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Architecture du Proche et du Moyen-Orient I Seton Lloyd

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DES ORIGINES A LA PÉRIODE DYNASTIQUE ARCHAÏQUE

Certains dictionnaires définissent simplement l'architecture comme

l'« art de construire »; mais on s'accorde généralement à recon-

naître que ce mot a pris aujourd'hui une signification plus précise,qui implique l'idée d'une conception d'ensemble, donc d'effets

esthétiques particuliers, c'est-à-dire bien autre chose que la simple

technique de la construction des édifices; on sera en effet amené à

rechercher les premières manifestations, chez les peuples primitifs,

d'une invention créatrice présidant à la conception des édifices. Les

témoignages les plus lointains qui nous sont parvenus des premières

expériences dans le domaine de l'architectonique nous viennent de

l'Anatolie et des régions bordant le désert de Syrie; ce sont donc les

résultats des recherches archéologiques effectuées dans ces régions

qu'il convient d'abord d'examiner. A l'origine, le désir de construire

fut une des conséquences de ce qu'on appelle la révolution néoli-

thique il s'agit là d'une étape de transition dans le perpétuel devenirdu comportement humain, au cours de laquelle aux tribus de chas-

seurs et d'habitants des cavernes succédèrent des communautés agri-

coles mieux organisées.

Cette phase commença probablement peu après l'an 10000 avant

J.-C., et il est certain qu'elle se déroula dans des sites géographiques

où poussaient les plantes qui, tout naturellement, devaient constituer

la matière première de l'agriculture, et où vivaient les animaux sau-

vages qui allaient être domestiqués. Tel était le cas de ces zones

semi-montagneuses et des plaines du Proche-Orient où ont été

découverts les vestiges des premières communautés sédentaires et

les traces d'une agriculture rudimentaire. Ainsi avons-nous quelques

lueurs sur une population qui dut longtemps conserver le souvenir

de la vie dans les cavernes et qui se trouvait pour la première fois

placée dans la nécessité de construire des refuges ou des habitations

artificiels. Les formes adoptées pour ces premières habitations

répondaient à des considérations purement pratiques. Certaines des

plus anciennes maisons connues, construites à Jéricho, et datant du

VIIIe millénaire avant J.-C., étaient de plan circulaire et avaient une

assise en pierre, peut-être surmontée d'une structure en argile. Il

s'agissait probablement d'une imitation, dans des matériaux solides,

des tentes ou autres abris provisoires utilisés au cours d'une période

de nomadisme; ces constructions représentaient une phase intermé-

diaire entre l'habitat en caverne et le village. Les premiers matériaux

utilisés sont intéressants à étudier. Les murs de pierre brute furent

peut-être la solution la plus simple et la plus anciennement adoptée;

mais on n'en trouve que dans des régions où la pierre est abondante.Ailleurs, on ne tarda pas à utiliser l'argile séchée au soleil, qui

devint le matériau de construction le plus communément employé au

Proche-Orient. On la mélangeait avec de la paille et on la découpait

en pains que l'on disposait selon une technique semblable à celle du

pisé et de l'adobe. Mais bientôt, cette méthode rudimentaire fut

abandonnée pour l'emploi de briques préfabriquées coulées dans un

moule rectangulaire en bois et séchées au soleil. Ce matériau permit

la construction de maisons divisées en pièces rectangulaires simpleset recouvertes d'un toit en bois.

Au cours du VIIe millénaire avant J.-C., désigné en archéologie

sous le nom de période néolithique précéramique B, il semble que la

construction en briques fit de notables progrès. Une autre innovation

apparaît encore à Jéricho la face intérieure des murs et les sols sont

soigneusement badigeonnés d'un crépi rouge et dont la surface est

polie au moyen d'une pierre lisse. Les jambages des portes étaient

arrondis pour protéger les angles. Mais la plus remarquable décou-

verte faite à cet endroit est le plan d'un édifice dont l'archéologue

pense qu'il s'agissait d'un sanctuaire religieux. Là, on peut constater

que, pour la première fois, le bâtiment a été conçu en fonction de sa

destination rituelle. On y pénétrait par un portique en partie soutenu

par des poteaux de bois, et deux portes en enfilade ouvraient sur lesanctuaire intérieur.

L'étude du site de Çatal Hüyük, près de Konya, en Anatolie du

Sud, permet de nous faire une idée d'une architecture néolithique

qui, bien que datée, elle aussi, du VIIe millénaire, est plus ancienne

encore. A Çatal Hüyük, nous sommes en présence d'une véritable

agglomération qui s'étend sur sept hectares environ. Les maisons,

construites en briques séchées au soleil, forment un bloc compact, à

la manière des cellules d'un gâteau de cire; mais elles se composent

de plusieurs pièces rectangulaires semblables, uniquement acces-

sibles du toit en terrasse par une échelle de bois. Les toits, qui com-

muniquent entre eux, fournissent un espace utilisable par les

habitants dans leur vie communautaire. Certaines constructions, pro-bablement des sanctuaires, sont décorées avec soin de têtes ou de

cornes d'animaux, vraies ou en plâtre. Les murs sont ornés de

fresques colorées, repeintes après chaque nouveau crépissage; leurs

motifs ressemblent beaucoup à ceux des peintures rupestres d'une

période culturelle antérieure. Dans les maisons d'habitation, la salle

de séjour principale contient une plate-forme surélevée, utilisée

comme lit; généralement, le foyer se trouve au pied de l'échelle

d'entrée, ce qui permettait à la fumée de s'échapper par l'ouverture

pratiquée dans le toit.

A Çatal Hüyük apparaît une nécessité nouvelle la protection

contre les animaux sauvages, et aussi sans doute contre les attaques

de communautés rivales. De l'extérieur, on pouvait accéder aux toits

par des échelles amovibles; les murs extérieurs des maisons

n'avaient ni porte ni fenêtre ouvrant au-dehors. A Jéricho, on trouveà la même époque un système de défense moins inhabituel, mais

probablement plus efficace les fouilles y ont mis au jour les ruines

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l. Jéricho. Perspective axonométriqued'un temple néolithique.

2. Çatal Hüyük. Plan des édificesdu niveau VI B.

3. Çatal Hiiyuk. Reconstitution partiellede l'ensemble du niveau VI B.

4. Çatal Hüyük. Partie sud-est du sanc-

tuaire VI 14 (reconstitulion).

5. Çatal Hüyük. Salle principale

typique (reconstitution).

6. Jéricho, vestiges de la tour circulaire.

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d'une grosse tour circulaire en pierre, qui atteignait près de huitmètres de diamètre, ainsi que les restes probables d'un mur fortifié

qui lui était attenant. Il est intéressant de comparer ces vestiges àceux d'une autre agglomération, contemporaine ou un peu plusrécente, découverte à Khirokitia, dans l'île de Chypre, et qui sembleavoir été dépourvue de tout moyen périphérique de défense. Làencore, on trouve des habitations de forme circulaire; elles sont coif-

fées d'un dôme de briques reposant sur une structure portante enpierre. A l'intérieur se trouve un plancher surélevé, soutenu par despiliers de pierre et accessible par une échelle de bois. Dans un autre

site de l'Anatolie du Sud, à Hacilar, près de Burdur, on trouveencore d'autres exemples de cette double évolution de l'architecture

primitive la répartition des édifices selon un plan préconçu et laprésence d'un système de protection commun. Une agglomérationconstruite tout à la fin du néolithique présente un ensemble d'habita-

tions de plan identique; le foyer élevé dans chacune d'elles est tou-

jours flanqué de deux niches creusées dans le mur opposé à la ported'entrée. Un peu plus tard, vers le milieu du VIe millénaire avant J.-C.,

au début de la période dite chalcolithique, les habitations périphé-riques de la localité sont bâties l'une contre l'autre de manière à

fournir une protection extérieure, et les murs sont, à leur base, ren-

forcés par de solides contreforts intérieurs. Il n'est pas surprenant detrouver à Mersin (Cilicie) compte tenu du niveau culturel plusélevé une petite forteresse militaire d'une structure accomplie. Elleest construite en briques crues et repose sur une assise de pierre; lapartie mise au jour présente une entrée dallée, flanquée de deux

tours (premier exemple d'un dispositif qui ne tarda pas à se répandrepar la suite), et un épais mur d'enceinte. A l'intérieur, accolées à la

face interne du mur, se trouvent de petites constructions identiquescontiguës, qui devaient servir de logements à la garnison. Chacune

d'elles est pourvue de deux meurtrières ouvrant sur l'extérieur et

d'un enclos partiellement recouvert d'un toit dans lequel pouvaientêtre entassées des réserves de pierres à fronde. L'habitation plusvaste qui se situe près de l'entrée était peut-être celle du comman-dant. Tous ces exemples se situent en Anatolie et au Proche-Orient;

tous témoignent d'une conception architectonique fonctionnellenaissante, évidente seulement au niveau du plan d'ensemble. Aucours des premiers siècles de la période chalcolithique, certains deces principes de construction s'étaient déjà répandus dans le nord del'Irak. A Hassuna, à l'ouest du cours moyen du Tigre, on peutconstater le passage du nomadisme à la vie en communautés agri-

coles sédentaires. Aux campements font place bientôt de petitesfermes construites d'abord en pisé puis en briques crues. AArpasiya, près de Ninive, il semble qu'il y eut un retour à un type deconstruction plus ancien des maisons de forme circulaire, connues

7. Khirokitia (Chypre). Reconstitution

d'un village néolithique.

8. Hacilar. Perspective isométrique de

V agglomération fortifiée du niveau 11 A.I Cour 12 Grenier 1Poste de garde 14. Atelier

de céramique 1 5. Puits 1 6. Sanctuaire.

9. Hacilar. Perspective isométrique

d'une agglomération néolithique.

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10. Mersin. Perspective isométriqued'une forteresse militaire.

Il. Hassima. Reconstitution d'une

ferme.

12. Hutte en roseaux des Arabes de la

basse Mésopotamie contemporaine.

sous le nom de « tholoï » et possédant un « dromos » rectangulaire,

présentent une étroite ressemblance avec les tombes en forme de

ruche que l'on trouvera à Mycènes trois mille ans plus tard.

Abordons l'étude de la plaine alluviale du sud de l'Irak et de la

région marécageuse qui se situe dans le nord du golfe Persique

cette zone est d'une grande importance puisqu'elle fut, vers 5000

avant J.-C., le berceau de la culture sumérienne et qu'elle a vu se

développer les premiers éléments de l'architecture monumentale. Du

point de vue géographique, la région dans laquelle s'établirent les

premiers habitants arrivés en Mésopotamie du Sud constitue un

cadre curieux. Ce cadre n'a pas changé en sept mille ans. Le pays

est aujourd'hui habité par les Arabes des marais qui se livrent à la

pêche et à l'élevage des buffles; ils vivent groupés dans des villages

bâtis sur des îles basses, dans un paysage interminablement couvert

de roseaux. Leur mode de vie ne semble pas avoir changé depuis la

préhistoire leurs maisons sont entièrement construites en roseaux et

se composent de hautes et vastes chambres destinées aux hôtes, dont

le modèle nous permet de mieux comprendre les formes de l'archi-

tecture pré- ou proto-sumérienne. On retrouve ces formes dans

l'imagerie primitive des Sumériens, en particulier dans la représen-

tation traditionnelle du temple. Lorsque les colons pénétrèrent dans

l'intérieur des terres et commencèrent à employer des matériaux deconstruction plus durables, les premiers temples construits en

briques crues rappelèrent très certainement les anciens édifices en

roseaux. L'histoire de l'architecture sacrée de la Mésopotamie quiatteignit son apogée avec les gigantesques ziggourats et les temples-palais de Sumer et de Babylone commence avec cette période de

la préhistoire, et le souvenir des lointains prototypes en roseaux

demeure toujours présent.

A Eridu se trouvent plusieurs sanctuaires superposés, en briques

crues, qui furent érigés entre la fin du Ve et le début du IVe millé-

naire avant J.-C. Le premier d'entre eux est une chapelle minuscule,

d'une surface de trois mètres carrés à peine; cependant, il possède

déjà deux au moins des caractéristiques des temples plus récents un

autel situé dans un retrait qui fait face à la porte d'entrée, et devant

lequel se trouve une petite table d'offrandes. Les générations succes-sives ont perfectionné le plan primitif elles ont conservé ces deux

éléments, mais ont ajouté, de chaque côté du sanctuaire proprement

dit, des salles latérales. Les nouvelles constructions étaient toujours

érigées sur les ruines de la précédente de cette manière, le templese trouva rapidement surélevé sur une sorte de plate-forme et

domina les maisons environnantes. Ce procédé trouva d'ailleurs,

plus tard, une conclusion logique avec la construction des ziggou-rats. Autre caractéristique qui nous deviendra familière en étudiant

les temples plus récents le traitement des façades. Des pilastres et

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des redans permettaient de rompre la monotonie de murailles

enduites de boue; l'origine de ce procédé remonte probablement auxanciennes constructions en roseaux. On retrouve d'ailleurs le souve-

nir de ce prototype archaïque dans un groupe de temples de la même

époque, à Tepe Gawra, dans la région septentrionale de l'Irak où la

culture proto-sumérienne s'était déjà répandue à la fin du Ve millé-

naire avant J.-C. A Gwara, les ruines accumulées des premiers édi-

fices avaient formé un terre-plein couronné d'une sorte d'acropole,

où trois temples très intéressants entouraient une cour à ciel ouvert.

On n'en a retrouvé que le plan, à peu près identique pour les trois

temples. Leur façade était rehaussée de pilastres dont la raison d'être

nous échappe. Les murs sont d'une surprenante fragilité; des piliers

plus solides, renforçant les murs à intervalles réguliers, devaient

soutenir le poids des toits. Cette méthode de construction rappelle

un peu l'emploi de bottes de roseaux pour soutenir la charpente de

ces constructions légères. Ce type de façades à pilastres et redans

constituera la caractéristique principale de l'architecture religieuse

en Mésopotamie, que l'on retrouve jusque dans les édifices égyp-

tiens de la même époque.

Le plan des temples mésopotamiens tend à prendre une forme

définitive à partir des derniers siècles du IVe millénaire avant J.-C.

C'est le temps pendant lequel la culture de Sumer connaît son plus

grand éclat. A l'architecture monumentale s'ajoute pour la première

fois la sculpture, tandis que l'invention de l'écriture prépare la nais-

sance prochaine de la littérature et des mathématiques, et qu'une

nouvelle aptitude à l'organisation de la société donne naissance àl'archétype d'une cité-État. Uruk, l'Erech de la Bible, fut l'une deces florissantes cités de Sumer, bien avant la période dynastique. Là

encore, les fouilles archéologiques permettent de mesurer le progrès

de l'architecture des temples. On a mis au jour à Uruk des vestiges

au niveau du sol. Mais on y a retrouvé aussi les restes plus impor-

tants de deux édifices dont on a pu effectuer des reconstitutions plus

précises. L'un d'eux, connu sous le nom de Temple blanc, et dontles fondements se trouvaient à douze mètres au-dessous du niveau

de la rue, est au centre de la cité. Le soubassement (composé des

ruines des édifices antérieurs) sur lequel il se dressait était revêtu de

murs inclinés formant un coffrage de briques, et la partie extérieure

des murs du temple conservait, en bas, entre les parties saillantes,

des traces d'ornements. Il faut dire quelques mots du plan de l'édi-

fice. Le sanctuaire rectangulaire, flanqué de salles latérales, est

devenu traditionnel. Les fidèles y pénètrent par l'une de ces salles.

Cependant, à chaque extrémité du sanctuaire proprement dit se trou-

vent d'imposantes portes, entraînant le déplacement de l'axe primitif

de l'autel. Certains spécialistes ont expliqué ce fait en attribuant au

temple « haut » la fonction d'un portique destiné au passage d'un

13. Vasque d'albâtre de l'époque

proto-sumérienne représentant un

temple sumérien traditionnel.Londres, British Muséum.

14. Eridu. Plan du temple du niveauV/

15. Tepe Gawra. Perspective

de la reconstitution des temples.

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16. Uruk. Ruines du Temple blanc.

17. Uruk. Temple blanc,

(reconstitution).

18. Uruk. Plan shématique

de la ziggourat et du temple blanc.1. Temple blanc 1 2. Escalier 3. Voie d'accès àl'escalier14. Terrasse.

19. Uruk. Plan des temples du niveau

IV A du quartier d'Eanna.1 Temple B 1 2. Temple sur terrasse 1 3. Cour des

mosaïques de cônes 1 4. Portique à colonnes I

5. Temple en pierre calcaire.

20. Uruk. Plan du temple des niveaux

V-IV du quartier d'Eanna.1. Temple B 1 2. Temple sur terrasse 1Cour des

mosaïques de cônes 1 4. Portique à colonnes I

5. Temple en pierre calcaire.

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dieu lors de ses visites sur terre; ils ont émis l'hypothèse de l'exis-

tence d'une catégorie de temple « bas », où la présence du dieuaurait été symbolisée par une statue sacrée. On trouve des exemplesde ce type dans le quartier d'Eanna, à Uruk toujours. Là subsistent

en effet les infrastructures d'une demi-douzaine de temples; seul lesanctuaire central, parfois cruciforme, les différencie des édifices

précédents; on retrouve un autre sanctuaire cruciforme qui date de lamême période dans le site de tell Brak, au nord de l'Irak. On trouve

un autre exemple d'ensemble mieux conservé dans le quartierd'Eanna. Deux groupes de temples sont reliés par un extraordinaire

portique, supporté par de colossales colonnes cylindriques debriques crues; ce portique s'ouvre sur une vaste cour à ciel ouvert;

les murs sont décorés de colonnes engagées. Par ailleurs, un procédéoriginal et ingénieux est ici utilisé pour la décoration intérieure desmurs de l'édifice. On a plaqué sur la couche d'argile une mosaïquede petits cônes de terre cuite dont les bases, peintes de différentes

couleurs, forment une succession de dessins géométriques. Les cou-leurs et la structure de ce revêtement donnent un caractère impres-sionnant à l'ensemble architectural, et leur combinaison témoigned'un art digne d'un décorateur moderne. Ce procédé décoratif a été

employé avec plus de raffinement encore dans le dernier templed'Eridu cité plus haut. Dans ce dernier, les parapets, les façades, lesgarde-fous sont rehaussés de bandes de mosaïques parfois compo-sées de cônes de gypse de près de vingt-cinq centimètres, dontl'extrémité était recouverte de cuivre poli. A Uqayr, dans le nord dela région de Sumer, on a utilisé pour la décoration intérieure des

peintures murales plutôt que des mosaïques, dans un temple trèssemblable au Temple blanc d'Uruk. Les motifs ornementaux sont

très proches de ceux qui figurent sur les cylindres de la même

époque; pourtant, les léopards mouchetés qui ornent l'autel principalsont un thème inhabituel. Pendant les premiers siècles du IIIe millé-naire avant J.-C., Sumer entre dans une nouvelle ère, avec la fonda-

tion des premières dynasties. Dans le domaine de l'écriture, les

idéogrammes primitifs font place aux caractères cunéiformes, quiconstituent un véhicule plus pratique du langage. Les noms des roissont maintenant conservés par écrit, ainsi que le compte rendu decertains événements politiques. Nous connaissons l'architecture desépoques précédentes grâce aux temples, surtout. Mais, à partir de lapériode dynastique archaïque, il nous est possible aussi d'étudierquelques palais ou maisons particulières d'une structure plus simple.

Les temples dérivent directement des édifices de la période protohis-

torique que nous venons d'évoquer. On n'a retrouvé que les vestiges

de deux temples « hauts » (c'est-à-dire bâtis sur une haute terrasse) à

Khafaje (Hafaga), à l'est de Bagdad, et à El Obeid près de la citéd'Ur. Dans les deux cas, il n'est rien resté du temple lui-même, mais

21. Tell Brâk. Plan du « templede l'œil ».

22. Uruk. Mur décoré de mosaïques

dans la cour du temple.

23. Eridu. Reconstitution du temple I.

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24. Khafaje. Reconstitution du templeorale.

25. Uqayr. Maquette reconstituée du

temple à peintures. Bagdad, IrakMuséum.

les terrasses présentent un certain intérêt. Elles étaient entourées

d'un mur extérieur ovale, qui délimitait une enceinte sacrée qui fut,

plus tard, l'objet d'aménagements. A en juger par les rares vestiges

retrouvés à Ur et à Kis, il paraît probable que, vers la fin de cette

période, ces hautes terrasses avaient déjà atteint la dimension des

futures ziggourats; malheureusement, dans ces deux sites, les

reconstructions successives ont rendu impossible l'étude des

niveaux plus anciens. Il existe un site qui fournit de précieuses indi-cations, du moins en ce qui concerne la décoration extérieure des

sanctuaires bâtis à l'époque dynastique archaïque. Il s'agit d'El

Obeid, où une importante quantité des ornements des façades est

tombée, ou a été enlevée lorsque le temple fut détruit. Ici, la haute

terrasse revêtue de briques crues était accessible par un escalier à

degrés de pierre. C'est dans l'angle formé par l'escalier et la plate-

forme qu'on a découvert ces vestiges d'ornementation, entassés sans

ordre. Il s'agit de fragments de deux colonnes isolées, faites de

troncs de palmier recouverts d'une mosaïque de pierres de couleur et

de nacre. On pense qu'à l'origine ces colonnes soutenaient l'impo-

sant panneau de cuivre martelé aujourd'hui conservé au British

Museum, qui représente un aigle léontocéphale reliant deux cerfs.

On a également retrouvé deux lions de cuivre gardant l'entrée,

quelques bœufs, eux aussi en cuivre, d'autres bœufs, plus petits, à

tête saillante, sculptés en relief, et des frises d'animaux et d'oiseaux

sculptés dans des coquilles de nacre ou du gypse peint, enchâssés

dans un fond de bitume. De nombreuses hypothèses ont été avancées

à propos de l'ensemble architectural dont pouvaient faire partie ces

objets, mais les reconstitutions qui ont été tentées jusqu'ici sont

assez peu convaincantes. Quant aux temples « bas » (c'est-à-dire

construits au niveau du sol), les meilleurs exemples en sont peut-être

ceux que l'on trouve dans des sites tels que Khafaje, près de la

Diyala et de ses affluents. Dans ces établissements, tous fondés à la

fin de l'époque protohistorique, on a mis au jour un nombre de

temples qui permet de reconstituer l'évolution de l'architecture

sacrée au cours de la période dynastique archaïque. La partie princi-

pale du temple est toujours constituée par l'ancien sanctuaire rectan-

gulaire situé au centre, avec son autel et sa table d'offrandes, et dont

l'entrée se trouve sur un axe transversal; mais on a ajouté, aux salleslatérales et aux escaliers menant au toit en terrasse, une avant-cour

entourée d'édifices annexes (Khafaje, temple de Sin). Ailleurs, par

exemple à tell Agrab, le temple forme un ensemble symétrique dont

l'enceinte, soutenue à l'extérieur par des contreforts, renferme, outre

le temple principal, quelques sanctuaires moins importants.

Examinons des édifices plus modestes, les maisons d'habitationdes familles sumériennes. Certaines de ces maisons, retrouvées

parmi des ruines qui remontent à la période dynastique archaïque,

26-28. Frise dite de « la laiterie ».

Décoration du temple d'al-'Ubayd.

Bagdad, Irak Muséum.

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29. Khafaje. Plan du temple de Sin,niveaux I, VI et X.

1. Niveau 1/2. Niveau VI Niveau IX.

30. Tell Agrab. Plan du templede Shara.

31. Tell Asmar. Plan du palais accadien

et des édifices de la même époque.

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ont déjà fait l'objet d'études. Selon une tradition qui, jusqu'à uneépoque récente, était très vivante au Proche-Orient, les pièces sontdisposées autour d'une cour intérieure centrale qui leur permet derecevoir de la lumière. On ne sait pas s'il arrivait parfois à cette courd'être couverte d'un toit, et si la lumière passait par des claires-voies. Les fenêtres étaient toujours intérieures, parfois protégéesd'une plaque de terre cuite percée de trous. Les portes étaient sur-montées de linteaux en bois ou d'arcs en briques. Les toits en ter-rasse étaient faits de troncs de palmier et de roseaux recouverts de

terre et enduits de boue. La technique de la construction en brique decette époque mérite d'être signalée, puisqu'on l'utilisait aussi dansl'édification de bâtiments publics. Les briques étaient faites dans un

moule en bois à quatre côtés que l'on posait sur une surface plane;on n'enlevait pas l'argile qui dépassait du moule, mais on l'arrondis-

sait simplement à la main, ce qui donnait à la brique cette forme en« miche de pain » que l'on appelle techniquement piano-convexe.Les briques étaient généralement disposées de chant et en diagonale,de manière à former des motifs en arêtes de poisson sur la façade dumur. Cette technique permet d'identifier à coup sûr les édifices decette époque. Dans le plus vieux quartier de la cité sumérienne de

tell Asmar (Esnunna) se trouve un édifice de dimensions impo-santes, construit autour de trois cours indépendantes, et que l'onpeut difficilement considérer comme un palais, bien qu'il ait été plustard reconstruit sur une plus grande échelle. Comme il ne présentepas les caractères distinctifs d'un édifice public, nous examineronsplutôt le complexe de Kis connu sous le nom de « Palais A », là,

deux bâtiments semi-indépendants sont enclos dans une muraille à

solides contreforts. Le plus grand est séparé de cette muraille par uncouloir défensif; ses pièces sont disposées avec une symétrie rigou-reuse autour d'une cour carrée, mais leur disposition ne permet mal-heureusement pas d'en comprendre la destination. Il en est de même

du second bâtiment qui se compose, quant à lui, d'une longue sallerectangulaire dont le toit reposait sur quatre colonnes circulaires de

briques crues, et d'une loggia à colonnes de même type. Dans cesdeux édifices on a retrouvé de nombreux fragments de figures gra-vées sur des coquilles de nacre ainsi que sur d'autres matériaux;mais ils sont trop petits pour avoir fait partie de l'ornementation.

Parvenus à la fin de la période dynastique archaïque, noussommes renseignés avec plus de précision sur les temples que surles autres édifices. Jusqu'à cette époque, la brique crue a constitué lematériau de construction habituel, ce qui est aisé à comprendre sil'on se souvient que la pierre est totalement absente de la plainealluviale de l'Irak du Sud. Elle est cependant parfois utilisée dans

les cités situées à la périphérie de la plaine. A Eridu, le terre-pleinsur lequel se dresse la ville est entièrement entouré d'un mur de sou-

32. Hursangkalama. Plan du palais deKis.

tènement en pierre, et la terrasse du temple est également renforcéepar un coffrage de pierre. Dans certains tombeaux du cimetière royald'Ur, on a employé aussi la pierre, ce qui permettait la constructiond'arcs et encorbellement et de voûtes primitives.

LA PÉRIODE DYNASTIQUEAu cours du xxive siècle avant notre ère, les cités-États de Sumerfurent réunies sous l'autorité d'une dynastie sémitique fondée par leroi Sargon d'Akkad. On sait très peu de chose sur l'architecture de

cette période, car on n'a jamais pu localiser avec précision la capi-tale de Sargon à Akkad. Cependant il est certain que les souverainsd'Akkad reconstruisirent ou restaurèrent des sanctuaires sumériens

anciens, et les fouilles ont mis au jour deux édifices de cette période

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33. Tell Brak. Plan du palais deNaram-Sin.

1 Cour intérieure 1 2. Entrée reconstituée.

34. Un. Plan de la ville.

qui présentent de l'intérêt. Il s'agit d'abord du palais de tell Asmar,

qui fut reconstruit pendant cette période dans des dimensions

impressionnantes. On peut y distinguer trois parties différentes.

L'archéologue qui dirigea les fouilles a émis plusieurs hypothèses

quant à leur destination respective la première constituerait un

appartement privé, comprenant des salles de réception publiques; la

deuxième, une aile réservée aux femmes; la troisième, le logement

des domestiques. Chaque partie comprenait des lieux d'aisance et

des salles de bains; un système complexe d'écoulement des eaux

usées aboutissait à un égout voûté, situé le long d'un des côtés de

l'édifice. Un autre spécialiste a identifié cette construction comme

une manufacture, ou le siège d'une « corporation ».

Le palais de Naram-Sin à tell Brak, au nord de l'Irak, est un édi-

fice de la même période plus facile à identifier. Cet ensemble carré

et solidement fortifié peut être considéré à coup sûr comme un quar-

tier général militaire. Il se compose d'une vaste cour intérieure et de

longues salles rectangulaires disposées autour de plusieurs cours

secondaires. Telle est la seule hypothèse satisfaisante qu'on a pu

émettre sur la destination de cet édifice dont seul le plan a été

dégagé.

Après la chute de l'empire akkadien, vers 2230 avant J.-C., la cul-

ture sumérienne connut une remarquable renaissance sous les rois

d'Ur de la troisième dynastie on reconstruisit alors d'anciennes

cités, et on restaura leurs sanctuaires. Le phénomène architectural le

plus intéressant de cette période est le plan d'ensemble de la ville

d'Ur. Cette forteresse épousait la forme de la colline sur laquelle

elle était bâtie; les flancs du monticule furent alors renforcés pour

soutenir le poids de la puissante citadelle. La muraille, dont il ne

reste que très peu de vestiges, protégeait les principaux quartiers

résidentiels, ainsi que deux ports intérieurs auxquels pouvaient accé-

der les bateaux qui naviguaient sur l'Euphrate. Les édifices publics

importants (temples et palais) étaient enclos dans une enceinte

sacrée formée de deux murs entre lesquels se trouvaient des entre-

pôts. L'élément le plus intéressant de cet ensemble était la grande

ziggourat édifiée sur sa haute terrasse. On y accédait par une vaste

cour intérieure dont les quatre côtés comportaient chacun une porte

flanquée de tours. Cette ziggourat, la mieux conservée et peut-être la

plus connue de toutes celles qui furent élevées dans les cités sumé-

riennes, mérite une description détaillée. Construite au-dessus des

temples de la période dynastique archaïque, elle se compose de trois

étages de taille décroissante auxquels on accède grâce à un système

complexe de larges escaliers. Au centre se trouve bien entendu un

temple haut qui occupait le sommet; malheureusement, ce temple a,

comme ailleurs, disparu, et l'on ne peut qu'émettre des hypothèses

quant à sa forme. Pour le reste, la reconstitution faite par Sir

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35. Ur. Ziggourat du dieu de la lune.

Façade nord-est, montrant l'escalier

d'accès, en partie reconstitué.

36. Ur. Mausolée de la troisième

dynastie.

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37. Tell Asmar. Temple de Susin

et palais des gouverneurs, planet reconstitution.

I Appartement privé 1Cella 1 3. Cabinet/l

4. Ante-cella 1 5. Cour de la chapelle 1 6. Entréeprincipale de la chapelle du palais ITable à

ablutions 1 8. Cour dit palais ISalle du trône I

10. Grande salle I lEntrée principale du palais I

12. Entrée principale du temple 1 13. Cour du temple I14. Autel15. Cella

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Leonard Woolley après le dégagement de l'ensemble est parfaite-ment convaincante. Voici la description qu'il en donne

« L'ensemble architectural d'Ur-Nammu, qui se trouvait sur

l'emplacement d'une ziggourat plus ancienne et de dimensions plus

réduites, forme un rectangle d'environ soixante-cinq mètres de long

sur quarante-cinq de large; sa hauteur était probablement d'un peu

plus de vingt mètres. Les quatre angles sont orientés vers les quatre

points cardinaux. La construction se présente comme un bloc massifde maçonnerie en briques crues, recouvertes d'un coffrage de plusde deux mètres d'épaisseur en briques cuites liées par du bitume

(.). Les murs, soutenus par des contreforts larges et peu profonds,sont fortement inclinés vers l'intérieur, ce qui donne à l'édifice un

aspect particulièrement robuste. Il est intéressant de noter que labase des murs ne forme pas une ligne droite, mais convexe, ce quirenforce encore le caractère massif de l'ensemble. » Woolley avance

l'hypothèse que cette forme a été volontairement adoptée pour desraisons esthétiques (mais on pourrait aussi bien y voir une consé-

quence du travail de cette lourde masse de briques); il remarqueégalement que la structure était renforcée par des couches horizon-tales de roseaux, placées à intervalles réguliers, et dont parfois lacombustion spontanée endommageait l'édifice qui, par ailleurs,était muni de nombreuses chantepleures destinées à dissiper l'humi-

dité, et de canaux pour le drainage des eaux de pluie.Les édifices aujourd'hui visibles dans l'enceinte centrale d'Ur

sont peut-être moins intéressants du point de vue architectural, dansla mesure où l'on n'en a dégagé que les plans; pour bien en com-

prendre la destination, il nous faudrait mieux connaître les rites reli-gieux et l'organisation hiérarchique de Sumer. Les deux plus

grandes constructions sont d'énormes édifices carrés, qu'à défautd'un terme plus précis nous appellerons temples-palais. Un troi-sième bâtiment constitue certainement un palais, tandis qu'un autre,

de plan asymétrique, se dresse sur une plate-forme accessible depuisla terrasse de la ziggourat, et contient un trône du jugement qui faitface à une cour à ciel ouvert. Du point de vue de la structure propre-

ment dite, le grand mausolée des rois de la troisième dynastie, qui sesitue hors de l'enceinte (contre son angle extérieur est), présente

davantage d'intérêt. Les chambres funéraires étaient souterraines, desorte que leurs voûtes en briques et leurs arcades en ogive toujourssur le principe de l'encorbellement sont relativement bien conser-vées. Au-dessus de ces chambres se trouvent les vestiges des cha-

pelles funéraires dont la disposition, qui répondait à un rituelcompliqué, est difficilement explicable.

Il semble plus facile d'identifier, d'après son plan, un grouped'édifices situés à tell Asmar, près de la rivière Diyala, que l'on

connaît sous le nom de temple de Gimulsin et palais des

Gouverneurs. Cet ensemble représente la transition entre la troi-

sième dynastie d'Ur et le régime qui suivit au début du II" millénaireavant J.-C., à l'époque où Sumer se divisa de nouveau en principau-tés rivales. L'ensemble comprend un temple principal, dédié à un roi

d'Ur déifié, et le palais du vice-roi, avec sa chapelle privée consa-crée au culte d'une divinité locale. On remarque immédiatement que

le plan des temples répond à une formule nouvelle, typique, à partirde cette époque, de l'architecture mésopotamienne. L'édifice se

développe autour d'un seul axe, qui, partant de la porte d'entréeflanquée de deux tours, passe par la cour intérieure située au centreet traverse le sanctuaire avant d'aboutir à l'autel principal où se

dresse la statue du dieu. Quant au palais attenant, il comporte des

salles de réception qui en constituent la partie la plus intéressante;on retrouvera de telles salles dans tous les palais babyloniens des

époques postérieures. On entre dans la salle du trône par une portequi s'ouvre dans l'un des longs murs; d'autres portes, plus petites,conduisent à la chambre du conseil; les pièces attenantes servaient

de salles de repos et un escalier conduisait au toit en terrasse. Aprèsla chute d'Ur, cet ensemble fut reconstruit à plusieurs reprises par

les gouverneurs indépendants d'Es; mais les ruines du temple prin-

cipal furent bientôt incorporées au palais, puisque le temple avaitperdu sa destination primitive. On a tenté de faire de sa forme origi-nelle une reconstitution célèbre, qui reste sujette à caution; les diffé-

rentes hypothèses ne prêtent d'ailleurs guère à discussion, fauted'éléments d'appréciation. Nous y reviendrons plus loin à proposd'édifices qui datent de périodes plus récentes et mieux connues. Il

nous faut pour l'instant nous en tenir aux faits évidents. Les murs,par exemple, sont faits de grandes briques crues prismatiques, revê-tues sur leurs deux faces d'un enduit de boue. Les façades sont

encore décorées de pilastres et de tours sillonnées de multiples can-

nelures verticales. Les briques cuites au four sont uniquement utili-

sées pour le dallage et liées par du bitume pour les parties des mursenduites d'un crépi à base d'eau. Les deux premiers siècles du IIemillénaire avant J.-C., qui précédèrent l'unification de la

Mésopotamie sous le règne d'Hammourabi de Babylone, fournissentdeux exemples uniques de l'architecture de cette époque un templeet un palais. Le temple, imposant ensemble à Ischali, site de laDiyala, était consacré au culte d'une déesse appelée Istar-Kititum. Ilse compose de trois parties (dont chacune est un temple indépen-dant, avec ses cours intérieures et ses annexes) qui forment un

ensemble magnifique. Le sanctuaire de la déesse Istar et la salle du

trésor, qui constituent le tiers de cet ensemble, se trouvaient un peusurélevés. On peut y accéder soit par la rue, soit de façon indirecteen passant par l'immense cour intérieure principale grâce à un esca-lier. L'entrée des deux temples secondaires se fait de l'extérieur par

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