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i
FACULTE DE L’ENVIRONNEMENT
GESTION DE L’ENVIRONNEMENT
ACTIVITES ANTHROPIQUES ET LA DEGRADATION DU MONT MUKINYA : NECESSITE D’UN MODELE
EFFICACE DE PROTECTION
Par : Apollinaire SIMBABAJE
Sous la Direction de : Mémoire présenté et défendu
Dr Ir Etienne NDIMUKAGA publiquement pour l ’obtention
du diplôme de Licence en Gestion
de l’Environnement
Ngozi (République du Burundi), juin 2014
i
RESUME
Le problème de dégradation de l’écosystème du Mont Mukinya dans la Commune et Province de Ngozi en République du Burundi a été une situation historique qui évoque plusieurs causes mais essentiellement celles liées aux activités anthropiques.
Aujourd'hui, force est de constater que la biodiversité est en continuelle dégradation due
surtout au (i) défrichement cultural ; (ii) au prélèvement incontrôlé des ressources biologiques ;
(iii) au surpâturage ; (iv) aux feux de brousse ; (v) à la pollution ; (vi) à l'exploitation du sol et du
sous-sol ; (vii) à l'extension de l'habitat ; et à (viii) l'introduction des espèces étrangères
(Damien NINDORERA et Salvator RUZIMA 2003)
Notre zone d’étude se trouvant dans un environnement exposé à ces menaces ainsi que
d’autres à déterminer, une zone surtout en pente forte, si des stratégies appropriées ne sont
pas prises dans les meilleurs délais, des conséquences malheureuses continueront à se
produire.
La problématique se pose alors comme suit :
Que faut-il alors faire pour réduire ou arrêter les effets de ces menaces ? Quel serait un
modèle efficace de protection environnementale de l’écosystème du mont MUKINYA ?
L’objectif global de notre étude est d’assurer une protection durable de l’écosystème du mont
Mukinya, tandis que les objectifs spécifiques sont :
a) Evaluer les menaces et leurs degrés de pression à l’écosystème du mont Mukinya
b) Proposer des solutions à ces menaces
c) Proposer un modèle efficace de protection du mont Mukinya
Des hypothèses de l’étude ont été formulées comme suit :
a) Des solutions aux menaces à l’écosystème du mont Mukinya pourraient contribuer à la
réduction ou à l’arrêt de la dégradation de ce milieu.
b) L’application simultanée de diverses solutions aux menaces constituerait un modèle
efficace pour la protection de ce milieu
ii
Ainsi 3 questions de recherche on été développées :
a) Quelles sont les menaces et leur degré de pression à l’écosystème du mont Mukinya ?
b) Quelles sont des solutions à ces menaces ?
c) Quel serait un modèle efficace de protection du mont Mukinya ?
L’étude fut de nature exploratoire et a été transversale tout en adoptant la méthode
documentaire et historique. Les données sont collectées à travers les entretiens structurés.
Les résultats essentiels trouvés sont:
Les menaces à l’origine de la dégradation du mont Mukinya sont occasionnées par les
activités anthropiques, et surtout :
� La surexploitation végétale accentuée par le surpâturage a pour impact de fortes
érosions qui détruisent le mont en pente ainsi que les terres, les cultures et les sources
d’eau potable se trouvant en aval.
� Les feux de brousse qui détruisent la flore et la faune ainsi que les conditions physico-
chimiques indispensables à la restauration de leurs biotopes.
� La surexploitation des moellons, carrières et sables qui détruisent le mont en créant des
ravins qui constituent des corridors favorables aux érosions
� Les occupations illégales des terres sur le mont pour les défrichements agricoles qui
modifient considérablement le couvert végétal et accentuent la dégradation
iii
Différentes causes sont à l’origine de ces activités anthropiques. C’est entre autres :
� Instabilités politiques relatives au processus de la démocratie multipartiste depuis les
années 1991
� Taux de croissance démographique très élevé qui entraine l’exigüité des terres
� La pauvreté
� Le développement socioéconomique qui ne respecte pas les règles fixées pour la
préservation de l’environnement
� Niveau faible de conscientisation sur l’importance de la protection de l’environnement
A toutes ces menaces, nous avons proposé, à partir des causes, des solutions qui pourraient
contribuer à réduire ou à arrêter la dégradation de l’écosystème du mont Mukinya ; et doivent
être appliquées simultanément sous le modèle efficace de protection interaction « Pouvoirs
publics – Environnement – Développement socioéconom ique : PED » .
iv
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail sur « Les activités anthropiques et la dégradation du mont
Mukinya : Nécessité d’un modèle efficace de protection » a été facilitée par l’agréable
collaboration du Prof. Dr. Ir. Etienne NDIMUKAGA pour son encadrement, ses conseils
scientifiques, sa détermination à ma réussite et son orientation à la réalisation de ce mémoire.
Qu’il trouve ici l’expression de ma profonde gratitude.
J’exprime ma gratitude également au Prof. Dr. Jean Baptiste NIZEYIMANA pour ses conseils,
sa disponibilité, sa flexibilité et son ouverture totale à son rôle d’administrateur des activités
académiques.
Mes remerciements s’adressent aussi à Ir. Melchiade NZIGAMASABO, Inspecteur régional
des forêts à Ngozi pour m’avoir fait vivre, au cours de mes activités de recherche, ses
expériences techniques et professionnelles répondant au domaine de mes études.
Enfin, c’est aussi ma grande joie d’exprimer mes vifs remerciements à Mme Frédérique
NDAYISENGA, mon épouse, pour son soutien moral et pour avoir établi toutes les conditions
favorables au sein de notre ménage afin que mon travail aboutisse avec succès.
La liste n’est pas complète, à tous ceux qui, de près ou de loin m’ont apporté une quelconque
contribution, je m’en réjouis et je vous en remercie infiniment.
QUE DIEU VOUS BENISSE.
v
SIGLES ET ABREVIATIONS
PRODEFI : Projet de développement des filières
PNUD : programme des Nations Unies pour le Développement
AGDB : Association burundaise pour la Diversité biologique
PAIVAB : Projet d’appui à l’intensification et à la valorisation agricole du Burundi
ABUTIP : Agence burundaise pour la réalisation des travaux d’intérêt public
INECN : Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature
RN : Route Nationale
vi
LISTE DES FIGURES
Fig1 : Localisation du mont Mukinya
Fig 2 : Terrain du mont Mukinya reboisé par l’association locale ABATARAMBIRWA
Fig 3 : Surexploitation du moellon sur le mont Mukinya
Fig 4 : Occupation agricole du mont Mukinya par des particuliers
Fig 5 : Occupation de la terre domaniale du mont par la communauté des Batwas
Fig 6 : Surpâturage sur le mont Mukinya
Fig 7 : Sol victime du déboisement et des feux de brousse
Fig 8 : Sol détruit par la surexploitation du sable sur un sol déboisé
vii
TABLE DES MATIERES
RESUME…………………………………………………………………………………………………i
REMERCIEMENT.………………………………………………………………………………….…..iv
SIGLES ET ABBREVIATIONS…..……………………………………………………………………v
LISTE DES FIGURES……………………………………………………………………………… vi
TABLE DES MATIERES………………………………………………………………………………vii
CHAPITRE I: INTRODUCTION GENERALE………………………………………………………..1
I.1 Introduction…………………………………………………………………………………………. 1
I.2 Problématique……………………………………………………………………………………….2
I.3 Objectif global………………………………………………………………………………………..3
I.4 Objectifs spécifiques………………………………………………………………………………..3
I.5 Hypothèses………………………………………………………………………………………. 3
I.6 Questions de recherche……………………………………………………………………………3
I.7 Méthodologie………………………………………………………………………………………..4
I.8 Intérêt du sujet………………………………………………………………………………………4
I.9 Délimitations du sujet………………………………………………………………………………4
I.9.1 Délimitation dans l’espace………………………………………………………………………4
I.9.2 Délimitation dans le temps………………………………………………………………………4
I.9.3 Délimitation dans le domaine…………………………………………………………………...5
I.10 Difficultés rencontrées……………………………………………………………………………5
I.11 Subdivision du travail……………………………………………………………………………..6
viii
CHAPITRE II : DESCRIPTION DU MILIEU………………………………………………………….6
II.1 Introduction………………………………………………………………………………………….6
II. 2 Province Ngozi (Monographie, 2005)…………………………………………………………...6
II. 2.1 Présentation générale et situation géographique……………………………………………6
II.3 Commune Ngozi (PNUD 2005)……………………………………………………………………7
II.3.1 situation géographique…………………………………………………………………………..7
II.3.2 Climat………………………………………………………………………………………………7
II.3.3 Relief, Hydrographie et Sols…………………………………………………………………….7
II.3.4 Flore et Faune……………………………………………………………………………………8
II.3.5 Population et densité…………………………………………………………………………….8
II.3.6 Disponibilité des terres…………………………………………………………………………..8
II.3.7 Forêts et Boisements naturels………………………………………………………………….9
II.3.8Tourisme et hôtellerie………………………………………………………………………….....9
II.3.9 Disponibilité des matériaux locaux de construction………………………………………….9
II.4 Conclusion sur la description de la commune Ngozi………………………………………….10
II.5 Zone d’étude : Mont MUKINYA………………………………………………………………….11
II.5.1 Situation géographique………………………………………………………………………...11
II.5.2 Evolution environnementale du Mont Mukinya………………………………………………11
II.5.3 Limitation de la zone d’étude…………………………………………………………………..14
II.6 La population et l’échantillonnage………………………………………………………………14
CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE……………………………………………………14
III.1 Définition des termes clés……………………………………………………………………….14
III.2 Sources documentaires essentielles…………………………………………………………..15
III.3 Efforts de protection du mont MUKINYA………………………………………………………16
III.4 Situation de la présente étude ………………………………………………………………….17
ix
CHAPITRE IV : METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE…………………………………….18
IV.1 Stratégie de la recherche : Echantillonnage non probabiliste……………………………….18
IV.2 Nature de la recherche………………………………………………………………………….18
IV.3 Technique de collecte de données : Les entretiens semi structurés……………………….18
I V.4 Collecte de données…………………………………………………………………………….19
IV.4.1 L’étude documentaire………………………………………………………………………….19
IV.4.2 Visites préparatoires de la zone d’étude (observation directe)……………………………19
IV.4.3 Les entretiens exploratoires…………………………………………………………………..19
IV.4.4 Description du guide d’enquête………………………………………………………………20
CHAPITRE V : PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS………………………..21
V. 1 Introduction……………………………………………………………………………………….21
V.2 Présentation des résultats……………………………………………………………………….21
V.2.1 Les pressions anthropiques…………………………………………………………………..21
V.2.1.1 La surexploitation végétale…………………………………………………………………21
V.2.1.2 Surexploitation des carrières, moellon et sable………………………………………….21
V.2.1.3 Les occupations illégales du sol…………………………………………………………..25
V.2.1.4 Les incendies………………………………………………………………………………..27
V.2.1.5 Le surpâturage………………………………………………………………………………27
V.2.1.6 Le braconnage………………………………………………………………………………29
V.2.2 Solutions aux menaces………………………………………………………………………29
V.3 Discussion des résultats………………………………………………………………………..32
V.4 Conclusion sur les résultats……………………………………………………………………35
x
CHAPITRE VI : IMPACTS DES ACTIONS ANTHROPIQUES SUR LE MILIEU………………37
VI.1 Sur le sol………………………………………………………………………………………….37
VI.2 Sur la végétation………………………………………………………………………………...38
VI.3 Sur les animaux…………………………………………………………………………………38
VI.4 Sur le climat………………………………………………………………………………………38
CHAPITRE VII : MODELE EFFICACE DE PROTECTION……………………………………….39
CHAPITRE VIII : CONCLUSIONS ET RECOMMENDATIONS…………………………………41
VIII.1 Conclusion………………………………………………………………………………………41
VIII.2 Recommandations……………………………………………………………………………...42
a) Aux pouvoirs publics………………………………………………………………………….42
b) Aux populations riveraines du mont Mukinya………………………………………………44
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………………………………...45
ANNEXES………………………………………………………………………………………………47
1
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE
I.1 Introduction
Le Burundi est un pays de l’Afrique Centrale qui possède un environnement fortement varié. Il
couvre une superficie de 27.834 km² dont 25.200 terrestres et s’étend entre les méridiens
29°00’ et 30°54’ Est et les parallèles 2°20’ et 4°2 8’ Sud, avec une population estimée à
environ 7 million d’habitants, un taux de croissance annuel de 3% et une densité moyenne de
230 habitants par km² (Anaclet NZIRIKWA, 2005).
La province de Ngozi (ou se trouve le mont Mukinya dans la commune Ngozi) possède une
superficie de 147 320 hectares dont 122 990 hectares représentent la région naturelle du
Buyenzi et 24 330 la région naturelle du Bweru. Elle hébergeait une population de 385 670
habitants en 1979, 482 246 en 1990 et 601 381 en 1999, soit une densité de 408 habitants au
kilomètre carré (Diomède NYENGAYENGE, Octobre 2002).
Selon le Décret-loi No 100/55 du 5 avril 2010, le recensement général de la population en
2008 chiffre la population de la province Ngozi à 660.717 habitants, celle de la commune
Ngozi à 120 557 habitants.
Ce fort taux de croissance démographique représente des inconvénients sur la conservation
des écosystèmes (du fait que la disponibilité des terres se réduit conformément à ce taux)
surtout que la population burundaise en général dispose de peu de connaissances en matière
d’éducation environnementale.
2
I.2 Problématique.
Dans I' analyse que le Burundi vient de faire en Mars 2009 lors de l ‘élaboration de son
Quatrième Rapport à la Conférence des Parties de la Convention sur la Diversité Biologique, il
a été constaté que des menaces de diverses natures continuent à réduire sa biodiversité
ainsi que son espace vital. Certaines de ces menaces sont en relation avec le mode de vie et
d'autres encore sont liées aux connaissances très insuffisantes sur le vivant (INECN, juillet
2010).
Au Burundi, les problèmes liés à la conservation et à l'utilisation rationnelle des ressources de
la biodiversité étaient déjà évoqués dans le passé colonial, comme la pénurie du bois de
chauffe, le surpâturage des sols, etc.
La réglementation et la contrainte physique permettaient certaines actions de conservation des
ressources biologiques notamment la mise en défens de forêts naturelles, les boisements
artificiels, des mesures de lutte antiérosives, etc.
Aujourd'hui, force est de constater que la biodiversité est en continuelle dégradation due
surtout au (i) défrichement cultural ; (ii) au prélèvement incontrôlé des ressources biologiques ;
(iii) au surpâturage ; (iv) aux feux de brousse ; (v) à la pollution ; (vi) à l'exploitation du sol et du
sous-sol ; (vii) à l'extension de l'habitat ; et à (viii) l'introduction des espèces étrangères
(Damien NINDORERA et Salvator RUZIMA 2003)
Notre zone d’étude se trouvant dans un environnement exposé à ces menaces ainsi que
d’autres à déterminer, une zone surtout en pente forte, si des stratégies appropriées ne sont
pas prises dans les meilleurs délais, des conséquences malheureuses continueront à se
produire.
En effet, les montagnes jouent un rôle déterminant dans le cycle hydrologique, influencent le
régime climatique et le régime des précipitations tout en contrôlant les eaux de ruissellement.
En effet, la végétation et les sols montagneux stockent l'eau de pluie et régulent l'écoulement
graduel des eaux et des sédiments en aval, ce qui contribue à la fertilisation des plaines,
stabilise les sédiments côtiers et alimente la nappe aquifère des zones de faible altitude où la
demande en eau est élevée dans les grandes agglomérations et dans les secteurs agricoles et
industriels.
3
C’est pourquoi il est vital d’avoir des systèmes montagneux sains, non seulement pour les
populations -humaines et naturelles - mais aussi pour la réduction des risques de glissement
de terrain et d’avalanche, le maintien des processus écologiques et l’approvisionnement en
biens et services pour les usagers des basses terres(www.iucn.org/fr)
Que faut-il alors faire pour réduire ou arrêter les effets de ces menaces ? Quel serait un
modèle de protection environnementale efficace de l’écosystème du mont MUKINYA ?
I.3 Objectif global
Contribuer à la protection durable de l’écosystème du mont Mukinya.
I.4 Objectifs spécifiques
a) Evaluer les menaces et leurs degrés de pression à l’écosystème du mont
Mukinya
b) Proposer des solutions à ces menaces
c) Proposer un modèle efficace de protection du mont Mukinya
I.5 Hypothèses
a) Des solutions aux menaces à l’écosystème du mont Mukinya pourraient
contribuer à la réduction ou à l’arrêt de la dégradation de ce milieu.
b) L’application simultanée de diverses solutions aux menaces constituerait un
modèle efficace pour la protection de ce milieu
I.6 Questions de recherche
a) Quelles sont les menaces et leur degré de pression à l’écosystème du mont
Mukinya ?
b) Quelles sont des solutions à ces menaces ?
c) Quel serait un modèle efficace de protection du mont Mukinya ?
4
I.7 Méthodologie
L’étude fut de nature exploratoire et a été transversale tout en adoptant la méthode
documentaire et historique. Les données sont collectées à travers les entretiens structurés
d’individu à individu.
I.8 Intérêt du sujet
Malgré les efforts fournis par différents intervenants sur le mont, la restauration de l’environnement est loin de se terminer. Nos recherches sur le sujet visent à combler certaines lacunes notamment :
� En proposant des solutions aux menaces qui se pérennisent malgré les efforts fournis précédemment.
� En proposant un modèle efficace de protection qui pourrait contribuer à harmoniser les actions des intervenants
� En incitant les différents acteurs en particulier les pouvoirs publics, à travers les résultats de notre étude, à attirer plus d’attention aux dangers que les actions anthropiques causent à ce milieu
I.9 Délimitations du sujet
I.9.1 Délimitation dans l’espace
En se référant sur la figure1 de la page 13, il apparait que le mont Mukinya s’étend sur trois
communes dont deux de la province Kayanza et une de la province Ngozi. La partie de la
montagne située du côté de la commune et province Ngozi a fait l’objet de nos recherches.
Elle est estimée à 80% de la superficie totale de la montagne.
I.9.2 Délimitation dans le temps
Nos recherches sur le sujet ont été faites au cours des mois de février, mars, avril et mai 2014.
5
I.9.3 Délimitation dans le domaine
Comme déjà indiqué en grande partie dans nos objectifs et dans nos questions de recherche,
les recherches sur le sujet se sont limitées à:
a) L’évaluation des menaces, leurs degrés de pression, leurs causes et leurs
impacts sur l’écosystème du mont Mukinya
b) La proposition des solutions à ces menaces
c) La proposition d’un modèle efficace de protection du mont Mukinya
I.10 Difficultés rencontrées
Le milieu d’étude étant très vaste, montagneux et pauvre en chemins de passage pour les
motorisés, l’exploration du site a été difficile, elle nous a pris beaucoup plus de temps que
prévu.
De plus, nous avions prévu de rencontrer les différents acteurs intervenants dans le
reboisement du mont Mukinya pour récolter les informations relatives à leurs activités, ceux
qui devaient nous fournir les données n’ont pas pu être disponibles au cours de nos
recherches.
Enfin, sur terrain, nous devrions y trouver des techniciens et des gardes forestiers du Ministère
en charge de l’environnement pour la surveillance des ressources naturelles de ce milieu,
lesquels devaient nous guider pour la visite du site. Mais suite au départ de ceux qui faisaient
ce travail, le Ministère n’a pas pu les remplacer par manque d’argent pour les payer. Pour
résoudre en partie cette difficulté, nous devrions rencontrer l’inspecteur régional des forêts à
Ngozi (en charge des provinces Kayanza et Ngozi) avant et après la visite du milieu.
6
I.11 Subdivision du travail
Le travail comporte huit chapitres articulés comme suit:
Le premier chapitre : l’introduction générale
Le second chapitre : description du milieu
Le troisième chapitre : revue de la littérature
Le quatrième chapitre : méthodologie de la recherche
Le cinquième chapitre : présentation et discussion des résultats
Le sixième chapitre : impacts des actions anthropiques sur le milieu
Le septième chapitre : modèle efficace de protection du mont Mukinya
Le huitième chapitre : conclusion et recommandations
CHAPITRE II : DESCRIPTION DU MILIEU
II.1 Introduction
Le mont Mukinya constituant la zone d’étude se trouve dans la commune de Ngozi, province
de Ngozi dont il convient de décrire brièvement ces deux entités administratives.
II. 2 Province Ngozi (Monographie, 2006)
II. 2.1 Présentation générale et situation géograp hique
Située au Nord du Burundi, la province Ngozi, une de 17 Provinces de la République du
Burundi, se trouve entre 2°39’19" et 3°5’ de latitu de Sud et 29°37’57" et 30°11’35" de longitude
Est. Elle est limitée au Nord par la République du Rwanda (Butare), à l’Ouest par la province
Kayanza, au Sud par la province Gitega, au Nord-est par la province Kirundo et à l’Est, par les
provinces Muyinga et Karusi, toutes du Burundi.
7
Sa superficie de 1473.86 Km² ne représente que 5% de la superficie nationale. Ce qui lui
confère la 10ème position sur le plan national, avec une population de 660717 soit un densité
moyenne de 449 habitants au km2
II.3 Commune Ngozi (Monographie 2006)
II.3.1 situation géographique
La commune Ngozi est située à l’Ouest de la province Ngozi. Elle est l’une de 129 Communes
constituant la République du Burundi. Elle a une superficie
estimée à 184,46 Km2 soit 12,5 % de la province (1.478,36 km2) et 0,6% du pays
(27.834 km2).
Elle est délimitée au Nord par la commune Mwumba ; au Sud par la province
Kayanza, à l’Est par les communes Gashikanwa et Ruhororo et à l’Ouest par la
commune Busiga et la province Kayanza.
II.3.2 Climat
La commune Ngozi est située dans la Région naturelle de Buyenzi qui se caractérise
par une altitude moyenne comprise entre 1.500 et 1.900 m, un climat tropical humide
avec une pluviométrie moyenne annuelle comprise 1.200 et 1.500 mm.
Les températures moyennes se situent entre 17°C et 20°C. Les plus grands écarts
de température apparaissent en saison sèche.
II.3.3 Relief, Hydrographie et Sols
Le relief de la commune Ngozi est caractérisé par des pentes relativement faibles.
La commune Ngozi est irriguée par des rivières et des ruisseaux dont les plus
importants sont la Nyakijima et la Nyakagezi.
Les sols de Ngozi sont argileux, lourds et fertiles. Sur les pentes, les sols sont peu
profonds et exposés à l’érosion.
8
.
II.3.4 Flore et Faune
A Ngozi, la végétation naturelle est presque inexistante. Quelques espaces vierges
sont caractérisés par une végétation d’Eragrostis caractéristique d’une dégradation
poussée.
La faune y est pauvre.
II.3.5 Population et densité
Les données sur la population de la commune Ngozi prennent en considération des
projections démographiques 2003-2010 réalisées par l’Unité de Planification de la
Population (UPP) en se basant sur le taux d’accroissement naturels spécifiques à
chaque province considérés constants au cours de la période 1990-2010.
Le taux d’accroissement de la population de la province Ngozi est 0,0292.
Selon l’UPP, en 2005, la population de la commune Ngozi est estimée à 107.416
habitants. Cette population est répartie sur une superficie de 184,46 Km2 (12,5% de la
province) ; d’où sa densité moyenne de 582 hab/km², supérieure à la densité
moyenne de la province (475 hab./Km2). Cette densité est l’une des plus élevées de la
province et du pays.
II.3.6 Disponibilité des terres
La commune Ngozi ne dispose pas d’étendues des terres non occupées suite à sa forte
densité d’habitants. Elle dispose, néanmoins, de 10 marais aménageables totalisant
2.663 ha et constituant ainsi une potentialité non négligeable pour l’extension des
terres à emblaver. Il ressort de ce tableau que seulement 223 ha de marais, soit 8%
sont aménagés.
9
II.3.7 Forêts et Boisements naturels
La commune Ngozi ne dispose pas de forêts naturelles mais compte un bon nombre
de sites boisés artificiellement. La couverture forestière est estimée à 1.384,5 hectares
en 2005 dont 48 ha appartenant aux privés, et 8 ha revenant aux collectivités et à la
commune, le reste appartenant à l’état (1328.5ha).
On a recensé dans la commune 157 menuiseries en 2005 et 10 scieries
La fabrication de charbon a été retrouvée sur 9 sites en 2005 dont 3 localisés sur le mont
Mukinya. Les produits forestiers sont le mobilier et le charbon.
Il n’existe pas de boisements naturels à Ngozi.
La commune connaît un déficit chronique en bois de toute sorte.
Il faudrait reboiser la colline Mukinya (4.000 ha) et promouvoir l’agroforesterie dans les
ménages.
II.3.8 Tourisme et hôtellerie
La commune Ngozi ne dispose d’aucune infrastructure touristique mais héberge des
hôtels, motels, guest houses et maisons de passage qui se chiffrent à 23 avec une
capacité d’hébergement de 207 chambres.
II.3.9 Disponibilité des matériaux locaux de const ruction
Le bois de construction est très rare dans la commune de Ngozi. Cependant, on trouve 2
fours tunnels sur la colline de Kinyana, une autre sur la colline de Camugani et 20
briqueteries en zone de Ngozi et Mubuga. Il existe également des sites d’exploitations de
sables à Kavumu ; de moellon sur les collines de la zone Mubuga et de carrière à
Kinyana et Kinyami.
10
II.4 Conclusion sur la description de la commune N gozi
Environ 80% du mont Mukinya fait partie intégrante du territoire de la commune Ngozi. Ce qui
veut dire que l’environnement du mont dépend des facteurs de la vie socio-économique au
sein de la commune.
En référence à ces extraits de monographies de la province Ngozi et de la commune Ngozi,
nous pouvons déduire que la commune de Ngozi où se trouve la zone d’étude fait face à
beaucoup de défis :
� c’est la commune la plus peuplée parmi les neuf communes de la province Ngozi et ne
dispose pas d’étendues non occupées.
� La végétation naturelle presque inexistante, sols exposés à l’érosion et présence sur de
grands espaces d’une espèce végétale (Eragrostis) caractéristique des sols en
dégradation
� La faune y est pauvre.
� La commune n’a pas de forêts naturelles ni de boisements naturels, le bois de
construction y est très rare.
� Elle ne dispose d’aucune infrastructure touristique.
Quelques atouts sont à signaler :
� climat et relief favorables aux activités agricoles
� Des marais vastes aménageables
� La présence de la colline Mukinya (4000 ha) qui pourrait réduire considérablement les
besoins en bois si elle était reboisée.
11
II.5 Zone d’étude : Mont MUKINYA
II.5.1 Situation géographique
Son centre se situe à une altitude de 1781 mètres, à la latitude de -2.9845000, à la longitude
de 29.7984000 (www.gazetteering.com/africa/burundi/430686-mukinya.html)
Le mont Mukinya s’insère entre les provinces de Ngozi et Kayanza.
� Au Nord : les collines de Mirango, Mwungere, Kambati,Gitwenzi, Cigumije, Sare,
Kayogoro, Nyaruntana et Kavumu de la Commune Ngozi.
� Au Sud : les collines Nkero, Gihoma, Makaba, Kivuzo et Mbaba de la commune Ngozi
ainsi que les collines de Gatozo, Kanyundo, Mbogwe et Gasenyi de la commune
Muhanga.
� A l’Est : les collines Nyanza, Ntaho et Mubuga de la commune Ngozi
� A l’Ouest : les collines Gishunzi, Kivoga, Mikoni, Karinzi et Ruzingati de la commune
Gahombo
II.5.2 Evolution environnementale du Mont Mukinya
En 2005, la superficie du mont Mukinya était de 4000 ha (Monographie, 2006).
En 2012, la superficie du mont aurait été évaluée à 1024 ha suite aux occupations illégales de
la montagne par la population (Antenne régionale de l’aménagement du territoire à Ngozi).
La plus grande partie du mont estimée à 80% de sa superficie totale appartient à la commune
Ngozi.
12
Les données recueillies nous rapportent que le mont Mukinya n’a jamais porté de forêt
naturelle. Avant l’indépendance du Burundi vers les années 1950, le Mukinya était couvert de
végétation faiblement variée principalement constituée des espèces suivantes :
Umukenkekenke (Hyparrhenia diplandra), Umuyange (Eriosema mirabile), Ishinge(Eragrostis).
A d’autres endroits, surtout aux espaces en pente, le sol était rocheux. Il y avait des buissons
éparpillés par ici par là dans lesquels habitaient quelques animaux sauvages. Ceux-ci étaient
principalement les gazelles, les lièvres, les antilopes, les hyènes et rarement les léopards.
La seule activité humaine qui était pratiquée sur le mont était le braconnage. C’est vers ces
années 1950 que l’administration coloniale belge, dans ses programmes de protection de
l’environnement, a fait boiser le mont Mukinya. Seul l’eucalyptus a été planté, il a beaucoup
grandi jusqu’à former un couvert végétal très abondant. Des coupes- feu avaient été
aménagées pour protéger le boisement.
Vers les années 1992, avant la crise qui a secoué le Burundi depuis le 21 octobre 1993, le
pays traversait une période difficile d’adhésion à la politique de la démocratie multipartiste.
Certains activistes membres des partis politiques ont commencé à manifester leur
mécontentement en mettant à feu la montagne et ce phénomène était observé dans tout le
pays. Dès lors, d’autres pressions anthropiques ont suivi et ont continué à accélérer la
dégradation de la végétation et de la faune. Ainsi par exemple au niveau de la faune, n’y
trouve plus d’hyènes et de léopards.
La carte d’en bas qui est un assemblage des cartes des communes Ngozi, Gahombo et
Muhanga extraites de leurs monographies 2005 respectives permet de délimiter le mont
Mukinya.
13
14
II.5.3 Limitation de la zone d’étude
Notre étude s’est limitée à la partie de la montagne située dans la commune Ngozi pour les
raisons suivantes :
� c’est la partie la plus vaste et donc la plus représentative du mont
� Les responsables techniques des services publics qui contrôlent la zone et qui font
partie de mes sources importantes de données sont établis à Ngozi
� L’autorisation pour mener mes recherches a été obtenue des autorités administratives
de Ngozi.
II.6 La population et l’échantillonnage
Au cours de notre étude, nous nous sommes intéressés sur trois unités élémentaires de
l’écosystème qui constituent la population du mont menacée par les pressions anthropiques. Il
s’agit de la flore, la faune ainsi que le sol.
CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE
III.1 Définition des termes clés
� Activités anthropiques
Ce sont des activités effectuées par l’homme dans un milieu, lesquelles sont susceptibles
d’occasionner des menaces à l’écosystème de ce milieu
� Ecosystème
C’est un complexe dynamique formé de communautés de plantes, d’animaux et de
microorganismes et de leur environnement non vivant qui, par leur interaction, forment une
unité fonctionnelle ( Art 14 du code de l’environnement du Burundi).
15
� Modèle de protection
Il s’agit d’une représentation faite sur base des solutions proposées aux menaces du mont et
qui montre la manière pratique de l’application combinée de ces solutions
� Menace
C’est un signe environnemental qui annonce un danger auquel un milieu donné est exposé
� Environnement
L'environnement désigne l'ensemble des éléments naturels et artificiels ainsi que des facteurs
économiques, sociaux et culturels qui conditionnent l'existence, la transformation et le
développement du milieu, des organismes et des activités humaines.
L'environnement burundais constitue un patrimoine commun dont la sauvegarde incombe à
l'Etat, aux collectivités locales, aux organismes publics et aux citoyens, individuellement ou
groupés en association (Art 12 du code de l’environnement du Burundi).
III.2 Sources documentaires essentielles
� Rapports officiels des institutions techniques et du ministère en charge de
l’environnement : exemple : consultation des rapports techniques en archives à
l’inspection régionale des forets à Ngozi.
� Publications scientifiques relatives à l’environnement. Exemple : Connaissance et
gestion des écosystèmes tropicaux : Résultats du programme de recherche
« Ecosystèmes tropicaux » 2005-2010. Ministere de l’Ecologie, de l’Energie, du
Développement durable et de la Mer en charge des technologies vertes et des
négociations sur le climat. Paris, GIP Ecofor – MEEDDM
� Exploitation des Sites Web bibliographiques. Exemple avoir quelques coordonnées
géographiques du mont Mukinya, il s’agit du site
(www.gazetteering.com/africa/burundi/430686-mukinya.html
� Textes législatifs en matière de l’environnement : exemple : le Code de l’environnement
du Burundi et d’ailleurs, etc.
� Cours de ma filière d’étude : Droit de l’environnement, Ecologie générale, etc.
16
III.3 Efforts de protection du mont MUKINYA
� Délimitation du mont par l’administration et les services techniques de l’aménagement
du territoire.
� Quelques espaces du mont déjà reboisés et d’autres en cours de reboisement
Figure 2 : Terrain du mont Mukinya reboisé par l’as sociation locale ABATARAMBIRWA
Selon les données récoltées auprès du bureau de l’inspection régionale des forets et du
bureau communal de Ngozi, les acteurs au reboisement sont PRODEFI, PNUD passant par
l’AGDB, PAIVAB, ABUTIP et une association locale de protection de l’environnement appelée
ABATARAMBIRWA. Les chiffres des superficies emblavées n’ont pas été disponibles. Tous
les intervenants ne font que planter les eucalyptus
17
� La procédure d’expropriation des terres aux occupants illégaux est en cours
� Existence d’une inspection régionale des forêts qui est un service technique étatique
ayant dans ses attributions la surveillance du mont
III.4 Situation de la présente étude
La valeur ajoutée de la présente étude est que malgré les efforts fournis par différents
intervenants sur le mont, la restauration de l’environnement est loin de se terminer. C’est pour
cela que notre étude vise à combler certaines lacunes notamment :
� En proposant des solutions aux menaces qui se pérennisent malgré les efforts fournis
précédemment.
� En proposant un modèle efficace de protection qui pourrait contribuer à harmoniser les
actions des intervenants
� En incitant les différents acteurs en particulier les pouvoirs publics, à travers les
résultats de notre étude, à attirer plus d’attention aux dangers que les actions
anthropiques apportent à ce milieu.
18
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Tout d’abord, il convient de déterminer les catégories de personnes ressources pour la
collecte de nos données. La liste est la suivante :
� Anciens des ménages et chefs de collines riverains
� Inspecteur régional des forets et chef d’antenne régional de l’aménagement du territoire
� Autorités provinciales et communales de Ngozi
La méthode documentaire et historique a été privilégiée durant tout le processus de nos
recherches.
IV.1 Stratégie de la recherche : Echantillonnage no n probabiliste
Le milieu d’étude étant connu en son entièreté par la population riveraine, et que les données
à récolter reposent sur des méthodes historiques, la stratégie efficace utilisée est
l’échantillonnage à choix raisonné ou subjectif et non probabiliste qui nous a permis de
choisir des individus estimés avoir assez d’informations, mieux documentés sur notre thème
de recherche.
IV.2 Nature de la recherche
Il s’agit d’une étude transversale de nature exploratoire. Elle nous a permis, à l’aide de
notre guide d’enquête inspirée des méthodes historiques, de comprendre les raisons qui sont
à l’origine de la dégradation de notre zone d’étude et de saisir les nuances faisant que le
milieu continue à se dégrader.
IV.3 Technique de collecte de données : Les entreti ens semi structurés
Avec notre guide d’enquête répondant à une approche qualitative, nous avons organisé des
entretiens avec les sujets ci-hauts cités. En plus des données que nous avions déjà collectées
par méthodes documentaires, des informations complémentaires ont été récoltées par cette
voie.
19
I V.4 Collecte de données
IV.4.1 L’étude documentaire
Au cours de cette étape, nous avons pris le temps de puiser le grand maximum d’informations
se rapportant au sujet de travail. Entre autre sources de données, voir le point III.2 : Sources
documentaires essentielles
IV.4.2 Visites préparatoires de la zone d’étude (o bservation directe)
Pour cette étape, il a fallu que j’effectue les visites du milieu de travail avant tous les autres
contacts dans le but de m’enquérir de l’état des lieux par mes premières observations. C’était
une occasion pour limiter la zone d’étude mais aussi pour identifier les éléments sur lesquels
portent mes recherches. A ce niveau, quelques données sur la flore, la faune, les menaces,
les impacts, etc. ainsi que des photos ont été récoltées
Nous avons ensuite divisé notre zone d’enquête en trois secteurs composés chacun d’un
groupe de collines. Dans chaque secteur, nous avons choisi une seule colline sur laquelle 4
chefs de ménages riverains (de 55 ans et plus) et le chef de colline ont été identifiés pour nos
entretiens visant la collecte des autres données (données secondaires ou complémentaires)
IV.4.3 Les entretiens exploratoires
Les principaux instruments de recherche que nous avons utilisés sont le guide d’entretien que
nous avons élaboré pour mieux agencer la collecte des informations ainsi qu’un appareil photo
pour la prise des photos d’illustration. Nous avons effectué les entretiens :
� Avec les autorités du bureau provincial de Ngozi pour annoncer le travail et collecter en
même temps les informations sur le thème de recherche disponibles dans les services
de l’administration provinciale. Elles m’ont donné des orientations et des indications sur
les différents services et différents acteurs intervenants dans le secteur du sujet.
20
� Avec l’Administrateur de la commune Ngozi. Comme la zone d’étude se trouve dans sa
commune, c’est la personne la mieux placée au niveau administratif pour fournir le
maximum d’informations en rapport avec le sujet de travail notamment en ce qui
concerne les intervenants et d’autres aspects liés à la dégradation et à la protection
environnementale du milieu de travail
� Avec le chef d’antenne régionale d’aménagement du territoire pour récolter les données
à sa disposition et en particulier en ce qui concerne les limites du mont Mukinya.
� Avec l’inspecteur régional des forêts dans les provinces de Kayanza et Ngozi comme
premier responsable technique chargé de surveiller la zone de travail et d’orienter les
différents acteurs intervenant sur le milieu.
� Avec les anciens (plus de 55 ans) des collines avoisinant le mont Mukinya. Les
entretiens semi structurés que nous avons effectués avec eux à l’aide d’un guide
d’entretien nous ont permis de collecter d’autres données sur le vécu de la montagne
IV.4.4 Description du guide d’enquête
Le guide que nous avons utilisé répond à une approche qualitative (voir annexe.)
Il comporte une liste de questions exclusives et exhaustives en fonction et cherche des
données sur :
� l’état environnemental du mont à l’époque
� les menaces du mont
� les causes qui expliquent les menaces de l’écosystème du mont
� les solutions aux menaces et sur le modèle efficace de protection
21
CHAPITRE V : PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTA TS
V. 1 Introduction
Au cours de ce chapitre, nous allons d’abord présenter les données collectées auprès de nos
sources d’enquêtes. Ensuite nous allons procéder à la discussion des résultats en établissant
leur pertinence par rapport au thème concerné.
a) Evaluer les menaces et leurs degrés de pression à l’écosystème du mont Mukinya
b) Proposer des solutions à ces menaces
c) Proposer un modèle efficace de protection du mont Mukinya
V.2 Présentation des résultats
V.2.1 Les pressions anthropiques (degré de pressio n en ordre décroissant de 1 à 6)
V.2.1.1 La surexploitation végétale.
Le bois est la composante de la population la plus menacée de cet écosystème. La montagne
n’étant pas gardée, cette coupe se fait d’une manière anarchique pour les utilisations
suivantes : fabrication du charbon, bois de construction, bois de sciage, des tuteurs pour les
cultures volubiles, etc. Il fut un moment où le boisement était gardé (avant les années 1993),
par après, l’état n’ayant pas continué à payer les gardiens, le boisement a été laissé à
l’abandon.
V.2.1.2 Surexploitation des carrières, moellon et s able
Dans toute la ville de Ngozi et d’autres petits centres proches du mont Mukinya, le moellon et
une grande quantité de sable utilisés proviennent de cette zone. Les endroits où ces matériaux
sont extraits ne sont pas remis en état.
22
Les carrières sont surtout exploitées par la société SOGEA SATOM sur le mont Mukinya pour
le compactage de la route nationale RN 15 en cours d’asphaltage ainsi que la remise en état
des pistes secondaires qui y sont branchées. Les tranchées d’exploitation des matériaux de
construction de la route Ngozi-Gitega par la société SOGEA SATOM pourraient provoquer
beaucoup de dégâts si le terrain n’est pas rétabli en son état.
En ce qui concerne l’exploitation des carrières, le moellon et le sable, les données récoltées à
l’inspection régionale des forets font état de l’absence du personnel de surveillance dans ce
secteur. En effet, l’inspection régionale des forets dépend directement de la direction du
département des forêts et ses activités se limitent à la surveillance des boisements naturels et
artificiels et toutes autres formes de flore non comprises les forets dont la protection entre
dans les attributions de l’INECN. Or, l’exploitation des moellons, sables et carrières relève du
domaine de la direction du département de l’environnement qui n’a pas de personnel sur
terrain. A ce niveau, l’exploitation devient anarchique quoique l’inspecteur régional des forêts a
un droit de surveillance limité dans le cadre de collaboration des services du même ministère.
23
Fig 3 : Surexploitation du moellon sur le mont Muki nya
24
Fig 3 : Surexploitation des carrières sur le mont M ukinya par la société SOGEA SATOM
25
V.2.1.3 Les occupations illégales du sol
Fig 4 : Occupation agricole du mont Mukinya par des particuliers
26
Trois sortes d’occupation ont été évoquées :
� Des ménages occupant une position limitrophe au mont et qui étendent délibérément
leurs terrains d’exploitation sur le mont car ils savent que les autorités territoriales ne
connaissent pas les limites.
� Des gens qui exploitent de grandes superficies sur le mont, lesquelles superficies ont
été octroyées par les responsables administratifs non compétents
� Des communautés de l’ethnie Batwas, dont le mode de vie est habituellement nomade,
d’autres y ont été installés par des humanitaires en entente avec l’administration dans
le cadre du programme de développement des ces communautés. Ils coupent
indistinctement le bois pour la cuisson, pour le vendre ou pour en fabriquer du charbon
à vendre. Ce sont eux qui prennent le devant dans la destruction végétale de cette
montagne
27
Fig 5 : Occupation de la terre domaniale du mont pa r la communauté des Batwas
V.2.1.4 Les incendies
Comme déjà dit ci-dessus, les premiers incendies ont commencé un peu avant 1993. Par
après, ils se sont poursuivis à cause des éleveurs qui voulaient avoir des jeunes pousses
d’Eragrostis pour faire brouter leurs troupeaux de vaches. L’administration a dû prendre des
mesures allant jusqu’à faire payer une amende de 100000 Francs burundais à une personne
dont une seule vache était surprise en train de brouter les jeunes pousses d’Eragrostis après
incendie. Des incendies sont aussi provoqués par des gens qui fabriquent du charbon de bois
coupé illégalement sur place. Actuellement, la cause des feux relatifs aux mécontentements
politiques ayant disparu, les feux liés à cette cause ne s’observent plus.
V.2.1.5 Le surpâturage
28
Fig 6 : Surpâturage sur le mont Mukinya
Les données récoltées confirment que les troupeaux de vaches ont été à un moment donné la
cause de la destruction du sol du mont Mukinya par le phénomène de surpâturage mais que
récemment, suite aux mesures prises par les autorités administratives, cette pression n’a plus
sa place sur le mont. Pourtant, au cours de nos descentes sur terrain, des animaux en train de
brouter sur le mont ont été vus fréquemment comme le montre la photo ci-dessus.
29
V.2.1.6 Le braconnage
Cette activité était une des plus pratiquées à l’époque. D’après les entretiens faits avec les
anciens, la simple activité de braconnage ne peut pas réduire visiblement une population
abondante d’animaux sauvages. Mais aujourd’hui qu’il reste très peu de buissons où se
cachent ces animaux, ils peuvent disparaitre entièrement par cette activité.
V.2.2 Solutions aux menaces
Pour trouver les solutions aux menaces, il faut attaquer le mal à la racine, cela veut dire que
l’on doit d’abord se poser la question suivante : pourquoi telle ou telle autre action anthropique
sur le mont ? Pour quel besoin ? Quelle en est la cause ?
En identifiant les causes de ces menaces, on arrive à déterminer les solutions à ces
dernières.
30
Le tableau suivant montre les menaces exercées sur le milieu, leurs causes ainsi que les
solutions proposées
MENACES CAUSES SOLUTIONS
Surexploitation
végétale
-Charbon de bois et
bois de chauffage
-bois de sciage
-Perches pour
construire
-Promouvoir les technologies simples peu couteuses
n’utilisant pas ou utilisant peu de charbon (foyer
amélioré) pour l’énergie domestique
-Promouvoir un programme communal de reboisement
impliquant en priorité les ménages des collines
riveraines
-Accorder aux ménages riverains une ceinture en bas
tout autour de la montagne à reboiser pour eux et leur
demander en retour de surveiller les exploitations
illégales
-Rétablir la surveillance par les gardes forestiers
-Déplacer les communautés des Batwas qui habitent
sur le mont et les installer ailleurs
-Evaluer annuellement les besoins en bois de
construction et de menuiserie et établir un programme
spécial de reboisement pour combler ces besoins
-Evaluer les besoins en couverture végétale de tout le
mont et mettre en place un système de reboisement
incluant la population, les acteurs socioprofessionnels et
privés sous la supervision des services techniques
étatiques.
Surexploitation
du moellon,
sable et
carrières
Construction des
maisons d’habitation
et des infrastructures
publiques et privées
-Affectation du personnel de supervision sur terrain
(responsabilité du ministere ayant l’environnement dans
ses attributions)
-Application rigoureuse du code de l’environnement du
Burundi en particulier en ses articles 35 et 36
31
-Evaluer l’état de dégradation sur tout le mont puis initié
et exécuter un projet de remise en état des espaces de
terrain déjà endommagés par ces pressions
-Déterminer des localités d’exploitation à ne pas
dépasser sans accord préalable des services
techniques compétents
Occupation
illégale
Extension des
cultures vivrières et
industrielles
-Vulgariser au plus grand public le code foncier du
Burundi surtout en ce qui concerne les droits et les
compétences relatives aux propriétés foncières.
-Délimiter les terres domaniales et communales avec un
procès verbal de bornage et d’arpentage ainsi que
l’établissement de titre de propriété
Feux de
brousse
-Eleveurs cherchant
les jeunes pousses
pour leurs animaux
-Inattention des
fabricants du charbon
de bois
-Décourager et éradiquer la fabrication du charbon de
bois sur le mont
-Décourager les éleveurs qui font brouter leurs animaux
sur le mont en appliquant rigoureusement les mesures
déjà prises et les accentuer en cas de besoin.
-Promouvoir la plantation des cultures fourragères pour
nourrir le bétail étable
Surpâturage
Insuffisance ou
absence des terrains
de pâturage
Promouvoir la stabulation permanente et la culture des
plantes fourragères
Braconnage
Recherche de la
viande à manger
-Interdire formellement cette pratique sur le mont
-Encourager l’élevage de petits animaux domestiques
(lapins, poules, etc.) pour avoir de la viande dans les
ménages
32
V.3 Discussion des résultats
Les données collectées montrent que la forêt naturelle n’a jamais existé dans ce milieu. Seul
le boisement de la montagne lui a donné un couvert végétal abondant. A l’exception du
braconnage, les pressions anthropiques n’existaient pas à l’époque sur le mont car le taux
démographique n’avait pas encore pris l’allure de croissance actuelle. Il y avait suffisamment
de terres pour l’agriculture, pour les pâturages et pour les boisements. Tout cela jouait en
faveur de la préservation environnementale de la montagne.
Depuis les années 1991, un peu avant le déclenchement de la guerre le 21 octobre 1993, le
processus politique de la démocratie multipartiste a suscité des mécontentements qui se sont
manifestés par des incendies répétitifs et généralisés dans tout le pays, le mont Mukinya n’en
a pas été épargné.
A cela s’ajoutent les feux de brousse liés au fait que les éleveurs n’ont pas assez de terrains
pour produire la nourriture du bétail, ni de moyens pour les nourrir à l’étable, ils se livrent à
mettre à feu les étendues du domaine public en vue de permettre à leurs animaux
domestiques de brouter les jeunes pousses. Or, ces feux de brousse sont à l’origine de la
dégradation floristique et faunistique aggravée par les coupes illicites de bois et le
braconnage.
Le résultat est que toutes les espèces végétales disparaissent sauf quelques pousses
d’Eragrostis, d’Hyparrhenia et de Diplandra (voir annexes photos 1, 2,3) qui s’adaptent aux
sols très pauvres et qui indiquent des sols en cours de dégradation ou complètement
dégradés.
La photo suivante montre un sol du mont Mukinya victime du déboisement et des feux de
brousse répétitifs.
33
Fig 7 : Sol victime du déboisement et des feux de b rousse
Une des autres causes profondes des pressions anthropiques est le fort taux de croissance
démographique. Ceci corrobore les données sur la démographie de la province Ngozi au point
I.1 et de la commune Ngozi au point II.2.5. Cela fait que les terres non élastiques bien entendu
deviennent insuffisantes pour leurs activités socio économiques. De plus, en même temps que
les terrains exploités par les ménages sont insuffisants, les techniques agropastorales en
application restent rudimentaires. N’ayant pas d’autres alternatives pour vivre, les gens se
mettent à des pratiques illégales et incontrôlées.
34
Un autre aspect des pressions sur la montagne est lié au développement socio-économique.
C’est entre autres les constructions des maisons d’habitation, des écoles, des dispensaires, le
pavage des routes de la ville de Ngozi, la construction de la route Ngozi- Gitega, etc., tout cela
demande l’utilisation du moellon, de la carrière et du sable exploités sur le mont Mukinya.
L’exploitation de ces matériaux se fait de manière incontrôlée et anarchique.
D’une manière générale, l’exploitation doit suivre des règles qui sont établies
dans le code de l’environnement du Burundi. En effet, ce code stipule dans son article 37 que :
« En cours de recherche ou d'exploitation, une surveillance administrative régulière est
organisée, aussi bien pour les mines que pour les carrières, dans le but de s'assurer que les
travaux se déroulent dans le respect des normes compatibles avec un équilibre
environnemental suffisant.
S'il se produit, dans une mine ou une carrière, des faits de nature à compromettre les intérêts
relatifs à la protection de la nature et de l'environnement, le chercheur ou l'exploitant doit
immédiatement en aviser l'autorité qui a octroyé le titre de recherche ou d'exploitation et le
Ministre ayant l'Environnement en charge.
Une fois informées, les autorités visées ci-avant prennent conjointement des mesures de
sauvegarde qui s'imposent. »
A ce niveau, nous en déduisons notre modèle efficace de protection durable de
l’environnement :
Pour protéger efficacement et durablement l’écosystème du mont Mukinya, il doit y avoir une
interaction entre trois unités élémentaires suivantes :
Les pouvoirs publics – l’environnement – Le développement socioéconomique (voir illustration
PED à la page 40 : modèle efficace de protection).
Ceci répond à l’objectif c) et à l’hypothèse b)
35
En ce qui concerne l’occupation du sol, le but est de pouvoir étendre les activités agricoles qui
continuent à faire des pressions sur la montagne.
En effet, le défrichement pour les cultures vivrières ou industrielles a modifié remarquablement
le couvert végétal au Burundi. Il continue à faire pression sur les écosystèmes et au cours de
la seule période de la crise socio-politique de 1993, la déforestation a été estimée à environ
4.366 ha. Pourtant, les textes de lois interdisant le défrichement existent, il s'agit notamment
du décret-loi du 3/3/1980 portant création des Parcs Nationaux et des Réserves Naturelles, du
Code Forestier et du Code de l’Environnement (Damien Nindorera et Salvator Ruzima,
septembre 2003)
Certains responsables administratifs à la base (chefs de zone et chefs de collines), leurs amis
et d’autres qui leur sont proches, quoique non pauvres et possédant de grandes étendues de
terres, profitent de leurs responsabilités pour se rabattre illégalement une partie du domaine
public. Cela s’appelle égoïsme.
D’autres responsables organisent la coupe systématique du bois pour en fabriquer du charbon
à vendre. C’est le manque de conscientisation du chef à la préservation de l’environnement
Les Batwa constituent une catégorie sociale à caractère nomade. Ils changent
périodiquement leurs milieux d’habitation. Au lieu d’installation, ils construisent des huttes en
chaumes avec des perches. La plupart d’entre eux ont le métier de fabriquer les marmites en
argile à vendre pour cuire les aliments. Cette activité demande l’utilisation permanente d’une
grande quantité d’herbes pour la cuisson de ces marmites. Cela constitue déjà un facteur de
menace de l’écosystème habité.
V.4 Conclusion sur les résultats
Nous retenons les idées suivantes :
Les principales raisons qui sont à la base des menaces de l’écosystème du mont Mukinya
sont les suivantes :
L’accélération de la croissance démographique qui entraine l’exigüité des terres
L’absence des techniques agropastorales modernes adaptées aux terres très réduites
36
La pauvreté de la population
Accroissement des activités de développement sociocommunautaire
Faible niveau de prise de conscience sur la protection et la sauvegarde de l’environnement
L’ignorance de l’importance d’un écosystème bien protégé
Les conflits qui génèrent les actes de criminalité environnementale
L’absence du cadre de résolution de la question de l’occupation illégale des terres domaniales
En guise de confirmation, voici un extrait tiré du plan stratégique d’investissement et de
mobilisation des ressources financières dans le domaine de la biodiversité 2013-2020 au
Burundi.
« Cinq causes profondes de la dégradation de la biodiversité ont été identifiées à savoir: (i) la
pauvreté des communautés locales et autochtones; (ii) la mauvaise gouvernance dans la
gestion de la biodiversité; (iii) la faible concertation dans la planification du développement; (iv)
l’insuffisance des capacités pour réduire les pressions et conserver le maximum possible
d’écosystèmes, d’espèces et de gènes; (v) l’ignorance de la valeur de la biodiversité et son
rôle dans la croissance de l’économie nationale et dans la survie des communautés.
Toutes ces menaces de la biodiversité provoquent des conséquences pouvant être
regroupées en quatre catégories : (i) Rupture de l’équilibre écologique; (ii) Précarité de mode
de vie des populations; (iii) Aggravation des effets néfastes des changements climatiques; (iv)
Conflits et criminalités »
En bref, cette conclusion corrobore celle qui se rapporte à la description de la commune Ngozi
au point II.3 : « L’environnement du mont Mukinya dépend des facteurs de la vie
socioéconomique de la commune ».
Si des solutions sont trouvées à tous ces défis, nous aurons répondu à notre objectif b) et à
l’hypothèse a).
Le modèle efficace ci-haut évoqué sera proposé pour la mise en application de ces solutions
en vue d’une protection durable de ce milieu pour répondre à l’objectif c) et l’hypothèse b)
37
CHAPITRE VI : IMPACTS DES ACTIONS ANTHROPIQUES SUR LE MILIEU
Les actions anthropiques sur le mont Mukinya occasionnent des conséquences qui pèsent
lourd sur l’écosystème du milieu.
VI.1 Sur le sol
Le couvert végétal joue un rôle important d’amortir les chocs des gouttes de pluie et cela
ralentit la vitesse des eaux de ruissellement sur la pente de la montagne.
Or, suite à la dégradation de la végétation accentuée par le surpâturage et la surexploitation
des carrières et des sables, les fortes érosions détruisent profondément la pente de la
montagne comme le montre la photo suivante
Fig 8 : Sol détruit par la surexploitation du sable sur un terrain déboisé
38
En cas de fortes pluies, les eaux de ruissellement arrachent des pierres de toutes dimensions
sur la montagne et se déversent dans les vallées et sur les collines en aval inondant ainsi les
cultures et détruisant tout ce qui se trouve au passage
Au cours des mêmes inondations, certaines sources d’eau potable aménagées captée dans la
nappe phréatique de la montagne sont détruites.
VI.2 Sur la végétation
Les feux de brousse et la déforestation sont à l’ origine de la disparition des espèces végétales
de la macro flore et de la microflore en détruisant les végétaux eux-mêmes et les conditions
physico-chimiques de leurs biotopes
VI.3 Sur les animaux
Comme pour les plantes, les incendies brûlent les biotopes des animaux sauvages qui sont
contraints à fuir le milieu ou à mourir. Cela étant aussi valable pour la macrofaune que pour la
microfaune.
VI.4 Sur le climat
Les feux de brousse produisent des fumées qui participent à la destruction de la couche
d’ozone qui nous met à l’abri du réchauffement excessif dû au rayonnement solaire.
De plus, l’absence du couvert végétal est un facteur à l’origine de l’absence des pluies sachant
qu’il participe pour une grande part dans le cycle de l’eau mais aussi un facteur de la
diminution de l’oxygène dont l’homme a besoin pour sa respiration.
39
CHAPITRE VII : MODELE EFFICACE DE PROTECTION DU MON T MUKINYA
Pour protéger efficacement et durablement l’écosystème du mont Mukinya, il doit y avoir une
interaction entre trois unités élémentaires suivantes :
Les pouvoirs publics – l’environnement – Le développement socioéconomique (PED).
Ceci répond à l’objectif c) et à l’hypothèse b) de notre recherche.
Illustration : « PED » Modèle efficace de protectio n durable
Protègent
Avantage
Respecte
Obéit Réglementent Favorise
Pouvoirs
Publics
Environnement
Developpement
Socio-
economique
40
Le modèle « PED » ou interaction « Pouvoirs public s – Environnement –
Développement socioéconomique ».
� Les pouvoirs publics réglementent le développement socioéconomique. Ceci veut
dire que les pouvoirs publics doivent promouvoir le développement socioéconomique
en mettant en place et en faisant respecter des lois qui protègent l’environnement.
Quoique la protection de l’environnement soit un devoir d’intérêt général, le premier
responsable auquel la charge de protection environnementale incombe c’est l’état. En
effet, l’article 16 du code de l’environnement du Burundi stipule que :
« La mise en œuvre de la politique nationale de protection et de gestion de
l'environnement est assurée par le Ministre ayant l'Environnement dans ses attributions,
agissant seul ou conjointement avec les autres Ministres concernés ». D’où les
pouvoirs publics protègent l’environnement en initiant des stratégies multiformes
notamment à travers les programmes de formation, vulgarisation et sensibilisation au
plus grand public. C’est à ce niveau même que certaines questions vont se résoudre
entre autre le taux de croissance démographique, la pauvreté, etc.
� L’environnement favorise le développement socioéconomique. En effet, les
ressources utilisées pour le développement se trouvent dans le milieu environnemental.
Du côté des pouvoirs publics, un environnement bien protégé est un environnement
riche en ressource naturelles et cela c’est à l’avantage de l’état .
� Le développement socioéconomique respecte l’environnement qui lui accorde les
ressources indispensables pour sa réussite. C’est la raison pour laquelle ce
développement obéit aux règles fixées par les pouvoir publics dans le strict respect de
l’environnement. Les différents acteurs qui interviennent pour le développement et pour
la protection environnementale sont des auxiliaires des pouvoirs publics, ils doivent
respecter les normes fixées dans l’application des solutions envisagées.
41
CHAPITRE VIII : CONCLUSIONS ET RECOMMENDATIONS
VIII.1 Conclusion
Au terme de notre travail de recherche, notre conclusion se résume brièvement en points
essentiels suivants :
Les menaces à l’origine de la dégradation du mont Mukinya sont occasionnées par les
activités anthropiques. C’est surtout :
� La surexploitation végétale accentuée par le surpâturage a pour impact de fortes
érosions qui détruisent le mont en pente ainsi que les terres, les cultures et les sources
d’eau potable se trouvant en aval.
� Les feux de brousse qui détruisent la flore et la faune ainsi que les conditions physico-
chimiques indispensables à la restauration de leurs biotopes.
� La surexploitation des moellons, carrières et sables qui détruisent le mont en créant des
ravins qui constituent des corridors favorables aux érosions
� Les occupations illégales des terres sur le mont pour les défrichements agricoles qui
modifient considérablement le couvert végétal et accentuent la dégradation
Différentes causes sont à l’origine de ces activités anthropiques. C’est entre autres :
� Instabilités politiques relatives au processus de la démocratie multipartiste depuis les
années 1991
� Taux de croissance démographique très élevé qui entraine l’exigüité des terres
42
� La pauvreté
� Le développement socioéconomique qui ne respecte pas les règles fixées pour la
préservation de l’environnement
� Niveau faible de conscientisation sur l’importance de la protection de l’environnement
A toutes ces menaces, nous avons proposé, à partir des causes, des solutions qui
pourraient contribuer à réduire ou à arrêter la dégradation de l’écosystème du mont
Mukinya (voir tableau 1)
Enfin, par application simultanée de ces solutions, le modèle efficace de protection
interaction « Pouvoirs publics – Environnement – Dé veloppement socioéconomique -
PED » a été proposé.
VIII.2 Recommandations
a) Aux pouvoirs publics
� Elaborer un document de motivation qui détermine l’avenir pour lequel on cherche à
mettre en valeur l’écosystème du mont Mukinya (Tourisme, multiplication des espèces
animales et végétales, exploitation rationnelle du bois et des carrières ou le tout à la fois,
etc.)
� Pour une meilleure protection, le mont Mukinya étant un des rares écosystèmes de la
province et de la commune Ngozi potentiellement riche en ressources naturelles mais
exposé aux menaces de dégradation, des démarches doivent être effectuées pour le
classer parmi les espaces protégés. En effet, l’article 75 du code de l’environnement du
Burundi stipule que :
« Lorsque la conservation d'un milieu naturel sur le territoire de la République présente un
intérêt spécial et implique la préservation de ce milieu contre toute intervention humaine
susceptible de le dégrader ou de le modifier, toute portion du territoire national, terrestre ou
maritime, peut être classée en aires protégées sous forme de parc national ou en réserve
naturelle dans les conditions prévues par la législation régissant cette matière.
43
La décision de classement est prise par décret et est précédée d'une enquête publique menée
par l'administration de l'Environnement en collaboration avec les autres services administratifs,
les collectivités locales et les populations concernées. Les modalités de cette procédure sont
fixées par une ordonnance du Ministre chargé de l'Environnement ».
� Créer un cadre de coordination des acteurs intervenant pour la remise en état du mont
pour mieux garantir l’efficacité de leurs actions
� Promouvoir la protection du mont par l’installation d’un dispositif antiérosif (creusement
des fossés d’infiltration le long des courbes de niveau et plantation des haies
antiérosives.
� Reconstituer le couvert végétal sur un programme préalablement établi et au besoin,
chercher un ou des partenaires avec lesquels une convention environnementale peut
être signée. Cette dernière est signée entre un représentant du gouvernement et un
organisme représentatif en vue de prévenir la dégradation de l’environnement, d’en
limiter ou neutraliser les effets ou de promouvoir une grande gestion efficace de
l’environnement (Art D82 SPW, Code de l’environnement, livre 1er, 14 décembre 2012)
� Etablir une planification des activités de restauration du mont, sensibiliser la population
en particulier celle des collines riveraines au risque qu’elle court face à la dégradation
continuelle et l’inciter à participer activement aux actions de remise en valeur de ce
milieu. Il s’agit d’élaborer un programme de reconstitution végétale du milieu avec les
communautés locales qui vise à impliquer les populations riveraines dans la gestion et
dans la surveillance.
� Encourager la création des associations de protection de l’environnement et leur trouver
des cadres de formation dans ce domaine
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b) Aux populations riveraines du mont Mukinya
� Prendre conscience du principe que les menaces du mont Mukinya sont en même
temps les leurs. Les gens doivent s’organiser pour mener des actions afin de
protéger la montagne et de se protéger eux-mêmes.
� Sachant que les auteurs des actions anthropiques sont pour la plupart ressortissants de
ces collines riveraines, c’est à eux de prendre l’initiative de renoncer à ces actions
nuisibles à leur environnement et de s’organiser pour veiller à la préservation
environnementale de ce milieu.
� Les habitants des collines riveraines doivent être disponibles pour collaborer avec les
services techniques de l’environnement, l’administration et les autres acteurs
intervenants sur le mont en vue de favoriser le travail en synergie.
45
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Bulletin scientifique de l’Institut National de l’Environnement et de la Conservation de la
Nature. Bulletin N0 8. Numérotation spécial dédié à l’année internationale de la diversité
biologique 2010. Bujumbura, juillet 2010
2. Conseil de l’Europe, naturopa N0 94/2000 FRANÇAIS. L’environnement en milieu
urbain.
3. Décret-loi N0 100/55 du 05 avril 2010 portant publication des résultats définitifs du
troisième recensement de la Population et de l’habitat de 2008.
4. Gouvernement du Burundi/BAD. Plan de gestion environnemental et social du
PABVARC, octobre 2012. Projet d’aménagement des bassins versants et de
l’amélioration de la résilience climatique au Burundi
5. INECN, novembre 2013. Plan stratégique d’investissement et de mobilisation des
ressources financières dans le domaine de la biodiversité 2013-2020.
6. Loi No 1/010 portant code de l’environnement de la République du Burundi, 30 juin
2000
7. Monographie de la commune Gahombo, septembre 2006
8. Monographie de la commune Muhanga, septembre 2006
9. Monographie de la Commune Ngozi, septembre 2006
10. Monographie de la province Karana, septembre 2006
11. Monographie de la province Ngozi, septembre 2006
12. NINDORERA Damien et RUZIMA Salvator. Bujumbura, septembre 2003. INECN.
Renforcement des capacités pour la mise en œuvre de la stratégie nationale et plan
d’action en matière de diversité biologique. Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), projet SNPA-DB/BDI/98/G31 Rapport définitif.
13. NIVET Cecile , Doyle MC KEY et Claude LEGRIS 2010, Paris, GIP Ecofor-MEEDDM.
Connaissance et gestion des écosystèmes tropicaux. Résultat du programme de
recherche « Ecosystèmes tropicaux » Coordination. 208p. Ministere de l’Ecologie, de
l’Energie, de développement durable et de la Mer, en charge des Technologies verts et
des Négociations sur le Climat.
46
14. NYENGAYENGE Diomède, octobre 2002. Etude de cas d’aménagement forestier
exemplaire en Afrique centrale : la gestion participative des plantations forestières de
Magara, Burundi. -www.gazetteering.com/africa/burundi/430686-mukinya.html -
www.cons-dev.org/elearning/companat/T1/INTRO/IntroI.html
15. NZIGIDAHERA Benoit (Consultant National). 2000. Stratégie Nationale et Plan
d’action en matière de la Diversité biologique : SNPA-DB. Rapport final de l’étude
d’inventaire. Thème : Analyse de la diversité biologique végétale nationale et
identification des priorités pour sa conservation.. Bujumbura, janvier 2000.
16. NZIRIKWA Anaclet (Consultant Burundais), 2005. Suivi du processus de l’application
des législations forestières et la gouvernance en Afrique (AFLEG). Cas du Burundi.
Bujumbura, juillet 2005
17. Service public de Wallonie, Direction générale opérationnelle d’Agriculture, des
Ressources naturelles et de l’Environnement : Code de l’environnement, Livre 1er.
Dispositions communes et générales, 14 décembre 2012.
18. Union internationale de la Conservation de la Nature-Parcs et réserves du Burundi
(UICN ). Evaluation de l’efficacité de la gestion des aires protégées.
47
ANNEXES
48
GUIDE D’ENTRETIEN SEMI STRUCTURE
Introduction (pour tous)
Le mont Mukinya est un milieu naturel qui ne fait pas partie des aires protégées au Burundi. C’est une zone dont les ressources naturelles très utiles pour le pays sont exposées aux différentes menaces (surexploitation végétale, feux de brousse, occupation du sol, surpâturage, etc.). Celles-ci sont liées au mode de vie de la population, taux de croissance démographique très élevé et aux faibles connaissances sur la protection de l’environnement.
Quel est votre commentaire ?
Entre autre mesures de protection, c’est l’application du code de l’environnement du Burundi dont l’article 4 stipule que la conservation de l'environnement, le maintien ou la restauration des ressources naturelles, la prévention et la limitation des activités et phénomènes susceptibles de dégrader l'environnement et d'entraîner des atteintes à la santé des personnes et aux équilibres écologiques, la réparation ou la compensation des dégradations qu'aura subies l'environnement sont d'intérêt général.
Ceci veut dire que la protection du mont Mukinya est une affaire qui interpelle la participation de tout le monde sans exception : les pouvoirs publics, la population, les privés, les differentes communautés sociales et professionnelles, les associations, les organisations nationales et internationales, etc.
Quel est votre avis sur la protection de ce milieu ?
ECHANTILLON N01
Anciens des ménages et chefs de collines riverain s
Informations sur l’état du mont à l’époque
1. Depuis quand le mont Mukinya a commencé à se dégrader ? 2. Quel était son état environnemental avant le début de la dégradation ? 3. état de la flore (les espèces les plus fréquentes, les éventuelles exploitations etc) 4. état de la faune (les animaux les plus fréquents, etc) 5. état du sol (les éventuelles formes d’exploitation, etc.)
49
Informations sur les menaces du mont
1. Citer les menaces de dégradation du mont Mukinya (en donnant le degré de pression pour chaque menace)
2. Suite à ces menaces, quel est l’état environnemental actuel du mont Mukinya au niveau de :
a) La flore (patrimoine végétal) ? b) La faune (patrimoine animal) ? c) Du sol (état d’exploitation) ?
Informations sur les causes qui expliquent les mena ces de l’écosystème du mont
A votre avis, quelles sont les raisons qui poussent les gens à se livrer à ces actes qui dégradent le mont Mukinya ?
Informations sur les solutions aux menaces et sur le modèle efficace de protection
1. Quels sont les efforts déjà faits ou en cours pour faire face à ces menaces ? 2. Pour chacune des menaces citées, Proposez des solutions 3. A chaque solution donnée, proposez comment elle sera appliquée (mode d’application)
ECHANTILLON N0 2
Inspecteur régional des forets et chef d’antenne ré gional de l’amenagement du territoire
1. Quelles sont les pressions de dégradation qui s’exercent sur le mont Mukinya ? 2. A votre avis, quelles sont les raisons qui poussent les gens à se livrer à ces actes qui
dégradent le mont Mukinya ? 3. Quels sont les efforts déjà faits ou en cours pour faire face à ces menaces ? 4. Quelles sont les solutions du ministere en charge de l’environnement pour lutter contre
ces pressions ? 5. Comment ces solutions sont-elles appliquées pour une protection efficace de ce
milieu ? 6. Citez d’autres stratégies complémentaires en application pour la protection du mont
Mukinya ?
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ECHANTILLON N0 3
Autorités communales et provinciales de Ngozi
1. A votre avis, quelles sont les raisons qui poussent les gens à se livrer à ces actes qui dégradent le mont Mukinya ? Quelles sont les pressions anthropiques exercées sur le mont Mukinya ?
2. Quels sont les efforts déjà faits ou en cours pour faire face à ces menaces ? 3. Quelles sont les solutions de l’administration pour lutter contre ces pressions ? 4. Comment sont-elles appliquées ?
ECHANTILLON N0 4
Autres acteurs intervenant sur le mont Mukinya
Quelles sont vos activités exercées et déjà réalisées sur le mont Mukinya ? Pour quelles menaces du mont intervenez-vous ? Quelles sont, selon vous, les autres menaces qui mettent en danger le mont Mukinya ? Quelles sont vos solutions à ces menaces et comment pensez-vous appliquer ces solutions ?
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QUELQUES PHOTOS
1. Une des espèces végétales les plus abondantes (U mukenkekenke : Hyparrhenia diplandra)
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2. Une des espèces végétales les plus abondantes su r le mont (Ishinge : Eragrostis)
53
3. Une des espèces végétales les plus abondantes su r le mont (Umuyange : Eriosema mirabile)
54
4. Fougères abondants dans les ravins de la pente d u mont
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5. Buisson dans un ancien ravin abritant quelques r ares petits animaux sauvages