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1 Editorial L’UMR Dynamiques du droit a lancé plusieurs partenariats ou projets sur le thème de l’innovation. Certains ont été lancés ces derniers mois, à titre collectif ou individuel : l’UMR est porteur du projet « HUT » pour HUman at home projecT, vaste projet pluridisciplinaire dont l’objet est d’analyser les comportements des occupants de l’appartement du futur. Le colloque « les lanceurs d’alerte », organisé par le Professeur Marie-Christine Sordino a connu un franc succès et les actes en seront bientôt publiés. L’équipe de spécialistes de droit de la consommation et du marché, sous la coordination du Professeur Daniel Mainguy, a rédigé un commentaire complet et organisé de la réforme du droit des obligations et de la responsabilité, disponible sur Internet et bientôt sous presse tout comme les actes du colloque célébrant les « 40 ans du Centre de Droit de la Consommation ». Les projets sont encore nombreux, les chercheurs motivés et les prochains carnets de bord en attesteront. Merci à tous nos chercheurs et à tous nos partenaires pour ces succès avérés et à venir. Malo Depincé, directeur-adjoint de l’UMR 5815 Dynamiques du droit Actualité scientifique « Justices spécialisées, justices d’exception dans les espaces coloniaux (XVI e XIX e siècles) » Journée d’études « Thémis Outre-mer II », organisée par Éric Wenzel (Univ. Avignon) et Éric de Mari (UMR 5815 Dynamiques du droit Groupe Histoire du droit des colonies), vendredi 16 décembre 2016 Cette journée d'étude est le deuxième volet d'une réflexion générale sur Thémis Outre-mer. La première journée organisée en 2014, portait sur Adapter le droit et rendre la justice sous le premier empire colonial (XVIe-XIXe siècles) ; les résultats ont été publiés aux Éditions universitaires de Dijon en 2015. Les systèmes judiciaires sont généralement divisés en deux grandes catégories de juridictions, qui peuvent d'ailleurs s'interpénétrer et, évidemment, se compléter : d'un côté les juridictions dites ordinaires, aux compétences élargies à l'ensemble du droit commun, et les juridictions dites spécialisées ou d'exception. Les colonies modernes et contemporaines n'échappent pas à cette dualité institutionnelle. L'Ancien Régime colonial connaissait, et pour s'en tenir ici à l'exemple français, des institutions judiciaires ordinaires, calquées d'ailleurs peu ou prou sur le modèle métropolitain (conseils souverains puis supérieurs de Québec, en Louisiane et aux Antilles, justices royales de la Vallée du Saint-Laurent, etc.), mais également des justices spécialisées, comme les amirautés ou les justices militaires. Les provinces canadiennes sous domination britannique après 1763 et jusque dans les années 1860 connaissaient aussi leurs « Special courts » (Courts Martial, Prerogative Courts pour la justice ecclésiastique, Court of Vice Admiralty, etc.). Le second Empire colonial français a également fait coexister, tant en Algérie, en Afrique noire ou en Indochine, des tribunaux de première instance, des cours criminelles, des cours d'appel, des cours d'assises, etc. les juges de paix pouvant quant à eux être rattachés tant à la justice ordinaire qu'à la justice spécialisée , à laquelle on peut résolument agréger les tribunaux musulmans réservés aux justiciables indigènes entre eux et les tribunaux israélites. Toutefois, le caractère exceptionnel de la justice en terres coloniales peut prendre des formes différentes ou être considéré sur un autre plan parce que celle-ci fonctionne avec des tribunaux inconnus en métropole ou bien connaît des situations particulières, proprement coloniales. L'ensemble de ces justices spécialisées ou d'exception, tant d'un point de vue institutionnel que comme réalité pratique, mérite d'être étudié ou réactualisé. Ces justices ont complété le système ordinaire ou bien assuré l'existence d'une justice singulière à caractère politique et c'est bien le double intérêt de cette rencontre scientifique que de vouloir comprendre le système judiciaire colonial dans sa globalité. On reviendra à ce titre sur la perspective fondatrice posée par le premier Empire colonial. Ainsi dans un système judiciaire qui repose à l’origine aux colonies sur une volonté de simplification on aboutit bientôt à une multiplication des institutions judiciaires spécifiques. Il convient d’analyser ce phénomène, de recenser les institutions qui s’agrègent au mode d’organisation initial, d’en examiner les justifications et d’en vérifier le fonctionnement. Une typologie doit être esquissée notamment sur la base d’un dyptique : justices complémentaires / justices politiques analogue au phénomène métropolitain qui a, lui, été sensible au XVII e siècle (avec la pratique des justices par commission). On s’efforcera également de comprendre comment le second Empire colonial prolonge, mais aussi dépasse, au moins par son ampleur, ce phénomène qui passe par un débordement des justices ordinaires ou de droit commun.

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Editorial L’UMR Dynamiques du droit a lancé plusieurs partenariats ou projets sur le thème de l’innovation. Certains ont été lancés ces derniers mois, à titre collectif ou individuel : l’UMR est porteur du projet « HUT » pour HUman at home projecT, vaste projet pluridisciplinaire dont l’objet est d’analyser les comportements des occupants de l’appartement du futur. Le colloque « les lanceurs d’alerte », organisé par le Professeur Marie-Christine Sordino a connu un franc succès et les actes en seront bientôt publiés. L’équipe de spécialistes de droit de la consommation et du marché, sous la coordination du Professeur Daniel Mainguy, a rédigé un commentaire complet et organisé de la réforme du droit des obligations et de la responsabilité, disponible sur Internet et bientôt sous presse tout comme les actes du colloque célébrant les « 40 ans du Centre de Droit de la Consommation ». Les projets sont encore nombreux, les chercheurs motivés et les prochains carnets de bord en attesteront. Merci à tous nos chercheurs et à tous nos partenaires pour ces succès avérés et à venir.

Malo Depincé, directeur-adjoint de l’UMR 5815 Dynamiques du droit

Actualité scientifique « Justices spécialisées, justices d’exception dans les espaces coloniaux (XVI

e–XIX

e siècles) » Journée d’études « Thémis

Outre-mer II », organisée par Éric Wenzel (Univ. Avignon) et Éric de Mari (UMR 5815 Dynamiques du droit –Groupe Histoire du droit des colonies), vendredi 16 décembre 2016

Cette journée d'étude est le deuxième volet d'une réflexion générale sur Thémis Outre-mer. La première journée organisée en 2014, portait sur Adapter le droit et rendre la justice sous le premier empire colonial (XVIe-XIXe siècles) ; les résultats ont été publiés aux Éditions universitaires de Dijon en 2015. Les systèmes judiciaires sont généralement divisés en deux grandes catégories de juridictions, qui peuvent d'ailleurs s'interpénétrer et, évidemment, se compléter : d'un côté les juridictions dites ordinaires, aux compétences élargies à l'ensemble du droit commun, et

les juridictions dites spécialisées ou d'exception. Les colonies modernes et contemporaines n'échappent pas à cette dualité institutionnelle. L'Ancien Régime colonial connaissait, et pour s'en tenir ici à l'exemple français, des institutions judiciaires ordinaires, calquées d'ailleurs peu ou prou sur le modèle métropolitain (conseils souverains puis supérieurs de Québec, en Louisiane et aux Antilles, justices royales de la Vallée du Saint-Laurent, etc.), mais également des justices spécialisées, comme les amirautés ou les justices militaires. Les provinces canadiennes sous domination britannique après 1763 et jusque dans les années 1860 connaissaient aussi leurs « Special courts » (Courts Martial, Prerogative Courts pour la justice ecclésiastique, Court of Vice Admiralty, etc.). Le second Empire colonial français a également fait coexister, tant en Algérie, en Afrique noire ou en Indochine, des tribunaux de première instance, des cours criminelles, des cours d'appel, des cours d'assises, etc. – les juges de paix pouvant quant à eux être rattachés tant à la justice ordinaire qu'à la justice spécialisée –, à laquelle on peut résolument agréger les tribunaux musulmans réservés aux justiciables indigènes entre eux et les tribunaux israélites. Toutefois, le caractère exceptionnel de la justice en terres coloniales peut prendre des formes différentes ou être considéré sur un autre plan parce que celle-ci fonctionne avec des tribunaux inconnus en métropole ou bien connaît des situations particulières, proprement coloniales. L'ensemble de ces justices spécialisées ou d'exception, tant d'un point de vue institutionnel que comme réalité pratique, mérite d'être étudié ou réactualisé. Ces justices ont complété le système ordinaire ou bien assuré l'existence d'une justice singulière à caractère politique et c'est bien le double intérêt de cette rencontre scientifique que de vouloir comprendre le système judiciaire colonial dans sa globalité. On reviendra à ce titre sur la perspective fondatrice posée par le premier Empire colonial. Ainsi dans un système judiciaire qui repose à l’origine aux colonies sur une volonté de simplification on aboutit bientôt à une multiplication des institutions judiciaires spécifiques. Il convient d’analyser ce phénomène, de recenser les institutions qui s’agrègent au mode d’organisation initial, d’en examiner les justifications et d’en vérifier le fonctionnement. Une typologie doit être esquissée notamment sur la base d’un dyptique : justices complémentaires / justices politiques analogue au phénomène métropolitain qui a, lui, été sensible au XVII

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siècle (avec la pratique des justices par commission). On s’efforcera également de comprendre comment le second Empire colonial prolonge, mais aussi dépasse, au moins par son ampleur, ce phénomène qui passe par un débordement des justices ordinaires ou de droit commun.

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Dynamiques du droit @ Infos, n° 24, 2016

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Diffusion de la recherche

Le nouveau droit français des contrats, du régime général et de la preuve des obligations (Après l’ordonnance du 10 février 2016) Sous la direction de Daniel Mainguy

Le droit français des contrats vient de connaître une réforme majeure. Des universitaires du Centre du droit de la consommation et du marché (UMR-CNRS 5815 Dynamiques du droit) et de la Faculté de droit de Montpellier, viennent de publier sous la direction scientifique du Professeur Daniel Mainguy, un commentaire remarquable de l'ordonnance du 10 février 2016. Il rassemble les contributions de Lucas Bettoni, Mathilde Cayot, Malo Depincé, Camille Dutheil, Brunelle Fessard, Cécile Lisanti, Daniel Mainguy, Clémence Mouly-Guillemaud, Cathie-Sophie Pinat, Caroline Raja, Julien Roque, Amélie Thouément. Il reprend, article par article (ou bloc d'articles par bloc d'articles) l'ensemble de l'ordonnance du 10 février 2016, s'agissant de la responsabilité extracontractuelle, ou de l'avant-projet de loi sur la responsabilité civile, récemment présenté à la communauté des spécialistes, en expliquant la réforme et l'essentiel de ses apports. Il ne s'agit donc pas d'un ouvrage de droit des obligations mais d'un commentaire ordonné de la réforme (ordonné, ou réordonné d'ailleurs, dans la mesure où le plan ne suit pas tout à fait celui retenu par les auteurs de l'ordonnance de 2016).

Publication électronique, voir en ligne.

Droit des contrats | Dynamiques du droit – collection Teutatés | 06/2016

L’Impact environnemental de la norme III. L’empire de la propriété. Exemples de droit colonial et analogies contemporaines Sous la direction d’Éric de Mari et Dominique Taurisson-Mouret, préface de Thierry Revet, Victoires Editions, 2016

« Périlleuse aventure que celle des normes façonnant notre monde ! Le groupe d'Histoire du Droit des Colonies de Montpellier (HDC) après avoir dégagé des pistes générales dans un tome I consacré à l’impact environnemental des normes en milieu contraint, puis envisagé la portée de cet impact sur l’animal dans un tome II, prend acte d’un empire : celui de la propriété. Vaste entreprise que celle d’un empire qui en ne cessant de s’étendre et de s’adapter s’universalise et transforme profondément l’environnement. Nos désirs forcent notre soumission et produisent des contraintes que nous nous administrons, insatiables propriétaires des choses et de leurs utilités. D’où vient cette emprise inexorable, pseudo naturelle ? Quelle est l’origine d’un, des droits qui vise, rien de moins, à discipliner la nature ? Qu’enseignent sur de si complexes approches, ou sur ces terrains minés, les variables infinies des vocabulaires juridiques, des cultures et les contraintes qu’ils impliquent ? Afin de mesurer les impacts du droit de propriété sur ce que nous appelons un peu vite, notre

environnement nous empruntons une fois encore les voies de la recherche interdisciplinaire mêlant les approches des juristes et des autres (philosophes, géographes, historiens et anthropologues). Nous y convions le lecteur, ce propriétaire du jour, ce futur propriétaire, ce propriétaire d’hier, acteur ou spectateur de l’aventure d’un empire qu’il ne saurait ignorer, sinon à ses dépens. »

Droit colonial | Victoires éditions | ISBN | 48 € | 11/2016

L’anticipation de la répression : innovation ou régression Actes du colloque organisé le 17 juin 2016 organisé par Marie Christine Sordino

L’accélération du nombre d’actes délictueux et leur caractère de croissante gravité, ont donné naissance à une délinquance mouvante et protéiforme, internationalisée et modernisée grâce à l’utilisation des réseaux de communication, tels qu’Internet. Le droit en charge de la répression, le droit pénal stricto sensu, se voit assigner la lourde mission de rassurer les citoyens, tout en assurant une sanction juste et utile de l’acte commis en contrariété à la loi, prononcée au nom de l’État. La répression se doit d’intervenir, dés lors que les actes sont considérés comme caractérisant un commencement d’exécution d’une infraction, en vertu de leur place au sein de l’iter criminis. Cependant, la tentation est grande de placer plus en amont le moment de l’intervention, afin de conditionner une répression élargie et de s’aventurer sur le terrain de la prévention, voire de la prédiction. Les moyens technologiques et scientifiques se sont développés en parallèle et ouvrent ainsi des perspectives abyssales : que penser en effet des modes cybernétiques, génétiques, des techniques de géolocalisation et sonorisation, voire des expertises neuroscientifiques ? En réalité, l’action d’anticiper afin de réprimer les comportements estimés

attentatoires aux valeurs fondamentales d’un groupe social a toujours été une préoccupation des pouvoirs publics. Mais, les techniques n’étaient pas encore suffisamment élaborées pour le permettre. Désormais, elles le sont quasiment. En conséquence, la société démocratique se trouve confrontée à un dilemme, consistant à garantir les libertés individuelles des citoyens tout en protégeant le corps social face à de graves menaces de plus en plus pressantes. Les techniques susceptibles d’être utilisées afin de parvenir à cette anticipation ne vont-elles pas poser des difficultés en termes de respect des droits et libertés fondamentaux des citoyens ? Le récent débat qui a précédé l’adoption de la loi « sur le renseignement » (loi n° 2015-912 du 24 juillet 2015) en constitue une illustration. Que convient-il de privilégier, entre la garantie des libertés individuelles et la défense sociale, voire la défense des intérêts fondamentaux de la Nation ? Entre le droit pénal qui sanctionne et le droit administratif qui entend prévenir ? Le colloque réunissant praticiens du droit et universitaires, juristes et scientifiques, prenait place dans le cadre du Cycle de manifestations scientifiques ayant pour thème « Innovation et droit pénal » créée et mis en œuvre par Marie-Christine Sordino au sein de l’UMR 5815 Dynamiques du droit.

Droit pénal | Editions de la Faculté de Droit et Science politique de Montpellier | ISSN : 2268-0039 | 22 € | 11/2016

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Focus « Actualité sur l’environnement et l’activité minière : Salsigne, Saint Félix et autres » Attention, terrains minés !, par Hervé Pujol, UMR 5815 Dynamiques du droit

Dans le cadre du projet « Innovation et droit » de l'UMR 5815, le suivi des contentieux portant sur la gestion du temps long des mines et sur l'ouverture de nouveaux sites d'exploitation renvoie à une question essentielle, celle de la judiciarisation des enjeux politiques, et à son corollaire, la place des juristes dans l'espace public et leur participation aux grands débats de société.

En 2004, après la fermeture des derniers puits de charbon de Moselle et celle du site aurifère de Salsigne, nul ne pouvait douter que les mines entreraient désormais dans l’histoire. Du reste, l’Unesco, en décidant d’inscrire l’emblématique bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l’Humanité, semblait entériner le caractère révolu de l’aventure extractive française

1. Tout bascula pourtant en

2013, lorsque le ministre du Redressement Productif, A. Montebourg, lança un plan de relance de l’exploitation minière associé à l’établissement d’un inventaire du sous-sol et une réforme du Code minier. Dans un contexte mondial de lutte pour le contrôle des

ressources naturelles, exacerbée par la consommation croissante de métaux stratégiques répondant aux besoins de multiples secteurs de l’industrie (chimie, aéronautique, automobile, énergies renouvelables, nouvelles technologies…), le ministre soulignait l’urgence à assurer la souveraineté économique du pays et la sécurité de son approvisionnement. Il évoquait aussi le besoin de revitaliser les territoires ruraux par la création d’emplois pérennes et non délocalisables. En 2015, E. Macron, reprit à son compte cet objectif mais, conscient des traumatismes laissés par l’activité minière passée, il engagea une démarche dite Mine responsable, visant à définir les termes d’un partenariat entre l’État et les industriels au service d’un nouveau modèle capable de prévenir les impacts environnementaux, sanitaires et sociaux. Aujourd’hui, si l’on dresse un premier bilan de cette orientation, on constate qu’en l’espace de trois ans, 16 permis exclusifs de recherches minières (PERM) portant sur les métaux les plus divers (or, argent, plomb, zinc, tungstène, lithium, tantale, germanium, niobium…) ont déjà été accordés (9 en métropole

2, 7 en Guyane), tandis que

de nombreuses demandes sont en cours d’instruction.

Sans vouloir juger de sa pertinence, il est indéniable que le pari de la relance minière pose le problème des rapports entre risques industriels, principe de précaution et innovations technologiques. Les riverains des sites concernés ne s’y trompent pas qui, partout, se mobilisent et multiplient les recours pour lutter contre les projets miniers. On compte à ce jour une vingtaine de collectifs ou associations, exclusion faite de ceux créés en réaction à l’exploitation du gaz de schiste, dénonçant une logique de profit menée à court terme au détriment d’enjeux collectifs, sanitaires et environnementaux, à dimension intergénérationnelle. Leurs inquiétudes sont d’autant plus vives que, de l’aveu même de R. Galin, coordonnateur du projet Mine Responsable, « la mine propre n’existe pas (…) une mine a toujours un impact sur les populations, l’environnement ; elle transforme toujours un territoire »

3. Même réticence du côté des ONG. France Nature Environnement et Ingénieurs sans frontières ont quitté le comité de

pilotage du projet Mine Responsable en dénonçant « une méthode d’élaboration floue, des objectifs imprécis et un calendrier à marche forcée ». Les Amis de la Terre, eux, avaient refusé d’intégrer ce comité, au motif qu’avant de rouvrir les mines, « l’État devrait s’atteler à remédier les lourds passifs environnementaux qui persistent sur nos territoires ».

Il est vrai qu’en la matière, les exemples ne manquent pas. La gestion désastreuse de l’après-mine dans les Cévennes (St-Félix de Pallières) a conduit nombre de locaux à agir en justice. À Salsigne, site auquel l’UMR a consacré un colloque et une publication

4, la litigiosité ne faiblit pas :

déjà engagés sur le terrain pénal, des riverains ont obtenu l’annulation d’un arrêté préfectoral qui interdisait, depuis 1997, la commercialisation des légumes pollués aux métaux lourds sur le territoire de 9 communes. Le 31 mai 2016, le TA de Montpellier a jugé que « à défaut de justifier de la nécessité d’édicter une interdiction générale pour parvenir à l’objectif de salubrité publique visé, la mesure prise par le préfet de l’Aude

présente un caractère disproportionné ». Cette décision rejoint l’analyse des riverains qui réclament une cartographie détaillée de la pollution des sols de manière à savoir exactement quelles sont les parcelles impropres aux cultures, susceptibles de donner lieu à indemnisation.

A priori, le fait que des riverains en lutte contre des nuisances minières obtiennent l’annulation d’une disposition censée protéger la salubrité publique peut paraître ambigüe surtout lorsqu’on sait qu’en l’espèce, les sites de stockage des déchets arséniés présentent des défauts d’étanchéité tels qu’un vaste chantier est annoncé pour en finir avec une pollution hydrique désormais officiellement reconnue (communiqué de la préfecture, 28 oct. 2016). Mais, derrière cette initiative, les plaignants, dont l’intérêt à agir résulte de l’impact de l’arrêté sur la valeur vénale de leurs propriétés, disent vouloir mettre l’État devant ses responsabilités. Un État, lui-même ancien exploitant du site et qui, malgré sa connaissance des nuisances, a longtemps minimisé le risque sanitaire qu’il a participé à provoquer. Ils estiment donc urgent « de faire appliquer le principe pollueur payeur plutôt que de transférer la responsabilité à la population ». Le préfet n’a pas fait appel de la décision mais un autre contentieux est en cours. En effet, les riverains demandent à présent au TA d’annuler la note d’information de la DASS sur les risques sanitaires et les mesures de prévention, ainsi que la directive par laquelle l’Administration locale recommande à la Direction Départementale de l’Équipement de faire figurer une mention d’information des risques sur les autorisations d’urbanisme de plusieurs communes...

Illustrations : site industriel de la Combe du Saut (Aude) en 2001 et après réhabilitation en 2013 (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - ADEME)

1 J. Rainhorn, Santé et travail à la mine, XIXe-XXIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2014. 2 Pour 10 départements : Allier, Ariège, Puy de dôme, Loire-Atlantique, Côtes d’Armor, Maine-et-Loire, Creuse, Sarthe, Mayenne, Morbihan. 3 L’Usine Nouvelle, 12 juin 2015. 4 Tristes mines, impacts environnementaux et sanitaires de l’industrie extractive, Les Études Hospitalières, 2014

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Dynamiques du droit @ Infos, n° 24, 2016

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Actualités scientifiques

Vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap : de la norme juridique aux questionnements éthiques et pratiques en France et en Europe, journée nationale organisée par la Fédération des Etablissements Hospitaliers d’Aide à la Personne (FEHAP) et le Centre Droit et Santé – UMR 5815 de l’Université de Montpellier, le 28 Septembre 2016

La thématique de la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap gagne depuis quelques années en visibilité parmi les professionnels de l’accompagnement et au sein de la société toute entière. Pour autant, les avis sont divergents concernant les modalités de réponse à proposer aux personnes en situation de handicap, la visée de respect des droits, d’émancipation et de qualité de vie se heurtant à des questionnements d’ordre à la fois juridique, pratique et éthique. Les organisateurs ont proposé une journée de réflexion et d’échanges sur le sujet, dans le souhait de permettre à chacun une prise de recul, notamment grâce à la présentation croisée des visions étrangères et françaises, aux témoignages de personnes en situation de handicap et aux retours d’expériences des professionnels. La rencontre comptait une séance plénière le matin portant sur les réglementations et les expériences des acteurs dans différents pays européens et en France, et des ateliers l’après-midi qui ont donné la parole aux usagers et aux professionnels, sur les sujets de la vie affective des personnes accueillies en institution ou accompagnées dans la cité, de la conciliation entre les aspirations des personnes et les contraintes institutionnelles, de l’accompagnement sexuel, du recueil du consentement, ou encore de la place et du dialogue avec les proches. Voir en ligne.

Conférence Circulation des idées dans les espaces atlantique et indien au Siècle des Lumières : acteurs et véhicules, organisée par l’UMR Dynamiques du droit et l’École doctorale Droit et Science politique

Le, 2 novembre 2016 15h-16h30 Par Pierre-Yves Beaurepaire Professeur d'histoire moderne Université de Nice-Sophia Antipolis Charles J. Colle Fellow, Yale University Fellow of the Japanese Society for the Promotion of Science Membre honoraire de l'Institut Universitaire de France

Vie de l’équipe

L’équipe accueille Eloi Clément, Maître de conférences en droit privé. Ses domaines de recherche sont le droit pénal général, les droits pénaux spéciaux, le droit pénal des affaires, le droit pénal international et la procédure pénale. Il s’intéresse tout particulièrement au droit pénal des personnes, l’ensemble des infractions du Livre 2 du Code pénal, ainsi qu’aux grands principes du droit pénal. La théorie de la justification pénale l’occupe également. Par ailleurs, il consacre d’autres recherches aux grandes évolutions de la matière pénale. Cela inclut notamment l’adaptation de la matière pénale aux nouvelles technologies, qu’il s’agisse d’en sanctionner l’utilisation ou au contraire d’utiliser ces nouvelles techniques afin de réprimer les infractions pénales. Enfin, il mène des recherches sur la théorie du droit en général, notamment sur les fonctions de la norme juridique.

Malo Depincé, Maître de conférences et directeur-adjoint de l'UMR 5815 Dynamiques du droit vient d'être nommé au Conseil national de l'alimentation (CNA). Cette instance consultative indépendante, constituée en « Parlement de l'alimentation », est placée depuis 1985 auprès des ministres de l’agriculture, de la santé et de la consommation. Des représentants de la société civile en font désormais partie, comme par exemple France Nature Environnement (FNE), le Comité Interassociatif Sur la Santé (CISS) ou des acteurs de l’aide alimentaire.

Du côté des doctorants

Distinction de thèse L’UMR 5815 adresse ses félicitations à Cathie-Sophie Pinat, lauréate du prix Pierre-Paul Viard 2016 de l’Académie Française, pour une thèse de haut niveau réalisée par un(e) étudiant(e) ayant fait toutes ses études à la Faculté de Droit et Science politique de Montpellier. Par ailleurs, elle est accessit du Prix Varenne 2016. Cathie-Sophie Pinat est docteur en droit privé de l’UMR 5815 Dynamiques du Droit. Sa thèse porte sur « Le discours de l’avocat devant la Cour de cassation » et a été dirigée par les professeurs Daniel Mainguy et Alexandre Viala. Après un contrat doctoral, elle est actuellement Attachée temporaire à l’enseignement et à la recherche à la Faculté de droit de Montpellier. (Photo : Service communication UFR Droit & Science politique)

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Informations pratiques

UMR 5815 « Dynamiques du droit »

Faculté de Droit et de Science politique, Bat. 1 39 rue de l’Université F – 34060 MONTPELLIER cedex 2

Site internet : www.dynamiques-du-droit.cnrs.fr

Dynamiques du droit @ Infos est édité par la Cellule Valorisation de l'UMR 5815 Directeur de la publication

Eric de Mari, directeur de l’UMR 5815

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