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Economie des ressources naturelles

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• Les ressources non renouvelables sont les stocks d’énergies fossiles et les minerais. Ces ressources sont formées par des processus géologiques qui prennent des millions d’années, et on peut donc les considérer comme existant sous la forme de stocks fixes et finis qui, une fois extraits, ne peuvent être renouvelés. Les questions auxquelles on s’intéresse sont les suivantes :

quel est le sentier d’extraction optimal au cours du temps d’un stock particulier de ressource non renouvelable ?

Quel sentier d’extraction sera choisi dans une économie décentralisée, compte tenu de la structure du marché de la ressource ?

1. L’exploitation d’un actif naturel non-renouvelable

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Les tableaux 1 et 2 donnent quelques informations sur les stocks de ressources non renouvelables et l’extraction.

Le terme « stock de ressource » n’admet pas une définition unique et simple. Au sens le plus extensif, le stock d’une ressource non renouvelable est la masse de cette ressource qu’on estime exister dans la croute terrestre, la plus grande partie du stock ainsi défini consistant en des ressources présentes sous des formes très dispersées ou à de très grandes profondeurs sous la surface terrestre.

Cette mesure du stock est purement physique et n’a que peu de relations avec des mesures économiques.

La colonne « ressources » (dernière colonne du tableau 1) fournit des estimations des limites supérieures aux possibilités d’extraction étant données les technologies courantes et anticipées. Ce n’est plus une mesure purement physique : elle incorpore des informations à la fois physiques et technologiques. Elle illustre la difficulté qu’il y a à mesurer les ressources : dans le futur, les technologies changeront, d’une façon qui n’est pas forcément anticipée aujourd’hui, et l’estimation des ressources en sera modifiée.

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Ce qui intéresse un économiste n’est pas seulement ce qui est techniquement faisable, mais ce qui peut être fait compte tenu des conditions économiques présentes et futures.

On définit alors la « base de réserves », estimation d’une borne supérieure du stock de ressources (incluant les réserves qui n.ont pas encore été découvertes) économiquement exploitable sous des anticipations raisonnables de prix, de coûts, et de technologies futures.

Les données de la colonne « réserves » consistent en les quantités qui sont économiquement exploitables étant données la technologie actuelle et la configuration actuelle des prix et des coûts.Certaines classifications, pour les énergies fossiles en particulier, utilisent le terme « réserves prouvées » pour désigner ce que nous avons appelé « réserves ». C’est le cas dans le tableau 2, qui indique la production et les réserves prouvées de pétrole, charbon et gaz naturel en 2003, ainsi que la durée de vie de ces réserves à rythme d’extraction constant.

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• Dans l’analyse économique, La ressource naturelle non-renouvelable est traitée à l’image d’un actif, i.e. un bien rapportant un revenu dans le temps

La particularité de cet actif réside dans son caractère non-renouvelable : la consommation d’une unité de ressource aujourd’hui implique l’impossibilité d’extraire et de consommer cette unité plus tard La rareté relative de cet actif progresse à mesure que ce dernier est exploité (épuisé) La gestion de cet actif nécessite un cadre d’analyse intertemporel

1.1. Exploitation optimale d’une ressource naturelle épuisable : le modèle d’Hotteling

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• Une problématique posée en terme d’arbitrage entre …– extraire et vendre et laisser en terre– aujourd’hui et demain

• L’entreprise qui cherche à maximiser son profit compare :– la valeur d’extraction et la valeur en terre– le taux de rendement de l’actif naturel aux autres

taux de rendement sur le marché des actifs

Arbitrage statique

Arbitrage intertemporel

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• Arbitrage aujourd’hui entre :

[valeur d’extraction] [valeur en terre]

Règle de décision : exploitation de la ressource jusqu’à Il est optimal d’extraire et vendre jusqu’au point où la valeur d’extraction est égale au coût d’opportunité de l’épuisement .

= condition d’efficacité statique : le bénéfice marginal net tiré de la ressource doit être le même quelque soient ses usages.

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Extraire et vendre Ne pas extraire

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Le prix de marché d’une ressource épuisable est supérieur à son coût marginal d’extraction :

Extraire une unité additionnelle réduit le stock, il faut donc constater l’existence d’un coût supplémentaire au-delà du coût d’extraction, égal à la réduction des profits futurs en raison de la moindre disponibilité de la ressource, d’où la rente , qui provient uniquement du caractère épuisable de la ressource.

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• Arbitrage inter-temporel entre

Règle de décision = règle de non-arbitrage :

= condition d’efficacité dynamique = règle dite d’Hotelling (1931):

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Extraire et vendre aujourd’hui

Extraire et vendre demain

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A l’optimum, les profits marginaux actualisés du producteur de la ressource doivent être égaux à toutes les périodes, sinon il serait possible d’augmenter le profit total en modifiant le profil d’extraction pour extraire davantage de ressource lorsque le profit marginal est élevé et moins lorsqu’il est faible. Le profit marginal retiré de l’exploitation de la ressource étant égale à la rente de rareté, la valeur actualisée de celle-ci doit être constante au cours du temps. Pour cela, elle doit croître au taux d’actualisation r.A l’optimum, les gains en capital (ou taux de rendement) doivent être égaux au taux d’intérêt du marché. La ressource conservée sur le site acquiert ainsi le statut de capital : l’équilibre sur le marché des capitaux implique que les taux de rendement de tous les capitaux soient identiques.

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1La règle d’Hotteling :

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• Le principe fondamental de l’économie des ressources naturelles non-renouvelables nous enseigne que la ressource doit être épuisée à un rythme tel que le taux de croissance de son prix net soit égal au taux d’intérêt.

• Règle assez intuitive dès lors que l’on tient compte de la nature d’actif de la ressource en stock: si la valeur en terre augmentait plus (resp. moins) vite que le taux d’intérêt, le producteur préférerait retarder l’exploitation de la ressource, car elle constituerait un placement plus (resp. moins) attractif que les actifs financiers.

• La règle d’Hotelling constitue le point de référence de toutes les analyses relatives aux ressources non-renouvelables, comme renouvelables.

1.1.1. La règle d’Hotteling

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La règle d’Hotteling

• Ses hypothèses– Ressource homogène en qualité– Ressource disponible en quantité finie et connue– Coût d’extraction indépendant du stock – Concurrence parfaite

• Un indicateur de rareté économique– Détermination de la valeur économique d’un stock de

ressource– Détermination de l’évolution de cette valeur– Détermination du rythme d’extraction de cette ressource

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1.1.2. Conséquences de la règle d’Hotelling

• Sur le sentier optimal d’extraction, la rente de rareté croît au taux d’intérêt au fur et à mesure de l’exploitation de la ressource.

• On suppose , la première condition d’optimalité indique alors que le prix de marché lui-même augmente au taux r au fur et à mesure que le stock de ressource s’épuise.

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La hausse du prix de marché de la ressource en réduit la demande et donc retarde l’épuisement du stock.

La ressource ne sera épuisée totalement que si la demande s’annule, donc s’il existe une technologie alternative (backstop technology), sinon la ressource ne sera jamais épuisée en totalité.

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Effet des chocs exogènes Hausse du taux d’intérêt

La ressource est épuisée plus rapidement

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Effet des chocs exogènes

La ressource est épuisée plus rapidement

Progrès technique et substitution

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Effet des chocs exogènes

La durée optimale d’exploitation augmente

Découvertes de réserves

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Effet des chocs exogènes

La durée optimale d’exploitation diminue

Hausse de la demande

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Découvertes de nouveaux gisements et prix

Effet des chocs exogènes

Dans le cas d’une succession de découvertesla rente de rareté peut avoir une évolution en dents de scie, n’exhibant même pas forcément un trend croissant, au moins à court-moyen termes, si la taille des découvertes est suffisante

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1. 2. Autres déterminants du prix de l’actif naturel non renouvelable : Extensions du modèle d’Hotelling

• La structure du marché– La concurrence– Le monopole– Le cartel

• Coût d’extraction dépendant de la taille du stock

• L’incertitude

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1.2.1. Structure de marché

En monopole– L’entreprise contrôle à la fois son taux d’extraction et

le prix du marché. En revanche, elle n’est pas maître des quantités achetées à ce prix.

– Prix et quantité ne peuvent être déterminés indépendamment l’un de l’autre car le monopole doit servir la demande.

– La recette marginale est décroissante du prix.

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• Intuition : Le monopole accroît le prix et restreint la quantité et par rapport à la concurrence « le monopole est un allié du défenseur de l’environnement »

• En fait les conséquences de la structure de marché sur le rythme d’extraction sont loin d’être évidentes à faire apparaître clairement et le rythme d’extraction dépend essentiellement de l’élasticité de la demande par rapport au prix (Dasgupta et Heal (1979))

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Le monopole• Le monopole prend en compte la réaction de la demande à sa

décision d’extraction. Plus il extrait, plus le prix baisse, mais ceci ne change pas le raisonnement d’arbitrage précédent : le revenu tiré de la dernière unité extraite doit égaler le coût d’opportunité d’épuisement de la ressource, i.e. sa valeur en terre.

• Dans le cas du monopole, ce revenu marginal décroît comme le prix avec la quantité extraite mais il ne lui est pas égal : , avec η l’élasticité de la demande par rapport au prix.

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• On a donc :

En l’absence de coût d’extraction, en situation de monopole, le taux de croissance du prix P peut être inférieur, supérieur ou égal au taux d’intérêt, tout dépend des propriétés de η.

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• Si l’élasticité-prix de la demande est décroissante avec la quantité ou augmente au cours de la période d’exploitation, on montre que le monopole est plus conservateur que le producteur concurrentiel, il épuisera plus lentement le stock de ressource.

• Conclusion à laquelle tendait Hotelling (1931) quand il parle de « la tendance générale pour la production à être retardée en situation de monopole ».

Conservationnisme du monopole?

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• Mais si l’élasticité-prix de la demande est croissante avec la quantité ou décroissante avec le temps (substituts disponibles), le monopole est alors, au contraire du cas précédent, moins conservateur que le producteur concurrentiel car il est conduit à accélérer l’extraction.

Conservationnisme du monopole?

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L’oligopole

• Cas de l’oligopole évoqué par Hotelling mais de façon très succincte.

• A partir de 1973, modèle initial de Hotelling élargi aux oligopoles (Salant [1976], Gilbert [1978]).

comme pour le monopole, si la structure de marché est susceptible de modifier la politique d’extraction des producteurs, il apparaît difficile de comparer les structures de marché entre elles pour savoir laquelle épuise le plus vite la ressource.

Les résultats peuvent fortement diverger en fonction de différents paramètres et en particulier en fonction de l’élasticité de la demande.

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• Evolution du prix plus complexe si le coût marginal d’extraction est non négligeable. On a alors :

• La règle d’Hotelling nous dit que croît au taux d’intérêt mais l’évolution du coût marginal d’extraction est plus complexe car soumis à 2 effets opposés :– Le progrès technique permet d’abaisser ce coût– La ressource est plus difficile à extraire au fur et à

mesure de son épuisement, ce qui augmente le coût d’extraction.

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1.2.2. Coût d’extraction

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• Schématiquement, on peut considérer qu’au début de l’exploitation d’une ressource épuisable le coût d’extraction reste faible mais qu’il augmente fortement quand on se rapproche de l’épuisement, et ce, quel que soit le progrès de la technologie.

• Entre les deux il peut croître ou décroître selon l’effet qui l’emporteEn abaissant les coûts d’extraction, le progrès technologique peut conduire à une évolution des prix selon une courbe en U. Une telle évolution a été mise en évidence par Margaret Slade (1982) pour plusieurs minéraux sur la période 1970-1978.

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1.2.3. Incertitude

Conséquences de l’introduction de l’incertitude? Deux types d’incertitude peuvent être distinguées

• Sur le contenu des mines : Kemp (1976), Gilbert (1979), Loury (1978) montrent que si la ressource est de qualité uniforme et de taille fixée mais inconnue, elle sera épuisée moins vite. Hartwick et Olewiler (1986) montrent que le prix s’élève et l’extraction diminue face à l’incertitude.

• Sur la demande : Weinstein et Zeschauer (1975) montrent que si les prix sont incertains et ce de plus en plus dans le temps, alors le propriétaire averse au risque accélère l’exploitation.

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1. 3. Exploitation socialement optimale d’un stock de ressource non renouvelable

• Pb de partage du gâteau : comment partager un gâteau de taille finie entre un nombre potentiellement infini de générations?

• Quelle trajectoire d’extraction choisirait un planificateur bienveillant dont l’objectif serait de maximiser le bien-être social intertemporel, i.e. la somme actualisée au taux des utilités présente et futures?

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Le long de la trajectoire d’extraction socialement optimale :

• L’utilité marginale tirée de la ressource est la même quels que soient ses usages : l’extraire pour l’utiliser ou la laisser dans le sol

• les utilités marginales actualisés issues de l’extraction de la ressource sont les mêmes à toutes les périodes la rente croît au taux d’actualisation .

• Si la valeur de l’utilité marginale de la ressource devient très grande quand l’extraction devient très faible, alors la ressource ne sera pas épuisée en temps fini.

• Sous l’hyp. plus raisonnable que U’(0) n’est pas infinie (existence d’un substitut ), alors la ressource sera totalement épuisée.

• Remarque : Plus l’impatience de la société est grande ( élevé), plus la date d’épuisement est proche.

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1.3.1. Optimalité sociale de l’extraction par des firmes concurrentielles

• Il est facile de montrer que dans le cas où le coût marginal d’extraction est nul, le sentier d’extraction de firmes parfaitement concurrentielle est socialement optimal dès lors que .r

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1.3.2. Optimalité sociale de l’extraction en monopole

• Stiglitz (1976) montre que dans le cas du monopole, si le coût d’extraction est négligeable et que l’élasticité-prix de la demande adressée au monopole est constante, i.e. indépendante du niveau d’extraction, le prix de marché croît au taux d’intérêt exactement comme dans le cas concurrentiel. Il n’y a alors aucune différence en matière d’extraction entre monopole et concurrence.

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• Dans le cas le plus plausible où l’élasticité prix de la demande diminue quand la quantité extraite augmente, le prix de monopole croît à un taux inférieur à r, i.e. moins vite que le prix de marché concurrentiel. La ressource va alors s’épuiser moins vite.On retrouve l’adage populaire : « le monopole est le meilleur ami du conservationniste ».

• Dans le cas où le coût marginal n’est pas négligeable, pas de résultats généraux.

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1.3.3. La politique économique

Est-il possible d’influencer par la politique économique le comportement d’extraction du producteur de la ressource ?

• Taxe sur la rente de raretéToute taxe ou subvention portant directement sur la rente de rareté neutre vis-à-vis du sentier d’extraction. En effet la règle d’Hotelling est inchangée car si (1─ τ)λt croît au taux r , λt croît au même taux.

Une taxe sur la rente de rareté est simplement un moyen pour l’Etat de prélever une partie de la rente. Une taxe sur les profits a le même effet.

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• Taxe sur les ventesEn revanche, une taxe (resp. subvention) sur le revenu des ventes [(1─ τ)Pt-c] est équivalent à une hausse (resp. baisse) du coût d’extraction et induit donc une modification du sentier d’extraction Dans ce cas, la taxe est distordante, elle est donc payée in fine par les consommateurs.

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• Plus on tente d’introduire des éléments concrets par rapport au modèle initial, plus on complexifie le raisonnement, plus on s’éloigne de la règle d’Hotelling dans sa forme initiale.

• De manière générale, les prix dépendent non seulement taux d’intérêt, mais aussi des facteurs liés à l’offre et à la demande, du progrès technique, de la découverte de nouveaux gisements, de la structure de marché, c’est-à-dire de tout élément susceptible de faire varier le coût d’extraction et le coût d’usage.

En résumé

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• Reste le ”principe fondamental”, d’arbitrage entre actifs qui implique un rapport entre le prix de la ressource et certains paramètres économiques dont le taux d’intérêt.

• C’est toujours la même règle d’arbitrage qui est en jeu = règle d’Hotelling, bien qu’elle prenne des formes différentes.

• On est pas surpris que la règle d’Hotelling dans sa version initiale ne soit pas vérifiée empiriquement.

• La vraie question fondamentale : la rareté des ressources est-elle effective débat empirique sur la mesure adéquate de la rareté d’une ressource.

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1. 4. La controverse sur la rareté des ressources naturelles épuisables

• On a vu en début de chapitre que les mesures physiques des stocks utilisées pour évaluer les réserves prouvées ou probables ne sont pas de bonnes mesures de la rareté.

• Le pb n’est pas l’existence d’un montant de ressources physiquement dispo mais si on est prêt à payer le prix de son extraction pour l’utiliser.

Approche économique du pb : définir un indicateur théorique de rareté et le quantifier.

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1.4.1. A la recherche d’un indicateur de rareté

• Les indicateurs de rareté:– Coût d’extraction

Barnett et Morse (1963); Barnett (1979) Rejettent l’hypothèse d’une rareté croissante des ressources naturelles

– Prix de marché Nordhaus (1973); Jorgenson et Grilliches (1967), Smith (1979); Slade (1982, 1985)

– Rente de raretéStollery (1983); Hartwick et Olewiler (1986); Devarajan et Fisher (1982) Conclusions divergentes selon les ressources et les périodes

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• Les 3 variables économiques, coûts d’extraction, prix de marché et valeur en terre ont été utilisés comme indicateurs de rareté.

• On a vu que ces 3 variables ne sont pas indépendantes

Nombreux débats entre économistes quant à savoir laquelle des ces variables fournit le meilleur indicateur de rareté

Pertinence des indicateur de rareté discutéeNorgaard (1990); Adelman (1990)

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1.4.2. La pertinence des indicateurs économiques de rareté

• Norgaard (1990): les indicateurs économiques de rareté sont logiquement inconsistants. Selon lui en effet, le modèle hotellien peut être caractérisé par le syllogisme suivant : si les ressources sont rares et si les usagers le savent, alors un indicateur économique reflétera cette rareté. Selon lui, les analyses empiriques qui ont tenté de vérifier cette théorie ont oublié la 2nde condition.

• Adelman (1990) : les indicateurs économiques mesurent l’information disponible du moment sur la rareté, mais ne permettent pas de prévoir les évolutions futures.

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Prix de marché• Anthony Fisher (1979) : un indicateur de rareté doit prendre en

compte les coûts directs et indirects de l’obtention d’une unité de ressourceOr selon le modèle d’Hotelling:

Prix = coût d’extraction+valeur en terre.Mais le prix peut suivre une courbe en U du fait du progrès

technique et donc décroître pendant un certain temps alors que la rareté augmente

Le prix peut augmenter pour d’autres raisons qu’une rareté croissante (modification de la structure de marché, ex. des chocs pétroliers, J-M. Chasseriaux [1982]).Le prix n’est pas un bon indicateur

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Coût d’extraction• Le coût d’extraction est également clairement un indicateur

biaisé, il peut baisser sous l’influence du progrès technique alors que la rareté augmente.

• C’est un indicateur statique traduisant un accès immédiat + ou – aisé

• Ne capte l’info que sur le côté offre alors que la rareté peut augmenter du fait d’une augmentation de la demande plus rapide que la décroissance des coûts.

• Les coûts d’extraction peuvent augmenter alors que la rareté diminue du fait du développement de substitut.Le coût d’extraction n’est pas un bon indicateur

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La valeur en terreC’est théoriquement le bon indicateur mais pose également des problèmes

• Suppose un arbitrage parfait reflétant toutes les possibilités futures. En réalité, l’arbitrage est conditionnel à l’information dont dispose les agents sur ces possibilités.La valeur en terre est un indicateur de rareté conditionnel à l’état des connaissances et non pas absolu.

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La valeur en terre• Difficulté de mesure car pas directement observable.

Trois possibilités :Observation directe des prix auxquels s’échangent

les réserves, mais peu d’échanges de ce type et encore moins de séries temporelles.

Reconstruction à partir des séries de prix de marché et de coûts d’extraction

Observation des coûts de découverte. En effet, l’activité d’exploration n’est menée que si le coût marginal de l’unité découverte est égale à son bénéfice marginale, i.e. la valeur en terre.

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Conclusion sur la mesure économique de la rareté

• Chacun des 3 indicateurs présentés apporte des informations sur la rareté de la ressource et une analyse approfondie de son évolution doit toutes les prendre en compte.

• Aucun des indicateurs économiques considérés ne permet de conclure sans ambiguïté que les ressources épuisables deviennent plus rare.

• Ils suggèrent au contraire que l’existence de substituts, les découvertes de nouveaux stocks ou le progrès technique dans les technologies d’extraction ont largement contribué à retarder ce constat.

• Ne disent rien sur l’avenir.

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• Au-delà de ce débat sur la difficulté de mesurer la rareté, le problème qui semble aujourd’hui plus important concernant l’exploitation des ressources épuisables semble être leur caractère polluant. Finalement, cette problématique apparaît aujourd’hui dans le domaine plus pressante que celle de l’épuisement. L’intérêt se porte plus sur « la croissance propre » que sur un éventuel essoufflement de la croissance lié à l’épuisement des ressources naturelles.

• La problématique essentielle aujourd’hui est en définitive plus celle des externalités associées à l’exploitation et à l’utilisation des ressources épuisables et en particulier des énergies fossiles, que celle de leur épuisement et de l’essoufflement de la croissance qui en résulterait. Le débat porte également sur le fait de savoir si l’on passera immédiatement des énergies fossiles aux énergies propres en évitant la transition par le nucléaire qui pose notamment la question des déchets.

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2. Exploitation des ressources renouvelables

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Il y a trois raisons principales qui amènent à considérer les ressources naturelles renouvelables comme un sujet en soi:

importance géopolitique; les ressources naturelles renouvelables ont des caractéristiques

particulières telles que la propriété commune ou le libre accès; Le fait essentiel pour une ressource renouvelable est que son

stock n’est pas fixé et peut être augmenté ou diminué. Il augmentera si le stock peut se régénérer. Cependant il y a un stock maximum : aucune ressource ne peut se régénérer à des niveaux supérieurs à la capacité de charge de l’écosystème où elle existe. Elle peut en revanche diminuer si son taux d’extraction excède de façon persistante son taux de croissance.

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L’analyse économique des ressources renouvelables ne présente rien d’important avant le milieu du XXème siècle.

• Précurseurs : Faustmann (1849), Ciriacy-Wantrup (1952), Scott (1955)

• Tournant dans les années 70, théorisation du pb des ressources renouvelables à partir des modèles d’optimisation dynamiques issus d’Hotelling (1931) développés pour les ressources épuisables. Les deux grands domaines d’application sont les ressources halieutiques et les ressources forestières.

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2.1. Le cas des ressources halieutiques

• La production mondiale des pêches de capture marines a atteint son niveau maximal en 1996 (86,3 millions de tonnes), puis a baissé légèrement pour s’établir à 79,5 millions de tonnes en 2008, avec de fortes fluctuations d’une année à l’autre.

• Selon le dernier rapport 2010 de la Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture de la FAO, La proportion des stocks de poissons de mer sous-exploités ou modérément

exploités a baissé, passant de 40 % au milieu des années 70 à 15 % en 2008 (cf. Figure 2.1) = pourcentage le plus bas depuis le milieu des années 70.

En revanche, la proportion des stocks surexploités, épuisés ou en phase de reconstitution est passée de 10 % en 1974 à 32 % en 2008.

La proportion des stocks pleinement exploités est restée relativement stable; elle s’est maintenue autour de 50 % depuis les années 70.

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Source : Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2010, FAO.

Figure 2.1. Situation des ressources marines mondiales : évolution depuis 1974

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Selon les estimations de la FAO :• En 2007, 28 % des stocks de poissons de mer surveillés sont

surexploités (19 %), épuises (8 %) ou en cours de relèvement (1 %).

• En 2008, 32 % sont surexploités (28 %), épuisés (3% cent) ou en phase de reconstitution (1 %) (Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture, 2010, http://www.fao.org/docrep/013/i1820f/i1820f.pdf .

• L’état de certaines espèces de poissons grands migrateurs et de haute mer est inquiétant : Plus de la moitié des stocks de requins grands migrateurs 66% des stocks hauturiers et chevauchants (merlu, morue, flétan,

hoplostète rouge, requin pèlerin, thon rouge) seraient soit surexploités soit appauvris.

Même si ces stocks ne représentent qu'une petite partie des ressources halieutiques, ce sont des indicateurs clés de l'état d'une portion massive de l'écosystème océanique.

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Ces données indiquent bien une pression croissante sur les ressources halieutiques importance de la régulation de l’effort de pêche

Modèles de gestion du stock de poissons : Gordon (1954) Schaefer (1957), Beverton-Holt (1957)

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2.1.1. La dynamique biologique

• La ressource naturelle renouvelable se reconstitue naturellement à chaque période à un taux G(St) qui dépend des lois biologiques. Une extraction de ressource S au taux h réduit le taux de croissance net de la ressource :

• Équation similaire à celle de l’accumulation du capital avec investissement et dépréciation la théorie économique traite les stocks de ressources renouvelables comme des formes de capital naturel.

hSGS tt )(

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• L’investissement en capital naturel est positif si et négatif sinon.

• L’équilibre au niveau du stock St est atteint si :

• On considère que la loi biologique G a une forme en cloche. Elle commence par croître, atteint un maximum pour un niveau de stock donné puis décroît vers 0. En effet, la croissance intrinsèque du stock est limitée par l’épuisement de son environnement qui limite sa reproduction.

hSG t )(

hSG t )(

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G(St)

Gmax=G(SRMS)

S1 SRMS S2 Smax

St

Fig. 2.2. Loi biologique d’évolution du stock de ressource et rendement maximum soutenable

G admet un maximum puis décroît vers 0. On note SRMS le niveau de stock pour

lequel l’accroissement naturel G est maximal, c’est le rendement maximum soutenable. Smax est la capacité de charge, i.e. le stock maximal de ressource

pouvant être supporté par l’environnement.

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• Taux de croissance net de la ressource :

• Un état stationnaire (ES)est tel que la taille du stock reste constante au cours du temps :

À l’ES, le montant prélevé sur le stock est égal au montant provenant de l’accroissement naturel de la ressource.

)(0, ttt SGhSSSt

hSGS tt )(

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Fig. 2.3. Etat stationnaire et taux maximal de rendement de la ressource.

• Comme la courbe de G est en cloche, pour tout niveau de prélèvement, il existe deux états stationnaires.

• Mais il existe un seul état stationnaire qui permette de maximiser le prélèvement tout en maintenant le stock constant : le taux de prélèvement hRMS donné par la condition de stationnarité hRMS=G(SRMS) est le taux maximal de rendement de la ressource.

G(St)

hRMS

h

S1 SRMS S2 Smax

St

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• Tout prélèvement supérieur au taux maximal de rendement de la ressource conduirait fatalement à l’épuisement de la ressource.

• Si S est réduit à un niveau inférieur à SRMS, on dit que la ressource est biologiquement surexploitée.

Obtenir ce rendement maximal soutenable est l’objectif traditionnel de la gestion des ressources halieutiques.

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• Ces notions d’état stationnaire et de taux maximal de rendement de la ressource sont extrêmement importantes :

Celle d’état stationnaire correspond à l’intuition selon laquelle il serait souhaitable, à un certain moment, de ne pas faire décroître le stock existant de ressource afin de garantir pour les générations futures la même possibilité de bien-être (c’est d’ailleurs une des définitions de la durabilité de la croissance.

A l’état stationnaire, le rendement qui est obtenu, selon l’état du stock, peut être plus ou moins fort : il est rationnel de chercher à maximiser ce rendement, donc d’atteindre le rendement maximal soutenable (RMS).

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2.1.2. L’introduction de l’effort de pêche : la courbe de Schaefer

• L’exploitation des ressources est réalisée grâce à la combinaison de capital physique (bateaux et matériel de pêche), de travail et de stocks de poissons.

• Une fonction de production de pêche peut être définie en combinant la recherche d’un état stationnaire et la détermination d’un effort de pêche approprié.

é

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• L’effort de pêche, noté E, mesure la quantité de capital, de travail et d’énergie consacrée à la pêche pendant la période (mesurée habituellement par le nombre de bateaux).

• Le nombre de poissons pêchés dépend en général du niveau du stock de poissons mais, pour simplifier, on suppose que le ratio capture sur effort est proportionnel au stock de poissons et on note q le coefficient de prise :

• La quantité pêchée est alors :

SqE

h.

SEqh ..

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Pour chaque niveau d’effort E, il existe un équilibre, défini comme un état stationnaire du stock compte tenu de la fonction de production du pêcheur :

et donc il existe une prise d’équilibre :

*0..)( .. avec 0)( SSEqSGSEqhhSG

h, G(St)

hRMS *

S2* SRMS* S0* Smax

St

h=qERMS S

h=qE2 S

h=qE1 S

Fig. 2.4. Equilibre biologique et technologique d’un unique pêcheur

q.E.S*h*

S1*

h=qE0 S

Effort E croissant

h0*h2*

h1*

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Fig. 2.5. La courbe rendement-effort ou courbe de Schaefer

h*=h(E)

hRMS*

h*

E2 ERMS E10E

Le stock de poisson d’équilibre S* décroît lorsque l’effort s’élève ; La prise d’équilibre h* augmente avec E jusqu’en ERMS puis décroît .

La courbe rendement-effort de Schaefer h* = h*(E) qui représente les rendements d’équilibre ou rendements soutenables pour différents niveaux d’efforts E a également une forme en cloche.

G(St)

h=qE1 S

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• Attention à l’Interprétation de la courbe rendement-effort : elle représente seulement les rendements d’équilibre soutenable h* (i.e. compatibles avec un stock de ressource constant) correspondant à différent niveaux d’effort E, une fois toutes les adaptations dynamiques effectuées.

• Quand l’effort augmente, le long de la courbe rendement-effort, le stock de ressource d’équilibre diminue de Smax à 0.

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2.1.3. L’exploitation de la ressource en libre accès : l’équilibre bioéconomique

La discussion n’a jusqu’ici porté que sur les aspects technologique et biologique du problème sans tenir compte des implications économiques des choix opérés par le producteur.

On pose trois hypothèses supplémentaires à partir du modèle précédent :1. La ressource est en accès libre ;2. Il existe des coûts économiques de la pêche, notés C, supposés proportionnels au niveau d’effort : C= cE ;3. Le prix de marché des poissons pêchés est exogène et constant et égal à p.

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• Le profit d’un pêcheur pendant la période est alors : π = ph ˗ cE

• Puisque la ressource est en accès libre, tant que π > 0 il est rentable d’accroître l’effort total de pêche de nouveaux pêcheurs se lancent dans l’activité jusqu’à ce que les profits s’annulent.

• Dans une pêcherie en accès libre, l’effort se fixe au niveau d’équilibre E* tel que le profit est totalement dissipé :

0 que tel* cEphE

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• Si l’on combine cet équilibre avec le modèle de rendement-effort de Schaefer, on en déduit l’équilibre bioéconomique, c-a-d biologique et économique (Gordon 1954) réalisé pour un niveau de stock constant SEB tel que :

• Cet équilibre , correspond à l’équilibre soutenable biologiquement qui dissipe le profit de la branche entre les pêcheurs.

• Il est donné graphiquement par l’intersection de la courbe de Schaefer h* = h*(E) et de la courbe de coût réel total (cf. figure 2.6).

0)(* 0)(* Ep

cEhcEEph

Ep

c

p

C

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Fig. 2.6. Détermination de l’équilibre bioéconomique

C/p, h*

ERMS E*3

E

(c/p)0 .E

h*(E)

E*2E*1E*0

l’équilibre bioéconomique dépend du rapport coût/prix.

(c/p)1 .E

(c/p)2 .E

(c/p)3 .E

hRMS*

Equilibres bio-économiques

c/p décroissant

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• si les coûts sont particulièrement élevés par rapport au prix, la ressource ne sera pas exploitée car la pêche n’est pas rentable (E0*) ;

• si c/p est élevé, un équilibre bioéconomique peut s’établir à un niveau E1*< ERMS , il n’y a pas alors de surpêche biologique ;

• si c/p est bas, alors on a un équilibre bioéconomique E2*< ERMS et donc une surpêche biologique.

Conclusion : la surexploitation d’une ressource halieutique est inévitable dès lors que la demande est forte au regard des coûts de production le risque d’extinction est d’autant plus fort que c/p est faible.

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• En situation de surpêche biologique, une réduction de l’effort qui réduit les coûts et augmente les recette permettrait de dégager un profit supplémentaire.

hRMS*

h3*=(C/p)3

ERMS E*30E

(c/p)3 .E

h*(E)(C/p)2

E2

h2*

Δh* > 0

Δcoûts < 0

Δπ> 0

Fig. 2.7. Réduction de l’effort en surpêche biologique

C/p, h*

• En réalité, en raison du libre accès à la ressource, si π > 0, de nouveaux pêcheurs entrent, entraînant une élévation de l’effort E cette réduction de l’effort ne se réalise pas.

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Cas du propriétaire unique• On suppose maintenant qu’une firme unique possède tous les droits sur la

ressource en poissons. • Dans ce cas, quel est le degré d’effort efficace bio-économiquement ? C’est celui

qui maximise le profit et maintient constant le stock de ressource.• Le profit est maximum quand la recette marginale est égal au coût marginal. En

effet, le pêcheur aura intérêt à accroître son effort tant que le supplément de recette obtenu sera supérieur au coût de l’effort supplémentaire fourni, i.e. tant que la recette marginale de l’effort (le rendement marginal) est supérieur au coût marginal.

• On en déduit que le niveau d’effort pour lequel le profit du pêcheur unique est maximum est tel que le rendement marginal de l’effort est juste égal au coût marginal de l’effort.

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• A l’équilibre bioéconomique, le rendement de l’effort doit être soutenable, i.e. compatible avec un stock de ressource constant, et le profit maximum.

• L’équilibre bioéconomique est donc atteint quand le rendement soutenable marginal est égal coût marginal, soit :

• Graphiquement, l’équilibre est atteint au point A, quand la pente de la tangente à la courbe de Schaefer est égal à c/p (cf. figure 2.8). p

c

dE

Edh

)(*

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E* correspond au niveau d’effort d’équilibre de la pêcherie en libre accès pour lequel le profit est nul et E** l’effort de la pêcherie a propriétaire unique.E**<E* le libre accès implique une surexploitation économique, i.e. trop d’effort est consacré à l’activité de pêche par rapport à ce qui serait optimal si le stock de poissons était la propriété d’un seul exploitant, celui-ci maximisant son profit au lieu de l’annuler.

E*0E

h*(E)

Δπ> 0

Fig. 2.8. Optimum social et équilibre décentralisé

C/p, h*

(libre accès)

E**

Ep

c

p

C

c/p

c/p

AB

(pêcheur unique)

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• Le libre accès implique un niveau d’effort trop élevé et donc un stock de ressource trop faible le risque de surexploitation augmente.

• Ce résultat, qui remonte au modèle de Gordon (54), constitue le second théorème fondamental de l’économie des ressources naturelle après celui d’Hotelling concernant les ressources épuisables : l’exploitation d’une ressource en accès libre est plus intense que l’exploitation par un propriétaire privé et peut mener rapidement à l’extinction de la ressource.

• Rq : Dans ce modèle statique, si l’on considère que le coefficient de prise q diminue lorsque le stock devient plus faible (plus réaliste), le libre accès aboutit à une surexploitation moins importante des ressources ce mécanisme agit ici comme une force de rappel, rendant ainsi quasiment impossible d’épuiser le stock.

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• Mais on ne peut se limiter à cette analyse statique qui ne prend pas en compte l’évolution de la ressource au cours de son exploitation.

• Deux composantes du coût de la pêche : l’ensemble des coûts privés supportés par les pêcheurs la taille du stock et sa capacité de reproduction ne sont pas

illimitées.

On a jusqu’ici négligé cette 2ème composante qui n’est pas directement observable mais qu’il faut prendre en compte.

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2.1.4 La dynamique de l’exploitation de la ressource en libre accès

• La capture d’un poisson aujourd’hui réduit les possibilités de pêche dans l’avenir.

• Si la population de poissons appartenait à un propriétaire privé, il évaluerait la valeur du poisson marginal non pêché et maximiserait les flux actualisés de ses profits futurs. En effet, un poisson laisser en mer permet d’accroître la population et donc génère un profit supplémentaire à la période suivante. Cette « valeur en mer » est l’équivalent de la valeur en terre de la ressource épuisable que l’on renonce à extraire.

• La règle de gestion efficace de la ressource renouvelable que l’on obtient est très proche de la règle d’Hotelling, le pêcheur unique va égaliser le gain marginal de renoncement à la capture au gain marginal de la capture, cette règle le conduit à égaliser la productivité marginale nette de la ressource au taux d’intérêt.

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• L’extinction de la ressource peut-elle être économiquement optimale pour un propriétaire unique? Oui si la productivité marginale nette de la ressource est inférieure au taux d’intérêt (i.e. aux rendement des placements alternatifs). Mais peu probable dès lors que les coûts de capture croissent quand la taille du stock de réduit car les coûts de capture augmentent la productivité marginale nette de la ressource.

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La tragédie des biens communs• La valeur attribuée au poisson non pêché empêche le pêcheur unique

de surexploiter ses ressources. En effet, le comportement rationnel de maximisation du profit implique qu’une part de la ressource soit conservée pour les usages futurs. Tout poisson non pêché équivaut ainsi à un investissement dans la ressource.

• Mais dans le cas où la pêcherie est en libre accès, aucun pêcheur ne peut être sûr de bénéficier dans l’avenir de la valeur du poisson qu’il renoncerait aujourd’hui à capturer. Un pêcheur rationnel n’a aucune incitation à restreindre sa pêche afin de conserver la ressource pour l’avenir : se restreindre lui-même ne ferait qu’augmenter les opportunités futures de pêche pour tous ses concurrents.C’est ce que l’on désigne sous le nom de « tragédie des biens communs » (Hardin, 1968).

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• Hardin en 1968 écrit un article « The Tragedy of the Commons » dans la revue Science, pour mettre en évidence le risque d’épuisement rapide des poissons ou des baleines (analyse en termes de passagers clandestins).

• Nordhaus en 1982, dans The Global Commons, élargit cette analyse aux biens collectifs planétaires : couche d’ozone, climat...

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• La source principale des risques d’extinction des ressources renouvelables tient donc à la conjonction de 2 phénomènes: Le libre accès à la ressource; L’existence d’externalité de production.

Tragédie des biens communs.

• Un ressource renouvelable est intermédiaire entre bien privé et bien public. Elle est rivale (sa conso par un agent l’interdit aux autres), mais difficulté d’exclusion.

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Dans les modèles de type Gordon-Schaefer, le stock de poissons est un stock indifférencié selon l’âge, or l’âge compte. Certaines espèces de poissons, pourtant prolifiques, peuvent être mises en danger si on exploite leurs juvéniles.

Le modèle de Beverton et Holt (1957), souvent utilisé à côté de ceux de Gordon et Schaefer, peut traiter ces cas. Il s’agit d’un modèle dynamique avec générations différenciées .

Ce type de modèles permet d’insérer facilement un paramètre sensible en matière de pêche : la taille des mailles du filet ou de l’engin de pêche.

Tous ces modèles supposent l’information parfaite. Les modèles de Reed (1974, 1979) et celui de Charles (1983) introduisent l’incertitude dans les modèles de ressources renouvelables.

Prolongements

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2.1.5 Les politiques de régulation envisageables

• Dans une situation de libre accès, il n’existe aucune force automatique qui puisse régler le problème de la surexploitation. Une intervention publique est donc nécessaire pour restaurer l’efficacité économique.

• Les techniques de régulation traditionnelles reposent sur des mesures de limitation : – définition des saisons de pêche ;– restrictions sur le matériel de pêche (taille des filets ou de leurs

mailles) ;– limitation du nombre de bateaux ;– instauration de quotas globaux de pêche pour tenter de

raccourcir la période de pêche...

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• Dans tous ces cas, des effets pervers :– allongement excessif de la durée du travail des équipages – surinvestissement des patrons-pêcheurs afin d’avoir des

bateaux plus efficaces, même s’ils sont moins nombreux ou peuvent pêcher moins longtemps.

En plus des effets de surexploitation qui subsisteront, apparaissent d’autres inefficacités économiques puisque ces mesures accroissent le coût de production des pêcheurs, ce qui réduit leurs revenus et augmente le prix du poisson pour les consommateurs.

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• Les quotas globaux de pêche accroissent à coup sûr l’inefficacité économique de la pêcherie en libre accès : les pêcheurs sont fortement incités à commencer à pêcher à pleine capacité dès le début de la période de pêche car freiner leur effort les conduirait à n’obtenir qu’une faible part du quota total.

• La taxation peut paraître le remède approprié permettant aux pêcheurs d’internaliser au moins en partie les externalités dynamiques que leur activité exerce sur le stock de ressource.

• En pratique, comme toutes les mesures fiscales, elle est extrêmement difficile à faire accepter politiquement : Opposition vigoureuse des lobbys de la pêche à un transfert de revenu des

pêcheurs vers l’Etat. Difficultés inhérentes au caractère international de la plupart des pêcheries, qui

rend l’instauration d’une taxe encore plus délicate.

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• Approche alternative dont l’usage se répand lentement (depuis 1983 en Nouvelle Zélande et dans une certaine mesure au canada et aux EU) : système de quotas individuels transférables d’exploitation de pêche, selon le même principe que les droits d’émission négociables.

• Un tel système présente l’avantage de préserver les rentes économiques en les redistribuant au sein du groupe de producteurs concernés.

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• La gestion forestière constitue l’autre grand domaine d’application de la théorie des ressources renouvelables .

• Chaque ressource a ses spécificités : par exemple l’âge de l’arbre est une variable fondamentale, ce qui n’est pas le cas pour les poissons. La forêt produit des externalités de consommation et n’est pas uniquement une ressource contrairement aux poissons.

• Au-delà d’une diversité d’apparence, grande similitude de fond de tous ces modèles de ressources renouvelables. Développement parallèle dans la littérature. D’abord fondés sur le principe du rendement maximum soutenable, i.e. sur la dynamique des populations animales ou végétales, on est passé à des modèles plus ”économiques” véritablement dynamiques soulignant la nécessité de raisonner en termes de valeur présente et prenant en compte les conséquences en retour sur l’évolution de la ressource de son exploitation économique.

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2.2. L’extinction des ressources renouvelables et les pertes de biodiversité

• Le problème de l’extinction des espèces peut être vu comme un prolongement de la théorie économique des ressources renouvelables. Le résultat de ces extinctions est une diminution de cette ressource naturelle particulière et globale que l’on appelle la biodiversité.

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2.2.1 L’extinction des espèces dans le cadre de la théorie des ressources renouvelables

• Déterminants de la pression exercée sur ressource naturelle renouvelable (ici une espèce) en accès libre : le prix de cette espèce le coût de prélèvement

Si le prix est élevé et le coût de prélèvement bas, la surexploitation de l’espèce pourra conduire à son extinction.

• La politique consiste alors à abaisser le prix ou à élever le coût de prélèvement via, par exemple :une restriction une interdiction de commercialiser l’espèceune interdiction de la chasse.

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• Si l’hypothèse de libre accès à la ressource, pertinente en matière de ressources halieutiques, l’est beaucoup moins pour les espèces terrestres : le contrôle de l’accès à un territoire donné peut toujours être effectué.

• On peut même penser que cette régulation de l’accès est en réalité endogène et non exogène : le contrôle correspond à un investissement dans la ressource qui dépend lui-même du rendement que l’on en attend. « L’investissement joue un rôle crucial pour déterminer si un stock d’une espèce donnée continuera à exister » (Swanson, 1993).

• Cet aspect est négligé par les modèles bioéconomiques qui font la plupart du temps l’hypothèse implicite que les ressources biologiques sont des biens libres qui ne requièrent aucun investissement.

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• Le montant optimal de dépenses de gestion est atteint lorsque le gain en termes de profits tirés de la préservation de l’espèce est égal au coût d’opportunité que représente par exemple le salaire des employés.

• « les politiques existantes s’attaquent aux causes secondaires plutôt qu’aux causes fondamentales du déclin des espèces. Les espèces en danger connaissent toutes les mêmes menaces : l’inattention humaine et le sous-investissement. [...] La surexploitation n’est que la cause immédiate du déclin des espèces : la cause fondamentale en est sa non-compétitivité en tant qu’actif. Les théories anciennes considéraient comme exogènes les institutions gérant l’accès à une espèce particulière. [...] les régimes de libre accès sont causés par les décisions de ne pas investir dans certaines ressources, plutôt qu’ils ne sont causes de telles décisions », Swanson (1993).

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• Une espèce apparaît en effet comme un actif naturel dans lequel l’homme investit des ressources et qu’il peut arbitrer contre d’autres actifs.

• Ce qui est en jeu c’est la capacité de cette espèce, en tant qu’actif naturel, à engendrer un rendement qui puisse se comparer à ceux des autres types d’actifs

On retrouve l’idée centrale de la théorie des ressources naturelles, qu’elles soient épuisables ou renouvelables.

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Dans cette perspective, l’extinction peut intervenir pour 3 raisons :1. L’espèce a une valeur courante mais ses perspectives de croissance et donc

de rendements futurs sont telles qu’il n’apparaît pas justifié de la détenir comme actif. Le stock tout entier sera donc exploité jusqu’à épuisement (forêts tropicales)

2. L’espèce n’est pas perçue comme susceptible de faire l’objet d’une consommation même future, elle s’éteindra si l’on trouve une utilisation plus profitable à son habitat naturel (cas de nombreux insectes et végétaux) ;

3. La valeur courante de l’espèce existe mais n’est pas suffisante pour qu’elle puisse faire l’objet d’un programme « volontaire » d’investissement (cas de la plupart des mammifères terrestres menacés, tels l’éléphant).3 raisons à l’extinction d’une espèce mais une seule cause fondamentale: l’absence d’incitation à investir.

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2.2.2. Les pertes de biodiversité

• Les problèmes d’extinction peuvent aussi être abordés à partir de la notion de biodiversité, puisque l’extinction réduit la diversité.

• La diversité devrait en toute rigueur s’apprécier à partir du stock génétique naturel présent dans un écosystème donné. Mais, pour des raisons de commodité, elle s’apprécie surtout par le nombre d’espèces existantes, résultat de processus de différenciation et d’extinction.

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• Si on a pu considérer que pendant longtemps ces deux processus se sont équilibrés, il n’en est plus de même depuis l’apparition des effets de l’activité humaine (10 000 ans environ).

• Depuis lors, l’extinction l’emporte sur la différenciation et de plus, l’extinction d’origine humaine l’emporte actuellement d’un facteur 3 ou 4 sur l’extinction « naturelle ».

• Le taux d’extinction actuel par décennie est de 5 à 10% du nombre total d’espèces, ce qui conduit certains biologistes à affirmer que nous pourrions perdre d’ici le milieu du XXIème siècle 25 à 50% des espèces existant actuellement.

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• Le processus de conversion des espaces « naturels » en espaces exploités par l’homme qui implique des modifications ou des destructions de l’habitat de nombreuses espèces, est selon Pearce et Turner (1990), de loin la cause la plus importante d’extinction d’espèces.

• Les conversions sont le plus souvent le résultat de forces économiques qui poussent : à la substitution d’actifs plus productifs à des actifs moins

productifs; à la spécialisation dans les productions qui assurent la plus

grande productivité; à la globalisation des productions agricoles via la généralisation

de méthodes de production spécialisées à la planète entière.

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• Un nombre de plus en plus réduit d’espèces satisfait les besoins de l’homme.

• On estime que parmi les milliers de plantes comestibles connues, seules 20 constituent la base alimentaire de l’humanité toute entière.

• Par exemple les quatre grandes sources d’hydrates de carbone (le blé, le maïs, le riz et la pomme de terre) nourrissent plus de gens que les 36 suivantes prises ensemble (Wilson, 1988).

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• Les conversions qui font passer de ressources diversifiées à des ressources moins diversifiées sont perçues généralement comme avantageuses localement et à court terme, alors qu’elle ne le sont pas globalement et à long terme. Problème d’externalité : les individus ne tiennent pas compte dans leurs décisions des coûts de la conversion pour la planète dans son ensemble, en particulier ceux qu’implique la perte de la biodiversité. Tout se passe comme si les ressources biologiques diversifiées étaient systématiquement sous-évaluées, ce qui les amène à être plus aisément converties. On peut penser que cette sous-évaluation trouve sa source dans deux défaillances de marché et trois défaillances concernant les politiques gouvernementales.

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Défaillances de marché

1. Incapacité des agents à s’approprier sur le marché le flux de services informationnels émanant de ressources diversifiées.

Ceci tient à un aspect paradoxal de l’information : celle-ci est sans valeur jusqu’à ce qu’elle soit révélée et sa révélation la rend inappropriable. Il est donc largement possible d’acquérir de l’information à partir de la biodiversité sans en payer le prix Ceci réduit d’autant la demande potentielle de biodiversité.

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2. Incapacité des agents à s’approprier sur le marché le flux de services d’assurance émanant de ressources diversifiées.

• La biodiversité remplit un véritable rôle d’assurance (= diversification des risques) elle assure la minimisation du risque dans la production biologique , i.e. réduit la variabilité de la production. Les rendements du maïs aux EU ont considérablement augmenté à partir du milieu des

années 50 passant de 57 kg/ha en 1935 à 133 du fait de l’uniformisation des semences et des méthodes de culture.

Pendant le même temps, la variabilité s’est accrue de près de 100%, passant de 0,06 à 0,105.

• Mais ces services d’assurance offerts par la biodiversité ont un caractère de bien public, il peut exister une demande de services d’assurance issus de la diversité sans qu’existe le consentement à payer correspondant réduit la demande potentielle de diversité.

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Défaillances des politiques publiques

1. Politiques qui empêchent l’appropriation de la valeur des flux de services informationnels émanant de ressources diversifiées : principe généralement admis de non-brevetabilité du vivant « naturel » et liberté d’accès aux banques de gènes.

2. Politiques qui subventionnent la souscription d’assurance portant sur les récoltes dans l’agriculture spécialisée.

3. Politiques qui subventionnent l’agriculture spécialisée et pratiquent la discrimination envers les ressources diversifiées Ex. : dans le cas de l’Amazonie brésilienne, la conversion de la forêt en pâturages pour bestiaux n’aurait pas été financièrement possible sans d’importantes subventions gouvernementales (Browder, 1988).

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En conclusion :L’exploitation des ressources naturelles renouvelables n’est pas la seule cause d’appauvrissement du milieu naturel et de disparition des espèces, même si elle y contribue. C’est dans la transformation d’espaces naturels diversifiés en terres agricoles livrées à la monoculture intensive que réside l’essentiel des menaces de disparition pour de nombreuses espèces ou variétés végétales comme animales.

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Extinction des espèces• Pour évaluer les taux d’extinction actuels, on utilise des modèles

dans lesquels sont représentées les forces qui influent sur cette biodiversité. Ils tendent à montrer que la richesse du nombre d’espèces (dite richesse spécifique) va s’effondrer dans les années à venir.

• Le rapport du Millennium Ecosystem Assessment (2005) (groupe de scientifiques internationaux), évoque la disparition de 12% des oiseaux, 25% des mammifères et 32% des amphibiens d’ici à 2100. Et il ajoute que 20% des récifs coralliens et 35% des superficies de mangroves ont récemment disparu.

• Selon d’autres études, les deux tiers de l’ensemble des espèces vivant sur Terre risquent de s’éteindre d’ici 100 ans simplement sous l’effet de la destruction de leurs habitats.

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• Si l’on ajoute les récents travaux concernant l’extinction possible de 15% à 37% des espèces de la planète d’ici 2050 sous l’effet du réchauffement climatique, il est possible d’affirmer, même si ces études donnent encore lieu à des discussions, que l’on se trouve dans une période d’extinction massive.

• C’est pourquoi, depuis une quinzaine d’années, des objectifs de protection des espèces et de leurs habitats ont été adoptés à différentes échelles.

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Nombre d’espèces de vertébrés menacées en Europe

Note : Les espèces gravement menacées (risque extrêmement élevé d'extinction dans un proche avenir); les espèces menacées (risque très élevé d'extinction dans un proche avenir); les espèces vulnérables (risque élevé d'extinction à moyen terme).Les données portent sur l'ensemble des espèces de vertébrés menacées à l'échelle mondiale pour lesquelles il existe des registres nationaux dans la base de données PNUE-CMSC (PNUECMSC, 2001a). Les espèces marines enregistrées par zone océanique ne sont pas incluses.

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Nombre d'espèces de vertébrés menacées : Amérique latine et Caraïbes

Note : Les espèces gravement menacées (risque extrêmement élevé d'extinction dans un proche avenir); les espèces menacées (risque très élevé d'extinction dans un proche avenir); les espèces vulnérables (risque élevé d'extinction à moyen terme).Les données portent sur l'ensemble des espèces de vertébrés menacées à l'échelle mondiale pour lesquelles il existe des registres nationaux dans la base de données PNUE-CMSC (PNUECMSC, 2001a). Les espèces marines enregistrées par zone océanique ne sont pas incluses.

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Global Biodiversity Outlook 3 (CDB, 2010)http://www.cbd.int/doc/publications/gbo/gbo3-final-en.pdf

• The target agreed by the world's Governments in 2002, "to achieve by 2010 a significant reduction of the current rate of biodiversity loss at the global, regional and national level as a contribution to poverty alleviation and to the benefit of all life on Earth", has not been met.

• None of the twenty-one sub-targets accompanying the overall target of significantly reducing the rate of biodiversity loss by 2010 can be said definitively to have been achieved globally, although some have been partially or locally achieved. 

• Despite an increase in conservation efforts, the state of biodiversity continues to decline, according to most indicators, largely because the pressures on biodiversity continue to increase.

•  There is no indication of a significant reduction in the rate of decline in biodiversity, nor of a significant reduction in pressures upon it. 

• However, negative trends have been slowed or reversed in some ecosystems. There are several indications that responses to biodiversity loss are increasing and improving, although not yet on a scale sufficient to affect overall negative trends in the state of biodiversity or the pressures upon it.