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www.unioncalanqueslittoral.com Echo n33-34 1 Regrouper toutes les volonts pour maintenir l’intgralit et assurer la sauvegarde du site class des Calanques. Janvier 2008 N 33-34 SOMMAIRE Editorial 1 Intrts historique et patrimonial 4 Gabriel Olive 2 Intrt patrimonial 6 Ren Desmaison 3 A la devanture du libraire 8 Concerts insolites et inadapts Sormiou 3 Un intrt gologique incontestable 9 La manifestation 4 EDITORIAL Je vous le disais au dbut de l’anne dernire, 2007 a t une anne importante pour les Calanques. En effet : Tout d’abord, le GIP, qui avait t instaur pour 8 ans en 1999 afin de promouvoir un PN des Calanques, vient d’ tre prorog de 3 ans afin d’avoir le temps d’accomplir sa mission. En outre, le maire de Marseille, qui semblait rserv, sinon hostile, au parc national, a dfini nettement sa position ; dans la confrence de presse qu’il a donne le 20 septembre, il s’est exprim trs clairement : oui un parc national priurbain des Calanques, voulu et conu par les lus locaux , en concertation avec la population, et avec l’aide financire de l’Etat. Le prsident du Conseil Gnral ayant dj pris position pour le parc national, les deux candidats la mairie de Marseille (lections de mars 2008) sont du mme avis : quel bonheur pour nous ! La procdure pour la cration du parc est la suivante : - Etude de diagnostic territorial et marin ( elle a t lance au mois de septembre 2007). - Fin dcembre 2007, validation de l’avant-projet, comportant l’tat des lieux, les enjeux, les propositions de primtre optimal en conseil d’administration et assemble gnrale du GIP (rappelons que la prsidente d’UCL est membre du CA du GIP).. - Dbut 2008, consultation des collectivits concernes par le primtre optimal sur l’avant- projet ; puis, transmission de cet avant-projet et des avis au ministre en vue de la prise en considration par le Premier Ministre. - Fin 2008-dbut 2009, s’il y a prise en considration , rdaction du projet de cration du Parc National : projet de charte, de dcret, composition du conseil d’administration. - Fin 2009, mise l’enqute publique du dossier de cration. Puis, au vu des rsultats de l’enqute, arrt du Ministre charg de la protection de la nature et enfin transmission du projet de charte, pour avis, aux communes concernes. - En 2010, le Parc national priurbain des Calanques voit le jour. Nous ajouterons que l’annonce soudaine, au dbut de l’t, du projet de la Ville de raliser au

EDITORIAL - ucl.association.free.frucl.association.free.fr/publications/numero33_34.pdf · petit port de Sormiou, attirant chaque fois plusieurs centaines de personnes et provoquant

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Regrouper toutes les volont�s pour maintenir l’int�gralit� et assurer la sauvegarde du site class� des Calanques.

Janvier 2008 N� 33-34

SOMMAIRE

Editorial 1 Int�r�ts historique et patrimonial 4Gabriel Olive 2 Int�r�t patrimonial 6Ren� Desmaison 3 A la devanture du libraire 8Concerts insolites et inadapt�s � Sormiou 3 Un int�r�t g�ologique incontestable 9La manifestation 4

EDITORIAL

Je vous le disais au d�but de l’ann�e derni�re, 2007 a �t� une ann�e importante pour les Calanques. En effet :Tout d’abord, le GIP, qui avait �t� instaur� pour 8 ans en 1999 afin de promouvoir un PN des Calanques, vient d’ �tre prorog� de 3 ans afin d’avoir le temps d’accomplir sa mission.En outre, le maire de Marseille, qui semblait r�serv�, sinon hostile, au parc national, a d�fini nettement sa position ; dans la conf�rence de presse qu’il a donn�e le 20 septembre, il s’est exprim� tr�s clairement : oui � un parc national p�riurbain des Calanques, voulu et con�u par les �lus locaux , en concertation avec la population, et avec l’aide financi�re de l’Etat.Le pr�sident du Conseil G�n�ral ayant d�j� pris position pour le parc national, les deux candidats � la mairie de Marseille (�lections de mars 2008) sont du m�me avis : quel bonheur pour nous !La proc�dure pour la cr�ation du parc est la suivante :- Etude de diagnostic territorial et marin ( elle a �t� lanc�e au mois de septembre 2007).- Fin d�cembre 2007, validation de l’avant-projet, comportant l’�tat des lieux, les enjeux, les propositions de � p�rim�tre optimal � en conseil d’administration et assembl�e g�n�rale du GIP (rappelons que la pr�sidente d’UCL est membre du CA du GIP)..- D�but 2008, consultation des collectivit�s concern�es par le p�rim�tre optimal sur l’avant-projet ; puis, transmission de cet avant-projet et des avis au minist�re en vue de la � prise en consid�ration � par le Premier Ministre.- Fin 2008-d�but 2009, s’il y a � prise en consid�ration �, r�daction du projet de cr�ation du Parc National : projet de charte, de d�cret, composition du conseil d’administration.- Fin 2009, mise � l’enqu�te publique du dossier de cr�ation. Puis, au vu des r�sultats de l’enqu�te, arr�t� du Ministre charg� de la protection de la nature et enfin transmission du projet de charte, pour avis, aux communes concern�es.- En 2010, le Parc national p�riurbain des Calanques voit le jour.

Nous ajouterons que l’annonce soudaine, au d�but de l’�t�, du projet de la Ville de r�aliser au

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Mt Rose un � h�bergement de qualit� � dans les b�timents laiss�s par l’Arm�e, avec un in�vitable changement du POS, nous a fortement mobilis�s : information imm�diate annonc�e par notre site internet, article rajout� � l’Echo des Calanques de fin juin, courrier adress� � chaque adh�rent pour qu’il vienne � la manifestation qui s’organisait, forte pr�sence d’UCL dans la r�daction du tract et les conf�rences de presse (me trouvant dans l’impossibilit� de marcher plusieurs semaines durant , je n’ai pu me rendre malheureusement � la manifestation). Toutes les associations alert�es et r�unies dans un collectif ont manifest�, des R�form�s jusqu’� la Mairie, le 22 septembre, pour demander l’annulation de ce projet. Quelques jours plus tard, la menace s’estompait, avec la promesse du Conseil G�n�ral de pr�empter ce terrain.

La Ville veut actuellement d�velopper le tourisme, ce que l’on peut comprendre, mais il ne faut absolument pas que ce littoral, d�j� class� pour sa beaut� et promis � �tre compl�tement prot�g� dans le cœur du PN, soit le lieu d’un grignotage progressif. Il y a danger que l’on profite des trois ans de proc�dure pour faire passer des projets dont certains sont peut-�tre tout pr�ts.Marseille, signataire de la charte pour l’environnement de Nicolas Hulot, se doit d’offrir un tourisme authentique, riche du pass� de la ville, de sa symbiose avec la mer, de la sp�cificit� de ses collines, de sa tradition culturelle et scientifique, en accord avec sa candidature � devenir capitale europ�enne de la culture.

S’il convient de d�velopper le tourisme , il ne faut pas � tuer la poule aux œufs d’or �. Les villages de la c�te entre le Mt Rose et Callelongue doivent garder leur �me, leur singularit� de villages de p�cheurs marseillais et rester un vrai patrimoine � d�couvrir.L’int�gralit� des sites class� et inscrits doit �tre dans le cœur du parc, ce qui leur permettra de b�n�ficier des moyens qui accompagnent la protection et la r�habilitation dans le respect de l’esprit des lieux.

En d�cidant de jouer pleinement le jeu du parc national, les maires des villes int�ress�es, doivent comprendre que l’avenir leur donnera raison et qu’ils auront l’honneur d’�tre ceux qui auront su sauvegarder leur patrimoine naturel tout en permettant le d�veloppement d’un tourisme durable.Restons vigilants, pour que tout le site class� des Calanques entre intact et en totalit� dans le futur Parc National. Merci de faire signer et de diffuser largement notre p�tition. Elle est n�cessaire pour montrer la volont� du grand nombre.

A toutes et � tous, U.C.L. souhaite une excellente nouvelle ann�e.

Madeleine BARBIER-BROSSAT, pr�sidente

DEUX DISPARITIONS

GABRIEL OLLIVE, UN GRAND AMOUREUX DES CALANQUES

Gabriel Ollive s’est �teint, au mois de juin dernier, � l’�ge de 93 ans, dans sa demeure de Pont de l’Etoile, au pied de ce massif de la Sainte Baume qu’il ch�rissait. Evoquer la m�moire de quelqu’un que l’on aime peut facilement tourner � l’hagiographie, pourtant dans le cas de Gabriel, il semble difficile de l’�viter. Alpiniste, amoureux de la nature, humaniste, il le fut toute sa vie, ne manquant jamais une occasion de d�fendre les Calanques. Mais, la premi�re qualit� qui sautait aux yeux lorsqu’on avait la chance de le conna�tre, c’�tait une g�n�rosit� et une gentillesse sans limite qui lui permettaient d’appr�hender l’existence avec sagesse et s�r�nit�.

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Gabriel Ollive a �t� l’un des plus grands photographes du XX� si�cle. S’il pouvait lire ces lignes, nous sommes s�rs qu’il esquisserait un sourire amus� accompagn� d’un haussement d’�paules, mais son ami Gaston R�buffat ne s’y est pas tromp�. R�buffat, qui pour illustrer ses ouvrages, a sollicit� le concours des photographes les plus talentueux du si�cle - la dynastie chamoniarde des Tairraz entre autres - a fait appel � Gabriel pendant toute sa vie. En 1949, para�t leur premier ouvrage commun,

� Calanques � (il sera r��dit� en 1957). Ouvrage de r�f�rence, il doit beaucoup � la perfection des photos de Gabriel, qui �voquent, avec une sobri�t� exemplaire, la magie de ce paradis terrestre que sont les Calanques. Combien de grimpeurs et d’alpinistes marseillais ont-ils connu leur vocation gr�ce � sa magie de l’image ! Les photos de Gabriel font partie int�grante de l’iconographie des ouvrages de Gaston, et ses talents lui valent de participer au tournage de nombreux films de montagne.

Il y a peu de Gabriel Ollive de par le monde. C’est un privil�ge de l’avoir connu et d’avoir b�n�fici� de son amiti�. Dire qu’il va nous manquer est un euph�misme.Barney & Jacky VAUCHER

UCL rend hommage � son œuvre et pr�sente ses plus vives condol�ances � tous les proches de Gabriel Ollive qui a toujours �t� un grand d�fenseur du Parc National.

RENE DESMAISON, UN PERSONNAGE MYTHIQUE DE L’ALPINISME

C’est avec tristesse que nous apprenons la disparition de Ren� Desmaison. C’est l’un des plus grands alpinistes du monde qui nous a quitt�s. Pionnier de l’alpinisme hivernal, il avait un palmar�s d’exception : des Grandes Jorasses � la Cordill�re des Andes, les voies Desmaison restent un label. Il y a dix ans, lors d’une tourn�e de conf�rences sur les Andes, il s’�tait engag� aupr�s d’UCL en signant la p�tition qui r�clamait un Parc National pour les Calanques.

CONCERTS INSOLITES ET INADAPTES A SORMIOU

Dans le cadre de "septembre en mer", trois concerts piano-soprano ont �t� donn�s sur un radeau le vendredi 14 septembre 2007 � 19h, le samedi 15 � 21h et le dimanche 16 � 17h, dans le petit port de Sormiou, attirant chaque fois plusieurs centaines de personnes et provoquant un embouteillage monstre sur la route du feu et sur le parking, qui a �t� rapidement satur�. les voitures stationnaient tout le long de la route du feu, sinueuse et �troite. Dans cette foule, les personnes ne se rendaient m�me pas compte qu'elles �taient dans le massif des Calanques : certaines pi�tinaient les plantes prot�g�es du bord de mer, d'autres fumaient, jetant leur m�got sans pr�caution pr�s d'une v�g�tation compl�tement dess�ch�e par l'�t� ! Aucun secours n'�tait possible. Que se serait-il pass� alors si les pompiers avaient d� descendre ?

Il semble que cette grande affluence ait surpris tout le monde, depuis les organisateurs (la compagnie La Rumeur), jusqu'aux autorit�s d�livrant les autorisations. Compte tenu des moyens publicitaires mis en œuvre (concert � billetterie volontaire) et des moyens de communication dont disposaient les organisateurs, ce r�sultat �tait pr�visible.

Ces comportements irresponsables sont une nouvelle preuve que les Calanques ne se pr�tent pas � des activit�s de masse, qu'elles soient sportives, comme nous l'avons souvent d�nonc�, ou

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culturelles. C'est un exemple particuli�rement frappant de la n�cessit� de cr�er un Parc National pour avoir une gestion adapt�e et efficace. C'est d'ailleurs ce que dit Jean-Claude Gaudin depuis cet incident. Il est �galement �vident que le cœur du parc devra englober l'int�gralit� des sites class�s et inscrits afin d'�viter que de telles aberrations ne se reproduisent, que ce soit au milieu ou � la périphérie du site : imaginez la m�me foule aux Goudes, � Callelongue, l'Escalette ou Sam�na ! L'embouteillage aurait �t� encore plus important avec tous les risques que cela comporte.

TOUT CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR SUR LE MONT-ROSE

I) LA MANIFESTATIONCette manifestation fut un r�el succ�s.

D�s l’annonce du vote du Conseil municipal le 25 juin et celui de la CUM le 29 juin menant � une modification du POS pouvant permettre de r�aliser sur ce site un h�bergement de qualit�, toutes les associations, tant de d�fense de l’environnement que d’usagers, se sont mobilis�es et regroup�es en un � collectif � pour s’opposer � ce projet et demander la cr�ation du Parc National afin de mettre les Calanques � l’abri du vent de l’urbanisation !

Bien que Jean-Claude Gaudin ait annonc� deux jours avant son accord pour le Parc National, la mobilisation populaire a �t� forte et ce sont plus d’un millier de personnes qui dans une grande manifestation a descendu la Canebi�re pour aller rejoindre la Mairie. Des personnalit�s politiques de tous bords participaient � cette marche sous la banni�re Parc National. Nous en sommes tr�s heureux. Bravo au � Collectif � pour cette r�ussite.

Affaire � suivre en ce qui concerne les limites du Parc National. En effet si Jean-No�l Gu�rini a confirm� son accord pour le Parc National et a promis la pr�emption du Conseil G�n�ral pour le Mont-Rose, Dominique Tian, maire de secteur(6�me et 8�me arr.), a d�clar� �tre pour le Parc National � condition � qu’il ne soit pas chez moi �.

II) INTERETS HISTORIQUE

1) Toponymie.Au XII�me si�cle, dans les textes puis sur diff�rentes cartes, il est mentionn� deux

Montredon, le premier en partant de Marseille, est le petit Montredon ou collet de Montredon, culminant � 56m. Environ 2,5 km plus loin, s’�l�ve (86 m.) le grand Montredon. Dans la seconde moiti� du XVIII�me si�cle apparaissent, d’abord dans les textes puis sur les plans, le vallon de Rose et le petit port de Roze.

2) Propriétaires.A partir de 1709, le chevalier Nicolas Roze, celui qui se distinguera lors de la grande peste de

1720, acquiert diff�rentes propri�t�s, d’abord au petit Montredon, � Bonneveine, puis au pied du grand Montredon. Le 2 mars 1776, Pierre Philippe Joseph Rostan d’Ancezune, n� � Cagliari en 1741 et ayant fait fortune dans les Iles, ach�te les biens des hoirs Roze, puis de nombreux autres terrains dans le massif. A partir de 1858, Pierre Joseph Rostan d’Ancezune vend les parcelles situ�es � la Madrague de Montredon, avec interdiction d’y construire des usines. En 1873, Hilarion

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Roux rach�te ces parcelles et obtient de Rostan d’Ancezune la lev�e de cette interdiction. Le caveau de la famille Rostan d’Ancezune est alors transf�r� dans une petite grotte sous le sommet du mont-Rose, signal� par une grande croix m�tallique. Ce caveau existe toujours et la famille a encore la servitude de passage obtenue lors de la vente du terrain � l'arm�e.

N.B. la St� Legr� Mante rach�tera, plus tard, l’usine pour fabriquer de l’acide tartrique et ses d�riv�s, activit� qu’elle exerce encore, exportant dans le monde entier.

3) Histoire militaire.Avant l’installation du caveau, puis de l'arm�e, il n’y avait rien sur la colline, hormis une croix de

bois r�guli�rement d�truite lors des R�volutions. La commission de D�fense des C�tes, le 19 f�vrier 1886, demande de construire en premi�re urgence une batterie au Mont Rose. Un inventaire post�rieur donne la puissance de feu de la batterie : 5 canons de 24 cm. mod�le 1876 sur aff�t P6, avec une batterie annexe comportant 4 canons de 95 mod�le 1888 sur aff�t mod�le 1904. En 1949, la batterie semble avoir �t� d�sarm�e et devient un Centre Radio Maritime et parall�lement, ou successivement, un centre de l'Agence Nationale des Fr�quences (pour les licences VHF), avant d’�tre laiss� � l’abandon sous la propri�t� du G�nie.

Notons que dans les ann�es 1970, un b�timent encore en excellent �tat (ext�rieur) a servi de refuge aux membres du CAF.

4) Intérêt.Actuellement, outre l’aspect monumental du portail et des b�timents militaires d’origine, il

existait encore en juillet 2005, un magasin souterrain creus� dans le roc, avec ses grilles, huisseries, parapluie de t�le et monorail d’origine.

Le Mont-Rose est la porte des Calanques; si la porte � saute �, qu’adviendra-t-il du reste � plus ou moins longue �ch�ance ? Cette position de zone « frontière » serait idéale pour une maison du Parc National des Calanques. Les b�timents pourraient �galement abriter un espace mus�al d�di� aux richesses des Calanques et � leur histoire, en particulier, � leur long pass� militaire et industriel

Claude ThomasIII) INTERET PATRIMONIAL

Ce secteur est un des plus riches des Calanques aux points de vue g�ologique, botanique et culturel et fait partie int�grante du site des Calanques, class� site pittoresque naturel ; l'int�r�t pittoresque des petits noyaux villageois anciens, comme les Goudes et Samena, �tait, quant � lui, reconnu par leur "inscription". Tous les travaux de quelque importance, dans un site class�, sont soumis � autorisation de l’Etat, c'est-�-dire du minist�re de l’Environnement et non � une quelconque modification de PLU.

1. GEOLOGIELe littoral entre le port de la Madrague de Montredon et la Calanque de Callelongue, pr�sente

de nombreuses particularit�s g�ologiques, dont certaines d’un grand int�r�t scientifique :

A ) La célèbre coupe du Mont-RoseD�butant depuis le port de la Madrague jusqu’� la calanque de l’Escalette, cette coupe

g�ologique a fait l’objet de nombreuses �tudes pal�ontologiques, par la découverte de plusieurs genres et esp�ces fossiles de tr�s grand int�r�t. Elle permet d’observer le passage du jurassique au cr�tac� (les deux derni�res p�riodes de l'�re secondaire, 135 millions d’ann�es environ) et elle demeure une coupe de r�f�rence internationale reconnue.

En outre, le secteur du Mont-Rose est une �cole de terrain en s�dimentologie, et un support � l’enseignement secondaire pour les lyc�es et coll�ges de Marseille et du d�partement, et aussi pour

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les stages d’�tudiants de la Facult� des Sciences, depuis plusieurs g�n�rations.

B ) La Calanque des TrousLa Calanque doit son nom � l’existence d’une cavit� marine dont le plafond est perc� de trois

trous communiquant avec la mer. La particularit� de cette grotte est d’�tre creus�e non pas dans une roche calcaire, mais dans des d�p�ts de � gr�s � ciment�s (cailloutis p�riglaciaires) d’�ge plio-quaternaire (2 millions d’ann�es environ).

Une autre curiosit� g�ologique existe � proximit� : le calcaire � urgonien �, qui constitue l’ensemble du secteur, montre une structure laminaire, rarement visible, d’un chenal recoupant les bancs r�cifaux encaissants (JP. Masse 1976).

C ) Le secteur du Cap CroisetteAux abords du parking du Cap Croisette appara�t une autre coupe g�ologique int�ressante : les

calcaires � faci�s urgonien d’�ge barr�mien y sont surmont�s par des couches en fines plaquettes tr�s fossilif�res, correspondant � la zone de passage barr�mien/aptien. Ces niveaux d’�ge b�doulien basal ont �t� d�crits depuis 1899 et m�riteraient d’�tre conserv�s.

2. BOTANIQUE.

La richesse botanique de cette zone est due � des conditions �cologiques tr�s particuli�res : sous-sol calcaire, tr�s peu de sol, zone la plus s�che de France (pr�cipitation de l’ordre de 400 mm par an), importance des vents dont l'action est double (amplification de la s�cheresse, apport d’embruns sur la zone littorale).

La v�g�tation, marqu�e par ces conditions, pr�sente, dans la partie sa plus proche de la mer, un �tagement caract�ris� par des plantes capables de supporter des teneurs de sel tr�s �lev�es (plantes halophytes). Un peu vers l’int�rieur, c'est le domaine des plantes supportant la s�cheresse (plantes x�rophytes).Ces associations d'esp�ces v�g�tales li�es � un m�me biotope ont �t� mises en �vidence par R. Molinier d�s 1937 ; elles sont actuellement l'objet des directives habitat de l'Union europ�enne (Natura 2000). A ce titre, m�me si certaines peuvent nous sembler banales, elles sont prot�g�es par les instances europ�ennes. On peut citer, entre autres, l’astragale de Marseille (formation littorale � Astragalus massiliensis).

Les plantes qui composent ces habitats sont essentiellement form�es d'une vingtaine d'esp�ces end�miques rares dont certaines sont inscrites au livre rouge de la flore menac�e de France (tome 1 - esp�ces prioritaires), et certaines sont �galement prot�g�es au niveau europ�en.

3. CULTUREL.

A ) Patrimoine industriel, ses vestiges et leur intérêt.L’industrialisation p�riph�rique des Calanques s’est surtout d�velopp�e dans le secteur entre la

Madrague de Montredon et Callelongue. Les seuls autres vestiges se situent pr�s des Baumettes et � Cassis. Il y a eu une �volution en plusieurs temps .

D�s 1810, � la suite du Blocus Continental, il devient impossible ou presque de se procurer de la soude naturelle (cendres obtenues � partir de plantes poussant dans des terrains sal�s et meubles). On se tourne alors vers un brevet, d�pos� par M. Leblanc juste avant la R�volution, qui permet de fabriquer de la soude "factice", artificielle, � partir du sel marin, de l’acide sulfurique, du calcaire et du charbon. Le probl�me est le rejet de vapeurs d’acide chlorhydrique. Les premi�res usines sont chass�es de la ville. Une usine s'installe alors dans l’actuelle Calanque de Samena et une autre dans celle des Goudes. Apr�s quelques ann�es de fonctionnement, elles s’�quipent du premier

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syst�me antipollution, des condensateurs appel�s "chemin�es rampantes" form�s de tunnels construits sur le rocher calcaire, en mœllons de m�me nature et qui serpentent sur la colline. L’acide attaque le calcaire et est neutralis�. Tirage oblige, l'installation se termine par une chemin�e verticale.

Vers 1850, une deuxi�me vague d’industrialisation appara�t avec l’extraction du plomb � partir de minerais contenant du plomb avec un peu d'argent associ�. La s�paration entre les deux m�taux �tant particuli�rement polluante, ces industries sont �galement rejet�es, entre autres, au sud de la ville. Ainsi, s'installent les usines de plomb des Goudes, puis de l’Escalette et enfin, plus tardivement, celle de la Madrague de Montredon. Rapidement, elles vont utiliser le syst�me des condensateurs voisins. Ici, l’effet est m�canique, les vapeurs sortent des fours charg�es de particules de plomb, d’arsenic, etc. et les d�posent sur les parois des condensateurs munis de chicanes. Ici encore, la zone est � en pointe � dans la lutte contre la pollution industrielle.

Si les vestiges de l’usine des Goudes sont � peine visibles, ceux de l’usine de l’Escalette sont spectaculaires et, autant que l’on sache, les mieux conserv�s de France. A ce titre, ils m�riteraient d’�tre class�s "monument historique". Quant aux vestiges de l’usine de la Madrague, ils ont �t� modifi�s pour une autre activit� industrielle. Par contre, sa chemin�e rampante est la plus spectaculaire : elle se termine au niveau des � Pattes de Crabe �, � une altitude de l'ordre de 200 m�tres.

Plus tard, d’autres usines s’installent :- A Callelongue pour la fabrication de produits chimiques divers, avec s�rement un rejet d’acide comme en t�moignent les vestiges de deux condensateurs. On peut voir �galement la base d’une chemin�e � ordinaire � et rechercher sur les cabanons les traces de l’architecture industrielle du XIXe si�cle.- Aux Goudes, une raffinerie de soufre. L’actuelle chapelle St Lucien, r�cemment restaur�e, est install�e dans un ancien hangar de cette usine.

Signalons que si les chemin�es rampantes servant de condensateurs sont bien repr�sent�es dans la r�gion marseillaise, celles-ci sont inconnues en dehors du d�partement. Leur valeur symbolique de t�moin du d�but de l’industrie marseillaise et surtout de la lutte contre la pollution m�riterait d'�tre mise en valeur, voire prot�g�e et class�e.

Comme autre t�moin de l’activit� industrielle, on peut d�couvrir les d�buts des travaux de l’installation d’une ligne de chemin de fer qui devait relier ces usines � la gare du Prado. Il suffit de grimper au-dessus de la Calanque des Trous ; sur la gauche, on est surpris de d�couvrir plusieurs tranch�es qui traversent des ressauts de colline et dont les d�blais comblent les vallons.

B ) Patrimoine militaire.Les Calanques sont le bastion avanc� de la d�fense de la ville de Marseille: les hauteurs des

Calanques offrent de bons sites d’observation sur la mer ; d�s le Moyen Age, sont mis en place des syst�mes de farots ; viendront plus tard des batteries de d�fense c�ti�re.

En ce qui concerne notre zone, les fortifications sont plus r�centes : La batterie du Mont Rose, le Fortin de l’Escalette, le Fortin des Goudes, le Fort Napol�on datent de la Troisi�me R�publique et leur architecture, caract�ristique de cette �poque, est encore en excellent �tat ext�rieur, sauf pour le dernier qui a �t� ras�.

A ces fortifications fran�aises, viennent s’ajouter des murs chicanes � la sortie de la Madrague de Montredon et les bunkers construits par les Allemands � partir de 1942.

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A LA DEVANTURE DU LIBRAIRE

- Mazargues pr�s des Calanques, de Evelyne Lyon- Lavaggi, illustrations de J.Philippe Lyon, 2007, �ditions Alan Sutton, Saint-Cyr sur Loire. Contes et l�gendes de ce coin si attachant de Marseille revivent ainsi joyeusement, mis en valeur par son illustrateur qui a fait des merveilles pour restituer ces sc�nes pittoresques.

- Les Parcs Nationaux de France, par GEO, �ditions Solar, avril 2007.

- Un bout du Monde-les Calanques- de Marseille � Cassis ; photos de Philippe Guignard ; Un calendrier magnifiquement illustr�, �dition Cres.

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’Echo des Calanques est �dit� par l’association Union Calanques Littoral5, avenue des chutes Lavie 13004 Marseille - [email protected] ISSN: 1251-3741Directeur de la publication : Madeleine Barbier-BrossatImprimé par nos soins, avec la participation de Eric Blanchart, Laurence Chatelus, Renée Dubout, Estelle Fleury, Denise Guieu, Jacky Plauchud, Claude Thomas.