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SOCIAL-ÉCO. Le statut des travailleurs de plateforme remis sur le métier p. 10 JOURNAL DU MOUVEMENT JEUNES COMMUNISTES DE FRANCE N°47 • JANVIER-FÉVRIER-MARS 2021 INTERNATIONAL. Palestine : pour les États-Unis, changement ou continuité ? p. 12 ÉDUCATION, La crise est aussi éducative ! p. 4 VIVRE-ENSEMBLE, Inégalité salariale inégalité dans l’emploi p. 5 ÉDUCATION . PARCOURSUP, NOUVEAU BAC… NOTRE AVENIR EN DANGER ! p. 8

ÉDUCATION, VIVRE-ENSEMBLE, La crise est aussi Inégalité

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Page 1: ÉDUCATION, VIVRE-ENSEMBLE, La crise est aussi Inégalité

SOCIAL-ÉCO.

Le statut des travailleurs deplateforme remis sur le métier p. 10

JOURNAL DU MOUVEMENT JEUNES COMMUNISTES DE FRANCE

N°47 • JANVIER-FÉVRIER-MARS 2021

INTERNATIONAL.Palestine : pour les États-Unis, changement ou continuité ? p. 12

ÉDUCATION,La crise est aussi éducative ! p. 4

VIVRE-ENSEMBLE,Inégalité salarialeinégalité dans l’emploi p. 5

ÉDUCATION.

PARCOURSUP, NOUVEAU BAC…

NOTRE AVENIR EN DANGER ! p. 8

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L’année 2020 vient de se terminer, on ne peut qu’espérer que 2021 soitsous de meilleurs augures. Il y a un an, le monde et la France découvraientune nouvelle pandémie qui a chamboulé le quotidien de milliards depersonnes.La crise sanitaire a accéléré l’arrivée d’une crise économique sans communemesure depuis des décennies. Les jeunes sont les premières victimes decette crise. Occupant les postes les plus précaires, ils sont les premiersà avoir perdu leur emploi. C’est aujourd’hui la tranche d’âge la plus durementtouchée par la hausse du chômage. En décembre 2020, le nombre dejeunes au chômage atteint les 25 %. Aux jeunes au chômage s’ajoutentcelles et ceux arrivés en septembre dernier sur un marché de l’emploisaturé et dégradé ne disposant d’aucun filet de sécurité et étant exclusdes mécanismes de solidarité nationale.Face à cette situation, de plus en plus de jeunes tombent dans l’extrêmeprécarité et n’ont pas d’autres choix que de se tourner vers des organismesde distribution alimentaire pour subvenir à leurs besoins. Selon l’observatoiredes inégalités, un pauvre sur deux a moins de 30 ans.Face à ce contexte inédit, le 23 juillet dernier, le gouvernement a lancé leplan « 1 jeune, 1 solution ». Manifestement, celui-ci n’est pas à la hauteur.Faute de solutions, de nombreux jeunes se retrouvent sans emploi niformation et surtout sans aucun revenu. Et pour cause, ce plan ne proposepas suffisamment de solutions, et les mesures ne prévoient que des contratsprécaires sans aucun mécanisme d’accompagnement. Après plusieursmois, force est de constater que le plan d’urgence du gouvernement ne

fonctionne pas. Le nombre de jeunes au chômage ne cesse d’augmenteret la précarité devient monnaie courante.Au lieu de précariser les parcours comme le propose le gouvernement, lemouvement jeunes communistes de France propose de les sécuriser.En 2021, plus aucun jeune ne doit être au chômage. Combien de jeunessont aujourd’hui laissés pour compte ? Combien de potentiels futurschercheurs, médecins, chauffeurs, conducteurs, enseignants, ingénieurs…sont actuellement au chômage ou orientés dans une formation necorrespondant pas à leur choix ? Des métiers pourtant primordiaux pourrépondre aux défis que nous avons devant nous.Les jeunes communistes demandent que ces jeunes sans aucune solutionpuissent être formés, recrutés et embauchés. Le service public, àcommencer par la Santé, l’éducation, les transports et l’énergie pâtissentdu manque de personnel. Nous demandons à ce que dès maintenant desjeunes soient prérecrutés dans ces services publics afin de former etrémunérer les agents de demain. Le privé doit également être mis face àses responsabilités. Toutes aides publiques aux entreprises doivent êtreconditionnées à l’embauche et la formation de jeunes.Si nous voulons sortir par le haut de cette crise, le gouvernement doitcroire en cette jeunesse. La jeunesse regorge de forces créatrices,d’innovation et d’ingéniosité. Nous sommes les plus à même de sortir decette crise économique et plus généralement de répondre aux défis quisont devant nous. Mais pour cela, il faut nous donner les moyens de nosambitions au lieu de fragiliser nos parcours. l

En 2021, plus aucun jeune ne doit être au chômage

Léon DeffontainesSecrétaire général du Mouvement Jeunes communistes de France

Avant-Garde journal du Mouvement Jeunes communistes de France • Édité par l’association Paul Langevin, 6, av. Mathurin-Moreau - 75019 Paris Représentant légal : Jean-Noël Aqua • Directeur de publication : Cyril Thomas • Rédacteur en chef : Amado Lebaube • Direction artistique: Frédo Coyère Imprimerie: Public Imprim: 12 rue Pierre Timbaud 69637 Vénissieux • Dépôt légal: JANV.-FÉV.-MARS 2021 • N° 47

JOURNAL GRATUIT • ISSN: 1252-5014

www.lavantgarde.fr • lavantgarde.fr • @Journal_AG

Édito

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encore accès à l’enseignement supé-rieur. Chaque année le nombre d’étu-diants et d’étudiantes augmente, pour-tant depuis une quinzaine d’annéesun certain nombre de réformes ont étémises en place et ont mis à mal l’En-seignement supérieur et la Recherche,menant de fait à sa saturation.En réponse à cela, c’est le choix dela sélection à l’entrée de l’universitéqui a été réalisé. L’origine socialereste déterminante et le système édu-catif est un outil de reproduction so-

ciale au service de la classe domi-nante. Ainsi, le nombre d’enfantsd’ouvriers reste bien faible comparéau reste de la population.Le Gouvernement a été incapable degérer les effets de la situation sanitaireau vu du manque de moyens criantdans l’Enseignement supérieur et la

Ce n’est pas la covid-19 qui acréé le décrochage universi-taire ni plongé des milliers

d’étudiants dans l’incertitude quant àleur formation et leur avenir.Les dégradations structurelles del’enseignement public en France s’ex-pliquent par les politiques libéralesmenées depuis un peu plus d’unevingtaine d’années, c’est bien le choixdu profit et de la rentabilité qui a étéfait plutôt que celui de la formation.Les réformes successives ayant ac-

compagné la massification de l’en-seignement supérieur dans les an-nées 1980, 1990 ont contribué àaccroître les inégalités d’apprentis-sage, précipitant le processus de rup-ture universitaire.En effet, malgré la massification, denombreux jeunes n’ont toujours pas

La crise est aussi éducative !

recherche. La réponse apportée a étécelle de la fermeture des établisse-ments et l’instauration d’une « conti-nuité pédagogique ».Plutôt que de garantir un accès àtoutes et tous à l’enseignement su-périeur et la recherche, les cours endistanciels ont aggravé la sélectionsociale déjà persistante en études su-périeures. Sans accompagnementpédagogique, les savoirs sont deve-nus de simples contenus mis à dis-position des étudiantes et des étu-diants laissés seuls face à leurapprentissage, entraînant un retardconséquent ainsi qu’un décrochageuniversitaire.

Avec la crise sanitaire, les défaillances de l’enseignement supérieur et de la recherche ont été révélées.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Au-delà d’aggraver les inégalités etde laisser nombre d’étudiants et d’étu-diantes sur le carreau, la « continuitépédagogique » avec le tout numériqueporte avec elle le risque d’être le la-boratoire de la poursuite de la cassedu service public de l’enseignementsupérieur et la recherche. En effet, lamise en place des MOOR et descours en ligne risquent à terme d’éco-nomiser des postes d’enseignantsdans l’objectif de ne rémunérer queles évaluations finales. l

Quentin Pénichon

Éducation

EN CHIFFRES

60%Depuis 2015, la France

a pour objectif de conduire 60 % d’une génération aux diplômes de

l’enseignement supérieur, dont 50 % au niveau licence.

44%En réalité, seul 44 % desélèves entrés en 6e en 1995

sont diplômés del’enseignement supérieur(et 44,7 % des personnes de25 à 34 ans en 2014 en France

métropolitaine).

1/6Depuis le début de la crisesanitaire, un étudiant sur 6aurait mis fin à ses études.

« Plutôt que de garantir un accès à toutes et tous à l’enseignementsupérieur et la recherche, les cours en distanciels ont aggravéla sélection sociale déjà persistanteen études supérieures.»

L’université de Jussieu à Paris.

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Vivre-ensemble

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dites « féminines » (lettres, servicesetc.) et « masculine » (sciences, tech-niques etc.) va s’opérer.Cette division n’est pas en soi un pro-blème, c’est la hiérarchisation desmétiers qui le transforme en pro-blème. Les métiers à prédominanceféminine sont considérés comme« plus faciles » demandant des « sa-voirs être » qui serait « innés »comme le prétendu « instinct mater-nel » là où les métiers « masculins »seraient eux physiquement difficilesou dangereux et demandant descompétences « techniques ». Cesidées totalement fausses vont entraî-ner un premier écart de salaire.

Des conditions d’emploidifférentesL’une des différences majeures dansl’emploi a lieu dans le temps de tra-vail : les femmes représentent 80 %des personnes qui travaillent à tempspartiel. Ces temps partiels sont ma-joritairement contraints, soit par lanature du travail soit par des obliga-tions familiales.

Pour un emploi égal, à tempsde travail égal et à diplômeégal une femme touche 10 %

de salaire en moins par rapport à unhomme. Cet écart est ce qu’on ap-pelle la « discrimination pure » c’est-à-dire que la seule raison pour la-quelle il existe est le genre, c’est déjàun chiffre considérable et scandaleuxen lui-même. Or ce n’est pas la réa-lité, lorsqu’on prend tous les hommeset toutes les femmes en activité, leshommes touchent en moyenne unsalaire supérieur de 34 % à celui desfemmes. Si la discrimination salarialeest si importante c’est qu’elle résultede plusieurs processus de divisiondu travail qui vont condamner lesfemmes à des conditions d’emploisdégradées comparées à leurs homo-logues masculins.

Une division de l’emploi qui commence tôtDès tout-petits les jouets vont êtredélimités entre « filles » et « gar-çons » ces jouets vont correspondreà des apprentissages qui vont deve-nir des qualités et des notions quivont être utile dans la vie d’adultecomme « prendre soin de l’autre »,« cuisiner », « défendre » etc. Lesjouets et les clichés vont aussi struc-turer les goûts.À l’école, ses clichés et idées précon-çues ont aussi la vie dure dans lesclasses, et vont avoir de lourdesconséquences sur les choix de par-cours. C’est ce qu’on appelle « l’orien-tation genrée » elle n’a pas de rapportavec les résultats scolaires, aucontraire actuellement les filles ont demeilleurs résultats scolaires tant enfrançais qu’en mathématiques. Dèsle lycée la séparation entre filières

Derrière l’inégalité salariale, l’inégalité dans l’emploi

La crise sanitaire a mis au premier plan une catégorie de population dont le travail essentiel est pourtanttoujours déconsidéré et mal-rémunéré : les travailleuses.

DROITS DES FEMMES

Même lorsqu’elles occupent un em-ploi à temps plein, les femmes sonttoujours astreintes à faire passer lavie du foyer avant leur emploi : allerchercher les enfants à l’école, s’oc-cuper des courses etc. Ces heuresde tâches ménagères obligent àquitter le travail plus tôt ou y arriverplus tard.L’inégalité de répartition des tâchesménagères a des conséquences trèsconcrètes, par exemple l’aménage-ment du temps de travail le plus fré-

quent pour les femmes est de ne pastravailler le mercredi, jour où les en-fants n’ont pas école. Cette disponi-bilité contrainte pour le foyer va frei-ner l’évolution de carrière à laquelles’ajoutent l’autocensure et le sexismequi va condamner les femmes à unemoindre évolution de carrière et desalaire dans le même temps. Il estdonc impossible de ne pas lier luttepour l’égalité professionnelle et luttepour l’égalité dans la société. l

Clémentine Le Duey

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InternationalInternational

Les peuples d’Amérique latine,malgré leurs différences, ontsensiblement tous subi une

montée au pouvoir des droites et ex-trêmes droite l’an dernier, avec lecoup d’État en Bolivie, l’autoprocla-mation de Guaido comme présidentau Venezuela, la montée au pouvoirdu président d’extrême droite JairBolsonaro au Brésil ou encore la ré-pression des mouvements sociauxau Chili. Cependant depuisquelques mois les aspirations des

peuples à la démocratie et à la jus-tice sociale se sont fait entendre.

En Bolivie d’abord avec la victoiredu MAS (Movimiento al Socialismo,parti de gauche Bolivien au pouvoirjusqu’en 2019). Après 14 mois degouvernance d’une droite fasciste etnéolibérale installée au pouvoir suiteà un coup d’État judiciaire, qui aplongé le pays dans une situationdifficile pour les services publics etprovoqué une vague de libéralisme,

Luis Arce, candidat du MAS, rem-porte les élections nationales. Mêmesi cette victoire apporte une boufféed’oxygène, l’extrême droite restedangereuse en Bolivie. En témoignel’assassinat d’Orlando Gutierrez, se-crétaire général de la FédérationSyndicale des Travailleurs desMines de Bolivie, qui était pressentipour entrer au gouvernement.

Au Chili, la victoire du « Oui » au ré-férendum en faveur du changementde Constitution, qui était jusqu’alorscelle rédigée sous le dictateur Pino-chet, révèle des perspectives encou-rageantes. Ce changementconstitutionnel approuvé à 78.28 %permettrait au Chili de tourner lapage d’une des pages les plus som-bres de son histoire. Ce vote et cesrésultats sont la conséquence di-recte de plus d’un an de mouve-ments sociaux massifs contre legouvernement libéral en place.

Au Brésil enfin, le premier tour desélections municipales a eu lieu, et lePrésident Bolsonaro a subi une cin-glante défaite. Malheureusement,bien qu’il soit affaibli, cette situation

ne profite pas au Parti des Travail-leurs qui ressort lui aussi affaibli dece scrutin. La prochaine électionprésidentielle aura lieu en 2022, d’icilà, de nombreuses luttes sociales sepoursuivent au Brésil, sur divers su-jets : le racisme, les luttes féministeset LGBTI ainsi que des grands com-bats écologiques (en opposition prin-cipalement au climato-sceptique JairBolsonaro).Malgré le constat d’une présencetoujours forte de mouvements dedroite et d’extrême droite organisésen Amérique Latine, avec une ges-tion de la pandémie catastrophiquepar les gouvernements de droite etles mesures austéritaires qu’ils ontmis en place depuis leur arrivée aupouvoir, les peuples d’Amérique La-tine demeurent encore aujourd’huimarqués par les politiques socialesmises en place par les gouverne-ments de gauche progressistes quiluttaient et luttent toujours contrel’impérialisme et l’austérité, et nesont pas près d’accepter les régres-sions mises en place par les forcesréactionnaires et les ingérences desUSA. l

Théo Kececioglu

AMÉRIQUE LATINE

Après une année difficile pour les forces progressistes enAmérique Latine, les aspirations démocratiques des peuplesse font entendre.

La victoire de Joe Biden à l’élec-tion présidentielle est un signed’apaisement des relations in-

ternationales, mais ne signe pas nonplus une révolution de la diplomatieaméricaine. Le nouveau présidentqui se dit partisan du multilatéra-lisme, entend reprendre des rela-tions diplomatiques plus régulièresavec l’ONU ou encore l’OrganisationMondiale de la Santé (OMS), alorsque Donald Trump avait entamé larupture avec cette dernière en pleinepandémie.Il souhaite aussi renforcer des al-liances fragilisées par le précédentmandat avec l’Union Européenne.Parmi cette grande mise à jour diplo-matique, moins réjouissant, on peutsignaler le rétablissement de

l’OTAN. Ce rétablissement de rela-tions avec l’Europe par le biais del’OTAN est avant tout un moyenpour les États-Unis de reprendreleur politique impérialiste et leur rôlede dirigeant du « monde libre ». Unepolitique générale veillant à « rendresa grandeur à l’Amérique », par unediplomatie différente.On peut néanmoins saluer le retourdes États-Unis dans l’accord de Parispour le climat. Pendant longtemps, lepays n’a pas montré l’exemple dansson engagement pour le climat, refu-sant de ratifier les accords précé-dents. Ce tournant diplomatiquegénère des attentes fortes pour le cli-mat de la part d’un des pays les pluspollueurs de la planète.l

Sofian Nejjari

ÉTATS-UNIS

L’investiture de Joe Biden n’annonce rien de renversantsur le plan de la politique internationale des USA

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InternationalLAVANTGARDE.FR

Depuis maintenant plusieursannées et de manière crois-sante, la politique très agres-

sive du gouvernement de RecepTayyip Erdogan en Turquie fait parlerd’elle partout dans le monde et me-nace la Méditerranée dans son en-semble.Le président turc se rêve en sultanet entend bien jouer un importantrôle régional et international. Il in-tervient sur de multiples terrains, dela Libye au Haut-Karabakh et n’hé-site pas à s’opposer frontalement àla France. Sur le plan intérieur, ilcontinue à tenir son pays d’unemain de fer.Son champ d’action est large à l’in-térieur de son territoire, de par samainmise sur l’ensemble des lieuxet instances décisionnelles, renfor-cés par de nombreuses purges dansles secteurs journalistiques, juri-diques, militaires et de l’éducation,légitimées après la répression de latentative de coup d’État de 2016. Laplupart des journaux et médias luiétant opposés se voient interdits, ar-rêtés ou purgés dans leurs direc-tions afin d’y placer des proches dupouvoir. Il en est de même pour sesopposants politiques, parmi lesquelsles élus et dirigeants du HDP (partiprogressiste et pro kurde).La politique étrangère agressived’Erdogan a plusieurs objectifs : at-tirer et regrouper autour de lui la« communauté musulmane » sun-nite, en se présentant comme le dé-fenseur des musulmans opprimés,dans la poursuite de son rêve de re-constituer un Empire Ottoman con -temporain, légitimant une partie deses attaques par le fait de l’apparte-nance passée de certains territoiresà cet empire.Mais ces offensives, auxquelless’ajoute une stigmatisation cons -tante des minorités arménienne et

kurde, ont également pour objectifde consolider autour d’un nationa-lisme poussé à l’extrême une basesociale qui s’effrite en Turquie, dueà son autoritarisme et à sa poli-tique économique néolibérale quiprécarise l’ensemble des travail-leurs du territoire et accroît les iné-galités.Erdogan entretient une ambivalencedans ses relations internationales,entre des provocations et menacesdirectes au gouvernement françaismais des accords économiques etmilitaires toujours forts, un rapportde dépendance énergétique avec laRussie et de relations économiquesimportantes mais des attaquescontre l’Arménie, pays allié de laRussie, des rapports ambivalentsavec les «États Unis, et un « chan-tage aux migrants » vis-à-vis del’Union Européenne.Toutes ces dynamiques de con -quêtes, d’allocutions internationalesvéhémentes et agressives, de stig-matisation des minorités et de rallie-ment autour de la religion sontl’expression d’une perte de contrôlesur le plan intérieur grandissante, aumoment où les conséquences de sapolitique néolibérale sont aggravéespar la pandémie et rendent néces-saire l’essor de l’opposition démo-cratique et sociale en Turquie. l

Théo Kececioglu

TURQUIE

Pour parer l’effondrement de sa base sociale en Turquie, Erdogan joue au conquérant en Méditerranée.

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Que reste-t-il du baccalauréat?Préparer son avenir, c’est d’abord ob-tenir un diplôme offrant l’accès à desformations ou à un emploi. Il y a peu,le baccalauréat assumait – imparfai-tement – ce rôle : premier diplôme del’enseignement supérieur pour le ly-cée général, c’était aussi la recon-naissance de réelles qualificationsdans le cadre du lycée professionnel.Mais la réforme opérée avec brutalitépar Jean-Michel Blanquer a fait voleren éclats ces garanties.D’abord en supprimant le caractèreunique du baccalauréat général : avecla suppression des filières et la né-cessité de composer son baccalau-réat « à la carte », ce sont autant debacs qui sont créés que de combi-naisons possibles, assurant une plusfaible reconnaissance de ce diplôme,celui-ci n’attestant plus de la maîtrisede connaissances et compétencescommunes. Cet éclatement du di-plôme fait donc reposer sur les ly-céennes et lycéens et leurs famillesla responsabilité d’opérer les « bonschoix » : bien choisir ses spécialités,bien choisir son « menu », afin de bé-néficier des meilleurs débouchés. Cesont alors les familles les plus aiséeset à l’aise avec le système scolairequi sont les gagnantes de ce marchédes spécialités, au détriment des au-

Parcoursup, nouveau baccalaur La crise sanitaire plonge la jeunesse dans l’incertitude: avec l’augmentation du chômage et de laprécarité, le futur semble particulièrement bouché. S’il est « difficile d’avoir 20 ans » en 2020, il n’estpas plus aisé d’en avoir 16 ou 17. Comment préparer son avenir lorsque l’on est lycéenne ou lycéenaujourd’hui? Une tâche rendue plus ardue par les récentes contre-réformes élitistes et inégalitaires.

tres familles ne disposant pas detoutes les ressources pour effectuerles choix les plus « stratégiques ».Le gouvernement s’est aussi attaquéau caractère national du diplôme, eninstaurant le contrôle continu commemodalité d’examen. Derrière l’argu-ment d’une modalité moins stressantepour les élèves, cela favorisera dès

cette année l’existence de « bacs mai-sons », dont la valeur dépendra de la« réputation » d’un établissement.Comment s’assurer qu’un 15 obtenudans un lycée de centre-ville parisienvaudra autant que la même note ob-tenue dans un lycée de banlieue?Aussi, alors qu’une épreuve terminalemet les élèves sur un pied d’égalité,et permet de rattraper des difficultésconnues durant son parcours, lecontrôle continu vient créer un « casierscolaire » pour chaque élève qui lesuivra jusqu’à l’obtention de son bac-calauréat.Malgré la contestation qui s’était levéel’année passée face aux Épreuvescommunes de contrôle continu (E3C),le gouvernement a choisi d’instrumen-taliser la crise sanitaire pour avancerà marche forcée vers le contrôlecontinu. Après avoir supprimé lesépreuves terminales du baccalauréatl’an dernier, celui-ci a supprimé lesÉpreuves communes de première etterminale (ex E3C) au profit, encore

LYCÉES

une fois, de la prise en compte desnotes obtenues depuis la rentrée sco-laire. Un choix particulièrement scan-daleux au vu des conditions d’appren-tissages des élèves depuis la rentrée:absences fréquentes des élèves etdes professeurs, fermetures tempo-raires d’établissement, retard accu-mulé depuis l’année passée etc.Dans ces conditions, que reste-t-il dubaccalauréat général ? Un diplômehyperindividualisé, dont la valeur fluc-tue selon le territoire, et avec un tronccommun réduit à peau de chagrin.

Côté professionnel, le baccalauréat n’a lui non plus pas été épargnéEn réduisant les volumes horaires desenseignements généraux dans la fi-lière professionnelle, le gouvernementfait le choix d’une hyperspécialisationprécoce. Ainsi, le choix de rejoindreune formation professionnelle – déjàsouvent effectuée par défaut – vientenfermer les jeunes dans des conte-

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Éducation

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uréat… Notre avenir en danger !

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en encourageant une compétitionscolaire fondée sur les notes, le gou-vernement favorise de fait l’accès desplus aisés à l’enseignement supérieur,leur assurant ainsi d’occuper plus tarddes postes dirigeants dans nos so-ciétés tandis que les classes popu-laires voient leur accès à ces forma-tions bloqué. Les notes ne sont pourtant pas lesseuls outils de sélection sociale induitspar la plateforme: lettres de motiva-tions, voire de recommandations, al-gorithmes locaux venant pondérer lesnotes en fonction de l’établissementd’origine… Tout est fait pour favoriserles enfants issus des classes supé-rieures.En bloquant l’accès à l’enseignementsupérieur aux classes populaires,c’est à un avenir fait de précarité etde petits boulots que le gouvernementprépare la jeunesse, déjà fortementtouchée par la crise sociale.Rappelons que l’accès aux étudessupérieures est aujourd’hui un enjeusocial fort. Si 1 jeune sur 2 sans di-plôme supérieur est au chômage,

nus très spécifiques.Pour le gouvernement, un futur cuisi-nier n’aurait donc pas besoin de dis-poser de références en philosophie,en littérature ou en sciences expéri-mentales. Ce faisant, le gouvernement aconstruit un baccalauréat taillé surmesure pour le patronat : des travail-leuses et travailleurs prêts à répondreaux besoins immédiats du marché,maîtrisant des connaissances et com-pétences professionnelles, le resteétant considéré comme superflu.Ces attaques contre le baccalauréatprofessionnel mettent en péril l’avenirde milliers de jeunes souvent issusdes classes populaires, en faisant dis-paraître les possibilités de réorienta-tion et de reprise d’études, l’acquisi-tion d’un socle commun n’étant plusassurée par ce diplôme.

Parcoursup : sélection à tous les étagesSi l’érosion de la valeur du baccalau-réat est venue porter un coup impor-tant à notre avenir, le système Par-coursup vient assurer une sélectionsociale en bout de chaîne, limitant for-tement l’accès à l’enseignement su-périeur aux classes populaires par unemise en concurrence de toutes et tous.Une concurrence principalement ba-sée sur les résultats scolaires,puisque ceux-ci sont les premiers cri-tères pour entrer ou non dans uneformation. Il n’est pourtant plus à prou-ver qu’il existe une forte corrélationentre notes et origines sociales. Ainsi,

seulement 1 jeune sur 10 titulairesd’un Bac + 5 est sans emploi.

Un autre chemin est possibleÀ rebours de tous les choix du gou-vernement, l’urgence est à la sécuri-sation des parcours de formation.Cela passe tout d’abord par l’instau-ration d’un véritable socle communpour tous les jeunes passants le bac-calauréat, pour en finir avec l’hyper-

spécialisation et l’éclatement du di-plôme. Il faut ainsi opérer un retourau contrôle terminal ainsi que des en-seignements généraux de qualitédans les formations professionnelles.C’est aussi permettre de faire le choixde ses études afin de répondre à sesbesoins et aspirations. Cela passedonc par la suppression de la plate-forme de sélection Parcoursup et lerecrutement massif d’enseignantsdans l’enseignement supérieur.De manière plus générale, la création

d’un véritable service public de l’orien-tation apparaît comme le socle d’unepolitique éducative ambitieuse au ser-vice de l’émancipation de toutes ettous. Un service public qui permetteun réel accompagnement tout au longde sa vie, du collège à l’emploi, avecdes personnels en nombre suffisantet formés. C’est aussi un service pu-blic qui lutte efficacement contre lesinégalités scolaires, avec la réductiond’un nombre d’élèves par classe. l

Léo Garcia

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Éducation

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Social-Éco

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Le statut des travailleurs de plateformeremis sur le métier

PRÉCARITÉ

Salarié ou indépendant?Le débat relancé par ce rapport estbien celui du statut des travailleursdes plateformes. Originellementconsidérés comme des travailleursindépendants, en ce qu’ils seraientpropriétaires de leurs outils (smart-phone, voiture ou vélo) et dispose-raient d’une certaine autonomieassurant leur indépendance vis-à-visdes plateformes.Les cartes avaient été rebattuesface à la revendication de certainslivreurs et coursiers d’être reconnuscomme salariés. La Cour de cassa-tion a été dans le sens de ces tra-vailleurs d’abord avec un arrêtrendu à propos de Take Eat Easy le28 novembre 2018, quand la plate-forme n’existait plus alors. Un nou-vel élan à cette position a été donnépar « l’arrêt Uber » du 4 mars 2020qui reconnaissait l’existence d’uncontrat de travail entre un chauffeurVTC et, cette fois-ci, une plateformebien active.

Un tiers statut pour ces travailleurs?Face à une organisation du travailtrès particulière, il existe un relatifconsensus pour considérer que lestravailleurs de plateforme ne sontpas de véritables indépendants etqu’ils devraient bénéficier d’une protection particulière. Ce consen-sus n’existe cependant pas sur la re-connaissance de ces travailleurscomme des salariés, ce qui impli-querait l’application de toutes lesprotections liées au contrat de travailen contrepartie de la subordinationqu’il implique.Face à cette reconnaissance du be-soin de protection mais face au refusde le qualifier de contrat de travail,la solution intermédiaire trouvée estsouvent celle d’un tiers statut. C’est-à-dire ni indépendant, ni salarié,

mais disposant d’un statut permet-tant de bénéficier de certaines pro-tections, notamment en matière deprotection sociale.L’Italie, l’Espagne ou encore l’Angle-terre y ont recouru. Un rapport de2008 de Paul-Henri Antonmattei etJean-Claude Sciberras proposaitcelui de travailleur économiquementdépendant, mais cette solution n’estpas non plus retenue par les pou-voirs publics. Il appartenait donc à lamission Frouin d’aboutir à des pro-positions nouvelles.Toutes ces expériences font en réa-lité du tiers statut un statut de travail-leurs précaires, ce que relève lerapport. En plus de niveler les droitsvers le bas, il n’éteint pas le débatentre indépendant ou salarié.

Comme le relève le rapport, il risquede « remplacer une frontière flouepar deux frontières qui le seraienttout autant ».

Créer des tiers employeurspour exonérer lesplateformesLa proposition novatrice de ce rapport est de créer des tiers em-ployeurs. Les travailleurs de plate -forme ne seraient donc pas salariésde la plateforme elle-même, maisseraient salariés de ce tiers. Celagarantirait aux travailleurs des plate-formes de conserver leur autonomietout en étant salariés d’une entre-prise autre que la plateforme.Le rapport envisage donc deux typesd’employeurs. Soit la création de

coopératives d’activité et d’emploi(CAE) soit le portage salarial. Maisces solutions impliquent un surcoûtpour la gestion de la société qui serachargée d’employer et qui ne serviraqu’à dédouaner la plateforme de saresponsabilité dans les conditions detravail et la rémunération.Avec des chiffres d’affaires en 2018de 95 millions d’euros pour Delive-roo et de 11 milliards d’Uber pour neciter que ces deux plateformes, ils’agit bien de revoir l’organisation dela relation de travail. Il s’agit égale-ment pour ces travailleurs d’accéderà des salaires justes et d’exercer desdroits collectifs contrebalançant latoute-puissance des plateformesque ce rapport entend épargner.l

Dorian Mellot

Le 1er décembre 2020, l’ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation, Jean-YvesFrouin, rendait un rapport au Premier ministre sur la régulation des plateformes. Premièrement mis-sionné pour envisager l’organisation du « dialogue social » au sein des plateformes, celui-ci a vu samission progressivement élargie. Ce qui ressort de ce rapport, ce sont ses propositions sur le statutdes travailleurs des plateformes.

«Toutes ces expériences font en réalité du tiers statut un statut de travailleurs précaires.En plus de niveler les droits vers le bas, il n’éteint

pas le débat entre indépendant ou salarié.»

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Social-Éco

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Prendre le pouvoir sur l’emploiEn 2020 le chômage a explosé, pro-gressant particulièrement vite chezles jeunes, le nombre de licencie-ments a triplé par rapport à 2019, etles annonces de plans de licencie-ments se sont multipliées commedans les secteurs des télé com -munications, de l’aéronau tique, del’automobile, du commerce, ou del’industrie pharmaceutique… Quandle pouvoir économique est détenupar le patronat et les capitalistes,quelle marge de manœuvre a lepouvoir politique ? Il en a une grandeet il peut imposer une logique quis’oppose à la loi du marché : le fi-nancement public des entreprisesest massif, y compris celui qui vientdes régions, et permet dès au-jourd’hui de ne pas laisser les déci-sions économiques aux directionsd’entreprises et aux banques.Aujourd’hui, le patronat a le mono-pole de la demande d’emplois, c’estlui qui prend les décisions pour créerou supprimer des emplois et doncdes activités économiques dans lesterritoires. Ces décisions, qui ontpour seul horizon les profits et la ren-tabilité du capital, ont conduit à ladésindustrialisation de notre pays, àla perte de savoir-faire et au chô-mage de masse. Mettre en cause cepouvoir du capital est urgent pour ré-pondre aux besoins sociaux et déli-vrer les salariés des dégâts duchômage. Les salariés doivent pou-voir créer démocratiquement desemplois et des activités dans les ter-ritoires. Cela implique de maîtriserdes moyens de financement. l

RÉGIONS

BON À SAVOIRLe capital

Le capital est une somme d’investissements utilisée pour en tirer un profit. Il existe sous forme d’argent, demarchandises ou de moyens de production (machines,outils, matières premières, etc). Karl Marx a montré que lecapital est un rapport social historique dans lequel lescapitalistes, détenteurs du capital, exploitent les travailleurs.

Pendant que le patronat prend prétexte de la crise économique pour licencier les salariés et délocaliserles productions, les communistes proposent la mise en place de nouvelles institutions contrôléespar les salariés pour développer l’emploi et les territoires.

L’argent est le nerf de laguerre. Cela vaut pour l’em-ploi. Des dizaines de mil-

liards d’euros d’argent public sontdéversés sans contreparties socialesou environnementales, majoritaire-ment à des grands groupes, parl’Etat et les régions sous la formed’aides et subventions. Le capital estsous perfusion d’argent public. Lescrédits bancaires sont également es-sentiels au financement des entre-prises, permis par le financementdes banques par la banque centraleà des taux nuls voire négatifs. Les décideurs actuels utilisent desmasses d’argent en fonction de larentabilité financière. Au contraire, ilfaut les gérer démocratiquement enfonction des besoins sociaux déci-dés par les élus, les citoyens et lessalariés. En maîtrisant l’argent pu-blic, privé et les crédits bancaires,les salariés pourront dans chaqueterritoire décider des besoins en services publics, en activités produc-tives, en transformations écolo-giques de l’industrie, décider des

emplois et des formations impliqués,avec les élus, les associations, etc. Le parti communiste français (PCF)propose ainsi la création dans lesrégions de « conférences perma-nentes sur l’emploi, la formation etla transformation écologique desproductions » où les salariés au-raient un rôle de premier plan dansla décision démocratique. La ges-tion démocratique de l’argent public,des entreprises et des banques seraau service de ces nouvelles institu-tions. Cette proposition qu’on peutmettre en place immédiatement se-rait un point d’appui pour les luttes

sociales, pour en finir avec le chô-mage, pour sortir de la dominationdu capital dans le marché du travail,et pour transformer le mode de pro-duction comme l’exige l’urgenceécologique. Pour y parvenir, les communistes mè-nent la bataille pour le contrôle démo-cratique des aides publiques et labataille pour la défense de l’emploi.Pour le MJCF, cela veut dire en prioritélutter contre le chômage des jeunesen revendiquant des prérecrutementsdans les secteurs stratégiques avecune formation rémunérée et une ga-rantie d’embauche. l

Maîtriser l’argent démocratiquement pour sécuriser l’emploi et la formation

Pour l’emploi et les territoires, il est urgentde donner le pouvoir aux salariés

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PALESTINE

Sur le plan intérieur, le présidentTrump aura été celui du mé-pris des classes populaires et

de la hausse des inégalités. Dansun rapport de l’ONU de 2018, nouspouvons lire que « L’administrationTrump mène une politique socialequi consiste avant tout à réduire lenombre d’Américains ayant une as-surance santé, à stigmatiser ceuxqui reçoivent une aide du gouverne-ment et à ajouter des conditions plusrestrictives pour accéder aux pres-tations sociales ».Sur le plan extérieur, Trump a ac-centué l’interventionnisme améri-cain partout dans le monde. EnAmérique Latine, le gouvernementaméricain a activement participé àla déstabilisation de gouvernementsdémocratiquement élus, comme auVenezuela ou en Bolivie. En Asie, leprésident Trump a multiplié les pro-vocations envers la Chine ou laCorée du Nord. Aussi, au Moyen-Orient, les États-Unis se sont retirésde l’accord de Vienne sur le nu-cléaire iranien en 2018, et l’État d’Is-raël a été ouvertement soutenudans sa remise en cause des droitsdu peuple palestinien.

Ami d’IsraëlEffectivement, Trump n’a pas fait fail-lir la réputation étasunienne en tantque meilleur ami d’Israël. BenyaminNétanyahou l’a d’ailleurs remerciéchaleureusement dans un Tweet ré-sumant à lui seul l’intervention éta-sunienne en Israël et en Palestine,toujours au bénéfice de la colonisa-tion, écrasant au passage le peuplepalestinien. «Merci Donald Trump pour l’amitiédont vous avez fait part envers Israëlet moi personnellement, pour la re-connaissance de Jérusalem et duGolan, pour votre position face à

cilement prises par Joe Biden. De-puis le 14 mai 2018 Trump a installéson ambassade auprès d’Israël, àJérusalem, faisant de la ville sainte,capitale d’Israël aux yeux des États-Unis, en rupture totale avec leconsensus international. Un acte

symbolique, mais fort, serait encoreun déménagement de l’ambassadeétasunienne en Israël, pour la placerde nouveau à Tel-Aviv. Le 29 avrildernier, Biden a cependant annoncéqu’il ne reviendrait pas sur cette dé-cision tout en la dénonçant, ou com-

Le mardi 3 novembre, le peuple américain était appelé aux urnes pour décider de son 46e président.Avec l’élection du démocrate Joe Biden, c’est le choix de l’alternance qui a été fait, mettant fin àquatre ans de mandat de Donald Trump, représentant de l’aile droite républicaine.

l’Iran, pour ces accords de paix his-toriques et pour avoir mené l’allianceaméricano-israélienne à des som-mets inégalés. »1

Le mandat de Trump a donc été 4 ans de bénédiction pour le gouver-nement Israélien. Pouvons-nous at-tendre du changement avecl’élection de Joe Biden ?

Une continuitéhistoriqueDepuis plus d’un demi-siècle, une al-liance forte existe entre Israël et lesÉtats-Unis, et l’alternance républi-cain/démocrate n’y change pasgrand-chose. Le tweet de félicitationde Nétanyahou semble confirmer cetétat de fait : « Félicitations à JoeBiden et Kamala Harris. Joe, nousnous connaissons depuis près de 40ans, notre relation est chaleureuse,et je sais que tu es un grand amid’Israël. J’espère pouvoir, avec vousdeux, approfondir encore davantagel’alliance spéciale qui lie les États-Unis et Israël ».2

Nous pouvons également nous sou-venir qu’en 2011, un certain BarackObama, menaçant de son véto,s’était fortement opposé à la dé-marche palestinienne visant à obte-nir une reconnaissance à l’ONU.Hillary Clinton, alors secrétaire d’Étatétait très claire : « Oui, si quelquechose vient à être voté au Conseil deSécurité, les États-Unis mettront leurveto. »Aucune révolution n’est donc à pré-voir dans la politique étasunienne enIsraël et en Palestine.

Des ajustementssymboliques?Même s’il n’y aura sûrement pas dechangement majeur, certaines déci-sions symboliques pourraient être fa-

Changement ou International

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ment ménager la chèvre et le chou.« Maintenant que c’est fait, je ne ra-mènerais pas l’ambassade à Tel-Aviv ». Joe Biden s’est cependantengagé à rouvrir le consulat desÉtats-Unis à Jérusalem Est, premierpas vers la reprise du dialogue avecles Palestiniens.Même si l’adresse de l’ambassadene change pas, son résident pourraitlui, devoir faire ses bagages, et ren-trer à Washington. L’ambassadeuractuel, David M. Friedman, avocatd’affaires proche de Trump puisqu’ilétait longtemps chargé de ses inves-tissements dans les casinos, devraitsans surprise être remercié par lenouveau locataire de la MaisonBlanche. Il est tristement célèbrepour être un ardent défenseur de la

colonisation et de l’annexion des ter-ritoires palestiniens par Israël.Enfin, Trump avait supprimé le ver-sement étasunien auprès de l’Officede secours et de travaux des Na-tions unies pour les réfugié·e·s dePalestine dans le Proche-Orient(URNWA), privant celui-ci de sasource de financement principale.Joe Biden pourrait revenir sur cettedécision, solidarité nécessaire, per-mettant notamment aux réfugié·e·spalestiniennes et palestiniens debénéficier de différentes infrastruc-tures de base dans la santé oul’éducation.Ainsi, le peuple palestinien n’a peuà espérer de Joe Biden, si ce n’estdes déclarations d’intentions, ouautre mesures symboliques. Il sera

tout de même intéressant d’observerl’implication et le poids de la fa-meuse aile gauche démocrate, bienque celle-ci soit sûrement inaudiblesur les questions internationales.

L’évolution vers un processus depaix juste et durable ne viendra pasdes États-Unis. Ce mandat devraitdonc être, sans surprise, celui de lacontinuité. l

ou continuité ?

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aniel

Sch

wenJoe Biden et Barack Obama.

« Aucune révolutionn’est donc à prévoirdans la politiqueétasunienne enIsraël et Palestine. »

International

C’est dit !« Aucun bouleversement spectaculaire n’est à attendre auProche-Orient de la future administration Biden. »René Backmann dans Médiapart le 9 novembre 2020.« Depuis que les États-Unis ont remplacé la France commeallié privilégié d’Israël, un consensus bi partisan s’est aussi-tôt établi : démocrates et républicains soutiennent l’État d’Is-raël, son existence et sa prospérité. »Denis Charbit dans Marianne le 10 novembre 2020.

BON À SAVOIR

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Culture

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Le Siège du PCF et son EspaceOscar Niemeyer à Paris ac-cueillent une programmation

particulièrement ambitieuse, qui pré-voit plusieurs initiatives. L’exposition«100 d’histoire de France et du PCFsur les murs » organisée par la Fon-dation Gabriel Péri, véritable pilierpour la mémoire du PCF avec leconcours des archives départemen-tales de la Seine-Saint-Denis, revientsur une véritable épopée politiqueayant comme support de l’affiche. L’exposition, articulée autour desgrands combats historiques du PCF,est restituée en format numériquesur le site de la Fondation. Dans lemême temps, c’est le street-artisteC215 qui met à l’honneur les figurescommunistes de la Résistance avecdes portraits esquissés sur des unes

de l’Humanité exposées sur despanneaux de métal autour de la cou-pole de Niemeyer. Une continuité de la riche histoire

culturelle d’un parti ouvert à la créa-tion engagée, en opposition à l’aus-térité intellectuelle. l

Axel Loscertales

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Des beaux livres pour se souvenir et apprendreDu côté des librairies, leur réouverture n’aura jamais été aussi militante. C’est un rayonentier qui peut être consacré au centenaire du PCF tant on compte déjà de sortiesd’ouvrages sur le sujet. Guillaume Roubaud-Quashie, historien et directeur de la revue Cause commune, coordonnele catalogue de l’exposition d’affiches qui se trouvera aux côtés du catalogue de « Librescomme l’art » de Renaud Faroux et Yolande Lasne. Le directeur de la Maison Triolet Aragonpilote également 100 ans de parti communiste français, ouvrage ayant fait collaborer denombreux chercheurs historiens. Ce travail, qui s’annonce déjà comme une référence surle sujet, invite le lecteur initié comme profane à découvrir le phénomène politiquecommuniste depuis le Congrès de Tours, toujours relai d’une histoire vivante.De belles fêtes de fin d’année se profilent pour les communistes qui s’offrent un beaurayonnement culturel, avec les préparatifs d’une présidentielle que les militants attendentcomme une apothéose. 2021 s’annonce de bon augure pour ouvrir un nouveau siècle delutte et de conquête pour le communisme français, que son mouvement de jeunesseempêche définitivement de prendre des rides !

CENTENAIRE DU PCF ET DU MJCF

LIBRES COMME L’ART,TRÉSORS DONNÉS, TRÉSORS PRÊTÉSInitialement prévu pourseptembre et finalementreportée à une dateultérieure, l’exposition« Libres comme l’art,trésors donnés, trésorsprêtés » devrait égalementêtre accueillie dans lebâtiment de ColonelFabien. Le projet souhaiteune ouverture grandpublic, prévoyant de mettreen valeur l’importantecollection du PartiCommuniste Français,dont des œuvres de PabloPicasso, Marcel Duchamp,Alberto Giacometti,Edouardo Arroyo ouBernard Rancillac pour neciter qu’un pan de lapléthore d’artistes du XXe

siècle ayant gravité autourde la sphère intellectuellecommuniste. Les artistes d’aujourd’huisont également mis àl’honneur avec laparticipation exclusive ducollectif d’art contemporainurbain 9e Concept,témoignant d’une actualitéartistique d’avant-gardetoujours en lien avec unengagement politique. Enattendant de pouvoir sedéplacer en liberté et de serendre dans les lieuxculturels, d’autres médiaspermettent de remédier àl’impatience des futursvisiteurs, à commencer parles réseaux sociaux quitiennent lieu d’ agoras oùtoutes les initiatives sontabondamment relayées. l

A. L..

Alors que les militant.e.s communistes s’apprêtent à honorer le centième anniversaire de leur parti, c’est depuis le 1ernovembre que le MJCF à fêté cet anniversaire en commémorant le Congrès de la Bellevilloise de 1920 qui vit l’adhésiond’une majorité des Jeunesses Socialistes à l’Internationale Communiste des Jeunes, définitivement à l’avant-garde po-litique. Cent ans plus tard, c’est cette fois de concert que les militants du MJCF et du PCF organisent des initiativesdans leurs fédérations, à l’heure des restrictions sanitaires et de la numérisation des évènements publics, pour faire deleur centenaire un événement politique populaire et résolument tourné vers l’avenir ! Expositions, débats, ouvrages lit-téraires et artistiques font déjà le bonheur des adhérents comme des sympathisants conviés à des rendez-vous quiétoffent l’agenda pour cette fin d’année 2020.

100 ans d’histoire de France et du PCF sur les murs

À NE PAS MANQUER

Un jubilé militant et populaire !

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SportLAVANTGARDE.FR

FOOTBALL

L’entrée des monarchies du golfedans le foot israélien

En pleine période de rapprochements diplomatiques entre les Émirats Arabes Unis et Israël, unémirat, membre de la famille royale a racheté 50 % des parts du Beitar Jérusalem, club de foot connudans le Moyen-Orient, notamment pour ses supporters proches de l’extrême droite israélienne.

Un club à l’image racisteL’investissement d’un Émirati dansle club de la capitale israélienne estun événement dans tout le pays,pour ce club connu pour ses sup-porters racistes et historiquementproches du Likoud, le parti politiquede Benjamin Netanyahu.Un rachat de parts qui ne s’est pasfait sans heurts puisque dans la fou-lée les supporters fascistes ont taguéle stade du club de messages ra-cistes et anti-émirats. Ce sont cessupporters ultras, « la Familia », quiont fait la sombre renommée du club,notamment par leurs chants et leursméthodes similaires à d’autres grou-puscules fascistes.

Un club ségrégationnisteDepuis qu’il existe, ce club n’a jamaislaissé un joueur arabe intégrer leclub. C’est dire si le management duBeitar Jérusalem est étroitement liéavec le discours des ultras. Les res-ponsables du club ont d’ailleurs tou-jours prétexté avoir les mains liéespar ces ultras concernant les recru-tements.On notera qu’en 2013, deux joueurstchétchènes de confession musul-mane avaient fait l’objet d’attaquesracistes via de violentes banderoleset des chants de supporters de « laFamilia »Du côté du nouveau propriétaire émi-rati, ce rachat traduit une volonté derapprochement avec Israël de la partdes pays arabes du Moyen-Orient.

Un achat sur fondde « normalisation »Cette « normalisation » des relationsentre Israël et les pays du Golfetrouve sa source dans l’accord Jé-rusalem-Abu Dhabi signé en aoûtdernier. Une mauvaise nouvelle pourla lutte pour la liberté du peuple Pa-lestinien qui sort perdant de cette af-faire. En effet, cet accord de paix est

le troisième de l’histoire qu’un paysarabe a signé avec Israël. Ces ac-cords n’ont jamais amélioré le sortdes Palestiniens.Ce rapprochement met à jour le planTrump prévoyant l’annexion de prèsde 30 % de la Cisjordanie malgré lesdiscours hypocrites affirmant quel’accord mettrait fin à l’annexion desterritoires occupés de Cisjordanie.Derrière cet accord, c’est donc lapoursuite et l’aggravation de la colo-nisation de la Palestine qui se profile.Au moment de la signature de cetaccord, l’autorité palestinienne dé-

nonçait une trahison de JérusalemEst et de la cause palestinienne.L’ambassadeur palestinien à Abu-Dhabi avait d’ailleurs été rappelé enCisjordanie en guise de protestation.Cet établissement inédit de relationsdiplomatiques entre les deux paysest surtout une aubaine économique.Israël compte sur des investisse-ments massifs de la part des paysdu Golfe dans divers domaines éco-nomiques.Ainsi, cet investissement de la partde Hamad Ben Khalifa est un porte-drapeau de futurs investissements,

avec une portée symbolique d’autantplus forte lorsqu’on connaît l’héritagepolitique raciste que porte le BeitarJérusalem.Cette manière de faire table rase dupassé à la fois pour le club de Jéru-salem et pour les investisseursarabes envoie également le mes-sage que devant la nécessité du pro-fit, il faudra passer outre les consi-dérations politiques. Et ceux au prixde l’abandon de la lutte pour le peu-ple Palestinien, voire même au prixdu soutien à la colonisation. l

Sofian Nejjari

Camp d’entrainement du Beitar Jérusalem.

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