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LES MÉDIATHÈQUES DE CLERMONT AUVERGNE MÉTROPOLE VOUS PROPOSENT UNE SÉLECTION DE BANDES DESSINÉES 20 ans de la librairie Esprit BD ET ICI ET AILLEURS Manifestation Bandessinesque (9-18 juin 2017) EN ÉCHO À

EN ÉCHO À 20 ans...Portugal / Cyril Pedrosa, couleurs Pedrosa et Ruby, Dupuis, 2011 Portugal est une bande dessinée ambitieuse. Son grand format de 260pages en quadri - chromie

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  • LES MÉDIATHÈQUES DE CLERMONT AUVERGNE MÉTROPOLE

    VOUS PROPOSENT UNE SÉLECTION

    DE BANDES DESSINÉES

    20 ansde la librairie

    Esprit BD ET ICI ET AILLEURS

    Manifestation Bandessinesque

    (9-18 juin 2017)

    EN ÉCHO À

  • SommaireLa librairie Esprit BD fete ses vingt ans !

    Spécialisée en bande dessinée, manga et comics, la librairie est membre du réseau Canal BD (groupement coopératif de librairies indépendantes sous un label commercial et syndical com-mun) et titulaire du label LIR (librairie indépendante de référence) depuis sa création par le Centre national du livre.

    Outre la qualité de son offre et de ses conseils, la librairie organise très régulièrement des ren-contres et dédicaces avec des auteurs, des expositions, participe à des salons, décerne un prix annuel de la meilleure bande dessinée adulte : le Sheriff d’or, et publie des bandes dessinées.

    Pour fêter ses 20 ans, elle organise, avec l'association BanDe !, Ici et ailleurs, une manifestation bandessinesque comprenant installations, rencontres avec des auteurs, dessinateurs, scénaristes, exposition Gibrat & Prugne, BD concert, projections… du 9 au 18 juin 2017 dans divers lieux de la ville.

    En lien avec cet événement, les bibliothèques et médiathèques de Clermont Auvergne Métropole, vous proposent une sélection de bandes dessinées : les 10 BD primées par le jury Sheriff d'or, les BD éditées en tirage de tête par Esprit BD éditions et les livres des auteurs présents à Ici et ailleurs : Frédérique Bézian, Morgan Imbeaud, Jean-Pierre Gibrat, Gilles Larher, Marc-Antoine Mathieu, Paulo Montero, Xavier Mussat, Patrick Prugne, Sébastien Vassant, Fabien Vehlmann, Franck Watel.

    Dans les deux encarts Questions à, Fred Porcile, directeur de la librairie Esprit BD, et Patrick Prugne, dessinateur et scénariste, ont eu la gentillesse de répondre à nos questions sur le métier de libraire, la situation de la bande dessinée et de ses auteurs aujourd'hui.

    Les prix ShEriff d’or 4

    4 questions à Fred Porcile, directeur de la librairie Esprit BD 1 0

    Les Editions Esprit BD 1 2

    Les auteurs prEsents a ici et ailleurs, Manifestation bandEssinesque 1 4

    2 questions à Patrick Prugne 2 0

    EN ÉCHO À

    LIBRAIRIE ESPRIT BD 29, rue Saint-Esprit

    63000 Clermont-Ferrand04 73 91 23 45

    www.espritbd.com

    En écho aux 20 ans de la librairie Esprit BD est édité par Clermont Auvergne Métropole - 64/66, avenue de l’Union-Soviétique - BP 231 - 63007 Clermont-Ferrand cedex 1 - 04 73 98 34 00.Ont participé à ce numéro : Céline Teyssier, Lydie Bon. Suivi éditorial : Marie Berne. Relecture : Élodie Brun, Brigitte Corbel. Merci à l'équipe de la librairie pour leur collaboration prompte et active à ce numéro. Juin 2017. Tirage : 2000 ex. Maquette et réalisation : Groupe Drouin Maître Imprimeur

    ©Patrick Prugne

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    Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    dans la profession des comiques et faiseurs de bonnes formules !On suit ce personnage jusqu’au bout, omnipotent dans l’histoire, monstre de personnalité et d’égotisme, mais tellement séduisant. Jusqu’au bout qui pour lui est déjà programmé par les docteurs.

    Chronique de Fred��MNC

    Voir aussi Auteurs présents p. 17 et 21

    Rosalie Blum : version intégrale / Camille Jourdy, Actes Sud, 2009L’histoire commence tout doucement avec Vincent qui ne sait plus trop où il en est. Aussi bizarre que puisse être son comporte-

    ment, on n'a aucune difficulté à rentrer dans cette histoire et les personnages, décrits avec beaucoup d’humanisme, nous entraînent avec eux. Finalement, ils ont tous un petit grain, une fêlure quelque part qui nous les rend atta-chants. Ils sont comme tout le monde, en fait, mais là, on

    rentre dans leur intimité de façon très natu-relle. C’est très fort !!!!Ensuite, les événements s’enchaînent avec un personnage central pour chaque tome et donc une vision différente de la situa-tion à chaque fois. Le procédé est très bien exploité ici et colle tout à fait à l’histoire. Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue, vous n’avez qu’à lire. Je trouve quand même admirable la façon dont la lecture du troisième conduit le lecteur vers le dénouement qui est en partie téléphoné et qui arrive quand même à nous surprendre en apportant la réponse à une question de premier plan du récit, question qui pourtant nous est complète-ment sortie de la tête.Les dessins collent parfaitement à l’histoire. Il y a pourtant de longs passages où il ne se passe pas grand-chose et jamais l’on ne s’ennuie.

    Chronique de Joël��BAD, BAV, MNC, MHP, MJP, MRS, MAC, BAM

    Rosalie Blum / BD adaptée au cinéma par Julien Rappeneau, avec Anémone,

    Kyan Khojandi, Noémie Lvovsky, M6 vidéo, 2016��MAC, MHP, BPT, BAR, MJ

    Les derniers jours d’un immortel / un récit de Fabien Vehlmann, dessin de Gwen de Bonneval, Futuropolis, 2010En quelle année sommes-nous ? Dans très longtemps, certainement. Mais quand ?Elijah est une star de la Police Philosophique Ter-rienne, son enquêteur le plus subtil. Il jouit d’une aura qui résonne dans toute la « Communauté Universelle ». Bien qu’il puisse compter sur plu-sieurs échos (clones) pour élargir son champ d’acti-vités, et que cette possi-bilité de se dédoubler lui confère (ainsi qu’à tous les humains) l’immortalité, c’est un homme très occupé. Sa spécialité : déterminer l’origine des conflits qui, dans la Communauté, sont souvent dus à des problèmes d’affinité entre les intelligences et donc de compréhension entre espèces. Le malentendu est la cause de bien des maux.Même si le dessin de Gwen de Bonneval, excellent scénariste au demeurant, n’est pas trop ma tasse de thé, il faut recon-naître que le minimalisme des décors sied parfaitement à une ambiance de science-fiction. Et quelle science-fiction ! Fabien Vehlmann réussit le tour de force d’induire une réflexion sur l’existence, l’amour et la tolérance au travers d’une trame roma-nesque passionnante et multiple. On ne relâche le livre qu’à son terme tant il nous happe et nous enchaîne à lui.

    Chronique de Fred��MNC, MJ

    Voir aussi Auteurs présents p. 22

    Créé en 2007 par la librairie Esprit BD, le prix Sheriff d’or récompense la meil-leure bande dessinée d’auteur selon un jury composé de lecteurs assidus qui a passé au crible la production d’une année.À découvrir, à lire et à relire les 10 bandes dessinées distinguées par ce prix.

    Pour en savoir plus et suivre l’actualité du prix

    www.espritbd.com/les-archives-du-sheriff-dor(présentation des albums, photos des remises des prix, les artistes en pleine action)espritbd.superforum.fr/c5-sheriff-d-or(le club, le forum dédié au prix, toutes les chroniques sur les albums)

    Petites éclipses / Fane & Jim, Casterman, 2007Six amis de longue date, trois hommes et trois femmes, se retrouvent à l’occasion d’une éclipse solaire. Ils ont loué un gîte

    rural dans le sud de la France pour assister ensemble à l’événement.Six amis, enfin cinq amis, la trentaine plus ou moins avancée et une jeu-nette rencontrée sur un chat par un des gars, se retrouvent pour quatre jours de vacances dans le sud, afin de profiter ensemble de l’éclipse de soleil annoncée. Mais il y a des cadavres dans tous les placards ; ils

    auront beaucoup à se parler. Les petites éclipses sont aussi celles qui émaillent une vie… Je dois aussi avouer que certaines des préoccupations évoquées sont géné-rationnelles et, pour cause, me touchent beaucoup…Dessinées à quatre mains (même si Fane s’est chargé de la finalisation), les pages ont de la pêche, les personnages sont toujours en mouvement. On sent l’influence de Fran-quin et le fait que Fane a réalisé quelques albums du Joe Bar Team.

    Chronique de Fred��BAD, BAV, BEJ, MHP, MJP, MNC

    L’accablante apathie des dimanches à Rosbif / dessin de Sébastien Vassant sur un récit de Gilles Larher, Futuropolis, 2008Certainement un des scénars les plus

    originaux que j’aie jamais vus. 250 pages très denses en dialogues, monologues, bulles ou cartouches dont l’efficacité me rappelle les fondamentaux d’une chanson de trois minutes : qu’il y ait à tout moment quelque chose d’intéressant à entendre. C’est le cas ici, mais dans toute la dimension d’un roman graphique.Ce livre, c’est d’abord un titre bizarre, long comme ceux d’Audiard, intrigant. On ne sait pas à quoi s’attendre. On a peur du truc un peu morbide ou désespéré quand la mort est présente dès l’entame avec une scène de funérailles. Et on comprend peu à peu comment le récit va évoluer avec un flash-back qui nous montre le défunt dans l’exercice de son art : Régis Fourrastier est un comique de stand-up, propre auteur de ses one man shows qui relèvent d’un humour cynique mais humain. La grande originalité de cette bd est de mettre en scène les sketches de Fourrastier dans leur intégralité ; on se dit alors que la plume de Lahrer n’a rien à envier à certaines autres

    LES PRIX

    SHERIFF D’OR

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    Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    Portugal / Cyril Pedrosa, couleurs Pedrosa et Ruby, Dupuis, 2011Portugal est une bande dessinée ambitieuse.Son grand format de 260 pages en quadri-chromie constitue un pari ; Cyril Pedrosa et son éditeur ont décidé de s’adapter aux nouvelles contraintes et impatiences du marché en livrant d’un bloc une bande

    dessinée qu’il y a peu aurait été déclinée en une série d’au moins quatre tomes. Le choix d’un prix plus que raisonnable ressemble à une décision politique, un peu à la manière du Sandinista des Clash, à son époque ; 35 euros, alors que le prix cumulé d’une série de plu-sieurs volumes aurait peut-être permis à l’auteur et l’éditeur de gagner davantage d’argent.

    Portugal est une bande dessinée merveilleuse.Pedrosa n’avait encore jamais atteint une telle liberté graphique. Son trait suit la courbe de ses émotions, tantôt en dedans, retenu comme peut l’être Simon, le person-nage central, dans sa faillite personnelle, tantôt exubérant, foisonnant dans une superposition multiple et infinie, comme les conversations émanant des tablées por-tugaises, bruyantes, évanescentes.Portugal est universel.Le thème est sensible, il touche une part de chacun. Simon est en rupture, d’abord avec lui-même, forcément avec les autres. Il ne se situe plus, ni dans son inspiration d’auteur de bande dessinée, ni dans son couple, ni ailleurs. C’est un festival à Lisbonne qui va réveiller son intérêt, lui faire dresser la couenne et l’oreille. Un jour, on ressent des vibrations ; c’est un environnement com-posé de paysages, de sons et de personnes, c’est difficilement explicable, une synergie, des résonances issues d’un passé enfoui, la chair de poule, les yeux qui piquent et le souffle haletant. Une forme de blast… Un jour, on se sent bien quelque part. Simon va se réconcilier avec lui-même (et donc avec les autres) dans un pays duquel son énigmatique grand-père est originaire et

    enquête ou bien un retour sur un souvenir oublié ? L’espace et le temps se brouillent rapidement, pris dans les cercles concen-triques des rues du village, dans les nuits brumeuses peuplées des aboiements d’un chien et des sifflements d’un train, à moins que ces nuits ne soient que celles que s’in-vente Basile d’après les souvenirs que lui ont laissés les adaptations cinématographiques de Maigret…Graphiquement, cet album est somptueux. Le dessin s’estompe au gré des souvenirs devenus flous, le trait noir se fait très fin, presque à disparaître parfois, dans le sombre des broussailles ou le blanc des visages. De visages d’ailleurs, il n’en reste plus beau-coup : ceux qui restent sont campés très efficacement (le médecin par exemple), mais les autres tiennent davantage des fantômes, ou des images surannées des vieux films de qualité française qu’affec-tionne Basile.Certaines planches touchent au chef-d’œuvre d’efficacité narrative (la page 8). La mise en page, l’image, racontent de concert, et laissent une liberté totale au texte, car pour une fois, il y a un texte : rares sont les albums dont la force du texte éclate à ce point. Oui, c’est référencé, et Bézian écrit plus proche du nouveau roman que de Maigret. Mais par son rythme, par son utilisation des temps, par le brouillard qu’il instille aux mots mêmes, Bézian renforce le doute, le trouble lénifiant dans lequel il nous entraîne.Alors on est tout prêt à excuser que l’en-semble ait un tout petit peu de mal à tenir la longueur, à accepter la sorte de révélation finale, la couverture un peu trop éloquente, tant la suspension, la grâce que Bézian place dans ce détective géant fonctionne, et évoque parfois le meilleur d’un Mattotti par exemple, ou l’efficacité graphique d’un Blutch.

    Chronique de Jérôme��BAV, MHP, MJ, MRS, BAM

    Voir aussi Auteurs présents p. 14

    où il n’a jusqu’alors passé que de furtives vacances enfantines.Passé la part autobio (!), Pedrosa imagine un personnage-buvard qui renaît, réinvente sa vie, redécouvre sa famille et une raison d’être et de faire, une paix. C’est un sujet propre à chacun, mille fois exploité, décliné ici avec une grande justesse. Les dialogues, les rapports entre les personnages, les attitudes sonnent vrai ; l’expression gra-phique, rehaussée d’une magistrale mise en couleurs (aquarelle + infographie ?) est touchante ; le soleil lusitanien, le froid de l’abîme personnel sont rendus avec une grande sensibilité.Portugal happe et retient le temps.

    Chronique de Fred��MAC, BAV, MAB, MNC, MCN, MHP, MJP,

    BEJ, MJ, BAM

    9 7 8 2 7 5 6 0 2 3 0 5 2CODE PRIX : DE38 5498928

    ISBN : 978-2-7560-2305-2

    BEZI

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    « Qu’est-ce qu’il y a derrière les murs ou les grilles ?Des façades. Qu’est-ce qu’il y a derrière les façades ? »

    BEZIANALLER-RETOUR

    ALLER-RETOUR C1C4.indd 1 08/06/2016 12:41

    Aller-retour / Frédéric Bézian, Delcourt, 2012Aller-Retour, c’est le trajet auquel se livre Basile Far, détective à la solde d’une

    agence d’assurance, enquêtant sur une mystérieuse disparition, si mystérieuse que personne n’en a entendu parler.Difficile d’en dire plus sans trop en dire, aussi je conseille à ceux qui souhaitent garder le suspense entier de ne pas trop lire la suite de cette modeste chronique. De Bézian, je n’avais rien lu avant, et je m’attendais à y trouver mon compte, sur la foi de ce que j’avais entendu… J’y ai trouvé mon compte.Le voyage de Basile Far (notons le sens anglais de son nom), l’entraîne loin, mais il s’agit surtout d’un voyage intérieur, qui peut sembler au fil de l’album sans but apparent, mais dont on perçoit rapidement la portée intime.Basile Far, malgré son nom à consonance anglaise ne dépareille pas dans l’atmos-phère franchouillarde de ce village, qu’il semble connaître : un aller pour une

    L’amour infini que j’ai pour toi / Paulo Monteiro, 6 pieds sous terre, 2013L’homme de Beja est romantique. La nuit, il se pare de noir et des-cend hanter les corri-

    dors des cités. Bouc affamé de désir, ombre capée sous les réverbères, une silhouette d’étiquette de Porto. Plus que l’amour, c’est l’idée d’amour qui le tient éveillé. Personne ne le saura. Personne.Trapéziste dans l’atelier de Chagall, il y a toujours un bout de son âme qui s’envole au creux des deux hommes de sa vie. Un bout de pain, des olives et du vin. Au loin, la courbe des premières collines. Va-t-il retrouver son aimée, ou plutôt dorloter sa dépouille ?Quand il ne sort pas il se dit des histoires. Auprès d’un cafard ou dans une tranchée. La complainte du pendu. Il noircit du papier quelques heures ou moins, il a du mal à aimer ses dessins. Il doit se prouver qu’il est digne des desseins qu’il a imaginés. Il doit faire ça d’abord. Il ressort.L’homme de Beja éclaircit ses lignes lorsque le jour succède à l’obscurité. La nuit a avalé ses traits et c’est dans l’idée qu’il est homme qu’il réussit à rester vivant. Doué de mémoire, de nostalgie. Robuste et friable comme une branche de tamaris. Volontaire sans détermination. Ombre parmi les ombres. Vaille que vaille il poursuit le chemin qu’il croit bon, il écarte les branches des buissons, sans s’emmêler, sans se mêler. Il prend à témoin son regard et ses mains et laisse ses sens le conduire à l’essence de son intention. Il arrache sa chemise et soumet son torse à un destin acéré.L’homme de Beja est un brave.

    Chronique de Fred��MAB, MHP, MJ, MRS, BAM

    Voir aussi Auteurs présents p. 18

    LES PRIX SHERIFF

    D’OR

  • 8 9

    Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    Carnation / Xavier Mussat, Casterman, 2014Carnation est le deuxième livre de bande dessinée publié par Xavier Mussat, un des

    fondateurs de la maison d’édi-tion Ego comme x. Sa rareté, il l’explique dans les pages de cet épais volume à la somptueuse couverture : la difficulté d’em-brasser une carrière d’auteur lorsque ce qu’on en ressent res-semble à de l’humiliation et le statut qu’on en retire s’apparente à la misère sociale. Pourtant, ce livre était en lui depuis de nom-breuses années et les premières rencontres avec Sylvia, l’héroïne fortuite de Carnation. Il aura fallu

    beaucoup de temps de maturation avant que l’exutoire puisse prendre forme.Tout d’abord, le cadre de l ’action, Angoulême, la ville où Xavier fut étudiant à l’école des beaux-arts puis « ouvrier du des-sin animé » ; l’endroit où se déterminèrent son orientation, ses cercles d’amitié souvent forgés sous la bannière des exigences artis-tiques, ses accointances… Le tableau qui en est dressé colle parfaitement à la sensation de froideur qui se dégage des rues pentues de la ville, de torpeur poisseuse qui semble dicter l’impossibilité d’un cri, de malaise gris clair ou gris foncé.Ensuite, le nœud de l’histoire, son sujet principal, la relation tumultueuse avec la fille, celle par qui le scandale et l’opprobre arrivent. Mussat y vient par petites touches, une fois posées la description de l’environ-nement et les conditions de son assimila-tion. La capacité qu’il a de contextualiser chaque événement et d’en triturer les tenants et les aboutissants est sans doute une des forces du livre. Sylvia est évoquée dès les premières pages mais n’apparaît qu’à la cinquantième. Entre-temps, Mussat a dirigé la partition à un tempo adagio ; il a fait rencontrer au lecteur son propre personnage et les pièges auxquels il s’est lui-même soumis, peut-être de manière à faire comprendre que Sylvia était un écueil

    « actes » du père prennent chair en raison d’un « bout de jambe perdu pour la patrie ». La mère, elle, est absente, retenue en Suisse pour soigner une tuberculose qui a tout de la maladie diplomatique, ce dont personne n’est vraiment dupe. Demeurer éloignés les uns des autres vaut du reste peut-être mieux pour les enfants, le tempérament aigre de la mère renforcé par l’écœurement d’un monde qui tend à favoriser le dialogue entre les classes sociales pouvant possible-ment saper le beau moral des futurs beaux officiers. (…)Sur la page de titre, au-dessous de Junker, il est précisé Blues de Prusse, comme pour insister sur l’amertume de Ludwig. Le bleu de Prusse, bleu nuit, bleu profond, est la couleur qu’adjoint Spruyt au noir dans l’éla-boration de la bichromie qui illustre le récit. L’auteur manie double sens et sous-entendu avec brio. Il met aussi le lecteur à contribu-tion, et dans l’appréciation des nombreuses ellipses qu’implique un récit très chapitré, et dans l’attention que requiert la densité des informations contenues dans chacune des cases des presque deux cents pages du livre. Comme dans une chanson bien écrite et bien arrangée, toutes les phases de Junker sont intéressantes et utiles à la narration ; le rythme est soutenu, les temps ne sont jamais morts.Par la maîtrise de son sujet, par la force litté-raire et ironique d’un texte ciselé à l’extrême, par les superpositions de strates de bleu qui apportent aux cases de composition plutôt simple une grande profondeur de champ, par la justesse d’un dessin minimaliste qui épingle le comique de situation tout en respectant la trame tragique qu’impose le sujet (mentionnons toutefois la liberté d’une superbe double page où Ludwig, tel le Woody Allen de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe parcourt amoureusement la structure schématisée de Maxim), Spruyt signe avec Junker une bande dessinée exceptionnelle.À l’heure où l’uchronie est devenue une niche éditoriale à partir de laquelle des auteurs se mettent à réfléchir à des histoires,

    supplémentaire auquel il n’était pas plus aisé de se soustraire que de quitter la ville ou l’équipe de réalisation de Kirikou et la sorcière.Mussat emporte le lecteur dans un tourbil-lon de folie destructrice pour laquelle il est difficile de ne pas se passionner. C’est intel-ligent, tant du point de vue de l’analyse de sa passion forgée sans doute grâce au recul de dix années de gestation que de la façon dont il formalise cette analyse. Le texte est brillant, précis, littéraire. Son écriture ciselée illumine Carnation et les mots alignés dans les nombreux cartouches sont pensés et pesés. On se passerait presque du dessin… sauf que les compositions sont magistrales !Peu à peu, l’auteur s’est reconstruit, page après page comme année après année. Il a réappris des gestes simples, il a fui la cité déprimante ; il a mis en scène sa nouvelle carnation.

    Chronique de Fred��MHP, MJ, BAV, MNC

    Voir aussi Auteurs présents p. 18

    JUNKER

    Début du XXe siècle, quelque part en Prusse. Ludwig et Oswald von Schlitt sont deux frères que tout oppose et au destin tout tracé : seuls garants de l’honneur de leur nom, ils sont envoyés à l’école

    des cadets où ils apprennent à servir leur roi, l’impo-pulaire Guillaume II, et perpétuent ainsi la tradition de cette famille où l’on est cavalier de père en fils. Mais Ludwig, lui, n’a d’yeux que pour la fameuse

    mitrailleuse Maxim, arme diabolique dont il décèle les failles et perce le mystère, jusqu’à succomber à sa

    fascination – et changer le cours de l’histoire.

    Sim

    on S

    pruy

    t

    C'est ainsi que ça s'est passé.Enfin, plus ou moins.

    Quoique...Il y a tant de trous, tant de vides à combler.

    26 euros TTC FranceDÉP. LÉG. FÉV. 2015ISBN 978-2-36624-123-5 www.cambourakis.com

    9 782366 241235

    JUNKERSimon Spruyt

    Junker : blues de Prusse / Simon Spruyt, trad. du néerlandais (Belgique) par Daniel Cunin, Cambourakis, 2015(…) Les junkers représentent une

    noblesse prussienne dont l’influence poli-tique s’est répandue à travers l’Allemagne de Bismarck. Junker désigne également le fils de propriétaire terrien fraîchement incorporé dans l’armée. Le livre qui nous intéresse se déroule à l’orée du XXe siècle et fait état des deux acceptions.Les von Schlitt ont deux fils, Oswald, l’ainé déterminé, et Ludwig, le narrateur réservé mais caustique. Tous deux intègrent dès le plus jeune âge une école militaire selon la tradition dite du « cadet royal » : « en recon-naissance des actes du père, le roi se charge de la formation du fils ». En l’occurrence, les

    Spruyt prend la contrainte à rebours en admettant de manière implacable le chaos de l’Histoire selon le truchement d’un destin particulier. Le danger est toujours plus près qu’on ne l’imagine.

    Chronique de Fred��MAB, MHP, MJ, BPT, MAB

    Stupor mundi / Néjib, Gallimard, 2016Nejib choisit de dresser le por-trait d’un scientifique brillant dans le Moyen Âge (fort peu éclairé) du XIIIe siècle, Han-nibal Qassim El Battouti qui est sur le point d’inventer la photographie dans la conti-nuité de son « ancêtre » Abu Ial-Haytham l’inventeur de la Camera Obscura et l’auteur d’un traité d’optique, fon-damental même encore aujourd’hui. Pour parvenir à ses fins, en cette période où le poids de la religion se fait écrasant tant à Bagdad qu’à Rome, il a besoin d’un mécène, d’un protecteur qu’il espère trouver en la personne de la Stupeur du Monde qui a pensé et voulu ce refuge dans lequel Hannibal, sa fille Houdê et son esclave vont s’installer. Frédéric II est curieux des arts, des sciences et des choses interdites. Ses rapports avec le Vatican en sont d’ailleurs grandement détériorés comme le prouvent les deux excommunions dont il a été l’objet. (…) Les choses commencent de façon assez mitigée pour Hannibal qui est comparé à un alchimiste.On l’accueille cependant par un très beau « Sapere aude ! », une injonction qui est invitation à la connaissance ainsi qu’à la prise en mains de son propre destin, une philosophie qui ne peut pas déplaire à ce bouillonnant personnage.L’opposition séculaire entre science et reli-gion est au cœur du livre même dans ce « refuge contre la bêtise et l’ignorance ». Hannibal quitte des persécutions religieuses et se retrouve dans un lieu où la volonté – pourtant écrasante d’un seul homme – n’est

    LES PRIX SHERIFF

    D’OR

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    Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    11

    pas suffisante pour permettre de réaliser ses objectifs. (…)C’est par la confrontation avec l’imam que Nejib intègre l’obscurantisme religieux dans son récit. L’imam a cette question fatidique qui condamne Hannibal « A quoi ça sert ? » Mais pour Hannibal peu importe la portée de la découverte, les dérives possibles, seule compte sa science. Il est prêt à tout sacri-fier pour elle (…) et à renoncer à la vérité « nous œuvrerons pour la vérité et contre la bêtise de ce monde » pour faire aboutir ses recherches.Nejib est extrêmement brillant dans son récit, comme par exemple avec le per-sonnage de Balthazar de Hockney effrayé par l’invention d’Hannibal qui promet une machine capable de reproduire fidèlement ce que voit l’homme.L’utilisation qu’il fait de Frédéric II est très intéressante : le récit est rythmé par l’attente dont il est constamment l’objet : quand il n’est pas là, on espère et on craint son retour ; quand il est là, le temps se fige.(…) Le dessin superbe n’est en aucun cas esthétisant mais expressif au possible. Il réussit, avec les tronches pas possibles de ses personnages et les expressions qui les traversent, à dire tout ce que les mots ne disent pas.En observant la couverture, je réalise que tout est déjà dit : l’homme de science se confronte à trois opposants classiques : le politique qui veut l’utiliser, le soldat qui veut le contrôler et le conservatisme religieux qui veut le faire taire.Le vingt et unième siècle ressemble finale-ment beaucoup trop au treizième.

    Chronique de Fabien��MAB, MAC, MJ

    Vous fêtez les 20 ans de la librairie que vous avez créée en 1997. Pouvez-vous nous raconter les circonstances de sa création ?

    Outre le travail classique du libraire, vous organisez des rencontres avec des scénaristes et dessinateurs de BD et vous avez créé en 2007 le prix Sheriff d’or (voir p. 4). Pouvez-vous nous parler plus particulièrement de cet aspect de l’activité de la librairie ?

    Quelles ont été les principales étapes de vie de la librairie ?

    Comment définiriez-vous le métier de libraire ?

    Il s’agit effectivement d’un concours de circonstances. J’étais alors à un tournant de ma vie, en recherche d’un nouveau débouché professionnel. Je ne connais-sais pas du tout le métier de libraire, mais, lecteur de bibliothèque (plus que client de librairie, faute de moyens), je lisais beaucoup (BD et autres). La librai-rie BD 63, installée place de Jaude, était sur le point de fermer. Alors l’idée a fait son chemin. J’ai trouvé une boutique de 35 m², rue Saint-Esprit – d’où le nom donné à la librairie. Conscient de mes lacunes et de mon inexpérience, j’ai suivi une formation à la création d’entre-prise de quatre mois à la chambre de commerce et d’industrie, j’ai visité des librairies et je me suis lancé. En réalité, j’ai appris mon métier sur le tas. Il m’a fallu au minimum trois ans pour intégrer les bases du métier.

    Je peux citer quelques événements clés :1999 : la première grande exposition de la libraire consacrée à Jean-Pierre Gibrat*.2000  : premier déménagement juste en face, ce qui a permis de doubler la superficie.2001 : lancement des éditions Esprit BD avec la parution de Le dessin de Marc-Antoine Mathieu, puis de L’aigle sans orteils de Lax en 2005.La parution du troisième livre en 2010, Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele Fior, a coïncidé avec l’extension de la boutique… dans le tout premier local pour accueillir le rayon mangas.Et bien sûr, en 2014, l’installation de la librairie dans son local actuel… toujours rue Saint-Esprit.Ce nouvel espace, beaucoup plus grand, modulable, plus visible avec des vitrines ouvertes sur deux rues, nous a permis d’élargir notre clientèle (plus 20 %) et d’y développer les actions culturelles.

    C’est un métier qui est, par certains aspects, extrêmement routinier. Nous sommes tributaires des récurrences heb-domadaires (livraison des nouveautés et réassorts, mises en place). Et c’est aussi un métier magique. La découverte de nouvelles niches éditoriales, de nou-

    veaux éditeurs, de nouvelles écritures permet de s’extraire de la routine. L’arri-vée dans les années 90 de la « généra-tion L’association » a considérablement bousculé la bande dessinée classique qui avait épuisé ses dogmes narratifs. Sont arrivés sur le marché de nouveaux for-mats, des formes plus libres et des écri-tures (scénario et dessin) plus intimes, ancrées dans le quotidien. Ces nouveaux langages ont élargi le public de la bande dessinée notamment le public féminin.

    Ce travail est présent depuis toujours. Mais notre nouveau lieu nous a permis de sortir du schéma traditionnel de la dédicace pour aller vers de véritables rencontres avec des auteurs qui per-mettent de découvrir leur univers, leurs intentions. Pendant toutes ces années, il y a eu des rencontres mémorables.La création du prix Sheriff d’or en 2007 a tissé des liens entre les membres du jury. Ils ont créé l’association BanDe qui apporte son soutien aux actions cultu-relles de la librairie. Nous organisons conjointement Ici et ailleurs, La manifes-tation bandessinesque (9-18 juin 2017) pour célébrer les 20 ans de la librairie.

    Propos recueillis par Marie Berne

    4 QUESTIONSA Fred Porcile

    LES PRIX SHERIFF

    D’OR

    * Exposition Gibrat & Prugne, salle Camille-Claudel (10 juin-8 juillet, du lundi au samedi de 14 h à 19 h)

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    �Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    Le dessin / Marc-Antoine Mathieu, Delcourt, 2001Dessin de Marc-Antoine Mathieu s’impose comme un livre impor-tant, dès sa première lecture. Ici, la concision du récit ne laisse place à aucune sorte de digression et sert

    au mieux son dessein premier, celui d’admettre que la simple évocation ouvre un champ de perspectives infinies, qu’un dessin comme une seule histoire peut receler une aspiration cosmique.Depuis des années et notamment dans le développement d’une série articulée autour d’un personnage central, Julius-Corentin Acquefacques, Marc-Antoine Mathieu met en scène des hommes aux prises avec le boule-versement des fondements de l’existence : le temps, la mémoire, la lumière, la logique, les dimensions, la réflexion… Dans un contexte de totalitarisme absurde inspiré d’Orwell et de Kafka, ses personnages se heurtent à ce qu’ils savent ou se souviennent correspondre à leur réalité. Comme révolution, l’auteur leur promet l’évasion. Organisant une fracture avec les formes et les codes de la bande dessinée, il les fait voyager hors des cases, de l’autre côté du livre, dans un vortex de cases ou même à travers la non-case. Les dérèglements dont sont victimes ses êtres de papier semblent alors devenir salutaires, l’occasion pour eux de com-

    pourtant les premières pages de la légende du tour.Quel type d’individu pouvait se lancer alors dans une telle folie, dans un tel défi physique et sportif ? C’est toute la question que pose brillamment Lax dans cet album en suivant le parcours d’Amédée Fario, jeune militaire pyrénéen, dont le seul rêve est de participer à la grande boucle.Cet album est un chef-d’œuvre, une grande aventure humaine qui fait l’éloge du courage et de l’effort. Les amoureux de la montagne seront sublimés par la mise en image des plus beaux sommets pyrénéens et du Pic du Midi.Au-delà du récit sportif, Lax rend un vibrant hommage à cette génération d’hommes et de femmes d’avant-guerre, en imposant un haut degré de réalisme dans les relations humaines mais aussi dans la trame historique.Le dessin de Lax est d’une qualité exception-nelle, son trait est fin, il apporte un grand soin à la précision du détail et à la finition dans les visages des personnages marqués par la rigueur de la course.À l’arrivée, nul besoin d’aimer la bicyclette pour succomber à toutes les émotions déli-vrées par cet oiseau rare, un incontournable.

    Chronique de Nicolas��BP, MHP, MJ, BAV, BPT, BEJ

    Cinq mille kilomètres par seconde / Manuele Fior, trad. de l’italien par Nicolas Elmer Mathieu et Christophe Gouveia Roberto, Atrabile, 2010Le début est tout

    simple, le début c’est le hasard, une ren-contre déterminante qui aurait pu n’avoir jamais eu lieu pour peu que les circonstances eussent été seulement un poil différentes. Et comme certaines rencontres, celle de Lucia, Piero et Nicola va s’inscrire dans le temps. Parce que le temps est le maître d’œuvre du récit.

    prendre leur place dans cet univers et d’enfin s’approprier leur réalité, à défaut de la maîtriser.Dans Le Dessin, la mise en page est stricte, minimaliste, l’environnement des plus réalistes. Un seul dessin s’impose comme révélateur de la réalité, ou plutôt infinité, absolu. Il condition-nera la vie d’Émile, le personnage central de cette nouvelle, qui saura l’appréhender à sa juste valeur. Le Dessin est un puzzle construit méthodiquement et non sans humour par un disciple de Georges Pérec qu’on imagine se réjouir avec délectation du pendant en bande dessinée de son Cabinet d’amateur. Alors que dans son livre, Pérec décrit l’histoire d’un tableau à mille facettes qui concentre l’Histoire de l’Art en même temps qu’il s’en joue, le dessin éponyme préfigure le destin person-nel et professionnel d’Émile. Il abrite dans ses moindres détails d’autres dessins, autant de chefs-d’œuvres en-soi, brutaux, émouvants, symboliques de l’unité dans l’harmonie du grand Tout.Tout est dans tout, et tout mérite qu’on s’y attarde si l’on a tout à y gagner. Il y a une dimension sacrée dans Le Dessin qui dépasse sa seule essence. L’Essence-Même s’y reflète, on y côtoie l’Universel.

    Chronique de Fred��BP, BAV, MHP, BEJ, BRGC

    Voir aussi Auteurs présents p. 17

    L’aigle sans orteils / Lax, Dupuis, 2005L’aigle sans orteils, c’est les premiers temps du Tour de France, une époque où seuls les héros de la route méritaient

    un surnom, une époque où les routes étaient cabossées, les jantes en bois d’érable, le départ des étapes était lancé à deux heures du matin et la distance à parcourir souvent supérieure à trois cents kilomètres. Les isolés, comme on les appelait, étaient des coureurs amateurs qui n’avaient le soutien d’aucun partenaire, d’aucune logistique. Ils écrivirent

    Le voyage aussi. Cinq mille kilomètres est cadencé en cinq chapitres qui emmènent le lecteur d’Italie en Norvège et de Norvège en Égypte, pour mieux revenir (ou moins bien) en Italie. Les séquences sont courtes dans le temps, mais le temps qui les sépare une éternité. Et c’est toute la force et l’origi-nalité de la narration. L’écriture des scènes, la qualité des dialogues et toute la sensibilité qui en émane, permettent de mesurer à sa juste valeur le temps que l’ellipse a gommé.L’histoire est simple, ça ne servirait pas à grand-chose de la résumer, la vie, quoi, le bordel. Mais l’émotion se vit au rythme des pages de Manuele Fior, de ses splendides aquarelles et de la diversité des palettes et des attitudes qui expriment les silences.Et on ressent une infinie justesse.

    Chronique de Fred��BP, MHP, MJ, BEJ, MAC, MAB, MJP

    Groenland Vertigo / Tanquerelle, couleurs Isabelle Merlet, trad. du danois Camilla Michel-Paludan, trad. de l’allemand Volker Zimmermann, Casterman, 2017Alors qu’il peine à trouver l’inspiration, Georges, auteur de bande dessinée, se trouve convié à rejoindre une expédition pour le Groenland. Celle-ci est affrétée par Ulirch Kloster, un artiste allemand dont les précédentes installations monu-mentales ont été des échecs. L’artiste acariâtre semble jouer de malchance, à moins qu’il ne dérange un peu trop.Tanquerelle réussit à transformer un beau récit de voyage personnel en intrigue politico-écologique, tout en s’appropriant l’univers de Tintin qui nourrit thématiquement et graphi-quement son album.Jamais auteur moderne n’avait approché de si près l’esprit hergéen. Groenland vertigo est un condensé original des recettes ayant fait le succès de Tintin : ligne claire, aventure (parfois dérisoire), comique de situation, extravagance des personnages secondaires, mouvement continu… Mais pas que…

    Chronique de Jérôme��MJ, MCN, BEJ, BRCG, BAM

    Esprit BD Editions

    - TANQUERELLE -

    ESPRIT BD

    La librairie Esprit BD a publié 4 bandes dessinées en tirages de tête numérotées et signées. Elles sont disponibles à la bibliothèque du Patrimoine en consul-tation sur place et dans d'autres biblio-

    thèques en édition courante.

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    �Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    FREDERIC BEZIANAdam Sarlech (version intégrale), Humanoïdes associés, 2002Un terrible secret plane sur la famille Mal-herbe qui vit une existence déchirée dans une propriété perdue au fond des landes. Les ténèbres viendront mettre fin à leurs souffrances.��MHP

    Les garde-fous, Delcourt, 2007Boris Lentz, un éditeur de renom, forme avec Alice un couple très en vue. À l’occasion de la sortie du deuxième tome des Ames rouges, best-seller inspiré de faits divers san-glants, ils invitent dans leur villa un certain nombre de personnes triées sur le volet. La soirée est perturbée par l’appel de l’inspec-teur Fix qui pense qu’Alice est la prochaine cible de Boone, un tueur en série.��MHP, MJ, MNC, BAD, MRS

    Aller-retour, Delcourt, 2011Voir Les prix Shériff d’or p. 6

    Le courant d’art : de Byrne à Mondrian, Soleil, 2015Récit sous forme de livre-accordéon éta-blissant des rapports entre les théories du mathématicien O. Byrne, qui utilisa des formes géométriques pour illustrer Euclide, et la peinture de Mondrian, l’un des pion-niers de l’abstraction.��BAM

    JEAN-PIERRE GIBRATMarée basse / avec Daniel Pecqueur (scénario), Dargaud, 1996 (nouv éd. 2004)��BAM, MHP

    Les gens honnêtes (4 vol.) / avec Durrieux (dessins), Marmelade (couleurs), Dupuis, 2008-2016Les chemins de la vie sont souvent faits de hasards, de virages, de demi-tours. Pour Philippe comme pour les autres, la route a été mouvementée. Cadre citadin puis chô-meur, coiffeur dans les trains et aujourd’hui bouquiniste rural, Philippe a divorcé, est tombé amoureux de Camille, l’a vue partir.Pour son entourage, gravitant autour de sa librairie au cœur d’un paisible petit vil-lage du Bordelais, point de lignes droites non plus : sa mère, veuve et nouvellement amoureuse, Decousso, son ami maçon à la tête et à l’arbre généalogique pleins de voyages, Camille, partie découvrir le monde, tous avancent au gré des hasards, des contraintes, des envies.��MHP, MJ, BEJ, BAR, MJP, BAV, BPT, BAM,

    MCN

    Mattéo, Futuropolis, 2008-20131. Première époque, 1914-1915Mattéo est un pacifiste, qui, entre 1914 et la Seconde Guerre mon-diale, vit un destin singulier, affron-tant la révolution russe, le Front populaire et la guerre d’Espagne, tel un aventurier déraciné et un amoureux souvent éconduit.

    2. Deuxième époque, 1917-19181917. Toujours déserteur, venu clandestine-ment d’Espagne où il s’était réfugié, Mattéo passe à Collioure embrasser sa mère. Le lendemain, accompagné de Gervasio, l’ami de son père, il s’embarque pour Petrograd. Après plusieurs semaines de bateau, les deux amis sont au cœur même de la révo-lution qui s’embrase.

    3. Troisième époque, août 1936En août 1936, Mattéo revient à Collioure après avoir purgé sa peine au bagne de Cayenne. En compagnie de Pauline, Amélie

    MORGANE IMBEAUDLes songes de Léo / avec Christophe Chabouté, Les Rêveurs, 2015Léo est un petit garçon-félin gracieux qui ressemble à beaucoup d’autres enfants-félins. Les yeux pleins de curiosité pour le monde qui l’entoure et le nez à l’affût des odeurs autour de lui, il serait presque banal si ce n’était une particularité : Léo n’a qu’une oreille pour entendre les bruits de sa forêt natale. Cette marque distinctive lui cause cependant des problèmes en lui faisant cruellement ressentir le rejet dont il est vic-time de la part des autres, les « normaux ». Jusqu’au jour où il rencontre une petite boule de plume qui va l’entraîner dans un voyage aux multiples rebondissements.��MJ, BAR, MAC

    Les songes de Léo, Belleville Music, 2015

    Elle en rêvait. Depuis toujours, Morgane Imbeaud croit en l’émotion unique pro-voquée par l’association de la musique et des images, un état sans frontières où toute création serait possible. Seule au piano, elle goûte à sa grande expérience de la scène et de l’écriture pop pour donner la vie à Léo, personnage mi-humain mi-félin qui habitera son grand projet.��MAB, MNC, MCN, MAC, MJ, MRS, BAR,

    MJP

    Boy sentimental, Sony Music, 2016

    ��MJ

    et Augustin, il profite de la mer, du soleil et des bals populaires. Mais la réalité de la guerre civile espagnole finit par le rattraper.��MHP, BAM, BEJ, BAR, MJP, MAB, BAV,

    BPT, MAC, MJ

    Le sursis (2 vol.), Dupuis, 1999Suite à une étonnante intervention du des-tin, un jeune soldat vit la fin de la Seconde Guerre mondiale caché dans un grenier avec vue sur la place du village…��MHP, BAM, BEJ, MJP, MRS, MAB, BAV,

    BRGC, BPT, MJ

    Le vol du corbeau (2 vol.), Dupuis, 2002-20051. En 1944, à Paris, Jeanne a été arrêtée par la police française pour son appartenance à la Résistance. Au commissariat la jeune femme partage la cellule d’un cambrioleur, François. Lors d’une alerte, les deux compagnons d’infortune réussissent à s’enfuir par les toits.2. Paris, fin juin 1944. Jeanne, traquée par la police française, s’est réfugiée sur la péniche d’Huguette et René. François continue de vaquer à son activité préférée de pilleur d’appartements. Mais la péniche est réqui-sitionnée par les Allemands et quitte Paris pour la Bourgogne. Jeanne, angoissée, ne cesse de se demander qui l’a dénoncée et si elle reverra Cécile, sa sœur adorée.��MHP, BAM, BEJ, MJP, MRS, MAB, BAV,

    BRGC, BPT, MJ

    Les années Goudard / avec Berroyer (scénario), Dargaud, 2006Une réédition de l’intégrale de Goudard enrichie d’un cahier qui contient les témoi-gnages de J. Berroyer et J.-P. Gibrat.��MHP

    SIMON HUREAUPalaces, Ego comme X, 2003Le Cambodge accueille Simon, l’observe et s’amuse de l’inadaptation de ce SDF. Inconscient, Simon risque sa vie. Il dort au bord des rivières infestées de croco-diles, s’enveloppe dans de douteux sacs de ciment, dort dans les temples avec les âmes errantes des crimes de Pol Pot.��MNC

    Les auteurs prEsents

    A LA MANIFESTATION

    ici et ailleurs

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    �Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    Colombe et la horde, Ego comme X, 2004Une chronique sociale autour de plu-sieurs amis. Il y a Colombe qui mène une vie simple auprès de sa mère adoptive, Suzanne, sa collègue et amie, Edmond un jeune collégien complexé qui nourrit de précoces sentiments pour Colombe. Et Étienne qui fait partie du scandaleux Chass’Foune Club. Tous ces protagonistes sont là pour jouer le rôle qui leur a été imparti.��MHP

    Bureau des prolongations, Ego comme X, 2005Suite de Palaces, cet album raconte la suite du voyage de l’auteur au Cambodge. Cette fois-ci, il s’est fait volé ses papiers et est obligé de rester plus longtemps que prévu. Il en profite donc pour continuer à visiter le pays.��MCN

    L’empire des hauts murs / couleurs Romuald Reutiman, La Boîte à bulles, 2010Alors que les vacances d’été viennent juste de commencer, deux frères découvrent une vieille bâtisse abandonnée. Mais cette mai-son est déjà le terrain de jeu d’une bande d’enfants qui leur font passer des épreuves d’initiation pour devenir membres de leur confrérie, l’Empire des hauts murs. Une fois acceptés, les enfants investissent ce territoire qui va leur faire passer de fabu-leuses vacances.��MAB, MHP, MAC

    Intrus à l’étrange, La Boîte à bulles, 2011Au décès de son grand-père, Martial découvre une valise bourrée de vieilles clés à remettre à Félix Larose et une boîte remplie de lettres d’amour écrites par Geor-gette Blizard qui habite un village de la Creuse. Cette bourgade rurale se révèle prise de paranoïa à cause de chauves-souris qui attirent les journalistes et les chasseurs de vampires.��MAB, MJP, MAC

    quels il reste rarement sur les itinéraires touristiques, pour voir ce qui se cache der-rière le décor, le mode de vie des personnes demeurant là et les détails qui échappent généralement aux yeux de ses congénères. Ce volume se déroule à la fois sous les tro-piques et près de chez lui, en Touraine.��MAC, MJ

    GILLES LARHERL’accablante apathie des dimanches à rosbif, ill. de Sébastien Vassant, Futuropolis, 2008

    Voir Les prix Shériff d’or p. 4

    La voix des hommes qui se mirent / ill. de Sébastien Vassant, Gallimard, 2009Quinze courtes histoires, parfois mélanco-liques, souvent humoristiques, dans les-quelles des hommes, dont Romain, Farid, Rodrigue ou encore Manuel, évoquent leurs relations avec les femmes. Chacune d’elle est précédée d’un court préambule où le protagoniste principal commente ce qui va être raconté.��MJ, MHP

    MARC-ANTOINE MATHIEUJulius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, Delcourt, 1991-19951. L’origine (1991)Julius Corentin Acque-

    facques travaille au ministère de l’humour. Ce matin-là, il reçoit la page 4 d’une BD, elle narre son réveil ! Et elle porte un titre : L’Origine, un mot qui n’est pas dans le dictionnaire ! « L’Humour a ses raisons que la raison ignore. »

    Le massacre / couleurs Lucie Firoud, La Boîte à bulles, 2013Limul Goma, collectionneur, rencontre un très vieil homme ayant vécu au Cambodge, qui s’accuse d’y avoir causé un massacre. Parti s’installer en Indochine française, il vit depuis en solitaire et refuse de participer aux parties de chasse des colons, s’interdi-sant de tuer le moindre être vivant. Jusqu’à ce qu’il soit amené, pour sauver un enfant, à abattre un kouprey, animal mythique.��MAB, BAR

    Crève saucisse / avec Pascal Rabaté (scénario), Claire Champion (couleurs), Futuropolis, 2013Didier est boucher. Son épouse Sandrine

    le trompe avec leur meilleur ami, Éric. Très contrarié, il ne supporte plus cette situation. Il organise leurs vacances sur l’île de Noir-moutier et s’arrange pour se retrouver seul avec Éric, bien décidé à s’en débarrasser.��MJ, BAM, MCN, BRGC, MJ, MHP, MAC, BAV

    Kompilasi komikus : carnet de résidences en Indonésie / avec Clément Baloup, Joël Alessandra, Sylvain-Moizie, la Boîte à bulles, 2014Quatre dessinateurs dévoilent chacun une facette d’un séjour en Indonésie, du déca-lage horaire à la barrière de la langue, de la découverte de paysages somptueux à la rencontre d’auteurs émergents de la bande dessinée indonésienne.��BRGC, BAM, BAR, MJ

    Mille parages : fragments bourlin-gatoires d’ici et d’ailleurs, La Boîte à bulles, 2015Le récit de voyage de

    l’auteur, les périples qu’il effectue, lors des-

    2. La qu… (1991)La qualité ? La quantité ? La quête ? Où l’on retrouve la case qui manquait.

    3. Le processus (1992)Dernier volet de cette trilogie. À cause de l’avance accidentelle de son horloge murale et à l’occasion d’une simple visite de révision à l’usine (l’usine a pour but de contrôler le dernier espace vital qui subsiste encore : le rêve), les services du docteur Koff inoculent par erreur à notre héros le rêve du plafond.

    4. Le début de la fin - La fin du début (1995)Deux aventures tête-bêche qui se rejoignent au milieu de l’ouvrage. L’auteur joue avec les effets de miroirs, les dialogues à double sens.��MHP, BAM, MRS, BAR, MCN

    5. La 2,333e dimension (2004)Alors que les inspecteurs tentent d’empri-sonner les rêves qui s’échappent de lui par dizaines, Julius songe au « rêve qu’il ne faut pas faire » : il passe derrière la ligne d’horizon et tombe en emportant avec lui l’un des points de fuite qui créent la perspective et le relief. À son réveil, le monde est devenu plat !

    6. Le décalage (2013)��MCN, MRS, BAR, MHP

    Mémoire morte, Delcourt, 2000Dans une cité aux dimensions infinies, l ’information en temps réel et l’image sont re ines . Un ordinateur, le Rom,

    recueille les faits et gestes de chacun et les mémorise, déchargeant ainsi la population d’un effort pourtant salutaire.��MRS, BAV

    Le dessin, Delcourt, 2001Voir Esprit BD éditions p. 12

    Les auteurs prEsents

    A LA MANIFESTATION

    ici et ailleurs

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    �Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    Le peintre Tou Lan [suivi de] Hank, éd. de l’An 2, 2004Deux contes adaptés par Mathieu : le premier est un conte chinois recueilli par H. Gougaud dont le héros est un peintre chinois fasciné par les visages ; le second est inspiré d’une histoire écrite par F. Young où un bûcheron ne supporte pas que les arbres lui survivent.��MHP

    L’ascension & autres récits / scénario avec Jean-Luc Mathieu, Delcourt, 2005Huit nouvelles mises en images : un homme gravit un à un les étages de la cathédrale à la recherche d’une révélation ; un autre s’ins-talle dans une rue et fait connaissance avec ses habitants jusqu’à ce qu’ils meurent les uns après les autres ; deux anciens cheminots rendent tous les ans visite à leur ancienne loco-motive ; un homme découvre dans sa cave un ancien poste de commandement allemand.��MJ

    Les sous-sols du Révolu : extraits du journal d’un expert, Musée du Louvre, Futuropolis, 2006Dans un futur indéterminé ou un monde parallèle, le Volumeur et son assistant Léo-nard sont chargés de prendre les mesures du Louvre. Ils vont arpenter ses coulisses, dévoilant ainsi un univers dont le musée ne constitue pas seulement le décor mais aussi la raison d’être. Ce parcours est une réflexion, sous forme de fable, sur l’art, sa transmission et sa conservation.��MAB, BAV

    Dieu en personne, Delcourt, 2009Un homme attend dans une file d’attente et répond à l’agent du recensement qu’il est Dieu. L’irruption de cette énigme métaphy-sique déclenche une vague d’intérêt, puis un phénomène médiatique majeur et une opportunité commerciale, pour finir en procès géant puisque Dieu est, de son propre aveu, la cause première et donc le coupable universel.��MHP, MAB, BAV, BAM, MRS, MAC

    Carnation, Casterman, 2014Voir Les prix Shériff d’or p. 8

    NEJIBStupor Mundi, Néjib, Gallimard, 2016

    Voir Les prix Shériff d’or p. 9

    PATRICK PRUGNENelson et Trafalgar (3 vol.) / avec Jacky Goupil, Vents d’ouest, 1991Western animalier avec un chat sans scru-pule et sanguinaire (Nelson) et un chien bête et indiscipliné (Trafalgar).��BAM, BAR

    Fol, Vents d’ouest, 1999Issu d’un sortilège, le peuple Fol existe tant que la plume magique qui l’a créé reste cachée. Or, un jour, un gamin déterre par inadvertance cette plume vitale. Immédiate-ment le peuple Fol commence à disparaître et retourne à son état originel : la mousse et les champignons. Seul le courage et la rapi-dité de Jason et Méline pourront permettre d’endiguer la malédiction… Mais Louarn le noir, qui tient enfin sa vengeance, ne va pas leur faciliter la tâche, loin de là… Mélangeant les univers de Tolkien et de Walt Disney, Fol est une histoire qui nous entraîne dans un monde fait de magie et de danger. Patrick Prugne, qui signe scénario et dessin, réussit parfaitement à planter ce décor féerique, à nous faire aimer ces petits personnages attachants et nous réserve pour les dernières pages une surprise de taille…��MHP, BAM

    L’auberge du bout du monde / avec Tiburce Oger, Casterman, 2004Bretagne, 1884. Dans une lugubre bâtisse au bord d’une falaise battue par les vents, un vieil homme au seuil de

    la mort raconte une étrange histoire à un écrivain parisien en mal d’inspiration : celle

    3’’ (un zoom ludique), Delcourt, 2011L’auteur propose de mener l’enquête en sui-vant la trajectoire d’un photon durant trois secondes, le temps de dénouer un complot. Énigme sans parole dans laquelle personnages et indices s’imbriquent les uns dans les autres.��MAB, MNC, MJ, MRS, BAM, MAC

    Le sens, Delcourt, 2014Case à case, sans un mot, Marc-Antoine Mathieu raconte le voyage initiatique d’un homme. Que cherche-t-il ? Où va-t-il ? Ce mar-cheur anonyme erre dans un univers épuré, traversé par l’esprit du labyrinthe… Temps, espace, hasard : au fil de ce récit quasi méditatif se dessine pas à pas une forme contemporaine de vanité. Un album à la croisée des arts.��MJ

    Otto : l’homme réécrit, Delcourt, 2016Otto Spiegel, artiste performeur reconnu, est sur le point de perdre ses repères quand le destin lui offre l’occasion unique de lire le détail de sa vie, de sa conception jusqu’à ses 7 ans. S’ensuit une plongée vertigi-neuse dans le processus qui génère l’individualité d’un homme. Avec ce récit érudit et troublant, Marc-Antoine Mathieu questionne par la raison nos certitudes les plus profondes.��MJ, MAC, BAM, BPT

    PAULO MONTEROL’amour infini que j’ai pour toi, éd. 6 pieds sous terre, 2013

    Voir Les prix Shériff d’or p. 7

    XAVIER MUSSATSainte famille, Ego comme X, 2001Sur la famille de Mussat en particulier et la famille en général, celle parée de toutes les vertus : l’auteur foule du pied quelques idées reçues et entreprend une analyse où il ne s’épargne pas non plus…��BAV

    d’une mystérieuse jeune femme que l’on croyait assassinée, Irena, et qui sembla un jour revenir d’entre les morts pourvue de dons surnaturels.��BAR, MCN, MHP, BPT, BEJ, PAT

    Canoë Bay / avec Tiburce Oger, éd. Daneil Maghen, 2009Jack, un jeune orphelin acadien, se retrouve enrôlé de force par la marine marchande britannique. Il est, parmi des milliers, une victime du “Grand dérangement”, épisode douloureux de l’histoire américaine, au cours duquel les Anglais déportèrent les habitants de l’Acadie vers leurs colonies de la côte Atlantique. Canoë Bay retrace l’his-toire de cet enfant soumis aux terribles conditions de la vie sur le “Virginia”, dont l’équipage, composé d’anciens bagnards emmenés par le bien nommé “Lucky Roberts”, se mutine bientôt. Devenus pirates, Jack et les siens devront apprendre à se méfier des Anglais, des Français, et de quelques “faux” frères de la côte…��MAC, MHP, MJP, BEJ, MCN

    Frenchman, éd. Daniel Maghen, 2014En 1803, dans un village de Normandie, des sergents recrutent pour l’armée de Bonaparte. Alban, un jeune paysan, est ainsi enrôlé pour partir en Nouvelle-Orléans. Encore imprégné des idéaux révolutionnaires, il prend la défense d’un esclave et se retrouve emprisonné. Tous-saint Charbonneau, un trappeur français, le sauve et l’entraîne avec lui dans une expédition à la rencontre des Indiens.

    Pawnee, éd. Daniel Maghen, 2014L’histoire de Paw-nee se situe sept ans après la fin de Frenchman , avec les mêmes person-

    nages. Alban, jeune soldat français envoyé en Louisiane et porté déserteur, partage à

    Les auteurs prEsents

    A LA MANIFESTATION

    ici et ailleurs

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    �Voir abréviations des bibliothèques p. 23

    présent la vie des Indiens Minetaree. Lié d’amitié avec le trappeur Toussaint Char-bonneau, il a abandonné tout espoir de retrouver Louis, qui a été capturé par les Pawnees. Sa décision est prise, il rentre en Europe…��MCN, MHP, BAM, MAC, BRGC, MAB (pour

    les 2 volumes)

    Poulbots, éd. Margot, 2014Sur la butte Montmartre, un promoteur immobilier mal-honnête cherche à chasser cinq enfants pauvres de leur terrain de jeu. Acculés, ces derniers décident de kidnap-per le fils de l’entrepreneur.

    ��MCN, MHP, MJP, MJ, MRS

    Iroquois, éd. Daniel Maghen, 2016En 1608, Québec n’est qu’un nom griffonné sur une vague carte d’Amérique du Nord, une grande bâtisse fortifiée construite sur les rives du Saint-Laurent où une quaran-taine d’âmes s’apprêtent à passer leur pre-

    mier hiver. La France d’Henri IV se soucie peu de ces arpents de neige habités par une poignée de sauvages. Plus préoccupée par les richesses que lui procurent la pêche à la baleine et la traite des fourrures, elle n’envisage nullement l’installation d’une colonie. Samuel de Cham-

    plain, fondateur de Québec, n’aura alors de cesse de défendre « son » Canada. Il saura imposer un climat de paix et de confiance entre nations amérindiennes (Hurons, Alguonquins, Montagnais) et Français. De ces relations naîtra un commerce florissant. Peaux de castors et de loutres s’échangent à bas prix contre marmites, haches, clous et autres objets en fer. Ce juteux commerce ne dure qu’un temps… Les raids meurtriers incessants que mènent les Iroquois dans la vallée du Saint-Laurent contre les convois de pelleterie hurons ou algonquins exaspèrent

    très vite la petite communauté française. Soucieux de consolider l’alliance faite avec ses alliés amérindiens, Champlain prend le sentier de la guerre à leurs côtés et part pour l’Iroquoisie. C’est dans ce contexte que se situe l’histoire qui suit. Le long de la Rivière des Iroquois, sur le lac Champlain, un mois de juillet 1609 en Nouvelle France.��MAB, MHP, MJ, BRGC

    SEBASTIEN VASSANTL’accablante apathie des dimanches à rosbif / récit de Gilles Larher, Futuropolis, 2008��MNC

    Voir Les prix Shériff d’or p. 4

    La voix des hommes qui se mirent / avec Gilles Larher, Gallimard, 2009Voir p. 17��MJ, MHP

    Frères d’ombre / avec Jérôme Piot (scénario), Futuropolis, 2013Alain est contrôleur de gare. Lorsqu’il ren-contre, à Marseille, Kamel, un jeune Algérien clandestin, il accepte de le cacher chez lui. Au fur et à mesure, un doute s’installe sur les véritables raisons de sa venue en France.��BEJ, MAC, MHP, BPT

    Juger Pétain / avec Philippe Saada (scénario), Glénat, 2015Retrace le déroulement du procès du maré-chal Pétain, le 23 juillet 1945. Adapté du film documentaire éponyme diffusé en 2015.��MHP, MAC, BAV

    Est-ce à votre avis plus facile aujourd’hui de se lancer dans le métier de dessinateur de BD et scénariste qu’il y a vingt ans ?

    aux éditions Vents d’Ouest. J’ai suivi l’aventure de cette librairie d’un œil très attentif. Long-temps elle a été la seule librairie spécialisée BD à Clermont-Ferrand. Certains lecteurs l’ont toujours connue. Pour l’auteur que je suis, sa création avait été une très, très bonne nou-velle. Elle est animée depuis le début par une chouette et dynamique équipe.Il y a trois ans, quand Fred m’a proposé d’être le parrain de ladite librairie, j’ai été très touché et ai accepté sans aucune hésitation ce titre « suprême ».

    Le marché du livre en France et particulièrement celui de la bande dessinée, ne s’est jamais aussi bien porté. Il suffit pour cela de se reporter au rapport annuel réalisé chaque année par Gilles Rattier, membre de l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée). Jamais les lecteurs n’ont eu autant de choix de titres. Il suffit pour le constater de passer la porte d’Esprit BD.Paradoxalement, la situation des auteurs de BD est plus fragile aujourd’hui. Et peut-être tant mieux, dans le sens où la facilité n’a jamais fait éclore de talents. Toutefois, et de façon plus objective, je reconnais que la production toujours plus grandissante de nouveaux titres ne favorise pas les jeunes auteurs. Il paraît environ quatre mille nouveautés BD par an, contre sept cents dans les années 1990, 1995. Dans ces conditions, un nouvel album doit séduire très vite, donc forcément, certains titres restent sur le carreau.Pour terminer sur une note optimiste : libraire et auteur de BD sont certainement les plus beaux métiers du monde !

    Propos recueillis par Marie Berne

    2 QUESTIONSA Patrick Prugne

    Depuis qu’elle est installée dans son nouvel espace, à l’angle de la rue Saint-Esprit et de la rue Maréchal-de-Lattre, vous êtes parrain de la librairie Esprit BD qui souffle cette année ses vingt bougies. 20 ans cela nous ramène à la fin des années quatre-vingt-dix. Que faisiez-vous en ce temps-là ?

    Comment avez-vous participé à l’aventure de cette librairie ?

    Patrick Prugne est né à Cler-mont-Ferrand en 1961. Il a toujours aimé dessiner. Parmi ses auteurs préférés,

    on trouve Pratt, Manara, Juillard, Loisel, Breccia et Prado. Après ses études, il travaille dans la publicité. En 1990, il obtient le prix Alph-Art- Avenir au Festival d’Angoulême, pour une paro-die de la fable Le lièvre et la tortue. Ce prix est le point de départ de sa carrière de dessinateur de bande dessinée qui se poursuit depuis 25 ans. Il publie soit en solo, au scénario et au dessin (Fol, French man, Pawnee et Poulbots), soit avec des scénaristes (Jacky Goupil, Tiburce Oger). S’il devait aujourd’hui choisir un métier, ce serait… dessinateur ou peintre.

    Lors de la création de la librairie Esprit BD, je faisais déjà partie de ce petit monde de la BD. Je me souviens qu’à cette époque, j’ai dû être un des premiers auteurs avec lequel Fred (Frédéric Porcil) a organisé une séance de dédi-cace. Je venais de réaliser l’album intitulé Fol,

    Exposition Gibrat & Prugne, salle Camille-Claudel (10 juin-8 juillet, du lundi au samedi de 14 h à 19 h)

  • Les auteurs prEsents

    A la Manifestation

    bandessinesque

    22 23

    Histoire dessinée de la guerre d’Algérie / avec Benjamin Stora (scénario), Seuil, 2016Les moments clés de la guerre d’Algérie, en textes et en images, avec ses épisodes majeurs et ses acteurs principaux. Les auteurs intègrent tous les acquis de la recherche historique la plus récente, fai-sant appel aux archives, aux portraits et aux témoignages historiques.��MJ, BRGC

    FABIEN VEHLMANNGreen manor (2) De l’inconvénient d’être mort / avec Bodart, Dupuis, 2002Pour entrer dans le club très fermé du Green Manor, il suffit, en plus d’une grosse

    fortune, d’avoir l’esprit torve, l’inspiration machiavélique et le coup de poignard élé-gant. Au travers de six nouvelles histoires sadiques et savoureuses à souhait, le crime devient un art noble et un passe-temps très distrayant.��MJ, MNC

    Seuls (10 vol.) / avec Gazzotti, Dupuis, 2006-2016Après la disparition soudaine et inexpliquée des habitants de Fortville, cinq enfants (Yvan, 9 ans, Leila, 12 ans, Camille, 8 ans, Terry, 5 ans, et Dodji, 10 ans) doivent se débrouiller seuls dans un monde sans adultes. Les choses iront en empirant

    lorsqu’ils découvriront qu’ils sont dans une réplique du monde réel nommée « le monde des limbes » et qu’ils y sont la proie de mystérieuses « 15 familles ». Les enfants de Fortville seraient-ils différents des autres ? Et si l’un d’eux était ce que la 15e famille appelle « L’enfant minuit » ?��MHP, MJ, BEJ, BAR, BAD, MNC, BAV,

    MAC, BAM, MCN, MJP, BRGC

    IAN / avec Ralph Meyer, Dargaud Benelux, 2003-20071. Un singe électrique (2003)IAN ( Intel l igence artificielle neuromé-canique) est un robot

    recouvert de peau et doté d’un cerveau évolutif. Son système nerveux lui permet d’avoir des sensations et des émotions tel un humain, mais il est aussi sujet à des crises de démence. IAN a été chargé d’une mission de sauvetage sous-marin.

    2. Leçon de ténèbres (2004)Los Angeles, 2044. IAN est un robot recou-vert de peau et doté d’un cerveau évolutif. Alors que la retransmission des premiers pas d’un homme sur Mars est interrompue par de violentes émeutes urbaines, la Spécial Rescue Section intervient, entraînant avec elle IAN, sans trop savoir comment il réagira face à cette situation nouvelle pour lui.

    3. Blitzkrieg (2006)Le cerveau en proie aux visions des émeu-tiers qu’il a massacrés, IAN, l’androïde, a décidé de mettre fin à son existence. Horrifié par sa puissance de destruction, le Penta-gone a par ailleurs ordonné son élimination.

    4. Metanoia (2007)Accusé d’un massacre, IAN est toujours insaisissable. Le robot-tueur qui le traque s’enlise dans un marais sous l’objectif d’une journaliste. Croyant que l’androïde peut pas-ser inaperçu, celle-ci suggère de l’accom-pagner. C’est cependant sans compter la décision du Pentagone de l’éliminer et la détermination du général Éluard.��MHP

    Les derniers jours d'un immortel / dessin de Gwen de Bonneval, Futuropolis, 2010

    Voir Les prix Shériff d’or p. 5

    FRANCK WATELL’Auvergne des écrivains d’ailleurs : un pays bien loin, bien loin / édition et

    textes François Graveline, Page centrale, 2013

    Avec les textes de ces écrivains d’ailleurs (donc non auvergnats), touristes, curistes ou pérégrins, attentifs, émerveillés ou de méchante humeur, François Graveline a composé une manière d’offrande littéraire faite de variations poétiques, policières, aquatiques, pédestres, une Auvergne d’aper-çus et d’envolées, de maraude et de rêve, ouverte sur le monde et l’imaginaire, une Auvergne à la dérobée, fugitive et réelle.��BEJ, BAR, MJ, MRS, MAB, BRGC, BAV,

    MAC, MCN, BAD

    Sigles des bibliothèques et médiathèques de Clermont Auvergne Métropole

    BAD : bibliothèque Alphonse-Daudet (Gerzat)BAM : bibliothèque Amélie-Murat (Chamalières)BAR : bibliothèque Alain-Rey (Pont-du-Château)BAV : bibliothèque Alexandre-Vialatte (Aubière)BEJ : bibliothèque l'Écume des jours (Orcines)BP : bibliothèque du Patrimoine (Clermont-Ferrand)BPT : bibliothèque La plume et le trait (Ceyrat)BRGC : bibliothèque René-Guy-Cadou (Beaumont)MAB : médiathèque Arsène-Boulay (Romagnat)MAC : médiathèque Aimé-Césaire (Blanzat)MCN : médiathèque de Croix-de-Neyrat (Clermont-Ferrand)MHP : médiathèque Hugo-Pratt (Cournon-d'Auvergne)MJ : médiathèque de Jaude (Clermont-Ferrand)MJP : médiathèque Jacques-Prévert (Lempdes)MNC : médiathèque Nicolas-Chamfort (Saint-Genès-Champanelle)MRS : médiathèque Rêve et savoir (Aulnat)

  • LES MÉDIATHÈQUES DE CLERMONT AUVERGNE MÉTROPOLE

    VOUS PROPOSENT UNE SÉLECTION

    DE BANDES DESSINÉES

    20 ansde la librairie

    Esprit BD

    www.bibliotheques-clermontmetropole.euClermont Auvergne MétropoleDirection de la lecture publique

    64-66 avenue de l’Union soviétique - BP 231 - 63007 Clermont-Ferrand cedex 1 04 73 98 34 00

    Licences n° 2-1087451 et 3-1087452

    EN ÉCHO À

    ET ICI ET AILLEURS Manifestation

    Bandessinesque (9-18 juin 2017)