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Eric Brottier
Ingénieur des Arts et MétiersTechnicien-Conseilpour le Ministère de la Culture,
09, Rue de Louvois51150 BOUZY 03 26 58 45 [email protected]
Région : PicardieDépartement : 80Localité : AmiensEdifice : Cathédrale Notre-DameOrgue de tribune protégé au titre des MHIdentification : Buffet de l'orgue de tribune (15e s.)
Partie instrumentale non protégéeDate protection BU : 11/05/1907Nature protection : CLMHN° fiche BU : 1507
Orgue de chœur non protégéNature de l’opération : Examen des orgues
Rapport de visite du 27 mai 2014
Personnes présentes :
M. Loisemant, organiste titulaire,
Vincent Thuillier, assistant d’Eric Brottier,
Eric Brottier, technicien-conseil territorial.
1- Examen du grand orgue de tribune.
Rappel historique :
La construction de l’orgue actuel remonte à 1431, date de son achèvement. Il comportait alors 46
notes, et faisait parler 2 500 tuyaux. On sait également qu'à l'époque cet orgue était le plus grand instrument du
royaume de France. Il en subsiste aujourd’hui une partie du soubassement et les montants supérieurs du buffet
ainsi que la tribune. Des traces du buffet gothique primitif sont toujours visibles à l'intérieur du meuble.
En 1549, l'orgue, en très mauvais état, est injouable. C'est à ce moment qu'un inventaire est dressé
au mois de novembre par Caignard. Il rapporte que l'orgue était un vaste Blockwerck de 90 rangs dans les
dessus.Une reconstruction est effectuée en 1620 par Pierre Pescheur, qui ajouta à cette occasion un positif de
dos. L’ensemble a été expertisé et inauguré par Jehan Titelouze.
En 1661 des travaux sont effectués par Louis de Burcourt facteur à Amiens puis par la suite en
1703 par Antoine Picard. A cette époque le chapitre semble vouloir traiter avec Clicquot, mais ses devis
paraissent trop onéreux, les projets sont donc abandonnés. Dans le courant du 18e siècle des réparations sont
effectués par le sieur Dallery facteur à Amiens. En 1769 Charles Dallery revient pour agrandir l'orgue.AuN° SIRET 330602400 00021 Code APE 8559B
Membre d’une Association de gestion agréée, les honoraires par chèque sont acceptés.
moment de la Révolution, le chapitre avait l'intention de confier la construction d'un nouvel orgue par le
facteur François-Henri Clicquot. Mais ce projet resta sans suite.
De 1832 à 1834, l'orgue est modifié par John Abbey sous la direction de Hamel. C’est
probablement durant cette intervention que les tuyaux de façade sont reconstruits, en réemployant
partiellement la façade existante.
A la fin du 19e siècle, un nouveau projet de restauration est envisagé compte tenu du mauvais état
de l’orgue. Plusieurs facteurs sont consultés parmi lesquels les frères Abbey, Schyven et Stoltz.C'est
finalement Aristide Cavaillé-Coll qui reconstruit l'orgue de 1887 à 1889, avec pour harmoniste Glock.
L'inauguration est assurée par Alexandre Guilmant.
En 1914, face à l’imminence des bombardements, le ministre des Beaux-Arts ordonne le
démontage de l'orgue. L’ensemble fut rapidement démonté par les pompiers de Paris aidés de Félix Van Den
Brande, facteur à Amiens, et fut emporté au château d'Eu avec une partie du mobilier.
L'orgue fut remonté seulement en 1936 par la maison Roethinger, qui transforma profondément
l’instrument. Ainsi, certains jeux de Cavaillé-Coll ayant disparu furent remplacés par des jeux d'esthétique
néoclassique, l’alimentation modifiée avec baisse des pressions, la mécanique des notes et de jeux
reconstruite. Un relevage avec de nouvelles transformations de jeux furent effectués en 1965 par Charles
Acker pour le compte de Roethinger. La Contrebombarde 32 en cuivre de 1936, qui à elle seule couvrait le
reste de l'orgue, et dégradée par les pigeons, est alors déposée.
L’orgue n’a plus fait l’objet de travaux depuis cette date. Il est actuellement entretenu par la
Maison Pascal, de Lille. Il comporte aujourd’hui 56 jeux répartis sur trois claviers de 56 notes et un pédalier
de 32 notes.
Composition actuelle :
Positif de dos Grand-orgue Récit expressif Pédale
Montre 8 Montre 16 Quintaton 16 Bourdon 32Bourdon 8 Bourdon 16 Diapason-Flûte 8 Principal 16Flûte à fuseau 8 Montre 8 Cor de nuit 8 Soubasse 16Prestant 4 Diapason 8 Viole de gambe 8 Contrebasse 16Flûte douce 4 Bourdon 8 Voix céleste 8 Principal 8Nasard 2 2/3 Flûte harmonique 8 Prestant 4 Flûte 8Doublette 2 Salicional 8 Flûte 4 Prestant 4Tierce 1 3/5 Prestant 4 Octavin 2 Flûte 4Fourniture IV Flûte 4 Cornet V Fourniture IV Trompette 8 Nasard 2 2/3 Bombarde 16 Bombarde 32 (supprimée en 1965)
Cromorne 8 Doublette 2 Trompette harmonique 8 Bombarde 16Clairon 4 Cornet V Basson-Hautbois 8 Trompette 8
Fourniture VI Voix humaine 8 Clairon 4Cymbale IV Clairon harmonique 4Bombarde 16Trompette 8
N° SIRET 330602400 00021 Code APE 8559B Membre d’une Association de gestion agréée, les honoraires par chèque sont acceptés.
Clairon 4Tirasses Pos, GO, Récit. Accouplements : GO, Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif à l'unisson,
Positif/GO et Récit/GO à l'octave grave. Appel mixtures Positif, GO, Récit. Appels anches Positif, GO, Récit,
Pédale. Appel tutti (tous les appels mixtures et anches). Trémolo Positif et Récit.
Etat actuel de l’instrument.
L’orgue de tribune est aujourd’hui dans un état de fonctionnement précaire : usure importante des
mécanisme, mauvais état des peaux des soufflets, tuyauterie très empoussiérée, attaque des xylophages. En
dépit de cet état, s’agissant d’un des rares instruments en état de jeu à Amiens, il est utilisé régulièrement pour
les offices ainsi que pour des concerts qui prennent place soit dans le cadre d’auditions ou de récitals dans le
cadre d’un festival annuel.
Notons enfin, que l’orgue fait l’objet de visites d’entretien courant assurées par Antoine Pascal,
mais ces visites qui sont limitées à l’accord périodique des jeux d’anches et quelques réglages mécaniques ne
permettent pas de remédier à des désordres importants.
Principaux problèmes rencontrés.
Une visite de deux heures ne peut être en mesure de permettre de réaliser un diagnostic complet et
détaillé d’un grand orgue de 56 jeux. Cependant, cet examen a permis de faire un rapide constat de l’état
sanitaire de l’instrument, détaillé ci-après par sous-ensembles avec description succincte :
Alimentation :
La soufflerie primaire est située dans les combles Sud attenantes à la tour, et constituée de 4
réservoirs et leurs pompes manuelles au pied. Cet ensemble est de
Cavaillé-Coll. Les 2 réservoirs à un pli reliés directement aux
pompes sont aujourd’hui condamnés. Les 2 réservoirs supérieurs (à
un pli rentrant, l’autre à deux plis compensés) sont directement
alimentés par une turbine électrique ancienne mais en bon état
apparent. La prise d’air s’effectue dans l’édifice par un grand
conduit flexible en aluminium installé par Antoine Pascal.
Le local des réservoirs primaires, orienté plein Sud, a
été isolé récemment afin de limiter les températures élevées
générées par l’exposition au soleil et notamment l’été. Cela a eu
pour conséquence de provoquer une mise en dépression de la pièce
en raison de l’aspiration d’air de la turbine. Le double avantage de
la prise d’air installée depuis est de limiter cette mise en dépression
N° SIRET 330602400 00021 Code APE 8559B Membre d’une Association de gestion agréée, les honoraires par chèque sont acceptés.
et de capter l’air ambiant dans la cathédrale, donc dans les mêmes conditions dans lesquelles se trouve l’orgue.
Un vaste réseau de portevents en bois et en tôle distribue l’air vers les sommiers et les machines
pneumatiques.
Quatre réservoirs sont situés en soubassement
du buffet (deux à 2 plis compensés, (photo ci-contre),
deux à un pli rentrant) alimentant le Positif, la grande
Pédale et les machines pneumatiques ; deux réservoirs à
deux plis compensés sont situés sous le sommier de Récit.
Enfin, deux grands réservoirs sont disposés
sous les sommiers de Grand-orgue.
Etat de l’alimentation :
Précaire. L’ensemble de l’alimentation est à
restaurer en profondeur.
Hormis les gosiers des réservoirs primaires qui semblent en bon
état, l’ensemble de la peausserie de l’alimentation est en fin de vie. Des
colmatages localisés par bandes de peaux sur les réservoirs ont déjà été
effectués (photo ci-contre), mais l’ensemble de la peausserie est à reprendre.
Un devis a été établi en avril 2013 par Pascal pour un surpeaussage extérieur
provisoire des réservoirs primaires en renforcement des bandes locales
existantes et ceci « en attendant une restauration complète ».
Il n’a cependant pas été constaté de fuites importantes, mais des
essais consistant à plaquer des accords sur le tutti de l’orgue ont montré que
les réservoirs tombent pratiquement à plat. Selon Gérard Loisemant organiste
titulaire, la carence d’alimentation des tuyaux dans ce cas de figure est notamment perceptible au Positif.
Sommiers :
Les sommiers, à registres, sont de Cavaillé-Coll dans
l’ensemble. Une partie des jeux de Pédale (Contrebasse, Soubasse) est sur
sommiers annexes pneumatiques répartis derrière l’orgue dans la galerie du
triforium et concerne les jeux en extension. A noter que le sommier de
Positif (photo ci-contre) est disposé pratiquement à mi-hauteur dans son
buffet, permettant de loger l’abrégé sous celui-ci. Les tuyaux de façade du
grand buffet et une grande partie des tuyaux intérieurs postés sont sur
moteurs pneumatiques.
Etat des sommiers :
N° SIRET 330602400 00021 Code APE 8559B Membre d’une Association de gestion agréée, les honoraires par chèque sont acceptés.
Précaire. L’enchappage est défectueux, avec de nombreuses soufflures audibles pour l’ensemble
des sommiers à registres. N’ayant probablement pas fait
l’objet de réparations depuis leur construction par Cavaillé-
Coll, leur restauration complète est à prévoir. Des fuites d’air
sont audibles au niveau des passe-fils en nylon qui
remplacent les boursettes d’origine, ce qui a été relevé au
récit. Sur ce même plan, des ventres mobiles de Cavaillé-Coll
ont été modifiés (ressorts à lames supprimés). On peut
supposer que des modifications similaires ont été faites sur
les autres sommiers.
Mécanique des notes et des jeux :
Tirage des notes mécanique à balanciers et renvois
d’équerres, avec machines Barker en soubassement pour le
grand-orgue et le Récit, et relais pneumatiques pour les jeux de
Pédale empruntés ou en extension. L’ensemble a été reconstruit
par Roethinger, mais en conservant les abrégés de Cavaillé-
Coll pour les plans manuels.
Tirage des jeux en grande partie
mécanique à sabres, partiellement de Cavaillé-Coll
et modifié par Roethinger. Les jeux de
combinaisons (anches et mixtures) sont à
commandes pneumatiques à relais, de Roethinger,
avec moteurs à double effet à proximité des règles
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de registre. La photo ci-contre montre le tirage des jeux du Récit, à sabres de Cavaillé-Coll pour les jeux de
fonds, à machine pneumatique (à gauche) pour les jeux de combinaisons. On note que les supports d’axes
inutilisés ont été conservés.
Etat de la mécanique des notes et des jeux :
Précaire. L’ensemble de la mécanique présente une usure généralisée. L’essentiel des fuites
audibles dans l’instrument semble provenir des
machines pneumatiques. Celles-ci, très
gourmandes en vent, souffrent d’une
alimentation déficiente compte tenu de l’ampleur
des fuites et « décrochent » lorsque l’on joue de
gros accords aux claviers. (Photo ci-contre :
boite-relais des commandes pneumatiques en
soubassement, et son réseau de tubes de
postages). Outre la restauration complète à
prévoir, il serait envisageable de mener une
réflexion sur une évolution éventuelle de la
technologie du tirage de jeux dans le cadre d’un projet de restauration complète de l’orgue.
Console :
Console en fenêtre, de Cavaillé-Coll modifiée par Roethinger, notamment les tirants de jeux et les
commandes au pied. Le tirant de Bombarde 32 est toujours en place, hors service. Fronton des claviers et
plaque d’adresse de Roethinger.
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Etat de la console :
Correct, mais avec une usure prononcée des éléments. Les touches des claviers présentent un jeu
important au niveau des axes et les garnitures sont à renouveler. L’ensemble est à restaurer intégralement.
Tuyauterie :
Photo ci-dessus : tuyauterie de grand-orgue.
Tuyaux majoritairement de Cavaillé-Coll et Roethinger, avec
présence de tuyaux plus anciens réemployés. Les tuyaux de façade ont été
reconstruits par Abbey, mais en réemployant une partie de la façade
ancienne, pouvant remonter à l’instrument d’origine : des traces
d’aplatissages sont visible sur le haut de certains corps qui ont été inversés
(photo ci-contre).
Les jeux de Cavaillé-Coll sont en étain, ceux de Roethinger en étain
ou en cuivre, notamment dans les jeux d’anches, en spotted pour les
jeux modifiés en 1965.
Ci-contre : pavillons des jeux d’anches de Pédale en cuivre, de
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Roethinger.
L’harmonie est à dominante symphonique, y compris pour les jeux de Roethinger et laisse
seulement entrevoir un beau potentiel sonore compte tenu de l’état actuel de l’instrument. Les techniques
d’embouchage (pavillonnage, dents sur les biseaux) des années 1930 chez Roethinger étant proches de celles
de Cavaillé-Coll dans les années 1890, il est difficile de déterminer le niveau d’intervention sur l’harmonie des
tuyaux antérieurs à 1936 sans une étude approfondie.
Etat de la tuyauterie :
Correct, mais l’ensemble est particulièrement empoussiéré et a souffert du dépôt de fientes de
pigeons au point que certain tuyaux, d’anches notamment, sont devenus pratiquement inaccordables. Un
nettoyage général approfondi avec réparations ponctuelles est à prévoir. En général, l’accord de l’ensemble des
jeux de l’orgue est très défectueux, ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où après presque 50 années de
fonctionnement, l’instrument est empoussiéré et n’a bénéficié d’aucun accord général depuis cette date, ce qui
dépasse de loin la moyenne normale qui se pratique dans ce type d’instrument (20 ans). Cet empoussièrement
général de la tuyauterie, non nettoyée depuis 1965, est très préjudiciable pour l’accord général de l’instrument,
notamment pour les jeux aigus (mixtures, mutations) qui en deviennent inutilisables.
Photos ci-dessous : à gauche : tuyaux de Pédale en bois, de Cavaillé-Coll, sur sommiers
pneumatiques de Roethinger, dans la galerie du triforium derrière le buffet. A droite : tuyauterie du Récit, en
grande partie de Cavaillé-Coll.
Buffets, charpentes :
Tribune et grand buffet du 15e siècle remaniés au siècle suivant, notamment pour les décors.
Buffet de Positif de 1620 agrandi de deux tourelles latérales en 1769 par Dallery.
L’ensemble a été repeint au 19e siècle. Les panneaux latéraux masquent l’escalier d’accès à gauche
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et la Bombarde de 32 (aujourd’hui déposée, mais les croissants de soutien sont toujours en place) à droite. Les
panneaux du soubassement du grand buffet ont été refaits par Roethinger.
Charpentes intérieures et boite expressive de Cavaillé-Coll, assez peu modifiées par Roethinger.
Etat des buffets et charpentes :
Correct pour l’ensemble, mais les
buffets présentent un état de saleté
considérable, de par son empoussièrement et
les multiples déjections d’oiseaux. Cela n’est
visible que de près, le rendu visuel depuis la
nef faisant illusion.
Des bâches polyanes (photos ci-dessous) ont été installées sur les parties hautes du buffet et ont
partiellement rempli leur rôle de protection de la tuyauterie et des passerelles, mais sont à remplacer à court
terme tellement la couche de déjection qui s’y est déposée est importante, ce que propose Pascal dans son
devis du 6 avril 2013.
Enfin, de nombreux éléments en bois tendre (hêtre) sont attaqués par les xylophages. Antoine
Pascal signale qu’une dizaine de foyers ont été détectés dans l’instrument, notamment sur les échelles
intérieures, les supports de sabre du tirage des jeux et les réservoirs en soubassement. Lors de notre visite,
nous avons pu constater effectivement une attaque importante et avancée des collets des portevents situés sous
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les réservoirs du soubassement, ainsi que sur les supports de sabre du tirage du Récit.
Un traitement à court termes des parties les plus attaquées est souhaitable, traitement qu’il faudra généraliser à
l’ensemble de l’instrument lors de sa restauration.
Conclusion (orgue de tribune)
L’orgue de tribune de la cathédrale
d’Amiens a été reconstruit en 1936 par la maison
Roethinger à partir d’un fonds de Cavaillé-Coll
datant de 1889. Le résultat sonore est très
symphonique dans l’esprit et la conception
mécanique, et l’orgue mériterait d’être préservé
dans son intégrité actuelle.
Hormis des transformations minimes
en 1965, il n’a pas fait l’objet de travaux de
relevage depuis 1936. Il est aujourd’hui dans un
état de fonctionnement précaire de par l’usure
avances des mécanismes après plus de 70 ans de
service et est très empoussiéré. Le
fonctionnement aléatoire des transmissions
risque de compromettre à tout moment la saison
culturelle musicale de la cathédrale.
Il faut saluer ici la volonté de
l’organiste titulaire à animer musicalement la
cathédrale par des concerts réguliers en dépit de l’état actuel de l’orgue, volonté d’autant plus affirmée qu’il
s’agit pratiquement du seul instrument encore en état de pouvoir assurer une animation culturelle organistique
à Amiens.
Une restauration approfondie de cet instrument dans toutes ses parties nous apparaît indispensable.
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Ces travaux de grande ampleur nécessitent un examen approfondi de la partie instrumentale sortant du cadre
de la présente visite. Les préconisations à prévoir à cette fin ne pourraient être validées qu’à l’issue d’une
étude préalable circonstanciée sur l’instrument, permettant d’établir un diagnostic détaillé avec des relevés
dans l’instrument. Cette étude est d’autant plus justifiée que l’instrument nécessite véritablement des travaux
dans un avenir proche.
Parallèlement à la restauration générale à prévoir, des travaux d’urgence sont néanmoins à réaliser
à court terme. Ceux-ci correspondent aux prestations indiquées dans le devis d’Antoine Pascal en date du 6
avril 2013 :
- Traitement contre les xylophages sur les parties les plus attaquées (chiffré à 3 773,06 € HT par A.
Pascal),
- Remplacement des bâches polyane protectrices des déjections d’oiseaux et nettoyage partiel de la
tuyauterie (chiffré à 4 759,74 € HT par A. Pascal),
- Surpeaussage partiel des réservoirs primaires (chiffré à 5 307,03 € HT par A. Pascal).
Ces trois interventions peuvent être réalisées de façon indépendante.
2- Examen de l’orgue de chœur.
L’orgue de chœur a été construit par la maison Ducroquet/Barker en 1851 et placé dans les stalles,
sur l'initiative de Mgr de Salinis.
En 1889, Cavaillé-Coll effectua quelques travaux, notamment la mise au ton moderne.
Pendant la guerre, les sacs de terre protégeant les stalles engendrèrent de l'humidité, abimant le
mécanisme et la tuyauterie.
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C'est en 1963 seulement que l'instrument fut restauré par Roethinger, sans doute par Acker, qui
compléta en autres la première octave du Récit tout en remplaçant le sommier, remplaça la Voix céleste par
une Doublette et une Sesquialtera et électrifia le pédalier.
Composition actuelle :
Grand-Orgue Récit expressif Pédale
Bourdon 16 Flûte 8 Soubasse 16Flûte 8 Gambe 8 Basse 8Bourdon 8 Flûte 4Kéraulophone 8 Doublette 2Prestant 4 Sesquialtera IIPlein-Jeu IV Hautbois 8Trompette 8Clairon 4
Tirasses GO et Récit, accouplement Réc/GO,
Trémolo Récit.
Claviers de 54 notes, Pédalier de 30 notes.
Le fonctionnement général de l’instrument est plutôt correct. Les peaux du grand réservoir à 4 plis
compensés (ci-dessous, à gauche) semblent en bon état et ne présentent pas de fuites audibles. L’usure de la
mécanique des notes et des jeux est normale après 50 de fonctionnement (ci-dessous, à droite, mécanique des
notes et abrégé du Récit).
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Le fonctionnement de la pédale électrique est cependant aléatoire, ce
que nous a indiqué M. Loisemant, bien qu’aucun disfonctionnement
notable n’ait été détecté lors de la visite. Ci-contre : électro-aimants du
tirage électrique des notes de Pédale.
L’étanchéité des sommiers reste à vérifier, le jour de la visite les soufflures à l’enchappage étaient
peu nombreuses.
La tuyauterie est en bon état général et ne semble avoir été que peu modifiée par Roethinger. Elle
est néanmoins très empoussiérée. Ci-dessous, à gauche : tuyauterie du grand-orgue, à droite : tuyauterie du
Récit.
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En conclusion, cet orgue de chœur requiert au minimum un dépoussiérage et un accord général,
dans l’idéal un relevage plus approfondi.
C’est en ce sens qu’a été établi un devis par Antoine Pascal, daté du 12 avril 2013 (montant HT 37
230,00 € HT), en charge de l’entretien, avec nettoyage de la tuyauterie et réfection des sommiers auxiliaires.
En plus de ces interventions qui nous semblent justifiées, une vérification de l’enchappage des
sommiers serait également à effectuer.
Pour la Pédale, une évolution des transmissions électrique de pédale, aujourd’hui obsolètes, peut
être envisagée. A. Pascal propose de la remplacer par des sommiers pneumatiques de même technologie que
les sommiers auxiliaires existants.
3- Conclusion générale.
De toute évidence les deux orgues de la cathédrale d’Amiens méritent une restauration. Ces deux
instruments ont connu un grave déficit d’entretien depuis 50 ans. L’entretien courant qui est assuré par
Antoine Pascal ne peut en effet suffire pour conserver en bon état de jeu deux instruments de cette importance,
qui nécessitent d’être dépoussiérés, faire l’objet d’accord généraux et d’interventions sur toutes les pièces
d’usure.
Aujourd’hui c’est donc une véritable restauration dont chacun de ces instruments ont besoin.
Le grand orgue de la cathédrale d’Amiens est incontestablement un orgue de premier plan à
l’échelon national. Tout d’abord son buffet est exceptionnel, le grand corps médiéval est pratiquement le seul
de ce genre qui puisse être à ce jour admiré en France. Ce buffet mériterait d’être mieux valorisé. Même s’il
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fait encore de l’effet vu de la nef, le constat à la tribune est moins glorieux, les surface peintes sont
complètement encrassées, jonchées de toiles d’araignées, déjections, etc.
La partie instrumentale est globalement bien construite, et la part de matériel de Cavaillé-Coll est
encore significative. L’évolution stylistique et technique de cette partie instrumentale entre l’état Cavaillé-Coll
et celui conçu par Roethinger est plutôt convaincante dans l’ensemble.
De toute évidence ce grand orgue mérite une restauration, c’est la voix musicale d’une cathédrale
de première importance et classée à l’UNESCO. Un tel instrument mérite de bénéficier d’une attention de
même niveau que celui porté à l’édifice.
Il serait souhaitable d’engager une réflexion sur la restauration qui s’impose maintenant à cet
instrument si l’on veut qu’il puisse continuer à fonctionner et que le festival d’orgue annuel puisse se
poursuivre. L’amorce de cette réflexion pourrait être une étude préalable à la restauration de cet instrument.
En ce qui concerne l’orgue de chœur, une restauration s’impose également. Néanmoins une
intervention plus limitée pourrait être envisagée dans la mesure où il semble évident que la priorité doit être
réservée à l’orgue de tribune ; néanmoins le dépoussiérage et l’accord qui relèvent du gros entretien restent
indispensables et légitimes pour l’orgue de chœur. Les propositions établies par Antoine Pascal vont dans ce
sens. Le programme proposé ne va pas jusqu’au stade d’une complète restauration mais l’ampleur financière
de cette proposition reste somme toute limitée et permettra à l’instrument d’être maintenu dans une état de jeu
convenable pour les années à venir.
Eric Brottier
Diffusion (par courrier électronique) :
M.C.C. : Direction du Patrimoine / BPMI / M. Prévot
DRAC : CRMH Mme Oger-Leurent.
M. le Curé affectataire de la Cathédrale.
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