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Elle, une femme, une vie en héritage Tome II Annie Biscaras

Elle, une femme, une vie en héritage

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Elle, une femme, une vie en héritage

Tome II

Annie Biscaras

20.62 580093

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 266 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 20.62 ----------------------------------------------------------------------------

Elle, une femme, une vie en héritage Tome II

Annie Biscaras

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Chapitre I

Hé ! Bonjour le bonheur. Tu es toujours à l’heure. Je t’ouvre grand ma porte. Et ce que tu m’apportes. Je le prends dans mon cœur. Hé ! Bonjour le bonheur.

Cette année là… l’hiver avait été extrêmement pluvieux, Lilette avait mal partout, mais il était hors de question qu’elle se plaigne de ses rhumatismes. Souvent, emmitouflée dans sa parka, la capuche rejoignant son col monté jusqu’au nez, elle partait de bon matin arpenter la forêt, grisée par les odeurs de sous-bois, le chien Youp accroché à ses baskets. Elle dessinait sa vie et suivait méticuleusement chaque trait de crayon sans oublier d’y mettre des couleurs.

Alain avait vieilli doucement, il était un peu moins assidu au golf, le temps ne s’y prêtait pas et les « après-

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midi télévision » étaient assez fréquents. Autant vous dire que Lilette n’appréciait guère le laisser-aller, elle refusait que son mari vieillisse. « Moins tu en fais, moins tu peux en faire » lui disait-elle, persuadée que si elle devenait moins active, de temps en temps, elle ne le serait plus jamais complètement. Elle s’octroyait aussi quelques sorties avec ses amies, Alain ne suivait pas, ça le « gonflait » !! Quand un film sympa sortait sur les écrans, elles y allaient toutes les trois, Léa, Marie et elle en passant par la case resto ! Elles étaient allées au concert de Julien Clerc et s’étaient régalées. Dans quelques jours, c’est une exposition de peinture qui aura tout leur intérêt, Léa qui donne toujours des cours à l’école municipale y exposera quelques toiles.

Stan avait brillamment réussi ses deux premières années de médecine, Stéphanie avait essayé d’orienter son fils comme elle, vers « pharmacie », mais il avait bifurqué vers la médecine, il voulait être chirurgien orthopédique. Il bossait énormément et ne s’octroyait que très peu de loisirs. Il continuait la course à pied, c’était son échappatoire, il allait un peu au cinéma, c’était sa détente. Côté drague, il avait toujours du succès, mais, avec son emploi du temps chargé, il ne passait que de rares moments avec les filles. Il était sorti pendant presque un an avec Emma mais ils s’étaient lassés, l’un comme l’autre. Il avait toujours, au fond du cœur, une petite flamme qui brillait pour son premier Amour, Ophélie, jamais il n’oubliera cette nuit de dépucelage, sur la plage d’Honfleur.

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Quand il avait revu Ophélie quelques mois après, il n’avait pas voulu replonger, conscient qu’on ne construisait pas sa vie amoureuse à 15 ans. Il lui avait expliqué, avec une grande maturité, que, s’ils s’aimaient vraiment, ils se retrouveraient et finiraient leurs jours ensemble ! Aujourd’hui, il voulait finir ses études et il n’avait pas choisi les plus courtes mais est-ce qu’Ophélie était toujours disponible ?

Jade, Rose et Paul étaient inséparables, les trois s’entendaient à merveille, ils étaient dans le même collège, mais pas dans la même classe, les parents, d’un commun accord, avaient demandé au proviseur la séparation de ces larrons en foire au moins pendant les cours.

Ces trois là étaient des blagueurs, ils n’avaient pas hésité à coudre, grossièrement, la poche du veston de Romain avec son téléphone portable à l’intérieur. Bien-sûr quand le téléphone s’était mis à sonner, ce fut la panique et Romain s’en était pris, tout de suite, à sa fille, pauvre Rose, les deux autres la défendirent, avec force, et seul contre trois puisque le reste de la famille souriait sous cape, Romain n’avait rien d’autre à faire que de rire aussi.

Paul était en train de chanter une chanson de Renaud « Faut pas gonfler Gérard Lambert quand y répare sa mobylette !! » Les filles riaient de bon cœur, il prenait l’accent d’un titi parisien et faisait quelques grimaces pour se rendre encore plus intéressant, ce qui

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agaçait Stan profondément. Lilette le trouvait un peu rigide avec son frère, elle essayait toujours d’arrondir les angles. « C’est un fainéant, lui disait-il, il est toujours dans la déconne et il ne bosse pas, tu as vu ses résultats scolaires ? » Elle savait qu’il n’avait pas tort, mais elle lui reprochait quand même son franc parler ! Elle détestait les mots grossiers. « Il est en pleine adolescence, Stan, il se cherche, toi aussi tu as eu un passage difficile. » Il n’aimait pas que sa Mamie le contre et lui rappelle des moments douloureux, l’époque où il croyait que son père avait voulu le renier. « On ne parle plus de ça, d’accord ? » lui rétorqua-t-il, « d’accord » lui sourit Lilette en lui faisant un gros bisou sur la joue.

Les beaux jours arrivaient, on allait bientôt fêter Pâques, les enfants avaient passé l’âge d’aller chercher des œufs dans le jardin et, cette année en guise de gâteries, ils avaient décidé d’aller applaudir Johnny Hallyday au parc des Princes. Tu parles d’une cloche (de Pâques) avait dit Alain !! Râleur comme toujours pour la moindre sortie, il n’avait pas intérêt à en rajouter, de toute façon il sera emmené de force ! Et à chaque fois qu’il critiquait cette idée, Paul lui lançait « A que coucou ! Ha ! Ha ! Ha ! » Alain n’avait pas le dessus et retournait devant sa télé.

Ce soir là, Stéphanie était de garde à la pharmacie et Alexandre lui tenait toujours compagnie dans ces cas-là, ce n’était pas très souvent, il y a beaucoup de pharmacies à Vélizy et avec ses deux collègues, elle ne restait qu’une

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fois sur trois mais elle n’aimait pas passer la nuit seule à l’officine, ils installaient un grand lit de camp dans la réserve et se blottissaient l’un contre l’autre, en espérant ne pas être dérangés. Lilette, Marie et Léa étaient au cinéma, Stan révisait ses cours dans sa chambre et Alain était devant sa télé avec une bière fraîche qu’il amenait doucement vers ses lèvres prêtes à recevoir le pétillant, quand le liquide entra par erreur dans le mauvais conduit suite à un cri d’horreur et de stupéfaction. Paul venait d’entrer dans la pièce avec un anneau dans une paupière, les cheveux rasés de chaque côté, une crête d’iroquois rousse sur le milieu, le jean déchiré, et un bracelet clouté à chaque poignet.

Alain était en train de s’étrangler, qu’est-ce que c’est que cette dégaine ? Son petit-fils attifé en punk !!

L’idée principale derrière le mouvement punk est la liberté de penser, ou penser pour soi-même. La conformité serait vue comme dangereuse, parce que c’est une méthode d’aliénation de la pensée, qui cacherait aux gens la véritable nature de la société et forcerait les gens à obéir aux désirs de ceux qui ont le pouvoir et qui contrôleraient les mouvements populaires.

Certains considèrent qu’une personne s’habillant comme un punk et écoutant du punk, serait simplement conforme aux codes du mouvement punk sans en être un vraiment, punk serait avant tout un état d’esprit. Mais n’oublions pas que punk en anglais veut dire

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vaurien et ça, Alain le sait, il sait aussi que le mouvement punk est un mouvement culturel contestataire, que peut bien contester son petit-fils ? Dans quelle bande s’est-il encore fourré ? Qu’est-ce que le concept existentialiste de l’être humain, relié à la pensée de liberté sociale comme l’anarchie, venait faire dans la tête de son petit Paul, de ce gamin plein de vie, drôle et sympathique.

Le cri de stupeur et la quinte de toux d’Alain firent sortir Stan de sa tanière et celui-ci descendit l’escalier… quatre à quatre…

pour finir à plat ventre devant son frère, après s’être pris les pieds dans le tapis. Allongé par terre, il hurla « Tu es complètement ouf !! Mais tu es con ou quoi ? Tu n’es pas chez les dingues ici !!! »

Tout en insultant son frère il se redressa pour taper dans le dos d’Alain et l’aider à reprendre ses esprits. Celui-ci reprenait un peu de couleurs et une respiration normale.

« Tes parents, Paul, tu veux les rendre fous ? Tu imagines leur réaction je pense » lui dit son grand-père.

« Tu parles comme il s’en fout, renchérit Stan, il n’a déjà pas grand-chose dans la tête mais avec des trous dedans, il en aura encore moins »

« Vous ne vous posez même pas la question, à savoir pourquoi j’ai envie d’avoir ce super style, peut-être que je n’ai pas envie de vous ressembler, peut-être que j’ai envie d’exister par moi-même ? leur dit

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tranquillement Paul, et puis je n’ai pas faim, vous m’avez coupé l’appétit, je vous croyais plus cool, je vais me coucher, salut ! »

Alain et Stan étaient figés, ils se regardaient en se posant certainement la même question, que lui arrive t-il ? Ils trouvaient Paul complètement décalé, marginal, mais qu’est-ce qui avait bien pu l’influencer dans cette voix anarchique et surtout du jour au lendemain, ils n’avaient rien vu venir, depuis combien de temps cette idée germait-elle dans tête ?

Stan était remonté travailler et Alain était resté devant la télé pour attendre sa femme, il ne savait pas ce qui défilait sur l’écran, ses pensées étaient uniquement envers Paul et son accoutrement.

« Tu n’es pas encore couché ? » Lui dit Lilette, surprise de le trouver éveillé à une heure aussi tardive, lui qui est un couche-tôt.

« A voir ta tête, tu as un souci, que ce passe t-il Alain ? » Elle le connaissait bien son homme, elle vint s’asseoir à côté de lui.

« Paul est rentré en punk ! Le mot punk ne te parle peut-être pas assez mais quand, demain, tu le verras, prends une chaise et respire très fort. » Alain avait l’air abattu.

Ce fût plus fort qu’elle, Lilette n’attendit pas le lendemain, elle fila, quatre à quatre, dans la chambre de Paul, entra doucement, il était endormi comme un

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gros bébé, elle aperçut, éclairée par l’ouverture de la porte, sa bonne bouille avec le côté rasé et l’anneau dans la paupière, elle était atterrée et avait envie d’hurler mais ce n’était vraiment pas le moment. Elle referma la porte, sans bruit, et resta quelques minutes sur le palier pour reprendre ses esprits. « Qu’est-ce qu’il lui arrive ? » pensa t-elle.

Ce n’est jamais fini, on se croit à l’abri, les enfants sont mariés, ils ont une bonne situation, les petits enfants arrivent, ils ont la santé, quelques difficultés surmontées, les études de l’aîné bien amorcées et vlan on a un PUNK à gérer, à comprendre, à accepter ?

A huit heures, le lendemain matin, Phanie et Alex rentrèrent de la garde, Stan était parti en cours à la fac mais comme nous étions mercredi, Paul dormait encore. Lilette et Alain buvaient un café dans la cuisine la mine défaite.

« Vous, vous avez mal dormi, je me trompe ? » dit Alex.

« Non mon grand, tu ne te trompes pas, assieds-toi et toi aussi Phanie » susurra Lilette.

« Les enfants vont bien au moins ? » s’inquiéta Phanie.

« Oui ne t’inquiète pas, asseyez-vous je vous dis et écoutez-moi. »

Ils s’exécutèrent avec une certaine curiosité et aussi une certaine méfiance, qu’allaient-ils leur annoncer ?

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« Votre petit Paul s’est déguisé en PUNK, je ne sais pas quelle mouche l’a piqué, mais il s’est rasé la tête et s’est mis un piercing dans la paupière, il a une espèce de crête sur la tête comme les Iroquois. Il dort encore, buvez un café avec nous, il faut qu’on en discute, ne t’emporte pas Alex cela ne servirait à rien. »

« Tu en as de bonnes toi !! criait Alexandre, ne pas m’emporter alors que mon fils devient barjot !! » Stéphanie était blême, son bébé, son petit Paul, bien sûr il a quinze ans mais c’était quand même son bébé.

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Chapitre II

Ce mercredi soir, Ophélie était allée voir « Bienvenue chez les ch’tis » avec des amis et c’est son copain Arnaud qui lui présenta François, un très beau jeune homme blond, les cheveux un peu longs et le teint mat, un peu une allure de viking. François était en dernière année à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette.

Le film était bien rigolo, mais la belle Ophélie n’avait de cesse de se tourner vers François, elle admirait son profil d’artiste.

Quand Galabru prononça « Le norrrrd ? » Elle eut un rire en cascade et jeta sa tête sur le côté, en forçant un peu la dose dans le but de toucher l’épaule de François. Celui-ci profita de l’aubaine pour lui saisir le cou d’une main et le menton de l’autre, leurs bouches se mêlèrent et la suite du film devint floue. Ils se mirent à flirter comme des fous, leurs mains

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respectives cherchant à caresser l’autre le plus loin possible sous le pull.

Ophélie était venue en voiture avec sa copine Vanessa, mais François proposa bien sûr de la raccompagner et la belle, encore toute émoustillée, accepta, en s’excusant, auprès de Vanessa.

« Je te laisse rentrer toute seule ma Vanesse, tu ne m’en veux pas ?

– Je ne vais pas te laisser passer à côté d’une chance pareille, ma jolie, il y aurait non-assistance à personne en mal d’Amour, va vers ton beau viking et pas de folie hein ? Bisou, on s’appelle. »

François avait une Clio noire, la classe ! Elle s’était glissée sur le siège avant et lui avait dit qu’elle habitait rue de Noailles, pas très loin du Château de Versailles. Il recommença à l’embrasser et lui dit que, lui, il habitait un studio rue de l’Ourcq, dans le 19ème, elle ne se fit pas prier, son ventre la brûlait, elle n’avait pas fait l’Amour depuis plusieurs mois. Après sa rencontre d’avec Stan, elle avait papillonné ici et là, mais jamais rien de sérieux, elle pensait vraiment que Stan était l’homme de sa vie et elle avait décidé de l’attendre… jusqu’à ce soir !

La nuit, Paris se traversait facilement et ils arrivèrent, assez vite, dans la garçonnière du jeune homme.

Ophélie était déchaînée, à peine avait-il fermé la porte qu’elle se jeta dans ses bras et tout en l’embrassant, lui détacha le pantalon. Elle était rapide, la guerrière,

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François la souleva et la jeta sur le lit bestialement, ils arrachèrent leurs vêtements et les préliminaires furent assez courts. Il s’allongea sur elle et se mit à prendre son temps, il la pénétra, avec une grande douceur, et chacun de ses coups de reins faisait gémir la belle Ophélie. Elle fut la première à trouver l’orgasme, elle poussait des petits cris et il continuait de prendre son temps, il prenait plaisir à la faire jouir, il lui léchait le cou, l’oreille, les seins et d’un seul coup, il se sentit partir, ne pouvant plus se retenir, il râla comme une bête. Ils s’écroulèrent tous les deux, épuisés et repus.

A quatre heures du matin, Ophélie se réveilla en sursaut, elle secoua François, il fallait qu’il la raccompagne, son père allait s’inquiéter.

« – C’est l’heure de dormir, je te raccompagnerai à 6h, ton père ne sera pas levé ! Grogna François.

– Normalement il ne sera pas levé mais s’il s’aperçoit que je ne suis pas rentrée, il va s’inquiéter.

– Il fallait y penser avant ma belle ! » Dit-il en se tournant.

Ophélie était déçue, ce bel amant, quel mufle ! Elle avait envie de se sauver mais elle ne savait même pas où elle était, le canal de l’Ourcq ? Le 19ème ? Ce n’était pas ses quartiers, la Villette, elle ne connaissait pas bien et puis, à quatre heures du matin, il n’y a pas de métro et le premier train pour Versailles n’est pas avant six heures vingt, de tout façon, elle ira plus vite en attendant ce goujat. Cet Amour qui avait brûlé en

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elle, hier soir, s’était éteint d’un coup, la grosse déception, elle n’avait qu’une envie, appeler Stan ! Mais elle ne l’avait pas revu depuis cinq ans et il était quand même quatre heures du mat !

Plus elle regardait ce François dormir, plus elle le détestait. Elle prit ses affaires, les enfila en hâte, attrapa son sac, jeta un œil dans la pénombre pour être sûre de ne rien oublier et se dirigea vers la porte à pas feutrés. Une fois dehors, elle paniqua, par où devait-elle partir ? Elle se mit à pleurer.

* * *

Son portable se mit à sonner. Stan se réveilla en sursaut et regarda l’heure, quatre heures trente deux ? Qui peut bien appeler à une heure pareille ? Il prit son téléphone et les yeux, écarquillés d’étonnement, vit le nom d’Ophélie affiché, il décrocha.

« Au secours Stan, viens me chercher, je t’en supplie, viens Stan, viens vite !! criait Ophélie en larmes.

– Mais où es-tu ? Que se passe t-il ?

Je suis dans le 19ème, près du canal de l’Ourcq, je suis perdue, je vais me faire attaquer, j’ai peur, viens Stan, viens !!!

Donne-moi un numéro de rue où tu peux t’abriter, éventuellement, sous une porte cochère, j’arrive !

Stan descendit, quatre à quatre, sans se prendre

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les pieds dans le tapis cette fois. Sa petite Fiat Punto partit au quart de tour. De Vélizy, il ne mit pas dix minutes à rejoindre Boulogne-Billancourt et filer vers l’avenue de Versailles, il enchaîna le quai Branly, la concorde, la rue Royale et le boulevard des Italiens, sans ralentir, heureusement pas la moindre voiture de police à l’horizon, Paris à cette heure-ci c’est un régal, rue Drouot, rue Lafayette, « mais qu’est-ce qu’elle fout rue de l’Ourcq ? » Rotonde de la Villette, plus que la rue de Flandre à remonter. « Ah, rue de l’Ourcq, elle m’a dit le 27, voyons, voyons, 17, 19, 21,… 27 ! Où est-elle, bon sang de bon sang ?

* * *

François était pris de remords, il avait été dur avec Ophélie, quand il dort, il ne faut pas le chatouiller, il ouvrit un œil avec l’intention de se faire pardonner mais le lit était vide, à côté de lui, il alla voir dans la salle de bain, personne. Elle n’était quand même pas partie comme ça en pleine nuit ? pensa t-il. Il est à peine cinq heures, elle risque de faire de mauvaises rencontres, les sorties de boîtes, les gars éméchés, il s’habilla et claqua la porte derrière lui, elle ne pouvait pas être bien loin, il fallait qu’il la rattrape.

Ophélie s’était recroquevillée dans l’angle de la porte, elle avait froid et commençait à bailler quand elle aperçut les phares d’une voiture qui avançait

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doucement, elle était sûre que c’était Stan qui cherchait le numéro 27, elle allait lui faire signe quand elle se sentit happée en arrière, une main sur la bouche.

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Chapitre III

Quand Paul était descendu vers onze heures, ses parents l’attendaient. Le mercredi, Alex ne travaille pas et Phanie, ayant été de garde toute la nuit, a sa journée de libre. Lilette avait préféré rester dans les parages, au cas où Alex piquerait une trop grosse colère, quant à Alain, il avait opté pour le petit café avec les copains du golf, les conflits avec les adolescents, ce n’est plus trop son truc, d’ailleurs, ça ne l’a jamais été.

C’est Alexandre qui prit les devants : « PAUL ! Quelle mouche t’a piqué ? Tu t’es bien

regardé dans une glace ? Tu nous fais quoi là ? – J’existe simplement papa, j’existe, je suis comme

j’ai envie d’être, c’est-à-dire pas comme vous. »

Le gamin n’avait pas finit sa phrase que la main d’Alex lui traversa la figure avec une puissance et un bruit qui fit sursauter Lilette dans la pièce d’à côté. Stéphanie hurla :

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« Stop ! Alex, stop, pas de violence s’il te plaît. »

La joue entre le rouge et le violet, les larmes aux yeux, Paul toisa son père.

« Si tu crois que c’est avec une baffe que tu vas me raisonner, tu as tout faux, tu n’as rien compris parce que tu n’as pas cherché à comprendre, tu ne m’as même pas posé la moindre question sur ma décision de me transformer en punk.

– Paul, s’il te plaît, que se passe t-il ? lui supplia sa mère, est-ce que nous t’avons contrarié ? Est-ce que nous ne nous occupons pas bien de toi ?

– Je vais faire un tour, on en reparlera plus tard, j’ai chaud aux joues, lui répondit Paul.

– Ah non ! Ça ne va pas se passer comme ça, tu remontes, tu prends le rasoir et tu te rases la tête, ça repoussera vite et bien, en attendant, tu mettras un bonnet, ensuite, tu m’enlèves cet anneau débile, quant aux bracelets, tu me les donnes, je sais quoi en faire moi !

– il n’en est pas question ! » Rétorqua le gamin.

Lilette ne put s’empêcher d’intervenir. Elle sait bien que ce sont les parents qui doivent régler le problème avec leur fils mais le caractère, buté, borné, de son fils, elle connait et l’abnégation de Phanie avec les larmes et les jérémiades du genre « qu’est ce que je t’ai fait mon chéri ? » Elle connait aussi.

« Vous permettez les enfants, que je discute avec Paul ?