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Rapport de stage Enjeux des Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’Union Européenne et la CEDEAO : Etude de cas sur le SENEGAL réalisé par : Abdoulaye KOUNTA DESS : Economie Agricole Internationale Biotechnologie – Développement Durable – Sécurité Alimentaire Sous la direction de : Vincent RIBIER Economiste au CIRAD Cirad - Amis - Ecopol Année 2004

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Rapport de stage

Enjeux des

Accords de Partenariat Economique (APE) entre

l’Union Européenne et la CEDEAO :

Etude de cas sur le SENEGAL réalisé par : Abdoulaye KOUNTA DESS : Economie Agricole Internationale Biotechnologie – Développement Durable – Sécurité Alimentaire Sous la direction de : Vincent RIBIER Economiste au CIRAD Cirad - Amis - Ecopol Année 2004

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SOMMAIRE

Sommaire 2

Introduction 4

CHAPITRE I. CARACTERISATION DES ECHANGES AGRICOLES DU SENEGAL AVEC L’UE 6

I. L’agriculture dans les échanges commerciaux du Sénégal avec l’UE 7 II. Structure des échanges agricoles du Sénégal avec l’UE 10

A. Structure des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE 10 B. La structure des marchés d’exportations sénégalaises dans l’UE 14 C. Structure des importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE 18

CHAPITRE II. LES MESURES DE POLITIQUES AGRICOLES ET COMMERCIALES DU SENEGAL 23

I. Des exportations agricoles peu soutenues par l’Etat 24 A. Des réglementations pour faciliter les conditions d’accès et d’exercice. 25 B. Appui pour l’amélioration des structures et infrastructures d’exportation 26 C. Les transferts publics octroyés aux exportateurs agricoles 26

II. L’ouverture mitigée du marché agricole sénégalais 27 A. Une ouverture partielle du marché locale 28 B. Désengagement de l’Etat dans la fourniture de biens et services agricoles 30 C. Des mesures de transferts publics très peu intéressants pour les producteurs 31

III. Les mesures de soutien de l’Etat du Sénégal aux producteurs agricoles 32 A. Un soutien centré sur les produits halieutiques 32 B. L’appui et la mise en place des structures de fournitures services par l’Etat 33 C. Des transferts publics inexistant 34 D. Compatibilité de la politique commerciale du Sénégal avec le reste des pays de la CEDEAO 35

CHAPITRE III. LES CONTRAINTES ACTUELLES ET POTENTIELLES POUR UNE ADHESION DU SENEGAL AUX APE 38

I. Les contraintes d’accès sur le marché de l’UE. 38 A. Les contraintes internes 39 B. Les contraintes externes 39

II. Problématique de la mise en conformité pour le Sénégal 43 A. la nature des risques selon les exportations agricoles sénégalaises 43 B. Les contraintes techniques de la mise en conformité 44 C. Les causes de la non conformité avec les normes européennes 46

III. L’impact des APE sur le budget de l’Etat et sur l’économie en générale 47 A. Impact sur le budget de l’Etat 47 B. Impact sur l’économie en générale 49

CHAPITRE IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 50 I. Conclusion 50 II. Les recommandations 52

A. Cas d’une non-adhésion du Sénégal aux APE 52 B. Cas d’une adhésion du Sénégal aux APE 54

3

Annexe 58

Tableaux 61

Bibliographie 68

4

INTRODUCTION

Si les relations commerciales entre l’union européenne (UE) et les pays d’Afrique, des caraïbes et du pacifique (ACP) ont fortement évolué passant d’un système de préférences non-réciproques et d’accès au marché de la communauté européenne (CE) discriminatoire en faveur des pays ACP à un accord de libre échange avec la signature des accords de partenariat économique (APE), dans le domaine agricole, les impacts sur la sécurité alimentaire et le développement durable suscitent de nombreuses interrogations pour ces pays L’adhésion aux APE suppose de la part des pays ACP, la nécessité de disposer de réelles capacités de commerce pour fournir des produits de qualité, en quantité suffisante sur le marché communautaire, mais également de se préparer à faire face aux effets de la concurrence provenant de l’UE avec l’ouverture des marchés internes. Malgré la décision européenne en mars 2001, de faire des aménagements spécifiques destinés aux pays pauvres les moins avancés (PMA) par la mise en place de l’initiative « tout sauf les armes» (TSA) qui offre à ces pays la possibilité d’exporter tous leurs produits vers l’UE, sauf les armes et ceci sans aucune contrepartie, ni droits de douane, la plupart des PMA du groupe ACP préfèrent adhérer aux APE. L’initiative TSA résout, certes, la question des barrières tarifaires, mais ne règle pas le véritable problème que rencontrent les exportateurs de pays ACP sur le marché de l’UE. Aujourd’hui, la mise en conformité avec les normes sanitaires et phytosanitaires constitue la contrainte principale des exportateurs des pays ACP vers l’UE. Or, avec les APE, l’UE met à la disposition de ces pays, un soutien financier d’un montant de €15 milliards tous les cinq ans dans le cadre du programme du 9ème Fonds Européen de Développement (FED). Certes, l’obtention de cette aide est d’un intérêt capital pour le développement des filières d’exportations dans les pays ACP, cependant, non seulement rien ne permet d’affirmer qu’il suffit de lever ces obstacles pour améliorer l’accès au marché communautaire, mais les conséquences de tels accords sur la production locale et le budget de l’Etat pourraient être importantes, d’où tout l’intérêt de cerner les enjeux que ces accords posent dans les échanges de ces PMA avec l’UE. Pour faire une telle étude, notre choix a porté sur le Sénégal. Ce choix s’explique, entre autres, du fait que le Sénégal en tant PMA, membre du bloc ACP, développe une stratégie commerciale basée sur la liberté de commerce et soutient au niveau des instances régionales (UEMOA1, CEDEAO2) ou africaine (UA3, NEPAD4) la nécessité de mettre en place des relations commerciales plus égalitaires. La position géostratégique du Sénégal au niveau de la sous région a aussi été un paramètre déterminant dans ce choix, du fait des effets d’amplification et de diffusion des politiques commerciales sénégalaises sur les pays riverains. Cette étude comprend quatre parties. Dans le premier chapitre, il s’agit de caractériser les échanges agricoles du Sénégal avec l’UE, en insistant sur les possibilités de concurrence aussi bien sur le marché communautaire que sur celui sénégalais. La démarche consiste à analyser le rôle de l’agriculture dans les échanges commerciaux du Sénégal, à recenser les principaux produits qui interviennent dans ces échanges avant de voir les effets de compétition qui pourraient se poser sur les différents marchés. La méthode de l’évaluation diagnostic5 a été combinée avec l’utilisation des indices de Finger et Kreining6 pour faire une telle analyse.

1 Union Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest 2 Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest 3 Union africaine 4 New Economical proggramme for Africa’s development 5 Voir annexe 6 voir annexe

5

Les informations utilisées dans cette partie, ont été extraites des bases de données d’Eurostat7 et d’autres de la commission européenne, sur la période 1988-2003 ainsi que celles d’Afristat8. Les publications officielles faites par Eurostat dont nous avons pu disposer, couvrent la période 1988-2002. Les compléments de données sur l’année 2003, ont été récupérés sur des sites de la commission européenne : « Advice for developing countries exporting to the UE 9» (conseil aux pays en développement qui exportent vers l’UE) et celui de « market access database10 » (base de données sur l’accès au marché communautaire). Dans le second chapitre, nous avons essayé de recenser les différentes politiques commerciales établies par les autorités sénégalaises dans le secteur agricole, de voir si celles qui sont actuellement en vigueur, agissent en faveur d’une ouverture totale des marchés ou d’un protectionnisme (total ou partiel) et de cerner la compatibilité entre la politique sénégalaise et celles des autres pays du bloc CEDEAO. Les données traitées dans cette partie sont tirées, pour l’essentiel, du rapport du secrétariat de l’OMC du 30 juin 2003, présenté par les autorités sénégalaises lors de leur passage devant l’organe d’examen des politiques commerciales (OEPC). Ce rapport porte sur l’examen de la politique commerciale du Sénégal et constitue sa seconde évaluation par l’OEPC. D’autres documents officiels tels que le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) et la loi d’orientation agrosylvopastorale (LOA) rédigée en 2003, ont été mis en contribution pour étayer la portée des mesures énoncées devant l’OEPC et voir les déclinaisons qu’elles ont sur les échanges agricoles du Sénégal avec l’UE. Dans le troisième chapitre, nos analyses ont porté sur les contraintes actuelles et potentielles qui pourraient limiter l’accès des produits agricoles du Sénégal sur le marché de l’UE. Dans ces deux dernières parties nous avons également adopté la méthode de l’évaluation diagnostic pour faire les analyses nécessaires. Notre analyse pour cette partie s’est appesantie sur une étude bibliographique qui s’inspire pour l’essentiel de travaux antérieurs sur les barrières non tarifaires en particulier sur les mesures sanitaires et phytosanitaires. Nous avons aussi utilisé des informations recueillies au cours de quelques entretiens (téléphoniques) obtenus auprès de responsables d’organisations paysannes et d’institut de recherche agronomique (en particulier l’ISRA) et d’officiels des ministères du commerce et de l’agriculture au Sénégal. Enfin, le dernier chapitre est consacré à l’identification des enjeux qui peuvent se poser dans le secteur agricole à partir des scénarios de négociations possibles et de leurs modalités de gestion avant de faire des projections quant à leurs effets sur le développement durable agricole et la sécurité alimentaire au Sénégal.

7 Base de données officielles de la commission européenne, disponible sur cd-rom 8 base de données officielles des pays de l’UEMOA, site www.afristat.com 9http : //export-help.cec.eu.int 10 http: //mkaccdb.eu.int

6

Chapitre I. Caractérisation des échanges agricoles du Sénégal avec l’UE

L’UE constitue le premier partenaire commercial du Sénégal. Ce dernier exporte en moyenne 80% de biens et services sur le marché de l’Union et en importe 75% de ces besoins. Concernant les échanges agricoles, l’UE reste également le premier marché d’exportation du Sénégal. Le solde de sa balance commerciale avec l’UE reste cependant largement déficitaire et ceci depuis la fin des années 70. De nombreuses stratégies et politiques ont été mises œuvre pour améliorer la situation, mais en vain. Aujourd’hui, les autorités sénégalaises estiment que l’adhésion aux APE pourrait permettre à l’économie du Sénégal en général et le secteur agricole en particulier d’engranger des bénéfices suffisants capables de changer la tendance actuelle du solde de la balance commerciale avec l’UE. Cependant, elles conviennent d’accepter que ces accords pourront avoir des conséquences graves sur le secteur agricole. Trois raisons principales permettent aujourd’hui de douter de la capacité des exportateurs sénégalais à tirer profit de ces accords: - D’abord, si l’UE reste le premier marché d’exportation agricole du Sénégal, il n’en demeure

pas moins de constater que la position sénégalaise sur celui-ci reste faible (en moyenne, 0,12% des échanges extra communautaires sur la période 1990-2002). Les exportations agricoles sénégalaises n’ont pas la capacité d’influencer ni sur les stratégies de production des exploitants agricoles de l’UE, ni sur la politique agricole de la communauté. Alors que du fait de son poids sur les échanges agricoles du Sénégal, une mesure prise par l’UE dans le domaine des exportations agricoles, peut bouleverser tous les paramètres de la politique agricole sénégalaise et perturber facilement le marché intérieur.

- Ensuite, si au lendemain de la dévaluation, la plupart des pays ACP ont tiré profit de cette

mesure, tel ne fut pas le cas du Sénégal. Ces exportations agricoles se sont maintenues à leur niveau de 1990, tandis que les importations non-agricoles augmentaient de manière fulgurante. Autrement dit, il semble que les exploitants agricoles sénégalais n’ont pas la capacités d’utiliser une mesure de politique économique et en faire un argument de négociation pour l’amélioration de leur position commerciale.

- Enfin, en plus de ce bilan morose, la signature des APE suppose l’ouverture du marché

sénégalais aux importations européennes. Selon que l’UE décide d’adopter une stratégie de pénétration agressive ou non, ou que les producteurs locaux acceptent de renforcer ou non leurs capacités de production et d’exportation, des perturbations sur le marché et des possibilités de faillites planent sur l’économie sénégalaise.

De ce fait, il importe pour les autorités sénégalaises, avant de s’engager dans ces accords, de s’assurer que l’économie dispose de capacités suffisantes pour permettre aux exportateurs agricoles de répondre aux critères de convergence qui seront institués par ces APE et de cerner les secteurs qui pourraient être déstructurer par les importations en provenance de l’UE. Il s’agit dès lors, de voir si l’adhésion aux APE va permettre à l’économie sénégalaise d’augmenter ces exportations agricoles ou au contraire pourra annihiler les efforts d’amélioration du niveau de la production locale du fait du poids énorme des importations en provenance de l’UE sur le marché.

7

I. L’agriculture dans les échanges commerciaux du Sénégal avec l’UE Comme énoncé précédemment, les échanges commerciaux du Sénégal avec l’UE se caractérisent par un solde global chroniquement déficitaire. Entre 1990 et 2002, le déficit commercial du Sénégal a triplé en l’espace de 12 ans, passant de € 272,6 millions à € 762,5 millions. Ce déficit s’explique d’une part par les niveaux très déséquilibrés des exportations du Sénégal et ses importations de l’UE et d’autre part, par le contenu de ces échanges en produits agricoles et non agricoles. Concernant les échanges agricoles, le solde de la balance est resté constamment excédentaire, mais il n’a pas fortement accru entre 1990 et 2002. Tableau 1 : Echanges commerciaux et agricoles du Sénégal avec l’UE

Rubriques 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Exportations Totales (1) Agricoles(2)

410,9 298,8

381,8 310,3

254,9 216,9

238,3 201,6

286,0 251,9

369,7 257,8

337,3 252,7

349,1 256,3

427,1 284,2

443,7 328,9

388,9 324,7

451,3 337,4

405,7 332,.6

Importations Totales(3) Agricoles(4)

683,5 133,8

644,1 121,3

543,9 124,5

527,1 129,6

533,7 123,0

715,1 154,3

797,4 168,6

881,9 197,1

991,2 188,5

998,8 174,4

1017,2 185,8

1035,6 230,3

1168,1 220,2

Balances Totale -272,6 -262,3 -289,0 -288,8 -247,7 -345,3 -460,1 -532,7 -564,1 -555,1 -628,3 -584,3 -762,5 Agricole 165 189 92,4 72 128,9 103,5 84,1 59,2 95,7 154,5 138,9 107,1 111

Source : Eurostat, 2003 Jusqu’en 1994, les importations comme les exportations en valeur ont, de manière globale, baissé. Les exportations totales ont diminué de moitié, tandis que celles agricoles sont restées quasi constantes. Les importations totales ont chuté de 30% et celles agricoles de 8%.. Avec la dévaluation de franc CFA en 1994, ces échanges commerciaux vont connaître une nouvelle tournure. Les exportations totales vont relever leur niveau à partir de 1995 (avec une légère baisse en 1996) et adopter une tendance à la hausse à partir de 1998 (exception faite pour 2000 et 2002). Concernant le secteur agricole, les exportations en valeur augmentent, mais à un rythme très faible avec un taux moyen inférieur à 2% comparé à son niveau en 1990. Comparativement aux exportations totales où la dévaluation n’a engendré aucune dynamique évolutive de leur niveau, les exportations agricoles ont quand même pu maintenir une certaine stabilité de leur niveau entre 1995 et 2002.

Graphique 1: Evolution des balances agricole et commerciale du Sénégal avec l'UE

-1000

-800

-600

-400

-200

0

200

400

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

A nnée

balance agricole

balancecommerciale

Source : Eurostat 2003

8

A la lecture de ce graphique, on remarque qu’à partir de 1995, la courbe de balance commerciale adopte une chute forte et continue, alors que celle de la balance agricole a tendance à se maintenir par rapport à son niveau de 1994. Autrement dit, la dévaluation a aggravé le déficit de la balance totale et améliore légèrement celle agricole. Cependant, les données du tableau (2) ci-dessous, montrent qu’en moyenne, jusqu’en 1994, les produits agricoles représentaient 80% des exportations totales du Sénégal vers l’UE. Ce ne fut qu’au lendemain de la dévaluation du franc CFA, que leur part moyenne se retrouve à 75%. La part des exportations agricoles a baissé de 5%, en faveur de celles non-agricoles. La part des importations sur le total import qui était de 22% en 1994, se retrouvent au lendemain de la dévaluation à 20% soit une baisse de 2%. L’amélioration du niveau des exportations totales s’est conjuguée avec une augmentation plus que proportionnelle des importations. Cette hausse du niveau des exportations totales a été le fait des produits agricoles et non-agricoles, cependant, cette augmentation a été moins visible pour les produits non-agricoles. Tableau 2 : Part agricole dans les échanges commerciaux du Sénégal avec l’UE

Exportations 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Totales (1) Agricoles(2)

410,9 298,8

381,8 310,3

255 216,9

238,3 201,6

286,0 251,9

369,7 257,8

337,3 252,7

349,1 256,3

427,1 284,2

443,7 328,9

388,9 324,7

451,3 337,4

405,7 332,6

2/1 en% 73 81 85 85 88 70 75 73 67 74 84 75 82 Importations 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Totales(3) Agricoles (4)

683,5 133,8

644,1 121,3

544 124,5

527,1 129,6

533,7 123,0

715,1 154,3

797,4 168,6

881,9 197,1

991,2 188,5

998,8 174,4

1017,2 185,8

1035,6 230,3

1168,1 220,2

4/3 en % 20 19 23 25 23 22 21 22 19 17 18 22 19 Indice 1990 Echanges totaux Echanges agricoles

100 100

96 114

106 56

106 44

91 78

126 63

169 51

195 36

206 58

203 94

230 84

214 65

279 67

Source : Eurostat 2003 La hausse du niveau des exportations et des importations agricoles à partir de 1995 s’explique par le fait qu’au lendemain de la dévaluation, le prix du pétrole ainsi que celui des matières et matériaux d’exploitation en provenance de l’UE ont doublé. Cette situation a contribué à une augmentation des coûts de production internes. De ce fait, en ce qui concernent les exportations agricoles, seuls les produits (fruits et légumes) qui ont bénéficié d’un soutien de l’Etat en termes de fournitures de biens et services (voir chapitre II) ou des partenaires au développement (cas des produits halieutiques par l’UE) ont su profiter de l’application de la mesure. Au niveau des importations, l’arbitrage des consommateurs sénégalais, établi sur la base des niveaux des prix, a conduit ceux-ci à privilégier les biens agricoles importés au détriment de ceux produits localement. En effet, la hausse des coûts de production interne a renchéri les prix des produits locaux. Le kilo de sucre en poudre qui valait 360 Fcfa se retrouve à 600 Fcfa, celui de la farine de blé de 175 à 250 Fcfa, le pot de lait non écrémé de 90 à 175 Fcfa, etc. Cette augmentation du niveau des prix des produits locaux a été tellement importante que les produits importés coûtent moins chers que ceux fabriqués localement. Des tentatives de substitution des produits importés par de nouvelles formes de produits locaux ont été faites dans la perspective de réorienter les comportements de consommation des ménages sénégalais, mais cela n’a pas abouti à des résultats importants. Par exemple, la tentative de substituer la consommation du pain de farine blé par celui à base de mil fut rapidement étouffée par les manœuvres des Grands Moulins Sentenac. De même, le développement de la production locale de poulets de chair fut

9

compromis par les importations européennes de cuisses de poulets. Le volume des importations agricoles a diminué, mais du fait de l’effet du taux de change, leur valeur a augmenté. Il convient cependant de remarquer que malgré l’augmentation du niveau des importations en valeur, cela n’a pas eu beaucoup d’effets sur la balance agricole. Les données du tableau (3) montrent que si jusqu’en 1994, les exportations totales couvraient en moyenne 50% des importations sénégalaises de l’UE, depuis 1995, ce niveau de couverture s’est réduit de 10%. Concernant le secteur agricole, c’est l’effet inverse qui s’est produit. Avant 1994, les exportations agricoles couvraient en moyenne 50% des importations agricoles en provenance de l’UE et depuis 1995, le niveau est de 64,3% en moyenne. Autrement dit, la dévaluation a permis de rehausser les exportations agricoles en valeur, mais a contribué à une amélioration des niveaux de couverture dans le secteur agricole. Tableau 3 : Taux de couverture des échanges commerciaux et agricoles du Sénégal avec l’UE

Rubriques 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Taux de couverture Echanges totaux 60,1 59,3 46,9 45,2 53,6 51,7 42,3 39,6 43,1 44,4 38,2 43,6 34,7 Echanges agricoles 44,7 39,1 57,4 64,3 48,8 59,8 66,7 76,9 66,3 53,0 57,2 68,2 66,4

Source : Eurostat Au total, il apparaît que le secteur agricole joue un rôle essentiel dans les échanges commerciaux du Sénégal avec l’UE, mais n’est pas toujours en mesure de résoudre le déficit de la balance commerciale causé par le développement des exportations des produits non-agricoles. Avec la mise en œuvre dévaluation du franc CFA en 1994, les autorités sénégalaises espéraient trouver un moyen de redresser le solde négatif de la balance commerciale, cependant tel ne fut le cas. La dévaluation n’a pas permis de doper les exportations totales du Sénégal vers l’UE. Elle a plutôt favorisé une présence plus massive des produits de la communauté européenne sur le marché domestique. Entre 1990 et 2002, les importations totales ont été multipliées par 2 tandis que les exportations sont restées presque stables. Dans le secteur agricole, les exportations ont augmenté, mais cette hausse a été contrebalancée par celle des importations. L’amélioration de la balance agricole n’a pas été assez forte pour amoindrir l’effet négatif des importations non-agricoles sur la balance totale. L’impact positif ou négatif des APE va assurément porter davantage sur le secteur agricole avant de se répercuter sur l’économie sénégalaise de manière globale. Si les APE pouvaient permettre à cette dernière d’exploiter à fond son potentiel d’exportation agricole et de limiter les effets négatifs d’une concurrence avec les importations agricoles de l’UE, c’est toute la question du développement du secteur agricole qui sera résolue. De ce fait, poser la problématique de l’approfondissement des conditions de commerce entre l’UE et le Sénégal à travers la signature d’APE, suppose que les mesures qui vont être prises pourront permettre à l’économie sénégalaise d’offrir à la production locale et aux exportations en particulier, les conditions idoines pour s’imposer sur le marché communautaire et permettre à la production locale de résister à la concurrence des produits agricoles de l’UE. Pour pouvoir apprécier ces effets, il importe d’abord d’identifier les principaux groupes de produits agricoles qui interviennent dans ces échanges, de spécifier leur contenu et d’analyser les modalités selon lesquels que les APE pourraient avoir un effet sur leur développement.

10

II. Structure des échanges agricoles du Sénégal avec l’UE Les échanges agricoles du Sénégal avec l’UE essentiellement portent, en ce qui concerne les exportations, sur les produits halieutiques, l’huile et les tourteaux d’arachide ainsi que les légumes. Concernant les importations, il s’agit principalement du lait et des crèmes de lait, des céréales, des huiles végétales, du sucre, des conserves diverses et des légumes. Les huiles végétales et les légumes sont à la fois exportées et importées par le Sénégal.

A. Structure des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE Le Sénégal vers l’UE des produits halieutiques (poissons, crustacées et mollusques, ainsi que des conserves de poissons), de l’huile brute d’arachide, des légumes et des aliments de bétail (tourteaux d’arachides).

Graphique 3 : Part des différents produits dans les exportations agricoles du Sénégal vers l'UE entre 1990 et 2003

poissons, crustacées, molllusques, à l'état frais,

congelés et réfrigérés51%

conserves de poissons13%

huiles et graisses21%

légumes3%

aliments de bétails6%

autres6%

poissons, crustacées, molllusques, à l'état frais,congelés et réfrigérésconserves de poissons

huiles et graisses

légumes

aliments de bétails

autres

En moyenne, ces cinq produits représentent 94% des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE sur toute la période 1990-2003. Les exportations de poissons, crustacés et mollusques ainsi que celui des légumes ont connu une hausse maintenue, respectivement de 24 et 48% en moyenne tandis que celles d’huile d’arachide, de conserves de poissons ainsi que de boissons, liquides alcooliques et vinaigre ont, en moyenne chuté. Pour l’huile d’arachide cette baisse a été de 33%, les conserves de poissons de 27% et les boissons, liquides alcooliques etc. de 43%.

11

1 . Les exportations de poissons, crustacées et mollusques Elles sont constituées pour l’essentiel par des exportations de poissons entiers, de crustacés et mollusques (frais ou congelés), de filets de poissons (frais ou congelés) et de produits sous d’autres formes (pulpes de poissons congelées en bloc, poissons sans tête ou sans arête, œufs et gésiers de mulet). Le thon, la crevette nordique, le merlu, ainsi que les espèces vivant dans les hauts-fonds telles que le mérou et les céphalopodes restent les principales espèces recherchées.

Graphique : 4 Composition des exportations de poissons, crustacés et mollusques du Sénégal vers l'UE en 2003

thons, espadons,et autres poissons, frais ou réfrigérés

22%

thons, espadons,crabes,pieuvre,poulpe et autres poissons, congelés

7%

filets de poissons à chair blanche (mérous, dorades,

capitaines, soles)17%

autres0%

langoustines, crevettes, crabes, homards

16%

poulpes, seiches,calmards,cymbium,etc.

38%

thons, espadons,et autres poissons, frais ouréfrigérésthons, espadons,crabes,pieuvre,poulpe et autrespoissons, congelésfilets de poissons à chair blanche (mérous,dorades, capitaines, soles)autres

langoustines, crevettes, crabes, homards

poulpes, seiches,calmards,cymbium,etc.

La part de ces produits dans les exportations agricoles du Sénégal vers l’UE, est passée de 43% entre 1990-1994 à 56% entre 1995-2000 pour se retrouver à 59% en 2003. Cette hausse constatée en 1995 a été possible grâce à un financement à 100% par l’UE de la mise en place du système HACCP11 et s’explique essentiellement du fait du dynamisme des exportations des mollusques réfrigérés ou congelés et des filets de poissons. - Les mollusques réfrigérés et congelés représentent en moyenne 35% des exportations pour ce groupe et concernent les poulpes, les pieuvres, les camards et les cymbia. Leur part de croître passant 21% en 2000 à 31% en 2003. Aujourd’hui, il existe une certaine spécialisation dans les exportations de céphalopodes et l’Etat sénégalais tente de mettre en place des structures de transformation du blanc de seiche, du poulpe préparé ou découpé et des têtes et pattes d’encornet et d’améliorer leur présentation. - Les poissons congelés constituent 22% des exportations de ce groupe et portent sur le thon, les espadons, les merlus, les crabes, les poulpes et d’autres espèces de poissons à l’état congelé. - Les filets de poissons à chair blanche représentent 17% des exportations de ce groupe. Leur part continue de baisser passant de 26% en 2000 à 22% en 2002. Cette situation est due aux tensions qui ont prévalu durant les négociations sur le nouvel accord de pêche entre l’UE et le Sénégal et des conditions d’élaboration de ces produits (la plupart des entreprises d’exportation 11 hazard analysis critical control point

12

ne sont pas parvenues à renouveler leur système HACCP). Les produits ciblés sont le mérou, la dorade, le capitaine et la sole. Les conditions du nouvel accord prévoient l’amélioration des infrastructures de stockage et de transformation et la limitation des captures à 4500 tonnes par an, dont 1000 tonnes débarquées et transformées au Sénégal. - Les crustacés vivants ou frais, réfrigérés, congelés, séchés, salés ou en saumure, etc. Il s’agit pour l’essentiel des langoustines, des crevettes (gambas), des crabes et des homards. Leur part dans les exportations de produits de la pêche a beaucoup baissé entre 2000 (35%) et 2003 (16%), soit une réduction d’environ 50% en l’espace de trois ans. Les crevettes représentent 45% des exportations de ce groupe, suivies des homards 27%, puis des crabes et langoustines (28%). Le nouvel accord compte réduire le niveau des captures de 4119 TJB12/mois à 3500TJB/mois en moyenne annuelle. L’UE maintient le nombres des chalutiers congélateurs promus à cette activité (29 navires). En dehors de ces produits principaux, le Sénégal exporte des poissons frais (7% en moyenne) et de la farine de poissons (12% en moyenne) sur la période 1990-2003.

2 . Les exportations de graisses, huiles animales et végétales et ses dérivées Elles concernent l’huile brute d’arachide, avec 20% des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE sur la période 1990-2002. Premier produit d’exportation du Sénégal vers l’UE dans les années 70-90, l’huile d’arachide a vu sa part se réduire depuis 1995, passant de 25% sur la période 1990-1995 à 18% entre 1996-2000 et 19% entre 2001-2003. Cette situation est liée à la décision de la multinationale française Lesieur (actionnaire majoritaire sur le capital de la SONACOS13) d’arrêter l’importation d’huile d’arachide et de promouvoir le développement de l’huile de colza et de tournesol. Ce programme a été entamé en France à la fin des années 70 et ce n’est que vers le début des années 90 que son impact sur les exportations d’huile d’arachide du Sénégal s’est le plus accentué. Ces exportations ont baissé entre 1990 et 1995 avec € 97,389 millions en 1990 à €36,765 millions en 1994. La dévaluation en 1995 ne va pas faciliter la tâche aux exportateurs sénégalais d’huile d’arachide. Non seulement l’UE introduit les normes sur l’aflatoxine, mais l’huile de palme commence à gagner du terrain sur le marché communautaire. Avec la libéralisation de la filière arachide, on assiste à une désorganisation totale du secteur. Les prix peu intéressants proposés par les sociétés de collecte des récoltes, ont amené les producteurs à se tourner vers les filières informelles. La baisse des stocks disponibles en agissant sur les niveaux de production contribue à une réduction des exportations d’huile brute d’arachide du Sénégal vers l’UE.

3 . Les exportations de conserves de thons et d’autres préparations de produits de pêche

Les exportations de conserves de poissons, plus précisément de thons et autres préparations de produits de pêche, constituent le troisième poste clé des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE. Leur évolution est très instable et les écarts annuels très importants. Avec un pic atteint en 1998 de € 50,376 millions et un minimum de € 17,542 millions en 2000, leur part dans les exportations agricoles ne cesse de décroître à un rythme vertigineux depuis 1998.

12 Tonne de Jauges Brutes 13 société nationale de commercialisation des oléagineux

13

En 2003, ces exportations concernaient les conserves de thons et préparations de caviar (96%) ainsi que les préparations de crevettes (4%). Le Sénégal dispose de quatre conserveries de poissons installées dans la zone industrielle de Dakar. Elles sont pour l’essentiel des sociétés de droit sénégalais, mais dont les actions appartiennent en majorité à des résidents européens. Elles utilisent beaucoup de main d’œuvre et jouent un rôle social très important au Sénégal.

4 . Les exportations de légumes Avec 7% des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE, la part des légumes a connu une hausse nette quasi-constante de 1990 à 2002 et une légère baisse en 2003. Les haricots verts et les tomates cerise constituent les principaux légumes exportés par le Sénégal vers l’UE. Les exportations de patates douces, d’asperges et de courgettes restent timides. Des efforts sont entrain d’être faits depuis 2000, pour augmenter le niveau des exportations de piments et de gombos, mais les quantités concernées restent faibles. Les haricots vert filets et Bobby à l’état frais ou réfrigéré, représentent 69% des exportations des légumes, suivis des tomates cerise à l’état frais ou réfrigéré, 28%, des patates douces 2% et des asperges, courgettes, etc.(1%). Les exportations de légumes du Sénégal vers l’UE sont fortement concurrencées par celles des autres pays de la sous-région et du Maghreb (en particulier l’Egypte) et depuis 2000, elles connaissent de réelles difficultés liées à l’établissement de normes évolutives sur le marché de l’UE (voir troisième chapitre).

5 . Les exportations d’aliments de bétail Elles sont constituées pour l’essentiel par des tourteaux d’arachide sous formes solides ou agglomérées. Entre 1990 et 2003, leur part représentait en moyenne 6% des exportations agricoles du Sénégal. Ils ont connu une forte baisse de 1990 à 1998. Ce n’est qu’en 1999 que les exportations en valeur ont connu un fort rebond. Cependant, cette hausse n’a pas duré car depuis 2002, elles ont encore baissé passant de € 23,66 millions à € 8,282 millions en 2003. Les tourteaux d’arachides sont le principal produit de ce groupe. Ces exportations rencontrent aujourd’hui des problèmes liés à leur prix d’achat sur le marché de l’UE peu intéressant, de son coût de transport vers ce marché très élevé et de la forte concurrence des produits de substitution mis en place par l’UE dans le cadre de son programme d’amélioration animale. En dehors de ces produits essentiels, le Sénégal exporte vers l’UE des fruits, précisément des melons, mangues, pastèques, fraises et papayes, de la gomme arabique dont la part a chuté au lendemain de la dévaluation du franc CFA de 50%, ainsi que du sucre (blanc et de cannes). Les exportations agricoles du Sénégal vers l’UE ont beaucoup évolué et la tendance majeure est à la baisse Tableau 4 : Evolution du niveau des exportations des principaux produits agricoles du Sénégal en € millions Produits 1990-1994 (1) 1995-1999 (2) 2000-2003 (3) Ecart (2-1) Variation Poissons, crustacés et mollusques 675,909 841,052 570,112 + 165,143 Hausse de 24% Légumes 35,71 52,791 44,348 + 17,081 Hausse de 48% Huiles d’arachides et tourteaux 396,493 266,408 181,137 -130,085 Baisse de 33% Conserves de poissons 251,127 181,929 760,66 - 69,199 Baisse de 27% Aliments de bétail 109,779 62,678 51,878 - 47,101 Baisse de 43% Source : Eurostat, 2003

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B. La structure des marchés d’exportations sénégalaises dans l’UE Le Sénégal exporte l’essentiel de ces produits agricoles sur le marché français. Depuis 1999, des efforts sont en train d’être consentis pour accéder davantage aux marchés belge, allemand, italien, espagnol, portugais et anglais, mais les résultats restent encore peu satisfaisants. Tableau 5 : Les marchés d’exportations agricoles du Sénégal au sein de l’UE en 2002.

Exportations Principaux produits Pays Part en % Tendance Poissons, crustacés

et mollusques Conserves

de poissons Huile

d’arachide Légumes Aliment de

bétail Allemagne 6 Hausse 3 4 1 0 0 Autriche 1 Stagnation 2 1 0 0 0 Belgique 9 Baisse 4 25 9 9 0 Danmark 1 Stagnation 2 3 0 0 0 Espagne 3 Hausse 17 3 2 4 2 Finlande 1 Baisse 0 0 0 0 0 France 57 Baisse 31 53 45 62 72 Grèce 1 Hausse 1 2 0 0 0 Hollande 4 Hausse 3 0 2 5 17 Italie 8 Hausse 27 7 35 17 3 Luxembourg 1 Baisse 0 0 1 3 4 Norvège 1 Baisse 1 2 0 0 0 Portugal 3 Baisse 4 1 2 0 2 Royaume Uni 3 Stagnation 2 0 3 0 0 Suède 1 Stagnation 3 0 0 0 0 UE 100 Baisse 100 100 100 100 Source : calculs personnels à partir de données Eurostat. De manière globale, les produits sénégalais ont perdu entre 1990 et 2003 une part importante dans le marché de l’UE. Les niveaux d’exportation sur la plupart des marchés ont baissé ou stagner. La France reste le premier partenaire commercial du Sénégal au sein de l’UE. 57% des exportations sénégalaises sont destinées vers ce marché. Cependant depuis 1997, la tentative de diversification des marchés d’exportation par les opérateurs sénégalais, fait que la France reste la première destination des exportateurs sénégalais dans l’UE, mais leur part ne cesse de baisser (en moyenne de 2% depuis 1995). Par contre les exportations vers les marchés de l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et de la Belgique augmentent mais légèrement. La timide diversification des marchés d’exportation au sein de l’UE reste liée aux difficultés relatives à l’établissement des formalités administratives et surtout à la distance linguistique. Les nouveaux marchés ciblés concernent principalement la Norvège et le Royaume Uni (huile d’arachide), l’Espagne (légumes) et Italie, Espagne, Hollande et l’Allemagne (les poissons, crustacés et mollusques). Concernant ces derniers produits, la gestion des marchés d’exportation est davantage du ressort de l’UE qui signe selon une périodicité bien définie des contrats de pêche avec les autorités sénégalaises. Il n’empêche cependant, que certains pays de l’UE, qui ont des intérêts sur le développement d’un produit précis (surtout les conserves de poissons) appuient la stratégie mise en place par les autorités sénégalaises pour le développement de cette filière (exemple du financement de la mise en place laboratoire de recherche pour la normalisation des conserves de poissons et autres produits agricoles par l’Espagne). Aujourd’hui, les exportations agricoles sénégalaises sont confrontées à une double concurrence sur le marché de l’UE. Une, provenant du reste du monde et une autre menée par les pays du bloc CEDEAO.

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1 . Concurrence entre les exportations sénégalaises avec celles des autres pays de la CEDEAO sur le marché de l’UE

Le Sénégal reste le troisième exportateur agricole de la CEDEAO vers l’UE derrière la Côte d’Ivoire et le Ghana. Il joue un rôle très important dans les exportations d’huile brute d’arachide, de poissons, crustacées et mollusques, de conserves de poissons ainsi que de tourteaux d‘arachide du bloc vers l’UE. L’analyse des données du tableau (6) montre que les opérateurs sénégalais exportent vers l’UE davantage d’aliments de bétail, d’huile d’arachide, de poissons, crustacés et mollusques et de légumes. Tableau 6 : Part, par produit, du Sénégal dans les exportations agricoles de la CEDEAO vers l’UE

Produits 1995 2000 2003 Rang Part en % Rang Part en % Rang Part en % Animaux vivants 1er 32 2ème 19 1er 20 Viandes et abats comestibles 7ème 0 8ème 0 7ème 0 Poissons, crustacés et mollusques 1er 57 1er 55 1er 36 Lait, crèmes de lait et dérivés 1er 0 3ème 0 5ème 0 Autres produits d’origine animale 3ème 2 3ème 3 2ème 6 Plantes vivants et produits de la floriculture 5ème 0 7ème 0 5ème 0 Légumes 3ème 21 3ème 30 2ème 25 Fruits 6ème 0 4ème 1 5ème 0 Café, thé, maté et épices 13ème 0 14ème 0 14ème 0 Céréales Nd 0 5ème 1 1er 33 Farines de céréales (blé, méteil) 5ème 4 4ème 8 4ème 1 Graines et fruits oléagineux 4ème 10 5ème 8 1er 51 Gomme, résines et autres extraits végétaux 2ème 44 2ème 38 7ème 0 Matières à tresser, bois ,etc. 7ème 01 5ème 1 1er 53 Huiles d’origine animale ou végétale 1er 56 1er 73 1er 45 Conserves de poissons et/ou de viandes 1er 16 2ème 9 3ème 11 Sucres et sucreries 2ème 6 2ème 15 5ème 0 Cacao et préparations à base de cacao 5ème 0 5ème 0 5ème 3 Préparations à base de céréales, ou de lait 4ème 1 3ème 1 5ème 0 Préparations de légumes et fruits 3ème 1 4ème 1 5ème 0 Préparations alimentaires diverses Nd 0 Nd 0 6ème 0 Boissons, Liquides alcooliques et vinaigre 5ème 2 4ème 0 5ème 0 Aliments de bétail 1er 36 1er 46 1er 48 Tabacs Nd 0 Nd 0 Nd 0 Coton 5ème 4 5ème 4 7ème 3

Source : Eurostat 2003 La concurrence qui existe entre les produits sénégalais et ceux des autres pays de la CEDEAO sur le marché de l’UE portent sur : - Les poissons, crustacés et mollusques dont les principaux pays concurrents sont le Nigeria,

la Guinée Bissau, la Guinée et le Mali. De manière relative, les exportations sénégalaises pour ces produits n’ont pas vraiment accru comparés à celles des autres pays du bloc. Entre 1995 et 2003, le Nigeria a plus que doublé ces exportations, passant de €36,269 millions en 1995 à € 50,578 millions en 2003, avec un pic de €64,534 millions en 2000. Celles de la Guinée qui étaient de € 9,115 millions en 1995, se sont retrouvées à € 24,041 en 2003, et le Ghana de €4,917 millions en 1995 à €29,687 millions en 2003, soit une multiplication par 7 de leur valeur en 1995. La valeur de ces exportations pour le Sénégal est passée de €122,73 millions en 1995 à €146,513 millions en 2003 soit une hausse moyenne de 20% en l’espace de 5 ans.

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- L’huile végétale qui est exportée sur le marché de l’UE par la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Les exportations d’huile de la côte d’ivoire et du Nigeria concernent l’huile de palme. Seulement, avec la place importante qu’elle occupe actuellement dans les préparations culinaires des consommateurs européens, l’huile de palme exportée augmente d’année en année. Les exportations d’huile d’arachide ont fortement chuté pour le Sénégal passant de € 65,15 millions en 1995 à € 46,736 millions en 2003 avec un pic de € 77,791 millions en 2000. Au même moment, le Ghana a multiplié par 7 la valeur de ces exportations entre 1995 (€2,369 millions) et 2003 (€16,249 millions). Les pays comme la Côte d’Ivoire et le Nigeria, qui exportent une part importante de ce produit vers l’UE, ont vu le niveau de leurs exportations en valeur chuter fortement durant cette période (52% pour le Nigeria et 20% pour la Côte d’Ivoire).

- Les conserves de poissons : En 1995, le Sénégal constituait le second exportateur de ce

produit vers l’UE au sein du bloc, derrière la Côte d’Ivoire avec respectivement €40,406 millions et €190,478 millions. En 2000, les exportations de la CEDEAO pour ce groupe se sont affaiblies de manière globale et cette situation s’est manifestée au Sénégal par une réduction de 23% de son niveau (€17,542 millions), 1,7% pour la Côte d’Ivoire (€115,279 millions) et une forte hausse pour le Ghana passant de €22,669 millions en 1995 à €69,43 millions en 2000. En 2003, la tendance est restée la même. En dehors d’une légère hausse de leur valeur pour la Côte d’Ivoire (€ 120,1 millions), les exportations de conserves de poissons du Sénégal n’ont connu qu’une faible amélioration en 2001 (€27,894 millions) pour baisser à nouveau en 2003 (€ 25,088 millions).

- Les légumes : Le Sénégal est le deuxième exportateur de légume au sein de la CEDEAO

derrière le Ghana. Entre 2000 et 2003, la part des exportations de ce groupe de produits par la CEDEAO vers l’UE a baissé de 5,7%, tandis que celle du Sénégal qui était de 30% en 2000, est passée à 34% en 2003. La part du Ghana a relativement augmenté (de 37 à 39%), mais moins proportionnellement par rapport au Sénégal. Le Cap vert et le Togo, qui jouaient des rôles importants dans les exportations de ce groupe de produits vers l’UE, ont vu depuis 2003, leur poids baisser considérablement (Cap Vert, 12% en 2000 et 8% en 2003, et Togo, 5% en 2000 et 2% en 2003).

2 . Spécialisation des exportations du Sénégal dans les marchés de l’UE En dehors de la concurrence en provenance des pays de la CEDEAO, les exportations agricoles du Sénégal doivent affronter d’autres produits provenant d’autres pays du monde. Pour comprendre la manière dont les exportateurs agricoles sénégalais se positionnent par rapport à cette concurrence, nous utilisons l’indice de Finger et Kreining14 appliqué aux exportations agricoles du Sénégal vers l’UE. Cet indice nous donne une information sur la place d’un produit dans les exportation d’un pays comparé à des concurrents. Plus l’indice tend vers 100, plus le pays est spécialisé dans les exportations de ce produit vers le marché donné et dans le cas inverse, ce pays, ce produit n’est pas déterminant dans les exportations de ce produit vers le marché considéré. Selon les données du tableau (7), portant sur les années 1992, 1995, 2000 et 200115, on constate que comparativement au reste du monde le Sénégal s’est spécialisé dans les importations européennes de produits halieutiques et d’huile d’arachide.

14 voir annexe pour méthode de détermination 15 années pour lesquelles nous disposons de données Eurostat corrigées sur les importations totales de l’UE

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Des efforts sont en train d’être faits sur les exportations de légumes, et d’aliments de bétail, mais il reste encore faible. Tableau 7 : Indice de Finger et Kreining appliqué aux exportations agricoles du Sénégal vers l’UE, comparativement au reste du monde.

Produits 1992 1995 2000 2001 Animaux vivants 0 2 2 2 Poissons, crustacés et mollusques 24 271 356 325 Légumes 1 13 29 29 Fruits 0 1 3 3 Graines et fruits oléagineux 1 12 10 8 Gommes, résines et autres extraits végétaux 3 26 11 12 Matières à tresser, bois, etc. 0 0 1 1 Graisses et huiles d’origine animale ou végétale 4 55 84 89 Conserves de poissons et/ ou de viandes 6 78 58 100 Sucres et sucreries 0 0 3 3 Aliments de bétail 2 19 33 36 Coton 0 5 5 2

Source : Calculs personnels à partir de données Eurostat 2003 Comparés aux exportations en provenance du reste du monde et de la CEDEAO, il n’existe aucun produit pour lequel les exportateurs sénégalais parviennent à satisfaire la demande européenne à hauteur de 5%. Jusqu’en 2000, le niveau de spécialisation des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE comparé aux pays de la CEDEAO et du reste du monde était relativement élevé. Depuis 2001 il ne cesse de chuter fortement. Les exportations sénégalaises de poissons, crustacés et mollusques, d’huile d’arachide, de tourteaux d’arachide et de conserves de poissons ont actuellement du mal à se frayer une place sur le marché communautaire. La forte concurrence qu’elles rencontrent en provenance à la fois du bloc CEDEAO et du reste du monde limite les possibilités d’amélioration de leur part sur ce marché. Pour le coton, le Sénégal est en train d’améliorer timidement sa position sur le marché de l’UE, et concernant les fruits et légumes, ils sont fortement menacés par cette concurrence. Tableau 9 : Indice de Finger et Kreining appliqué aux exportations agricoles du Sénégal sur le marché de l’UE, comparativement à la CEDEAO et au reste du monde

Produits16 1992 1995 2000 2001 Animaux vivants 0 1 0,4 0,3 Poissons, crustacés et mollusques 3,5 5 5 4,3 Autres produits d’origine animale 0 0 0,2 0,3 Plantes vivants et produits de la floriculture 0 0 0 0,4 Légumes 1 1,4 2 2 Fruits 1 1,3 1 1 Graines et fruits oléagineux 2,5 3 2,2 1,1 Gommes, résines et autres extraits végétaux 1 3 1 1 Graisses et huiles d’origine animale ou végétale 4 6 6 0,1 Conserves de poissons et/ ou de viandes 11 11 3,1 0 Sucres et sucreries 0 0 6,1 0 Aliments de bétail 7 9 9 05 Coton 0.2 1,3 9 0 Total 31,2 42 54,2 11

Source : calculs personnels à partir de données Eurostat 2003

16 voir nomenclatureEurostat

18

On constate au total qu’en dehors des difficultés liées aux contraintes techniques, les exportateurs agricoles sénégalais doivent résoudre une autre question : l’existence de structures d’exportation qui se ressemblent pourra être un facteur de conflit interne à la CEDEAO dans le cadre des négociations si chaque pays met en avant ses intérêts particuliers. Il convient de souligner à ce niveau que les exportations agricoles du Sénégal ne viennent pas en concurrence avec la production agricole de l’UE. Elles viennent en complémentarité à la production agricole de la CE, même si certains produits font l’objet d’une substitution (huile d’arachide par celle du colza et du tournesol). Actuellement, les exportateurs sénégalais se font des soucis sur les possibilités d’exportation de l’huile brute d’arachide et des produits dérivés de l’arachide (tourteaux et pâte) sur le marché Unique. Les niches d’exportation constituées par les légumes et fruits sont confrontés aux normes SPS et la source de recettes d’exportations la plus importante (et qui entretiennent une pépinière d’entreprises locales assez dynamiques) à savoir les ressources halieutiques rencontre des difficultés certaines sur la durabilité de sa gestion. Au total, on constate que les exportations agricoles du Sénégal viennent en complément à la production de la communauté. La concurrence que ces produits d’exportation subissent sur ce marché provient du reste du monde mais aussi des pays de la CEDEAO. Il convient dès lors de revoir sa stratégie à la fois de production et commerciale pour espérer profiter au maximum de ces futurs accords. Cependant, une question bien délicate pour le secteur agricole reste les impacts possibles des importations agricoles de l’UE sur la production locale.

C. Structure des importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE

Les importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE sont très diversifiées. Entre 1990 et 2003, plus de 50% de ces importations sont le fait de trois produits : le lait, crèmes de lait et ses dérivés (19%), les graisses et huiles végétales ou animales (18%) et les céréales (17%). Cependant le Sénégal y importe aussi beaucoup de sucre (9%), des préparations alimentaires diverses (7%), et d’autres produits pour la plupart élaborés.

19

Graphique 5: Structure des importations agricoles du Sénégal en provenance de l'UE de 1990 à 2003

poisssons, crustacés et mollusques

4%

lait, crème de lait et dérivés19%

légumes5%

céréales17%

farines de céréales2%

graisses et huiles végétales ou animales

18%

sucres et sucreries9%

préparations alimentaires diverses

7%

boissons, liquides alcooliques et vinaigre

4%

coton3%

viandes et abats comestibles1%

préparations à base de céréales, d'amidon, de lait

3%

préparations de légumes, fruits ou plantes

2%

autres6%

Source : Eurostat 2003 Les produits agricoles importés par le Sénégal de l’UE sont pour l’essentiel des produits alimentaires, consommés en grande quantité dans le pays (la part alimentaire dans les dépenses de consommation est de 53,6%17). Le lait, les crèmes de lait et ses dérivés, occupent une part très importante dans ces importations. Le Sénégal en produit mais, pour des quantités très faibles. Les problèmes liés à la qualité des produits, aux conditions de conservation et de conditionnement arbitrent en faveur d’une importation plutôt qu’à une intensification de la production locale. Certes des efforts sont en train d’être fait dans ce sens, mais l’objectif n’est pas la recherche d’une autosuffisance. Les céréales (blé et méteil) représentent le second produit d’importations agricoles du Sénégal de l’UE. Avec les productions importantes de farines des Grands Moulins Sentenac (GMS) de Dakar, les habitudes de consommation de produits céréaliers (particulièrement de pain) et l’impossibilité à développer de telles spéculations sur ses terres, le Sénégal se trouve dans l’obligation de les importer. Certes, les tentatives de substitution du pain de farine de blé par celui à base de mil ont eu dans leur début une bonne audience auprès des populations sénégalaises, mais celles-ci furent rapidement percutées par les manœuvres des GMS sous le regard indifférent de l’Etat. Le Sénégal importe également de l’huile végétale (particulièrement soja et colza) de l’UE. Ces importations suivent une logique commerciale qui procède d’un arbitrage entre vendre une production locale de qualité sur les marchés étrangers à un prix très intéressant et importer un produit similaire, mais de qualité inférieure à un coût très faible et accessible à la majeure partie de la population. La structure des importations agricoles du Sénégal en provenance l’UE n’a pas beaucoup changé entre 1990 et 2003. Les quelques fluctuations intervenues se sont opérées sur la période 1995-

17 Direction des statistiques et de la prévision, 1999

20

1999 et concernent les importations de céréales, de préparations alimentaires diverses, de légumes et de boissons alcooliques. Les importations de ces deux derniers produits ont connu une hausse, tandis que celles des huiles végétales, du sucre, du coton et des poissons, crustacés ou mollusques ont baissé. Entre 2000-2003, c’est la tendance de 1995-1999 qui s’est maintenue. Ces variations sont faibles et restent entre 2 et 1% en dehors des huiles végétales (5%). Tableau 10 : Part agrégée des principaux groupes de produits dans les importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE de 1990 à 2003

Groupes de produits 1990-1994 1995-1999 2000-2003 Lait, crèmes de lait et dérivés 20% 20% 20%

Céréales 18% 20% 20%

huiles végétales 17% 12% 12% Sucres et sucreries 8% 6% 6%

Préparations alimentaires diverses 8% 10% 10% Légumes 5% 7% 7%

Boissons, liquides alcooliques et vinaigre 4% 5% 5% Coton 3% 2% 2%

Poissons, crustacés ou mollusques 3% 2% 2% Viandes et abats comestibles 2% 3% 3%

Autres 12% 13% 13% Source : Eurostat 2004 L’ouverture du marché sénégalais se conjugue avec l’application de quelques restrictions. Celles-ci ne coïncident pas toujours avec les besoins des producteurs agricoles du Sénégal, mais aident surtout les industries agroalimentaires. Il suffit d’observer l’évolution des principaux produits d’importation dans la structure des importations agricoles pour s’en convaincre.

1 . Les importations de lait, crèmes et dérivés du lait Elles ont en moyenne, représenté sur la période 1990 et 2003, 19% des importations agricoles du Sénégal de l’UE. Ces importations sont constituées pour l’essentiel par le lait concentré (80% en moyenne), lait non concentré (8%), les fromages et caillebottes (7%), les margarines (6%) et les œufs frais, jouent des rôles de second plan dans les importations de ce groupe de produits.

2 . les importations de graisses et huiles d’origine animale ou végétale Elles représentent en moyenne 18% des importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE. Leur part a beaucoup fluctué (17% entre 90-94 à 11% entre 95 et 2000) et parvient difficilement à garder une tendance stable. Les produits concernés sont l’huile de soja (58% en moyenne), avec une part qui ne cesse de baisser : 65% entre 1990-2000 à 49% en 2002 et 29% en 2003 ; les margarines qui ne cessent de hausser depuis 2002 (41% en 2002 et 45% en 2003) et l’huile de colza dont la part reste très modeste (22% en 2003).

3 . les importations de céréales Les céréales constituent le troisième produit le plus important au niveau des importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE avec 17% entre 1990 et 2003. Elles ont beaucoup fluctué entre 1990 et 2003 passant de 18% à 20%. Malgré la hausse du prix de la farine de froment (blé) et de méteil qui a plus que doublé et la campagne de sensibilisation « consommez

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local » soutenue par le gouvernement au lendemain de la dévaluation, ces importations en valeur n’ont pas baissé. Elles sont le fait des froments et méteils avec en moyenne une part de 99,8% ainsi que du riz et du maïs 0,2% (respectivement depuis 2000 et 2002). L’arrivée de ces nouveaux produits n’a pas affecté en valeur absolue les importations de froment et méteil dont les montants ont connu une progression positive de 2000 à 2003.

4 . Les importations de sucres et sucreries Avec 9% des importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE sur la période 1990-2003, leur part sur le total a beaucoup fluctué passant de 8% entre 1990-1994, pour se retrouver à 6% entre 1995-1999 et 2000-2003. Pourtant en 1996, leur part était négligeable. Ce n’est qu’à partir de 2000 qu’on a constaté une augmentation d’abord légère (3%) puis assez importante (9%) en 2001. Ces importations sont le fait des sucres de cannes et de betteraves qui représentent en moyenne 95% des importations de ce groupe ainsi que d’autres sucreries (1%) et des mélasses caramélisées (1%). Les importations de sucre font l’objet d’une réglementation de la part des autorités sénégalaises. L’objectif est d’éviter qu’elles ne viennent en concurrence avec la production locale qui fait l’objet d’un monopole privé en l’occurrence la Compagnie, Sucrière Sénégalaise (CSS). Seules les importations de sucreries sans cacao sont libéralisées. Toutes les autres importations sont réservées exclusivement à la CSS, qui les utilisent soit pour combler son déficit de production (cas des importations de sucres de cannes et de betteraves), soit pour alimenter ces industries de transformation en matières premières (importations de mélasses).

5 . Les importations de préparations alimentaires diverses. Avec 7% des importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE, leur part a augmenté passant de 8% entre 1990-1994 à 10% entre 1995-1999 et se maintient à ce niveau depuis 2000. Au lendemain de la dévaluation, ces importations ont fortement chuté. Elles concernent les concentrés de café (1%), la moutarde et la farine de moutarde (14%), les conserves de viandes, de poissons, de fruits, de légumes, etc., pour enfant ou à usage diététique (37%), les glaces de consommation (3%) et d’autres préparations alimentaires (45%).

6 . Les importations de légumes La part des importations de légumes n’a beaucoup varié, cependant leur valeur a quasiment augmenté sur toute la période 1990-2003. Les principaux produits concernés sont : - les oignons, aulx, poireaux et à l’état frais ou réfrigéré avec 60% des importations de

légumes entre 1990 et 2003. Leur part a connu une hausse de 1996 à 2000 (de 2%) et depuis 2001 commence à se réduire (baisse de 4%). Ces produits viennent en concurrence avec la production locale.

- les pommes de terre à l’état frais avec 32% et dont les importations rencontrent des

difficultés sous-jacentes à l’arbitrage par les ménages entre sa consommation et celle de la patate douce, le développement de sa production dans les Niayes et des mesures tarifaires;

- les carottes, navets, betteraves à salades, radis et autres légumes à l’état frais avec

en moyenne 7% des importations de légumes, (…). Leur part augmente en moyenne de 1% par an, et depuis 2000, le taux de croissance est passé à 2% puis 4% en 2003.

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Au total, les importations agricoles du Sénégal concernent pour l’essentiel des produits que le Sénégal ne dispose qu’en quantité limitée. Leur niveau reste relativement faible comparativement aux exportations agricoles. Depuis 2000, on constate une augmentation du niveau de ces importations (lait, margarines, céréales, sucres, pommes de terres, autres légumes, conserves de viandes). Les produits importés sont très diversifiés et la plupart d’entre eux ont atteint des niveaux d’élaboration industrielle considérables. Les importations agricoles de l’UE constituent des menaces pour les industries de production de sucre raffiné et de concentrés de tomates. Elles posent également des soucis au secteur de l’élevage et particulièrement de la volaille ainsi qu’aux producteurs d’oignons et d’aulx. L’une des particularités de ces produits, est qu’ils sont en généralement de qualité meilleure (exemple de l’oignon) ou coûtent moins chers par rapport aux produits locaux. Résumé Le secteur agricole constitue le pilier des échanges commerciaux du Sénégal avec l’UE. La mise en œuvre de la dévaluation a aidé les exportations agricoles sénégalaises à être plus compétitifs sur le marché européen. Seulement, elle a, au même moment, aggravé la situation des importations totales du Sénégal. Les exportations agricoles sont fortement concentrée sur les produits halieutiques et l’huile d’arachide tandis que les importations se focalisent sur des produits plus diversifiés (lait, huiles végétales, céréales, préparations alimentaires diverses et légumes). Les importations agricoles du Sénégal en provenance de l’UE menacent la production locale cependant, les autorités sénégalaises acceptent l’entrée sur le marché domestique de produits agricoles qui ne concurrencent pas les industries agroalimentaires du fait des recettes douanières importantes qui permettent de financer certaines activités dans le secteur et des fonctions économiques qu’ils ont pour le pays. Les importations de céréales, de lait, de sucre et d’huiles végétales permettent aux marchés de combler leurs déficits d’offre. Dans le cadre des APE, il est possible que les importations de l’UE viennent concurrencer la production locale. La suppression des droits de douanes et le besoin de faire des économies d’échelle (marché avec un faible pouvoir d’achat) pourront amener les exportateurs de l’UE à jouer sur les prix et sur la diversification des produits exportés vers le marché sénégalais. Aujourd’hui, si les importations de céréales affectent indirectement les productions de mil, sorgho et même riz du fait de ces nombreuses utilisations culinaires, celles des légumes, du sucre, de concentré de tomates, de conserves de poissons ou autres préparations alimentaires. L’amplitude des réformes à faire dans ce domaine, est concomitant au degré d’ouverture du secteur agricole. Autrement dit, l’une des interrogations que les autorités sénégalaises doivent répondre est de voir si les mesures de libéralisation qu’elles ont adoptées au cours de ces années sont en conformité avec les règles actuelles du commerce ? Telle sera l’objet du chapitre qui suit.

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Chapitre II. Les mesures de politiques agricoles et commerciales du Sénégal

Au début des années 80, le Sénégal a mis en place - dans le cadre des politiques d’ajustement du secteur agricole (PASA) - un ensemble de mesures destinées à limiter l’intervention de l’Etat dans les activités de production, de transformation et de distribution, et d’inciter les acteurs privés à se les approprier. Ce processus s’est approfondi dans les années 90 avec la création de l’organisation mondiale du commerce (OMC) dont l’objectif principal est de libéraliser le commerce dans tous les secteurs et de discipliner les interventions de l’Etat. C’est dans ce contexte que les mesures de politiques commerciales du Sénégal ont été examinées par l’organe d’examen des politiques commerciales (OEPC) de l’OMC en 1994 et depuis lors les autorités sénégalaises ne cessent de montrer leur détermination à se conformer aux règles du commerce international tout en mettant en place des stratégies diverses pour s’intégrer dans le marché mondial. Comme stratégie commerciale, les autorités sénégalaises ont opté pour pénétrer le marché international, d’adopter une intégration par le marché18. Cette approche s’appuie sur la théorie ricardienne du commerce international et consiste à mettre en place des instruments qui permettent d’améliorer les conditions d’exploitation des produits dont le pays dispose d’avantages comparatifs conséquents et à se spécialiser dans leurs exportations. Les biens dont l’économie a besoin et qui ne sont disponibles qu’en quantité limitée sont importés. Consécutivement a cette théorie, le Sénégal ayant des avantages comparatifs par rapport à l’UE sur les produits de pêche, l’huile et les tourteaux d’arachide ainsi que certaines légumes, doit se spécialiser à leur exportation sur le marché communautaire. Il doit en même temps importer des produits tels que le sucre, le lait, certaines céréales etc. On constate donc que cette stratégie s’intéresse davantage aux effets induits par la création de commerce et accessoirement aux surplus des consommateurs. La limite d’une telle approche, pour le cas spécifique du Sénégal, dans le contexte des APE, est qu’elle suppose : - L’existence d’un bloc régional homogène capable de soutendre un marché stable ; - La définition de stratégie à la fois globale et sectorielle de spécialisation au niveau régional; - La capacité à adapter cette stratégie aux économies nationales. Or, le Sénégal appartient à deux entités régionales (UEMOA et CEDEAO) qui ont du mal à élaborer de réelles stratégies de politiques agricole et commerciale. Aujourd’hui, la signature des APE pose de nouvelles conditions de commerce. Les principes de base de ces accords reposent sur l’application des règles de libre échange entre les partenaires, d’où tout l’intérêt de se poser les questions suivantes : Quel est le degré d’ouverture du marché agricole sénégalais vis à vis des producteurs de l’UE ? Quelles sont les limites de l’intervention des autorités gouvernementales dans les activités de production et d’exportation ? Quelles pourraient être les conséquences sur les filières ? 18 Papa Demba Thiam, l’accès aux marchés et le développement des échanges : le rôle des acteurs, OCDE, Club Sahel, 2002

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I. Des exportations agricoles peu soutenues par l’Etat Jusqu’en 1990, les autorités sénégalaises accordaient des subventions à l’exportation pour certains produits agricoles sous l’impulsion de la Banque Mondiale, mais les différents programmes d’ajustement l’ont conduit à les supprimer. Selon les experts de la Banque Mondiale, les autorités sénégalaises devaient aider les exportateurs à être plus compétitifs et tenter de renforcer la présence de leurs exportations sur les marchés étrangers plutôt que de protéger les filières locales. L’analyse des données du tableau suivant permet d’avoir une idée des efforts consentis par les autorités sénégalaises pour réduire leurs interventions en termes de soutien aux exportations Tableau 11 : Subventions à l’exportation accordées aux produits agricoles en 1989 (en € millions ) Produit Exportations (f.o.b) Subventions Taux de subvention en % Fruits et légumes 2,004 0,101 5 Conserves de poisson 26,832 2,012 7 Farines de poisson 0,230 0,009 4 Cigarettes 1,107 0,223 20 Fourrages pour le bétail 0,331 0195 59 Total 30,505 2,540 8 Un euro = 655 FF Source : Sénégal, Ministère de l’économie et des finances, direction des douanes Les principales subventions aux exportations attribuées par les autorités sénégalaises portaient sur les aliments de bétail (tourteaux d’arachides), le tabac, les conserves de poissons, les fruits et légumes et les farines de poissons. Le niveau des subventions restait très faible (8% des exportations de ces produits). Avec le PASA19 et le PAS20, les autorités sénégalaises ont décidé de les supprimer afin de s’accommoder aux règles de l’OMC. C’est dans ce contexte qu’ils ont supprimé toutes les subventions (crédit ou aide financière aux exportateurs) qui pouvaient affecter les échanges commerciaux du pays avec ses partenaires, tout en mettant en place des réglementations tendant à faciliter les conditions d’accès à l’activité et d’améliorer les éléments nécessaires à son développement. Tableau 12 : Mesures de promotions des exportations agricoles du Sénégal

Mesures Transferts publics Fourniture de biens et services Réglementation et normes Mesures de libéralisation

- Suppression de toute subvention directe à l’exportation (prime et montant compensatoire à l’exportation

- - Suppression des licences d’exportation ;

- Suppression des restrictions quantitatives à l’exportation ;

- Suppression des obligations sur les méthodes d’établissements des documents d’exportation ;

- Suppression des taxes et droits, ainsi que de la TVA sur les exportations ;

19 plan d’ajustement du secteur agricole. 20 Programme d’ajustement structurel

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Mesures actuelles d’aides publiques

- Subventions sous forme d’avantages fiscaux avec la création de l’entreprise franche d’exportation ;

- soutien pour la mise en conformité avec les normes internationales

- information commerciale - Création du projet de promotion des

exportations agricoles (PPEA), de l’organe de promotion des exportations (OPE), et des points francs d’exportation ;

- Encadrement technique des exploitants agricoles spécialisés dans les exportations ;

- Mise en place de la STRADEX.

- Octroi d’avantages fiscaux aux entreprises dont 80% de leur chiffre d’affaire provient des exportations ;

- Octroi d’avantages fiscaux, douaniers et financiers, liés à la localisation des entreprises agricoles d’exportation dans les points francs (ex zone franche industrielle).

Source : Rapport secrétariat de l’OMC, juin 2003

A. Des réglementations pour faciliter les conditions d’accès et d’exercice.

Les autorités sénégalaises ont élaboré un dispositif réglementaire assez structuré pour favoriser le développement des productions agricoles destinées à l’exportation, de faciliter les conditions d’intégration dans la profession d’exportation et de réduire les formalités fiscales et douanières. Ces mesures concernent tous les produits d’exportation autres que ceux halieutiques ou les concentrés de tomate et le sucre. Les mesures prises portent sur la suppression des obligations sur les méthodes d’établissement des documents d’exportation, des licences et taxes à l’exportation, des exonérations sur la TVA pour l’exportation de certaines catégories de produits (huile d’arachide, conserves de poissons, concentré de tomate, légumes et fruits), des restrictions quantitatives à l’exportation et les monopoles mises en place par les autorités pour contrôler les intervenants dans le secteur des exportations de céréales, de sucre, d’arachide et des produits à base de tomates. Malgré la suppression de toutes ces restrictions, les situations de monopole existent encore et sont le fait, pour une part importante, d’entreprise privées. Elles concernent la production et la commercialisation du sucre, de produits à base tomate et d’arachide. Pour le sucre, la production comme les exportations sont gérées par la compagnie sucrière sénégalaise (CSS). Cette société offre beaucoup d’emplois (3009)21à la population sénégalaise et constitue une source importante de recettes fiscales pour l’Etat sénégalais ( chiffre d’affaire de 42,658 millions de Fcfa). Le concentré de tomate au Sénégal est produit par deux sociétés (SNTI22 et SOCAS23) qui font vivre des centaines de ménages dans le Delta du fleuve Sénégal. Outre les fonctions économiques qu’elles jouent, ces sociétés allouent des ressources non négligeables à une frange importante de la population et bénéficient d’avantages particuliers de la part de l’Etat. Les autorités sénégalaises ont aussi supprimé les obligations sur les exportations de vinaigre, sel iodé, de concentré de tomate et de riz paddy usiné. Avec la mise en place de l’entreprise franche d’exportation, les autorités sénégalaises ont opté pour le renforcement des acquis commerciaux obtenus (augmentation importante de la production et des exportations) dans le cadre de la zone franche industrielle. La création de l’entreprise franche d’exportation améliore les conditions de l’activité grâce aux détaxes allouées à ces entreprises. Les détaxes constituent des avantages fiscaux que l’Etat accorde aux entreprises

21 Direction des statistiques et de la prévision, 1999 22 société nationale de tomate industrielle 23 société de conserveries alimentaires du Sénégal

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bénéficiaires pour l’acquisition des matériels d’exploitation et l’application d’un impôt spécifique sur le bénéfice.

B. Appui pour l’amélioration des structures et infrastructures d’exportation

Les autorités sénégalaises ont mis en place un ensemble de mesures consistant à appuyer les exportateurs à se doter de structures capables de leur fournir tous les services nécessaires pour promouvoir les exportations agricoles. Ces mesures concernent l’amélioration des conditions d’exportation par la mise en place de structure de contrôle de la qualité et de conformité des normes techniques, sanitaires et phytosanitaires avec : - la création de l’association sénégalaise de normalisation (ASN, ex institut sénégalaise de normalisation) et l’installation d’un laboratoire de certification de conformité (pas encore accrédité par les instances internationales), - l’amélioration de la qualité et de la disponibilité des informations sur les marchés par la création de pôles d’informations (Trade Point Sénégal, Enda SYSPRO) qui sont des structures privées, - la mise en place de programmes sectoriels de promotion des exportations : Entre autres, la création du projet de promotion des exportations agricoles (PPEA) qui intervient dans le domaine de la recherche de partenaires étrangers et de la diffusion de l’information technique et commerciale auprès des exploitants agricoles intéressés par des marchés étrangers précis ; le projet de modernisation et d’intensification agricole (PMIA) dont la mission est de soutenir le développement des cultures d’exportation et l’organe de promotion des exportations (OPE) qui accompagne les acteurs durant tout le processus par des conseils et informations ; enfin - la mise en œuvre de la stratégie de développement de promotion des exportations (STRADEX), qui s’insère dans le cadre intégré de la nouvelle politique commerciale. Elle définit de nouvelles stratégies de promotion des exportations agricoles par la diversification des produits exportés et des marchés d’exportations au sein de l’UE. La STRADEX est la résultante d’un travail de partenariat entre les autorités sénégalaises et le centre pour le commerce international (CCI). Les nouvelles stratégies consistent - en s’appuyant sur les opportunités du marché international et le potentiel d’offre que représentent les produits de la mer, les produits horticoles, oléagineux et de la cueillette – à orienter et appuyer les producteurs et exportateurs à se spécialiser sur les niches existantes dans le marché de l’UE.

C. Les transferts publics octroyés aux exportateurs agricoles Les transferts mis en place par les autorités sénégalaises concernent des subventions et détaxes et des possibilités de subventions indirectes. - Les subventions et détaxes portent sur l’octroi d’avantages fiscaux (liés au déploiement des activités de production dans la zone franche d’exportation) et de subventions indirectes (détaxes) sur l’acquisition de matériaux et matériels de pêche ainsi que sur l’exportation de certains produits horticoles et de la pêche. Avec l’octroi d’avantages fiscaux aux entreprises agricoles qui ont le statut d’entreprises franches d’exportation (institué en 1996 pour les entreprises dont 80% du chiffre d’affaires provient des exportations), l’Etat cherche à amener celles-ci à cibler davantage le marché extérieur. La nouveauté apportée par cette initiative

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comparée au régime de la zone franche industrielle de Dakar, est qu’avec ce nouveau système, les exportations doivent contribuer à 80% et non à 60% du chiffre d’affaires (ancien régime). - L’octroi probable de subventions indirectes aux exportateurs à travers des primes et des aides compensatoires. Ces subventions sont dorénavant supprimées, mais le gouvernement du Sénégal a notifié à l’OMC sa volonté d’en octroyer aux exportateurs dans des cas exceptionnels. Au total, les autorités sénégalaises ont certes, opté pour la libéralisation du secteur agricole, mais elles tiennent en considération la capacité des acteurs (exportateurs) à faire face à la concurrence dans le marché international. L’Etat sénégalais déjà supprimé la plupart de ses subventions aux exportateurs, mais compte tenu de l’importance de ce secteur pour l’économie nationale, les autorités sénégalaises ont opté de régler d’abord les questions relatives au cadre économique(structure et infrastructure) en améliorant les conditions du transport, du stockage et de conditionnement des produits agricoles, de mettre des structures pour le contrôle de la conformité avec les normes avant de se retirer définitivement de l’activité de commerce. Il est difficile pour l’instant d’évaluer l’impact de ces mesures sur le niveau des exportations. Mais si l’on se réfère aux analyses précédentes (voir premier chapitre), on peut affirmer qu’elles n’ont pas encore les effets escomptés. Sur la période 1995-2003, on n’a pas encore constaté - en ce qui concerne les principaux produits d’exportations agricoles du Sénégal - un signal fort (hausse) dont l’origine soit liée à l’application de ces mesures.

II. L’ouverture mitigée du marché agricole sénégalais Les autorités sénégalaises ont supprimé l’essentiel des mesures pouvant constituer des entraves à l’accès à la profession d’importation ainsi que les restrictions quantitatives à l’importation. Avec la mise en œuvre du tarif extérieur commun (TEC) de l’UEMOA, le Sénégal a réduit la dispersion de ses droits et taux tarifaires. La consolidation des positions tarifaires adoptées par le Sénégal porte sur un droit de douane de 30% et sur d’autres droits ou impositions (ADI) de 150%. Par contre, les droits effectivement appliqués sont nettement inférieurs aux droits consolidés. Ils varient de 27 à 65%, ce qui laisse une marge considérable pour un accroissement discrétionnaire des taux effectivement appliqués. Contrairement aux taux consolidés, les taux effectivement appliqués varient. Les produits concernés par ces ADI sont les fruits et légumes, le coton et textile ainsi que le sucre. Tableau 13 : Droits consolidés à l’OMC et taux effectivement appliqués sur certains produits d’exportations de 1995 à 1997 (moyenne annuelle en pourcentage)

Taux consolidé Taux effectivement appliqué Catégorie Produits

Droits Autres droits Droit Surtaxe Total Céréales Riz de qualité moyenne et complet

Blé 30 30

150 150

15 20,5

20 -

35 20,5

Huiles et graisses Huiles végétales 30 150 - - 27 Sucre Sucre de canne ou de betteraves 30 150 - - 27

Produits d’animaux Abats et viandes comestibles 30 150 - - 44 Coton et fibres

textiles Coton cardé et fibres 30 150 - - 31

Légumes Pomme de terre, oignons 30 150 35 20 55 Fruits Bananes 30 150 44,5 20 64,5

Source : OMC et statistiques douanières, DGDS

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Depuis 2003, la politique sénégalaise en matière de concurrence sur le marché domestique est régie par une réglementation de l’UEMOA. Elle s’étend aux pratiques anti-concurrentielles et aux aides de l’Etat. L’essentiel des mesures porte sur des directives en matière de réglementation et normes. Leur application affecte directement ou indirectement les échanges agricoles. Les mesures de transferts publics et de fourniture de biens et services consistent quant à elles à supprimer toutes les interventions de l’Etat dans les activités de commerce. Tableau 21 : Les mesures portant sur la concurrence

Mesures Transferts publics Fourniture de biens et services Réglementations et normes Mesures de libéralisation

- Suppression des subventions sur le prix du riz ;

- Suppression des aides publiques pour toute sorte d’importation

- Suppression du commerce et des quasi-monopole d’Etat;

- Suppression du monopole d’Etat pour les importations de riz brisé ;

- Suppression des restrictions d’accés à la profession d’importation ;

- Suppression des licences d’importation et autorisation préalable ;

- Suppression des monopoles de commerce et d’importation d’Etat ;

- Application du régime NPF et utilisation de la valeur transactionnelle et de liste de « valeurs de référence » pour l’évaluation en douane;

- Application du code national pour les procédures en douanes

- Harmonisation des mesures tarifaires dans le cadre de l’UEMOA ;

- Réforme du système de normalisation et introduction de nouvelles mesures.

Mesures d’aide publique

- Maintien de monopoles pour les importations et la commercialisation de sucre et des produits à base de tomates ;

- Création d’organes de concertation pour la gestion des ressources halieutiques ;

- Fourniture et mise en place de centrale d’informations sur le commerce et la concurrence.

- Définition d’un accord de pêche avec l’UE.

- Application des règles d’origine et de normes sur les importations de double concentré de tomates

Source : Rapport secrétariat de l’OMC, juin 2003

A. Une ouverture partielle du marché locale Le marché sénégalais n’est pas totalement ouvert à la concurrence. Les autorités sénégalaises ont fait d’énormes efforts pour faciliter des produits étrangers au marché intérieur, cependant elles restent très vigilantes par rapport à l’arrivée des produits qui peuvent perturber l’activité des secteurs stratégiques. Les principales mesures de libéralisation pour l’accès au marché des produits agricoles au Sénégal portent sur: - L’accès à la profession et la suppression des licences d’importation avec la suppression critères d’accès à la profession d’importation, les licences d’importation, les déclarations ou autorisations préalables. Cette suppression a été consolidée et notifiée sur la liste des concessions tarifaires pour les produits agricoles du Sénégal à l’OMC. Il convient cependant de noter que la détention d’une carte d’import-export reste de rigueur pour l’accès à la profession d’importation. Le Sénégal a aussi supprimé la quasi-totalité des restrictions quantitatives sur les importations agricoles, mais impose des règles quant à celles concernant le double concentré de tomate et le

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sucre. Les monopoles publics d’importations agricoles (cas du riz) ainsi que le commerce d’Etat ont été abrogés et la plupart de ces activités sont transférée à des privés. - Harmonisation des mesures dans le cadre de la politique commerciale commune de

l’UEMOA Concernant les droits de douanes, le Sénégal applique le tarif selon la clause de la nation la plus favorisée (NPF). L’application de droits de douanes est basée sur le tarif extérieur commun de l’UEMOA depuis le 25 juillet 2002. Elle suppose le respect de la nomenclature et de la catégorisation des marchandises ainsi que le prélèvement des droits et taxes communautaires, à l’exclusion de ceux supplémentaires. Les procédures à la douane sont régies par le Code des douanes du Sénégal (1987) sauf pour les dispositions contraires à celles du Code des douanes de l’UEMOA, dont le Livre I est entré en vigueur depuis le 1er janvier 2003. Suivant les Titres IV et V du Code des douanes de l’UEMOA, toutes les marchandises doivent faire l’objet d’une déclaration sommaire, suivi par une déclaration en détail, à moins que celle-ci soit déposée avant l’arrivée des marchandises dans le bureau des douanes. La déclaration se fait soit par écrit, soit par voie informatique, soit de manière verbale. L’enregistrement de la déclaration peut être suivi par la vérification des marchandises par les autorités douanières. Les importations d’une valeur FOB supérieure à 1520 € doivent faire l’objet d’une déclaration préalable d’importation (DPI) émis par le COTECNA. La déclaration en détail et la vérification des marchandises établissent la valeur en douane qui est l’assiette de calcul des droits et taxes des marchandises. - Les tarifs à l’importation qui sont constitués par le tarif extérieur commun de l’UEMOA (TEC), la taxe conjoncturelle d’importation (TCI), la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les droits d’accises et les autres droits ou impositions(ADI). Le TEC est un ensemble d’instruments portant sur la nomenclature, les lignes tarifaires, la catégorisation des produits et l’adoption d’un taux tarifaire, qui s’appliquent à l’ensemble des pays membres de l’UEMOA. L’application du TEC de l’UEMOA constitue une simplification de la tarification et une réduction de la dispersion des droits. La TCI quant à elle, est un mécanisme de protection d’application nationale établie par l’UEMOA. Elle concerne les produits relevant de l’agriculture, l’agro-industrie, de l’élevage et de la pêche, à l’exclusion des poissons et des produits à base de poissons. Elle vise à amortir les effets des variations erratiques des prix internationaux de certains produits importés des pays tiers. La TVA et les droits d’accise sont des taxes directes appliquées sur les produits de consommation en générale. Le Sénégal applique un taux unique de TVA qui découle de la simplification et l’unification du régime établi par les autorités sénégalaises depuis le 24 septembre 2001 et de la réglementation de l’UEMOA qui prévoit sa mise en place. Elle est calculée sur la base imposable de la valeur en douane augmentée du droit de douane proprement dit (NPF ou préférentiel), de la redevance statistique (RS), des prélèvements communautaires de solidarité (PCS), et dans le cas échéant, le droit d’accises ou la surtaxe. Les droits d’accises sont calculés sur la base imposable de la valeur en douane augmentée du droit de douane proprement dit (NPF pour le Sénégal) et de la RS. - la définition de la liste nationale de valeurs de référence Les autorités sénégalaises ont mis en place une liste de « valeurs de référence » qu’elles ont notifié à l’OMC. La définition de cette liste s’intègre dans le cadre du système communautaire (UEMOA) de « valeurs de références ». Elle permet d’établir les positions tarifaires que le Sénégal utilise pour le calcul de ces droits et taxes au niveau de l’OMC. Elles aident à lutter contre les fausses déclarations de valeur et la concurrence déloyale.

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Sauf quelques exceptions, les produits inscrits sur cette liste font l’objet d’une protection tarifaire ou non-tarifaire relativement élevée. La quasi-totalité des produits agricoles y sont inscrits. Le Sénégal est loin de respecter les dispositions prises dans le cadre du TEC. De manière globale, le Sénégal adopte des lignes sans équivalents dans le TEC, et des positions non utilisées par celui-ci et d’autres taxes différentes du TEC. Les mesures d’intervention de l’Etat dans la gestion des activités commerciales ne sont peu nombreux et la plupart d’entre elles ne sont pas effectivement appliquées. Elles concernent : - Les règles d’origine Les autorités sénégalaises ont opté pour une réforme des règles d’origine sur les produits agricoles importés depuis 1994. Cette réforme a été approfondie en 2000 et le processus est encore en cours. Elle porte sur le système de normalisation, d’accréditation et de certification de la conformité. Le Sénégal a renforcé ses exigences en matière de normes et tente au maximum de les aligner aux standards internationaux. Ainsi, l’importation du double concentré de tomate non conforme aux normes auxquelles est assujettie la production locale est interdite. De même, le Sénégal impose des normes techniques, qu’il a notifié l’OMC, sur les importations de farine de blé tendre, de concentré de tomate, de pâte d’arachide et sur les méthodes de dosage de l’aflatoxine dans les pâtes d’arachide ; - la définition de normes sanitaires et phytosanitaires Le Sénégal a décidé de supprimer les autorisations préalables délivrées par le service de la protection des végétaux pour les importations agricoles. Il applique cependant des contrôles sur les importations de produits végétaux et contrôle la quantité de produits chimiques pour la conservation contenue dans les importations de viandes. Concernant les importations de végétaux, un certificat phytosanitaire est exigé. Il convient de noter que pour la plupart des produits, ces contrôles ne sont pas appliqués, faute de moyens. Certes avec l’ASN, le Sénégal s’est doté d’une structure nouvelle capable de résoudre des problèmes de contrôle de qualité, mais du fait de l’importance des produits importés et du degré de flexibilité du consommateur sénégalais en termes d’exigence sur la qualité, les contrôles sont très limités.

B. Désengagement de l’Etat dans la fourniture de biens et services agricoles

Les autorités sénégalaises ont pendant longtemps monopolisé la production, les importations, les exportations ou la commercialisation de certains produits agricoles à travers la mise en place de sociétés publiques chargées de la gestion de ces activités. Depuis 1994, l’Etat du Sénégal s’est désengagé des importations de riz brisé qui étaient réservées à la caisse de péréquation et de stabilisation des prix (CPSP). Cette activité est aujourd’hui sous le contrôle de groupes d’opérateurs économiques privés principalement (l’UNACOIS24). En ce qui concerne la production et l’exportation d’huiles d’arachides, le monopole détenu avec la mise en place de la société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS) est supprimé depuis 1997. La SONACOS ne bénéficie plus de sa position dominante sur la production et l’exportation d’huile végétale. Aujourd’hui, elle est en compétition avec la NOVASEN, une société privée qui transforme et exporte de l’huile végétale. De même, sa filiale, la SONAGRAINES qui, 24 Union nationale des commerçants et importateurs du Sénégal

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auparavant, s’occupait de la collecte des récoltes d’arachides, est fermée. Cette activité est aujourd’hui gérée par des privés qui achètent aux niveaux des seccos (points de vente des coopératives paysannes) les récoltes et approvisionnent les huileries de la SONACOS et de la NOVASEN pour leur production industrielle d’huile végétale et de tourteaux d’arachides.

C. Des mesures de transferts publics très peu intéressants pour les producteurs

L’application des règles de la concurrence et le désengagement de l’Etat dans le secteur agricole ont amené les autorités sénégalaises supprimer tous les soutiens à la production et aux prix . Les quelques transferts publics qu’on peut identifier actuellement concernent les initiatives en matière de simplification des procédures d’accès à la profession d’importation. L’Etat du Sénégal accorde des détaxes (taux variables) sur l’importation de sucre et de saccharose à la compagnie sucrière sénégalaise, entreprise détenant le monopole de la production et de la commercialisation du sucre. De même, l’Etat applique des détaxes sur les exportations de concentré de tomate et sur les huiles végétales. En dehors de quelques mesures exceptionnelles prises pour favoriser la compétition dans le marché domestique, l’orientation du gouvernement du Sénégal en matière de concurrence n’est pas de couvrir les filières sensibles à l’arrivée des produits agricoles de l’UE, mais de protéger les industries agroalimentaires. Les autorités sénégalaises continuent de protéger partiellement certaines productions locales particulièrement celles des entreprises agroalimentaires (huiles d’arachide, sucre, concentré de tomate, coton et viandes) grâce à la mise en place des mesures tarifaires. Les droits perçus des importations agricoles permettent en partie de financer le développement de certaines spéculations, mais ils contribuent beaucoup à renflouer les caisses de l’Etat. Les autorités sénégalaises ont mis en place des réglementations sur les mesures SPS, mais ne l’ont pas encore mise en application. Les décisions de protection prises par les autorités sénégalaises n’ont pas pour vocation de tempérer les effets négatifs des variations de prix des produits de grande consommation (riz, huile, sucre, farine), mais cherchent plutôt à maintenir les marges de bénéfices des sociétés prometteuses d’emplois permanents ou temporaires en masse. Aujourd’hui, les productions de viande, de légumes, de fruits, de coton, de textile, de lait, d’huiles végétales et de conserves de poissons sont concurrencées par les importations agricoles de l’UE dont la plupart sont subventionnées. Cependant, du fait du principe de liberté de commerce, l’Etat sénégalais a du mal à appuyer ses producteurs. L’exemple des importations de carcasses de viandes depuis 1998, particulièrement de volailles, est suffisamment explicatif. Les cuisses de poulets et de dindes arrivent en masse dans le marché sénégalais et déstructurent les PME qui ont déjà du mal à créer un marché stable au niveau interne. Malgré les effets négatifs de ces importations sur la production locale, les autorités sénégalaises sont restées dans l’expectative et aucune mesure conséquente n’a été prise. La conséquence d’une telle attitude est que beaucoup de jeunes qui s’étaient spécialisés dans la production et la commercialisation des poulets de chair commencent à avoir des difficultés pour écouler leur production. Concernant le secteur du textile, les importations de friperies ont conduit à la fermeture des usines de production des tissus (SOTEXKA, SOTIBA, etc.), et seule une mesure fiscale portant sur l’application des droits d’accises de 10% sur les importations de tissus a été prise.

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III. Les mesures de soutien de l’Etat du Sénégal aux producteurs agricoles Avant son premier passage devant l’OEPC, les autorités sénégalaises accordaient des soutiens à la production et l’exportation d’huile et de tourteaux d’arachides, de coton et des produits horticoles. Tous ces soutiens sont actuellement supprimés. Celles qui existent aujourd’hui, portent sur les conditions de production et de transformation des produits de la pêche et sur la création de structures pour le contrôle de la qualité et la mise à norme des produits agricoles exportés. Le Sénégal a déclaré auprès de l’OMC, avoir mis en place des mesures globales de soutien (MGS) nuls. Pourtant, en tant que pays en développement, le Sénégal bénéficie dans le cadre des mesures de la catégorie orange (mesures ayant des effets de distorsion sur les échanges), de la possibilité d’octroyer au titre de la clause du minimis, des subventions aux agriculteurs jusqu’à 10% de la valeur totale de la production agricole. Seulement, il ne peut actuellement s’en prévaloir du fait des engagements pris (déclaration de mesures de soutien égales à zéro) et de la situation financière du pays. Les quelques mesures qui restent, sont synthétisé sur le tableau suivant. Tableau 22 : Mesures de soutien interne aux exportations agricoles Transferts publics Fourniture de biens et services Réglementation et normes - Subvention sur le prix du

carburant pour la pêche; - Détaxes sur les importations

de matériels et matériaux destinés aux bateaux de pêche.

- Conseil et appui technique aux exportateurs de fruits et légumes ;

- Conseil et appui à l’organisation aux éleveurs ;

- Conseil et appui à l’organisation pour les exploitants rizicoles ;

- Etablissement de structures de promotions des exportations.

- Régime de l’entreprise franche ;

- Création d’organe de concertation pour la gestion de l’activité de pêche.

Source : Rapport secrétariat de l’OMC, juin 2003

A. Un soutien centré sur les produits halieutiques Dans le domaine de la réglementation, les mesures prises par les autorités sénégalaises tendent à soutenir essentiellement les produits halieutiques et ceci de manière indirecte. Il s’agit : - Du régime de l’entreprise franche d’exportation Cette mesure permet aux entreprises dont les productions destinées à l’exportation, de bénéficier d’exonérations fiscales importantes. Actuellement, ce sont surtout les sociétés de transformation des produits de la pêche qui en tirent le plus d’avantages et précisément les conserveries de poissons. Pourtant, malgré l’octroi de ces avantages fiscaux, on remarque depuis 2000 une baisse de la valeur des exportations de conserves de poissons et une amélioration de celles des poissons frais. Cette situation dénote probablement une mauvaise situation des entreprises de fabrication de conserves de poissons ou des difficultés par les opérateurs à commercialiser leurs productions sur les marchés d’exportations traditionnels. - La mise en place des organes de concertation pour la gestion des ressources halieutiques

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La création de telles structures par l’Etat permet à la fois de gérer les ressources disponibles et de discuter des conditions de pêches. Ces structures devront en accord avec les différents intervenants : • Définir les quotas annuels de pêche ; • Réviser les accords avec les principaux partenaires (en particulier l’UE) ; et • Convenir des mesures nécessaires pour la revitalisation des ressources halieutiques avec

l’introduction du concept de repos biologique ainsi que le contrôle des espèces menacées. Ces structures ont besoin de plus de formation et d’information pour pouvoir discuter en connaissance de cause avec des partenaires disposant de réelles compétences.

B. L’appui et la mise en place des structures de fournitures services par l’Etat

Le gouvernement du Sénégal a mis en place des structures chargées d’attirer les investisseurs dans le secteur agricole et d’améliorer les conditions d’exportation des acteurs. Les mesures prises portent sur les domaines suivants : - Conseils et appui aux producteurs et exportateurs de fruits et légumes Avec la création du PMIA et du projet d’expansion et de modernisation des organisations des producteurs de fruits et légumes, le gouvernement du Sénégal a décidé de soutenir les productions de fruits et légumes destinées à l’exportation en mettant à la disposition des acteurs, des techniciens capables de les appuyer pour l’amélioration des conditions de production et l’obtention de la qualité souhaitée par les marchés d’exportations grâce à l’utilisation des nouvelles technologies. - Conseils et appui aux éleveurs Du fait du potentiel important d’exportation dans ce secteur et des mauvaises conditions d’exploitation de la filière viande, les autorités sénégalaises ont décidé d’appuyer les productions destinées à l’exportation en construisant un nouvel abattoir et de renouveler le matériel de celui qui existe Dakar. Les autorités sénégalaises ont aussi décidé de renforcer les contrôles du système d’abattages et d’améliorer les conditions de stockage et de conditionnement des carcasses de viandes afin de mieux satisfaire le marché de l’UE. - Etablissement des structures de promotion des exportations Il s’agit de la mise en place des structures telles le PPEA et l’OPE, dont les missions consistent à appuyer les exportateurs agricoles à trouver des partenaires commerciaux et à finaliser des contrats d’achats. Ces structures interviennent dans le conseil et l’appui à la gestion des procédures d’exportation des produits agricoles. Elles accompagnent les acteurs dans la recherche des crédits auprès des institutions financières locales. Le gouvernement du Sénégal travaille sur les modalités de l’amélioration des structures et infrastructures nécessaires pour le développement des échanges agricoles avec l’UE. C’est ainsi que l’association sénégalaise de normalisation (ASN) qui est une société mixte, a été créée pour remplacer l’institut sénégalais de normalisation (ISN), une structure publique.

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La construction des « points d’exportations », qui sont des zones aménagées pour le conditionnement et le stockage des produits agricoles destinés à l’exportation, suit cette même logique de soutien et de renforcement des capacités des acteurs.

C. Des transferts publics inexistant Du fait de sa notification auprès de l’OMC de supprimer l’essentiel de ces subventions, les transferts publics de l’Etat sénégalais aux producteurs agricoles porte sur des subventions et des détaxes. Les subventions s’applique sur le prix du carburant destiné à l’exploitation de pêche artisanale. Elle calculé sur la base d’une péréquation sur le prix du carburant utilisé pour l’exploitation de la pêche artisanale. Cette péréquation évolue selon le cours du baril de pétrole et du dollar américain. Les détaxes concernent les importations de matériels et matériaux de la pêche par un système de bonifications sur les importations de moteurs et engins destinés à la pêche artisanale. Cette mesure permet aux mareyeurs de pouvoir renouveler leurs équipements et d’acquérir de nouveaux matériaux et de ce fait augmenter leur capacité à approvisionner les conserveries de poissons. Au total, on peut remarquer que les autorités sénégalaises veulent bien soutenir les exportateurs et producteurs du secteur agricole, mais elles n’ont ni les moyens (financiers), ni les possibilités (exigences de l’OMC) de le faire. Pourtant, elles sont conscientes du fait que sans leur soutien, l’activité agricole aurait sérieusement des difficultés. Non seulement les exportations de produits agricoles vers l’UE vont baisser en raison de la qualité de l’environnement économique (infrastructure de contrôle de qualité, conditions du transport, du stockage et de conditionnement) et les conditions de commerce (difficultés liées à la négociation et la signature des contrats avec les partenaires de l’UE, les problèmes d’assurance, de courtages et de transport des produits sur les marchés de l’UE, etc.), mais les producteurs locaux risquent de connaître la faillite du fait des importations agricoles de l’UE. La situation actuelle des échanges agricoles comme globaux du Sénégal reste préoccupante pour les autorités sénégalaises. Les mesures prises avec la dévaluation ont eu des effets négatifs graves sur le niveau des échanges ( voir chapitre I), mais cela n’a pas empêché les autorités sénégalaises à affirmer leur réelle intention d’adhérer aux APE. Ce choix s’explique en partie par le fait que la position actuelle du Sénégal sur les APE s’inscrit dans la mouvance adoptée par les autres pays membres de la CEDEAO à s’engager dans cette relation. En effet, la politique commerciale du Sénégal dans le secteur agricole s’inspire pour l’essentiel de celle établie en commun dans le cadre de l’UEMOA et tout récemment, de la CEDEAO. Dans le cadre des APE, la convergence des différentes politiques commerciales des Etats membres de la CEDEAO constitue un préalable essentiel pour le succès des négociations au risque d’avoir des effets de détournements. Cette éventualité pose la nécessité de voir si la politique commerciale du Sénégal dans le secteur agricole reste cohérent et conforme à celles des autres pays membres de la CEDEAO.

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D. Compatibilité de la politique commerciale du Sénégal avec le reste des pays de la CEDEAO

Les réformes actuelles de la politique commerciale du Sénégal s’inspire de celle commune définie dans le cadre de l’UEMOA et récemment, sur l’initiative de convergence de celle de la CEDEAO. La politique commerciale de la CEDEAO a été définie aux termes de l’article 13 du Traité constitutif, révisé. Elle porte sur « l’établissement d’un tarif extérieur commun et d’une politique commerciale commune à l’égard des pays tiers ». Elle consiste en: - la libéralisation des échanges intra-communautaires, par l’élimination des droits de douane et

autres taxes d’effet équivalent (art. 35 et 36 du Traité) et la suppression des restrictions quantitatives sur les importations des produits originaires de la communauté ( art. 41) ;

- l’établissement d’un tarif extérieur commun vis-à-vis des pays tiers (art. 37) ; et la promotion des échanges commerciaux intra-régionaux, notamment au moyen de l’organisation d’une foire commerciale régionale, l’harmonisation de la programmation des foires nationales et la mise en place d’un réseau intra-communautaire d’informations commerciales. Dans le secteur agricole, les grandes orientations en matière de politique commerciale s’appuient sur l’amélioration de la compétitivité des produits nationaux dans le marché international et le renforcement des capacités des acteurs. Selon le traité constitutif de la CEDEAO, les compétences en matière de définition de politiques commerciales intra et extra communautaires relèvent d’entités différentes. La politique intra-communautaire reste sous la tutelle de l’institution régionale tandis que la politique commerciale extérieure est du ressort des Etats membres. Ces prérogatives ont été clairement définies par les articles 83 et 84 du Traité révisé. En effet aux termes de l’article 83, la communauté « peut conclure des accords de coopération avec les pays tiers » ; cependant, l’article 84 établit que les Etats membres « peuvent conclure des accords à caractère économique, technique ou culturel avec un ou plusieurs Etats membres, avec des Etats tiers, des organisations régionales ou toute autre organisation internationale… ». L’essentiel est que lesdits accords ne soient pas incompatibles avec les dispositions du Traité. Cette prérogative pose problème car les pays membres n’ont pas toujours les mêmes intérêts sur les marchés étrangers. La plupart d’entre eux ont des structures d’exportations et d’importations agricoles similaires et ciblent les mêmes partenaires commerciaux. De ce fait il est possible que des Etats membres adoptent des comportements opportunistes lorsque leurs intérêts sont menacés dans tel ou tel marché ou pour produits donnés. On constate donc que malgré la volonté affichée de mettre en œuvre une politique commerciale commune à l’égard des pays tiers, les dispositifs opérationnels ne sont pas encore aux normes. Il existe « une certaine contradiction entre la volonté affirmée de mettre en place un tarif extérieur commun et la liberté laissée aux Etats membres de mener une politique commerciale autonome à l’égard des pays et organisations non-membres ». Une politique tarifaire commune vis-à-vis des pays tiers rend indispensable l’application de règles commerciales communes à l’égard de ceux-ci, en particulier en matière de concessions tarifaires. De même, les travaux menés par le cabinet d’études Boubacar DIOP en mars 2003, portant sur « la compatibilité des politiques commerciales dans le cadre du processus d’intégration en Afrique de l’Ouest » notent que « les politiques commerciales d’ouverture ont été menées par les Etats de manière isolée, sans aucune coordination au niveau régional, chacun étant guidé dans ses réformes par la situation particulière à laquelle il avait à faire face ». Il en est résulté

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une grande dispersion des régimes tarifaires et autres restrictions au commerce dans la région, le niveau des droits atteint par certains pays après les baisses tarifaires pouvant - dans certains cas - être supérieur à celui qui existait dans d’autres pays avant l’ouverture. Cependant, l’analyse des grandes orientations de politique commerciale des pays membres de la CEDEAO (voir annexe) montre qu’à l’image du Sénégal, ces pays utilisent les mêmes instruments de politique d’ouverture des marchés et adoptent des mécanismes tendant à faciliter le libre jeu de la concurrence. Les procédures administratives et douanières ont été simplifiées partout, permettant ainsi d’obtenir des gains de temps et une réduction des coûts de transaction. La tendance à la généralisation du TEC avec l’élimination des restrictions au commerce, l’abaissement du niveau de protection tarifaire et la suppression des autres droits et tarifs constituent des mesures fondamentales qui rapprochent les politiques en matière de concurrence des différents pays. L’amélioration de l’environnement économique et la réduction des coûts de production et d’exportations à travers la mise en place des régimes francs et l’application des détaxes sur le matériel d’exploitation des entreprises d’exportation constituent une autre stratégie utilisée par tous ces pays pour promouvoir les exportations agricoles. Il importe cependant de remarquer qu’aucun de ces pays n’accorde (ou à peine) de soutiens internes destinés à la production. Tous ces éléments permettent d’affirmer qu’il existe une certaine compatibilité entre les mesures de politique commerciale du Sénégal et celles des autres membres de la CEDEAO. Certes elle n’est pas totale, mais pour l’essentiel, les pays de la CEDEAO utilisent les mêmes instruments et adoptent la même tendance en matière de politique commerciale. Les différences résident dans les outils mis en place pour la promotion des exportations, du degré d’application du TEC, et des consolidations tarifaires notifiées à l’OMC. «L’adoption du TEC de l’UEMOA a entraîné une baisse généralisée des droits de douane et une simplification des systèmes tarifaires, non seulement des pays membres de l’Union, mais aussi des autres pays de la CEDEAO qui ont été contraints d’adapter leur régime commercial » Résumé Les autorités sénégalaises ont opéré d’importantes réformes dans le domaine des échanges agricoles qui tendent à libéraliser le commerce et à supprimer les interventions publiques dans les activités de production et de commerce. Elles ont été définies en tenant en considération la politique commerciale commune de l’UEMOA et la volonté de se conformer aux exigences de l’OMC. Pour l’essentiel, il est possible de noter que les autorités sénégalaises sont en train de faire d’énormes efforts pour libéraliser le secteur agricole. Les autorités sénégalaises ont décidé de supprimer les licences, restrictions quantitatives et obligations sur les méthodes d’établissement des documents ainsi que la TVA sur la plupart des exportations agricoles. Elles octroient, cependant, des avantages fiscaux aux entreprises franches d’exportation particulièrement les conserveries de poissons, certaines filières horticoles et les huileries d’arachides. Elles ont également mis à la disposition des exportateurs, des structures chargées de les informer, les encadrer ainsi que des infrastructures (points francs d’exportation au niveau du port Autonome de Dakar), pour réduire les difficultés liées au stockage et au conditionnement des produits agricoles exportés. Enfin elles accordent des avantages fiscaux à certaines entreprises dans le cadre du régime franc d’exportation. En matière de politique d’ouverture du marché local, les réformes faites par l’Etat du Sénégal n’ont pas conduit à une libéralisation totale. Cependant, elles ont conduit à la suppression de

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toutes les restrictions d’accés à la profession d’importation de produits agricoles( sauf pour le sucre), les licences pour certains produits (exceptés les produits halieutiques), les autorisations préalables ainsi que les quotas( excepté pour les produits halieutiques non transformés). Les autorités sénégalaises utilisent le régime de la nation la plus favorisée pour le calcul des droits de douanes appliquées aux importations agricoles des pays tiers et font l’évaluation en douane en utilisant la valeur transactionnelle et les valeurs de référence communautaire (UEMOA). Il convient à ce niveau de signaler que les procédures en douane sont établies en fonction du code des douanes sénégalais, sauf pour les dispositions contraires à celles de l’UEMOA. Le Sénégal applique partiellement le TEC, établit une discrimination sur l’origine des importations (préférence communautaire (UEMOA )) et applique des règles de conformité pour les importations de double concentré de tomate, de sucre et de farine de blé tendre. La suppression les monopoles d’Etat pour la production, l’importation et l’exportation d’huile et de tourteaux d’arachide, de coton et de riz brisé s’est combinée avec le maintien des monopoles privés pour la production de concentrés de tomates et de sucre raffiné bénéficient de mesures de protection. Le Sénégal a aussi mis à la disposition des acteurs des structures chargées de relayer l’information sur la concurrence et de gérer les stocks des ressources halieutiques. En matière de soutien interne, en dehors de la mise en place des structures d’appui, de conseils, d’informations, et quelques subventions (indirectes) sur le prix du carburant pour pêche artisanale ainsi que sur les importations de matériels et matériaux des bateaux, le Sénégal n’accorde aucun soutien à la production. Enfin, il convient aussi de noter qu’il existe une certaine similarité entre la politique commerciale du Sénégal et celles des autres pays membres de la CEDEAO. Les instruments utilisés pour la détermination de la politique commerciale restent les mêmes. Cependant, des dispositions réglementaires en matière de politique commerciale commune de la CEDEAO laissent des possibilités aux pays membres d’adopter des comportements opportunistes, d’où tout l’intérêt de la part des autorités sénégalaises de bien observer les modalités de la signature des APE.

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Chapitre III. Les contraintes actuelles et potentielles pour une adhésion du Sénégal aux APE

L’adhésion aux APE suppose l’application des principes de réciprocité, mais aussi disposer d’une capacité réelle de fournir aux partenaires des produits exempts de tout risque sanitaire en quantité satisfaisante. Pour s’assurer du caractère sain des produits importés, l’UE a mis en place des mesures réglementaires tendant à protéger ces consommateurs : les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS). L’application de ces mesures posent de réelles difficultés d’accès au marché de l’UE aux pays ACP qui considèrent à la limite, que ces nouvelles mesures ne sont qu’une méthode déviée de protectionnisme de la part de l’UE. En effet, si le processus d’ouverture marché de l’UE a été entamé dans les années 80 par un démantèlement tarifaire assez profond, il n’en demeure pas moins que celui-ci s’est accompagné d’une introduction croissante de barrières non-tarifaires dont les bases ont été définies à la fin des années 50. Elles sont constituées des mesures SPS et des obstacles techniques au commerce (OTC). Les OTC concernent les subventions à l’exportation et le soutien interne. Ces instruments font aujourd’hui l’objet de critiques très sévères dans les instances internationales du commerce et la tendance est à l’élimination systématique. Au même moment, les mesures SPS élargissent leur sphère d’action et deviennent beaucoup plus contraignantes pour les exportateurs de la plupart des pays en développement. Les principaux produits d’exportation agricole du Sénégal sont aujourd’hui lourdement affectés aussi bien par les OTC que par les mesures SPS. Certes les produits concernés ne sont pas nombreux (produits de la pêche, huiles d’arachides, conserves de poissons, fruits et légumes), mais ils représentent en valeur plus 90% des exportations agricoles du Sénégal, ce qui est énorme en termes de recette d’exportation. Il importe dès lors de s’assurer si l’adhésion aux APE constitue, pour le Sénégal, un instrument de contournement de ces contraintes ou risque, plutôt, d’enfoncer la position commerciale déjà difficile du pays dans ces échanges avec l’UE. De ce fait, dans cette partie, nous essaierons dans un premier temps, d’identifier les principales contraintes pour une adhésion du Sénégal aux et d’analyser leur spécificité sur le développement agricole local avant de poser dans un second temps , les problèmes liés à l’application des mesures SPS sur les produits sénégalais et la difficulté de la mise en conformité. Enfin, dans un troisième temps, nous tenterons de cerner les impacts de ces accords dans l’économie du Sénégal.

I. Les contraintes d’accès sur le marché de l’UE. Les contraintes rencontrées par les exportateurs agricoles du Sénégal pour accéder sur le marché de l’UE sont de deux ordres : - Des contraintes internes qui sont liées aux conditions de l’activité de production et

d’exportation dans le secteur agricole ; et

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- Des contraintes externes qui portent sur l’application par l’UE de techniques de commerce qui faussent le jeu de la concurrence et de mesures sanitaires et phytosanitaires contraignantes pour les exportateurs et producteurs sénégalais.

A. Les contraintes internes Il s’agit précisément des contraintes liées à l’environnement économique de la production ainsi qu’à la nature des infrastructures et structures d’exportation. Les filières les plus affectées sont la pêche, les huileries et celle horticole. La filière horticole est confrontée à des difficultés qui sont sous-jacentes aux disponibilités en eau dans les zones de production. En effet, l’activité de production est pour l’essentiel, concentrée dans la zone des Niayes (Littoral ouest du Sénégal). Cette activité utilise des techniques d’irrigation diverses (goutte à goutte, aspersion, arrosage manuelle à partir d’eau de puits). Le problème rencontré dans cette zone, par de tels systèmes d’irrigation est que non seulement la nappe phréatique est profonde (maestrichienne entre 100 et 300 m), mais les disponibles hydriques commencent à s’épuiser. De même, les conditions inadéquates de transport constituent une autre limite qui affecte négativement le développement des exportations agricoles vers l'UE. Les moyens de transport utilisés (camions frigorifiques) pour acheminer les récoltes des zones de productions vers les points d’embarcations ne sont pas disponibles en quantité suffisante, mais aussi, les frets aériens ne sont accessibles que pour les produits les plus compétitifs (généralement la tomate cerise et le haricot vert filet). Les autres produits doivent utiliser le transport maritime, ce qui exige de leur part des conditions particulières de conditionnement et de stockage. Concernant les produits de la pêche, il existe des contraintes qui sont d’ordre globale et se posent à toute l’activité, et d’autres plus spécifiques qui concernent les conserves de poissons. Les contraintes globales sont relatives à la gestion des ressources halieutiques, à la qualité de la logistique aéroportuaire et à l’insuffisance du fret aérien ; tandis que celles spécifiques portent sur l’irrégularité des débarquements de la flottille artisanale et hauturière pour approvisionner les entreprises de transformation, réduisant par conséquent les niveaux de production des conserves de poissons. Ces conserveries sont aussi tenues de se conformer avec les normes ISO 9000 et 14000 pour pouvoir exporter sur le marché communautaire, ce qui constitue une charge supplémentaire non négligeable. En plus des contraintes, les exportateurs agricoles sénégalais ont un cadre d’intervention très limité. Ils ne disposent pas de toutes les compétences et moyens nécessaires pour résoudre les difficultés du secteur. C’est ce qui explique les problèmes rencontrés lorsqu’il s’agit de trouver des crédits pour financer leur campagne agricole ou leurs exportations. De même, pour dénouer des opérations commerciales, la plupart de ces exportateurs sont généralement obligés de passer par des intermédiaires du fait de leur manque de maîtrise de la documentation en matière d’exportation et des techniques de négociations de contrats de vente. Certes, avec la mise place de l’OPE et la STRADEX, beaucoup de difficultés liées aux structures sont entrain d’être levées, mais leur action commune reste encore peu efficace pour résoudre les problèmes internes rencontrés par les exportateurs et producteurs agricoles.

B. Les contraintes externes

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Elles concernent les techniques du commerce qui agissent de manière indirecte sur l’activité et dont l’impact est négatif sur les exportations agricoles des pays en développement en général et Sénégal en particulier, ainsi que les mesures SPS.

1 . les obstacles techniques au commerce A la suite de la seconde guerre mondiale, les pays européens ont décidé, pour résoudre le déficit agricole qui existait sur leur marché, de relancer la production en accordant des soutiens internes aux agriculteurs. Cette mesure a eu un succès retentissant, mais a aussi créé des problèmes de surproduction dans le secteur agricole. Pour éviter des crises sur le marché interne, les autorités européennes ont décidé transférer les excédents vers d’autres marché grâce à des mesure destinées aux exportateurs (subventions et crédit à l’exportation, etc.). Avec la création du GATT, ces mesures de soutien furent maintenues et ce n’est que depuis l’arrivée de l’OMC en 1995 que les critiques fusent de partout pour exiger la suppression de ces instruments qui affectent négativement le commerce au niveau international. Les nombreuses études faites sur cette question, ont montré que les conséquences de ces aides ont été désastreuses pour les politiques agricoles de la plupart des pays en développement. Concernant le Sénégal, les subventions accordées pour la production et la transformation de tomates dans les années 90, ont eu comme conséquence une baisse des prix à l’export du concentré de tomate (du fait de la baisse du prix sur le marché mondial) et cela s’est traduit par la fermeture d’une des conserveries de tomate, la SNTI (actuellement réouverte). De même les soutiens à la production d’huiles végétales (colza et tournesol), ont réduit le volume des exportations d’huile d’arachide du Sénégal (20% des exportations agricoles du Sénégal) du fait des effets de substitution qui se sont opérés sur le marché de l’UE entre la consommation d’huile d’arachide et celle du colza ou du tournesol . Avec les conclusions des derniers travaux de l’OMC (Genève, juillet 2004), il est possible de présager un avenir meilleur pour les exportations agricoles du Sénégal qui étaient affectées par ces techniques de commerce. En effet, avec la décision de certains pays de l’UE d’avoir «accepté d’abolir toutes les formes d’aide à l’exportation des produits agricoles, à une date certaine » et de « concéder des réductions substantielles sur les aides intérieures à l’agriculture qui distordent le commerce »25, Il est possible d’espérer que la levée de ces contraintes permettra aux exportateurs sénégalais d’augmenter leur part sur le marché communautaire. Il n’empêche cependant, de souligner qu’une telle décision peut poser des problèmes plus complexes d’autant plus qu’aucune précision n’a été donné sur les modalités du processus d’élimination de ces soutiens. Il est possible qu’il s’effectue de manière graduelle et qu’il porte sur les produits non stratégiques pour l’UE. Aujourd’hui, la question la plus préoccupante pour les pays ACP, reste le degré d’engagement de l’UE à mettre pratique un processus réel d’ouverture de ces marché. Si, à priori, elle n’a pas la ferme intention de le faire, il faut s’attendre à un durcissement des conditions d’accès et cela ne peut être appliqué qu’avec les mesures SPS.

2 . les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) Les mesures SPS peuvent être définies comme étant « un ensemble de règles d’usages, de prescriptions techniques, relatives aux caractéristiques d’un produit ou d’une méthode, édictées dans le but de standardiser et de garantir les modes de fonctionnement, la sécurité et la lutte 25 Dr Schupachaï, directeur général de l’OMC, juillet 2004

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contre les nuisances26 ». Elles ont été mises en place par l’Europe pour se protéger contre les nombreuses crises sanitaires qui continuaient de frapper les populations et dont les causes résidaient dans la consommation de produits agricoles et agroalimentaires contenant des germes de maladies, des toxines, des pesticides et d’autres agents pathogènes. Elles peuvent être différenciées selon qu’elles sont des normes ou des réglementations. Les normes n’ont pas un caractère obligatoire, tandis que les réglementations sont établies par les organismes internationaux de veille sanitaire et s’appliquent de droit à tous les Etats membres de l’OMC. La prolifération des normes et réglementations nationales a amené les instances internationales du commerce à légiférer sur la question des mesures sanitaires et phytosanitaires applicables dans les échanges internationaux par la signataire d’un accord. a- L’Accord SPS : Signé en 1994 par les Etats membres de l’OMC, l’accord SPS est un ensemble de règles et procédures qui définissent les modalités de la formulation et de l’application de mesures sanitaires et phytosanitaires dans le commerce international. Il couvre tous les domaines des échanges susceptibles de contenir en soi un élément de risque pouvant porter atteinte à la vie et à la santé humaine, animale et végétale. Ces facteurs de risque sont liés à la présence croissante d’agents nuisibles tels que les toxines, les additifs, les contaminants et les organismes porteurs de germes ou vecteurs de maladie dans les aliments et les boissons dans les importations ou la productions de produits agricoles par l’UE. L’accord définit clairement la notion de « mesure SPS », mais n’établit aucune norme ou standard pour leur mise en œuvre. Cette tâche est du ressort de chaque Etat, qui définit selon son degré de préoccupation du risque sanitaire qu’un produit donné, provenant d’un pays donné ou de la production interne, pourrait avoir sur ces consommateurs. Les seules restrictions évoquées par les dispositions de l’Accord concernent l’évidence scientifique du risque et la cohérence entre le niveau de protection et le degré du risque. L’accord SPS repose sur deux principes de base : - la non- discrimination, principe selon lequel une mesure ne doit pas constituer un instrument

de protection contre les exportations d’un pays donné ou être une entrave au commerce entre des partenaires, mais plutôt un outil de protection pour la vie et la santé des populations en permettant de prévenir tout risque sanitaire ou phytosanitaire.

- La justification scientifique qui veut qu’une mesure SPS soit établie sur la base d’une évaluation du risque fondée sur une évidence scientifique rigoureuse. Celle-ci doit constituer la preuve scientifique du risque et faciliter l’établissement du lien entre la mesure et le niveau de protection établie par le pays importateur.

Selon les principes généraux de fonctionnement de l’Accord, les mesures doivent être compatibles avec les standards, directives et recommandations développées par les trois organisations internationales que sont la commission du Codex Aliment Arius, l’office internationale des épizooties (OIE) et la convention internationale de la protection des plantes. Des travaux de la CTA27 ont montré que ces dispositions de l’Accord restent trop contraignantes pour la plupart des pays en développement. Ces derniers rencontrent d’énormes difficultés lorsqu’ils sont amenés à démontrer la non-validité d’une mesure prise à l’égard de leurs exportations ou l’insuffisance des arguments scientifiques avancées pour justifier sa mise en œuvre par l’UE. Ce problème est d’autant plus récurrent du fait que ces pays ne disposent ni de

26 Claire Le Bigot, Impact des normes sanitaires et phytosanitaires européennes sur les exportations des pays ACP, CIRAD-AMIS, ECOPOL, 2003 27 centre technique de coopération agricole et rurale UE-ACP

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l’expertise nécessaire, ni des moyens financiers pour prendre en charge de telle question. L’accord a aménagé des dispositions particulières pour les PED, mais celles-ci se limitent uniquement à une assistance pour la formulation et à la mise en application des mesures. Or les législations européennes en matière de protection évoluant au gré des consommateurs et des organisations de défense des droits des consommateurs ou de groupes d’intérêts particuliers, les pays en développement risquent de se heurter davantage à ces contraintes. b- Les législations européennes en matière de normes SPS Elles portent sur les « codes de bonnes pratiques » instituées par le secteur privé principalement les acteurs de la grande distribution et qui s’appliquent aux importations de fruits et légumes en particulier , l’harmonisation des procédures d’importation qui renforce l’utilisation du système HACCP pour les importations de produits halieutiques et la réduction du seuil des limites maximum de résidus tolérés par le marché communautaire. Les « codes de bonnes pratiques » constituent un corpuscule de législations qui cherchent à établir la provenance et les conditions de production des biens agricoles importés sur le marché de l’UE. Lorsqu’un pays ne respecte pas les critères de production ou de normes exigées par l’UE, les importateurs communautaires conviennent de boycotter systématiquement ses produits. Les « codes de bonnes pratiques » s’appliquent essentiellement sur les importations européennes de fruits et légumes, de poissons et de viandes. Elles mettent l’accent sur la responsabilisation des importateurs. En effet, selon les principes généraux de la loi sur la sûreté alimentaire, les responsables des sociétés de distribution de produits agricoles et agroalimentaires sont garants de la qualité des produits proposés à la clientèle et encourent des peines pénales (sanction pénale de 2 ans ou une amende de €40.000) en cas de nuisance sanitaire due à la consommation de ces produits. Ces dispositions poussent les opérateurs européens à suivre tout le processus de production, de conditionnement, de stockage et de transport des produits, d’où l’idée de la norme sur la traçabilité . De même, la dernière révision de la réglementation sur l’hygiène des denrées alimentaires met l’accent sur l’utilisation du système HACCP28 pour prouver l’innocence ou non des distributeurs de ces produits en cas d’une nuisance humaine. Ce système permet de faire une analyse détaillée des dispositions prises par ces derniers pour s’assurer du caractère sain des produits qu’ils proposent aux consommateurs. Elle a conduit à la nécessité, pour les pays de l’UE, d’harmoniser les procédures d’importations principalement pour les produits de la pêche. Grâce à cette harmonisation, la classification des exportateurs de produits de la pêche selon leur degré de conformité en deux groupes, va être supprimée. De ce fait tous les exportateurs désireux vendre sur le marché de l’UE, seront tenus de se conformer aux normes. Il importe de noter que la classification par l’UE des exportateurs de produits de pêche sur son marché en deux groupes procède de la démarche suivante : - Les pays inscrits sur la liste 1, répondent aux normes établies ou proposent des normes

équivalentes et ont, de ce fait, la possibilité d’exporter leur produit sur le marché unique communautaire ; et

- Les pays inscrits sur la liste 2, sont ceux dont les produits exportés ne répondent ni aux normes et n’offrent aucune équivalence. Ils ne sont autorisés à exporter que sur quelques marchés et ceci pour des raisons d’ordre historique (anciennes métropoles).

Ces différentes réglementations posent des difficultés certaines aux exportateurs des pays en développement.

28 hazard analysis critical control point

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- La première est liée au choix entre les normes établies par les instances internationales de veille sanitaire pour le commerce international et celles spécifiques à l’UE. Le problème est que si l’UE juge les normes d’exportations non satisfaisantes, ces pays auront non seulement du mal à financer le coût du recours auprès de l’OMC, mais risquent de voir leurs produits d’exportation faire l’objet d’une interdiction d’accès sur le marché communautaire;

- La seconde difficulté concerne l’adaptabilité à ces réglementations. En effet, pour satisfaire à ces exigences, les pays en développement doivent suivre l’évolution de la réglementation et s’adapter en permanence aux nouvelles directives. Cette adaptation nécessite des moyens et du temps que les pays en développement ne disposent pas.

Autant de paramètres qui imposent aux exportateurs agricoles sénégalais de trouver les éléments nécessaires pour se conformer aux normes.

II. Problématique de la mise en conformité pour le Sénégal Les mesures SPS mises en place par l’UE varient selon la nature des produits importés, le degré de transformation et la provenance. Concernant le Sénégal, ces mesures affectent ses principaux produits agricoles d’exportations à des degrés divers et pour des motifs variés. Tableau 24 : Produits affectés par les mesures SPS selon la nature du risque

Produits Nature du risque Poissons et crustacés Microbiologique, conditionnement

Légumes Résidus de pesticides, chimique, conditionnement Fruits Résidus de pesticides, chimique, agents pathogènes

Huiles d’arachide Chimique, Conserves de poissons Microbiologique, conditionnement, emballage Conserves alimentaires Microbiologique

Source : commission européenne Pour contrôler les risques sanitaires liés à la présence des produits agricoles et agroalimentaires sur ces marchés, l’UE a mis en place un système d’alerte précoce. Le degré de préoccupation du risque est établi selon que les produits concernés sont classés sur la liste des notifications d’information (liste des produits qui peuvent être facteur de risque, mais qui ne sont pas encore présents sur le marché de l’UE) ou sur celle d’alerte (liste des produits présents sur le marché communautaire et qui comportent des germes de risques sanitaires). L’essentiel des exportations agricoles du Sénégal est inscrit sur les notifications d’informations

A. la nature des risques selon les exportations agricoles sénégalaises Les principaux types de risques identifiés exportations sont de nature microbiologique avec la présence du salmonella constatée au niveau des poissons et crustacés ou chimique pour l’huile d’arachide, les légumes et les fruits. L’origine des risques de contamination chimique est contingente aux conditions de production et de transport des produits agricoles du Sénégal destinés au marché de l’UE. En effet, concernant l’huile d’arachide, le risque sanitaire est dû à la présence de l’aflatoxine qui est une composée toxique, vecteur de cancer du foie. La présence de l’aflatoxine dans l’huile d’arachide s’explique à la fois par l’état dans lequel la matière première (arachide) doit se trouver pour pouvoir être

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utilisée (sec), mais aussi au processus chimique d’extraction de l’huile. Cette situation justifie le fait qu’aujourd’hui n’exporte que de l’huile brute d’arachide. Concernant les légumes et fruits, les contaminations chimiques sont liées à l’état des produits lors des récoltes et aux conditions de transport vers l’UE. En effet, la plupart des fruits et légumes destinés au marché européen ne sont pas récoltés à l’état de maturité totale. Les exportateurs préfèrent disposer des produits lorsqu’ils tendent vers la maturité afin d’éviter qu’ils ne pourrissent durant le trajet. De ce fait, si la durée de rémanence des agents actifs contenus dans les pesticides utilisés pour limiter les attaques d’acridiens, n’est pas atteinte, les produits restent dangereux pour la consommation humaine. De même, du fait des risques de pourrissement durant le trajet, les exportateurs utilisent des conservateurs chimiques qui permettent aux produits de mûrir en cours de route. Ces produits constituent aussi un autre facteur de risques sanitaire pour les consommateurs. Les autorités sénégalaises affirment avoir sensibiliser les principaux acteurs des filières horticoles qui aujourd’hui prennent toutes les précautions de réduire au maximum les résidus. Les notifications d’informations concernent également les exportations de produits de la pêche sénégalais, mais à un degré moindre. L’amélioration du niveau d’exportation de ces produits est davantage contrariée par des mesures de réglementation.

B. Les contraintes techniques de la mise en conformité Elles concernent l’application des règles sur la traçabilité, les limites maximum des résidus tolérés (LMR) et l’harmonisation des procédures d’importations.

1 . l’harmonisation des procédures d’importations sur le marché communautaire Le Sénégal se trouvant inscrit sur la liste 1, dispose d’une autorisation de mobilité totale de ces exportations de produits halieutiques sur le marché unique européen, cependant ces exportations sont soumises à deux exigences : - un examen préalable : Les produits de pêche du Sénégal doivent être soumis à un examen par un laboratoire accréditée avant d’avoir l’approbation de l’UE d’être importés sur son marché. Cet examen nécessitait l’envoi du produit dans les laboratoires accrédités et qui se trouvent en Europe, ce qui constitue un coût pour les entreprises et une perte de temps. Aujourd’hui, les contrôles sont effectués par le laboratoire de Locus Fox, une fondation sur la base d’un projet de la FAO qui s’occupait de la question des normes au Sénégal. Ce laboratoire est aujourd’hui certifiées BTA et a soumis son dossier d’accréditation auprès des instances internationales de veille sanitaires. La mise en conformité constitue un poste de coût énorme aux exportateurs agricoles sénégalais et particulièrement ceux de produits de pêche . - l’amélioration des infrastructures de production : La nature des produits de pêches exportés

par le Sénégal vers l’UE varie selon qu’ils proviennent de la pêche artisanale ou industrielle. Les conserves sont pour l’essentiel produites de manière artisanale, utilisant de ce fait une main d’œuvre abondante. Il importe dès lors pour satisfaire la demande de qualité du marché communautaire, d’améliorer les infrastructures de transformations et de conservations. La plupart des entreprises sénégalaises exportatrices de produits de pêche ont installé le système HACCP depuis 1995, grâce à un financement octroyé par la commission européenne.

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Certaines ont pu remettre à jour le système, tandis que d’autres ont préféré utiliser la sous–traitance pour le contrôle de la qualité de leur produits.

2 . La traçabilité La réglementation sur la traçabilité répond à l’exigence faite aux responsables des sociétés de distribution des produits agricoles et agroalimentaires, de donner les preuves qu’ils ont pris toutes les garanties nécessaires la qualité des produits vendus. Elle suppose que ces acteurs disposent de toutes les informations sur les produits : Qui l’a cultivé et dans quelles conditions ? Quels sont les traitements utilisés ? Dans quelles conditions ces produits ont été récoltés, transportés, stockés et conservés ? La difficulté rencontrée par les exportateurs agricoles sénégalais, est qu’ils ne disposent pas des moyens matériels pour fournir toutes ces informations. Certes les autorités sénégalaises sont en train de mettre en place, avec les organisations d’exportateurs agricoles, les dispositifs nécessaires pour résoudre ce problème, mais beaucoup d’efforts reste à faire. Les contraintes rencontrées sont à la fois d’ordre structurel et financier. En effet, la plupart des exportateurs s’approvisionnent auprès d’exploitants qui n’ont pas habitué à pendre les dispositions nécessaires pour fournir toutes les informations sur les intrants qui ont permis d’obtenir les produits proposés. Ce problème pouvait être résolu si les exportateurs travaillaient avec les exploitants agricoles sur la base de cahiers de charge. Mais cette possibilité est limitée du fait que les échanges avec leur partenaires de l’UE ne sont pas établis sur la base de contrats d’achats. La mise en place de cette mesure affecte toute la chaîne de distribution des produits agricoles du distributeur au petit agriculteur. 80% des exportations de fruits et légumes sont concernées par cette réglementation et 20% de conserves de poissons.

3 . Les limites maximales de résidus tolérées (LMR) Les dernières directives européennes en matière de limites maximum de résidus tolérées (CE/29/2000) ont établi la nécessité de réduire davantage le seuil de tolérance et de renforcer les contrôles pour l’application de cette mesure. Cette décision laisse perplexe les exportateurs sénégalais dont la plupart des produits utilisent le fret maritime pour accéder sur le marché européen. Les résidus constatés sur les exportations agricoles sénégalaises s’expliquent par le fait qu’à la veille de récolte, les agriculteurs font des traitements fongicides qui sont nécessaires pour la conservation et la qualité des produits exportés par voie maritime. Après traitement, le principe actif des fongicides utilisées disparaît ou reste en surface jusqu’à ce que les produits soient nettoyés. Aujourd’hui, les produits agricoles les plus affectés par ces LMR sont les produits horticoles. Les exportateurs établissent de des conditions strictes avec leurs fournisseurs locaux sur les traitements et doses d’engrais ou de pesticides que les produits doivent contenir. Le problème des limites maximum de résidus tolérés par l’UE ne se pose pas en terme de non respect de la réglementation, mais plutôt d’une inadéquation entre les seuils de tolérance établis et les limites de détection de la présence du principe actif de produits fongicides ou pesticides utilisés lors des différents traitements. Cette réglementation affecte principalement les niches des exportations sénégalaises (mangues, avocats, gombos).

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C. Les causes de la non conformité avec les normes européennes Les principales limites de cette normalisation avec les mesures SPS au Sénégal, portent sur les aspects institutionnels ou environnementaux de la production.

1. Les contraintes institutionnelles

a- L’indisponibilité d’information sur les normes européennes en matière de produits agricoles

La non-disponibilité de l’information constitue un problème de taille que les autorités sénégalaises doivent résoudre. Le problème à ce niveau, est qu’en dehors des exportateurs de conserves de poissons, d’huile d’arachide, des aliments de bétail ainsi que d’haricots verts et de tomates cerise, la plupart des producteurs agricoles sénégalais n’ont aucune notion sur la nature des mesures qui concernent leur production, ni des modalités par lesquelles elles les affectent. Certes, avec la mise en œuvre de la STRADEX cette question pourra être prise en charge par les techniciens agricoles, mais cela suppose qu’ils subissent eux-mêmes des formations pour comprendre les subtilités et les enjeux de chaque mesure.

b- Les délais de rigueur pour la mise en conformité sont trop courts: Les exportateurs sénégalais considèrent que les délais accordés par l’UE pour que leurs produits soient conformes aux normes exigées, est très insuffisante. Certes en des intérêts en jeu, l’UE peut faciliter aux exportateurs l’accès au financement nécessaire et de ce fait permettre la mise en place de la conformité dans un très court délai (exemple des exportations de produits de la pêche avec l’installation du système HACCP). Cependant pour d’autres produits (cas des fruits et légumes) du fait du coût énorme de la mise en place des normes ISO 9000 ou des instruments de contrôle des LMR, rares sont ceux qui parviennent à respecter les délais fixés par l’UE pour la conformité car il est difficile pour eux de disposer des ressources nécessaires pour la financer.

c- Les difficultés de l’accès aux ressources : Il s’agit du point le délicat pour les exportateurs et producteurs agricoles sénégalais. La première ressource non disponible est l’information sur les normes européennes. Non seulement elles sont nombreuses, mais les exportateurs sénégalais ont du mal en à disposer à temps et de suivre toutes leurs évolutions. Le problème de l’expertise constitue une autre ressource que les exportateurs sénégalais ne disposent pas. Certes d’énormes efforts sont faits dans ce sens. Les autorités sénégalaises sont actuellement en train de mettre en place un nouveau projet pour le contrôle et la mise en conformité avec les normes internationales. Ce projet est financé à hauteur de 2 milliards de franc CFA par le gouvernement espagnol. Il s’inscrit dans le cadre des renforcements des capacités et porte sur l’installation et la rénovation de l’équipement nécessaire pour les laboratoires au niveau de la Direction des Plantes et Végétaux (DPV), de l’école nationale des sciences vétérinaires et animales, et d’autres instituts de recherche. De même, les exportateurs (ou producteurs) ont du mal a disposé de prêt à des taux raisonnables capables de les permettre de financer la mise en conformité avec ces normes. Certes, des prêts du genre sont mis en place par l’UE, la Banque mondiale, etc., mais est-il qu’il faut remplir les conditions d’éligibilités.

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2. Les contraintes liées à l’environnement de la production

a- l’inexistence d’une stratégie nationale de contrôle des produits agricoles et agroalimentaires :

L’amélioration des conditions de contrôle interne des produits agricoles et agroalimentaires constitue un premier pas pour que les producteurs agricoles sénégalais s’accoutument au respect des normes de qualité exigée par les consommateurs des pays partenaires. Cela suppose une collaboration entre les différentes entités administratives compétentes en la matière, les industries agroalimentaires, les organisations de défense des consommateurs, les organisations paysannes et d’exportateurs agricoles, ainsi que les instituts de recherche scientifique et technique. Tous ces acteurs doivent développer une synergie pour mettre en place une stratégie nationale de contrôle de la qualité des produits agricoles et agroalimentaires consommés adaptés au contexte économique du pays mais qui tend à se conformer à la réglementation internationale. Mettre en œuvre de tels dispositifs nécessitent de la part des autorités sénégalaise une assistance technique, mais le vrai problème c’est comment formuler la demande.

b- Le manque d’expertise scientifique et technique : En dehors des techniciens de l’ASN, d’une équipe de recherche basée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et quelques chercheurs de l’ISRA, le Sénégal est carrent en experts scientifiques capables de résoudre les problèmes posés au niveau national par les normes européennes. Les laboratoires de normalisation et de certification existant sont privés et les instituts publics de recherche qui existent ne disposent ni de budget suffisant, ni de la technologie adaptée par faire les expériences et analyses nécessaires.

III. L’impact des APE sur le budget de l’Etat et sur l’économie en générale L’une des grandes préoccupations des autorités sénégalaises sur les APE concerne leurs conséquences sur le budget de l’Etat, la production locale et l’économie de manière large.

A. Impact sur le budget de l’Etat La mise en oeuvre des APE exige de la part de chaque partenaire, l’ouverture de son marché aux produits d’exportation de l’autre. Cela nécessite la suppression des droits de douanes et de toute mesure pouvant entraver l’activité de commerce. La suppression des droits de douanes sur les importations agricoles du Sénégal pourra entraîner des pertes de ressources importantes pour le Trésor public sénégalais. Par exemple, si l’on prend comme année de référence 2000, cette opération devra coûter à l’Etat sénégalais au minimum €5629 millions par an. Certes l’UE a mis en place dans le cadre des mesures d’accompagnement, des possibilités d’obtention d’une aide compensatoire pour les pertes engendrées par la mise en application de l’accord. Cependant, les autorités sénégalaises ont encore des difficultés importantes pour évaluer exactement le coût de cette transition. En fait, l’un des problèmes identifiés concerne la détermination des mécanismes et effets de substitution entre la production locale et les 29 application du TEC et de la TVA sur les importations agricoles en valeur

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importations européennes qui sont fonction des arbitrages de consommation des ménages sénégalais. L’UE a, en même temps, promis de soutenir les pays ACP signataires de l’accord par la mise à leur disposition d’une assistance technique pour l’appui au processus de normalisation, mais pour y prétendre, ces derniers doivent formuler clairement leur demande. Les autorités sénégalaises peinent actuellement à mettre en œuvre cette conditionnalité. De nombreuses études et travaux sont faits dans ce sens, mais la question n’est jusqu’à présent pas encore résolue. En plus de ces difficultés liées à la détermination du besoin de compensation, si les filières protégées ne parviennent pas à résister à la nouvelle situation, leur faillite risque de mettre l’économie sénégalaise dans une situation difficile. Les secteurs les plus menacés sont celui du sucre, des concentré de tomate, des conserves de poissons, de la viande et des céréales. - Concernant le sucre, si du fait de la présence des importations de l’UE, le marché ne parvient

pas à absorber l’offre disponible, la CSS risque de se trouver dans une situation de faillite. Une fermeture de la CSS représente une perte importante aussi bien en termes de recettes fiscales (chiffre d’affaire de 42.658 millions de Fcfa en 1999) et d’emplois (3009 salariés).

- Pour la filière concentré de tomates, une faillite des entreprises de transformation aura non

seulement des effets négatifs graves en termes de recettes fiscales, mais c’est toute une zone aménagée (d’une valeur minimale de €5 millions) qui se retrouve condamner (Delta et Vallée du Fleuve Sénégal). Les pertes en emplois pourront être très importantes et les effets collatéraux sur les entreprises de fabrication d’emballage et de transport.

En dehors de ces produits agroalimentaires, il faudra évaluer l’impact des céréales et des importations de lait et de viandes sur les filières locales. - Une présence massive des céréales (blé et méteil) constitue une opportunité pour les

sociétés de production de farine de blé et de méteil. Elle appuie également l’Etat dans sa politique d’emplois, mais il est fort probable qu’elle ne déstructure les filières locales (mil, riz, sorgho). Si l’Etat n’agit pas sur les comportements de consommation des ménages, le développement des importations des blé et méteil risque d’enfoncer l’agriculture de subsistance au Sénégal dans une situation plus désastreuse qu’elle n’est encore.

- En ce qui concernent les importations de lait, la faillite de la SOCA30 dans les années 90 a montré les effets que les importations européennes pourront avoir sur la production locale.

- Pour la filière viande, les importations de carcasses de moutons et bœufs, ainsi que celles des cuisses et abats de volailles risquent d’être désastreuses pour la production locales.

- Concernant la filière cotonnière, si les exportateurs de l’UE décident d’augmenter les quantités de friperies, c’est l’avenir des 416 salariés de la SODEFITEX qu’ils mettent en jeu.

Il n’est pas dit qu’une ouverture du marché sénégalais aux importations européennes de produits agricoles entraîne automatiquement une faillite des unités agricoles et des entreprises agroalimentaires locales, mais compte tenu de l’état actuel des choses, ce éventualité reste la plus probable si les autorités sénégalaises ne négocient pas les modalités de l’ouverture et les mesures d’accompagnement à mettre en place.

30 société de production de lait et de yaourt

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B. Impact sur l’économie en générale Si les APE se sont fixés pour objectifs d’aider les pays ACP à mieux s’intégrer dans les échanges internationaux en développant leur potentiel de productivité, il n’en demeure pas moins que leur impact sur la sécurité alimentaire et le développement agricole durable laissent à désirer. L’adhésion aux APE oriente les autorités sénégalaises à mettre davantage l’accent sur l’agro-exportation au détriment de l’agriculture vivrière. Cette stratégie risque de perturber la politique agricole du Sénégal et amener les autorités à investir davantage sur la production destinée à l’exportation au détriment des cultures vivrières qui se trouvent déjà dans une situation très critique. De même, si les autorités décident d’ouvrir les secteurs protégés, ce sera la durabilité de l’activité agricole locale qui est en jeu. Aujourd’hui, l’augmentation de la pression de pêche constitue un exemple patent. Si les autorités sénégalaises ne se dotent pas d’outils de contrôle des quotas de pêche et des espèces prises, il est clair que sous peu la ressource risque de tarir et certaines espèces pourront disparaître. La conséquences d’une telle situation va se ressentir sur les capacités d’exportation qui vont s’amenuiser posant de ce fait des problèmes au renouvellement de la ressource et par conséquent sur la durabilité de l’activité. Concernant les produits horticoles (fruits et légumes) dans la zone des Niayes, si les producteurs décident d’augmenter les quantités exportés, la surexploitation du disponible hydrique pourra être fatale à la production (utilisation de la nappe saline). De même, cette volonté d’approfondir leur présence sur le marché communautaire peut également être à l’origine de déficit d’offre sur le marché local et même pousser les détaillants à s’approvisionner sur les pays voisins au moment ou la production locale était largement capable de procurer une autosuffisance au marché local. Résumé La signature des APE repose fondamentalement sur la problématique de contraintes d’accés au marché communautaire, plus précisément sur le problèmes des normes SPS, et des conséquences que les importations européennes pourraient avoir sur les unités de production agricole et les entreprises agroalimentaires locales. S’il est possible d’espérer que les exportateurs sénégalais vont bientôt se soustraire aux difficultés liées aux obstacles techniques du commerce, il y a de forte probabilité qu’ils butent sur les normes. Les raisons de ce scepticisme sont variables : disponibilité de l’information, complexité des législations, instabilité des réglementations, manque de ressources, etc. L’impact de telles contraintes peut être grave pour le développement de certains secteurs. Le cas des normes sur les huiles et les tourteaux en est un exemple parfait. La baisse des exportations due à la présence de l’aflatoxine dans ces produits a des conséquences énormes pour l’économie sénégalaise et surtout pour les paysans. En effet, plus de 80% de la population en zone rurale interviennent dans la production d’arachide. Cette activité constitue leur principale source de revenus. Une baisse des exportations aura donc pour effet la diminution du prix au producteur. Cette situation amène les producteurs à se réorienter vers d’autres spéculations ou de se tourner vers les filières informelles de commercialisation. Or, les conditions pédo-climatiques faisant, il sera difficile pour les producteurs d’arachide de se tourner vers d’autres produits plus rentables et par conséquent seront tenus de se consacrer à une agriculture de subsistances (mil, niébé, maïs, etc.).

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Chapitre IV. Conclusions et recommandations

I. Conclusion

Les conclusions essentielles de cette présente étude sont les suivantes : 1 - Les exportations agricoles du Sénégal jouent un rôle de premier ordre dans la balance des échanges commerciaux avec l’UE. Elles couvrent en moyenne 43% les importations totales de marchandises et 80% de celles agricoles du Sénégal en provenance de l’UE. Avec la dévaluation, le niveau des exportations agricoles a connu une amélioration, mais celle-ci n’a pas été suffisante pour compenser la forte croissance des importations non-agricoles.

2 - Les exportations agricoles du Sénégal vers l’UE portent sur les poissons, crustacés et mollusques (43%), l’huile brute d’arachide (25%), les conserves de thons (16%), les aliments de bétail (6%), les légumes (7%) et d’autres produits tels que le coton, les fruits et la gomme arabique. Actuellement, il existe des niches importantes sur le marché communautaire pour les exportations sénégalaises de fruits et légumes ( Italie, Espagne, France et Belgique). 3 - Les exportations agricoles du Sénégal sont confrontées à une forte concurrence sur le marché de l’UE provenant des pays membres de la CEDEAO . Il s’agit : - pour les poissons, crustacés et mollusques, des exportations du Nigeria, de la Guinée Bissau,

de la Guinée Conakry et la Mauritanie ; - pour l’huile végétale, des exportations d’huile de palme de la Côte d’Ivoire et du Nigeria ainsi

que celles d’arachide du Ghana ; - pour les conserves de poissons, des exportations de la Côte d’Ivoire et du Ghana ; - pour les légumes, des exportations du Ghana De même, les pays de l’Océanie (les îles en particulier), du Maghreb (Egypte, Maroc), d’Afrique australe (Kenya) et d’autres pays du reste du monde mènent une forte concurrence aux exportations sénégalaises de produits halieutiques, d’huile végétale, de légumes et de fruits. Pour résoudre cette situation, les exportateurs doivent développer des labels de qualité, renforcer leurs capacités commerciales et négocier des contrats à termes. 4 - Les exportations de concentrés de tomates et d’huile d’arachide sont aux contraintes liées aux soutiens que l’UE accorde à ses producteurs. De même, les exportations de produits halieutiques, de légumes, d’huile d’arachide et de fruits font face aux normes et réglementations SPS de l’UE . 5 - Les importations agricoles restent relativement faibles (20%) comparées à celles non-agricoles. Elles concernent les céréales (23%), le lait et ses dérivés (17%), les huiles végétales, les conserves de viandes, les conserves alimentaires, le sucre, les fruits et d'autres produits. Les importations de céréales et de sucres visent à combler un problème de déficit de production, tandis que celles des huiles végétales procèdent d’un choix économique entre disposer de produit de deuxième qualité, à un coût faible et vendre la production locale à des prix très intéressants sur le marché international. Aujourd’hui, les productions de viande, de légumes, de fruits, de coton, de textile, de lait, d’huiles végétales et de conserves de poissons sont concurrencées par

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les importations agricoles de l’UE dont la plupart sont subventionnées , cependant, les importations agricoles de l’UE intègre la stratégie agricole du Sénégal et reste contrôlées. Néanmoins, on estime qu’avec l’entrée en vigueur des APE la donne risque de changer et que les effets de compétition soient plus actifs. En effet, comme le remarque Ribier31, la concurrence entre agriculture de deux blocs dépend des règles commerciales qui régissent leurs échanges. Ainsi, une libéralisation des échanges pourra permettre aux produits de l’UE d’être plus présents sur le marché sénégalais et de ce fait essayer de prendre le maximum d’opportunités disponibles sur le marché sénégalais. 6- L’analyse de la spécialisation des exportations agricoles du Sénégal sur le marché de l’UE a révélé qu’une meilleure présence des produits agricoles sénégalais est possible, cependant, pour exploiter cette opportunité, les exportateurs doivent répondre aux exigences de qualité de l’UE et être plus dynamiques pour faire face à la concurrence sur le marché de l’UE en provenance du bloc CEDEAO et du reste du monde. 7 – Si le Sénégal décide de renforcer la présence de ces produits agricoles sur le marché de l’UE à travers les APE, cela suppose en retour qu’il accepte d’ouvrir davantage son économie vis-à-vis des importations de celle-ci et d’exposer à la concurrence les produits et les secteur protégés. 8 - La politique commerciale du Sénégal dans le secteur agricole a beaucoup évolué depuis le début des années 70 et depuis leur passage en 1994 devant l’organe d’examen des politiques commerciales de l’OMC ainsi que la mise en œuvre de la dévaluation du franc CFA, le Sénégal est en train de faire des efforts considérables pour libéraliser ses marchés et limiter l’intervention publique dans les activités de production et de commerce. Il existe quelques secteurs qui restent sous la tutelle (indirecte) de l’Etat du fait de leur poids stratégique dans l'économie nationale. Il s’agit notamment des secteurs du concentré de tomates et du sucre, qui font l’objet d’une certaine protection grâce à des mesures tarifaires. Cependant, les autorités sénégalaises sont en train de démanteler ces contraintes tarifaires et le processus s’approfondi. Seulement, le développement des barrières non-tarifaires, en particulier des normes SPS, les mettent devant une situation très difficile. 9 - Comparé autres pays de le CEDEAO, le processus d’ouverture du marché sénégalais est très en avance. La politique commerciale du Sénégal s’inscrit aujourd’hui sur la politique commune mise en place dans le cadre de la CEDEAO, qui est fondée sur l’application du TEC de l’UEMOA et sur l’harmonisation des procédures ainsi que des réglementations dans le domaine commercial. Il convient de remarquer à ce niveau, que la politique commerciale commune de la CEDEAO établit les conditions du développement des opportunismes d’Etat, car en donnant aux pays membres, la possibilité de négocier des accords commerciaux avec des parties tierces elle facilite ces mécanismes et pourrait avoir des effets sur la stratégie de convergence des politiques commerciales au niveau régional. 10 - Les obstacles techniques au commerce appliquées par l’UE pour soutenir ses agriculteurs et ses exportateurs posent des problèmes divers aussi bien aux producteurs qu’aux exportateurs sénégalais. L’application des normes sur la traçabilité, l’harmonisation des procédures d’importation et la réductions des limites maximum de résidus tolérés risquent d’avoir des effets importants sur les exportations de produits de pêche et de fruits et légumes du Sénégal. L’évolution de ces mesures et la non intégration par l’UE des opérateurs du Sud dans les prises de décision concernant l’établissement de ces normes, constituent autant de contraintes

31 V.Ribier et R.Blein, Compatibilité et concurrences entre exportations de l’UE et celles des ACP, CIRAD-Amis, ECOPOL

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institutionnelles que les autorités sénégalaises devront poser sur la table des négociations avec l’UE. 11 - Les exportateurs sénégalais n’ont pas les moyens de prendre en charge le coût de la mise en conformité. L’UE doit appuyer, dans le cadre de l’assistance technique nécessaire pour le renforcement des capacités, la mise en place des structures de normalisation (laboratoire, matériels) et aider les politiques gouvernementales tendant à mettre à la disposition des producteurs, l’expertise nécessaire pour qu’ils puissent se conformer de manière permanente aux exigences européennes en termes de qualité, si elle veut continuer à collaborer avec ce pays.

II. Les recommandations L’introduction de la réciprocité dans les échanges commerciaux entre l’UE et les pays ACP pose le débat du commerce entre grand et petit pays. Selon la théorie du commerce international, dans un cas pareil, toute mesure de politique commerciale prise par le grand pays (dans notre cas l’UE) peut facilement influencer sur le prix des exportations vers son marché par le petit pays (Sénégal dans ce cas –ci) et par conséquent sur le secteur concerné. Par contre l’inverse n’est pas vraie. On voit ainsi que le Sénégal n’a nullement la capacité d’influencer la politique commerciale de l’UE. Autrement dit, les exportateurs agricoles du Sénégal n’ont aucune maîtrise sur les déterminants des prix des produits agricoles qu’ils proposent sur le marché communautaire. Les problèmes que pose une telle situation pour le Sénégal sont les suivants : - Premièrement, l’ouverture du marché sénégalais aux importations européennes risque de créer de sérieuses perturbations pour la production locale dans le secteur agricole et les entreprises agroalimentaires. En effet, du fait des aides accordées par l’UE à ses producteurs agricoles, ces derniers disposent d’avantage compétitif plus important et parviennent à se positionner sur n’importe quel marché ACP. Si l’UE ne supprime pas ces soutiens avant la mise en œuvre des accords, les producteurs locaux seront obligés de suivre le diktat imposé par les exportateurs européens sur leur propre marché. - Deuxièmement, la signature des APE est une condition nécessaire mais non suffisante pour exploiter les opportunités réelles dont les exportateurs sénégalais pourraient disposer sur le marché de l’UE. En effet, l’analyse de la structure des exportations agricoles du Sénégal vers l’UE a montré que les exportateurs sénégalais disposaient de réelles possibilités sur le marché de l’UE, mais pour les exploiter, ils sont tenus résoudre les problèmes liés aux normes de qualité et diversifier les produits ainsi que leurs marchés d’exportation. Avec la signature des APE, l’UE pourra les aider dans le processus de mise en conformité, mais toute la question est de savoir jusqu’où l’UE pourra aller. Tout le débat sur les APE réside en cela : quels sont les critères objectifs qui vont prévaloir sur la détermination des aides compensatoires et l’assistance technique aux pays ACP signataires des accords.

A. Cas d’une non-adhésion du Sénégal aux APE Si les autorités sénégalaises optent de ne pas adhérer aux APE, ce qui est peu probable, elles maintiendront les préférences octroyées par l’initiative TSA. Les conséquences potentielles d’un tel choix pourraient impliquer tous les secteurs de l’économie.

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1 . Au niveau des exportations Selon les résultats d’analyse du premier chapitre, nous avons montré que les principaux produits agricoles d’exportation du Sénégal vers l’UE sont confrontés aux problèmes des normes SPS. Elles agissent sur les quantités des produits exportés par le partenaire. Leur mise en œuvre par l’UE contribue à augmenter le pouvoir de négociation des importateurs européens et constitue un outil de protection peu transparente, d’où la difficulté de suivre leur évolution. De même, les exportateurs sénégalais ont besoin pour promouvoir leurs offres sur le marché communautaire d’améliorer la qualité des structures et infrastructures disponibles. Pour lever ces contraintes l’Etat et les acteurs des échanges agricoles devront trouver des alternatives aussi vite que possible, au risque de se voir contrainte sur le marché de l’UE. Si les exportateurs ne parviennent à régler ces problèmes qui compliquent leur accès sur le marché communautaire, leurs capacités de commerce pourraient être sérieusement rétrécies car selon les « codes des bonnes pratiques », les négociants du marché communautaire sont tenus de ne s’approvisionner qu’auprès des partenaires qui respectent les principes de sécurité sanitaire établis à travers les normes. En plus, les pertes de marché au niveau de l’UE pourraient amener à des faillites pour certaines filières, particulièrement celles des conserves de poissons dont plus de 60% des productions sont destinées aux marchés d’exportation européenne. Les conséquences en termes de revenus, d’emplois et de recettes fiscales seront importantes pour l’économie sénégalaises.

2 . Au niveau de l’Etat Si les autorités sénégalaises décident de renforcer leur présence sur le marché de l’UE, elles devront supporter le coût de la mise en conformité avec les normes de l’UE et résoudre le problème des structures et infrastructures d’exportation et de production de qualité. Elles ne pourront pas bénéficier des aides compensatoires proposées dans le cadre du 9ème FED, ni bénéficier de l’assistance technique. De même, elles seront amenés à mettre en place les mesures idoines pour lutter contre la fraude et la contrebande qui seront favorisées par la présence dans les pays riverains de produits de l’UE, considérés par la plupart des consommateurs sénégalais comme étant de très bonne qualité (effet psychologique32). En effet, du fait de l’étanchéité des frontières, les importations agricoles du Burkina, du Mali, de la Côte d’ivoire, de la Gambie, de la Guinée ou de la Mauritanie en provenance de l’UE, vont forcément atterrir sur le marché sénégalais grâce aux réseaux de contrebande. La présence de tels produits, à un prix moins cher que ceux fabriqués localement, risque de déstabiliser la production domestique, car les préférences des consommateurs sénégalais pourraient porter sur les produits de l’UE. Si l’Etat sénégalais décide de faire face à cette fraude, il devra renforcer les contrôles au niveau des postes de frontière de la Gambie, de la Mauritanie, du Mali et du Cap Vert. Une telle opération pourrait coûter à l’Etat sénégalais des charges pour les frais de personnel d’un montant de € 22000033 par an et un investissement en matériel de transport d’environ €650.00034 . De ce fait, l’Etat sénégalais risque de perdre des recettes douanières du fait à la fois du comportement des exportateurs européens qui pourraient considérer la destination Sénégal comme moins intéressante pour eux et de la présence des produits de l’UE, qui, du fait de la contrebande, vont transiter sur les marchés des pays riverains pour se retrouver sur celui du Sénégal. 32 L’effet des marques est très fort dans la psychologie du consommateur moyen sénégalais. C’est ainsi que, pour beaucoup de sénégalais, les produits en provenance de l’Europe sont en général de très bonne qualité ; 33 En supposant un renforcement du personnel de 20 agents aux salaires de 230 euros par mois 34 10 Voitures tout terrain à raisons de 60.000 euros chacune et des frais d’entretien de 5000 euros

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Les conséquences d’une telle concurrence non contrôlée sont immenses sur la production locale. De même, en décidant de ne pas signer les APE, les autorités sursoient à l’aide financière inscrite dans le cadre du 9ème F.E.D. et l’assistance technique nécessaire pour la mise en conformité.

3 . Au niveau de la production locale Les producteurs seront protégés de la concurrence directe avec les produits de l’UE, cependant le risque demeure le même et pourra même être plus complexe car le développement des réseaux de contrebande l’Etat sera amené à faire des aménagements spécifiques en faveur des producteurs nationaux. Par contre, avec le développement de la contrebande, ni l’Etat, ni les producteurs n’auront les moyens pour évaluer les dégâts d’une telle activité.

4 . Au niveau des consommateurs Si l’Etat ne parvient pas à régler le problème de la contrebande, il est difficile d’envisager que cela ait un effet réel sur le pouvoir d’achat des ménages. Ce sera plutôt les commerçants de détail et certains importateurs qui vont en tirer des marges substantielles. Le seul effet positif qu’il est possible d’envisager porte sur la disponibilité des produits et sur la stabilité des prix. Ces effets ne sont cependant pas durable, car il suffit que les autorités parviennent à casser un réseau de contrebande pour que l’accessibilité aux produits concernés soit remise en cause. Il est également probable que le développement de la contrebande ait des conséquences sur les prix d’autres produits, car l’Etat pourrait faire supporter aux consommateurs les pertes fiscales créées par cette situation au moyen d’une augmentation de la TVA.

B. Cas d’une adhésion du Sénégal aux APE Si le Sénégal décide d’adhérer aux APE, les effets sur les exportations agricoles vers l’UE et sur le budget de l’Etat ne seront pas les mêmes que dans le cas d’une non-adhésion, par contre leur conséquence sur la production locale risque d’être importante (voir chapitre III).

1 . Effets probables sur les exportations agricoles

Concernant les exportateurs, l’adhésion aux APE devra les aider à trouver les moyens pour financer leur mise en conformité avec les normes européennes et de ce fait de pouvoir affronter toutes les formes de concurrence sur le marché communautaire. Elle devra également aider les producteurs locaux à disposer davantage de capacités pour fournir des produits de qualité. Les dispositions de l’accord de Cotonou ont établi la nécessité pour l’UE d’aider à travers le volet d’assistance technique aux pays qui acceptent d’adhérer aux APE. Cette question du renforcement des capacités a, aussi, été inscrite sur les dispositions de l’Accord SPS. Actuellement, les autorités sénégalaises en collaboration avec l’UE et d’autres partenaires au développement sont en train de travailler dans ce sens, mais les efforts consentis par l’UE restent très focalisés sur le secteur de la pêche. Aujourd’hui, l’UE n’a pas encore défini les modalités de son soutien aux pays signataires aux APE, mais son action devra permettre de résoudre trois types de contraintes :

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- la mise en place des outils pour le contrôle de la conformité avec les normes (laboratoire, système HACCP, formation sur les normes ISO, la traçabilité et les procédures d’évaluation) et de les doter de l’expertise nécessaire pour cette mise en conformité;

- l’acquisition d’infrastructures pour une production de qualité, des conditions de stockage, de conditionnement et de transport sûres ; et

- l’appui à la vulgarisation de l’information commerciale et aux négociations avec des partenaires de l'UE.

2 . Effet sur le budget de l’Etat

Une adhésion aux APE signifie pour l’Etat sénégalais la possibilité de négocier avec l’UE les modalités de la prise en charge des pertes fiscales et de productions occasionnées par l’application des APE. Ces pertes en termes de recettes fiscales pourront être importantes, mais elles devront être amorties grâce au soutien que l’UE a promis d’octroyer sous forme d’aides compensatoires à ses partenaires signataires de l’accord. La définition des conditions d’obtention de ces compensations (considérée comme une aide) constitue un enjeu de taille qui mérite d’attirer toute l’attention des autorités sénégalaises ainsi que celles des autres pays de la CEDEAO lors de ces négociations. Il s’agira de s’accorder sur la notion de préjudices commerciales, des modalités de sa prise en compte et la date de référence pour la détermination des compensation, autrement sera-t-elle fonction d’une situation historique de l’UE, des pays de la CEDEAO ou spécifiquement au pays ? De même, les compensations vont-elles porter sur des produits particuliers, sur toute les filières d’exportation agricole, ou sur l’économie en générale ? La méthode de calcul de ces compensations va-t-elle intégrer l’aspect stratégique de certains produits de base, le caractère saisonnier des importations d’autres, et leurs effets sur les activités annexes (transport, emballage, conditionnement, banque, etc.) ? Les compensations seront-elles établies pour un temps défini ou selon la durée d’impact ? Y’aura-t-il des structures pour suivre l’évolution de ces impacts ? etc.

3 . Effet sur la production locale

L’adhésion aux APE pourra être à l’origine d’une déréglementation du marché agricole sénégalais (effet sur les prix et sur l’offre disponible), mais également avoir un impact déstructurant sur les filières agricoles locales (viandes, produits céréaliers, lait) ainsi que sur les entreprises agroalimentaires (sucre, lait pasteurisé ou en poudre, concentré de tomate). Il est possible d’éviter un effet dévastateur des importations européennes sur ces produits. La seule alternative consistera à trouver un accord avec les partenaires européens sur une ouverture graduelle du marché par secteur et une pénétration contrôlée des importations en provenance de l’UE sur le marché interne. Il importe aussi d’apprécier le degré de substituabilité de ces produits en se basant sur les coûts de production et sur le comportement des ménages selon des tranches de prix possibles. L’adhésion aux APE devra aider aux producteurs sénégalaises d’éviter la concurrence non contrôlée (réseaux de la contrebande) et permettre à l’Etat de réguler l’accès des produits de l’UE sur le marché locale.

4 . Effet sur les consommateurs Une adhésion aux APE pourra permettre aux consommateurs de disposer de produits plus diversifiés et à des prix acceptables. Le seul souci porte sur la durabilité de cette disponibilité

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et des possibilités de variation de prix d’autres produits du fait des transferts possibles par l’Etat des pertes identifiées sur le secteur agricole. Il importe également de remarquer que si les effets de compétition déstructure les filières de productions agricoles locales, la baisse de niveau de production et des exportations risque d’influer sur les revenus des ménages et par conséquent sur leur capacité à accéder à ces produits pourtant moins chers. On constate donc que les conséquences de ces accords sur la situation économique du Sénégal et sur le secteur agricole varie en fonction de plusieurs paramètres (degré de substituabilité entre la production locale et les importations agricoles, le coût de la transition sur les niveaux de production, le budget de l’Etat et l’effet des prix sur le pouvoir d’achat des consommateurs). Compte tenu de la manière dont a été défini les APE, le choix du Sénégal d’adhérer ou non à ces accords, reste fortement tributaire de la position commune du bloc CEDEAO. Cependant, si l’on se réfère aux analyses précédentes, il serait plus judicieux pour les autorités sénégalaises d’opter pour une adhésion. Certes, cette option n’augure nullement d’un optimisme quelconque sur une possible amélioration des exportations sénégalaises sur le marché de l’UE ou de l’inexistence d’effets négatifs sur le budget de l’Etat, la production locale ou le pouvoir d’achat et l’accessibilité des consommateurs aux produits agricoles et agroalimentaires, mais il demeure l’option la plus réaliste à l’état actuel des choses. Les effets probables de ces APE sur l’économie sénégalaise vont se différencier selon : - Les modalités de l’ouverture ; - Le degré de suppression des OTC ; - La stratégie de pénétration par l’UE du marché sénégalais ; - Les modalités de la définition du besoin d’assistance technique ; - Les critères de détermination des mesures de compensations. Selon la manière dont ces paramètres sont intégrés dans la gestion de la relation, les pouvoirs de négociation changent de mieux (moins ) maîtrisé l’impact sur l’économie de manière globale. La prise en compte de ces paramètres nous permettent d’identifier les scénarios suivants de gestion de la relation par les autorités sénégalaises. Mesures Ouverture du

marché sénégalais

Suppression de la protection tarifaire au Sénégal

Stratégie de pénétration par l’UE du marché sénégalais

Suppression par l’UE des OTC

Fourniture de l’assistance technique par l’UE

Totale immédiate Agressivité En projet Gré de l’UE modalités Partielle graduelle Douce effective Selon la demande

du Sénégal En fonction des principales modalités de définition des mesures, on peut trente six cas possibles de gestion des négociations, chacune ayant des conséquences spécifiques sur l’économie et donne une orientation particulière sur la détermination des aides compensatoires. Cependant les scénarios fondamentaux seront analyser selon : - L’état de suppression des soutien par l’UE de ses producteurs, - Le degré d’ouverture du marché sénégalais et - Les conditions d’attribution de l’assistance technique. 1er schéma : Si les autorités sénégalaises décident d’ouvrir totalement le marché en supprimant les droits de douanes de manière immédiate et que l’UE n’ait pas supprimé les OTC, les conséquences sur toute les secteur de l’économie pourraient être désastreuse : perte de recettes fiscales, forte concurrence sur les filières agroalimentaires et les unités agricoles, faible pouvoir d’achat des consommateurs du à la chute des revenus. Dans ce cas, les autorités

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sénégalaises doivent exiger que le besoin d’assistance technique soit établi pour eux et que le coût de la compensation soit défini en fonction de la durée de l’impact. Si les OTC sont levées, l’effet négatif sur l’économie peut provenir de la stratégie de pénétration du marché. Si elle se fait de manière graduelle, le secteur agricole pourra amortir le choc et pourra réagir rapidement. Cependant les négociations devront être axé sur les aides compensatoires, avec une certaine flexibilité sur les conditions d’attribution de l’assistance technique. 2ème schéma : Si les autorités sénégalaises décident d’ouvrir totalement le marché, mais avec une suppression graduelle des droits de douane, la situation pourra s’améliorer comparativement au premier schéma pour ce qui concerne les recettes douanières et les secteurs protégés. Néanmoins, la production locale sera perturbée, mais à un degré moins fort que dans le premier cas. Les négociations sur la suppression des OTC auront un caractère moins contraignant pour l’UE, mais devra être résolue avant que les autorités sénégalaises n’atteignent un droit de douane trop faible ou nul. De même, l’assistance technique devra porter (au moins) sur les secteurs qui ont été touchés directement ou indirectement par ces accords. Les conséquences sur la sécurité alimentaire pourront être moindres les exportateurs de l’UE optent pour une introduction douce sur le marché sénégalais. Les effets sur les exportations pourraient être positifs si les conditions du renforcement des capacités sont respectées. 3ème schéma : Si les autorités sénégalaises optent pour une ouverture partielle du marché, avec une processus de démantèlement tarifaire totale des secteurs non protégés et que l’UE adopte une intégration souple du marché sénégalais, les conséquences vont se limiter sur les unités de production locale. Les négociations sur la suppression des OTC ainsi celles sur les modalités de l’assistance technique ne seront très difficiles. La détermination des aides compensatoires risque d’être très serrée, mais elle devra porter sur les secteurs affectés et sur la partie des recettes fiscales que l’Etat a accepté de perdre pour renforcer le processus de libéralisation 4ème schéma : Si les autorités sénégalaises décident d’ouvrir partiellement le marché, optent pour une suppression immédiate des droits de douanes et que les exportateurs de l’UE adoptent une pénétration agressive, les conséquences sur la production locale et le budget de l’Etat seront importantes. Les unités de production agricoles n’auront pas le temps de s’adapter et risquent de se trouver dans l’incapacité d’affronter la concurrence et l’impact sur la sécurité alimentaire et le développement durable agricole du Sénégal pourra être désastreux. Les autorités sénégalaises doivent également être attentives sur les conditions de négociations de ces accords : Est-ce qu’il s’agira de mener des négociations multilatérales uniquement ou en marge de celle-ci, l’UE va continuer les discussion au niveau bilatéral. Si l’UE adopte la seconde approche, il est possible qu’elle mette l’accent sur une assistance technique sur des secteurs stratégiques pour elles et procurer les aides selon ces propres besoins sur ces marchés (opportunités d’obtention des contrats des marchés publics, possibilité d’investissement dans des domaines rentables, secteurs non concurrents avec ses exportations, etc.) . On voit donc, que l’adhésion aux APE va avoir un impact réel sur la stabilité des marchés des pays CEDEAO, cependant, ils restent un outil important pour les aider à s’intégrer dans le système du commerce international. Il importe aujourd’hui d’évaluer l’impact de chaque mesure sur les secteurs concernés, d’analyser leurs effets de distributifs sur l’économie nationale de chacun des pays de la CEDEAO et d’essayer de comprendre les paramètres qui pourront être primordiaux pour chacun d’eux dans les négociations à venir. Toute la problématique de la sécurité alimentaire et du développement agricole durable se résout à cela.

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ANNEXE

1- l’évaluation de contexte consiste à faire « confronter un ensemble d’informations à un ensemble de critères en vue de prendre une décision »35 2- Les indices de structure et de spécialisation dans les échanges FINGER E et KREININ (1979) ont proposé des indicateurs qui permettent de mesurer la structure des exportation d’un pays dans le marché d’un partenaire, - Indice de structure S1j = [(Xpj/Xp)/(MAj/MA)]*100 avec : Xpj, les exportations du produit j par le pays p Xp, les exportations agricoles totales du pays p MAj, les importations du produit j par le pays A en provenance du reste du bloc (nettes des importations en provenance du pays p) - MA, les importations totales du produit j par le pays A du reste du monde (nettes des

importations du bloc). Si tend vers 0 cela signifie que le pays p exporte peu de produits j sur le marché du pays A . Si S1J > 100, le pays p joue un rôle important dans les importations du produit j par le pays A . - Indice de spécialisation S2= [(Xpj/Xp)/(XiEXj/XiEX)]*100

avec Xipj, les importations du pays i pour le produit j par le pays p Xip, les importations p en provenance du pays i XiEXj, les exportations du produit j par le pays i vers le reste du monde (nettes de celles du bloc économique du pays p) XiEX, les exportations totales du pays i vers le reste du monde ( nette des exportations du bloc économique du pays p) Si S2 tend vers 0, le pays p n’est pas spécialisé sur les exportations du produit j vers le pays i, comparativement aux concurrents. Si S2 tend vers 100, le pays p reste très spécialisé dans les exportation du produit j vers le pays i. 3 – Détermination de la Taxe conjoncturelle d’importation Le TCI s’applique suivant deux modalités différentes. Si la valeur en douane est inférieure au prix de déclenchement (prix seuils) fixé par la commission de l’UEMOA, la TCI est perçue à un taux de 10% appliquée sur la valeur obtenue à partir du prix de déclenchement. A cet effet, les droits et taxes exigibles s’appliquent sur le même prix de déclenchement(PD1). le prix de déclenchement est calculé selon la formule : PD1= 0,3*CM+0,7*CPI, 35 De KETELE, 1980

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avec PD1 : le prix de déclenchement CM : le cours mondial du produit, CPI : les coûts de production intérieurs du produit En revanche, si le prix du produit est garanti sur les marchés extérieurs (comme le sucre), les Etats membres peuvent opter pour une péréquation dont le montant est constitué par le différentiel entre, d’une part, la valeur déterminée à partir du prix de déclenchement et d’autre part, la valeur CAF déterminée à partir du prix spot. Pour les produits à prix garantis , le prix de déclenchement est calculé comme suit PD2=((PGUE + PGUSA + PM + FA), avec PD2 :le prix de déclenchement PGUE: le prix garanti union européenne, PGUSA: le prix garanti USA PM : le prix sur le marché spot FA : les frais d’approche 4 – Eléments constitutifs d’un dossier de demande de licence d’export-import • Une fiche de renseignements, achetée à la Chambre de Commerce ; • Une photocopie légalisée de la carte de commerçant ou du registre de commerce ; • Une photocopie légalisée de l’avis d’immatriculation au centre national d’identification des

entreprises et associations (NINEA) ; • Deux photos d’identité pour les personnes physiques ; • Les statuts et listes des principaux actionnaires pour les personnes morales ; • Un timbre fiscal d’une valeur de 15€ (10.000 Fcfa) ; • Une somme de 12€ (8.000Fcfa) représentant le prix de numérisation de la carte import-

export directement pris DATA QUARTZ (circulaire n°295 du 1er mars 1998). En ce qui concerne le renouvellement, le dossier devait contenir: • Une fiche de renseignements, achetée à la Chambre de Commerce ; • Un quitus fiscal ; • Une attestation de non-condamnation pour infraction à la législation fiscale et douanière et à

la réglementation des changes délivrée respectivement par la Direction Générales des Douanes (Enquêtes douanières) et la Direction de la Monnaie et du Crédit ;

• Les statuts et liste des principaux actionnaires pour les personnes morales ; • Un timbre fiscal de 15€ (10.000 Fcfa) ; • Une somme de 12€ (8.000Fcfa) pour la numérisation. Les droits de douanes sénégalaises sont constitués par : - Un TEC (NPF) moyen de 12,1% établi sur la base du TEC de l’UEMOA. - Une redevance statistique (RS) de l’UEMOA de 1%, - Des prélèvements communautaires de solidarité (PCS) pour l’UEMOA de 1% et 0,5% pour la

CEDEAO ; - Un prélèvement au profit du conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) de 0,2%, - Des surtaxes temporaires de :

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• 20% pour les importations d’oignons, de cigarettes, de pommes de terre et bananes ; et • 10% sur certains produits céréaliers tels le mil ou le sorgho. - Des prélèvements fonds pastoral sur les importations de viandes bovines, ovines et sur la

volaille de €15 centimes/ kilo et de € 7,5 centimes/ kilo pour la viande de porc ; - Une taxe conjoncturelle à l’importation (TCI) sur les importations de sucre, d’huile végétale,

et de farine de blé. Elle s’applique selon deux modalités : • Un système de péréquation ( exception faite du sucre destiné à la consommation) ou • L’application de 10% sur le prix de déclenchement. Concernant les huiles végétales raffinées (

arachide, soja et colza) et la farine de blé. - Des droits d’accises sur : • Les cigarettes « économiques » de 15% et celles dites « premiums » et autres produits du

tabac passibles de la taxe de 30% ; • Le café et le thé sont taxés de 3,8% ; • La noix de cola 30% ; • Les huiles végétales raffinées de 15% ; • Les beurres, crèmes de lait et les mélanges contenant du beurre ou de la crème de 12% ; et • Les autres corps gras de 5%, à l’exception des huiles d’arachide de tout genre. - L’application d’une TVA de 18% sur tous les produits agricoles importés.

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TABLEAUX Tableau 1 : Structure des échanges agricoles du Sénégal avec l’UE (2003) Produits36 Exportation (en millions d’€) Part en % Importation (en millions d’€) Part en %

Animaux vivants 0,443 0 0,469 0 Viandes et abats comestibles 0 0 6,919 4 Poissons, crustacés et mollusques

186,923 58 4,476 2

Lait, crèmes de lait et dérivés 0 0 36,093 20 Autres produits d’origine animale

0,147 0 0,034 0

Plantes vivantes et fleurs 0,007 0 0,082 0 Légumes 13,854 7 10,658 6 Fruits 3,850 1 2,077 1 Café, thé, maté et épices 0,026 0 0,765 0 Céréales 0,011 0 39,547 22 Farines de céréales (blé, méteil)

0,085 0 5,526 3

Graines et fruits oléagineux 0,689 0 2,29 1 Gommes, résines et autres végétaux

2,019 1 0,331 0

Matières à tresser, bois, etc. 0 0 0,035 0 Graisses et huiles végétales 46,736 19 15,756 9 Conserves de poissons 25,212 10 0,655 0 Sucres et sucreries 1,985 0 8,238 5 Préparations à base de cacao 1,736 0 0,827 0 Conserves à base de céréales, de lait ou autres

0,035 0 5,605 3

Conserves de légumes, et fruits 0,014 0 3,088 2 Préparations alimentaires diverses

0,033 0 23,186 13

Boissons, Liquides alcooliques et vinaigre

0 0 9,642 5

Tabacs 0 0 0,685 0 Aliments de bétail 8,23 3 0,989 1 Coton 2,749 1 4,947 3 Total 343,523 100 182,914 100 Source : Eurostat, 2003 Tableau 2: Composition des importations sénégalaises de lait et ses dérivés en provenance de l’UE

Produits Part moyenne en % Tendance Laits ou crèmes de lait, concentrés ou avec addition de sucre et d’autres édulclolorants

80 Diminution

Laits ou crèmes de lait, non concentrés, sans addition de sucre et d’autres édulcorants

8 Hausse

Fromages et caillebottes 7 Stagnation Beurres et autres matières grasses du lait 4 Stagnation Œufs de poules frais, 1 Stagnation

Source : Eurostat 2003

Source : Eurostat 36 voir nomenclatureEurostat

62

Tableau 3 : Composition des importations sénégalaises d’huiles végétales en provenance de l’UE

Produits Part moyenne en % Tendance Huile de soja 69 Baisse Huile de colza 16 Hausse

Margarines 11 Hausse Huile de tournesol 1 Stagnation

Huile d’olives 1 Stagnation Huile de palme 1 Stagnation

Source : EUROSTAT 2003 Tableau 4 : Composition des importations sénégalaises de céréales en provenance de l’UE

Produits Part moyenne en % Tendance Froment et méteil 99 Hausse

Riz 0,7 Hausse Maïs 0,3 Hausse

Source : Eurostat 2003 Tableau 4 : Composition des importations sénégalaises de préparations alimentaires de l’UE Produits Part moyenne en % Tendance Autres préparations alimentaires 45 Hausse Conserves de viandes, de poissons, de légumes, de fruits, pour enfant ou à usage diététique

37 Hausse

Moutardes, farines de moutardes et autres assaisonnements

14 Baisse

Glaces de consommation 3 Baisse Concentrés de café 1 Hausse Source : EUROSTAT 2003 Tableau 5 : Composition des importations sénégalaises de légumes en provenance de l’UE Produits Part moyenne en % Tendance Oignons, aulx, poireaux à l’état frais 60 Baisse Pommes de terre à l’état frais 31 Baisse Carottes, navets, betteraves à salades, radis et autres légumes à l’état frais 7 Hausse Autres 2 Hausse Source : EUROSTAT 2003 Tableau 6 : Composition des importations de poissons, crustacés et mollusques Produits Part moyenne en % Tendance Poissons congelés 90 Baisse Crustacés congelés 6 Hausse Poissons vivants 0 Baisse Mollusques congelés 2 Hausse Filets de poissons 1 Hausse Farines de poissons 1 Baisse Source : Euostat 2003

63

Tableau 7 : Mesures sur la promotion des exportations des autres pays de la CEDEAO*

Promotion des exportations

Pays Transferts publics Soutien interne Réglementation

Bénin - subvention notifiée à l’OMC nulle - monopole pour l’exportation du

coton

- suppression des restrictions à l’exportation et

des licences

- restriction des contraintes administratives

Burkina - subvention notifiée à l’OMC, nulle

- Soutien à la promotion avec la

mise en place l’office nationale

pour le commerce

- Suppression quasi-totale des taxes à l’export

- Simplification des procédures

- Suppression des licences d’exportation

Cap

vert

Subvention notifiée à l’OMC nulle Nd

Côte

d’Ivoire

- subvention notifiée à l’OMC nulle Nd Nd

Gambie - Aucune subvention notifiée

- Aucun transfert public

Aucune mesure Aucune mesure

Ghana - Aucune subvention notifiée - protection de la filière cacao

- simplification des procédures

et suppression des

restrictions et licences

- avantages fiscaux pour les entreprises

d’exportations de la zone franche (taux

d’export 70% de l a production)

Guinée

Bissau

Nd Nd Nd

Guinée - aucune subvention

- aucune mesure de transfert

- mise en place de structure

d’appui à l’exportation :

8 CAFEX centre d’appui

aux formalités

d’exportations

9 PCPEA : projet cadre

de promotion des

exportations agricoles

- Suppression des taxes à l’exportation

- Suppression des licences, restrictions à

l’exportations

Libéria Nd Nd Nd

Mali - Aucune subvention

- Avantages fiscaux liés au régime de

l’entreprise franche (taux d’export :

80% de la production)

Aucune - exonération de la TVA

- Suppression des licences et taxes à

l’exportation, cependant

10 Taxe sur l’exportation coton

11 Autorisation préalable

- Suppression des restrictions et prohibitions

Maurita

nie

- Ristourne des droits pour les

exportateurs

- Exonération fiscale

- Application de l’amortissement

dégressif et différé sur les matériels

d’exportations agricoles

- aucune - Suppression des licences, restrictions

quantitatives et prohibition d’exportation

- Elimination des taxes exceptionnelles sur les

produits de la pêche pélagique et artisanale

64

Niger - Aucune subvention notifiée

- Avantages fiscaux pour les entreprises

exportatrices

- Programme de promotion des

exportations avec la CCAIN :

appui à l’encadrement, à la

formation et à le recherche de

débouchés

- Prohibition à l’exportation de coton graine,

- Obligation : feuillet de déclaration statistique

- Application de contrôle sanitaire sur les

denrées alimentaires

- Redevance statistique de 3% sur la valeur

minimum des exportations des animaux

vivants

Nigeria - Aucune subvention notifiée

- Aucun transfert

Aucune mesure - Prohibition d’exportations pour certains

produits,

Sierra

Léone

- Aucune subvention

- Aucun transfert public

Aucune - suppression de toutes les restriction sur les

exportations

Togo Nd Nd Nd

Source : OMC, organe d’examen des politiques commerciales, 2004 Tableau 8 : Mesures portant sur la concurrence prises par les autres pays de la CEDEAO*

Pays Concurrence

Procédures Tarif Réglementation

Bénin - Simplification

des droits à 5

- Simplification

des procédures

douanières

- Suppression de

l’application

de la valeur

mercuriale

- application TEC 16,9%

- Lignes consolidées 60% au

taux plafond, dont huiles

végétales, amidon de maïs et de

froment de blé à 100%

- Non application de la TDP et

de la TCI,

- TVA 18%

- Droits d’accises :

12 tabacs, cigarettes 15%

13 boisson non alcoolisée

10%

14 boisson alcoolisée et

gazeuse 20%

15 farine de blé 1%

16 huiles et graisses 2%

- paiement PCS, PC, RS et pour

le CNC

- Obligation de détention d’une licence d’importation

- Suppression des quotas et prohibitions à l’importation

des produits agricoles

- Application du régime NPF

- Evaluation en douane base : valeur transactionnelle et

système communautaire de valeurs de références

- Procédure en douane : utilisation de la base SYDONIA

- Application de normes sur les importations de fruits et

légumes et de farine de blé

- Prohibition des importations de croupions de dinde et

viande bovine et interdiction temporaire d’importation de

volaille

- Application de la règle d’origine

Burkina fasso - Suppression

des restrictions

d’accés à la

profession

d’importation

- Simplification

des procédures

administratives

-

- Application partielle TEC

- Taux moyen entre 31- 37%

- lignes consolidées 33%

- TDP huiles végétales, sucre,

cigarettes 5%

- PCS 1,5%

- RS 1%

- Taxe additionnelle : sucre 7,5%

- droits d’accises : tabac 95%

- suppression des licences d’importation

- obligation de détention de carte import valable pour 3

ans

- régime NPF appliqué

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle et système

communautaire de valeur de références

- Procédure en douane : application du programme de

vérification des importations

- Norme : exigence de certificat national de conformité

pour les importations

65

Cap vert - Suppression

des restrictions

d’accés à la

profession

d’importation

- Simplification

des procédures

douanières

- Non-application du TEC

- Taux appliqué 25%

- Frais de douanes 7%

- Autres droits : nd

- Suppression des restrictions quantitatives sur les

importations agricoles, cependant protection tarifaire des

produits locaux à hauteur de 50%

- Evaluation : application de valeur de référence

- Procédure en douane : code national des douanes

- Normes : aucune établie

Côte d’ivoire - simplification

des procédures

administratives

- complexificati

on des

procédures

douanières

- application partielle du TEC

- Tarif des importations 14%

- Ligne consolidée : nd pour le

secteur agricole

- Autres droits : nd

- Suppression partielle des licences d’importation des

produits agricoles

- Evaluation : valeur mercuriale et système

communautaire

Gambie - simplification

des procédures

administratives

et douanières

en cours

- Non-application du TEC

- Tarif appliqué 12%

- Droits d’accises sur le tabac et

l’alcool

- Suppression partielle de licence d’importation des

produits agricoles

- Evaluation en douane : valeur de référence

- Procédure en douane : code belge

- Normes : inexistant

Ghana - Procédures

administratives

et douanières

encore

complexes

- Non-application du TEC,

- Tarif appliqué 14,7%,

- Taxe à l’exportation du cacao

- Suppression partielle de licence d’importation

- obligation de licence d’exportation du cacao

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle, calculé

ad valorem

- Procédure en douane : code ghanéen

- normes : inexistant

Guinée - Simplification

des procédures

administratives

et douanières

- Non-application du TEC,

- Tarif appliqué (moyen) 16,4%,

- PCS Cedeao: 0,5%

- Suppression des licences d’importation

- Suppression des restrictions quantitatives sur les produits

agricoles importés,

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle

- Procédure en douane : code guinéen

- Normes : inexistant

Guinée Bissau - Simplification

des procédures

administratives

et douanières

- Application totale du TEC - Suppression des licences et autres restrictions sur

l’importation agricoles,

- application du régime NPF,

- Evaluation : valeur transactionnelle et système

communautaire de valeurs de référence,

- Procédure en douane : base SYDONIA,

- Normes et règles d’origine: inexistant

Libéria Nd Nd Nd

Mali - simplification

des procédures

administratives

et douanières

- Application partielle du TEC,

- Tarif appliqué : TEC,

- Application d’un impôt spécial

sur certains produits (ICSP)

- Suppression des licences et autres restrictions sur les

importations agricoles,

- application du régime NPF,

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle et système

communautaire avec quelques restrictions ou additions,

- Procédure en douane : code national

- - - (suite tableau)

66

Mauritanie - Simplification

des procédures

administratives

et douanières

- Procédures

longues et

compliquées

- Non-application du TEC,

- Tarif moyen : 12%,

- Application de la TVA 18%

- Application de droits d’accise

sur certains produits agricoles,

- Taxes statistiques : 3%

- Suppression des licences et restrictions à l’importation

pour les produits agricoles,

- application du régime NPF,

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle,

- Procédure en douane : code national, avec un système

d’inspection coûteux et discriminatoire,

- Normes et règles d’origine : inexistant

Niger - Simplification

des procédures

administratives

et douanières

- Application totale du TEC,

- Tarif appliqué : TEC,

- Droits d’accise sur

17 le thé 12%,

18 huiles et corps gras 15%,

19 cola 15%

- suppression des licences et autres restrictions sur les

importations agricoles,

- Application du régime NPF,

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle et système

communautaire de valeurs de référence,

- Procédure en douane : application code national, et

application de la base SYDONIA en projet.

Nigeria - Procédures

administratives

et douanières

encore

complexes

- Procédures

d’importation

longues et

discriminatoire

s

- Application partielle du TEC,

- Tarif appliqué 14%, souvent

révisé

- PCS UEMOA et CEDEAO 2%,

- Prélèvement COSEC 0,2%

- Application d’autres surtaxes à

l’importation

- Suppression partielle des licences et restrictions sur les

importations agricoles

- Existence de prohibitions pour certains produits (nd)

- Evaluation en douane : nd

- Procédure en douane : code national, application de la

base SYDONIA en projet,

- Normes et règles d’origine : existant

Sierra Léone - Simplification

des procédures

administratives

et douanières,

- Non-application du TEC,

- Tarif moyen : 25,5%

- Autres droits : nd

- Suppression des licences et autres restrictions sur les

importations agricoles,

- évaluation en douane : nd

- Procédure en douane : code national

- Normes et règles d’origine : inexistant

Togo - Simplification

des procédures

administratives

et douanières

- Application du TEC,

- Tarif moyen : 19,5%,

- Droits d’accise sur les

importations de boissons, de

tabacs, de farine, d’huile et de

corps gras,

- Surtaxes sur les importations de

produits de la mer

- Suppressions des licences et autres restrictions sur les

importations agricoles

- Application du régime NPF,

- Evaluation en douane : valeur transactionnelle et système

de valeur de référence communautaire,

- Procédure en douane : code national

- Normes et règle d’origine : nd

67

Tableau 9 : L’Accord SPS et ses principes généraux Accord SPS Objectif : Permettre aux Etats de se protéger contre les échanges qui comportent un risque pour la santé humaine, animale et végétale tout en évitant que le risque évoqué n’augmente les instruments de protectionnisme existant. Principes généraux : - Non discriminatoire - Justification scientifique Instruments Evaluation du risque Equivalence Méthodes d’établissement des niveaux de protection Cadre régional Exception en cas d’insuffisance de l’évidence Transparence Harmonisation Discussion sur les modalités de sa mise en œuvre Aménagement spécifique Pays en développement Modalités de fonctionnement général de l’Accord - Dans le cas où des standards internationales

ont été déjà signées - Dans le cas où les standards internationales ne

pas encore signées - Dans le cas où un membre souhaite un niveau

de protection plus élevé que celui établi par les standards internationales

- Dans le cas où l’évidence scientifique sur lequel les standards doivent s’appuyer n’est pas réellement prouvé

- Harmonisation en fonction de ces standards

- Application des standards nationales basées sur l’évaluation du risque

- Application de mesures strictes basées sur l’évaluation du risque et n’ayant pas un caractère discriminatoire

- Application de mesures temporaires

Source : Etude CTA , 2003

68

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