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LES ANNONCES DE LA SEINE VIE DU DROIT Congrès de l’Union Syndicale des Magistrats Responsables par Christophe Régnard ................................................2 Conférence Générale des Bâtonniers Assemblée Générale du 19 novembre 2010........................................9 JURISPRUDENCE Société par actions simplifiée et délégation du pouvoir de licencier Cour de cassation- chambre mixte - 19 novembre 2010 Pourvois n° 10-10.095 et n° 10-30.215 ...........................................10 VIE DU CHIFFRE 65 ème Congrès de l’Ordre des Experts-Comptables La profession comptable de demain par Joseph Zorgniotti ............12 DIRECT Jeunes avocats : pour une formation d’exception .........14 Conseil d’Orientation de la Déontologie des Dirigeants Salariés.............................................................15 Remise du Prix de l’Intelligence économique ..................15 ANNONCES LEGALES ...................................................16 DÉCORATION Claudette Eleini, Chevalier de la Légion d’Honneur ......23 J OURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - I NFORMATIONS GÉNÉRALES, J UDICIAIRES ET TECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE Lundi 22 novembre 2010 - Numéro 58 - 1,15 Euro - 91 e année Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 L e 36 ème congrès de l'Union Syndicale des Magistrats (USM) qui s’est déroulé à Rennes les 19 et 20 novembre 2010 fut l’occasion du premier déplacement du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés, Michel Mercier. L’USM, syndicat majoritaire de la profession, a intitulé son congrès 2010 « Responsables ». Selon Christophe Régnard, président de l’USM, les magistrats sont responsables « dans leur action au quotidien » mais aussi « disciplinairement ». A partir de janvier prochain, les justiciables pourront saisir directement le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) contre le comportement de certains magistrats. Si cette possibilité figure dans tous les textes régissant les statuts des juges au niveau international, elle suscite néanmoins nombre d'inquiétudes dans la profession. Pour Christophe Régnard, c’est une crise « profonde, morale, budgétaire, juridique » qui secoue la justice aujourd’hui. Les « mesures déraisonnables, pour ne pas dire irresponsables, adoptées ces dernières années ou en voie de l’être ne manquent pas », qu’il s’agisse du discrédit régulièrement jeté sur les décisions des magistrats, des affaires polito- judiciaires, les conditions de travail « indignes » des magistrats ou encore les reformes indispensables du statut du Parquet et de la garde a vue qui se font attendre. En poste depuis seulement trois jours, le ministre Michel Mercier a tenu à se déplacer pour décrire l’esprit dans lequel il souhaite aborder ses nouvelles responsabilités. Il a évoqué ses priorités, se montrant déterminé à conduire toutes les actions qui visent à moderniser l'institution judiciaire, sans tabou, en associant pleinement les magistrats. Michel Mercier a ainsi assuré son auditoire de sa volonté de concertation, notamment sur les deux réformes majeures initiées par ses prédécesseurs, la réforme de la garde à vue et la réforme du statut des magistrats, rappelant a cet égard son attachement à la tradition française de l’unité de corps. Le professeur de droit, devenu ministre, a aussi insisté sur son souhait d’associer les justiciables et mieux faire comprendre le système de la justice et le travail des magistrats aux justiciables. Jean-René Tancrède Congrès de l’Union Syndicale des Magistrats Rennes - 19 et 20 novembre 2010

Edition du 22 novembre 2010

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  • LES ANNONCES DE LA SEINE

    VIE DU DROITCongrs de lUnion Syndicale des MagistratsResponsables par Christophe Rgnard ................................................2Confrence Gnrale des BtonniersAssemble Gnrale du 19 novembre 2010........................................9

    JURISPRUDENCESocit par actions simplifieet dlgation du pouvoir de licencierCour de cassation- chambre mixte - 19 novembre 2010

    Pourvois n 10-10.095 et n 10-30.215 ...........................................10

    VIE DU CHIFFRE65me Congrs de lOrdre des Experts-ComptablesLa profession comptable de demain par Joseph Zorgniotti............12

    DIRECTJeunes avocats : pour une formation dexception .........14Conseil dOrientation de la Dontologiedes Dirigeants Salaris.............................................................15Remise du Prix de lIntelligence conomique ..................15

    ANNONCES LEGALES ...................................................16DCORATIONClaudette Eleini, Chevalier de la Lgion dHonneur ......23

    JOURNAL OFFICIEL DANNONCES LGALES - INFORMATIONS GNRALES, JUDICIAIRES ET TECHNIQUESbi-hebdomadaire habilit pour les dpartements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

    FONDATEUR EN 1919 : REN TANCRDE - DIRECTEUR : JEAN-REN TANCRDE

    Lundi 22 novembre 2010 - Numro 58 - 1,15 Euro - 91e anne

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    Le 36me congrs de l'Union Syndicale des

    Magistrats (USM) qui sest droul Rennesles 19 et 20 novembre 2010 fut loccasiondu premier dplacement du Garde des

    Sceaux, ministre de la Justice et des Liberts, MichelMercier. LUSM, syndicat majoritaire de la profession, aintitul son congrs 2010 Responsables . SelonChristophe Rgnard, prsident de lUSM, lesmagistrats sont responsables dans leur action auquotidien mais aussi disciplinairement . A partirde janvier prochain, les justiciables pourront saisirdirectement le Conseil Suprieur de la Magistrature(CSM) contre le comportement de certainsmagistrats. Si cette possibilit figure dans tous lestextes rgissant les statuts des juges au niveauinternational, elle suscite nanmoins nombred'inquitudes dans la profession.Pour Christophe Rgnard, cest une crise profonde,morale, budgtaire, juridique qui secoue la justiceaujourdhui. Les mesures draisonnables, pour nepas dire irresponsables, adoptes ces derniresannes ou en voie de ltre ne manquent pas , quilsagisse du discrdit rgulirement jet sur les

    dcisions des magistrats, des affaires polito-judiciaires, les conditions de travail indignes desmagistrats ou encore les reformes indispensables dustatut du Parquet et de la garde a vue qui se fontattendre. En poste depuis seulement trois jours, le ministreMichel Mercier a tenu se dplacer pour dcrirelesprit dans lequel il souhaite aborder ses nouvellesresponsabilits. Il a voqu ses priorits, se montrantdtermin conduire toutes les actions qui visent moderniser l'institution judiciaire, sans tabou, enassociant pleinement les magistrats.Michel Mercier a ainsi assur son auditoire de savolont de concertation, notamment sur les deuxrformes majeures inities par ses prdcesseurs, larforme de la garde vue et la rforme du statut desmagistrats, rappelant a cet gard son attachement la tradition franaise de lunit de corps.Le professeur de droit, devenu ministre, a aussiinsist sur son souhait dassocier les justiciables etmieux faire comprendre le systme de la justice etle travail des magistrats aux justiciables.

    Jean-Ren Tancrde

    Congrs delUnion Syndicale des Magistrats

    Rennes - 19 et 20 novembre 2010

  • Responsables !par Christophe Rgnard

    Monsieur le ministre,Vous avez t nomm dimanchedernier, garde des Sceaux, ministrede la Justice et des Liberts.Votre prdcesseur, invite dbut octobre, nousavait fait part de son souhait dassister pour ladeuxime anne conscutive nos travaux,respectant ainsi une tradition, hlas oublie enson temps par Rachida Dati. Le remaniementgouvernemental en aura dcid autrement. Sans rancune, mais sans aucun regret, noussouhaitons bon vent Michle Alliot-Marie,dont le passage place Vendme, pour bref quilfut, naura pas laiss de trace marquante.Invit trs tardivement, vous avez bien voulu,Monsieur le ministre, nous faire lhonneur devotre premier dplacement. Soyez certain queles magistrats sont sensibles ce geste qui, nouslesprons, sera de nature ouvrir une nouvellere de dialogue entre le ministre de la Justiceet le principal syndicat de magistrats.Lan pass, javais indiqu Michle Alliot-Marieque nous avions accueilli sa nomination avecsoulagement. Javais ajout : Madame leMinistre, nous ne nous dfions pas de vous. Nevous dfiez pas de nous .Un an aprs, si Mme Alliot-Marie avait toujourst en poste, je lui aurai nanmoins fait part denotre immense dception.Le dbut fut encourageant. Nous avionsapprci sa capacit sopposer aux mises encause des magistrats par le ministre delIntrieur, le constat que nous pensions partagdes lacunes en matire de moyens humains etmatriels des juridictions, les rencontres plusfrquentes place Vendme pour amliorer lesystme judiciaire, la signature dune charte dudialogue social, lbauche dune rflexion sur lesncessaires amliorations des conditions detravail et de rmunrations des magistrats...La suite sest rvle dcevante. Les premirestensions sont nes du refus de prendre enconsidration nos inquitudes quant larforme organique du CSM. Cest essentielle-

    ment comme souvent, dans une instance quevous connaissez bien Monsieur le ministre, auSnat, que les avances les plus importantesont pu avoir lieu contre lavis du gouverne-ment.Mais cest la rforme de la procdure pnale quia constitu le vrai tournant. La fausse concertation et le refus de discuter delessentiel, savoir la suppression du jugedinstruction sans volution du statut duparquet, ne pouvait que nous conduire claquerla porte.Enfin au-del des rformes, la dception estsurtout venue de labsence de soutien manifestaux magistrats. Alors que nous avons tattaqus comme jamais ces derniers mois, nousavons attendu en vain un soutien clair etmdiatis de notre ministre de tutelle.Monsieur le ministre, je lai clairement dit lanpass votre prdcesseur, lUSM nous nesommes pas politiss. Nous ne nous opposonspas aux gouvernements, quils soient de droiteou de gauche, pour le plaisir de nous opposeret nous ne soutenons pas, par principe commedautres, les gouvernements de lun ou de lautredes bords politiques.Nous sommes apolitiques, nous jugeons auxactes. Nous soutenons et nous soutiendrons lesrformes qui nous semblent aller dans le bonsens et qui respectent les standards europensqui nous sont chers. Mais nous combattronscelles qui nous paraissent rgressives soit pourlindpendance de la Justice, soit pour les droitsdes justiciables.Monsieur le ministre, vous prenez vos fonctionsdans un ministre sinistr sur le plan budgtaire,avec des personnels au mieux dsabuss, au pireulcrs du sort qui leur est fait depuis des annes.Comme vos prdcesseurs, je ne peux queredire de ne pas ngliger les magistrats, de nepas les mpriser, de ne pas mener de rformessans concertation, en un mot de ne pasdsesprer la magistrature.Vous tes le 5me ministre de la Justice en 8 ans,le 3me en 3 ans et demi.Compte tenu de la situation catastrophique dece ministre, ces changements incessants nefacilitent certes pas la continuit et la cohrencedune politique, au-del de quelques rponses

    2 Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58

    Vie du droitLES ANNONCES DE LA SEINESige social :

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARISR.C.S. PARIS B 572 142 677 - (1957 B 14267)

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    Etablissements secondaires :l 4, rue de la Masse, 78910 BEHOUST

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    Directeur de la publication et de la rdaction :Jean-Ren Tancrde

    Comit de rdaction :Thierry Bernard, Avocat la Cour, Cabinet BernardsFranois-Henri Briard, Avocat au Conseil dEtatAntoine Bullier, Professeur lUniversit Paris I Panthon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrg des Universits de droitAndr Damien, Membre de lInstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit lUniversit Paris I Panthon SorbonneBertrand Favreau, Prsident de lInstitut des Droits de lHomme des Avocats Europens,ancien Btonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate la Cour, ancien Btonnier de ParisBrigitte Gizardin, Substitut gnral la Cour dappelRgis de Gouttes, Premier avocat gnral honoraire la Cour de cassationSerge Guinchard, Professeur de Droit lUniversit Paris II Panthon-AssasFranoise Kamara, Conseiller la premire chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat gnral honoraire la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat la Cour, Matre de confrence H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit lUniversit Paris II Panthon-AssasNolle Lenoir, Avocate la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur mrite lUniversit Paris II Panthon-AssasPierre Masquart, Avocat la CourJean-Franois Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesSophie Pillard, MagistrateGrard Pluyette, Conseiller doyen la premire chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate la Cour, Prsidente dhonneur de lUNAPLYves Repiquet, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisRen Ricol, Ancien Prsident de lIFACFrancis Teitgen, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

    Publicit :Lgale et judiciaire : Didier ChotardCommerciale : Frdric Bonaventura

    Commission paritaire : n 0713 I 83461I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 12 962 exemplairesPriodicit : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P.3, rue de lAtlas - 75019 PARIS

    Copyright 2010Les manuscrits non insrs ne sont pas rendus. Sauf dans les cas o elle est autoriseexpressment par la loi et les conventions internationales, toute reproduction, totale oupartielle du prsent numro est interdite et constituerait une contrefaon sanctionnepar les articles 425 et suivants du Code Pnal.

    Le journal Les Annonces de la Seine a t dsign comme publicateur officiel pourla priode du 1er janvier au 31 dcembre 2010, par arrts de Messieurs les Prfets :de Paris, du 29 dcembre 2009 ; des Yvelines, du 16 dcembre 2009 ; des Hauts-de-Seine, du 23 dcembre 2009 ; de la Seine-Saint-Denis, du 22 dcembre 2009 ; duVal-de-Marne, du 18 dcembre 2009 ; de toutes annonces judiciaires et lgales prescritespar le Code Civil, les Codes de Procdure Civile et de Procdure Pnale et de Commerceet les Lois spciales pour la publicit et la validit des actes de procdure ou des contratset des dcisions de justice pour les dpartements de Paris, des Yvelines, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ; et des Hauts-de-Seine.N.B. : Ladministration dcline toute responsabilit quant la teneur des annonces lgales.

    - Tarifs hors taxes des publicits la ligneA) Lgales :Paris : 5,22 Seine-Saint-Denis : 5,22 Yvelines : 5,01 Hauts-de-Seine : 5,22 Val-de-Marne : 5,17

    B) Avis divers : 9,50 C) Avis financiers : 10,60 D) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,69 Hauts-de-Seine : 3,70 Seine-Saint Denis : 3,69 Yvelines : 5,01 Val-de-Marne : 3,70 - Vente au numro : 1,15 - Abonnement annuel : 15 simple

    35 avec supplments culturels95 avec supplments judiciaires et culturels

    COMPOSITION DES ANNONCES LGALESNORMES TYPOGRAPHIQUES

    Surfaces consacres aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinas

    Titres : chacune des lignes constituant le titre principal de lannonce sera compose en capitales (oumajuscules grasses) ; elle sera lquivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi 4,5 mm.Les blancs dinterlignes sparant les lignes de titres nexcderont pas lquivalent dune ligne de corps6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de lannonce sera compose en bas-de-casse(minuscules grasses) ; elle sera lquivalent dune ligne de corps 9 points Didot soit arrondi 3,40 mm. Lesblancs dinterlignes sparant les diffrentes lignes du sous-titre seront quivalents 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est spare de la prcdente et de la suivante par un filet 1/4 gras. Lespace blanccompris entre le filet et le dbut de lannonce sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot soit2,256 mm. Le mme principe rgira le blanc situ entre la dernire ligne de lannonce et le filet sparatif.Lensemble du sous-titre est spar du titre et du corps de lannonce par des filets maigres centrs. Leblanc plac avant et aprs le filet sera gal une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinas : le blanc sparatif ncessaire afin de marquer le dbut dun paragraphe o dunalina sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces dfinitions typographiquesont t calcules pour une composition effectue en corps 6 points Didot. Dans lventualit o lditeurretiendrait un corps suprieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

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    Christophe Rgnard

  • Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58 3

    ponctuelles et conjoncturelles des faits divers.Nous avons connu les rgressions et laconsternation quotidienne avec Rachida Dati ;Nous avons vcu une priode de stagnation etde dception avec Michle Alliot-Marie. Nousavons, je dois le dire, perdu au fil des annes unegrande part de nos illusions.Nous serons particulirement vigilants et sansconcession si la politique et les rformesengages depuis 3 ans et demi devaient sepoursuivre avec les mmes mthodes.

    Monsieur le ministre, dans le contexte de chasseaux juges, que nous connaissons depuisquelques annes, nous avons souhait que cecongrs soit plac sous le signe de laresponsabilit. Responsable ! , tel est en effetle thme retenu cette anne.Que navons-nous entendu sur les magistratsces derniers temps : laxistes, politiss,corporatistes, irresponsables.Autant de clichs culs qui nont quune seuleraison dtre : dcrdibiliser linstitution et lesmagistrats, affaiblir ainsi un contre-pouvoir Quand on veut tuer son chien on laccuse de larage . dit le proverbe ; Quand on veut affaiblirla Justice, on la prive des moyens de fonctionneret on ne cesse de la critiquer.Les bnfices, tout le moins politiques, sontpeut-tre excellents court terme, mais ils sontdvastateurs moyen et long terme.Monsieur le ministre, les magistrats sont deshommes et des femmes responsables,parfaitement conscients de leur rle essentieldans une socit dmocratique.Ils sont plus que dautres confronts tous lesmalheurs et toutes les misres dune socit,plus encore lorsque celle-ci est en crise, commecest le cas depuis quelques annes. Nous ne pouvons esprer quune chose cestqu cette responsabilit des magistrats rpondeun sens des responsabilits de nos reprsentantspolitiques et que ceux-ci prennent enfinconscience de la place essentielle que doit jouerle pouvoir judiciaire dans une dmocratie.

    I. Les magistrats sontresponsables

    A - Tous les jours, ils en ont font la dmonstrationQuiconque a frquent un jour un palais dejustice a pu percevoir combien la tche demagistrats est difficile exercer.Tous les jours, chacun des 8 000 magistratsfranais est appel prendre des dizaines dedcisions, souvent en urgence, qui toutes parnature ont un impact direct sur la vie de nosconcitoyens.Quelle responsabilit pour un magistrat duparquet que de dcider, suite un simple appeltlphonique, de lorientation dune procdure.Quelle responsabilit pour un juge des enfantsde retirer un enfant ses parents naturels pour leconfier un tablissement ou une famille daccueil.Quelle responsabilit pour un juge dapplicationdes peines de placer un individu condamn enlibration conditionnelle ou de lui accorder unepermission de sortir.Quelle responsabilit pour un juge aux affairesfamiliales de dcider du lieu de rsidence dunmineur face des parents spars.Quelle responsabilit pour un juge dinstancedordonner lexpulsion dune famille qui na plusles moyens de payer son loyer.Quelle responsabilit pour un juge dinstructionde perquisitionner, confronter, entendreQuelle responsabilit pour un juge des libertset de la dtention de dcider souvent nuitam-ment en urgence du placement en dtentionprovisoire dune personne par principe prsu-me innocente ce stade de la procdure.Ce ne sont que quelques exemples car tous lesmagistrats quelles que soient leurs fonctions etquel que puisse tre leur niveau hirarchiquedoivent sans cesse arbitrer et prendre des dcisionsdifficiles tant humainement que techniquement.Cest la grandeur de notre tche, cest lintrtde notre mtier.

    Lors de vos dplacements, Monsieur le ministre,vous ne pourrez que constater combien lesmagistrats aiment leur mtier, malgr toutes lesdifficults qui samoncellent et qui encompliquent lexercice.Ce mtier, contrairement ce que daucunsveulent faire croire, nous le faisons tous avecabngation, ne comptant ni nos heures, ni notrepeine.Combien dentre nous travaillent-ils tard le soir,cumulant audiences tardives, permanences denuit et de week-end ?Combien dentre nous travaillent-ils le week-end ou pendant leurs vacances pour rsorberles flux sans cesse plus importants des dossiers ?Combien dentre nous accomplissent-ils leurmtier au dtriment de leur vie personnelle, deleur sant physique ou mentale ?

    Nous sommes inquiets, Monsieur le ministre,de laugmentation des suicides dans la magis-trature. Quand la dsesprance est profonde,elle conduit parfois des extrmits terribles.Nous en avons saisi rcemment votre prd-cesseur lui demandant de mettre en place enurgence un groupe de travail. Nous attendonsde vous une rponse cette inquitude.Les magistrats, quoiquon en dise ici ou l, fontbien leur travail, avec les moyens qui leur sontdonns. Mme le Prsident de la Rpublique laadmis mardi soir. Tout arrive !Ils lont fait pendant des annes dans le silencede leurs cabinets, mettant en uvre nombre derformes moyens constants, acceptant sansse plaindre toujours plus de charges.

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    Quoiquil en soit les mentalits et les pratiques dans la magistraturevont ncessairement voluer. La multiplication des procdures disciplinaires qui ne manquera pasde se produire conduira les magistrats, face au risque disciplinaire, mettre fin aux petits arrangements rendus ncessaires par la pnurie de moyens.Christophe Rgnard

  • Ils ne lont pas fait pour la reconnaissancefinancire. Si nous avions voulu faire fortune,nous aurions fait un autre mtier. Ils lont fait par professionnalisme. Ils pensaientquau-del du fait que mme mal aims, puisquetranchant des litiges, ils faisaient ncessairementun, voire parfois deux mcontents, ils seraientau final respects pour le travail accompli danslintrt de tous.Aujourdhui, cest ce sentiment quun jour notretravail sera reconnu la hauteur de ce quil estqui a disparu. Et avec lui lesprance.

    Nous ne demandons pas de remerciements,nous ne disons pas que nous sommes parfaits.Nous voulons juste, comme dautres, pouvoirtre respects et ne pas sans cesse et quoi quenous fassions tre montrs du doigt, stigmatiss,critiqus.Est-ce trop demander ?Les magistrats font, au quotidien, preuve deresponsabilit. Peut-tre finalement sont-ils certains gardsun peu responsables de ce qui leur arriveaujourdhui.Avons-nous eu collectivement raison de toujoursaccepter plus de charges, de terminer nosaudiences toujours plus tardivement, de motiverde moins en moins nos dcisions pour en rendredavantage, de statuer juge unique quand lacollgialit apporte ncessairement de la qualit,de nous passer de nos greffiers aux audiencespour aller toujours plus vite et parfois plus mal...Sans doute pas. Mais nous lavons tous fait, parceque face nous, nous avons des justiciables enattente de dcisions, pour qui la solution au litigequi les proccupe est souvent cruciale etncessite une rponse rapide.Arbitrer sans cesse entre la qualit que doiventavoir nos dcisions et la quantit produire.Voil ce qui ruine peu peu le moral desmagistrats.Voil pourquoi depuis 2006, nous lanonsrgulirement des appels respecter la loi, toutela loi. Ne serait-ce que pour montrer que sanslabngation, sans le sens des responsabilits desmagistrats, la machine judiciaire sarrterait defonctionner.Nous sommes hlas insuffisamment suivis parnos collgues. Parce que cette dmarchecollective appelle une dmarche individuelle,dossier par dossier, audience par audience etque face au justiciable, il est tentant den fairetoujours un petit peu plus, mme si parfois cestaux confins de ce que la loi permet.

    B - Les magistrats font preuve de responsabilit dansleur faon de juger. Ils sont aussi responsables deleurs actes et de leurs comportements.

    Contrairement une ide bien ancre, ils sont mmesoumis un rgime disciplinaire plus svrequaucun autre corps de mme catgorie.Dois-je rappeler que le Conseil suprieur de lamagistrature, c'est--dire lorgane chargdassurer la discipline des magistrats, nest pascompos que de magistrats.Depuis 1993, 6 magistrats et 4 non magistratsmembres du CSM composent ce conseil dediscipline sous la prsidence des chefs de laCour de cassation.Dans quelques mois, cette composition sera

    paritaire (autant de magistrats que de nonmagistrats), pour mettre fin au soit disant corporatisme judiciaire . Ce faisant, la France,chantre des liberts individuelles, de lasparation des pouvoirs et des droits delhomme, dcrochera des standards europensdune justice indpendante et impartiale.Les audiences sont par ailleurs publiques.Y-a-t-il un seul autre exemple parmi lesprofessions rglementes ou parmi les autresgrands corps de lEtat de reprsentants duneprofession juge publiquement en grande partiepar dautres membres que ceux de leursprofessions ?Avocats, notaires, mdecins, journalistes,magistrats administratifs et financiers toussont jugs par leurs pairs Jusquaux ministresjugs par la Cour de Justice de la Rpubliquetrs majoritairement compose de parlemen-tairesSeraient-ils tous corporatistes ? Et si tel tait lecas, pourquoi ne modifier que le statut desmagistrats ?Demain, les justiciables pourront mme saisirdirectement le CSM. Nous ne nous y sommespas particulirement opposs, parce que cettepossibilit figure dans tous les textes rgissantles statuts des juges au niveau international, maisnous avons tout fait pour nous assurer que cesdispositifs nauraient pas pour consquenceimmdiate de dstabiliser les magistrats etlinstitution judiciaire en gnral.Des filtres, hlas insuffisants ont t ajouts notre demande par le Snat. Seule la pratiquenous montrera si ce dispositif, qui inquitebeaucoup, naura pas des consquences dsas-treuses.Quoiquil en soit les mentalits et les pratiquesdans la magistrature vont ncessairement vo-luer. La multiplication des procdures discipli-naires qui ne manquera pas de se produireconduira les magistrats, face au risque discipli-naire, mettre fin aux petits arrangements rendus ncessaires par la pnurie de moyens. Plus daudiences sans greffiers, plus daudiences juge rapporteur alors que la collgialit est

    prvue, plus daudiences au-del des horairesfixs par la circulaire LebranchuSi au moins la rforme constitutionnelle quenous avons tant dnonce pouvait conduire cette prise de conscience !

    C - Les magistrats sont responsables de leurs actes,mais il est tonnant de constater quils ont parfois moinsde protections que les citoyensLes magistrats sont amers. Non seulement leursens des responsabilits nest pas reconnu, maisles poursuites disciplinaires leur encontre sesont multiplies ces dernires annes.Soyons clairs, lorsque des fautes sont commises,il est normal quelles soient sanctionnes. Nousnavons jamais prn limpunit. Bien aucontraire, il y a des annes, Dominique Barella,alors prsident de lUSM, avait mme proposun audit disciplinaire de toutes les juridictions,pour que les magistrats dfaillants puissent trereprs et ventuellement sanctionns.Mais encore faudrait-il que les principesessentiels de procdure que nous appliquonsau quotidien dans nos cabinets, savoir leprincipe du contradictoire et celui des droits dela dfense bnficient aussi aux magistrats.Labsence de codification des rgles en matire deprocdures pr-disciplinaires pose problme.Est-il normal que soit systmatiquementrefuse, comme on la encore vu en dcembre2009 Nanterre, aux magistrats la possibilitdtre assists dun reprsentant syndical,lorsquils sont convoqus par les chefs dejuridiction dans la cadre dune procdure dite administrative , souvent premire tape duneprocdure disciplinaire ?Est-il normal que dans le cadre de ces enqutes administratives , lInspection gnrale desservices judiciaires puisse entendre en urgenceet nuitamment des magistrats, comme on la vu Sarreguemines en octobre 2008 ?Est-il normal que la mme inspection puisseprocder laudition dun magistrat, sans relaccs au dossier, plus de 6 heures par jour,plusieurs jours de suite, comme on la vu Nmes en fvrier 2009 ?Nous demandons que ces procdures soientcodifies et que les droits des magistrats soientrespects.La possibilit pour le justiciable de saisir le CSMau disciplinaire inquite. La question se pose eneffet de savoir dans quelles conditions lesmagistrats pourront se dfendre.Louverture de ce nouveau droit aux justicia-bles, mme sil est encadr, va gnrer din-nombrables plaintes et mises en cause demagistrats. Nombre de procdures quiconduisaient les justiciables dnoncer parcourrier des faits au ministre ou citer direc-tement les magistrats devant les juridictionsde jugement vont se dplacer vers la saisine duCSM au disciplinaire.Les magistrats, comme tous les citoyens, doi-vent pouvoir se dfendre. Cette dfense passepar le soutien et lassistance des organisationssyndicales et lUSM y jouera naturellementtout son rle. Mais elle passe aussi par la possi-bilit de recourir aux services dun avocat.Dans lhypothse hlas probable duneavalanche de recours, les magistrats ne pourrontpas financer la charge de leur dfense.Par courrier du 1er septembre nous avonsdemand au ministre de nous indiquer dansquelles conditions la protection statutaire

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    Vie du droit

    Nous ne demandons quune chose, cest que chacun prenneses responsabilits et ne cherche pas sans cesse des boucsmissaires, plus encore lorsque ces boucs missaires sontsystmatiquement les magistratsChristophe Rgnard

  • prvue de larticle 11 du statut de la magistrature,et donc la prise en charge des frais davocat,pourrait tre accorde aux magistrats.La rponse a t ngative : pas de prise en charge.La seule concession obtenue concerne lesventuels frais de poursuite que le magistrat misen cause pourrait engager contre le justiciabledu chef de dnonciation calomnieuse. Unerponse bien insuffisante nos yeux ! Nous considrons que cest prioritairement lEtat dassurer la dfense de ses agents. Maisface la carence de lEtat, nous ne pouvionslaisser les magistrats sans dfense, livrs lavindicte de justiciables mcontents.Aussi ds 2011, outre le soutien que nous leurapporterons devant le CSM, les magistratsadhrents de lUSM auront, par une cotisationsupplmentaire mais non obligatoire, la possibilitdans le cadre dun contrat dassurance de groupede bnficier dans la limite de 15 000 euros de laprise en charge des frais engags pour assurer leurdfense ds lors quils seraient mis en cause et quelEtat aurait refus son soutien financier.Nous avons parfaitement conscience de ce quedaucuns pourront dire de cette initiative, maisil nous semble de notre devoir, de notre respon-sabilit de syndicat de protger nos collgues.

    Monsieur le ministre, on se plait en gnral rappeler que les magistrats ont des devoirs.Cest une ralit. Mais on oublie trop souventde dire que les magistrats ont aussi des droits.Des droits quils connaissent dailleurs en gnralassez mal, tant la Chancellerie est peu prompte en faire la publicit.LUSM publie depuis 2003 des documentsdinformation sur ces droits. Pour tre pluscomplet et plus prcis, nous avons dcid cetteanne daller plus loin et de publier et diffusergratuitement tous les magistrats franais unguide des droits des magistrats.Jaurai le plaisir, Monsieur le ministre, de vousen donner lun des tous premiers exemplaires.Photographie des avances obtenues dans unpass hlas dsormais un peu lointain, reflet denos inquitudes et de nos espoirs, jespre quil

    vous permettra de vous imprgner de ce questla magistrature daujourdhui, pour amliorercelle de demain.Comme vous le constatez, bien loin dtre dansla critique systmatique, dans le slogan facile,comme daucuns, proches de votreprdcesseur, avaient coutume de le dire, lUSMprend toutes ses responsabilits pour dfendrela Justice et protger les droits des magistrats.

    II. Les magistrats sontresponsables, mais ils nepeuvent tre tenus pour

    responsables de tout

    Gouverner cest prvoir. Que dire alors de tousceux qui depuis 20 ans, de gauche comme dedroite, ont conduit la justice dans ltat danslequel elle se trouve ?Les magistrats sont-ils responsables du budgetinsuffisant qui est allou la Justice, de lapolitique de recrutements, des rformesincessantes parfois contradictoires, votessouvent sans les moyens de les appliquer, de lagestion politique des dossiers sensibles quicontribue faire natre le soupon ?La Justice est malade. La crise est profonde,morale, budgtaire, juridique.Nous ne demandons quune chose, cest quechacun prenne ses responsabilits et necherche pas sans cesse des boucs missaires,plus encore lorsque ces boucs missaires sontsystmatiquement les magistrats.Nous considrons quil est peu responsable :- davoir accept, sous la pression du ministrede lIntrieur, le retrait des forces de police desPalais de Justice, au prtexte quassurer la scuritdes btiments judiciaires et par l mme desmagistrats, des fonctionnaires, des avocats, maisaussi des justiciables serait une tache indue ;- davoir stigmatis ce point la Cour decassation et plus particulirement son premier

    prsident aprs la dcision de la Cour, saisiedune question prioritaire de constitutionnalit,de poser la Cour de justice de lUnioneuropenne une question prjudicielle. Lesmagistrats franais sont dabord des magistratseuropens !- de prvoir une nouvelle procdure deformation des chefs de juridiction, qui donneune mainmise totale sur ces postes essentiels,du sige comme du parquet, non pas au CSM,mais la DSJ et au cabinet du ministre de laJustice ;- davoir refus aux magistrats des mesurescatgorielles applicables dans toute la fonctionpublique comme la dfiscalisation des astreintesou la garantie individuelle du pouvoir dachat ;- denvisager que les auditeurs de justice, devanteffectuer des stages ltranger, ne soientindemniss qu hauteur de 37 euros par jour,parce que les dcrets ncessaires nont pas tpublis.Les exemples de mesures draisonnables, pourne pas dire irresponsables, adoptes cesdernires annes ou en voie de ltre nemanquent pas.Cest le temps qui va me manquer pour toutesles voquer. Je me contenterai donc de quatrepoints qui sont au cur de lactualit et delinquitude des magistrats.

    A Est il responsable de laisser les magistrats tre sisouvent trains dans la boue ?La chasse aux juges est rgulirement ouverte.Pas une anne, quasiment pas un mois hlas, sansquun fait divers ou une dcision de Justice, nedonne loccasion tantt aux politiques (ou certains dentre eux hlas parfois au plus hautsommet de lEtat), tantt aux auxiliaires de Justice(ou plutt certains dentre eux trs minoritaires),tantt aux policiers (ou certains de leurssyndicats) de sen prendre aux magistrats.Que le Code pnal rprime les outrages magistrats ou le fait de jeter le discrdit sur unedcision de justice ne change rien puisque despoursuites ne sont jamais (ou presque !)engages.

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    Michel Mercier, Michel Cadot, Catherine Vandier et Christophe Rgnard

  • Des mots de plus en plus durs sont utiliss : forfaiture loccasion de la libration Grenoble dun individu mis en examen pour unbraquage, mais prsum innocent ; laxisme loccasion dun nouveau drame de la rcidiveen matire sexuelle ; attaques personnelles surle physique de la part dun avocat contre unemagistrate de Nanterre dans laffaireBettencourtLes barrires de la courtoisie et du respect dues la Justice et aux magistrats auraient-elles toutessautes ?Aprs la mise en cause dmagogique desmagistrats par le ministre de lIntrieur loccasion du drame de Milly-la-Fort en 2009,Michle Alliot-Marie avait su apporter unsoutien clair et explicite aux magistrats enrappelant combien il fallait en la matiresabstenir de toutes dclarations trop rapidessans connaitre le dossier.Les magistrats avaient apprci ce rappel lordre.Mais le sursaut aura t de courte dure.Labsence totale de raction de Michle Alliot-Marie, aprs les attaques rcentes de deuxsyndicats de policiers contre les magistrats etles propositions extravagantes de rformes dela procdure pnale faites dans Le FigaroMagazine par le ministre de lIntrieur enseptembre en sont la preuve vidente.Il faut croire que la priode de remaniementgouvernemental ne laissait plus au garde desSceaux la mme latitude pour dfendre lesmagistrats, livrs ainsi la vindicte non paspopulaire, mais politique de quelques-uns etvictimes collatrales de jeux politiques qui nouschappent.Que dans le mme temps, le garde des Sceauxait cd aux injonctions des mmes syndicatsde policiers et sans doute du mme ministre delIntrieur pour engager une procduredisciplinaire lencontre dun magistrat duparquet de Bobigny pour des proposmalheureux daudience (dont la ralit nestmme pas avre) ne peut que susciter rvolteet colre.Cest donc le rgne du deux poids deuxmesures .Nous ne critiquons pas les policiers, nousrespectons infiniment leur travail. Nousdemandons certains de leurs reprsentants defaire preuve du mme sens des responsabilitsque celui dont les magistrats font preuve.Que chacun ait bien conscience quen affai-blissant lautorit judiciaire, en la dcrdibili-sant systmatiquement, on complique encoreun peu plus son action, au plus grand bnficedes dlinquants !

    B - Est-il responsable de laisser se dvelopper desaffaires politico-judiciaires aux effets aussidvastateurs ?Comment faire un discours sans voquerlaffaire Bettencourt.Je ne reviendrais pas sur les aspects factuels decette affaire. Tout a t dit, tout a t crit, touta t entenduMais laissez-moi vous dire, Monsieur leministre, ce que nous en pensons.Depuis le dbut nous avons demandlouverture dune information judiciaire et lasaisine de magistrats instructeurs indpendants.Nous ne lavons pas fait par dfiance envers lesmagistrats du parquet, qui sont parfaitement

    aptes, en leur qualit de magistrats, grer desenqutes sensibles et complexes.Nous lavons fait parce que, dans cette affaire,le soupon tait par trop prsent et que la Justicene pouvait passer dans la srnit.Comme le rappelait la semaine passe loccasion de la crmonie douverture du 53mecongrs annuel de lUnion internationale desmagistrats, le prsident de la cour suprme duSngal, la Justice est comme la femme de Csar,elle ne doit pas seulement tre vertueuse, elle doit

    aussi donner limpression quelle lest rellement .Or dans cette affaire, le procureur de laRpublique de Nanterre, pour vertueux etcomptent quil ait pu tre, ne prsentaitaucunement lapparence de la vertu.Nomm son poste contre lavis du CSM, cequi pose dailleurs le problme rcurrent dustatut du parquet, ami affich du Prsident dela Rpublique, voyant son propre nomapparaitre dans certains enregistrements, quipouvait croire que lenqute pourrait tre meneen toute impartialitNous navons pas t seuls le dire. Le procureurgnral de la Cour de cassation, quelques moisaprs nous, na pas dit autre chose.Etait-il raisonnable, tait-il responsable de laisserla situation aller Nanterre aux extrmits quelon a connues ? Ntait-il pas de la responsabilitdu ministre de la Justice de donner desinstructions pour quil y soit mis fin au plus vite ?Nous ne sommes pas partisans des instructionsindividuelles, mme de poursuite, dans lesdossiers individuels. Elles entretiennent uneconfusion malsaine entre les pouvoirs excutifset judiciaires.Mais puisque le prcdent garde de Sceaux naeu de cesse dexpliquer combien il taitimportant de garder ce pouvoir, dans certainscas particuliers lorsque les intrts suprieursde la Justice taient en cause, que ne la-t-elleutilise en loccurrence ?Il aura fallu attendre une nouvelle tentative dedstabilisation dIsabelle Prvost-Desprez, lamenace quelle seule soit dessaisie, une leve debouclier de lUSM, largement relaye par lesmdias, pour quenfin la raison lemporteQue de temps de perdu, quel gchis, quelleimage la Justice a-t-elle donne !Depuis des mois dans le cadre de la rforme dela procdure pnale, Michle Alliot-Marieexpliquait que la suppression du juge

    dinstruction, le transfert des pouvoirs denquteaux magistrats du parquet sans volutionconcomitante de leur statut ne posait aucunproblme, mme dans les affaires sensibles.Et voil que laffaire Bettencourt, aprs laffaireClearstream, dmontre exactement le contraire.Elle met jour lensemble des critiques que nousavions formules sur ce projet de rforme, lerisque que dans toutes les affaires le souponne naisse et ninterdise la manifestation de lavrit judiciaire.

    Maintenir la procdure dans les mains duprocureur, ctait alimenter le soupon.Demander douvrir une information judiciaire,ctait admettre que nous avions raisonMonsieur le ministre, la rforme de la procdurepnale porte par Michle Alliot-Marie estmorte.Incompatible avec les standards europens, nonfinanables, elle a t tue dans luf par laffaireBettencourt. Le fait que le Prsident de laRpublique dans son allocution mardi ny aitmme pas fait rfrence est un signe !Vous hritez de ce dossier sensible.Sachez que nous en avons contest la mthodeet le fond.La concertation ntait prvue quune fois lesarbitrages rendus et un texte labor bref troptard ! Tout tait discutable nous disait-on sauflessentiel, la suppression du juge dinstruction,sans volution concomitante du statut duparquet. La rforme dans ces conditions taitinacceptable. Accepter de rester dans la concertation ctait au final cautionner lamthode et la rforme. Do notre retrait de ceprocessus biais et un travail men ailleurs, avecles avocats dans le cadre de groupes de travailavec le Conseil national des barreaux, avec lesassociations de victimes, avec le Conseil delEurope pour dnoncer une rforme rgressivesur le plan des liberts individuelles.Nous vous demandons prioritairement, puisquede toute faon, mme sil devait tre adopt dici2012, il ne pourrait jamais tre mis en uvre,dabandonner ce mauvais projet contraire auxstandards europens comme la rappel lanpass lassemble parlementaire du Conseil delEurope et daccepter de reprendre laconcertation sur les deux seuls sujets qui nousparaissent prioritaires : le statut des magistratsdu parquet et le rgime des gardes vue.

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  • C Est-il en effet responsable de ne pas faire lesrformes indispensables ?Le statut du parquet tout dabordIl est plus que temps que ce statut volue. Nousportons depuis 35 ans lide de lalignement dustatut des magistrats du parquet sur celui desmagistrats du sige. Ainsi lunit du corps, laquelle lUSM est depuis toujours attacheserait enfin pleinement conforte : une mmeformation, un seul corps, les mmes garantiesstatutaires.Dans une dmocratie, il est lvidence essentiel,pour limage mme de la Justice, que les autoritsdenqute ne dpendent pas, pour leurnomination ou leur discipline du pouvoirexcutif. Les standards europens imposs parle Conseil de lEurope ne disent pas autre chose.Les deux chambres du parlement, lune dedroite, lautre de gauche, avaient en 1998 enfinadmis cet tat de fait en alignant les statuts. Lanon-runion du congrs Versailles a sonn leglas de cette rforme.Pourquoi faut-il quen France, on soit toujoursrtif cette ide si rpandue ailleurs ? Faut-ilvraiment tenir si ferme la bride sur le cou desmagistrats ?Les affaires Clearstream et Bettencourt sont ladmonstration flagrante de la pertinence denotre analyse. Les esprits voluent.A loccasion de la dernire rformeconstitutionnelle, des amendements socialisteset centristes (du Modem, Monsieur le ministre)allaient dans ce sens.Entendre Jean-Ren Lecerf, secrtaire nationalaux questions de justice lUMP, dire le 7 juilletdernier que lessentiel, cest lindpendance dela Justice et si lindpendance de la Justice passepar une rforme du statut du parquet, lelgislateur est prt affronter la rforme du statutdu parquet, notamment par lavis conforme duCSM ne peut que nous satisfaire.Nous regrettons que la rforme constitution-nelle de 2008 ne nous ait pas donn satisfac-tion.Une nouvelle rforme constitutionnelle estindispensable. Nous avons conscience que celle-ci sera difficile adopter dici 2012, mais riennempche de prparer cette ncessaire rforme.Nous voulons croire, que cest avec vous,Monsieur le ministre, compte tenu de votreparcours et de vos ides pro-europennes, quenous pourrons progresser dans cette voie.

    Les gardes vueLa question nest pas nouvelle. Les avocats sebattent depuis des annes pour que davantagede droits soient reconnus aux personnesgardes vue au nom du respect du procsquitable. Les policiers, dans leur majoritsopposent cette prsence au nom de lefficacitdes enqutes.Les magistrats ont longtemps t partags. Nousavons, lUSM, t longtemps partags.Ce qui nous importe aujourdhui cest davoirun systme quilibr qui prserve tout la foisles droits des parties et lefficacit des enqutes.Cest davoir un systme enfin stabilis et quecessent les difficults juridiques auxquelles sontconfronts quotidiennement les magistrats,tiraills entre des normes nationales et desnormes europennes manifestement contraires.Depuis des annes la question tait sur la table.Depuis des mois (et les arrts de la CEDHcondamnant la Turquie), tout le monde tait

    conscient, mme si la Chancellerie ondmentait de faon assez peu responsable toutedifficult, que le systme franais des gardes vue ne survivrait pas un examen attentif auniveau europen.Un livre, une dcision du Conseil constitu-tionnel et deux dcisions des plus hautes juri-dictions franaises et europennes auront misle gouvernement au pied du mur.La Cour de cassation, faisant preuve dun sensaigu des responsabilits, a heureusement sauv,quasi miraculeusement, des dizaines de milliersde procdures et vit un vritable cataclysmejudiciaire.La rforme devra tre adopte et mise en uvreavant le 1er juillet. Un avant-projet a t dpossur le bureau de lAssemble nationale le13 octobre. Chacun saccorde penser quilinsuffisant pour rpondre compltement auxexigences europennes rappeles par la Courde cassation, notamment en ce qui concernelaudition libre et les rgimes drogatoires. Il estpar ailleurs insuffisamment protecteur desvictimes qui nest pas reconnu, probablementpour des raisons budgtaires, le droit dtreassistEs au stade de lenqute, rompant ainsiavec le principe de lgalit des armes.Mme si nous navions pas t associs, niconsults, ni mme informs de lavant-projetdpos en octobre, nous avons acceptlinvitation du conseiller pnal de Michle Alliot-Marie pour discuter des avances possibles dutexte. Vous noterez l encore, Monsieur leministre notre bonne volont et notre esprit deresponsabilit.

    Nous ne savons pas ce quil en sera de cesrencontres prvues, mais il faut que les chosessoient rgles au plus vite.Restera alors le problme des moyens pourappliquer cette rforme : budget de laidejuridictionnelle, nouvelle augmentation descharges des magistrats des parquets dans uncontexte de baisse des effectifs, quipementsdes locaux de garde vueMettre en uvre une telle rforme en 6 mois,avec les moyens de notre ministre sera un dfide taille relever.

    D Est-il responsable de laisser depuis toujours lebudget de la Justice un niveau aussi drisoire ? Est-il raisonnable, est-il responsable de laisserpenser quon peut toujours faire plus, qualitconstante, avec toujours moins ?Tous les ans la mme priode, le ministre dela Justice se flicite des avances de son budget.Ces progressions existent, des hausses de 4 5%par an, pour un budget de 7 milliards deuros en2011, dont un peu moins de la moiti pour les

    services judiciaires. Mais nous partons de si bas !En 2010, nous naurons pas chapp lautosatisfaction ministrielle. Nous y avonsmme eu droit deux reprises : la premire foisau moment de la prsentation du budget de laJustice, en hausse nous a-t-on expliqu dans uncontexte de crise et de rduction des dpensesde lEtat.La seconde au moment de la parution finoctobre du 3me rapport de la CEPEJ dans lequella chancellerie a vu la reconnaissance des atouts du systme judiciaire franais et unemeilleure capacit des tribunaux rendre lajustice .Dni de ralit ? Assurment cet affichagecommunicationnel et positif cache de bientristes ralits, quen dautres lieux moinsmdiatiss mme la garde des Sceaux avaitreconnues.Michle Alliot-Marie dclarait en effet au Snatle 21 juin dernier loccasion du dbat sur lerglement des comptes et du rapport de gestionpour lanne 2009 : Le budget du ministre estla consquence d'une situation ancienne, laChancellerie n'ayant pas bnfici sur la longuedure des mmes efforts que d'autres ministres.L'activit de la justice a sensiblement augment :de 2002 2008, le nombre d'affaires civiles aaugment de 58%, les dcisions en matirepnale, de 10%, tandis que le taux de rponsepnale passait de 68% 85%. Or, paralllement,le budget n'a augment que de 5%... Le rapport de la CEPEJ pointe cruellement enFrance un effet de ciseaux sur le budget de laJustice judiciaire, entre une volution ngative

    ou stagnante des crdits et une volutioncroissante des besoins, quil sagisse des personnels,des crdits de fonctionnements ou des frais dejustice .Pour ne citer quun chiffre qui dmentira lacommunication victorieuse du ministre de laJustice, alors que le budget des servicesjudiciaires augmentait en France de 0,8% entre2006 et 2008, il augmentait de 26,8% en Espagne,de 24,5% au Portugal, de 20,1% en Autriche etde 10,3% en Belgique, la moyenne europennetant fixe 17,7%...Les magistrats et les fonctionnaires de greffefont tout au quotidien pour maintenir flot unnavire qui aurait d sombrer depuis longtemps.La productivit des magistrats (quel horriblemot en matire de justice o la qualit devraittoujours tre la seule norme !) a augment,comme le rvlent les documents budgtairespour 2011, ces dernires annes de 5% la Courde cassation, de 7,5% dans les cours dappel etde prs de 3% dans les tribunaux de grandeinstance.

    Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58 7

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    Que deux cours dassises aient du renvoyer des sessions fautede pouvoir payer les jurs ; que les juges de proximit aient dutre, comme Versailles, dchargs de leurs missions, faute decrdits pour payer leurs vacations nest pas acceptable dans untat comme le ntre. Je pourrais multiplier les exemples, tous plusubuesques les uns que les autres.Christophe Rgnard

  • Et pourtant dans le mme temps, les dlais detraitement des affaires nont eu de cesse desallonger. La baisse annonce du nombre demagistrats dans les prochaines annes, alors quejuges et procureurs sont dj notoirementmoins nombreux en France que dans tous lesautres pays europens, ne pourra quaggravercette situation, ralentir le cours de la Justice,gnrer des dysfonctionnements et des critiquesacerbes de nos concitoyens contre lesmagistrats.Combien de temps pourrons-nous continuerainsi ?Cette situation budgtaire calamiteuse avidemment des consquences dans lesjuridictions.Faute de bilan effectu par le ministre, nousavons dcid dbut 2010 de nous rendre danstoutes les juridictions franaises, pour constaterltat de limmobilier, de la scurit, delinformatique, pour faire le point avec lescollgues sur les effectifs et les conditions detravail. Il ne sagissait pas dun audit, plutt dunephotographie, la plus objective possible, unmoment donn de la situation de la Justice enFrance.Nous avons finalement visit 165 juridictions.Ces visites ont t riches, difiantes et pour toutdire parfois dmoralisantes.Nous publions ces jours-ci un livre blanc, dontla presse sest faite mardi lcho. Je vous enremettrai une copie.Vous y verrez les lacunes de notre systme, leseffectifs de magistrats en baisse constante,labsence de fonctionnaires et dassistants pourprparer le travail des juges, des systmesinformatiques obsoltes, des btiments souventen mauvais tat, des finances insuffisantes pourpermettre de payer les dpenses courantes,dassurer la scurit de tous, de payer les fraisde justice.Que deux cours dassises aient d renvoyer dessessions faute de pouvoir payer les jurs ; queles juges de proximit aient d tre, comme Versailles, dchargs de leurs missions, faute decrdits pour payer leurs vacations nest pasacceptable dans un tat comme le ntre.Je pourrais multiplier les exemples, tous plusubuesques les uns que les autres, mais lheureo on nous parle de faire siger des jurscitoyens auprs des magistrats professionnels,ces lments mritent dtre nots.Qualifier nos conclusions, comme la faitMichle Alliot-Marie au moment de quitter le

    ministre de ridicules , nous navre. Car cesthlas bien a la Justice en France en 2010.Monsieur le ministre, le chantier est immense,les efforts accomplir gigantesques pour enfindonner la Justice les moyens de fonctionnerdignement. Ouvrir les yeux sur la triste ralit de nosjuridictions est une ncessit. Nous avons desatouts, nous avons besoin de respect et demoyens.

    Conclusion

    Monsieur le ministre, il y a quelques mois, leporte-parole de vos trois prdcesseurs,commentant les prises de position de lUSMindiquait : Si on coutait lUSM, on en seraitencore la Justice des annes 60 .Je passe sur le caractre mprisant et dailleursmprisable du propos. Je ne crois pas quonpuisse dire que la Justice franaise soit de toutefaon entre dans le 21me sicle !LUSM a, cest vrai, combattu de nombreusesrformes ces dernires annes. Des rformesvoulues par des gouvernements de gauche oupar des gouvernements de droite.- Nous avons contest linstauration en 2000, moyens constants, du juge des liberts et de ladtention, parce quil nous semblait quun juge,statuant seul, le plus souvent en urgence et neconnaissant pas le dossier, ntait pas le plus mme pour grer des questions aussi sensiblesque le placement en dtention provisoire.Laffaire dOutreau ne nous a-t-elle pas hlasdonn raison ?- Nous avons contest les modalits de lappeldes dcisions de cours dassises adoptes en2000, le systme nous semblant complexe,onreux, et en ce quil ne permet pas unemotivation des arrts, peu compatibles avec lesrgles europennes.La rcente condamnation du systme belge parle CEDH, tout comme les rflexions actuellessur ces questions tendant ressusciter le projetToubon de 1996 qui nous paraissait pertinent,montrent que nous navions pas tort de critiquercette rforme. Aurions-nous eu raison trop tt ?- Nous avons dnonc les peines planchers.Chacun sait, mme si personne ne veutladmettre, que cette rforme na pas apport debaisse sensible de la dlinquance, qui continuemme croitre en sa composante la plusviolente.LAssemble nationale, avait entrepris souslgide de MM. Geoffroy et Caresche un bilanaprs un an dapplication. Le bilan des deux ansna jamais t fait.Aurait-il donn raison aux critiques exposespar lUSM au moment de ladoption du texte ?- Nous avons contest la multiplication destextes en matire de rcidive et dapplicationdes peines. Le simple constat de la multiplicitdes rformes qui sempilent montre que nousavions raison dtre critiques.- Nous avons contest les conditions de miseen uvre de la rforme de la carte judiciaire,qui montre aujourdhui ses limites. Nous avions propos de faire reposer cettencessaire rforme sur deux piliers : traiter lajustice de proximit (affaires familiales, instance,enfants, application des peines) dans des

    structures les plus proches possibles desjusticiables et organiser une Justice plusspcialise dans des ples dpartementaux ourgionaux ; dterminer enfin une taille efficientedes juridictions pour viter les difficults degestion rencontres par les juridictions troppetites ou trop grosses et modifier les limitesdarrondissement pour parvenir cette taille.Nous sommes en Bretagne, territoireprobablement parmi les plus impacts parla rforme la hache de Rachida Dati.Les tribunaux dinstance de Vitr et de Fougresont t ferms le 1er janvier 2010, les personnelsdplacs Rennes, les dmnagementseffectus, des travaux dagrandissement dutribunal de grande instance de Rennesfinancs et dans 8 mois, le tribunal deFougres va rouvrir Cot des travaux :1 million deuros. Entre-temps, on a modifi lescontours de larrondissement. Ah si on nousavait cout !!!Je pourrai multiplier les exemples. Lesmagistrats ne sont pas seulement dans la plainteet lincantation. A lUSM nous portons desvaleurs, avant tout europennes, des ides etdes projets.Je vous ferai parvenir trs prochainement unesynthse de toutes nos propositions relatives aubudget, au statut, la rforme du droit pnaldes mineurs, la rforme de la procdurepnale, celle de la formationTous vos prdcesseurs le disent, le ministrede la Justice est compliqu grer. Rformersans moyens nest jamais chose facile.Je ne sais pas quelle est la feuille de route duPrsident de la Rpublique pour les 18 mois quiviennent en matire de Justice. Permettez-moinanmoins trs simplement de vous dire ce queles magistrats attendent de vous. Plutt que dun ministre, communicant etcrateur de nouveaux textes dans tous lesdomaines qui sappliqueront dans des annes(ou pas du tout), nous avons besoin dunministre gestionnaire, capable damliorer lesconditions de travail, de remettre la Justice surles rails, dun ministre rellement soucieux dudialogue social et capable de dfendre lespersonnels de son ministre.Plutt que de rformes ponctuelles en rponse des faits divers, plutt que de rformesdmagogiques tendant faire croire que laprsence du peuple auprs des jugesprofessionnels constituera la rponse tous nosmaux, nous navons besoin que dune seulegrande rforme, qui sera ncessairementconstitutionnelle.Revenir sur des rformes adoptes depuis 2007semble tre la mode ces dernires semaines.Modifier la composition du CSM pour luirendre son indpendance perdue est uneexigence europenne. Rendre plus autonomele parquet en alignant le statut des magistratsdu parquet sur celui des magistrats du sige eten supprimant les instructions individuellessimpose.Je nai quun espoir, cest que lan prochain, mondiscours soit moins ngatif et que nouspuissions nous fliciter davances.Mme si comme le disait Bernanos L'optimisme est une fausse esprance l'usagedes lches et des imbciles , je ne me rsoudraisjamais au pessimisme.

    2010-490

    8 Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58

    Vie du droit

    MichelMercier

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  • Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58 9

    Vie du droit

    Sous la prsidence du Btonnier AlainPouchelon, en raison de lactivitjudiciaire et lgislative, la confrence desBtonniers a tenu une nouvelleAssemble Gnrale, cinq semaines aprs celledu 8 octobre 2010.Un ordre du jour charg, le Prsident AlainPouchelon en son introduction prliminaire aexpos les points essentiels : rception desreprsentants de la profession par laCommission des lois du Snat et projet de loide la rforme de la garde vue adopt en Conseildes ministres qui sera lordre du jour de laprochaine Assemble du 15 dcembre 2010.Il fera lobjet damendements, mais la Confrencedes Btonniers proposera un contre-projet rdigpar le prsident Jean-Franois Mortelette, quiprendra en compte aprs un long dbat souventvif les observations que la motion que nouspublions rsume. Elle a t arrte aprs lesinterventions notamment des Btonniers de LilleRen Despieghelaere, de Bobigny Yves Tamet,du Btonnier Frank Natali, ancien prsident dela Confrence des Btonniers, Libourne Jean-Philippe Magret, Rouen Jrme HercLAssemble, la suite de lexpos du prsidentPouchelon a pris conscience des problmes delogistique que posera la mise en uvre de cetterforme aux avocats. Cest la raison pour laquelleil estime quelle doit saccompagner dunermunration lgitime et quitable sans que sonmontant affecte celui de laide juridictionnelle.A cette exigence sajoute celle de labrogation delarticle 41, relatif au ticket modrateur et autresprlvements(1).

    La Confrence des Btonniers espre treentendue le 15 dcembre 2010.Des moyens dactions appuieront cettedemande. A Rouen, Bobigny, Pau, et dautresdj, des mesures de protestation sont en courscomme celles prises Bobigny exposes par lebtonnier Yves Tamet dans la motion adopte ;Une journe daction est fixe au 15 dcembre2010, rapport sur linterprofessionnalit, rapportde Messieurs Bollet, Bnichou et Lacroix.On retiendra son origine : le rapport Darrois.Sa mise en uvre risque dtre sans lendemainou rduite quelques dispositions.Le btonnier Bnichou la bien dit. Les notairesy sont hostiles. Le rapprochement avec lesexperts-comptables qui sont des partenairesnaturels en matire de cessions, fusions, risquedtre difficile en raison de louverture decapitaux extrieurs au sein de leur cabinet, allantjusqu ce que leurs socits puissent treprsides par un investisseur banquier.Ce fait suscite un obstacle Cependant, ladiscussion pour aboutir un rapprochementnest pas puise, les pourparlers se poursuivent.Avocats salaris en entrepriseAu cours de son expos, le prsident AlainPouchelon a rappel que lAssemble sestprononce 86%, le 30 avril 2010, contre leprojet de lavocat salari en entreprise.

    LAssemble a mandat le prsident en sa qualitde vice-prsident du Conseil National desBarreaux de voter contre ce projet dont 86% desbtonniers sont contre.Cest samedi dernier, 20 novembre 2010 que leConseil National des Barreaux a vot par 41 voixpour et 41 contre ; le projet na donc pas tadopt.La prvoyance des avocats a fait lobjet dunrapport du prsident Jacques Castenet et deMonsieur Daniel Nol. Il est consulter sur lesite de la confrence des Btonniers. Lesrapporteurs en un expos, prcis, document,chiffr, soulignent le succs de la dcision prisede crer leur prvoyance (L.P.A.) : un outil dela profession.Le rapport du btonnier Philippe Duprat sur larpartition des contentieux et les allgementsde certaines procdures, est fondamental.Le btonnier Duprat dont on admire lacomptence, en analyse les dispositions. Ellesdoivent tre portes connaissance. Il la fait.La lecture sen impose.

    A. Coriolis

    Note :1 - Voir le compte-rendu de lAssemble du 8 octobre 2010 et le rapportdu btonnier Alain Marter (voir Les Annonces de la Seine du11 octobre 2010 page 9).

    2010-491

    Confrence des BtonniersAssemble Gnrale - Paris, 19 novembre 2010

    REPRES

    Dlibration du 19 novembre 2010Assemble Gnrale de la Confrence des Btonniers

    La garde vue

    La Confrence desBtonniers, runie enAssemble gnrale le19 novembre 2010, adcid de la mise enplace dans lensembledes barreaux dunesemaine dinformation,de mobilisation etdactions du 13 au 18dcembre 2010 et dunejourne de suspension detoutes les activitsjuridiques et judiciaires le15 dcembre, sur lethme :

    Garde vue : Des droitspour les citoyens, desmoyens pour lexercice deces droits Ds prsent :- Prsentation laChancellerie de laproposition de rforme dela garde vue de laprofession :

    . Reconnaissance pourtout citoyen, mis en causeou victime, lassistancedun avocat ds saconvocation par lesservices denqutes.. Reconnaissance ducaractre exceptionnel durecours la garde vue.. Mise en place en Francedun habeas corpus quipermette le recours aujuge tout moment de laprivation de libert.

    - En ce qui concerne la priseen charge financire delintervention des avocatspour assurer le respectconcret de ces droits :. Rmunration delintervention de lavocatsur la base dun tauxhoraire de 122 horsmajoration.. Budget ddi la garde vue hors budget delaide juridictionnellegnral.

    - Les modalits pratiquesde cette semainedactions seront lessuivantes :Communication desBarreaux :Envoi toutes lesinstances politiques de laproposition de rforme dela garde vueaccompagne duncourrier propos par laConfrence.Confrences de Presse :Envoi tous lesBtonniers despropositions afindorganiser des actions etmanifestationscommunes pour lasemaine du 13 au 18dcembre 2010 :- Suspension CRPC- Suspension AudienceTribunal pour enfants- Demandes deCollgialit de toutes lesaudiences civiles etpnales

    - Prsence des greffiers- Application de lacirculaire limitant la duredes audiences sixheures- Suspension desdsignations par leBtonnier AJ Civiles etcommissions doffice libre- Conclusions de nullit.

    Le 15 dcembresuspension totale delactivit judiciaire etjuridique.Les Barreaux sontinvits faire connatre la Confrence desBtonniers lensembledes actions entreprisesafin de pouvoirrapporter la prochaineAssemble Gnrale dela Confrence, quiprendra alors toutedcision utile enfonction de lvolutionde la rforme.

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    Alain Pouchelon

  • 10 Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58

    Jurisprudence

    Pourvoi n10-10.095 - CassationSocit Whirlpool France, socit par actions simplifie / M. R... X...

    La Cour,

    M. le premier prsident a, par ordonnance du 18 mars 2010, renvoy lepourvoi devant une chambre mixte et, par ordonnance du 21 octobre2010, indiqu que cette chambre mixte serait compose de la deuximechambre civile, de la chambre commerciale, financire et conomiqueet de la chambre sociale ;La demanderesse invoque, devant la chambre mixte, le moyen uniquede cassation annex au prsent arrt ;

    Ce moyen unique a t formul dans un mmoire dpos au greffe de laCour de cassation par la SCP Piwnica et Molini, avocat de la socitWhirlpool ;Un mmoire en dfense a t dpos au greffe de la Cour de cassationpar la SCP Masse-Dessen et Thouvenin, avocat de M. X... ;Deux mmoires en rplique ont t dposs par la SCP Piwnica et Molini ;Le rapport crit de M. Andr, conseiller, et l'avis crit de M. Allix, avocatgnral, ont t mis la disposition des parties ;(...)Attendu, selon l'arrt attaqu, que contestant la mesure de licenciementpour faute grave dont il avait fait l'objet de la part de la socit par actionssimplifie Whirlpool France (la socit), son employeur, suivant lettresigne par la personne responsable des ressources humaines, M. X... asaisi un conseil de prud'hommes ;

    NOTE

    Dans deux arrts rendus le19 novembre 2010(pourvois n E.10-10095 etn Z.10-30215), la Cour decassation, sigeant en chambremixte, a mis fin uneincertitude affectant le rgimejuridique des socits paractions simplifies (S.A.S), en seprononant sur les conditionsdans lesquelles lesreprsentants statutaires de cetype de socit pouvaientdlguer leur pouvoir delicencier.Cette question faisait lobjetdun vif dbat au sein desmilieux conomiques etjuridiques. De la positionadopte par la Cour decassation dpendaientdimportants enjeux, car lesS.A.S sont, quantitativement, lapremire forme de socits paractions. Un grand nombredentre elles ont un poidsconomique considrable etemploient plusieurs milliers desalaris.

    Selon larticle L. 227-6 du Codede commerce, la SAS estreprsente l'gard des tierspar un prsident dsign dansles conditions prvues par lesstatuts. Le prsident est investides pouvoirs les plus tenduspour agir en toute circonstanceau nom de la socit dans lalimite de l'objet social. (...) Lesstatuts peuvent prvoir lesconditions dans lesquelles uneou plusieurs personnes autresque le prsident, portant le titrede directeur gnral ou dedirecteur gnral dlgu,peuvent exercer les pouvoirsconfis ce dernier par leprsent article.Le dbat portait sur le point desavoir si ces dispositions limitentaux seuls dirigeants statutairesde la S.A.S, cest--dire leprsident directeur gnral et ledirecteur gnral, le pouvoir delicencier, ou si, comme dans lesautres socits, cette prrogativepeut tre dlgue un autremembre de lentreprise.

    Dans les affaires soumises laCour de cassation, les socitspar actions simplifies ED etWhirlpool France avaientlicenci des salaris par lettresrecommandes signes, pour lapremire par le chef de secteuret le chef des ventes, pour laseconde par le responsable desressources humaines. Lessalaris licencis ont saisi lajuridiction prudhomale afin decontester leurs licenciements. Ilsestimaient notamment que lessignataires de leurs lettres delicenciements ntaient pastitulaires du pouvoir de licencier, dfaut dtre bnficiairesdune dlgation prvue par lesstatuts, conformment auxdispositions de larticle L. 227-6du Code de commerce. La courdappel de Versailles (arrt du5 novembre 2009) et la courdappel de Paris (arrt du3 dcembre 2009) ont accueillileurs demandes, la premire encondamnant lemployeur rintgrer le salari au motif que

    son licenciement tait nul, laseconde en accordant desdommages-intrts pourlicenciement sans cause relleet srieuse.Dans deux arrts du19 novembre 2010, la chambremixte de la Cour de cassation,compose de la deuximechambre civile, de la chambrecommerciale, financire etconomique et de la chambresociale, a cass les arrts renduspar ces cours dappel en jugeantque les dispositions de larticleL. 227-6 du Code de commercenexcluent pas la possibilit,pour le prsident ou le directeurgnral, de dlguer le pouvoirdeffectuer des actes dterminstel que celui dengager ou delicencier les salaris delentreprise.Elle prcise aussi quune telledlgation nobit aucunformalisme particulier, quellepeut tre ratifie a posteriori, etpeut rsulter des fonctionsmme du salari qui conduit la

    procdure de licenciementlorsque celui-ci est charg de lagestion des ressourceshumaines.La Cour de cassation met ainsifin une interprtation quelleconsidre comme errone desdispositions de larticle L. 227-6du Code de commerce, fondesur une confusion entre lepouvoir gnral dereprsentation de la S.A.S lgard des tiers, soumis auxdispositions de ce texte, et ladlgation de pouvoirsfonctionnelle, qui permet auxreprsentants de toute socit, ycompris des S.A.S, de dlguer,conformment au droitcommun, une partie de leurspouvoirs afin dassurer lefonctionnement interne delentreprise.

    Source : Communiqu de presse,Premire prsidence de la cour decassation.

    Socit par actions simplifieet dlgation du pouvoir de licencierCour de cassation - chambre mixte - 19 novembre 2010Pourvois n 10-10.095 et n 10-30.215

    Par deux arrts du 19 novembre 2010, la chambre mixte de la Cour de cassation a jug que les dispositions de larticle L. 227-6du Code de commerce nexcluent pas la possibilit, pour le prsident ou le directeur gnral dune socit par actions simplifie,de dlguer le pouvoir deffectuer des actes dtermins tel que celui dengager ou de licencier les salaris de lentreprise.Par ailleurs, aucune disposition n'exige un formalisme particulier pour cette dlgation : elle peut tre ratifie a posteriori, etrsulter des fonctions mme du salari qui conduit la procdure de licenciement lorsque celui-ci est charg de la gestion desressources humaines.

  • Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58 11

    Jurisprudence

    Sur le moyen unique, pris en sa deuxime branche :Vu l'article L. 2276 du Code de commerce, ensemble l'article L. 12326du Code du travail ;Attendu que si, selon le premier de ces textes, la socit par actionssimplifie est reprsente l'gard des tiers par son prsident et, si sesstatuts le prvoient, par un directeur gnral ou un directeur gnraldlgu dont la nomination est soumise publicit, cette rgle n'exclutpas la possibilit, pour ces reprsentants lgaux, de dlguer le pouvoird'effectuer des actes dtermins tel que celui d'engager ou de licencierles salaris de l'entreprise ;Attendu que pour dire le licenciement dpourvu de cause relle etsrieuse, l'arrt retient que la socit ne justifie pas de la dsignationconforme aux statuts d'un directeur gnral avec dlgation du pouvoirde licencier ;Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a viol les textes susviss ;

    Et sur le moyen, pris en sa troisime branche :Vu l'article L. 2276 du Code de commerce, ensemble les articles L. 12326du Code du travail, 1984 et 1998 du Code civil ;Attendu qu'aucune disposition n'exige que la dlgation du pouvoir delicencier soit donne par crit ; qu'elle peut tre tacite et dcouler desfonctions du salari qui conduit la procdure de licenciement ;Attendu que pour dire le licenciement dpourvu de cause relle etsrieuse, l'arrt retient l'absence de qualit agir de la signataire de lalettre de licenciement ;Qu'en statuant ainsi, alors qu'il rsultait de ses constatations que la lettrede licenciement avait t signe par la personne responsable desressources humaines de la socit, charge de la gestion du personnel etconsidre de ce fait comme tant dlgataire du pouvoir de licencier,la cour d'appel, qui n'a pas tir les consquences lgales de sesconstatations, a viol les textes susviss ;

    Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la premire branchedu moyen :

    Casse et annule, dans toutes ses dispositions, l'arrt rendu le 5 novembre2009, entre les parties, par la cour d'appel de Versailles ; remet, enconsquence, la cause et les parties dans l'tat o elles se trouvaient avantledit arrt et, pour tre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel deVersailles, autrement compose.

    Pourvoi n10-30.215 - CassationSocit ED, socit par actions simplifie /M. S... X... et autres

    La Cour,

    M. le premier prsident a, par ordonnance du 18 mars 2010, renvoy lepourvoi devant une chambre mixte et, par ordonnance du 21 octobre2010, indiqu que cette chambre mixte serait compose de la deuximechambre civile, de la chambre commerciale, financire et conomiqueet de la chambre sociale ;La demanderesse invoque, devant la chambre mixte, les deux moyensde cassation annexs au prsent arrt ;Ces moyens ont t formuls dans un mmoire dpos au greffe de laCour de cassation par la SCP Clice, Blancpain et Soltner, avocat de lasocit ED ;Des observations banales en dfense et des observations complmentairesont t dposes au greffe de la Cour de cassation par la SCP Ancel etCouturier Heller, avocat de M. X..., de l'union syndicale Solidaires Pariset du syndicat SUDED ;Le rapport crit de M. Andr, conseiller, et l'avis crit de M. Allix, avocatgnral, ont t mis la disposition des parties ;(...)Attendu, selon l'arrt attaqu, que contestant la validit du licenciementdont il avait fait l'objet de la part de son employeur, la socit par actionssimplifie ED (la socit), suivant lettre recommande signe par MM. Y...et Z..., en leurs qualits respectives de chef de secteur et de chef des ventes,

    M. X..., ainsi que l'union syndicale Solidaires Paris et le syndicat SUD-ED ont saisi un conseil de prud'hommes, statuant en formation de rfr,afin d'obtenir, notamment, la constatation de la nullit de ce licenciement ;

    Sur le premier moyen, pris en sa premire branche :Vu l'article L. 227-6 du Code de commerce, ensemble l'article L. 1232-6du Code du travail ;Attendu que si, selon le premier de ces textes, la socit par actionssimplifie est reprsente l'gard des tiers par son prsident et, si sesstatuts le prvoient, par un directeur gnral ou un directeur gnraldlgu dont la nomination est soumise publicit, cette rgle n'exclutpas la possibilit, pour ces reprsentants lgaux, de dlguer le pouvoird'effectuer des actes dtermins tel que celui d'engager ou de licencierles salaris de l'entreprise ;Attendu que pour constater la nullit du licenciement, l'arrt retient quela lettre de licenciement doit maner soit du prsident de la socit paractions simplifie, soit de la personne autorise par les statuts recevoirdlgation pour exercer le pouvoir de licencier dtenu par le seulprsident ;Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a viol les textes susviss ;

    Et sur le premier moyen, pris en sa cinquime branche :Vu l'article L. 1232-6 du Code du travail, ensemble l'article 1998 du Codecivil ;Attendu qu'en cas de dpassement de pouvoir par le mandataire, lemandant est tenu de l'acte de celui-ci s'il l'a ratifi expressment outacitement ;Attendu que pour constater la nullit du licenciement, l'arrt retient qu'ila t prononc par une lettre dont les signataires n'avaient pas le pouvoirde licencier ;Qu'en statuant ainsi, alors qu'il ressortait de ses propres nonciations quela socit, en la personne de son reprsentant lgal, reprenait oralementses conclusions aux termes desquelles elle soutenait la validit et le bien-fond du licenciement dont M. X... avait fait l'objet et rclamait le rejetde toutes les prtentions de ce dernier, ce dont il rsultait la volont claireet non quivoque de cette socit de ratifier la mesure prise par sesprposs, la cour d'appel a viol les textes susviss ;

    Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs dupourvoi :

    Casse et annule, dans toutes ses dispositions, l'arrt rendu le 3 dcembre2009, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en consquence,la cause et les parties dans l'tat o elles se trouvaient avant ledit arrt et,pour tre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrementcompose.

    Prsident : M. Lamanda, premier prsident - Rapporteur : M. Andr, conseiller, assist de Mme Zylberberget de Mme Lalost, respectivement auditeur et greffier en chef au service de documentation, des tudes etdu rapport - Avocat gnral : M. Allix - Avocat(s) : la SCP Clice, Blancpain et Soltner, la SCP Ancel et Couturier-Heller

    2010-492

  • 12 Les Annonces de la Seine - lundi 22 novembre 2010 - numro 58

    Vie du chiffre

    La professioncomptable de demainpar Joseph Zorgniotti

    Je dsire en prambule rendre hommage etremercier Jean-Jacques Hell, Charles RenTand, et leur merveilleuse quipealsacienne, qui ont su nous accueillir et nousfaire vibrer. Lhistoire ne se lit pas seulement dans leslivres Elle se dchiffre dans les paysages, dans

    les tracs des routes et des fleuves pour tousceux qui aiment les observer Comme ungalet sculpt par son cheminement et jet l,sur la grve, Strasbourg, un jour est ne duRhin Nul ne sait quand .Strasbourg ainsi nomme parce quelle est laroute par o tout le monde passe .Alsacien de naissance et de cur, je ne pouvaisrsister vous dire mon affection, ma passion,pour Strasbourg, ma ville, pour lAlsace, ma rgion.Ce mme sentiment daffection, je le ressensgalement pour ma profession. Cest la mmepassion qui ma pouss minvestir dans sesinstitutions, dabord alsaciennes puis nationales.Cet attachement se nourrit trs certainementde ce que je sais de son utilit.Car nous ne sommes lgitimes, quautant quenous sommes utiles.Voici mon credo qui est partag, je le sais, partoute la profession. Il rsume la philosophie desrformes que nous avons menes.Il rsume aussi le sens des travaux de cecongrsCest la direction suivre, aujourdhui et demain.Monsieur le Ministre, vous avez longtemps tchef dentreprise...Qui plus est, votre portefeuille ministrielconcerne les entreprises et les professions deservices.A ce titre, vous connaissez plus que dautres, lesbesoins des dirigeants.

    Vous savez parfaitement ce que les entreprisesattendent des experts-comptables. Et vousconnaissez galement notre engagement sansfaille aux cts des entreprises.Cest pourquoi, Monsieur le Ministre, nousavons eu beaucoup de chance que vous ayez tcharg de conduire devant le Parlement, larforme de la profession dans le cadre de latransposition de la directive services.La loi du 23 juillet 2010 a fait lobjet dchangesabondants entre votre cabinet et le Conseilsuprieur. Nous nous sommes accords sur untexte que vous avez ensuite personnellementdfendu au banc de lAssemble nationale et duSnat.Monsieur le Ministre, votre action pour lamodernisation de notre profession resteragrave dans nos mmoires. Je dsire, au nomde toute la profession, vous dire merci.Je crois que cette rforme, - une rforme quenous avons voulue ensemble - correspondexactement ce quil fallait pour nos cabinets.Pourquoi ? Parce quelle va leur donner lesmoyens de mieux sorganiser. Elle va leur donnerles moyens de mieux rpondre aux besoins deleurs clients...Nest-ce pas l lessentiel ?Tout dabord sur le plan de lorganisation descabinets. Il avait t un moment questiondouvrir totalement le capital de nos cabinets.Vous avez compris les motifs de notre

    65me Congrs de lOrdredes Experts-ComptablesStrasbourg - 14 / 16 octobre 2010

    Le Congrs National de lOrdre des Experts comptables sest droul au Cur de lEurope, au palais des congrs de Strasbourg du 14 au 16 octobre dernier.Pour cette 65me dition intitule Cap 2020, Jean-Jacques Hell, prsident du Conseil rgional de lordre dAlsace, Charles-Ren Tand, commissaire gnraldu Congrs, les rapporteurs Pierre Grafmeyer et Grard Ranchon, ont convi les participants un travail de rflexion prospectif afin danticiper les volutionstechnologiques comme les mutations conomiques et sociales qui vont impacter les cabinets dexpertise comptable dans les annes venir.Lanne coule a t marque par un accord avec les avocats en juin 2010, ladoption dun nouveau rfrentiel normatif mais aussi en juillet dernier ladoptionde la loi refondatrice de la profession qui est donc dsormais ouverte au maniement des fonds, aux activits commerciales titre accessoire, lassistanceaux particuliers en matire dclarative, la possibilit de dtenir des participations et des mandats sociaux dans des socits non membres de lOrdre. Silessentiel a t accompli par cette loi du 23 juillet 2010 qui fait des experts-comptables une profession toujours plus ancre au cur de la vie conomique,au service des entreprises, mais galement des particuliers. , Joseph Zorgniotti, prsident de lOrdre des experts-comptables, a estim cette volution inachevelors de la plnire douverture, le 14 octobre 2010, en prsence de Franois Baroin, ministre du Budget et ministre de tutelle de la profession.Malgr lappui du Gouvernement et le soutien du Conseil National des Barreaux, seule lassistance en matire fiscale a t vote sur les trois voletsinitialement conclus avec la profession davocat. Reste donc la reconnaissance de lactivit dclarative en matire administrative et sociale qui doit treconsacre au sein de la future loi de modernisation des professions judiciaires et juridiques rglementes.Lors de la plnire de clture de ce grand rassemblement qui sest tenue en prsence de Ren Ricol, commissaire gnral linvestissement, et dHervNovelli, secrtaire dEtat charg du commerce, de lartisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation, JosephZorgniotti a voqu une autre inquitude rsidant dans une proposition de directive qui vise permettre aux Etats membres, sur option, dexempterles micro-entits des obligations de tenue et de publication de comptes annuels prvues par la 4me directive afin de rduire la charge qui pse sur lesTPE et les PME.Les micro-entits ainsi vises couvriraient deux millions cent mille entreprises franaises, soit plus de 90% de la clientle des experts comptables. Leprsident Zorgniotti a alors rappel au ministre le soutien des experts-comptables pour toute simplification vritable, insistant toutefois sur le fait que Les rgles comptables scurisent, crdibilisent. Elles permettent de voir venir les difficults et de prendre les mesures pour les viter. On ne peut transigersur cette garantie de scurit. Qualifiant ce congrs de fondateur, Joseph Zorgniotti qui va achever son mandat de deux ans la tte du Conseil Suprieur de lOrdre des Experts-Comptables dans quelques mois, a estim que les rformes actes ou venir inaugurent une nouvelle re : Nous franchissons un nouveau cap pournous conduire au long court la destination service client optimum. Cest dans cette direction que nous devons naviguer. Cest l que nous devronsjeter lancre. Jean-Ren Tancrde

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  • opposition. Une opposition dicte par lexigencedindpendance. En effet, comment assurerlindpendance ds lors quun non professionneldtient la majorit des droits de vote ou mmeune minorit de blocage ?Cest pour cette raison que la majorit du capital,ainsi que les 2/3 des droits de vote devront tredtenus par un expert-comptable.Pour autant, linterdiction de participation et dedtention de mandats sociaux dans des socitsnon membres de lOrdre a t leve. Elle navaitplus de vritable raison dtre, la seule conditiondu respect dindpendance devant suffire.Vous avez accept daccorder une confiance apriori aux membres de notre profession. Dunehyper rglementation, teinte de dfiance, nousparvenons, grce vous, une rglementationprivilgiant la confiance et le respect de grandsprincipes.Cest dans cet esprit que sont autorises lesactivits commerciales la condition quellessoient ralises titre accessoire.Le Conseil Suprieur de lOrdre vous proposeradailleurs rapidement une norme destine prciser les modalits de ces activits.Cest dans cet tat desprit galement, que lemaniement des fonds est dsormais possibledans des conditions de traabilit de nature apporter aux clients les assurances de scuritquils sont en droit dattendre. Ce maniementest dores et dj possible pour rgler les dettessociales et fiscales de nos clients, notammentdans loptique des tlprocdures.Dans les autres hypothses, le Conseil Suprieurfinalise actuellement un systme de comptescuris pour offrir toutes les garantiesncessaires.Nous pouvons donc prsent apporter cesnouveaux services que nos consurs etconfrres europens pratiquent dj largement.Des services qui ne sadressent pasexclusivement aux entreprises puisque lapossibilit dintervenir auprs des personnesphysiques est dsormais clairement consacrepar larticle 2 de lordonnance de 1945.Cest ainsi que nous pouvons les assister dansle cadre de leurs dmarches.Cette assistance devra tre double dun rlede tiers de confiance permettant dattester delexistence et de la conformit des justificatifsfiscaux.Cette mission dassistance auprs desparticuliers trouve un prolongement naturel enmatire sociale et administrative. En effet, nousavons une comptence reconnue dans cedomaine.La dure de la vie sallongeant -et il faut senfliciter- les personnes ges et fragilises aurontde plus en plus besoin de professionnels pourles aider. Elles auront besoin de professionnelsdans lesquels elles peuvent avoir touteconfiance. De professionnels qui les scurisent.De professionnels dexcellence, soumis uncontrle ordinal.Notre profession doit se situer au cur de lacit, au cur de la vie !Pour cela, nous avons une fois de plus besoinde vous Monsieur le Ministre. Vous le savez, leSnat na pas totalement repris les termes delaccord que nous avions scell le 26 mai dernieravec le Conseil national des barreaux.En effet, seule lassistance en matire fiscale a tvote. Restent donc le social et ladministratif.Le Gouvernement nous a donn son accord de

    principe, au prsident du Conseil national desbarreaux et moi-mme, pour porter unedisposition au sein de la loi de modernisation desprofessions judiciaires et juridiques rglementes.Nous comptons sur votre soutien pour yparvenir.Service client toujours Quelles attentesexpriment aujourdhui les entreprises ?Nombreux sont les chefs dentreprise qui nousdisent attendre quon leur propose un fullservices. Pour cela nous avons intrt observerce qui se fait dans dautres pays dEurope ;linterprofessionnalit y est une pratiquequotidienne.Elle permet de runir des professionnels auxcomptences complmentaires. Au service dunmme client, avocats, notaires, huissiers etexperts-comptables, doivent tre capables dunirleur force pour rendre un service complet, sansesprit de comptition rciproque.Chers congressistes, vous avez pu assister hieraprs-midi la confrence runissant desreprsentants de ces professions.Elle dmontre, sil en tait besoin, que larflexion est en marche.Nous travaillons ensemble pour trouver dessolutions aux dernires difficults pratiques.Lexamen par le Snat de loi de modernisationdes professions judiciaires et juridiquesrglementes permettra, l encore, de prsenteraux parlementaires un texte commun.

    Aujourdhui Monsieur le Ministre, une autrequestion nous est pose. Et, elle nous est posepar le lgislateur europenLes obligations comptables imposes auxentreprises sont-elles des contraintes inutiles ?Des contraintes dont les inconvnients seraientsuprieurs aux avantages que lon peutescompter ?Depuis le Plan europen pour la relanceconomique de novembre 2008, laCommission europenne sest engage rduirela charge qui pse sur les TPE et les PME pouraccompagner leur dveloppement. Do laproposition de directive visant permettre auxEtats membres, sur option, dexempter lesmicro-entits des obligations de tenue et depublication de comptes annuels prvues par la4me directive.Les micro-entits vises par ce projetconstitueraient une nouvelle catgoriedentreprises.Dfinis de manire large, les critres retenuscouvriraient deux millions cent mille entreprisesfranaises, soit plus de 90% de nos clients. LeGouvernement franais travaille actuellementavec les Allemands sur une contrepropositionqui devrait permettre dattnuer le texte de ladirective. Il sagit tout dabord de rduire leprimtre de la micro-entreprise.En outre, pour ces micros entits les obligationscomptables ne seraient pas supprimes maissimplement allges.Je puis vous affirmer que le Conseil suprieurmet tout son poids dans la balance pour fairecomprendre quil serait totalement insens desupprimer toutes obligations comptables pources entreprises.Dautant plus insens que les tats financierspermettent le crdit aux entreprises.Dautant plus insens que labsence de tableauxde bord, de business plans, entrane le pilotage vue, source de catastrophe.

    Il nest pas question pour nous dtre arquebouts sur des positions corporatistes. Celanaurait pas de sens nous ne serions pascrdibles, nous ne serions pas lgitimes.Monsieur le Ministre, nous soutiendrons toutesimplification vritable, toute volution de larglementation, vritablement profitables pournos clients. Mais, nous devons faire attention.Les rgles comptables scurisent, crdibilisent.Elles permettent de voir venir les difficults etde prendre les mesures pour les viter. On nepeut transiger sur cette garantie de scurit.

    Monsieur le Ministre, avant de conclure monpropos, je voulais vous dire combien le Conseilsuprieur est fier et heureux de travailler avecvous, sur des projets au service de lconomiefranaise. Je fais bien sr rfrence ce rlenaturel dintermdiation que tient la profession,entre les pouvoirs publics et les entreprises.Il sagit pour nous dassurer notre rle de relaisdes politiques gouvernementales.Lorsque le Gouvernement adopte des mesuresnouvelles, notre rle consiste les faire connatreaux entreprises. Nous les traduisons en langagepratique, afin quelles soient bien comprises pourtre bien appliques.Ce travail nous permet galement de vous faireremonter les difficults lorsquelles existent.Je pourrais citer nos travaux en matire de TVAsur la restauration.Jen veux aussi pour illustration ce que nousavons entrepris ensemble sur lEIRL. Vous nousavez confi la mission de construire un site Web destination du public. Vous nous lavez confieafin que ce dispositif soit apprhendrapidement, avant son entre en vigueur le 1erjanvier prochain.Et nous avons parfaitement rempli cettemission. Cest ce que vous nous prcisez dansla prface du livre que je vais vous remettre.Cest un travail que nous avions galementralis la demande du Gouvernement, lors delentre en vigueur de la Contributionconomique territoriale ou de la LODEOM.Dans la sphre sociale, nous sommes intervenuspour apporter notre aide au RSI qui rencontredimportantes difficults. Cest pourquoi nousavons mis en place une cellule de traitementdes dossiers afin dacclrer lexamen desnombreuses rclamations.Dans ce domaine, nous vous ritrons notreproposition. Acceptez que notre professioncalcule directement les cotisations destravailleurs indpendants, comme nous savonssi bien le faire pour les salaris.Et alors, vous naurez plus de soucis.Voil comment nous entendons orienter lestravaux du Conseil suprieur : faciliter notreexercice au quotidien tout en remplissant notrerle dintrt gnral.Mon cher Ren, je profite de ta prsence, cematin, pour ritrer lhommage que je te rendaisce jeudi la tribune. Cest toi, lorsque tu prsidaiscette maison, qui las transforme pour en fairece formidable outil au service de la professionet de lconomie.

    Chres consurs, Chers confrres, pendant cesdeux annes de prsidence, jai pris un immenseplaisir vous rencontrer. A vous rencontrer et,surtout vous couter au cours de mesdplacements, que ce soit lo