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HYPOGEE ETUDES EXPERTISES CONSULTING HYDROGEOLOGIE ET GEOLOGIE

TRAVAUX D’ACCES DIFFICILES MISE EN SECURITE DE SITES

R-2005-09- Etude géologique et géomorphologique du site de la Fontaine de Loulié dans le massif du Puy d’Issolud, Vayrac, Lot

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ETUDE GEOLOGIQUE ET GEOMORPHOLOGIQUE DU SITE DE LA FONTAINE DE LOULIÉ DANS LE MASSIF DU PUY D’ISSOLUD

Vayrac, Lot Juillet 2005

Par

Hubert Camus (société Hypogée)

SOMMAIRE INTRODUCTION 1. Historique de l’intervention de la Société HYPOGEE 2. Programme de recherche 3. Conditions de l’intervention 4. Exposé des problèmes posés I. Cadre géographique et géologique du site de la Fontaine de Loulié 1. Site et situation du terrain d’étude 2. Contexte géologique 3. Héritages paléokarstiques 4. Spécificités des sites travertineux

Signification morphodynamique des travertins au sein des systèmes karstiques Typologie et enchaînements de faciès Anthropisation du milieu et sites travertineux

II. Analyse morphosédimentaire des coupes et des sondages 1. Distribution des sondages et types de coupes 2. Description des coupes et des sondages

Secteur 1 : la surface et la corniche du plateau Coupe D Secteur 2 : le versant dominant le site Sondages E24 à E 30 et sondage E 36 Secteur 3 : le pied de versant au Nord du site Sondage E 53 Secteur 4 : la surface du massif de travertin Sondages de la BU2 et de la BU10 Secteur 5 : le pied de versant au Sud du site Diaclase aménagée du « Petit Petra » et sondages E44, E45 et 54 Secteur 6 : la rive droite du ru au pied du massif de travertin Sondages S1 à S5 Secteur 7 : la rive gauche du ru au pied du massif de travertin Sondages E55 et E56 Secteur 8 : la rive droite du ru en aval du site Sondage S6 et sondages S10 à S12 Secteur 9 : la rive gauche du ru en aval du site Sondages S7 à 9 et sondage S13 Secteur 10 : les coupes en galerie Réseau de galeries Nord : - Description du tronçon G2 - Description du tronçon G1 - Description du tronçon G3 - Description du tronçon G4 - Description du tronçon G5 Description de la galerie Cessac




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III. Interprétation des surfaces et restauration des profils morphosédimentaires 1. La surface du plateau :

Formations superficielles de plateau : altérites et alluvions résiduelles Implications hydrogéologiques : structuration du système karstique et paléo-hydrologie

2. Le versant, le pied de versant et les formations alimentées par les dépôts de pente : Etats de surface du versant Faciès et typologie des dépôts La chronostratigraphie et significations morphodynamiques des dépôts Restauration des profils de versants et recul des cirques Analyse des surfaces de discordance Reconstitution de la physiographie anté-travertin

3. Le massif travertineux et son extension en aval :

Le travertin de source et le travertin de barrage - Les dômes stromatolithiques - Les barrages à faciès bryophytiques : cascades et retenues L’aval du système en connexion avec la plaine alluviale - Typologie et significations morphodynamiques des faciès travertineux ou associés en aval du

système - Analyse des surfaces de discordance et correspondances chronostratigraphiques - Restitution des profils d’écoulement : niveaux des bassins et des barrages

IV. Mise en évidence d’un aménagement hydraulique 1. Anthropisation du milieu karstique et aménagements hydrauliques 2. Spécificité du site de la fontaine de Loulié 3. Description et zonation des ouvrages hydrauliques 4. Schéma de fonctionnement de l’aménagement hydraulique 5. Contexte et arguments stratigraphiques en relation avec les occupations humaines

L’anthropisation du bassin d’alimentation du travertin La fontaine de Cessac et la diaclase paléokarstique du « Petit Petra » : indices d’aménagements antérieurs à la couche de bataille gauloise « Site A » : pérennité du griffon amont pendant et après le fonctionnement de l’aménagement Implications chronologiques et perspectives archéologiques

V. Evolution et synthèse

Les karstifications anciennes et l’évolution de la physiographie pré-travertin Les systèmes travertineux anciens et l’anthropisation du milieu karstique Le système de travertin antique à moderne depuis l’époque de la bataille d’Uxellodunum

VI. Bibliographie

Liste des figures Figure n°1 : Localisation du site d'étude dans le département du Lot et relief du massif karstique du Puy d'Issolud. Figure n°2 : Carte géologique des environs du Puy d'Issolud à l'entrée du canyon de la Dordogne entre le Causse Martel et le Causse de Gramat (d'après carte BRGM à 1:50 000ème - Feuille de Souillac). Figure n°3 : Coupes géologiques et hydrogéologiques du Puy d’Issolud et de la fontaine de Loulié. Figure n°4 : Typologies des travertins (d'après Casanova, 1981) Figure n°5 : Plan de sondages et des coupes géologiques Figure n°6 : Perte aménagée dans le talweg karstique du ru” (coupe D) - Secteur 1 Figure n°7 : Plan et coupe de la fontaine de Cessac d’après rapport 2004 - Secteur 2 Figure n°8 : Coupe et vue du site du Petit Petra dessinée d’après photo - Secteur 5




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Figure n°9 : Sondages E 24 à E 36 sur le versant dominant le site de la fouille (données antérieures à l’étude HYPOGEE) Figure n°10 : Sondage archéologique de la butte BU2, paroi Sud Figure n°11 : Coupe géologique et archéologique de la butte BU 10 modifiée d’après Girault 2004 Figure n°12 : Sondages S1, S2, S3 et S4 levés par J.G ASTRUC, 1998 Figure n°13 : Sondage S5 Figure n°14 : Sondage E55 Figure n°15 : Sondage E56 Figure n° 16 a : Sondage S6 Figure n° 16 b : Géométrie des discordances et dynamique de sédimentation des bassins de retenue recoupés par le sondage S6 Figure n°17 : Sondages S10, S11 et S12 Figure n°18 : Sondage S7, S8 et S13 Figure n°19 : Sondage S9 Figure n°20 : Plan et coupes du réseau des galeries de la fontaine de Loulié Figure n°22 : Plan et coupe de la Galerie de Cessac Figure n°23 : Insertion du massif travertineux dans le site de Loulié d’après les données archéologiques de la butte BU10 Figure n°24 : Principaux aménagements hydrauliques du "ru" sur le plateau et en aval de la cascade Figure n°25 : Schéma de fonctionnement de l’aménagement hydraulique du site de la Fontaine de Loulié Annexe : Carte géologique et géomorphologique du site de la fontaine de Loulié au 1/2000ème




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INTRODUCTION 1. Historique de l’intervention de la Société HYPOGEE Suite à la réunion du 31 mai 2005 dans les locaux du SRA Midi-Pyrénées, en présence de M. Vaginay, conservateur régional, Jean-Pierre Girault, responsable des fouilles du site du Puy d’Issolud, Laurent Bruxelles, géologue INRAP et Hubert Camus, géologue HYPOGEE, il a été convenu que la Société HYPOGEE assurerait une mission d’étude géologique et géomorphologique sur le site archéologique du Puy d’Issolud, commune de Vayrac (46). 2. Programme de recherche Ce programme a été établi après concertation avec les services du SRA (M. Vaginay), le géologue de l’INRAP (L. Bruxelles), le responsable des fouilles (J.P. Girault) et le géologue d’HYPOGEE (H. Camus). A l’issue des deux journées de levés de sondages et de prise de contact avec le site, deux types d’objectifs de recherche ont été déterminés :

- les problèmes de l’extension (géométrie) du système travertineux et de son insertion dans le paysage karstique du Puy d’Issolud (évolution). Trois zones sont envisagées :

o le plateau et le versant en amont du travertin (ces secteurs ont-ils fait l’objet d’aménagements hydrauliques pour optimiser l’alimentation de la zone source, cas déjà observés sur les Causses méridionaux, par exemple ?) ;

o la zone de source et la partie rocheuse du travertin (cette zone est affectée par des carrières et des galeries, ainsi que par un captage, alors que la ou les sources à l’origine de la formation du travertin restent inconnues) ;

o la zone aval, partie crayeuse du travertin et son raccordement avec les terrasses alluviales dans la vallée (il faut rechercher en particulier les arguments de terrain permettant d’expliquer l’extension et la position altimétrique des dépôts crayeux observés ; ils sont, en effet, inadaptés à la configuration actuelle de la topographie) ;

- les implications morphologiques de l’impact anthropique sur le paysage, en particulier avant la période de la bataille et depuis cette période pour reconstituer au mieux la configuration des lieux ; plusieurs questions ont déjà été abordées :

o le contexte archéogéologique de la zone de source (point d’eau aménagé, galeries souterraines, relations entre les couches archéologiques de l’âge du bronze et de l’occupation gauloise vis-à-vis du ravinement du ru, état du massif travertineux à différentes époques dans ce secteur du site) ;

o le contexte archéogéologique du pied de versant au Sud du site (diaclase aménagée, chemin gaulois, évolution des dépôts de pente) ;

o extension vers l’Ouest (aval) de la galerie romaine dont le tracé a été reconnu grâce aux sondages du 27 et 28 juin ;

o évolution du secteur d’implantation de l’agger et de la tour romaine ; 3. Conditions de l’intervention L’intervention de la Société HYPOGEE a donc revêtu trois formes :

- suivi de sondages à la pelle mécanique implantés par les soins de L. Bruxelles (INRAP) ; - prospection géologique, levés et cartographie de terrain en surface et en galerie ; - réalisation des dessins et cartes et rédaction du présent rapport.

Pour ce faire, un expert des sites karstiques anthropisés s’est rendu à une réunion préparatoire dans les locaux du SRA Midi-Pyrénées le 31 mai 2005 et sur le terrain du 27 au 28 juin pour effectuer un diagnostic des problèmes géologiques observés, notamment grâce à plusieurs sondages à la pelle mécanique.




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La Société HYPOGEE a engagé une équipe d’intervention composée d’un ingénieur-expert spécialiste des sites de travertins (H. Camus), d’un ingénieur d’étude stagiaire (J. Baschet) et d’un assistant topographe-dessinateur (Ch. Carluy). Cette intervention s’est déroulée du 26 au 31 juillet inclus. L’intervention de cette équipe a permis de réaliser l’ensemble des objectifs de terrain prévus dans le programme de recherche. 4. Exposé des problèmes posés L’étude géologique et géomorphologique du site travertineux de la Fontaine de Loulié et de son environnement karstique a mis en lumière plusieurs points fondamentaux de l’évolution géologique du massif du Puy d’Issolud. Ces points apparaissent dans le rapport selon l’ordre suivant. Tout d’abord, cette étude met en évidence l’existence et le développement d’une morphologie paléokarstique en relation avec les couvertures silicoclastiques présumées tertiaires et connues depuis longtemps (carte géologique du BRGM, Souillac).Ces couvertures expliquent le rôle de ce paysage paléokarstique dans la structuration des écoulements jusqu’à l’actuel et surtout leur impact sur le processus de travertinisation. En deuxième lieu, cette étude replace le massif travertineux dans son contexte chronostratigraphique. Elle permet de restituer la physiographie des lieux avant la mise en place du massif travertineux associé à l’environnement marécageux de la plaine de la Tourmente au début de l’Holocène, la période d’optimum de fonctionnement se déroulant probablement au cours de l’Atlantique. Elle permet aussi de vérifier en partie le recoupement des couches archéologiques par la topographie actuelle, notamment sur la base des sondages à la pelle réalisés en juin et juillet 2005. Cette étude permet surtout d’améliorer la connaissance de la structure géologique du massif travertineux, alors que les précédentes interventions (Degaugue, 2000) avaient permis de préciser ses différents faciès et leurs implications paléoenvironnementales. Cette étude répond aussi à plusieurs questions d’ordre archéologique restées en suspens : nature et signification du talweg du ru sur le plateau, du site du « Petit Pétra », du site de la butte BU2 et son contact avec le ru ainsi qu’avec le travertin sous-jacent et des rôles des galeries etc… On note aussi, au sujet de l’anthropisation du milieu, la découverte au cours de cette étude d’un aménagement hydraulique du site de la Fontaine de Loulié. Son âge reste incertain, mais des structures archéologiques en faisant partie sont manifestement plus anciennes que la destruction du site antique. Enfin, un essai d’évolution est proposé pour conclure l’étude géologique du site.

Fontaine de Loulié

Rivières

Travertins

Basse terrassede la Dordogne

Basse terrasse des affluents et colluvions de Vayrac (a)Moyennes ethautes terrasses Couvertureskarstiques

Paléocène-Eocène

Bajocien sup. calcaire

BajocienAalénien sup. calcaireAaléniencalcaire biodétritique

Toarcien marneux

marno-calcaire

Carixien marneux

Domérien-Carixien

marno-calcaireHettangien inf. argileux

Sinémurien-Hettangien sup.

a

N

0 10 20 km

Célé

Dordogne

Lot

A20

Gramat

Rocamadour

Figeac

Gourdon

Souillac

CAHORS

Cabrerets

St-CirqLapopie

0 1 km

NP l a i n e d e

l a D o r d o g n e

311

118

118

114

Puy d'IssoludPuy

d'Issolud

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Fontainede

Loulié

271

228

Puyd'Issolud

D o r d o g n e

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Figure n°1 : Localisation du site d'étude dans le départe-ment du Lot et relief du massif karstique du Puy d'Issolud.

Figure n°2 : Carte géologique des environs du Puy d'Issolud à l'entrée du canyon de la Dordogne entre le Causse Martel et le Causse de Gramat (d'après carte BRGM à 1:50 000ème - Feuille de Souillac).

0 1 km

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I. Cadre géographique et géologique du site de la Fontaine de Loulié Les généralités d’ordre géographique et hydrogéologique se référent aux travaux antérieurs (Fabre J.-P. et Perrineau A., 2000 ; Daubet M., 2005), à l’analyse des documents cartographiques et aux observations de terrain. 1. Site et situation du terrain d’étude Le Puy d’Issolud est une butte témoin de la bordure orientale du Causse Martel (figures n°1 et n°2). Ce relief isolé est situé en rive droite de la Dordogne à l’entrée des gorges et elle est séparée du Causse Martel par une dépression d’orientation Nord-Sud empruntée par le cours de la Tourmente. Ce plateau culmine à 311 m d’altitude et il est armé par des escarpements et des versants raides formant une couronne vers 220 m. L’altitude de la plaine alluviale au niveau de la confluence de la Tourmente avec la Dordogne est de 114 m. Ce petit plateau calcaire présente les caractères géologiques spécifiques qui permettent de le définir comme un karst perché par rapport à un soubassement de marnes imperméables. Le drainage du plateau est assuré par les ruissellements de surface lors des précipitations fortes et par les infiltrations dans le karst le reste du temps. Ces circulations souterraines se dirigent vers des sources situées au contact entre les calcaires et les marnes. Le site de la Fontaine de Loulié (figures n°1 et n°3) se trouve à l’ouest du plateau du Puy d’Issolud, au point le plus bas où la topographie recoupe le contact entre les calcaires et les marnes vers 160 m NGF. Le massif calcaire du Puy d’Issolud forme un relief tabulaire de 1,5 x 1 km (figure n°1). La superficie des affleurements calcaires et des couvertures comprenant la surface du plateau (1,08 km2) et les escarpements est de 1,32 km2. Le bassin versant en amont du site est de 0,34 km2 alors que 0,72 km2 sont imputés à l’alimentation du système karstique de la Fontaine de Loulié, soit 77% de la surface totale du Puy d’Issolud, avec un débit moyen annuel de 10,6 l/s (Fabre J.-P. et Perrineau A., 2000), Les eaux de source drainant ce bassin d’alimentation ont déposé un puissant édifice travertineux actuellement très dégradé par la pression anthropique. Les témoins de la présence de ce travertin ont été repérés du captage situé à 160 m, jusqu’au niveau de la terrasse alluviale de la Tourmente vers 120 m d’altitude. 2. Contexte géologique Le Puy d’Issolud présente une structure tabulaire monoclinale de pendage globalement S-SW. La colonne stratigraphique présente de la base au sommet (figures n°2 et n°3):

- les marnes noires du Toarcien (189-180 Ma) - les calcaires biodétritiques et dolomitiques ocres de l’Aalénien inférieur et moyen dont la

limite supérieure est représentée par un niveau repère à gryphées, (180-178 Ma) - les calcaires oolithiques et dolomitiques du Bajocien-Aalénien supérieur (178-169 Ma)

formant la table du plateau et ses corniches ; ces calcaires présentent un relief de karst couvert à méga-lapiés empâté par des formations résiduelles d’altération formées sur place, notamment des brèches de karstification,

- une couverture continentale allochtone silicoclastique d’âge réputé tertiaire (65-41 Ma). L’ensemble forme un binôme roche dure et perméable sur roche tendre et imperméable caractéristique d’un relief de butte témoin en avant de la cuesta formée par le versant oriental du Causse Martel.

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Travertin

Marnes imperméables

Marnes imperméables

Calcaires oollithiques

Calcaires oollithiques

Calcaires bioclastiques

Calcaires bioclastiques

Aalénien

Aalénien

Toarcien

Toarcien

Brèche karstique

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G l i s s e m e n t

Paléo-source

Dépôtde

versant

Aquifère épikarstique

Bajocien

Bajocien

Brèchekarstique

Couverture allochtone


Terrassede la Tourmente

Source aménagée

E W

Colluvions

Limons(marécage anté-travertin)

Formation altérée à gros blocs

Discordance infra-Holocène

Coupe géologique du site de la Fontaine de Loulié passant au Sud du site de fouille (levés HYPOGEE)

Coupe géologique du site de la Fontaine de Loulié passant par la source actuelle et le site de fouille (levés HYPOGEE)

Figure n° 3 : Coupes géologiques et hydrogéologiques du Puy d’Issolud et de la fontaine de Loulié.

Galeries

Eboulis


Coupe géologique du Puy d’Issolud et coupe hydro-géologique de la Fontaine de Loulié modifiées d’après Fabre J.P. et Perrineau A., 2000.

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3. Héritages paléokarstiques Comme on l’a vu plus haut, les calcaires et les dolomies sont profondément karstifiés et présentent notamment un modelé de karst couvert à mégalapiés très développé (cliché n°1). Ce modelé correspond à une évolution ancienne à l’origine de la structuration du karst du Puy d’Issolud et du contrôle des modalités de son fonctionnement (Bruxelles, 2001 ; Camus, 2003). La signification de ces modelés cryptokarstiques est bien connue en termes d’évolution de surface et souterraine (Quinif Y., 1999). Sur la bordure SE du plateau, cette couverture a été érodée laissant apparaître des rochers ruiniformes et des pinacles au sommet de l’escarpement ce qui traduit l’intensité et le développement de la karstification sous couverture. Ailleurs, les brèches de karstification et les altérites sont restées en place entre les pinacles (cliché n°2). Elles sont visibles sur les hauteurs du site de la Fontaine de Loulié. Leur répartition correspond à l’exploitation de la fracturation et des discontinuités litho-stratigraphiques des calcaires Bajocien-Aalénien par la dissolution karstique. Il en résulte la formation d’un aquifère épikarstique doté d’un fort pouvoir capacitif et d’une perméabilité en grand localement bien développée avec une transmissivité rapide au niveau des pertes de surface et des jonctions avec le réseau de circulation karstique profond.

Cliché n°1 : Mégalapiés cryptokarstiques dégagés sur la bordure orientale du Puy d’Issolud La couverture silicoclastique sus-jacente explique le développement de cette cryptokarstification, mais aussi la concentration des écoulements de surface en raison de sa moindre perméabilité. Il en résulte une circulation de surface concentrée dans une gouttière d’orientation Est-Ouest se terminant par un ravin qui incise la corniche au-dessus du site de la Fontaine de Loulié. Le régime hydrologique très temporaire de ce « ru » est à l’origine de crues dévastatrices responsables d’un puissant ravinement des formations travertineuses et alluviales situées en aval. Le fonctionnement hydrologique du karst couvert est suffisamment régulier et tamponné, pour permettre l’édification d’un massif travertineux au niveau de la sortie principale du système karstique. La régularité de ces circulations et le caractère incrustant de ses eaux est à attribuer à la présence d’un aquifère épikarstique contrôlé par les couvertures et les altérites, notamment dans les faciès bréchiques. Il est extrêmement peu probable que la fonction capacitive du système et l’effet tampon soient imputables à un hypothétique rôle de l’aquifère dans l’Aalénien inférieur et moyen en raison de son faciès plus marneux (Fabre J.-P. et Perrineau A., 2000). Par ailleurs, le modèle hydrogéologique




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développé dans cette étude par ces auteurs n’est pas en accord avec le fonctionnement des sources travertineuses.

Cliché n°2 : Brèches de cryptokarstification affleurant sur la corniche de calcaires du Bajocien dominant le site 4. Spécificités des sites travertineux Signification des travertins au sein des systèmes karstiques Les travertins occupent une place particulière dans les systèmes karstiques. Ils correspondent à un dépôt corrélatif de l’érosion karstique du bassin d’alimentation. Ils constituent un sous-système organisé en enchaînement de faciès correspondant à plusieurs types de dépôts par précipitation de calcite. Cette calcite forme des encroûtements autour des végétaux, algues, mousses et plantes supérieures et des divers débris présents dans la section mouillée de l’écoulement. L’enchaînement de ces faciès d’amont en aval donne lieu à une zonation des sites de dépôts conférant aux systèmes travertineux un caractère d’indicateur de fonctionnement à valeur environnementale et un caractère chronstratigraphique à valeur géologique et archéométrique. Dans les domaines climatiques tempérés, on observe classiquement d’amont en aval, des sites de travertins de source, des sites de barrage et des travertins de plaine alluviale (Cazanova, 1981) auxquels s’ajoutent les travertins de vallées qui longent les cours d’eau des canyons karstiques. Typologie des faciès et enchaînements de faciès Les travertins de source sont caractérisés par des encroûtements stromatolithiques rubanés scellant les galets et les blocs et parfois de puissants dômes de calcite formant des seuils de bassins. Dans ces bassins, les végétaux en position de vie ou en débris sont incrustés. Les sites de barrage présentent des cascades et des retenues en amont. Ils sont caractérisés par des faciès de cascade incrustants construits, bryophytiques et rubanés, et des faciès de bassin liés à la sédimentation des débris transportés par les écoulements (débris de végétaux et de malacofaune, manchons, débris de travertins) dont la fraction moyenne à fine est appelée « sables travertineux ». Lorsque les bassins sont vastes, on observe une similitude de faciès avec les travertins de plaine alluviale, traduite en particulier par l’apparition d’oncolites et de faciès à joncs, ou encore, si la

Docum

ent R-2005-09 - HYPO

GEE - Etude géologique et géom

orphologique du site de la Fontaine de Loulié dans le massif du Puy d’Issolud, Vayrac (Lot)

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Figure n°4 : Typologies des travertins (d'après Casanova, 1981)

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profondeur et le confinement le permettent par une sédimentation carbonatée très homogène et très fine appelée « craie travertineuse ». Les sites de vallée et de plaine alluviale sont caractérisés par l’extension des affleurements et par l’interférence entre le système travertineux et le système fluvial. L’extension peut se faire par étalement du site de dépôt ce qui transforme radicalement les conditions hydrodynamiques et par l’influence hydro-sédimentaire directe des variations du niveau de base local du système travertineux. Cela se traduit par l’interstratification des dépôts travertineux et des nappes alluviales, ainsi que par l’apparition de vastes zones humides plus ou moins marécageuses où la sédimentation est exclusivement carbonatée et caractérisée par la formation d’oncolites dans les bassins ouverts et par une tendance à la sédimentation de craie par confinement et approfondissement des bassins. Le système travertineux de la Fontaine de Loulié présente une zonation classique illustrée par la coupe plateau/sources/système travertineux (figures n°3 et n°4). Cette zonation correspond au modèle classiquement admis des systèmes travertineux dans leur contexte karstique (Vaudour J., 1985, 1988 et 1997). Si on se réfère à la typologie de Cazanova (1981), le site de la Fontaine de Loulié présente un travertin de type barrage qui incorpore le site de source en s’adossant au pied de versant et qui se transforme en aval en travertin de plaine. Les sondages récents, S9, S10, S11, S12 et S13 notamment, permettent de déterminer le prolongement de l’édifice travertineux vers l’aval jusqu’à l’altitude des terrasses de la Tourmente entre 120 et 125 m d’altitude. Anthropisation du milieu et site travertineux Ce site a retenu l’attention des hommes en raison des avantages qu’il apporte en termes de position d’abri alimenté en eau et d’exploitation d’un terroir varié entre le plateau et la vallée. L’anthropisation du milieu est par conséquent particulièrement exprimée dans l’évolution récente de ce site travertineux. Uxellodunum représente un cas particulier épisodique dans un modèle d’anthropisation du milieu karstique très classique. Le système travertineux s’installe au début de l’holocène et se développe au cours de l’optimum climatique de l’Atlantique, puis subit une phase de déstabilisation à l’apparition de l’agriculture, souvent Néolithique final à chalcolithique, suivie d’une reprise de son développement après l’époque antique et enfin une nouvelle époque de déstabilisation entre le Moyen âge et le XVIIIè siècle.

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