper lide que le droit de la responsabilit civile et les diffrentes thories quil explique est toujours orient vers lauteur, Stark se dit que cest toujours lauteur, le fautif, celui qui cr ou profite du risque est cest sur lui que lon raisonne pour expliquer la responsabilit civile. Or, la responsabilit civile na pas pour fonction de sanctionner lauteur, mais de rparer le prjudice subi par une victime, donc la vritable explication du droit de la responsabilit civile doit tre trouve chez la victime, il faut garantir la victime la scurit de ses droits, cest--dire la scurit de ses biens, dune part, et la scurit de sa personne, dautre part. Stark propose alors de distinguer, il y a dans la socit des dommages ncessaires et des dommages qui ne sont pas ncessaires, plus exactement selon Stark, le droit de la responsabilit civile permet darbitrer entre, dun ct le droit dagir de certaines personnes, et dun autre ct le droit la scurit des autres personnes, et de l il opre les actions suivantes, il y a certaines actions qui sont ncessaires, et partant, certains dommages qui sont ncessaires, en revanche, il y a certaines actions qui ne sont pas ncessaires et donc certains dommages qui ne sont pas ncessaires. Exemple, critique littraire, le droit dagir est fond sur la libert dexpression, qui emporte le droit dexpression, donc de porter prjudice autrui, la libert dexpression est un droit de nuire de ce point de vue, ncessaire dans une socit dmocratique, mais dans un certain point, il y a les dommages non ncessaires, si on a le droit de sexprimer, pas le droit dinsulter, de faire lapologie de certains crimes. Si on peroit lide, on peine percevoir le critre darbitrage, quand un dommage devient-il ncessaire ou non-ncessaire, Stark ne donne pas vritablement de critres. Un dommage nest pas ncessaire lorsquil est provoqu par une activit anormale, mais alors on rintroduit une notion, fondamentale, la normalit. Pourquoi est-il juste de rparer, parce que le dommage subi rsulte dun fait anormal, pas moralement (sinon on retournerait vers la faute), mais socialement.

Il faut donc conclure quaucune thorie nest satisfaisante, mais ltude de la responsabilit rsulte dune combinaison de ces thories. Il est parfois juste dtre responsable pour faute, mais ensuite on peut tre responsable sans faute, et que dans ce cadre l, il faut faire appel la thorie du risque, ou de la garantie pour tre juste. Mais derrire la garantie ressurgit cette ide simple, on ne peut tre responsable de son simple fait, on est responsable parce que ce fait prsente une certaine anormalit, parfois une faute, ou non. Jamais responsable sans anormalit selon Stark. Lobligation de rparer caus par un fait anormal = responsabilit civile. Il nexiste pas de responsabilit sans anormalit, ou alors cest autre chose que de la responsabilit. Pas de responsabilit sans dommage, sans causalit (commune toutes les responsabilits, mais selon les faits gnrateurs, distinction, fait personnel, fait des choses et fait dautrui).

PARTIE I: LE DOMMAGE.Il faut dabord tudier le dommage en lui-mme, et enfin comment il est rpar par la jurisprudence. Le droit positif rpare un dommage ayant certaines qualits juridiques.

CHAPITRE I: la notion de prjudice rparable.Distinguer dabord le dommage du prjudice, puis en second lieu, on peut distinguer le prjudice moral et le prjudice matriel.

Section 1: la distinction du dommage et du prjudice.Articles 1382 et suivants du Code civil. Or, ces textes sont peu prolixes sagissant du mot dommage, encore moins prjudice. Labsence de dfinition du dommage interroge, quest-ce quun dommage? De manire gnrale, on peut dire que le dommage est la lsion dun intrt quelconque, dfinition large mais intressante parce quelle permet de rassembler dans cette notion deux types de ralits. Premire ralit, la lsion dun intrt peut sanalyser comme la lsion dun droit, dun droit subjectif, plus exactement, ce droit subjectif peut tre un droit patrimonial, par exemple, le droit de proprit, si je dtruis le bien appartenant autrui, je commets un acte qui lse le bien, mais en mme temps, qui porte atteinte au droit de proprit, et ainsi un droit patrimonial. Si en tant que tiers, on participe la violation dun contrat, on lse le droit de crance. La lsion peut tre aussi celle dun droit extrapatrimonial, thorie des droits de la personnalit, lorsquil y a atteinte la vie prive dautrui, il y a lsion de ce droit, ce droit est ls, consacr larticle 9 du Code civil, et le droit de la responsabilit civile est sanctionnateur des droits subjectifs, sanction prvue, gnrale de tous les droits subjectifs, qui est laction en responsabilit civile, le propritaire, le crancier, le titulaire dun droit de la personnalit peuvent sanctionner toute atteinte leurs droits grce une action qui est dordre gnral, qui est laction en responsabilit civile, donc la responsabilit civile a une vocation de ce point de vue l universelle, que lon raisonne dans nimporte quel droit priv, travail, etc, la responsabilit civile peut venir apporter cette sanction. Il y a place en second lieu pour considrer que la responsabilit civile sanctionne aussi la lsion de simples intrts, qui ne sont pas ncessairement qualifis de droits, lorsque par exemple la jurisprudence a admis dindemniser la concubine, fut-elle adultrine, du prjudice quelle subit du fait du dcs de son concubin, cette concubine navance pas un droit, la notion de concubinage nest pas reconnue lpoque, pas de droit alimentaire, limage de lpouse, pas de droit de crance, quelle prtendrait pouvoir faire sanctionner, et pourtant on va admettre quelle avance un intrt qui mrite une protection juridique, on va appeler ceci un intrt juridiquement protg. Le droit de la responsabilit civile va permettre de sanctionner de simples atteintes des intrts quelconques. Mais cette sanction de simples intrts est intressante, parce que si le juge, rgulirement, admet de rparer une atteinte un simple intrt patrimonial ou extrapatrimonial, cette sanction judiciaire rgulire va progressivement crer lide que cet intrt est judiciairement protg et que cet intrt mrite la qualification de droit, la rptition judiciaire va permettre de crer un droit. Lorsquen 1858, dans laffaire Rachel, le tribunal civil de la Seine sanctionne la publication de la photographie de Rachel, qui vise un intrt ne faisant pas lobjet dun droit, et ce point de dpart va mener jusqu larticle 9 du Code civil, un sicle plus tard, le lgislateur consacre la protection du droit au respect de la vie prive, dont le droit limage. Le dommage, entendu largement, est lintrt quelconque, et les simples intrts protgs deviennent des droits du fait de la rptition judiciaire. En second lieu, faut-il distinguer le dommage du prjudice? Une majorit dauteurs estime que dommage et prjudice sont deux notions identiques, mais en ralit, dun point de vue rationnel, le dommage et le prjudice ne sont pas tout fait la mme chose. Le dommage est la lsion de lintrt, le prjudice est la consquence de cette lsion, ce qui nest pas la mme chose. Exemple, la lsion de lintrt sera la lsion du droit de la proprit, une personne endommage le bien dautrui, qui a dgrad le bien dautrui, cet acte porte atteinte un intrt, le droit de proprit. Les consquences de ce dommage sont multiples, dabord le propritaire ne peut plus utiliser sa chose, parce quelle est endommage. Ensuite, le propritaire est vex, contrari, de ne plus pouvoir utiliser sa chose. Toutes ces consquences sont des prjudices, la suite de la lsion, mais pas la lsion elle-mme, et pourquoi est-il important de distinguer? la responsabilit civile ne rpare jamais un dommage, elle rpare ou plus exactement elle compense des prjudices, ce nest pas le juge civile qui va aller rparer le mur endommag, et les dommages-intrts ne vont pas rparer le mur, en revanche, ils vont compenser les diffrents prjudices invoqus par le propritaire, valuation de latteinte, la vexation, les prjudices des victimes par ricochet, etc. Cest aussi important de distinguer dommage et prjudice dun point de vue technique. Le prjudice est la consquence de latteinte. On parle non pas de dommages, mais de chefs de prjudice devant le juge, chef de prjudice matriel, moral, sexuel, etc. Au-del de la distinction du prjudice et du dommage, ce qui importe ensuite, est de distinguer les catgories de prjudices, moral et matriel.

Section 2: Le prjudice moral et le prjudice matriel.Le prjudice est la consquence de la lsion, qui peut tre soit matrielle, les consquences sont pcuniaires, soit morale, consquences sentimentales. La jurisprudence a admis que tout chef de prjudice est indemnisable ds lors quil est identifiable. Il convient de distinguer le prjudice matriel du prjudice moral.

I. Le prjudice matriel.Le prjudice matriel est directement susceptible dvaluation pcuniaire, perte dargent, de profits, demploi, etc. Diversit des prjudices matriels. Article 1149 du Code civil, ce texte vise les dommages-intrts dus au crancier, en gnral de la perte qui laffecte, et le gain quil a t priv, on identifie travers ce texte deux sortes de prjudices, ce que lon appelle la perte subie, une perte de revenus par exemple, conscutive un accident, mais galement le gain manqu, la victime pouvait lgitimement envisager un enrichissement et ce gain a t manqu du fait de laccident. Le prjudice matriel englobe donc les atteintes aux biens, mais il faut galement apercevoir que le prjudice matriel peut dcouler dun dommage corporel, et cest l que la distinction voque. Lorsquune victime subit un dommage corporel, intgrit physique lse, de cette lsion rsulte divers prjudices, certains sont matriels, dautres sont moraux. Le dommage matriel est par exemple, les dpenses mdicales qui vont tre imposes par ltat de sant de la victime, etc, tous ces prjudices sont de nature conomique, et rsultent dune atteinte au corps humain, de nature extrapatrimoniale. La jurisprudence a identifi un prjudicie spcifique de contamination par le virus de limmunodficience humaine, VIH, prjudice qui comprend, selon la Cour de cassation, lensemble des prjudices de caractre personnel, tant physiques que psychiques, et rsultant notamment la rduction de lesprance de vie, des perturbations de la vie sociale, de la vie familiale et de la vie sexuelle, ainsi que des souffrances et de leurs craintes, la Cour ajoute du prjudice esthtique et dagrment, ainsi que de toutes les infections opportunistes conscutives la dclaration de la maladie. La Cour conclut que ce prjudice est distinct de latteinte lintgrit physique. Le dommage se distinct du prjudice. Sil y a un dommage corporel, le prjudice de contamination, en ralit ce dommage corporel est la source de diffrents types de prjudices. A ct des prjudices matriels, il faut faire face aux prjudices moraux.

II. Le prjudice moral. Le prjudice moral est un prjudice dont lindemnisation est possible depuis un arrt du 25 Juin 1933. Ce prjudice moral est indemnisable, ce qui est confirm par la loi puisque dans plusieurs Codes, il est fait rfrence ce prjudice moral. Il est spcifiquement vis dans la loi du 5 Juillet 1985, et larticle 3 du Code de procdure pnale.

A. La dfinition.Le prjudice moral est dabord latteinte un droit extrapatrimonial, plus exactement cest le prjudice qui rsulte de latteinte un droit extrapatrimonial. Larticle 9 dispose que chacun a droit au respect de sa vie prive, droit extrapatrimonial. Celui qui viole la vie prive dautrui, par exemple en publiant une photographie de cette personne sans son autorisation, tant observ que cette photographie nest pas justifie par la libert dexpression, cette atteinte aux droits ouvre droit rparation, dabord dun prjudice moral, parce que latteinte un droit extrapatrimonial implique ipso facto un prjudice moral, cest la raison pour laquelle on indemnise ce type de prjudice. Latteinte un droit extrapatrimonial est toujours source dun prjudice moral, mais pourrait aussi malgr tout tre la source dun dommage matriel. Il pourrait tre concevable que la photographie ait pu tre ngocie moyennant rmunration et que la publication de cette photo pourrait tre une perte de revenus. En dfinissant le prjudice moral, cest dabord celui qui rsulte de latteinte un droit extrapatrimonial. Mais, dans les droits extrapatrimoniaux, on peut distinguer. Or, sur ce point, la jurisprudence a dvelopp une grande varit de prjudices moraux, une atteinte au corps humain est en effet la source de diffrents prjudices moraux, que la jurisprudence sest attache qualifier. Le premier prjudice qui peut rsulter dune atteinte au corps humain est la douleur est le precium doloris, prjudice rsultant de la douleur physique et morale. Prjudice dagrment, prjudice subjectif, de caractre personnel, qui rsulte des troubles ressentis dans les conditions dexistence. Prjudice esthtique, consistant dans la douleur de se voir mutil, et dailleurs, la jurisprudence a dvelopp dautres dmembrements du prjudice dagrment en admettant la notion de prjudice sexuel. Diversit de prjudices suivant les situations. Tous ces prjudices peuvent rsulter dune atteinte au corps humain.Mais ct de ces droits extrapatrimoniaux, on peut identifier une seconde catgorie, il y aurait prjudice moral en cas datteinte aux sentiments, prjudice daffection, qui en ralit se manifeste plutt sagissant dune catgorie de victimes, les victimes par ricochet. Hypothse o le pre est victime dun accident de la circulation, devenu ttraplgique, et on souffre de le voir diminu, et cette souffrance, par ricochet, est une souffrance qui est indemnisable au titre dun prjudice moral. Mais ce prjudice daffection est concevable sagissant du rapport entre un tre humain et un autre, mais aussi dans les rapports entre un tre humain et un animal.

B. La justification.Lindemnisation du prjudice moral ne va pas de soit, et cette indemnisation du prjudice moral fut repousse pendant longtemps, pour des raisons morales, teintes de religion et de philosophie, il serait choqu de monnayer ses larmes devant un tribunal. Dun point de vue juridique, lindemnisation du prjudice moral place devant une contradiction, qui nest pas matriel par dfinition, et qui revt une certaine nature extrapatrimoniale. Or, contradiction, verser des dommages-intrts, de nature patrimoniaux, pour indemniser un prjudice moral, de nature extrapatrimoniale. Les dommages-intrts compensent une perte patrimoniale, normalement. Ces deux arguments furent dpasss. Dabord, largument de nature morale, choquant de monnayer ses larmes, mais il est choquant aussi que celui qui est lorigine de la souffrance dautrui en sorte indemne, nassume pas sa responsabilit, et le versement de dommages-intrts a une vertu sanctionnatrice de lauteur. La responsabilit civile devient une peine prive que constituent les dommages-intrts. Mais en vrit, cest bien dune rparation dont il sagit, les dommages-intrts sont fonction de la perte prouve par la victime, de lacte accompli par lauteur causant des souffrances. Second argument juridique, pouvant tre dpass par la distinction entre dommage et prjudice, il est vident que lorsquune victime subit un accident, le droit ne rpare pas le corps humain, les dommages-intrts ne rparent pas le corps, qui est hors du patrimoine. En revanche, ce que lon peut compenser, ce sont les prjudices, les dommages-intrts constituent non pas quelque chose qui se substituent au prjudice, mais quelque chose qui compensent le prjudice, les dommages-intrts ne suppriment pas la douleur, mais les dommages-intrts permettent dobtenir satisfaction en compensation, et cette satisfaction peut constituer une compensation. De l, on comprend que la notion de rparation en droit, on peut parler de dommages-intrts compensatoires. Cette identification abstraire doit tre complte par une seconde analyse, celle des caractres.

CHAPITRE II: les caractres juridiques du prjudice rparable.Il ne suffit pas davancer un dommage et un prjudice conscutif, matriel ou moral. Il faut au surplus que le prjudice invoqu soit juridiquement rparable. Cette exigence juridique se comprend assez bien au motif que le droit ne peut pas admettre la rparation de tous types de prjudices, travers un exemple, voil une prostitue qui travaille pour un proxnte, et la prostitue se fait frapper par un client tel point quelle nest plus en mesure de travailler. Le proxnte peut invoquer un prjudice, conscutif latteinte corporel subi par la prostitue. Ce prjudice pourrait tre qualifie de matriel, parce quil perd des revenus, la prostitue ne peut plus lui verser une partie des gains, cette perte de revenus peut tre qualifie de prjudice matriel, prjudice par ricochet aussi. Or, cette demande devant une juridiction risque de poser difficult, et que le juge risque sans doute de ne pas faire droit cette demande. Quelles sont les rgles qui permettent au juge den dcider ainsi? Poser les caractres juridiques du prjudice rparable, cest poser un ensemble de rgles qui permettent de slectionner les prjudices rparables devant une juridiction. Cette slection des dommages seffectue la fois sagissant de ce quon va appeler les victimes immdiates, et sagissant des victimes par ricochet. Fondamentalement, les caractres du prjudice ne sont pas diffrents, sauf que ces caractres ne se mettent pas en action de la mme faon.

Section 1: les caractres du prjudice immdiat.La victime immdiate est celle qui subit dans sa chair ou dans son patrimoine immdiatement le prjudice. Dans lexemple, cest la prostitue qui a t violente par son client, elle subit immdiatement dans sa chair, et dans son patrimoine, diffrents prjudices. Pour quun dommage soit rparable, en ralit un prjudice, il faut que le prjudice soit certain, quil soit personnel, quil soit direct, quil soit lgitime. En ralit, derrire cette apparente simplicit, il y a une difficult majeure. La responsabilit civile est mise en uvre par une action en justice, une personne qui subit un dommage, conscutifs un fait gnrateur, dispose dune action quelle peut exercer devant une juridiction civile ou pnale pour obtenir rparation.Lorsque lon parle de responsabilit civile, on peut parler de rgles de fond et de rgles de procdure. Plus exactement, lorsquune victime subit un dommage, elle dispose au fond dun droit rparation, droit substantiel, mais ce droit rparation ne va tre mis en uvre que par un droit daction, droit dagir en justice, droit processuel. Parmi les 4 caractres voqus, certains sont relatifs aux rgles de fond, dautres la recevabilit de laction.

I. Les caractres du prjudice correspondant des conditions de recevabilit de laction en justice.Toute action en justice est soumise, selon larticle 31 du Code de procdure civile, a la condition dintrt agir. Il faut, selon cet article, prsenter un intrt agir, il sagit dune tradition, pas dintrt, pas daction. Cet intrt, dun point de vue procdural, doit lui-mme prsenter plusieurs caractres, cet intrt doit tre n et actuel, personnel et direct, lgitime.

A. Lintrt doit tre n et actuel. Pour agir en justice, il faut prsenter un intrt actuel agir. Ngativement, cette exigence signifie que le droit franais nadmet pas de procs prventif. Une action en principe, na pas dobjet de prvention, sauf dans le cas prvu larticle 809 du Code de procdure civile, dont on trouve une illustration particulire larticle 9 alina 2 du Code civil, qui envisage la possibilit de saisir le juge de lurgence, des rfrs, pour prvenir un dommage imminent, cest--dire une atteinte imminente un droit. Exemple, un journal est sur le point dimprimer un article contenant de graves atteintes votre vie prive, illustr par des photographies scandaleuses, et on saisit le juge des rfrs pour quil prenne des mesures permettant dempcher cette atteinte. Mesure prventive, portant atteinte une libert fondamentale. Sous cette rserve, une action en justice suppose davoir un intrt actuel. Celui qui agit pour prvenir la ralisation dun dommage a bien un intrt actuel. On peut distinguer lactualit de lintrt et la ralisation future du dommage. Cette action en prvention dun dommage nest pas une action en responsabilit civile, ce dommage nest pas encore survenu.

B. Lintrt doit tre personnel et direct.Exigence gnrale de toute action en justice, et exigence particulire de toute action exerce devant le juge pnal. Dabord, exigence gnrale de toute action en justice, nul ne peut agir pour autrui en justice, celui qui intente une action en responsabilit civile ne peut agir que sil subit personnellement un dommage, il nagit pas pour la rparation du dommage caus autrui, chacun est ainsi libre de demander, ou pas, rparation en justice de ses prjudices. Cela nexclut pas que certaines personnes soient habilites par la loi ou par convention dans lexercice dune action en justice. Exemple, parents dun enfant victime dun dommage, reprsentation lgale des parents, mais cette reprsentation lgale vise la rparation dun prjudice qui est bien personnel lenfant, cest lui qui a subi laccident, mais ce sont les parents qui agissent en son nom. Cette exigence gnrale toute action en justice a une signification particulire en procdure pnale. La personne a le choix entre action devant le juge civil ou le juge pnal. Si lon est agress physiquement dans la rue, et quil sensuit une incapacit temporaire de travail, lui-mme source de diffrents prjudices, tous ces prjudices, on peut en demander rparation devant le juge pnal, dans une action dite civile, elle est exerce ct de laction publique, par le procureur. Dans ce cas, ce sont donc les rgles du Code de procdure pnale qui sappliquent, action devant le juge pnal selon les rgles procdurales pnales, articles 2 et 3 du Code de procdure pnale. Larticle 2 pose les conditions de recevabilit de cette action civile devant le juge pnal, et larticle 3, dtermine les diffrents chefs de prjudices, catgories, indemnisables devant le jugepnal. Sur larticle 2, dfinissant les conditions de recevabilit de laction en responsabilit exerce devant le jugepnal, il faut selon cet article avancer un prjudice dit personnel et direct, plus exactement, larticle 2 dispose que laction civile en rparation du dommage caus par un crime, un dlit ou une contravention, appartient tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement caus par linfraction. Cela signifie que seule la personne qui subit linfraction dans sa chair ou dans son patrimoine est habilite par la loi agir devant la juridiction pnale. Cependant, la Cour de cassation a progressivement tendu le primtre des victimes habilites agir. Elle a ainsi admis, dans un arrt de 1989, que les victimes par ricochet, ceux qui ne sont pas des victimes immdiates de linfraction, pouvaient galement demander rparation devant le juge pnal. Larticle 3 vise les diffrents chefs de prjudices, et il ne distingue pas, admettant ainsi que le juge pnal indemnise des prjudices matriels, mais galement des prjudices moraux, tout type de prjudices admis. Un enfant qui est issu dun viol peut, aprs sa naissance, demander rparation de son prjudice moral rsultant des circonstances de sa conception, et la rparation peut tre demande devant le juge pnal hauteur de linfraction, qualifie de crime. Ce prjudice est indemnisable car il ne rsulte pas du seul fait de la naissance, mais des troubles conscutifs cette naissance, ressentie dans les conditions dexistence et dans limpossibilit dtablir une filiation paternelle. Lintrt doit tre actuel, personne et direct, et enfin lgitime.

C. Lintrt lgitime.Cette question est dlicate, il sagit de positionner le problme. Sagissant dune dfinition, la notion dintrt lgitime agir trouve son origine dans une jurisprudence du 27 Juillet 1937, qui concernait lindemnisation dune concubine du fait du dcs de son concubin. A cette poque, la Cour de cassation refusa lindemnisation de cette concubine au motif quelle navanait pas un intrt lgitime juridiquement protg. Pourquoi cette concubine navait pas dintrt lgitime en 1937? Dun point de vue juridique, la concubine na pas dintrt juridique en 1937, parce quelle navance la violation daucun droit subjectif. En effet, en 1937, les relations hors mariage ne font lobjet daucune reconnaissance, daucune rglementation, il nexiste donc pas de droits extrapatrimoniaux entre concubins, et notamment, il nexiste pas une crance alimentaire entre concubins. Mais, une seconde analyse de cet arrt de 1937 est possible, dun point de vue moral, la concubine navance pas un intrt conforme lordre public et aux bonnes murs, conforme larticle 6 du Code civil. Ne peut obtenir rparation que celui qui avance la lsion dun droit, ou la lsion dun intrt conforme lordre public et aux bonnes murs. Quelle conception choisir aujourdhui? Le concubinage est aujourdhui consacr par la loi, il napparat pas immoral dindemniser le prjudice conscutif. De manire gnrale, la responsabilit civile permet dindemniser la lsion dun intrt quelconque, pas simplement la lsion dun droit subjectif. On peut demander rparation de la lsion dun simple intrt. Il faut donc se tourner vers la seconde conception, parler dintrt lgitime, cest parler dun intrt conforme lordre public et aux bonnes murs. Cette notion est reconnue larticle 31 du Code de procdure civile, le juge naccepte de statuer que relativement des actions visant des intrts conformes lordre public et aux bonnes murs. Deux applications mritent dtre voques. Premire application, le prjudice rsultant dune activit illicite ou irrgulire. Exemple du proxnte prcdent, le proxnte demande lindemnisation de la perte de revenus conscutive aux violences subies par la prostitue qui travaille pour lui. Lintrt quil invoque nest pas conforme lordre public et aux bonnes murs, car son gain manqu provient dune activit illgale, et il nest pas possible de demander au civil rparation dune perte ou dun gain manqu dune activit illicite. Question du prjudice rsultant de la naissance dun enfant handicap. Cette question a donn lieu de multiples arrts, la fois dailleurs devant les juridictions administratives et devant les juridictions judiciaires. La question fut pose de savoir si un enfant, atteint dun handicap la naissance, pouvait demander rparation du prjudice conscutif ce handicap ds lors que les mdecins pendant la grossesse de la mre, navaient pas diagnostiqu ce handicap, et navaient pas ainsi permis la mre dexercer ventuellement le choix dinterrompre sa grossesse. Assemble plnire Cour de cassation, arrt affaire Perruche, du nom de la famille et de lenfant Perruche, lassemble plnire se pronona dans cet arrt du 17 Novembre 2000 et affirma que les fautes commises par le mdecin et le laboratoire avaient empch la mre dexercer son choix dinterrompre sa grossesse afin dviter la naissance dun enfant atteint dun handicap. Ce dernier, lenfant, peut demander la rparation du prjudice rsultant de ce handicap et caus par les fautes retenues. Cette solution de lassemble plnire fut fortement mdiatise et discute, et mme critique par des associations de parents denfants handicaps, alors que lobjectif de la Cour de cassation tait humaniste. La discussion sest en effet oriente autour de deux questions juridiques, la premire tenant la lgitimit du prjudice, la seconde complmentaire au lien de causalit entre le prjudice et la faute. La premire question tient la lgitimit du prjudice, certains auteurs, et magistrats, ont soutenu que la question qui tait pose la Cour de cassation est la suivante: un enfant atteint dun handicap congnital peut-il vraiment se plaindre dtre n? Est-il possible dinvoquer un prjudice du simple fait de la naissance. La seule rparation en nature serait de mettre fin la vie de lenfant, hors il parat inconcevable dans une socit nadmettant pas leugnisme dinvoquer ce fait. En vrit, ce nest pas le handicap, ou la vie, que la Cour entendait indemniser mais les consquences de ce handicap, les prjudices dcoulant non pas de la naissance, mais du handicap congnital, il sagissait dindemniser les parents et lenfant, reprsent la fois dun point de vue moral et financier, par la gestion quotidienne de ce handicap. Malgr cet artifice, il est vident que la question thique mritait dtre pose. La deuxime discussion tait relative au lien de causalit, sous la forme dune alternative, en effet, ou bien le prjudice indemnisable est la naissance, la vie, si cest le cas, alors effectivement les mdecins ont permis la naissance dun enfant handicap. Ou bien, deuxime branche de lalternative, ce nest pas la vie elle-mme et ses consquences que lon indemnise, et alors dit-on lerreur de diagnostic des mdecins nest pas la cause du handicap, lerreur de diagnostic est la cause de labsence de possibilit pour la mre dinterrompre sa grosse. La cause du handicap est la rubole, cause scientifique de ce handicap, en sorte que de ce point de vue de la causalit il est illgal de dire que la faute des mdecins ont caus ce handicap et les prjudices qui en rsultent. La causalit juridique ne se rsume pas une causalit scientifique. La Cour de cassation a t nouveau saisie et a raffirm sa solution dans un arrt du 13 Juillet 2001. Loi du 4 Mars 2002, le lgislateur a insr dans le Code de laction sociale et des familles, nul ne peut se prvaloir dun prjudice du seul fait de sa naissance. Texte de loi destin briser une jurisprudence, en expliquant cependant que ce texte devait tre accompagn par un fonds de solidarit afin de transfrer lindemnisation des prjudices conscutifs du handicap sur la solidarit nationale. Ce texte revient dire quun enfant atteint dun handicap congnital ne peut plus demander rparation, aux mdecins, aux laboratoires, coupables dune erreur de diagnostic. Victoire des mdecins et de leurs assureurs, car une grande responsabilit implique une forte assurance. Il faut aussi faire tat de deux tempraments la rgle invoque par larticle L114-5 du Code de laction sociale et des familles. Premier temprament, qui tient lapplication de la loi dans le temps. Lorsque les faits sont antrieurs la loi du 4 mars 2002, lorsque la naissance et les fautes mdicales sont antrieures cette loi, il reste possible dintenter une action en responsabilit civile, parce que le droit rparation est un droit qui prend naissance au moment du dommage. La CEDH, dans un arrt DRAON contre France, du 6 octobre 2005, a rappel que le droit rparation est au sens dela convention EDH un bien, bien que le lgislateur ne peut pas supprimer, cest--dire que la loi du 4 mars 2002 na pas fait disparatre le droit rparation pour les enfants ns avant. Second temprament, qui tient lanalyse du prjudice invoqu par lenfant. Dabord, la loi elle-mme, larticle L114-5 alina 2 admet quun enfant handicap puisse demander rparation de son prjudice lorsque lacte mdical a caus le handicap, par exemple, lors de laccouchement, une mauvaise manipulation et lenfant nait handicap, le mdecin est responsable de cet acte mdical dfectueux et le handicap. Aussi, certains prjudices, qui sont conscutifs la naissance, restent indemnisables, cas du prjudice subi par un enfant la suite dun viol. Ce prjudice est distinct de la naissance puisquil vise les circonstances de la conception, et les troubles ressentis par lenfant dans sa vie quotidienne, en sorte que la discussion reste ouverte puisque pourrait tre admissible lindemnisation de prjudices qui seraient parfaitement distincts de la naissance elle-mme. Si une de ces conditions fait dfaut, laction sera dclare irrecevable selon un point de vue procdural. Intrt lgitime, personnel et direct, n et actuel.

II. Les caractres du prjudice correspondant la condition de bien fonde de laction en responabilit civile. Deux caractres, on dit pour laction en responsabilit civile ouvre droit rparation, il faut que le dommage soit direct, actuel et certain.

A. Le caractre direct.Ce caractre renvoie lexigence dun lien de causalit entre le dommage et le fait gnrateur. Premire prcision, la notion de dommage direct prsente un intrt lorsquun dommage, au sens strict, la lsion dun intrt, est la cause dune pluralit de prjudices, ce qui est souvent le cas finalement. Dans ce cas, il appartient la victime, pour chaque prjudice, de dmontrer que le prjudice invoqu est bien en lien de cause effet avec lintrt ls avec le dommage initial. Cest ce que dit le Code civil propos de la responsabilit contractuelle larticle 1151 lorsque le Code voque les suites immdiates et directes de linexcution. Sont indemnisables les prjudices immdiats et directs de la lsion de lintrt, cest--dire le dommage. La question de la causalit des prjudices se pose lorsque lon raisonne sur des enchanements successifs de prjudices. Exemple, victime dun accident de la circulation, dabord, on invoque un prjudice matriel, perte de revenu, dpenses pour amnager le local dhabitation, 6 mois aprs, la victime est en dpression, suicide tent, sagit-il dun prjudice qui apparat comme une suite immdiate et directe de laccident. Au-del de la causalit entre le fait gnrateur et le dommage stricto sensu, il faudra rattacher chaque prjudice au dommage initial pour bien vrifier quil sagit bien dune suite immdiate et directe de linexcution. Deuxime prcision, la notion de dommage direct prsente un intrt lorsque lon raisonne sur la victime par ricochet, celle qui ne subit pas elle-mme latteinte initiale mais qui peut invoquer un prjudice rattachable cette atteinte initiale, et prcisment, ce rattachement latteinte initiale nest jamais quune sorte de lien de causalit.

B. La certitude du dommage. Le droit de la responsabilit civile ne rpare quun dommage certain. En premier lieu, dire que le dommage doit tre certain nempche pas lindemnisation dun dommage futur, dont la ralisation est certaine. Il est par exemple courant en jurisprudence dindemniser un prjudice conomique, ou mme moral, dont la ralisation est future, gurison improbable, totalement incertaine, et cette indemnisation future peut donner lieu une indemnisation actuelle, la ralisation de ce dommage doit tre certaine, intrt actuel demander la rparation. Dire que le dommage doit tre certain, cela exclue lindemnisation dun dommage qui serait ventuel, le droit de la responsabilit civile est fait de certitudes et non dventualits, il nest donc pas concevable dinvoquer devant un juge une ventualit de prjudices. Toutefois, cette proposition nexclue lindemnisation dune perte dune chance. En effet, la jurisprudence fut trs tt confronte des situations o le demandeur invoquait une perte de chance. Plusieurs exemples, on se rend un examen, percut par un vhicule, en raison de cet accident, on ne peut participer lpreuve. Peut-on invoquer ce prjudice devant une juridiction, est-il indemnisable. Du point de vue du gain manqu, la russite lexamen, il y a de lincertitude, le dommage est effectivement ventuel. Mais un second point de vue, il serait soutenable de dire que cet tudiant avait quand mme une chance de succs, et donc cette chance de succs a t anantie par laccident. La jurisprudence rpond que cette chance est indemnisable condition de dmontrer quil sagissait dun dommage certain, et non incertain. Il faut que la chance soit relle et srieuse. Si le gain manqu est incertain, la chance de gain peut prsenter un certain degr de certitudes condition que cette chance soit relle et srieuse. Ce type de questions se pose sagissant dun exemple qui peut se poser dans une course de chevaux, un jokey qui ne peut prendre le dpart, la chance de gain est indemnisable ds lors que la cte tait suffisamment srieuse, un patient qui la suite de lerreur dun mdecin, ne gurit pas, lerreur du mdecin est la source dun prjudice, et ce prjudice est la perte dune chance de gurison. Dans toutes ces hypothses, le raisonnement judiciaire est toujours le mme, ce quil sagit de mesurer, ce nest pas le gain manqu, mais la chance de gain. Ce qui se traduit la constatation suivante, le montant des dommages-intrts ne peut jamais tre quivalente au gain manqu, mais une portion du gain manqu. Il faut, lorsque lon plaide une action en responsabilit civile, penser que lindemnisation dune perte dune chance est une voie possible, spcialement lorsque rside une zone dincertitude dans la matire concerne.

Section 2: les caractres du prjudice par ricochet.Le prjudice par ricochet est un prjudice qui dcoule du prjudice subi par la victime immdiate. Ce prjudice est rparable condition de revtir les caractres du prjudice rparable et la question est souvent distingue en fonction de la catgorie des prjudices rparables en distinguant le prjudice matriel, et le prjudice moral.

I. Le prjudice matriel par ricochet.Deux questions essentiellement se posent. La premire question est dordre procdurale, la seconde fondamentale (au fond).

A. Dordre procdural. Il sagit de lintrt lgitime de la victime agir. Il faut que la victime est un intrt agir, n et actuel, et lgitime. Or, prcisment, est-il lgitime que des personnes qui nont pas subi latteinte avancent un prjudice dcoulant de cette atteinte. Question pose de lindemnisation de la concubine victime du dcs de son concubin, la concubine est une victime par ricochet, la victime initiale est le concubin dcd, le dommage, la mort, lintrt ls, la vie. Ce prjudice matriel est un prjudice qui dcoule de cette atteinte initiale, cest un prjudice par ricochet. Pendant un certain temps, la Cour de cassation a considr que cet intrt ntait pas juridiquement protg, et cette formule pouvait tre comprise de deux faons, la concubine navance pas un droit de crance, pas dintrt juridique, ou deuxime faon, la concubine avant un prjudice immoral, concubinage considr comme une situation anormale, intrt non conforme lordre public et aux bonnes murs. Arrt en chambre mixte de 1970, 27 Fvrier, la Cour de cassation a considr que lindemnisation dune victime par ricochet ne suppose pas lexistence dun lien de droit entre la victime initiale et la victime par ricochet. La seule existence dun couple suffit caractriser un intrt agir. Si on raisonne par analogie, il est donc envisageable que se plaigne dun prjudice matriel par ricochet toute personne qui entretienne une relation affective avec la personne initiale, sans quil y ait un rapport matrimonial ou de filiation. Exemple, une fiance, du fait du dcs de son fianc, ou un enfant naturel du fait du dcs de son pre, ou plus rcemment une concubine homosexuelle du fait du dcs de sa concubine. Le filtre de lintrt lgitime est aujourdhui poreux, la jurisprudence nutilise jamais ce filtre pour faire obstacle lindemnisation dune victime par ricochet. Toute victime peut-elle se plaindre dun prjudice conscutif celui subi par une victime initiale? La femme dun chanteur clbre peut-elle se plaindre.

B. Dordre fondamental, le caractre certain du prjudice par ricochet.La question suppose de distinguer deux points. Dabord, la certitude du dommage par ricochet est dpendante du dommage immdiat. Si le dommage initial est incertain, et ne peut donc faire lobjet dune rparation, a forciori, les prjudices par ricochet qui en dcoulent sont teints aussi dincertitude. Au-del de cette vidence, la seconde prcision, un critre de certitude du prjudice par ricochet lui-mme, comment tablir quun prjudice par ricochet est dot dun degr de certitude suffisant. Deux critres sont utiliss par la jurisprudence pour concrtiser cette certitude du prjudice par ricochet. Premier critre, celui du lien de droit. Si en effet, il existe un rapport de filiation, ou un rapport matrimonial entre la victime initiale et la victime par ricochet, une prsomption de certitude peut tre pose par les juges, titre dexemple, il a t admis quun enfant puisse obtenir lindemnisation dune perte de chance de subside la suite du dcs de son pre, conscutif un accident. Le degr de certitude rsulte de deux faits ici, il existe un rapport de filiation ici, et dans le cadre de ce rapport il existe un rapport alimentaire, les parents doivent des subsides leurs parents (et vice-versa). Deuxime lment, le pre tant dcd avant que lenfant ait pu faire des tudes, situation de perte de chance de les raliser, lenfant demande obtenir des subsides pour raliser des tudes. La jurisprudence lui donna raison. Le lien de droit permet dtablir lexistence dun prjudice certain. Ce lien de droit nest quun fait parmi dautres, il nest pas suffisant lui seul, il a t jug quune pouse spare de son mari depuis plusieurs annes ne peut invoquer un prjudice patrimonial ds lors que lexcution du devoir de secours paraissait invraisemblable, les poux ne stant revus depuis 10 ans. La certitude peut aussi dcouler dun lien de fait. Deux personnes vivent sous le mme toit et participent financirement la vie quotidienne. Si lun des deux disparat, le train de vie du survivant va sen ressentir. Lexistence dun lien de fait peut suffire caractriser lexactitude du prjudice matriel. Il appartient chaque personne qui se prtend victime de dmontrer lexistence dun lien financier qui peut se prsumer sur la base dun lien affectif.

II. Le prjudice moral par ricochet.Le prjudice moral par ricochet est appel en pratique prjudice daffection, subi par les proches de la victime, atteints dans leurs sentiments la suite du dommage subi par la victime initiale. Dans quelle mesure lindemnisation de ce prjudice est possible? La jurisprudence ladmet en distinguant suivant si la victime initiale est dcde ou vivante.

A. En cas de dcs de la victime initiale.Se pose la question du choix des victimes pouvant se prvaloir de la qualit de victimes par ricochet. Exemple du chanteur clbre, il est inconcevable que tous les fans de ce chanteur puissent se prvaloir de la qualit de victimes par ricochet. Cest travers la notion dintrt lgitime, ou de certitude du dommage, que le filtre opre. La jurisprudence ne considre pas en soit que linvocation dun prjudice moral, donc dun prjudice daffection, soit un intrt contraire lordre public et aux bonnes murs, cest un prjudice qui peut, dans le principe, tre indemnisable. La question alors se dporte sur la certitude du prjudice, tant observ que le prjudice dont il sagit dtablir lexistence est un prjudice par dfinition impalpable, puisquil sagit dun prjudice moral. Il faut tablir lexistence de rapports moraux, cest--dire de rapports daffectation entre la victime initiale et la victime par ricochet. Ce rapport daffection peut se doubler dun rapport juridique, il est vident que des parents en principe ont de laffection pour leurs enfants, et inversement. Se pose plus frquemment en jurisprudence la question de savoir sil est possible dindemniser, en dehors de rapports de filiation, et cettequestion la jurisprudence a rpondu positivement, il est possible denvisager la rparation dun prjudice moral par ricochet en labsence de rapports matrimoniaux. Ainsi, un tuteur fut indemnis de la perte dun enfant dont il avait la charge. Il ny a de limitations que par la dmonstration dun lien daffection qui la plupart du temps se matrialise par une vie quotidienne avec la victime initiale.

B. En cas de survie de la victime initiale. Le prjudice est-il certain? Il pourrait tre soutenu que lindemnisation de la victime initiale compense le prjudice de la victime initiale, et fait ainsi alors disparatre par ricochet les prjudices qui en dcoulent. Toutefois, la jurisprudence admet lindemnisation du prjudice moral par ricochet, mme en cas de survie de la victime, la condition toute fois que le prjudice de la victime initiale prsente un certain degr de gravit. Ce fut le cas dans plusieurs dcisions, la Cour voquant parfois un prjudice moral de caractre exceptionnel, distinct de celui de la victime mais en relation directe avec ce dernier. On peut se demander toutefois si cette indemnisation dun prjudice moral par ricochet ne sanalyse pas comme une peine prive, comme une sanction civile, mais cest ce que lon pourrait dire de lindemnisation du prjudice moral. La deuxime question pose est de savoir si le prjudice est direct. Le prjudice moral par ricochet en cas de survie de la victime initiale est-il direct? il faut sentendre sur le sens du mot direct. Sil existe un rapport daffection entre la victime initiale et la victime par ricochet, le lien de rattachement parat suffisamment clairement tabli. Mais la notion de dommage direct renvoie aussi un caractre procdural, cest un moyen procduralement dadmettre ou dexclure du prtoire pnal des victimes par ricochet. Larticle 2 du Code de procdure pnale limite laccs au prtoire un certain nombre de personnes qui souffrent directement des consquences de linfraction. Or, il serait possible de soutenir, au regard de larticle 2 de ce Code, que la victime par ricochet ne souffre pas dans sa chair, exemple, une poursuite pour agression physique est engage la suite de violences. La victime des violences est la victime immdiate, en revanche, les proches souffrent certainement, mais ce prjudice nest pas celui qui est dsign par linfraction, et de ce point l, il fut considr pendant longtemps que les victimes par ricochet taient des victimes indirectes. Celui qui se constitue partie civile devant le juge pnal dclenche en mme temps laction publique, cest--dire laction qui est destine punir, or ce pouvoir qui est exorbitant, pouvoir dclencher laction publique, ne peut pas tre aborde une pluralit de personnes, mais ceux qui sont concerns au plus prs de linfraction. Seule la victime dun viol, vol, violences, etc, devrait pouvoir dclencher la procdure daction au sens du Code de procdure pnale. Or, cette donne trs importante conduisait des consquences pratiques nfastes, elle conduisait les victimes deux procs distincts, en effet, lorsque par exemple la victime initiale se constituait partie civile devant le juge pnal pour non seulement dclencher laction publique, la punition du coupable, mais en mme temps obtenir rparation, action civile. Les proches qui se plaignaient dun prjudice par ricochet devaient dclencher une procdure parallle la premire devant le juge civil pour obtenir rparation.La chambre criminelle de la Cour de cassation a, le 9 Fvrier 1989, revirement de jurisprudence, a admis quune victime par ricochet puisse invoquer un prjudice personnel et direct au sens de larticle 2 du Code de procdure pnale. Est un prjudice direct celui qui nest pas consquence de linfraction, mais celui qui est une suite directe de linfraction. Le prjudice qui rsulte directement de linfraction est celui de la victime initiale, mais aussi celui de la victime par ricochet.

PARTIE II: LE FAIT ILLICITE IMPUTABLE AU RESPONSABLE.Pour quil y ait responsabilit civile, il faut un fait illicite, et il faut imputer ce fait au responsable. On devrait rationnellement distinguer le fait de son imputation. Le droit de la responsabilit civile connat trois types de gnrateurs, le fait personnel, articles 1382 et 1383 du Code civil,le fait des choses dont on a la garde, et article 1385 et 1386 du Code civil, ainsi que la loi relative aux accidents de la circulation du 5 Juillet 1985, et le fait des personnes dont on doit rpondre, le fait dautrui, articles 1384 alinas 4 et 5, alina 1. Trois faits gnrateurs pour lesquels il faudra toujours se poser deux questions, le fait est illicite, le fait est-il imput au responsable. Ces deux composantes sont de lessence mme de la responsabilit civile, pas de responsabilit sans illicit, pas de responsabilit sans imputation au responsabilit. Ces deux lments permettent de distinguer la responsabilit civile des fonds dindemnisation, etc.

TITRE I: le fait personnel.Le fait personnel est envisag aux articles 1382 et 1383 du Code civil. Larticle 1382 est majeur, il nonce un principe universel, tout fait quelconque de lhomme qui cause autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arriv, le rparer. Ce principe repose sur une vidence, lhomme est libre de ses actes, mais il doit rpondre du mauvais exercice de cette libert, donc de sa faute. La responsabilit pour faute est la contrepartie de la libert individuelle, pas de libert sans responsabilit (pour faute). Cette vidence est consacre par la Constitution, car en effet la Constitution elle-mme, ou les diffrents textes composant le bloc de constitutionnalit nvoquent pas la question de la responsabilit, le CC a clairement, en 1999, consacr ce principe de la responsabilit du fait personnel, en se fondant sur larticle 4 de la DDHC. La libert consiste pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas autrui. Le CC en dduit que nul nayant le droit de nuire autrui, en principe, tout fait quelconque de lhomme qui cause autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arriv, le rparer. Le principe de la responsabilit du fait personnel est ainsi consacr constitutionnellement. Dire que le principe est universel, fondateur du droit ne signifie pas quil est absolu, se pose donc la question du domaine de la responsabilit du fait personnel. Puis, une fois ce domaine tudi, on pourra les conditions la responsabilit du fait personnel pourra tre engage.

CHAPITRE I: le domaine de la responsabilit du fait personnel.Evolution historique. En 1804, le domaine de la responsabilit du fait personnel se confond avec celui de la responsabilit civile, il ny a pour les auteurs du Code civil que des adaptations probatoires du principe de la responsabilit pour faute. Il ny a de responsabilit civile que pour faute. Ce principe fut progressivement limit par le lgislateur et la jurisprudence, il faut observer que ce principe de la responsabilit personnelle est limit deux points de vue. Dabord, un simple temprament, ensuite une vritable limitation, le temprament, cest la concurrence quexerce les autres fondements de la responsabilit, les autres principes de responsabilit, par rapport au principe de responsabilit du fait personnel. La responsabilit du fait des choses, ou du fait dautrui, peut concurrencer la responsabilit du fait personnel, cest une concurrence donc le principe en son domaine demeure. En second lieu, il y a une viction, exclusion, du principe de responsabilit du fait personne par certains systmes de responsabilit particuliers.

Section 1: la concurrence entre larticle 1382 du Code civil et les autres formes de responsabilit extracontractuelles. La concurrence entre larticle 1382 et les autres formes de responsabilits peuvent tre tudis plusieurs gards.

I. 1382 et 1384 alina 1, responsabilit pour faute et responsabilit du fait des choses dont on a la garde.Exemple, un cycliste inattentif percute un piton et le blesse, ce piton demande rparation. Il peut demander rparation sur le fondement de larticle 1382, car il y a un fait quelconque qui cause un dommage autrui, qui provient dune faute, le cycliste tait inattentif, larticle 1382 parat applicable. Or, comme le vlo est une chose, la victime pourrait aussi agir sur le fondement de la responsabilit du fait des choses, cest alors vers larticle 1384 alina 1 quelle va se tourner. Le droit, sagissant dun concours des responsabilits extracontractuelles, ne soppose pas au cumul, la victime peut agir selon son choix. Exemple plus complexe, une personne glisse dans un magasin et doit tre hospitalise la suite dun traumatisme crnien. Le sol tait glissant sans que soit dcel la cause de ce caractre glissant du sol, est-ce le responsable du nettoyage qui na pas fait son travail, le sol qui nest pas adapt au rayonnage, mauvaise organisation du magasin, etc, hsitation sur la cause. La victime, pour agir sur le fondement dune faute, article 1382, la victime se trouverait confront une difficult probatoire, qui imputer une faute? Il sera plus simple pour cette victime dagir sur le fondement de la responsabilit du fait des choses, plus facile didentifier le responsable grce la notion de garde, le responsable est le gardien de la chose, donc ici le gardien du sol, le propritaire du magasin. Le propritaire du magasin sera ventuellement responsable en tant que gardien alors mme quil nest pas fautif. Apparat la concurrence entre la responsabilit du fait des choses et la responsabilit du fait personnel. Il est plus intressant dagit sur le terrain de la responsabilit du fait des choses.

II. Concurrence entre la loi du 5 juillet 1985 et larticle 1382.Voil un conducteur conduisant sous leffet de lalcool, qui percute un motard, tu. Ce conducteur est fautif, coupable dun fait quelconque qui cause autrui un dommage, on peut agir sur le fondement de larticle 1382. Or, la loi du 5 Juillet 1985 est applicable cette situation, et cette loi prvoit que les dommages qui rsultent dun accident de la circulation sont indemnisables sur le fondement de cette loi. Mais ici, la victime ne dispose pas dun choix, si la loi de 1985 est applicable, elle est dordre public, et exclue lapplication du droit commun. Une victime na pas le choix dagir contre lauteur sur le fondement du droit commun ou sur le fondement de la loi de 1985, elle doit agir sur le fondement de cette loi. Cette situation est claire, il y a un responsable, une victime. Il faut distinguer cette situation dune seconde, o plusieurs responsables participent la ralisation du dommage de la victime unique. Exemple, un conducteur qui est contraint de faire un cart parce quun piton imprudent a cru pouvoir traverser plus vite que larrive de la voiture. Le conducteur la suite de cet cart va percuter un cycliste qui dcde. Les proches du cycliste qui vont demander rparation sont victimes par ricochet et ils disposent de deux responsables. Dun ct, le conducteur du vhicule, dun autre ct, le piton inattentif. Le premier recours sera fond sur la loi du 5 Janvier 1985, il sagit l assurment dun accident de la circulation, donc la loi lgard du conducteur est applicable, en revanche le piton nest pas conducteur