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Avril 2015. N°135. Prix 1€ Avril 2015. N°135. Prix 1€ R eP + Educ’action prioritaire

Educ’action prioritaire Rmillions de Grecs, baisse des salaires de fonctionnaires de 30 à 50 %. tribu ; en Espagne le taux de chômage est officiellement de 23 %, et il atteint

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ReP+Educ’action prioritaire

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Sommaire

p. 2 Actup. 3 Éditop. 4/5 Premier degrép. 6/7 Collège/Lycéep. 8 Formation pro.p. 9 Enseignement pro.p. 10/11 - Infirmier-ère-s - Personnels d’administration - Personnels de Laboratoirep. 12 Non-titulaires/ESPE

p. 17 Interpro : loi Macronp. 18/19 Retraité-e-sp. 20 Fonction publiquep. 21 La Collectivep. 22/23 Enseignement privép. 24 Abécédaire : L comme ...p. 25 Rencontrep. 26 Page pratiquep. 27 Vie syndicale : la CGT a 120 ansp. 28 RESF

PEF 135 - avril 20152

Directeur de publication : Alain Vrignaud - Rédactrice en chef : Pauline SchneggConception de la "Une" : Bertrand Verhaeghe - Maquette : Annie Balbach - Périodicité : bimestrielle

CPPA : 0615 S 07375 - ISSN : 1250 - 4270 - Imprimerie IMPROFFSET - Grigny (91)CGT ÉDUC'ACTION - 263, rue de Paris - case 549 - 93515 Montreuil cedex

Tél. : 01 55 82 76 55 - Télécopie : 01 49 88 07 43 - Mél : [email protected] - Internet : www.unsen.cgt.frSyn

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p. 13 à 16 - Dossier :Éducation prioritaire

À remettre à un-e militant-e CGT

ou à renvoyer à l'adresse ci-dessous

Je souhaite :

�me syndiquer

�prendre contact

Mme / M

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . .

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CP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grade ou corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Discipline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

� . . . . . . . . . .

E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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CGT Éduc'action - 263, rue de Pariscase 549 - 93515 Montreuil cedex

PEF 135

Les luttes contre l’austérité en Europe doivent se coordonner !

Les politiques d’austérité, imposées par l’Union européenne, la Banque cen-trale européenne et le FMI ont trouvé depuis des années des relais sans

faille auprès des différents gouvernements européens. Ceux-ci se sont succédé,dans une alternance entre libéralisme de droite et social libéralisme, sansremettre le moins du monde en cause les attaques menées par le capital.

Ces attaques, déjà insupportables pour les salarié-e-s en France, sont d’unenature à peine imaginable en Grèce : chute de près de 25 % du PIB, destructionde secteurs entiers de la Fonction publique, exclusion des soins pour plusieursmillions de Grecs, baisse des salaires de fonctionnaires de 30 à 50 %.Aujourd’hui, ce sont les peuples du sud de l’Europe qui paient le plus lourdtribu ; en Espagne le taux de chômage est officiellement de 23 %, et il atteintplus de 50 % pour les jeunes (en comparaison, le taux de chômage en Franceest de 11 % et on en mesure déjà les conséquences !).

Le 25 janvier, la victoire de Syriza en Grèce a suscité un nouvel espoir, mêmesi l’on mesure que les difficultés à surmonter sont immenses. La marge demanœuvre est étroite et toute stratégie de rupture avec les politiques d’austé-rité précédentes se heurtera forcément à la question du maintien ou non dansla zone euro. En Espagne, le mouvement Podemos (nous pouvons) s’est rapi-dement construit dans la foulée des "indigné-e-s". Pour les travailleur-se-sespagnol-e-s, il peut représenter, lui aussi, une forme d’espoir.

Pour les militantes syndicales et les militants syndicaux que nous sommes,notre responsabilité est de défendre les revendications de nos camarades grecsou espagnols qui s’opposent aux diktats de la troïka. Nous devons combattrel’isolement dans lequel les dirigeants européens vont tenter de les enfermer.C’est par exemple le cas avec la dette, en grande partie illégitime, et qui concerneles grandes banques et non les salarié-e-s français-e-s ou allemand-e-s. Maiscomme toujours, la solidarité la plus efficace pour les salarié-e-s grec-que-s c’estde nous battre contre les mesures d’austérité imposées par notre propre gouver-nement, le gouvernement Hollande-Valls.

C’est d’une autre Europe dont nous avons besoin, celle de la solidaritéentre les salarié-e-s et cette Europe s’oppose à celle des patrons et des mar-chés. C’est par la lutte que nous l’arracherons !

Alain Vrignaud

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3PEF 135 - avril 2015

Éditorial

Matthieu Brabant,Secrétaire national

Le 9 avril 2015, d’une seule voix, les salarié-e-s, les privé-e-s d’emploi et les retraité-e-s, se sont for-tement mobilisé-e-s "pour les salaires, l’emploi, la protection sociale, le travail, la formation, les ser-vices publics, les retraites et l’égalité". Loin des mobilisations "fourre-tout" et ponctuelles que l’on a

pu connaître ces dernières années, cette grève interprofessionnelle unitaire (CGT-FSU-FO-Solidaires) a étéle point de convergence de celles et ceux qui refusent l’austérité et qui veulent construire d’autres politiques.

Les milliards d’économies exigées dans les services publics et dans le social auront forcément des consé-quences désastreuses pour les personnels et pour les usagers. En Grèce, on a vu concrètement commentl’austérité pouvait détruire un pays et sa population. Mais la Grèce est aussi un espoir : d’autres politiquesque les politiques austéritaires sont possibles.

Mais les Grecs ne peuvent réussir seuls, il est donc de notre responsabilité de construire un mouvementcontre l’austérité en France. Ceci, d’autant qu’il n’est plus acceptable que les seuls que l’on entende dans larue soient les mouvements réactionnaires ! C’est à nous de nous lever contre l’extrême-droite et ses men-songes. Les solutions passent par nous, par notre capacité collective à imposer une autre société, une sociétéqui refuse le repli sur soi, la haine et le racisme. Il est aussi de notre responsabilité de trouver les conver-gences dans toute l’Europe.

La Fonction publique et l’Éducation nationale ne sont pasépargnées par l’austérité. C’est ainsi que le gel du pointd’indice dans la Fonction publique depuis 2010 est inac-ceptable et devient insupportable pour les personnels, eten particulier les plus fragiles (les personnels de catégorieC, les personnels précaires). Les seules réponses du ministère à cette problématiquesont quelques miettes pour les personnels de catégorie Cet la création d’Indemnités pour Missions Particulièresdonnées à la tête du client : le travail quotidien des person-nels de l’Éducation nationale mérite mieux que ça ! C’estainsi que la priorité annoncée à l’Éducation a engendréune réforme de l’Éducation prioritaire a minima, qui laisse

beaucoup d’écoles, de collèges et lycées au bord de la route. Et que dire du redéploiement du service socialscolaire sans les moyens dévolus ni aucune réflexion sur le travail social, simplement pour réaliser des éco-nomies ? Sans parler du désastreux "plan de titularisation" mis en place par la droite : ce gouvernement ditde gauche aura donc été le premier à ne pas mettre en place de plan de titularisation et à se contenter d’ap-pliquer un plan de la droite qui s’est rapidement transformé en un échec !

La CGT Éduc’action ne se résigne pas. Le 9 avril 2015, nous étions mobilisé-e-s avec vous. Nous avons montré que nous étions là. Continuons, montrons que la CGT sera toujours là, avec lessalarié-e-s, les privé-e-s d’emploi et les retraité-e-s, et gagnons ensemble contre l’austérité.

Montreuil, le 10 avril 2015

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Premier degré

PEF 135 - avril 20154

Nouveaux programmes de maternelle :

�Une pseudo-concertation

À son arrivée au ministère, V. Peillons’était engagé à revoir ces pro-grammes. Il accédait à une revendica-tion commune de plusieurs organisa-tions syndicales. Cependant, laméthode adoptée et les axes choisisont rapidement douché nos espoirs.En privilégiant une concertationnationale des seul-e-s enseignant-e-sde maternelle en poste en 2014 et enmenant cette concertation sur uneseule demi-journée, c’est un choix aminima qui a été fait. Des pro-grammes ne se construisent pas entrois heures et doivent être portés parl’ensemble des enseignant-e-s du pre-mier degré, mais aussi par les person-nels intervenant sur les temps declasse. Nous le rappelons, l’écolematernelle n’est pas une spécialitédans l’école primaire.

La synthèse de cette pseudo concerta-tion a été reprise par le Conseil Supé-rieur des Programmes en charge del’élaboration de ces dits programmes.Ces derniers, applicables dès la ren-trée 2015, ont été présentés lors duConseil Supérieur de l’Éducation dujeudi 5 février. Dans l’angélismeambiant des organisations syndicales(qui se sont félicitées de la qualité dudialogue social et de la construction deces programmes -sic-), la CGTÉduc'action a joué une partitionmoins joyeuse. En effet, comment sesatisfaire de programmes construits àla va-vite et qui ne pourront pas êtrepréparés concrètement par les col-lègues pour une mise en place plusque rapide à la rentrée 2015 ? Si nousavons reconnu un certain nombred’avancées et un retour à plus deliberté, nous continuons malgré tout àdénoncer des programmes qui s’ins-crivent plus que jamais dans lalogique de l’École du Socle et qui ins-titutionnalisent la réforme Peillon-Hamon des rythmes scolaires et lamise en place des projets éducatifs

territoriaux. C’est pour cela que laCGT Éduc'action, avec la CGT, s’estabstenue sur le texte présenté etamendé.

�Liberté pédagogique : accepter lacomplexité des parcours et descontextes

Si lors de cette présentation, notreorganisation a fait des remarques surle contenu pédagogique, nous tenonsà rappeler qu’elle ne porte pas derepères revendicatifs sur ce domaine.Ce serait renier notre revendicationpremière concernant la liberté péda-gogique accordée à chacun-e des col-lègues et la liberté donnée auxéquipes pour travailler comme elles lesouhaitent. Nous appliquons au mieuxnos repères revendicatifs sur la ques-tion, considérant que réfléchir à lapédagogie c’est laisser une marge demanœuvre à l'enseignant-e qui utiliseles voies pédagogiques qui lui sem-blent appropriées pour une pratiquedans laquelle il/elle se retrouve toutcomme les élèves. Tout ceci seconstruit et évolue dans un parcoursprofessionnel et individuel de pensée.Pour analyser ces programmes et lesconfronter aux attentes et aux réalitésdu terrain, mais aussi aux réflexionsdes pédagogues que nous sommes,nous avons fait le choix de réfléchircollectivement et d’échanger sur cer-tains sujets (manipulation, accès à lalecture, jeux mathématiques..). C’estle fruit de ces réflexions, une sorte detribune pédagogique libre, que voustrouverez en pages ci-contre et 24.Elles ne sont pas clivantes. Elles ontpour but d’alimenter le débat etd’avancer dans notre recherche d’uneÉcole émancipatrice permettant laréussite, l'épanouissement des élèvesde primaire et leur donnant une véri-table formation citoyenne.

Jérôme Sinot

Depuis la rentrée 2008, les écolesmaternelles et élémentaires sontsoumises à des programmes qualifiés par la CGT Éduc'actionde rétrogrades. Par ces programmes (issus d’une logiqueéconomique), l’État se désengagede ses missions pédagogiques etinstaure une culture du résultat,de la concurrence et de la performance dans le cadre del’École du Socle que nous dénonçons. Ils nient les inégalitéssociales et leur impact sur lesapprentissages et maintiennentl'échec et l'exclusion sociale. De façon pédagogique, ils encadrent fortement les approcheset les pratiques, limitant lesapprentissages réfléchis au profitd’un empilement de connais-sances. Globalement, leurcontenu a été alourdi alors que le temps imparti pour les appliquer a diminué.

C’est dans ce contexte que la CGT Éduc'action prône la suppression des programmes de2008. Elle en exige de nouveaux,construits avec l'ensemble desacteurs de l'École et assortis dedocuments d'accompagnementutiles à la réflexion et à la pra-tique des équipes.

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Premier degré

PEF 135 - avril 2015 5

pas de quoi danser la ronde…

�Tout d’abord l’architecture mêmedes programmes intrigue. Elle n’estpas claire. Tous les items n’ont pas lamême place. Certains domaines sonttrès détaillés (en motricité par exem-ple) alors que d’autres sont réduits àun seul item ou un seul mot (universsonores, le vivant, les objets, lamatière). La résolution de problèmen’apparaît plus en tant que telle etsemble donc fusionner avec les quan-tités et les nombres.

À la première lecture, on peut seréjouir que l’élève soit pris dans saglobalité et non plus réduit à une têteflottante, pourtant cette disproportiondonne à voir une prééminence sous-jacente. Les deux principaux, mobili-ser le langage et développer ses inter-actions, concentrent plus de la moi-tié des attendus de fin de maternelle.Le domaine apprendre ensemble pourvivre ensemble, au nom de la transver-salité, disparaît, quant à lui, du restedu texte.

�Concernant le langage, objectifréaffirmé de la maternelle, les nou-velles instructions officielles réperto-rient nombre de situations, postures etdiscours qui favorisent le langageoral. Les objectifs restent quant à euxtrès flous, malgré l’enjeu. La réfé-rence au petit groupe est bien présentemais, une fois encore, sans une dota-tion budgétaire et des créations depostes à la hauteur, cela ne renverraqu’aux classiques ateliers qui ne per-mettent pas d’apporter aux élèves lesplus en difficulté la disponibilité men-tale nécessaire. Tout comme dans lesprogrammes précédents, l’approchede l’écrit est plus détaillée que cellede l’oral, constat partagé par PhilippeBoisseau. On ne peut que rejoindre cechercheur lorsqu’il dit que "Tenterd’inculquer directement les formes debase de l’écrit dans l’oral enfantincoûte cher aux enfants des milieux

défavorisés". "Inculquer trop préco-cement la déclarative simple, l’atomede base de l’écrit, non de l’oral, estune erreur stratégique considérable".

Il aurait été judicieux de programmerla syntaxe, le vocabulaire, le systèmetemporel et les modalités d’apprentis-sage dans le cycle. Il ne nous resteplus qu’à souhaiter que cela fassel’objet d’un document d’accompa-gnement.

�La distinction est faite entreapprentissage de la langue orale etde la langue écrite, pourtant la ges-tion du hiatus oral écrit non évoquéelaisse les enseignant-e-s seul-e-s. Etc’est un manque (accru par l’impor-tance signalée de la langue écrite). Lemodèle que chacun-e a en tête d’oralcorrect exigible est celui de l’écrit.Ainsi, personne ne s’offusque du non-respect de la double marque de lanégation à l’oral alors que cela estinenvisageable à l’écrit. De nom-breuses expérimentations ont eu lieupour aider les élèves à construire lesformes complexes en acceptant de sedétacher de la structure écrite (albums

échos par exemple), ne pas préciser ceque l’on entend par apprentissage del’oral, caler trop tôt aux formes syn-taxiques et définitives imposées par lecode met en difficulté les élèves issusde milieux populaires.

On sent bien que les rédacteurs desprogrammes ont à l’esprit l’angoissede l’acquisition de la lecture et ilssautent donc des étapes ou se limitentau strict minimum. On le retrouvedans les attendus concernant les enco-dages en grande section qui semblentprématurés pour la majorité desélèves.

La maternelle risque de manquer unedes étapes fondamentales pour assu-rer la réussite de tou-te-s : l’apprentis-sage de la langue orale efficace,apprise à la maison par les élèvesissus de milieux favorisés. Nous ris-quons fort de ne pas dépasser le stadede la phrase déclarative simple ; celaaura peut-être des effets positifs surl’acquisition de la lecture à courtterme mais n’outillera pas le raison-nement et le discours de nos élèves.

Fabienne Chabert

� Aide aux élèves en difficulté : mille-feuille coûteux et inefficace

Il en est ainsi des stages de remise à niveau (SRAN) hérités des ministresDarcos et Chatel.C’est ce que dit un récent rapport de la Cour des Comptes (Le CanardEnchaîné du 25.03.2015). Et cela confirme ce que nous disons depuis ledébut. Rien que pour ces stages, environ 20 millions d’euros sont dépenséschaque année (l’équivalent de 600 à 700 postes d’enseignant-e-s !). Pour aider les élèves en difficulté, il existe un dispositif à l’efficacité éprou-vée : des professeur-e-s spécialisé-e-s dans le cadre des RASED. C’est ceque confirme le même rapport.Problème : les aides personnalisées (remplacées depuis par les tout aussiinefficaces Activités Pédagogiques Complémentaires) et les SRAN ont étécréés pour faciliter la disparition des RASED. Malgré les promesses du can-didat Hollande, les ministres de l’Éducation nationale qui se succèdentdepuis 2012 n’ont pas recréé les postes de RASED perdus et font se perdurerles mêmes incohérences et dispositifs inefficaces. Au détriment des élèves etdes personnels.

Les nouveaux programmes ont entraîné des sentiments partagés chez les enseignant-e-s. Si de nombreux aspectscomme l’affirmation de la bienveillance nécessaire en maternelle et le retour du jeu, par exemple, ont été accueil-lis comme de bonnes nouvelles, il y a quand même à redire sur ces programmes du nouveau cycle I qui englobe désormais la totalité de la maternelle.

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Entrée de la CGT à l’Observatoire

Collège/Lycée

PEF 135 - avril 20156

Àce titre, elle participe aux travauxtrimestriels de cet organe né en

1998, suite à l’organisation du pre-mier forum des journaux lycéens.Composé de syndicats, d’associationsd’éducation populaire ainsi que d’or-ganes institutionnels tels que leCLEMI, le collectif réfléchit à la miseen œuvre et aux difficultés rencon-trées par les journaux scolaires.

Favorable à une école émancipatricebien loin du modèle de la fabrique decompétences où l’entreprise pourraitpuiser et jeter, la CGT a trouvé natu-rellement sa place dans cette organisa-tion. Si nous voulons considérer lesmédias comme un élément démocra-tique fondamental dans l’avènementdu citoyen, il faut bien reconnaîtreque la presse traditionnelle ne joueplus ce rôle depuis que la compositionactionnariale des grands médias coïn-cide étroitement avec le classementdes plus grandes fortunes de France 1.

Dans ce cadre, puisque l’informationsur internet n’offre pas plus (moins ?)un espace de pluralisme et de déonto-logie journalistique, les élèves peu-vent trouver dans la presse scolaire unmoyen d’exercer leur sens critique etde déconstruire le langage média-tique. En créant leur média, les élèvessont susceptibles de découvrir peu à

peu les mécanismes de constructionde l’information.

Le rôle de l’Observatoire consisteainsi à aider les rédactions déjà exis-tantes face aux différentes formes depression et de censure qu’elles peu-vent subir. Sous son impulsion, laliberté de publication des collégien-ne-s et lycéen-ne-s a été renforcée(circulaire du 24 octobre 2010). Ils’agit également de faciliter l’émer-gence de nouvelles vocations en tra-vaillant sur l’élaboration de guidespratiques.

Le soudain intérêt de Madame Vallaud-Belkacem pour les journaux lycéenssera observé avec attention par l’Ob-servatoire 2. Derrière les annonces, ilfaut en effet des moyens en rapportavec l’ambition affichée. Le travail deterrain existe depuis des années et lesbesoins sont identifiés. Il serait eneffet illusoire de penser qu’inciter lesélèves à prendre des initiatives sous-entend l’absence de toute intermédia-tion pédagogique. Répondre au défi dela presse lycéenne nécessite du temps,des postes et du matériel.

Nicolas Oriol *

1 Serge Halimi, Notre pari, l’émancipation, LeMonde diplomatique, octobre 2014, p.1.2 http://www.education.gouv.fr/cid85644/onze-mesures-pour-un-grande-mobilisation-de-l-ecole-pour-les-valeurs-de-la-republique.html

La Revue de pressedu CLEMI

Le CLEMI (Centre de Liaison del’Enseignement des Médias d’In-

formation) est un organisme qui aideà la réalisation et à la diffusion desjournaux dans les écoles primaires,les collèges et les lycées. Le CLEMIest un lieu ressources pour tou-te-sceux/celles qui sont sensibilisé-e-s àla diffusion de la presse à l’école.

La Revue de presse est une sélectiond’articles qui ont été édités pendantl’année écoulée.

L’objectif du CLEMI en la diffusantest de mettre ainsi en valeur le tra-vail réalisé au sein des équipesrédactionnelles des journaux quisont édités dans nos écoles, de don-ner envie aux jeunes et aux enca-drant-e-s d’en réaliser, de lire lapresse, de donner des repères sur laLiberté d’expression des jeunes.

Les journalistes lycéen-ne-s étantamené-e-s à assumer leurs écrits,ils/elles travaillent ainsi en comitésrédactionnels comme dans nos jour-naux quotidiens. Chaque rédactionse fixe une ligne éditoriale, fait deschoix, peut donner un droit deréponse dans le cadre général dudroit de la presse en tenant comptedu respect individuel des personnes.

Un journal lycéen n’est pas soumis à lacensure du/de la chef d’établissement.

Allez voir sur le site du CLEMI larevue de presse de l’année dernière,vous y retrouverez des articles inté-ressants et parfois pertinents issusde différents journaux.

La Revue de presse est éditée par leCLEMI avec la collaboration del’association Jets d’encre, pour levolume lycées, et de l’OCCE 1, pourles volumes écoles et collèges.

François Quinchez *

Le CLEMI : http://www.clemi.orgContact : Pascal Famery Pour télécharger la Revue de presse des jour-naux du primaire, du collège et lycéens :http://www.clemi.org/fr/productions-des-eleves/journaux-scolaires/revues-annuelles-de-la-presse-scolaire-et-lyceenne1 Office Central de la Coopération à l'École

* François Quinchez et Nicolas Oriol sont les Représentants de la CGT Éduc’action à l’Observatoire de la presse lycéenne

La CGT Éduc’action est membre depuis septembre de l’Observatoire des pratiques de presse lycéenne.

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7PEF 135 - avril 2015

Collège/Lycée

Une réforme du collège inacceptable !

En l’état, le Collège unique, aprèsles autres échelons du système

éducatif, subirait la charge d’uneréforme qui, tout à la fois, le priveraitdes moyens nécessaires pour releverles défis auxquels il est confronté etaccentuerait ses faiblesses via unedérégulation nommée pudiquementautonomie.

Le "plan com" du ministère met enavant des constats globalement parta-gés sur la difficulté scolaire (sansjamais cependant la relier aux diffi-cultés économiques et sociales) et secontente de brandir comme recettemiracle l’accompagnement personna-lisé (AP) et les enseignements pra-tiques interdisciplinaires (EPI) quirappellent étrangement les itinérairesde découvertes (IDD) de 2002.

Si la CGT Éduc’action estime quel’interdisciplinarité peut être unebonne chose, elle s’inquiète surtoutdes conditions dans lesquelles ces EPIseront mis en place. Le ministère pré-sente des exemples idylliques, commecelui où trois enseignants font décou-vrir à trois élèves les magies de lamachine à vapeur. La réalité sera bienplus sombre, car chaque classe ne dis-posera que de 2,75 heures dans lagrille horaire pour des cours à effec-tifs allégés et, si un tel exemple estpossible à mettre en œuvre, il auraitsurtout pour conséquence de rendretous les autres cours sans exception enclasse entière. Ce choix inacceptableest une nouvelle preuve du contexteaustéritaire qui repousse l’indispensa-ble baisse des effectifs par classe auxcalendes grecques.

La grille horaire, qui peut encore évo-luer, intègre dans les horaires discipli-naires ces EPI (habile tour de passe-passe qui permet de baisser leshoraires stricts de chaque matièresans vraiment y toucher), fait apparaî-tre des regroupements inquiétants(enseignements scientifiques et tech-nologiques), introduit une deuxièmelangue dès la 5ème tout en réduisant levolume horaire global des langues aucollège.

Ce projet renforce l’autonomie, nonpas celle annoncée des équipes péda-gogiques, mais bien celle des chefsd’établissement qui, à l’aide du brasarmé "conseil pédagogique", vontpouvoir mettre en concurrence lesdisciplines et les collègues quidevront se répartir des miettes.

En effet, 20 % des horaires serontrépartis localement. Les disciplinesconcernées par les EPI et par l’AP, lesheures dévolues à ces derniers ainsique leurs modalités d’organisationmais également la répartition desheures à effectifs réduits sont laissés àl’autonomie des établissements, sansle moindre cadrage.

À cet égard, les langues anciennessont un exemple frappant des tensionsque pourraient faire naître cetteréforme au sein des équipes : leurmaintien ne se fera qu’en prenant surles marges horaires, au détriment desdédoublements.

Ce projet est totalement accolé ausocle commun qui, rénové ou pas,accompagné ou pas de son anciencompagnon, le livret personnel decompétences (LPC), véhicule unevision de l’École minimaliste, utilita-riste et normative que la CGT combat.

Enfin, au-delà des bons sentimentsmaintes fois entendus, les élèves endifficulté, pourtant prétextes à laréforme, sont les grand-e-s absent-e-sde ce projet. Les voilà noyé-e-s dansl’accompagnement personnalisé… en

classe entière. Comme toujours, pourfaire des économies, on tape d’abordsur les plus fragiles.

Soumis à l’injonction de faire réussirtous les élèves sans en avoir lesmoyens, sommés de se débrouillerpour trancher des choix impossibles,confrontés à des classes le plus sou-vent bondées, les personnels ne pour-ront que constater une nouvelledégradation des conditions d’ensei-gnement.

Pire, l’autonomie ainsi que la diffi-culté d’organisation des nouveauxenseignements risquent de détériorerencore plus leurs conditions de travail.

Lors de la consultation du 31 mars, leministère a encore dégradé le texte enpermettant une possible tri- annuali-sation des horaires disciplinaires surle cycle 4 (5ème/4ème/3ème).À la suite de cette nouvelle attaque, laCGT Éduc’action a quitté la réunionen considérant que la logique de déré-gulation présente dans le projet étaitcontraire à ses revendications.

Loin d’être la démocratisationnécessaire du Collège unique,cette réforme va accentuer l’ins-titutionnalisation d’une École àdeux vitesses.

Dans ces conditions, la CGTÉduc’action appelle les équipespédagogiques à se faire enten-dre pour dire qu’un autre Col-lège est possible !

Groupe d’animation du pôle collège

Présenté en Conseil des Ministresle 11 mars 2015, le projet deréforme du Collège a été mis en discussion avec les organisationssyndicales, avant un vote au CSEle 10 avril et une mise en applica-tion prévue pour la rentrée 2016.

Une intersyndicale nationale comprenant la CGT Éduc’action,le SNES-FSU, le SNLC-FO et le SNALC appelle d’ores etdéjà les collègues à se réunir enAG pour discuter de la riposte !

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Formation pro.

PEF 135 - avril 20158

Quoi de neuf pour les GRETA ?

Les réunions de consultation pour laréforme des GRETA ont repris en cedébut d’année 2015.Lors du CNS 1 de juin 2014, le minis-tère s’était déclaré favorable à la miseen place d’un groupe de travail -GT 15-pour les personnels de la formationcontinue, accédant ainsi à une demandetrès forte de l’intersyndicale.

Le 21 janvier, date de la première etunique réunion pour l’instant du GT 15,le ministère en a défini les objectifs. Ils’agit, à l’image de tous les autres GTqui se sont tenus dans le cadre du chan-tier métiers de "mieux définir les mis-sions pour une meilleure reconnais-sance des métiers de la formation conti-nue au sein de l’Éducation nationale".Cela nous conduira à discuter égale-ment des conditions d’exercice de cesmissions.

Mais pour les acteurs de la formationcontinue en grande majorité non-titulaires, la discussion a lieu dans unautre GT. S’agissant des missions, ellessont identiques à celles des titulaires.

La question essentielle est de savoircomment sortir de la précarité l’ensem-ble des personnels (formateur-trice-s ouadministratif-ve-s) de la formationcontinue ? Une autre question très emblématiquede ce GT 15 est de trouver une solutionpour les personnels administratifs,employés au maximum à 70 %.

Pour l’heure, les travaux du GT 15n’ont pas avancé.

La CGT Éduc’action, la FSU et SUDavaient demandé que les réunions duCNS, menacé de disparition en raisonde la mise en place du GT 15, se pour-suivent.

Nous avons été entendus... Le CNSs’est tenu le 17 mars 2015. Cette réu-nion nous a permis de dénoncer lessituations vécues dans les académiesquant à la mise en place de la réformedes GRETA. Le ministère rappelleraaux académies que les CNA 2 sont tou-jours d’actualité. N’hésitons pas à lesréclamer à nos recteurs-trices !

Une prochaine réunion du CNS est pré-vue en juin. Il est important que nousfassions parvenir toutes nos remarquesconcernant les GRETA avant cette date.

Le collectif GRETA de la CGTÉduc’action se réunira avant la pro-chaine rencontre avec le ministère.

Catherine Prinz1 Comité National de Suivi2 Comités de Suivi Académique

Décryptage de la loi...

La loi du 5 mars 2014 sur la forma-tion professionnelle, l’emploi et

la démocratie sociale est un des outilsde cette transformation. Elle impactele Code du travail et les salarié-e-s, etmet en place des dispositions qui tou-chent la formation initiale et lesjeunes. Elle introduit la responsabilitédu/de la salarié-e ou du/de la deman-deur-euse d’emploi et la notion de par-cours dans le cadre de la mise en placede la formation tout au long de la vie.C’est l’introduction de la notion decontinuum de formation.

Réduire les déficits publics

Le gouvernement, afin de réduire lesdéficits publics abandonne ses engage-ments. Au fil des lois de décentralisa-tion, il a confié la compétence de l’en-semble de la formation professionnelle

aux régions à l’exception de la forma-tion initiale sous statut scolaire (lesrégions et l’EN élaborent la carte desformations). Le gouvernement arajouté les outils de gouvernance pari-taires des politiques de l’emploi et dela formation professionnelle dans laloi du 5 mars aux deux niveaux : État,Région.

Le CPRDFOP 1 est élaboré par laRégion au sein du CREFOP 2 sur labase des documents d’orientation pré-sentés par le Conseil régional, l’État,les autorités académiques, "les parte-naires sociaux". Ses objectifs sontsouvent en lien étroit avec l’emploidisponible sur le bassin d’emplois,périmètre restreint, et les nouvellesfilières et métiers issus de la transitionénergétique et écologique.

La formation initiale

Les autorités académiques définissentune liste par ordre de priorité desouvertures et fermetures qu’elles esti-ment nécessaires. La Région aprèsconcertation avec les branches profes-sionnelles des employeurs et des sala-rié-e-s procède au même classement.Dans le cadre du CPRDFOP, les auto-rités académiques et la Région font unclassement en fonction des moyensdisponibles. La Région arrête la cartedes formations professionnelles ini-tiales conformément aux choix rete-nus par la convention et aux décisionsprises. La programmation et les financementsdes actions sont précisés dans desconventions annuelles État/Région,où le CREFOP donne un avis.

La formation professionnelle est en pleine mutation... Pouvoir politique et patronat pensent l’utiliser pour modifieren profondeur le statut du travail salarié.

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9PEF 135 - avril 2015

BPS or not BPS ?

L’ex-Secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur,Geneviève Fioraso, avait annoncé par voie de presse

(Le Monde, 19.12.2014) son intention de créer, à titreexpérimental pour la rentrée 2015, un nouveau diplôme àl’intention des bacheliers professionnels, "le Brevet Pro-fessionnel Supérieur".

Pour cela, elle a lancé une missionde l’Inspection Générale dont lerapporteur, Christian Lerminiaux, aété interrogé lors d’un groupe detravail du CNEE 1.

Les premiers éléments qui sem-blent se dégager ne vont pas dansla direction indiquée par la minis-tre. Pour la CGT Éduc’actioncette piste n’est pas non plus labonne. En effet, les indicationsstatistiques, même si elles ne sontpas encore stabilisées, puisque lenombre de bacheliers pro a beaucoup évolué ces cinq der-nières années, montrent que le danger de voir un nombreimportant de bacheliers pro s’orienter en Licence, et trèssouvent vers l’échec, n’est pas réel. Ce taux ne bouge pas,il se situe autour de 7 à 8 %, essentiellement dans trois ouquatre licences (STAPS, Socio...). Par contre, la créationd’un nouveau diplôme, un sous-BTS spécifique aux bacspro, dont le niveau de qualification serait aléatoire, nonreconnu, est lourd de danger.

En coupant une partie conséquente du vivier des BTS, cenouveau diplôme menacerait la filière technologique quidemeure la meilleure voie d’accès aux diplômes du supé-rieur pour ces élèves.

Aujourd’hui, la réussite des bacheliers professionnels enBTS est variable d’une spécialité à l’autre. Elle est en

moyenne de 50 %, ce n’est passuffisant. Il faut obtenir duministère des dispositifs, classespréparatoires ou d’adaptation,modules spécifiques, qui per-mettent d’améliorer ce taux deréussite. Il faut une politiqueambitieuse pour élever le niveaude qualification et non pas unepolitique de moindre coût quioriente les bac pro vers une voiede garage.

C’est cette direction qu’ont donnée les responsables de lafédération (FERC sup et CGT Éduc’action) lorsqu’ils ontété auditionnés par la Commission de l’Assemblée natio-nale et lors du groupe de travail du CNEE.

Alain Vrignaud

1 Conseil National Éducation-Économie

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Enseignement pro.

...du 5 mars 2014

Pour l’Éducation nationale, laquestion de l’adéquation entre emploiet formation et de la réduction des coûtsest posée. C’est ainsi qu’elle prône ledéveloppement de l’apprentissage, laréduction et la révision complète desfilières de formation et des diplômes.Elle refonde le processus d’élaborationdes diplômes et titres nationaux, met enplace le socle commun de compé-tences, et prône davantage d’autonomiepour les établissements.

Un rapport récent de l’Inspectiongénérale promeut aujourd’hui le lycéepolyvalent au détriment des lycéesdes métiers : sur le terrain, de nom-breux LP fusionnent avec des lycéesgénéraux ou technologiques. On peuty lire : "le lycée polyvalent est un des

outils de recomposition de l’offre deformation. La proximité immédiate desdifférentes voies de formation est unlevier de meilleure gestion des par-cours de formation, des passerelles etdonc de réussite des jeunes".

Le label "campus des métiers et desqualifications" permet l’achèvementde la mise en place de la nouvelle poli-tique de formation à l’Éducation natio-nale. Le "redressement productif" estau centre des motivations des appels àprojet du gouvernement. En fait, c’estle moyen d’accélérer la mixité despublics et des parcours qui conduira, àterme, à la désorganisation totale del’enseignement professionnel sous sta-tut scolaire et met en danger la forma-tion initiale dispensée dans les LP.

Ce sont les économies budgétaires réa-lisées par le fait de dotations uniques,le décloisonnement de la répartitiondes services des enseignant-e-s et lamutualisation des plateaux techniques,qui motivent les politiques et non l’in-térêt des jeunes.

La voie professionnelle sous statutscolaire risque de perdre son iden-tité et de disparaître.

Catherine Prinz1 Contrat de Plan Régional de Développementde la Formation et l’Orientation Profession-nelles2 Comité Régional de l’Emploi, de la Forma-tion et de l’Orientation Professionnelles

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Infirmier-ère-s / Personnels d’administration

Éducation prioritaire : la fameuse "Mesure 14"

Telle est la formulation de la"Mesure 14" dans le cadre de la

réforme de l’Éducation prioritaire,justifiée par "afin de prendre encompte de manière globale et cohé-rente les besoins de santé de l’élève etdévelopper la prévention et l’éduca-tion à la santé dès le primaire, un-einfirmier-ère supplémentaire spécifi-quement dédié-e aux écoles, seraaffecté-e dans chaque réseau".À la rentrée 2015, 350 REP+ et 739REP, soit 1 089 réseaux… avec enmiroir des mesures financières cen-sées être en adéquation avec la dite"Mesure 14" : "222 millions d’eurospour créer 7 600 postes dont : 3 800postes d’enseignants dans le premierdegré et 1 300 dans le second degré ;2 150 postes d’assistants d’éducationet 350 postes de personnels desanté/sociaux".

Au final, ce sont :• 40 emplois d’infirmier-ère-s • 10 emplois de médecins• 50 emplois d’assistant-e-s de service social

qui sont créés, soit 210 de moinsque les prévisions !Encore une fois, les mesures ministé-rielles affichent une ambition sans sedonner les moyens d’atteindre desobjectifs pourtant justifiés par l’ex-ceptionnelle gravité de la situationdes élèves.

Un rapport récent de l’UNICEFtémoigne du fait que les adolescent-e-sconnaissent, en France, un mal-êtreimportant. Pour la deuxième annéeconsécutive, le Fonds des NationsUnies pour l’enfance a mené partouten France, une enquête qui a fait l’ob-jet d’un rapport remis au gouverne-ment, mardi 23 septembre 2014.Parmi les personnes interrogées,quelques 7 000 adolescent-e-s (12/18ans) ont évoqué leur quotidien, maisaussi leurs peines, leurs idées suici-daires et leurs conduites addic-

tives, d’une ampleur inquiétante,selon l’UNICEF. 43 % des jeunes de15 ans et plus seraient ainsi en situa-tion de souffrance psychologique. Onsait que ces chiffres sont beaucoupplus importants pour les élèves quisont dans des situations sociales trèsprécaires.

La mission des infirmier-ère-s s’ins-crit dans la politique générale del’Éducation nationale et contribue à laréussite scolaire. L’Éducation priori-taire doit bénéficier de moyens à lahauteur des enjeux de la réussite detous les élèves.

Ne créer que 40 postes d’infirmier-ère-s et 10 postes de médecins en2015, c’est considérer que les indica-teurs de santé ne sont pas détermi-nants dans le bien-être, l’épanouisse-ment, la réussite scolaire.

Nous sommes persuadés ducontraire. C’est pourquoi la CGTrevendique des créations de postesd’infirmier-ère-s en nombre suffi-sant afin d’assurer une présenceeffective sur la totalité du tempsscolaire dans tous les établisse-ments du second degré et un-ed’infirmier-ère à temps plein parsecteur de rattachement du pre-mier degré.

Sandrine Sconamiglio

L’ensemble des élu-e-s du personnel ont boycotté le premier Comité Technique de l’Administration Centrale après les élections professionnelles.

Le jeudi 5 mars, était inscrit à l’ordre du jour un projet de modificationdu règlement intérieur qui réduit l’acquisition annuelle de jours ARTT 1

au prorata des congés maladie d’un-e agent-e.Cette modification avait déjà été inscrite à l’ordre du jour du CTAC du18 novembre 2014, puis retirée en séance, à la demande unanime des élu-e-s du personnel.Ce dispositif avait déjà été aussi unanimement condamné par les organisa-tions syndicales lorsqu’il avait été présenté en 2012, dans le même tempsque le jour de carence. Notons que cette disposition n’est pas appliquéedans les services extérieurs. Cette mesure vise à fragiliser encore un peu plus les personnes qui, parcequ’elles sont malades, verront leur nombre de jours ARTT réduits en pro-portion de la durée de leur congé maladie. Ce dispositif s’applique à tousles arrêts, y compris les accidents de trajet, les accidents de travail ou lesmaladies professionnelles. Cette remise en cause de la prise en compte descongés maladie comme travail effectif est porteuse de graves consé-quences. Si les arrêts maladie ne sont plus du travail effectif, pourquoi lesprendre en compte dans le calcul des retraites ?Les élu-e-s du personnel ont donc demandé au Secrétaire général :

- le retrait de ce point de l’ordre du jour du CTAC du 5 mars,- le maintien du gel de la mise en œuvre de ce dispositif,- l’abrogation, au plus vite, de cet article de loi adopté en catiminidans la loi de finances 2011.

Devant la fin de non recevoir du Secrétaire général, les élu-e-s du person-nel ont refusé de siéger.Les personnels de l’Administration centrale rejettent toute proratisationdes jours ARTT en fonction des congés maladie.

Pôle Personnels administratifs1 Accord sur la Réduction du Temps de Travail

"Un-e infirmier-ère supplémentaire dédié aux écoles… dans tous les réseaux les plus difficiles".

� CTAC

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11PEF 135 - avril 2015

Personnels de Laboratoire

Personnels de laboratoire :HALTE aux suppressions, OUI aux créations !

Dans certaines académies "pres-sées", le poste est supprimé et le

personnel muté, mais parfois le posteest supprimé lors d’un départ enretraite. Lorsqu’un établissement est classé enZEP, la suppression est moins évidenteet l’opposition des équipes plus grande(motion CA, intervention auprès du rec-torat et/ou CTA).

Suite à la fusion dans le corps desITRF 1, les personnels ont dû choisirune BAP 2 (BAP A pour la SVT et BAPB pour la physique/chimie). Les personnels de laboratoire dans lescollèges travaillent sur deux laboratoires(physique/chimie et SVT), contraire-ment aux personnels qui sont en lycée.Leur présence permet la prévention

des conduites à risque en terme decomportement et un accompagnementsupplémentaire pendant les sortiespédagogiques.La suppression de "l’heure de labo",pour les professeurs exerçant en collège(sauf pour les enseignants de physiques etSVT exerçant au moins 8 h dans un col-lège) ne sera pas sans conséquence pourles équipes, les équipements et les élèves.

Nous avons tous constaté les diffé-rences entre les élèves de collège quiont "manipulé" et ceux qui n’ont pas eucette chance lors de leur arrivée enlycée. Moins de travaux pratiques enenseignement scientifique en collège,c’est plus d’inégalités entre les élèves.

Les personnels de laboratoire assis-tent les professeur-e-s et les élèves,

mais ils/elles maintiennent égalementla qualité des équipements présents encollège.

La CGT Éduc’action revendique :- l’arrêt des suppressions de postesen collèges, particulièrement pourceux classés en zone d’éducation prio-ritaire,- la création de postes en nombre suf-fisant permettant de disposer d’unposte par collège,- l’attribution NBI 3 pour les person-nels de laboratoire des établissementssitués en ZEP, REP, REP+.

Christelle Rissel1 Ingénieurs et Personnels Techniciens deRecherche et de Formation2 Branche d’Activité Professionnelle3 Nouvelle Bonification Indiciaire

� Concours ITRF Inscriptions aux examens professionnels,

aux concours ITRF (A,B,C) externe, interne et réservé

Ouverture des registres :du mardi 31 mars, 12 h au mardi 28 avril 2015, 12 h.

http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24802/s-inscrire-aux-recrutements-i.t.r.f.html

Depuis plus d’une dizaine d’années, la décision de supprimer les postes de personnels de laboratoire en collège,est effective.

Capital Santé !..Ou l’art d’investir dansla stratégie corporelle

Le groupe de travail n°12 élabore laprochaine circulaire des missions

des infirmier-ère-s devant remplacer lacirculaire 2001-014 du 12 janvier2001.Quelle ne fut pas la surprise amère dela CGT en y trouvant une notion que leministère a tenté de justifier commerelevant de la sémantique sociolo-gique : "Il (l’infirmier) est attentif àrenforcer l’écoute auprès des élèves età assurer leur information sur leurcapital santé".Cette terminologie induit la notion quin’est pas anodine selon laquelle notrecorps serait soumis au diktat de la ren-

tabilité. Nous aurions au départ lemême potentiel de vie et après, il yaurait les bons et les mauvais élèves.D’un côté, les bons qui savent gérer etoptimiser, investissent judicieusement,réduisent les coûts, et de l’autre, lesmauvais qui hypothèquent, dilapidentleur capital et coûtent à la société.Doit-on parler aux élèves affecté-e-spar une maladie grave ou un handicapdu fait qu’ils/elles subissent uneconjoncture défavorable ?Doit-on dire aux élèves des milieux lesplus défavorisés que leur investisse-ment de départ les mène à la faillite ?Et pourquoi ne pas instaurer unbonus/malus, applaudir et récompen-ser les meilleur-e-s et montrer du doigtceux/celles qui abusent… et rognertoujours un peu plus de liberté…De là à dire que ce n’est pas la faute des

choix politiques s’ils/elles mangentmal, si leurs conditions de vie sontmauvaises, si ils/elles sont inégaux-ales devant l’accès aux soins, à la cul-ture, à l’éducation, il n’y a qu’un pas !

Cette notion libérale qui culpabiliseles individus et déresponsabilisel’État, la CGT n’en veut pas !Les infirmier-ère-s doivent éduquer àla santé, à des comportements respon-sables, à l’autonomie sans vision cul-pabilisante et moralisatrice.La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et neconsiste pas seulement en une absencede maladie ou d’infirmité (définitionOMS 22 juillet 1946). C’est dans cettevision que doivent se dessiner lescontours de la politique de santé enfaveur des élèves.

Sandrine Sconamiglio

Session 2015

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Non-titulaires / ESPE

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� Titularisation des stagiaires : attention !

Les arrêtés du 22 août 2014 fixent lesmodalités d’évaluation des stagiaires,

ceux/celles-ci étant évalué-e-s en vue deleur éventuelle titularisation.

Les conditions difficiles de l’année destage pour une grande partie des stagiairesne peuvent que nous faire dire que cemoment des évaluations va être compliqué.Nous devons donc être toutes et tous àleurs côtés et agir afin qu’ils/elles ne pâtis-sent pas de la désorganisation des ESPE.

La note de service 2015-055 du 17 mars2015, à retrouver sur notre site internetavec un tract spécial, donne le cadre précis.

Nous vous rappelons que le jury doit se pro-noncer sur "le fondement du référentiel decompétences prévu par l’arrêté du 1er juillet2013". Pour ceci, il se base sur plusieursavis :• pour les stagiaires du premier degré,l’avis de l’inspecteur/trice et du/de ladirecteur/trice de l’ESPE,• pour les stagiaires du second degré (saufles agrégé-e-s titularisé-e-s par l'inspec-tion générale), l’avis de l’inspecteur/trice(attention, le/la chef d’établissement peutdemander une inspection supplémen-taire), du/de la chef d’établissement etcelui du/de la directeur/trice de l’ESPE.

� Luttes contre la précarité dans l’Enseignement Supérieur

Nos camarades de la FERC-Sup CGT sont en première lignepour lutter contre la précarité. Deux exemples :

• à l’université Lyon 2, des dizaines d’enseignant-e-s vaca-taires, également étudiant-e-s, ont travaillé plus de six moissans salaire et parfois sans contrat de travail ;• à l’université Paris 8, la lutte concerne des personnels decatégorie C qui se sont organisé-e-s pour exiger la reconnais-sance de leurs qualifications ainsi que des salaires décents.

� Concours Sauvadet : pas mieux !

En faisant le bilan des concours réservés l’année dernière, nousconstations, pour la deuxième année consécutive, que le ministère

pouvait largement mieux faire. Les jurys avaient fait le choix de ne pasremplir tous les postes, en contradiction totale avec les engagementspolitiques.Aujourd’hui, au regard des premiers résultats publiés, l’année 2015sera encore un échec pour les titularisations.La CGT Éduc’action exige que le gouvernement mette en place unréel plan de titularisation : la titularisation de toutes et de tous, sanscondition de concours ni de nationalité !

� Accompagnement des élèves en situation de handicap

Après la création du métier d’AESH 2 et des engagements poli-tiques, à la fois en faveur des personnels et des élèves, on pouvait

s’attendre à une amélioration sensible de la situation.Dans les faits, c’est loin d’être le cas.

Du côté des élèves, la situation reste compliquée, des milliers restentsans solution. Le 17 février 2015, le Commissaire européen aux droitsde l’Homme a présenté un rapport sur les discriminations en Franceoù il constate que 20 000 enfants demeurent sans solution de scolari-sation : "Les autorités devraient redoubler d’efforts afin de garantir àtous les enfants une instruction appropriée...". "37 % des enfants han-dicapés scolarisés le seraient seulement à temps partiel et 65 % d’en-tre eux n’auraient pas accès aux activités périscolaires. Le manque depersonnels d’accompagnement et d’encadrement en serait la raisonprincipale". Il décrit une "formation insuffisante des enseignants auhandicap", et un "trop faible nombre d’assistants de vie scolaire".

Du côté des personnels, la situation n’est pas meilleure et ils sont ennombre insuffisant. Nous avions dénoncé le fait que le nouveaumétier d’AESH était non statutaire et donc précaire.Dans les académies, les personnels continuent d’être maltraités : non-réembauche (en particulier pour éviter le passage en CDI...), grillesalariale non appliquée, utilisation massive de contrats aidés...

� Rentrée 2015 : la ministre donne des premières précisions

Àla rentrée de septembre 2015, certain-e-s sta-giaires auront déjà validé le Master MEEF 1.

Dans un courrier, la ministre de l’Éducationnationale a précisé que ces stagiaires auront untemps de formation au sein des ESPE équivalentaux autres fonctionnaires stagiaires... Autrementdit, elles/ils seront affecté-e-s à mi-temps en éta-blissement ou école.

Matthieu Brabant

1 Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation2 Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap

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D o s s i e r . . .

Éducation prioritaire

� Des ZEP aux REP+

Pour la CGT Éduc’action, il estnécessaire de prendre du recul parrapport à l’existant et de réfléchirplus largement sur ce que devraitêtre une Éducation prioritaire dansl’École que nous souhaitons.

La crise économique et sociale quenous traversons renforce cette nécessitécar elle engendre des ravages dans lesclasses populaires. L’Éducation priori-taire demeure donc un enjeu majeurpour une École réellement émancipa-trice et libérée de la reproductionsociale. Pour avancer dans cetteréflexion, il est aussi indispensable dese défaire du cadre budgétaire contraintqui nous est imposé et qui cimente laréforme proposée aujourd’hui. Il fautaussi dépasser la seule question de la"carte" qui, dans un budget contraint,restreint obligatoirement le champd’application d’une priorité et quiimpose donc des choix draconiens etune concentration de moyens sur cer-tains territoires au détriment d’autres.Les choix des critères d’appartenance à

l’Éducation prioritaire et des moyens ày mettre en œuvre doivent dicter leschoix budgétaires et non l’inverse.

Pour amorcer ces réflexions, nous vousproposons une mise en perspective his-torique et idéologique de l’Éducationprioritaire qui bat en brèche les affirma-tions de l’ex-ministre Peillon qui voyaitdans cette réforme, "une révolution"dans le genre. En 1982, en créant les ZEP, le ministreAlain Savary s’inspire de dispositifsanglo-saxons dits de compensation,des pédagogies émancipatrices et decertaines expériences pour instaurerune "discrimination positive".363 zones d’éducation prioritaire sontcréées et touchent 8,3 % des écoliers,10,2 % des collégiens, 7,4 % desélèves de lycée professionnel et 0,8 %de ceux de lycées généraux. En 1991,Lionel Jospin passe le nombre de ZEPà 554 (5 503 écoles et 796 établisse-ments) et introduit une prime dédiéepour les personnels. En 1997-1999, la

gauche lance une "seconde relance del’éducation prioritaire" en instaurantles contrats de réussite des réseauxd’éducation prioritaire (REP) et enmodifiant une nouvelle fois la carte :plus de 700 établissements en sortentquand 1 559 y entrent. En 2006, unciblage accru se fait sur les réseaux lesplus difficiles que l’on renforce enaugmentant leurs dotations. Pilotés auniveau national, 253 réseaux ambitionréussite (RAR) apparaissent ainsi.Pilotés par les académies, les ZEP etREP restent des réseaux de réussitescolaire (RRS). En 2010-2011, le gou-vernement instaure CLAIR (collègelycée ambition innovation réussite) etECLAIR (écoles en plus).

C’est dans ces conditions que la minis-tre présente la nouvelle réforme qui apour objectif de "faire reculer les déter-minismes sociaux de l’École" et quivise à remplacer les ECLAIR et RRSpar les REP (Réseaux d’ÉducationPrioritaire) et REP+. •••

Jugeant que les différentes politiques d’Éducation prioritaire, de droite comme de gauche, menées depuis des décen-nies ont été un échec, le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale ont proposé une nouvelle réformequi s’inscrit dans la Refondation de l’École.

Pour légitimer cette réforme, le ministère met en avant un bilan des politiques des ZEP qui attesterait d’un échec carelles n’auraient pas permis de combler l’écart de réussite scolaire entre les élèves de ZEP et les autres. Si nous restonsdubitatifs sur ces bilans n’émanant d’aucune évaluation à grande échelle, nous les interrogeons sur deux points : d’unepart, quel serait cet écart sans l’existence des dispositifs existants, et, d’autre part, l’École telle qu’elle est aujourd’hui,n’est-elle pas, par essence, inégalitaire ?

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Dossier

� Des ZEP aux REP+ (suite)

C’est pourquoi les écoles, collèges etlycées qui constituent ces nouveaux

REP (732 REP et 350 REP+) vontrecevoir des moyens proportionnés,non seulement à la démographie, maisaussi aux difficultés sociales et sco-laires de leurs élèves.

Toutefois, en regardant derrière cettesimple carte de la répartition desmoyens, un certain nombre d’écueilssurgissent et interrogent sur les vérita-bles objectifs : � cette réforme "révolutionnaire" sefait dans un cadre budgétaire contraintet les 250 millions supplémentairesalloués ne serviront qu’à l’accompa-gnement des établissements sortant dudispositif, lot de consolation,�les moyens ne sont absolument pasfléchés sur la baisse des effectifs parclasse, �l’École du socle et l’inégalité detraitement des voies d’orientation nesont pas remises en cause et, aucontraire, sont promues par le gouver-nement,�l’autonomie des établissements -infine celle des chefs et des IEN- et lesdérives managériales qui l’accompa-gnent, prévalent sur l’autonomie deséquipes pédagogiques.

On se rend bien compte que lesmesures prises et que les critères rete-nus ne sont que façade. A aucunmoment le gouvernement n’a souhaitérepenser la politique d’Éducation prio-ritaire en interrogeant sa priorité et lesleviers à actionner pour répondre à laquestion initiale des années 80 : l’amé-lioration des conditions sociales doitpermettre la sortie de ZEP. Atteindre cet objectif, c’est interrogerla politique de la ville mais plus globa-lement l’aménagement du territoire,c’est interroger les temps de formationet la durée de scolarité, c’est réfléchir àla pérennisation des équipes, c’estréfléchir à l’évaluation régulière decette politique. C’est surtout réfléchir àla pédagogie et aux effectifs par classeainsi qu’aux taux d’encadrement.

Finalement, le ministère fait avant toutun choix budgétaire, ce qui n’est pasétonnant. Il aurait pu au contrairereprendre à son compte de nombreuses

études récentes (Piketty, Valdenaire etdernièrement Diane WhitmoreSchanznbach…) qui font apparaîtrequ’une baisse des effectifs dans lesécoles et les établissements de l’Édu-cation prioritaire (5 élèves par classe)

réduirait de 46 % les inégalités deréussite scolaire en primaire et de22 % en collège.

Occasion loupée… Une de plus.

Jérôme Sinot et Michaël Marcilloux

� Quelle est la situation spécifiqueet précise dans ton établissement ?Le collège des Hautes Pailles était unepetite ZEP rurale depuis une dizained’années, car il existe un certain nombred’écueils :• une population défavorisée (22 % dechômeur-euse-s, plus d’1/3 de lapopulation active sans diplôme, et lesnon-diplômé-e-s parmi les 15/24 ansatteignent les 62 %),• entre 44 et 50 % d’élèves allophonesen primaire, tous/toutes issu-e-s de lamême communauté, et qui n’utilisentpas le français pour communiquerpuisque, même à l’école, ils/elles sontregroupé-e-s,•un isolement culturel et social, puisqueles élèves ne peuvent s’appuyer que surnous ou la mission locale : pas de plan-ning familial, de CMP 1, de centre socialsur le bassin. Ils/elles sont très peumobiles.Le collège était classé en 2014 parmiles zones à risque d’échec scolaire…

� Comment réagissent les membresde la communauté éducative ?

Les collègues sont évidemment in-quiet-e-s pour le devenir des enfants, quiont besoin d’être accompagnés spécifi-quement. L’assurance que nous conser-verions la prime ZEP ne répond pas dutout à nos préoccupations ! Les parentsse sont beaucoup mobilisés, nous ontsoutenu-e-s dans notre mouvement du20 novembre : collège mort, tous lespersonnels étaient en grève. Ils/elles ontbloqué l’entrée aux collègues tous lesmatins jusqu’à ce que la DASEN 2 soitprévenue et que les "men in black" durectorat viennent nous encadrer. Il y a eu aussi des heures d’info syndi-cales, une intersyndicale très unie, des

lettres à la ministre et au président de laRépublique, le blocage du pont de laville, des journées écoles mortes danstout le secteur, de nombreuses manifes-tations devant le rectorat, des audiencesauprès de la DASEN et du recteur. Avec les collègues du premier degré,nous avons été soutenu-e-s par le prési-dent de la Communauté de communes,les maires, l’élue au Conseil général, lapresse locale, les parents et les élèves.

� Quels sont les rapports avec ladirection ?

Dès l’annonce de la sortie du dispositif,l’administration s’est montrée très pru-dente et pessimiste.

� Que revendiquez-vous, de ma-nière spécifique ?

La DHG nous est plutôt favorable pour2015, comme annoncé. Mais nousn’avons aucune garantie pour l’an pro-chain, et les personnels ATOSS ontperdu leurs primes. Nous voulons une prise en compte desélèves, le maintien du poste volant enprimaire pour assurer le FLE 3 et desaides au premier degré, ainsi que lemaintien des personnels non-enseignantsaux mêmes conditions, la poursuite del’aide aux devoirs, la possibilité d’avoirdes classes à faible effectif, pour montreraux élèves qu’ils/ elles ne sont pas aban-donné-e-s par la République.

Les parents ont créé une communautésur Facebook qui reprend les étapes denotre lutte :"Ensemble pour le maintien duRéseau de Réussite Scolaire du col-lège d’Échenon".

1 Centre Médico-Psychologique2 Directeur Académique des Services de

l’Éducation Nationale3 Français Langue Étrangère

� Mobilisation au collège Hautes Pailles à Échenon (21)

•••

Entretien avec Mathilde Roy

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15PEF 135 - avril 2015

Dossier

� Marseille, le lycée Victor Hugo mobilisé

Lors du groupe de travail "Éduca-tion Prioritaire" du 25 novembre

dernier au rectorat, l’absence de com-munication claire de l’administrationsur le devenir des lycées généraux ettechnologiques et des lycées profes-sionnels a renforcé l’inquiétude despersonnels de l’établissement.

Devant la peur d’un déclassement quiaurait pour principale conséquence laperte de la garantie de 30 élèves parclasse et des quelques avantages pourles personnels (prime ZEP, AvantageSpécifique d’Ancienneté et bonifica-tions de points pour les mutations),nous avons décidé de nous mobiliser.Réunies en Assemblée Générale le 27novembre, la cinquantaine de per-sonnes présentes (enseignant-e-s, per-sonnels de vie scolaire et agents) ontvoté un premier arrêt de travail àl’unanimité pour le 2 décembre. Suivipar une très grande majorité des col-lègues, cet arrêt de travail nous a per-mis de nous organiser et d’informer lapresse, les élu-e-s mais aussi lesélèves et les parents sur la situationdans laquelle nous nous trouvons.Le 9 décembre, jour de l’appel inter-syndical à la grève, le lycée a connu leplus fort taux de grévistes jamaisobservé avec près de 90 % de person-nels en grève, toutes catégories con-fondues.Le lendemain, deux collègues ont pus’exprimer pendant une demi-heuresur une radio locale et de nombreuxarticles et reportages TV ont relayénos différentes initiatives.Nos élèves, aussi très mobilisé-e-s,ont bloqué l’établissement à trois

reprises entre le 10 et le 17 décembre.Elles et ils ont massivement participéaux deux manifestations spontanéesavec les élèves des lycées Diderot etSaint Exupéry (établissements égale-ment enZEP), sans qu’aucun déborde-ment ne puisse leur être reproché.Elles et ils ont été reçu-e-s à l’Inspec-tion académique, le 10 décembre. Le 15 décembre, une soirée d’occupa-tion a été organisée à l’intérieur del’établissement, regroupant environ60 personnes. Une dizaine de col-lègues ont dormi sur place. En invi-tant ce soir-là les enseignant-e-s d’au-tres écoles et établissements du sec-teur ainsi que les parents et les élu-e-s de la région, nous avons pu dresserun état des lieux peu reluisant del’Éducation prioritaire, qui nous ren-force dans notre détermination à nepas perdre les quelques moyens sup-plémentaires dont nous disposonsactuellement.Le 17 décembre, lors du Comité tech-nique ministériel, il a été laissé enten-dre qu’une nouvelle cartographie ZEPdes LGT et LP serait dévoilée au prin-temps 2015 et qu’un examen, au "caspar cas" selon de nouveaux indica-teurs, serait proposé. La rentrée sco-laire 2015 se ferait donc sur la base demoyens identiques à ceux de cetteannée.

Cette "temporisation" du ministèreest à mettre au crédit des fortesmobilisations dans les établisse-ments relevant de l’Éducation prio-ritaire (académies de Créteil, Ver-sailles, Bordeaux, Toulouse, Aix-Marseille…), mais elle ne constitueen rien une victoire, seulement unrépit.

À grand renfort de médias et dedéploiement de services de sécurité,

le Premier ministre Manuel Vallsaccompagné de notre ministre detutelle, Madame Vallaud-Belkacem sesont déplacés dans notre établisse-ment le 10 février 2015.Nous aurions souhaité leur parler devive voix et porter devant eux lesrevendications de l’Éducation priori-taire, mais il ne nous a été accordéqu’une audience syndicale dans leslocaux de l’IA 13, avec un conseillerde la ministre.

Les personnels en grève ont été cejour-là surveillés sur leur propre lieude travail, puis confinés au-delà d’unpérimètre de sécurité, à l’abri desregards, derrière une rangée de bus deville avec d’autres manifestant-e-svenu-e-s de plusieurs écoles et éta-blissements.Parfaitement organisée et orchestrée,cette visite a masqué la réalité de laZEP en mettant en avant des disposi-tifs de réussite vers le supérieur qui neconcernent qu’un très faible pourcen-tage de nos élèves.En évitant soigneusement d’évoquer laquestion du décrochage, de la sortie dusecondaire sans diplôme ni qualifica-tion, de l’échec de la poursuited’études dans le supérieur, du burn-outdes personnels et de la reconnaissancede la pénibilité, nos ministres ont habi-lement évité les sujets sensibles.

Quelles leçons peuvent tirer les minis-tres de leur visite, aucune !!!Pour dénoncer tout cela, une vingtainede collègues ont signé une lettreouverte reprise par la presse nationaleet qui nous a valu de nombreux articleset interviews (Libération, Le Figaro,Médiapart…).

Notre combat continue.

Fred Salvy, CPE

Le lycée Victor Hugo est un lycéedu centre-ville de Marseille,classé en ZEP, situé au milieu dequartiers parmi les plus pauvresde France, qui se mobilise pourson maintien dans l’Éducationprioritaire.Il accueille des élèves de 11 collèges différents, tous classés en REP+, 85 % de nos élèves sontboursiers.

Manifestation Marseille - 09.12.2014

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PEF 135 - avril 201516

Dossier

� CPE : une autre fonction…

Être CPE en Éducation prioritaire relève d’une réalitéparfois bien différente du métier dépeint dans les différentes circulaires définissant cette fonction.

�De la gestion du feu

Gérer l’urgence devient vite le quotidien des CPE enzones d’éducation prioritaire. Le/la CPE se doit de définirson rôle afin de ne pas devenir le/la surveillant-e général-e qui incarnerait à lui/elle seul-e le respect du RèglementIntérieur. Cette définition ne peut se faire que de concertavec les équipes éducatives. L’entraide et le travail enéquipe sont évidemment au cœur de la réussite des mis-sions dans l’ensemble des établissements scolaires maiss’avèrent primordiaux en éducation prioritaire pour main-tenir un climat pacifié et apporter une réponse cohérenteaux élèves. Ce travail d’équipe vise aussi à lutter contrel’idée reçue que le/la CPE serait le/la seul-e à gérer lessituations de conflit.

Certes en Éducation prioritaire des moyens supplémen-taires sont alloués, mais comme bien souvent ils ne corres-pondent aucunement aux besoins réels pour être véritable-ment efficaces. Davantage d’AED, la nomination systé-matique d’un-e adjoint-e, un-e CPE pour 200 élèves per-mettraient une meilleure présence humaine hors tempsscolaire (quadrillage de la cour, couloirs), de diminuer unpeu la charge de travail et aideraient à la réalisation de pro-jets éducatifs tournés vers la réussite des élèves. La pro-blématique est bien là, les CPE se retrouvent bien souventà pallier un manque de présence humaine qui leur imposede faire le deuil de certains projets éducatifs.Enfin, en ne gérant que l’urgence, nous ne trouvons plus letemps d’analyser les situations et finissons par apporterdes réponses circonstancielles souvent peu efficaces.

�Un métier de terrain où le lien se doit d’être créé etentretenu.

Être CPE en Éducation prioritaire, c’est consacrer lamajeure partie de son temps aux entretiens avec les élèves,les familles, les équipes éducatives et médico-socialesdans des relations duales ou collectives. Le/la CPE estconstamment en contact avec les élèves difficiles pourmaintenir le lien, rappeler le cadre et raccrocher au maxi-mum les élèves avec le scolaire. Mais l’Éducation priori-taire n’est pas que le fait d’élèves en difficulté et/ou diffi-ciles, elle est aussi celui d’élèves sans problématiques sco-laires ou sociales particulières éprouvant aussi le besoind’être accompagnés, écoutés et impliqués dans l’établisse-ment. Le/la CPE a donc le devoir de gérer les situationscomplexes sans se laisser happer par ce quotidien souventanimé.

Sylviane Laporte-Fray

Lors de ses vœux au monde éducatif le 21 janvier2015, François Hollande a annoncé notammentque :"L’Éducation doit pouvoir accompagner indivi-duellement les élèves les plus fragiles. Et il doit yavoir de meilleurs liens avec l’aide sociale, avec lespolitiques sociales, avec les travailleurs sociaux. Je sais que ça se fait. Et ça se fait d’abord dans l’établissement, le plus souvent ! Ça se fait avec lestravailleurs sociaux qui suivent des familles".

La réforme de l’Éducation prioritaire ne va pourtantpas dans le sens de cet "accompagnement individuel

des élèves les plus fragiles" voulu. En effet, cetteréforme prévoit d’étendre les missions des personnelssociaux de l’Éducation nationale aux établissements dupremier degré.

Un-e assistant-e de service social scolaire par REP+ aalors pour mission d’intervenir sur les écoles mater-nelles et primaires de rattachement en plus du collège etce, bien sûr, à moyens constants.

Cette extension des missions va produire une augmenta-tion de la charge de travail des assistant-e-s de servicesocial au détriment des élèves et des équipes du collègecar elle est assortie d’une diminution de leur temps deprésence sur le collège. En effet, dans ces établisse-ments où le ministère estimait il y a quelques années,qu’il était nécessaire d’avoir un-e assistant-e de servicesocial à plein temps (collèges ECLAIR), il ne faudraplus compter que sur un-e assistant-e de service socialpartageant son intervention sur plusieurs autres établis-sements du premier degré.

Ainsi, si la prévention la plus précoce est plus quejamais nécessaire et notamment sur le premier degré,sans la création de postes et à moyens constants dans lesétablissements, l’assistant-e social-e scolaire ne pourraplus répondre aux besoins et demandes des équipes, desélèves et de leur famille, ce qui est pourtant prévu dansle cadre de ses missions.

Dans ce contexte, nous personnels sociaux de l’Édu-cation nationale exigeons :

• des créations de postes nécessaires à l’exercice del’ensemble de nos missions : à savoir un-e assistant-ede service social par collège REP+ et un-e assis-tant-e de service social pour le secteur premierdegré, • de bénéficier des primes liées à l’exercice en Édu-cation prioritaire au même titre que l’ensembledes personnels bénéficiaires prévus.

Mireille Constantin

� Assistant-e-s sociaux-ales : des postes minoritaires

pour des missions supplémentaires

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17PEF 135 - avril 2015

Loi Macron : coup de force contre les salarié-e-s !

Le projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques dit "Loi Macron" est un projet libéral qui ne fait querépondre aux exigences du MEDEF.Après le "pacte de responsabilité", et la poursuite de la rigueur budgétaire, ce projet de loi confirmel’orientation politique du gouverne-ment qui a clairement choisi soncamp contre les salarié-e-s, lesretraité-e-s et les privé-e-s d’emploi.

Et c’est le patronat, le grand gagnant :200 milliards € d’exonérations fiscales

et sociales, 30 milliards € pour créer soi-disant 490 000 emplois et de nouveauxcadeaux tels que la déréglementation deslicenciements, la remise en cause de la jus-tice prud’homale ou encore l’affaiblisse-ment du rôle de l’inspection du travail.C’est donc une loi de forte régressionsociale, antidémocratique (imposée le 19février à l’Assemblée par le 49-3), faisantun pas supplémentaire vers l’austérité.Comme l’a dit la CGT à l’Assembléenationale, cette loi n’est pas tournéevers l’avenir mais vers le XIXe siècle !

Malheureusement, l’équipe Hollande-Valls-Macron ne compte pas s’arrêterlà. En ligne de mire les retraites com-plémentaires, les 35 h, l’ensemble de laprotection sociale. Et une loi Macron IIest annoncée !

Après la mobilisation du 9 avril, touteset tous, nous devons continuer à faireentendre notre voix. Une journée nepeut suffire pour exiger un changementradical de politique permettant de(re)trouver le chemin du progrès social.

Nadine Castellani Labranche

Interpro.

� Éclairage

sur quelques mesures :

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Retraité-e-s

MGEN : quel avenir pour le mutualisme ?

Le 11 mars 2015, se déroulait la rencontre annuelle mutualiste de la MGEN de Loire-Atlantique.Une assemblée d’une quaran-taine d’adhérent-e-s, presque tous-tes retraité-e-s, qui montrebien le vieillissement des adhérent-e-s et l’adhésion très faible de jeunes adhérent-e-s ànotre mutuelle (moins de 50 %des nouveaux enseignant-e-s).

� Mutualisme

La MGEN fait partie du groupe "ISTYA" qui regroupe des mutuelles de laFonction publique. Un rapprochement avec le groupe "HARMONIEmutuelles" est envisagé au motif que ce nouveau groupe serait une grosseforce mutualiste (un Français sur six) pour peser sur la santé.Mais, il y a un gros bémol entre les deux groupes sur les valeurs mutualistes.En Pays de Loire, "HARMONIE mutuelles" a une politique publicitaire trèsagressive, très proche des assurances privées, et une tarification des cotisationstrès opaque. Est-ce une bonne idée pour nos valeurs mutualistes ?

� Désengagement de l’État

Actuellement, la MGEN est laseule mutuelle conventionnéede l’Éducation nationale et lescotisations sont directementprélevées sur les traitementset pensions. L’Éducationnationale remet en questionce système. Le risque, lors desprochaines négociations sur leconventionnement pour notreministère est de voir arriverd’autres mutuelles et assu-rances privées. D’où, concur-rence et privatisation !

� Augmentation des cotisations, vue à court terme

En faisant porter l’augmentation descotisations sur les retraité-e-s, qui onteu dans notre profession des retraiteshonorables, la MGEN n’anticipe pasla baisse des retraites (recul de l’âge,carrière incomplète, décote…) qui vaencore déséquilibrer le rapport cotisa-tion/prestation. C’est donc bien notresystème de Sécurité Sociale qu’il fautdéfendre.

� Prévention

Un des participants à cette réunion amis l’accent sur le fait que pour dimi-nuer les frais de santé, il faudrait faireplus de prévention. Qui dit "préven-tion", dit "médecine du travail",inexistante à l’Éducation nationale.Autre revendication de notre syndi-cat qui, elle aussi, pourrait être trèsunitaire.

� Concurrence déloyale

Avec la signature de l’AccordNational Interprofessionnel -ANI-,les patrons devront mettre en placedes mutuelles d’entreprises finan-cées à 50 % par le patron, 50 % parles employé-e-s. La MGEN risquede perdre des adhérent-e-s quirejoindraient leur conjoint-e dansleur mutuelle d’entreprise, souventprivée et peu ou pas mutualiste. C’est une concurrence effrénée quise met en place avec tous les mes-sages publicitaires que nousconnaissons.L’Éducation nationale verse à laMGEN 1 € par an et par adhérentet l’ANI ne s’applique pas pour lesfonctionnaires. Ce serait une sainerevendication de notre syndicat,et qui pourrait être très unitaire, dedemander 50 % de participationde l’État aux mutuelles.

� Conséquence du gel dessalaires et des pensions

Les cotisations à la MGEN étant unpourcentage des salaires et des pen-sions, leur gel conduit à une dimi-nution des recettes, pendant que lesdépenses de santé augmentent(dépassements d’honoraires, coûtdes médicaments…).

� Refonte complète de l’offre au 1er janvier 2016 (cotisation retraité-e : + 15 %)

La MGEN est en déficit sur le compte cotisation/prestation. Pour 100 € decotisation, un-e jeune (25-30 ans) reçoit 40 € en remboursement prestation,un-e retraité-e (65-70 ans) reçoit 130 €. Avec le vieillissement des adhérent-e-s (50 % sont retraité-e-s), pour combler le déficit, il faut augmenter lescotisations des retraité-e-s (+ 15 %) et rendre l’offre de la MGEN plusattractive pour les jeunes enseignant-e-s.La MGEN abandonne donc son offre globale pour une offre de prestationsen quatre groupes à tarifs différents pour répondre à la concurrence desautres mutuelles et assurances privées et attirer les jeunes.

Roland Pacoutet, Section Nationale des Retraités

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Retraité-e-s

"Un service civique senior obligatoire"

"Il faut reconsidérer nos per-sonnes âgées comme des

citoyens engagés dans la société etnon plus comme une "charge" et ces-ser de réduire nos "vieux" (le termeest délicat NDLR) à un risque à ladépendance ou une bombe à retarde-ment financière" écrit-elle !"La cohésion sociale passe par cenouveau pacte entre les générations"ajoute ce club fermé surtout aux idéesnouvelles, il trouve "des avantagesqui redonneraient aux "vieux" uneplace dans la société".

Voilà ce qui s’appelle habiller de mots"fumeux" des idées qui ne sont quedes retours dans le passé, avant lesébauches de pensions de retraite desXVII, XVIII et XIXème siècles et sur-tout l’ordonnance du 4 octobre 1945qui instaure le système actuel.

Ces propositions ne sont rien d’autrequ’un essai argumentaire pour la sup-pression du droit à la retraite, même sila classe politique a semblé ne pasdonner suite à une telle idée, elle n’estpas arrivée par hasard, la recette a étési souvent utilisée : quelqu’un lance

une idée dans la marmite, on laissemijoter, de temps en temps on touilleet le fumet empeste ensuite les débats.

L’idéologie dominante ce n’est quecela : une mise en condition par pro-vocation d’abord et ensuite unereprise au pas à pas avec persévéranceen s’appuyant sur les médias. Il y afort à craindre que cette idée resur-gisse avec un autre costume aux cou-leurs moins criardes.En France, le chômage touche plus de10 % de la population : chômagetotal, en travail partiel souventimposé, petits boulots,...Mais pour Mme Rama Yade et sescommanditaires, celui qui après prèsd’un demi-siècle d’activité aspire àune vie plus sociale, est un problème.Où voit-elle que les "vieux" doiventretrouver une place dans la société ?De quelle société parle-t-elle ? De lasociété où l’on produit : l’entreprise,ou de celle qui est au-dessus : lasociété humaine ?Dans la société humaine, les retraité-e-s trouvent sans difficulté une pleineet grande place et une disponibilitépour eux/elles-mêmes, pour leurs

enfants, petits-enfants, quartiers,associations,…Mme Rama Yade ajoute : "Un servicecivique obligatoire de l’âge de laretraite jusqu’à la perte d’autono-mie", la boucle est bouclée, jusqu’àl’alitement, quel humanisme !

Ces réformateurs dans l’âme n’ontpas été inspirés pour trouver à corri-ger ce monde financier impitoyable.Monde financier qui fraude le fisc,pèse sur les conditions de travail,pousse aux suicides, licencie, épuise,étrangle et liquide des entreprises ren-tables pour augmenter les dividendesdes actionnaires. Monde financier qui se remercie lui-même avec des primes aux montantsinimaginables pour un simple travail-leur, est-ce à dire qu’il n’y a rien àfaire… ?

C’est vrai que, si l’on n’est pas com-plice, il faut un peu de courage poli-tique et ces "inventeurs du Moyen-Âge", semblent furieusement en man-quer.

Daniel MalevilleSection Nationale des Retraités

La Section Nationale des Retraité-e-s de la CGT Éduc’action organise sa Conférence Nationale tous les trois ans. Plus de cent délégué-e-s sont prévue-e-s.

C’est un moment important de la vie de l’organisation qui permet :

� de faire le point sur l’activité menée depuis la précédente Conférence d’octobre2012, sur l’évolution de nos effectifs, sur les questions d’organisation, sur les pro-blèmes financiers,� d’analyser la situation dans son actualité et ses développements dans l’avenir pourdéterminer des axes de l’action revendicative que nous entendons proposer, d’une partà nos camarades retraité-e-s, d’autre part à notre syndicat, la CGT Éduc’action,� d’élire la direction appelée à conduire l’activité pour les trois années qui suivent.

Il est important qu’elle se prépare de la façon la plus large possible, démocratiquement,et que tou-te-s nos adhérent-e-s soient étroitement associé-e-s à la réflexion. Des réunionsseront organisées par les sections de retraité-e-s ou les SDEN/URSEN (lorsqu’il n’y apas de sections). L’objectif étant de réunir le maximum de retraité-e-s, les consul-ter, discuter, débattre, proposer.

Rappel...

Une idée qui n’est pas que saugrenue... mais est-elle vraiment l’invention provocatrice de Mme Rama Yade,ancienne ministre Sarkozyste, et de son Club de réflexion ?

La Conférence se déroulera :

du mardi 19 mai 2015à 14 heures

au jeudi 21 mai 2015 à 12 heures

au CAP D’AGDE (34),Centre de Vacances CCAS

� Conférence Nationale

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PEF 135 - avril 201520

Négociations Parcours Professionnels, Carrières, Rémunération (PPCR)

Fonction publique

La CGT a réaffirmé que cette négocia-tion a pour but essentiel d’améliorer

significativement la situation des agentsdans le cadre d’une Fonction publique decarrière rénovée et renforcée. Nous avonsrappelé que pour notre organisation syn-dicale ce n’est pas dans le carcan de tou-jours plus d’austérité que l’on pourraconstruire les réponses qui s’imposent.

Nous avons tenu à mettre en avantquelques chiffres importants.

Il y a 20 ans :• 12 % des agents de la Fonctionpublique (FP) étaient payés entre leSMIC et 110 % du SMIC. Ils sont entre20 et 25 % aujourd’hui,• l’amplitude théorique d’une carrière decatégorie C était de 77 % sur 3 grades.Elle est de 44 % aujourd’hui sur 4 grades,• pour une même amplitude de carrière,un agent de catégorie B gravissait 24échelons sur 3 grades, c’est 37 échelonsaujourd’hui,• un agent de catégorie A était recruté à60 % au-dessus du SMIC, c’est 10 %aujourd’hui,• la part des primes a plus que doublédans la rémunération globale des per-sonnels créant discriminations et diffi-cultés pour la retraite.

Ces chiffres montrent qu’il faut une rup-ture avec ces politiques mises en place.

Quelques-unes de nos revendica-tions principales ont été rappelées.

• Seule la Fonction publique de carrièregarde sa pertinence. Peut-on encore par-ler de carrière lorsque l’on constate lesamplitudes totalement étriquées pour lesagents des catégories C ?• Notre attachement au principe duconcours comme garant irremplaçablede l’égalité d’accès aux emplois publics. • Mise en place d’un "Sas citoyen" per-mettant aux jeunes sans diplôme d’inté-grer les corps de la FP.• Aucune remise en cause des rôles et desprérogatives des organismes consultatifs.• Une carrière complète, dont la duréeserait à revoir, une amplitude garantieallant de 1 à 2.• L’intégration dans le traitement indi-ciaire des primes ayant un caractère decomplément salarial.

• Fin de la "méritocratie" sanctionnée parla modulation des primes, c’est dans ledéroulement de carrière que la manièrede rendre le service public doit êtrereconnue.• L’abrogation de la RIFSEP (Régimeindemnitaire tenant compte des fonctions,des sujétions, de l’expertise et de l’engage-ment professionnel).

Cette liste n’est pas exhaustive mais nospropositions sont largement envisageablesdans la mesure où l’ensemble des salaires,primes, pensions des trois versants de laFonction publique a reculé d’un demi-point dans le produit intérieur brut.

Cela représente environ 10 milliardsd’euros : c’est plus qu’il n’en faut pourrépondre aux légitimes exigences desagents de la Fonction publique.

La ministre de la Fonction publique aannoncé ses grandes orientations pouraméliorer les carrières et rémunérationsen indiquant que la négociation seraitbouclée le 2 juin. Grandes orientationssans annonces chiffrées, plus de dix réu-nions sont programmées d’ici au 2 juin.Cela peut sembler beaucoup mais siaucun moyen supplémentaire n’est dispo-nible, gageons que cette négociationrisque de faire long feu !

Christophe Godard

La dernière séance de concertation a eu lieu le 10 mars. Le contexte imposé par le gouvernement pèse très lourde-ment sur ces discussions

� Santé au travail

"L' employeur prend les mesuresnécessaires pour assurer la

sécurité et protéger la santé physique etmentale des travailleurs" (art. L4121-1du code du travail) ; cette loi n'est abso-lument pas respectée dans l'Éducationnationale.

Pour la CGT Éduc'action, il faut mettretous les moyens nécessaires afin qu'au-cun personnel ne subisse de dégradationde sa santé du fait de mauvaises condi-tions de travail. Voici nos principalesrevendications :

� Identifier les risques, premier pasvers une prévention efficaceL'employeur est soumis à toute sorted'obligations liées à l'identification dedangers potentiels ou avérés, ceci afin deles éliminer ou de les réduire, commec’est le cas du Document Unique d'Éva-luation des Risques (DUER) ou du regis-tre de santé et sécurité, qui doivent êtrefaits et actualisés dans tous les lieux detravail.

� Recruter des médecins de préventionAvec un médecin pour plus de 10 000agents en moyenne, la prévention, quiest le cœur de leur métier est une pureabstraction... Il faut augmenter le nom-bre de médecins de prévention afinqu’ils/elles puissent exercer correcte-ment leurs missions.

� Prévenir de tous les risquesOn réduit souvent la santé au travail auxquestions d'hygiène et de sécurité. Or,les conditions de travail au sens le pluslarge doivent être interrogées pour éviterles maladies professionnelles.

� Améliorer les conditions de travaildes personnels en donnant des margesde manœuvre aux personnelsIl faut gagner la possibilité de mettreplus de moyens là où la réalité du terrainl'exige, même en cours d'année, afin depermettre les ajustements nécessairespour conserver des conditions de travailsaines et maintenir la qualité du servicepublic d'éducation.

� Obtenir le soutien sans équivoquede la hiérarchie pour tout-e agent-e endifficulté.

� Mettre en place des CHSCT danschaque établissement scolaireActuellement, les CHSCT sont départe-mentaux, académiques, éloignés de la réa-lité du terrain et perdent donc en efficacité.

� Augmenter les traitements, réduirele temps de travailUne rémunération au rabais sous-tendl'idée que le travail est lui aussi au rabais.Exigeons une revalorisation de nos traite-ments à la hauteur de notre engagementquotidien (90 points d’indice soit plus de400 € et aucune rémunération inférieure à1 800 € net) et une réduction du temps detravail sans perte de salaire.

Sylvain Clément

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21PEF 135 - avril 2015

La Collective

Égalité Femmes/Hommes : à la CGT aussi

"Les femmes ne doivent pas êtrela variable d’ajustement de la

soi-disant compétitivité à court termeque prône le patronat".

C’est ainsi que le 5 mars 2015, SophieBinet a clôturé la journée confédérale,à l’initiative de la CommissionFemmes-Mixité, qui a permis de faireun point d’étape sur la situation dansnotre confédération et plus largementen Europe.

Intitulée "L’Égalité entre les femmeset les hommes : plus que jamais d’ac-tualité pour la CGT !", la journée ad’abord été l’occasion de dévoiler lesrésultats du sondage effectué auprèsde toutes les organisations sur la placedes femmes dans le syndicat. Il enressort qu’il y a encore un énorme tra-vail pour arriver à une juste représen-tativité des femmes. Bien que la partdes nouvelles adhésions fémininessoit plus importante que celle deshommes, elles restent minoritaires àpresque tous les niveaux ; seuls laCommission exécutive et le Bureauconfédéral respectent la parité. Ellessont aussi très peu présentes à la têtedes structures, ou dans les formationssyndicales.

Les participant-e-s (presque 150 dont àpeine 30 hommes) se sont réparti-e-sdans des ateliers de discussion dont"Dynamiser l’activité des collectifsfemmes-mixité" et "Syndicalisation desfemmes, formation et accès aux res-ponsabilités syndicales".

Le premier atelier a montré la diffi-culté à faire vivre les collectifs quandils existent et la charte égalité femmes/hommes annexée aux statuts de laCGT. L’importance d’un kit dedémarrage et de données chiffréesrégulières a été mentionnée de nom-breuses fois, ainsi que la nécessitéd’inclure le thème sur l’égalité danstoutes les formations et aussi danstoutes les actions et les négociations.Les participant-e-s ont tou-te-s souli-gné l’importance des collectifs pourarriver à une juste représentativité des

femmes, et gagner l’égalité pourtoutes, y compris dans les métiersmoins favorisés.Le deuxième atelier a montré l’impor-tance de la présence de femmes dansle syndicat : cela entraînerait d’autresadhésions féminines, (notammentchez les personnels précaires ou chezles plus jeunes), et la mise en place demesures pratiques pour tout concilier.Les hommes présents ont reconnu quecela n’est pas inné pour eux de parta-ger les responsabilités, du fait del’éducation, et qu’il est donc impor-tant de casser les codes, d’apprendrela parité très tôt et d’utiliser un voca-bulaire mixte où l’emploi du fémininet du masculin cohabitent.

L’après-midi a été consacrée à lasituation en Europe grâce à la pré-sence de Silvana Cappuccio, Ita-lienne, Vasiliki Dratimenou, Grecque,et de France Sponem, présidente duComité des Femmes à la CES 1.

Toutes les interventions ont marqué ledanger des actions imposées par laTroïka, sous prétexte de compétiti-vité, et la dégradation de la situationdes femmes. Elles font les frais dudémantèlement des services publics àdouble titre : par la suppression desplaces en crèches, des services médi-caux, mais aussi parce qu’elles tra-vaillent majoritairement dans ces ser-vices publics.

Cette journée a été l’occasion de rap-peler des faits marquants de l’histoiredes luttes des travailleuses, comme lagrève des midinettes au début duXXème siècle, à l’origine d’avancéessociales telles que les conventionscollectives ou le contrat de travail.

Pour citer Maryse Dumas, l’une desanimatrices : "Un acquis de femmedevient un acquis de tous".

Sandra Gaudillère1 Confédération Européenne des Syndicats

Le Choix, roman graphique de Désirée et Alain Frappier

Avec Le Choix, Désirée et Alain Frappier nous font revivrela lutte engagée il y a quarante ans pour que les femmesconquièrent le droit de disposer de leur corps, droit quileur sera reconnu par la loi Veil votée en décembre 1975sous la présidence de Giscard d’Estaing (1974-1981), parune assemblée composée majoritairement d’hommes,avec l’apport des voix de l’opposition de gauche.

Le Choix mêle l’histoire personnelle de Désirée Frappier et la grande Histoire.Avant 1975, l’avortement était interdit par une loi de 1920, aussi les femmes quivoulaient avorter le faisaient clandestinement dans des conditions qui mettaientsouvent leur vie en danger. Et si Giscard d’Estaing en vint à faire voter une loiautorisant l’avortement, ce fut à la suite d’une lutte menée par des femmes etdes hommes courageux, qui osèrent braver la loi et déclarer ouvertement qu’ilspratiquaient des avortements avec "la méthode Karman une méthode par aspi-ration simple, pas chère et surtout sans danger". Ils/elles créèrent le MLAC(Mouvement pour la Libéralisation de l’Avortement et de la Contraception) quiimpulsa les mobilisations qui aboutirent au vote de la loi Veil.

Ce roman graphique est en fait un vrai livre d’Histoire, fruit d’un véritable tra-vail de recherches, mais aussi un livre d’actualité car le droit à l’avortement estun droit régulièrement menacé, donc un livre d’utilité publique, à lire et à fairelire… par toutes et tous et notamment les jeunes qui ont besoin de savoir com-ment c’était avant la loi Veil !

Roger RevuzLe Choix, Éditions La ville brûle, 15 €

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Laïcité et liberté de conscience…

Enseignement privé

PEF 135 - avril 201522

Pour la ministre, "la grande mobilisation pour les valeursde la République est celle de toute l’École, y compris

l’enseignement agricole et l’enseignement privé souscontrat". Chiche !

La CGT Enseignement Privé approuve la démarche de laministre. Les mesures à prendre doiventêtre à la hauteur des enjeux et des difficul-tés de notre société. Nous craignons mal-heureusement que ces belles intentions nese heurtent, dans l’enseignement privé, tantà un lobby communautariste intransigeantsur ses "positions acquises" -les réseauxcatholique et juif qui souhaitent garder leuremprise sur un pan de l’école, le réseaumusulman qui souhaite s’y développer-qu’à une administration bien frileuse pourimposer aux structures de l’enseignementprivé des valeurs qui risqueraient de devoiraffronter le fameux "caractère propre".

L’exemple de la Charte de la Laïcité, dont la diffusion n’a puêtre imposée aux établissements privés, est à ce titre révéla-teur des limites de notre système. Sur Caen (cf ci-dessous), lerecteur d’académie plie devant l’évêque et le directeur diocé-sain, et ne défend pas la "liberté de conscience", pourtantgarantie aux enseignants depuis la loi Debré…

Pour nous, la République est en danger. L’enseignementconfessionnel sous contrat avec l’État, financé à 90 % sur desfonds publics, sera dans les années à venir le chantre du com-

munautarisme. Quelle société aurons-nous lorsque, dansquelques années, 30 % des élèves seront scolarisés dans desécoles catholiques, 20 % dans des écoles musulmanes et10 % dans des écoles juives, le tout aux frais du contribuable"laique" ? Il sera alors trop tard pour se poser la question du"vivre ensemble".

L’État doit faire preuve de courage etréfléchir véritablement à l’instaurationd’un grand service public de l’Éduca-tion nationale, laique et gratuit…

Est-il concevable que des établissementsfinancés à 90 % par des fonds publics nerespectent pas les règles communes, et uti-lisent leur financement pour entrer enconcurrence avec le "public" ?

Pour la CGT, l’Éducation ne doit pas êtreun marché concurrentiel, sauf à vouloirdévelopper un système à deux vitesses-comme en connaissent les États-Unis- et

à laisser se développer le communautarisme. Dans ce cas, passûr que les valeurs que les enseignants tentent de défendre auquotidien en sortent victorieuses. Pas sûr non plus que nos conditions de travail y gagnentbeaucoup...

Tant que l’État n’aura pas pris ses responsabilités, c’estdonc tous les jours, face à chaque tentative de dérive, quenous devons collectivement défendre nos droits !

L’évêque de Sées (61-Orne) a invitétou-te-s les enseignant-e-s des éta-

blissements privés catholiques à travail-ler, durant toute une journée le lundi2 février, sur l’écriture du "projet diocé-sain", "à la lumière de l’évangile et dansle cadre du service public" auquel l’en-seignement privé est associé.

De nombreux-ses enseignant-e-s des éta-blissements Ornais, qu’ils/elles soient deconfessions catholique, musulmane ousimplement athées, n’envisagent pas,dans le cadre de leur métier, de réfléchirà la manière d’évangéliser les élèves (axe1 des thèmes de réflexion) !

Les syndicats CGT, CFDT et CFTC bas-normands se sont émus auprès du recto-rat de cette obligation faite aux ensei-gnants. "Pour nous, précise le courriercommun, cette journée ne peut êtreconsidérée comme une journée "pédago-gique". Il s’agit bien d’une journée "pas-torale", qui dépasse notre mission d’en-seignants, agents publics rémunérés parl’État. Ce projet dépasse le nécessaire"respect du caractère propre" auquelnous sommes soumis, et empiète sur la"liberté de conscience" qui nous estgarantie. La contribution des ensei-gnants à ce type de réflexion doit être

proposée en dehors des obligations deservice, et sur la base du volontariat".Et les organisations syndicales dedemander au Recteur, "d’intervenirauprès des chefs d’établissement afinque la participation des enseignants àcette journée ne puisse être imposée, etainsi de garantir la liberté de consciencedes maîtres de l’enseignement privé souscontrat d’association avec l’État, rappe-lée dans l’article L442-5 du Code del’Éducation. Il s’agit d’une liberté fonda-mentale des agents publics de l’État quidoit être préservée".

� Mauvais exemple dans l’académie de Caen...

Najat Vallaud-Belkacem a présenté le jeudi 22 janvier 2015, onze mesures issues de "la grande mobilisationde l’École pour les valeurs de la République". Transmission des valeurs républicaines, laïcité, citoyenneté et culture de l’engagement, lutte contre les inégalités et mixité sociale, mobilisation de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sont au centre de ces mesures.

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23PEF 135 - avril 2015

dans le privé !

Enseignement privé

Serge Vallet

Pas d’engagement du Recteur !

Que l’enseignement catholique cherche àutiliser les moyens de l’État pour contri-buer à l’écriture du projet diocésain (endétournant le temps de travail des per-sonnels rémunérés par l’administration),c’est son droit, même si l’on peut ques-tionner la valeur d’un projet diocésainécrit par des enseignant-e-s qui ne sontpas motivé-e-s pour participer à cetteréflexion. Qui ne tente rien n’a rien.

Que le Recteur accepte cet état de fait,voire qu’il le cautionne, c’est beaucoupplus grave.Pour lui, par la voix du directeur de cabi-net, "La prise en compte du caractèrepropre de l’enseignement catholique et(du) recrutement (des enseignants) justi-fie cette invitation. Cinq axes deréflexion trouvent une traduction dansles priorités éducatives nationales, pourpeu qu’on aille au-delà de leur intitulétel qu’il est rédigé. Le premier axe(École Catholique, lieu d’évangélisa-tion) peut inviter également à laréflexion sur l’enseignement et laconnaissance des religions, de leur his-toire, point particulièrement important".Nous aurions souhaité un engagementde l’autorité rectorale plus en adéqua-tion avec les valeurs de la Républiquequ’elle est censée défendre. Plus en adé-quation avec les mesures présentéesquelques jours plus tôt par notre minis-tre autour de la "grande mobilisation del’École pour les valeurs de la Répu-blique"…

Bien évidemment, des collègues ontmalgré tout fait valoir leur liberté deconscience, et ont refusé de participer àcette joyeuse réflexion.

� Peut-on revendiquer sa "liberté de conscience" tout en travaillant

dans l’enseignement catholique ?

Cette question doit être abordée de front. Elle touche non seulement les col-lègues, y compris les adhérent-e-s de la CGT, mais également les médias,

voire l’administration. Que le directeur de cabinet d’un Recteur puisse répon-dre à une interpellation sur le sujet "si vous ne souhaitez pas participer à desjournées pastorales, il fallait choisir d’enseigner dans le public" est révélateur.Et inquiétant.

Commençons par l’absurde : un salarié de chez Dassault doit-il se promener leweek-end en char de combat ou en rafale ? Un salarié de chez EDF doit-ilnécessairement être un pro-nucléaire ? Un écologiste a-t-il le droit de mangerde la viande ?

Pour nous, la question devrait être aussi simple et la réponse claire : ce n’estpas parce que nous enseignons dans un établissement privé confessionnel quenous devons faire preuve de notre (bonne) foi dans l’exercice de notre métierd’enseignant-e. Nous sommes des agents publics, rémunérés par l’État(laique), et les croyances de chacun-e relèvent de notre sphère privée.

Par ailleurs, si la "liberté de conscience" nous est garantie par la loi, c’est bienpour que nous puissions nous y référer. Un droit qui n’est pas utilisé est undroit qui meurt. Croyant-e ou non, que l’on ait envie ou non de participer à unejournée pastorale ne change rien : nous devons soutenir les collègues qui ne

souhaitent pas le faire, au même titre que nousdevons soutenir Charlie Hebdo et la liberté d’ex-pression, même si nous n’apprécions pas les pro-pos du journal !

Soyons encore plus clairs : tou-te-s les ensei-gnant-e-s devraient refuser d’utiliser desheures de cours pour "réfléchir à un projetdiocésain". Si elles ou ils souhaitent ardem-ment participer à cette réflexion, dans lecadre d’une concertation organisée, c’est pos-sible... en dehors du temps pédagogique...

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Abécédaire

PEF 135 - avril 201524

En introduisant à la communale, le b-a ba des écoles religieuses,Jules Ferry n’avait pas pour but depermettre à l’ensemble des enfantsde maîtriser la lecture, mais seule-ment de déchiffrer les modes d’emploi des diverses machines surlesquelles ils allaient travailler.

Dans les années 60/70, l’idée que lesenfants entrent dans la lecture en lisantavait gagné nombre d’adeptes. Cemouvement survécut très peu au départd’Alain Savary. Depuis, les gouverne-ments successifs n’ont rien fait pourdévelopper cette approche, bien aucontraire. Leur priorité est bien d’en-traîner vers le déchiffrage "ceux quiapprennent à lire malgré nous" (selonle mot de Foucambert) car l’objectifrecherché et voulu n’est pas de déve-lopper la lecture. Ainsi, le passage"langage" dans les nouveaux pro-grammes de maternelle relance ledébat idéologique et peut apparaîtrecomme une régression sur le sujet. Tout ce qui est langage y est traversépar la question récurrente du pas-sage, qui semble obligé, par des acti-vités vides de sens.

On n’apprend pas à lire à la maternelle.Il n’y a d’ailleurs aucun chapitre sur lalecture dans ces programmes. Pourtant,elle hante toute la partie "langage" ;une nouvelle étape semble d’ailleursfranchie : la lecture est abordée dans lechapitre sur l’oral. En guise de "lec-ture", on comprend vite que l’obses-sion des rédacteurs est d’entraînerenseignant-e-s et élèves dans une spi-rale qui fait reposer l’apprentissage auCP sur les sons, la prononciation, l’ora-lisation, toutes ces choses qui n’ont pasde lien direct avec la lecture. La "conscience phonologique", omni-présente dans le chapitre sur l’oral, neconcerne en fait que l’écrit. Ainsi, nousapprenons que : "Pour pouvoir lire etécrire, les enfants devront réaliser deux

grandes acquisitions : identifier les uni-tés sonores que l’on emploie lorsqu’onparle français (conscience phonolo-gique) et comprendre que l’écriture dufrançais est un code au moyen duquelon transcrit des sons (principe alphabé-tique)".Il est aisé de comprendre que ces réfé-rences incessantes à l’écrit dans le cha-pitre sur l’oral n’ont pour but que de for-mater l’enseignant-e et d’arriver au lirec’est transcrire de l’oral en écrit.Pourtant, il n’y a pas et il n’y a jamaiseu dans l’invention et l’utilisation del’écriture depuis Sumer, une quel-conque volonté de jeter un pont entreécrit et oral. L’écrit est un langageparticulier, qui n’a besoin que de lui-même pour exister.

La vérité apparaît toute nue : "Une foisque les enfants sont capables d’identi-fier des syllabes, ils peuvent alors s’at-tacher à repérer des éléments pluspetits qui entrent dans la compositiondes syllabes". Or nous sommes à l’oral,dans lequel, il n’existe pas d’élémentplus petit que la syllabe. Sauf s’ilsparlent en épelant les lettres, les rédac-teurs des programmes le savent parfai-tement. Le sens de la démarche apparaît lorsquel’on lit que : "Pour pouvoir s’intéresseraux syllabes et aux phonèmes, il fautque les enfants se détachent du sensdes mots". Nous sommes arrivés auterme de l’exercice vide de sens, afin depréparer à ce qu’il est d’usage d’appe-ler "l’enseignement de la lecture" à

l’école élémentaire, c’est-à-dire uneacclimatation non pas à l’acte de lire,mais à celui de transcrire de l’oral enécrit, à éloigner complètement l’enfantde la pratique du lire.

Pas de surprise, tout est du même aca-bit, pour l’écrit : "Les enfants ont eneffet besoin de comprendre comment sefait la transformation d’une parole enécrit, d’où l’importance de la relationqui va de l’oral vers l’écrit". Le dogmese révèle : écrire serait obligatoirementdépendant d’une formulation anté-rieure orale du message ou du récit.Alors, comment font les sourds pourlire et surtout pour écrire ? Lire est uneactivité qui ne se fait qu’avec les yeux ;écrire aussi ! N’en déplaise à nos amispromoteurs des programmes. Pour, tels des nécromanciens, devinerl’écriture des mots qu’ils ne connais-sent pas, les enfants "peuvent tracerdes lettres dont le son se retrouve dansle mot à écrire, attribuer à des lettres lavaleur phonique de leur nom (utiliser lalettre K pour transcrire le son /ca/)".Terminons par l’aveu révélé : "La sépa-ration entre les mots reste un problèmedifficile à résoudre jusqu’au CE1". Onne peut à la fois tenter de fabriquer desmots sans les connaître au hasard del’oreille et s’étonner après que lesenfants ne puissent faire du sens. S’ilsapprennent et collectionnent les mots,ils n’ont aucun souci pour les distin-guer et les écrire séparément. Alorspourquoi ne pas partir des mots au lieude les découper ?Le lecteur expert ne connaît et recon-naît que des unités de sens. Il avale toutet le mot manquant s’éclaire avec lecontexte. Il ne rencontre aucune diffi-culté à séparer les mots, car c’est laplus petite unité de sens. N’en déplaiseaux idéologues réactionnaires, en lec-ture, il n’existe rien de plus petit queles mots ! Tout le monde doit en êtreconscient.

Jean Grimal

comme... LectureL

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PEF 135 - avril 2015 25

XXX

Je suis un "bébé CGT", une enfancemarquée par une mère féministe et

syndicaliste. J’ai toujours cru enfantque son travail était : la CGT. LaBourse du travail de Lyon était mon"périscolaire" et leurs murs étaientdécorés de mes dessins. Aujourd’hui à40 ans, je pense avoir fait du cheminet je peux dire que j’ai ma propreplace à la CGT et que le militantismesyndical fait partie de ma vie.

Mon parcours professionnel se diviseen deux étapes, d’abord 8 ans dans leprivé puis, plus de 11 ans au sein del’Éducation nationale. Après avoirobtenu mon BTS Hôtellerie Restaura-tion, j’ai fait plusieurs boulots dans leprivé, en particulier dans la restaura-tion. Milieu où bien entendu, 20 ansplus tôt, nous ne parlions pas de syn-dicat et de revendications, ou de res-pect du droit du travail. Puis j’ai travaillé comme contrac-tuelle pendant 5 ans dans l’académiede Montpellier.

Depuis maintenant 7 ans, j’ai un CDIdans un GRETA à Lyon. Noussommes assez libres dans notre péda-gogie et dans nos rapports avec lesstagiaires. Cette liberté est très appré-ciable et valorisante, mais elleimpacte nos conditions de travail etnos statuts très précaires. Noussommes à la merci des appels d’offreset souvent sous pression quand nousperdons des marchés.J’aime le rapport avec les adultes etjeunes adultes (16/18 ans). J’inter-viens sur du diplômant mais aussi surde l’insertion (FLE/Illettrisme / Com-

pétences Premières / Décrocheurs…)en communication, en projet profes-sionnel, en Développement durable…Je passe cette année le concoursréservé PLP CPIF (CoordinateurPédagogique d’Ingénierie de Forma-tion, concours aussi pour les MLDS-mission locale contre le décrochagescolaire-).

Le syndicat…J’ai commencé à m’impliquer réelle-ment à la CGT Éduc’action en 2011,lors des grèves des personnelsGRETA où nous nous opposions for-tement au GIP (Groupement d’IntérêtPublic) et donc à notre sortie del’Éducation nationale. Mon syndicatdépartemental m’a tout de suite faitconfiance et m’a permis de m’investirau niveau national dans le Comiténational de suivi des GRETA auprèsdu ministère avec Catherine Prinz. J‘ai participé à différents congrès dontle Confédéral, des expériences enri-chissantes et comme dirait Jean-Yves (ndlr : J-Yves Jolly, administrateurde la CGT Éduc’action) : "Il faut vivreces moments-là !" En effet, cela nouspermet de rencontrer les camaradesde toute la France, d’échanger et ausside se construire syndicalement. Je suis élue aux Commissions exécu-tives (CE) de l’UNSEN et de laFERC. Je peux m’investir dans diffé-rents collectifs (non-titulaires, forma-tion professionnelle). Même si je suisassez esseulée par mes probléma-tiques liées à la formation continue, jetrouve que les échanges dans ces CEsont constructifs et permettent la pré-

sence de la formation continue dansles débats. Pour les personnels pré-caires des GRETA, il est difficile des’impliquer et encore plus de prendredes décharges.Je suis aussi sur le terrain, pour aiderles syndicats départementaux et aca-démiques qui me demandent d’ani-mer des réunions spécifiques pourleurs GRETA. Je tiens aussi des per-manences pour les non-titulaires dansmon département.

Même en n’étant "que" non-titulaire,j’ai pu avoir rapidement une place etla confiance des camarades de monsyndicat. J’ai aussi accompagné descollègues au rectorat. J’aime être surle terrain et aider les collègues (sou-vent non syndiqués au début) et leurprouver que notre syndicat, la CGTÉduc’action, nous permet de nousdéfendre, de mener nos combats ennous donnant des moyens et desoutils.

Je m’envole bientôt pour l’Ile de laRéunion, où j’espère continuer moninvestissement syndical et rester encontact avec toutes ces belles rencon-tres. Mon seul regret est de quittercette vie syndicale et ces personnesqui m’ont aidée à me construire et àgrandir ! Mais c’est cela aussi le syndicat et laCGT.

Lucie FabbrizioPersonnel non-titulaire (en CDI)GRETA tertiaire, Lyon (69)

R e n c o n t r e . . .

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Heure d’Information syndicaledans les EPLE (Collèges, lycées) et Écoles de l’EN

Page pratique

PEF 135 - avril 201526

En résumé, l’arrêté prévoit demaintenir le regroupement im-

posé au niveau des circonscriptionsdes réunions d’information à destina-tion des personnels enseignants dupremier degré prévu par l’arrêté du16 janvier 1985 qu’il abroge. Il fixe,pour ces mêmes personnels, levolume maximum de participationaux réunions visées au I de l’article 5du décret du 28 mai 1982 (1 heuremensuelle) à trois demi-journées parannée scolaire auquel s’ajoute la pos-sibilité qui leur est ouverte de partici-per à la réunion d’information spé-ciale prévue au II de l’article 5 (pen-dant la période de six semaines précé-dant le jour du scrutin organisé pourle renouvellement d’une ou plusieursinstances de concertation, chacun desmembres du personnel peut assister àune réunion d’information spéciale,dont la durée ne peut excéder uneheure par agent).

Pour les autres personnels (seconddegré entre autres) relevant du minis-tère de l’Éducation nationale, l’arrêtérenvoie aux modalités de droit com-mun telles que définies par l’article 5du décret du 28 mai 1982 précité(1 heure mensuelle) sous réserve desmodalités particulières fixées par l’ar-rêté lui-même.

Conformément aux dispositions del’article 7 du décret du 28 mai 1982,la participation des personnels ensei-gnants à ces réunions ne doit pas por-ter atteinte au bon fonctionnement duservice ou entraîner la fermeture desécoles et des établissements d’ensei-gnement. Cette obligation impose quesoient assurés dans les écoles et éta-blissements d’enseignement, l’ac-cueil, la surveillance et l’enseigne-ment des élèves, selon les modalitésdéfinies selon les cas par les inspec-teurs de l’Éducation nationale pour lepremier degré ou par les chefs d’éta-

blissement pour le second degré, enconcertation avec les organisationssyndicales des personnels concernés,une semaine au moins avant la tenuede la réunion.

Un délai de prévenance de 48 heures(au lieu du délai d’une semaine prévuauparavant par l’arrêté du 16 janvier1985) est imposé aux personnelsenseignants désireux de participeraux réunions, afin de faciliter leurorganisation et d’ajuster les modalitésde mise en œuvre de la prise encharge des élèves.

Dans le cadre de l’application des dis-positions prévues par l’arrêté, la circu-laire ministérielle 2014-120 du 16 sep-tembre 2014, relative aux modalitésde mise en œuvre pendant le temps deservice pour les personnels relevant duministère de l’Éducation nationale deréunions d’information syndicale(RIS), précise qu’une des trois demi-journées mentionnées à l’article 1er del’arrêté peut correspondre à une demi-journée de classe, les deux autresayant lieu en dehors du temps declasse.

Ce dernier point a été unanimementcondamné par les organisations syndi-cales lors du CTM du 9 juillet 2014(Voir la déclaration commune surnotre site national à la rubrique"Droits syndicaux/Droit à l’informa-tion/La tenue de réunions syndi-cales/Heure d’Information syndicaledans les EPLE (Collèges, lycées) etÉcoles de l’EN").

Participer à l’heure d’informa-tion syndicale, c’est être unacteur éclairé du système édu-catif. De ce fait, avec votre par-ticipation, les luttes pour amé-liorer le système pourrontmieux aboutir !

Jean-Pierre Devaux

Dans l’Éducation nationale, c’estmaintenant l’arrêté du 29 août2014 relatif aux modalités d’appli-cation aux personnels relevant duministère de l’Éducation nationaledes dispositions de l’article 5 dudécret 82-447 du 28 mai 1982relatif à l’exercice du droit syndi-cal dans la fonction publique quiprécise les conditions dans les-quelles l’heure d’information syn-dicale peut être mise en œuvre. Cet arrêté remplace l’arrêté du16 janvier 1985 portant applica-tion aux personnels relevant duministère de l’Éducation nationaledes dispositions de l’article 5 dudécret 82-447 du 28 mai 1982relatif à l’exercice du droit syndi-cal dans la fonction publique.

L’article 5 du décret 82-447 pré-cise que chacun des membres dupersonnel a le droit de partici-per, pendant les heures de ser-vice, à des réunions mensuellesd’information syndicale tenuespar des organisations syndicalesreprésentatives, dans la limited’une heure par mois. Sont considérées comme représen-tatives, d’une part, les organisa-tions syndicales disposant d’aumoins un siège au sein du comitétechnique déterminé en fonctiondu service ou groupe de servicesconcerné (CTA, CTSD…), d’au-tre part, les organisations syndi-cales disposant d’au moins unsiège au sein du comité tech-nique ministériel ; ce qui est lecas de la CGT Éduc’action.

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Née en septembre1895 (23/28 sep-tembre 1895), lors

du congrès de Limoges, qui consacral’unification du mouvement syndical(bourses du travail et fédérations ousyndicats professionnels), la Confédéra-tion Générale du Travail fête cette annéeses 120 ans.

Pour cet anniversaire, la CGT entend"regarder dans le rétroviseur pouraller de l’avant" 1 avec un cycle decélébrations (expositions, conférences,films, débats, ...) qui se dérouleront toutau long de l’année. Ces initiatives sontimpulsées par un comité de pilotageanimé par Maryse Dumas.

Le 4 mars, au siège de la CGT à Mon-treuil, a eu lieu la soirée d’inaugura-tion des "120 ans de syndicalismeCGT", avec notamment une expositionde l’Institut de l’Histoire Sociale(IHS) : 120 affiches, photos, unes dejournaux CGT pour retracer 120 annéesd’histoire.

À cette occasion, Philippe Martinez, lenouveau Secrétaire général de la CGTs’est exprimé.

Extraits 2 :

"Permettre à toutes et à tous derevendiquer, c’est la raison d’être

de la CGT. Toutes les avancées socialesdes travailleurs ont vu le jour par lesluttes des travailleurs et l’engagement dela CGT à leurs côtés".

"Beaucoup de combats modernes etambitieux d’hier sont aussi les

combats modernes et ambitieux d’au-jourd’hui, à commencer par la lutte desfemmes pour l’égalité des droits dans letravail et dans la société. L’histoire lemontre, les grandes avancées pour lesfemmes ont été obtenues par la mobilisa-tion. Elles ont permis l’émancipation detoutes et tous".

"La modernité et l’ambition socialeont toujours été du côté des travail-

leurs. La journée de 8 heures en 1919, lescongés payés en 1936, la cinquièmesemaine de congés payés et la retraite à60 ans en 1981, les 35 heures, ce sont cesavancées qui vont dans le sens de l’his-toire".

"L’expérience montre que l’on peutgagner des droits très concrets qui

vont dans le sens d’une mondialisation duprogrès social".

"L’histoire de la CGT, c’est aussil’histoire du combat pour la paix,

contre les oppressions et pour les libertéspartout dans le monde, l’histoire de lasolidarité et de l’internationalisme destravailleurs, c’est la lutte contre leracisme et toutes les formes d’exclusion,de stigmatisation et de rejet de l’autre".

Le Programme des 120 ans 3

Chaque mois va être l’occasion d’aborder unthème au cœur de l’activité syndicale.

• Avril : La CGT et les évolutions du travail• Mai : La CGT et la solidarité internatio-nale• Juin : La CGT en territoires• Juillet/Août : La CGT et la vie hors travail• Septembre : La CGT et l’unité des syndi-catsColloque à Limoges à l’occasion de la dateanniversaire du congrès fondateur

• Octobre : La CGT, le choix d’être uneconfédération pour les solidarités entre sala-riés• Novembre : La CGT et les moyens d’êtreefficace au service des salariés• Décembre :- La CGT et les privés d’emplois- La CGT et les jeunes.

Soirée festive clôturant les célébrations.

1 Expression utilisée par Philippe Martinez dansson discours du 4 mars 20152 Intégralité du discours sur le site : cgt.fr3 Retrouvez le programme complet :http://cgt.fr/12-mois-pour-120-ans.html4 Les conférences de l’IHS sur : www.ihs.cgt.fr/

L’IHS organise un cycle de conférences 4

• 16 juin : La CGT dans la guerre froide(1947-1962).• 13 octobre : Autour du mouvement de mai-juin 1968 : conquêtes et programme commun.• 8 décembre : Le temps des turbulences : la CGT face aux crises (1977 jusqu’àaujourd’hui).

Vie syndicale

Notre CGT a 120 ans !Présente, offensive, dérangeante demain comme hier.

"Vive les 120 ans de la CGTet vive les prochaines

années ! Et que la luttecontinue !".

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Page 28: Educ’action prioritaire Rmillions de Grecs, baisse des salaires de fonctionnaires de 30 à 50 %. tribu ; en Espagne le taux de chômage est officiellement de 23 %, et il atteint

Qu’est-ce qu’il a mon cartilage ?"Tout jeune scolarisé ou engagé dans une formation, reçoit de droit untitre de séjour pérenne à sa majorité. Tout jeune majeur présent sur leterritoire, ayant été scolarisé en France ou engagé dans une formation,et qui n’a pas reçu de titre de séjour à sa majorité, est régularisé dedroit avec un titre de séjour pérenne".

Telles sont les exigences que le RESF veut faire inscrire dans la loi, àl’heure où le gouvernement envisage une réforme du CESEDA 1. Lorsd’une audience accordée au RESF place Beauvau le 4 mars, Cazeneuve

n’a pas caché que le gouvernement refuserait une régularisation automatiquedes sans-papiers scolarisés.

Comment se satisfaire d’une régularisation aucompte-goutte ou au mérite ?Nous avons évoqué Lassana, qui a échappé à l’expulsiongrâce à la mobilisation de son lycée en 2009 et qui a sauvédes vies comme employé d’Hyper Casher en 2015 2. Armando, en bac pro dans un lycée de l’agglomération roan-naise (42), désigné meilleur apprenti menuisier de France en2015, a failli ne pas recevoir sa médaille, le président Larcherrefusant d’accueillir au Sénat "une personne en situation irré-gulière". Le préfet a finalement abrogé l’OQTF qu’il avaitnotifiée à Armando au motif que la loi ne permettait pas larégularisation de ce jeune Albanais arrivé après 16 ans.Armando a pu recevoir sa décoration.

Mais la régularisation ne saurait se borner aux meilleursouvriers de France ou aux sauveurs de vies humaines ! Lesgouvernements ne parviennent pas à expulser facilement les élèves sans-papiers. Tout au plus, les préfets peuvent-ils se tar-guer d’avoir infligé, par la rétention, des journées d’angoisse et de déscolarisation. Les dizaines d’élèves placés en rétentionont été libérés grâce aux mobilisations de leurs camarades.

Baptista a été libéré de rétention par le juge administratif sous lesapplaudissements de ses camarades du lycée Edmond Labbé d'Oul-lins (69). Après un enfermement de 24 jours, Alaa est aussi sorti derétention. Cet élève Algérien du lycée La Tournelle à La Garenne-Colombes (92) avait perdu tous ses recours juridiques. Une place enavion était réservée pour l’expulser le 24 mars, à trois mois du bac.C’est la mobilisation qui a conduit le ministère à le libérer la veilledu vol prévu. Le 30 mars, le lycée Buron de Laval (53), en annon-çant son intention de se mobiliser pour Isabel, une élève de CAP quele Conseil général menaçait de chasser de son hébergement avec safille de 2 ans et demi à cause d’une OQTF, a imposé le maintien enfoyer de la mère et de l’enfant.

Puisque la circulaire Valls est incapable de régulariser tous cesjeunes, il faut que la loi s’en charge et garantisse le droit à un titre deséjour leur permettant de poursuivre leurs études, de travailler et debâtir leur existence là où ils vivent.

Seul-e-s les majeur-e-s peuvent être expulsé-e-s. Des tests osseux sont ainsi pratiqués sur des adolescent-e-s arrivé-e-s seul-e-sen France pour les exclure de la protection due aux mineurs par l’aide sociale à l’enfance. Cet examen sert à justifier la mise àla rue de jeunes gens, voire leur condamnation à des mois de prison ferme. Le 17 janvier, des personnalités du monde médical,scientifique, juridique, philosophique, rejointes par des syndicalistes, dont le Secrétaire général de la CGT Philippe Martinez,ont lancé un appel pour que soient proscrits les tests osseux. 12 000 citoyens ont signé cet appel 3. Outre que ces tests ne sontpas fiables 4, ils sont détournés de leur finalité thérapeutique pour supprimer des droits à la protection de la jeunesse. Interdisons les tests osseux !

Pablo Krasnopolsky1 Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile 2 Voir Perspectives n° 1343 Pour signer : resf.info//P28524 Un reportage diffusé sur France 5, dans le magasine "Allô docteur", montre notamment un jeune sorti de l'ASE, car réputé majeur par un premier test, qui a été réintégré par l'ASE sur un deuxième test qui lui donnait trois ans de moins !

Photo J-Claude Saget - Rassemblement à Paris contre la mise à la rue des jeunes étrangers, le 7 mars 2015

Photo J-Claude Saget - Mobilisation pour la libération et la régularisation d’Alaa, lycéen du 92