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FEDERATION DES ASSOCIATIONS PAYSANNES DE LOUGA
ETUDE SOCIO ECONOMIQUE DE LA ZONE
D’INTERVENTION DE LA FAPAL
Février 2012
TERMES DE REFERENCE DE LA MISSION
1. Estimer l’étendue, la sévérité et la durée probable des changements dans la
disponibilité de la nourriture (y compris le fonctionnement des marchés), les moyens
de subsistance, l’accès et l’utilisation de la nourriture au niveau des ménages ;
2. Evaluer selon les profils des campagnes agricoles les Disponibilités alimentaires et
fonctionnement des marchés (propre production des ménages, fonctionnement des
marchés, disponibilité des produits sur les marchés ;
3. Moyens de subsistance et principales sources de revenu en proportion des ménages ;
4. Dépenses alimentaires et non alimentaires Répartition des dépenses alimentaires dans
les dépenses totales du ménage, La caractérisation des organisations, en levant les
différentes typologies : les activités économiques en cours, les revenues par activités et
par ménage, les modes de gestion des revenues. Changements dans les dépenses
alimentaires et non alimentaires du ménage : les dépenses alimentaires, Déterminer les
principales denrées consommées dans les zones de l’étude et les modalités
d’utilisation ; De déterminer les tendances de consommation ;
5. Consommation alimentaire et Variation du régime alimentaire des ménages. Identifier
les zones et populations où la sécurité alimentaire a été plus affectée; Cerner les causes
de l’insécurité alimentaire ; Déterminer les capacités des différents groupes de la
population de faire face à l’insécurité alimentaire, Stratégies adoptées pour faire face à
la crise Stratégie d’adaptation
6. Dresser le profil sommaire de la pauvreté : estimation du nombre de ménages touchés
et profils des ménages, tableau des indicateurs de pauvreté :
disponibilité en nourriture et couverture des besoins sur l’année
accès aux services économiques de base
les dépenses des ménages (part des dépenses alimentaires, par des dépenses de
santé, les dépenses annuelles par tête
le Taux de ménages pauvres
la priorité des ménages
SOMMAIRE
AVANT PROPOS .................................................................................................................................................................. 1
A. PREPARATION ET CONDUITE DE L’ETUDE ........................................................................................................... 4 1. Phase de préparation ............................................................................................................................. 4 2. Méthodologie ......................................................................................................................................... 5
B. PROFIL GENERAL DE LA REGION DE LOUGA ........................................................................................................ 6
1. Population et pauvreté ........................................................................................................................... 6 2. Secteur agricole régional ........................................................................................................................ 6
C. CARACTERISATION SOCIO-ECONOMIQUE DES EXPLOITATIONS FAMILIALES .................................................... 8
1. Compréhension du concept « ménage rural » et exploitations familiales ............................................. 8 2. Le foncier et les modes de gestion des terres des exploitations familiales ........................................... 9 3. Population active et main-d’œuvre agricole ........................................................................................ 11 4. Le niveau d’équipements ..................................................................................................................... 12
4.1. Les animaux de traits ..................................................................................................................... 12 4.2. Le matériel agricole ....................................................................................................................... 13
5. Revenus des exploitations .................................................................................................................... 13 6. Dépenses de fonctionnement des exploitations .................................................................................. 15 7. Les capacités de production ................................................................................................................. 16
7.1. Superficies ...................................................................................................................................... 16 7.2. La production ................................................................................................................................. 17
8. Consommations et couverture des besoins alimentaires .................................................................... 18 9. Quels avis des exploitations sur leurs conditions actuelles .................................................................. 19
D. PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS .................................................................................... 20
1
AVANT-PROPOS
Avec l’élaboration du DOS, la FAPAL s’est résolument engagée dans des perspectives
nouvelles, marquées par une volonté d’introspection devant conduire à une meilleure
appréciation de ses forces et faibles, des réalités socio économiques qui prévalent dans sa
zone d’intervention. La FAPAL a jugé indispensable de se connaitre d’abord pour mieux
articuler son discours au parcours qu’elle s’est fixé pour appuyer les organisations de base et
les exploitations familiales.
Ce souhait d’introspection et d’auto évaluation, met le système FAPAL dans sa globalité au
cœur d’un questionnement simple : « où en sommes nous, et que devons nous faire », « ce que
nous souhaitons, ce que nous n’acceptons pas ». Cette démarche participative est importante
car elle donne une assise populaire et consensuelle à son intervention, chaque frange de la
société se retrouve dans les actions et programmes. La démarche donne du crédit aux
programmes de la FAPAL dans la mesure où elle permet d’avoir une perception plus juste des
réalités, par exemple le point de vue des ménages et leur savoir faire contribuent à mieux
apprécier la couverture des besoins alimentaires et par conséquent elle participe à renforcer
les niveaux de pertinence de la lutte contre l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, la démarche
d’auto évaluation, permet aussi à la FAPAL d’enrichir ses projets par des données nouvelles
qui sont d’ordre socio culturel, comme des savoirs faires locaux crédibles, adaptés au
contexte, efficaces, pertinents, durables et à moindre coût.
La présence dans la zone d’un dispositif dense d’encadrement du monde rural constitué par
les services techniques des ministères ayant en charge le développement agricole et rural,
offre aux producteurs des opportunités d’améliorer leurs pratiques techniques et
organisationnelles. En dépit des apports du dispositif d’encadrement régional, la FAPAL juge
que nombre de questions fondamentales à l’émergence économique des EF, ne sont
parfaitement prises en compte. Le monde paysan a évolué et les mutations internes que vivent
les EF justifient la mise en œuvre d’une démarche d’accompagnement plus adaptée et
inclusive. La démarche permet :
(i) de substituer l’encadrement classique généralement dirigé vers des filières, par la
démarche d’accompagner un projet familiale
(ii) de considérer les groupements et associations villageoises, comme des
prolongements naturels des EF, et d’amplifier l’action des EF. Le passage par les
OP permet de porter des enjeux plus globaux comme les questions touchant la
sécurité collective des ménages, l’accès aux facteurs sociaux de base, la gestion
des ressources naturelles, l’approvisionnement en semences et autres intrants etc.
La stratégie d’appui au monde rural doit avoir comme pivot l’EF, qui est le premier niveau
d’organisation, de planification et d’action pour agir et améliorer profondément et
durablement les conditions de vie des populations rurales. L’EF met en jeu des mécanismes
de fonctionnement moins sectoriels, plus globaux, et en tant qu’unité de production son
développement demande un appui plus conséquent en moyens financiers et techniques.
L’appui aux EF dicte une bonne articulation entre les activités de production, la
commercialisation, la transformation des produits agricoles, le financement des activités
agricoles et non agricoles, la gestion des ressources naturelles.
2
Pour mieux répondre aux exigences qu’impose un encadrement efficace des EF, la FAPAL
s’est dotée d’un dispositif paysan pour améliorer et renforcer le suivi, l’évaluation des
activités des EF. Ce dispositif, n’entre pas en concurrence avec les services techniques
d’encadrement, il vient en appoint. Le dispositif FAPAL est composé par des animateurs, des
assemblées de famille, experts intervenant de manière ad hoc. Chaque élément du dispositif a
une utilité particulière :
(i) Les assemblées de famille ont acquis de l’expérience dans la gestion et
l’organisation, cela grâce aux activités de sensibilisation, d’animation et de
formation. Ces assemblées privilégient de nouvelles pratiques de gestion socio-
économique basées sur la concertation, la transparence et l’implication des jeunes
et des femmes dans la prise de décision sur les questions essentielles touchant la
conduite des projets économiques de la famille ;
(ii) L’animateur constitue un relais important entre la coordination de l’association et
les EF ;
(iii) Les cellules spécialisées ou commissions ad hoc de la coordination entretiennent
avec les EF un processus continu de collecte et de remonté d’informations, après
analyse les conclusions sont renvoyées alimenter les EF ;
(iv) Les compétences extérieures mobilisées dans le cadre de conventions partenariales
liant FAPAL a aux services techniques des ministères (ISRA, ANCAR, etc.), ou
provenant des plate formes comme les CLCOP, et le recours aux services de
consultants et experts sur des questions relevant de politique, de stratégie agricole
ou ayant un caractère pointu.
3
Les deux premiers éléments (assemblées de familles et animateurs) constituent une sorte
d’observation sur les EF qui facilite la collecte et analyse participative des informations, la
prise de bonnes décisions notamment en ce qui concerne la sélection des micros projets des
EF, l’élaboration de mécanismes de mise en œuvre de ces micros projets. La qualité des
analyses et des prises de décision montre combien le partenariat avec les services des
ministères et le recours aux experts consultants a bonifié l’action de l’association. La FAPAL
se construit progressivement une base de données et d’informations dont la capitalisation et
l’exploitation permettent à l’améliorer l’argumentaire pour dialoguer d’égal à égal avec
l’environnement institutionnel au niveau de la région et au plan national.
La FAPAL commence à avoir une influence sur la stratégie agricole de la région de Louga. Sa
banque de données et d’informations permet orienter les opérations et les services d’appui aux
EF comme les services de formation, d’appui conseille et d’organisation, le service du crédit,
le marché des produits agricoles, l’impact de l’exode et de l’immigration.
4
A. PREPARATION ET CONDUITE DE L’ETUDE SOCIO ECONOMIQUE
1. Phase de préparation
La présente mission s’inscrit en droite ligne du principe de « se connaitre pour mieux agir »,
elle participe à l’amélioration des capacités de capitalisation des informations et données
collectées par la FAPAL. Les résultats issus des analyses des données et informations sur
l’environnement socio-économique de la zone d’action, vont servir à alimenter un processus
d’élaboration de propositions de programme d’action, avec pour objectifs :
renforcer l’action économique de la FAPAL afin de créer et promouvoir des initiatives
économiques dans un esprit de réduction de la pauvreté, de la sécurité alimentaire, et
de développement durable.
Influencer la politique de développement rurale de la région de Louga, et défendre les
intérêts des paysans,
Innover par un développement organisationnel qui donne des responsivités aux OP
pour améliorer les conditions de vie de leurs membres
La préparation l’étude, a donné lieu à des échanges entre le consultant et l’équipe dirigeante
de la FAPAL, cela aux fins de s’accorder sur les termes de référence et surtout d’harmoniser
les compréhensions sur les résultats attendus. Une première trame de la mission a été élaborée
par les deux parties, il s’en est suivi une série d’échanges pour déboucher sur une version
définitive des TDR et l’organisation des enquêtes.
Comme pour la phase élaboration des TDR, la phase de lancement de l’étude a fait objet
d’échanges utiles entre le consultant et la Coordination de l’association, ceci pour s’accorder
sur l’organisation générale des activités de terrain et le format du Programme d’appui aux EF
qui sera élaboré à partir des conclusions de l’étude. Une fois le format du programme défini,
le consultant à procédé à une mise à niveau des animateurs de la FAPAL sur les objectifs de
l’étude, le contenu du guide d’entretien, ce qui a permis de partager la problématique de
l’étude, et de finaliser la méthodologie (questionnaire, échantillonnage, choix des villages et
des ménages).
5
2. Méthodologie
Il avait été retenu d’enquêter sur un minimum de 180 EF dans les deux départements de
Louga et Kébémer. Il a été arrêté la taille approximative de l’échantillon des ménages à
enquêter dans chaque village, celui-ci devait être limité à 30% au maximum du nombre des
EF du village. Cette disposition n’a pas été toujours maintenue à cause de la forte variation
dans la structure démographique des villages et il a fallu parfois jumeler des villages du même
voisinage. Sur la base de la liste de l’ensemble des ménages du village détenue par le chef de
village, l’équipe a procédé à un tirage aléatoire pour obtenir l’échantillon requis. Dans
certains cas, une unité d’habitation peut être considérée, de façon erronée, comme un ménage.
Dans ce cas, ces ménages doivent alors être enquêtés de façon séparée.
Le dispositif d’enquête a été instruit sur le contenu du guide d’entretien, le support de
l’enquête, la définition du champ d’application du guide, la constitution des pools
d’enquêteurs et les modalités du test du guide. Cette étape préparatoire a été clôturée par le
test et la mise à jour du guide d’entretien. Finalement il a été retenu d’appliquer l’enquête sur
un échantillon de 150 exploitations familiales tirées d’une population globale de 480
exploitations. Les exploitations enquêtées sont réparties sur 16 villages.
L'objectif du questionnaire "ménage" est de procéder à l’identification et au dénombrement
des ménages des différents villages et de recueillir des informations sur les chefs de ménage
et les autres membres du ménage exerçant une activité agricole ou non. Le questionnaire
comporte cinq modules :
1) Caractérisation du ménage ;
2) Patrimoine et facteurs de production agricole ;
3) Caractérisation de l’activité sur l’exploitation agricole ;
4) Consommation et dépenses ;
5) Trajectoires et projets d’activités.
Pour le traitement des données, le logiciel Census and Survey Processing System (CSPro) a
été utilisé pour la saisie et le Statistical package for social sciences (SPSS) pour le contrôle de
cohérence, l'apurement, la tabulation et la production des tableaux statistiques. Compte tenu
de la lourdeur du questionnaire, il a fallu trouver une solution informatique conviviale, facile
d’utilisation et d’un niveau de fiabilité acceptable pour la saisie des données. C’est ainsi que
le choix a été porté sur le logiciel Census and Survey Processing System (CSPro) qui est une
compilation des logiciels IPMPS (Integrated Microcomputer Processing System) et ISSA
(Integrated System for Survey Analysis). C’est un logiciel qui au-delà de la saisie, permet de
procéder à un contrôle de structure et d’avoir un premier aperçu de la répartition des données
des variables utilisées. Le logiciel Statistical Package for Social Sciences (SPSS) a été utilisé
pour le contrôle de cohérence, l'apurement, la tabulation et la production des tableaux
statistiques. Ce choix a été dicté par plusieurs raisons dont le professionnalisme du logiciel
SPSS largement connu et également sa puissance de calcul et les grandes facilités qu’il offre
dans la production des tableaux statistiques.
6
B. PROFIL GENERAL DE LA REGION DE LOUGA
1. Population et pauvreté
La population de la région est estimée à 831 309 habitants en 2009 avec un taux
d’accroissement moyen annuel de 2,7%. La région de Louga concentre à peu près 6% de la
population nationale sur un territoire représentant 12% de la superficie du Sénégal soit une
densité moyenne de 33 habitants au kilomètre carré en 2009 avec des disparités entre les
différents départements. Globalement, la répartition de la population par sexe fait ressortir une
légère prédominance des femmes. Le rapport de masculinité est de 95 hommes pour 100
femmes. Cette situation pourrait s’expliquer par la forte mobilité des hommes surtout celle
des jeunes garçons vers d’autres cieux plus cléments. La région de Louga est rurale p Un peu
plus de quatre Lougatois sur cinq (86,3%) résident en zone rurale.
La région de Louga connait à une forte mobilité des populations (nomadisme et transhumance
des peuls, migration internationale).Certaines zones se dépeuplent également au profit de
Darou Mousty et de Touba. Globalement, l’évolution des indicateurs reflète une augmentation
de la pauvreté au cours des cinq dernières années. Le nombre total de ménages au niveau
régional est estimé à 68 730 par l’ESPS en 2005-2006 dont 54 987 en milieu rural et 13 743
en zone urbaine. La proportion de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté est estimée
à 65%. Le département de Louga concentre 42% de la population régionale contre 30% et
28% pour Kébémer et Linguère respectivement. La plus forte densité se rencontre dans le
département avec 67 habitants au km2 Linguère qui occupe 62% de la superficie régionale est
marqué par une densité très faible de 15 habitants au km2, bien inférieure à la moyenne
régionale.
Les dernières estimations fixent la population émigrées à 53000 personnes répartis entre la
Mauritanie voisine (12%), l’Italie (55 %), la France (13 %) et l’Espagne (11 %) pour le
continent européen.
La pauvreté touche 65,6% des ménages de Kébémer et 62,4% dans le département de Louga.
Les proportions de populations pauvres s’élèvent à 71,8% et 63,8% respectivement pour les
départements de Kébémer et Louga. Le milieu rural est plus touché par la pauvreté (67,5%
des ménages et 71% de la population). L’incidence de la pauvreté des ménages en ville est de
55% contre 56,6% pour les individus.
2. Secteur agricole régional
La région est comprise entre les isohyètes 200 et 400 mm. Sur la dernière décénie, les
précipitations sont passées de 310,6 mm à 474,3 mm avec des variations relativement fortes
d’une année à une autre. Sur le plan agro écologique, la région peut être divisée en quatre
zones :
7
- La zone du vieux bassin arachidier : Elle correspond aux départements de Kébemer
et de Louga, en dehors de la bande maritime des Niayes et au pourtour du lac de
Guiers et d’une partie de la vallée fossile du Ferlo. La culture de l’arachide s’y est
développée au fur et à mesure de la construction du chemin de fer Dakar-Saint-Louis
dans les années 1880 sur les sols diors, peu lessivés et dégradés en surface. Les
systèmes de production sont basés sur la culture du mil souna à cycle court, de
l’arachide, du niébé et de l’élevage de petits ruminants. Avant même les sécheresses
de la fin des années 1960, les populations ont massivement migré vers l’Est et le Sud-
Est dans les régions de Diourbel et de Kaolack attirées par la colonisation arachidière
sous la conduite des marabouts de la confrérie mouride. Les sécheresses citées plus
haut ont accéléré l’exode rural vers les villes, principalement Dakar et vers les pays de
la sous-région et, phénomène nouveau, vers l’Europe.
- La zone des Niayes constitue une mince bande de terre le long de la côte atlantique
(arrondissements de Ndande et Sakal). Les populations installées sur le littoral
combinent des activités de pêche artisanale et de culture maraîchère grâce à la nappe
phréatique qui affleure dans les bas-fonds et les alizés marins qui offrent un
microclimat favorable. Ces cuvettes sont aujourd’hui menacées par l’avancée des
dunes de sable et l’invasion de la nappe phréatique par le biseau salé. Des projets
d’exploitation des sables titanifères de la côte et des projets touristiques sont envisagés
dans cette zone.
- La zone du pourtour du lac de Guiers. Le lac est un défluent du fleuve Sénégal avec
son prolongement, la vallée fossile du Ferlo. Les aménagements hydro-agricoles du
fleuve permettent le développement de l’horticulture dans cette zone qui était
principalement une zone d’agriculture et de pâturages de décrue contrôlée par les
pasteurs peuls. De grandes entreprises horticoles ont commencé à s’installer dans la
zone et constituent une menace pour l’élevage même si elles représentent une source
d’emplois par l’embauche par exemple d’ouvriers agricoles. Le lac constitue aussi la
principale source d’alimentation en eau potable pour la capitale sénégalaise et pour
d’autres villes comme Thiès.
- La zone Sylvo-pastorale correspond principalement au département de Linguère. Elle
est le cœur de l’élevage Sylvo-pastorale pratiquée par les peuls et la cueillette des
fruits sauvages. Sa position permet des transhumances de saison sèche du bétail vers la
vallée du fleuve Sénégal et vers les régions plus au sud. Celles-ci se heurtent de plus
en plus à l’opposition des populations autochtones et à la disparition des terres de
pâturage et des voies de transhumance. Ces évolutions, la faible pluviométrie et les
sécheresses de plus en plus fréquentes fragilisent, sinon mettent en péril l’élevage
pastoral.
8
La capitale régionale ne joue pas un rôle important en termes de polarisation. La partie ouest
et centre (départements de Louga et de Kébemer) est fortement polarisée par la capitale Dakar
qui se trouve à 203 km au sud et très peu par la ville de Saint-Louis, à 70 km au nord. La
partie Est de la région (département de Linguère) est fortement polarisée par la ville de
Touba, centre religieux de la confrérie mouride, devenue la deuxième ville du pays et qui
connaît une croissance démographique largement supérieure à celle de Dakar (12% contre
4%).
En 2009, la région de Louga concentrait 13,62% des superficies totales emblavées (2.989.609
hectares) dans le pays. Les emblavures, toutes spéculations confondues, sont passées de
307591 hectares en 2008 à 407319 ha pour 2009, soit une augmentation de 99728 ha en
valeur absolue et 32,4% en termes relatifs. Les emblavures pour l’arachide ont connu une plus
grande hausse relative (75%) entre 2008 et 2009. Les superficies réservées à la culture du
Niébé ont baissé de 20%. Pour les céréales (mil et sorgho), les emblavures sont en hausse de
44% par rapport à la précédente campagne. Les moyennes départementales en termes de
superficies cultivées sont pour le département de Louga : 106704 ha en arachide, 30098 ha en
mil 53 081 ha en niébé et 8893 ha en sorgho, pour le département de Kébémer : 48 400 ha en
arachide, 37 697 en mil et 22 447 en niébé.
Pour la campagne 2009, la production globale (arachide, mil, niébé et sorgho) est évaluée à
240804 tonnes contre 160650 tonnes l’année précédente soit une hausse relative de 49,89%.
Sauf le Niébé en régression, les autres spéculations ont connu une augmentation de
production en 2009. La production céréalière (mil et sorgho) a augmenté de 6310 tonnes en
valeur absolue passant de 47902 tonnes en 2008 à 54212 tonnes en 2009 soit 13,2% en terme
relatif. La production arachidière a augmenté de 161% alors que celle de Niébé a chuté de
34,24%.
C. CARACTERISATION SOCIO ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS
FAMILIALES
1. Compréhension du concept « ménage rural » et exploitation familiale
Le secteur agricole et rural reste encore largement dominé par le mode familial d’organisation
de la production. Le ménage rural se définit comme un groupe familial résidant en milieu
rural au sein duquel s’organisent la production agricole et/ou non agricole, la préparation et la
consommation des repas. Traditionnellement, le ménage rural se confond avec le ménage
agricole ; toutefois, on note de plus en plus que la nourriture du ménage rural provient de
moins en moins de la production ou des revenus tirés de l’agriculture au sens large :
production agricole, élevage, pêche et foresterie.
L’unité familiale de production et de consommation ne coïncide pas forcément avec l’unité de
résidence. Historiquement, ce sont des familles larges ou segments de lignages (trois à quatre
générations) qui sont regroupées au sein de la même concession. Les droits fonciers du
groupe sont familiaux et gérés par l’aîné. Celui-ci détient l’autorité sur l’ensemble du groupe
familial et organise la production et l’affectation des biens produits au profit de la famille.
Avec l’augmentation de la taille du groupe, celui-ci doit, à un moment ou à un autre, se
scinder.
9
En général, c’est le frère puîné qui s’émancipe avec ses frères utérins et leurs épouses et
descendants. Le nouveau groupe ne quitte pas forcément la concession. Il se voit attribuer une
partie des terres du domaine familial suivant ses propres besoins et les disponibilités foncières
et s’organise pour sa production et sa consommation. L’émancipation peut aussi être le
résultat d’un conflit entre l’aîné et un de ses frères.
La différenciation des structures de production dépend donc de plus en plus de trois facteurs
essentiels : la disponibilité foncière, la fragmentation par le jeu des héritages et les rentrées
d’argent de l’extérieur. La notion d'exploitation agricole familiale, correspondant initialement
au concept traditionnel « Terres Travail Capital », évolue de plus en plus en fonction des
opportunités d'emplois extérieurs (dans le pays et hors du pays). Avec les départs d’actifs à la
recherche des revenus complémentaires hors du village, ce concept a évolué vers une
combinaison « Terre Travail Capital et Opportunité d'emplois extérieurs » faisant de ces
unités paysannes des unités d'attache évoluant plus vers des unités de survie ou ménages
ruraux, combinant des activités agricoles comme non agricole pour faire face à la pauvreté
(Faye et alii, 2006 ; Debouvry 2007). Compte tenu des mutations en cours en milieu rural
(exode rural, pauvreté, responsabilisation de plus en plus importante des femmes), le ménage
rural a été retenu comme unité d’observation et d’enquête. En effet, la prise de décision n’est
plus déterminante pour caractériser un ménage, avec un chef seul à décider de la répartition
du travail. Dans certains cas, le fils qui se trouve en migration gère de fait l’organisation
quotidienne du ménage et exerce une influence prépondérante sur les orientations prises, les
performances et la viabilité économique de l’exploitation. La principale caractéristique
retenue est celle du njël (cuisine) en Wolof. Le ménage est défini ici comme une unité de
consommation autonome, organisé autour de ceux qui prennent le repas ensemble.
Habituellement, cette unité est caractérisée par une gestion communautaire de la production,
de la consommation et de l’épargne. Aujourd’hui, chaque membre du ménage, notamment les
femmes et les jeunes, organise leurs activités productives de façon autonome.
2. Le foncier et les modes de gestion des terres dans les exploitations familiales
L’analyse de la question foncière porte sur le potentiel disponible, le mode d’acquissions, les
modalités de répartition selon l’Age, le Sexe et le Ménage.
Le Nord du Bassin arachidier est caractérisé par une densité démographique assez élevée,
laissant supposer une saturation foncière. Il ressort de l’enquête que les exploitations
familiales de la zone d’intervention de FAPAL renferment un potentiel foncier souvent
consistant. La moyenne disponible en superficie tourne autour de 15 ha et le disponible
minimum est de 2 ha, avec un potentiel maximum de 130 ha répartis sur plusieurs sites. De
manière plus générale, il apparait que 75% des exploitations détiennent un potentiel foncier au
plus égal à 15 ha et 1.7% ont au moins 48 ha.
Au plan accès à la terre, les enseignements tirés de l’analyse, renseignent que : le critère lié à
l’âge n’est pas déterminent dans le mode de répartition des terres au sein de la famille, dans
84% des cas la variable âge n’est pas évoquée dans les arbitrages pour l’affectation des terres
de l’exploitation. Il en résulte de cette analyse que pour 16% des exploitations, les terres sont
exclusivement affectées aux adultes, les jeunes ne sont pas pris en compte dans les arbitrages.
10
Répartition selon l’âge
La Répartition des Terres selon les ménages est un point de vu bien sollicité dans la plus part
des Exploitations (environ 58,7%). Cependant on note que pour 41,3% des exploitations, les
modalités de répartition des terres ne sont pas définies, il n’y a pas apriori d’arbitrage, toute
répartition se fait en fonction des situations factuelles. Ainsi l’affectation de terre à un ménage
donné revêt un aspect de lègue temporel et provisoire. Cette tendance nette et explicite montre
le caractère traditionnel de partage et d’exploitation des terres ainsi que le rôle important que
joue l’héritage dans la répartition des terres.
Répartition des Chefs de Ménages selon le sexe
L’étude de la composition démographique des ménages, indique que les Chefs des
exploitations sont pour l’essentiel de sexe masculin. Les chefs de ménage homme
représentent environ 89% de la population des chefs exploitants contre seulement 9% de
femme. Ces tendances prouvent une fois de plus que les hommes sont les plus concernés dans
la gestion des exploitations familiales.
84%
15%
Aucun Mode de Répartition
Les Personnes Adultes ont plus accés aux Terres cultivables
89%
11%
Homme
Femme
11
L’analyse descriptive des variables nombre de ménage dans l’exploitation et taille de
l’exploitation renseigne que le nombre moyen d’exploitations par village tourne autour de 20
unités familiales. La taille des EF connait une forte disparité, 72% des exploitations familiales
ont au plus 3 ménages, chez 21.6% la taille moyenne est de 6 ménages, toutefois il faut noter
des cas extrêmes où des EF arrivent à contenir 14 ménages pour un poids démographique
moyen de 70 personnes. Le poids démographique est supérieur à la moyenne régionale, ainsi
7.7% des EF ont une population comprise entre 16 et 30 personnes, tandis que pour 38.7% le
poids démographique est au plus égal à 15 personnes. Ces indicateurs attestent de l’existence
de structures sociales assez hétérogènes si on s’en tient à la seule démographie des EF.
3. Population active et main-d’œuvre agricole
Le recours à une main d’œuvre hors exploitation est une pratique courante dans la zone. Le
manque de matériel agricole et la multiplicité des sites de production en sont les principales
raisons. Ainsi durant toute la campagne et tenant compte des divers sites de production, les
ratios suivants sont observés
- 67,3% voire la plus part des Exploitations utilisent au plus 5 surgas
- 18% des Exploitations utilisent entre 6 et 11 surgas.
- 12% des Exploitations utilisent entre 12 et 17 sourga.
- Environ 2,7% des Exploitations Agricoles utilisent au moins 17 surgas
12
Cette main d’œuvre extérieure vient en appoint à la main d’ouvre interne à l’exploitation qui
est tout aussi consistante. Ainsi, il est apparu que :
- 84,7 % voire la plus part des Exploitations utilisent au plus 7 personnes
- 11,3 % des Exploitations utilisent entre 8 et 10 personnes
- 2,7 % des Exploitations utilisent entre 11 et 13 personnes
- Environ 1,3 % des Exploitations Agricoles utilisent au moins 14 personnes
L’un des principaux enseignements à tirer, est la propension à palier au déficit d’équipements
par l’augmentation du travail physique.
4. Le niveau d’équipements
4.1. Les animaux de traits
De manière générale, toutes les exploitations pratiquent un type d’élevage soit pour la
consommation soit pour’ les besoins des travaux agricoles. Il apparait que la pratique
associant ces deux types d’élevage est présente dans 55.3% des exploitations, par contre on
constate une large présence des animaux de trait, 44.7% des exploitations ne disposent que
d’animaux de trait. Malgré la rigueur des conditions qui prévalent , les difficultés d’accès aux
aliments et à l’eau pour abreuver le bétail, il y a lieu de noter que celui-ci est bien entretenu,
les conditions d’élevage sont jugées satisfaisantes. Pour 45 % des exploitations la qualité de
l’entretien du bétail est jugée bonne, dans 35% des cas l’entretien reste encore acceptable, et
pour 15 % des situations les conditions d’élevage sont mauvaises à cause des difficultés
d’accès à l’alimentation et surtout aux soins vétérinaires. Ceci atteste que malgré le caractère
traditionnel de la pratique d’élevage, le bétail bénéficie encore de conditions favorables.
13
4.2. Le matériel agricole
La présence d’une large gamme de matériels traditionnels reste très dominante dans la quasi-
totalité des exploitations familiales. Le matériel tel que le semoir, la souleveuse et la houe est
présent dans 55% des exploitations, le sous équipement (parlant du nombre d’unités)
concerne 44% des EF ne disposant que du semoir, de la houe ou de la souleveuse.
Le nombre d’unités de matériels disponibles au sein des exploitations, ne doit aucunement
occulter le caractère obsolète de celui-ci, lié son l’âge, à son degré d’amortissement et la sa
qualité résiduelle. En règle générale, le matériel disponible est d’âge avancé, et il ne doit sa
survie que grâce à sa maintenance et sa réhabilitation continue après chaque campagne
agricole. Il ressort que 44.7% des exploitations disposent d’un matériel ayant plus de 10 ans
d’âge, 51% ont un matériel d’âge inférieur à 10 ans, et seulement 4.3% des exploitations
disposent de matériel ayant au plus 5 ans.
Le parc de matériel au sein des exploitations, de par sa taille et son âge, reste très en deçà des
besoins critiques. Pour palier à cette situation, les populations ont la propension de recourir à
un fort volume en main d’œuvre provenant de l’extérieur de l’exploitation, qui vient alors en
appoint à la main d’œuvre familiale interne
5. Revenus des exploitations
La revue des revenus des exploitations est faite à partir des analyses des recettes totales
annuelles générées par toutes les activités, en particulier les recettes générées par l’activité
agricole et les transferts des immigrés.
Les revenus annuels globaux moyens engrangés par exploitation peuvent atteindre 5.303.002
francs CFA. L’analyse statistique montre une grande disparité de revenu entre les
exploitations familiales, en effet 50% des exploitations ont au plus 3.165.500 francs CFA de
revenu par an ; cette même analyse permet de constater que 25% des exploitations se
retrouvent au plus avec 2.075.000 francs CFA par an, et les 25% autres ont des revenus
compris entre 3.165.500 francs CFA et 6.379.125 francs CFA.
L’importance des revenus engrangés par les exploitations s’expliquent évidemment par la
prise de conscience des producteurs à ne pas vivre exclusivement des activités agricoles.
Dans la constitution du stock ressources, les revenus tirés des activités agricoles ont le même
poids que ceux tirés des activités non agricoles. Les ressources tirées des activités agricoles se
situent en moyenne annuelle à 1.629.328 francs CFA contre 1.633.674 francs CFA pour les
activités non agricoles. Quel que soit la classe socio-économique de l’exploitation familiale
(famille riche, famille moyennement riche, famille pauvre), l’impact de l’arachide dans la
constitution des revenus est très important, ce qui témoigne de l’existence d’une stratégie de
diversification mise en œuvre par les EF. L’apport de l’arachide dans la constitution des
revenus est important, il représente 41.5% des ressources générées par les activités agricoles.
Par ailleurs les ressources annuelles injectées par les émigrés sont en moyenne de 371.667
francs CFA par bénéficiaire, et ces apports varient entre 125.000 francs CFA et 1.750.000
francs CFA. Le constat est que ces transferts ont baissé de l’ordre de 23% par rapport à 2005.
14
Diversification des sources de revenue des ménages
On note que la plus part des ménages, environ 54,70%, s’activent dans le commerce et la
transformation des produits agricoles. La principale activité de transformation concerne la
production d’huile d’arachide et de tourtereaux. Aussi, le petit commerce reste important en
volume mais il est pratiqué par 22,7% des ménages.
En définitive la caractéristique principale est l’importance des revenus hors exploitation aussi
bien pour les ménages à faibles revenus que les ménages considérés comme riches. Les aléas
climatiques, le déficit chronique de la pluviométrie et la dégradation des terres ont instruit les
populations à adopter des stratégies de survie et d’accumulation hors agriculture même si le
plus souvent cette dernière sert de soubassement à leurs activités de diversification (artisanat).
Les revenus des cultures sont assez élevés, suivis des revenus d’activités non agricoles
indépendantes, le salariat non agricole, les transferts privés et l’élevage. La structuration des
sources de revenus repose sur les revenus des activités non agricoles indépendantes qui sont
les plus importants surtout pour les classes de revenus les plus élevées. Les revenus de
cultures se placent juste après les revenus des activités indépendantes. Le salariat non agricole
est aussi une source non négligeable de revenus.
Face à l’ampleur de la crise de l’agriculture et ses conséquences, les populations ont recours à
diverses stratégies pour maintenir leur niveau de revenus : artisanat (vannerie, cuirs et peaux,
broderie et couture), petit commerce, transport hippomobile, l’élevage (notamment
l’embouche, bovins pour les hommes et ovins pour les femmes et les jeunes), la migration
interne, voire de plus en plus internationale. Cette nouvelle donne se traduit par ce qu’il est
convenu d’appeler la « nouvelle économie rurale ». La proximité des centres urbains (Louga,
St louis, Tivaouane, Touba, Thiès, Kayar, Dakar) constitue des atouts pour l’absorption de la
main-d’oeuvre, pendant la saison sèche, dans des activités non agricoles et permet
l’organisation des migrations intra-régionales. Le vieux bassin arachidier est caractérisé par
l’ancienneté de la crise de l’agriculture qui a contraint les populations de la région à
développer, outre des stratégies liées à la migration, des activités non agricoles, notamment
l’artisanat d’art (vannerie) et de services (forge). L’histoire de l’artisanat dans la région est
aussi ancienne que celle de l’implantation des populations dans cette région. Son
développement est lié à la décrépitude des anciennes escales (tout le long du chemin de fer
Thiès-Saint-Louis) et du transfert progressif du bassin arachidier vers les régions du sud.
Plusieurs formes de migration peuvent être repérées dans la région :
22,70%
54,70%
22,70% Petit Commerce
Commerce
Transformation et Commerce
15
- Déplacement des jeunes vers les côtes. Après les travaux champêtres on constate un
déplacement vers les zones côtières (Mbour, Kayar, St Louis, Joal et Hann) pour
s’adonner aux activités de pêche ou parfois salariées comme ouvrier agricole dans les
Niayes. Les retours pendant l’hivernage diminuent d’année en année. Les jeunes
préfèrent s’installer dans les villes, comme marchands ambulants, s’ils ne sont pas
tentés par la migration clandestine.
- Migration vers les centres urbains. Les villages des zones céréalières envoient leurs
filles dans les villes secondaires proches (Mekhe, Tivaoune, Thiès, Dakar) pour
travailler comme employées de maison ou bonnes. Elles s’y activent comme
restauratrices ou lingères, avec des salaires variant entre 7.500 et 25.000 F.CFA par
mois. Dans la zone manioc où la vannerie domine, la migration féminine est marginale
du fait des opportunités offertes par cette activité. Les jeunes garçons travaillent
comme des apprentis mécaniciens, des menuisiers métalliques, des maçons, des
cordonniers dans les centres urbains : Touba, Kaolack, Thiès, Saint-Louis, Mbour. Il
s’agit d’activités informelles payées à la tâche. Le salaire journalier varie entre 2.000
et 3.000 F CFA par jour. On note également des déplacements de plus en plus
importants de familles entières vers la ville de Touba. Si la plupart des familles
parviennent, en mobilisant leurs réseaux socioreligieux, à insérer professionnellement
leurs membres (filles et garçons).
Evolutions des différentes Recettes sur le Total des Recettes
6. Dépense de fonctionnement des exploitations
Les principaux postes de dépense sont les: dépenses en nourritures, dépenses en sante,
dépenses en éducation, dépenses dues aux cérémonies
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
50,34% 49,66%
20,89% 7,01%
Part sur les Recettes Totales
16
Ces dépenses sont de nature homogène et associent en une grande structure au sein des
exploitants. La moyenne annuelle de dépense des principaux postes de fonctionnement se
décline ainsi : dépenses de nourriture 923.642 francs CFA, dépenses de santé : 184.728 francs
CFA, éducation 230.911 francs CFA, dépenses sociales et de cérémonie : 307.881 francs
CFA. De manière globale, les dépenses de fonctionnement et d’entretien des EF se situent en
moyenne à 1.647.162 francs CFA, avec un diapason de variation très élargi allant des
extrêmes de 88.899 à 6.057.092 francs CFA par an. Naturellement, le poste dépense pour
l’alimentation est le plus important, représentant 56.1% des dépenses annuelles moyennes,
suivi des dépenses sociales et de cérémonie qui représentent 18.7% des dépenses annuelles,
les dépenses de santé représentent 11.21%, les dépenses d’éducation 14.02%. Il faut noter que
certaines exploitations sont exposées à des dépenses sociales et de cérémonie très
importantes, allant jusqu’à 1.132.167 francs CFA. De manière plus fine, il ressort de l’analyse
statistique que 25% des exploitations dépensent au plus 890.597 francs CFA.
Dépenses annuelles effectuées par les exploitants
7. Les capacités de production
7.1. Superficies
Les besoins en superficies destinées à la culture de l’arachide sont importants. Il est établi que
les exploitations ont des sites de production d’arachide implantés dans des localités et zones
différentes. Ce potentiel est renforcé par des acquisitions de terre sous forme de location ou
par des mécanismes à caractère provisoire. Il ressort que par le phénomène de remembrement
ou d’exploitation temporaire, 94% des exploitations disposent en moyenne de 10 ha au plus,
4.7% ont des superficies emblavées entre 10 et 16.4%, 1.3% cultivent sur à peu près 30 ha.
Par contre, pour un site donné, la moyenne de la superficie cultivable est de 4 ha, et les
moyennes de superficies emblavées en arachide sont de 1.1 ha, le mil 1.1 ha, le niébé 1.2 ha.
56,07%
11,21%
14,02%
18,69%
Nourritures
Santé
Education
Cérémonies
17
Potentiel moyen global exploité en mil
Potentiel moyen global affecté au niébé
La quasi-totalité (88%) des superficies allouées au Niébé sont au plus égales à 3 hectares.
7.2. La production
Les niveaux de production sont globalement faibles, en raison du faible niveau
d’intensification de la production, de la péjoration climatique et de la baisse prononcée de la
fertilité des sols. La moyenne des rendements de production est de 0.87 t pour l’arachide,
0.55 t pour le niébé et 1.2 t pour le mil. La culture du sorgho est marginale dans la zone. Les
productions moyennes tournent autour de 1.6 t de niébé, 7 t pour l’arachide, et 1.4 t pour le
mil. Les résultats de la dernière campagne agricole sont bien en deçà des moyennes énoncées,
les rendements arachide se situent entre 400 et 500 kg/ha, ceux du mil entre 600 et 650 kg/ha,
250 kg/ha pour le niébé. Ces résultats sont souvent fragilisés par des difficultés diverses se
rapportant aux conditions de conservation donc aux pertes liées aux attaques diverses qui sont
estimées à 7%.
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
<= 7,00 hectares Entre 7,01 et 24,17 hectares
Plus de 24,18 hectares
90,70%
8% 1,30%
18
7.3. Charges de production
Les principaux postes de dépense et les dépenses les plus courantes, sont les postes :
acquisition de semences (arachide surtout), réhabilitation du matériel agricole, dépenses pour
achats d’autres intrants comme les engrais et les produits phytosanitaires. En moyenne les
dépenses se chiffrent à 25.500 francs CFA pour acheter les semences, 16.038 francs CFA
pour achat d’engrais et de produits phytosanitaires, et 15.056 francs CFA pour les réparations
diverses du matériel agricole. Les dépenses les plus élevées se situent à 90.000 francs CFA
pour les frais de réparation du matériel, 67.000 francs CFA pour l’achat de semences, et
100.970 francs CFA pour l’achat de produits. Le faible volume de charges s’explique par le
fait que les semences achetées viennent en appoint aux réserves personnelles disponibles dans
les ménages, ensuite les quantités engrais sont tout à fait négligeables, la grande partie de
l’enveloppe destinée aux produits servent à acheter des produits de protection du niébé. Le
recours aux semences personnelles est une option forcée en raison de difficultés de toutes
sortes que les producteurs éprouvent à trouver des semences de qualité, en quantité suffisante
et dans le respect du calendrier cultural. Plus de 82% des exploitations affirment rencontrer de
sérieuses difficultés pour disposer de semences de qualité, l’accès aux semences, le
relèvement du niveau de fertilité des sols, le renouvellement du matériel agricole et le crédit
en général constituent des priorités les exploitations.
Répartition des EF suivant leur condition d’Accès aux Semences
8. Consommations et couverture des besoins alimentaires
Le riz, le mil et l’arachide et le niébé constituent les denrées de base de la consommation. Le riz
est acheté au commerce, tandis que les autres céréales sont produites localement. En moyenne
dans les EF, l’autoconsommation mensuelle s’élève à 44,7 Kg pour l’arachide, 89,4 kg de mil et
53,64 kg pour le niébé. Les quantités mensuelles consommées varient de 15 à 210 kg pour
l’arachide, 30 à 420 kg pour le mil et de 18 à 252 pour le niébé. En moyenne les besoins annuels
par céréale sont respectivement 536 kg pour arachide, 1072.8 pour le mil et 643.7 kg pour le
niébé.
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
Trés Difficile Pas Difficile
19
Le taux de couverture (nombre de mois d’utilisation de la production) est défini par rapport à
une année favorable ayant une bonne pluviométrie, notamment la campagne agricole
2009/2010. Pour une telle année le disponible en arachide couvre 11 mois de consommation,
le disponible en mil couvre 6 mois de consommation et le disponible en niébé couvre 8 mois
de consommation. L’analyse par la médiane, montre que pour 50% des exploitations, le
disponible en arachide ne couvre que 8 mois de consommation, le disponible en mil
seulement 4 mois de consommation et le disponible en niébé 5 mois. Il ressort de ces
évaluations que les ménages font face à un déséquilibre de consommation très marqué, le
déficit annuel de couverture des besoins en céréales par la seule production local est
important. Même en année de bonne pluviométrie la zone fait face à cette difficulté. La
période de soudure couvre plus de la moitié de l’année, ce qui est énorme.
L’approvisionnement en céréales pour les ménages, est rendu diificile par le mauvais
l’approvisionnement des marchés surtout en période de forte tension, pendant les mois de
soudure. Globalement seules 50.7% des exploitations jugent que les produits sont disponibles
sur les marchés toute l’année, contre 49.3% pour qui il y a un véritable problème
d’approvisionnement en céréales de base, problème lié soit à la faible disponibilité de stocks
ou à un prix élevé et dissuasif.
La situation de cette année 2011 reste globalement préoccupante pour 83.3% des
exploitations, les résultats de la campagne ne sont pas satisfaisants, contre 16.7% qui jugent la
campagne agricole tout juste acceptable. Cette campagne a aussi enregistré des attaques des
oiseaux sur les champs de mil dans les zones de Kelle Gueye, Mbandagne. A cette situation
est venu s’ajouter un grave problème lié à la mortalité du bétail (moutons et même touchant
des animaux de trait).
9. Quels avis des exploitations sur leurs conditions actuelles
La réflexion sur leur condition de vie constitue un thème central des assemblées de famille.
Les raisons les plus indexées sont :
(i) pour 28% des exploitations c’est l’absence ou le manque de ressources pour
explorer ou exploiter d’autres créneaux économiques supposés plus rentables que
l’agriculture,
(ii) pour 34.7% c’est la démission de l’Etat qui n’aide pas suffisamment les
producteurs surtout pour disposer de semences de qualité, dans cette rubrique
69.2% déplorent le manque de semences, d’infrastructures socio économiques de
base, notamment les forages, les cases de santé et salles de clase,
(iii) pour 37.3% la situation n’est pas irréversible, si des améliorations sont portées sur
les mécanismes de fonctionnement des marchés des produits agricoles,
particulièrement sur le circuit de collecte et de commercialisation des arachides.
Dans cette introspection, les exploitations soulèvent des contraintes qui sont fondées sur des
considérations culturelles notamment la taille des familles jugée trop large par rapport aux
capacités des ménages comme l’exprime 84% des sondés, tandis que 16% déplorent le
problème foncier et entrevoient la possibilité de déménager pendant les hivernages dans des
zones ayant encore des réserves foncières.
20
D. PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
L’étude donne des éclairages importants, notamment:
1. La proportion de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté est estimée à 65% de
la population. La pauvreté touche 65,6% des ménages de Kébémer et 62,4% dans le
département de Louga.
2. Au plan de l’assiette foncière, il ressort de l’enquête que les exploitations familiales de
la zone d’intervention de FAPAL ont un potentiel foncier souvent consistant. La
moyenne disponible en superficie tourne autour de 15 ha. De manière plus générale, il
apparait que 75% des exploitations détiennent un potentiel foncier au plus égal à 15 ha
et 1.7% ont au moins 48 ha. Il ressort que par le phénomène de remembrement ou
d’exploitation temporaire, 94% des exploitations disposent en moyenne de 10 ha au
plus, 4.7% ont des superficies emblavées entre 10 et 16.4%, 1.3% cultivent sur à peu
prés 30 ha.
3. Les exploitations utilisent un fort taux de main d’œuvre, cela pour pallier à une forte
carence de matériel agricole performent. Les EF font appel à de la main d’œuvre
extérieur en appoint à la main d’œuvre familiale, 84,7 % des exploitations utilisent au
plus 7 personnes et 67,3% voire la plus part des Exploitations utilisent au plus 5
ouvriers agricoles.
4. En règle générale, le matériel agricole disponible est obsolète, et il ne doit sa survie
que grâce à sa maintenance et réhabilitation continue après chaque campagne agricole.
Il ressort que 44.7% des exploitations dispose d’un matériel ayant plus de 10 ans d’âge
et 51% ont un matériel d’âge inférieur à 10 ans, et seulement 4.3% des exploitations
disposent de matériel ayant au plus 5 ans.
5. La productivité des EF est globalement faible. La moyenne des rendements de
production est de 0.87 t pour l’arachide, 0.55 t pour le niébé et 1.2 t pour le mil. La
culture du sorgho est marginale dans la zone. Les productions moyennes tournent
autour de 1.6 t de niébé, 7 t pour l’arachide, et 1.4 t pour le mil. Les résultats de la
dernière campagne agricole sont bien en deçà des moyennes énoncées, les rendements
arachide se situent entre 400 et 500 kg/ha, ceux du mil entre 600 et 650 kg/ha, 250
kg/ha pour le niébé.
6. Dans la constitution de revenus, on constate que les revenus tirés de l’agriculture ont
un poids sensiblement égal à ceux tirés des activités non agricoles. L’apport de
l’arachide dans la constitution des revenus est important, il représente 41.5% des
ressources générées par les activités agricoles. Par ailleurs les transferts réalisés par les
émigrés ont baissé de l’ordre de 23% par rapport à 2005. Face à l’ampleur de la crise
de l’agriculture et ses conséquences, les populations ont recours à diverses stratégies
pour maintenir leur niveau de revenus : artisanat, petit commerce, transport
hippomobile, migration interne, voire de plus en plus internationale.
21
7. L’insécurité alimentaire est fort présente dans les EF. Par exemple pour la période
2000/10, le disponible en arachide couvre 11 mois de consommation, le disponible en
mil couvre 6 mois de consommation et le disponible en niébé couvre 8 mois de
consommation. Ces chiffres cachent mal des réalités plus poignantes, ainsi pour 50%
des ménages, le disponible en arachide ne couvre que 8 mois de consommation, le
disponible en mil 4 mois de consommation et le disponible en niébé 5 mois. Il ressort
de ces évaluations que les ménages font face à un bilan céréalier profondément
déficitaire, le déficit annuel de couverture des besoins en céréales par la seule
production local est important. La période de soudure couvre plus de la moitié de
l’année, ce qui est énorme.
8. Les marchés sont en général mal approvisionnés en céréales de base, surtout en
période de forte tension, pendant les mois de soudure. En règle générale, les ménages
jugent qu’il y a un véritable problème d’approvisionnement en céréales de base,
problème lié soit à la faible disponibilité de stocks ou à un prix élevé et dissuasif.
9. Les conditions de vie et d’alimentation des populations sont devenues très difficile,
surtout après la mauvaise campagne agricole de cette année 2011, elle est jugée
préoccupante pour 83.3% des exploitations. Il y a de fortes chances que les pratiques
alimentaires soient bouleversées, que les ratios alimentaires s’appauvrissent avec une
détérioration notable de la composition et de qualité des repas, il n’est pas alors exclut
que les stocks destinés aux semences soient détournés vers la consommation.
10. La précarité est diversement interprétée, (i) pour 28% des exploitations c’est l’absence
ou le manque de ressources pour explorer ou exploiter d’autres créneaux économiques
supposés plus rentables que l’agriculture, particulièrement les semences (ii) pour
34.7% c’est la démission de l’Etat qui n’aide pas suffisamment les producteurs, dans
cette rubrique 69.2% déplorent le manque de semences, d’infrastructures socio
économiques de base, notamment les forages, les cases de santé et salles de clase (iii)
pour 37.3% la situation n’est pas irréversible, si des améliorations sont portées sur
l’amélioration de la fertilité des sols, la disponibilité de semences de qualité, sur les
mécanismes de fonctionnement des marchés des produits agricoles, particulièrement
sur le circuit de collecte et de commercialisation des arachide.
Ces conclusions rejoignent les inquiétudes de FAPAL et attestent de la pertinence du DOS.
De manière générale, les EF subissent des tensions et contraintes structurelles profondes,
dont les redressements pour améliorer la vie des populations imposent des actions
d’envergure et de rupture. Il s’agira de la lutte contre l’insécurité alimentaire, la bonne gestion
des ressources naturelles à savoir la restauration de la fertilité des sols, assurer une bonne
gestion de l’espace de production en intégrant les besoins l’élevage. En définitive, l’étude fait
ressortir des besoins prioritaires clairement exprimés par les populations, à savoir : la
disponibilité et l’accès aux semences de bonne qualité et en quantité suffisante, la bonne
fertilité des terres.
22
En conséquence de tout ce qui précède et dans des perspectives de lutte contre la pauvreté,
l’insécurité alimentaire et la dégradation des ressources naturelles, l’appui aux EF doit en
priorité porter sur les axes suivants :
1. La gestion des ressources naturelles, avec un accent porté sur la restauration durable
et la bonne de la fertilité des sols, la gestion durable des terres ;
2. L’appui à la sécurité alimentaire par la reconstitution des bases productives des
exploitations, la reconstitution d’un capital semencier de qualité
3. Le développement des marchés agricole et de la transformation des produits de base.
Ces axes prioritaires ouvrent un champ d’action très large qui dépasse et transcende les
limites de FAPAL ; ils imposent de fait un large partenariat institutionnel et opérationnel
regroupant les services techniques décentralisés des ministères, les collectivités locales, les
acteurs non étatiques, notamment les ONG et organisations paysannes, les associations
villageoises et la FAPAL. La région de Louga a déjà un Cadre de concertation et d’action qui
répond à cette exigence, et qui ne demande qu’à être redynamisé pour accompagner l’action
de la FAPAL.