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Magazine 2010 / 2011 11 L’ACCÈS à la justice

Droit Montréal (11) 2010-2011

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L'accès à la justice

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Magazine2010/2011

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L’ACCÈSà la justice

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Magazine2010/2011

Sommaire et crédits

ÉDITRICEBrigitte Lefebvre

COORDINATION DE LA PUBLICATIONLise CummingsBrigitte Lefebvre

RÉDACTION DE LA PUBLICATIONLise CummingsChristian St-Georges

COLLABORATEURSNabil N. AntakiNathalie BédardKarim BenyekhlefRachel BrûléEmmanuel DarankoumPierre-Claude LafondSuzanne LalondeGuy LefebvrePierre NoreauCatherine PichéMarie-Claude RigaudGilles Trudeau

CONCEPTION GRAPHIQUE,DIRECTION ARTISTIQUEET COORDINATIONColombe Boudreau

PRODUCTION INFOGRAPHIQUERichard Hille

PHOTOSJames HajjarBernard LambertOlivier LauzonJean-Guy ThibodeauCamil Scorteanu© Photo Antoine Rouleau 2009Photo : Archives Stikeman ElliottDéclik Communications

(Philippe Casgrain, président)Getty Images

PHOTO DE LA PAGE COUVERTUREIstockphoto

PUBLICITÉMaxime B. Rhéaume

DROIT MONTRÉALPoste-publication Conventionno 40069245©Faculté de droitUniversité de MontréalC.P. 6128, succursale Centre-VilleMontréal (Québec) H3C 3J7Téléphone : 514-343-6200Télécopieur : 514-343-2030Courriel : [email protected]

ISSN 1715-6092 Droit Montréal (Imprimé)ISSN 1715-6106 Droit Montréal (En ligne)Dépôt légal Bibliothèque nationale du QuébecTirage : 15 000 exemplaires

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Mot du doyen 3En bref 4-7DossierAccès à la justice 8-18Le laboratoire LexUMdevient LexUM inc. 19

RechercheL’Arctique en pleine mutation 20-21Des conférences éclairantes 22-23Diplômés et développement 24-25Entre nous 26-29Nouvelles de Chine 30

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Mot du doyen

Gilles TrudeauDoyen

Chers diplômés, chers amis et chers étudiants,

Signer le mot de présentation d’un nouveau numéro de Droit Montréal constitue un plaisir toujours renouvelé.Outre le rappel des événements qui ont marqué la vie facultaire des mois précédents, c’est une occasionprivilégiée de faire le point sur un aspect ou l’autre du développement de notre Faculté, ou encore de proposerl’état de la réflexion qui y a cours quant aux grands enjeux auxquels le droit et la pratique juridique sontaujourd’hui confrontés. Ce numéro ne fait pas exception ; il jette un regard sur la façon dont la Faculté abordele défi considérable que représente l’accès à la justice.

Sur le plan de l’enseignement, outre la mise en place de cours spécialisés sur la justice participative et les modesalternatifs de résolution des conflits, l’approche de la Faculté consiste à faire de l’accès à la justice un thèmetransversal, présent en filigrane dans tous les cours portant sur le droit substantiel. Il s’agit d’amener les étudiantsà concevoir l’accès à la justice et la justice participative comme des ingrédients inhérents à la pratique du droit.La même préoccupation doit aussi se refléter dans l’enseignement des cours de droit processuel.

Le lecteur trouvera un riche aperçu des interrogations et des solutions liées à l’accès à la justice dans les proposdes professeurs de la Faculté qui ont contribué aux pages qui suivent. Ainsi, les travaux de l’Observatoiredu droit à la justice, dirigé par le professeur Pierre Noreau, documentent les problèmes d’accès à la justice dupoint de vue du citoyen dans le but de proposer des solutions viables et efficaces. Initiative du professeurKarim Benyekhlef et de son équipe, l’ambitieux projet du Laboratoire sur la cyberjustice cherche à améliorerle fonctionnement de l’appareil judiciaire par l’élaboration de solutions technologiques innovatrices. De la mêmefaçon, comme le soutient le professeur Pierre-Claude Lafond, l’accès à la justice doit aussi être promu parl’utilisation systématique de modes de règlement des conflits, davantage consensuels que le procès et suscep-tibles de recourir à d’autres ordres normatifs que le droit. Tel est notamment le cas de l’arbitrage et, pluslargement, de la justice arbitrale dont les perspectives particulièrement novatrices sont mises en évidence parles professeurs Nabil Antaki, Emmanuel Darankoum et Marie-Claude Rigaud. Enfin, la professeure CatherinePiché dévoile certaines conditions dont la justice collective doit se préoccuper pour offrir une solution équitableaux problèmes d’accès à la justice que vit le citoyen.

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En bref

LA FACULTÉPetites infos

Nouvelle professeure en droit privéLa Faculté a embauché une nouvelle professeure en droit privé. Mme Marie-ClaudeRigaud a obtenu un baccalauréat en droit civil et common law [LL. B. et D.C.L.] àl’Université McGill en 1992. Elle est membre des barreaux de l’Ontario (1995) et duQuébec (2003). En 2008, elle a obtenu un doctorat de l’Université Paris-Est. Sa thèseportait sur la procédure arbitrale internationale.

Promotion à la titularisation pour les professeursFrance Houle, Suzanne Lalonde et Alain RoyLa professeure France Houle, spécialiste en droit administratif, est entrée en fonction le 1er juin 1999. Elle estcoordonatrice scientifique du Réseau d’études des dynamiques transnationales et de l’action collective,REDTAC-(IM)MIGRATION, une unité du Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM). Elle est deplus chercheure principale de l’axe de recherche Immigration et Marché du travail du REDTAC-Immigrationet chercheure au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT).

La professeure Suzanne Lalonde est entrée en fonction le 1er mai 1998. Elle est spécialisée en droit internationalpublic. La professeure Lalonde est une sommité internationale dans son domaine de recherche, soit lesenjeux juridiques créés par les effets du réchauffement climatique dans l’Arctique. Elle a été mandatée parle Conseil canadien de droit international pour présenter les revendications canadiennes en Arctique lors ducongrès annuel de la prestigieuse American Society of International Law à Washington.

Le professeur Alain Roy, spécialiste du droit de la famille et du droit de l’enfant, est entré en fonction le1er juin 1999. Il est chercheur régulier au sein de l’équipe interdisciplinaire Familles en mouvance et dynamiquesintergénérationnelles de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) – Urbanisation, Culture etSociété. Il est également chercheur associé à la Chaire du notariat et au Centre de recherche en droit privé etcomparé du Québec (McGill). De 2005 à 2010, il a assumé la direction de la Revue internationale Enfances,Familles, Générations (EFG).

Doctorat honoris causaL’Université Paul-Cézanne Aix-Marseille III a honoré le professeur Jacques Frémont en lui décernant un doctorathonorifique en mai 2010.

Retour à la FacultéLe professeur Jacques Frémont est de retour à la Faculté après avoir exercé successivement, au cours des cinqdernières années, les fonctions de vice-recteur aux relations extérieures puis celles de provost et vice-recteuraux affaires académiques. Par ailleurs, le professeur Jacques Frémont a été nommé membre d’un panel en vued’identifier les moyens de renforcer l’action préventive de l’Organisation internationale de la Francophonieface aux situations de crise que connait l’espace francophone.

Nouvelle vice-rectrice aux ressourceshumaines et à la planificationLa professeure Anne-Marie Boisvert, ancienne doyenne de la Faculté de droit, occupele nouveau poste de vice-rectrice aux ressources humaines et à la planificationdepuis le 1er juin 2010.

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Le professeur Guy Lefebvre nomméà la East China University of Political Science and LawLe professeur Guy Lefebvre, vice-doyen au développement et aux études supérieuresde la Faculté, a été nommé «professeur invité à vie » de la East China University ofPolitical Science and Law, de Shanghai.

Nouveau tandem à la direction du CRDP :les professeurs Karim Benyekhlef et Stéphane RousseauEn juin dernier, le directeur du Centre de recherche en droit public (CRDP), M. KarimBenyekhlef a été reconduit dans son mandat à la direction pour une durée quatre ans. Leprofesseur Stéphane Rousseau devient pour sa part directeur adjoint du Centre derecherche en droit public (CRDP), pour un mandat de quatre ans.

Départs à la retraiteLa professeure Pauline Roy a pris sa retraite le 31 décembre dernier. Embauchée en1990, cette spécialiste en droit de la consommation a, entre autres, supervisé lesstages au Bureau des services juridiques depuis 1996 auprès de plusieurs organismescommunautaires. La professeure Roy était la responsable de la participation de la Facultéde droit au programme Pro Bono Students Canada (PBSC).

Le professeur José Woehrling a pris sa retraite le 31 mai dernier. Ses activités acadé-miques ont principalement touché le droit constitutionnel canadien et comparé, ledroit international public et le droit de la personne et des minorités. Le professeurWoehrling est codirecteur de l’axe de recherche Droit, institutions et aménagementsdes rapports intercommunautaires (Axe II) au Centre de recherche interdisciplinairesur la diversité au Québec (CRIDAQ).

Le professeur Patrick Molinari a pris sa retraite le 31 août 2010. Professeur spécialisteen droit de la santé, il a consacré une partie de sa carrière à la gestion universitaire. Il aoccupé les postes de directeur du Centre de recherche en droit public, de vice-doyen àla recherche et aux études supérieures, de doyen de la Faculté de droit et de vice-recteurà l’administration de l’Université de Montréal. Il a été reçu membre de la Société royaledu Canada en 2000. Il est membre du conseil de direction du réseau international Droitde la santé de l’Agence universitaire de la francophonie.

Renouvellement de mandat de titulaire

Chaire du notariatLa professeure Brigitte Lefebvre a été nommée titulaire de la Chaire du notariat de l’Université de Montréalpour un troisième mandat d’une durée de trois ans.

Chaire en droit des affaires et du commerce internationalLe professeur Stéphane Rousseau a été nommé titulaire de la Chaire en droit des affaires et du commerceinternational pour un deuxième mandat d’une durée de cinq ans.

Chaire en droit de la sécurité et des affaires électroniquesLe professeur Vincent Gautrais a été nommé titulaire de la Chaire en droit des affaires et de la sécuritéélectronique pour un deuxième mandat d’une durée de cinq ans.

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Professeur invité à l’Académiede droit international de La HayeLe professeur Jeffrey Talpis a été invité à enseigner à l’Académie de droit international de La Haye (Pays-Bas)au cours de l’été 2010. Son cours intitulé «La transmission des biens au décès autrement que par successionen droit international privé » sera publié dans les recueils des cours de l’Académie en 2011.

Des professeurs qui se distinguent

Grand honneur pour la Revue juridique Thémis

La Washington and Lee University School of Law a classé la Revue juridique Thémis au premier rang des revuesfrancophones canadiennes dans son dernier classement bien connu des milieux juridiques. La RJT est parailleurs la seule publication à obtenir la note parfaite de 100 avec les revues des universités de Toronto etde Harvard, qui étaient classées premières dans les catégories canadienne et américaine respectivement.La Faculté de droit souhaite souligner le travail remarquable du directeur de la Revue juridique Thémis, le professeurDidier Lluelles, et de son équipe.

Nomination

Le 10 mars 2010, le Conseil des ministres du Québec a procédé à la nomination du professeur Vincent Gautraisau Comité pour l’harmonisation des systèmes et des normes.

Académie internationale de droit comparé

Le professeur Benoît Moore, titulaire de la Chaire Jean-Louis Baudouin en droit civil, été élu membre de l’Académieinternationale de droit comparé. Fondée à La Haye, l’Académie compte actuellement plus de trois centsmembres, issus de 44 pays différents, élus exclusivement en fonction de leurs contributions académiqueset doctrinales au droit comparé.

Prix d’excellence professorale André-Morel

Le professeur Alain Roy s’est vu remettre le prix d’excellence professorale André-Morel 2010 lors du Gala-AED2010 décerné par l’Association des étudiants et étudiantes de la Faculté de droit de l’Université de Montréal.

Prix 2010 du recteur

Le professeur Stéphane Beaulac a reçu le prix 2010 du recteur pour un récent ouvrage didactique intituléPrécis d’interprétation législative – Méthodologie générale, Charte canadienne et droit international, publiéchez LexisNexis.

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De gauche à droite, Éric-Antoine Ménard,

Nicholas Daudelin, Jonathan Vallières

et Bruno Provencher-Bordeleau

Nos étudiantsPrix Henri Capitant 2010Le prix Henri Capitant 2010 pour le meilleur mémoire de maîtrisea été remis à M. François Senécal pour son mémoire intitulé L’écritélectronique. M. Senécal a rédigé son mémoire sous la directiondu professeur Vincent Gautrais.

Le prix Henri Capitant 2010 pour la meilleure thèse de doctorat aété remis à Mme Sophie Morin pour sa thèse intitulée Le dommagemoral et le préjudice extrapatrimonial. Mme Morin a rédigé sa thèsesous la direction du professeur émérite Adrian Popovici.

Prix UE-Canada pourjeunes journalistes 2010M. Martin Vaugeois, étudiant inscrit à la maîtrise en droit desaffaires a remporté un des trois prix UE-Canada pour jeunesjournalistes 2010. Ce prix est destiné à récompenser chaqueannée un talent ou un potentiel exceptionnel dans le domainedu journalisme parmi les étudiants canadiens. Ce prix vise lerenforcement des liens transatlantiques entre les peuples del’Union européenne et du Canada et à promouvoir la connais-sance de l’Union à travers la nouvelle génération d’étudiants etde journalistes.

Concours de rédaction juridique de laChaire du notariatM. Émery Brunet [LL. B. 2009, D.D.N. 2010] a remporté le2e prix du Concours de rédaction juridique – 1er cycle pour untravail intitulé « Le contexte normatif et le rôle de la norme enmédiation civile et commerciale ».

Concours Laskin : Nicholas Daudelinse mérite la deuxième placeM. Nicholas Daudelin s’est mérité la deuxième place au presti-gieux concours de plaidoirie Laskin. La Faculté souhaite égalementsouligner le travail exemplaire des autres étudiants qui y ontparticipé : MM. Éric-Antoine Ménard, Jonathan Vallières et BrunoProvencher-Bordeleau. Mme Ingride Roy, chargée de cours, lesa encadrés pendant plusieurs mois.

Un Carabin dans laLigue canadienne de footballLe quart-arrière Marc-Olivier Brouillette, étudiant de 3e année,a été sélectionné par les Alouettes et tentera de se tailler uneplace dans l’équipe.

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Dossier

Karim BENYEKHLEF,professeur – directeur duLaboratoire sur la cyberjusticeNicolas VERMEYS,directeur adjoint du Laboratoiresur la cyberjustice

Un laboratoire pour promouvoir

l’accès à la cyberjusticeLes facteurs ayant contribué, à travers les siècles, à corroder le droit d’accès à la justice sont nombreux etcomplexes. Ainsi, toute tentative visant à définir la cause de la désaffection des justiciables envers leurappareil judiciaire serait vaine. Il demeure toutefois que certains facteurs bien identifiés reviennent couram-ment tant dans la littérature sur le sujet que dans les propos des principaux acteurs du milieu juridique. Eneffet, en juin 2009, lors du colloque «Révolutionner la justice» organisé par l’Observatoire du droit à la justiceet le Centre de recherche en droit public, les juges Guy Gagnon et François Rolland, alors respectivementjuge en chef de la Cour du Québec et de la Cour supérieure, soulignaient tour à tour ce qu’ils considéraientêtre deux des principaux obstacles à l’accès à la justice : les coûts excessifs et des délais indus du système.

Or, ce portrait peu reluisant de notre système judiciaire n’a rien de nouveau. Comme le souligne JacquesKrynen dans L’empire du roi, « [a]u XVe siècle, Jean Juvénal des Ursins, archevêque de Reims, adresse àCharles VII de longues remontrances. Il se plaint d’une justice trop coûteuse, trop longue et embrouillée ».L’auteur poursuit en précisant qu’on se désole déjà, en 1413, du fait que « les causes sont commeimmortelles ». Mais si Charles VII pouvait prétendre que le système judiciaire du XVe siècle n’était que lereflet des temps – la signification de procédures était, après tout, tributaire de la disponibilité de cavaliers– les législateurs contemporains ne peuvent utiliser cette même excuse. En effet, si les solutions auxcoûts et délais associés à la gestion des dossiers judiciaires étaient limitées à l’époque de Charles VII,il existe aujourd’hui de multiples avancées technologiques dont peut profiter l’appareil judiciaire afind’augmenter l’efficience du processus.

Le dépôt électronique de procédures, la télécomparution et les systèmes intégrés d’information dejustice ne constituent qu’un échantillon des technologies qui, à divers égards, ont eu des incidencesbénéfiques sur les coûts et délais associés au processus judiciaire dans divers États à travers le monde.Ceci n’implique pas, par ailleurs, que la technologie constitue un remède miracle qui saura guérir tousles maux de l’appareil judiciaire. Il ne s’agit pas de faire l’apologie d’une approche monolithique visantà une migration du processus vers l’informatique pour éliminer complètement le recours au papier,ainsi que toute interaction physique. Il demeure toutefois qu’une utilisation sélective et réfléchie desolutions technologiques innovatrices peut entraîner des bénéfices réels pour l’appareil judiciaire engénéral et pour les justiciables en particulier.

D’ailleurs, de nombreux États comme l’Australie, les États-Unis et la Colombie-Britannique, ont sudévelopper et implanter des solutions technologiques éprouvées afin de limiter les délais liés auprocessus judiciaire et, par le fait même, d’en réduire les coûts pour les justiciables. Une tellemodélisation du processus judiciaire, si elle offre des avantages indéniables, ne constitue toutefoisqu’une première étape dans l’exploitation du potentiel offert par les technologies de l’information. Eneffet, les changements législatifs nécessaires afin de permettre l’informatisation et la mise en réseaude l’appareil judiciaire constituent une rare occasion de remettre en question certains de ces précepteset, par le fait même, de délaisser certains rituels dépassés et certaines pratiques désuètes. Comme lerappelait Hubert Reid dans son Rapport d’évaluation de la Loi portant réforme du code de procédurecivile, « [l]e Code de procédure civile a subi de très nombreuses modifications depuis sa création maisla philosophie sur laquelle il est fondé n’a pas évoluée fondamentalement au cours des ans ». Or, c’estcette philosophie qu’il nous faut revoir et reconstruire si nous désirons avoir une influence positive surle droit d’accès à la justice.

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Afin de servir de terre d’accueil à ces réflexions, le Centre de recherche en droit public procédera, cet automne,à l’inauguration du Laboratoire sur la cyberjustice. Cette infrastructure de recherche unique au monde seracomposée d’un laboratoire informatique où pourront être développées les technologies judiciaires de demain,ainsi que d’une salle d’audience à la fine pointe de la technologie où les incidences de ces solutions logiciellesseront analysées. Plus concrètement, le Laboratoire sur la cyberjustice constituera un environnement derecherche et de formation où les principaux acteurs du milieu judiciaire (justiciables, juges, avocats, adminis-trateurs judiciaires, etc.) seront confrontés à certaines technologies d’avenir afin d’identifier les incidences deces technologies sur notre rapport avec le droit en général et le processus judiciaire en particulier.

Ainsi, si la complexité des règles de procédure actuelles, ainsi que les coûts et délais afférents au processusjudiciaire sont souvent perçus comme des obstacles insurmontables pour les justiciables, les travaux duLaboratoire permettront d’identifier de nouvelles méthodes visant à contourner ces obstacles au moyen destechnologies de l’information. En d’autres mots, ces travaux permettront d’identifier quelles solutions techno-logiques auront des incidences positives et quantifiables sur l’accès à la justice. Cependant, il importe de serappeler que la technologie n’est pas neutre ; elle encourage certains comportements et en interdit d’autrespar sa simple configuration. Ainsi, toute tentative de mise en réseau ou d’informatisation du processus judi-ciaire devra faire l’objet d’analyses multidisciplinaires (sociologiques, psychologiques, anthropologiques, etc.)afin d’en saisir les implications réelles pour les justiciables au-delà des avantages économiques envisagéspour l’État.

Le Laboratoire sur la cyberjustice en un clin d’œil :

Un environnement propice à la recherche et à la formation en matière de cyberjustice

Une salle d’audience à la fine pointe de la technologie :• Postes informatiques interactifs pour les juges et les procureurs• Réseau intranet pour le partage de procédures et d’éléments de preuve• Écrans tactiles de type « smartboard »• Caméras numériques permettant l’enregistrement des procès• Possibilité de consulter les enregistrements en temps réel• Système de téléprésence pour permettre la tenue de procès à distance• Évaluation de technologies innovatrices telles la technologie holographique et la réalité virtuelle.

Un laboratoire de recherche pour la création de logiciels juridiques :• Postes informatiques pour la création de logiciels innovateurs visant la réingénierie

du processus judiciaire• Environnement isolé pour l’observation de procès à des fins scientifiques• Régie permettant le contrôle des activités de la salle d’audience• Poste de montage audio-visuel• Salle de serveurs permettant l’entreposage des données et métadonnées liées aux procès.

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Dossier

LES MODES ALTERNATIFS DE RÈGLEMENT

DES CONFLITS : NOUVELLE CONCEPTIONDE LA JUSTICE CIVILEModes appropriés, justice participative, modes extrajudiciaires, solutions de rechange, ADR1, PRD2, MARC : lesmodes alternatifs de règlement des conflits reçoivent de nombreuses appellations. Processus consensuels,informels, communicationnels, confidentiels et volontaires, ils reposent, pour la plupart, sur l’intercompré-hension. C’est vrai de la médiation, de la conciliation, de la négociation raisonnée, du droit collaboratif.

Ils font appel à d’autres ordres normatifs que le droit, sans pour autant nécessairement l’exclure : l’équité, lesusages, le bon sens, l’honneur, le respect, qui composent ce qu’on appelle le «droit vivant ». On nage en pleinpluralisme juridique. Ils proposent le règlement d’un conflit à partir de normes subjectives plus personna-lisées et qui s’opposent à la froideur objective de la règle de droit, générale et impersonnelle. Les gens quivivent des conflits veulent désormais des solutions sur mesure, qui leur conviennent, qu’ils comprennent etdont ils ont le contrôle.

Pierre-Claude Lafond,

professeur

ADRPRDMARC

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Le plus grand avantage de la justice participative est en effet de permette aux parties de se réapproprier la gestion de leur conflitet le style de cette gestion. On parle ainsi d’empowerment. Le modèle de l’affrontement judiciaire ne convient pas à tout le monde.Il cède de plus en plus sa place à la collaboration avec l’autre dans le but commun de trouver une solution au conflit. L’éthique desollicitude succède à l’éthique des droits, comme le soumet la psychologue américaine Carol Gilligan3.

L’autre bénéfice est le rétablissement de la communication. La principale cause des conflits demeure la rupture des relations entreles parties ou, du moins, une rupture de ton. Nombreux sont les dossiers où celles-ci ne se sont plus parlé depuis l’éclatementdu conflit et procèdent par l’intermédiaire de leurs avocats. Le but des modes alternatifs est de rétablir cette communication.Les parties sont amenées à s’écouter, à se parler, à se comprendre. C’est la raison pour laquelle certains parlent de « justicecompréhensive ». Comme l’écrit Kitamura4, c’est en faisant partager la douleur de l’autre qu’elle apaise les rancœurs.

L’expression des émotions et des intérêts révèle alors toute son importance car elle permet de faire ressortir les raisons véritablesdu conflit, que la métaphore de la portion de l’iceberg cachée sous l’eau représente admirablement. Ces intérêts et ces émotionsne sont pas l’apanage des conflits conjugaux ou familiaux. Ils font également sentir leur présence dans les relations d’affaires oud’association.

L’approche «gagnant/gagnant » sur laquelle reposent les MARC, où chaque partie sort du processus avec le sentiment d’avoir concluune entente qui la satisfait, les éloigne des frustrations d’un jugement dans lequel on trouve forcément un perdant. Pas étonnantdans ces conditions que le taux de satisfaction des personnes qui les ont utilisés se veut très élevé.

Même les tribunaux ont commencé à les intégrer à leurs façons de faire, sous la forme des conférences de règlement à l’amiable,désormais codifiées aux articles 151.14 à 151.23 du Code de procédure civile. Instauré en 1998 par Mme Louise Otis, alors juge àla Cour d’appel du Québec, ce mouvement en faveur de la conciliation judiciaire a rejoint tous les tribunaux judiciaires québécoiset de nombreux tribunaux administratifs, y compris le TAQ. Que des juges acceptent de s’asseoir avec les parties et de mettre ledroit de côté pour régler le litige revêt un air de petite révolution.

Pour être complète, cette révolution doit aussi se faire sentir chez les avocats. Pendant que le Barreau se préoccupe de plus enplus de justice participative et que les avocats et les notaires s’inscrivent annuellement à de nombreuses formations en la matière,les pratiques changent. Le modèle du new lawyer, décrit par Julie Macfarlane dans son récent ouvrage5, occupe une placegrandissante : l’avocat d’aujourd’hui ne considère plus le procès comme la voie unique et prend conscience de son rôle denégociateur et de spécialiste en règlement de conflits. Il collabore avec son client qui entend participer et conserver le contrôle desdécisions. Dans le contexte où, en moyenne, à peine 5% des actions en justice se rendent à procès, il y a lieu de repositionner lanégociation au centre du processus.

L’avenir des modes alternatifs n’a pas fini de nous surprendre. Applicables dans tous les domaines du droit, même le recourscollectif peut en tirer profit. La négociation raisonnée, la médiation et la conciliation judiciaire peuvent très bien s’adapter dans uncontexte collectif. Dans certains milieux, on commence également à parler d’arbitrage interactif et d’arbitrage collectif.

L’avenir n’appartient pas aux modes alternatifs. Ceux-ci occupent déjà le présent.

1 «Alternative dispute resolution »

2 «Prévention et règlement des différents »

3 Carol GILLIGAN, In a Different Voice: Psychological Theory and Women’s Development, Cambridge, (Mass.), Harvard University Press, 1993,

p. 61-63, 136-138, 164 et suiv.

4 Ichiro KITAMURA, « L’avenir de la “justice conciliationnelle” », dans L’avenir du droit – Mélanges en hommage à François Terré, Paris,

Dalloz/P.U.F./Éditions du Juris-classeur, 1999, p. 801, à la page 808.

5 Julie MACFARLANE, The New Lawyer: How Settlement is Transforming the Practice of Law, Vancouver, UBC Press, 2008.

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Dossier

L’Observatoire du droità la justice

L’accès à la justice garantit au sein de l’État de droit ce quele droit de vote garantit au sein des démocraties. Il ne peut yavoir, sur cette échelle, de demi-principe : la justice est acces-sible ou elle ne l’est pas. On sait cependant que la réalité esttout différente.

C’est le projet de l’Observatoire du droit à la justice d’explo-rer les voies contemporaines de la justice. Depuis sa création,en 2005, l’Observatoire est animé par une équipe composéede chercheurs et de professionnels issus de tous les horizonsdu droit. Il est soutenu par le Centre de recherche en droitpublic et la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Sestravaux visent à la fois à documenter empiriquement lasituation de la justice au Québec, à réfléchir sur les principesgénéraux qui sous-tendent le droit à la justice et à proposerdes solutions viables et efficaces au problème contemporainde l’accès à la justice, tous ses travaux étant menés dans uneperspective centrée sur le citoyen.

Les travaux de l’Observatoire portent sur tous les problèmesque connaît la justice contemporaine. On se plaît régulière-ment à rappeler que l’institution judiciaire est le dernierrempart contre l’arbitraire et l’inégalité sociale. Il s’agit del’un des seuls lieux où les inégalités sociales ne doivent faireaucune différence. C’est le principe de l’égalité juridique. Maisencore faut-il que le système judiciaire ne devienne pas lerelais de ces inégalités. Encore faut-il que chacun sache, veuilleet puisse s’y présenter et y faire valoir sa position. Ici lesdéfis sont immenses. Près de 80 % des citoyens considèrentaujourd’hui ne pas avoir les moyens de faire valoir leursdroits devant les tribunaux et chaque sondage révèle que laconfiance que les citoyens investissent dans leur système dejustice dépasse rarement les 50 %. Il ne s’agit pas d’unproblème nouveau. Molière, en son temps, se plaignait déjàdu fait que la justice avait un coût trop élevé. La méfiancevis-à-vis des juristes était déjà, à l’époque, généralisée. Cettesituation est-elle inévitable, et si elle ne l’est pas, commenty remédier ?

La confiance du public dans le système de justice tient àtrois composantes : le sentiment de compétence des justi-ciables vis-à-vis le monde de la justice (savoir s’y retrouver),la légitimité publique du système et de ses acteurs (vouloirs’y présenter sachant que « justice sera rendue ») et les condi-tions concrètes d’accès au système (pouvoir s’y présenter ous’y faire représenter). Or, ces mêmes dimensions sont large-ment fonction d’autres facteurs sociaux, comme le niveau descolarité et de revenu des citoyens, leur âge et leur origineculturelle. Il s’ensuit qu’en matière civile, le portrait-robot dujusticiable est celui d’un homme dans la force de l’âge,résidant en milieu urbain, né au Québec, bénéficiant d’unrevenu élevé et représentant une société commerciale…Ce profil laisse évidemment en marge la vaste majoritédes citoyens.

La confiance des citoyens dans le système judiciaire estd’abord fonction de leur compréhension du système et deleur connaissance du droit. Rendre accessible la justice, c’estd’abord élargir l’espace des communications entre le mondedu droit et celui des sujets de droit. C’est en effet un para-doxe étrange que de constater le sentiment d’incompétencequ’entretiennent tant de citoyens vis-à-vis du droit, dans cesÉtats où nul n’est censé ignorer la loi. Pourtant, les chiffresparlent d’eux-mêmes : seulement 48 % des citoyens considè-rent bien connaître les lois qui régissent leur vie quotidienne,36 % seulement affirment bien comprendre notre systèmejudiciaire. 79 % des Québécois considèrent les lois illisibles.La légitimité du système est elle-même périodiquementremise en cause et seule une approche pédagogique de lajustice peut venir à bout du scepticisme des justiciables. Onreproche aujourd’hui à l’institution judiciaire de favoriser lescitoyens les plus riches (85 %), de désavantager les commu-nautés culturelles (42 %), d’être trop associée aux pouvoirspolitiques (39 %). Au total, près des deux tiers des citoyensremettent en question la réalité du principe d’égalité juridique(61%). Quant aux conditions d’accès aux tribunaux, on désignetour à tour les coûts de la justice (79 %), le sentiment de

Pierre Noreau, professeur

à la Faculté de droit et président de

l’Observatoire du droit à la justice

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perte de contrôle des situations (60 %), les délais (76 %), lecaractère inextricable de la structure juridictionnelle (70 %),et, de façon encore plus sensible, le caractère inhospitalierdes tribunaux (80 %).

Il ne s’agit évidemment pas ici de simples erreurs de percep-tion. De nombreuses études révèlent en effet que ces griefssont encore plus sévères chez les citoyens bénéficiant d’unevéritable expérience judiciaire que chez les autres, mêmedans l’esprit de ceux qui considèrent avoir gagné leur cause.De bouche à oreille, ces constats conduisent, depuis 20 ans,à une désaffection graduelle des tribunaux et cette tendanceest également observable à la Cour des petites créances.

L’Observatoire considère qu’il n’y a pas de fatalité dans cestendances lourdes, et que plusieurs solutions peuvent êtreenvisagées immédiatement. Ces changements doivent cepen-dant respecter certaines caractéristiques. Ils doivent d’abordêtre envisagés en fonction des besoins des citoyens plutôtqu’en fonction de ceux des praticiens. Toute transformation dusystème judiciaire doit par ailleurs se faire dans une perspec-tive empirique, c’est-à-dire centrée sur la réalité quotidiennedes tribunaux et des justiciables. Ces changements doiventêtre envisagés dans le cadre de projets-pilotes concrets,balisés, et faire l’objet d’un large consensus au sein desmembres de la communauté juridique du district judiciaire

visé. Finalement, le suivi systématique de ces projets doitêtre assuré dans le cadre d’une étude indépendante, et uneévaluation systématique doit être faite des résultats et desconditions de succès de chaque projet. C’est la méthode detravail que privilégie l’Observatoire. Développée dans le cadredu projet-pilote sur la gestion d’instance réalisé dans le districtde Longueuil, elle pourra être reprise dans le cadre desnombreux autres projets de l’Observatoire, dont le recours àl’expertise unique en matière civile, l’établissement de centresde justice de proximité, le développement de tribunaux spé-cialisés en matière criminelle et pénale, la coopération entrela Cour supérieure et la Cour du Québec en matière familialeet jeunesse, et l’expérimentation de nouvelles modalités detarification professionnelle.

Évidemment, tous ces projets peuvent être menés au couppar coup, mais l’Observatoire du droit à la justice suggère uneavenue plus ambitieuse encore. La société québécoise doitreconnaître aujourd’hui que sa justice est en panne, qu’elleest en manque d’orientations nouvelles. À quand donc, unnouveau Livre Blanc pour la justice ? Il s’agit d’une questionqui, une fois lancée, ne peut trouver de réponse que dans lavolonté des citoyens, des praticiens et des décideurs politi-ques. C’est ainsi qu’on tournera la page d’un nouveau chapitredu livre de la justice au Québec.

Mme Catherine Piché, M. Marc-André Patoine, Mme Huguette St-Louis, M. Pierre Noreau et M. Jacques Lachapelle

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Dossier

Le rapprochement des ordres juridiques par l’accès

à la justice arbitrale internationale

J’aimerais aborder ici la problématique de l’accès à la justice dansle commerce international, notamment les raisons de la faveuraccordée par les marchands, à ce titre, à l’arbitrage international.L’arbitrage peut être défini comme l’institution par laquelle unetierce personne (l’arbitre) règle le différend qui oppose deux ouplusieurs parties en exerçant la mission juridictionnelle qui lui aété confiée par celles-ci. Sa dimension internationale est souventinduite par la nationalité des parties ou par le caractère trans-frontalier de la relation concernée. Les affaires internationalesconnaissent une complexité et une ampleur des intérêts en jeu,des difficultés au plan culturel et de la diversité des systèmesjuridiques. Dans ce contexte, quel mode de règlement de litigesfaut-il choisir pour pérenniser les relations d’affaires ? Par leuraccès à la justice arbitrale internationale, la faveur que les mar-chands accordent ainsi à ce mode de règlement des litiges peutêtre expliquée par sa capacité intrinsèque à rapprocher lesordres juridiques étatiques qui diffèrent entre eux. Comment cerapprochement est-il réalisé?

Les différences de culture et de système juridique qui ont étésoulignées comme obstacles traduisent la méfiance réciproqueque chacune des parties au litige entretiendrait à l’endroit desjuridictions nationales de son vis-à-vis. À ce titre, la raison princi-pale qui incite les marchands transnationaux à préférer l’arbitrageinternational est donc claire : ce mécanisme, par sa neutralité,constitue un véritable vecteur de rapprochement des ordres juri-diques étatiques respectifs des parties. En effet, l’arbitrage offreaux parties la possibilité de choisir librement un arbitre et un lieude l’arbitrage neutres, mais aussi une institution arbitrale indépen-dante de toute allégeance étatique. À ces éléments, on peutajouter le particularisme des techniques de détermination du droitapplicable devant l’arbitre international et qui sont égalementdes techniques de rapprochement par coordination des ordresjuridiques en conflit.

La coordination dans la détermination du droit applicable donneà l’arbitre une liberté, en l’absence de volonté contraire desparties, de choisir les règles de droit appropriées à la procédure(dans le respect des principes directeurs du procès) ou au fonddu litige. À ce titre, l’arbitre peut choisir directement de tellesrègles substantielles, soit la lex mercatoria (droit marchand générépar la pratique des entreprises) ou des règles dites « transna-tionales » issues du droit comparé et exprimant le tronc commundes valeurs juridiques partagées par les parties au litige.Néanmoins, cette démarche souple peut être remplacée parune technique plus rigoureuse mais neutre et compatible avecl’argument de rapprochement des ordres juridiques. C’estl’utilisation des règles de conflits de lois propres à chaque droit

international privé étatique. En les appliquant cumulativement,c’est-à-dire sans discrimination, les règles de conflits de lois detous les systèmes étatiques intéressés au litige, le résultat auquell’arbitre aboutit peut être considéré comme un facteur neutrede rapprochement. C’est la même chose lorsque l’arbitre utiliseune règle de conflit de lois universelle tirée d’une conventioninternationale caractérisée par une adhésion massive des États.En définitive, le large accès à la justice arbitrale dans lecommerce international est rattaché à la capacité des arbitres àmesurer et à confronter subtilement les cultures et systèmesjuridiques différents dans une optique de rapprochement. Cetteperspective est au cœur de mes recherches scientifiques.

Emmanuel Darankoum,

professeur

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L’ÉQUITÉ DES RÈGLEMENTSHORS COUR EN MATIÈREDE RECOURS COLLECTIFRécemment, la Cour supérieure du Québec a approuvé un règle-ment hors cour dans le recours collectif lié aux appareils deloterie vidéo, reconnaissant par le fait même que ces appareilsne sont pas la cause du jeu pathologique. Que penser de l’issuede ce recours qui a fait les manchettes à plus d’une reprise ? Lerèglement est-il juste, raisonnable et équitable pour l’ensembledes membres du groupe de joueurs compulsifs ? C’est par l’affir-mative que la Cour a répondu à cette question.

C’est donc en fonction d’un critère d’équité que la Cour a déter-miné si le règlement proposé peut être approuvé et rendu effectif.Ce critère est étayé par une liste non exhaustive de facteurs plutôtvagues et répétitifs, lesquels rendent la décision d’approuver lerèglement projeté hautement incertaine et subjective.

En fait, le règlement collectif pose des problèmes particuliers,distincts de ceux des litiges traditionnels, liés à la nature et aucontexte spécifique de la procédure collective, aux rouages dela négociation de règlement et au rôle du juge approuvant cedernier. De fait, à l’étape de la proposition de règlement, seul unfaible pourcentage des justiciables qui seront ultimement indem-nisés par le recours est connu et visible. Une minorité de membresdu groupe représente une large majorité de centaines, de milliersvoire de millions de membres inconnus ou absents. Le jugementfinal qui approuve le règlement proposé, lui, liera tout membrequi ne s’est pas exclu du groupe.

Alors comment faire pour obtenir une justice collective équitable ?Il faut, d’abord et avant tout, se préoccuper de protéger adé-quatement les membres du groupe. Ce devoir de protections’exercera principalement à l’étape de l’approbation par un jugede la convention proposée. Or, en pratique, on remarque quepresque toutes ces conventions sont approuvées, quasi-auto-matiquement, parfois avec seulement quelques modifications.C’est peut-être parce qu’il existe une préférence jugée d’intérêtpublic pour le règlement des litiges, applicable au contexte derecours collectif. C’est peut-être aussi à cause du contexte noncontradictoire de l’audience d’approbation, où tous sont d’accordavec le contenu du document proposé.

Comment s’assurer que le recours collectif demeure, dans cecontexte, un instrument procédural de transformation sociale,et surtout, d’accès à la justice ? Quel type de réforme législative etjudiciaire permettra d’assurer l’équité procédurale et substantivedes règlements collectifs ? D’abord, il faudra revoir le critèreactuel en fonction du double standard d’équité procédurale etsubstantive, et du respect des objectifs du recours collectif quisont, outre l’accès à la justice, l’économie des ressources judiciaireset la dissuasion des comportements fautifs. Ensuite, il faudraaffirmer le nouveau rôle du juge dans ce contexte : actif et inqui-siteur, protecteur des intérêts des membres absents et du public.Il faudra aussi encadrer ce rôle de lignes directrices procédu-rales complètes. Enfin, il faudra s’assurer que les justiciablescroient réellement que l’équité procédurale a été respectée, cequi pourra notamment être fait en encourageant les juges àmieux motiver leurs décisions d’approbation. C’est ainsi qu’avecce sentiment de plus grande justice naîtra un regain de confiancedes justiciables en leur système.

Catherine Piché, professeure

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Dossier

Marie-Claude Rigaud,

professeure

L’accès à la justicepar une approche transnationale

Les mots « accès à la justice » évoquent pour plusieurs des considérations d’ordrepratique fût-ce de temps, de coûts ou de modalités d’accès telles que l’arbitrage, lanégociation, la médiation ou le recours aux tribunaux étatiques. Ce faisant, plusieursoublient de se pencher sur la question du sens à donner au mot « justice ». Dans unerécente contribution intitulée « L’accès à la justice, l’affaire de chacun »1, l’honorableMarie Deschamps nous invite à repenser la signification à donner au mot « justice »proposant, entre autres, que ce qui doit être recherché, c’est une justice qui répond ànos besoins.

Dans l’arène internationale, l’arbitre est devenu le juge « naturel » des acteurs ducommerce. Le succès notoire que connaît l’arbitrage commercial international se constateaussi bien de manière verticale, par l’augmentation du nombre de dossiers soumis auxdiverses institutions d’arbitrage, que de manière latérale, par la diversification desutilisateurs y ayant recours. En effet aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les partiesprivées, mais aussi les États ainsi que les agences gouvernementales et non gouver-nementales qui y font appel pour régler leurs conflits. Ces acteurs y recherchent uneforme de justice qui se vit et s’administre « autrement ».

Grâce à la liberté reconnue aux parties et aux arbitres de choisir les règles qui gouvernentle fond et la procédure, la justice arbitrale répond à sa fonction, devenue aujourd’huihistorique, d’être à l’écoute des besoins de ses utilisateurs. La très riche diversité dessources que propose l’univers arbitral, qu’il s’agisse des règles d’origine publique ouprivée, aurait pu devenir une cause d’insécurité juridique pouvant nuire à l’efficacité del’arbitrage commercial international à titre d’outil de justice. Or, l’arbitrage, soucieux derépondre aux besoins de prévisibilité, de neutralité, mais aussi de flexibilité de sesutilisateurs a su, lui aussi, ajuster ses pendules à l’heure de la convergence. Dès lors queles arbitres acceptent de s’engager dans un processus de droit comparé permettantde dégager des convergences et de trouver des solutions qui répondent aux besoinsdes utilisateurs, des réponses véritablement transnationales, applicables au fond et àla procédure, deviennent possibles. Ces solutions ne sont pas la simple expression d’unrapprochement, mais bien d’un véritable syncrétisme juridique rendu possible par laprimauté de l’autonomie des parties et des arbitres pour régler la procédure, autonomieet discrétion qui, comme on le sait, permettent entre autres que soient dépassés lesclivages entre les divers systèmes nationaux.

L’univers de demain devra continuer de faire face à une panoplie de défis transnatio-naux, dont celui de contrer les effets dévastateurs de la pollution et du terrorisme. Lesgrandes entreprises commerciales, ainsi que les nombreux réseaux de petites etmoyennes entreprises auront un rôle important à jouer dans cet univers qui connaîtdéjà d’importantes mutations. L’arbitrage, à titre d’outil d’accès à une justice transna-tionale, fait lui aussi face au défi, toujours réinventé, de s’adapter aux nouvelles réalitésqui le confrontent. Ce faisant, il n’aura d’autre choix, son avenir étant comme à touteautre époque de son évolution intimement lié à sa capacité de répondre aux besoinsde ses utilisateurs, que de poursuivre sa quête de transnationalisation.

1 Marie Deschamps, « L’accès à la justice, l’affaire de chacun », (2009) 50

Les Cahiers de Droit 247.

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L’arbitremédiateur,cet inconnu !Dans les villages d’antan, les fonctions de juge et de médiateur se confondaient. Il a fallu des siècles au mondeoccidental pour les séparer au nom de la sécurité juridique. Aujourd’hui, parties, arbitres, médiateurs etlégislateurs s’affairent à les confondre de nouveau dans un processus qui permet à l’arbitre de concilier lesparties dans un but d’efficience économique. Ils rejoignent ainsi la majorité des pays du monde qui n’ontjamais réellement distingué les deux procédés.

La pratique a de fait développé des modes hybrides dits med-arb et arb-med. Il s’agit de processus où la mêmepersonne est autorisée par les parties à agir tantôt comme négociateur ou conciliateur et tantôt commearbitre, dans l’ordre et selon les modalités qu’elle choisit, afin que le litige se termine par un accord amiableou, à défaut, par une sentence arbitrale.

Le médiateur n’est pas un agent neutre. C’est un professionnel de la communication qui est partie prenanteaux négociations entre les parties. Il doit leur proposer des solutions et les amener à consentir des concessions.Il doit aussi préserver et parfois rétablir leurs relations endommagées. L’outil le plus performant du médiateurest la faculté de travailler avec les parties en ex parte. Il peut ainsi connaître les secrets d’une partie, sonderses intentions, écouter ses doléances et utiliser cette information sans avoir nécessairement à la divulguer àl’autre. La médiation tolère une certaine dose de «manipulation éclairée ».

Nabil N. Antaki,

professeur invité

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L’arbitre est par contre un agent neutre et impartial. Il appliquedes règles de procédure et des normes juridiques pour jugerles actions passées des parties dans le but de trouver desgagnants et des perdants, même si le plus souvent toutesles parties finissent par perdre quelque chose ! À l’inversede la médiation, la transparence absolue du processus entreles parties est un fondement de l’arbitrage. Toute rencontreex parte le moindrement significative entre l’arbitre et unepartie compromet irrémédiablement la procédure.

Pour les puristes, les processus de médiation et d’arbitragesont antinomiques et inconciliables. L’arbitre médiateur seraitdoublement handicapé. Pour préserver sa neutralité et sonimpartialité, il doit renoncer, lorsqu’il concilie les parties, àutiliser des outils performants de la médiation et il doits’assurer, lorsqu’il arbitre, que son esprit n’est pas pollué pardes informations non vérifiées ou la frustration d’avoir échouésa négociation.

Les difficultés de la procédure hybride sont réelles mais cemode mixte peut être très performant si la convention l’éta-blissant est bien rédigée et que l’arbitre maitrise ses deuxcomposantes.

Les aménagements contractuels permettant de contenir lesrisques de dérapage sont divers et nombreux. Il est possible,par exemple, de procéder par arbitrage pour la preuve dudommage et par médiation pour la détermination de lacompensation, des modalités de paiement ou l’aménage-ment de relations futures.

L’accès de l’arbitre à des informations privilégiées et l’utili-sation qu’il peut en faire sont les points les plus délicats dela procédure. Certains interdisent l’utilisation des caucus,d’autres prévoient trois arbitres dont un ou deux demeurentneutres pour écouter éventuellement la preuve et rédiger lasentence. Dans tous les cas, il est essentiel que les partiesrenoncent explicitement à tout recours pour le motif quel’arbitre aurait eu des rencontres ex parte ou aurait utilisédes informations non partagées.

L’arbitrage est un contrat. Les tribunaux reconnaissent explici-tement les modes hybrides et valident la procédure choisiepar les parties même lorsque celle-ci permet à l’arbitre denégocier le projet de la sentence avec chacune d’elles sépa-rément. De nombreuses législations aussi, même canadien-nes, autorisent les parties à charger l’arbitre d’une missionde conciliation.

Une forme d’arbitrage hybride informelle est pratiquée defaçon courante dans les pays de culture communautaire pourqui la préservation des liens harmonieux entre les parties estune valeur sociale plus importante que la pureté du processus.C’est le cas en Chine, au Japon et partout ailleurs en Asie, enAfrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine. L’exemplesuivant raconte un de ces arbitrages.

Un pays Arabe a confié à un entrepreneur allemand la cons-truction d’une autoroute mais a interrompu les paiements àla suite d’un différend. L’entrepreneur a alors mis en œuvrel’arbitrage prévu au contrat. L’État était représenté par unavocat de son contentieux qui a désigné son prédécesseurcomme coarbitre. L’entrepreneur était représenté par un cabi-net allemand qui a désigné un juriste italien comme deuxièmecoarbitre. Les deux coarbitres ont désigné un arabophonepratiquant à l’étranger pour présider l’arbitrage.

La partie défenderesse a utilisé tous les moyens légaux pourretarder le dénouement. « Son » arbitre agissait en « toutetransparence » comme s’il était son représentant. La partiedemanderesse, son avocat et le coarbitre nommé par elle nese sont jamais objectés à ce manque d’impartialité.

La preuve s’est déroulée selon les règles de l’art et a étésuivie par une très laborieuse et longue délibération qui s’estterminée par un projet de sentence unanime et sans com-plaisance. Toutefois, au moment de signer la sentence, lecoarbitre du défendeur a demandé l’ajournement. Il étaitévident pour tous qu’il avait besoin de consulter « son client ».Le second coarbitre ne s’est pas objecté et le président s’estabstenu de tout commentaire. À la reprise, le coarbitre de ladéfenderesse a informé le tribunal que celle-ci accepterait lasentence si le montant de la condamnation était réduit de20 % et si aucun montant n’était accordé à titre d’intérêt entant que tel. L’autre coarbitre a alors dit en souriant qu’ilvoudrait « réfléchir » lui aussi. À la reprise de la séance il adéclaré que l’entrepreneur serait satisfait si le montantaccordé était réduit de 10 % seulement et ne s’opposait pasà ce que les intérêts soient qualifiés autrement. Le « marché »était conclu. La sentence a été unanime. Le président esttoujours demeuré neutre, indépendant et impartial pour pro-téger la procédure. La défenderesse a payé et l’entrepreneurétait ravi.

Dans ce cas particulier, la médiation était impossible etl’arbitrage traditionnel aurait fini devant les tribunaux. Laprocédure hybride a réussi !

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Le LaboratoireLexUM devient

LexUMinc.Le 1er avril 2010, le professeur Daniel Poulin et neuf professionnels de recherche de la Faculté se portaientacquéreurs du laboratoire LexUM, soit l’entreprise d’informatique juridique que leurs travaux de rechercheavaient développée. Cette transaction, fructueuse pour tous, marquait l’aboutissement naturel d’un projet né audébut des années 90. Ainsi, le laboratoire universitaire se métamorphosait en une entreprise privée regroupantplus d’une trentaine de professionnels et de techniciens. Les circonstances dans lesquelles la nouvelleentreprise démarrait étaient particulièrement favorables puisque le jour même où elle quittait les cadres del’Université, elle signait une entente à long terme avec les représentants des barreaux canadiens pour ledéveloppement et l’opération du site juridique bien connu CanLII.

Le nouveau cadre d’affaires dans lequel évoluera LexUM inc. lui permettra de mieux mettre à profit son expertiseet son savoir-faire afin de servir la communauté juridique. Par ailleurs, les activités de recherche qui se déroulaientau sein du Laboratoire LexUM se poursuivent dorénavant dans le cadre de la Chaire en information juridiquequi est intégrée à la Faculté de droit, et dont le professeur Poulin assume la direction. La capitalisation de laChaire résulte en grande partie des fruits de la transaction intervenue entre l’Université et LexUM inc.

Le premier « spin-off » de la Faculté tire son origine de la mise sur pied d’une équipe de recherche par leprofesseur Poulin en 1993. Peu après son embauche, celui-ci obtient une subvention de 3000$ du directeurdu CRDP afin de recruter un étudiant du Département d’informatique. Très rapidement, un site Internetdonnant notamment un accès gratuit aux décisions de la Cour suprême est mis en ligne. Les utilisateurs nese font évidemment pas attendre. L’accès libre au droit devient alors une réalité au Canada. Cette réalisationconstituait à l’époque une des innovations majeures dont le rayonnement s’étendait bien au-delà des frontièrescanadiennes. Au surplus, pendant les 16 années qui allaient suivre, le Laboratoire LexUM devait constituerle foyer principal de l’accès libre au droit au Canada.

Les travaux de l’équipe du LexUM l’amènent, en 1999, à concevoir un site permettant un accès gratuit à toutle droit canadien en un seul lieu. Cette innovation technologique répond aux besoins des barreaux canadiensqui souhaitent réduire leur dépendance face à l’édition juridique commerciale, en particulier en ce qui a traità l’accès au droit étatique. À l’été 2000, les barreaux et le Laboratoire LexUM s’entendent pour développerensemble un portail du droit canadien : CanLII. En 10 ans, le modeste projet est devenu une institution d’unegrande importance pour les juristes canadiens.

La collaboration entre CanLII et LexUM a franchi une nouvelle étape qui leur permettra de servir encoremieux la communauté juridique canadienne. Quant à la Faculté de droit, elle bénéficie aussi des retombéesde la mutation du Laboratoire LexUM. La «Chaire de recherche en information juridique » de la Faculté dedroit y poursuit aujourd’hui le développement de projets dans un domaine de recherche dont le dynamismea toujours caractérisé la Faculté.

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Recherche

L’Arctiqueen pleine mutationLa glace, pérenne, impénétrable, a toujours été une alliée du Canada, protégeant le Grand Nord de laconvoitise des étrangers. Mais cette glace fond à un rythme alarmant, faisant soudainement de l’Arctique,avec ses importantes richesses naturelles et ses nouvelles voies de communication, une région stratégiquedans les affaires mondiales.

Ces profondes mutations et le nouvel intérêt marqué pour la région posent un certain nombre de défis pourle Canada à l’échelle internationale : la revendication d’un plateau continental canadien étendu sous l’océanArctique, la délimitation d’une frontière maritime avec les États-Unis dans la mer de Beaufort et le droit decontrôler la navigation dans le Passage du Nord-Ouest (PNO).

Ces trois enjeux, qui sont souvent décrits comme des «menaces » à la souveraineté, présentent en fait desaspects fort différents sur le plan juridique. En effet, seule la question du PNO met en cause la souverainetédu Canada, entendue comme le droit d’exercer un contrôle exclusif et plénier sur son propre territoire.

La question des limites du plateau continental du Canada et de ses voisins sous l’océan Arctique est régie parl’article 76 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Cet article, qui reflète le droit coutumier,donne une définition du plateau continental qui est à la fois juridique et scientifique.

En vertu de l’article 76, tout État côtier se voit garantir un plateau continental minimal de 200 milles marins(m.m.) à partir de la ligne de base (c.-à-d. la ligne qui longe la côte et qui sert de point de départ pour lecalcul de toutes les zones maritimes). Cependant, tout État côtier peut revendiquer un plateau continentalplus large s’il peut prouver, à l’aide de données scientifiques, que « le prolongement naturel de son territoire[…] jusqu’au rebord externe de la marge continentale » s’étend au-delà de 200 m.m.

L’article 76(5) prévoit toutefois une limite externe au plateau étendu, calculée à partir de deux formulesalternatives. Un plateau continental ne peut dépasser 350 m.m. de la ligne de base ou ne peut dépasser100 m.m. à partir de l’isobathe de 2500 mètres (c.-à-d. la ligne reliant les points situés à 2 500 m deprofondeur). Ainsi, et dépendamment de l’endroit où se situe l’isobathe de 2500 m, un plateau continentalétendu peut dépasser la limite de 350 m.m., comme le réclame actuellement la Russie.

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Tout État qui revendique un plateau continental étendu doit soumettre son dossier scientifique à la Commission des limites duplateau continental créée par la Convention de 1982. Après un examen approfondi de la requête de l’État côtier, la Commissionformule des recommandations. Si l’État est en accord avec la Commission et s’il fixe les limites de son plateau en fonction desrecommandations de la Commission, ces limites deviennent définitives et obligatoires.

C’est en vertu de cette obligation de justifier toute revendication à un plateau continental étendu que le Canada et ses voisins ontmis sur pied des programmes ambitieux pour cartographier le sous-sol marin arctique. Tout semble indiquer que les revendica-tions des cinq États côtiers se chevaucheront, et c’est ce spectre qui soulève des craintes de conflits. Le règlement intérieur de laCommission sur les limites déclare d’ailleurs que dans « le cas où il existe un différend, la Commission n’examine pas la demandeprésentée par un État partie à ce différend et ne se prononce pas sur cette demande».

Ainsi, les cinq États côtiers en Arctique devront se fier aux mécanismes traditionnels de la diplomatie, de la coopération et, avecleur consentement, du règlement judiciaire, pour fixer les limites externes de leur plateau continental respectif. La promesse deressources pétrolifères et gazières de même qu’un accès plus aisé à ces richesses naturelles exercent certainement une fortepression sur les États afin de régler ces questions le plus rapidement possible.

Dans la mer de Beaufort, c’est également le retrait de la glace et le potentiel énergétique de la zone contestée qui expliquentl’intérêt soudainement manifesté par Ottawa et Washington pour un règlement. Cette querelle stérile remonte à plusieurs décennies,et c’est l’ambiguïté des règles juridiques qui explique en grande partie cette impasse.

La Convention de 1982 prévoit des règles identiques pour délimiter la zone économique exclusive et le plateau continental entredeux États ayant des côtes adjacentes. Selon les articles 74 et 83, « la délimitation doit être effectuée par voie d’accord […] afind’aboutir à une solution équitable. » Les États-Unis sont d’avis qu’une ligne équidistante des côtes de l’Alaska et du Yukon commefrontière maritime serait une solution équitable. Le Canada, pour sa part, insiste sur le fait que les traités de 1825 (Russie etGrande-Bretagne) et de 1867 (le traité d’achat de l’Alaska entre la Russie et les États-Unis) influencent le tracé de la frontièremaritime et qu’une délimitation équitable doit en tenir compte.

À l’instar de la question du plateau continental étendu, il revient au Canada et aux États-Unis de délimiter, par voie d’accord, leurfrontière dans la mer de Beaufort. Les deux voisins ont toujours réussi à gérer cette querelle et des modèles de gestion conjointede la zone sont actuellement discutés.

Le Passage du Nord-Ouest représente incontestablement le plus grand défi pour le Canada. Alors qu’il revendique l’ensemble deseaux de l’archipel arctique à titre d’eaux intérieures canadiennes, un certain nombre d’États, dont les États-Unis, arguent que lePNO constitue plutôt un détroit international. Ces positions sont diamétralement opposées en droit. Le Canada exerce les mêmesprérogatives sur ses eaux intérieures qu’au centre-ville d’Ottawa ; il en contrôle donc exclusivement l’accès. Le régime juridiquepour les détroits internationaux, quant à lui, en est un de libertés garanties : droit de navigation pour tous les navires (privés etd’État) et pour les sous-marins submergés, droit de survol pour tous les aéronefs (privés et d’État) dans le couloir aérien au-dessusdu détroit.

La querelle concerne la notion de «détroit international » pour laquelle la Convention de 1982 ne propose pas de définition précise.Force est donc de s’en remettre au jugement de la Cour internationale de Justice dans l’affaire du Détroit de Corfou en 1949, seulesource de droit en la matière. Ottawa et Washington divergent quant à l’interprétation à donner au critère fonctionnel définit parla Cour : le PNO est-il « utilisé aux fins de la navigation internationale » ? Le Canada peut démontrer qu’au cours des 100 dernièresannées, tous les transits ont eu lieu avec sa permission et sa participation. Il n’y a donc pas eu, à cette date, de navigation interna-tionale de plein droit. Par conséquent, le PNO ne répond pas à la définition d’un détroit international. Les États-Unis estimentcependant que dans la mesure où le PNO peut éventuellement servir à la navigation internationale, il est un détroit international.

Le défi pour le Canada est d’agir en tant qu’État souverain responsable des eaux de l’archipel arctique. S’il veut défendre sa position,il doit prouver à l’ensemble des utilisateurs potentiels du PNO qu’il a la volonté, et surtout la capacité, de contrôler et de gérer lanavigation dans ses eaux arctiques. En veillant à assumer ses responsabilités à l’égard de sa population autochtone et de l’environ-nement marin, le Canada, en plus de protéger sa position juridique, fera également la preuve qu’il est un gardien digne de cettezone fragile.

Suzanne Lalonde,

professeure

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Des conférenceséclairantes

Midi questions-réponsesL’honorable Claire L’Heureux-Dubé était l’invitée d’une confé-rence midi « questions-réponses » organisée par le ComitéAvocats sans frontières (ASF – Université de Montréal) le26 janvier 2010. Près de 200 personnes, des étudiants pourla plupart, ont participé à cet évènement.

Fédéralisme, environnement et intégration régionale :regards croisés sur la Belgique et le CanadaLa protection de l’environnement met au défi les catégories juridiques traditionnelles et appelle une redéfinitiondu partage des responsabilités entre entité centrale et entités fédérées. Ce colloque a présenté une approchecomparative du fédéralisme en Belgique et au Canada dans ses rapports avec la politique de l’environne-ment et dans une perspective d’intégration économique régionale. Les débats proposaient un canevasinstitutionnel et illustraient les dynamiques fédérales à l’aide d’études de cas dans des secteurs où les rôlesrespectifs de l’autorité fédérale et des entités fédérées sont à redéfinir (gestion de l’eau et des substancestoxiques, lutte contre le réchauffement climatique, OGM et pollution électromagnétique, etc.). Organisé parla Faculté de droit et le Centre de droit public de l’Université libre de Bruxelles, ce colloque s’est déroulé enBelgique, les 27 et 28 mai 2010. Les professeurs Hélène Trudeau (membre du comité organisateur), LouiseRolland et Jean Leclair étaient conférenciers.

78e Congrès de l’AcfasLe congrès annuel de l’Acfas (Association francophone pour le savoir), dont le professeur Pierre Noreau estle président, est le plus important rassemblement multidisciplinaire du savoir et de la recherche de la franco-phonie et s’est tenu du 10 au 14 mai 2010 à Montréal. Il accueille des milliers de chercheurs et d’utilisateurs dela recherche provenant d’une trentaine de pays et de tous les milieux de la recherche. Tous les grandschamps de la recherche y sont abordés, tels que sciences de la vie et de la santé, sciences physiques,mathématiques et génie, lettres, arts et sciences humaines, sciences sociales et éducation.

Dans le cadre du thème «Nouveaux profils étudiants : quels défis pour l’enseignement supérieur ? », le vice-doyen Guy Lefebvre a donné une conférence intitulée «La persévérance et les étudiants internationaux : le casde la maîtrise en droit des affaires dans un contexte de globalisation ».

Autour du thème «Université et développement : vers une nouvelle génération de pratiques », le professeurVincent Gautrais a prononcé une conférence intitulée « Éducation 2.0 : le droit des technologies par lestechnologies ».

Mme Mistrale Lepage-Chouinard,

l’Hon. Claire L’Heureux-Dubé,

M. Hugo Rousse et Mme Mylène

Beaulieu, présidente du Comité

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Démocratie participativeLe 11 février 2010 se tenait le séminaire conjoint CRDP/CPDS (Centre de recherche endroit public /Centre de recherche sur les politiques et le développement social). Ce futune occasion privilégiée pour discuter du rôle de la démocratie participative dansl’élaboration et la mise enœuvre de l’encadrement normatif d’enjeux sociétaux majeurscomme l’essor des biotechnologies, l’application clinique de la génomique, l’accès àune alimentation saine, la gestion de l’eau ou encore la protection de l’environnement.À travers divers exemples choisis en fonction de leurs champs d’intérêt, les conférenciersont tenté de répondre aux questions de la population qui était invitée à s’exprimer età prendre part aux débats.

L’amour et les affairesC’était à une St-Valentin anticipée qu’était conviée la communauté juridique le 12 févrierdernier pour parler de l’amour et des affaires. Ce colloque a été organisé conjointementpar la Chaire du notariat et la Chaire Jean-Louis Baudouin autour de la problématiquesuivante : La rupture d’une union conjugale peut soulever des problèmes qui débordentle cadre du droit matrimonial lorsque les conjoints (mariés ou de fait) sont despartenaires d’affaires ou évoluent dans une relation employeur/employé. La rupturepeut avoir une incidence sur la poursuite de leurs activités au sein de l’entreprise voiresur son existence même. Le doyen Gilles Trudeau et les professeures Diane Bruneauet Brigitte Lefebvre étaient au nombre des conférenciers. Le professeur StéphaneRousseau a clos cette journée par une magistrale synthèse au cours de laquelle il ainvité aux débats la main invisible d’Adam Smith et la flèche de Cupidon.

Droit civil et technologiesLes 18 et 19 février 2010 se tenait le colloque «Droit civil + technologies » organiséconjointement par la Chaire en droit de la sécurité et des affaires électroniques et laChaire Jean-Louis Baudouin. Pendant une journée et demie, une centaine de participantsont pu entendre plusieurs conférenciers dont les réflexions portaient sur les liens,parfois complexes, entre le droit civil et les nouvelles technologies.

Une chose virtuelle est-elle un bien? Le consentement en ligne est-il suffisant ? Qu’est-ce qu’une donnée personnelle et comment peut-elle être protégée dans l’environ-nement du Web 2.0 ? Bref une multitude de questions qui, certes, défient le droit civil,mais qui lui donnent aussi l’occasion de déployer sa grande force d’adaptation.

Quel droit pour la responsabilité sociale de l’entrepriseÀ Paris, les 18 et 19 mars 2010, se tenait un colloque international portant sur le thème«Quel droit pour la responsabilité sociale de l’entreprise » organisé par la Chaire endroit des affaires et du commerce international de la Faculté et le Centre d’études endroit des affaires en gestion de l’Université Paris V – Descartes dont elle est une fièrepartenaire. Le professeur Stéphane Rousseau, titulaire de la Chaire, et la professeureRenée-Claude Drouin y étaient conférenciers.

Regards croisés sur le coupleà la lumière des droits québécois et belgeLe 16 avril dernier se tenait un colloque de droit comparé dont le thème était «Regardscroisés sur le couple à la lumière des droits québécois et belge ». L’événement étaitorganisé par la Chaire du notariat et la Chaire Jean-Louis Baudouin en collaborationavec le Centre de droit privé de l’Université libre de Bruxelles. Les professeurs BenoîtMoore, Alain Roy et Brigitte Lefebvre ainsi que Me Sylvie Berthold, coordonnatrice dudiplôme de droit notarial, ont prononcé une conférence.

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Diplômés et développement

{ }cheminDes dons qui font du

Les grands cabinets d’avocats :des partenaires engagés et fidèlesLa Faculté de droit est heureuse d’annoncer la généreuse contribution de quelques grands cabinets qui ont choisi de l’appuyerdans le cadre de la prochaine campagne de financement de l’Université de Montréal dont le lancement sera annoncé souspeu par le nouveau recteur, M. Guy Breton, entré en fonction le 1er juin dernier. Chaque don consenti par ces cabinets et parles diplômés qui y travaillent s’inscrit dans le cadre de cette campagne. Ces nouveaux dons de la part de nos partenaires delongue date nous permettent d’envisager l’avenir avec beaucoup d’optimisme !

McCarthy Tétrault : le Laboratoire sur la cyberjusticeFidèle à sa longue tradition philanthropique, le cabinet McCarthy Tétrault et ses diplômés se sont engagés à verser la somme de500000$ afin de contribuer à l’aménagement de la salle Jean-Beetz-McCarthy-Tétrault qui accueillera très bientôt le Laboratoiresur la cyberjustice. Cet important don s’ajoute aux contributions des gouvernements fédéral et provincial, ainsi que de l’Universitéde Montréal pour la réalisation de ce projet de très grande envergure.

Quelques collaborateurs :

Mes Daniel Johnson, André Baril,

Emmanuelle Poupart, Philippe Bélanger,

Michel Deschamps, Eleonore Derome,

François Giroux, Patrick Boucher

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MERCI de votre confianceNous avons besoin de votre appuiPour faire un don en ligne : www.bdrd.umontreal.caVous pouvez aussi communiquer avec notre conseillère en développement.

Me Rachel Brûlé[email protected]

Me Rachel Brûlé[email protected]

514 343-7850

Ogilvy Renault : la Bibliothèque de droitAvec un don de 200000$, et en partenariat avec la Direction des immeubles del’Université, le cabinet Ogilvy Renault a choisi de participer à la rénovation de certainsespaces qui seront aménagés spécifiquement dans le but de favoriser le travail enéquipe pour les étudiants du premier cycle. Chaque nouvelle salle sera munie d’unécran plat fixé au mur permettant d’y projeter le contenu d’un ordinateur. Ces espacesd’apprentissage devenus essentiels au XXIe siècle, ajouteront une valeur inestimable àce lieu très fréquenté.

Stikeman Elliott : un Fonds dotépour l’innovation et l’excellenceDepuis deux ans, le cabinet Stikeman Elliott et ses diplômés ont participé à la créationd’un fonds doté qui appuiera dans les prochaines années l’élaboration de projetsstimulants et innovateurs, respectueux des valeurs d’excellence du cabinet qui encouragel’engagement sportif, caritatif et social. Ce fonds doté a déjà recueilli la somme de200000$ et continue de progresser !

Heenan Blaikie : un Fonds dotépour l’excellence aux études supérieuresLes diplômés de ce cabinet ont récemment uni leurs efforts et ont souscrit un enga-gement de 275000$ dans le but de créer le Fonds Heenan Blaikie. Des bourses serontremises annuellement à un étudiant à la maîtrise de très haut niveau dont le projet derecherche traitera d’un sujet juridique d’intérêt, que ce soit en regard de la législationprovinciale, fédérale, ou encore, susceptible d’influencer le développement de la pratiquedu droit.

Les fondateurs du cabinet, à gauche,

Me H. Heward Stikeman et à droite,

Me R. Fraser Elliott.

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RENCONTRESentre nous

Les belles soirées retrouvailles

Promotion 1989

En novembre dernier avaient lieu les retrouvailles des diplômés de l’année 1989. Cettesoirée des plus réussies a permis à plus de 75 anciens collègues de la Faculté de se revoiret d’échanger sur la famille, la carrière et… les bons souvenirs ! «Déjà 20 ans ! », ont ditplusieurs. Bien sûr, les traits physiques ont (un peu !) changé, mais les personnalitéssont restées les mêmes. Merci à l’ADDUM et à Mme Solange Damien pour l’aide précieuseapportée à l’organisation de ces retrouvailles couronnées de succès ! Rendez-vousest déjà donné aux collègues alors que la promotion fêtera ses 25 ans en 2015...

Promotion 1984

Une quarantaine de diplômés de l’année 1984 se sont réunis en toute simplicité auSalon des professeurs de la Faculté pour fêter le 25e anniversaire de la promotion. Milleet un souvenirs ont alors été évoqués dans une atmosphère chaleureuse et bon enfant.La professeure Anne-Marie Boisvert, Me Pierre Dupras et Me Éliane Perreault faisaientpartis du comité organisateur.

Bourse de l’ADDUM

L’ADDUM a remis sa bourse à Mme Dominique Quirk, une étudiante de troisième annéequi s’est distinguée par la qualité exceptionnelle de son dossier scolaire en droit et parsa contribution remarquable à la vie collective.

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Le comité organisateur : Jules Hamelin,

Michèle Moreau et Nicolas Gagnon

Guylaine Plourde, Louise Richard,

Mario Dionne et Michèle Moreau

Daniel Audet et Martin Bergeron

GRAND DÎNER D’AUTOMNE

Le prochain rendez-vous annuel de l’ADDUM se tiendra le 11 novembre 2010, à l’HôtelInterContinental de Montréal. Cette année, l’ADDUM rendra hommage à quatrediplômés de la famille Bachand, une famille de diplômés qui fait honneur à la Faculté,soit le patriarche André Bachand (41), fondateur du Fonds de développement del’Université de Montréal, ses fils, le ministre Raymond Bachand (69) et Me Jean-ClaudeBachand (66), de même que son petit-fils Frédéric Bachand (94), professeur àl’Université McGill. Notez cette date à votre agenda !

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Pour toute information sur l’ADDUM,prière de communiquer avec :Mme Solange DamienFaculté de droit/Université de MontréalC.P. 6128, Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C [email protected]

Pour des retrouvailles de promotion réussies,faites appel à l’ADDUM !

C’est facile et efficace avec l’aidede votre association

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NOMINATION

C’est avec fierté et émotion que nous soulignons la nomination de Danielle Turcotteà la Cour supérieure du Québec, qui a été assermentée le 7 octobre 2009.

Fidèle amie de notre Faculté dont elle est diplômée en 1981, l’honorable DanielleTurcotte est membre du conseil d’administration de l’Association des diplômés endroit depuis 10 ans. Elle en a été une présidente dynamique et une trésorière efficace.

Elle a pratiqué le droit à l’étude Turcotte, Nolet à Laval et malgré une carrièreexigeante et très occupée elle a assumé la direction d’étudiants au sein de la clini-que juridique de la Faculté pendant de nombreuses années avec un profession-nalisme et une disponibilité hors du commun.

La Cour supérieure compte maintenant dans ses rangs une nouvelle juge qui, outreses grands talents de juriste et sa rigueur intellectuelle, sait être à l’écoute et ainsiservir la justice dans ce qu’elle a de plus noble.

Chère Danielle, nous sommes heureux de cette nouvelle carrière qui s’ouvre, si lapratique du droit a perdu un de ses meilleurs éléments, c’est la Cour supérieurequi a maintenant la chance de bénéficier d’une excellente juriste dotée de grandesqualités humaines.

L’honorable Danielle Turcotte

Retrouvailles

La promotion 1985 s’est réunie le 6 mai 2010 à l’HôtelInterContinental, grâce à l’initiative de Me Fabienne Benoît. Uncompte rendu paraîtra dans la prochaine livraison de DroitMontréal.

La promotion 1970 fêtera son 40e anniversaire à l’automne 2010.Pour en savoir plus, veuillez contacter Me Jacques R. Perron([email protected]) ou Mme Solange Damien à l’ADDUM.

La promotion 1980 fêtera son 30e anniversaire à l’automne2010. Pour toute information à ce sujet vous pouvez contacterMe Maxime Rhéaume ([email protected])ou Mme Solange Damien.

Si 2011 marquera l’anniversaire de votre promotion (10e, 20e,25e, etc.) et que vous songez à vous joindre dès maintenant aucomité organisateur de vos retrouvailles, veuillez communiqueravec Mme Solange Damien.

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entre nousLE CARNET DE NOTES

1949JEAN-MARC LÉGER [LL. B.] premier secrétairegénéral de l’Organisation internationale de laFrancophonie, s’est vu rendre hommage dans lecadre du 40e anniversaire de cette organisation,le 25 mai dernier.

1964MICHÈLE RIVET [LL. L. avec distinction] a éténommée professeure associée à la Faculté de droitde l’Université de Sherbrooke, le 1er février 2010.

1966DANIEL JOHNSON [LL. L.] avocat-conseil et ancienpremier ministre du Québec a reçu le grade GrandCroix de l’Ordre de la Pléiade, le 17 mars dernier.

1969PHILIPPE KIRSCH [LL. L., LL. M. 1972, doctorathonoris causa 2003] ancien président de la Courpénale internationale, a été reçu officier de l’Ordredu Canada, l’une des plus prestigieuses distinctionshonorifiques civiles du pays.

ANDRÉ LAURIN [LL. L.] a reçu la médaille du Prixde la justice 2009, le 8 février 2010.

1970MARIE-ODILE TRÉPANIER [LL. L.] a remportéle prix du Mont-Royal, décerné par la Ville deMontréal, en mai 2010.

GÉRALD STOTLAND [LL. L.] est l’un des raresavocats, membre du Barreau du Québec et duBarreau du Haut-Canada à être habilité à arbitrerdes litiges en droit de la famille dans la provincede l’Ontario, et ce, depuis avril 2010.

1971JEAN SAINT-ONGE [LL. L. avec distinction] a reçule titre de Fellow du Litigation Counsel of America,en février 2010.

1972GUY LEMOINE [LL. L. avec distinction] a éténommé régisseur et président de la Régie desalcools, des courses et des jeux, le 31 mars 2010.

FRANCIS GERVAIS [LL. L. avec distinction] a éténommé président du Comité national du Canadade l’Union internationale des avocats (U.I.A.).

1976OLIVIER KOTT [LL. L. avec distinction] a éténommé Fellow au sein de l’American Collegeof Trial Lawyers.

MORRIS ROSENBERG [LL. L. avec grandedistinction] a été nommé sous-ministre des Affairesétrangères du Canada.

1977DANIEL DESJARDINS [LL. B.] a reçu le prixRobert V.A. Jones 2001 lors de la conférencenationale de l’Association canadienne desconseillers et conseillères juridiques d’entreprises(ACCJE), en avril 2010.

1978FRANÇOIS GRENIER [LL. L.] a été admis auprestigieux American College of Trial Lawyersen mars 2010.

JOSÉE MORIN [LL. L.] a été nommée sous-ministre adjointe au ministère des Financesdu Québec, le 9 juin 2010.

1980MARYSE ALCINDOR-JEANTY [LL. L.] s’est vueconférer le titre d’officière de l’Ordre national duQuébec, le 19 mai 2010.

1982DANIEL JUTRAS [LL. B.] a été nommé doyende la Faculté de droit de l’Université McGill, enfévrier 2010, et ce, pour un mandat de six ans.

SUZANNE H. PRINGLE [LL. B.] a été nomméeFellow au sein de l’American College of TrialLawyers.

1983ANDRÉ D’ORSONNENS [LL. B.] a remportéle Prix du PDG de l’année SGF, en février 2010.

1985LOUISE LANGEVIN [LL. B.] s’est mérité le MériteChristine-Tourigny pour son engagement socialet son apport à l’avancement des femmes dansla profession.

1986GILLES OUIMET [LL. B.] a été élu bâtonnierdu Barreau du Québec, le 6 juin 2010.

1991MARTINE LECLERC [LL. B.] a été nommée jugeà la Cour municipale de la Ville de Montréal,le 25 mars 2010.

SYLVIE LÉVESQUE [LL. B.] a été nommée jugeadministrative à la Commission des lésionsprofessionnelles au bureau de Salaberry-de-Valleyfield.

1992PASCALE GAUTHIER [LL. B.] a été nomméejuge administrative à la Commission des lésionsprofessionnelles au bureau de Salaberry-de-Valleyfield, en février 2010.

1993SONIA SYLVESTRE [LL. B.] a été nomméejuge administrative à la Commission des lésionsprofessionnelles à la Direction régionale deLanaudière.

KIM THUY [LL. B.] a été couronnée grande lauréatedu prestigieux prix RTL-Lire au Salon du livre deParis pour son premier roman, Ru, publié chez LibreExpression, le 25 mars 2010.

1996PATRICIA COMPAGNONE [LL. B.] a été nomméejuge à la Cour du Québec, le 11 mars 2010.

2001JOSÉANE CHRÉTIEN [LL. B.] a été élue présidentede l’Association du Jeune Barreau de Montréal,le 22 avril 2010.

2007LESLIE-ANNE WOOD [LL. B.] a été recrutée pourun poste d’auxiliaire juridique à la Cour suprême ;elle travaillera auprès de l’honorable MarieDeschamps pendant l’année 2011-2012.

2009AMÉLIE AUBUT [LL. B.] a été recrutée pour unposte d’auxiliaire juridique à la Cour suprême ; elletravaillera auprès de l’honorable Thomas AlbertCromwell pendant l’année 2011-2012.

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Meilleurs praticiens en 2010selon le Best Lawyers in Canada

DANIEL AYOTTE [LL. L. avec distinction 1971] – droit de la constructionPHILIPPE H. BÉLANGER [LL. B. 1988] – droit de la faillite et de la restructurationMICHEL DESCHAMPS [LL. L. 1969] – droit bancaireCLAUDE GENDRON [LL. L. avec distinction 1974, LL. M. 1983] – droit immobilierMIRIAM GRASSBY [LL. L. avec distinction 1973] – droit de la familleMICHEL GREEN [LL. L. 1966] – droit de l’assuranceFRANÇOIS GRENIER [LL. L. 1978] – propriété intellectuelleMARC LALONDE [LL. L. avec grande distinction 1954, LL. M. 1955] –

WILFRID LEFEBVRE [LL. L. 1969] – fiscalitéJEAN-PIERRE MÉNARD [LL. M. 1983] – litige et responsabilité médicalePIERRE A. RAYMOND [LL. L. 1977] – droit des valeurs mobilières

Avocat émérite 2010 –Barreau du Québec

JEAN-YVES BERNARD [LL. L. 1969]YVAN BOLDUC [LL. L. avec distinction 1970]JEAN-YVES FORTIN [LL. L. 1969]JEAN-JACQUES GAGNON [LL. L. avec grande distinction 1958]BERNARD GRENIER [LL. L. avec distinction 1966]LOUIS P. HUOT [LL. L. 1980]ALAIN LÉTOURNEAU [LL. L. 1958]MAXWELL W. MENDELSOHN [LL. L. avec grande distinction 1965]PIERRE MESSIER [LL. L. 1968]ANDRÉ A. MORIN [LL. M. 1991]PIERRE SYLVESTRE [LL. L. 1961]

Doctorat honorifiqueL’honorable Jean-Louis Baudouin a reçu un doctorat honoris causa del’Université Jean Moulin Lyon 3 afin de rendre hommage au juriste, magistratillustre, législateur rigoureux et auteur talentueux, mais aussi de distinguerl’humaniste, ouvert sur les grands problèmes éthiques du monde contemporain.

Deux nouveaux professeurs éméritesLe Conseil de l’Université a conféré l’éméritat à la professeure Louise Viauet au professeur Guy Rocher soulignant ainsi leur contribution exceptionnellesur le plan de la recherche, de l’enseignement et de leur participation audéveloppement de l'Université.

PublicationM. André Poupart, professeur honoraire a publié une monographie portantsur le droit musulman. André POUPART, Adaptation et immutabilité en droitmusulman. L’expérience marocaine, coll. « Histoire et perspectives méditer-ranéennes », Paris, L’Harmattan, 2010, 185 p.

Nos disparusLa Faculté offre ses plus sincères condoléances à la famille et aux amisde ses diplômés qui nous ont quittés.

ErratumDans le 10e numéro du magazine Droit Montréal, paru en février 2010,une erreur s’est glissée. Nous indiquions que M. Gaston Nadeau [LL. L.avec distinction 1964] était décédé.

Me Gaston Nadeau est toujours membre du cabinet Trudel Nadeau Avocatss.e.n.c.r.l., à Montréal. Nous lui présentons toutes nos excuses.

NOS ANCIENS PROFESSEURS

arbitrage international

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Nouvelles de ChineSoucieuse de partager avec le plus grand nombre ses relations privilé-giées avec la Chine, la Faculté a développé de nouvelles activités pourl’année 2011. En voici une brève description :

Juin et juillet 2011 : découvrez la Chineet le droit des affaires chinoisDans le cadre de ses activités de développement, la Facultéde droit dans la Cité et le Centre de droit des affaires et ducommerce international (CDACI) de la Faculté, en parte-nariat avec la China University of Political Science and Law(Beijing) et la East China University of Political Science andLaw (Shanghai), vous offrent la possibilité d’étudier le droitdes affaires chinois et de vous familiariser avec la culture dece pays. Cette formation, d’une durée de 30 heures, seracomplétée par des visites professionnelles, touristiques etculturelles. Une demande de reconnaissance à titre de forma-tion continue obligatoire sera déposée auprès du Barreaudu Québec.

Le programme des activités et les modalités d’inscription sont dis-ponibles à www.droit.umontreal.ca/droitdanslacité ou par courriel :droitdanslacité@umontreal.ca

Un programme de maîtrise en droit chinois à BeijingAfin d’offrir aux étudiants de maîtrise de notre Faculté la possibilitéd’approfondir leurs connaissances en droit chinois, ceux-ci pourrontobtenir, à partir de septembre 2011, une maîtrise de la China Universityof Political Science and Law après une année d’études à Beijing. Cetteentente est avantageuse puisqu’elle permettra que le diplôme de maî-trise en droit chinois soit décerné dans un délai beaucoup plus court quece qui est normalement prévu. Les acquis obtenus dans le cadre de l’undes programmes de maîtrise suivis à notre Faculté y seront reconnus.Détails à suivre….

Automne 2011 : conférence montréalaisesur le droit chinois des affairesUne conférence d’envergure portant sur la thématique « faire des affairesen Chine » aura lieu à Montréal en octobre 2011. De nombreux confé-renciers chinois se joindront à des experts canadiens afin de partagerleur expérience avec les juristes et les gens d’affaires d’ici.

Pr Jiao Jie, CUPL, Pr Guy Lefebvre, vice-

doyen au développement et aux études

supérieures, Pr Du Zhichun, président

du Conseil de l’Université, ECUPL,

Pr Xia Fei, vice-directrice aux

relations internationales, ECUPL

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MERCI À NOS PARTENAIRESde ce numéro de droit montréal !

ADDUM

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Faculté de droit

Conférence organisée en collaboration avecla Chaire Jean-Louis Baudouin en droit civil

14e ConférenceAlbert-Mayrand

Jeudi 21 octobre 2010 à 17hSalon des professeurs (A-3464)Faculté de droit, Université de Montréal3101, chemin de la Tour, Montréal514-343-6124

Entrée libreRSVP avant le 14 octobre 2010Inscription en ligne : www.chairejlb.ca

www.droit.umontreal.ca

L’honorable Jean-Louis BaudouinAvocat conseilFasken Martineau

Ne manquez pas cette conférence !Inscrivez-vous sans tarder !

«Droit et vérité»