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DROIT DES SUCCESSIONS INTRODUCTION Le droit des successions est un droit de la mort. Toutefois, des parties du droit de la mort ne sont pas traitées (droit funéraire). Vladimir Jankelevic est un auteur professeur très apprécié par le prof. Ne peut-on pas voir dans le droit des successions une sorte d’éloge de la vie ? Un droit de la vie ? Un droit vivant ? UN DROIT DE LA VIE C’est un droit de la vie car c’est un droit de transmission. Parler de transmission = parler de l’irréversibilité des choses . Par le biais de l’histoire, on peut s’apercevoir que le droit des successions ne fait que des heureux ; les morts et les vivants. Dans les cultes anciens, le mort avait besoin qu’on entretienne sa mémoire, son quotidien, afin de pouvoir survivre dans l’au-delà ; c’était la tâche des vivants que de s’occuper des morts. Mais si on voulait que les vivants continuent à faire des offrandes, apporter des biens, prier, il fallait donc leur laisser des biens. Le mort était content, on s’occupait de lui après son décès ET le vivant était content : il profitait des biens du mort. « Le mort saisit le vif » -> le vivant continue la personne du défunt . Il n’y a pas de rupture juridique à l’occasion du décès. Le de cujus : ce n’est pas le mort, c’est celui de la succession duquel il s’agit ; il peut être vivant, on va regarder les effets de ce qu’il fait de son vivant qui s’appliqueront après sa mort. Nous sommes tous des de cujus. C’est plus qu’une histoire d’argent, c’est pourquoi la matière est pleine de turbulences. Il n’y a aucun lien entre la taille de la succession et la taille de la dispute potentielle. Ce n’est pas une question de cupidité. Proverbe connu des notaires « On ne connait bien une personne que quand on l’a vu hérité ». L’argent n’est que la partie émergée de l’iceberg, les vrais conflits ne sont pas des conflits financiers. Le terme succession a 2 sens : - L’OPÉRATION de succession, de transmission - L’OBJET de la transmission : on paye avec les biens de la succession

Droit Des Successions

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DROIT DES SUCCESSIONS

INTRODUCTION

Le droit des successions est un droit de la mort. Toutefois, des parties du droit de la mort ne sont pas traitées (droit funéraire). Vladimir Jankelevic est un auteur professeur très apprécié par le prof.

Ne peut-on pas voir dans le droit des successions une sorte d’éloge de la vie ? Un droit de la vie ? Un droit vivant ?

• UN DROIT DE LA VIE

C’est un droit de la vie car c’est un droit de transmission. Parler de transmission = parler de l’irréversibilité des choses.

Par le biais de l’histoire, on peut s’apercevoir que le droit des successions ne fait que des heureux ; les morts et les vivants. Dans les cultes anciens, le mort avait besoin qu’on entretienne sa mémoire, son quotidien, afin de pouvoir survivre dans l’au-delà ; c’était la tâche des vivants que de s’occuper des morts.

Mais si on voulait que les vivants continuent à faire des offrandes, apporter des biens, prier, il fallait donc leur laisser des biens.

Le mort était content, on s’occupait de lui après son décès ET le vivant était content : il pro-fitait des biens du mort.« Le mort saisit le vif » -> le vivant continue la personne du défunt  . Il n’y a pas de rupture juridique à l’occasion du décès.

Le de cujus : ce n’est pas le mort, c’est celui de la succession duquel il s’agit ; il peut être vivant, on va regarder les effets de ce qu’il fait de son vivant qui s’appliqueront après sa mort. Nous sommes tous des de cujus.

C’est plus qu’une histoire d’argent, c’est pourquoi la matière est pleine de turbulences. Il n’y a aucun lien entre la taille de la succession et la taille de la dispute potentielle. Ce n’est pas une question de cupidité.

Proverbe connu des notaires « On ne connait bien une personne que quand on l’a vu hérité ».

L’argent n’est que la partie émergée de l’iceberg, les vrais conflits ne sont pas des conflits financiers.

Le terme succession a 2 sens :- L’OPÉRATION de succession, de transmission- L’OBJET de la transmission : on paye avec les biens de la succession

• UN DROIT VIVANT

Il a fait l’objet de beaucoup de réformes.- Loi du 3 décembre 2001 relative au conjoint- Loi du 23 juin 2006 entrée en vigueur le 1er janvier 2007 (bouleversement du droit

des successions)- Règlement européen du 4 juillet 2012 qui rentrera en vigueur le 17 aout 2015 va

modifier profondément les choses en ce qui concerne les successions internationales (possibilité pour le De cujus de choisir la loi applicable à sa succession)

C’est un droit vivant d’un point de vue législatif, mais c’est un droit nécessairement impacté par des évolutions sociologiques et biologiques.

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Selon les statistiques : - 543000 décès cette année (en baisse) contre 813000 naissances.- 2 PACS pour 3 mariages

Espérance de vie : 1945 -> 60 ans (H) et 65 (F)2013 -> 79 ans (H) et 85,5 (F)Le nombre de personnes âgées de plus de 60ans va augmenter de 20% d’ici 2020, et de plus de 40% d’ici 2040.

C’est un droit de successions et libéralités. Le de cujus ne peut pas éviter son décès, en re-vanche il peut vouloir pour tout ou partie de son patrimoine, garder la main sur sa dévolution successorale et choisir ce qu’il veut transmettre et à qui par les libéralités (donations et testa-ments).

Successions et libéralités vont ensemble : les deux droits sont liés. Ces droits sont liés à d’autres matières de droit civil : droit de la famille, droit des obligations, droit des contrats spéciaux, droit des biens, droit fiscal, droit des assurances.

PARTIE 1 : LA DÉVOLUTION DE LA SUCCESSION

Régler une succession, c’est répondre aux questions : Qui hérite ? De quoi hérite-t-il ?

Traiter la dévolution successorale : Qui va être appelé à recueillir la succession ? Quels vont être les héritiers légaux ou testamentaires ?

TITRE 1 : LES TYPES DE DÉVOLUTION SUCCESSORALE

La dévolution va dépendre des relations que le de cujus entretient avec ses biens et avec sa fa-mille. Il existe deux modes de dévolution successorale :

- Un qui repose sur la loi- Un qui repose sur la volonté du de cujus

Le droit de 1904 + droit d’aujourd’hui se méfient de la volonté. Il n’est pas possible de faire ce que l’on veut même en matière de régimes matrimoniaux.

La loi va déterminer les personnes qui vont être appelées à hériter du de cujus. Plus le lien de fa-mille sera étroit, plus on aura de chance d’hériter. La loi permettant dans une certaine mesure de modifier cette dévolution par des libéralités.

• Etapes du règlement d’une succession

- Il y a-t-il une disposition de dernière volonté ? S’il n’y en a pas, s’applique la loi - Quelle est la famille du de cujus ?

Répondre à ces deux questions est fondamental, mais la réponse est toujours imprécise et sujette à complications.

1. Comment savoir si le de cujus a fait un testament ? Il n’y a jamais de réponse fiable, souvent des successions se règlent sur des bases fausses.

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2. Comment reconstituer la famille du défunt ? Le CC dit qui dans la famille passera avant un autre pour hériter. Il y a des certitudes : on connait les parents mais étant plus vieux que les enfants, ils sont surement morts.

Est-ce que le défunt a eu des enfants ?Aucun moyen fiable de le savoir. Le livret de famille n’est pas fiable : en cas d’enfants nés

hors mariage, d’une maitresse, ou des enfants de concubins.Dans le cas où il n’y a pas d’enfants, il faut alors chercher du côté des frères et soeurs, des

neveux et nièces. Mais cela reste encore très imprécis.

Une fois les recherches effectuées, la fiabilité étant incertaine, il va falloir établir officielle-ment cette dévolution ; ce papier va être un acte de notoriété.

Art 730 et suivant CC : Le notaire va établir un acte qui servira à l’héritier de faire la preuve de sa qualité d’héritier. Il s’agit donc d’affirmer qu’il est de notoriété publique que Mon-sieur avait X enfants, même si cela n’est pas forcément vrai. La succession va se fonder sur l’acte de notoriété.

Concernant les successions internationales, le notaire français (comme son équivalent euro-péen) pourra établir dès le 17 aout 2015 un document comparable à la notoriété qui est le certifi-cat successoral européen. Ce document permettra à l’héritier de faire la preuve de cette qualité d’héritier dans tous les pays de l’UE (art 62 et suiv du règlement 650/2012 sur les successions).

En matière de régime matrimonial, chaque pays pourra avoir sa propre interprétation. Le certifi-cat n’est valable que pour la succession mais pas pour le régime matrimonial ; chaque pays de l’UE n’est pas tenu par l’analyse du notaire français.

CHAPITRE 1 : LA DÉVOLUTION AB INTESTAT

AB INTESTAT : sans disposition de dernière volonté donc dévolution légale.

Le de cujus n’a rien prévu pour sa succession. On applique ici les règles légales supplétives de volonté lorsque le de cujus n’aura pas exprimé de volonté particulière concernant la dévolution de sa succession.

Cette dévolution ab intestat ne se fait qu’au sein de la famille. De qui est composé la famille ? Il s’agit de la famille entendue stricto sensu par les critères du Code civil (ni le concubin même s’il s’agit d’un parent des enfants du de cujus, ni le partenaire pour le PACS)

S’agissant du PACS, il y a 3 régimes :- Concernant les personnes pacsées jusqu’au 1er janvier 2007 : tout ce qui est acheté autour du

pacs est indivis, à moins qu’il en ai été disposé autrement- Concernant les pacsés après 2007, il y a deux régimes possibles :

- PACS de droit commun qui fonctionne comme une séparation de biens- PACS sur dérogation qui fonctionne un peu comme une communauté

-> Dans la famille, sont prises en compte les personnes mariées mais pas les personnes pac-sées, ni concubins.

SECTION 1 : LES CONDITIONS D’APTITUDE REQUISES PAR LA LOI POUR SUCCÉDER

Pour succéder, il faut un mort. Il faut que l’héritier ne soit pas mort. S’il n’est pas encore vivant, il a une personnalité juridique à partir du moment de la conception.

-> Personne physique : Personnalité juridique permet de tout faire-> Personne morale : Ne peut accomplir que les obligations qui se trouvent dans son objet.

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§1 : La mort du de cujus

Art 720 CC : C’est la cause normale d’ouverture de la succession. La mort civile a disparu en 1854. C’est d’ailleurs du fait du décès et donc à la date du décès que va s’ouvrir la succession . La succession est ouverte et terminée à l’instant du décès. C’est à ce moment là que les biens sont dévolus aux héritiers. C’est à la date du décès voire à l’heure du décès qu’est établie cette dévolution.Ex : Le de cujus meurt après la mort de ses parents dont la succession n’a pas encore été réglée -> «Il meurt saisi de ses droits ».

• La détermination précise de la date du décès est importante dans l’établissement de la dévo-lution. Pourquoi ?

C’est le cas quand deux personnes vont décéder dans le même évènement en ayant chacune des vocations successorales liées : théorie des co-mourants :Art 725-1 al 1 CC : Il faut déterminer l’ordre des décès par tous moyens. Art 725-1 al 2 CC : S’il n’y a pas la preuve de l’ordre des décès, la succession est dévolue sans que l’autre y soit appelée -> on va régler la succession de chacun comme s’il était seul.

• La détermination du lieu du décès est sans incidence civile. Il y a une incidence en droit fis-cal :

Une personne meurt en France -> 6 mois pour payer les droits de successionUne personne meurt à l’étranger -> 1 an pour payer les droits de succession

• La détermination du lieu d’ouverture de la succession est importante. Ce sera le dernier do-micile du défunt. De ce lieu, va dépendre la compétence du tribunal qui connaitra des litiges relatifs à la succession. Il y a une incidence concernant les successions européennes.

Il peut arriver que l’on règle des successions de personnes qui ne seraient pas mortes ou peut-être pas mortes. Hypothèse de la disparition « dans des circonstances de nature à mettre sa vie en

danger »Hypothèse de l’ absence :

-> Dès que la personne ne s’est plus présentée au domicile, toute personne intéressée (ayant intérêt à agir) peut demander le prononcé d’une décision de présomption d’absence. Une fois écoulé un délai de 10 ans, tout intéressé peut demander la conversion de ce jugement de présomption en un jugement de déclaration d’absence : c’est ce jugement qui vaut décès juridiquement. -> Si personne n’a agi ou obtenu un jugement de présomption d’absence, on peut passer directement à la déclaration d’absence si l’absence date de plus de 20ans.

Rappel : Le décès est aussi une cause de cessation du mariage donc une cause de dissolution du mariage. Deux étapes :

-> Liquidation du régime matrimonial -> Régler la succession du mort

§2 : L’existence de l’héritier

Art 725 CC : Pour hériter, il faut exister à l'instant de l'ouverture de la succession ou, ayant déjà été conçu, naître viable.

De la même façon, le présumé absent est considéré comme vivant.-> On peut hériter dès qu’on est conçu et viable.

§3 : Absence d’indignité de l’héritierArt 726 + 727 CC : Celui qui s’est montré indigne du De cujus n’héritera pas, il sera écarté de la succession.

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• Cas d’indignité de droit sans intervention judiciaire (les cas les plus graves) Art 726 CC : -> Celui qui est condamné, comme auteur ou complice, à une peine criminelle pour avoir volontairement donné ou tenté de donner la mort au défunt ;-> Celui qui est condamné, comme auteur ou complice, à une peine criminelle pour avoir volontairement porté des coups ou commis des violences ou voies de fait ayant entraîné la mort du défunt sans intention de la donner.

Cependant, il y a des difficultés d’application : 6 mois pour régler la succession mais souvent il n’y a pas encore eu la condamnation définitive (Civ 1 28 mars 2012)

• Cas d’indignité facultative qui doit être judiciairement prononcée Art 727 CC : -> Celui qui est condamné, comme auteur ou complice, à une peine correctionnelle pour avoir volontairement donné ou tenté de donner la mort au défunt -> Pour avoir volontairement commis des violences ayant entraîné la mort du défunt sans intention de la donner ;-> Celui qui est condamné pour témoignage mensonger porté contre le défunt dans une procédure criminelle ;-> Celui qui est condamné pour s'être volontairement abstenu d'empêcher soit un crime soit un délit contre l'intégrité corporelle du défunt d'où il est résulté la mort, alors qu'il pouvait le faire sans risque pour lui ou pour les tiers ;-> Celui qui est condamné pour dénonciation calomnieuse contre le défunt lorsque, pour les faits dénoncés, une peine criminelle était encourue.

L’héritier ne sera écarté que lorsque la juridiction l’aura déclaré indigne, le juge gardant une marge d’appréciation. Le de cujus de son vivant ayant connu la cause d’indignité peut pardonner cette indignité et vouloir l’écarter par une disposition sous forme de libéralités (donation ou testament).

Précision : Il est aussi possible de représenter un héritier indigne. Si l’indigne est écarté de la succession et qu’il laisse des enfants, ces enfants viendront à sa place pour prendre sa part de succession.

SECTION 2 : LES SUCCESSIONS ORDINAIRES

§1 : Les principes de la dévolution ordinaire

La loi va fixer une hiérarchie au sein de la famille entre les personnes susceptibles d’hériter. Elle va donc fixer des sortes de rang. Il faut imaginer le défunt au centre d’un cercle, et des cercles autour de plus en plus éloignés.

Si plusieurs personnes sont dans le même cercle, ils hériteront à priori à parts égales. C’est le principe de l’ordre et la règle du degré. -> Ce sont les principes généraux de la dévolution qui vont être modifiés par des principes per-turbateurs .

A. Les principes généraux

1. Le principe de l’ordre

Le défunt est au centre du cercle concentrique. Il y aura autour des ordres. Il suffit qu’une per-sonne soit dans un cercle pour que cela puisse écarter les personnes dans les cercles d’après.Les familles au sens du Code civil vont être réparties en 4 ordres :

1er ordre : Les descendants d’une personne. S’il n’y a pas d’enfants, les héritiers seront les parents ou frères et soeurs. Mais s’il y a des enfants, les parents n’hériteront pas, car les descendants sont dans le cercle le plus proche du défunt.

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2ème ordre : Les ascendants privilégiés (parents) + les collatéraux privilégiés (frères et soeurs et à défaut neveux et nièces)

3ème ordre : Les ascendants ordinaires (grands parents, arrières grands parents)

4ème ordre : Les collatéraux ordinaires (cousins, oncles et tantes)

Si l’on parle d’ordre, c’est que la succession est dévolue dans cet ordre et en principe dès qu’il existe une seule personne dans un ordre, ça exclue tout ceux qui seraient dans des ordres sui-vants. ( A cette étape, le conjoint survivant est laissé de côté ).

2. La règle du degré

Lorsqu’on est dans le même ordre, on va classer les héritiers selon leur degré par rap-port au défunt. C’est l’héritier en degré le plus proche qui va exclure les héritiers en degré plus im-portants. En cas d’égalité de degré, ils se partagent la succession.

Exemple pratique : Le défunt meurt laissant 2 enfants ayant respectivement 1enfant et 2 enfants : les 5 personnes sont des descendants (1er ordre). Les 2 enfants vont hériter car ils sont au premier degré, les petits enfants non car il sont au 2ème degré. En revanche, si les deux enfants étaient décédés, les 3 hériteraient.

B. Les principes perturbateurs

1. La représentation

En cas de pré-décès d’un héritier, ses propres héritiers peuvent parfois venir à sa place et les héritiers vont représenter leurs auteurs pré-décédés.

C’est donc une fiction législative prévue par l’article 751 du Code civil -> Permet une dévolution par souches.

Exemples pratiques : Le de cujus laisse un enfant qui laisse 2 enfants. L’enfant est décédé, les 2 viennent sans

souche.Le de cujus meurt laissant deux enfants dont un décédé laissant des enfants (les petits-

enfants). Les deux descendants de l’auteur pré-décédé (les petits enfants) vont venir le repré-senter (représentent leur père), ils vont venir à sa place recevoir la succession bien qu’étant au 2ème degré. Cette dévolution se faisant par souche : L’enfant aura la moitié (1/2) et l’autre souche (les petits-enfants) aura la moitié (2 enfants donc 1/4 chacun).

-> La représentation ne joue que dans l’ordre des descendants et dans celui des collatéraux privilégiées. -> C’est celui qui est au plus proche degré de l’auteur représenté qui le représentera.-> Le représentant doit être personnellement apte à recueillir la succession du de cujus.-> La représentation joue à l’infini en ligne directe descendante (art 752 CC)

Art 751 CC : Les effets de la représentation sont ceux d’une fiction juridique : on fait comme si le représenté était toujours vivant sans être ni indigne, ni renonçant et comme s’il recevait la suc-cession mais ce sont son/ses représentants qui vont la recevoir.-> La représentation est donc par souche et non par tête.

Loi de 2006 : on peut représenter un indigne mais aussi un renonçant. Cela devient donc un ou-til de gestion de patrimoine. -> Les enfants du renonçant hériteront directement de leur grand père sans que ce soit qualifié d’une donation. La renonciation est une technique d’optimisation du patrimoine.-> Exemple de la donation trans-générationnelle lors d’une donation partage. La donation-par-tage consiste à transmettre et à répartir, de son vivant, tout ou partie de ses biens. Avantages fis-

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caux non négligeables. Ex : Mon père donne des biens à mes frères et moi. Je peux renoncer à la donation en la laissant à mes enfants sans déséquilibrer la succession de mon père.

2. La fente successorale

Il s’agit des successions remontantes. C’est le cas où une personne décède sans postérité. Il ne laisse que des ascendants dans les deux lignes.-> On va diviser la succession en 2, on partage la succession entre les deux lignes (mater-nelle/paternelle). Elle va être dévolue indépendamment dans chaque ligne. On va rechercher quel est l’héritier dans la branche maternelle et le plus proche dans la branche paternelle : Art 748 al 1 CC. PAS DE REPRÉSENTATION car pas de descendants, ni collatéraux privilégiés.

§2 : L’application des principes

A. Les héritiers selon la parenté

C’est la parenté par le sang qui va compter. On est donc en l’absence de conjoint survi-vant. C’est d’abord :

1. Les descendants (les enfants, petits enfants, arrières petits enfants)

Ils excluent les autres héritiers sauf le conjoint survivant. Application de la règle du degré. Il y a différents types : le principe est qu’aujourd’hui tous les enfants seront traités de la même ma-nière quelque soit le type de filiation.

Quels sont les enfants concernés ?

-> Enfant légitime : Enfant qui nait de parents mariés entre eux-> Enfant légitimé : Celui qui est né de parents qui se sont mariés entre eux après la naissance-> Enfant naturel : Enfant né de parents qui n’étaient pas mariés du tout ni entre eux, ni avec quelqu’un d’autre (enfant né de pacsés, de concubinage sans adultère)-> Enfant adultérin (terme ne s’emploie plus) : entant né de parents qui n’étaient pas mariés entre eux mais dont l’un au moins était marié à quelqu’un d’autre.-> Enfant adoptif :

enfant adoptif simple : les deux liens de filiation coexistent (famille adoptive + famille d’origine) -> Il peut avoir deux pères, deux mères. Généralement utilisé pour adopter l’en-fant de son conjoint. Civilement, il est considéré comme un héritier, mais fiscalement il n’est pas considéré comme un enfant sauf dans certains cas. L'adopté peut hériter des 2 familles, de sa famille d'origine et de ses parents adoptifs. Mais, il n’est pas héritier réservataire à l’égard de ses grands-parents adoptifs (ceux-ci peuvent le déshériter).

enfant adoptif plénière : supprime le lien de filiation entre l'adopté et sa famille d'origine en lui substituant un nouveau lien de filiation avec l'adoptant -> enfant adopté par cette voie a strictement les mêmes droits qu’un enfant légitime. Dans sa famille d'origine, il est ex-clu de la succession.

-> On peut adopter quelqu’un qui par ailleurs a déjà ses parents.-> Il y a des adoptions de personnes majeures, c’est le cas lorsqu’on adopte l’enfant de

son conjoint. Ex : Madame a eu un enfant d’une première union, elle se remarie et n’a pas d’en-fants avec son conjoint, ce dernier peut adopter l’enfant de sa femme par la voie de l’adoption simple. Dans ce cas, il a les droits successoraux d’un enfant légitime.

• L’action en retranchement permet permet à certains héritiers (enfant du premier lit) d’obtenir la réduction à la quotité disponible des avantages matrimoniaux réalisés par l'époux défunt au profit de l'autre époux. Il va recevoir sur l’avantage matrimonial. C’est une action liée au ré-gime matrimonial.

Ex : Mon père se remarie sous le régime de communauté universelle avec clause d’attribution intégrale de la communauté au conjoint survivant. Mon père meurt. Cause de dissolution de la communauté -> Ma belle-mère reçoit tous les biens de la

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communauté. Je vais pouvoir demander la réduction de l’avantage réalisé à hauteur du montant de cette quotité. J’aurai la même part que si mon père était marié en communauté légale avec sa nouvelle conjointe.. Avant, c’était juste pour l’enfant d’un premier mariage maintenant peu importe SAUF enfants communs du couple.

• Avant 2001, les enfants adultérins venant en concours avec des enfants nés du mariage touché par l’adultère n’étaient pas dans la même situation, ils avaient juste le droit à la moitié de ce à quoi ils auraient eu le droit s’ils avaient été légitimes. La moitié enlevée accroissait la part des enfants nés du mariage touché par l’adultère.

2. Les ascendants privilégiés et collatéraux privilégiés

C’est un ordre composite. La règle de l’ordre va primer la règle du degré. Plusieurs cas de fi-gure :

• 1ère hypothèse : Le de cujus décède, il y a des ascendants privilégiés (parents) mais pas de collatéraux privilégiés (frères et soeurs).

-> les deux parents vivants sont héritiers à parts égales. -> S’il ne reste qu’un seul des 2 parents, c’est lui qui prend toute la suc-cession. -> Si un seul des parents (Père) est vivant et que dans l’autre branche il y a des ascendants ordinaires (Grand-parents maternels ou paternels) alors le parent survivant aura la moitié et de l’autre coté les grands parents auront l’autre moitié. Art 738-1 CC.

• 2ème hypothèse : Le de cujus décède, il y a des collatéraux privilégiés (frères et soeurs + neveux, nièces) mais pas d’ascendants privilégiés (plus de parents) mais les grands-parents sont toujours vivants. La succession sera dévolue uniquement aux col-latéraux privilégiés sans aller voir les grands-parents.

Si plusieurs collatéraux privilégiés dont un pré-décédé, on ap-plique la représentation. Ex : De cujus décède, un de ses frères dé-cédé avant lui laisse 2 enfants. Ces derniers pourront représenter leur père décédé à la succession de leur oncle.

Précision : Depuis 2001, plus de distinction entre les types de frères et soeurs (Hypothèse des demi-frères ; terme qui n’existe pas en droit).

Si même père et la même mère : c’est un frère germain. Si même père : frère consanguin. Si même mère : frère utérin.

-> Ce n’est pas parce qu’il y a uniquement la même mère ou le même père qu’il aura qu’une demi part.

• 3ème hypothèse : Le de cujus décède, il y a des ascendants privilégiés + collatéraux privilégiés

-> si le de cujus laisse son père et sa mère + collatéraux privilégiés (1/4 papa + 1/4 ma-man + 1/2 pour frère et soeurs)

-> Si un seul parent (1/4) + 3/4 que se partagent les frères et soeurs

• Droit de retour légal Art 738-2 CC : Si une personne décède en laissant ses parents mais sans descendants, ils peuvent dans tous les cas exercer un droit de retour, à concurrence des quote-parts fixées au premier alinéa de l'article 738 (limité à 1/4), sur les biens que le dé-funt avait reçus d'eux par donation.

• Parents + frères et soeurs ne sont pas réservataires. Si le défunt n’a pas d’enfants et n’est pas marié, il est possible par un testament de léguer aux personnes de son choix. On peut

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déshériter parents + frères et soeurs. Cependant avant, si pas d’enfants, on ne pouvait pas déshériter ses parents.

3. Les ascendants ordinaires

Ils vont hériter s’il y a personne dans les ordres précédents (pas de descendants, pas de parents, pas de frères et soeurs). Application de la fente successorale.

Ex : Le De cujus décède sans parents, ni frères et soeurs, ni enfants. Distinction :-> S’il laisse des ascendants ordinaires dans les DEUX lignes (Ex : Grand père maternel

+ Grand-père paternel), chaque ligne aura la moitié de la succession. Dans chaque branche, on utilisera la règle du degré et à degré égal de partage par tête.

-> S’il laisse des ascendants ordinaire dans UNE ligne, tout va aux ascendants ordi-naires, pas de fente. Art 748 al 3 CC.

-> S’il laisse des ascendants privilégiés dans une ligne (Père toujours vivant) et des as-cendants ordinaires (grands parents maternels) dans l’autre ligne. Art 738-1 CC. L’ascendant ordinaire + ascendant privilégié hériteront par l’effet de la fente.

4. Les collatéraux ordinaires (oncles, tantes, cousins jusqu’au 6ème degré)

On va utiliser la fente et chercher les parents les plus proches dans chaque branche de la fente jusqu’au 6ème degré. Au delà du 6ème degré, on est dans le cas où l’état va hériter.

5. Les successions vacantes ou en déshérence

• Les successions vacantes : successions que personne ne va réclamer soit que les héritiers ne soient pas connus, soit qu’il aient tous renoncé. Tout intéressé peut saisir le président du TGI qui va alors déclarer vacante la succession, il va nommer un curateur : le service des domaines de l’état dont la mission sera de régler le passif mais seulement à hauteur de l’actif. Art 809 CC.

• Les successions en déshérence : Il n’y a pas d’héritier ab intestat en degré utile (6ème de-gré), pas de légataires ou donataires. L’état peut prétendre à cette succession mais il se fera envoyé en succession par le TGI. L’état est tenu aux dettes uniquement dans la limite de l’actif.

B. En présence du conjoint survivant

Il a une place à part dans la dévolution légale. Le conjoint fait-il partie de la famille ?