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Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
Indication liminaire : la compréhension de chacun de ces éléments devrait vous aider à composer une argumentation cohérente. Des exercices complets se trouvent à la fin du présent feuillet.
1. La thèse en philosophie :
10.1.1. Définition de la thèseLa philosophie est un discours rationnel portant sur des questions fondamentales. Ces questions fondamentales trouvent rarement de réponses définitives. Ces réponses sont justement des thèses philosophiques. .Elles sont controversées dans la mesure où elles ne sont pas définitives et des thèses concourantes sont toujours possibles. Une certitude scientifique ou une évidence observée ne peuvent être des thèses valables.
Lorsqu’il s’agit de faire un commentaire de texte, il s’agit de déterminer la position du philosophe dans ce texte, ce qu'il a voulu démontrer dans un contexte précis, et qui prend sens généralement à travers l'idée générale et directrice, c'est-à-dire dans le contenu philosophique fondamental du texte.
En outre, pour être philosophique, la thèse doit traiter d’un sujet fondamental. On entend par fondamental un sujet qui concerne tous les humains (universel) et un rapport profond qu’ils entretiennent avec le monde.
Le travail philosophique cherche à justifier ces thèses qui sont en fait des conclusions philosophiques. Par conclusion, on entend la conclusion logique d’une argumentation.
La thèse est donc l’opinion qu’on cherchera à défendre dans la production orale ou écrite philosophique. On l’énonce dans l’introduction, une fois la problématique établit. Elle revient sous différentes formes dans les différents paragraphes d’argumentation.
10.1.2 De quoi est constituée une thèse en philosophie ? Un jugement ou une proposition simple (sujet-verbe-complément) peuvent être suffisants. Cependant, dans les paragraphes du développement on allie généralement cette proposition à un argument qui indique de quoi il en retournera dans le paragraphe en question.
Exemple de thèse en philosophie :
- La partie la plus haute de l’âme humaine est immatérielle. (St-Augustin)- L’esprit humain fonctionne uniquement à l’aide des processus matériels. (Épicure) - Vivre, c’est apprendre à mourir. (Platon)- Vivre consiste à tuer tous les défauts qui nous approchent de la mort. (~Nietzsche)- Mieux vaut subir l’injustice que la commettre. (Platon)
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
- L’homme est un être déterminé par sa classe sociale. (~ Marx)- La justice, c’est l’ensemble des conditions de base qui permettent l’instauration d’une équité entre les hommes. (~ Rawls)- La justice est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée (Rawls)- La technologie sépare l’humain de ses conditions d’existence réelles et cela entraîne un lent affaiblissement de la vie humaine - La technologie permet à l’homme de se libérer de ses contraintes matérielles. (~Marx)
10.2. L’argument.
10.2.1. Définition : L’argument est une bonne raison d’adhérer rationnellement à une thèse. Il est en relation directe avec celle-ci. En philosophie, il est basé sur : soit des faits réels (induction), soit un raisonnement logique (déduction), soit une échelle de valeurs affichée (telle chose est meilleure qu’une autre selon telle valeur) ou encore des objectifs annoncés (causalité).
10.2.2. De quoi est constitué un argument en philosophie ? De manière simple, l’argument est constitué d’un jugement ou proposition (sujet verbe complément) mis en relation avec la thèse. En outre, il doit se fonder sur un jugement sur lequel tout interlocuteur rationnel (raisonnable) est d’accord. En d’autres mots, il s’agit d’une prémisse à un raisonnement. Le raisonnement étant l’alliance de l’argument avec la thèse. Un seul argument est suffisant dans le développement d’un paragraphe.
10.2.3. Quelles conditions doit remplir un argument pour être considéré comme rationnel ?L’argument doit remplir ces trois conditions :
1. Il doit correspondre à la réalité. L’argument doit se baser sur des observations que tout être rationnel et doté d’un appareil sensitif normal doit accepter.2. Il doit être cohérent, c’est-à-dire qu’il ne doit pas contredire d’autres propositions déjà acceptées pour vraies.3. Il doit être lié de manière appropriée (en utilisant les bons marqueurs de relation) avec la thèse.
10.2.4. Exemples d’arguments dans des argumentations (Thèse + Argument )
La partie la plus haute de l’âme humaine est immatérielle, car elle nous permet de comprendre un ordre divin qui n’est pas matériel. (Argument causal)
Comme la totalité de la réalité jusqu’ici comprise s’explique parfaitement par les lois de la réalité matérielle, l’esprit humain aussi doit fonctionner uniquement à l’aide de ces processus matériels. (Argument analogique)
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
-Étant donné que la mort est pour plusieurs la réalité la plus dure à supporter et que pour vivre paisiblement, il faut accepter cette réalité, on peut dire avec Socrate que vivre, c’est apprendre à mourir. (Déduction)
- Vivre consiste à tuer tous les éléments qui veulent mourir en nous, puisque la vie a une valeur indépassable .( Argument basé sur une échelle de valeur)
- Mieux vaut subir l’injustice que la commettre, si on veut s’assurer une paix sociale. (Argument causale)
- L’homme est un être déterminé, comme les autres. En effet, on constate qu’il ne fait pratiquement aucun choix qui se dégage de sa condition économique de base, de l’éducation propre à sa classe sociale et des médias qui s’adressent à sa classe sociale. ( Induction) - «La justice est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée » En effet, tout aussi bien que personne ne pourrait parler rationnellement sans avoir comme postulat fondamental le principe de vérité, personne ne peut non plus agir moralement sans avoir à la base de ses actions la conception d’une justice universelle..(Argument analogique)
10.3. La confirmation.10.3.1 Définition : La confirmation est une preuve plus précise et moins abstraite qu’un argument. Elle nous permet de prouver, d’illustrer ou d’expliquer nos arguments. L’idéal est de pouvoir raffermir le lien qui se trouve entre la thèse et l’argument par des illustrations probantes.10.3.2 De quoi est constituée une confirmation ?L’élément de confirmation sert à raffermir un argument, entre autre par ces différents procédés :
1. Une définition qui précise un terme important de l’argument en relation avec la thèse.
Exemple : Étant donné que la mort est, pour plusieurs, la réalité la plus dure à supporter et que pour vivre paisiblement, il faut accepter cette réalité de la vie, on peut dire avec Socrate que vivre, c’est apprendre à mourir. [ De fait, la pensée de la mort qui renvoie à l’homme la possibilité de ne plus rien sentir et de ne plus rien projeter est une réalité difficile à supporter pour cet être sensitif et doté de projets. ]
2. En confirmant l’argument par des preuves empiriques.Exemple : L’homme est un être déterminé, comme les autres. En effet, on constate qu’il ne fait pratiquement aucun choix qui se dégage de sa condition économique , de l’éducation propre à sa classe sociale et des médias qui s’adressent à sa classe sociale. [Une étude a récemment démontré en France que la promotion sociale était presque impossible dans les familles ouvrières : seul 2 % des enfants de ces familles accédaient à des études leur permettant de se sortir de leur classe sociale.]
Thèse
Argument
Confirmation
Thèse
Argument
Confirmation
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
3. En entérinant l’argument par une autorité confirmée (Attention aux arguments d’autorité ! Ceux-ci ne sont pas des autorités appropriées pour certifier un argument rationnellement justifié)
Exemple : Comme la totalité de la réalité jusqu’ici comprise s’explique parfaitement par les lois de la réalité matérielle, l’esprit humain aussi doit fonctionner uniquement à l’aide de ces processus matériels. [Le professeur Horkheimer, qui est un spécialiste en neurobiologie, affirme d’ailleurs qu’ «au rythme actuel des découvertes sur le fonctionnement du cerveau, la totalité des actions des individus pourront être expliqué par l’interaction de neurones précisément localisées dans le cerveau. »1 ]
4. Ou en l’illustrant par des exemples auxquels on peut difficilement trouver de contre exemples.
Exemple : La technologie sépare l’humain de ses conditions d’existence réelles et cela entraîne un lent affaiblissement de la vie humaine. De fait, elle dresse toujours un médium entre la vie de l’individu et son environnement humain ou naturel. [ Prenez par exemple l’utilisation du transport individuel motorisé qui limite l’activité physique jusqu’à causer des problèmes d’obésité et des problèmes cardio-vasculaires dans plusieurs états nord américains. A contrario, un pays comme Cuba où le parc automobile régresse voit l’espérance de vie de ses citoyens augmenter… ]
10.3.3 Constat sur l’utilisation des éléments de confirmation : On constatera que la longueur d’un paragraphe est principalement déterminée par le développement de ses éléments de confirmation et par leur variété.
* Aussi, le truc infaillible pour une bonne confirmation, c’est de tourner notre argument sous forme de question commençant par un pourquoi.10.4. Agencement des propositions : les marqueurs de relation.
Exercice 1. Les marqueurs d’argument et de conclusion.
ConsigneAssociez les marqueurs suivants (indices linguistiques) à l’argument ou à la conclusion. Afin de procéder correctement, recopiez le marqueur de relation dans la bonne colonne.
Marqueur d’argument Marqueur de conclusion
CarD’oùAlors
1 Étude fictive, comme le sont d’ailleurs l’ensemble de ces exemples faits pour illustrer le discours rationnel.
ConfirmationThèse
Argument
Argument
Thèse
Confirmation
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
CommeDe ce faitParce queAttendu queEn sorte queD’où il suit quePar conséquentEn supposant queC’est pourquoiEtant donnéPuisqueEn effetDoncAinsiOr
Exercice 2. Rédaction d’un argument et d’une confirmation
Consigne :
Tentez de trouver les arguments et leurs confirmations qui justifieraient trois thèses suivantes selon votre choix :
Thèse : Il faut préférer la réalisation de son potentiel à la richesse.
Argument :
Confirmation :
Thèse : La technologie affaiblit l’humain.
Argument :
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
Confirmation :
Thèse : L’humain est un être libre.
Argument :
Confirmation :
Thèse : L’engagement politique est une façon de s’immortaliser.
Argument :
Confirmation :
Thèse : Il faut se faire vacciner contre la grippe porcine.
Argument :
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
Confirmation :
Thèse : Il est inacceptable de mourir pour nos idées.
Argument :
Confirmation :
Thèse :Les conventions sociales sont des cages dont il faut se débarrasser.
Argument :
Confirmation :
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
Exercice 3. Distinguer les thèses, arguments et confirmations dans un texte argumentatif.
Consigne. Voici le développement d’un texte argumentatif exemplaire. En suivant l’exemple du premier paragraphe, tentez d’identifier les parties des paragraphes suivants :
Premièrement, ce ne serait pas juste de s'enfuir puisqu'il
fermerait les yeux sur les lois qu'il a si longtemps défendues.
(1En effet, pour Socrate, on ne doit jamais modifier ses
convictions pour se sortir d'une situation difficile amenée par
un jeu de circonstances.) De fait, comment pourrions-nous
inculquer des valeurs à nos enfants si nous sommes incapables
de respecter les nôtres ? Bref, la cohérence morale est une
valeur essentielle autant pour soi que pour les autres.
Deuxièmement, il ne serait pas juste de s'enfuir parce que
même si on a été condamné injustement par les lois des
hommes, ce sont les Lois du ciel des idées qui doivent dicter
nos actes. En effet, si la loi des hommes est imparfaite alors il
faut la vérifier là où la justice est la plus parfaite ; et quoi de
plus parfait que la justice idéale elle-même. Or cette justice
idéale nous dit qu’il faut se soumettre à la volonté de la loi de
la cité puisque seules les lois concrètes garantissent un ordre
réel. Donc, en se dérobant de cette loi imparfaite on se dérobe
encore plus de la loi idéale qui vise l’ordre et l’harmonie dans
leur perfection. Enfin, toujours selon Platon, parce qu'en
respectant les Lois du ciel des idées on ne peut faire que le
Thèse 1
Argument
(Confirmation1)
sous forme de
principe.
[Confirmation2 sous
forme d’illustration.]
Conclusion partielle
qui ressaisit
l’argument.
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
bien, et c’est toujours préférable pour la communauté humaine
que l’on fasse le bien.
Consigne : tentez le même exercice pour l’ensemble des paragraphes
argumentatifs suivants :
[ Extraits du texte «Je dépen$e, donc je suis» : est-ce le cogito du XXIe siècle? par Justine Desjardins, étudiante du cours Éthique et Politique au cégep de Chicoutimi]
D'abord, je crois que cet état de fait a toujours été observable, mais à bien
moins grande échelle. En effet, l'Homme a toujours eu la conviction
inconsciente que posséder quelque chose aux caractéristiques enviables
transfère ces bienfaits au propriétaire. Cette tendance est similaire au
processus de nutrition: ingérer un fruit rempli de vitamines donne à celui qui
l'avale les bienfaits caractéristiques des nutriments en question. Ce fait est
vrai aussi au sens plus figuré pour les guerriers qui jadis conservaient les
armes de leur valeureux adversaires afin d'acquérir en quelque sorte ce
même courage, ou pour la petite fille contemporaine qui vole la tuque de la
fille la plus populaire en pensant devenir la plus aimée à son tour. En fait,
dans la société actuelle, les caractéristiques qu'on tend à vouloir acquérir
n'étant plus le courage, on tente d'adopter celles que les médias diffusent,
soit toutes celles en rapport avec l'apparence. Où que l'on aille, publicités et
Identification des parties d’une argumentation
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
centres commerciaux affichent aubaines et tendances nous invitant à être
quelque chose, mais pas n'importe quoi. On ne nous demande pas de nous
accomplir en tant qu'individu, de faire du mieux que nous pouvons, de
garder la forme pour notre santé. Non. Car ce serait tourner le regard du
potentiel consommateur vers un investissement dans sa personne au lieu de
dans un magasin. On veut nous comparer constamment avec les acteurs et
actrices de la télévision, les top models, les jeunes chanteurs talentueux au
succès prématuré...c'est pourquoi ils sont partout, avec leur beaux yeux bien
maquillés, leur silhouette gracieuse, leurs vêtements à la mode, leur famille
modèle et leur voiture de luxe. Ils nous guettent, et ils nous connaissent
assez bien pour nous faire oublier ce qu'on est et pour nous initier à leur
secte de perfection et de stéréotypes. Mais pourquoi ces icônes en sont-ils
venus à s'en prendre à la race humaine, à la dominer?
Cette culture inculquée s'intègre à notre système de valeur en nous
bombardant d'icônes et de modèles de vie prédéfinis, et on en vient au point
où tous ces éléments superficiels sont devenus la notion populaire de ce qui
est bien pour nous: on en vient à croire que paraître est l'essence même
d'être, et c'est cela même qui motive un besoin de posséder toujours plus de
ces accessoires miracle. Une théorie de Freud peut s'appliquer par extension
à la présente situation: chaque nouvelle acquisition procurant le plaisir
d'avoir fait un pas de plus vers l'acceptation générale, le surmoi freudien1
récompense l'action par un sentiment de fierté. En effet, si on suit cette ligne
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
de pensée, notre Surmoi intègre ces notions si souvent répétées à celles qui
le régissent. Ainsi, on achète tel cosmétique pour être belle; telle marque de
rasoir pour être irrésistible ; telle sorte de bière pour être populaire et
branché. Et on y croit!
On peut donc justifier la consommation en tant que média entre le monde
et nous, dans l'optique où elle nous fait paraître d'une certaine manière dans
notre environnement. Mais pourquoi attribuer une telle importance à
l'acquisition constante de tous ces biens? Selon Hachette, dépenser est
synonyme2 de consommer, débourser, manger, vivre bien, vivre en grand
seigneur, vivre largement, vivre sur un grand pied. Par juxtaposition de ces
termes, on remarque l'usage du verbe «vivre». Cette association d'idées fait
prendre au verbe «dépenser» une profondeur vitale. En effet, celui qui
dépense se procure des biens, qu'il pourra plus tard se vanter d' avoir. Or,
toute personne a quelque chose, que ce soit un corps, une télévision ou un
ami. Sans ces possessions, quelle qu'en soit l' utilité ou le degré de
nécessité, affirmer que vivre sans avoir est possible s'avère inimaginable :
associé à des éléments fondamentalement vitaux, le verbe avoir ne peut
donc pas se dissocier du verbe vivre. On pourrait dire «Je dépense, donc je
vis».
De plus, quelqu'un qui affirme avoir une belle vie possède bien souvent
beaucoup d'amis, une famille équilibrée, un conjoint, des enfants, etc. Si
vivre est avoir, bien vivre serait donc posséder la vie (la sienne) et par
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
extension, celle des autres. Celui qui met de l'argent et du temps à profit
pour loger, nourrir, ou amener dîner ces personnes «acquises» les juge
presque comme un investissement, puisque grandes sont les chances de
recevoir en retour. Notre conception de l'avoir en vient donc à juger les
personnes humaines comme étant des possessions!
À l'aube du XXI ième siècle, on peut donc par maints exemples prouver
que l'avoir est au centre de notre conception de l'être, jusqu'à confondre
toute définition. Avec le temps, on en est venu à penser que la
consommation est un phénomène normal et incontournable. Mais selon moi,
il ne devrait pas en être ainsi.
Bien que je sois consciente que la société actuelle conçoit l'être par
rapport à l'acquisition de biens, je suis d'avis qu'être est bien plus qu'avoir.
En effet, dire qu'on n'est pas avant d'avoir acquis quelque chose, c'est dire
qu'un bébé naissant n'est pas; dire que dépenser est un média de l'être
insinue que tous les sans-abris et démunis ne sont pas. Or, se peut-il qu'une
distinction soit si injustement tirée entre ce qui (osons) mérite d'être et ce
qui ne le mérite pas? Et ne serait-ce pas une insulte à la vie que de la juger
par rapport à des objets, à des faux besoins à combler?
En effet, lorsqu'on dépense de l'argent, cet agent est perdu en quelque
sorte et prend la forme du bien acquis. Or, tel que stipulé plus haut, acheter
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt
procure un plaisir éphémère. Investir dans quelque chose, c'est donc se faire
plaisir. Mais mettons ici l'emphase sur le mot éphémère, puisque en effet
l'extase ne peut durer indéfiniment: tout bien matériel ayant une portée
extérieure à l'être, ce bien est susceptible de détérioration, de vol ou autre.
Cela peut rendre l'humain fébrile à l'idée de pouvoir perdre ses avoirs,
insécurité visible par tous les cadenas, systèmes d'alarme et encadrement
auxquels sont soumises nos possessions chéries. Or, a-t-on déjà cadenassé
un trait de notre personnalité, une caractéristique de notre être? Non. Nous
allons même jusqu'à vouloir exposer nos traits moraux ou intellectuels, à les
partager, et certains par leur grande qualité vont être volées (ou plutôt
adoptées) sans que le propriétaire d'origine ne s'en sente brimé.
Être est donc bien plus qu'avoir: un objet acquis est statique et ne peut se
mouvoir ou devenir plus qu'avec l'intervention humaine, sans laquelle il est
voué à l'inertie. L'être, lui, est voué par défaut à une constante évolution qui
est naturellement enclenchée par le processus de croissance et qui est
catalysée par les interactions de l'être dans le monde: l'être est influençable,
doté de conscience et donc capable de réaliser ce qu'il est et ce qu'il pourrait
être. L'acquisition a donc sa place dans l'évolution, du moment où elle en est
une d'ordre psychologique, intangible.
Exercice sur les éléments de l’argumentation CLG-2015 Ian de Valicourt