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Extrait de la publication - storage.googleapis.com...Le Québec en quête de laïcité, sous la direction de Normand Baillargeon et de Jean-Marc Piotte, Écosociété, 2011. Un certain

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  • DébatsC o l l e c t i o n d i r i g é e p a r

    A l a i n - G . G a g n o n

  • Des mêmes auteurs

    Jean-Marc Piotte

    Une amitié improbable. Correspondance 1963-1972 avec Pierre Vadeboncoeur, LUX, 2012.Le Québec en quête de laïcité, sous la direction de Normand Baillargeon et de Jean-Marc

    Piotte, Écosociété, 2011.Un certain espoir, Les Éditions Logiques, 2008.Au bout de l’impasse, à gauche. Récits de vie militante et perspectives d’avenir, sous la

    direction de Normand Baillargeon et de Jean-Marc Piotte, LUX, 2007.ADQ : à droite toute ! Le programme de l’ADQ expliqué, sous la direction de Jean-Marc

    Piotte, Hurtubise HMH, 2003.Les Neuf clés de la modernité, Québec Amérique, 2001, coll. QA Compact, 2007.Les grand penseurs du monde occidental, Fides, 1ère édition, 1997, 2e édition, 1999,

    3e édition, 2005.Du combat au partenariat. Interventions critiques sur le syndicalisme québécois, Nota

    bene, 1998. Sens et politique, VLB éditeur, 1990. La communauté perdue, VLB éditeur, 1987. Un parti pris politique, VLB éditeur, 1979. Marxisme et pays socialistes, VLB éditeur, 1979. Le syndicalisme de combat, éditions Albert Saint-Martin, 1977. Les travailleurs contre l'État bourgeois, (avril et mai 1972), sous la direction de Jean-Marc

    Piotte, éditions de l'Aurore, 1975. Sur Lénine, éditions Parti-pris, 1972. Québec occupé, sous la direction de Jean-Marc Piotte, éditions Parti-pris, 1971. La pensée politique de Gramsci, Paris, Anthropos, 1970, Montréal, éditions Parti-Pris,

    1970, VLB éditeur, 1987 et LUX, 2010. (traductions en japonais : Kawade Shobo Shin-Sha, Tokyo, 1973 ; en espagnol : Ed. Redondo, Barcelone, et Ed. Cuadernos de Cultura revolucionaria, Buenos Aires, 1973 ; en portugais : Loureiro, Pereira et Oliveira, Porto, 1975 ; et en arabe : Ed. Attalyâ, Beyrouth, 1975)

    Jean-Pierre couture

    Key Contemporary Thinkers. Peter Sloterdijk, Cambridge UK, Polity Press, 2014. (à paraître)

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  • Les Nouveaux Visages du nationalisme conservateur

    au Québec

  • catalogage avant publication de Bibliothèque et archives nationales du Québec et Bibliothèque et archives canada

    Piotte, Jean-MarcLes nouveaux visages du nationalisme conservateur au Québec(Débats)ISBN 978-2-7644-2167-3 (Version imprimée)ISBN 978-2-7644-2273-1 (PDF)ISBN 978-2-7644-2274-8 (EPUB)1. Conservatisme - Québec (Province). 2. Nationalisme - Québec (Province). I. Couture, Jean-Pierre. II. Titre. III. Collection : Débats (Éditions Québec Amérique).JC573.2.Q4P56 2012 320.5209714 C2012-941232-5

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

    Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remer-cier la SODEC pour son appui financier.

    Québec Amérique329, rue de la Commune Ouest, 3e étage Montréal (Québec) H2Y 2E1Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

    Dépôt légal : 3e trimestre 2012Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

    Projet dirigé par Martine PodestoMise en pages : André Vallée – Atelier typo JaneRévision linguistique : Claude Frappier et Chantale LandryConception graphique : Nathalie CaronEn couverture : Montage photo de Pierre-Olivier ZappaAu dos : détail de l'œuvre

    Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

    © 2012 Éditions Québec Amérique inc.www.quebec-amerique.com

    Extrait de la publication

  • Jean-Marc Piotte et Jean-Pierre Couture

    Les Nouveaux Visages du nationalisme conservateur

    au Québec

  • La collection « Débats » est consacrée à des ouvrages faisant état des grands enjeux culturels, politiques et sociaux au Québec et explore les questions de citoyenneté, de diversité et d’identité qui traversent les sociétés pluri-nationales. En collaboration avec la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes, cette collection est réalisée par les Éditions Québec Amérique et dirigée par Alain-G. Gagnon, titulaire de la Chaire et professeur titulaire au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal. Outre le présent ouvrage, la collection compte déjà 18 titres :

    La Diversité québécoise en débat. Bouchard, Taylor et les autres, sous la direction de Bernard Gagnon, 2010.

    La Reconnaissance dans tous ses états. Repenser les politiques de pluralisme culturel, sous la direction de Michel Seymour, 2009.

    La Raison du plus fort. Plaidoyer pour le fédéralisme multinational, Alain-G. Gagnon, 2008. Prix Josep Maria Vilaseca i Marcet, 2007.

    Pluralisme et démocratie. Entre culture, droit et politique, sous la direction de Stéphane Vibert, 2007.

    Les Nationalismes majoritaires contemporains : identité, mémoire, pouvoir, sous la direction d’Alain-G. Gagnon, André Lecours et Geneviève Nootens, 2007.

    Le poids de la coopération. Les rapports France-Québec, Frédéric Bastien, 2006.

    Le français, langue de la diversité québécoise, sous la direction de Pierre Georgeault et Michel Pagé, 2006.

    Désenclaver la démocratie. Des huguenots à la paix des Braves, Geneviève Nootens, 2004.

    Justice, démocratie et prospérité. L’avenir du modèle québécois, sous la direction de Michel Venne, 2003.

    Critique de l’américanité. Mémoire et démocratie au Québec, Joseph Yvon Thériault, 2002. Prix Richard-Arès, 2003 et Prix de la présidente de l’Assem blée nationale du Québec, 2003.

    Québec : État et société, tome 2, sous la direction d’Alain-G. Gagnon, 2002.

    Repères en mutation. Identité et citoyenneté dans le Québec contem porain, sous la direction de Jocelyn Maclure et Alain-G. Gagnon, 2001.

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  • Récits identitaires. Le Québec à l’épreuve du pluralisme, Jocelyn Maclure, 2000.

    Penser la nation québécoise, sous la direction de Michel Venne, 2000.

    Le Québec dans l’es pace américain, Louis Balthazar et Alfred O. Hero Jr, 1999. Prix Richard-Arès, 1999.

    L’Ingratitude. Conversation sur notre temps, Alain Finkielkraut, avec Antoine Robitaille, 1999. Prix Aujourd’hui, 1999.

    Québec 18 septembre 2001. Le monde pour horizon, Claude Bariteau, 1998. Prix Richard-Arès, 1998.

    Duplessis : Entre la Grande Noirceur et la société libérale, sous la direction d’Alain-G. Gagnon et Michel Sarra-Bournet, 1997.

    Les principaux objectifs de cette collection sont d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion dans le domaine des sciences sociales et de per mettre aux chercheurs d’engager le débat sur des sujets contem porains.

    Délibération et réflexion en sont les maîtres mots.

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  • INTRODUCTIONQu’entendons-nous par nationalisme conservateur ?

    CHAPITRE 1Joseph Yvon thériault ou la tradition contre la modernité

    CHAPITRE 2Jacques Beauchemin ou la sacralisation d’une nation

    CHAPITRE 3Éric Bédard ou notre maître le passé

    CHAPITRE 4Marc chevrier ou la république élitiste

    CHAPITRE 5Gilles Labelle ou la quête du souverain

    CHAPITRE 6Stéphane Kelly ou le ressentiment d’une génération

    CONCLUSIONun réseau intellectuel hégémonique

    Bibliographieremerciements

    TABLE DES MATIèRES

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  • Extrait de la publication

  • INTRODUCTIONQu’entendons-nous par nationalisme conservateur ?

    Le soir de la défaite du référendum de 1995, Jacques Parizeau, premier ministre du Québec, déclare que celle-ci a été causée par le pouvoir de l’argent et le vote ethnique. Les souverainistes de toutes tendances passeront sous silence la première cause, comme s’il était indécent de reconnaître que les maîtres de l’économie, y compris la majorité de ceux du Québec inc., préfèrent le statu quo constitutionnel à l’indépendance. La seconde, cependant, qui minimisait les 40 % de francophones qui avaient adhéré au camp du Non, souleva plusieurs interrogations et des réponses que nous pouvons classer en deux courants.

    L’un, dominant les débats de 1995 à la défaite électorale, en 2007, du Parti québécois (PQ) dirigé par André Boisclair, est celui du nationalisme pluraliste porté, entre autres, par Anne Legaré, Claude Bariteau, Alain-G. Gagnon, Jocelyn Maclure, Michel Seymour, Micheline Labelle et Gérard Bouchard. Ce dernier, alors influent et dominant, affirme que le français comme langue publique commune caractérise la nation québécoise, donc 95 % de la population du Québec.

    L’autre courant identifie la nation québécoise à sa souche canadienne-française. À partir de 2007-2008, il deviendra prépon-dérant et exercera une influence grandissante sur le PQ. Deux événements marquent cette période et influencent ce revirement.

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  • En 2007, le populiste et démagogue Mario Dumont, alimentant ce qui deviendra la crise des accommodements raisonnables entretenue particulièrement par l’empire médiatique de Quebecor, fait élire 41 députés et l’Action démocratique du Québec (ADQ)1 devient l’opposition officielle, réduisant le PQ à un tiers parti. En 2008, le dépôt du rapport Bouchard-Taylor suscite la controverse et devient la cible de nationalistes que nous nommons néoconservateurs.

    Jacques Beauchemin, qui deviendra l’intellectuel organique de ce second courant, Joseph Yvon Thériault, Éric Bédard, Marc Chevrier, Stéphane Kelly et Gilles Labelle en constituent les principaux interve-nants. Ces auteurs ne soutiennent pas toujours les mêmes positions. Ainsi, les deux premiers manifestent parfois des visées social-démocrates, tandis que les autres condamnent la bureaucratisation de l’État et le corporatisme syndical. Cependant, ne se démarquant jamais les uns des autres, des dénominateurs communs nous permettent de les regrouper sous le chapeau du nationalisme néo-conservateur : le passéisme, la critique conservatrice de la modernité, l’épistémologie idéaliste, l’oubli ou le rejet de l’apport des sciences sociales et l’euphémisation de leur conservatisme. Ces nouveaux visages du nationalisme conservateur se distinguent radicalement des néonationalistes progressistes qui ont marqué le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), puis clairement dominé le PQ, de sa naissance en 1968 jusqu’à la défaite au premier référendum en 1980 ou à l’imposition de l’ensemble des conventions collectives aux syndiqués du secteur public en 1983.

    Ce sont ces intellectuels dont nous analysons ici la pensée. Tous ces auteurs jugent le présent et le futur à la lumière du passé. Pour Thériault, le sens de notre vie collective gît hier. Pour Beauchemin, le nationalisme québécois doit se réconcilier avec le nationalisme canadien-français. Pour Bédard, plus radical, le nationalisme qué-bécois doit être repensé à la lumière des réformistes et conservateurs

    1. Pour une analyse de l’ADQ, À droite toute ! Le programme de l’ADQ expli-qué, dir. Jean-Marc Piotte, Montréal, HMH, 2003. L’ADQ s’est fusionnée en 2011 à la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault.

  • Étienne Parent, Louis-Hippolyte LaFontaine et George-Étienne Cartier, en laissant de côté les Patriotes, les Rouges et les libéraux, tel Louis-Joseph Papineau. Ce passé valorisé et idéalisé n’est pas celui de la nation canadienne-française chez Chevrier et Labelle, mais celui de l’autorité, de la hiérarchie, de l’élite, des institutions, le premier trouvant ses modèles dans la République française et dans la civilisation gréco-romaine, le second se contentant d’idées (néces-sité de l’Autorité, de l’Institution, de la Hiérarchie et de la Transcen-dance) au nom de la « philosophe politique ».

    Bien qu’il se présente parfois comme un moderne, Thériault affirme que la modernité crée un monde insensé. Il critique les Lumières et défend que le sens d’une société niche dans la tradition. La modernité ou la postmodernité, jamais clairement définies, engendrent l’individualisme, une société de droits et la multiplica-tion des identités particulières au détriment du bien commun porté par la nation, affirme Beauchemin. Le libéralisme triomphant, souvent réduit au trudeauisme, basé sur la liberté de l’individu, ne peut qu’affaiblir le Québec chez Bédard. Chevrier condamne cette modernité libérale, individualiste, hédoniste, matérialiste, cosmo-polite et désenchantée, tandis que le drame de celle-ci relève de l’oubli de la transcendance chez le professeur Labelle. Tous ces auteurs critiquent la Révolution tranquille, même Beauchemin à une certaine période. Elle aurait miné les mœurs religieuses de la nation ainsi que les pouvoirs locaux selon Kelly ; Bédard, Chevrier et Labelle la condamnent dans le même registre que celui des opposants à Mai 68 ; Bédard, cohérent jusqu’à la rigidité, refuse toute rupture dans l’histoire. Dans ce corpus, une vision cauchemardesque du présent alimente donc la nostalgie d’un passé idéalisé.

    Les idées mènent le Québec, affirmait Stéphane Kelly dans le titre du livre qu’il a dirigé sur la nouvelle sensibilité historico-politique. Tous les auteurs étudiés partagent cette vision idéaliste. Pour Thériault, seul donne sens le récit historique développé par les grands intel-lectuels qui sont pour lui, au Canada français, Lord Durham et le chanoine Groulx. Pour Beauchemin, disciple de Thériault, la

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  • culture est au centre de l’interprétation de l’histoire dont le sujet politique est la nation, et la lecture de ses textes révèle que cette culture est celle de l’élite et non celle du peuple. Bédard, plus sélectif, ne s’intéresse qu’aux idées des grands personnages qui privilégient la tradition. Chevrier regarde la société et l’histoire par la lorgnette des idées, tandis que Labelle privilégie la dimension symbolique au détriment des faits historiques.

    Thériault défend le récit historique, la narration des Anciens, seul valable pour comprendre l’histoire, même s’il est contredit par des faits empiriques, même s’il est faux. Chez lui, il n’y a pas d’histoire sociale, d’histoire économique, d’histoire politique, d’histoire religieuse ou d’histoire culturelle, sauf si on réduit cette dernière à celle que véhiculent les élites. Beauchemin récuse toutes les interprétations historiques mettant en valeur les influences extérieures sur la nation canadienne-française, comme si l’identité de celle-ci avait été imperméabilisée. Il critique les historiens qui inscrivent le parcours canadien-français dans les courants culturels, politiques et économiques qui traversent le Canada et les États-Unis et s’oppose à ceux qui incorporent dans l’analyse du Québec les communautés culturelles minoritaires (amérindiennes, anglo-québécoise et immi-grantes) ou des mouvements non nationalistes (mouvement ouvrier et mouvement des femmes). Bédard, privilégiant les dires des grands personnages historiques conservateurs et les réifiant comme l’âme de la nation, désapprouve les historiens libéraux et marxistes qui, portés par un projet téléologique, valorisent les progrès écono-miques et démocratiques, en mettant l’accent sur le façonnement de l’Occident, depuis les deux derniers siècles, par l’industrialisation, l’urbanisation et le développement d’une démocratie représentative. Chevrier, comme Kelly, ne s’intéresse qu’à l’univers des idées, en négligeant les enquêtes sur le terrain et les études empiriques des sciences sociales, tandis que Labelle condamne l’esprit relativiste et destructeur de celles-ci au nom d’une philosophie politique qui pourrait se passer des études des sciences sociales, ses seuls inter-locuteurs valables étant les philosophes du passé, Leo Strauss et ses

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  • semblables, et des philosociologues contemporains, dont Marcel Gauchet.

    Enfin, ces auteurs euphémisent leur conservatisme. Kelly se cache derrière une « nouvelle sensibilité », comme si toute sensibilité mise en mots ne devenait pas une idéologie et comme si cette dernière, toute tournée vers le passé, n’était pas conservatrice. Bédard, qui associe idéologie à système et à doctrine, aurait une sensibilité conservatrice, sans être un idéologue. Chevrier se présente comme un républicain. Que signifie être républicain au Québec et au Canada aujourd’hui, sinon être contre la royauté ou les dictatures, donc contre des ennemis guère présents ici, alors qu’être républicain au XIXe siècle avait une signification politique très précise pour les patriotes et leurs héritiers, les Rouges ? L’auteur est pour une république québécoise, donc pour l’indépendance. Mais quelle république défend-il, sinon une république élitiste qui se méfie des masses et les méprise ? Beauchemin, qui instaure une distinction byzantine entre tradition et conservatisme, se défend bien de faire le jeu des néoconservateurs, en faisant de la nation le parangon de la vertu et en banalisant les conflits qui l’animent. Labelle défend la subordination au sacré, au divin et à la transcendance, tout en voulant se démarquer des formes concrètes qu’elles ont prises dans l’histoire : Dieu, l’Église et la Loi des pères. Cette pusillanimité se manifeste chez tous les auteurs. La religion catholique est un des deux fonde-ments de la nation canadienne-française. Or Thériault, Beauchemin et même Bédard, qui préfère l’historien François-Xavier Garneau au chanoine Groulx2, minimisent cette ascendance qui n’a plus guère d’influence sur le nationalisme québécois, depuis la fondation du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) dirigé par André d’Allemagne en 1960.

    En sus des chapitres que nous leur consacrons individuellement, notre étude s’intéresse aussi à la dissémination du nationalisme néoconservateur à travers les revues d’idées, les regroupements

    2. Le nationalisme de Garneau n’était pas lié au catholicisme, contrairement à celui du chanoine.

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  • militants et les chaires de recherche qui l’alimentent. Nous verrons que le réseau intellectuel néoconservateur désigne un groupe très structuré qui brouille souvent les pistes entre le statut universitaire de ses travaux et la visée politique et idéologique de ses luttes. Ce volet révèle également que L’Action nationale et Argument sont les revues politiques les plus perméables à ces thèses. Enfin, les in -fluences française et américaine qui sont réarticulées par les néo-conservateurs québécois seront brièvement examinées.

  • CHAPITRE 1Joseph Yvon thériault ou la tradition contre la modernité

    Joseph Yvon Thériault est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie, et professeur au département de sociologie de l’UQAM. Pour lui, le sens d’une société, l’intention qui l’anime, réside dans la mémoire d’une tradition qui résiste à la modernité. Dès son premier ouvrage, il oppose à la logique rationalisante ou universalisante de l’État, du marché et du droit, la société civile qui serait le lieu de la démocratie, en exprimant le « multiple », « la variété des formes engendrées dans et par la convi-vialité1 ».

    Cette société civile, qui est par essence revendication plurielle de la différence, n’aurait ni sens, ni direction : « Nécessairement plurielle, les passions qui l’agitent et les propositions sur le vivre ensemble qui en émanent semblent insaisissables. Rien de surprenant lorsqu’on rappelle que ces passions et ces propositions sont parfois fondées sur des interactions prescriptives : famille, sexe, âge, ethnie, race, territoire, etc., parfois sur des interactions provoquées : affectives, professionnelles, politiques2. »

    1. La société visible ou la chimère insaisissable, Montréal, Québec Amérique, 1985, p. 129.

    2. Ibid., p. 134.

    Extrait de la publication

  • Le rouleau compresseur de la modernité prétend s’imposer à toute société, indépendamment de son contexte culturel, de sa tradi-tion, de son héritage et de son passé. La critique de cette modernité niveleuse imprègne tout le parcours intellectuel de l’auteur. Mais, pour contrecarrer son rôle uniformisant, la chimère insaisissable de la société civile sera remplacée par la tradition nationale, par la trace d’une intention qui donnera, elle, sens à la société.

    La nation canaDienne-françaiSe

    La nation, comme réalité historique, naît avec la Révolution française et tend à remplacer la religion comme facteur culturel d’intégration d’une société. Pour employer les termes de Fernand Dumont, elle n’est pas une production de la culture première, celle du peuple, elle est une création de la culture seconde, celle de l’élite intellectuelle.

    Joseph Yvon Thériault semble partager cette conception :

    La nation s’est constituée davantage contre la culture populaire que par sa perpétuité. Il s’est agi la plupart du temps […], au nom d’une tradition et d’une langue dites nationales, d’unifier culturel-lement le territoire dit national en chassant les patois, les cultures populaires, les régionalismes. Ce qui fut appelé culture nationale fut la plupart du temps l’imposition au reste de la société de la langue vernaculaire des élites politiques engagées à construire l’État et à composer le récit national, un récit construit, souvent inventé, mais pas complètement arbitraire […] La nation culture est une « communauté imaginée » […] La nation fut la construction d’un nouvel imaginaire qui se substitua à celui d’en haut, structuré autour des grands univers religieux […] et aux solidarités d’en bas, fondées sur la nature empirique et hiérarchique des communautés3.

    L’auteur distingue nation liée à l’État et ethnie définie par une langue et une culture communes (les immigrants au Québec forme-raient des ethnies). La « minorité nationale » constituerait une catégorie

    3. Critique de l’américanité, Montréal, Québec Amérique, collection Débats, 2005, p. 329.

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  • REMERCIEMENTS

    Un livre est toujours une entreprise collective. Nous désirons donc exprimer notre gratitude à nos proches, à nos collègues et à nos étu-diants pour leur soutien à l’endroit de ce projet. Nous remercions ceux et celles qui ont lu, en tout ou en partie, notre manuscrit : Laurent-Mehdi Chokri, Francis Dupuis-Déri, Martin Petitclerc, Stéphanie Rhéaume et Lucie Robert. Nous remercions aussi Frédéric-Guillaume Dufour pour ses commentaires pointus sur les versions avancées de notre travail. Nous savons également gré à Dalie Giroux pour sa lecture attentive et son appui indéfectible.

    La préparation de cet ouvrage a bénéficié de la participation de plusieurs étudiants dans le cadre d’un séminaire de maîtrise au département de science politique de l’UQAM. Nous remercions ces participants qui ont été le premier public de notre étude : Jean-Michel Boivin-Deschênes, Laurent Breault, Simon Dulmage, James Forrest, Jonathan Lalande, Gabrielle Renaud, Hubert Rioux et Jean-Charles St-Louis, ce dernier comptant aussi parmi les lecteurs perspicaces du manuscrit.

    Nous tenons enfin à remercier Alain-G. Gagnon, directeur de collection, pour ses commentaires.

    Sachez, tous et toutes, que vos commentaires et vos idées ont grandement influencé cet ouvrage, même si son propos reste, en définitive, entièrement nôtre.

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