Comme nous le disions plus tôt, tu ne dois pas t'attendre àvoir, au cours d,un hiver, tous les oiseaux mentionnés. Il faut tenircompte de bien des facteurs: par exemple le genre d'habitat où tu vis, l'abondance de la production de graines et de petits fruits àl'automne, la température, la précipitation en pluie, l'épaisseur dela neige, la durée de l'hiver, etc. Il est évident qu'une chute deneige plus abondante l'hiver, en couvrant tout ce qui peut normalement subsister d'herbes et de broussailles, force bien desoiseaux à chercher plus au sud leur subsistance.

Voici quelques espèces, observées au Québec durant l'hiver :

a) dans la forêt : la Gélinotte huppée (fig.1), le Grand-duc et le Petit-duc, le Pic mineur et quatre autres espèces de pics, le Geai bleu (fig. 3) et le Geai du Canada, le Grand Corbeau, la Mésange à tête noire, les sitelles, le Grimpereau brun, le Chardonneret des pins, le Dur-bec des pins (fig. 4), le Roitelet à couronne dorée, deux espèces de becs-croisés, et d'autres;

b) dans les bosquets et arbustes : le Faisan de chasse, le Pic flamboyant, la Corneille d'amérique, la Mésange à tête noire, le Gros-bec errant, le Roselin pourpré, le Chardonneret jaune, le Tohi à flancs roux, le Junco ardoisé (fig. 2), le Troglodyte des forêts, deux espèces de moqueurs, le Merle d'Amérique, la Grive solitaire, le Jaseur des cèdres et le Jaseur boréal, quatre bruants, etc. ;

c) dans les champs d'herbes : la Crécelle d'Amérique, la Perdrix grise, le Harfang des neige, l'Alouette cornue, le Sizerin flammé et le Bruant lapon:

d) sur l'eau : quatorze espèces de canards, cinq espèces de goé- lands, la Marmette de Troïl;

e) dans les villes, les villages, les cimetières, etc.: ceux des trois permiers habitats plus l'Étourneau sansonnet, le Moineau domestique, la Carouge à épaulettes, le Quiscale bronzé, le Vacher à tête brune.

Cette liste quoique incomplète, est fort impressionnante etdépasse même ce qu'on pouvait souhaiter en tant qu'amateurd'oiseaux.

Espèces qui hivernent

Fig. 2 Junco ardoisé

Espèces qui hivernentL'observation des oiseaux est bien plus facile l'hiver; en effet,les arbres et les haies sont dépouillés de leurs feuilles, les champset le sol sont blancs de neige; les oiseaux échappent plus

difficilement aux regards et ils se rapprochent des lieux deravitaillement. En leur offrant à manger, nous les attirons toutprès, sous notre fenêtre. Quelle joie alors de pouvoir les observerà l'aise! Le jardin et le patio s'animent par leur présence et perdentleur aspect morne d'automne et d'hiver.

Il y a là une source inépuisable d'observations nouvelles sur lecomportement des oiseaux. Tu peux faire des découvertes absolument inédites qu'aucun livre ne rapporte. On dirait que lesoiseaux d'hiver, souvent obligés de compter sur nous poursubsister, deviennent plus familiers; la faim les rend même téméraires. Avec un peu de patience, tu peux les entraîner à venirmanger dans ta main.

Comment attirer les oiseauxPour faciliter tes observations, tu n'as qu'à attirer les oiseauxautour de ta maison, sous ta fenêtre même. Les moyens pour lesattirer sont nombreux et d'emploi facile. Ce n'est pas le but de ceFeuillet de renseigner sur les restaurants d'oiseaux; ce sujet estl'objet d'un autre Feuillet. Voici quelques conseils pratiques quioccuperont tes loisirs en automne et en hiver.

Le moyen le plus simple, c'est de répandre de la nourriture dansun endroit découvert, sur une srface dégagée, que les oiseauxrepéreront aisément. L'hiver, tape la neige sur une certaine surface de sol, près de la maison et jettes-y de la nourriture.Autres bons endroits : galerie, marches d'escalier, large bord de fenêtre, chemin battu, près d'une haie.

Fig. 4 Le Dur-bec des pins est un autre oiseau qui se régale à nosmangeoires d'oiseaux.

Fig. 3 Geai bleu

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Quelle nourriture donner? Des miettes et des morceaux depain sec. de gâteau ou de beignes attireront certains oiseaux auprintemps et à l'automne. Mais durant l'hiver, nos compagnonsailés ont besoin d'aliments plus soutenants comme des noix, desgraines (tournesol, millet, chardon, etc.), des céréales (orges,avoine, sarrazin) ou du beurre d'arachide. Évite de distribuer lesrestes de table si tu ne veux avoir la compagnie exclusive desmoineaux et... des chiens et chats du voisinage!

Si tu le peux, fais un gâteau de suif avec des miettes et desgrains, suspends ce gâteau dans un filet à une branche, ousimplement un morceau de suif, et tu auras des visiteurs. Tous lesoiseaux habitués à manger des insectes ont besoin de gras.

Un autre Feuillet t'apprendra à construire une cafétéria d'oiseaux.

Un conseil important à retenir : il faut offrir des provisions tôt à l'automne afin que les oiseaux s'habituent à venir manger avant de songer à descendre plus au sud; s'ils savent qu'ils peuventcompter sur toi pour l'hiver, tu as plus de chances qu'ils ne te quittent pas.

Quelques oiseaux d'hiverLe Junco ardoisé (fig. 2)

Joli oiseau gris et blanc, modeste et pas tapageur, qu'onreconnaît aux plumes blanches de chaque côté de la queue aumoment où il se déplace. Il ne craint pas le voisinage de l'hommeet apprécie beaucoup les miettes de pain, le blé et le tournesol, aupoint d'oublier son voyage de migration vers le sud si tu lui offresde son plat favori dès que la neige est arrivée. C,est à peine s'ilréussit à attirer notre attention par ses tsip, tsip, au pied des haieset des broussailles.

Le Geai bleu (fig. 3)

Si tu demeures à la campagne, près de la forêt, tu recevras la visite d'un des plus magnifiques oiseaux de nos bois, le geai bleu,gros oiseau habillé de bleu et de blanc rehaussés de noir, portantune huppe et étalant une belle queue bordée de blanc. Son cri puissant et rauque remplit le silence de l'hiver, à l'orée de la forêt.Son oeil vif découvrira vite les restes que tu éparpilles pour lui;peut-être que tes petits amis s'écarteront à l'arrivée de ce grostapageur, mais ils reviendront quand il aura quitté la table. Si tuveux l'observer par la fenêtre, évite de te faire voir, car il est trop farouche pour permettre une présence, même derrière une vitre. Ilreviendra ponctuellement chaque jour si tu ne négliges pas le service du restaurant.

L'Étourneau sansonnet (fig. 5 a))Un indésirable qui rivalise avec le moineau pour suivre l'homme hiver comme été. Un des plus avides et des plus effrontés à table! Bon sujet d'observation; surtout, essaie de distinguer ses multiples façons de chanter quand il se chauffe au soleil.

Le Moineau domestique (fig. 5 b))

Nul besoin de te présenter cette hôte inséparable de l'hommeen toute saison. Oublie ses défauts pour l'hiver et admets-le à ta table. Que tu le veuilles ou non, d'ailleurs, il sera le premier renduaux provisions que tu éparpilleras; quel que soit l'endroit où tu dresseras la table, il la découvrira. Il s'accommode de tout. Sa gourmandise lui fait brûler la politesse aux autres. Observe safaçon d'agir : tu en apprendras de jolies choses sur cet effrontébruyant!

La Mésange à tête noire (fig. 5 c))

Après le moineau et le sansonnet, c'est la Mésange à tête noirequi te visitera, plus sûrement, s'il y a des haies, des arbustes, desbosquets autour de ta demeure. Tu la reconnaîtras sans difficultéà son manteau noir et son dessous grisâtre. Elle chante discrète-ment et voie vivement d'arbuste en arbuste en inspectant lesrecoins de l'écorce. Elle sera très fidèle au rendez-vous, à la même heure, en suivant le même itinéraire le matin et le soir.Charmant petit oiseau qui s'attarde volontiers à table, sans se soucier de ta présence à la fenêtre. Observe bien ses acrobaties.

Le Grimpereau brun (fig. 5 d))

Un autre tout petit acrobate qui passe son temps à grimper debas en haut et en spirale, le long des troncs d'arbres, en exploranttoutes les cachettes de l'écorce à l'aide de son long bec pointu etcourbé. Quand il a terminé son inspection, il vole vers le pied d'unarbre voisin; c'est à ce moment que tu l'apercevras, car ils'identifie au brun de l'écorce. Il révèle sa présence par de faiblescris plaintifs, mais on ne le voit pas facilement. Il se plaira às'agripper à un pain de suif ou à une écorce badigeonnée de suif.Il ne redoute que le verglas; pourquoi?

La Sitelle à poitrine blanche (fig. 7 a))

Un troisième acrobate minuscule qui bat les deux précédents.La sittelle à poitrine blanche, à dos gris-bleu et à tête noire,descend le long du tronc d'arbre, la tête la première; elle peutême se déplacer sous une branche. Encore un oiseau quidébarrasse l'écorce de tout ce qui s'y cache d'insectes , de larveset d,oeufs. Petite bête qui crie sa joie très discrètement, et qui demeurera chez toi au cours de son voyage vers le sud si tu luioffres du gras à manger et si l'hiver est doux.

Le Pic mineur (fig. 7 b))

Tu le reconnais aisément à son habit noir et blanc et à sa calotterouge. C'est un habile grimpeur qui tourne autour du tronc eninspectant les trous qu'il a déjà faits en rangs horizontaux; il sauteensuite un peu plus haut et pousuit sa recherche. Tu le verras encompagnie de la mésange et de la sittelle. C'en est un quiapprécie le gâteau de suif suspendu à une branche ou attaché àun tronc.

Fig. 5 a) Étourneau sansonnet, b) Moineau domestique, c) Mésange à tête noire, d) Grimpereau brun

Observation, recherches et découvertes

Le Bruant des neiges (fig. 7 c))

Une petite boule de neige grise, blanche et rouille qui descenddu Grand Nord et s'arrête volontiers chez nous où l'hiver est moins du et où il peut trouver de quoi manger : graines suspen-dues aux tiges sèches que la neige n'a pas encore recouvertes,miettes et graines autour des granges et des maisons, sous lesfenêtres. Une bonne réserve de graisse et les plumes gonflées lui permettent de braver les vents froids. Visiteur pacifique intéres-sant à observer.

Le Sizerin flammé (fig. 7 d))

Encore un pinson bien medeste avec son habit brun, sonplastron rosé et sa calotte rouge. Il s'accommode bien de la neiges'il a l'assurance de trouver des plantes porteuses de graines au-dessus de la surface de la neige ou des provisions à ton restaurantd'oiseaux. Le sizerin, le junco, la mésange, le Bruant des neiges,sont tous de bons comptagnons.

* * *

Impossible, en quatre pages, de te présenter tous nos compa-grons d'hiver. Si tu vas au bois, tu en verras d'autres, comme laGélinotte huppée qui se cache dans des trous creusés dans laneige, la Corneille rendue encore plsu visible dans le paysaged'hiver, le Grand pic si majestueux. Les dix oiseaux que ce feuillette présente suffisent pour t'inviter à observer et à attirer tes petitsamis ailés tout près de toi.

1. Installe un restauant d'oiseaux que tu pourras suivre durant tout l'hiver.

2. Dresse la liste des oiseaux qui te visiteront, en notant le nom,le nombre, le jour, la fréquence, la durée de l'arrêt au restaurant,le temps qu'il fait.

3. Sers plusieurs sortes de nourriture et note ce que les oiseaux semblent préférer; ou bien tu sers un mélange, ou bien tu enoffres à autant d'endroits différents que tu as d'espèces diffé-rentes de nourriture. Tu peux arriver à des conclusions intéres-santes sur les préférences des oiseaux.

4. Fais une étude du comportement des oiseaux autour de tamangeoire et à table; tu découvriras sûrement du neuf sur la "psychologie" des oiseaux.

5. Monte une collection de plumes.

6. Étudie les pistes des oiseaux sur la neige.

7. Calcule le temps que les oiseaux prennent pour découvrir un nouveau dépôt de provisions.

8. Calcule la quantité de nourriture consommée chaque jourdurant un certain temps par tel nombre d'oiseaux.

9. En déplaçant graduellement le dépôt de provisions, essaied'amener tes invités aussi près que possible de ta maison ou de tafenêtre. Arriveras-tu à les faire manger dans ta main?

10. Si tu as une caméra, c'est le temps de t'en servir.

11. Les oiseaux dégagent-ils de la vapeur par le bec quand ilsrespirent l'hiver?

Tu peux consulter:

Cayouette, R. et J.-L. Grondin, 1977. Les oiseaux du Québec,Société Zoologique de Québec Inc. : Québec, 117 pages.

David, N. et G. Duquette, 1984. Comment nourrir les oiseauxautour de chez soi, Québec Science Éditeur, Sillery, 70 pages.

David, N. et M. Gosselin, 1981. Observer les oiseaux au Québec,Québec Science Éditeur : Silery.

Godfrey, W.E., 1972. Encyclopédie des oiseaux du Québec,Éditions de l'homme : Montréal. 663 pages.

Lane, P. 1980. Les oiseaux d'hiver du Québec, Éditions Héritage.

Melançon, Claude, 1954. Charmants voisins; Société Zoologi-que de Québec : Québec. 281 pages.

Service Canadien de la Faune, Mangeoires d'oiseaux, Feuillet dedeux pages.

Et aussi, les Feuillets du Naturaliste suivants: L'observation desoiseaux, Restaurants d'oiseaux, Des oiseaux nettoyeurs d'arbres.

Les Cercles des Jeunes Naturalistes 19851ière édition 19712e édition 1985, revisée par Elise TousignantISSN 0827-1356Dépôt légal - 3e trimstre 1985Bibliothèque Nationale du QuébecBiblioth`que Nationale du CanadaImprimerie : Richelieu Roto-Litho Inc.

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Fig. 7 a) Sitelle à poitrine blanche, b) Pic mineur, c) Bruant des neiges, d) Sizerin flammé.