Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
EDITO 2
PARIS FACE À
SES DÉFIS
PAR
CAROLINE PROTAT, PRESIDENTE DE ON’
Ses musées, ses terrasses, ses quais, son His-toire ; nous avons toutes et tous une raison d'aimer Paris. Parisiens d'origine ou parisiens d'adoption, Paris est notre maison, du moins, pour un moment de notre vie. En tant que média des étudiants de Paris, il nous a semblé indispensable de nous intéres-ser à la « ville lumière », et plus encore en période électorale, décisive pour les six pro-chaines années de la capitale. Même les amoureux de la ville doivent l'ad-mettre ; Paris a encore bien des défis à rele-ver. Sécurité, habitat, propreté, transport, ou encore écologie, le maître mots des cam-pagnes pour les municipales : le ou la futur résident.e de l'Hôtel de ville est attendu au tournant et devra se retrousser les manches pour répondre aux espoirs des parisiens.
Quel avenir pour Paris ? A quoi ressemblera notre ville dans vingt ans ? Comment pourra-t-elle continuer à rayonner tout en faisant face aux problèmes de société et de climat qui se trouveront sur sa route ? Autant de question auxquelles tentent de ré-pondre nos journalistes-étudiant.e.s dans ce deuxième numéro de « A demain ! ». Car finalement, ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui feront les villes de demain.
Très bonne lecture !
le média étudiant de Paris, c’est aussi:
UN WEBZINE
Avec près de 130 rédacteurs qui
fournissent chaque jour jusqu’à cinq
contenus, et 30 000 visiteurs uniques
lisent le journal tous les mois.
DU PODCAST
Une équipe de passionés se réunis-
sent pour produire de nombreux
podcasts natifs: ArtShe, 9m², Ça
Cart’on, Humans of Sorbonne...
DE LA VIDEO
Interviews politiques des candidats à
l’élection présidentielle 2017, aux
élections municipales 2020, un for-
mat dédié au handicap...
DE LA FORMATION
Venez vous former au cours de nos
modules professionnalisants ou
lors des Ateliers du journalisme.
UNE EQUIPE
Une communauté issue de toutes
les universités parisiennes, passion-
née par le journalisme.
DU TERRAIN
Le festival de Cannes, le festival off
d’Avignon, les expositions, les avant-
premières, les manifestations…
SOMMAIRE 3
KEZAKO 4
CAPTURE D’ÉCRAN 5
FOCUS SUR 6 7 8
UN AUTRE REGARD 9
SOLEIL VERT 10
GÉNÉRATION ∞ 11
Paris, c’est quoi?
De la révolution industrielle à la révolution
artistique: Glasgow
Les élections municipales 2020
Léa Morfoisse
Vers un Paris plus vert
L’impact du Grand Paris sur les étudiants
Directrice de la publication: Caroline Protat
Directeur de la rédaction: Tom Malki
Créatrice de la ligne éditoriale: Laura Eisenstein
Rédacteurs: Claire Blondiaux, Jesse Eko, Aymeric de Tarlé, Martin Muñoz Ledo, Pablo de Berli
Rédactrice en chef: Laura Blairet
Rédacteur en chef adjoint: Paul Philipon
Caricaturiste: Charles Fery
LA RÉDACTION
Mook édité par l’association
50 rue des Tournelles, 75003 Paris
Tél.: 06 49 73 08 23 [email protected]
Imprimé par Chroma Print, 66 rue de Miromesnil 75008
Paris
KEZAKO 4
Plantons le décor…
Paris c’est 105,40 km² répartis en 20 arrondissements, ce
qui ne sera plus le cas dans 20 ans avec la fusion des 4
premiers en un seul en 2020. C’est une ville-département,
la préfecture d’Île-de-France, le siège de la métropole du
Grand-Paris, et, j’espère que je ne vous apprends rien, la
capitale de la France. La maire, depuis 2014 : Anne Hidal-
go. Ce qui pourrait potentiellement changer en 2020…
suspens !
Qui sont les Parisiens ?
La ville comptait aux dernières nouvelles (2016) 2 210 875
habitants, en baisse par rapport à 2011 (2 274 880). Selon
l’INSEE, ce déficit est dû non pas à l’accroissement natu-
rel, mais à une fuite des Parisiens : « Dans la capitale, le
solde naturel ne suffit plus à compenser le déficit migra-
toire, dont la contribution à l’évolution démographique
s’élève à - 1,0 % en moyenne annuelle de 2010 à 2015 ».
En moyenne, le Parisien typique a entre 25 et 59 ans
(50,6% des cas) et gagne mieux sa vie que dans le reste de
la France : la médiane du niveau de vie, c’est-à-dire le re-
venu disponible d’un ménage est de 26 808 €, contre
20 150 € en France. Un chiffre qui cache de grandes dispa-
rités…
Les inégalités, on en parle ?
14%, c’est le taux de pauvreté à Paris. Concrète-
ment, c’est « la proportion de personnes dont le re-
venu est inférieur au seuil de pauvreté, c’est-à-dire la
moitié du revenu médian de la population totale »,
selon l’OCDE. Pour parler des inégalités entre les
arrondissements, on peut regarder plusieurs
chiffres. D’abord, le nombre de personnes bénéfi-
ciaires d’une aide sociale (CASVP) : c’est dans le 20e
arrondissement que l’on en trouve le plus, près de
30 000, contre un peu plus de 1 000 dans le 1er.
Deuxième indice, le prix des loyers, qui varie beau-
coup en fonction des arrondissements. Selon une
étude droit-finances, en moyenne, le prix du m²
s’élève dans Paris à 9 500€. Là où il atteint jusqu’à
13 000€ dans certains arrondissements (6e), il peut
descendre jusqu’à moins de 8 000 dans le 19e. Avec
ses chiffres il est très facile de s’expliquer pourquoi,
selon la même étude, 61% des Parisiens sont loca-
taires.
Laura Blairet
« Paris sera toujours Paris », disait Frédéric Dard. Mais la ville est-elle vrai-
ment condamnée à rester la même à jamais ? C’est à cette question que nous
tenterons de répondre dans ce numéro. Mais pour commencer notre déambu-
lation à travers le métro et les faubourgs, le long des quais et des boulevards,
il faut bien un point de départ. Alors le voici : en deux mots, Paris, c’est quoi ?
PARIS
52 av. JC
Bataille de Lutèce dans
le cadre de la Guerre
des Gaules
508 ap. JC
Clovis roi des Francs
choisi Paris comme ca-
pitale de son royaume
Chronologie réalisée par Martin Muñoz Ledo
1160
Début de la construc-
tion de la cathédrale
Notre Dame de Paris
1202
Première mention de
la forteresse du
Louvre
CAPTURE D’ÉCRAN 5
La ville au service de l’art C’est en fuyant son industrialisation qu’elle en découvre la richesse. L’art, du pays, du continent, du monde, il afflue et porte avec lui autant de cultures inconnues. Les oeuvres nordiques et asiatiques particulièrement capti-vent l’attention des jeunes. De cet intérêt naît la Glasgow School, un cercle d’artistes partageant une esthétique commune. différents groupes de par leur profession de peintre, designer ou architecte s’y distinguent: les Glas-gow Boys, les Glasgow Girls et la Spook School. Reconnus en Écosse puis en Europe, ils impulsent le renouveau ar-tistique qu’incarnent les mouvements Arts and Crafts, Art Nouveau et Bauhaus. L’art au service de la ville Ayant acquis une certaine renommée le chef de file de la Spook School, Charles Rennie Mackintosh, s’investit à la fin du XIXe siècle dans un projet de construction colossal: la Glasgow School of Art. Dédiée à un enseignement de l’art par la pratique, les élèves sont encouragés à prendre possession de leur ville. Apparaissent alors parmi les usines et les lotissements des réalisations architecturales et picturales conciliant de façon unique l’industrie et l’art.
Une ville riche de ses résidents Aujourd’hui encore, de nombreux jeunes se rendent à Glas-
gow avec la volonté d’innover dans leur domaine. C’est le
cas de mon frère Stephen, étudiant l’architecture et le de-
sign, qui un temps côtoya la Glasgow Shchool of Art. En se
promenant dans la ville il fut confronté à son rapport parti-
culier à l’espace. En effet, présentes en nombre restreint les
oeuvres d’art sont tout de même misent en valeur par de
bas bâtiments suivant le tracé logique d’une grille, comme à
New York. Ainsi, bien que vaste on a le sentiment de se trou-
ver dans une ville à « échelle humaine ».
À l’issue d’un dialogue entre la ville de Glasgow et la popula-tion de Glasgow un équilibre fut atteint. Bien que de « Paris » on ait crée le terme « parisien » c’est à eux qu’il revient de créer Paris. La réponse étant venu des rues à Glasgow je veux croire qu’il en sera de même à Paris. Le futur se construira « hors les murs » comme les oeuvres d’art exposées dans la capitale à l’occasion de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain). Artistique, écologique, sociale ou politique ce seront les actions des parisiens qui demain feront Paris.
Jesse Eko Ebongue
De la révolution industrielle à la
révolution artistique: Glasgow
À quoi ressemblera Paris dans 20 ans ? Pour moi, la réponse est évidente et se trouve à Glasgow il y a 200 ans. À la façon de Paris, en 1820 Glasgow rayonne. La révolution indus-trielle ne fait que commencer et pourtant la ville écossaise se démarque par le nombre de secteurs recouvert par ses industries : coton, papier, savon, verre. Indispensable, elle attire des travailleurs venant de l’ensemble du Royaume-Uni faisant d’elle la « Seconde ville de l’Empire Britannique ». Néanmoins, précaire, la jeunesse cherche encore sa place dans cette société désormais mondialisée.
1257
Robert de Sorbon
fonde le collège de la
Sorbonne
1764
Première pierre posée
de l’Eglise Sainte-
Geneviève, futur Pan-
théon
14 juillet 1789
Prise des Invalides et
de la Bastille, journée
phare de la Révolution
Française
1871
Commune de Paris, ad-
ministration autonome
de la ville pour 2 mois
FOCUS SUR 6
Hidalgo, ou le dessin d’une alliance avant celui d’un programme de gouvernance
Anne Hidalgo a toujours refusé les cases prédéfinies. Elle ne se réclame pas du parti socia-
liste mais plutôt « de gauche, social-démocrate, écolo et européenne ». Si son programme
n’est pas encore tout à fait défini, elle dessine déjà les contours d’une possible alliance de
gouvernance. Voulant être à la tête d’une « candidature de coalition », elle tend la main
au parti présidentiel, La République En Marche (LREM), contre l’avis de ses soutiens à
gauche. Pour l’avenir, pas d’annonce concrète si ce n’est un point commun avec de nom-
breux candidats : les voies sur berge de Paris, aujourd’hui piétonnes et emblématiques de
la ville, resteront fermées à la circulation pendant très longtemps.
Danielle Simmonet : Un Paris qui se construit avec des concertations à tous les niveaux
C’est la candidate des changements sociaux à Paris, celle qui propose notamment de redon-
ner à la mairie le soin de figer les prix des loyers afin d’éviter ce qu’elle nomme « l’exode
social », mais aussi celle qui prône une égalité parfaite des hommes et des femmes, notam-
ment dans les représentants élus. C’est aussi la candidate qui est allée jusqu’à remettre sa
position à la tête de la liste de La France Insoumise (LFI) dans les mains d’un collectif citoyen
« Décidons nous-même », qui l’a confortée dans sa candidature et lui donné un binôme,
Vikash Dhorasou, samedi 9 novembre 2019. A l’image de sa campagne, elle axe son pro-
gramme sur une concertation constante avec les Parisien.ne.s. Elle souhaite pour se faire
mettre en place des RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) dès une demande de 5% des
inscrits sur les listes. De quoi répondre à une demande de plus en plus forte de participation
populaire plus présente en politique.
Les élections municipales 2020
Du 15 au 22 mars prochains auront lieu les élections muni-
cipales pour la mairie de Paris. L’occasion pour les Parisiens de choisir leur nouveau maire, et le conseil municipal qui ira avec.
L’occasion pour les grandes familles politiques de briguer un des
postes clefs de la gouvernance française. Les enjeux, notamment
écologiques, sont énormes. Avec quelles conséquences pour le Paris du futur ? A la rédaction, nous nous sommes amusés à dé-
cortiquer pour vous les différents cas de figure.
1889
Inauguration de la Tour
Eiffel dans le cadre de l’
Exposition Universelle
1900
Ligne 1 du métropoli-
tain mise en service
1910
Crue centennale de la
Seine
25 août 1944
Libération de la ville du
joug du régime nazi
7 Un mélange de sécurité et d’innovation dans le Paris de demain, c'est le programme de
Buzyn
Agnès Buzyn, nouvelle candidate officielle de LREM, mise quant à elle sur des mesures qui
pourront satisfaire tout le monde. Dun côté, afin de courtiser les électeurs potentiels de la
droite, elle veut une police municipale armée. De l’autre, une politique plus axée sur l’éco-logie, pourquoi pas en utilisant, comme le propose déjà son ex-camarade de LREM, l’intelli-
gence artificielle. Pour Agnès Buzyn, « l’urgence c’est une ville qui fonctionne », peu im-
porte donc si son programme n’est pas très original. Elle est d’ailleurs dénoncée par ses
opposants sur ce point, ainsi Rachida Dati sur Franceinfo lui prête « une qualité indéniable, elle apprend vite à copier le programme des autres ». Si aux élections européennes LREM a
obtenu un score de 33 % dans la capitale, les chances de succès de la candidate Buzyn ne
sont pas plus élevées que celles de son prédécesseur à l’investiture de LREM, avec toujours
17% à 19% dans les sondages. Mais elle compte bien réussir là où Benjamin Griveaux avait échoué: rallier tout l’électorat de LREM et donc la candidature de son grand rival: Cédric
Villani.
Le Paris de Villani, un avenir entre écologie et démocratie
La candidature de Cédric Villani est pour le moins audacieuse. Ce député LREM s’est présen-
té à la mairie de Paris contre son collègue Benjamin Griveaux, alors qu’il s’était engagé par
écrit à soutenir le candidat investi par son parti. Parmi ses propositions ressortent souvent
les thèmes de la démocratie et de l’écologie : en effet, il propose de doubler l’investisse-
ment pour le climat, créer des rues « zéro déchet » ou encore constituer une « Agora » pou-
vant interpeller le Conseil de Paris. Côté éducation et culture, Villani souhaite étendre les
horaires d’ouverture des bibliothèques et des crèches parisiennes. Enfin, il faut souligner
qu’il promet de tirer au sort 48 colistiers parmi les Parisien.ne.s qui inscriraient leur candida-
ture sur son site internet… qui en compte aujourd’hui à peine une centaine. Si le candidat
mise autant sur la démocratie et l’écologie, c’est parce qu’il doit se démarquer de ses ri-
vaux, et en particulier de la nouvelle candidate de LREM, Agnès Buzyn.
Rachida Dati espère un Paris plus surveillé et une police mieux équipée, pour la sécuri-
té de tous…
La candidate à la tête de la liste des Républicains (LR) met elle l’accent sur la sécurité.
Pour se faire, elle propose notamment une « police municipale armée qui affectée en
priorité à la lutte contre la délinquance du quotidien » (selon son propre programme).
Mais la candidate s’inquiète aussi de la santé des parisiens, en proposant notamment un
plan « air sain pour nos enfants », qu’elle relie à ses ambitions écologiques, autour d’un
aménagement de capteurs de pollution et de purificateurs d’air des bâtiments accueil-
lant un public dit « fragile ». C’est avec ce double objectif de sécurité et de santé que
Rachida Dati s’attaque aux bois de Boulogne et de Vincennes, qu’elle veut nettoyer et
rendre « plus parisiens », en y installant des caméras de surveillance et des antennes de
police de à côté de chaque bois. Pour une touche plus familiale, elle souhaite les doter
de parcours de santé.
1968
Mouvement majeur de
contestation sociale, no-
tamment étudiant
1971
La Sorbonne éclatée en
13 universités
1977
Jacques Chirac élu pre-
mier maire de Paris
2024
Paris accueille les Jeux
Olympiques pour la troi-
sième fois dans son his-
toire
8
Plus une voiture dans la capitale de demain pour David Belliard
Selon David Belliard, un des problèmes majeurs de Paris est la voiture, il confie ainsi
au Point : « 50% de [la] superficie [de Paris] est consacrée à la voiture qui représente
13% des déplacements ». Il suggère ainsi d’investir dans les modes de transports moins polluants, comme un tramway reliant les principales gares parisiennes
(Austerlitz, Lyon, Montparnasse, Est et Nord). Le candidat d’Europe Ecologie Les
Verts (EELV) souhaite également la multiplication par 10 du nombre d’arceaux à
vélo, de piétoniser les abords de 300 écoles mais également la gratuité des trans-ports pour les moins de 26 ans. Pour limiter la pollution de la capitale, David Belliard
propose également d’interdire la construction de nouveaux hôtels afin d’éviter le
tourisme de masse et de rentabiliser l’offre existante. En plus de son combat écolo-
gique, le candidat propose des mesures sociales, comme la transformation des bu-reaux vides en logement peu chers, ainsi qu’un pacte d’accueil entre Paris et l’Etat
pour accueillir les migrants de façon pérenne.
Le Paris du futur, icône de la mode et de la propreté, c’est l’eldorado de Bournazel
C’est le souhait du candidat Pierre-Yves Bournazel, du parti Agir (centre-droit). Même si, comme Rachida Dati et Benjamin Griveaux, il met l’accent sur la sécurité en proposant des mesures fermes, c’est surtout sur la propreté de la ville que le candidat se démarque. En effet, il propose la mise en place de caméras de surveillance dédiées au contrôle de la dégradation de l’espace public des travaux d’intérêts généraux tournés principalement vers la propreté de la ville ou encore la privatisation de la collecte des ordures de la capi-tale. Rendre la ville plus belle, ça passe aussi par l’arrêt du bétonnage systématique et la limitation des déchets en plastique, en supprimant ce matériau des cantines par exemple. Le candidat propose également plus de services disponibles dans la capitale, et surtout plus longtemps : l’ouverture des crèches jusqu’à 19h30, des bibliothèques le dimanche et le soir, ainsi qu’un service minimal des crèches et écoles en cas de grèves.
Un Paris sauvé in-extremis de la « tiers-mondisation » par Serge Federbusch
Pour le candidat soutenu par le Rassemblement National (RN), il faut agir au
plus vite contre la menace qui pèse sur la capitale : une arrivée massive de mi-
grants que l’on laisse pour-compte dans certains quartiers de Paris, ce qui
donne lieu selon lui à de véritables bidonvilles, désastres écologiques et sani-
taires, puisqu’ils apporteraient aux Parisiens des maladies telles que la coque-
luche par exemple. De plus, Paris en lui-même serait en train de se transformer
de l’intérieur et ce à cause des politiques de négligence vis-à-vis du patrimoine,
comme l’incendie de Notre-Dame en serait la preuve. Afin de sauver Paris de
cette menace, il propose tout simplement de couper les subventions aux asso-
ciations d’accueil des migrants. De même, pour éviter que Paris ne ressemble
trop au « New York des années 80 », il propose d’organiser des « rondes ci-
toyennes », sous l’égide de la police municipale pour lutter contre la délin-
quance, rien que ça. Mais n’ayez crainte si ce tableau de la vie parisienne vous
effraie car Serge Federbusch est là pour vous sauver de ce futur si sombre. Pour
ce faire, il est même prêt à braver les dangers et à se rendre « là où il y a vrai-
ment le pus, la crasse et les difficultés », c’est-à-dire Porte de la Chapelle.
Pable de Berli et Laura Blairet
UN AUTRE REGARD 9 Depuis quelques années, en se baladant dans les rues de Paris, on peut
remarquer çà et là des lieux assez atypiques, hybrides, à mi-chemin entre
un musée et un bar, une bibliothèque et un restaurant, un espace de tra-
vail et une arcade de jeux. Léa Morfoisse est Responsable du développe-
ment des projets urbains à « Ground Control », l’un des principaux tiers-
lieux de la capitale, situé à côté de Gare de Lyon ; elle nous parle de ces
extraterrestres qui s’immiscent dans nos façons de consommer.
Commençons par le commencement : comment peut-on
définir la notion de « tiers-lieux », quelles sont les princi-
pales caractéristiques de ces endroits ?
Je n’aime plus trop utiliser le mot « tiers-lieux », parce
que justement il n’est pas précis, un peu fourre-tout. Dans
le cas du Ground Control par exemple, on est surtout un
lieu culturel et d’animation qu’on pourrait qualifier d’hy-
bride autant dans le montage et le fonctionnement du
lieu mais aussi dans la programmation, en laissant tou-
jours de la place au spontané. C’est un lieu que l’on sou-
haite renouveler constamment et rendre accessible à
tous.
Peut-on considérer les Tiers Lieux comme une réponse à
une demande de nouveauté, dans la manière de con-
sommer de la part de la population ? Ou, au contraire,
ces lieux innovants ont-ils impulsé ce changement ?
C’est compliqué de déterminer dans quel sens ça s’est
passé. Ce qui est évident c’est que l’un renforce l’autre.
Ces lieux montrent qu’une consommation différente est
possible ainsi que le décloisonnement des espaces, c’est-à
-dire qu’on peut trouver au même endroit des lieux de
restauration, de consommation, de culture et divertisse-
ment. Mais la juxtaposition ne suffit pas ! la vraie richesse
c’est que ces différentes activités se nourrissent les unes
des autres.
On voit que de nombreux tiers lieux à Paris, comme la
Recyclerie et la Cité Fertile, mais aussi Ground Control,
ont une dimension écologique très forte, en privilégiant
notamment les circuits courts. Est-ce inhérent au tiers-
lieu ?
Je pense que oui. Car même si certains ne l’affichent pas
toujours comme un des premiers faire-valoir du lieu, les
tiers-lieux sont basés sur la mutualisation des ressources,
sur une entraide, un décloisonnement et, de fait, sur une
notion d’économie et d’efficacité. On cherche toujours
dans ces lieux à savoir comment consommer mieux et
avec moins, et surtout plus collectivement.
Le gouvernement a lancé un plan le 17 juin dernier
pour favoriser l’implantation des tiers lieux, avec pour
objectif de créer de nouveaux lieux ouverts au cowor-
king, avec une forte dimension numérique. Il est prêt
à mettre 450 millions d’euros dans la balance : qu’en
pensez-vous ?
C’est une très bonne idée. Beaucoup d’acteurs disent
même que c’est arrivé trop tard. Peut-être qu’il a fallu
plusieurs années d’expérimentation et de petits déve-
loppements pour que s’enclenche une dynamique au
niveau du ministère. En revanche, j’ai l’impression que
les aides de l’État sont surtout dirigées vers des lieux
liés au coworking, ce qui ne correspond pas complète-
ment à l’esprit du tiers-lieu. Il faut donc réfléchir à
comment on peut accompagner au mieux ces struc-
tures, en embrassant la diversité de ces lieux et sans se
focaliser uniquement sur la question des locations des
espaces de travail. Il faudrait aussi que les enveloppes
budgétaires allouées ne soient pas trop segmentées et
donc faibles par acteur, ce qui ne permettrait pas un
développement dans la durée.
Peut-on s’attendre à plus de présence des tiers lieux
dans le (Grand) Paris de demain ? Et en particulier, à
des développements de ces lieux en dehors de Paris
intramuros, comme la Cité Fertile qui a ouvert ses
portes à Pantin en 2018 ?
De nombreux tiers-lieux se développent en dehors de
Paris, et même en milieux ruraux. Ils sont un outil puis-
sant pour la revitalisation de ces territoires, car ils
créent des réseaux d’acteurs forts. À Ground Control,
nous travaillons sur un développement en dehors de
Paris, en 1ère et 2e couronne. C’est surtout là que la
présence de ces lieux aura le plus d’impact et de capa-
cité à transformer la ville (services, façon de consom-
mer, etc.). De plus, des enjeux de développement im-
portants sont concentrés dans ces zones, liés au Grand
Paris. Créer des lieux de partage et de rencontre ne se
décrète pas de facto, mais on peut espérer que cer-
tains réussiront ce pari et contribueront à des projets
urbains plus rassembleurs. Laura Blairet
Léa Morfoise
Terrasse extérieure du Ground Control,
@Léa Morfoisse
SOLEIL VERT 10
Vers
un Paris
+ vert ?
Passer moins de temps sous la douche, consommer local, arrêter d’acheter cer-tains produits : ces petits gestes sont à la portée de tous. Mais dans le cas de Paris, quels seront les projets réalisés par la ville dans les prochaines années pour réduire son empreinte carbone ?
Moyens de transport En septembre dernier, vingt-cinq nouveaux kilomètres de pistes cyclables ont été ouverts dans Paris par Anne Hidal-go, entraînant une arrivée massive de cyclistes (+82,6 % sur la piste du Quai François Mauriac, en comparaison avec 2018). Mais pour Gaspard Gantzer, cette révolution des transports ne doit pas s’arrêter là. Alliant la question écologique aux domaines politique et social, l’homme à la tête du mouvement « Parisiennes, Parisiens » imagine supprimer le périphérique qui entoure Paris. Situé à quatre kilomètres du centre, il serait « deux à trois fois plus polluant que le reste de Paris », infectant au passage les poumons des habitants. L’objectif : « réduire de 75% les émissions polluantes », « la pollution sonore », et « offrir 100 à 150 hectares d'espaces verts, paysagers ». Néanmoins, le candidat à la mairie de Paris ne compte pas « transformer [la ville] en immense champ de pâquerettes ». Projetant un étalement de son entreprise sur quinze ans, il souhaite développer la circulation de transports plus doux, comme le vélo et le tramway. Ouvert à une navigation fluviale à la Venise, Gaspard Gantzer se montre favorable au « Grand Paris Express », projet imaginant la création de quatre lignes de métro automatique autour de Paris, et l'extension de deux lignes existantes. Les entreprises s’engagent ! Le 7 novembre dernier, treize entreprises ont signé la
« Charte Paris Action Climat ». Mis en place en mars 2018,
ce plan d’actions vise à amoindrir l’empreinte carbone des
firmes françaises. Trois niveaux d’engagement sont pro-
posés aux soixante-dix inscrits : « argent » (pas d’objectif
imposé), « or » (sélection d’Objectifs de développement
durable) et « platine » (objectifs précis, et effets deman-
dés d’ici 2030). Trois à quatre réunions annuelles ont lieu ;
créant un lien entre les différentes entreprises, elles leur
permettent de discuter sur la mise en œuvre de leurs ob-
jectifs.
Une fois par an, une grande cérémonie récompensant les sociétés les plus performantes se tient à l’Hôtel de Ville. Elle sert également à ajuster le niveau d’engage-ment des membres déjà présents, tout en en accueil-lant de nouveaux. D’ici 2050, la Charte aspire à obtenir un Paris neutre en carbone et entièrement converti aux énergies re-nouvelables. « Architecture » rime avec… verdure ! Lancé par la ville de Paris et le C40 Cities Climate Lea-dership Group (organisation luttant contre le dérègle-ment climatique, rassemblant quatre-vingt-quatorze des plus grandes villes du monde) début 2018, le con-cours « Reinventing Cities » veut drastiquement modi-fier la porte de Montreuil. L’idée : qu’elle relie mieux Montreuil à Paris, tout en ayant une empreinte car-bone moindre. Nexity, Engie et Crédit agricole immo-bilier, lauréats de ce concours, ajouterons notam-ment 7000 mètres carrés de surfaces végétalisés au pied des immeubles, et créeront 1208 places vélos, tout en utilisant 80% de matériaux de construction venant d’Île-de-France. Cette action s’inscrit dans la continuité de projets semblables, comme « Réinventer Paris », « Réinven-ter la Seine » et « Inventons la métropole du Grand Paris ». Une dizaine de métropoles mondiales y parti-cipent (Chicago, Madrid, Milan, Montréal, Paris, Reyk-javik, Rio, San Francisco…), démontrant la montée de l’importance donnée à l’écologie dans l’architecture. Après l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril der-nier, plusieurs architectes ont imaginé des projets de reconstruction insolites pour son toit détruit. Tandis que le studio belge Miysis voit une verrière végétale moderne, le Français Marc Carbonare propose une gigantesque esplanade avec, en son centre, une flèche en pierre et une véritable forêt… dans 20 ans, c’est sûr : architecture et écologie iront désormais de pair !
Paul Philipon
GÉNÉRATION ∞ 11
Actuellement sur les 678 000 étudiants inscrits dans
l’une des trois académies que sont Paris, Créteil et
Versailles, 55% sont qualifiés de « navetteurs ». Cela
veut dire qu’ils utilisent un moyen de transport collec-
tif pour se rendre dans leur université ou école. Les
soixante-huit futures gares qui reliront des endroits
stratégiques permettront à près de 100 000 étudiants
de passer moins de temps dans les longs couloirs sou-
terrains du réseau francilien.
Une diversification des modes d’habitations
Il y a environ un siècle André Honnorat, ministre de
l’instruction publique, venait d’obtenir un crédit de la
Chambre des députés pour la création de logements
étudiants. Quelques années plus tard la Cité Universi-
taire de Paris voyait le jour.
En 2019, cette problématique de logements pour les
jeunes est toujours centrale. En quinze ans,60 000
étudiants supplémentaires sont venus à Paris, et ce
chiffre devrait constamment évoluer. Mais alors com-
ment vont se loger tous ces étudiants d’ici vingt ans ?
Appartements plus petits mais centraux ou plus grand
mais peu desservis ? Ils n’auront sans doute plus à se
poser cette question au vu du nombre de projets de
logements qui fleurissent en périphérie de la capitale
au cœur d’un réseau de transports immense. Dix-sept
projets sont actuellement en cours, proposant de
nouveaux modes d’habitations. C’est le cas par
exemple de « Balcons sur Paris » qui a pour but de
créer une résidence intergénérationnelle à Champi-
gny, dans le Val-de-Marne avec de nombreuses es-
paces collectifs.
La fin de la diversité à la faculté ?
En perpétuelle évolution depuis vingt ans, l’augmentation
du nombre d’étudiants devrait continuer à l’horizon 2050.
Selon l’APUR, plus de de 20% d’étudiants en plus dans Paris
entre 1999 et 2012, et 39% dans la MGP (Métropole du
Grand Paris hors Paris). Si les Ve et VIe arrondissements
parisiens réunissent chaque jours plus de 150 000 étu-
diants, la tendance est davantage à quitter les chers loyers
de la capitale. Du coté des étudiants étrangers, ce sont les
jeunes chinois et italiens qui favorisent de plus en plus la
France pour réaliser leurs études : une augmentation de
presque 50% en 12 ans. Le coût de la vie, pimenté par les
récentes augmentation des frais d’inscriptions pour les étu-
diants extra-européens, a de quoi décourager. Les étu-
diants maghrébins sont les premiers touchés par la ré-
forme, se heurtant au prix immobilier parisien. Le prix
moyen d’un loyer est de 770 euros pour un étudiant. Avec
cette recomposition du système d’enseignement supérieur,
des inquiétudes peuvent émerger quant à l’inclusion de
l’ensemble d’une société ou l’élitisme est encore présent.
Combien d’étudiants originaires des régions, de l’Europe, et
des différents continents seront présents à Paris dans
trente ans ? Une masse d’étudiants uniforme, issue d’un
milieu identique, ou une université ouverte, fidèle aux va-
leurs républicaines.
Paul Philipon, Aymeric De Tarlé, Claire Blondiaux
Dessiner la métropole de demain, voici un des objectifs du
« projet du siècle »… mais ce n’est pas le seul ! L’Atelier
parisien d’urbanisme (APUR) a publié une étude récente
intitulée « Enseignement supérieur et Grand Paris Ex-
press ». Quelques centaines de pages nous permettent de
nous familiariser avec l’étudiant parisien du futur.
Le projet du Grand Paris va
bouleverser les habitudes
des étudiants
DANS LE PROCHAIN NUMÉRO Aller plus loin...
En 2016, on comptait 487 000 arbres à Paris et 700 ruches.
La Gare du Nord est la gare la plus fréquentée d’Europe avec plus de
207 millions de passagers SNCF en 2014, soit presque l’équivalent de
la population du Brésil. On compte aussi 302 stations de métro à Paris,
mais un seul panneau stop.
Paris, capitale culturelle avec ses 25 fresques dans le parcours Street Art du 13e arrondissement, 10
tournages par jour dans les rues parisiennes et 300 000 livres dans les 1 000 boites de bouquinistes des
quais de Seine.
Côté tourisme, on compte 15 000 personnes par jour devant la Joconde et 103 000 km parcourus chaque
année par les ascenseurs de la Tour Eiffel (soit 2,5 fois le tour du monde).
Paris c’est aussi 360 événements par nuit, dont 100 concerts et 11 millions de trajets nocturnes en Vélib
entre 2007 et 2014 (entre 1h et 6h du matin), et on est fiers de vous annoncer que les étudiants y sont pour beau-
coup dans ces chiffres…
Enfin, si vous avez 2h15 à perdre, vous pouvez en profiter pour faire un rush Porte de Clignancourt—Porte d’Or-
léans, car c’est pile le temps moyen pour traverser Paris du nord au sud! *
LES CHIFFRES À RETENIR
Le Grand Débat des
Municipales: pré-
senté par huit asso-
ciations étudiantes (On’, Sciences Po TV,
Débattre en Sorbonne, Débattre en Sor-
bonne, Parlement des étudiants, Révolte-toi
Assas, Révolte-toi Sciences Po, Lysias Paris-I,
Sciences Polémiques). Disponible sur la
chaine Youtube de Sciences Po TV.
* Tous les chiffres datent de 2016 et ont pour source l’Office du tourisme et des Congrès de Paris
9m²: Un podcast de On’,
produit par Ground Control,
dont le numéro 5 (Les tiers-
lieux, défis de la capitale de demain)
est dédié aux tiers-lieux. A écouter sur
toutes les plateformes de podcast ou
sur on-media.fr.
L’étude d’APUR (Atelier
Parisien d’Urbanisme):
« Enseignement supérieur
et Grand Paris Express ».
La prochaine fois, on va parler muscles, transpira-
tion, records, podiums. Vous l’aurez compris,
notre troisième numéro sera votre ticket de De-
Lorean pour les Jeux Olympiques du futur, alors à
vos starting-blocks! Rendez-vous en septembre!