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Espaces naturels, espaces protecteurs - 01 Le rÎle des écosystÚmes dans la prévention des risques naturels Espaces naturels, espaces protecteurs

Espaces naturels, espaces protecteurs

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Page 1: Espaces naturels, espaces protecteurs

Espaces naturels, espaces protecteurs - 01

Le rÎle des écosystÚmes dans la prévention des risques naturels

Espaces naturels, espaces protecteurs

Page 2: Espaces naturels, espaces protecteurs

- Espaces naturels, espaces protecteurs 02

QU’EST-CE QU’UN RISQUE NATUREL ?Un risque naturel rĂ©sulte de l’articulation d’un phĂ©nomĂšne naturel intense – cet Ă©vĂ©nement en soi incertain est dĂ©signĂ© sous le terme d’alĂ©a – et de la prĂ©sence d’enjeux, qui reprĂ©sentent l’ensemble des personnes, biens et activitĂ©s pouvant ĂȘtre affectĂ©s par ce phĂ©nomĂšne.La prĂ©vention des risques vise Ă  rĂ©duire les consĂ©quences dommageables de ces alĂ©as dans la durĂ©e, en agissant sur diffĂ©rents leviers : culture du risque, amĂ©nagement du territoire, construction d’ouvrages de protection, maintien ou restauration d’espaces naturels, etc.Le changement climatique modifie la frĂ©quence et l’intensitĂ© de certains alĂ©as. La hausse attendue du niveau de la mer aggravera par exemple les risques littoraux.

UNE PROTECTION EFFICACELes espaces naturels, par les fonctions qu’ils assurent, apportent de nombreux bĂ©nĂ©fices aux sociĂ©tĂ©s humaines. En particulier, ils jouent un rĂŽle primordial dans la rĂ©gulation des crues, dans la rĂ©duction de l’érosion des sols ou dans l’attĂ©nuation de l’impact d’évĂ©nements mĂ©tĂ©orologiques, hydrologiques ou marins. Le maintien de ces espaces, dans toute leur diversitĂ© (marais, prairies, forĂȘts, dunes, etc.), est donc nĂ©cessaire pour la prĂ©vention des risques d’inondation fluviale, de submersion marine ou d’érosion cĂŽtiĂšre.

PLUS QU’UNE SOLUTION, UN ATOUTPour les gestionnaires et collectivitĂ©s engagĂ©s dans la prĂ©vention de ces risques naturels, notamment Ă  travers la compĂ©tence GEMAPI (voir ci-contre), la protection et la gestion d’espaces naturels sont des solutions pertinentes, complĂ©mentaires ou alternatives aux ouvrages dits « en dur » tels que les digues ou les enrochements. Outre le rĂŽle de ces espaces dans la prĂ©vention des risques naturels, ils gĂ©nĂšrent de nombreuses retombĂ©es positives, source d’une vĂ©ritable richesse pour les territoires.

LA GEMAPI, UN CADRE FACILITATEUR POUR LES COLLECTIVITÉSDepuis le 1er janvier 2018, la compĂ©tence « Gestion des milieux aquatiques et prĂ©vention des inondations », dite GEMAPI est confiĂ©e aux intercommunalitĂ©s : mĂ©tropoles, communautĂ©s urbaines, communautĂ©s d’agglomĂ©ration, communautĂ©s de communes. L’ambition de la GEMAPI : mieux articuler risque d’inondation, bon Ă©tat des milieux naturels et urbanisme. Les intercommunalitĂ©s peuvent se regrouper pour exercer cette compĂ©tence Ă  une Ă©chelle pertinente (par exemple, le bassin-versant).

Dunes, plages

Falaises

Mangroves, récifs coralliens et écosystÚmes associés

Marais, lagunes

Mares, tourbiĂšres

ForĂȘts humides

Prairies humides,

landes

Qu’il s’agisse des espaces cĂŽtiers, maritimes ou continentaux, les Ă©cosystĂšmes jouent un rĂŽle essentiel dans la protection des personnes et des biens installĂ©s le long des cours d’eau ou des cĂŽtes. À l’intĂ©rieur des terres, les marais, prairies et forĂȘts humides contribuent Ă  l’attĂ©nuation des crues et au ralentissement des eaux de ruissellement. Ces espaces assurent Ă©galement une fonction de rĂ©tention et d’épuration des eaux. Sur les zones littorales et en mer, les falaises, les dunes et les Ă©cosystĂšmes sous-marins constituent des barriĂšres naturelles face aux tempĂȘtes et aux submersions marines. Ils protĂšgent de l’érosion et participent Ă  la rĂ©silience du littoral. Partout les espaces naturels constituent des zones tampons, rĂ©duisant la force des Ă©lĂ©ments.

Les espaces naturels,des alliés face aux risques

LES BÉNÉFICES APPORTÉS PAR LES ESPACES NATURELS

Espaces naturels, espaces protecteurs - 03

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- Espaces naturels, espaces protecteurs Espaces naturels, espaces protecteurs -04 05

À chaque territoire ses solutions

DES SOLUTIONS POUR RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ DES TERRITOIRES

Face aux risques (inondation, submersion marine et Ă©rosion cĂŽtiĂšre), la protection et la restauration

des espaces naturels apparaissent comme des solutions complémentaires aux ouvrages dits « en dur ».

En renforçant l’articulation entre gestion des milieux aquatiques (GEMA) et prĂ©vention des inondations (PI),

la GEMAPI vient conforter et faciliter la maniÚre dont certaines collectivités apportent déjà une réponse

coordonnée et adaptée aux spécificités de leur territoire. Une démarche qui ne consiste plus seulement à lutter

contre les risques naturels, mais Ă  mieux s’adapter pour protĂ©ger les populations et les biens.

La perturbation des Ă©cosystĂšmes peut contribuer Ă  augmenter les risques naturels. À l’inverse, prĂ©server, restaurer et gĂ©rer

ces espaces, c’est valoriser un patrimoine prĂ©cieux. C’est aussi rĂ©duire la vulnĂ©rabilitĂ© au risque des personnes et des biens.

Partout en France, des collectivitĂ©s ont mis en place, avec l’appui de l’État, des dispositifs qui ont fait leurs preuves. PensĂ©es Ă  des Ă©chelles croisant bassin de risque et bassin-versant, ces initiatives conjuguent protection de l’environnement,

des hommes et des activités économiques.

>> CONFLUENCE DOUBS-LOUEUne dynamique fluviale restaurée

Voir p. 6

DES SOLUTIONS FACTEURS DE RÉSILIENCE ET D’ATTRACTIVITÉ

DES TERRITOIRESPrĂ©server les espaces naturels, c’est aussi contribuer Ă 

une meilleure gestion de la ressource en eau, au maintien de la biodiversitĂ©, Ă  la qualitĂ© du cadre de vie et Ă  l’attrait

touristique et paysager. En choisissant de mettre en place des solutions fondées sur la nature, les collectivités

améliorent également la résilience de leur territoire face aux conséquences du changement climatique.

UN INVESTISSEMENT DANS DES SOLUTIONS DURABLES

En contrepartie d’un investissement initial parfois important (restauration de berges ou de cordons dunaires,

effacement d’ouvrages, etc.), la prĂ©servation ou la restauration d’espaces naturels s’avĂšre Ă©conomiquement rentable sur le long terme. Ne nĂ©cessitant souvent qu’une

gestion limitĂ©e mais rĂ©guliĂšre, les espaces naturels prĂ©sentent l’avantage d’une plus grande adaptabilitĂ© face

aux effets du changement climatique.

DES SOLUTIONS PARTENARIALESLa gestion des espaces naturels offre l’opportunitĂ©

de mettre en relation les acteurs d’un territoire autour de problĂ©matiques et d’enjeux communs pour dĂ©finir

des solutions partagĂ©es, sources d’une meilleure adaptation aux Ă©volutions des territoires. Par une dĂ©marche

de coconstruction et une gouvernance associant toutes les parties prenantes, il s’agit d’identifier les Ă©chelles d’intervention pertinentes et de dĂ©finir des solutions cohĂ©rentes et pĂ©rennes. Les programmes d’actions

de prĂ©vention des inondations (PAPI) constituent des cadres opĂ©rationnels pour mettre en Ɠuvre cette dĂ©marche

et définir des projets de territoire concertés, intégrateurs des espaces naturels.

>> GRAND CUL-DE-SAC MARINEntre lagon et mangrove, un joyau à protéger

Voir p. 8

>> LIDO DE SÈTEUn espace littoral réorganisé

Voir p. 9

>> BRIVES-CHARENSAC (HAUTE-LOIRE)Une relation plus apaisée avec la Loire

Voir p. 11>> ISÈRE AMONT

Quand la riviĂšre revient Ă  l’équilibreVoir p. 7

>> VALLÉE ET BAIE DE SOMMELe choix d’une gestion intĂ©grĂ©e

Voir p. 10

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- Espaces naturels, espaces protecteurs Espaces naturels, espaces protecteurs -06 07

D ans les annĂ©es 1960, la confluence du Doubs et de la Loue a fait l’objet d’importants travaux d’amĂ©nagement

(mĂ©andres recoupĂ©s, berges enrochĂ©es, endiguement, crĂ©ation d’un nouveau lit
). Ces amĂ©nagements ont conduit Ă  une amĂ©lioration de la protection des zones agricoles et urbaines. Cependant, ils ont aussi modifiĂ© le fonctionnement naturel de ces deux riviĂšres, provoquant au fil des annĂ©es le creusement de leur lit et l’enfoncement de la nappe alluviale, mettant en pĂ©ril la richesse Ă©cologique du lieu.En rĂ©ponse, des travaux ont Ă©tĂ© lancĂ©s en 2017, sous maĂźtrise d’ouvrage du Syndicat mixte Doubs-Loue. Objectif : restaurer la dynamique fluviale, en retirant les enrochements installĂ©s sur les berges, en dĂ©mantelant ou en reculant une partie des digues, en restaurant une roseliĂšre et en rĂ©injectant des matĂ©riaux alluvionnaires sous la forme d’un banc massif.

RÉDUIRE L’IMPACT DES INONDATIONS

SUR LES ZONES HABITÉES ET CULTIVÉES

TrĂšs concernĂ©s par le risque inondation, les villages aux alentours de la confluence Ă©taient par le passĂ© protĂ©gĂ©s par un rĂ©seau de digues, localisĂ©es parfois au plus prĂšs des riviĂšres. Les ouvrages pouvaient donc ĂȘtre fortement sollicitĂ©s. En complĂ©ment d’importants travaux de confortement de digues, le chantier de restauration de la dynamique fluviale a contribuĂ© Ă  amĂ©liorer la prĂ©vention des risques. En janvier 2018, lors d’une crue importante, le dĂ©senrochement a ainsi permis aux berges d’absorber une partie de l’énergie de l’eau, rĂ©duisant d’autant son impact sur les zones habitĂ©es ou cultivĂ©es.

Une dynamique fluviale restaurée

‱ Confluence Doubs-Loue (Jura) ‱

“Des zones naturelles pour absorber l’énergie de la riviĂšre”

La confluence du Doubs et de la Loue est un site emblĂ©matique, ancrĂ© dans le patrimoine local pour sa richesse Ă©cologique. Le chantier menĂ© depuis octobre 2017 doit permettre la sauvegarde de milieux naturels uniques. Ce projet, qui passe par le dĂ©mantĂšlement de digues et d’enrochements, a naturellement amenĂ© la question de la protection contre les risques naturels. Les deux problĂ©matiques s’articulent parfaitement. En crĂ©ant des zones naturelles capables d’absorber l’énergie de la riviĂšre, la restauration de la dynamique fluviale a permis d’attĂ©nuer les consĂ©quences des crues les plus importantes pour l’homme.

FRANCK DAVID -Vice-président du Syndicat mixte Doubs-Loue, en charge du projet Confluence

L a vallĂ©e du GrĂ©sivaudan, situĂ©e entre Pontcharra et Grenoble, Ă©tait soumise Ă  un risque important d’inondation : si la crue

bicentennale de 1859 se reproduisait, elle entraĂźnerait 1 milliard d’euros de dommages. Conçu dĂšs 2004 et lancĂ© en 2012 pour prĂ©venir ce risque, le projet IsĂšre amont vise Ă  restaurer l’équilibre de la riviĂšre en s’appuyant sur la gestion des espaces naturels : amĂ©nagement de champs d’inondation contrĂŽlĂ©e ; arasement de bancs de sable ; reconnexion des bras morts Ă  la riviĂšre ; restauration des forĂȘts alluviales par le rĂ©tablissement de la communication des espaces boisĂ©s avec la riviĂšre en reculant les digues.Ce projet a fait l’objet de deux PAPI (voir p. 10) : un premier d’un montant de 52 millions d’euros (dont 22 millions d’euros issus du Fonds de prĂ©vention des risques naturels majeurs, FPRNM) et un deuxiĂšme de 83 millions d’euros (dont 33 millions d’euros de FPRNM).

LE CHOIX DE LA COCONSTRUCTION

En charge des travaux, le Symbhi (Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’IsĂšre), crĂ©Ă© en 2004 par le DĂ©partement de l’IsĂšre, fait le choix de la concertation et de la coconstruction, dĂšs la conception du projet. Le syndicat met ainsi en place un comitĂ© consultatif, rĂ©unissant les Ă©lus locaux, les reprĂ©sentants des communes, les associations et les administrations concernĂ©es Ă  chaque Ă©tape clĂ©. En complĂ©ment, des rĂ©unions d’information et de mĂ©diation sont organisĂ©es tout au long du chantier. AssociĂ©es Ă  un effort important de communication, ces diffĂ©rentes actions portĂ©es par le Symbhi permettent la dĂ©finition et la mise en Ɠuvre d’un projet partagĂ©, facilitant l’acceptation des travaux, et plaçant l’intĂ©rĂȘt collectif au cƓur de la dĂ©marche.

Quand la riviĂšre revient Ă  l’équilibre

‱ Projet Isùre amont (Isùre) ‱

“Un plan de protection collective” IsĂšre amont est un projet de territoire, dont la rĂ©alisation a rĂ©vĂ©lĂ© une vraie solidaritĂ© entre l’amont et l’aval, les zones rurales et urbaines. Chaque commune a contribuĂ© Ă  ce plan de protection collective. Mais la rĂ©ussite du projet est Ă©galement due Ă  la prĂ©sence d’un organe de gouvernance porteur de l’intĂ©rĂȘt public, qui a su rassembler, animer et arbitrer.

FABIEN MULYK-Président du Symbhi

36réunions

publiques et 11 réunions du comité

consultatif ont été organisées depuis le début du projet.

55 000habitantsde 4 communautĂ©s de

communes vont bénéficier des aménagements réalisés

par le Syndicat mixte Doubs-Loue.

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- Espaces naturels, espaces protecteurs Espaces naturels, espaces protecteurs -08 09

S ur la façade nord de la Guadeloupe, le Grand Cul-de-sac marin est une vaste baie de 15 000 hectares ceinte d’une barriùre de

corail et dont une partie est classĂ©e en cƓur de parc national. Elle regroupe 7 communes et abrite des Ă©cosystĂšmes d’une grande richesse, des mangroves, des herbiers, des rĂ©cifs et des Ăźlets (de petits Ăźlots inhabitĂ©s). Un site exceptionnel, qui attire chaque annĂ©e de nombreux touristes, mais qui est soumis Ă  d’importantes pressions humaines et naturelles.

LIMITER LES RISQUES DE SUBMERSION

Accélérée par le changement climatique, la montée du niveau marin accentue les risques littoraux dans des zones parfois densément peuplées. Dans ces conditions, la préservation de

la mangrove n’est plus seulement un impĂ©ratif Ă©cologique, mais aussi un moyen de limiter les risques de submersion. En concertation avec les communes du territoire et le Parc national de Guadeloupe, le Conservatoire du littoral agit pour protĂ©ger ces espaces, notamment en intervenant sur le foncier du littoral maritime, dont la gestion est confiĂ©e aux communes concernĂ©es. Objectif : Éviter l’urbanisation des zones Ă  l’arriĂšre des mangroves, pour permettre Ă  celles-ci de se dĂ©placer en cas d’augmentation du niveau de la mer.

Entre lagon et mangrove, un joyau à protéger

‱ Grand Cul-de-sac marin (Guadeloupe) ‱

L ong de 11 kilomĂštres, le lido de SĂšte est un mince cordon dunaire qui s’étire entre la MĂ©diterranĂ©e au sud, et l’étang de Thau au

nord. EmpruntĂ© par une voie ferrĂ©e et une route nationale indispensables Ă  l’économie du bassin, il relie les communes de Marseillan et de SĂšte, hauts lieux de villĂ©giature en pĂ©riode estivale. Le lido accueille de nombreuses activitĂ©s : tourisme balnĂ©aire, camping, viticulture
 La prĂ©servation de ce lieu menacĂ© par une forte Ă©rosion cĂŽtiĂšre, notamment lors des tempĂȘtes, est donc une prioritĂ©.En 2004, la dĂ©cision est prise de reculer la route nationale et de mettre en place des protections douces. Une voie verte cyclable est amĂ©nagĂ©e, des dunes sont recrĂ©Ă©es et vĂ©gĂ©talisĂ©es, la plage est Ă©largie afin de pĂ©renniser cet Ă©cosystĂšme. En mer, des gĂ©otubes sont disposĂ©s Ă  350 mĂštres du bord, afin de limiter les effets de la houle. Un plan ambitieux de 55 millions d’euros, qui montre aujourd’hui ses fruits.

DES AVANTAGES EN CASCADE

Le projet donne un nouveau souffle au site. Avec sa plage agrandie par l’apport de plusieurs tonnes de sable, le lido a acquis une popularitĂ© accrue chez les touristes. ProtĂ©gĂ©e de l’érosion, la route nationale peut dĂ©sormais assurer de façon pĂ©renne son rĂŽle d’artĂšre Ă©conomique. MenĂ©e par le bureau d’études Vertigo Lab pour le Conservatoire du littoral, une Ă©tude parue en 2015 s’est attachĂ©e Ă  estimer les retombĂ©es Ă©conomiques des mesures de protection des espaces naturels dans le secteur de l’étang de Thau. Ses conclusions ? Le patrimoine naturel des sites du Conservatoire – dont le lido de SĂšte fait partie – confĂšre une attractivitĂ© forte Ă  ce secteur de la cĂŽte occitane. Il contribue Ă  hauteur de plusieurs millions d’euros par an au dynamisme Ă©conomique de la rĂ©gion par son impact positif sur le tourisme et la conchyliculture (en favorisant l’équilibre de l’écosystĂšme lagunaire).

Un espace littoral réorganisé

‱ Lido de SĂšte (HĂ©rault) ‱

“ Un projet exemplaire” Pour rĂ©soudre le problĂšme d’érosion, nous avons choisi de nous adapter Ă  l’évolution naturelle, en dĂ©plaçant notamment les structures menacĂ©es. Aujourd’hui, le blason du lido est redorĂ©. Plus largement, l’ensemble de l’activitĂ© du bassin profite de la bonne santĂ© de cet espace naturel. C’est un projet exemplaire, dont nous sommes trĂšs fiers.

FRANÇOIS COMMEINHES-Maire de SĂšte et prĂ©sident de SĂšte AgglopĂŽle MĂ©diterranĂ©e

37millions d’euros C’est le chiffre d’affaires touristique

annuel lié à la préservation du patrimoine naturel dans le secteur

de l’étang de Thau, selon une Ă©tude de Vertigo Lab.

25 kmde récifs

coralliens ferment le Grand Cul-de-sac Marin, un espace naturel classé

rĂ©serve mondiale de la biosphĂšre par l’Unesco

LA BIODIVERSITÉ COMME ENJEU ET LEVIER DE DÉVELOPPEMENT

SituĂ©e sur le littoral du Grand Cul-de-sac, la commune de Morne-Ă -l’Eau s’est vu dĂ©cerner en 2018 le prix de la « meilleure petite ville pour la biodiversitĂ© ». Dans son rapport de visite, le jury des Capitales françaises de la biodiversitĂ© expliquait ainsi sa dĂ©cision : « Consciente de son potentiel comme des dĂ©gradations de son territoire, la commune souhaite orienter sa politique vers une gestion durable et Ă©cologique des espaces. Le projet politique a trĂšs largement intĂ©grĂ© cette approche de la biodiversitĂ© comme enjeux et leviers de dĂ©veloppement du territoire. » La ville a Ă©tĂ© reconnue Ă  plusieurs reprises pour ses engagements en faveur du dĂ©veloppement durable : Prix Outremer durable en 2014, laurĂ©ate de l’appel Ă  projet Territoires Ă  Ă©nergie positive pour la croissance verte en 2016 et TrophĂ©e Éco-Actions en 2017.

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- Espaces naturels, espaces protecteurs Espaces naturels, espaces protecteurs -10 11

L ors des inondations de 2001 (crues par remontées de nappe) dans le bassin-versant de la Somme, 173 communes et

3 400 habitations sont touchĂ©es, pour un total estimĂ© Ă  200 millions d’euros de dommages. Un premier programme de reconstruction est lancĂ© pour parer au plus urgent : rĂ©fection des ouvrages, confortement des berges. Il est suivi en 2007 par le Plan Somme 1, puis le Plan Somme 2 en 2015, supervisĂ©s par l’EPTB Somme-Ameva. L’objectif : avoir une gestion intĂ©grĂ©e des espaces naturels et du risque d’inondation grĂące Ă  des Programmes d’actions de prĂ©vention des inondations (PAPI, voir encadrĂ©) couvrant l’ensemble du pĂ©rimĂštre de la vallĂ©e et du littoral de la Somme.

DE LA PROTECTION À LA GESTION INTÉGRÉE

Pour faire suite aux inondations du bassin de la Somme, un rapport sĂ©natorial Ă©tudie en 2001 les moyens de prĂ©venir ces risques. Sa conclusion ? Le bassin-versant est un territoire plat, sur lequel l’eau peine parfois Ă  s’écouler ; recrĂ©er les conditions d’écoulement de l’hydrosystĂšme est nĂ©cessaire pour limiter les consĂ©quences des crues. C’est pourquoi le Plan Somme s’articule autour de deux axes complĂ©mentaires : la prĂ©vention des risques d’inondation et la gestion des milieux aquatiques. Au travers du PAPI, une rĂ©flexion globale a ainsi Ă©tĂ© menĂ©e.

Le choix d’une gestion intĂ©grĂ©e

‱ VallĂ©e et baie de Somme (Somme) ‱

“Avoir une vision d’ensemble” Le PAPI a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© dans une approche globale de la gestion des eaux, le Plan Somme. Celui-ci traite Ă  la fois le risque, l’entretien des cours d’eau et la continuitĂ© Ă©cologique. Mettre ainsi en cohĂ©rence la prĂ©vention des risques et l’aspect environnemental n’a pas toujours Ă©tĂ© Ă©vident. Les gens sont tentĂ©s d’agir dans l’urgence, en bousculant les espaces naturels ! C’est pourquoi il est important d’expliquer et d’apporter une vision d’ensemble.

BERNARD LENGLET -PrĂ©sident de l’EPTB Somme-Ameva

E n 1980, une terrible crue entraüne la mort de huit personnes à Brives-Charensac. Un traumatisme à l’origine d’une prise de

conscience : il faut agir pour mieux prĂ©venir le risque d’inondation. L’option retenue est celle d’un amĂ©nagement de la Loire, qui se concrĂ©tise en 1996 par le creusement du lit du fleuve et surtout la renaturation de ses berges. Une vingtaine d’annĂ©es plus tard, la restauration des espaces naturels en bord de Loire a fait ses preuves : en offrant Ă  la fois une zone d’absorption de l’énergie des crues et un espace rĂ©crĂ©atif pour ses habitants, elle permet Ă  la ville de vivre en harmonie avec le fleuve.

QUAND LA VILLE RENOUE AVEC SON FLEUVE

Retenue Ă  la place de travaux lourds de protection comme une digue ou un barrage, la renaturation des berges a

dĂ©montrĂ© une efficacitĂ© qui ne s’est pas dĂ©mentie au fil des annĂ©es, en particulier lors des crues de 2008. Ces nouveaux espaces, qui font le bonheur des Brivois, ne requiĂšrent par ailleurs qu’un effort d’entretien modĂ©rĂ© et Ă©cologique (fauchage une Ă  deux fois par an). Cette dĂ©marche constitue un prĂ©cieux retour d’expĂ©rience, illustrant l’intĂ©rĂȘt sur le long terme de ce type de solution. Elle a Ă©galement permis d’identifier des actions qui ne seraient sans doute plus rĂ©alisĂ©es aujourd’hui. C’est notamment le cas du surcreusement du lit mineur du fleuve, qui a exigĂ© l’installation de seuils hydrauliques pour remonter la ligne d’eau en Ă©tĂ©, seuils dont la gestion reste coĂ»teuse. Le projet a nĂ©anmoins positivement bouleversĂ© la physionomie de la ville, qui a cessĂ© de tourner le dos Ă  la Loire pour engager une relation plus apaisĂ©e avec le fleuve.

Une relation plus apaisée avec la Loire

‱ Brives-Charensac (Haute-Loire) ‱

“Un Ă©quilibre pĂ©renne” « Avec le recul, il est clair que ces travaux ont permis un trĂšs bel amĂ©nagement, dont nous pouvons ĂȘtre fiers. Les Brivois ont su se rĂ©approprier les berges. La dĂ©construction du bĂąti a permis au fleuve de respirer et a recentrĂ© la ville autour de la Loire, en proposant de nouveaux lieux ouverts Ă  tous et adaptĂ©s Ă  de nombreux usages. Un Ă©quilibre pĂ©renne, conciliant la lutte contre le risque inondation et la prĂ©servation de l’environnement ! »

GILLES DELABRE-Maire de Brives-Charensac

20hectaresont été réaménagés au bord de la Loire.

70 000habitants

de la Somme sont concernés par la stratégie

de prĂ©vention des inondations mise en Ɠuvre

dans le cadre du PAPI.

QU’EST-CE QU’UN PAPI ? CrĂ©Ă©s en 2002, les Programmes d’actions de prĂ©vention des inondations (PAPI) ont vocation Ă  rĂ©duire les consĂ©quences dommageables des inondations sur la santĂ© humaine, les biens, les activitĂ©s Ă©conomiques et l’environnement. MenĂ©s par les collectivitĂ©s avec l’appui de l’État, les PAPI favorisent une approche globale du risque. Ils constituent des outils adaptĂ©s pour la mise en Ɠuvre d’une politique pensĂ©e Ă  l’échelle du bassin de risque, intĂ©gratrice des espaces naturels.

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POUR EN SAVOIR PLUS Guide de recommandations pour la prise en compte des fonctionnalités des milieux humides dans une approche intégrée de la prévention des inondations. Cerema (2017). MinistÚre de la Transition écologique et solidaire, 189 p.

Guide de gestion des dunes et des plages associées. Loïc Gouguet (2018). QuÊ, Guide pratique, 224 p.

Des solutions fondées sur la nature pour lutter contre les changements climatiques. UICN France (2016). Paris, France.

Les Solutions fondées sur la Nature pour lutter contre les changements climatiques et réduire les risques naturels en France. UICN France (2018). Paris, France.

Valeur économique des écosystÚmes coralliens des outre-mer français. Plaquette de présentation. Nicolas Pascal (2016). Documentation Ifrecor.

Digues du littoral et paysages, Guide méthodologique appliqué aux sites classés. Nicolas Forray et Denis Clément (2017). MinistÚre de la Transition écologique et solidaire.

Plaquette sur la mangrove - PĂŽles-relais zones humides, PĂŽles-relais zones humides des outre-mer (2016) Documentation Ifrecor.

Efese, les milieux marins et littoraux. MinistĂšre de la transition Ă©cologique et solidaire (2018).

Efese, les milieux humides et aquatiques continentaux. MinistĂšre de la Transition Ă©cologique et solidaire, Irstea (2018).

DICOM-DGALN/BRO/19133 - FĂ©vrier 2019Conception et rĂ©alisation : Citizen Press Photos de couverture : Jon Ingall 2016 ; Photec Production Guillaume Drouault ; travelview ; S. Moraud