Druid is Me

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TABLE DES MATIERESPREMIERE PARTIE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE

CONSIDRATIONS LIMINAIRESI La prhistoire du druidisme II Le premier schisme III Rama. Naissance du druidisme proprement dit IV Irshu. Origine et dveloppement du second schisme V La Gaule, refuge de l'orthodoxie VI Ambiorix et Vercingtorix. Les druides et Rome VII Druidisme et christianisme : le Graal VIII Bardisme et no-bardisme

SECONDE PARTIE

IX Le druidisme et l'organisation sociale X L'homme et le monde selon le druidisme XI Magie druidique XII Mtrologie druidique. Les ensembles mgalithiques XIII Cieux et saisons : Le calendrier druidique XIV De quelques symboles montaires et lithiques XV Les druides thrapeutes et alchimistes : Le gui

POUR CONCLURE ESQUISSE CHRONOLOGIQUE TABLE ANALYTIQUE

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LE DRUIDISMEA ANIANTA, en qui s'harmonisaient la Sagesse druidique et la certitude chrtienne, je ddie filialement cette adaptation fragmentaire de l'Enseignement vridique.

Ce n'est pas sans avoir longuement hsit que l'auteur s'est dcid rdiger les pages qui suivent. Il n'ignore nullement quelles critiques il s'exposera, soit qu'elles manent de spcialistes qui font autorit en matire de celtisme, de prhistoire et d'histoire des religions (si toutefois ils lui font l'honneur de le lire), soit qu'elles lui viennent de partisans ou artisans d'un no-druidisme , qu'il estime anachronique et pauvre de contenu interne comme le pourrait tre un no-mithrasme . Les opinions scientifiques sur les Celtes et sur leurs druides ont passablement vari depuis un bon sicle, et elles diffrent grandement, d'un savant l'autre, sur nombre de points essentiels. C'est ainsi que l'une des lumires du celtisme estime qu'il n'y a aucune base morale la religion des Celtes . Cependant, Camille Jullian n'affirmait-il pas que l'Assemble des Druides de Gaule, audessus des cinq cents rois de tribus, reprsente l'autorit universelle, la force morale, une et sainte, suprieure la force matrielle, dmembre l'infini . L'on pourrait multiplier de telles contradictions. Elles sont indpendantes de la valeur intellectuelle de leurs champions et de la probit de leurs recherches. Mais elles mettent en vidence un fait dont tmoignent leurs divergences. Ce fait, c'est que, si l'on pouvait accder la vrit par cette voie, elle serait dj atteinte ! N'est-ce pas le mme savant, premier cit, qui crit, dans l'ouvrage o il dnie toute base morale la religion des Celtes, ces phrases dsenchantes, qui pourraient servir de correctif son opinion [1]: A mesure qu'on avance dans l'tude de la religion des Celtes, on a l'impression de poursuivre un objet qui recule sans cesse et se drobe toute prise. Ou s'il arrive qu'on russisse en saisir quelque chose, on n'a entre les mains qu'une enveloppe vide dont le contenu a fui sans recours. Il faudrait pouvoir retrouver les sentiments des ides, les croyances qui se cachent derrire les apparences que l'on entrevoit. Mais il n'est gure facile de les dcouvrir avec preuves l'appui, et on n'a pas le droit de les deviner. Ce sont l le langage et les scrupules lgitimes du savant, qui sait ce qu'on doit ou peut entendre par science , au sens o on l'entend de nos jours. Sans se faire le jouet de hasardeuses rvlations spirites ou autres, il est (disons peut-tre ) possible de dbroussailler un autre chemin vers le lointain pass de nos anctres et la pense 2

CONSIDERATIONS LIMINAIRES

profonde de leurs instituteurs religieux. Sur ce chemin que le savant s'interdit par dfinition, je pourrais rpondre comme Sainte Thrse : mon secret est mon secret . J'ajouterai pourtant ceci : Que le druidisme ait disparu sans laisser de traces et que son enseignement interne n'ait point fait l'objet d'une transmission discrte, ce n'est qu'une opinion. L'opinion contraire est tout aussi recevable ! De ces quelques aspects du druidisme, esquisss grands traits, l'auteur ne revendique en propre que les erreurs de perspective, les lacunes et les omissions, soit involontaires, soit dlibres. Il ose affirmer que la tradition druidique s'est toujours maintenue l'cart des polmiques, des engouements et des curiosits, aussi trangre aux excs des celtomanes romantiques d'hier qu'au crbralisme desschant qui triomphe aujourd'hui. Son contenu le plus central, intraduisible autrement qu'en symboles, ce qui ne signifie pas incommunicable, l'exigeait, comme l'exigeait la volont arrte de ses peu nombreux porteurs, de ne pas opposer religion religion : religion morte en son aspect cultuel, sinon en sa dispensation initiatique ! C'est donc la moindre part de cette transmission qui formera le fond des adaptations ici avances, comme des indispensables dveloppements personnels, qu'on a rduits au minimum. Ces adaptations la mentalit occidentale contemporaine dont il fallait bien tenir compte de vues exprimant une mentalit autre, et souvent antinomique, ont constitu une entreprise prilleuse par les piges, les mprises, les risques de dviation qui se prsentaient chaque pas. Informer sans trop dformer, traduire sans trop trahir, dire l'utile et luder le dangereux, tel fut le souci permanent de l'auteur. Qu'il y soit parvenu tout coup, c'est ce dont il n'est nullement persuad. Si, cependant, de mieux dous pouvaient, la providence aidant, trouver ici la trace du mince fil d'Ariane de ce labyrinthe (o lui-mme s'est longtemps gar), il y trouvera la suffisante justification de son travail. Il sera toujours loisible d'autres, plus nombreux, de ne voir en tout ce qui suit qu'une Saga, une Celtiade , plus ou moins heureusement crite.

[1] Collection Mana , vol. III, p. 250. Presses Universitaires de France.

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Il n'y a rien de cach qui ne sera dcouvert, rien de secret qui ne sera connu. Luc, XII, 2La voie spirituelle qui devait finalement prendre le nom de Druidisme s'ouvrit ds les premiers pas sur cette plante d'une race tard venue, laquelle bien des noms furent donns au cours des ges. Car, l'origine, pour autant que les origines soient discernables, chaque race s'organise selon son gnie propre, qui dtermine l'aspect qu'elle peut saisir de Dieu, de l'homme et de l'univers, orientant, par l mme, sa religion, ses murs et son langage. Ainsi, sans tomber dans les aberrations d'un racisme primaire, volontiers oublieux du fait qu'il n'existe plus de races pures depuis bien des sicles, il se pose ici, comme premier axiome historique, la ralit, la diversit d'origine et l'ingalit, la dissemblance, si l'on prfre, des races qui se coudoient, se mlent ou se succdent sur ce globe. Expliciter ma prise de position sur une question pineuse, si souvent et si passionnment dbattue, n'entre pas dans le cadre que je me suis trac. Conformment la tradition dont quelques chos me sont parvenus, je dirai simplement que la Terre, notre rsidence actuelle, est une plante composite, ce qui peut s'entendre cosmologiquement mais aussi ethniquement. Une des consquences de ce fait est que notre plante, comme telle, est incomparablement plus rcente que certaines de ses composantes. Toute littrature exclue, il m'est ncessaire d'esquisser un tableau de l'tat de ce monde, tableau naturellement approximatif, au moment o le druidisme (ou, mieux, la sagesse pr-druidique insparable des Celtes pour qui elle fut conue) va commencer jouer un rle sur notre plante, aujourd'hui sublunaire. J'ai nomm les Celtes ! Force m'est de renvoyer mes essais antrieurs pour la justification de l'emploi de ce terme en tant que synonyme d'Hyperborens ou, plus simplement, de Race blanche. Qu'une minime fraction de cette race, et non exempte de tout alliage, ait seule conserv cette appellation de Celtique jusqu' nos jours, ne change rien ce qui fut ! A l'heure o les premiers lments de race Blanche apparurent sur le continent Hyperbor, voici au moins quelque vingt-quatre mille ans, quatre autres races proprement humaines , quatre contingents venus de lieux diffrents, des heures galement diffrentes, occupaient la surface de la plante. La premire race, que j'ai appele ailleurs prparatoire , est celle du continent australe-malgache, que je nommerai Lmurie comme tout le monde. Ses ultimes reprsentants sont rechercher parmi les Dravidiens de l'Inde, les Anous et sporadiquement chez les Ivriens caucasiques ou Khartvles, d'ailleurs terriblement mtisss. Pour le pass, chez les Sumriens d'avant les infiltrations akkadiennes. La seconde, c'est la race noire d'Afrique, brachycphale (ou pseudo-dolichocphale, par le dveloppement exagr du cervelet) aux cheveux crpus, aux yeux sombres, au teint brun fonc, avec une nette tendance au prognathisme, qui subsistera chez nombre de ses mtis. De son berceau originel, aux alentours de l'actuel lac Victoria, elle inonda l'Afrique, moins touche par les cataclysmes que les habitats originels des autres races, et dborda largement sur ce qui constituait, l'poque de son grand essaimage, l'Ancien Monde . La troisime est la race jaune, venue du continent pacifique, brachycphale galement, dont les Mongols ont conserv le type initial le plus approchant. La quatrime en date est la race rouge, issue de l'Atlantide, reliquat d'une terre autrement vaste, occupant primitivement la majeure partie de l'aire assigne par les gologues leur continent africanobrsilien de l're tertiaire. Le type pur de cette race, dont il existe des rmanences parmi les Indiens de l'Amrique (surtout du Nord) comme parmi quelques groupes berbres du sud marocain, serait celui d'un dolichocphale aux tempes creuses, aux yeux bruns, au nez busqu avec un lger retrous-

LA PREHISTOIRE DU DRUIDISME

Chapitre I

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sis des narines dcouvrant la base de la cloison nasale, aux cheveux lisses et sombres, au teint cuivr tirant sur le brun-rouge. Derniers venus, les Blancs ou Hyperborens se prsentent comme la cinquime race humaine biologique. Que leur type primitif ait t celui d'un dolichocphale blond, au teint clair, aux yeux bleus, sans prognathisme, peut plaire ou dplaire. Je n'y puis rien ! Ce type, comme les autres, davantage, mme est de nos jours plus ou moins altr : ds qu'il y eut des contacts suivis entre races, il y eut des mlanges de sangs, mtissages plus ou moins complexes, plus ou moins accentus. Dans Le Pass de notre Race (in, Bulletin du Collge bardique des Gaules), j'ai donn sur les types mixtes, Rouge et Blanc, Rouge et Noir, Noir et Blanc, des indications succinctes, que je ne rpterai pas ici. * **

Reste brosser grands traits le cadre gographique existant quelque vingt mille ans avant notre re, en gros chiffres. Tche assez malaise, qui n'ira pas sans quelques erreurs de dtail, voire quelques lgers anachronismes, le dcor changeant d'un millnaire l'autre. Vers cette poque, la race noire, dont le type pur eut sa beaut, encore sensible chez certains Nilotiques ainsi qu'en Abyssinie (quoique cette contre ait t assez fortement smitise), la race noire, disje, en est son apoge. Elle a difi sa mtropole autour de l'immense golfe Triton (rduit depuis l'exhaussement du seuil de Gabs au chapelet des Chotts tunisiens). Au centre, une le puissante : l'actuel massif de l'Aurs. Ce golfe, vritable mer intrieure, dessine une chancrure de 500 kilomtres dans sa plus grande dimension et 200 dans sa largeur. Ce futur lac est de niveau constant malgr l'vaporation puisqu'un goulet le fait encore communiquer avec la mer libre, et il concourt avec le Nil pour faire du Sahara un territoire irrigu, d'une vgtation exubrante. Car, c'est un fait qui doit sortir de la pnombre o il fut jalousement tenu : la hauteur approximative de Mroe, non loin de la 6e cataracte, le Nil obliquait primitivement vers l'Ouest pour s'inflchir vers le nord, se couler entre le Tibesti et le Fezzan, passer au-dessus du Hoggar, pour faire un coude brusque au nord d'Idels et se jeter dans le Triton, au-dessus de Touggourt. L'oued Igharghar, pointant en direction du Chott Melrhir est le dernier vestige du lit primitif du BasNil. C'est bien plus tard, aux alentours de - 8000, peu avant la dernire catastrophe atlante, que les Noirs eurent la mirifique ide d'en dtourner le cours pour en faire le Nil actuel, ce, videmment, dans un but stratgique, sous la menace atlante. Mais n'anticipons pas. Le gigantesque travail des Noirs contribua pour une part hter le desschement du Sahara, alors florissant. Au moment o, ignors d'eux, les premiers contingents de race Blanche se dveloppaient dans leur habitat hyperboren, les Noirs occupaient l'actuelle Afrique, l'exception d'une enclave Rouge, de Gibraltar l'Oued Dra. Ils dbordent largement l'est, vers le nord de l'Arabie (seul exond) et occupent aussi le Sina (alors, le et non pninsule). Mais, ds que leur expansion s'orientera vers le nord, ils vont partout se heurter aux Rouges ou se voir contraints de composer temporairement avec eux, tant dans les territoires asianiques que dans l'Europe du Sud. Celle-ci est d'accs facile : elle est soude l'Afrique par l'Isthme de Gibraltar (occup par les Rouges ainsi que le sud et le sud-ouest de la pninsule ibrique) et, par ailleurs, le promontoire Sardinio-tunisien n'est spar de la Corse, autre promontoire, mais europen, que par un insignifiant bras de Mditerrane, le sud-est de l'Europe, de la Sicile la Grce, forme un bloc dont la partie occidentale, la Tyrrhnide, est soude la partie orientale, lEgide. Ces deux contres, trs tt prospectes par les Rouges, demeureront longtemps relies la Cyrnaque. Les Atlantes ou Rouges, tiennent en force le nord-ouest de l'Afrique dont les terres s'tendaient en direction de leur Mtropole un peu au-del des actuelles Canaries. Quelques les, dont Madre, faisaient relais entre la vaste le atlante, qui englobait les Aores, et les ctes africano-europennes. L'empire atlante d'Afrique couvrait peu prs le Maroc actuel. Retranch derrire l'Oued Dra, il formait une chane de bastions solidement organiss dans l'Atlas et l'Anti-Atlas, couvrant de comptoirs et d'enclaves les ctes occidentales de la pninsule ibrique et poussant des pointes vers les terres auxquelles appartiendront plus tard la Gascogne, l'Armorique et l'Irlande.

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Mais le gros de l'effort des Rouges, en perptuel conflit d'hgmonie avec les Noirs, porta surtout sur la Tyrrhnide et l'Egide. Dans la premire, ils ne purent que partiellement dloger leurs adversaires de leurs positions ; par contre, dans l'Egide, ils finirent par devenir l'lment prpondrant et les Noirs durent se soumettre, s'allier ou cder la place.

On laissera de ct les Jaunes, peine rchapps de la catastrophe qui venait d'anantir leur berceau, le continent pacifique, et qui ne jourent que bien plus tard un rle quelconque en Occident. Quant aux futurs Sumro-dravidiens, leur propre continent allait bientt connatre un sort analogue. Il est difficile de se faire une ide prcise de la physionomie de l'Europe du Nord et, davantage encore, des rgions circumpolaires o allait se drouler l'enfance de la race blanche. Vende et Bretagne dbordaient vers le nord-ouest, soudes l'Irlande et l'Angleterre ; la terre ferme, qui englobait l'Islande, s'tirait presque jusqu'au Groenland, dont un chenal la sparait. Un simple coup d'il sur un globe terrestre nous renseigne sur les possibilits migratrices des clans hyperborens : Europe, Asie, Amrique (pour employer des expressions sensibles, mais inadquates l'tat des choses primitif) pouvaient toutes trois tre foules par les expatris. En fait, si le gros de la race blanche s'coula (mais non d'un bloc) vers l'Europe, les autres parties du monde en hospitalisrent de notables contingents, vite mtisss. Telle est entre autres l'origine des Tibtains. Pour l'instant, nos Proto-celtes vivent en autarchie, sous un climat franchement chaud, s'organisant lentement, trs lentement, mesure qu'ils sont moins clairsems. Lentement aussi s'esquisse leur langue, qui se dialectisera peu peu, malgr les tentatives d'unification et de normalisation du sacerdoce. Chaque race authentique apporte avec elle et dveloppe ds ses premiers balbutiements son mode spcifique d'expression verbale. Mais, au bout de quelques millnaires, il est bon de ne pas l'oublier groupes raciaux, groupements nationaux et communauts linguistiques auront subi de puissants dlayages et ne seront ni purs de tout alliage, les uns comme les autres, ni superposables les uns aux autres. Il est de simple bon sens que tout groupe linguistique, pour homogne qu'il ait t une fois, volue non seulement en dveloppant ses puissances internes, mais encore sous des influences externes. En s'accroissant, en essaimant, en accueillant des migrants, en adoptant des techniques, en

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subissant des jougs, la race se mle d'autres et ses dialectes tmoignent de remaniements parallles. En outre, chaque fraction isole du gros innove sa faon, adopte des termes rcolts l o elle se trouve, oublie des termes anciens ou en modifie l'acception, si bien que l'on peut poser en fait que, dans des empires aussi vastes et aussi vieux que ceux des Rouges et des Noirs, il y avait, l'heure o les Blancs les rencontrrent pour la premire fois, non plus une mais des langues atlantes, non plus une mais des langues noires, coushitiques ou sethiques (ces trois termes tant sensiblement synonymes). Comme il y a cinq races, ma connaissance, il s'ensuit qu'il y eut au cours du temps cinq languesmres, dont aucune n'est atteste autrement que par les langues drives de son groupe, sans parler des idiomes mixtes ou composites, plus nombreux qu'on ne croit communment. La mconnaissance de ce fait capital a entran l'chec inluctable de toutes les tentatives d'apprhender l'origine du langage en postulant quelque langue-mre universelle. Corrlativement, car les deux problmes sont lis, le postulat de l'unit originelle du genre humain sur la plante ne peut qu'garer le chercheur qui veut interroger le plus lointain pass. Sans illusions sur l'accueil qui sera fait, en gnral, mes propositions (mais je n'cris pas pour M. En Gnral ), je dois redire ce dont mes recherches, autant que la tradition quoi des circonstances exceptionnelles me donnrent passagrement accs, m'ont convaincu : Les races sont des humanits distinctes, ayant suivi chacune une volution diffrente et ayant fait sur terre leur apparition en des temps et des lieux galement diffrents. Ceci, sans toucher en rien l'unit spcifique, ontologique, de toutes les humanits concevables en ce monde et en d'autres. Le seul qui ait vu quelque peu clair en tout ceci et qui ait, en outre, connu l'histoire secrte de la Terre, dans ses grandes lignes, avec une justesse stupfiante, est un homme de gnie dont je suis heureux d'honorer la mmoire. Je veux nommer Antoine Fabre d'Olivet[1]. Mme l o il se trompe en partie, il n'avance jamais rien qui n'ait sa raison et sa bonne part de ralit. Deux exemples seulement : II expose, dans l'Histoire philosophique du Genre humain, que la race noire s'est nomme suthenne ou sudenne , et en rapproche notre nom du Sud. Il affirme galement que les Blancs ou Borens appelaient les Noirs Pelasks , c'est--dire Peaux de bois , Peaux tannes . Si l'on laisse de ct l'appareil linguistique, tout externe et trop souvent contestable, dont il feint d'appuyer ses affirmations, - lesquelles ont une tout autre source, autrement objective - je me permettrai de rpter aprs lui que la race noire, dans sa propre langue, s'est effectivement dsigne sous le nom de Set, Seth ou Suth, nom sous lequel les Egyptiens la connaissaient aussi, puisqu'ils nommaient son territoire Ta Set Terre des Noirs et opposaient son ponyme, le dieu Set, Hor ; leur aspect du Verbe. Que ce vocable n'ait aucun rapport avec notre nom du sud, sauf d'assonance fortuite, ne fait gure question. J'ai donn ailleurs, dans le Pass de notre Race , une tymologie de ce dernier vocable, que je ne renouvellerai pas ici. Quant au terme Pel-Ask ou Pel-Azg, les Blancs l'appliquaient aux populations mles en diverses mesures de Noirs et de Rouges, mais avec dominante de ces derniers, qui couvraient l'Egide. Il est un emprunt deux mots atlantes : - PEL : sombre, noir (conserv dans l'euskarien belz noir , ble corbeau et pass dans l'Indoeuropen * PEL), - ASK/AZG : peau , puis teinte de peau et, par extension, ligne, race . Dans le systme adopt par Fabre d'Olivet, qui n'ignorait pas plus que moi le sens du terme compos Pelask, c'est Pel fourrure qui signifierait peau, et ask, qui signifierait bois (norr. ask frne ). On saisit par ces exemples que la mthode de recherche de cet auteur est nettement paralinguistique et dpend rarement de la justification rationnelle qu'il en tente aprs coup, pour sacrifier la mode de l'sotrisme de son temps qui, depuis Court de Gbelin, ne rvait qu'tymologies, hiroglyphes gyptiens et racines chaldaques ou phniciennes ! Mais c'est assez sur un sujet dont le dveloppement m'entranerait trop loin. Revenons plutt nos Hyperborens. Les conditions de leur habitat polaire primitif (notre zone arctique, moins les glaces et la rigueur du climat) ont laiss des traces irrcusables dans la mythologie, le calendrier, le nom des points cardinaux et les traditions des Indo-iraniens et des Indoeuropens. Dans ses deux ouvrages : Orion ou l'antiquit des vdas et Le Home arctique dans les Vdas , le pandit Tilak en a accumul les indices, et ses dmonstrations attendent encore leur rfutation. Comme j'y ai fait appel ailleurs (notamment dans Le Pass de notre Race ) on voudra bien me dispenser de me rpter inutilement.

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Ds les origines, les anctres de la race blanche s'affirmrent essentiellement individualistes, aventureux, querelleurs et affectifs ou animiques , si j'emprunte la terminologie de Fabre d'Olivet. De toutes les races, la leur est la plus difficile unifier, tant politiquement que religieusement. Entre toutes, c'est celle en qui l'ide de libert, d'indpendance, qu'elle soit dogmatique, nationale ou individuelle , est le plus profondment ancre. Ce qui est la fois, au cours de sa longue histoire, sa justification et sa condamnation, son titre de gloire et la source, toujours vive, de ses malheurs. Si l'Europe actuelle ne se souvient plus gure des Celtes, ne les reconnat-on pas en elle, peu ou prou, ces traits, en dpit d'un long abtardissement ? Et n'est-il pas vrai que les peuples d'Europe rputs grgaires , dans un sens d'ailleurs bien relatif ont quelque peu de sang jaune dans leurs veines ? Mais n'anticipons pas. La premire glaciation, dite de Gnz (- 18000 en gros chiffres, sans faire appel ceux des prhistoriens, qui y ajouteraient volontiers un zro) est lie au destin de la Lmurie, qui bascule et craque, tandis que l'Europe s'exhausse et se couvre progressivement d'une calotte de glace. Le Ple du froid est quelque part dans le massif Scandinave, tandis que l'Hyperbore passe d'un climat chaud un climat assez rigoureux, mais non encore glaciaire. Un chenal, libre une courte saison de l'anne, existe entre la mer et les monts d'Islande, donnant accs l'Europe de l'Ouest. Ce fut seulement la quatrime et dernire glaciation, en synchronisme avec la destruction de ce qui restait de l'Atlantide que le ple du froid, touchant l'Hyperbore, dtermina l'exode gnral des Blancs encore demeurs l. Car, pas plus que les fameuses glaciations n'ont eu lieu avec l'ensemble et la soudainet que le recul du temps nous pousse imaginer, les migrations hyperborennes ne se sont effectues d'un coup, ni non plus dans la mme direction. Pour ncessaires qu'ils soient, les tages, les strates, les industries, les facis, les res et autres systmes de classifications utiliss pour ordonner les faits prhistoriques, deviennent abusifs si on les prend en un sens absolu, le rel tant infiniment plus souple, plus mouvant et plus complexe que les schmas reprsentatifs difis dans l'abstrait. Donc, vers - 18000, les Hyperborens ont dj derrire eux plusieurs millnaires d'histoire, si l'on peut employer ce mot, c'est--dire d'organisation sociale lmentaire, et ont franchi une premire tape de civilisation : techniques du bois, de la corne et de l'os, mais non encore de la pierre ouvre. Dans ces tendues luxuriantes, o la fort alternait avec la steppe et o, encore indompt, le cheval (l'animal hyperboren par excellence, avec l'lan) galopait par troupes nombreuses, sous un climat assez gal, il est superflu de dire que la ncessit, peu pressante, n'aiguillonnant pas le progrs technique, aux phases presque insensibles. Ces Blancs, ces Celtes ont une langue commune, quelques variantes prs, ignorant encore la distinction des aspires[2]. Grammaire et syntaxe sont encore flottantes, mais les mots-racines essentiels sont dj l et varieront assez peu : noms de nombres, de degrs de parent, de parties du corps et d'actes simples : manger, boire, aller, venir, etc... Et naturellement, ds ces premiers temps, de mauvaises ttes, des divergences d'opinion, des dfis et des rixes. Mais cette race, assez facilement porte la voyance, aux pressentiments, au rve, a dj ses Sages (-WID- mot-racine qui formera plus tard son nominatif en escamotant le -D qui reparatra aux autres cas : -WIS- (pour *WIDS) et qu'on retrouvera, entre autres, dans les traditions britanniques sous les espces de l'initiateur Gwyddori). C'est de ce nom, par un jeu de mots dont je reparlerai, que Rama composera, avec un des noms du chne, celui des druides : *DRU-WI(D)S. Ces Celtes ont galement leurs voyantes, formes en collges et contenues difficilement dans de justes bornes par leurs Sages. Leur nom, rendu clbre par celui de la Velleda rhnane, fut normalis en fonction d'un thme : WEL-IT reposant sur un mot-racine Wel Voir . Ce sont ces voyantes dont les lointaines continuatrices prendront, en grande majorit, le nom de druidesses, qu'on peut leur attribuer par anticipation, leur fonction tant en principe identique. Des centres initiatiques[3] existaient, en effet, depuis les premiers temps de la race ; depuis exactement que l'Envoy divin qui lui tait propre avait formul pour elle l'aspect du Verbe qui lui tait le plus accessible, lui donnant la fois, avec ses premiers symboles et son premier sotrisme, ses bases morales, ses principes spirituels et sa structure sociale. Assez vite chez ces tres turbulents et avides de nouveau, se formrent des opinions particulires. En divers points de ce vaste espace en voie de peuplement, l'orthodoxie primitive tait mine par des

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vues, qui sans aller jusqu' fomenter des schismes dans l'immdiat, les laissaient facilement prvoir pour quelque proche ou lointain avenir. Tel tait l'tat des choses l'aube du druidisme, ou, plus justement, des temps pr-druidiques. La trs lente volution des Blancs allait maintenant s'acclrer sous l'influence de causes extrieures leur volont assez irrsolue, causes dont les principales seraient les glaciations qui les forceraient s'expatrier et s'aguerrir contre les intempries, et le contact avec des lments de races diffrentes, techniquement en avance sur eux.

[1] Tout l' pluchage , souvent injuste, de Lon Cellier, dans son gros bouquin d'rudition, Fabre d'Olivet Nizet, 1953 reste en dehors de l'essentiel, (lequel n'est pas du ressort de l'rudition) et mme parfois de l'accessoire (il s'tonne, p. 393, qu'on puisse prendre au srieux l'histoire du druide Ram ). Qu'on veuille ou non la prendre au srieux , cela est sans rapport avec son degr de ralit et avec les moyens de s'en assurer. [2] Ceci a t expos plus en dtails dans un article de la revue S.O.S., Occident, n 105 107 (1936) : Linguistique et Prhistoire . [3] Je voudrais tre en mesure d'expliquer au lecteur non prvenu, ou rendu sceptique, voire hostile, par des contacts, parfois peu difiants, avec nombre de soi-disant Centres, Groupes ou Fraternits initiatiques ce que pouvait tre un centre initiatique vritable, au temps o il y avait encore possibilit d'initiation effective. La chose ne se dmontre malheureusement pas la faon d'un thorme gomtrique.

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LE PREMIER SCHISMELes immenses tendues hyperborennes furent loin d'avoir t toutes prouves au mme degr et en mme temps par les glaciations. En consquence, une importante fraction des tribus celtiques s'accrocha longtemps aux rgions moins perturbes, alors que d'autres, au cours des successives invasions du froid, descendirent vers le sud, souvent pour remonter puis reculer nouveau selon l'extension ou la rtraction des champs de glaces. D'autres migrrent dfinitivement vers l'Ancien ou le Nouveau continent, soit par dessein, soit que quelque transgression marine ou quelque barrire glaciaire les aient coupes des passes empruntes pour leur repli. C'est ainsi qu'une quinzaine de millnaires avant notre re en gros chiffres, des clans hyperborens s'taient dj aventurs sur le bouclier irlando-breton. Ils y furent tmoins, quelque trois mille ans plus tard, d'un vnement cosmique formidable (du moins, notre chelle) dont la tradition, toujours vivace, faisait dire aux Gaulois qu'ils ne craignaient qu'une chose : que le ciel ne leur tombt sur la tte . Cet vnement fut une fantastique chute de bolides dont l'ouest de la future Europe fut le centre principal d'impact. Parmi les rgions les plus prouves, une bonne part gt depuis longtemps sous les flots. Toutefois, des vestiges notables de cette catastrophe subsistent en Bretagne ( Chaos de Plou Manac'h, entre autres sites) et au sud du Pays de Galles. Je ne chercherai pas, pour l'instant, prciser l'origine de cette pluie de blocs incandescents, projets d'une rgion de notre systme qu'on pouvait voir rougeoyer la nuit, tandis que les bolides dont elle mitraillait la Terre zbraient le ciel de traits de feu, martelaient sauvagement le sol, ou s'enfonaient en grsillant dans l'Atlantique, soulevant des geysers d'eau vaporise. Spectacle hallucinant, dont les pires bombardements ariens de la prcdente guerre mondiale peuvent seuls donner quelque ide ! Les Anciens nous ont rapport la tradition d'un incendie observ, pensaient-ils sur Vnus, qui pourrait bien tre troitement li la chute du ciel . Je m'excuse de rapporter ces faits, tenus pour lgendaires quand ce n'est pas pour imaginaires ... Mais, outre que j'ai des raisons trs positives de les tenir pour rels, voire vrifiables sous certaines conditions, je ne pouvais me dispenser d'en toucher quelques mots, car, bien antrieurement au Gui de Chne, la Pierre tombe du Ciel fut le thme central des enseignements tant publics que secrets des Sages de Celtide. Elle fut leur premier autel : le Menhir, que copiera plus tard le Btyle. Menhirs et dolmens jalonnent les voies de migration et les stations de la race, aussi bien ceux levs sur le sol d'Afrique par les futurs Libyens, que ceux dresss par les migrs, lentement mtisss, que furent les Proto-smites, ou que ceux rigs dans le Caucase et l'Inde par les compagnons de Rama et leurs descendants. Naturellement, les Celtes ne commencrent pas par lever un peu partout des blocs imposants : les plus anciennes pierres debout , de taille mdiocre, justifient mal ce nom de mgalithes dcern indistinctement toutes. C'est au cours du troisime interglaciaire (Riss-Wurm), alors que le climat gnral s'tait quelque peu rchauff, qu'on peut situer l'industrie Chellenne, premire technique de la pierre des Blancs, dissmins sur quelques points de l'Europe, et dont l'instrument typique est le coup de poing ovode, taill grands clats. Ceci entre 10000 et 9000 avant J.-C. trs approximativement. A ce propos, je dis, une fois pour toutes, que les partisans d'une chronologie longue contesteront mes datations, ce qui est leur droit vident. Ce n'est pas ici le lieu d'en discuter. Tout au plus exposerai-je que l'ge d'une roche terrestre n'est pas forcment celui de sa prsence ici, ce qui rend bien alatoires les arguments tirs de la radio-activit, voire du C. 14. A mes yeux, bien entendu ! Donc, peu peu, les clans celtiques affluent : la future Europe commence se peupler de groupes encore clairsems, s'ignorant souvent les uns les autres et accusant dj, la dispersion aidant, des divergences religieuses et sociales qui iront en s'accentuant. Ceux demeurs les plus proches de l'organisation primitive ont conserv leurs Sages et le dpt de l'enseignement traditionnel. Ils ont reform des collges de voyantes, adapt leur calendrier stello-

Chapitre II

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saisonnier leur nouvel habitat et maintenu le culte trs pur et trs simple. D'autres modifient enseignement, religion et rites d'autrefois selon leur sentiment et leurs circonstances. Mais l'heure du massif exode hyperboren approchait ! Sept mille trois cents ans avant notre re, d'aprs les donnes astronomiques rassembles par l'astronome Philipoff, c'est la captation de la Lune, qui devient satellite de notre globe[1]. La Terre oscille plusieurs reprises, la recherche d'un nouvel quilibre. L'atlantide, dont c'tait le troisime et ultime cataclysme, d'aprs Platon s'engloutit sous l'ocan tandis que le volcanisme se rveille un peu partout. Dans le domaine Egomditerranen, tremblements de terre et raz de mare perturbent l'Egide, sans l'engloutir dfinitivement. Une nouvelle phase glaciaire dbute, tage sur des sicles. Aussi les derniers Hyperborens abandonnent-ils leur contre d'origine devant la rigueur du climat et, je suppose, fcheusement impressionne par le va-et-vient de leur ciel familier et l'apparition de l'astre des nuits, quoique le changement d'inclinaison du globe les ait peu prouvs, part quelques transgressions marines phmres. Ainsi, la population de l'Europe se fait plus dense et la technique des Blancs s'amliore. C'est la priode de lAcheulen (meilleure et plus fine taille des silex). Gologiquement, c'est peu prs 1' tage dit Monastirien (terrasses fluviales de 18/20 mtres avec climat et faune froids (renne, bison, etc.). Vers 6500, nous serons en plein Age du Renne. Le front des glaciers s'est progressivement stabilis et va rgresser, leur fusion engendrant des fleuves gigantesques. Epoque cruciale pour les Celtes qui, descendant toujours plus au sud mesure de leur dveloppement numrique, rencontrent ici les pionniers de la race Noire, l, ceux de la race rouge. Sans cohsion et techniquement infrieurs, les Blancs sont menacs d'tre rapidement anantis ou d'tre rduits en esclavage. Ce qui advint effectivement au dbut pour une notable fraction de leurs tribus, dcimes, captures, et souvent dportes en Espagne et en Afrique, toujours soude l'Europe. Telle est, entre autres, l'origine des futurs Libyens. L'esprit d'aventure, les querelles intestines et les migrations qui s'ensuivaient souvent, alimentaient encore cette Traite des Blancs dont les victimes allaient difier les forteresses cyclopennes des Rouges (Nuraghi de Sardaigne, Talayot des Balares) ou taient astreints par les Noirs aux formidables travaux que ncessitaient le Nil et les retranchements de leur mtropole du Triton. Naturellement, les Blancs dports faisaient des mtis, comme en faisaient les esclaves blanches de leurs dominateurs du moment : souche premire de ces populations hybrides du nord de l'Afrique et du sud de l'Europe, qu'on baptisera plus tard Ligures .[2] Ce qui prserva la race de l'extermination et de la dgradation totale, ce fut, je le redirai aprs Fabre d'Olivet, bien inform sur ce point la rudesse du climat post-glaciaire, l'instinct de conservation d'une race jeune, n'ayant pas sur ses vigoureuses paules le fardeau d'hrdits qui pse sur les ntres, et les mesures judicieuses de ses Sages qui dterminrent la seule conduite tenir devant un oppresseur invincible en rase campagne mais inadapt au climat : se tenir au plus prs des glaces et organiser des raids foudroyants, chaque hiver, contre des adversaires incapables de riposter sans courir au dsastre d'une campagne de Russie avant la lettre. Trs postrieurement, il est vrai, la domestication du cheval par les Celtes, rendrait ces raids plus redoutables encore. Cette longue suite de reprsailles et de coups de mains aboutirait la longue faire changer la fortune de camp et amener le dclin des races de couleur. Pour le moment, nous sommes l'aube du sixime millnaire. Les Blancs commencent dresser ces pierres leves et ces dolmens qui sont, pour ainsi dire, leur signature prhistorique : pierres de dimensions encore modestes, auxquelles succderont d'imposants mgalithes. Quelle est alors la situation ? Quelques lments rouges, isols de leurs bases, prfrent s'entendre avec les Celtes plutt que risquer un massacre inutile. Et c'est de leur collaboration technique que natra la belle industrie Solutrenne, plus tard imite par les Noirs dont l'Aurignacien reste l'industrie typique : 1' Homme de Cro-Magnon est un Noir ou un mtis de Blanc et de Noir ! Progressivement, le climat s'adoucit : le cerf va bientt remplacer le renne ; les industries classes msolithiques vont faire place assez rapidement au Nolithique infrieur (Flnusien, Campignien, etc.). Les Blancs s'organisent, non sans se disputer, leur habitude, si bien que des groupes de mcontents continuent s'expatrier, tels les anctres des futurs Smites, qui se mtisseront en Asie et en Afrique. Parmi les Blancs dissmins en Europe, ceux qui occupent l'aire allant du sud de l'Irlande au golfe de Gascogne forment le noyau le plus stable. C'est parmi eux que l'orthodoxie du culte et du code social et familial a subi le moins de dviations. Ils ont leurs Sages, hirarchiss sous un chef respect, leurs ftes cultuelles et saisonnires, leurs voyantes qui les relient aux anctres et au monde

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invisible. Ces dernires sont subordonnes au sacerdoce masculin qui dveloppe, utilise et contrle les facults psychiques fminines, veillant maintenir celles qui les possdent dans de justes bornes. Les Sages de Celtide, en effet, connaissaient le danger des plans subtils de la nature pour qui se livre passivement aux tres qui les peuplent, et dont certains sont les pires ennemis de la psych humaine. Mais, de leur ct, les voyantes tendaient s'exagrer l'importance de leur rle, videmment spectaculaire. Si bien qu'une belle fois, obissant des suggestions manes de l'Incontrlable, un de leurs collges rejeta l'autorit du sacerdoce, renversa les valeurs admises jusqu'alors, et proclama la supriorit du principe plastique et fminin sur le masculin, la prminence de la Mre Universelle sur le Pre Crateur. Comme tout ce qui tient l'erreur en ce monde, leur doctrine se propagea rapidement, au point de diviser la Celtide en deux camps sensiblement gaux en nombre. Dvoyes, prives des guides clairs qu'elles avaient bravs, les futures druidesses, anctres des sombres sorcires de l'Ile de Sein, se livrrent aux louches entits du monde infrieur et s'adonnrent aux pires excs de la magie noire. Pour ces rites et ces vocations, il fallait du sang. On le demanda aux sacrifices humains, ignors jusqu'alors ! La pure religion ancestrale perdit du terrain. Le caractre passionn de la race le donnait prvoir : la sduction s'offrait ses fils sous les espces de la belle vierge implacable et vaticinante, dispensatrice d'une mort prsente et considre comme le suprme honneur ! Un certain romantisme, on le voit, a de trs anciennes racines !... Des sicles durant, les Celtes allaient verser le meilleur de leur sang sur les autels des mnes ou dans les rixes incessantes entre partisans des deux doctrines rivales, pour le plus grand bnfice de l'ennemi extrieur remis en assurance. Les incidences de cette premire guerre de religion , si l'on peut dire, ne sauraient tre dtailles. Les dgts matriels qui en rsultrent sont peu de choses en regard du gchis social et spirituel qui en fut la ranon. Le culte pur fit place, ici et l, des rites orgiaques ; l'oblation des fruits de la terre l'Esprit fcondateur fut remplac par les meurtres rituels destins sustenter les entits dmoniaques par les manations du sang rpandu. La sagesse, ne du concours de la raison et de l'inspiration, abandonna les voyantes, devenues visionnaires sans frein ni rgle. Il y eut, sur le plan social, les tentatives d'instauration du Matriarcat et l'avilissement de l'homme, envisag comme simple mle reproducteur. Il y eut le culte extatique de la nature, qui aboutit, l comme ailleurs, au dbridement des instincts, l'orgie et au sadisme. Il y eut, enfin, une contre-initiation fminine, opposant ses malfices, ses phnomnes psychiques et ses phantasmes astraux l'enseignement authentique, o le spirituel avait le pas sur le psychique. L'inversion des doctrines allait de pair avec celle des symboles. Un exemple : Dans une acception symbolique, la constellation polaire de l'poque approximative du schisme tait la Grande-Ourse (que prolongeait quelquefois une des toiles de l'actuel Bouvier, d'aprs certaines reprsentations prhistoriques). Cet astrisme s'appelait chez nos anctres ici le Sanglier, l, lOurs. Les novatrices et leurs acolytes en firent respectivement la Laie et lOurse, renversant les rapports et faussant l'enseignement dont ces figurations taient le voile et le pivot. D'un autre ct, des groupes de Bacchantes guerrires ou Amazones, telles, plus tard, celles de Thrace, transformaient la guerre idologique en guerre tout court. On peut relire sur ces faits obscurcis par le temps les exploits semilgendaires d'Hracls et de Thse !... J'ai peine effleur le sujet ; assez cependant pour faire sentir combien tout, morale, religion, famille, initiation changea de face ds ce moment. Depuis lors, il y eut deux sacerdoces : l'un fminin, centr sur l'exaltation du psychisme, l'autre masculin, ax sur la primaut du spirituel, diffrence essentielle, fondamentale, qu'on ne soulignera jamais assez ! Nombre de Celtes, jeunes et passionns, prirent, cela s'explique tout seul le parti des belles rvoltes qui n'eurent gure de peine recruter ainsi les lments d'un pseudo sacerdoce masculin ... par ses figurants en ralit, contamin par le schisme quant ses principes, tandis que, par contre, quelques voyantes intransigeantes se regroupaient troitement autour des Sages orthodoxes. Une des consquences de ces dsordres fut la reprise fructueuse de la Traite des Blancs par leurs adversaires de couleur. Ainsi, les Celtes dports jadis en Afrique virent leur nombre grossir peu peu par l'apport de nouveaux lments malchanceux de leur race qui les gagnrent la subversion, que je nommerai par anticipation Schisme des Druidesses , afin de le distinguer du second schisme, assez analogue quant au fond, qui devait clater beaucoup plus tard. Ces dports, disons ces Pr-libyens , adjoignirent la poigne de mots qu'ils conservrent de leur vocabulaire protoceltique (ou pr-indo-europen) une majorit de vocables emprunts aux langues du dialecte des Atlantes du Maroc, tout en adaptant leur usage la syntaxe de leurs oppresseurs noirs, comme le feront plus tard les smites (et mme les Atlanto-Egens de Nar-Mer lorsqu'ils s'empareront du

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delta). Je dois souligner, pour clore ce chapitre, un fait important : Le druidisme irlandais fut schismatique ds la premire heure ! Il est donc extrmement risqu, par voie de consquence, de se fier aux Sagas irlandaises pour pntrer le sens ou l'histoire du druidisme continental, comme le firent tant de celtisants aprs H. d'Arbois de Jubainville ! Sans doute, les spcialistes reconnatront facilement la carcasse astrale, saisonnire ou mtorologique de tel trait, qui, ce point de vue, peut tre susceptible de comparaison avec les rcits parallles du monde indo-europen, mans de la mme source commune. Mais cette ressemblance, tout externe, n'en est que plus trompeuse lorsqu'on cherche pntrer l'esprit, le sens interne, sans mme souponner les oppositions radicales de tendances qui se dissimulent sous la concordance formelle des sujets ou des situations[3].

[1] Aux temps reculs o les Atlantes laborrent le schma zodiacal, la lune n'y entrait pas en ligne de compte. J'ai expos dans une mince plaquette, Trois Problmes astrologiques *, que la rpartition logique des Domiciles et des Exaltations supposait qu'on en ft abstraction. Le Signe dit aujourd'hui du Cancer tait attribu au Soleil Nocturne, en opposition logique avec le Capricorne, sige du Saturne Nocturne. D'anciennes figurations du Cancer, en Egypte, reprsentent un scarabe solaire et non le Crabe lunaire. Par ailleurs, dans le rcit de la Gense, Mose parle du Grand et du Petit Luminaires, mais non du Soleil et de la Lune, comme on ne lui a que trop fait dire. Un dernier mot, non de moi, mais d'un grand prhistorien, le Dr Marcel Baudouin : En prhistoire, la Lune n'apparat jamais. [2] Je ne puis omettre, en faisant allusion au dtournement du Nil, quelques dtails touchant les fluctuations de la lutte entre les Rouges et les Noirs sur le sol d'Afrique. Je crois avoir signal prcdemment que vers le huitime millnaire les Noirs dtournrent le cours du Nil pour lui donner son trac actuel. La catastrophe atlante, quelques sicles plus tard, servit leur dessein. Par l'occupation de ce qui serait plus tard l'Egypte, ils menaaient et surveillaient l'Egide. La riposte eut lieu, en gros chiffres, vers 6500/6300. Le noyau de race rouge form par les Egens tait puissant et solidement organis. Les Egens repoussrent Noirs et Smites et occuprent en force le delta. Ce n'est que vers le dbut du cinquime millnaire que les Libyens russiront les dloger, pour peu de temps d'ailleurs. Le Diluvium du Proche-Orient, vers 4500 provoqua des exodes de population et les Egens de Nar-Mer, trois sicles plus tard, entreprendront avec succs la reconqute de la valle du Nil. A partir de l, l'histoire est assez connue et tout commentaire superflu. [3] J'ai dvelopp certains points qui ne trouveraient pas leur place ici, dans Mythes, Contes et Lgendes (Ed. de Psych, 1951).

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RAMA : NAISSANCE DU DRUIDISME PROPREMENT DITCinq sicles peine se sont couls depuis l'explosion du premier schisme fminin. Partout s'affrontent, se dfient ou se fuient les partisans des deux doctrines. Le sang humain coule inlassablement sur les autels des Filles de la Mre . Et voici qu'un flau inconnu frappe les Celtes, s'attaquant presque exclusivement la jeunesse et l'ge viril. Ce flau, chtiment d'En haut, sans doute, mais interprt diffremment des deux cts de la barricade, c'est la tuberculose pulmonaire. Malgr un redoublement d'hcatombes par quoi les visionnaires entendaient flchir le courroux de la Grande Desse ; en dpit des recherches des Sages touchant la nature du mal et les remdes lui opposer, l'pidmie continuait son uvre implacable. Une belle fois, l'archi-vaticinante saisit l'occasion d'une crmonie publique pour dcrter ex cathedra que les progrs du flau ne cesseraient que lorsque le Suprme Conseil orthodoxe et son chef auraient t sacrifis la Mre divine. C'tait les dsigner ouvertement aux coups des fanatiques et substituer la guerre ouverte aux incidents quotidiens entre les deux camps. Au point o en taient les choses, l'on pouvait prvoir assez brve chance l'extinction totale de la race. Pour garder sa libert de manuvre et dcourager quelque audacieuse et sacrilge tentative, le Grand Pontife orthodoxe s'tait tabli, solidement, entour, assez loin au sud-est des lieux qui avaient t le point de dpart et demeuraient le centre actif du schisme. Il tait descendu vers les terres rcemment exondes (fin de la dernire glaciation) qui s'asschaient lentement, draines par le Rhin. C'est entre ce fleuve et la Meuse, sous la protection d'une double barrire d'eaux que s'tait retranch 1' EtatMajor orthodoxe, si l'on peut employer cette expression. Le hasard, qui n'est en somme que le nom poli de notre ignorance avait assez bien fait les choses puisque, non loin de l, peu de distance de l'actuelle frontire franco-belge, tait n un enfant qui serait le futur Rama, pour l'appeler par son nom d'initiation, nom symbolique, signifiant blier , en tant que pacifique conducteur d'un troupeau[1]. Fils de guerrier, il prfra revtir la robe grossire des aspirants la Sagesse et franchit vite les degrs de la hirarchie, dsign, semblait-il ses pairs, pour assumer un jour la charge de Chef du Sacerdoce, charge lective et non hrditaire. Comme le seraient plus tard les druides, les Sages de Celtide taient la fois pasteurs spirituels, ducateurs, lgislateurs et thrapeutes. Rama s'attaqua donc au problme angoissant de la phtisie pulmonaire et en trouva le remde dans une des plantes les plus curieuses de nos contres : le gui du chne. J'en ai maintes fois parl dans mes crits antrieurs que je rsumerai et complterai au chapitre XIV de celui-ci. Pour l'instant, o je relate l'histoire de druidisme telle que je pense la connatre, je rappellerai seulement que ce Gui, prototype du Soma et du Haoma des Indo-iraniens, fut tudi par Rama dans toutes ses possibilits relles (thrapeutiques et psychagogiques) comme dans toutes ses applications symboliques : Remde universel , Elixir du Savoir , voil les possibilits relles, les seules dont je veuille faire tat pour le moment et sur lesquelles je donnerai plus loin des indications assez prcises. Rama se mit donc l'uvre, appuy par le Suprme Collge. On convint de divulguer le nom du remde sauveur, mais d'en tenir secrte la prparation. Le bruit des cures merveilleuses du thrapeute ne tarda pas se rpandre dans les deux camps. Chaque gurison conservait ou rendait l'orthodoxie un fidle de plus et quelquefois un clan, lorsqu'il s'agissait de son chef. A mesure que croissait son prestige, les vaticinantes voyaient dcliner le leur. Exaspres, elles le dclarrent possd par de mauvais esprits et, afin d'intimider ceux qui oseraient recourir sa mdication, elles le frapprent solennellement d'interdit. Lui, ne pouvait ignorer ces menes, dont le rsultat logique serait un conflit arm de grande envergure, qu'il voulait tout prix viter. Pour ne point voir la Celtide dchire par une lutte fratricide, il rsolut donc de s'expatrier avec ceux qui voudraient le suivre, pour conqurir ailleurs un territoire o la tradition se conserverait inviolable. Mais, auparavant, il rsolut de donner la fte du Solstice d'Hiver (Prinni Giamon, du calendrier gaulois

Chapitre III

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de Coligny) un clat et une signification sans prcdents. Il avait dj institu pour cette fte le rite de la distribution solennelle du gui, et donn cette plante son nouveau nom : Widus (l'herbe) du Savoir (Indo-Eur. *Weid- savoir ), tandis que les Sages orthodoxes adoptaient le nom de Dru-Wides (nominatif ultrieur Dru-wis/Druis-), c'est--dire, selon un symbolisme assez transparent : Chnes porteurs de gui [2]. Ce n'est qu'au cours de l'anne qui suivit sa dcision d'exode, aprs avoir mri son plan et prpar ses voies, qu'il la rendit publique et lana un appel ceux qui voudraient associer leur fortune la sienne. Et ce fut l'occasion de la fte de l'Equinoxe d'Automne qu'il se dclara ouvertement. Ainsi, la menace d'agression massive des partisans du schisme tourna court, faute d'objet ou, si l'on veut, de prtexte. Rama avait donn rendez-vous ses partisans dans la plaine du Hanovre, au nord de la fort de Teutoburg, o l'on situe assez gnralement le massacre de l'arme de Varrus par Arminius. Le jour du dpart fut fix pour l'Equinoxe de Printemps. Je remarquerai ici que c'tait toujours lors des grandes clbrations saisonnires qu'taient prises les dcisions d'intrt gnral. Chez les schismatiques galement. Les annales irlandaises en font foi ! Dans cette tendue assez dsertique, s'organisa le rassemblement des volontaires : quelques dizaines de milliers qui, en chemin, feraient la boule de neige. Dans cette foule de pitons (le cheval n'tant pas encore domestiqu) il y avait des clans entiers, commencer par celui de Rama. Davantage exode quexpdition guerrire ! Le transport du matriel rudimentaire, des malades et des blesss tait assur par l'anctre (mais deux roues) de notre brouette. Les migrants s'en furent par la valle de l'Elbe pour atteindre le Danube et le longer par la rive gauche o campaient dj des clans celtiques dont quelques lments se joignirent eux. Sans trop d'escarmouches, l'on arriva l'embouchure du fleuve, en vitant sagement les accrochages avec les Noirs, tablis sur la rive droite et avec les irrconciliables Amazones de Thrace. Aprs une pause rendue indispensable par les ncessits du ravitaillement, l'exode reprit. L'on contourna la mer Noire par le nord, pour gagner l'Armnie en franchissant le Caucase o se fit la premire halte durable (probablement d'une rcolte l'autre) et pas seulement pour des problmes de ravitaillement. En effet, des Blancs s'taient retranchs l, depuis plusieurs sicles, contenant la pousse genne, tout en en subissant l'influence technique et intellectuelle. De cette prsence antique, de ces contacts alternativement commerciaux et belliqueux, le nom mme du Caucase porte l'empreinte; ce nom est celui des Kauknes ( Montagnards ) qui, eux, n'taient point des Celtes, mais de purs Egens. Ce nom est bti sur un des vocables pan-atlantes dsignant la hauteur et, plus spcialement, la hauteur fortifie . On en retrouve les vestiges jusqu'en berbre moderne (t-KUK-t/ t-KU-t, citadelle, oppidum ). Il a fourni l'ibro-aquitain des appellations toponomastiques : Cauca, en Tarraconaise ; Cauco-liberi (Kauko-iliberri) en Narbonnaise, aujourd'hui Collioure, etc... Ce mot, commun plusieurs dialectes atlantes, s'il n'a pas purement et simplement t emprunt, comme nombre d'autres, par les Celtes, a, pour le moins, dteint smantiquement sur un thme I.E. homophone, KOUKO-/Kauko-, particulirement reprsent dans le domaine balto-slave. Des compagnons de Rama se fixrent dans ces parages, remplacs dans les rangs des migrateurs par nombre de jeunes Celtes caucasiens que tentait la belle aventure . C'est, le pense, la suite de ce sjour que furent rigs, au cours du temps, les nombreux mgalithes de la rgion. Je me permets une digression. L'poque o se situe Rama est celle dite de la pierre polie ; c'est aussi celle que j'ai signale ailleurs comme priode du bronze cryptique . En effet, ds avant l'engloutissement de leur Ile, les Rouges connaissaient et utilisaient le bronze, dont la fabrication tait tenue jalousement secrte. De rares chantillons s'en peuvent retrouver au Bnin (Yoruba) et mme au Maroc. Conformment aux thories en cours, ces bronzes sont post-dats quand quelque fouille heureuse en exhume. Aprs la destruction de leur mtropole, les Egens, continuateurs des Atlantes, prospectrent les gtes miniers et se livrrent d'innombrables essais, qui restrent longtemps dcevants, en vue de retrouver la formule du fameux orichalque . Ils y parvinrent enfin, au cours du 5e millnaire. De mme que leurs prdcesseurs, ils la tinrent secrte. L'airain, rarissime, fut d'abord exclusivement consacr aux usages sacerdotaux. C'est dans cette proccupation de dfendre une technique rserve qu'il faut chercher le point de dpart des mystres cabiriques et le fin mot des lgendes touchant les Telchines et les Dactyles de l'Ida. J'ajouterai que, lorsque Rama se fut tabli dans l'Inde, il reut, en tant que Grand Pontife de renom universel, quelques chantillons du bronze gen, en ce temps, plus prcieux que l'or. Mais, au temps de leur exode, les Celtes ignoraient le bronze. Outre l'arc et la

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fronde, leur arme typique tait la hache de pierre polie ; quoi fait allusion le nom transmis par l'Inde, de Parau-Rama. Et l'exode se poursuivit plus loin, travers l'Armnie, la Susiane, la Perse, la Carmanie o Rama s'arrta quelque temps avant d'aborder l'Inde. Celle-ci tait peuple en majeure partie par les descendants des rescaps de la Lmurie, avec une minime proportion de Jaunes, autres rescaps, mais du continent pacifique. L'Indus fut franchi dans la plaine de Katchi, vers l'actuelle Chikarpour et la conqute du pays s'opra par le nord par la plaine indo-gangtique. Un des rsultats de cette conqute fut qu'une partie des Lmuriens adhra spontanment la fdration que leur proposait Rama, toujours oppos aux effusions de sang inutiles, une autre tant refoule au sud-est (Gondvana, entre autres) tandis que le reste, rpugnant s'allier comme combattre, prfra s'expatrier, reprenant en sens inverse la route suivie par les Celtes. Ce sont ces migrs qui fonderont par la suite l'empire sumrien, puis sumro-akkadien, de Babylonie. Mnager des susceptibilits locales et sachant que l'quit est la plus sage des diplomaties, Rama pacifia et fdra l'Inde propre tendant sa suzerainet ou plutt son autorit morale sur la Perse, o d'autres Blancs, chasss ou migrs pour des raisons analogues aux siennes, s'organisaient, refoulant les Noirs dont le dclin allait rapidement s'accentuer. Il en alla de mme pour le Tibet o une trs ancienne migration hyperborenne, due aux glaciations, avait plus ou moins fusionn avec des lments de race jaune. Le prestige et la sagesse de Rama firent plus que les armes pour confdrer ces vastes territoires aux populations disparates. Finalement, il tablit sa capitale Oudh (Ayodhy), dlgua ses pouvoirs un chef temporel assist d'un conseil de druides, et se retira au Tibet, dont il fit le premier Pays neutre de l'Histoire. Il y prit le titre religieux de Lama [3]. Son systme fdratif donna cette immense portion du monde deux mille ans de paix druidique. Cela tient en deux mots : fdration et arbitrage[4]. Les druides d'Europe, rests en liaison se tenaient au courant des affaires d'Asie et adoptrent le programme qui y avait fait ses preuves. Mais quant le raliser contre le schisme qui sapait leur autorit et contre l'anarchique turbulence des chefs de guerre se jalousant, c'tait une autre histoire !... Toutefois, le programme subsista, inchang, jusqu'aux temps historiques. On le vit bien, quand Vercingtorix faillit le raliser, appuy par tous les druides orthodoxes, trahi par les autres.

(1) Je n'ai pas cru devoir modifier la forme sanscrite tardive sous laquelle le nom de Rama nous est parvenu. Qu'il ait t appel Ramos de son vivant, comme j'ai de fortes raisons de le penser, ne change rien au sens du nom, et n'a qu'une mince importance. (2) . L 'auteur doit rappeler ici qu'il n'est ni linguiste, ni philologue, quoique n'tant pas absolument ignorant en l'espce. Si la non spcialisation prserve de certaines illres, elle rend vulnrable aux critiques, souvent fondes, parfois injustes, des savants spcialiss, arbitres d'une poque voue la spcialisation outrance. (3). Je veux souligner que ce mot n'a pas davantage voir avec le nom celtique de l'agneau, Lemba, que son nom de Rama ou Blier avec le Blier zodiacal et l're prcessionnelle qui s'y rattache, sinon dans de tardives adaptations symboliques. A l'poque de Rama, l'quinoxe vernal tait encore dans les Gmeaux et serait bientt signal par le lever hliaque d'Orion. (4). L'un ne va pas sans l'autre, si l'on tient au rglement pacifique des conflits. Mais, pour tablir l'un comme l'autre, il faut non un super-gouvernement , une S.D.N. ou un O.N.U., mais une autorit spirituelle, indpendante des partis et des Etats, reconnue et respecte par ceux-ci, qui trouvent en elle leur lgitimation et leur garantie de dure.

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IRSHU : ORIGINE ET DEVELOPPEMENT DU SECOND SCHISMERama avait organis le monde indo-iranien selon ses principes. S'tant retir ensuite au Tibet, il y acheva son existence sans jamais plus paratre en public. De cette faon, seul, son entourage sacerdotal immdiat eut connaissance de sa mort qui, selon ses instructions, fut tenue secrte prcaution ncessaire pour que son uvre lui survive. Lorsqu'il devint, aprs des sicles, une figure lgendaire, on en fit le hros d'un cycle pique et initiatique. Et je dois dire ici que les deux hros des sixime et septime Avatars de Vishnu, Parau-Rama et Rama-Chandra, sont un ddoublement mythique de sa personnalit et non deux personnages historiquement distincts. Longtemps aprs lui, la liaison se maintint entre les Celtes expatris en Asie (les Aryas ) et ceux demeurs en Celtide. Eloigns de leur patrie ancestrale, les premiers n'en taient pas coups : bien souvent, au cours de ces sicles, tantt des clans, tantt des missaires religieux ou politiques firent la navette entre l'est et l'ouest ; les uns introduisant parfois chez les autres des objets matriels en mme temps que les termes dont ils les dsignaient, car, insensiblement, leur langage et leur mode d'existence se transformaient.

Chapitre IV

Vers le cinquime millnaire, le retrait dfinitif des glaciers est un fait accompli. Ils laissent derrire eux de vastes tendues lacustres ou marcageuses, peu praticables mais qui, s'asschant lentement, allaient bientt ouvrir aux migrations asiates le chemin de l'Occident. Dj se dessine une premire dialectisation du monde celtique : Proto-indo-iraniens et proto-scythoslaves vont former le groupe linguistique assibilant, dit de Satem, en face du groupe dit de Kentum (gaul. Canton), ainsi dsigns d'aprs leur schibbo-leth , la prononciation du nom de nombre cent . Ce dernier groupe est lui-mme fortement diffrenci : les Proto-Germains, particularistes et nomades, errent entre la Russie d'Europe et la Finlande, proches des Scandinaves ; ceux qui conserveront le nom de Celtes ou prendront celui de Gaulois , tiennent l'ouest de l'Europe et le Haut-Danube. Dans le sud et le sud-ouest, les Noirs, en rgression, perdent presque partout du terrain et partout du prestige, s'assimilant ici, se subordonnant l, dcampant ailleurs, remplacs ou continus dans les parages circum-mditerranens et sur le sol du Proche-Orient par des Celtes ou par les populations mixtes, nes de leurs mtissages avec les Atlanto-Egens et avec les Blancs. Le monde gen, lui, est par contre en pleine ascension ; sa caste suprieure est dominante rouge, mme chez les Phniciens, dj fortement smitiss. Ses comptoirs et ses colonies dbordent sur la Petite-Asie et sur l'Afrique du Nord o, l encore, les Noirs reculent et rgressent. Les Proto-Libyens, dont j'ai dj touch quelques mots, viennent de secouer leur joug, au seuil de ce cinquime millnaire, et, paralllement aux Rouges, subjuguent leur tour l'Afrique septentrionale et empitent sur la valle du Nil, ou du moins sur le Delta. Pendant ce temps, parmi les Celtes d'Europe, les disputes vont leur train, dterminant de nouveaux exodes de mcontents. Du point de vue du druidisme, il est facile de se reprsenter les trois partis qui se formaient : deux intransigeants, celui des druidesses usurpatrices et celui des druides authentiques, fidles la tradition revivifie et radapte par Rama, et un troisime, qui ne manque jamais dans les temps troubls, quelque poque qu'on se place, louvoyant entre les deux extrmes. C'tait celui des conciliateurs chvres-choux, qui cherchaient une issue dans des compromis doctrinaux et difiaient un druidisme clectique, tolr par les druidesses dont il faisait le jeu, mais sans autorit effective sur elles, bien entendu ! Vers le milieu du cinquime millnaire peut se placer le Diluvium du Proche-Orient, dont il est inutile de dtailler les causes, d'ordre avant tout climatrique. De l'ouest de la Perse l'Egypte, en passant par la Msopotamie, l'inondation rasa tout sur son passage. Elle dura peu. Le flot peine coul, ce fut une rue sur les rgions dsertiques : les Sumriens se rinstallrent en force en Babylonie, flanqus et, peu peu, infiltrs d'Akkadiens smitiques qui devaient finir par les supplanter. Les Egens, eux, encadrant des Smites, lancent l'instigation des Atlantes de l'Atlas replis parmi eux et contin-

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uateurs de la tradition Rouge, l'expdition de Nar-Mer sur le delta ( 4200 environ). D'autres Smites nomades, venus par l'Arabie, les avaient prcds de peu dans la valle du Nil, tandis que les Libyens prenaient position sur sa rive gauche. On sait ce qu'il en advint : Les EgoAtlantes rejetrent les Smites vers l'est et le sud-est ; les Nubiens noirs ou Nilotiques furent refouls progressivement au-del de Mroe, et les Libyens, ou Tehenu, surnomms par les Rouges Erz ou Ertz (= dprdateurs ) surnom dont ils se firent un titre de gloire durent se replier vers l'ouest. C'est ainsi que les derniers porte-flambeaux de la tradition atlante fondrent, avec Nar-Mer et ses successeurs, un empire thocratique, sagement organis et hirarchis, bas sur des principes et des sciences aussi orthodoxes dans leur ordre que l'avaient t, dans le leur, ceux du druidisme rnov par Rama. Et, deux sicles peine aprs la conqute du Nar-Mer, l'on sculpte le grand Sphinx de Gizeh, Hor M'Akhwti, symbole de l'aspect du Verbe divin saisi par les initis. Ce que sera Sparte, l'incomprise, la calomnie, face l'anarchie hellnique, trois millnaires plus tard, l'Egypte l'est, ds cet instant, face aux dsordres et aux dprdations des schismatiques libyens et smites. Nous pouvons maintenant ramener notre attention sur l'Inde. Etendu et form d'lments htrognes, dont une partie supportait impatiemment la suprmatie et la domination, pourtant dbonnaire, des Blancs, l'empire ou la confdration fonde par Rama touchait sa fin. Vers 3300 ( 3210, selon la chronologie normalise des Hindoux), il allait subir le plus terrible des orages. Un prince, dont le vrai nom ne fut plus jamais prononc et que nous ne connaissons que par son surnom, Irshu, c'est--dire le Jaloux , convoitait le pouvoir dtenu par son frre an. Pour supplanter celui-ci, il lui eut fallu l'appui du sacerdoce, chose impensable. La fonction royale, d'ordre temporel, n'tait l'abri des comptitions que par la sanction religieuse, qui la lgitimait et qui, seule, rendait inviolable celui qui l'exerait. Irshu ne l'ignorait pas, mais n'ignorait pas davantage (en tant qu'ventuel hritier du trne, instruit en consquence par les druides) la mission de Rama et le schisme qui l'avait provoque. Usurper le pouvoir sans motif plausible et par la seule force des armes n'tait pas tenter : personne ne l'et suivi ! Aussi, pour triompher d'un ordre spirituel qui contrecarrait ses ambitions, c'est sur ce mme plan, spirituel et religieux, qu'il lui fallait se placer[1]. Opposant systme systme, il n'hsita pas reprendre son compte la vieille et toujours vivace hrsie des druidesses ; la supriorit prtendue de la Mre sur le Pre ou, en style sacerdotal et symbolique, du principe Deux sur le principe Un. La couleur emblmatique du sacerdoce fond par Rama (et conserve par les druides d'Europe) tait le Blanc. Il lui opposa la couleur rouge et pourpre, que les Phniciens, qui adoptrent trs tt ses ides, rendirent assez clbre, comme le dit Fabre d'Olivet, fort bien renseign sur ce point. Lors de la premire rvolte, les druidesses schismatiques avaient conserv la couleur blanche, tout comme les orthodoxes, et pris comme emblme ou signe de ralliement la vache (ou schmatiquement ses cornes), le croissant lunaire et la colombe. Le second schisme y ajouta, outre le changement de couleur, le taureau, l'toile (symbole de Vnus) ainsi que les attributs de la fminit plus ou moins styliss, dont les Phniciens allaient faire le Signe de Tanit , assez connu. Ayant fait appel aux adversaires ou aux dissidents de l'orthodoxie dans l'ordre spirituel et suscit un contre-sacerdoce afin de donner un sens et, si l'on peut dire, une justification son geste, Irshu ne pouvait que s'appuyer matriellement sur ses adversaires ethniques ou politiques, et, en tout premier lieu, sur les Sumro-Dravidiens qui, en Inde comme en Babylonie, avaient gard une dent contre les tenants d'un ordre tabli leur encontre et amen la subordination des uns et l'expatriation des autres. En Inde, par exemple, leurs divinits anciennes, Siva (inconnu des Vdas), Indra, Ganesa, etc..., taient trangres aux personnifications cosmologiques des Blancs, dont les figures de proue taient alors Brahma (BhLAGSMA-BHLAGMA) le Lumineux et Agni (*ONGwNI-) le principe Ign , soit le double aspect, feu et lumire, du Verbe divin, lui-mme manifestation du Principe Un. Certes, le sacerdoce lgitime avait immdiatement compris les suites incalculables de la rbellion d'Irshu sur le plan social, et de son inversion des principes premiers sur le plan spirituel. Fltri et condamn au bannissement, il quitta l'Inde avec ses partisans, horde sans cesse grossie mesure qu'elle s'loignait du foyer oriental de l'orthodoxie. En style sacerdotal, cette histoire est recense dans le Mah-Bhrata. Irshu y est nomm Dur-yodhana l'Intraitable , tandis que son frre an (devenu ici son cousin) s'y appelle Yudhishthira 1' inbranlable et y porte le surnom significatif de Dharma-Rja, le chef lgitime . Quoique la fiction (trs remanie) fasse prir le rebelle la bataille de Kuru-Kshtra, il n'y fut que repouss avec les siens. Ils partirent donc vers l'ouest et trouvrent asile, recrues, armes et oreilles complaisantes chez ceux de Babylonie et chez les Smites qui les avoisinaient. Ayant expos ceci, plus en dtail, dans Druides,

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Celtes et Gaulois , j'abrge, non sans rappeler que la Bible nomme Irshu Nemrod Le Rebelle (MROD : se rvolter ) et que la Babylonie y est appele Erets-Nemrod : Terre de Nemrod . Quand Irshu tablit son quartier gnral la charnire des trois parties du monde antique, plus de la moiti de l'Europe tait dj ou gagne ou rsigne au premier schisme, dont les futures Iles Britanniques (encore soudes au continent) avaient t et demeuraient le foyer. Le nord de la Gaule et une partie de l'Europe centrale renfermaient les deux plus larges lots orthodoxes, non sans quelques enclaves adverses. Le nord de l'Inde et le Tibet, demeurs fidles l'esprit et la charte de Rama se voyaient menacs et pratiquement coups de l'Occident druidique. Irshu avait donc la partie assez belle. Le monde sumro-akkadien et son environnement immdiat s'tant ralli autour de son drapeau rouge, le schisme gagna avec rapidit le cur de l'Europe, par l'Egide et la Thrace. Dans le monde oriental, les Mdes touraniens (qui taient par rapport aux Iraniens ce qu'taient les Dravidiens (aux Aryas) s'empressrent d'y adhrer, si bien que, quelques sicles plus tard, dans cette Inde d'o le fauteur du dsordre avait t honteusement chass, ses continuateurs et ses missaires, aprs avoir sem la zizanie entre la caste sacerdotale et celle des guerriers, russirent s'implanter. Mine par les luttes intestines et menace de l'extrieur, l'Inde dut accepter, sinon le schisme tel quel, du moins un statut btard, dont on peut suivre le dveloppement et reconnatre les indices travers les diffrentes sagas, souvent remanies, qui ont servi l'dification du cycle de Krishna. Presque partout, les orthodoxes durent se rsoudre de tels compromis pour ne pas terniser une lutte ingale, coupe de trompeuses accalmies et o la dcision finale leur semblait dsesprment lointaine et incertaine. Il fallut s'arranger et, par suite, en Inde comme ailleurs, les archives sacerdotales furent maintes reprises revues et corriges . Mais, en Inde et ailleurs, un petit noyau d'initis avait essay de sauver la tradition authentique, sous le voile des Mystres , et, paralllement, fondrent dans ce mme but les Fraternits secrtes, afin de transmettre et conserver pur de tout alliage le dpt traditionnel, extrieurement dnatur. Innovation prilleuse, qui rendit d'inestimables services... tant qu'elle ne fut pas caricature par les puissances subversives, toujours aux aguets. La premire en date de ces fraternits fut lAgarttha, l'Intangible , dont le cercle le plus central (mieux vaut ne pas trop parler des autres) a eu le mrite de conserver, en grande partie, le testament spirituel du druidisme oriental. Les preuves abondent de l'adoption du schisme fminin dans toute l'Asie Mineure (Carie, Lydie, Phrygie, o la Troie primitive avait t fonde vers 3500, l'poque approximative o les Libyens, adeptes du premier schisme, se ruaient sur la Baetique). Partout, les auteurs anciens signalent les indices du Matriarcat, chez les Ibres comme chez les anciens Irlandais, dans la Scythie comme chez les Etrusques. En Europe orientale, Thrace et Msie combinaient les deux schismes. Aux deux extrmits de l'Europe, la Grande Desse allait donner son nom au Danube infrieur (Ister) et aux cours d'eau Astura d'Espagne et d'Italie. Son hiroglyphe avait t, d'abord en Msopotamie l'toile (Vnus). Si bien que son nom d'Istar ou d'Astareth, qui signifiait proprement la Fconde, la Prolifique , se chargea du sens astre, toile , qui finit par clipser le premier. Le berbre lhri, comme le basque Izarra, en sont des adaptations phontiques. Sous un autre nom : THANA/ZANA : Dame, Matresse , nous la retrouvons dans le titre Thana de l'trusque, aussi bien que dans lAthna des Grecs et dans la Tanit phnicienne. Ce vocable est d'origine atlanto-genne (disons : mditerranenne ), de mme que le nom le plus ancien des Etrusques : Razenna/Ratzenna les hommes (sous-entendu : atlantes). A l'poque historique, Etrusques et Euskariens n'avaient conserv que peu de vocables de leur langue originelle, efface ou presque, comme leur type racial Rouge, par de successives invasions et immigrations[2]. Autre exemple de l'inversion des principes, que je ne suis pas le premier signaler, loin de l ! Le travestissement de la Lune en divinit masculine et du Soleil en fminine. Un nom de la Lune , probablement plus ancien que le moderne Argizagi, recueilli au pays basque par Julien Vinson est Goiako : Celui d'en-haut ; ta-fouk-t[3] Soleil , en berbre, est un ancien nom masculin atlante fminis, comme le sont l'irlandais Grian, l'allemand Sonne, le lithuanien Saule, en nette opposition avec le celtique de Gaule o Sonnos (masc.) confirme la persistance d'un centre spirituel orthodoxe sur notre sol. Il serait facile et fastidieux d'allonger la liste. Restons-en l. Et nous voici l'aube du troisime millnaire. Le bouclier irlando-breton est en partie disloqu, prlude l'irruption de la Manche. C'est l'poque o les Libyens fondent un port qui a fait couler pas mal d'encre chez les rudits : Tartessos. Les Atlantes avaient un terme gnrique : Erts/Erdz, o pillards, dprdateurs , par lequel ils dsig-

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naient les Blancs libyens. Comme je crois l'avoir dit, ceux-ci l'adoptrent pour s'en faire un titre de gloire, en le modifiant l'aide de l'article t-. De l, les ethniques Turdtes/Turztes, dont ils se parrent. Tartessos (berb. RZ- briser ) est reconnaissable dans les lgendes de monnaies hyspaniques, sous la forme ILTRDS (ILI-TARDZ-ESH) Cit (ILI) des Turdes ou Tardzes . La pninsule tait donc ibrotartesse dans le sud et l'ouest, et ibroeuskarienne dans le nord, ce dernier conglomrat dbordant alors largement sur notre Aquitaine. Une des consquences ethniques du nouveau schisme, essentiellement agressif, fut un remuemnage, une bousculade de peuplades et de tribus, conqurantes, dportes ou fugitives. Le drapeau sanglant de l'anarchie et du despotisme (l'une appelant l'autre) n'a jamais cess depuis, sous une forme ou une autre, de flotter sur un monde dboussol ! Si lointain que soit ce pass (et pour hypothtique qu'il puisse sembler certains), il commande et explique les croisades idologiques , les Messianismes de tout poil et les luttes pour l'hgmonie mondiale qui se droulent et se drouleront sous nos yeux. Partagerons-nous le sort des vieilles civilisations que ces convulsions firent crouler ? Nous ressaisirons-nous temps ? Questions qu'il ne m'appartient pas de rsoudre, mais qu'il n'est peut-tre pas inopportun de poser !

[1] Il est assez suggestif de rapprocher de cette prise de position d'Irshu, la dclaration d'un de ses pairs en fait de chambardement, Trotsky, alors au fate du pouvoir en U.R.S.S. : Une seule personne pourrait me comprendre et me combattre efficacement, le Pape, car nous procdons des mmes principes mais en sens inverse. [2] C'est la base radicale de Thana : ZE/ZA et DE qui forme le premier lment du nom de DE meter : la DesseMre ou la Mre souveraine , surnomme DEO ; Zan est un nom gen/de Zeus. Je signale que les Egens avaient une sifflante particulire, entendue et transcrite diffremment selon les peuples, les alphabets et les poques. [3] Le dernier avatar du terme atlanto-gen pass en libyque est le grec Phoibos, base Bhoig-.

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LA GAULE, REFUGE DE L'ORTHODOXIELes premiers sicles du troisime millnaire sont marqus par d'importants bouleversements terrestres. Peu aprs la fondation de Tyr par les Phniciens ( 2750), c'est l'irruption de la Manche et la formation du canal d'Irlande. Dsormais, existent les Iles Britanniques , entirement schismatiques en Irlande, partiellement en Albion. Murs, ethnies et langages vont diverger de plus en plus. Les anciens groupements celtiques, dj fortement mlangs, vont recevoir des apports de divers points de l'Ancien Monde et voluer de faon distincte. Malgr des croisements antrieurs avec des immigrants d'un autre sang (dont tmoignent les longs barrows o dominent les brachycphales de taille mdiocre) la population celtique continuait, dans son ensemble, la ligne des clans hyperborens. Outre celui de race de Nemed , c'est--dire cleste , qui survivra dans les annales irlandaises, terriblement en dsordre, les Celtes conservaient deux noms gnriques, bien eux : Gaideli, Coqs , d'aprs l'un des noms de l'animal qu'une vaste fraction avait pris pour blason (lith. Gaidys, lett. Gailis coq ; - Gied je chante ; sansk. gyati il chante et, plus gnrique encore, le nom de Kelti braves, hros ). Les insulaires conservrent le premier (irl. Gaidel, gall. Gwyd-del), les continentaux s'en tinrent au second, qui les dsigne en bloc jusqu' l'arrive des Gaulois et des Belges quelques sicles plus tard. Deux sicles aprs (vers 2500), le dluge dit d'Ogygs disloque la Thyrrnide et creuse une large chancrure entre la Calabre et l'Egide. Coup sensible pour les descendants des Atlantes, dcims et en voie de dilution progressive dans des apports allognes qui finiront par en faire un salmigondis ethnique et linguistique. Avec des apports et des circonstances autres, les Euskariens, Rouges aussi l'origine, ne conserveront gure de leur langue initiale que le mcanisme. Vers cette mme poque, vnement d'importance : une invasion mongole, dplaant les peuples qu'elle rencontre, fond sur l'Europe. Les archologues dsignent ces immigrants sous le nom de peuple de la poterie cordelette , d'aprs leur technique d'ornementation. Ces Asiates vont trs loin. Certains, jusqu' ce que la mer les arrte. En maint endroit, ils laissent des lots mongolodes (Bretagne, Morvan, etc.) que renforceront parfois d'autres incursions prhistoriques ou historiques. Mais le gros de la horde s'agglomre dans le Jutland, rcemment exond, et le long des ctes baltes. Ce sont les Yotar et les Thursar des traditions Scandinaves, qui donneront du fil retordre Thor et aux Ases. Ces invasions et celles des Scythes (les Vanir des mmes traditions) contribueront quelque peu la formation de l'ethnie germanique. Pour l'instant, la situation n'est gure enviable, du point de vue druidique. Les Orthodoxes formaient travers la Bohme, le Norique, la Vindelicie, le massif Hercynien, la valle de l'Elbe et le nord de la Gaule des groupements pour la plupart sans grande densit un peu plus compacts en Gaule, en Bohme ainsi que dans le sud de l'le de Bretagne. Ces formations taient en passe d'tre noyes un peu partout dans le flot montant des schismatiques. Les nouvelles invasions venues de l'est allaient leur faire perdre encore du terrain, et leur regroupement deviendrait assez vite une question de vie ou de mort. S'oprait-il tardivement dans la hte et le dsordre, sous la pression extrieure ? Ou bien les tribus turbulentes, malgr leur particularisme, se rsoudraient-elles excuter temps le plan de reconcentration mdit par les druides ? Des sicles d'empoignades furieuses avaient fait du chef de clan le chef de guerre , suscitant une fodalit remuante et brouillonne. Le druide, homme de paix, ne pouvait exercer sa fonction arbitrale et modratrice que dans la paix. L'tat de guerre tant devenu, pour ainsi dire, l'tat normal, il passait au second plan, conseiller toujours respecte, souvent cout mais plus rarement obi malgr toute sa persuasion. Or, liquider les querelles, rassembler les forces parses, fdrer les roitelets sous un chef duqu, choisi et contrl par lui, tel tait, tel serait jusqu' la fin de l'indpendance gauloise le plan politique du grand collge druidique ! Tandis que les Mongolodes s'installent en Finlande, au Jutland et ailleurs, apportant la copie en pierre de la hache de cuivre sumrienne, une invasion ibre prend pied en Irlande et difie, pour

Chapitre V

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miradors, les fameuses tours rondes de technique atlante ; rappelant plus ou moins les nuraghi de Sardaigne et les Talayoth des Balares. Les pauvres Goidels allaient en voir bien d'autres, y compris une forte immigration smitique vers 900, la suite du schisme des Dix Tribus ( 950). La mme vague smitique fournit la Grande-Bretagne la peuplade des Silures. Pendant que les druides songeaient aux moyens de rallier leurs ouailles, les schismatiques ne perdaient pas leur temps !... Tous les efforts de ceux de l'est vinrent converger vers l'Asie Mineure et la Msopotamie : Hurrites, smites noyau dirigeant iranien ; Luwites, go-tyrrhniens ; Guti touraniens ; Rasstes, celto-gens ; Hittites et, plus tard, Thraco-phrygiens et Peuples des Iles de la Mer, s'y combattent, s'y mlent, s'y tassent, font refluer les Smites nomades de l'Arabie et de Chanaan sur l'Egypte, fondant et pulvrisant empire sur empire. Et nous voici au premier ge du bronze celtique ( 1900). C'est alors l'apoge de la civilisation genne, dont les Celtes sont dbiteurs dans le domaine mtallurgique et, un moindre degr, dans les adaptations mythiques des Hellnes. La technocratie plasgique semble la veille d'imposer dfinitivement ses voisins l'hgmonie de ses possesseurs. Mais il y a loin de la coupe aux lvres ! Vers 1800 ? juste au temps o Hammourabi monte sur le trne et va faire rdiger son fameux Code poque o toute l'orthodoxie du Proche-Orient tient sous les tentes d'Abraham et de Melki-Tsedeq, une soudaine convulsion sismique engloutit la majeure partie de l'Enide, finit de disloquer la Tyrrhnide, donnant l'Adriatique et la Mer Intrieure leur aspect actuel, peu de choses prs. C'est le dluge (sans diluvium) consign par les Grecs sous le nom de dluge de Deukalion. Presque simultanment, une secousse d'un tout autre ordre branle le lointain Tibet : le schisme y triomphe sous la forme prbouddhique de ce qui deviendra peu peu l'actuel Lamasme. Ce qu'on peut dceler de cet aspect premier du schisme semble impliqu dans le rituel et les crmonies magiques du Bn. En revanche, l'orthodoxie druidique marque un point en Europe occidentale. Pour l'apprcier, il convient de faire un moment abstraction de notre mentalit moderne. Le calendrier, sauf en notre sicle de lumires (artificielles) fut toujours uvre triple sens. Jours, mois, annes, sicles se droulent en cycles partiellement irrductibles l'un l'autre. Etablir un calendrier, c'est donc articuler en un systme de concordances les diffrents temps conventionnels, normaliss , et les repres cosmiques et saisonniers. Les anciens y parvinrent de diverses faons, soit en insrant priodes fixes des mois intercalaires , soit en mnageant des jours pagomnes , soit en rformant le calendrier chaque fois que le dcalage s'avrait trop sensible. D'autre part, par la lente rgression du point Vernal (cycle prssessionnel) les trs grandes priodes, embrassant un ou plusieurs mois de la Grande Anne de 25 920 ans, amnent galement un dcalage entre les saisons et les repres stello-solaires qui les avaient signales et, quoique devenus caducs, continuent se survivre dans le symbolisme et la liturgie, comme ils se survivront plus longtemps encore dans le folklore. De ce fait, des remaniements devenaient indispensables, de trs longs intervalles. Chacun d'eux constituait une rforme du calendrier , et sa mise en vigueur devenait le point de dpart d'une nouvelle Ere. Pour qu'une telle rforme et sens et utilit, elle, devait tre entrine par les autorits religieuses et enseignantes du groupement humain considr. Or, vers 1800, le vieux calendrier pan-celtique, dj rform par Rama, demandait une remise au point. L'Equinoxe tait depuis longtemps dans le Blier, alors que le taureau en constituait anachroniquement le point de dpart thorique et le substrat mythique. Le grand collge entreprit la rvision sous la direction d'un archi-druide d'une haute rputation et, de plus, d'un grand sens politique (chose plutt rare en Celtide !). Une Grande Assemble panceltique des orthodoxes fut dcide pour la crmonie la plus spectaculaire de l'anne : la Fte du Gui, au solstice d'hiver (lequel ne fut jamais, du moins chez les Celtes orthodoxes, le point de dpart du cycle annuel, toujours fix l'quinoxe de printemps). L'on vint de partout, non seulement du continent, mais aussi de l'le de Bretagne. Il est permis de supposer que le calendrier ne fut pas l'unique objet des colloques, et que des orientations politiques y furent suggres et discutes. Restant dans mon sujet, je dirai que cette Grande Assemble eut lieu autour de l'Ombilic des Gaules (ni Chartres, ni Saint-Benot-sur-Loire, comme on l'a parfois avanc, mais un peu au nord d'Avaricum, une frontire des Bituriges et des Carnutes). Ce calendrier et ce concile extraordinaire furent concrts en un monument que, trs politiquement, les druides continentaux siturent dans la plaine de Salisbury, Stonehenge. La fameuse table de bronze trouve Coligny (Ain), et dont j'aurai reparler assez en dtail, appartient ce cycle qu'on

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peut appeler Ere de Stonehenge ou Ere du calendrier de Coligny , le nom ne changeant rien la chose. Ainsi, Stonehenge n'est pas seulement un monument britannique, mais surtout un Mmorial panceltique, sorte d'arche d'alliance des orthodoxes. Depuis lors, des dlgus du druidisme continental assistrent aux crmonies et aux assembles des Insulaires, et vice versa. J'ai parl d'orientations politiques... Mme si la Tradition faisait dfaut, il ne serait pas difficile de deviner le mot d'ordre lanc par les sacerdotes : Faire des Gaules la citadelle du Druidisme vrai et la terre de refuge de ses partisans en difficult. Mais faire adopter ce programme par les chefs de guerre, aux vues troites, n'allait pas si vite !... Pourtant, le temps pressait. Le monde celtique oriental nord-danubien, o futurs Gaulois et futurs Germains seront englobs par les auteurs classiques sous le vocable lastique de Cimmriens ou de Cimbres, ce dernier nom port seulement par une fraction d'entre eux, se voit peu peu refoul vers l'ouest par les Scythes. Ces Scythes sont un mlange, malaisment dosable, d'Iraniens et de Touraniens, ces derniers en moindre nombre. Ce mlange trs antique de Celtes et d'Asiates roule ses chariots d'est en ouest, de la Mer Noire la Baltique et la Mer du Nord et constitue la couche de fond de la future ethnie slave. Sous cette pousse, peuplades et tribus se dplacent : les unes en direction de l'Italie du nord, o elles entrent en contact avec les Etrusques ; les autres en direction de l'Hellade o le miracle grec allait natre de leur conjonction avec la civilisation genne, matriellement mais non intellectuellement affaiblie, comme celle des Etrusques, par les catastrophes que j'ai relates prcdemment. D'autres encore ont tent leur chance sur mer, et certaines iront jusqu'en Irlande (race Partholon des Annales irlandaises, dont le nom n'est sans doute pas sans relation avec celui des Parthes, que feront parler d'eux peu de sicles avant notre re). Cette race de Partholon apporte en Irlande et dans les les le mode de spulture connu sous la dnomination de round barrow (grands dolichocphales). Moins de quinze cents ans nous sparent maintenant de l're chrtienne. Les clans celtiques (au sens restreint) forment un groupement culturel encore flou, de la Bohme l'Armorique et l'Italie du Nord o se coudoient les deux druidismes, l'orthodoxe et le schismatique, toujours irrductibles, mais dont le conflit sculaire se borne surtout, pour l'instant, une sourde lutte d'influences. Il serait donc impropre de parler d'une fdration politique, mme lche, ni d'une unit spirituelle, qu'une petite lite orthodoxe tait seule concevoir, mais de l'espce d'unit, tout externe, qui rsulte d'un vague sentiment de cousinage, d'une certaine parent de langues et de murs, qui va d'ailleurs en s'affaiblissant (on peut voir, par exemple, combien la langue des Celtes Ombriens diffre dj de celle des Celtes Gaulois) et, enfin, d'une communaut de techniques. Faisons le point. Tandis que le premier schisme est toujours virulent l'une des extrmits du monde celtique (Irlande, le de Sein, etc.), le mme, aggrav du second, rgne l'autre extrmit sur la Msie, la Macdoine, la Thrace o Celtes dissidents, Scythes et Amazones font, si l'on peut dire, bon mnage, non sans quelques bousculades. Parmi les Hellnes, qui vont commencer faire srieusement parler d'eux, seul le groupe dorien n'a pas adopt le schisme, quoique son volution se soit opre en dehors du druidisme proprement dit, qui tenterait de dire son mot avec Orphe. Quant aux Germains, toujours nomades, et plus ou moins mls d'Asiates selon les groupes et les circonstances, s'ils diffrent encore peu, physiquement, des Celtes avoisinants, ils en diffrent beaucoup aux autres gards. Ils ne prendront pleinement conscience de former une unit relative que galvaniss par l'Odinisme, de nombreux sicles plus tard. Mais, dj, le sens gnrique du mot Celtes ne caractrise plus gure l'ensemble de la race blanche et se restreint l'une de ses fractions, pour considrable qu'elle soit encore. De restrictions en restrictions, ce terme deviendra une simple tiquette appose sur un groupe linguistique, abstraction faite de ses composantes ethniques qui, en Irlande notamment, atteindront une complexit dfiant l'analyse.

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AMBIORIX ET VERCINGETORIX LES DRUIDES ET ROMENous voici parvenus des temps encore proto-historiques et pour une part lgendaires , dans le domaine dit celtique , mais dj historiques ailleurs, parfois de longue date. Entre les XIVe et XIIIe sicles, deux cents ans avant la guerre de Troie, parut ORPHEE, pour le dsigner par son nom d'initiation druidique nom qui tait en mme temps un p