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Aperçus sur quelques concepts fondamentaux Daniel Dufourt Professeur de Sciences Economiques IEP Lyon Eléments d’économie générale Séance du 1 er septembre 2010

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Aperçus sur quelques concepts fondamentaux

Daniel Dufourt Professeur de Sciences Economiques IEP Lyon

Eléments d’économie générale

Séance du 1er

septembre 2010

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INTRODUCTION

De l’ « Economique » [Aristote] à l’Economie Politique [Adam Smith]De l’économie politique à la science économique [Alfred Marshall]

La distinction aristotélicienne entre chrématistique (échanger pour le gain) et Economique (échanger pour subvenir aux nécessités de la vie) est primordiale: elle institue une frontière, qui n’est pas seulement morale mais qui concerne aussi les règles de la vie en société, entre l’exercice rationnel d’une activité économique destiné à subvenir aux nécessités* de la vie et la soif du lucre qui fait de l’enrichissement le seul but de la vie en société.

L’Economie Politique (Quesnay, Smith, Ricardo) met, elle, en relation la création des richesses et l’ordre social. Alors que les adeptes de l’ordre naturel (Quesnay,Lemercier de la Rivière) cherchent les principes d’une stabilité de la société dans des lois naturelles, présidant aux activités essentielles (mises en valeur des terres), Smith et Ricardo s’interrogent sur les conditions sociales de la production, de la répartition et de l’accumulation des richesses dans le contexte de la première révolution industrielle. Conscients du rôle éminent dévolu à la puissance publique, ils instituent la Nation comme référentiel et mesure du jugement à appliquer aux conditions existantes de la production et du partage des richesses.

*au XIXème siècle «quelque chose apte à satisfaire un besoin pressant de la vie »

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Intro (suite)

L’Economie Politique institue un lien essentiel entre dépense de travail et création de richesses (la production de « marchandises ») : ce lien est historiquement situé puisqu’il reconnaît le salarié comme le dépositaire de la force essentielle à l’origine de la création de valeur. Cette force, le salarié ne peut l’exercer pour son compte propre sauf à revenir à des robinsonnades.La force de travail est donc mise en mouvement (d’où la désignation du salarié comme travailleur) par ceux qui possédant les capitaux ont la capacité d’acheter les machines, les terrains, les immeubles et sont en situation avant même que la production (résultat de l’activité) puisse être vendue sur les marchés, de verser les salaires aux travailleurs.

Les possesseurs des capitaux (qu’ils soient nobles, bourgeois, propriétaires fonciers ou non) sont les capitalistes.

Les serviteurs de l’Etat, puissance publique, (sauf s’ils sont des ouvriers des Manufuctures royales), constituent une énigme: ils ne créent pas richesses. Ce sont des travailleurs improductifs. Leur utilité est autre: ils rendent possible l’exercice des fonctions régaliennes sans lesquelles la société ne pourrait exister.

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Intro (fin)

Le passage de l’Economie Politique à « la science économique » est lié à l’introduction du calcul économique (Alfred Marshall) dont les principes semblent faire échapper l’activité économique aux vicissitudes liées à l’histoire, aux institutions politiques, aux situations régies par des éléments a-logiques (Pareto: instincts, sentiments, émotions, etc..). De surcroît le calcul économique efficient se déploie dans un modèle canonique (l’équilibre général de Walras) inventé à cette fin: celui des marchés de concurrence pure et parfaite dans le cadre duquel le système des prix assure une allocation optimale des ressources disponibles entre les différents emplois.

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Richesses et NationLa richesse désigne le surplus dont dispose un particulier ou une Nation à l’issue

d’une période de temps conventionnelle: une fois les marchandises vendues, elle représente la différence entre les sommes tirées des ventes et l’ensemble des dépenses engagées pour les produire (salaires, consommations intermédiaires, intérêts des capitaux empruntés, amortissement des équipements).

A cette problématique sont associés les concepts de facteurs de production, de coûts de production, de revenus de facteurs, de profits, de prix d’équilibre. La différence entre les prix de marché et les prix d’équilibre est la source de rentes appropriées par ceux qui disposent de ce que l’on appelle précisément un « pouvoir de marché »

La Nation désigne l’ensemble des acteurs au regard desquels la comptabilisation a un sens: ici et c’est sans doute une spécificité de l’économie politique, non seulement ménages, entreprises mais aussi la puissance publique. Ces acteurs inscrivent leur action dans une communauté politique dont les frontières sont celles de la souveraineté exercée sur un territoire.

1ère Partie – Les concepts intégrateurs

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1ère Partie – Les concepts intégrateurs:Rareté et échanges, propriété et concurrence.

La lutte contre la rareté est le moteur du développement des échanges marchands (et non du troc). Initialement la division du travail se traduit par une profusion de biens hétérogènes et non reproductibles: les échanges sont des échanges de proximité. Les échanges marchands sont la source d’une spécialisation et du remplacement de l’activité artisanale par la production manufacturière: Adam Smith observe ainsi que c’est (à l’époque) la faible étendue du marché qui limite la croissance des gains de productivité (obtenus d’abord par division du travail et spécialisation au sein de l’entreprise). L’affectation des ressources rares entre les différentes utilisations possibles est le fil conducteur d’une conception de l’économie comme science des choix.Le marché est la rencontre d’acheteurs et de vendeurs de biens et services donnant lieu à la détermination d’un prix pratiqué sur ce marché. Si les marchandises proposées à la vente sont homogènes, et si l’information est parfaite, c’est la concurrence entre les acheteurs et les vendeurs qui est seule à l’origine de la formation du prix effectivement pratiqué.La concurrence suppose l’existence d’un droit de propriété sur les biens échangés. La concurrence est , en effet, l’expression d’une multitude de décision de gestion relatives à des éléments patrimoniaux puisque l’échange se traduit par un transfert de droits de propriété.

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1ère Partie – Les concepts intégrateurs:Production et valeur, Utilité et Préférences.

Dans l’Economie Politique des Classiques la valeur des biens est déterminée par l’adjonction aux coûts de production d’un taux de profit sur l’ensemble des capitaux investis. Le taux de profit est celui qui résulte de la concurrence des capitaux à l’intérieur de la branche d’activité. Les coûts de production sont mesurés en heures de travail. Le passage aux prix de production présuppose le calcul d’un taux de salaire, en principe fournit par le fonctionnement du marché du travail. Cette conceptualisation est liée à la problématique de la répartition qui distingue des classes sociales en fonction de leur statut au regard de la production et des droits de propriété qui l’organisent. Dans la science économique, héritée des néoclassiques la valeur des biens est déterminée par leur utilité c’est-à-dire leur plus ou moins grande capacité à satisfaire les besoins et désirs solvables des consommateurs et des producteurs. La mesure de la valeur des biens est donc directement référée à des échelles de préférences, expressions de l’identité des individus qui sont les seuls éléments qui composent la société.

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1ère partie: concepts intégrateursRationalité, comportements et calcul économique

La science économique à la différence de l’économie politique ne connaît que des individus. L’homo economicus est un acteur rationnel qui effectue ses choix en maximisant sa fonction d’objectif sous une contrainte qui est la contrainte budgétaire. L’Etat lui-même est assimilé à un individu: c’est en quelque sorte le petit père du peuple. Ses préférences n’émanent pas (même si l’agrégation des préférences individuelles en vue de définir une fonction d’utilité collective à longtemps été le plat de résistance de l’économie publique) des individus: elles sont définies par les délibérations des assemblées parlementaires élues. Les comportements des agents économiques sont des comportements standards: comportement des consommateurs, des producteurs etc.. La seule rationalité qui importe est la rationalité marchande. D’où la tentation -et la dérive quasi totalitaire- consistant à vouloir appliquer à des institutions en principe non marchandes des critères de management inspirés du calcul économique marchand: ainsi les Universités autonomes sont invitées à améliorer leur gestion en appliquant les normes du New Public Management, dans le cadre duquel le critère du profit est remplacé par des critères de performance compatibles avec les exigences de l’univers marchand dans lequel elles évoluent.

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1ère partie: concepts intégrateursMonnaie et prix

Comment passer du troc ou échange en nature à des échanges organisés sur la base de prix? La réponse réside en la disponibilité d’un équivalent général en lequel on exprime le rapport d’échange entre les différents biens tel qu’il se stabilise dans une communauté. Cet équivalent général peut être selon les sociétés considérées des coquillages, de l’or ou la monnaie émise par la Banque centrale.Les prix exprimés monnaie ont une particularité: leur volatilité, en grande partie liée à l’influence de la variation plus ou moins ample des actifs monétaires en circulation. La dépréciation monétaire est donc une très grande menace sur la capacité des prix à exprimer la rareté relative des différents biens.

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2ème Partie – Les différentes conceptions de l’objet et de la nature de la science économique

A – Classiques, néoclassiques, hétérodoxesL'école classique ou l'intemporalité des structures Parce qu'ils lient la compréhension des phénomènes de production à des hypothèses déterminées sur la répartition, les économistes classiques parviennent à montrer l'existence d'une causalité structurelle gouvernant aussi bien les évolutions à long terme du système économique que ses formes d'extension dans l'espace. Mais cette causalité structurelle reste historiquement indéterminée. Si Adam Smith montre que la structure des qualifications de la main-d'oeuvre est un élément décisif du processus d'accumulation des richesses et dépend fondamentalement de la division du travail, il ne parvient pas à rendre compte de la genèse historique des catégories de travail productif et de travail improductif. Elles constituent pourtant la base logique du processus d'accumulation du capital, objet de l'analyse. Dès lors, des lois économiques réputées universelles et immanentes voient en réalité leur validité suspendue aux conditions dans lesquelles le capital a été historiquement accumulé.

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L'école néoclassique : rationalité individuelle et vérités métaphysiques

La force de l’économie néoclassique est d’asseoir sa vision du monde sur une théorie des comportements qui fait prévaloir les préférences individuellessur toute autre préoccupation, et sur une axiomatique des choix qui vise à réduire les comportements à une attitude rationnelle.

A cela s’ajoute une conception de la société qui ne fait nulle place aux entitéscollectives. La société n’est qu’un ensemble d’ individus. Grâce aux marchés,dont l’apparition relève de processus réputés échapper à l’investigationéconomique, il est possible d’affirmer que chaque individu, en poursuivant sonintérêt personnel concourt à l’avènement d’un équilibre général dont Paretoa montré (pour une répartition donnée des ressources) qu’il était aussi unoptimum pour la société dans la mesure où il n’est pas possible d’améliorer la situation d’un individu sans détériorer celles d’au moins un autre.

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Extraits de « La fin du laissez faire » de John Maynard Keynes

La critique par Keynes (1926) de l’idéologie sous-jacente aux thèses néoclassiques:

« Tirons complètement au clair les principes généraux ou métaphysiques surlesquels on s'est appuyé de temps en temps pour justifier le laissez-faire. Il n'est nullement vrai que les individus possèdent, à titre prescriptif, une «  liberté naturelle «  dans l'exercice de leurs activités économiques. Il n'existe nul «  pacte » qui puisse conférer des droits perpétuels aux possédants et à ceux qui deviennent des possédants. Le monde n'est nullement gouverné par la Providence de manière à faire toujours coîncider l'intérêt particulier avec l'intérêt général. Et il n'estnullement organisé ici-bas de telle manière que les deux finissent par coïncider dans la pratique. Il n'est nullement correct de déduire des principes de l'Économie Politique que l'intérêt personnel dûment éclairé œuvre toujours en faveur de l'intérêt général. Et il n'est pas vrai non plus que l'intérêt personnel est en général éclairé; il arrive bien plus souvent que les individus agissant isolément en vue de leurs propres objectifsparticuliers soient trop ignorants ou trop faibles pour pouvoir atteindre seulement ceux-ci.L'expérience ne démontre nullement que les individus, une fois réunis en une unité

sociale, sont toujours moins clairvoyants que lorsqu'ils agissent isolément. »

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La théorie néoclassique conserve aujourd'hui deux caractéristiques fondamentales léguées par le marginalisme autrichien, illustré par Carl Menger:

1) Le principe de rationalité permet cette rupture épistémologique suivant laquelle von Mises déclare que la théorie subjective de la valeur « a transformé la théorie des prix de marché en une théorie générale du choix humain ».

2) L'individualisme méthodologique, qui permet selon F. von Hayek (1953), de mettre au jour le processus de constitution des phénomènes sociaux : « De ce que sont les conceptions et les opinions des individus qui nous sont directement connues et forment les éléments à partir desquels nous devons construire, pour ainsi dire, les phénomènes plus complexes, découle une autre différence importante entre la méthode des disciplines sociales et celle des sciences de la nature. Dans les premières, les attitudes individuelles sont des éléments familiers et nous essayons par leur combinaison de reproduire des phénomènes complexes, les résultats des actions individuelles, qui nous sont beaucoup moins connus. Cette démarche conduit souvent à découvrir dans des phénomènes complexes des principes de cohérence structurelle qui n'avaient pas été, et sans doute, ne pouvaient être établis par l'observation directe . »

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Une illustration magistrale de la pensée néoclassique contemporaine est celle qu’offre l’œuvre de John Hicks.

Son souci constant est, en effet, d'identifier les institutions tels les contrats, qui en assurant une homogénéisation des comportements reproduisent dans la réalité les effets que l'analyse déduit des hypothèses théoriques nécessaires à la démonstration de la stabilité de l'équilibre statique. En d'autres termes, Hicks développe une théorie de l'histoire dont la signification serait la suivante : la saisie d'un mouvement quel qu'il soit nécessite le recours à un référentiel. Or la détermination des conditions d'un équilibre statique permet de repérer ce qui dans un système économique peut être considéré comme invariant dans le temps.

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L.H. Dupriez [1947] a relevé à juste titre que, du point de vue de la théorieéconomique, l'analyse statique devait être considérée comme plus générale et donc

plus fondamentale que l'analyse dynamique. L'objet de l'analyse dynamique, qui est de découvrir les conséquences des modifications ayant affecté les relations entre éléments du système économique, est en un sens limité : ce ne sont pas les variations des grandeurs économiques qui créent la solidarité des instants; celles-ci ne font que manifester les étapes du déroulement d'un processus historique dont l'explication renvoie à l'analyse des lois de fonctionnement du système économique. En d'autres termes, l'irruption de l'histoire est canalisée dans une analyse sous forme de périodes, où les enchaînements sont conçus comme indépendants du processus historique lui-même. L'histoire dans cette perspective n'est pas cumulative : il n'y a ni apprentissage, ni répétition, mais reproduction à travers l'infinie variété des formeshistoriques d'un ensemble déterminé de rapports qui constituent ce que l'on peut appeler avec Hicks l'économie marchande. La théorie de l'histoire de sir John Hicks accepte ainsi « la priorité absolue du point de vue synchronique».

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Les tendances critiques: marxistes, radicales et anti-utilitaristes La spécificité de la critique marxiste de l'économie politique réside dans ses,

fondements matérialistes et dialectiques. C'est, en effet, le matérialisme dialectique qui permit à la critique marxiste,

seule d'abord, en concurrence avec d’autres théories de la société aujourd’hui, de rendre compte de l’intelligibilité des phénomènes sociaux et d’en livrer la signification au regard du processus historique d’évolution des sociétés.

Joseph Schumpeter a fortement souligné cette originalité de l'oeuvre de Marx. Pour lui : « Marx fut le premier économiste de grande classe à reconnaître et à enseigner systématiquement comment la théorie économique peut être convertie en analyse historique et comment l'exposé historique peut être converti en histoire raisonnée». Cette performance est directement liée à la théorie marxiste des classes sociales «instrument analytique qui, en reliant l'interprétation économique de l'histoire aux concepts de l'économie de profit, regroupe toutes les données sociales et fait converger tous les phénomènes»

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Néanmoins, les deux autres tendances critiques qui partagent avec l'analyse marxiste la préoccupation fondamentale d'élucider l'influence des rapports sociaux sur les formes et le contenu de l'activité économique, se séparent de celle-ci à d'autres égards. Ainsi le mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (MAUSS) souscrit-il vraisemblablement à cette affirmation de Marc Guillaume(1989) selon laquelle « en dépit de son ambition d'être une explication globale del'histoire, le marxisme en substituant à la rationalité d'un sujet individuel celled'une classe sociale, n'a produit qu'un simple déplacement à l'intérieur du

champ utilitariste ». Le courant radical aux États-Unis, initialement regroupement hétérogène inspiréde l'anarchisme libertaire et de divers courants marxistes, bénéfice aujourd'huid'une reconnaissance académique qu'il doit à la manière dont il réintègre la dimension politique des problèmes économiques et dont il promet des réponses appropriées à des questions sociales controversées. Sources:J. SCHUMPETER (1963) Capitalisme, socialisme et démocratie, trad. Payot, Paris.M. GUILLAUME et al. (1989) La Science Économique en France, Repères n° 74, La Découverte, Paris.

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CONCLUSION L'économie politique, science de l'homme et de la société

Henri Guitton (1951) a bien circonscrit les enjeux des débats que suscite l'abandon du modèle des sciences physiques sur lequel l'économiepolitique s'était constitué au profit de «cette ambition contemporaine qui veut faire de l'économie politique [ ... ] une science dont il n'existe encore aucunmodèle, une science originale [ ... ] Le sens de l'action humaine conduit à une nouvelle conception de la science [ ... ]C'est à une nouvelle union, que l'on est amené, celle qui doit rapprocher dans une discipline commune la connaissance et l'action, la science et la conscience ». Cette recherche des fondements de l'économie politique comme science sociale, conduit à deux interrogations, l'une relative à la spécificité des études du comportement humain et des faits de société propres à l'économie politique, par rapport aux connaissances et aux méthodes de l'histoire et de la sociologie ; l'autre relative au statut des mathématiques dans l'élaboration d'une discipline économique, envisagée comme savoir opérationnel en vue de l'action.

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CONCLUSION L'économie politique, science de l'homme et de la société

Sur le premier point, les économistes français acceptent l'opinion exprimée par

Jean Marchal [1951] selon laquelle l'économie est politique. Il convient d'ajouter à

la définition classique de l'économie comme science de l'administration des

ressources rares, en vue de la satisfaction des besoins humains, que « les hommes

sont amenés :· à coordonner les moyens dont ils disposent d'une certaine façon au sein des institutions existantes ;· à modifier ces institutions elles-mêmes, soit en agissant isolément, soit en se regroupant, soit en réclamant l'intervention de cet organisme politique qu'est l'État ;· à transformer, dans une certaine mesure, les besoins sous la pression des résistances que peut opposer le milieu naturel ou social à leurs effortsd'aménagement »

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CONCLUSION L'économie politique, science de l'homme et de la société

L'évolution des mathématiques elles-mêmes permettra à l'économie politique de concilier les exigences de la connaissance et de l'action. En effet, grâce aux mathématiques nouvelles, il est désormais possible de s'affranchir du seul recours à la statistique et à l'analyse fonctionnelle, et de découvrir que le règne de la nécessité ne se confond pas inévitablement avec celui de la quantité. La théorie des jeux constitue à cet égard un exemple des changements que suscite dans la réflexion économique l'emploi des «mathématiques del'homme ». Cette théorie, ainsi que le rappelle C. Lévy-Strauss « participe simultanément de deux grands courants de pensée [ ... ] : d'une part, l'économie pure ou qui se veut telle, portée à identifier l'homo oeconomicus avec un individu parfaitement rationnel ; de l'autre, l'économie sociologique et historique telle que l'a créée Karl Marx, qui veut être d'abord la dialectique d'un combat. Or les deux aspects sont également présents dans la théorie de von Neuman. Pour la première fois, par conséquent, un langage commun est mis à la disposition de l'économie dite bourgeoise et capitaliste, et de l'économie marxiste »

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CONCLUSION L'économie politique, science de l'homme et de la société

Références: GUITTON (H.) 1951. - L'objet de l'Économie

Politique, Paris, Marcel Rivière. LÈVY-STRAUSS (C.) 1954. - « Les

mathématiques de l'homme », Bulletin International des Sciences Sociales, vol. 6, n° 4, pp. 643-653.

MARCHAL, (J.) 1951. - « La crise contemporaine de la science économique », Banque, pp. 1-6.