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LES ANNONCES DE LA SEINE VIE DU DROIT Syndicat des Avocats de France Reconstruire le droit par Pascale Taelman ..........................................2 Les Entretiens Juridiques de Chartres ................................12 Cercle Dalloz ................................................................................14 Association Française d’Arbitrage L’attente des entreprises en matière d’arbitrage par Alexandre Job ............................................................................15 Code de procédure pénale 2013 ..........................................18 AGENDA......................................................................................5 ENTRETIEN Sabine du Granrut......................................................................11 DIRECT Ministère de la Justice .............................................................14 VIE DU CHIFFRE Institut Français des Experts-Comptables et des Commissaires aux comptes Un nouveau modèle de croissance pour les entreprises est-il possible en France ? par Françoise Savés .........................................................................19 ANNONCES LEGALES ...................................................20 AVIS DENQUÊTE..............................................................26 DÉCORATION Nathalie Boucher, Croix d’Honneur de la Bundeswehr...32 J OURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - I NFORMATIONS GÉNÉRALES, J UDICIAIRES ET TECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE Lundi 19 novembre 2012 - Numéro 69 - 1,15 Euro - 93 e année C ’est dans la ville qui abritait il y a un millénaire la résidence de Guillaume le Conquérant que s’est déroulé le congrès annuel du Syndicat des Avocats de France, sa Présidente Pascale Taelman, inscrite au Barreau de Créteil, accueillait notamment la Ministre de la Justice Christiane Taubira et le Président du Conseil National des Barreaux Christian Charrière-Bournazel à l’Université de Caen ce vendredi 9 novembre 2012, puis le lendemain Pierre Joxe et Marylise Lebranchu. Pour cette 39 ème édition, le thème choisi était « La justice, c’ est maintenant », l’occasion de placer la justice au centre des débats qui furent riches et nombreux. La Présidente Pascale Taelman, dans son rapport moral, a présenté une profession sinistrée et un état de droit mis à mal tant au niveau de l’accès au droit que de l’hospitalisation sous contrainte, de la rétention de sûreté, des peines planchers, des règles applicables en matière de récidive, de la délinquance financière, des contrôles d’identité, du droit d’asile, de la rétention des étrangers, du mariage homosexuel, de l’action de groupe, de l’avocat en entreprise, de l’accès à la profession et de l’action de groupe. Sa conclusion fut toutefois empreinte d’espoir puisqu’elle a exhorté la Garde des Sceaux à « oser une politique de gauche » afin de « redonner à l’avocat toute sa place dans la cité » et afin que « l’institution judiciaire retrouve sa fonction de régulation sociale » à partir de « choix législatifs nouveaux et courageux » après la mise en œuvre des moyens nécessaires pour que « la Justice soit, dans des délais raisonnables et cohérents, un facteur de paix et de justice sociale ». Jean-René Tancrède Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 Syndicat des Avocats de France 39 ème Congrès - Caen 9 / 11 novembre 2012

Edition du lundi 19 novembre 2012

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  • LES ANNONCES DE LA SEINE

    VIE DU DROITSyndicat des Avocats de FranceReconstruire le droit par Pascale Taelman ..........................................2Les Entretiens Juridiques de Chartres ................................12Cercle Dalloz ................................................................................14Association Franaise dArbitrageLattente des entreprises en matire darbitragepar Alexandre Job ............................................................................15Code de procdure pnale 2013 ..........................................18AGENDA......................................................................................5ENTRETIENSabine du Granrut......................................................................11DIRECTMinistre de la Justice .............................................................14VIE DU CHIFFREInstitut Franais des Experts-Comptableset des Commissaires aux comptesUn nouveau modle de croissance pour les entreprisesest-il possible en France?par Franoise Savs .........................................................................19ANNONCES LEGALES ...................................................20AVIS DENQUTE..............................................................26DCORATIONNathalie Boucher, Croix dHonneur de la Bundeswehr...32

    JOURNAL OFFICIEL DANNONCES LGALES - INFORMATIONS GNRALES, JUDICIAIRES ET TECHNIQUESbi-hebdomadaire habilit pour les dpartements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

    FONDATEUR EN 1919 : REN TANCRDE - DIRECTEUR : JEAN-REN TANCRDE

    Lundi 19 novembre 2012 - Numro 69 - 1,15 Euro - 93e anne

    Cest dans la ville qui abritait il ya un millnaire la rsidence deGuillaume le Conqurant quesest droul le congrs annueldu Syndicat des Avocats de France, saPrsidente Pascale Taelman, inscrite auBarreau de Crteil, accueillait notammentla Ministre de la Justice Christiane Taubiraet le Prsident du Conseil National desBarreaux Christian Charrire-Bournazel lUniversit de Caen ce vendredi9 novembre 2012, puis le lendemain PierreJoxe et Marylise Lebranchu.Pour cette 39me dition, le thme choisitait La justice, c est maintenant ,loccasion de placer la justice au centre desdbats qui furent riches et nombreux.La Prsidente Pascale Taelman, dans sonrapport moral, a prsent une professionsinistre et un tat de droit mis mal tantau niveau de laccs au droit que de

    lhospitalisation sous contrainte, de lartention de sret, des peines planchers,des rgles applicables en matire dercidive, de la dlinquance financire, descontrles didentit, du droit dasile, de lartention des trangers, du mariagehomosexuel, de laction de groupe, delavocat en entreprise, de laccs laprofession et de laction de groupe.Sa conclusion fut toutefois empreintedespoir puisquelle a exhort la Garde desSceaux oser une politique de gauche afin de redonner lavocat toute sa placedans la cit et afin que linstitutionjudiciaire retrouve sa fonction de rgulationsociale partir de choix lgislatifsnouveaux et courageux aprs la mise enuvre des moyens ncessaires pour que la Justice soit, dans des dlais raisonnableset cohrents, un facteur de paix et de justicesociale . Jean-Ren Tancrde

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    Syndicat des Avocats de France39me Congrs - Caen 9 / 11 novembre 2012

  • Reconstruire le droitpar Pascale Taelman

    Madame le Garde des Sceaux, noussommes trs honors de votreprsence parmi nous, aprsMarylise Lebranchu en 2001 Nmes, et, titre personnel, je tiens vous direcombien je suis fire de pouvoir vous accueillir.Nous connaissons vos convictions, nous savonsvotre dtermination; un certain nombre dentrenous ont eu le plaisir de vous entendre lors deprcdents dbats parlementaires. Noussommes donc convaincus de votre volont.Nanmoins, travers vous, cest legouvernement tout entier que nous souhaitonsinterpeller.Nous voulons vous dire quaprs avoir pass dixans nous puiser parer les mauvais coups,nous souhaitons vivement pouvoir au plus vitemettre notre nergie au profit de la constructiondu droit et de la Justice de notre pays.Nous serons vos cts aussi souvent quepossible, mais sans complaisance et sans jamaisrenoncer nos valeurs et nos convictions.La premire moiti de cette anne a tmarque par la ncessit de continuer dnoncer et dmontrer que la machine lancene pouvait que conduire notre perte collective,sur le plan du droit comme ailleurs. Au mois de mai, nous avons t plein despoirmais nous sommes aussi dj dus. Nous attendons de ce gouvernement quil oseune politique de gauche et que des dcisionsemblmatiques fortes soient prises, dans ledomaine qui nous occupe : la Justice. Lechangement cest maintenant et la Justice estune priorit, nous avait-on dit. Nous voulonssentir les effets de ce changement,concrtement, rellement.Or, un certain nombre de mesures phares nontpas t prises, sont diffres, amendes oumme abandonnes.

    Laccs au droit

    Vous savez que, pour nous, cest une questionfondamentale et prioritaire. Il ny a pas de droitsans effectivit du droit. Je vais formuler un lieu commun, mais il y a desvidences quil faut rpter: cette effectivitsuppose laccs un avocat librement choisi,form et en capacit dexercer son mandat dansdes conditions dignes, ce qui passencessairement par une rmunration dcentelorsquil intervient dans le secteur assist.De plus, la crise conomique ne peutquaugmenter le besoin de justice des citoyenset, tout particulirement, celui de ceuxsusceptibles de bnficier de laidejuridictionnelle.La question de la rmunration digne delAvocat intervenant ce titre est rcurrente etna trouv aucune rponse satisfaisante ce jour.Ce ntait pas une priorit affiche du prcdentgouvernement.Ctait pourtant un engagement de MadameLebranchu dans le protocole daccord sign avecmon prdcesseur en dcembre 2000.Nous comptons sur le nouveau gouvernementpour que cette question, essentielle pour lajustice sociale, soit enfin prise bras le corps etne se voit pas seulement opposer la contraintebudgtaire.Nous avons bien not, Madame le Garde desSceaux, que vous aviez annonc, dans laprsentation du budget de la justice, que lenombre dUV affect la dfense desdemandeurs dasile devant la CNDA allaitdoubler (nous passerons de 8 16 UV, soitenviron 360euros). Cest un pas, tant il est vraique lindemnisation verse jusqu ce jour encette matire en dit long sur la place dvolue la dfense devant cette juridiction nationale!Un pas qui nest cependant que symbolique caril pse peu dans le budget de laide

    2 Les Annonces de la Seine - lundi 19 novembre 2012 - numro 69

    LES ANNONCES DE LA SEINESige social :

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARISR.C.S. PARIS B 339 349 888

    Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr

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    Etablissements secondaires :l 4, rue de la Masse, 78910 BEHOUST

    Tlphone : 01 34 87 33 15l 1, place Paul-Verlaine, 92100 BOULOGNE

    Tlphone : 01 42 60 84 40l 7, place du 11 Novembre 1918, 93000 BOBIGNY

    Tlphone : 01 42 60 84 41l 1, place Charlemagne, 94290 VILLENEUVE-LE-ROI

    Tlphone : 01 45 97 42 05

    Directeur de la publication et de la rdaction :Jean-Ren Tancrde

    Comit de rdaction :

    Thierry Bernard, Avocat la Cour, Cabinet BernardsFranois-Henri Briard, Avocat au Conseil dEtatAntoine Bullier, Professeur lUniversit Paris I Panthon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrg des Universits de droitAndr Damien, Membre de lInstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit lUniversit Paris I Panthon SorbonneBertrand Favreau, Prsident de lInstitut des Droits de lHomme des Avocats Europens,ancien Btonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate la Cour, ancien Btonnier de ParisBrigitte Gizardin, Substitut gnral la Cour dappelRgis de Gouttes, Premier avocat gnral honoraire la Cour de cassationSerge Guinchard, Professeur de Droit lUniversit Paris II Panthon-AssasFranoise Kamara, Conseiller la premire chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat gnral honoraire la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat la Cour, Matre de confrence H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit lUniversit Paris II Panthon-AssasChristian Lefebvre, Prsident Honoraire de la Chambre des Notaires de ParisDominique Lencou, Prsident du Conseil National des Compagnies dExperts de JusticeNolle Lenoir, Avocate la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur mrite lUniversit Paris II Panthon-AssasJean-Franois Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesGrard Pluyette, Conseiller doyen la premire chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate la Cour, Prsidente dhonneur de lUNAPLYves Repiquet, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisRen Ricol, Ancien Prsident de lIFACFrancis Teitgen, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

    Publicit :Lgale et judiciaire : Didier ChotardCommerciale : Frdric Bonaventura

    Commission paritaire : n 0713 I 83461I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 12 706 exemplairesPriodicit : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P.3, rue de lAtlas - 75019 PARIS

    Copyright 2012Les manuscrits non insrs ne sont pas rendus. Sauf dans les cas o elle est autoriseexpressment par la loi et les conventions internationales, toute reproduction, totale oupartielle du prsent numro est interdite et constituerait une contrefaon sanctionnepar les articles 425 et suivants du Code Pnal.

    Le journal Les Annonces de la Seine a t dsign comme publicateur officiel pourla priode du 1er janvier au 31 dcembre 2012, par arrts de Messieurs les Prfets :de Paris, du 27 dcembre 2011 ; des Yvelines, du 20 dcembre 2011 ; des Hauts-de-Seine, du 28 dcembre 2011 ; de la Seine-Saint-Denis, du 26 dcembre 2011 ; duVal-de-Marne, du 20 dcembre 2011 ; de toutes annonces judiciaires et lgales prescritespar le Code Civil, les Codes de Procdure Civile et de Procdure Pnale et de Commerceet les Lois spciales pour la publicit et la validit des actes de procdure ou des contratset des dcisions de justice pour les dpartements de Paris, des Yvelines, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ; et des Hauts-de-Seine.N.B. : Ladministration dcline toute responsabilit quant la teneur des annonces lgales.

    - Tarifs hors taxes des publicits la ligneA) Lgales :Paris : 5,48 Seine-Saint-Denis : 5,43 Yvelines : 5,22 Hauts-de-Seine : 5,48 Val-de-Marne : 5,41 B) Avis divers : 9,75 C) Avis financiers : 10,85 D) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,82 Hauts-de-Seine : 3,82 Seine-Saint Denis : 3,80 Yvelines : 5,22 Val-de-Marne : 3,83 - Vente au numro : 1,15 - Abonnement annuel : 15 simple

    35 avec supplments culturels95 avec supplments judiciaires et culturels

    COMPOSITION DES ANNONCES LGALESNORMES TYPOGRAPHIQUES

    Surfaces consacres aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinasTitres : chacune des lignes constituant le titre principal de lannonce sera compose en capitales (oumajuscules grasses) ; elle sera lquivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi 4,5 mm.Les blancs dinterlignes sparant les lignes de titres nexcderont pas lquivalent dune ligne de corps6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de lannonce sera compose en bas-de-casse(minuscules grasses) ; elle sera lquivalent dune ligne de corps 9 points Didot soit arrondi 3,40 mm. Lesblancs dinterlignes sparant les diffrentes lignes du sous-titre seront quivalents 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est spare de la prcdente et de la suivante par un filet 1/4 gras. Lespace blanccompris entre le filet et le dbut de lannonce sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot soit2,256 mm. Le mme principe rgira le blanc situ entre la dernire ligne de lannonce et le filet sparatif.Lensemble du sous-titre est spar du titre et du corps de lannonce par des filets maigres centrs. Leblanc plac avant et aprs le filet sera gal une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinas : le blanc sparatif ncessaire afin de marquer le dbut dun paragraphe o dunalina sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces dfinitions typographiquesont t calcules pour une composition effectue en corps 6 points Didot. Dans lventualit o lditeurretiendrait un corps suprieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

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    Vie du droit

    juridictionnelle en comparaison descontentieux de masse auxquels les avocats deproximit sont confronts:Il ne faudrait pas que ce soit larbre qui cache lafort. Les domaines dans lesquels larmunration de lavocat est indigne sontnombreux (lhospitalisation souscontrainte - lassistance dun prvenu encorrectionnelle - lassistance ducative - ladfense devant le tribunal pour enfants, etc.).Dans ces conditions ne serait-il pas temps derepenser globalement la question de larmunration de lavocat dans le secteur assist?Sans doute la remise niveau de laidejuridictionnelle avec laugmentation de 16% dubudget de lAJ, hors garde vue, permettra-t-elle un pas. Mais, avec 16 %, nous sommesencore loin du compte. Nous parlions dedoublement, voir de triplement, du budget delaide juridictionnelle ! Et puis nous avonsentendu dire que votre Ministre nenvisageait,ni augmentation du nombre dUV, niaugmentation de son taux Ds lors, quepouvons-nous esprer?Des solutions de financementscomplmentaires existent; nous les avons djdveloppes (taxation des actes juridiques,contrats dassurance, ventes immobilires etcessions de fonds de commerce); lapplicationde la rgle de subsidiarit, quand il existe uncontrat de protection juridique, doit tregnralise, la condition toutefois que la priseen charge financire par les compagniesdassurance ne soit pas encore plus indigenteque celle de laide juridictionnelle; mais il nesaurait tre question de rendre obligatoire unetelle assurance qui reprsenteraitincontestablement un cot non ngligeabledans le budget des mnages et signifierait ledsengagement de lEtat, alors que le servicepublic de la justice se doit dtre accessible tousdans les meilleures conditions.Cette question ne peut, non plus, se rgler parle dveloppement du pro bono, bonneconscience des uns, pour lequel le Barreau deParis a mme cru devoir crer un prix! Pas plusque par la djudiciarisation du rglement desconflits. Le rglement alternatif des conflits lui-mme un cot certain, nest pas exclusif delintervention dun Avocat et induit fatalementsa rmunration, tout autant que dans le cadrejudiciaire traditionnel.

    Laccs au droit pour tous, cest aussi lasuppression de la taxe de 35euros laquellesajoute celle de 150euros en appel.Nous avons bien not, Madame le Garde desSceaux, votre engagement de la faire disparatreen 2014. Nous esprons ne pas voir retardercette chance. De plus, nous avions attir lattention de votrecabinet sur la ncessit dannuler linstructiondonne aux greffes, le 30septembre2011, desuspendre le cours des procdures pour lesdossiers dans lesquels une demande daidejuridictionnelle serait en instance, prcisant que,dans lattente du retour de la dcision du BAJ,pour plus de facilit, les actes de saisine doiventtre classs en attente par le greffier. En effet, au-del mme de la contribution, cetteinstruction induit une justice deux vitesses etest contraire au texte rglementaire.Mais cet engagement date de plusieurs mois etpourtant nous navons, ce jour, rien vu venir.Alors que l'article 62-4 du dcret du28septembre2011 prvoit, en matire d'aidejuridictionnelle, un dispositif spcifique auxtermes duquel, dfaut de dcision rendue surla demande d'aide juridictionnelle, la saisine estaccompagne d'une copie de celle-ci et prciseque, lorsque l'aide juridictionnelle est rejete, ledemandeur doit justifier de lacquittement dela contribution dans le mois suivant,linstruction donne aux greffes ajoute unecondition supplmentaire de mise en attentedes dossiers.Ainsi, compte tenu du fait que les bureaux d'aidejuridictionnelle ne rendent leur dcision, enmoyenne, que plusieurs mois aprs leur saisine,le demandeur qui entend solliciter l'aidejuridictionnelle voit son dossier bloqu par legreffe qui ne fixe aucune date d'audience. Cest pourtant une mesure durgence, avec uneporte importante pour les justiciablesconcerns, que nous attendions de votreministreet que nous attendons toujours.

    Les actions AJTAgents Judiciaires du Trsor

    Toujours dans le domaine de leffectivit desdroits, le SAF a t moteur sur un certain

    nombre dactions contre lagent judiciaire dutrsor (dsormais de lEtat), dnonant levritable dni de justice, en particulier enmatire prudhomale, rsultant des duresexcessives de procdure. Javais longuementvoqu cette action dans mon rapport moralde lanne dernire. Je ny reviens que pour merjouir de lensemble des dcisions qui ont trendues depuis lors, et qui, toutes, ont constatle bien-fond de laction mene, y compris larecevabilit de lintervention volontaire du SAF titre accessoire.

    Je rappellerai, juste pour le plaisir, quelquesattendus de principe: Selon larticleL.141-1 du code de lorganisationjudiciaire, lEtat est tenu de rparer le dommagecaus par le fonctionnement dfectueux duservice de la justice, sa responsabilit ntantengage que par une faute lourde, constitue parune dficience caractrise par un fait ou unesrie de faits traduisant linaptitude du servicepublic de la justice remplir la mission dont ilest investi, ou par un dni de justice.Aux termes de larticle61 de la Convention desauvegarde des droits de lhomme et des libertsfondamentales, toute personne a droit ce quesa cause soit entendue quitablement,publiquement et dans un dlai raisonnable, parun tribunal indpendant et impartial.En loccurrence, il est constant que, saisi parrequte du 18 juin 2009, le conseil deprudhommes de Longjumeau a fix laffairedevant le bureau de conciliation laudience du30novembre2009 et, en labsence de conciliation, laudience du 20janvier2011.Ce double dlai de 5 et 14 mois est anormalementlong.Le dlai de fixation laudience du conseil deprudhommes en formation de dpartage, quinest pas connu la date de laudience, mais quidpassera ncessairement 10mois, ne respectepas les dispositions de larticle L.1454-2 du codedu travail prvoyant un dlai dun mois.A ce jour, linstance, commence en juin 2009,nest pas termine.Il nest pas contestable que les demandes de M. Crequraient un traitement dune particulireclrit, notamment en ce quelles portaient surune demande de dommages et intrts la suitedun licenciement quil estime sans cause relleet srieuse.

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    Christian Charrire-Bournazel, Pascale Taelman, Christiane Taubira, Philippe Duron, Ariane Weben et Nathalie Rivire

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    Il nest ni justifi ni mme allgu que M. C acontribu par son comportement lallongementde la dure de linstance.La procdure ne prsentait pas un caractre decomplexit particulire, lobligation des partiesde communiquer les pices et critures tant sanseffet sur la date de fixation de laudience, enlabsence de mise en tat de la procdure orale duconseil de prudhommes.Lventuelle difficult rencontre par les magistratsdans lapprciation des demandes lissue delaudience de jugement nexplique pas plus ladure excessive entre laudience du bureau dejugement stant mis en partage et la date delaudience prside par le Juge dpartiteur, le dlaide fixation ne sexpliquant que parlencombrement rcurrent et ancien de cetribunal.Pour autant, le nombre daffaires dont cettejuridiction est habituellement saisie et lesdifficults dorganisation que cela ne peutmanquer dentraner, comme la particularit dela procdure devant le conseil de prudhommes,ne peuvent dcharger lEtat de sa responsabilit.Au contraire, ces lments de fait ou de droitimposent lEtat lobligation de prendre toutesles mesures utiles afin dassurer aux justiciablessaisissant le conseil de prudhommes deLongjumeau, et notamment M. C, la protectionjuridictionnelle effective quil doit, alors surtoutque le lgislateur a prvu de rpondre aux besoinsdes demandeurs saisissant la juridiction dutravail en fixant des dlais de traitementparticulirement brefs.Lagent judiciaire du Trsor ne rapporte pas lapreuve que des mesures particulires ont tprises par le ministre de la justice ou lajuridiction en cause, afin de rechercher unesolution prenne aux difficults rencontres parle conseil de prudhommes de Longjumeau.Ds lors, la responsabilit de lEtat est engage.

    Sagissant de la recevabilit du SAF : lessyndicats dAvocats et de Magistrats dont lesconditions fondamentales dexercice de leursprofessions respectives sont en jeu ont un intrt

    propre agir aux cts de la partie principale,dont les prtentions prsentent un lien aveclintrt dfendu par ces organisationssyndicales .Ce fut une trs belle action, mene de main dematre par ceux dentre nous qui sy sont investisdans un travail collectif remarquable. Ils sereconnatront! Bravo eux.Notre action tait alors soutenue par le partisocialiste!Je rappelle cela aussi, parce que jai not que,dans la prsentation du budget 2013, vousinsistiez, Madame le Garde des Sceaux, sur lancessit de renforcer la rponse judiciaire auquotidien. Des emplois de magistrats et defonctionnaires devraient tre crs, desinvestissements dans la rnovation immobilireeffectus. Souhaitons que ceci permette dviterque le SAF ne soit contraint, pour assurer ledroit des GENS, de nouvelles actions.Je crains nanmoins que 142 emplois (2/3greffiers et 1/3 de magistrats) pour les tribunauxd'instance et l'amlioration de la justice duquotidien, ne constitue quun empltre surune jambe de bois, compte tenu de lampleurdes retards accumuls, notamment en matireprudhomale.Vous le disiez vous-mme, Madame le Ministre,la justice civile reprsente 70% de lactivitjudiciaire et sa situation est sinistre.La mdiation prudhomale, utilise commemoyen pour grer les stocks, nest pas acceptableet le SAF ne lacceptera pas. Il en estvidemment de mme de lexprience LEANqui tend standardiser et minuter le travailjudiciaire et aboutit au paradoxe selon lequelles juridictions sont audites par des socitsprives quelles sont par ailleurs amenes jugeret condamner!Vous nous avez invits, Madame le Garde desceaux, lors de notre rencontre de septembre, revenir vers votre ministre pour chaqueproblmatique particulire nous proccupant.Mes camarades de la commission sociale vousremettront tout lheure, si vous le voulez bien,

    une lettre ouverte sur cette problmatiquespcifique des dlais de procdures excessifs dela justice sociale. Nous attendons une rponseeffective.Mais la commission sociale du SAF ne sest paslimite ce type daction.Les avocats du SAF qui, pour la plupart, dfendentles salaris, les syndicats et les institutionsreprsentatives du personnel, ont eu lespoirimmense, par larrt de la cour dappel de ParisVIVEO, de voir se construire une jurisprudenceau travers de laquelle le juge dirait quil avait ledroit de considrer comme nuls les licenciementsqualifis dconomiques, et donc de les interdireavant mme quils ne soient notifis.Notre espoir a t de courte dure puisque laCour de Cassation a considr quaucun textelgislatif ne permettait cette solution.Et pourtant, nombreuses sont les dcisionsjudiciaires qui, posteriori, indemnisent lessalaris en sanctionnant pour licenciement sanscause relle et srieuse les entreprises qui ontprocd de telles ruptures de contrat dans leseul souci daugmenter le cours des actions, ycompris artificiellement.Est-il raisonnable, en cette matire, de neraisonner quen terme dindemnisation?Nest-il pas prfrable dviter laccident pluttque dindemniser les victimes?Je sais que lvidence de ce raisonnement ferade vous notre porte-parole auprs de voscollgues pour quintervienne enfin une loiprohibant les licenciements boursiers etdonnant au juge toute sa place dans ce contrlepralable.

    Lhospitalisationsous contrainte

    Comme sur les questions relatives la prsencede lAvocat en garde vue, le SAF a su semontrer moteur dans ce nouveau domaine dudroit.

    Vie du droit

    Christiane Taubira

  • Cest incontestablement une avance quelintervention du Juge et de lavocat dans cetteprocdure de privation de libert trsparticulire.Mais justement, la particularit du dbat, laconfrontation de deux mondes qui, jusqualors,signoraient totalement, notre ncessaireintervention au nom dune personne qui nestpas toujours en situation de faire connatreclairement sa volont, sont autant de difficultsqui requirent une formation dpassant trslargement la seule connaissance du droit.LAvocat et le Juge doivent, certes, sattacher la forme, garantie majeure dans un tat de droitcontre larbitraire; mais dautres paramtres sontaussi en jeu: la sant, la survie mme parfois dupremier concern, la personne prive de salibert contre son gr qui doit toujours pouvoirsexprimer et avoir accs son juge dans lesmeilleures conditions possibles.Cela suppose encore des moyens:- La visioconfrence doit tre absolumentbannie de ce type de contentieux; plus encorequailleurs, elle serait un obstacle entre lejusticiable et son juge, alors que laudienceconcerne bien souvent une personne djemmure dans son trouble. Seule laudiencedans une salle spcialement amnage ceteffet dans le centre de soins semble tre lasolution la plus approprie. Une fois nest pascoutume; cest mme lexception qui confirmela rgle: le SAF penche trs srieusement cettefois pour laudience dlocalise!- La dfense digne et forme ne peutsrieusement se satisfaire dune indemnisation hauteur de 4 UV!Ici encore, ce droit nouveau ne peut tre effectifsans moyens.

    Les lois sclrates, telles que celles qui ontinstaur la rtention de sret, les peinesplanchers, les rgles applicables en matire dercidivesont autant de textes dont nousaurions aim fter la disparition ds le dbut duquinquennat.Nous avons certes apprci votre circulaire depolitique pnale du 19septembre dernier quirappelle lexigence dindividualisation de la peine tous les stades de la procdure, et mmelorsque la peine plancher est encourue; quisouligne que la rponse pnale doit tre lisible,adapte et efficace, ni prcipite, ni trop lente;qui insiste sur votre attachement aux respectsdes droits de la dfense ; qui rappelle quelincarcration ne doit intervenir que quand elleest absolument ncessaire et que les alternativesaux poursuites sont possibles; qui insiste aussisur la ncessit de privilgier les mesures derinsertion, seul vritable moyen de luttercontre la rcidive, et sur la ncessaire vigilance lgard de la surpopulation carcrale et sesconsquences si brillamment dnonces parles rapports de Monsieur Delarue, ContrleurGnral des lieux de privation de libert.Votre attachement une justice des mineursspcialise ne nous a pas non plus chapp.Nous nous en flicitons. Mais on ne peut pas lgifrer par voie decirculaires, et nous attendons donc avec unevive impatience la loi qui reconstruira notredroit pnal et sa procdure et abolira les loisliberticides du prcdent quinquennat. Nousavons dj eu loccasion de vous le dire: noussommes prts rpondre toute demande de

    contribution que vous pourriez souhaiter de laprofession. Nous sommes aussi parfaitementconscients de votre volont de rompre aveclempilement lgislatif prcdent, sans aucunsouci de cohrence. Le travail effectu au seinde la confrence de consensus sur la prventionde la dlinquance en est la dmonstration.Nanmoins, le temps presse et seule la loi peutrtablir ltat de droit et rparer les ravagescauss par vos prdcesseurs Je me permettrai de vous citer et de reprendre,pour le compte du SAF, ce que vous avez sijustement dclar:

    L'opinion a t intoxique par un discourssommaire, qui consiste dire que chaquedlinquant est un criminel en puissance qu'il fautenfermer. Est-ce que, dans ce pays, les gens ontrenonc au raisonnement et l'intelligence?Christiane Taubira, Le Monde du20septembre2012Mais maintenant, au-del de dclarations aussipertinentes, il nous faut du concret; il nous fautdes lois qui ne renoncent pas au raisonnementet lintelligence, mme si elles sont susceptiblesde heurter une certaine opinion anesthsie parles discours passs.Pour mmoire et titre dencouragement: noscombats pour la prsence de lavocat en garde vue, promise par certains comme la fin desenqutes, l'apocalypse dans la chasse audlinquant, nont pas entran le drameannonc. Bien sr, la rforme a du tre arracheau prcdent gouvernement, et elle nest pasencore parfaite; mais elle a nanmoins t ladmonstration de ce qu'une avancesignificative, voire dterminante, des droits dela dfense, ne rime ni avec laxisme, ni avecmpris pour les victimes...Cest en dbut de quinquennat que lesrvolutions sont possibles. Nattendez plus!Madame la Ministre, nous ne serons pas deceux qui, comme le Prsident du CNB, sansdbat ni vote de linstitution, invoquent despriorits donnes la justice pour sindigner dela suppression, en 2013, du plafonnement descotisations maladie des professionnels libraux,cest--dire de lassujettissement des revenus desAvocats suprieurs 180000 euros par an.Notre profession doit aussi participer aux effortsde justice sociale.En revanche, nous serons intransigeants sur larestauration de ltat de droit et des principesrpublicains.

    La dlinquance en col blanc

    Le prcdent quinquennat a t marqu parlabandon de la lutte contre la grandedlinquance financire, la dpnalisation dudroit des affaires et du droit du travail, commesi les exigences de probit et dgalit de tousdevant la loi staient dissoutes dans la crise.Il est essentiel que les citoyens puissentretrouver confiance dans leurs reprsentants,les agents publics et les acteurs conomiquespublics ou privs. Ce retour la confiance nepeut passer que par lexigence dexemplarit,prne par le Prsident de la Rpublique,exigence qui ne supporte aucune complaisance lgard de la corruption, des dtournementset des petits arrangements entre amis.

    Les Annonces de la Seine - lundi 19 novembre 2012 - numro 69 5

    Vie du droit Agenda

    VENTE AUX ENCHRES PUBLIQUES

    Jean-Etienne-Marie Portalis

    24 novembre 2012Maison Leclere5, rue Vincent Courdouan

    13006 MARSEILLERenseignements : 04 91 50 00 00 2012-791

    CONFRENCE 150ME ANNIVERSAIREDEUTSCHER JURISTENTAG 1870-2010

    Histoire et actualitde linfluence des juristessur la vie du droit

    30 novembre 2012

    Salle des Conseils

    12, place du Panthon

    75005 PARIS

    Renseignements : [email protected] 2012-792

    LES MARDIS DE BEAUVAIS

    Faut-il renouveler la gouvernancede la socit anonyme ?

    4 dcembre 2012Hotel de Beauvais68, rue Franois Miron

    75004 PARISRenseignements :

    [email protected]

    2012-793

    COLLOQUE PENAL

    Prison franaise : prison modle ?

    7 dcembre 2012Maison du Barreau - 2/4, rue de Harlay

    75001 PARIS

    Renseignements : [email protected]

    2012-794

    VIIME CONGRS SIHPA

    Les avocats et les magistratsdans ladministration de la justice

    13, 14 et 15 dcembre 2012Universit Internationale de CatalogneCalle Immaculada, 22

    08017 BARCELONE - ESPAGNE

    Renseignements : 00 34 650 451 738

    [email protected] 2012-795

  • Lenrichissement illicite doit tre traqu, lesdispositifs anti-corruption renforcs.Ceux qui bafouent les droits des salaris et deleurs reprsentants, ceux qui pitinent toutesles rgles de scurit doivent tre poursuivis etsanctionns.Il ne faut plus que nous soyons montrs du doigtpar lOCDE, comme ne mettant pas tout enuvre pour lutter contre ce type dedlinquance.Cest ses choix de politique pnale que nousjugerons le gouvernement auquel vousappartenez.

    Les contrles didentit

    Dans sa proposition n30, le futur PrsidentFranois Hollande sest engag lutter contrele dlit de facis dans les contrles didentit,grce une procdure respectueuse descitoyens.

    Cet engagement haute porte symbolique estintervenu aprs des annes durant lesquellesdes organisations nationales et internationalesont publi de nombreux rapports mettant enlumire les drives des contrles didentit enFrance, y compris le contrle au facis.Ces drives dgradent la relation entre la policeet la population et provoquent le sentiment,pour les victimes de ces contrles, d'treconsidres comme des citoyens de secondezone. En outre, dans de nombreux cas, ils sontattentatoires plusieurs liberts et droitsfondamentaux : libert d'aller et venir, droit lasret, droit la protection de la vie prive et la non- discrimination.La proposition n30 du Prsident reprsente unengagement de faire respecter l'tat de droit etde rtablir un juste quilibre entre la capacitpour les agents de remplir leurs missions et laprotection des liberts fondamentales. Ilreprsente aussi un engagement de restaurer lasrnit entre police et population etd'amliorer, par l mme, la scurit de tous.

    La position exprime par Manuel Valls dansson discours du 19 septembre2012, relative auxmesures mettre en place pour mener biencette rforme des contrles didentit, je larappelle pour mmoire: Aprs discussions et changes nourris, il mesemble qu'il ne faut pas compliquer, de maniredraisonnable, le travail des policiers et desgendarmes sur le terrain. J'ai du respect pour lasincrit des promoteurs de la dlivrance d'unrcpiss chaque contrle d'identit. Jemaintiendrai le dialogue avec eux. Mais, il mesemble trs difficile de retenir leur proposition,en dfinitive peu dveloppe l'tranger. Elle seraitbeaucoup trop bureaucratique et lourde grer,et porteuse de difficults juridiques nouvelles entermes de traabilit des dplacements et deconstitution de nouveaux fichiers-est particulirement regrettable et inquitante.Dautant quelle intervient aprs un dbat publicrducteur, focalis principalement sur lesrcpisss de contrle, vhiculant de faussesides sur ceux-ci et alors quaucuneexprimentation na t mene dans notre pays.Pourtant, les expriences ralises ailleurs ontclairement dmontr la possibilit, la fois derduire la prvalence des pratiquesdiscriminatoires et d'amliorer lefficacit descontrles de police. Elles sont mmeunanimement salues par les polices trangresqui les pratiquent.Pour russir, un fort engagement politique, ainsiquun ensemble de mesures, sont ncessaires.Le ministre de la Justice ne doit pas abandonnerce terrain au seul ministre de lintrieur.La dlivrance dun rcpiss aprs un contrleconstitue en effet un lment important dundispositif visant rduire les contrles au facis,mais elle ne sera pas suffisante. Une rformeplus globale est ncessaire : rforme de la loiencadrant les contrles didentit (article78-2ducode de procdure pnale), suivi des contrlespar les superviseurs et cadres policiers,rencontres rgulires entre les citoyens, la policeet les lus pour discuter de la pratique des

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    Vie du droit

    REPRES

    Pour les Avocats, la Justice cest maintenant!

    Les Avocats du SAF ressententau quotidien lurgence duchangement: -pour les travailleurs confronts la violence de la criseconomique et la prcaritcroissante;-pour les locataires subissantlaugmentation du cot delnergie et du logement devenuinsoutenable;-pour les trangers dont lesdroits lmentaires ne sonttoujours pas respects;-pour les justiciables quiptissent du manque demoyens, de dlaisincomprhensibles et de laccsrestreint au droit;-pour les citoyens qui seheurtent une justice pnale ola rparation et la rinsertionrestent secondaires au regard dela logique scuritaireLes lections de mai et juin 2012ont clos lexprience des annesdun pouvoir qui a brutalis la

    socit, servi les plus favorisset dnatur les valeursrpublicaines par son idologiescuritaire, identitaire etxnophobe. Aprs 10 ans passs parer les mauvais coups,lexigence de construire unesocit de droits et de justice estvive, lexpectative duchangement persistante.Pourtant, tout semble sedrouler comme si la nouvellemajorit navait pas pris lamesure de lurgence. Si la justice semble pargnepar les coupes budgtaires, lesefforts sont insuffisants, tant lesbesoins sont grands et lesretards importants. Labrogationdes lois attentatoires auxliberts en matire pnale ouaux droits des trangers necote rien.Sauf poursuivre les politiquesantrieures, la rponse nepourra pas se limiter quelquesannonces non suivies dactes:

    on ne lgifre pas par circulaire!Les rformes dcisives ne seferont pas la veille denouvelles lections, lorsque laconfrontation avec une droitepopuliste et xnophobe sera son paroxysme.La gauche au pouvoir doitprendre des dcisionsemblmatiques et assumer deschoix gnreux pour construireune France de libert, dgalitet de justice.Avocats de France, acteurs duchangement pour une socitplus juste, nous rappelons lamajorit ses engagements etnous resterons toujoursmobiliss contre les atteintesaux droits et liberts. Nousserons force de propositionsdans la conqute de nouveauxdroits. Nous investirons denouveaux champs daction pourbtir une profession quipermette tous les justiciablesdavoir un gal accs au droit.

    (RE)CONQURIR DES DROITS

    Nous dfendons un droit dutravail qui ne doit pas trecantonn au terrain delindemnisation deslicenciements conomiquesabusifs que les entreprises secontentent de provisionner. Ledroit du travail doit au contrairepermettre un contrle judiciaireprventif et la mise en cause desresponsabilits au niveau de laprise des dcisions dans le cadredes groupes.La tentation de faire voluer langociation collective vers desaccords qui permettraient desacrifier le droit des salaris aurespect de leur contrat de travailsur lautel dune comptitivitallgue par les entreprises,sans contrle, est alarmante.Un renforcement des sanctionsdes abus en matire deprcarisation de lemploi est enoutre indispensable. La

    jurisprudence noffre en ltatactuel quune indemnisationtrs insuffisante et nondissuasive, alors que le maintiendans lemploi doit simposer.Nous poursuivrons nos actionspour dnoncer lindigence desmoyens de la justiceprudhomale, conduisant desdlais de procdure qui ont tjugs maintes reprises, cetteanne, comme constituant undni de justice et une fauteengageant la responsabilit delEtat. Le budget pour 2013 nepermet aucune mesure denature remdier cettesituation pourtant urgente etcritique. De laccs au jugeprudhomal dpend aussilapplication effective du codedu travail.

    1. En matire deconsommation logementLe Droit Au LogementOpposable, incluant le droit

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    Pascale Taelman et Christiane Taubira

  • contrles, formation amenant les agents rflchir sur les objectifs des contrles d'identitet en user avec discernement.Aprs des annes de chasse au chiffre, qui aincontestablement induit la multiplication descontrles injustifis, nous pouvions esprer lamise en place dune politique diffrente et dundispositif appropri.Les rcpisss de contrle rendraient plustransparente la faon dont ceux-ci sonteffectus, de mme qu'ils permettraient d'enfinir avec la situation anormale qui perdure ce jour, savoir l'absence de toute tracematrielle, de tout enregistrement physique descontrles d'identit.Avec ces documents, conus pour viter toutfichage, l'institution policire disposerait aussidun lment objectif pour dmontrer l'absencede discrimination ou de harclement dansl'exercice de ses pratiques, dans la mesure o ilspourraient confirmer les raisons objectives dechaque contrle.Notons, avec satisfaction que, dans son rapportdu 16octobre2012, le Dfenseur des droitsconclut, sur la base des expriences trangres,que la mise en place de rcpisss entrane unediminution quantitative des contrles didentit ... (et) ces contrles moins nombreux se rvlentpar contre beaucoup plus pertinents .

    Afin de dvelopper un dispositif appropri, ilest impratif que les divers acteursconcerns-associations, experts, lus locaux,magistrats et avocats, ainsi que le ministre dela Justice-soient consults et impliqus.Le SAF entend rester particulirement vigilantet actif sur cette question; les actions portesdevant le juge de la Rpublique, par desplaignants soutenus notamment par des avocatsdu SAF, en raison de contrles au facishumiliants et injustifis, sont emblmatiquesde cet engagement.

    Lasile

    Ce droit doit imprativement revenir sous la tutellede votre ministre. La confusion volontairemententretenue par le prcdent gouvernement entreasile et immigration a toujours t dnonce parle SAF. Lasile est un droit, consacr par un texteinternational ratifi par la France, et doit le rester;en tant que tel, sa mise en oeuvre et sareconnaissance doivent relever de la Chancellerie,et pas du ministre de lIntrieur.La procdure doit sans doute tre toilette, etnous avons dj eu loccasion dinsister auprsde votre ministre sur notre souhait dtre

    consults avant la publication du futur dcretissu du rapport Vigouroux.Les importantes difficults rencontres depuisplusieurs annes au sein de la Cour Nationaledu Droit dAsile, et apparues au grand jour loccasion du mouvement de protestations desavocats en mai/juin 2012, ont conduites lanomination dun mdiateur en la personne deMonsieur Jean-Marie Delarue.Ses constatations devraient, je lespre, aboutir ce que le dialogue puisse tre rinstaur ausein de cette juridiction, la plus grande deFrance, entre les diffrents intervenants qui sont,chacun leur niveau, indispensables au bonfonctionnement de ltat de droit, dans unematire particulirement sensible et concernantles justiciables les plus vulnrables. Les avocatsintervenant devant cette juridiction ne doivent,pas plus que devant une autre juridiction, tresoumis des pressions, intimidations ouprocdures visant brider leur libert dedfense.Les rcentes festivits entourant le 60meanniversaire de la Juridiction nous ont encorelaiss un got amer, tant la place de la dfensey a t totalement ignore, voire nie.Dans cette matire aussi, il est plus que tempsde rappeler que le justiciable, en lespce ledemandeur dasile, et sa parole, doiventretrouver toute leur place.Nanmoins, tant que la question de lasile resteratroitement lie celle de limmigration,considre comme un problme pour nossocits et non comme un droit fondamental,les valeurs qui ont t la fiert de notre pays sentrouveront gravement atteintes.

    Aurore Martin

    La remise dAurore Martin aux autoritsespagnoles : Madame le Garde des Sceaux,comment pourrions-nous admettre que ce soitun gouvernement de gauche qui livre lune de

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    Vie du droit

    lhbergement durgence, est undroit fondamental qui doitprvaloir sur les contraintesbudgtaires, sans quil y ait lieude justifier de la dtresse decelui qui vit dans la rue. Lerfr libert doit nouspermettre de conqurir denouveaux droits.

    2. En matire de droitsdes trangersMalgr le retour de la gauche aupouvoir, la premire mesurelgislative dbattue, relative auxdroits des trangers, estlinstauration dun rgimedexception de privation delibert offrant moins degaranties quaux personnessouponnes dinfraction. Cergime est inquitant,notamment parce quil neprvoit pas en ltat lassurancede lintervention dune autoritjudiciaire indpendante dans undlai permettant un contrleeffectif de la mesure de retenue.Nous dnonons le manque decourage du gouvernement qui,prtendant abroger le dlit desolidarit, a maintenu lapossibilit de poursuivre lesaidants.

    3. En matire de luttecontre les discriminationsLabandon du rcpiss ducontrle didentit, destin lutter contre les contrles aufacies, pourtant exprimentavec succs dans de grandesdmocraties, est plus queregrettable.La mise en uvre dunevritable concertation nationaleassociant les syndicats et lesassociations afin de dgager unconsensus sur la faon derestaurer les rapports police-citoyens, de faire cesser unediscrimination raciale et demettre en place des outilspermettant de lutterefficacement contre lescontrles abusifs, en lesplaant sous lgide et lecontrle des procureurs de laRpublique et dunecommission nationale chargede veiller au respect de ladontologie dans la police, estincontournable.

    La rforme du cadre juridiquedes contrles didentit, en lesplaant exclusivement sous lecontrle de lautorit judiciaire,est indispensable.

    4. En matire de droitde la familleLa dgradation des moyensmatriels et humains mis ladisposition de la justice familialela prive de la capacit d'apporterun traitement global, qualitatif etdurable aux conflits familiaux.L'approche exclusivementconomique qui a prsid larorganisation de la juridictionfamiliale a par ailleurs conduit l'explosion du contentieux, enrendant par exemple ncessairela saisine complmentaire dujuge des enfants, faute d'enqutesociale ou en entranant dessaisines rcurrentes du juge auxaffaires familiales.Nous relevons galement lesdisparits proccupantes detraitement des justiciables selonles ressorts (dlaisd'audiencement, dlaid'expdition des dcisions, accsaux expertises et aux traitementspost-sententiels, rponseapporte aux violencesconjugales et politique pnalefamiliale...).

    5. En matire pnaleIl est urgent dabroger les loisliberticides, au premier rang

    desquelles la loi rtention desret ainsi que les lois sur larcidive, notamment les peinesplancher, comme sy taitengage lactuelle majorit, sansattendre la mise en place ou lesconclusions de groupes detravail.Il faut en finir avec lasurpopulation carcrale et lesconditions de dtentions plusindignes que jamais.La majorit doit rompredfinitivement aveclemprisonnement commepnalit de rfrence,concentrer les moyens sur lesalternatives relles lincarcration, faire delamnagement de peine unprincipe effectif, prendre encharge dignement lesdtenusLa remise dAurore Martin auxautorits espagnoles pour laseule manifestation duneopinion dmontre la ncessitimprieuse de prendre unmoratoire sur la mise excution de tous les mandatsdarrt europens par la France.Lharmonisation desincriminations dans lespaceeuropen est un pralable

    indispensable la mise enuvre reposant sur uneconfiance mutuelle ncessaireentre Etats, la condition sinequa non de saccorder sur lesfaits constitutifs dinfractionspnales.

    LEFFECTIVIT DES DROITS

    Laccs effectif au droit et lajustice des populations seheurtant aux difficults socialesest un impratif de cohsionsocitale.Il impose une rforme de fonddu systme de laidejuridictionnelle permettant auxavocats de rpondre cettemission en recevant unermunration adapte auxexigences dcoute,dorganisation et de qualit querequiert ce public souventfragilis.Lengagement de lEtat restefondamental, mais le SAF nestpas oppos la recherche definancements complmentaires.Il prend acte de lengagementdu Garde des Sceaux desupprimer en 2014 lacontribution pour laidejuridique.

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  • ses citoyennes un autre pays, pour des faitsqui ne sont pas punissables en France ?Comment pourrions-nous admettre que ce queClaude Gueant na pas os faire, ce soit ManuelValls, puis, sous votre autorit, le parquet gnralprs la Cour dAppel de Pau, qui le fassent?Pourtant, aux termes de larticle695-22 du codede procdure pnale, lexcution dun mandatdarrt europen doit tre refuse sil a t misdans le but de poursuivre une personne enraison, notamment, de ses opinions politiquesou quil peut tre port atteinte sa situationpour cette raison.Je vous disais notre attachement au droit dasile;que peut-on penser dun pays qui ne reconnatmme pas ce droit ses propres ressortissants,dans son propre pays?LEurope ne peut tout excuser et ce type decompromission est, pour nous, inacceptable.

    La retenue administrativeet la rtention

    des trangers en famille

    Le SAF stait pris rver: le droit europencensure le droit interne au moment o unenouvelle majorit politique accde au pouvoir;quelle plus belle occasion de repenser le droitdes trangers en France? Mais il nen sera rien.La Cour europenne des Droits de lhommejuge quon ne peut pas placer en rtention desfamilles avec enfants.Immdiatement, le

    Ministre de lIntrieur prend une circulaire pourmettre en place une alternative peine moinscoercitive, pour laquelle il est aussi dclinnombre dexceptions.La Cour de justice de lUnion europenne jugeque la garde vue nest pas possible du seul faitdu sjour irrgulier qui ne saurait conduire lemprisonnement Qu cela ne tienne, onprsente un projet de loi qui cre une retenueadministrative de 16 heures (10 heures selon unamendement du rapporteur du texte au Snat,renouvelable pour 6 heures), sans les droitsaffrents la garde vue (lAvocat ne pourraitpas assister aux auditions de la personneretenue!) et, cynisme absolu, on substitue audlit de sjour irrgulier celui dentre irrgulire,qui, par le jeu de la prescription, pourra treoppos pendant trois ans!Elle est pas belle la vie?Alors oui, Madame le Garde des Sceaux, le SAFest dj bien du.

    Le mariage homosexuelet lhomoparentalit

    Voil un sujet de socit sur lequel il nousappartiendra de prendre position.Si le mariage des homosexuels nous semblelgitime dans une socit dmocratique fondesur la libert et lgalit, ladoption et laprocration mdicalement assiste sont autantde questions complexes qui ne pourront plus

    tre ludes, mais ne font pas lunanimit, mmedans nos rangs.Cest le statut de lenfant et non celui du droit lenfant qui doit tre pos, ce qui peut nousconduire repenser compltement la notionde ladoption, non plus comme cratrice dunlien de filiation, mais dun lien de parentalit.Lexamen du projet de loi ayant t report aumois de janvier 2013, il appartiendra auprochain conseil syndical, avec lappui du travailde la commission famille , de prendreposition.

    Laction de groupe

    Vous vous tes dclare, Madame le Garde desSceaux, favorable sa mise en uvre dans notredroit positif.Depuis de nombreuses annes, le SAF a faitentendre sa voix en faveur de ce nouveauchamp du droit, permettant laccs un droiteffectif, rquilibrant le rapport de force entreles professionnels et les consommateurs, seulcapable de contrer les transgressions impactmesur.Le SAF sest prononc en faveur de loption optout, seule mme de permettre la rparationeffective pour le plus grand nombre.Nous savons lintrt que vous portez cettequestion. Nous attendons avec impatience leprojet de loi annonc et, ici encore, noussommes votre disposition pour apporter notrecontribution.

    8 Les Annonces de la Seine - lundi 19 novembre 2012 - numro 69

    Vie du droit

    REPRES

    Budget 2013 : appel des professionnels de la justiceaux parlementaires

    Nous, fonctionnaires duministre de la justice,surveillants et directeurs deprison, conseillers dinsertion etde probation, greffiers,ducateurs de la protectionjudiciaire de la jeunesse,magistrats et avocats,reprsents par les syndicatssuivants : SNESPJJ, SAF, CGTJUSTICE PJJ, SNEPAP FSU, CGTPENITENTIAIRE, SYNDICAT DE LAMAGISTRATURE, SNDP, SJA,SOLIDAIRES JUSTICE et ANJAP,rappelons ltat catastrophiquedu service public de la justiceque nous dnonons depuis desannes ; nous demandons que lapriorit reconnue aujourdhui setraduise par un renforcementdes effectifs et une prise encompte des besoins rels enfrais de fonctionnement ; nousappelons le gouvernement et leparlement faire des choix

    cohrents au regard delinsuffisance du budget allou,par exemple en cessant devouloir donner une rponsepnale toute infraction et enrevenant lindividualisation despeines.Sagissant des juridictionsjudiciaires, la crationannonce de 142 emplois demagistrats etfonctionnaires ne peutcompenser les suppressionsdemplois de magistrats de cesdernires annes (121uniquement pour les magistratsentre 2009 et 2011). Dans lemme temps sont entres envigueur des rformesimportantes pour les libertscomme le contrle delhospitalisation doffice sansaucune cration relledemplois. Les juges des tutellesne parviennent pas faire la

    rvision des mesures deprotection desmajeurs qui doit intervenir avantle 31 dcembre 2013. Lasituation des parquets estdevenue plus critiqueencore depuis lindispensablerforme de la garde vue alorsmme que la France na que 3procureurs pour 100 000habitants, pour 6,4 enAllemagne, 7,7 en Belgique, ou13,9 au PortugalLes 812 recrutements prvuspour les fonctionnaires excdent peine les 760 dparts enretraite attendusdans lanne, alors que leffectifrel global des fonctionnaires at rduit de 173 entre 2009 et2012. Lapnurie de personnel va donccontinuer entraner desrductions des horairesdouverture au public, des dlais

    de notification trop importantset des conditions de travailinsupportables pour lesfonctionnaires confronts enpremire ligne limpatiencedes usagers. Le montant desfrais de justice impays (experts,enquteurs sociaux) sestaccru bien au del de la lgreaugmentation prvue pour ceposte, et les crdits defonctionnement sont totalementinsuffisants au regard desbesoins : depuis octobre, bonnombre de juridictions nontplus de papier pour imprimerleurs jugements

    A la Protection Judiciaire de laJeunesse, aprs la suppressionde 600 emplois, 75 au maximumseront recrs en 2013. Si cesemplois restent bienvenus, ilsne vont pas bouleverser lefonctionnement des services

    malmens depuis longtemps.Ces nouveaux emplois devraientservir en partie, rpondre auraccourcissement des dlais deprise en charge en milieu ouvertramens cinq jours par la loidexcution des peines. Ce dlaiest actuellement de 11 jours enmoyenne, ce qui permet demesurer le niveau actuel desurcharge des services. De plus,la priorit au Milieu Ouvertannonce par le ministre estcontredite par uneventilation contestable desemplois opre par la directionde la PJJ. Alors que le bilan desCEF est en cours, 7 vont encoreouvrir dont 6 par transformationde foyers ducatifs avec 3 en2013. En plus de ces ouverturesqui vont mobiliser des emploisdducateurs, la direction de laPJJ annonce la gnralisation tous les CEF publics du label

    Le secteur de la justice a t dfini par le gouvernement comme prioritaire et de fait ce budget est en progression de 4,3%, comportant descrations demplois, contrairement la plupart des autres ministres. Compte tenu de ltat catastrophique du service public de la justice lasuite du prcdent quinquennat (rduction des effectifs par la refonte dsastreuse de la carte judiciaire, absence de crdits de fonctionnement,engloutissement des moyens dans la machine pnale et linflation carcrale) cette priorit ne fait que masquer la misre.Certes les projets de construction pharaoniques de 25 000 places de prison sont abandonns et la place de la protection judiciaire de la jeunesseest (un peu) restaure : mais les quelques emplois crs ne suffiront pas rtablir un service public dvast. Par ailleurs, la taxe de 35 eurosest maintenue pour cette anne

  • Lavocat en entreprise

    Madame le Garde des Sceaux, Monsieur lePrsident du CNB, nous nen voulonsrsolument pas, pas plus que nous ne voulonsde linterprofessionnalit dexercice. Et ce nestpas parce que nous ne saurions pas pouser lesvolutions socitales ; cest parce que noussommes attachs aux principes fondateurs denotre profession, que nous laimons et que nousne voulons pas la voir sacrifier sur lhtel de larentabilit et du march.

    Monsieur le btonnier Castelain ne revendiquepas dautre lgitimit ce glissement quil appellede ses vux. Encore rcemment, au congrsde lACE, il nous expliquait que, dans la mesureo les deux tiers du chiffre daffaires de laprofession viendraient du conseil, il ny auraitfinalement pas lieu discussion.Linterprofessionnalit capitalistique et destructures simposerait nous, tout commelavocat en entreprise. Pourtant, la majorit de la profession a dj euloccasion de se prononcer de nombreusesreprises contre ce projet. Et ce ne sont passeulement les avocats du judiciaire, ces gagne-

    petit qui ne reprsentent quun tiers du chiffredaffaires de la profession qui y sont opposs;ce sont tous ceux qui ont encore une idethique de la profession et pas exclusivementcommerciale; ce sont ceux qui pensent que leconflit dintrt peut devenir insurmontablequand on est salari de son seul client, ce sontceux pour qui lindpendance intellectuelle etmatrielle est une condition absolue de lexercicede la profession dAvocat.Non, les principes dindpendance, de libert,de dontologie que nous revendiquons et quisont incompatibles avec lAvocat en entreprise,ne sont pas des combats dun autre temps. Certains prtendent que lAvocat collaborateurne serait pas plus indpendant des exigencesde son patron que le futur avocat en entreprisene le serait de lentreprise qui lemploie.Excusez-moi, mais la diffrence est de taille;lAvocat collaborateur dun autre Avocat, si tantest quil vive une certaine dpendance, voit celle-ci circonscrite au sein de lavocature, encadrepar les rgles de la profession, sous le contrledu btonnier. La dpendance vis--vis duneentreprise, qui serait notre unique employeur,est de toute autre nature et avec de toutes autresconsquences.Rappelons la rsolution adopte par le CNB le12dcembre2008: Lindpendance de lAvocat est une exigence deltat de droit qui garantit un accs effectif auxconseils juridiques et la prservation des droits,en assurant un conseil et une dfense libres.Lindpendance de lavocat est pour lui un devoiret pour son client un droit

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    sant mentale , une partiedes emplois cres depsychologues sera donc utilise cet effet ainsi que la moitides mesures catgorielles sousforme de primes auxpersonnels.Pour ce qui concerne lefonctionnement, les crdits enaugmentation de 18 Millionsd'Euros sont absorbs par leremboursement des impayscumuls depuis des annes, enparticulier aux ServicesAssociatifs Habilits et lapoursuite du programmeimmobilier des CEF. Lefonctionnement quotidien seradonc bien moins financ qu'en2012 : la priorit lducationreste donc sans moyens, ce quine permet absolument pas degarantir lefficacit et la qualitde lexercice des missionsducatives.

    Sagissant de la juridictionadministrative, le budget 2013prvoit la cration de 40 emploiset une quasi stagnation descrdits de fonctionnement. Celane permettra pas de faire face la forte augmentation ducontentieux relatif la situationdes trangers, conscutive ladernire loi sur limmigration du16 juin 2011,et aux autres contentieux dits de masse tels que ceux relatifsau droit au logement, auxprestations sociales ou aupermis de conduire. Celapermettra encore moinsdanticiper les chargesjuridictionnellessupplmentaires qui se profilent

    (par exemple le projet de loirelatif la retenue pourvrification du droit au sjour etle projet de dcretramnageant le contentieuxsocial des juridictionsadministratives). Les dlais dejugement devraient, dans cesconditions, se dgrader. Lasurcharge de certainesjuridictions, notamment cellesqui ont un ou plusieurs centresde rtention administrative dansleur ressort, va saggraver. Celaintervient dans un contexte ola remise en cause du rle durapporteur public constitue djune dgradation des standardsde qualit de la juridictionadministrative.

    Sagissant de la dfense, lebudget consacr la dfensedes plus dmunis estnotoirement insuffisant, et cedautant plus que chaqueanne, les avocats doiventassurer de nouvelles missionsde dfense moyens constants.Ainsi en est-il de la rforme delhospitalisation doffice, de laprocdure disciplinaire dans leslieux de dtention par exemple.Lindemnisation des missions dedfense est si indigente quellene permet pas aux avocatsdexercer convenablement leursmissions, crant ainsi unejustice deux vitesses.La rforme de la garde vue quipermet enfin aux justiciablesdtre assists dun avocat lorsde leurs auditions souffre elleaussi dun budget insuffisant etnest pas correctement finance.Si nul nignore les contraintes

    budgtaires qui psentaujourdhui sur leGouvernement, il estindispensable quil proposeenfin une grande rforme delaide judiciaire, notammentpour une modification des seuilsdoctroi de laide juridictionnelledont sont exclus aujourdhuibon nombre de justiciables auxressources modestes.

    Concernant ladministrationpnitentiaire, les syndicats sontinquiets de constater undcalage entre les engagementsde campagne lectorale ducandidat Hollande devant lesFranais et le budget proposqui ne permettra pas de tenir lesorientations souhaites.Si nous sommes en accord avecune politique visant diminuerle nombre de personnesdtenues par le recours plusdalternatives lincarcration etdamnagements de peines, leniveau demploi propos pourladministration pnitentiaire nepermettra pas dans le cadredune loi de finances sur troisans, de suivre enmilieu ouvert les personnesjuges mais non incarcres, nidimpulser une politiquersolument oriente vers laprparation la sortie dans lestablissements : aucun emploinouveau pour le renforcementdes organigrammes existantsdes personnels de surveillance administratifs et techniques ; etseulement 41 emploissupplmentaires dans la filireinsertion et probation.Sauf recourir toujours plus

    dexternalisation de missionssans autre rflexion surlarticulation despolitiques publiques ce quednoncent les syndicatssignataires , nous voyons malcomment augmenterdavantage les ratios de prises encharge dj intolrables.Nous sommes par ailleurstonns de constater enparallle quaucune dflationpnale ne soit ce jourenvisage ainsi quun retard soitpris lgard des engagementsdabroger certaines loisadoptes par leprcdent gouvernement :peines planchers, peines desret, restrictions doctroi de lalibrationconditionnelle Enfin, nousdplorons le peu de contraintesimposes aux procureurs parune circulaire depolitique pnale trs loigne dela rvolution que certains ontannonce.Sagissant du parc immobilier deladministration pnitentiaire,les syndicats signataires seflicitent du choixde suspendre le projet duprcdent gouvernement quicrait encore plus dusinescarcrales, et ceci dans lecadre de partenariats publicsprivs amputant le budgetJustice de manire totalementirresponsable. Enfin, sinous sommes satisfaits de cechoix fait par la ministre, noussommes impatients deconnatre la vision deMadame TAUBIRA sur lacartographie pnitentiaire en

    lien avec la politique pnalequelle entend mener. Ilreste en effet un certain nombredtablissements vtustes remplacer, et une rflexion defond avoir surlimplantation et larchitecturedes futures structures.Les syndicats constatent ensuitequinscrit dans un cadrebudgtaire nationalextrmement contraint, le projetde loi de finances pour 2013 nepermettra pas de marges demanoeuvre sur le voletstatutaire et indemnitairepour rpondre la questionprgnante du pouvoir dachatdes fonctionnairespnitentiaires.Malgr un budget daustrit, laministre aurait pu et du donnerdes signes clairs de changementsur unensemble de thmatiques quine cotent rien : rnovation despratiques de management,rflexion sur lesmissions, les formations initialeset continues, les rythmes detravail, les pratiquesprofessionnelles,labrogation de dispositifs prispar le prcdent gouvernementet rejets par les personnels,etc. Elle ne lapas fait, participant ainsi unenouvelle vague dedmobilisation professionnelleet de doute envers nosgouvernants. Aucune claireperspective de changementnest propose. De ce point devue, il ny a plus detemps perdre, des actes fortsdoivent tre pris.

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    Pascale Taelman, Christiane Taubira et Philippe Duron

  • LAvocat doit prserver une indpendanceabsolue, aussi bien matriellementquintellectuellement, exempte de toutes pressionset notamment de celles rsultant de ses propresintrts ou dinfluences extrieuresLAvocat doit refuser toutes instructions contraires ses propres critres professionnels quelle quensoit lorigine.LAvocat ne peut exercer nulle autre professionou activit de nature porter atteinte sonindpendance. Doit-on considrer que ceci est dpass? Non,cest le fondement de notre statut professionnel.Ne loublions jamais.Les juristes en entreprise qui revendiquent letitre dAvocat nous disent: nayez pas peur,nous ne plaiderons pas.Mais nous navons pas peur, nous disonssimplement quun Avocat est un tout; quil nestpas question de voir diviser la profession enAvocats de plein exercice et en Avocats avec desattributions diffrentes (pas de plaidoiries, pas lemme secret professionnel, pas dindpendance,pas de contrle ordinal absolu).Si le renforcement de la place du droit et doncde lAvocat dans lentreprise ne fait pas dbat,ou plus exactement fait consensus, cest la faondy parvenir qui clive.Aucune rgle de droit ni de dontologie nesoppose aujourdhui ce quun avocat libral etindpendant consacre lessentiel de son temps etde son activit aux besoins juridiques duneentreprise et mette au service de celle-ci laplnitude de ses attributions, de ses comptences,de son indpendance, de sa dontologie et de saresponsabilit, contre le rglement dhonoraireslibrement ngocis. Rien ne soppose ce quelavocat en question reprsente son client-entreprise dans quelque ngociation juridiqueque ce soit, y compris au niveau europen, ni ce quil participe activement et troitement lastratgie juridique de lentreprise : ce nest pasde moi, ce nest pas mme du SAF, cest deBenoit Van de Moortel, ancien Btonnier deRouen, ancien membre de la commission rgles et usages du CNB, dans sacontribution aux dbats du CNB, le26mars2010. Je vous invite tous relire cetteexcellente contribution, dans laquelle nous nousretrouvons pleinement.Alors, non, nous ne voulons pas devenir descommerants, nous ne voulons pas du one

    stop shopping , nous ne voulons pas tresalaris de commerants, nous voulons resterAvocats, au sein dune seule profession, uniedans sa diversit, avec une seule dontologie,un seul secret professionnel reposant sur notreindpendance et notre rglementationspcifique.

    Numerus clausus,accs la profession et formation

    Ces trois questions sont intimement lies.Madame le btonnier de Paris, vous avez, cett, dit votre proccupation de voir arriver denouvelles recrues dans la profession alors que,dans le mme temps, la profession se pauprise.Sans voquer ouvertement le numerus clausus,vous avez dit votre souhait de trouver unesolution pour limiter laccs la profession, aumoins provisoirement. Vous avez renouvelcette proccupation lors du congrs de lACE.Le SAF a toujours t oppos au numerusclausus et nous navons pas chang davis. Toutesles professions qui sy sont essay ont puconstater que ctait un chec; bref dlai, desdserts gographiques sont susceptibles de secrer et laccs au droit pour tous gravementcompromis.De la mme manire, vous avez saisi madamele Garde des Sceaux pour lui demanderdabroger le dcret passerelle du 3avril2012. Le SAF sest toujours dclar favorable louverture de notre profession ds lors quuncertain nombre de critres clairement dfinistaient remplis. Ainsi, si nous avons t trschoqus de la date laquelle ce dcret a tpris, la veille de changements importants dansla vie politique de notre pays, de son caractreopportuniste, nous pensons que, ds lorsque des critres prcis garantissent la formationet la matrise de nos rgles dontologiques, laprofession na pas tre replie sur elle-mme.Cest dans cette logique que pour notre part,nous souhaitions que le dcret passerellesoit, non pas abrog, mais modifi en ce queseuls les anciens dputs, snateurs et ministres,titulaires dune matrise en droit, ayantrellement particip llaboration de la loi etse soumettant un examen de dontologie,puissent accder la profession davocat. Cela

    est chose faite, nous nous en rjouissons.Par contre, nous ne comprenons pas que desdocteurs en droit puissent tre exempts ducursus normal daccs la profession. Sil estlgitime de disposer dune filire pratique(passerelles) avec examen de dontologie, lafilire universitaire doit tre la mme pour tous.Reste encore la question de la formation dufutur avocat. Les champs dapprentissagedoivent tre tendus et diversifis; de nouveauxdomaines doivent tre explors et mieuxexploits: le droit de lentreprise, laction degroupe, la rparation des prjudices corporels,le droit des trangers, le droit rural qui pourraitaccompagner certains mouvements de retour la terre sont autant de domaines pourlesquelles la culture gnrale, et donc la curiositdu futur avocat, nest pas assez dveloppe.La suppression du stage post CAPA a aussi tune erreur. Je le dis dautant plus tranquillementque le SAF y avait t favorable. Cependant,force est de constater que cette suppression,souhaite pour viter que de jeunes confrresne se retrouvent sur le pav, sans stage, a conduit des installations dans des conditions la limitede la dignit, sans vritable contrle de nosordres, et nuit gravement la formation deterrain et la transmission des valeurs de notreprofession.Enfin, la question de la transmission de noscabinets, notamment par lintgration descollaborateurs, est une question cruciale pournotre avenir. Au lieu de multiplier les petitesstructures, sans infrastructures ni moyens dedveloppement, la mutualisation, au sein destructures taille humaine mais assurant laprennit des cabinets et leur viabilit dans debonnes conditions, est une garantie dedveloppement pour chacun.En un mot comme en cent, cest la culture delavocat quil faut promouvoir mais a ne semblepas dans lair du temps!

    Conclusion

    Ce rapport na pas la prtention dtre exhaustif,mais jai promis de ne pas tre trop longue,souhaitant que le dbat puisse trouver sa placeet le temps est donc venu pour moi de tirer marvrence et de laisser la place au congrs, puisau nouveau conseil syndical et bureau qui ensortiront lus.Je voudrais toutefois ajouter que les membresdu SAF ont vot, lors des dernires lections,pour un gouvernement de gauche, capable,nous lesprions, de rompre avec la logique dutout scuritaire et de redonner lavocat toutesa place dans la cit, sa fonction sociale.Le Syndicat des Avocats de France souhaite qupartir de choix lgislatifs nouveaux etcourageux, linstitution judiciaire retrouve safonction de rgulation sociale en rpondant, demanire effective et diffrencie, aux diffrendsdordre priv et aux troubles lordre public.Nous voulons que les moyens soient mis enuvre pour que la Justice soit, dans des dlaisraisonnables et cohrents, un facteur de paix etde justice sociale.Cest une philosophie du vivre ensemble quilfaut reconstruire travers ltat de droit.Nous esprons vivement ne pas tre dus.

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    Christian Charrire-Bournazel, Pascale Taelman et Christiane Taubira

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    Entretien

    Jean-Ren Tancrde: Quelles sont les principalesactions que vous entendez mener au cours de votremandat si vous tes lue?S.D.G: Si je suis lue, c'est en qualit de Vice-Btonnier aux cots de Frdric Sicard enqualit de Btonnier. Dans le cadre de lacampagne pour l'lection, nous proposons surle plan institutionnel une rpartition encohrence avec les textes d'ores et djapplicables et ceux qui entreront en applicationle 1er janvier2014. Plus particulirement, le Vice-Btonnier ne sigeraau Conseil de lOrdre qu'avec voix consultative.Aux termes des textes, le Btonnier est chargde reprsenter l'ensemble du Barreau tant enFrance qu' l'Etranger il est galement depuisquelques annes Vice-Prsident de droit duConseil National des Barreaux, il est galementautorit de poursuite. De fait, il apparat que pourun barreau de 25000membres, le Btonnier nepeut plus tre effectivement le premierconfident des confrres et ce d'autant que l'arrtde la Cour de Cassation du 22septembre2011a jug qu'un courrier chang entre un Avocatet les autorits ordinales (sans pour autantprciser qui est l'autorit ordinale) n'est pascouvert par la confidentialit des changes entreAvocats. C'est pourquoi nous proposons que le Vice-Btonnier soit ce premier confident ncessaire,en charge des avis qui sont donns aux confrres,que ce soit en dontologie ou en toute autrematire ds lors que le confrre sollicite unconseil ou un avis. Cette structuration estconforme aux textes existants et ne ncessiteaucune modification textuelle. Elle permettra derapprocher l'ordre des Confrres puisqu'il ne serapas l seulement pour sanctionner mais aussipour accueillir et conseiller en toute impartialit,

    ce qui est une exigence indispensable pour moi,l'ordre n'est pas l pour quelques confrres quicroient y avoir leurs entres, il est au service duBarreau dans son ensemble.Cette rpartition des fonctions nous paratessentielle pour la prennisation de l'existencedu Vice-Btonnier Paris.La dontologie est et doit demeurer ce quiconstitue notre identit propre. Quelque soitl'activit que nous exercions, conseil,contentieux, la dontologie est la mme et c'estce qui fonde l'unit de notre Barreau.Auprs de nos clients, notre comptence c'estnotre crdibilit, la dontologie c'est la scuritque nous leur offrons. Que ce soit dans le conseilou le contentieux, nous dlivrons une prestationindpendante, en dehors de tout conflit d'intrtet couverte par le secret professionnel. Cettespcificit, qui est celle des seuls Avocats,conduit reconnatre que nous dlivrons devritables biens de confiance.La dontologie doit tre au cur de notreactivit et constitue un vritable avantageconcurrentiel par rapport nos concurrentspotentiels. Nous devons en avoir une parfaitematrise et la faire connatre, c'est pourquoi nousproposons la cration Paris d'un institut dedontologie en charge de l'enseignement,l'criture d'un support de cours, de la doctrineet de la publication de la jurisprudence. Pourtre incontestable, notre dontologie doit avoirune constance qui s'inscrive dans la dure etl'impartialit. Certaines rgles et notamment celles du conflitd'intrt doivent tre clarifies et le secretprofessionnel, dict au seul profit de nos clients,doit tre clairement dfini pour tre utilementdfendu.Il y a Paris un creuset exceptionnel constitupar les 5000avis dontologiques rendus chaqueanne, le comit d'thique devra galementparticiper ces travaux.Notre programme riche de mesures concrtesest aussi et surtout tourn vers l'emploi descollaborateurs. Nous sommes la dernire professionrglemente qui ne dispose d'aucune statistiquesd'emploi des confrres : o sont-ils ? Que font-ils ?Nous ne disposons que d'lments chiffrs trsparcellaires : on sait que 40,9% des Avocatsparisiens sont collaborateurs, ce qui dmontreque la collaboration librale se poursuit au-deldes 5premires annes d'exercice, or notre RINne prvoit rien ce titre. Il est indispensable deconstruire le statut de la collaboration seniorqui est une ralit de notre profession.De plus pendant cette priode conomiquedifficile il appartient l'Ordre aussi depromouvoir l'emploi. Nous proposons decentraliser l'Ordre l'ensemble des demandeset offres de collaboration afin de mettre unterme leur parpillement actuel. Non seulement cet outil sera immdiatementutile aux confrres, mais permettra galement

    d'avoir une photographie exacte de l'activit denotre profession avec une connaissance dessecteurs qui recrutent et de ceux qui sontsaturs, de la dure exacte de la non activit d'unconfrre qui change de collaboration, ce quioffrira la possibilit, au regard de chiffrestangibles de proposer une modification del ladure de la couverture assurance perte decollaboration. Des mesures pratiques, utilesimmdiatement, et indispensables long terme.

    J-R.T: Le secret professionnel est indispensable auxdroits de la dfense, comment voyez-vous sonavenir? Votre confrre Pascal Saint Geniest,Btonnier de Toulouse, la voqu lors de la Rentrede son Barreau ce 12octobre2012 (voir LesAnnonces de la Seine du 22octobre2012).S.D.G: Comme l'a justement rappel le BtonnierSaint Geniest lors de la rentre du Barreau deToulouse, le secret professionnel estindispensable aux droits de la dfense et passeulement dans le cadre du contentieux, lesdroits de la dfense existent galement lorsquenous dlivrons des conseils nos clients. Il doittre dfendu, sans concession, l'heure de langociation de la quatrime directive anti-blanchiment.

    J-R.T: Quelles sont les incidences du RPVA dans lesrelations quotidiennes entre Avocatset Magistrats?S.D.G : Le RPVA est un nouvel outilindispensable au regard des nouvellestechnologies de communication, il a pourinconvnient de virtualiser les relations avecles Magistrats et galement avec les confrres.Rien ne peut remplacer le contacte humainentre professionnels de la justice et l'ordre devray veiller par l'organisation rgulires derencontres vocations professionnelles maisaussi quelque peu festives, les commissionsouvertes sont un vecteur indispensable aumaintien de ces contacts.

    J-R.T; Que proposez-vous aux Avocats pour largirleur champ dactivits?S.D.G : Depuis plusieurs annes, les champsd'activits ont t tendus, il ne me semble passouhaitable de les tendre plus au regard denotre dontologie. Il faut renforcer noscomptences et investir les domaines qui noussont naturels o nous sommes absents. Parexemple la Cour de Justice de l'UnionEuropenne 90% des dossiers impliquant laFrance sont traits par nos Confrres Belges.Il est indispensable que nous soyons prsentsdevant cette juridiction et nous proposerons, sinous sommes lus, de crer un bureau de laDBF Luxembourg pour en faciliter l'accs nos confrres parisiens ou non.

    Propos recueillis le 13 novembre 2012 par Jean-Ren Tancrde

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    Les Entretiens Juridiques de ChartresHtellerie Saint-Yves - 16 novembre 2012

    Entre dfense et droitspar Sylvie Leroy-Nomblot

    e vous remercie de l'intrt que vous portez notre Barreau qui se traduit par votreprsence aujourd'hui.Monsieur le Dfenseur des droits,notre Barreau est trs honor de votre

    prsence et je vous remercie d'avoir acceptnotre invitation.Le Barreau de Chartres est riche de la diversitde ses 140Avocats judiciaires et juridiques.C'est un Barreau jeune avec une moyenne d'gede 42 ans compos de 79 femmes et61hommes.J'arrive au terme de mon mandat de Btonnier.Je vous remercie, chers confrres, de m'avoiraccord votre confiance il y a deux ans, j'ai essayde rpondre vos attentes et de vousaccompagner dans cette priode de rformeset d'volution de notre profession qui semodernise et s'adapte cette course lgislative.

    La dtermination du Barreau a permis, dsle 15avril2011, le lendemain de la nouvelleloi relative la garde vue d'tre prsent. Jetiens souligner propos de cette rforme, laqualit de la collaboration que le Barreauentretient avec Monsieur le Procureur et lesMagistrats du Parquet ainsi qu'avec les Officiers

    de police judiciaire et de gendarmerie dudpartement.Les Avocats ont fait face une autre rformeimportante, celle de la Cour d'Appel : au1er janvier est effectivement intervenuela suppression des Avous aprs la rforme dela procdure devant la Cour d'Appel par le dcretMagendie du 9dcembre2009 applicable au1erjanvier2011. Les Avocats et Juges de la Courd'Appel ralisent un parcours du combattantcompte tenu de la complexit des dlaismultiples et de la complexit de cette procdure.Pendant l'anne 2011 les Btonniers des4 Barreaux de la Cour ont t reus parMonsieur le Premier Prsident pour anticiperles significations et changes des actes parrseaux dmatrialiss prvus au 1er janvier2013et faciliter la cohrence de cette nouvelleprocdure.Au mois de janvier2012 nous tions prts maisla Chancellerie, qui une fois encore a dmontrqu'elle n'apportait pas les moyens ncessaires la mise en oeuvre de ses rformes, a fait savoirque toute convention serait nulle Mais nous persistons Magistrats, Greffiers etAvocats travailler ensemble travers deschanges intressants, parfois fermes maistoujours dans lintrt des justiciables.Ces rencontres, Monsieur le Premier Prsident,ont t trs enrichissantes. Je vous remercie devotre coute quant aux difficults rencontrespar les Avocats qui sont bien conscients desmoyens insuffisants de la justice mais s'adaptent.

    En Eure et Loir les Tribunaux d'Instance etde Grande Instance ont d faire face auxpostes vacants de magistrats et de Greffiers.

    Les changes entre Juges, Greffiers et Avocatsont ainsi permis que soit toujours rendue unejustice de qualit, rsultat d'une comprhensionmutuelle.Madame la Prsidente, Monsieur le Procureur,le Barreau vous a donc attendu, suite auxdparts simultans de Monsieur le ProcureurPeyroux et Monsieur le Prsident Seither auprintemps2012, avec autant d'impatience etd'espoir que les Magistrats et les Greffiers.Je vous remercie de la qualit de nos changesdepuis votre arrive et le Barreau partage votrevolont de favoriser une justice humaine car lesmoyens technologiques ne doivent tre qu'unoutil d'amlioration au bon fonctionnement dela Justice.Je regrette de terminer mon mandat car j'auraiaim collaborer plus longtemps avec vous maismon successeur Christian Mercier, qui a djt Btonnier, possde des qualits hauteurde son exprience et le souci que progressel'institution judiciaire.Je tiens souligner que nous avons toujours eula chance Chartres que les Avocats et lesMagistrats assurent, chacun leur fonction, dansle respect et la courtoisie.Mes prdcesseurs ont t toujours favorables ces bonnes relations et je suis sre qu'ellesperdureront.

    REPRES

    Jai encore rv delle* (extraits)

    J'ai encore besoin d'elleDeux ans, c'est triste mais elle s'en va Moi je ne voyais qu'elle,Jntais qu'un jeune avocat,Tout plein d'espoirJuste pour ce soir

    On est mont sur scneIl ne manquait que toiUne soire pleine d'motions Grce ta subvention

    Si je pouvais tre convi, djeuner Une pizza partagerUn jeudi par moisJust' entre elle et moiA la, maison de l'avocatPour se dire, gnangnan et blablabla

    J'avais vot pour elleT'avais pas le choix (2 groupe aigu) Elle tait tellement belleC'est donc pour a (2ne groupe aigu) Je kiffe Matre LeroyJ'en connais trois (2 groupe aigu) Aujourd'hui elle s'en vaMais remets-toi (2 groupe aigu)Tout plein despoirJuste pour ce soir

    Si tu pouvais me relooker, d'la tte au pied Dans tout le perche tu es envieJ'aime ton brushing,Tes bottes cloutesA Nogent, oui la mode c'est toiEt demain ()* par le Jeune Barreau de Chartres

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    Sylvie Leroy-Nomblot

    Dominique Baudis, Dfenseur des Droits, tait vendredi dernier linvit dhonneur de la Btonnire chartraine Sylvie Leroy-Nomblot, ce prestigieux invit a prsent lAutorit Constitutionnelle, charge de veiller la protection des Droits et desLiberts et de promouvoir lEgalit, quil prside pour six ans depuis le 23 juin 2011 . Son intervention a suscit lintrt desparticipants qui lui ont pos de nombreuses questions. Madame la Btonnire peut tre fire davoir mieux fait connatre ses confrres cette belle Institution quest le Dfenseur des Droits qui tient dsormais une place importante dans le respectdes quilibres dmocratiques de notre pays. Jean-Ren Tancrde

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  • Les Annonces de la Seine - lundi 19 novembre 2012 - numro 69 13

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    Deux annes de Btonnat c'est uneparenthse dans une carrire d'Avocat.On s'endort et on se rveille en pensant sonBarreau.Ce sont deux annes riches avec des momentsexceptionnels, d'autres douloureux car notreBarreau est une grande famille et nouspartageons nos peines.Je souhaite ajouter qu'en ma qualit deBtonnier j'ai beaucoup apprci les changesque j'ai eu avec les Autorits de ce dpartement,les responsables des Chambres des Huissiers,des Notaires, des Experts Comptables,notamment et chacun de leurs membres ainsiqu'avec la Chambre de commerce ou desMtiers dont nous sommes partenaires.Merci encore aux anciens Btonniers et auxmembres du Conseil de l'Ordre pour votreparticipation active et prcieuse, nossecrtaires, vous tous mes Chers Confrres.C'est grce toutes nos forces runies que notreBarreau vit avec un tel dynamisme.

    Les Avocats sont conscients que leurcomptence est lie une ncessit deformation.Le nombre important de Confrres prsentsaujourd'hui dmontre notre volont d'tre desacteurs dynamiques dans notre Socitconfronte une crise conomique sansprcdent et des mutations profondes.Les Avocats, face cette volution s'ouvrent de nouveaux champs d'activit et confronts la djudiciarisation s'organisent pour proposerdes modes de rglements alternatifs aux conflitsauxquels sont confronts nos clients.Avocats de Province, nous constatons aussi quela prcarit s'aggrave. Notre profession atoujours t prsente pour assister les plusdmunis et nous sommes intresss de mieux

    connaitre cette nouvelle institution duDfenseur des droits.Votre nom, Monsieur le Dfenseur des droitsest compos de deux mots chers auxAvocats: dfense et droits.La dfense, c'est l'essence de notre Profession.Avec vous, Monsieur Baudis, nous avonsdonc un point commun: assurer la dfense.L'Avocat, auxiliaire de Justice assure la dfense detous dans le respect de notre dontologie, desvaleurs essentielles de notre Profession,particulirement dans le respect de l'indpendance,du secret professionnel et de la probit.Comme votre Institution, nous aidons les plusdmunis en dpit de moyens trop souventinsuffisants.L'Avocat ne mne pas des combats corporatifsmais doit tre le garant des droits et des liberts.La profession s'est flicite de la loi du14 avril 2011 permettant l'assistance del'Avocat aux cts des personnes prives delibert tout au long de la garde vue quiconstitue une grande avance.Certes, cette loi mrite d'tre encore amliore.L'Avocat a vocation d'tre aux cts des citoyenschaque fois qu'ils subissent une atteinte leursdroits ou leur libert.Et, les Avocats sont soucieux d'assurer aussi unedfense de qualit aux justiciables quibnficient de l'accs au Droit.Force est de constater que le systme de l'aidejuridictionnelle est aujourd'hui bout desouffle. Pourtant, il est essentiel dans un Etatde droit de maintenir l'accs la Justice pourtous.

    L'autre mot composant votre nom c'estDroits.Dans notre socit, de plus en plus mercantileo le droit tend devenir une marchandise,

    l'Avocat, profession rglemente, permet lascurisation des relations contractuelles tantpour les entreprises que pour les particuliers.L'Avocat est l pour conseiller, apporter sescomptences en tous domaines.La vocation du Dfenseur des Droits estgalement de veiller la dfense des droitsdes citoyens dmunis face une socit deplus en plus hostile pour les plus faibles telsles enfants, les victimes de discrimination.La loi organique du 29mars2011 a cr leDfenseur des Droits, issue de la fusion de4 autorits existantes : Mdiateur de laRpublique, Dfenseur des Enfants,Commission Nationale de Dontologie de laScurit, la Haute Autorit de Lutte contre lesDiscriminations et pour l'Egalit.Dans votre rapport de 2011, MonsieurBaudis, vous avez insist sur la ncessit pourla Rpublique d'offrir chacun un nouveaumoyen de mieux faire respecter ses droits etses liberts grce cette nouvelle institutionouverte tous, dote de pouvoirs juridiquesplus tendus.Vous constituez, Monsieur le Dfenseur desDroits, un espoir et je vous remercie vivementde nous exposer aujourd'hui vos actions ainsique les modalits d'intervention du Dfenseurdes Droits dans chaque dpartement etcomment les Avocats pourraient utilementintervenir vos cts.La Profession a en effet ralis avec votreinstitution une convention signe avec leConseil National des Barreaux le 3mars2012.Cependant, jai pu constater que le Dfenseurdes Droits tait une institution encore tropmconnue.

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    Dominique Baudis, Christian Mercier, Sylvie Leroy-Nomblot,Patrice Ollivier-Maurel, Franoise Barbier-Chassaing, Alain Nue et Elisabeth Gayet

  • 14 Les Annonces de la Seine - lundi 19 novembre 2012 - numro 69

    Vie du droit

    Ce 15 novembre 2012, Charles Vallea prsid le diner inaugural du Cercle Dalloz qui sest droul dansles salons de lHtel Luttia-Concorde Paris, pour clbrer la fondation de cetteAssociation rgie par la loi du 1er juillet 1901qui a pour but le partage et la diffusion dessavoirs et des expriences juridiques .Son invit dhonneur tait le Procureur Gnralprs la Cour de Cassation qui est intervenu surle thme de Lavenir du Parquet la franaise .Sa brillante intervention a suscit lintrt desprestigieux invits convis par les deux co-fondateurs Charles Valle et Luc Barbier.Ce fut loccasion pour Jean-Claude Marin derappeler que par son statut de magistrat, leMinistre Public, dans sa missiondindividualisation de faon impartiale delapplication de la loi et de