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Révolution – Contre-Révolution -– Les Nationalités Nègreset Moujiks– Internationales. v v HISTOIRE CONTEMPORAINE Peuplement de la Terre – Répartition des Hommes – Latins v et Germains– Russes et Asiatiques. ` L Homme HISTOIRE MODERNE (Suite). ~T~ et la Terre La Géographie n'est autre ctiose que l'Histoire dans 1 .Espace, de mène que l'Histoire est Ut Géographie dans le Temps, . TOME CÏNOUIÊME PARIS LIBRA.lKlE UNIVERSELLE: 83, Rue âé Provence, 88 1 ELISÉE RECLUS .~Jt~A~ ~~W1~J 6< 1 .1.

Élisée Réclus - Répartition Des Hommes [L'Homme Et La Terre, Tome 5]

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Élisée Réclus - Répartition Des Hommes [L'Homme Et La Terre, Tome 5]

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  • Rvolution Contre-Rvolution- LesNationalits Ngreset Moujiks Internationales.

    v v HISTOIRE CONTEMPORAINEPeuplement dela Terre Rpartition des Hommes Latins v

    et Germains Russes et Asiatiques.`

    L Homme

    HISTOIREMODERNE(Suite).

    l ~T~et la TerreLa Gographien'est autre ctiosequel'Histoire dans 1 .Espace,de mneque l'Histoire est Ut Gographiedans le Temps, .

    TOME CNOUIME

    PARISLIBRA.lKlE UNIVERSELLE:

    83,Rue Provence, 88

    1ELISE RECLUS .~Jt~A~~~W1~J6

  • La gographie n'est pas oioss immuable, elle setait, de ratait tous las jours: chtque instant,elle se moiiio par l'action de l'homme.

    CHAPITREIl

    HORREURET SPLENDEURDESVIUES. IMMIGRATIONDESCAMPAONARDSRPARTITIONDESVILLES. RSEAUD'TAPES

    CROISSANCENORMALEETANORMALE. ORIGINALITDESVILLESVILLESPOLITIQUES,MILITAIRES,INDUSTRIELLES. ORGANISATIONURBAINE

    HVOIENEET ART. VILLES-JARDINS

    A la forced'attraction naturelledu sol qui tend rpartir norma-lement leshommes, tesdistribuerrythmiquement sur la terre entire,s'ajoute, dans lemondemoderne,une forcetout faitopposeen appa-rence, cellequi groupe descentaines demilliers oummedes millionsd'hommes en certainspoints troits autour d'un march,d'un palais,d'un forum ou d'un parlement.Des villes,dj considrablesau com-mencetnentde l're des voies ferres,deviennent des cits immenses,desamasde maisonsalignes, que parcourt un rseauinfinide rues et

  • 336 l'hommb t la mrre. r*>artitioh DBI hommes

    de ruelles, de boulevards et d'avenues, au-dmugj desquels pse, le jour,un dme gristre de fume, tandis que,la nuit, une lueur s'en lve, illu-

    minant le ciel. Les Babylone, le Ninive antiques merveillrent les

    peuples, mais combien plus grandes, plus complexes, plus grouillantes

    de matire humaine et de machines prodigieuses sont les Babyloncs

    modernes, que les uns maudissent et que les autres clbrent! Rousseau,

    dplorant l'avilissement de tant de campagnards qui vont se perdre dans

    les grandes villes, appelle celles-ci Gouffre de l'espce humaine

    tandis que Herder voit enelles le* Campsretranchs de luCivilisation .

    lit voici comment les juge lluskin', s'attaquant surtout a la ville qui,de nos jours, est la plus grande, non la plus hideuse de toutes, In capitalede l'immense empire britannique Faire de l'argent est le #rand jeudes Anglais. Ainsi voyez celle norme, cette sale ville de Londres,

    luuNiiiik', grondante, fumante, puante, un amas hideux de briques

    siirchaullcc, rejetant le poison par chaque pore Vous imaginez-vous

    que vv soit une cit de travail ? Non, pas une de ses rue C'est une

    grande ville de jcu, d'un jeu 1reslaid, d'un jeu trs laborieux, mais quinanmoins n'est qu'un jeu. C'est une immense table de billard sons

    tapis,

  • H0RR1UR ET SPLtttDUR DES VILLS 3$7

    d.L_- l" 11_1 -Ji -JI. _r_moderne, il fautcompterceux et lla sont lgion qui sont amensvers Iro centres de populationet dposcomme des alluvions qu'en-tratne le courant pour lesabandonnersur sesplages les paysansvincsde leur lopin de terre par les convenancesde quelque grand acqureurou par un capricedu seigneurqui transforme ses champs en pturagesou en terrains de chasse lesdomestiquesde campagneque tescitadins

    n. w. swirt

    DX COIN Du MVKBPOOL

    Uncabinetd'aisance,un robinetdVau,unbacilordurespourunedouzainedemaisons.

    appellent autour d'eux les nourrices allaitant les enfants lu place des

    mres les ouvriers, soldats, employs et fonctionnaires auxquels on

    assigne une demeure dans la grand'ville et, d'une inani&regnrale, tous

    ceux qui, obissant des matres ou bien au matre le plus imprieux,la ncessit conomique, grossissent forcment la population urbaine.

    C'est un plaisunt tangage que celui des propritaires moralistes quiconseillent aux campagnard de rester atladis a ta terre, alors que, par

    leurs agissenu-uts, ils dracinent le paysan et lui 'runi

  • ,'5,'W l.'jlOMMK KT LA TKHIIK. nftl'AKTlTlON DES HoMMKS

    Qui muni la proprit pour bien marquer lu constitution d'une

    aristocratie terrienne ? Cuis, quand furent nes les grandes indus ttrio, le propritaire foncier ne eessa-t-U |ioin( de s'adresser au pelilliliiliuir lelu campagne, aux humbles fubricunls de village ? Kt(|uuml le

    puysun n'eut plus de terres communales, quand tes petites industries

    viiircnl lui manquer, quand les ressources diminurent, on mmo temps

    que 'accroissaient les besoins et les occasions de dpense, est- ii tonnant

    que lu fuite vers lu elle"soit devenue invitable? Leseigneur n'ulilisun I plusd'une manire! permanente lu main d'uvre agricole, celle-ci est force

    de n'exiler, condamne pur lechmage. Quand lu propritaire a besoin de

    beaucouj) de brus pour lu moisson ou lu vendange, il nu s'adresBo plusaux unuientscliente de su terre mais aux gens de l' anne roulante ,aux Irlandais, aux Flamands, aux Gavaches >f, des travailleurs incon-

    nus qui viennent on ne sait d'o, dont on ne connat ni le lieu natal,

    ni la langue, ni les murs, et qui disparatront sans laisser de traces.

    Ainsi le grand nombre des immigrants utlirs vers le tourbillon des

    cits obit une loi plus puissante que sa volont son caprice personneln'a qu'une part trs secondaire dans la force qui l'a sollicit. Quant lu

    proportion, relativement peu considrable, des fuyards de lu campagne

    qui se dirigent volontairement vers les cits, elle se dcompose en

    lments de valeur trs ingale. car si chacun veut > chercher sa joie,son intrt. une satisfaction plus intense de sa vie passionnelle, cet idal

    varie absolument suivant tes individus. Il en est beaucoup qui se laissent

    aller a une sorte de hantise inexplicable en apparence. On reste confondu

    dV-tonncment en voyant, dans les montagnes du Jura, dans les Pyrnesou les Cvcuucs, telle maisonnette admirablement situe que son posses-seur lgal laisse tomber en ruines. Elle semble pourtant avoir son

    avantage tout ce qui peut la faire aimer. A ct de la demeure, ombra-

    geant le toit, s'lve l'arbre patrimonial une source d'eau pure jaillit

    auprs dans un pli de la prairie tout ce que l'on aperoit du seuil,

    le jardin, les prs, les champs, les bosquets appartenaient, et mme appar-tiennent encore, la famille celle-ci ne comprend que deux vieillards

    cherchant utiliser leur reste de force la culture et au mnagemais tout pril, le marais gagne sur le pr, lu mauvaise herbe envahit

    les alles et les plates-bandes du jardin, les moissons s'amoindrissentd'anne en anne, et les toits s'effondrentsur les granges et tes greniers.

    Quand les vieux n'y seront plus, la maison s'croulera. Mais n'ont-ils

  • HtRATIOIt0X8CAMPAGNARDS 33}donc point de famille,Ois,petit-fil,ou neveux,qui puissent continuerl'uvre des, aeux comme ceux-cila continurent? ils ont un (Ils, ilest vrai,mais cefilsmprisela terre: il s'est Tait gendarmedans quelqueville lointaine, trouvantson plaisir ramasserdes ivrogneset dresserdes procs-verbaux. Quandses purents mourront, il ne saura quefaire des champs patrimoniaux ils retomberont en friche et quelquegrand seigneur lesachteraou plutt les recevrapresquegratuitementpour arrondir son domainede chasse.

    Si tellestaient les seules causesdu prodigieuxaccroissementdescits, elles deviendraientdes chancres sociaux et l'on serait en droitde les maudire, commele firent les prophtesd'lral pour la Babyloneantique. Cesvillesque l'on voitgrandir dejour en jour, presqued'heureen heure, projetant commedes pieuvres leurs longstentaculesdans lescampagnes, seraienten efl'etdes monstres,des vampiresgigantesques,suant la vie des hommes.Maistout phnomneest complexe.Si lespires, lesdpravs et les dcadentsvont se brler ou pourrir plus vitedans un milieu furieux de plaisir ou dj dliquescent,lesmeilleurs.ceux qui veulent apprendre et chercher des occasionsde penser, des'amliorer, de grandir en crivains,en artistes, mmeen uptres dequelque vrit, ceux qui se dirigent pieusement vers les muses, lescoles, les bibliothques, et ravivent leur idal au contact d'autreshommesgalementpris degrandeschoses,ceux-lne sont-ilspasaussilesimmigrantsdes citset n'est-cepasgrceueux que lecharde la civi-lisationhumainecontinue de rouler traversles tiges?Quandles villess'accroissent, l'humanit progresse, quand elles diminuent, le corpssocialmenacrgressevers la barbarie.

    Avant de s'tre donn la peine de rflchir, on peut s'imaginervolontiers que les villes se soient distribuesau hasard,et, de fait,nombre de rcits nous montrent des fondateursde cits s'en remet-tant au destin pour le choix de l'emplacement o s'tabliront lesfoyers domestiques,o se dresseront les murailles protectrices c'estdu vol des oiseaux, de l'arrt d'un cerf forc la course, del'chouement d'un navire que dpend la construction de la ville. Lacapitalede l'Islande,Reykjavik,naquitainsi depar la volontdesdieux

    1.Labonne,AnnuaireduClubalpin,1886.

  • 34o L'HOMME ET LA TBRRB. RPARTITION DBS HOMMES

    En 8~, lorsque te fugitif Ingolfr, arrivant en vue de 1'lalaiide~lanadans la mer les images de hoisqui reprsentaienttes idolesdu foyer,il

    Ne483.VillagesnormalementeapaoAs.~1' MNO~ 1

    essaya vainement de les suivre elles lui faussrent compagnie, et il dutfonder sur le rivage un campement temporaire, jusqu' ce que, trois ans

    aprs, il retrouvt les bois sacrs prs desquels il transfra sa ville,

  • RPARTITION DES YILMSB 34i

    haM)/1ai1

    v

    d'ailleurs aussiavantageusementsituequ'elle peut l'treen ce redoutable< Paysdes Glaces

    Si la Terre tait compltementuniformedans son relief, dans la

    N484.Villagesanormalementespacs.

    qualit du soi et les conditions du climat, les villcs occuperaient une

    position gomtrique pour ainsi dire l'attraction mutuelle, l'instinctde socit, lu facilit des changes les auraient fait natre des distances

    gales les unes des autres. Etant donne une rgion plane, sans obstacles

  • 34a l'hokme st LA tkkhc. rpartition dis hommes

    naturels, sans fleuve, sans port, situe d'une manire particulirementfavorable, et non divise en Etats politiques distincts, la plus grande cit

    se ft leve directement au centre du pays les villes secondaires se

    seraient rparties des intervalles gaux sur le pourtour, espaces ryth-miquement, et chacune d'elles aurait eu son systme plantaire de villes

    infrieures, ayant leur cortge de villages. La distance normale d'une

    journe de marche, tel devrait

  • RSEAU d'tapes 3/(3

    V 18*

    ordre, se fondrent, des intervalles sensiblement eguux, (les cits

    moindres. mai encore considrables, spares par une double tape. soit

    N*485. Ville. europennes d'au moins 100000habitante._A MM- 1.

    La surfacedescerclesest proportionnelle la population des villesqu'ilsreprsentantaraison de 150000habitants par milllmotrocarr environ. les seules agglomrationsde100000 habilants sont reportes ici, autant que possibleavec leurs faubourgs.En outre,un certain nombrede villes ont d. tre fusionnesen un aeul cerolo. Voiciles groupa iSouth 8hieids,Gateshead.Sunderlandet Neweastle. Preston, Blackburn et fiurnley. Halifax, Bradfordet Uads, Blrkenbotd,Oldham. Manchesteret Llverpool. Derby,Noltlngham et Sheflleld. WoWerhampton,Sattord et Birmingham. Southampton,Brlghton et Portsmouth avec Lontlr. La Haye et Rotterdam. Oan

  • 3VlIl L'HOMMEET LATERRE. RPARTITIONDESHOMMES

    sont Formedes villes modestes, indtyuunt l'tape moyenne Ktuinpes,

    Amboise, CltAlctlcrault, Ituffec, Libourne. Ainsi le voyageur, traversant

    tu France, trouvait alternativement une ville do simple dlassement et

    une ville de nomplot rconfort la premire sf Usaitau piton, la

    seconde convenait au cavalier. Sur presque toutes les routes, le rythmedes cits se produit de la mme manire, ciulcriee Naturellu rgle pur lu

    inurclit1des homme, des chevaux et des voitures.

    Les irrgularits du rseau des tapes n'expliquent toutes par tes

    lrails du relief, le cours des fleuves, les mille contrastes de ta gogra-

    phie. La nature du sol, ou premier lieu, dtermine les hommesdans leur

    choix d'un emplacement pour les demeures. 1-e village ne peut natre

    qui* lu o nutl l'pi; il Yourtede lu lande ingrate, des amas de gra-

    viers, desargiles dures il dfoncer, cl surgit d'abord spontanment dans le

    voisinage des terres meubles, faciles labourer, et non dans tes rgionsbasses et humides, d'une fcondit exeeplkhiellc: l'histoire de l'agri-

    culture iiionliv mme que ces alluvioiiH molles loignent l'homme

    par leur insalubrit; elles ne furent uu-s en eu Hureque par des effort'*

    t'olleelU's, rpondant une priode de l'Immunit dj trs avance.

    Les terres trop ingales, de mme que les sois trop arides, n'attirent

    pas non plus les populations, empchent ou retardentlit fondation des

    cits. Les glaciers, les neiges, les vents froids expulsent, pour ainsi dire,

    Ifs hommes des pres valles des monlagnes: la tendance naturelle des

    villes est de se fonder immdiatement en dehors de lu rgion difficile,

    ait premier endroit favorable qui se prsente l'issue marne des valle.

    Chaque torrent u sa ville riveraine dans ia campagne basse, l oson

    lit, soudainement largi, se rumifie en une multitude de branches tra-

    vers les graviers. Chaque double, triple ou quadruple connuent de val-

    les fait natre une grande agglomration, d'autant plus considrable,

    toutes choses gales d'ailleurs, que les lits convergents routent une eau

    plus abondante. Kst-il position plus naturellement indique quecelle de

    /.uragoza, sur le milieu du cours de l'Ebrc, au croisement de la double

    valle o coulent le (iallayo et le Huerva? Kl lu cite de Toulouse, mtro

    puledu midi de la France, n'oecupe-t-elle pas un lieu que le doigtd'un

    enfant aurait pu signaler d'avance comme un rendez vous de peuples,

    l'endroit o commence lu navigation fluviale, au dessous du confluent

    de lu haute Garonne, de l'\rige et du Lers? Aux deux angles occiden-

    taux de lu Suisse, Bile et (ieneve se sont leves au carrefour des grandes

  • CONFLUENTS. COUDES, ESTUAIRES 3$5

    voies suivies par les peuples migrateurs, et, sur le versant mridionaldes Alpes, toutes les valles sans exception ont leur porte de sortie uneville gardienne de puissantes cits, Milan et tant d'autres, marquent tes

    points de convergence, et la haute valle du l'A, constituant les trois

    quarts d'un cercle immense, a pour centre mitiirel lu ville de Turin.Sur le cours infrieur du fleuve, lu fondation de cilt'-sest dtermine^

    par des conditions analogues du milieu uu bec de deux courants ou surun point de diminution des trois. quatre voies navigables ou des routesnaturelles qui se prose nient la fois, au lieu des deux uniques de l'iirnontet de l'uval. Ailleurs d'autres groupes se fixent aux cscules d'arrt nces-saires, rapides, cascades, dlits rocheux, o viennent mouiller les

    barques, o st.*transbordent les marchandises tes troits des fleuves, luo le passage de rive a rive se fait avec facilit, sont aussi des endroits

    indiqus pour un emplacement de village ou mme de ville, si d'autres

    avantages H'iijoulciit celui qu'offre le rtrcissement fluvial. Tellecourbe bien inarque d'un cours d'eau, rapprochant su valle d'ungrand centre d'activit situ dans un autre luu-sin. peut inviter aussi leshommes en ^rand nombre. C'est ainsi qu'Orlans a d se blir sur larive de la Loire qui se dveloppe le plus au nord dans la direction deParis, et queTxurilsin se trouve a l'endroit o lu Volga se rapproche duDon. Kufin, sur chaque fleuve, le point vital par excellence est l'endroit,voisin de l'embouchure, o la mare moulante vient arrter et soutenirle courant suprieur et o les embarcations, amenes par le courant d'eaudouce, rencontrent naturellement les navires de mer voguant avec leflux. Dans l'organisation hydrographique, ce lieu de rencontre peut lrcassimil au collet de l'arbre, entre le systme le vgtation arienne etcelui des racines profondes, c'est la forme normale du grand port euro-pen sur les mers a mare Hambourg ou Londres, Anvers ou Bordeaux.

    Lesdcoupures du littoral influent aussi sur lu rpartition des villes.Certaines ctes sablonneuses peine inflchies, inabordables auxnavires, ni ce n'est pendant les rares journes de calme plat, sont autantque possible vites par l'homme de l'intrieur aussi bien que par lemarin aventur sur l'ocan. Ainsi la cote, de 20 kilomtres en longueur,qui su profi Ir- en droite ligne de l'est nuirede la Gironde a la bouche del'Adour, n'a d'autre ville que la petite Arcachon, simple lieu de bains etde villgiature, .situe en arrire de lu rive, en dedans du rempart forme5par les dunes du cap l;erret. De mme les formidables cordons littoraux

  • L'HOMME ET LA TKIUt. RPARTITION DES HOMMES346

    L-qui bordent les Cmolines, le long de l'Atlantique, ne donnent accs,entre Norfolk et YYihninglon, qu' du pauvres bourgs entretenant

    grand'p

  • CTEB DSERTES ET CiVrEB PEUPLES 1*77

    Aquitaine vitait galement les montagnes abruptes de l'intrieur etles marcages, les lacs salins, les bouches fluviale de ta cte. La partie

    N487.Ctes ports nombreux,

    haute, abrupte, trs faiblement peuple, presqu'inhospitalire quelimite au sud le mur des Cvennes commence dans le voisinage mme

  • 348 L'HOMME fiT LA TEI1IU:. RP.411TITION DES HOMMES

    de la mer, et, par suite, le mouvement de l'histoire se trouva rejetsur la route du littoral mditerranen. D'autre part, le commerce devaitchercher des lieux d'accs, soit l'embouchure des rivires. celle del'Aude ou de l'Hrault, ou bien dans une anse protge artificielle-ment par des jetes. C'est par IVfl'etde ces appel que se sont fondesNurhomie, qui eut su priode de puissance mondiale alors qu'elle taitla pluu populeuse des Gaules IJziers, qui fut prospre du temps desPhniciens et qui est encore l'un des grands marchs agricoles de lul'Yunee: Agde, la ville grecque, laquelle a succd en importance(Mie, nutre ville d'origine hellnique; Montpellier, In capitale intellec-tuelle du Midi, oit les Sarrasins et les Juifs furent les prcurseurs de lit

    Hcnuisssuucc. Audel, les villes se pressent encore, et l'antique Mines,assise au bord de su fontaine, s raccorde avec le cours du Hhone parles trois cits d'Avignon, de Heaucaire et d'Arles.Toutes les conditions de In luihire, agricoles, gographiques, clima-

    tiques, iniluent en bien ou en mal sur le dveloppement des villes,

    (Iliaque avantage augmente leur force d'attraction, chaque dsavantageles diminue. La grandeur des groupes urbains se mesura exactement lit somme des privilges naturels, en admettant, bien entendu, quel'ambiance historique soit identiquement la mme. Deux cits, l'une

    d'Afrique, l'autre d'turopc, e trouvant en des conditions similaires,n'en seront pas moins trs diffrentes, puisque l'volution de l'histoireenvironnante. di d're pour chacune d'elles nanmoins il y aura paral-llisme dans leurs destines. Par un phnomne analogue celui des

    perturbations astrales, deux centres urbains rapprochs n'influencent

    mutuellement, soit pour se dvelopper de concert lorsque leurs avait-

    tages se compltent, telles Liverpool, la commerante, et Manchester, lamanufacturire, soit pour se nuire lorsque tes privilges sont de mmeordre c'est ainsi que, prs de Bordeaux, sur le fleuve Garonne, la villede Libourne, situe de l'autre cot de l' Knlre-deux-Mcrs, sur le fleuve

    Dordognc, aurait pu rendre au trafic des services presque identiquesmais le voisinage de la premire a fait tort lit seconde; celle-ci, man-

    ge par sii rivale, et perduni, peu de chose prs, toute sa valeur mari-time, n'a plus d'importance que comme lieu d'tape continentale.

    Il faut constater aussi ce phnomne remarquable que la force go-graphique peut, comme cette de la chaleur ou de se trans-

    porter distance, agir au loin de son foyer et faire surgir par contre-

  • CIT EN LUTTE ET CITS ASSOCIKH J

    coup une ville dans un site que (les raisons diverses rendent prfrableau lieu d'origine. On peut ciler en exemple trois des poils de la Mditer-rance o les deltas fluviaux crent des conditions spciales pour tesvilles d'change Alexandrie, qui, malgr son loigncmeut du courantnilotiqtti', n'en est pas moin l'entrept coniincrclnl de loul le bassin,Venise, le port dc>la pluinc padunc, et Murseille,celui de In valle du

    ("I.J. Killm.Mit.MAKSKII.IK ET Ut PORT, VU J)E KOTJlG-D.Otli 1>K I.A

  • L'HOMME ET LA TERRE. RPARTITION DES 1I0MMK835o

    des cits nouvelles prcisment aux endroits que l'on vitait jadis. soitau pied des cataractes, comme Olluwa, soit dans les montagnes, portedes conduites qui distribuent l'lectricit, commedans tes valles de la

    No488. Unport d'estuaire Anverset l'Enaut.

    Lanavigationest excessivementdlMciledansl'Escaut. causedesbancsde table,descoudesbrusquesdu rhtnal,descouranUdemareet desbrouillardsfrquents.Malgrcela,leportd' Anversest extrmementprosprel,e portdeZeobruege.rcemmentouvertau trafleainsiquelecanalmaritimelereliant Bruges,doitrendredeaservicesaucommercebelgesansnuire Oslende,ni Anvers.

    Suisse. Chaque acquisition tle l'homme cre des points vitaux en deslieux imprvus, de mme que chaque nouvel organe se donne descentres nerveux correspondants. Quel changement rapide dans la r-

    partition des villes, lorsque l'homme sera devenu matre de l'aviationet de l'aronautique De mme qu'il recherche maintenant au bord dela mer des endroits favorables pour expdier et recevoir les navires, de

  • 8URUISSEMENT DE NOUVELLES CITS 35 1

    mime il se sentira naturellement port comme l'aiglevers les hautescimesdoit son regardembrassera l'infinide l'espace.Amesurequen'agrandit le domainede l'humanit conscienteet que

    lesaltracliodsse font sentir sur un espaceplus tendu,lesvillesappar-

    N489.Unport de hautemer San Franolsoo.

    tenant un organisme plus vaste peuvent ajouter aux avantages sp.ciaux, cause de leur naissance, des privilges d'une nature plus gn-rale qui leur assurent un rle historique d'importance majeure. C'estainsi que Home, Paris, Berlin, nous l'avons vu, n'ont cess d'acqurir,dans leur agrandissement niante, denouvelles causes d'agrandissement';et ne peut-on en dire autant de Londres, actuellement la plus grandecit du monde? La principale raison de sa prosprit, la situation du

    1. J. 0. Kohi, Die geographischcLage der HauptslddleEuropas,

  • 35a ET LA TERRE. RPARTITION DES HOMMES

    ..ni i. n% t i.port. u la tele de navigulion maritime sur la Tamise, a mis la ville, sdevenue capitale du lloydumcl ni, mme de profiter d'autres a vnn- !jtages qui. sans cela, seraient rest en puissance, mais sans se ra-

    fi

    liser jamais. Ainsi de progrs en progrs par rapport il l'ensemble dumonde, Londres u Uni pur devenir le point central que, de toute leextrmits du globe, on peut en moyenne atteindre; le plus facilement.Dans le dveloppement des cits, il arrive trs frquemment que lu

    croissance ou lu dcroissance de ces grands organismes s'uccolrlplitd'un mouvement trs irrgulier, para coups que dterminent des volu-tious rapides le l'histoire. Ainsi, pour prendre encore l'exemple de

    Londres, on voit qu' l'origine, les avantages locaux de cette ville, tout r

    en ayant une ecrtuinc importance, u 'taient point de nature il lui pro-curer le rang qu'elle u pris parmi les autres cits. Certes, sa position,dans une pluiitc bien limite au nord pur des coteaux protecteurs, au

    boni d'un grand fleuve et au continent d'une petite! rivire, il l'endroit

    mme o le vu ct-vient de la mure facilitait l'alternance de lu nuvigu-tion, rembarquement et It, dbarquement des marchandises, toutes cesconditions taient des plus favorables il Londres pour lu faire prvaloir

    s

    dans sa lutte d'existence uvec tes autre cits de l'Angleterre, mais

    ces privilges locaux ne prirent leur vritable valeur que lorsque les1

    Itornuills curent choisi celle position pour en faire le centre de conver-

    gence des routes traci's en tous sens danw lit moiti mridionale de la1

    grande lie. La Rome britannique devait s'lever au lieu choisi commecentre du rseau. Mais lorsque les lgions romaines durent abandonnerAlbion et que toutes les routes bailles , hbjh slivrtx, construites entreles postes militaires et le port de la contre, eurent t dlaisses,Londinium perdit par cela mme toute son importance et ne fut plusqu'une simple ville de la Bretagne, rduite, comme tant d'autres, il ses

    avantages purement locaux. et, pendant deux cents annes, clic resta

    compltement ignore de l'histoire Il fallut que tes relations se rtu-blissenl uvec le continent pour que la position d Londres reprit savaleur. B

    Les fuveurs administratives, l'appel des courtisans et courtisanes, des

    fonctionnaires, des policiers, des soldats et la foule intresse qui se I

    presse autour des dix mille d'eu haut a donnent aux capitales un rle

    1.Gomme,VillageCommunitics,pp.48,51 Qroen,TheMakingof Engtand,p. 118.

  • AVATARS Pis BVBI-Ol'PMKNT 353

    trop distinct pour qu'il convienne de les tudiercomme des typesdegroupe urbain leurdveloppementsi facticeontrs grande partie.Onpeut mieuxraisonnersur la viedescits quidoiventleurhistoire presqueuniquementau milieugographique. Aucuntravailn'est plus fructueuxpour un homme studieuxque lit biographie d'une ville dontl'uspecl,mieuxencore que lesannales, penne de constatersur place teschange-

    01. Hclinnhlor et Ole.l.B CREUSOT KT KE8 UBIS88

    ments successifs se droulant (le sicle en sicle, suivant un certainrythme. On voit reparatre par les yeux de l'esprit la cabane du pcheuret celle de son voisin le jardinier; deux ou trois fermes parsemaient alorsla campagne, un moulin tournait sa roue sous le poids de l'emi plon-geante. Plus tard, une tour de guel. s'leva sur lit colline. De l'autre ctde lit rivire, sur lit pluge que venait entamer la proue du bue, on construisit une nouvelle hutte; une auberge, une boutique appelrent les

    passants et les voyageurs prs de la maisonnette du batelier, puis unmarch s'tablit sur la terrasse nivele du voisinage. I.ne voie. de plusen plus largement fraye par les pas de l'homme et des animaux, des-cendit de la plaine la rivire, tandis qu'un sentier serpentin charpa la

  • 354 L'HOMME ET LA terre. rpartition DES HOMMES

    colline; des routes futures commencrent semontrer sur l'herbe fouledes champs, et dea maisons s'emparrent des cluatre angles du carrefour |L'oratoire devint l'glise, l'chafaud de guet se fit chteau fort, caserne

    ou palais; le village grandit en ville, puis en cit.La vraie manire d'tudier une agglomration urbaine ayant vcu

    d'une longue existence historique est de lit visiter en dtail conform-ment aux phnomnes de sa croissance. Il faut commencer par le lieu

    que sacra presque toujours la lgende. o fut son berceau, et finir parses usines et ses dpotoirs.

    Chaque ville a son individualit particulire, sa vie propre, sa physio-'i

    nomie, tragique ou dolente chez les unes, gaie, spirituelle chez les autres. (Les gnrations qui s'y succdrent lui ont luiss leur caractre dis-

    tinctif elle constitue une personnalit collective (font l'impression surl'tre isol est mauvaise ou bonne, hostile ou bienveillante. Mais laville est aussi un personnage trs complexe, et chacun de ses divers

    quartiers se distingue des autres par une nature particulire. L'tude

    logique des villes, la fois dans leur dveloppement historique et dansc

    la physionomie morale de leurs difices publics et privs, permet deles juger comme on jugerait des individus on constate quelle est la

    r

    dominante de leur caractre et jusqu' quel point, dans la complexit dei

    leurs influences, elles ont t utiles ou funestes au progrs des populationsr

    qui se sont trouves dans leur rayon d'activit. Il est des villes clue l'onvoit tout d'abord consacres au travail, mais qui peuvent singulirementcontraster entre elles, suivant le fonctionnement normal ou pathologiquedonn aux industries locales, qu'elles se dveloppent en des conditionsde paix, d'galit relative et de tolrance mutuelle, ou bien qu'elles soiententranes dans les remous d'une furieuse concurrence, d'une spculationchaotique et d'une exploitation froce de la classe des proltaires.D'autres villes se montrent premire vue banales, bourgeoises, routi-

    nires, sans originalit, sans vie: d'autres ont t bties pour la domina-

    nation, pour l'crasement des pays environnants: ce sont des instru-ments de conqute et d'oppression leur vue, on prouve un sentiment i

    de crainte ou d'horreur spontane. D'autres encore, l'aspect toujoursvieux, mme dans leurs parties modernes, sont des lieux d'ombre, de

    mystre ou de peur, o l'on se sent pntr des sentiments d'un autre ge, >

    tandis qu'il est des cits ternellement jeunes qui disposent la joie, ola moindre charpente prend un profil original, o les maisons sont gaies,

  • ORIGINALIT DES VILLES 355

    commeleshabitantd'allure potique,ajoutant leur propre vie cettede l'homme.Enfinque de cit facesmultipleso chaqueclasse de lasocittrouvedes quartiers qui lui ressemblent et dont les sicles ne

    N'490.Villagesagricoleset Industriels,

    modifient que trs lentemcnt l'altitude et le langage! 1 Combiende

    sites lumenlubies devant lesquels on voudrait pleurer! 1

    Les contrastes se montrent clairement dans le modo de croissance

    que prsente chaque cit. Suivant l'importance de la direction de ses

    changes par terre, celle-ci projette ses faubourgs, comme des tentacules,

    le long des routes de mme, celle qui longe un fleuve se continue au loin

  • 350 L'HOMME ET LA TEiinn. rpartition DES iiommks

    sur la berge, en face des lieux d'ancrage et de dbarquement. On est

    souvent frapp de l'ingalit bizarre que prsentent deux quartiers rive-

    ruins, paraissant misai bien situs l'un que l'autre pour lu rsidence de

    l'homme: la cause lie cette diffrence s'explique par la directiondu mouvement fluvial. Ainsi la pl.icede Ilordeatix suggre aussitt l'ide

    que le vritable centre du cercle habit devrait se trouver sur lu rive

    droite du fleuve, il l'endroit o se sont leves les muisous du petit fou-

    bourg de la Bastide: mais la (iuronno. dcrivant une courbe puissante,longe de ses eaux vivantes les quais de la rive gauche c'est donc du

    ct o se jette le vritable fleuve que doit se porter aussi le courant1

    commercial, l'activit politique. La population suit lumarche (les eauxet

    s'loigne des banc vaseux de la rive droite. Le monopole a liait Ireste

    en s'emparant du faubourg pour l'enserrer tic ruils et de barrires en

    cercle entrecroiss et pour l'enlaidir dehangars et d'entrepts.On a souvent prtendu que tes villes ont une tendance il grandir in

    cessHinineiit dans le sens de l'Ouest. Ce fait que l'on constate en nombrede cas se comprend trs bien dans les contres de l'Europe occidentale

    et dans celles qui ont un climat analogue, puisqu'on ces pays le ct

    de l'occident est celui d'o le vent souille avec le plus de frquence.Les habitants qui s'tablissent dansles quartiers tourns vers l'air libre

    ont moins il craindre les maludies que les gens demeurant l'autre

    extrmit des ville, sous un vent (lui s'est charg d'impuretsen pussunt uu-dessus des chemines, des bouche d'goul et des

    milliers ou millions de personnes humaines. En outre, il ne faut pasoublier que les riches, leoisifs, les artistes, qui peuvent jouir pleinementde la eonU'inpIution des deux, ont plus souvent l'occasion d'admirer les

    beauts du crpuscule que celles de l'aurore: ils suiventinconsciemment

    le mouvement du soleil dans sa direction de l'est l'ouest, et, le soir, se

    plaisent le voir descendre duns le nues resplendissantes. Mais que

    d'exceptions dans colle croissance normale des villes suivant lu marchedu soleil La forme et le relief du sol, l'attraction dos beaux sites, la

    direction des eaux courantes, les quartiers parasitaires ns des ncessit

    de l'industrie el du commerce ont frquemment pour ellet de dtourner

    les hommes le richesse et de loisir vers d'autres parties de lu ville quecelle de l'Occident. Bruxelles et Marseille sont deux exemples de cette

    divergence du type normal.Par le fait de son dveloppement mme, l'agglomration urbaine,

  • QUARTIERS K8T ET OUEST 357

    comme tous les organismes, tend mourir. Obissant aux conditionsdu lemps, plie se trouve dj vieiUequand surgissent d'autres cits im-

    patientes du vivre leurtour. Sans doute, elle garde quaud mme quel-ques conditions de dure, grce la force d'inertie commune deceux qui l'habitent, grce la routine et la puissance d'appel que toutcentre exerce sur le cercle desu lenteurs mais, sans compter les accidentsmortels qui peuvent frapper les villes aussi bien que les hommes, chaque

    Cl. J. Kuhn, dit.

    rs vois OB LA MAUTK VIT.LU 13%

  • 358 l'homme ET LA terrk. Rr-AivrrnoN dks hommes

    et Chicago. Telle est la raison pour laquelle, iluiis les bassins de

    l'Eupliratc et du Nil, des villes immenses comme lkil>\lone, Ninive,Le ont successivement chang de place. Tout en gardant,du moins en partie. son importune historique, grce aux avantagea dulieu, chacune de ces villes devait abandonner ses quartiers suranns etne reporter plus loin, pour viter lus dcombres et. souvent aussi, les

    pestilences, issues (tes amas d'immondices gnralement le site dlaissdes villequi se dplacent est occup par des tombeaux.

    D'autres causes de mort, plus dcisives parce qu'elles ont pourraison le dveloppement mme de l'histoire, ont frupp maintecit

    jadis fameuse des circonstances analogues ficelles qui ta tirent natreen ont rendu la destruction invitable. Ainsi le remplacement d'uneroute ou d'un carrefourpar d'autres voiesplus favorables peut supprimerdu coup la ville que les transports avaientcre. Alexandrie ruina l'luse,Cartagena de-las Indias rendit Puerto-Belle ta solitude des forts.

    L'appel du commerce et lu rpression de la piraterie ont chang de placebeaucoup de cits bties sur le littoral rocheux de la Mditerrane. Jadiselles taient perches sur d'Apres collines et ceintes de murailles paissespour se dfendra contre les seigneurs et les corsaires; maintenant, ellessont descendues de leurs rocs et s'taient largement sur le bord de lumer: partout le Au/y/oest devenu marina; l'Acropole succde le Pire.

    Dans nos socits autoritaires o les institutions politiques ont sou-vent donn il la volont d'un seul une influence prpondrante, il estarrive que le caprice d'un souverain plaAtdes villes en des endroits oelles ne seraient point nes spontanment. Ayant t fondes en des lieuxcontre nature, elles n'ont pu se dvelopper qu'au prix d'une norme

    dperdition de forces vives. Ainsi se btirent, grands frais, Madrid,Plersbourg, dont les casinos elles hameaux primitifs laisss eux-

    mmes, sans Charles Quint ni Pierre Ior, ne seraient jamais devenusdes cits populeuses comme ellcs le sont aujourd'hui. Nanmoins, quoi-que cres par le despotisme, elles doivent au travail associ deshommes de vivre comme si elles avaient une origine normale: nondestines par le relief naturel du sol il devenir des centres, elles le sont

    pourtant, grce la convergence des routes, des canaux, des voiesferres, des correspondances, des changes intellectuels. Car la

    gographie n'est pas chose immuable elle se fait, se refait tous les

    jours: il chaque instant, clic se modifie par l'action de l'homme.

  • VILLES POLlTtQUKS 35g

    Maintenanton ne cite plu pre de Ciar btisseurde capitalesdegrandscapitalistesou spculateurs,prsidentsdesyndicatsfinancier,

    Ct. P. Sellier.PARTS. L'iriSURB DU BEPA8, QTURTIKB W TBMP1B

    D'aprs le tableau de V. Oilbnrt.

    leur|ont succde'-commefondateurs de villes.On voit lesconstructionss'rigeren quelquesmoissur'une tendueconsidrableavecunoutillage

  • 36o l'homme ET LA tkrre. rpartition DIS hommes

    splendide, un amnagement merveilleux; mme tes coles, les biblio-

    thques et les muses n'y manquent point. Si le choix des emplacementsest favorable, les crations nouvelles sont entranes dans le mouvementgnral de la vie, et le Creusol, Crewu, Barrow-on-Fumess, Denver, laPlata prennent rang parmi les centres de population mais le site a-t-ilt mal choisi, les villes meurent a ver les intrts particuliers qui leurdonnrent naissance: Cheyeniie-City, cessant d'tre la parc terminaled'un chemin le fer, expdie ses maisonnettes plus avant' sur la ligneferre, et Curann-flity disparat quund s'puisent les mines d'argent (luigrouprent les 'liitanls dans ce dsert affreux. D'ailleurs, si le capricedu capital essaie parfois de fonder des villes que les intrts gnraux dela socit condamnent il prir, il dtruit aussi de nombreux groupes de

    populations qui ne demandcniient qu' vivre. \e voit-on pas, dans lagrande banlieue de mainte importante cit de gros banquiers et propri,taires terriens augmentant chaque anne leur domaine de centainesd'hectares, changeant mthodiquementles cultures en plantations ou eu

    pares faisans ou gros gibier, et rasant tous les hameaux et villagespour leur substituer de distance en distance quelques maisonnettesde gardiens?

    Parmi les villes qui sont demi ou m'me.compltement factices et

    qui no rpondent pas aux besoins rels des socits travailleusesil elles-mmes, il faut citer aussi les places de guerre, du moins celles

    que fontconstruire de nos jours les grands Etals centraliss. Il n'en tait

    pas ainsi lorsque la cit contenait toute la tribu ou formait le noyaunaturel de la nation alors il lui fallait bien se protger en levant desremparts qui suivaient exactement le pourtour des quartiers eldressaient leurs angles des tours de guet. A celte poque, la citadelle, oittous les citoyens se rfugiaient en cas de danger suprme, n'tait autrelue le temple, bti au haut de la colline gardienne, lo monument devenusacr par les statues des dieux. Les villes qui constituaient un organismedouble comme Athnes, Mgarc, Corinthe devaient protger mme laroute intermdiaire par de longs murs parallles.

    L'ensemble des fortifications, s'expliquant par la nature du sol,prenait dans le paysage un aspect harmonieux et pittoresque. Mais,en nos jours d'extrme division du travail, o lit force militaire estdevenue pratiquement indpendante de la nation et o nul civil nepeut s'ingrer donner son avis en matire stratgique, la plupart des

  • VILLES MILITAIRES 38 1

    V 19

    ville fortes ont des contours tout fait disgracieux, sans aucuneharmonie avec les ondulationsdu sol, coupant le pays autvant destracs offensantepour le regard. Du moins, les ingnieurs italiendo la Renaissance,puis Vaubanet ses mules s'essayaient-ils des-siner le proAlde leurs places fortifiessuivantune symtrieparfaitetquelques-unsde ces ouvrages,ayant t'aspect de croix toilesavec

    Cl.V.Sellier.LA VILLE O'AIBE-SUE-I.A-L8

    Airesubit plusieurssWgesauxdix-soptimeet dix-huittomosiclesi tesfortificationontperdutoutevaleurdepuislongtemps.

    rayons et gemmes, contrastent rgulirement pur les murs blancs deleurs bastions et redans avec la calme plncidit des campagnes om-breuses. Mnis nos places modernes n'ont plus l'ambition de se fairebellen celle proccupation n'existe pas dans l'esprit des constructeurs.D'un regard jet sur le plnrdes villes fortes, on voit, en effet, qu'ellesont laides, hideuses, en dsaccord complet avec leur milieu. Loind'pouser les contours du puys, de prolonger librement ses bras dansles campagnes, la pince de guerre est comme ampute de ses membres,

  • 36a L'HOMMEet LAtebre. rpahtition des hommes

    atteinte dana ses organes essentiels. Que l'on constate la triste formeextrieure prise par des cits comme Strasbourg, Metz, Lille! Cettedernire ville s'est trouve tellement il l'troit dans ses remparts qu'ellea d, pour ainsi dire, resurgir en dehors de la zone des servitudes mili-taires. Roubaix et Tourcoing doublent l'agglomration fortifie et,aujourd'hui, on cherche regrouper tes trois lments on un toutharmonieux uu moyen de larges boulevards.

    Malgrla beaut do quelques difices, la grce de ses promenades,l'attirance de sa population, Paris est aussi une des villes qu'enlaiditla brutale enceinte. Dgag do ce dplaisant ovale en lignes brises,l'organisme se serait dvelopp d'une faon esthtique et rationnelle,il aurait pris une figurelgunlo donne pur la vie. ]

    Une autre cause de laidenr dans nos villes modernes provient del'invasion des grandes industries manufacturires. Presque chaqueagglomration urbaine est assombrie par un ou plusieurs faubourgs,hrisss de chemines puantes, traverses de rues noires d'immensesconstructions les bordent, aveugles ou perces d'innombrables fentres l'curante symtrie. Le sol tremble sous l'effort des machines enmouvement, sous le poids des camions et des trains de marchandises.Que de villes, surtout dans lit jeune Atm-riquc, o l'air est presqueirrespirable, o tout ce que l'on aperoit, le sol, les routes, les mu-railles, le ciel, suinte la boue et le charbon! Peut-on se rappeler sanshorreur et dgot une agglomration minire comme cette intermi-nable et sinueuse Scranlou, dont les soixante-dix mille habitants n'ont

    pas mme un hectare de gazon souill et de feuillages noircis pourconsoler les yeux de toutes tes hideurs de l'usine! m l'norme Pitts-burg, avec sa couronne semi-circuluirc de hauts faubourgs quiflambent et qui fument, comment se l'imaginer sous une atmosphreplus salie, quoique, d'aprs les indignes, elle ait gagn en propretdes rues et en clart des horizons depuis l'introduction du gaz nalureldans les usines? D'autres villes, moins noires, sont peine moinshideuses, de par le fuit des compagnies de voies ferres qui se sont

    empares des rues, des places, des promenades et (lui font rencler etsiffler leurs locomotives en crasant la foule sur leur parcours. Quel-ques-uns des plus beaux sites de la Terre ont t dshonors ainsic'est en vain qu' Bufl'alole promeneur essaierait de suivre la rivede l'admirable fleuve Angara, travers fondrires, croisements de

  • HYGINEDESVILI.KS 363

    V J9*

    r

    lignes,canauxvaseux,amasdegravieret d'ordureset touteslesimmon-dicesde la cit.

    Une spculationbarbareenlaiditaussi les rues par ses lotissementsde terrain. o les entrepreneurslventde vastesquartiers, combin

    N481.Lille,Roubaix,Touroolng.

    TouteslesvillesdontlesnomssontIndiqusont aumoins5000habitants.Ladensitdepopulationdeceterritoirefcchevalsurlafrontire,estd environ1000habitantsparkilomtrecarr.

    d'avance par des architectes qui n'ont pus mme visit les emplace-ments, et bien moins encore se sont donn la peine d'interroger lesfuturs habitants; ils dressent ici une glise ogivale pour les piscopaux,ailleurs, une btisse romane pour les presbytriens, plus loin, unesorte de panthon pour les baptistes, tracent leurs rues en carrs et

  • 304 L'HOMMEKT I.ATERUK.- RPARTITION0E8 HOMMES

    en losanges, varient bizarrement le dessin gomtrique des places etle style des maisons, tout en gardant religieusement tes coin les plusavantageux pour les dbita de boissons funestes. Villeit factices. con-struites sur un type banal et tmoignant toujours par quelque ctde l'insolcncc fastueuse des constructeurs 1.

    Quoi qu'il en soit, toute ville nouvelle arrive aussitt, par le fuitmme de la juxtaposition des demeures, a constituer un organismecollectif, dont chaque cellule individuelle elierche a se dvelopper ensant parfaite, condition premire de la sant de l'ensemble. L'histoireest l pour enseigner que les inuladii's des uns entranent celles desa u Ireset qu'il est dangereux pour les palais de laisser lit peste dvasterles taudis. Aucune municipalit n'ignore de quelle importance seraitun assainissement complet de la ville par le nettoyage des rues. l'ou-verture de places gu/.ouucs et fleuries, ombrages de grands arbres,lit disparition rapide de toutes les immondices et la difl'usion de l'eaupure en abondance dans tous les quartiers et toutes les maison*. Acet gard, les villes des puys les plus avancs sont en rivalit pnei-tique pour mettre en pratique ou il l'essai des procds particuliersde nettoyage et de confort. H est vrai que les villes, coin nie les Ktals.ont des gouvernants incites par leur milieu mme s'occuper surtoutde leurs intrts priv; mais c'est dj beaucoup de savoir ce qu'ilconvient de faire pour que les organismes urbains fonctionnent un.jour mcaniquement, pour l'acqut des provisions, la circulation deseaux pures, de lit chaleur, de la lumire, des forces, de la pense, lu

    rpartition constante dl'outillage et l'expulsion des matires devenuesinutiles ou funestes. Cet idal est encore fort loin d'tre ralis; dumoins, nombre de villes sont-elles dj devenues assez salubres pourque lu vie moyenne y dpasse celle de mainte campagne, dont les

    habitants aspirent continuellement l'odeur des pourritures et des fumierset sont rests dans l'ignorance primitive de toute hygine.

    La conscience de lit vie urbaine se manifeste aussi par les proccupations d'art. Comme Athnes jadis, comme Florence, Nitrnbcrget les autres cits libres du moyen ge, chacune do nos villes modernestient se faire belle il n'est pas jusqu'au plus humble village quine se donne un clocher, une colonne ou une fontaine sculpte. Artfort triste et fort maussade en gnral que cet art manipul par des

    professeurs il diplmes, sous la surveillance d'une commission d'incom

  • HVO1NKDESVILLES 365

    latents, d'autant plus prtentieusequ'elleest plus ignorante.L'art

    Cl. 11.Hume.

    QUELQUES VIEILLES MAISONS DU LA HTOH-STRBET A. EDIMBOUBO

    rel est toujours spontan et ne n'accommodepoint des alignements im-poses pur la voirie. Les petits esprits, comme il en est tant dans les

  • 366 L'HOMME ET LA terris. rpartition DES hommks

    conseils municipaux, procdent souvent la faon de ces Mummius

    qui commanderaient volontiors leurs soldats de repeindre les tableaux

    dtriors ils s'imaginent que par la symtrie ils atteindront la beautet que des reproductions identiques donneront leurs cits des Par-

    thnon et des Saint-Marc. N'avons-nous pas en Europe une ville queses btisses mmes rendent banale par excellence, la vaste Munich, quirenferme tant et de si scrupuleuses imitations de monuments grec*et bysantins, chefs-d'uvre auxquels manquent le milieu, l'air, lesol et les hommes!'

    Les copistes russiraient-ils faire surgir des monuments en tout

    semblables ceux qui leur ont servi de modles, ils n'en auraient pasmoins produit un travail contre nature, car un difice ne se comprend

    pas sans les conditions d'espace et de temps (lui l'ont fait naitre. Chaqueville a sa vie propre, ses traits, sa physionomie particulire avec quellevnration les btisseurs doivent-ils s'en approcher! C'est un attentat

    contre la personnalit collective constitue parla cit que de lui enlever

    son originalit pour la hrisser de constructions banales ou de monu

    ments contradictoires a son rle actuelou u son pusse! Legrand art est

    de transformer la cit nouvelle pour l'adapter aux ncessits du travail

    moderne, en conservant tout ce qu'elle cut de pittoresque, de cu-

    rieux ou de beau dans les sicles d'autrefois il faut savoir y maintenir

    la vie et lui rendre la salubrit et l'utilit parfaites, de mme que dn

    mains pieuse rtablissent la sant d'un malade. C'est ainsi que, dans la

    ville d'Edimbourg, des hommes d'intelligence, la fois artistes et savants,ont entrepris de restaurer l'admirable rue dite High-Strect, qui descend

    du chteau-fort au palais d'Holyrood, unissant les deux cellules mal-

    tresses de l'ancienne ville. Abandonne tout coup, lors du dpart pourl'Angleterre du roi Jacques, par les parasites de la cour, chambellans.

    militaires, hommes de plaisir, fournisseurs et gens de loi, celle avenue

    de riches maisons avait chang d'habitants: les pauvres en avaient faitleur demeure, amnageant de leur mieux les vastes salles en les divisant

    par des cloisons grossires. Deux siclesaprs lu dsertion de cette rue,elle tait devenue un ensemble de masuresaux cours nausabondes, auxrduits envahis par les fivres la population, vtue de loques malsaines,

    toujours souilles de boue. se composait en grande partie d'infirmes, de

    scrofuleux et d'anmis. Aux vices lgants de lu cour avaient succd

    les vices dans toute leur hideur publique. C'est ces affreuses serrtines

  • INSTAURATIONDESVULKS 867Que Se SOItl altaatls les restaurateur*. llttnitfnrmnnl a>MWII
  • Ii68 L'HOMME ET LA TEBRE. RPARTITION DE8 HOMMES

    1. I..d'esthtique futures Un diagramme, publi dans l'annuaire de Pilon*bourg pour l'anne i%* donne un saisissant exemplede la consomma-tion de vies humaines pnr celle capitale partant de l'uunc 175/1,poque laquelle la population de Ptershotirg tait de ioooo individus.la courbe d'accroissement s'lve en 1 Ganne yoooopersonnes, lun-dis que lit courbe de population hypothtique, calcule d'aprs la mor-talit et sans tenir compte de immigrants, descenduKounn au-dessousde zro. La natalit uc dpasse quelque peu lit mortalit que depuis iK85.unnn dit grand nettoyage Kl dans te inonde, combiende villes, liudu-Pest, Lima, liio de Juuciro, seraient encore en voie de dprissementrapide si les gens de lit campagne ne venaient combler les vides laissspar les morts! Si les Parisiens s'teignent aprs deux ou trois gnratitms, n'est-ce pas l'odeur pernicieuse de lit ville qui en est cause si lcsJuifs polonais sont rforms comme conscrits en plus grand nombre queles jeunes gens des autres nationalits, lu faute n'en est-elle pus encoreaux villes o ils vgtent pauvrement dans leijhctlti.

    Kt que d'uggloinrulioin dont le ciel semble tre tendu d'un voilefunraire! A pntrer dans une cit fumeuse, telle que Manchester ouSeraing, Essen, LeCreusot ou l'itlsburg, on jugera amplement si lea-uvres des lilliputiens humains ne suffisent pus il ternir lit lumire, profaner la beaut de lu nature. Or, une trs fuibtequuiilitde charbonchapp il lit combustion, un voile continu d'une fraction de millimtred'paisseur' sulit, surtout ni elle s'allie des brouillard, pourcontre-balancer lit lumire solaire. L'atmosphre opaque qui parfois pse surla ville de Londres est clbre a juste titre.

    D'ailleurs, l'assainissement des centres urbains soulve bien d'autresproblmes que celui de lit fume, en somme*facile rsoudre. Le sys-tme d'vacuation des vidanges et ordures mnagres, l'puration deseaux d'goiit, soit par dos procds chimiques, soit par leur emploirationnel eu agriculture, sont loin d'avoir reu des solutions heureusesou acceptes, et mme trop de municipalits semblent no pas s'in-quiter de ces questions. L*choix d'un soi de roulement ne donnant nipoussire ni boue, l'organisation efficacedes transports en communontaussi leur influence sur la sant gnrale.

    De nombreux indices montrent que le mouvement de uux qui1.Ch.Dulour.Bulletindeta Soc. VaudoittdesSciencesNaturelles,juin-sept.1895,

    p. 145.

  • V1I.I.KS-C1.MKTIKRKS 3(iy

    poiie vers les villes lu population de* campagne* peut s'arrterret rntnu m tiuiisformei' vu un mouvement de reflux. Tout d'abord.lu clicrli'1deloyers urbains conduisit naturellement les travailleurs se

    dplacer vers lit grande banlieue, et les chefs d'industrie no pouvaientque favoriser lWocle, puisqu'il rievnit imiciior unebaissedans le prix delumain(l'uvre. Ln bicyclette, les Inninvays h service nialinal, tes trainsouvrier out |Hnniii dos millii'i d'ouvrier et de pelils employs de

    l'XKMAISONUH0UK.VEV1I.I.KVilleinduslflclludesenvironsde.Manchester.

    se loger avec quelque avantage pcuniaire dans un air moins chargd'acide carbonique. Ainsi en Belgique, les communes rurales d'ungrand nombre de districts ont {gard leur population, grilce h \'c\-tension des coupons de sciiidini- . En 19110.ou ne comptai!pas moins de i5oono ouvriers qui rsidainnt la nuit et le dinmiicbeen lunr villngc, tout eu iiilaiil chaque jour de semaine, travaillerinmi! 5o kilomtres de distanoe iilioiineineiil hebdomadaire de2 fr. 25 dans une usine on nuniifnetuie de. quelque ville loigne.Maisla solution est biUarde, car le chef de famille s'puise eu longs Iru-

  • 3;o L'HOMME ET LA TBRHK. HPAHT1TION DKS II0MMK8

    jets, en mauvais repas, en repos*uoclui'iu1courtes, et du itsIc l'assai-

    nissementdes villages sutilve les mmesproblmesque celui des villeCe n'est pas tout l'lectricit, que fournit l'eau courante, ttmd

    remplacerle charbon et disperser le utitttetle long des cours d'eau.C'estuinsique l'un &vu la ville de Lyon,pourtant si forte par sa puis-sance d'attraction unpoiul de vue du travail et des art, diminuer de

    plusieurs milliei'Hd'habitants par anne, non parce que su prosprit

    tion d'dilit se oui fond avec la question sociale elle-mme. Tous les

    hommes mus exception arriveront-ils il pouvoir respirer l'air en quan-tit siifllsantc, il jouir pleinement de lit lumire du soleil, savourer

    la beuul des ombrages et le parfum des ross, nourrir gnreuse-ment leur fumille sans craindre que le pain vienne il manquer dans la

    huche?S'il en est ainsi, mais seulement alors, les villes pourront atteindreleur idal et se transformer d'une manire exactement conformeaux besoinset aux plaisirs de tous, devenir (les corps organiques parfaitementsains et beaux.

    C'est ce programme que prtend rpondre la ville jardin, Etde fait,des industriels intelligents, des architectes novateurs ont russi crer en

    Angleterre,o le tntitlia urbain tait le plus hideux, un certain nombre

    1. KmileVamli'rvi'.Mt",L'exuderural.

    tait entame, mais

    au contraire parceque ses riches tis-seurs et autres in-dustriels avaienttendu leur domained'activit dans tousles (lparlemenlsvoi-sins, jusque dans les

    Alpes, partout oi descascades ou rapidesleur fournissaient laforce motrice nces-saire.

    A bien considrer

    lescboscs.loiileques-

    UN QUARTIER OUVRIRR A >IAN

  • VIU.K8-JARBINS 3;!

    de centres en des conditions aussi parfaitement saines pour le pauvtequepour lu riche. Port-Sunlight, Rmirnevillc, Letebworth contrastentcertes heureusement avec tes slums de Liverpool,de Manchester et villes

    analogue*, et les table de mortalit de ces localits rivalisent parleur faible luux avec celles des quartiers les plus somptueux rie noa capi-tales 10 i dcs annuels pour iuoo habitants mais ce sont tou

    jours des privilgis (lui habitent les villas-jardins cl le bon vouloir des

    pur un ensemble harmonique. On peut citer notamment les communesdes Polabe, gens d'origine slavequi vivent dans le bassin de lu Jcelze,affluent hanovrieu do l'Elbe L, toutes les maisons sont disposes du dislance en distance autour d'une grande place ovalnire, dans laquellese trouvent un petit tang, un bois de chnes ou de tilleuls, quelquestables cf des siges eu pierre; chaque demeure, domine par un haut

    pignon que supportent des charpentes en saillie, tourne su faadeverslu place et prsente, au dessus de sa porte, une inscription biographiqueet morale, La verdure des jardins extrieurs se dveloppe en un beaucercle d'arbre, interrompu seulement par la route qui rattachela pince au grand chemin; c'est sur cette ligne de raccordement avecles autres village* qu'ont t construites l'glise, l'cole el l'auberge1.

    1. D*ToUner,Olobiu,7 avril 1900.

    philanthropes n'est

    pas suffisant conju-rer les consquencede l'antagonismequi existe entre le

    Capital el le Travail.Il n'est pus indis-

    pensabled'en venir ces erulionsde noirej

    poque pour trouver Ides preuves lou- Ichantes du dsir de I

    beaut qu'prouvait Imaint village de nusunrftres et qui ne wtrouve satisfait que

    UNEMAISOHOOVElBBAUBTCHWOBTM.Nouvelleville-jardink 50kilomtresdoLondres,

  • 3;3 l/UOHMK ET LA TKRRK. RPARTITION DES HOMMES

    La population est tellement concentre en certaines grandes villes

    qu'elle dpassemille habitants par hectare, notamment don quelques

    quartiers de Paris Prague, les foules se pressent bien plus encore:

    u New-York, en 1896, la pullulation des tres humain aurait

    atteint sa plus forte densit, 1860 individus par hectare, sur une

    tendue de i3o hectares1. Autour des villes que le gnie militaire n'a

    pas entoures d'une marche interdite au peuplement, lit campagnoclle-mme se couvre de villas el de maisons. Attires vers ce qui est leur

    centre naturel, les agriculteurs se rapprochent de plus en plus du massif

    continu de constructions et forment duns suit pourtour un anneau de

    population dense forcsen consquence de se contenter d'un moindre

    espace pour leur hobitaliou et leurs cultures, ils se livrent un travail

    plus intensif de plresils se font laboureurs, et de laboureurs jardiniers.Les cartes dmographiques mollirent bien ce phnomne de lu rparti-tion annulaire des campagnards se transformant en horticulteurs, C'est

    ainsi que la ville de liuyruutli est ceinte d'une zone 011la densit de lu

    population est de 109habitants par kilomtre carr: autour de Hatnberg,la densit kilomtrique atteint le chiffre de t8o individus, et le terrain

    sur lequel celle foule s'est masse tait pourtant a l'origine de trs

    faible valeur mlange de sable el de tourbe, il ne convenait autrefois

    qu' la croissance des conifres on en a fait un xol de jardin incompa-rable'. Dans lu rgion mditerranenne, il arrive que l'amour de la

    ville, au lieu de peupler la campagne de banlieue, la dpeuple au con-

    traire. Le grand privilge de pouvoir discuter les intrts publics a, partradition, chang tout le monde en citadins. L'appel de l'agora comme

    en Grce, de lit vie municipale comme en Italie, attire les habitants

    vers la place centrale o se dballent les affaires communes, plus encore

    sur les promenoirs publics qu'entre les murs sonores de lu maison de

    ville. C'est ainsi qu'en Provence, le petit propritaire, au lieu d'habiter

    ses champs, reste quand mme un urbain invtr. Quoiqu'il pos-sde mas ou bastide, il ne s'installe point dans ce clos rural, mais il

    rside dans la ville d'oil peut aller, en se promenant, visiter ses arbres

    chemin, c'est lit, sur cette ligne de raccordement fruitiers et en faire In

    cueillette. Les travaux de la campagne sont pour lui chose secondaire'.t,

    Par un mouvement do raction bien naturel contre l'effrayante con-

    1. LawrenceCortliell,Revuescientifique,27Juin 1896,p. 815.2. Chr.Sandler,Volks-Karttn,p. 1. 3. EdmondDemolins,LesFronaid'aujourd'hui,pp.106,107.

  • 1.A VILLE ET LA BANLIEUE 'i~l\

    sommtiliod'hommes,l'avilissementde tant d caractres,la corruptionN492.StumsdeManchesteret 8alford,

    D'pr*s les travaux de T. R.Marr,Housingconditions in Mamhetteroui Salfotd, tesblocsde maisonnoire ou recouvertsdegriss 1 ou 2 doivent disparatrea cause deleursconditionshyginiquesdplorables.Lesautreshabitationsont relativementsaines.

    de tant d'Ames nave qui se brassent dans V infernale cuve, des rfor-

    mateur demandent la destruction des cits, le retour volontaire de toute

  • 374 L'HOMME ET LA TERRE. REPARTITION DES HOMMES

    la population vere la campagne. Sandoute, dans une socit consciente,voulant rsolument la renaissance de l'humanit par la vie des champs,celte rvolution telle qu'il n'en fut jamuiit serait strictement possible,

    puisque, en valuant cent millions de kilomtres carrs seulement la

    superlicie deg terres de sjour agrable et salubre, deux maisons parkilomtre carr, contenant chacune sept huit habitants, suffiraient

    loger l'humanit; mais la nature humaine, dont la loi premire est la

    sociabilit, ne s'accommoderait point de l'et parpillement. Certes il

    lui faut le bruissement des arbres et le gazouillis des ruisseaux, mais

    il lui faut aussi l'association avec quelques-uns et avec tous le globeentier devient pour elle une norme cit qui peut seule lu satisfaire.

    \cluellcmenl, rien ne fait prsumer que ces prodigieuses agglomra-tions d'difices aient atteint leur plus grande tendue imaginable bien

    au contraire. Dans les pays de colonisation nouvelle, o le groupementdes hommes s'est fait spontanment, de manire s'accorder avec les

    intrts et les gotsmodernes, les villes ont une population proportion-nelle beaucoup plus considrable que les agglomrations urbaines des

    contres vieillies d'Europe, et quelques-uns des grands foyers d'appel ont

    plus du quart ou du tiers, parfois mme de la moiti des habitants du

    pays. Compare a l'ensemble de son cercle d'attraction, Melbourne est

    une plus grande cit que Londres, parce que lu population environnante

    est plus mobile, et qu'il ne faut pas t'arracher, comme on Angleterre,des campagnes o elle s'tait enracine pendant des sicles. Cependant,ce phnomne exceptionnel de plthore dans les villes australiennes pro-vient en grande partie de la rpartition du sol des cnrnpugncs en vastes

    domaines o les immigrants n'ont pas trouve place; ils ont t chasss

    des latifundia vers les capitales Quoi qu'il est soit, le travail de trans-

    plantation devient de plus en plus facile et l'accroissement de Londres

    pourra se faire sans cesse avec une moindre dpense de forces. Au com-

    mencement du vingtime sicle, cetteville n'a gure qu'un septime de la

    population des tles Britanniques; il n'est aucunement impossible qu'elle

    acquire, elle aussi, le tiers ou le quart des habitants du pays, d'autant

    plus que Londres n'est pas seulement le centre attractif de la Grande

    Bretagne et de l'Irlande, mais qu'elle est aussi le principal march de

    l'Europe et d'une grande partie du monde colonial. Une prochaine

    1. J. Denain-Darrays,Questionsdiplomatiquesetcoloniales,1" fvr. 1903.

  • ACCBOIS8EMENTDESOHfcNPESCITS 3;5agglomrationde dix, de vingt millionsd'hommes,soit dans te bassin

    N*403.QuartiersdeNew-York.(Voirpagv7)

    Dans la cite de Xew.York. les gris 1 9 Indiquent la densit de population par quartlemi correspond 2S0-500habitants par hectare, et ainsi do suite par chelon do 250 1 le chiffre9correspond &2250-2500par hectare.

    infrieur de la Tamise, soit la bouche du Hudson, ou dans tout autre

  • 376 L'HOMME ET LA TEBRB. nIURTlTION DES HOMMES

    lieu d'appui, n'aurait rien qui pt surprendre, et mme il faut y

    prparer nos esprits comme un phnomne nonnui de la vie des

    socit. Lacroissance des grande foyersd'attraction ne pourra s'enrayer

    qu' l'poque o l'quilibre se sera tabli entre lu puissance attirante de

    chaque centre sur tes habitants des espaces inlcnndiaircH. Mais alors

    lemouvement ne s'arnMera point :il so transformera de plus en plus en

    cet incessant change de population entre les cits |uc l'on observe dj

    clqui pculrc compare1ou va-et-vient du sang;dans l corps humain.

    Sans aucun cloulc, le nouveau fonctionnement donnera naissance il dp

    nouveaux organismes, et les villes, dj tant de fois renouvela, auront

    renatre encore sous de nouveaux aspects i-n accord avec l'ensemble

    de l'volution conomique et sociale.