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N°03 • BIMENSUEL • 70 ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 [email protected] Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles INTERNATIONAL Contre le traité transatlantique Page 3 > Concertation sociale CONCOURS 5 X 2 places de cinéma Page 4 © istockphoto.com Des résultats décevants Notre dossier en pages 8 & 9 SÉCURITÉ Données piratées, que faire? Page 5 Le compromis âprement négocié entre les syndicats et les employeurs n’a pas été approuvé par la FGTB, pour les bonnes raisons que les employeurs ont refusé de remettre en question le saut d’index et que ni la marge salariale symbolique, ni la hausse de la déductibilité des frais professionnels ne le compensent. De même la liaison des alloca- tions sociales au bien être permettra de relever les minima de 2% mais tous perdront 2% d’index. Même si de justesse dans le cas de la CSC, les deux autres syndicats ont accepté le compromis, si bien que ce texte, s’il est confirmé par le gouvernement, devient applicable. Mais le saut d’index reste en travers de la gorge de tous les syndicats et un plan d’action en front commun sera élaboré pour en obtenir la suppression ainsi que pour soutenir les autres revendications syndicales dont, la justice fiscale. ETUDE Le travail, toujours moins supportable? Page 4 13 FÉVRIER 2015 Éd. LIÈGE

FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

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Concertation sociale : des résultats décevants | Contre le traité transatlantique | Le travail, toujours moins supportable ?

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Page 1: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

N°03 • BIMENSUEL • 70ème annéeBureau de dépôt : Charleroi X

Abonnements : 02/506 82 11Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 [email protected]

Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

INTERNATIONAL

Contre le traité

transatlantique

Page 3

> Concertation sociale

CONCOURS

5 X 2places de cinéma

Page 4

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Des résultats décevants

Notre dossier en pages 8 & 9

SÉCURITÉ

Donnéespiratées,

que faire?

Page 5

Le compromis âprement négocié entre les syndicats et les employeurs n’a pas été approuvé par la FGTB, pour les bonnes raisons que les employeurs ont refusé de remettre en question le saut d’index et que ni la marge salariale symbolique, ni la hausse de la déductibilité des frais professionnels ne le compensent. De même la liaison des alloca-tions sociales au bien être permettra de relever les minima de 2% mais tous perdront 2% d’index.Même si de justesse dans le cas de la CSC, les deux autres syndicats ont accepté le compromis, si bien que ce texte, s’il est confi rmé par le gouvernement, devient applicable.Mais le saut d’index reste en travers de la gorge de tous les syndicats et un plan d’action en front commun sera élaboré pour en obtenir la suppression ainsi que pour soutenir les autres revendications syndicales dont, la justice fi scale.

ETUDE

Le travail,toujours moins

supportable?

Page 4

13 FÉVRIER 2015 • Éd. LIÈGE

Page 2: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015
Page 3: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

NAMUR

LUXEMBOURG

Le organise à ARLON

définition de la cible dans la recherche d’emploi avec un bilan des compétencesdéveloppement de son objectif au long de ces 4 mois élaboration d’une stratégie de recherche d’emploi

recherche active d’emploi outils spécifiques de recherche d’emploi (CV, lettre de

motivation, simulation, d’entretien d’embauche)

UNE FORMATION JOBCOACHING

SUIVI PERSONNALISÉ POUR DONNER UNE NOUVELLE IMPULSION À VOTRE RECHERCHE D’EMPLOI ET LES OUTILS POUR Y PARVENIR

RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS

CEPPSTRue Léon Castilhon, 86 6700 ARLON

entretiens individuels d’accueil

Pour tout demandeur d’emploi de 18 à moins de 65 ans, chômeur complet indemnisé ou en stage d’insertion

1ER mai 2015

CGSP NAMUR10h30: accueil – café

11h00: MeetingSous la présidence de Joseph THONON, président de la FGTB

Orateurs:Accueil par Joseph THONON, secrétaire intersectoriel régional de la CGSP NAMURMichel MEYER, président de la CGSPMarc GOBLET, secrétaire fédérale FGTBGuy FAYS, secrétaire régional interprofessionnel de la FGTB

12h00: APERITIF MUSICAL suivit d’un BARBECUE GEANT

Réservation obligatoire avant le 17 avril 2015par versement sur le compte n°636-3827404-0812e/adulte – 6e/enfant) communication: «SACNam 1er mai 2015»ou par téléphone: 081/72.91.12 – 081/72.91.43, fax: 081/72.91.31ou mail [email protected][email protected]

14h00 -> 19h00: ambiance musicale et animations

21h00: clôture des festivités

Maison Syndicale «André Genot»Rue de l’Armée Grouchy 41 – 5000 NAMUR

Joseph THONONSecrétaire régional intersectoriel

Page 4: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

BRUXELLES2 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

Ça bouge sur le front de l’enseignement, à Bruxelles!E

n septembre dernier, le Congrès de la FGTB Bruxelles avait relevé les défi s auxquels

l’enseignement doit faire face dans notre Région. Personne ne peut le nier: les écoles bruxelloises sont en crise. Une récente étude du Brussels Studies Institute résume très bien cette crise: à Bruxelles, l’enseigne-ment doit «faire face aux réalités d’une (petite) ville mondiale dont la population s’est accrue, rajeu-nie et internationalisée, et où la richesse des uns cohabite avec le chômage et la pauvreté des autres». La coexistence de deux systèmes éducatifs autonomes (francophone et néerlandophone) et la multitude des réseaux d’enseignement, peu structurés sur une base régionale, compliquent et orientent l’appré-hension des réalités bruxelloises. Les problèmes sont traités «en ordre dispersé». Ainsi, l’anticipa-tion de la croissance démogra-phique a été clairement défi ciente, du moins dans le chef des Com-munautés. Communes et Région ont, par contre, réagi rapidement, mobilisant de réelles compétences intersectorielles. La FGTB Bruxelles

a acquis la conviction que la voie de sortie de la crise de l’enseigne-ment n’est pas à chercher dans la régionalisation de l’enseignement. Il faut plutôt, plus pragmatique-ment, une meilleure coordination des différents acteurs en présence, afi n d’adapter la programmation des moyens scolaires aux spéci-fi cités bruxelloises. Cela suppose, vu l’urgence, de dépasser les cli-vages institutionnels. Pour la FGTB Bruxelles, la Région et les Commu-nautés doivent relever ensemble les énormes et formidables défi s de l’éducation et de la formation à Bruxelles. Des actes forts doivent être posés pour répondre aux be-soins de classes et de professeurs ainsi que pour accroître les moyens de la formation professionnelle. Surtout, il est impératif de doter Bruxelles d’un plan de législa-ture ambitieux, concerté avec les Communautés, les syndicats et les patrons. Ce plan devra œuvrer au redéploiement coordonné du système d’éducation et de forma-tion bruxellois, garantissant à tous, jeunes et moins jeunes, un accès égal à un enseignement de qualité

et à une qualifi cation profession-nelle porteuse d’avenir.

Dans ce dossier complexe, un pas important vient d’être franchi: ce 21 janvier 2015, le gouvernement a constitué une Task Force opéra-tionnelle, chargée d’engager une large concertation entre interlocu-teurs sociaux, pouvoirs publics et opérateurs d’emploi, de formation et d’enseignement.

Instance de concertation privilé-giée entre la Région et les Com-munautés, cette première Task Force réunit les représentants des patrons et des syndicats bruxellois, le Ministre-Président bruxellois, le Ministre bruxellois de l’Econo-mie, de l’Emploi et de la Forma-tion professionnelle, la Ministre francophone de l’Enseignement, le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Ministre-Présidente de la Commission communautaire française (Cocof) et des représentants du Ministre-Président fl amand ainsi que des Ministres de l’Enseignement et de

la Formation de la Communauté fl amande. Du côté des acteurs opé-rationnels, on retrouve logique-ment Actiris, le VDAB, Bruxelles-Formation, la formation des classes moyennes, les CPAS bruxellois, l’Agence bruxelloise de l’entreprise (IMPULSE) et les réseaux d’ensei-gnement.

Cette Task Force s’est donné pour mission première d’élaborer un plan d’actions commun visant à développer l’emploi et la formation des Bruxellois. Ensuite, il s’agira de négocier un nouvel accord social (une Alliance) entre les patrons et les syndicats bruxellois, la Région, la Cocof et les deux Communautés.L’ambition est grande, car cette importante mobilisation d’éner-gie n’a de sens que si elle ouvre à tous les jeunes bruxellois, de toutes conditions, de réelles perspectives de réussite et d’épanouissement dans la vie. Pour cela, il faudra non seulement résoudre les pro-blèmes d’adéquation de l’offre d’enseignement et de formation aux nouveaux besoins de qualifi -

cation de l’économie et offrir aux jeunes de vraies opportunités de formations et d’expériences profes-sionnelles en entreprise. Mais, plus en amont, il sera aussi nécessaire de résoudre les graves pénuries de places et d’enseignants dans les écoles bruxelloises. Enfi n, une dernière priorité sera de promou-voir l’apprentissage des langues et surtout de résorber les terribles problèmes d’échec scolaire et de ségrégation sociale, qui rendent notre système éducatif et de for-mation particulièrement injuste et inégalitaire…

La Région, la Communauté fran-çaise et la Communauté fl amande semblent affi cher une volonté commune de ‘pactiser’ et de coo-pérer, ensemble, au redéploiement du système éducatif et de forma-tion bruxellois. Si cela se concrétise, ce sera une importante avancée pour Bruxelles et pour les Jeunes en particulier. C’est en tous cas un signe encourageant pour l’avenir de notre Région…

La FGTB contre l’austérité, état de la situation: Assemblée générale des militants de la FGTB Bruxelles, jeudi 5 février à Bruxelles.

© Séverine Bailleux

CSC FGTB CGSLB

Forum Intersyndical BRISE CSC-CGSLB- FGTB

2 mars 2015

Ensemble pour le droit à la ville: Quelles alliances entre le social et l’environnement, à Bruxelles?

La formation BRISE de 2014 s’est penchée sur le droit à la ville comme vecteur de renforcement d’un urbanisme démocratique, au bénéfi ce de la collectivité et non de quelques acteurs particuliers. Objec-tif: permettre une réappropriation de leur cadre de vie par les citoyens, en commençant par les plus précaires. En 2015, nous prolongeons ce débat afi n de rechercher les alliances à nouer pour donner vie à ce droit. Si la compacité du territoire de Bruxelles peut être présentée comme un atout du point de vue de la consommation énergétique, elle demande une vigilance accrue sur les choix politiques qui sont posés et sur l’effet non ségrégatif de ceux-ci. Priorité doit être donnée à une économie urbaine, au service de la ville, respectueuse de l’environnement. A contrario, l’environnement ne doit pas être réduit à une donnée technologique mais doit s’entendre comme une valeur politique à mettre au service du progrès social. Comment améliorer l’accès au travail et les conditions de travail tout en préservant et en amé-liorant le cadre de vie? Quelles alliances nouer entre travailleurs et habitants, syndicats et associations environnementales et urbaines pour fonder un droit à la ville?

PROGRAMME09:00: Introduction de la journée, Philippe Van Muylder, Secrétaire général de la FGTB Bruxelles09:15: «Quelle croissance économique pour quel progrès social?», Gilles Van Hamme (ULB) et Tim Cas-

siers (VUB) + échanges avec la salle10:15: «Pistes pour une économie circulaire en Région bruxelloise»…+ échange avec la salle11:15: «Vers une conquête de la démocratie économique», Matthias Lievens + échange avec la salle12:15: Conclusion de la matinée, Philippe Vandenabeele, Secrétaire régional de la CGSLB Bruxelles12:45: Repas14:00: Ateliers thématiques:• Quelles activités productives au service de la ville? - Intervenant: ... - Animateur: Claire Scohier• Pour une ville des biens communs – Intervenant: Dominique Nalpas – Animateur: Christina Hosszu • Pour une économie circulaire en Région bruxelloise – Intervenant: … - Animateur: Yaël Huyse • Quelles alliances pour que les travailleurs pèsent sur leur environnement? Intervenant: Matthias

Lievens – Animateur: Peter Bostyn 16:00: Conclusions syndicales et perspectives, Myriam Gérard, Secrétaire Régionale de la CSC Bruxelles

Cette journée est destiné aux délégués motivés par la thématique «environnement».Il s’adresse aux délégués francophones et néerlandophones. Si vous souhaitez participer, contactez alors immédiatement votre centrale. Organisé en partenariat avec Inter-Environnement Bruxellesdans le cadre du Réseau bruxellois intersyndical pour l’environnement (BRISE), avec le soutien de Bruxelles Environnement

LE GROUPE RESISTE* CHERCHE DES CONTRIBUTEURS

POUR CRÉER UN OUVRAGE COLLECTIF DE DESSINS

ET DE CARICATURES Si vous souhaitez y participer:

Tél.: 02/552.03.6302/213.16.77

*Le collectif de travailleurs sans emploi de la FGTB de Bruxelles

Page 5: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

La Maison des Employés et Cadres Syndiqués

Une organisation‘‘La Maison des employés et cadres syndiqués de Mons-Borinage’’(asbl)

avec le soutien de la Région Wallonneet du SETCa Mons-Borinage

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Du calme... ... à la colère

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et présentation du livre‘‘Journal d’un curé de campagne’’de et par Jean-Claude LARDINOIS

vernissage le jeudi 12 février à 18h30expo du 13/02 au 13/03

du lundi au vendredi - de 8h30 à 17h

rue Chisaire 34 à 7000 Mons

www.maisondesemployes.wordpress.com

Entrée gratuite

MONS

CHARLEROI-SUD HAINAUT

Vous êtes perdu dans votre recherche d’emploi? La FGTB Charleroi Sud/Hainaut, l’asbl Cenforsoc et le Centre de jeunes Taboo vous proposent une formation de trois jours pour reprendre les cartes en main ! - Par où commencer ? Où chercher ? Les clés pour une recherche d’emploi effi cace- CV, lettre de motivation et simulation d’entretien d’embauche - Conseils personnalisés - ONEM, FOREM, OISP, Syndicat : qui fait quoi ? A qui m’adresser pour quel type de

démarche?

Quand? Mardi 10, jeudi 12 et vendredi 13 mars 2015, de 9h à 15h Pour qui? Pour tous et à toutes, sans condition d’accès. Où? A Cenforsoc et à Taboo, au centre-ville de Charleroi Inscription obligatoire: Nadia Verley - [email protected] - 0474/03.36.41

WALLONIE PICARDE

Vous êtes travailleur transfrontalier ou vous pensez à le devenir?Compte tenu de sa situation géographique, il est primordial que la FGTB Wallonie Picarde offre au public une information optimale sur les thématiques liées au marché du travail frontalier.

C’est la raison pour laquelle, Nadine Vanhove et Bénédicte Nidelat tiennent des perma-nences en nos bureaux de Tournai et Mouscron.

Permanences de TournaiFGTB Wallonie Picarde - Agence de TournaiRue du Crampon, 12A - 7500 TournaiLe mardi de 13h00 à 16h00 (Nadine Van Hove)Le jeudi de 8h30 à 12h30 et de 13h00 à 17h00 (Bénédicte Nidelat)

Permanences de MouscronFGTB Wallonie Picarde - Agence de MouscronRue du Val, 3 - 7700 MouscronLe lundi de 8h00 à 12h30 et de 13h00 à 16h00 (Bénédicte Nidelat)Le mardi de 8h00 à 12h30 et de 13h00 à 18h00 (Bénédicte Nidelat)Le mardi de 9h00 à 12h00 (Nadine Van Hove)Le mercredi de 8h00 à 12h30 et de 13h00 à 17h00 (Bénédicte Nidelat)Le vendredi de 9h00 à 12h00 (Nadine Van Hove)

Pour tout contact: Nadine Van Hove: 069/88.18.10 - 056/85.33.53 - 00.800.69.88.18.10 (tél. gratuit intern.) e-mail: [email protected]énédicte Nidelat: 069/88.18.09 - 056/85.33.50 - e-mail: [email protected]

Page 6: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

VERVIERS

LIÈGE - HUY - WAREMME

Page 7: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 3ACTUALITÉS

Le TTIP est un projet d’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis. Objectifs

déclarés: améliorer la compétitivité en réduisant les entraves au com-merce. Corollaire: placer le Nord

en position de force par rapport aux puissances émergentes (Chine, Brésil, Russie, Inde qui s’organisent aussi pour élargir leur marché sur le plan régional), placer les USA et l’UE en meilleure position dans

> INTERNATIONAL

Traité transatlantique, le retourLe Traité transatlantique (TTIP en anglais) refait parler de lui. C’est que le 8e round de négociations entre l’Europe et les Etats-Unis a eu lieu à Bruxelles au début février. L’occasion pour tous les opposants à ce traité de (se) manifester en prélude à la journée du 18 avril déclarée «journée mondiale contre le TTIP» à l’appel de l’Alliance D19-20 qui réunit des dizaines d’organisation syndicales et non gouvernementales opposées à ce traité. En avril, les négociations se poursuivront en effet à Washington.Ce traité de libre-échange menace toute une série de réglementations protégeant les consommateurs et les travailleurs et anéantit la capacité de réglementation des Etats ou même de l’Europe en plaçant les décisions d’un tribunal de Règlement des différends entre investisseurs (des multinationales) et Etats au-dessus des lois et règlements.

les négociations multilatérales de l’OMC pour imposer leurs points de vue.Les reproches adressés à ce fameux traité transatlantique portent sur la forme et sur le fond.

Sur la forme: le manque de trans-parence. Les négociations se tiennent à huis-clos entre experts de la Commission européenne et leurs alter ego américain, avec force interventions de lobbyistes. On ne sait pas ce qu’il s’y dit. Le feu nourri des critiques sur cet aspect des négociations a obligé la Commission européenne à faire preuve d’un peu plus de transpa-rence. La médiatrice européenne qui a reçu un tombereau de plaintes a demandé à la Commis-sion d’entrebâiller un peu la porte: «La Commission a fait de réels ef-forts pour rendre les négociations sur le TTIP plus transparentes. Je suis consciente – dit Mme O’Reilly - que la Commission doit parfois s’entretenir de manière confi den-tielle avec les États-Unis afi n de pouvoir négocier effi cacement. Toutefois, la réticence des États-Unis à publier certains documents du TTIP n’est pas en soi une raison suffi sante pour évincer le public

européen.» Mais force est de constater que la Commission traîne des pieds. Sur la base des premières mesures prises par la Commission pour accroître la transparence du TTIP, et aussi des contributions à sa consultation publique, la Médiatrice a conclu que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour renforcer la légitimité des négociations aux yeux du public. Par conséquent, elle appelle la Commission à établir une liste complète des documents publics et non-publics relatifs au TTIP ainsi qu’à une proactivité plus grande concernant la publi-cation de documents, y compris les agendas et comptes-rendus des réunions avec les lobbyistes.

C’est bien entendu sur le fond que les critiques – et les dangers du TTIP – sont plus graves. L’objectif de base d’un tel traité de libre-échange est d’éliminer les entraves «non tarifaires» au commerce. Sauf que pour les multinationales, toute réglementation protégeant les consommateurs est une entrave. Les réglementations sociales sont des entraves. Les normes sanitaires et phytosanitaires, environne-

mentales ou de sécurité sont des entraves. Les services publics sont des entraves…

Le principe étant que chacun ac-cepte les normes de l’autre partie, c’est le plus laxiste qui impose sa loi. Or les Etats-Unis sont sur bien des points plus «ouverts» encore que la Commission européenne aux intérêts de leurs multinatio-nales, Monsanto, Philip Morris et compagnie. C’est donc le pouvoir de légiférer de l’Europe qui est mis en péril, donc in fi ne la démocratie. Mais existe aussi le risque de voir des pans entiers de notre économie ou de notre agriculture ne pas pou-voir supporter la concurrence des producteurs américains.

Cerise sur le gâteau. Si une norme déplaît ou lèse les intérêts d’une multinationale, elle pourrait traî-ner un Etat ou l’Europe entière devant un tribunal de Règlement des différends dont la décision s’imposerait aux Etats comme c’est déjà le cas pour les litiges au sein de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Plus d’infos? www.no-transat.be

Un «cheval de Troie» gon-fl able de 8 mètres a été déployé le 4 février der-

nier à Bruxelles pour symboli-ser les dangers dissimulés dans le TTIP. Des acteurs en costume ont interprété des lobbyistes de grandes entreprises. Des partici-pants avec des banderoles «Stop TTIP» ont bloqué le chemin du cheval.

Cette manifestation symbolique organisée par l’ONG «Friends of the Earth Europe», annonce une plus forte mobilisation pour le prochain tour de négociation en avril.

«On aura moins de possibili-tés de réduire les énergies les plus polluantes et cela pourrait contribuer au réchauffement climatique», explique la porte-parole de l’ONG. «Pour la santé et l’agriculture, les standards seront abaissés.»

Les critiques unanimes visent le manque de transparence des né-gociations qui menacent des lois de l’UE diffi cilement obtenues sur la sécurité alimentaire, l’uti-lisation des produits chimiques, les OGM ou l’action pour limiter le changement climatique.

Des clauses permettraient aux entreprises de mettre en justice les gouvernements dans des tribunaux spéciaux en cas de changements de lois qui béné-fi cieraient aux citoyens et à l’environnement au dépend de leurs bénéfi ces.

Plus de 1,25 million de citoyens à travers l’Europe ont signé une pétition pour demander l’aban-don de cet accord.

LE TTIP cheval de Troie des multinationales

Les mutualités belges sont «fortement préoccupées par l’accord de libre-échange» entre l’Union européenne et les États-Unis. Selon elles, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investis-sement (TTIP) comporte des risques majeurs pour les soins de santé en Belgique. Les mutualités demandent notamment que les négociations se déroulent dans la transparence, que l’assu-rance-maladie et les services de santé soient exclus de l’accord. Elles estiment que la santé et le bien-être doivent continuer à primer sur les intérêts économiques.

Le droit européen précise aujourd’hui que les règles du marché intérieur ne s’appliquent pas aux services publics et aux ser-vices sociaux d’intérêt général. «En Belgique, c’est le cas pour l’assurance-maladie obligatoire et les activités des mutualités. Les règles nationales pourraient (à l’avenir) être contestées, ce qui pourrait conduire à une suroffre inutile et faire augmenter le coût des soins de santé» disent les mutualités belges.

Elles craignent aussi «des monopoles d’une durée plus longue pour les nouveaux médicaments», qui retarderaient davantage l’arrivée sur le marché des médicaments génériques moins chers.

La politique de prévention en matière de santé serait également mise sous pression, selon les mutualités. «Une campagne contre le tabac, l’alcool ou les aliments jugés peu sains pourrait ainsi donner lieu à des demandes de compensation par les produc-teurs de ces produits», dénoncent les Mutualités Chrétiennes, les Mutualités Socialistes, les Mutualités Libres, les Mutualités Libérales, les Mutualités Neutres, la Caisse d’assistance maladie et invalidité et la Caisse des soins de santé de la SNCB, dans un communiqué commun.

> UN APPEL DES MUTUALITÉS

Exclure la santé du TTIP

Page 8: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

ACTUALITÉS4 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

Le travail, toujours moins supportable?A l’heure de la réforme des (pré-)pensions, où l’on pousse les plus âgés à chercher un emploi à tout prix, dans un contexte pourtant défavorable, nul doute que l’on a pas pris en compte l’avis des personnes concernées. C’est une étude de Tempo-Team qui en atteste: le travail génère toujours plus de stress, d’inquiétudes et nombreux estiment que de telles conditions ne peuvent que pousser à quitter plus tôt le monde du travail. Un constat à contre-courant des décisions prises par notre gouvernement. «Près d’un travailleur sur deux ressent une hausse du stress et de la charge de travail dans la vie professionnelle et un sur trois une augmentation des tensions entre collègues et avec la hiérarchie, ce qui mine le plaisir de travailler. Près de la moitié des salariés redoutent les conséquences des changements sur le lieu de travail et souhaitent investir davantage dans l’encadre-ment et la formation. Si rien ne change, trop de gens seront inci-tés à quitter le marché du travail trop vite et trop tôt, estiment 45 % des travailleurs et des employeurs. Or la nécessité d’allonger la car-rière exigerait précisément l’in-verse.» Ce sont les enseignements de l’enquête de T e m p o - T e a m exécutée par le bureau d’études indépendant In-Sites Consulting en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne, au-près d’un échantillon représen-tatif de 1857 travailleurs et 600 employeurs.

Incertitude et sentiment d’insécurité

D’après la 7e édition du Rapport Tempo-Team des tendances du marché du travail, il semble que plus de la moitié des employeurs et un travailleur sur trois n’attendent pas d’embellie économique avant fi n 2016. Cela frappe d’incertitude l’avenir professionnel des salariés et diminue encore leur confi ance dans le marché du travail, pour la troisième année consécutive. En réaction, ils recherchent surtout la stabilité: travailler dans une en-treprise fi nancièrement saine est aujourd’hui leur priorité, avant un bon salaire et un emploi captivant. Les patrons sont quant à eux plus optimistes et leur confi ance dans le marché du travail progresse.

La préférence des travailleurs pour la sécurité d’emploi se tient clai-rement au détriment de la satis-faction professionnelle, elle aussi en baisse en un an. Un salarié sur trois qualifi e en outre son travail de

moins en moins supportable. 40% déclarent avoir plus de soucis pro-fessionnels qu’ils ne le devraient. Mais une majorité d’entre eux ne restent pas passifs : trois sur quatre veulent plus que jamais acqué-rir de nouvelles compétences et connaissances, un sur deux veut investir dans l’encadrement de carrière, 40% sont ouverts à une réorientation structurelle de la carrière et autant sont conscients de l’importance de la santé pour pouvoir travailler plus longtemps

Plus de la moitié des employeurs reconnaissent l ’ i m p o r t a n c e du coaching et de la formation, réponses adé-quates à l’allonge-ment de la durée de travail. Mais on constate une fracture entre la perception des travailleurs et des employeurs quant aux efforts consentis. Près de

la moitié des patrons sont convain-cus d’accorder suffi samment d’opportunités de formation, ce qui n’est confi rmé que par un tiers des travailleurs. Un employeur sur deux assure encadrer suffi sam-ment ses salariés, mais ils ne sont que 25% à le penser. La moitié des employeurs pense d’ailleurs que le personnel devrait consentir davan-tage d’efforts et prendre lui-même des initiatives en matière de for-mation et d’encadrement.

Stress en hausse, satisfaction professionnelle en berne

L’incertitude actuelle qui pèse sur l’avenir professionnel de nom-breux salariés suscite des craintes logiques quant à la sécurité d’em-ploi à long terme. Plus de la moitié des travailleurs et des employeurs pensent que les changements du marché du travail, occasionnés entre autres par les évolutions techniques et l’automatisation, auront un impact sur la façon de travailler et entraîneront la dis-parition de nombreux emplois. Près d’un salarié sur cinq pense que son poste de travail aura très probablement disparu d’ici cinq

ans, et un sur quatre redoute plus qu’autrefois de perdre son travail. Cette crainte est surtout ressentie par les travailleurs moins spécia-lisés et moins qualifi és.

Outre le marché du travail fl uc-tuant, 40% des salariés recon-naissent que leur environnement de travail évolue rapidement: le travail devient plus complexe et exige davantage de savoir-faire et de souplesse.

Le climat d’incertitude conjugué à une hausse de la charge de tra-vail semble former un terreau très fertile au stress. Ce que révèlent à nouveau les chiffres: 48% des salariés ressentent en quelques années une augmentation de la charge de travail et 42% du stress; 30% éprouvent moins de joie au travail et près d’un sur deux da-vantage d’obligations, de règles et de contrôle, mais pas assez de souplesse de la hiérarchie. Ils sont un tiers à constater davantage de tensions sur le lieu du travail, tant entre collègues qu’avec la hiérarchie. Près de la moitié des travailleurs interrogés sont d’avis que dans ce climat pessimiste, plus de gens qu’autrefois seront inci-tés à quitter le marché du travail. Une grosse moitié des travailleurs et des employeurs reconnaissent donc l’importance de la formation et de l’encadrement pour travailler plus longtemps.

Améliorer les conditions de travail

Près de 40% des travailleurs belges interrogés sont disposés à adapter leur emploi et leur carrière aux évolutions du marché du travail. Plus d’un tiers réclame pour cela un meilleur encadrement des car-rières ou reconnaît la nécessité de devoir suivre une réorientation complète. Plus de la moitié des travailleurs interrogés pensent en effet ne pas être assez aptes à exercer un autre emploi. Mais ils pensent aussi que les entreprises peuvent encore améliorer leur ca-pacité à réagir aux changements. Seulement 30% des travailleurs et 45% des employeurs pensent en effet que leur entreprise s’adapte suffi samment vite aux évolutions du marché (du travail).

D’après les salariés interrogés, améliorer la fl exibilité sur le lieu de travail est encore possible. 45% des patrons, mais seulement 33% des salariés assurent que l’employeur fait des efforts maximum pour améliorer la souplesse. 28% des travailleurs et 43% des employeurs affi rment que leur entreprise sur-passe la concurrence en réagissant avec plus de souplesse aux change-ments. Un salarié sur trois et près d’un patron sur deux déclarent que le management investit suffi -samment dans la motivation et le développement des talents.

Rencontres: Regards sur le travail5x2 places à gagner

Les documentaires vus pour l’édition 2015 de «Regards sur le travail», posaient avec insistance la question du sens que l’on donne à son travail et de la valeur que nos sociétés lui attribuent. Dans Les règles du jeu (Claudine Bories et Patrice Chagnard), les coachs d’un cabinet de placement initient des jeunes en mal d’emploi aux rites de passage vers un monde professionnel rêvé. Une stratégie qui soulève de nombreuses questions et demande à être discutée ensemble - ce que nous ferons le 6 mars à l’Espace Delvaux, avec les réalisateurs et des acteurs de terrain. Nous avons 5 x2 places à vous offrir pour la projection du fi lm «Les règles du jeu» le 6 mars à 20h à l’Espace Delvaux. Envoyez un mail avec vos coordonnées complètes à l’adresse [email protected] gagnants seront tirés au sort. Cette année encore des questions fondamentales certes, mais aussi des échanges vivants. Le P’tit Ciné a 20 ans après tout.

Programme:Week-End 6 et 7 marsEspace Delvaux Les Jeunes face à l’emploi:Avant-première du fl m multi-primé: LES RÈGLES DU JEU Rencontre avec les réalisateurs Patrice Chagnard et Claudine Bories, le sociologue du travail Mateo Alaluf et le Directeur d’Actiris Gregor Chapelle (sous réserve)

Profession viticulteur:Rencontre avec Etienne Davodeau, auteur de la bande dessi-née LES IGNORANTSAtelier-découverte vin naturel et buffet bioProjection de fi lms: CHRONIQUE VIGNERONNE (J.Veuve) et VENDANGE TARDIVE (P.Schlesser)Soirée festive à l’occasion des 20 ans du P’tit Ciné

Le P’tit Ciné5 rue du Fort 1060 BruxellesTel. 02 538 17 57 / 0493 56 69 07www.leptitcine.be / www.regardssurletravail.beFacebook: Petit Ciné (Ptit Ciné)

Le P’tit Ciné est une association qui assure la promotion et l’accompagnement du cinéma documentaire en salle en Belgique. Elle organise chaque année les rencontres Regards sur le Travail, qui vous proposent de réfl échir la question de l’emploi et de ses représentations sociales et artistiques.

Pourquoi travailler? Et surtout pour quoi?

Si rien ne change, trop de gens seront incités à quitter le marché du travail trop vite et trop tôt, estiment 45% des travailleurs et des employeurs. Or la nécessité d’allon-ger la carrière exi-gerait précisément l’inverse.

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SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 5Vos données personnelles sur internet: comment réagir?Plusieurs «affaires» de piratage de données personnelles ont fait l’actualité ces derniers mois. La recette est toujours la même: un «pirate» anonyme parvient à dérober des fichiers débordant d’informations confidentielles, auprès d’entreprises ou d’agences (intérim…). Ces infos sont ensuite vendues ou directement publiées sur internet, mettant potentiellement dans l’embarras des milliers de citoyens.

C’est ce qui s’est passé ces derniers mois. Plusieurs entreprises ont récemment

subi - du fait de faiblesses dans leur système de sécurité informatique - un vol de données, qui ont ensuite été diffusées sur le web. Citons ici les affaires Mensura Absentéisme, EasyPay, Z-Staffi ng, Tobasco, X-tra Interim et Exaris pour la Belgique et, récemment, Temporis en France.En conséquence, des dizaines de milliers de citoyens et travailleurs occupés en Belgique (et en France) ont été victimes d’une diffusion publique de données à caractère personnel. Selon les cas, des don-nées extrêmement sensibles telles que le numéro de registre national, des considérations sur l’état phy-sique ou mental des travailleurs, des CV’s, des numéros des comptes bancaires et des adresses e-mail avec mot de passe, sont potentiel-lement toujours en ligne. Des milliers de personnes sont concernées. Et même si le recel et le traitement de ces données volées est interdit par la loi, les risques sont évidemment là. Un futur em-ployeur peu scrupuleux, des entre-prises commerciales, pourraient être tentés de se servir de vos informations personnelles à des fi ns malhonnêtes, de même que

d’éventuels arnaqueurs ou adeptes du Phishing ou vol d’identité!

Effacer? Pas si simple, voire impossibleIl n’existe malheureusement pas de moyen d’effacer défi nitivement les données publiées illégalement sur internet. Elles peuvent toujours revenir, être republiées par le pi-rate ou par d’autres, et le contrôle de tous les sites est impossible. La seule possibilité est de faire supprimer l’indexation (le réfé-rencement) de vos données via les moteurs de recherche.A titre individuel, les travailleurs peuvent vérifi er si des données de type personnel sont disponibles sur internet, et si c’est le cas, de-mander aux moteurs de recherche de supprimer les liens vers ces don-nées. Là encore, les démarches ne sont pas forcément garanties… Des données peuvent être référencées aujourd’hui, avoir disparu demain, puis réapparaître sur un autre site, sous une autre forme. En ce qui concerne le déféren-cement, chez Google, nous vous conseillons dans le dédale de pages consacrées au sujet, le lien suivant:https://support.google.com/legal/troubleshooter/1114905#ts=1115655,6034194

Pour Bing l’url est https://www.bing.com/webmaster/tools/eu-privacy-requestLe cas échéant le travailleur peut aussi envisager de demander au site web qui héberge les données de supprimer celles-ci. Malgré la suppression, il se peut qu’elles continuent à être visibles sur les moteurs de recherche via des liens «en cache» qui per-mettent d’affi cher une page Web telle qu’elle était la dernière fois que le moteur de recherche l’a visitée.Pour supprimer la page web en cache:• chez Bing: http://www.bing.

com/webmaster/tools/content-removal

• chez Google: https://www.google.com/webmasters/tools/removals?pli=1

Les 2 moteurs exigent de se connecter avec un compte dédié.

Toutefois, ces infos sont bien sou-vent cachés sur le darknet (l’in-ternet «caché»). Elles ne sont pas référencées par les moteurs de re-cherche, ne sont pas visibles avec un navigateur traditionnel. Mais, comme c’est souvent le cas, elles peuvent être diffusées via d’autres réseaux (sociaux, par exemple), ce qui pourra entraîner une nouvelle diffusion des données volées sur l’internet «normal».

C’est pourquoi il est primordial de protéger les données de type personnel à l’origine, là où elles sont stockées et traitées: dans les entreprises et chez leurs éven-tuels sous-traitants.

Le cas «Mensura Absentéisme»D

e quoi s’agit-il? Mensura Absentéisme (à distinguer de la branche Mensura

«services externes en prévention») s’occupe de réaliser, pour le compte d’employeurs, des contrôles relatifs à l’incapacité de travail/maladie des travailleurs. Pour ce faire, les employeurs utilisaient un formu-laire «online» mis à leur disposi-tion par Mensura Absentéisme. Les employeurs y mentionnaient appa-remment ce qu’ils avaient entendu dire ou savaient sur l’état du tra-vailleur (exemples qui nous ont été rapportés: dépression, opération de chirurgie esthétique avec mention de la partie du corps concernée, mention d’une garde d’enfant dé-guisée plutôt que d’une maladie etc.). Le tout accompagné du N° de registre national du travailleur.Ces données, manifestement trai-tées par Mensura sous forme d’une base de données, ont donc été hac-kées par un pirate informatique. Ce pirate a fait chanter Mensura en menaçant de publier les données sur internet à défaut du paiement d’une «rançon». Mensura a refusé.

Les données ont été publiées et sont actuellement encore acces-sibles sur internet. Le site TOR était toutefois hors ligne récemment.En tant que syndicat, nous aurions aimé pouvoir donner des informa-tions plus précises à nos affi liés, mais la loi nous interdit d’analyser cette base de données volées. Dès lors, l’une des solutions envisagées serait d’interroger les entreprises quant à leur traitement des don-

nées «santé» de leurs travailleurs, et leur rapport avec «Mensura Absentéisme ».

Délégués en CE, ou à défaut, CPPT ou DS, que demander à l’employeur?Vous êtes délégué et soupçonnez des fuites de données concernant votre entreprises et vos collègues? Voici quelques pistes de réfl exion et quelques questions à poser à votre employeur. Il est essentiel de savoir, désor-mais, si des données personnelles, dont des données de santé et/ou des supputations relatives aux absences pour maladie ou autres incapacités de travail des travail-leurs de l’entreprise ont été trans-mises à Mensura Absentéisme par l’employeur. Si oui, quelle est la nature des données concernées? Quelle en est l’origine? Sachant qu’un certifi cat médical n’indique pas la cause de l’absence. Dans quel but ces informations ont-elles été traitées?

Enfi n, comment se fait-il que les travailleurs n’aient pas été infor-més que des données les concer-nant, dont des données de santé, étaient traitées et transmises à des entités tierces? Seront-ils per-sonnellement informés que leurs données circulent sur Internet?L’entreprise s’est-elle assurée que Mensura Absentéisme fournissait au regard de la loi des garanties suffi santes en matière de mesures de sécurité tant techniques qu’or-

ganisationnelles et ce pour les éventuels sous-traitants de Mensu-ra également? Que les nécessaires déclarations à la Commission Vie Privée avaient été effectuées?L’entreprise a-t-elle entrepris des démarches auprès de Mensura Absentéisme afi n de comprendre comment le hacking avait pu se produire et vérifi er que le néces-saire était fait pour prévenir d’autres piratages informatiques ?Mensura et l’employeur envi-sagent-ils d’indemniser les vic-times ou de leur proposer un support suite aux désagréments éventuels subis du fait de la dif-fusion de leurs données person-nelles?L’entreprise traite-t-elle ou parti-cipe-t-elle à la constitution d’autres bases de données comportant des données personnelles de ses tra-vailleurs? Si oui, lesquelles et dans quel but?

Pour les travailleurs qui sou-haitent exercer leur droit indivi-duel à l’information et à la recti-fi cation, vous pouvez contactez Mensura Absentéisme.Mensura Absentéisme A.S.B.L.Place du Samedi 11000 [email protected] La Commission de la protection de la vie privée peut interve-nir s’il n’est pas fait suite à leur demande. Le Président du Tribunal de 1ère instance est compétent si l’affaire est portée en justice.

La FGTB dispose évidemment d’un «Monsieur sécurité de l’infor-mation». La protection des données et le respect de la vie privée des affi liés, c’est son job à plein temps. Il a suivi de très près les faits décrits ci-contre. Pour lui, c’est du côté des responsables du traitement des informations qu’il faut agir, et responsabiliser. «Il s’agit des entreprises qui traitent et conservent ces informations. C’est là que le niveau de sécurité doit être optimal. Il faut que les données soient protégées à la source, sinon c’est fi chu. Une fois que tout est en ligne, le contrôle sur ces données volées est perdu.»

Car ce n’est pas du côté du «pirate» informatique que la solution se trouve... «On est dans un cadre malicieux. Celui qui vole les informa-tions a un objectif: obtenir une rançon pour ces fi chiers. Sans quoi il menace de les diffuser. Si la rançon n’est pas obtenue, il met sa menace à exécution, sans tenir compte évidemment des conséquences. C’est une manière d’être «pris au sérieux», et même si le fi chier disparaît, il lui est loisible de le rediffuser. Et même en imaginant que le hacker soit arrêté, qu’on le retrouve, il fera éventuellement de la prison, mais rien n’empêche le fi chier d’être republié, et partagé, indéfi niment.»Une perte de contrôle qui complique encore les tentatives parfois ardues et laborieuses de «déférencement» sur les moteurs de recherche. «C’est clair que ce n’est pas la panacée. Et c’est diffi cile à faire, les étapes sont nombreuses. En imaginant que les bases de données volées ne soient plus référencées sur les moteurs de recherche, les réseaux sociaux se chargent de diffuser des liens directs vers ces pages. Les hackers publieront un tweet ou un lien sur un réseau quelconque, et cela amène directement sur le fi chier dérobé... et la machine est relancée.» Les solutions pour le travailleur fl oué sont donc peu nombreuses... S’il est possible de trouver soi-même les données en question, à force de chercher sur Google ou autre, il est aussi tout à fait possible... de ne pas les retrouver, faute d’avoir formulé précisément sa recherche. Cela ne signifi e pas pour autant qu’elles n’y sont pas... Par ailleurs, la législation est claire: ces informations, une fois volées et sorties de leurs contextes, ne peuvent pas être traitées, même par une des victimes du hacker, puisqu’elles concernent de nombreuses autres personnes et leurs données confi dentielles. L’une des réponses les plus évidentes est donc de s’adresser aux employeurs, organismes de contrôle médical, administrations ou secrétariats sociaux et agences concernés par ces piratages. Car ils sont les premiers responsables des informations qu’ils partagent et conservent. Ils sont d’ailleurs obligés de suivre un cadre légal strict à ce sujet. Cela vaut davantage pour les informations dites «sensibles», par exemple celles liées à la santé. Les travailleurs doivent savoir quelles informations sont collectées sur eux, et vers qui elles sont partagées. Il y a également toute une législation relative à la nature de ces infor-mations: que peut-on collecter? Dans quel but? Combien de temps peut-on les conserver? La collecte de ces infos est-elle pertinente par rapport au but poursuivi? Est-elle proportionnelle? Dans le cas qui nous occupe, rien ne dit que toutes les règles ont été respectées, mais c’est là un autre débat.

Comment contacter les agences et entreprises concernées par ces pira-tages? Le site http://www.privacycommission.be/ donne de précieuses informations à ce sujet. Il propose même des lettres types pour avoir accès à vos données personnelles ainsi que faire opposition à l’usage et au traitement de ces données. Pour trouver ces lettres, il vous suffi t de taper «lettre» dans la barre de recherche du site précité.

«On peut toujours porter plainte»Dominique est également responsable de la sécurité de l’information dans un très gros organisme social, où sont gérées de nombreuses informations personnelles. Il confi rme: le premier souci vient de la protection des données à la base, chez les responsables de traitement. C’est de ce côté qu’il faut se tourner: «Il existe un droit des personnes de savoir ce qui est fait de leurs informations personnelles. Elles sont supposées être protégées. Si le responsable de traitement faillit à cette mission, on peut toujours porter plainte. On peut aussi s’adresser à la commission pour la vie privée, qui a une mission d’enquête, entre autres, et qui peut jouer un rôle de «police» concernant la protection des données. On l’a vue mener ce genre d’enquête lorsque, voici quelques années, un piratage d’infos personnelles était survenu à la SNCB.» Par contre, une plainte ne solutionnera pas le problème principal: les données sont en ligne, et elles le seront peut-être pour longtemps... «L’effacement est quelque chose de complexe... Il existe même des assurances privées qui se chargent de protéger l’identité électronique de ses membres... Mais au mieux, elles peuvent gérér l’indexation... Effacer l’indexation sur des gros moteurs de recherche reste une option possible, mais ne garantit rien. Et les données peuvent toujours être récupérées via des sites moins connus.»

Au fi nal, le bilan n’est pas rose. Tenter de faire effacer ses données personnelles revient presque à agir dans le vide. Il y a donc une véri-table mission de sensibilisation à mener auprès des employeurs qui transmettent des informations, et des organismes qui les traitent. Car non seulement il existe une violation des droits des personnes concernées, mais les conséquences peuvent être graves et durables.

«Une fois que c’est en ligne, le contrôle est perdu»

ACTUALITÉS

Page 10: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

6 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 ACTUALITÉS

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 BruxellesNicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11E-Mail: [email protected]

Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45Service abonnements: 02/506.82.11

La limitation dans le temps des allocations d’insertionL’obligation pour les 21 ans d’avoir un diplôme pour ouvrir le droit aux allocations

d’insertionLa limite d’accès à 25 ans pour le droit aux allocations d’insertion

tage l’emploi en augmentant la pression sur les travailleurs.

vous à la FGTB Namur, rue Dewez

: Action d’interpellation des parlementaires.Nous leur demanderons officiellement de s’engager à nous soutenir dans la lutte pour

sions que l’on connait sur l’emploi et sur les CPAS.

: départ pour Bruxelles

et rencontre au cabinet de Kris Peeters, Ministre de l’emploi

L’exclusion n’a jamais été une solution,

Séminaire d’actu du L’AFRIQUEdans tous ses États

[email protected]

Infoswww.cepag.be

L’Afrique subsaharienne est souvent perçue comme une partie du monde profondément instable, traversée de luttes tribales et religieuses et dirigée par des hommes politiques corrompus pour qui seul l’appât du gain compte.Mais derrière cette façade, se cachent des peuples et des Etats qui veulent prendre leur destin en main et trouver une voie politique et sociale qui leur est propre.

Pour en parler :

Oumou Zé Coordinatrice Rechercheet Plaidoyer au CNCD-11.11.11 asbl

Maurizio Vitullo Formateur CEPAG

Les séminaires d’actualité du Cepagont lieu de 9h30 à 12h30. Espace Solidarité - rue de Namur, 47 - 5000 Beez.

Vendredi

BeezEspace

Solidarité

27/02

> DROIT DE GRÈVE

Le droit à un syndicalisme libre, partout

Aujourd’hui, par exemple, au sein même de l’Europe, plus de 260 syndicalistes

espagnols sont poursuivis pour avoir exercé le simple droit de grève. Leurs inculpations cumulées s’élèvent à un total de plus de 140 ans de prisons; certains accusés risquant jusqu’à 8 ans de prison. Et pour couronner le tout, ces accu-sations se basent sur un article du code pénal qui date de l’époque de la dictature franquiste.

Depuis près d’un siècle, l’OIT élabore des normes internatio-nales du travail. Ces normes du travail concernent avant tout l’épanouissement des hommes et des femmes en tant qu’êtres humains. Dans sa déclaration de Philadelphie de l’OIT en 1944, la communauté internationale rap-pelait que «le travail n’est pas une marchandise». Le travail n’est pas

un produit inanimé comme une banane ou un smartphone que l’on peut négocier pour maximi-ser son profi t ou minimiser son prix. Les normes internationales du travail garantissent que le dévelop-pement économique reste axé sur l’objectif consistant à améliorer la vie des hommes et des femmes et à préserver leur dignité. La liberté syndicale et le droit de négociation collective font partie des normes fondamentales de l’OIT.

Pourtant, l’état des violations des droits syndicaux demeure inquiétant. Selon le dernier rap-port annuel de la Confédération Syndicale Internationale (CSI), 1.951 syndicalistes ont subi en 2013 des violences et 629 ont été détenus illégalement en raison de l’action collective qu’ils avaient menée. Des syndicalistes ont été assassinés

2015 Marche Mondiale des Femmes Belgique

Féminisme, Solidarité et ActionLe vendredi 6 mars 2015 nous marcheronscontre les violences et contre la pauvreté!En 2015 des actions collectives en Belgique et partout dans le monde seront organisées pour la 4ème édition de la Marche Mondiale des Femmes –MMF.

Comment? Venez-vous joindre à nous et participer à l’action de la Marche Mondiale des Femmes le 6 mars 2015

Où? Rendez-vous au le Carrefour de l’Europe devant la gare de Bruxelles Centrale

Quand? De 12h à 14h un pic nic féministes avec des prises de pa-roles, des animations et des expo-sitions, à 14h nous nous mettrons en marche de Bruxelles Centrale vers le Palais de Justice.

Nos revendicationsStop aux violences!

Contre la pauvreté!Emploi durable et travail digne pour toutes et tous!Pour la paix et la démilitarisa-tion!

Veuillez nous avertir si vous parti-ciper ou contacter nous pour plus d’informations:[email protected] www.marchemondialedesfemmes.be Facebook

Changer la vie des femmes pour changer le monde!Changer le monde pour changer la vie des femmes!

dans dix pays. Rien qu’en Colom-bie, on compte 26 syndicalistes tué, plus de deux par mois!

La liberté syndicale et le droit de grève sont pourtant intangibles. Les droits du travail sont des droits de l’Homme et de la Femme et en tant que tels ne sont ni négo-ciables, ni à géométrie variable. Le droit de grève, pour les travailleurs, c’est comme le suffrage univer-sel: c’est le droit et le pouvoir de s’exprimer, de faire entendre leur voix, de défendre leurs droits là où ils vivent et travaillent, dans leur entreprise, directement, sans intermédiaire. Le droit de grève fait partie intrinsèque du syn-dicalisme. Sans droit de grève, il n’y a plus de syndicalisme libre, progressiste et indépendant. La reconnaissance internationale du droit de grève doit être réaf-fi rmée et la liberté syndicale doit être reconnue et respectée partout dans le monde.

C’est pourquoi la FGTB, avec la CSC et la CGSLB, et avec la CSI, participe à la journée d’action mondiale du 18 février de défense de la liberté syndicale et du droit de grève.

La liberté syndicale et le droit de grève sont des droits humains fondamentaux obtenus après de longues luttes par les travailleurs et les travailleuses. Même s’ils ont toujours été menacés et attaqués, y compris en Belgique, leurs violations ont atteint une dimension nouvelle et cela dans des pays que nous pensions définitivement épargnés.

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SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 7UNION BELGE DU TRANSPORT

Conseil fédéral des Militants Transport routier & LogistiqueLe samedi 31 janvier, des militants de tout le pays participent au Cofémi qui a lieu à Malines. Les nombreux militants ont été remerciés par le secrétaire fédéral Frank Moreels pour leur ardeur lors de toutes les actions provinciales et nationales des mois passés.

Septante ans de Sécurité sociale

En décembre 1944, on jette les bases de la sécurité sociale comme nous la connaissons aujourd'hui. Ce n'est pas parce qu'elle a eu 70 ans que la sécurité sociale est vieille et décrépite. Cette sécurité sociale reste une des pierres angulaires de notre société! Jef Maes, secrétaire fédéral de la FGTB, commente en

détail les réalisations et également l'importance de la sécurité sociale. Jef Maes: «Lorsqu'on apprend ce que coûte une opération aux Etats Unis, on tombe de sa chaise. De très nombreuses personnes n'y ont aucune forme d'assurance et renoncent à tout soin de santé parce qu'elles ne peuvent pas le payer. Heureusement nous avons notre sécurité sociale, même si nous sommes d'avis qu'elle devrait

encore être améliorée.» Jef accen-tue aussi le fait que nous pouvons parler sans rougir de «notre» sécu-rité sociale. En effet, les premières mutualités et caisses de chômage ont été établies par les travailleurs-mêmes. C'est sous l'impulsion du socialiste Achiel Van Acker que le système a été développé comme il est aujourd'hui!

Situation dans les secteurs

John Reynaert, adjoint du secré-taire fédéral, esquisse la situation dans tous les sous-secteurs du transport routier et de la logistique. Il donne beaucoup d'attention à la formation obligatoire pour la quali-fi cation professionnelle des chauf-feurs (code 95). Les chauffeurs ont droit à cette formation et doivent revendiquer ce droit auprès de leur employeur. Il lance également un appel à associer davantage de jeunes à l'activité syndicale. Les 1.100 jeunes de moins de 35 ans qui sont affi liés au groupe profession-nel transport routier et logistique méritent leur place dans notre syn-dicat. Ils sont notre avenir.

Tout chaud: les négociations

A la veille du Cofémi, le «Groupe des 10» a négocié un accord. Grâce à nos actions de l'automne 2014 nous avons forcé les employeurs à se mettre de nouveau à la table de négociation!

Frank Moreels: «Avec résultat. On

a fait des progrès, surtout pour ce qui concerne la liaison à l'augmen-tation des salaires des allocations sociales et des pensions, où nos négociateurs ont imposé bien des revendications FGTB. Egalement en matière du crédit-temps pour les emplois de fi n de carrière et de la prépension (aujourd'hui RCS: ré-gime de chômage avec supplément de l'entreprise), on a pu adoucir bien des plans gouvernementaux. On a imposé aussi de l'espace de négociation pour augmenter un peu les salaires dans les secteurs, bien que la marge soit limitée… Mais les employeurs ont tenu ferme: le saut d'index est un must pour eux. Evidemment la FGTB ne peut pas être d'accord avec cette mesure. En effet, sur la base du rapport du Conseil Central de l'Eco-nomie, nous savons que ce saut d'index n'est pas du tout néces-

saire pour éliminer le soi-disant handicap salarial.» Entretemps, l'UBT consulte ses militants. En effet, ce seront eux qui décideront. Parce qu'ils étaient sur la brèche pendant les actions…

Après une pression exercée par l'UBT pendant de longs mois, la CCT relative au «pool» pour le transport par bus à la charge de la VVM (De Lijn) a été prolongée. Ce dossier fi gurait de nouveau à l'agenda suite aux économies prévues dans le transport public par le ministre Weyts (N-VA). En effet, les économies chez De Lijn risquent d'engendre également des pertes d'emplois chez les exploitants.

La CCT contient des accords clairs sur ce qui doit être fait en cas de moins de travail suite à l'abolition de certaines lignes chez les fermiers. Ces accords doivent assurer que toutes les mesures sont prises pour éviter des licenciements secs.

La CCT prévoit des solutions différentes: RCS (avant prépension), redistribution d'heures, introduction volontaire de crédit-temps ou de temps partiel… Ceux qui risquent quand-même de perdre leur emploi sont repris dans un «pool».

Les employeurs et De Lijn s'engagent également à réengager ces chauffeurs avec priorité. En outre, la CCT prévoit en un régime de chômage temporaire avec une allocation supplémentaire (pendant 6 mois, 8 euro/jour au minimum).

La CCT est en vigueur du 01 02 2015 jusqu'au 01 02 2017 et signifi e une protection importante pour les travailleurs chez les fermiers.

Economies chez De Lijn: prévenir les licenciements!

Via la Fédération Interna-tionale des Travailleurs du Transport – Londres (ITF),

à laquellle l'UBT est affi liée, nous avions appris que l'armement suisse Allseas Group, rendait hom-mage à un criminel nazi condamné en donnant son nom à un de ses navires.

Le navire en question, le «Pieter Schelte» navigue sous le pavillon de complaisance de Panama et pour le compte de Allseas et est donc sous contrat chez Shell. Le nom a été donné pour honorer le père du propriétaire de l'Allseas Group. Il était un offi cier nazi Waffen-SS.

Que la route de navigation du navire se trouve en Grande Bre-tagne et le long du continent rend les choses encore pire. D'où l'UBT appuie Paddy Crumlin, président de l'ITF qui est clair: «ce navire de la honte doit être interdit dans les eaux de Grande Bretagne et de l'Europe et, par extension, du monde entier. Un changement de nom s'impose!»

Le même armement a d’ailleurs

une mauvaise réputation en ce qui concerne la réduction des mesures de sécurité à bord des navires et les salaires des gens de mer. C’est aussi le même groupe qui a incité les autorités australiennes à rendre plus sévères les obligations visa pour les ouvriers dans leur indus-trie offshore.

Comme l’ITF nous considérons ce fait incroyable comme une grave offense et nous avons l’intention de lutter contre cette situation qui crie ven-geance, ensemble avec les syndicats régionaux affi liés en Grande Bre-tagne et le reste de l’Eu-rope. Nous lançons un appel à Shell pour refu-ser à transporter leurs produits avec pareils armateur et navire.

A la dernière minute, à la parution de cette édition, nous appre-nons que sous la pression constante de l’ITF et également

de l’Union Belge du Transport la fi rme Allseas a pris l’unique bonne conclusion raisonnable . Afi n de ne pas corrompre le plus grand navire du monde avec le nom d’un criminel Waffen-SS de la deuxième Guerre mondiale, elle lui donnera un autre nom!

Pas de nom nazi pour le navire Allseas! Tournure positive dans un dossier désagréable

Page 12: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

DOSSIER8 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

LE PROJET D’ACCONÉGOCIATIONS

Les contenus de la concertationA

la mi-décembre, le front com-mun syndical a suspendu son plan d’actions pour donner sa

chance à la concertation sociale que la mobilisation syndicale a permis de débloquer. Celle-ci s’est poursuivie au début de cette année. Elle portait sur différents thèmes:

La liaison des alloca-tions sociales au bien-être. Tous les deux ans une enveloppe est pré-vue pour augmenter

les allocations sociales en plus de l’indexation de manière à ce qu’elles rattrapent un peu l’écart qui s’est creusé entre l’évolution des salaires et l’évolution des allocations sociales supposées remplacer le salaire perdu.

Les interlocuteurs sociaux sont en ef-fet chargés par la loi de décider de la répartition de cette enveloppe entre les différents bénéfi ciaires d’alloca-tions sociales (pensions, chômage,

invalidité, etc.) en principe pour le 15 septembre au plus tard.

La marge salariale. Tous les deux ans, les interlocuteurs sociaux doivent défi nir une marge d’augmentation

de salaire possible pour les deux années suivantes sur base du rap-port technique du Conseil Central de l’Economie qui compare l’évolution prévue des salaires de la France, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Cette marge d’augmentation – aux termes de la loi de sauvegarde de la com-pétitivité – s’ajoute normalement à l’indexation et aux augmentation barémiques.

Une fois défi nie, elle doit être confi r-mée par le gouvernement et sert de base aux négociations salariales dans les secteurs et les entreprises. Pour rappel, le précédent gouverne-ment avait d’autorité fi xé la marge

à zéro mais sans toucher à l’indexa-tion. Par contre, le gouvernement Michel a laissé la marge à la concer-tation mais a décidé au préalable d’un saut d’index.

La prolongation des conventions collectives et accords sur l’affecta-tion de certains pour-centages de la masse salariale à des poli-

tiques ciblées (formation, emploi de publics cibles, mobilité, réductions de cotisations.

L’exécution des accords conclus le 17 décembre sur les statuts ouvrier-employé, les prépen-sions (RCC), le crédit-temps de fi n de carrière

qui doivent encore faire l’objet de conventions au sein du Conseil natio-nal du Travail. (Voir ci-contre).

RCC

• Toujours possible à 58 ans au cours des deux prochaines années pour les métiers lourds, le travail de nuit, la construction, en cas de 40 ans de carrière ou à l’appui d’une attestation médicale avec mesures transitoires pour les travailleurs qui répondent aux condi-tions antérieures.

• A 60 ans jusqu’à la fi n de 2017 dans les secteurs et les entreprises disposant d’une CCT en la matière.

• Dans les entreprises en diffi culté ou en restructuration, le RCC reste possible à partir de 55 ans.

Crédit-temps de fi n de carrière

• Reste possible avec indemnités à partir de 55 ans (au lieu de 60 ans) dans le cas des métiers lourds, du travail de nuit, dans la construction, en cas de 35 ans de carrière, dans les entreprises en diffi culté ou en restructuration.

Disponibilité jusqu’à 65 ans: • Des négociations interviendront pour rectifi er cette mesure absurde

pour les chômeurs âgés et en RCC.

> POURQUOI LA FGTB A DIT NON

5 questions à nos négociateursLes négociations au sein du Groupe des 10 (patrons et syndicats) ont été menées pour la FGTB par le Président Rudy De Leeuw et le Secrétaire général Marc Goblet. Ils nous expliquent pourquoi la FGTB a finalement refusé le texte du compromis. Rappelons que la FGTB avait marqué un accord sur deux des trois volets de la négociation mais les employeurs ont voulu lier ces dossiers à la marge salariale.

La FGTB seule a rejeté le compromis élaboré au sein du groupe des 10. Pourtant les 3 syndicats étaient

sur la même ligne au début de cette négociation. Pourquoi une attitude différente sur le même texte?

M.G.: Dès le départ de la négociation, le front commun syndical partageait la même revendication: suppression du saut d’index et liberté de négocia-tion dans les secteurs et entreprises.Les chiffres du rapport technique du Conseil central de l’Economie démontraient que sans toucher à l’index, on pouvait réduire d’un coup l’écart salarial de 2,9% tout en laissant une marge salariale à négocier dans les secteurs. La FGTB a fait plusieurs propositions mais les patrons se sont retranchés derrière la position du gouvernement pour maintenir le saut d’index. Ils ont fait une ultime proposition de deux enveloppes fermées de 0,5 et 0,3%. Cette proposition ne répondait pas au mandat que nous avions reçu lors de notre comité fédéral qu’il a à nouveau confi rmé le 13 janvier.

La CSC et la CGSLB ont au contraire décidé de présenter cette proposition à leur base.

Est-ce à dire que le front commun est fi ssuré?

M.G.: Non. Il n’y a pas de fi ssure dans le sens où la position de la CSC et de la CGSLB est de dire que même s’ils acceptent la proposition patronale, ils s’inscrivent quand même dans un plan d’actions commun pour récla-mer la suppression du saut d’index et les autres revendications du front commun.

Le saut d’index est-il en fi n de compte du ressort des interlocuteurs sociaux ou du gouvernement

comme le soutiennent les employeurs?

R.D.L.: Nous avons toujours dit que ce gouvernement était celui des patrons et des riches. Il l’a une fois encore démontré : en décidant d’imposer un saut d’index alors que cela ne fi gurait dans aucun des pro-grammes électoraux (pas plus que la pension à 67 ans d’ailleurs), il a

installé les employeurs dans un fau-teuil avant même que la concertation ne démarre. Nous avons essayé de le sortir de la table de négociation, mais les employeurs n’ont rien voulu entendre.

M.G.: La question du saut d’index relevait de la négociation entre les interlocuteurs sociaux. C’était le mandat même du gouvernement qui était censé permettre aux interlo-cuteurs sociaux de négocier en toute autonomie la marge salariale pour 2015 et 2016 sur base de la loi de 1996 (de sauvegarde de la compétitivité) et du rapport technique du Conseil central de l’Economie.

Mais il faut rappeler que cette loi de 1996 garantit l’indexation automa-tique des salaires et les augmenta-tions barémiques. Le gouvernement n’a donc aucune base légale pour appliquer un saut d’index. Il se met hors la loi.

Certains avancent qu’un saut d’index, ce n’est pas si terrible vu le taux d’infl ation nul voire négatif?

M.G.: Que ce soit en 2016 ou en 2017, dès le moment où le saut d’index interviendra, les travailleurs et les allocataires sociaux subiront bel et bien une perte de 2% de leur revenu.

R.D.L.: Ce qui compte, c’est que même s’ils augmentent moins vite, les prix augmentent quand même alors que les salaires ne bougent pas. On gagne donc de moins en moins. En début de carrière, un saut d’index aujourd’hui va au fi nal vous coûter 27.000 euros environ sur toute la carrière. Et ça

se répercutera sur le montant de la pension qui sera plus basse.

Les dépenses des ménages grimpent. L’augmentation des frais profession-nels forfaitaires n’est pas suffi sante pour compenser le manque à gagner d’un saut d’index. Ce ne sont pas les «cacahuètes» offertes par les employeurs qui vont compenser ces pertes.

Et en plus seuls ceux qui travaillent peuvent en bénéfi cier. Le saut d’in-dex va aussi frapper les pensions qui sont déjà trop basses. Pour une pension de 1.000e, cela représente une perte de 20e par mois, soit 240e par an. Les ménages qui ont déjà été durement frappés par la crise ont de plus en plus de mal à nouer les deux bouts. Et ça on ne peut pas l’accepter.

Vous dites qu’un saut d’index n’est pas nécessaire pour rétablir la compétitivité des entreprise?

R.D.L.: En effet le saut d’index n’est pas du tout nécessaire pour réduire l’écart salarial avec les pays voisins. Il ressort du rapport technique du Conseil central de l’économie qu’il y avait une marge de 0,7% d’aug-mentation de salaire possible sans toucher à l’index, comme le stipule la loi de sauvegarde de la compétitivité qui encadre la négociation salariale. La décision du gouvernement ne re-lève pas d’une analyse économique objective mais de l’idéologie pure. Une idéologie par ailleurs aveugle face aux 130.000 Belges qui doivent faire appel aux banques alimentaires pour se nourrir.J’ajoute – puisqu’on parle de «tax

shift» qu’un saut d’index signifi e que l’on prend 2,6 milliards dans la poche des travailleurs du privé pour les donner aux employeurs et à leurs actionnaires. Et cela sans aucune garantie de création d’emplois. Ce ne sont pas les actionnaires qui ont besoin d’oxygène mais bien les tra-vailleurs qui font tourner l’économie.

Et maintenant? Quelles seront les suites?

M.G.: Notre comité fédé-ral réuni le 10 février a

de nouveau confi rmé le rejet de la FGTB de la proposition patronale de compromis. Le principe d’un plan d’actions à élaborer en concertation avec le front commun syndical a été approuvé par le Comité fédéral de la FGTB portant sur nos priorités parta-gées par le front commun syndical.

Elles se résument en quatre lignes: - La suppression du saut d’index

et le renforcement du pouvoir d’achat

- La sauvegarde d’une sécurité sociale fédérale forte

- La mise en œuvre d’une politique de relance et d’investissements créatrice d’emplois de qualité ainsi que la garantie de services publics de qualité et l’arrêt des attaques contre les statuts dans la fonction publique

- La mise en œuvre d’une fi sca-lité juste via la contribution plus équitable des revenus du capital.

1.

2.3.

4.

5.

> EN RÉSUMÉ

1.2.

3.

4.

Page 13: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 9DOSSIER

ORD INTERPROFESSIONNEL> SALAIRES

Le compromis âprement négocié entre les syndicats et les employeurs n’a pas été approuvé par la FGTB, mais bien par les deux autres syndicats, CSC et CGSLB, si bien que ce texte, s’il est confirmé par le gouvernement, devient applicable à l’ensemble des travailleurs. La marge que les employeurs ont consentie s’élève à peine à maximum 0,6% de la masse salariale à partir de 2016 et à répartir entre augmentation brute de 0,375% et augmentation nette de 0,3% via différents mécanismes de salaires exonérés de cotisation et d’impôts (chèques-repas, avantage lié aux résultats…). Marges qui doivent encore être négociées dans les secteurs et entreprises.

Sur base de la comparaison de nos salaires avec l’évolution des salaires chez nos voisins, le rapport du Conseil central de l’Economie avait estimé possible une marge salariale

de 2,9%. Ceci, en sachant que la loi de 1996 de sauvegarde

Une marge symbolique et sans indexation

> LIAISON AU BIEN-ÊTRE

+2 % pour les allocations minimales mais - 2% d’indexation pour toutes Même si la FGTB a rejeté le compromis sur les salaires, celui sur la répartition de l’enveloppe « bien-être » pour augmenter les allocations sociales reste. Tous les minimas seront augmentés de 2% mais le saut d’index sera appliqué ce qui rend l’opération nulle et négative pour tous les allocataires sociaux qui bénéficient de plus qu’un minimum ou d’un forfait.

L’enveloppe destinée à augmenter les allocations sociales est fi xée par loi mais sa répartition est laissée à l’appré-ciation des interlocuteurs sociaux qui peuvent détermi-

ner des priorités. La dernière enveloppe avait été amputée de 40%. Elle a cette fois été rétablie à 84% soustraction faite des 16% correspondant aux allocations familiales transférées aux Communautés. Ce sont 627 millions cumulés qui seront ainsi répartis entre les allocataires sociaux. Normalement cette négociation n’a rien à voir avec la négociation salariale mais les employeurs s’arrangent toujours pour lier les deux afi n d’en faire une monnaie d’échange. Il avait été décidé par le précédent gouvernement d’une application automatique du mécanisme, faute d’accord. Le gouvernement Michel a supprimé cet automatisme.

Les interlocuteurs sociaux ont donc négocié et sont tombés d’accord sur la répartition de l’enveloppe bien-être. Même si la FGTB a rejeté le compromis sur les salaires, celui sur le bien-être reste. Tous les minimas et forfaits sociaux – ainsi que certaines pensions ou allocations dont le droit a été ouvert il y a 5 ans ou 6 selon les cas - seront augmentés de 2%.

La répartition de cette enveloppe se heurte généralement au refus des employeurs de revaloriser les allocations de chômage de crainte de créer ainsi des «pièges à l’emploi». Ce fut cette fois encore une pierre d’achoppement malgré le fait que la dégressivité des allocations ait été instaurée. Néanmoins les chômeurs et les prépensionnés n’ont pas été oubliés mais le montant de 134 millions d’euros prévu pour revaloriser les

allocations de chômage a été amputé de 50 millions d’euros qui seront affectés à d’autres catégories alors qu’il aurait permis de relever un peu plus le montant des allocations.

Notons que le relèvement des minimas est en principe destiné à permettre aux allocataires sociaux de repasser au-dessus de la barre du seuil de pauvreté. Or, ce sont les allocations de chômage qui en sont les plus éloignées.

Un saut d’index quand même

Il n’en reste pas moins que le saut d’index sera appliqué, ce qui annule l’avantage pour les allocataires sociaux dont l’alloca-tion aura été relevée, tandis que ceux qui sont au-dessus des minima ne recevront rien et perdront les 2% d’index. Pour une allocation de 1000e, cela représente une perte de 240e par an. Le maintien de ce saut d’index est la raison pour laquelle la FGTB n’a pas approuvé le compromis fi nal.

L’enveloppe

La répartition Pensions

• Minima: + 2 % au 1/9/2015.• Minimum pour les travailleurs à temps partiel: + 2% au

01/09/2015.• Plafond du droit minimum par année de carrière: + 2%. Il

n’avait jamais été adapté et dès que le montant de la pension dépassait 1.191e, on perdait le droit à cet avantage.

• Pensions octroyées en 2010 et 2011: + 2% au 1/9/2015 (2010) et au 1/1/2016 (2011).

• Relèvement pécule de vacances de 8,6% à 15,5% au 01/05/2015.• Pensions les plus anciennes (prise de cours avant 1995): + 1%

au 01/09/2015

Maladie et invalidité

• Minima: + 2% au 1/9/2015.• Indemnités d’invalidité octroyées en 2009 et 2010: + 2 % au

1/9/2015 (2009) et au 1/1/2016 (2010).• Prime de rattrapage après 2 ans d’incapacité de travail: + 160e

ce qui porte la prime à 468,09.• Plafonds: + 1,25 % au 01/04/2015.

Accidents du travail et maladies professionnelles

• Minima et forfaits: + 2% au 1/9/2015.• Indemnités octroyées en 2009 et 2010: + 2% au 1/9/2015 (2009)

et au 1/1/2016 (2010).• Plafonds: + 1,25% au 01/01/2016.• Diminution à partir du 01/10/2015 de la cotisation sociale à

8,31% pour les personnes cumulant une pension et accident du travail ou maladie professionnelle (elle est actuellement de 13,07 % alors que sur la partie pension elle n’est que de 3,55 %).

Chômage

• Tous les minima et forfaits: + 2% au 1/9/2015, y compris les allocations d’insertion, les allocations d’interruption de carrière et la partie chômage des prépensions.

• Relèvement au 01/04/2015 de tous les plafonds de calcul (y compris chômage le temporaire de 1,25 % et les prépensions).

Minima chômage

(après 7 mois de chômage)

Allocation mensuelle

brute eSeuils de

pauvreté e% du seuil

de pauvreté

Isolés 953 1.080 88%Ménage 1.135 1.621 70%

Allocations d’insertion

Isolé (+ 21 ans) 818 1.080 76%

Ménage 1.106 1.621 68%

2015 2016

TOTAL (millions e) 319,5 627,2

Salariés 248,7 488,6

Indépendants 32,7 + 5 66,5 + 5

Aide sociale 33,1 67,1

de la compétitivité qui encadre la négociation des accords interprofessionnels, prévoit explicitement que cette marge vient en plus de l’indexation automatique des salaires et des augmentations barémiques.

Sur ces derniers points, le jeu était faussé avant négociation puisque le gouvernement a décidé d’appliquer un saut d’index de 2%. Les employeurs n’ont pas voulu remettre en cause – et pour cause: il représente pour eux un cadeau de 2,6 milliards – ce saut d’index en invoquant le fait que c’est une décision politique.

La négociation sur la marge salariale a débouché sur un déblo-cage des salaires, mais la marge obtenue est minime: maximum 0,5 % en brut charges patronales comprises pour 2016 seule-ment, ce qui donne maximum 0,375% brut pour les travailleurs.

A cette marge brute s’ajoutera une marge nette de maximum 0,3% toujours en 2016. Ces 0,3% pourront prendre la forme d’une augmentation de 1e des chèques-repas sans augmentation de la quote-part personnelle du travailleur et sans augmentation de la taxation dans le chef de l’employeur qui doit pouvoir déduire fi scalement cette augmentation, soit un cadeau fi scal de 110 millions pour les employeurs.

Une autre piste pour ces 0,3% peut être la convention collective de travail n° 90 qui permet aux entreprises d’accorder un avan-tage annuel non récurrent lié aux résultats exonéré de charges.

- Les augmentations de salaire doivent être négociées dans les secteurs. Seuls les secteurs forts accorderont les augmentations.

- Les augmentations en net ne bénéfi cieront pas à tous les travailleurs: tous ne reçoivent pas des chèques re-pas; la CCT 90 laisse une large marge d’arbitraire aux employeurs.

- Par contre tous les salariés se voient privés de 2 % de leur salaire par un saut d’index pour n’en récupérer au mieux que 0,6% sous forme d’augmentations.

- Le saut d’index touche aussi les fonctionnaires (sans aucune contrepartie) et les allocataires sociaux.

- L’augmentation des frais forfaitaires professionnels déductibles qui ne représente au mieux que 250e par an et les augmentations possibles mais pas nécessairement acquises ne compensent pas le saut d’index.

- Le saut d’index a un effet récurrent puisque une fois rétablie l’indexation s’appliquera par la suite sur un salaire amputé de 2%. Selon nos calculs sur une carrière complète, par exemple pour un jeune travailleur de 25 ans avec un salaire moyen, cela représente 27.000 euros, soit au fi nal un an de salaire.

- Le «tax shift» supposé alléger les charges sur le travail se fait à l’envers puisque ce sont 2,6 milliards qui passent du travail au capital et qui viennent s’ajouter à toutes les autres subventions salariales et déductions fi scales. Tous ces milliards octroyés aux entreprises ne sont assortis d’aucune condition ni obligation de création d’emplois.

- Le compromis est assorti d’une clause de paix sociale très improbable compte tenu – outre le saut d’index - des mesures décidées par ailleurs en matière de chômage, de fi n de carrière, de pensions, de crédit-temps…

Pourquoi la FGTB a rejeté ce compromis?

Page 14: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

10 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

> POINT DE VUE

Il semblerait que pour le gouvernement Michel, s’attaquer aux travailleurs et allocataires sociaux soit devenu la priorité abso-lue. Et comme un magicien, il sort chaque jour de nouvelles

mesures de son chapeau et nous, nous devrions tous applaudir des deux mains sous peine de nuire à l’économie belge.

En effet, nous devrions applaudir le saut d’index puisque selon Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB, la fédération des Entreprises de Belgique, un saut d’index est indispensable pour préserver la sécurité sociale. Bref, ce serait pour notre bien. De qui se moque-t-on?

Si on suit le raisonnement de la FEB jusqu’au bout, un saut d’index permettrait d’améliorer la compétitivité des entreprises, ce qui attirerait des investisseurs et créerait donc des emplois. Oui, sauf que tout cela doit rester au conditionnel puisque les employeurs ne donnent aucune garantie en matière d’emplois et le gouverne-ment refuse d’exiger quoi que ce soit en retour. Quant aux autres arguments avancés par le gouvernement ou les employeurs, ils peuvent tous être tout aussi facilement démontés. C’est d’ailleurs ce que nous faisons par le biais d’une campagne d’information que nous menons actuellement. Une seule conclusion s’impose: un saut d’index est et reste un vol, aujourd’hui, en 2016 ou en 2017, ça ne change rien.

Ensuite, nous devrions aussi applaudir le tax shift dont le but est d’alléger la fi scalité sur le travail en taxant d’autres choses. En l’occurrence, le gouvernement aurait l’intention de compenser cet allègement par une hausse de la TVA. Donc en s’attaquant directement à la consommation. Viendraient ensuite les compor-tements polluants pour l’environnement et enfi n seulement les fortunes, mais dans une moindre mesure, toujours pour ne pas nuire à l’économie. Une fois de plus, ce sont les simples citoyens qui vont payer une addition qui risque d’être salée et qui verront leur pouvoir d’achat diminuer.

Et enfi n, nous devrions applaudir une attaque à la fois incompré-hensible et choquante: le gouvernement Michel remet au travail bon nombre de prépensionnés. Encore une mesure particulièrement injuste. Des travailleurs qui ont fait le choix, parfois forcé, de partir en prépension doivent subitement être à nouveau disponibles sur le marché du travail, et ce avec effet rétroactif. Ainsi, des travailleurs qui ont bossé toute leur vie se retrouvent contraints de rechercher activement du travail et de suivre des formations alors qu’il manque des emplois pour les jeunes. Les témoignages en page 11 en disent long sur la détresse et l’incompréhension de ces gens.

Donc, désolé pour le gouvernement Michel, la FEB et tous les autres, mais non, nous n’applaudirons pas des mesures aussi asociales qu’injustes. Ces mesures sont inacceptables. D’ailleurs, nous ne pourrons jamais accepter des mesures prises unilatéralement, sans la moindre concertation. Nous refusons de baisser les bras. Ce combat, c’est le nôtre et nous continuerons de défendre les travailleurs, même si les dés semblent pipés d’avance. Nous conti-nuons notre résistance avec le front commun. Des actions seront prochainement organisées.

(9 février 2015)

Werner Van HeetveldeSecrétaire général

Le saut d’index pour préserver la sécurité sociale? Quel cynisme!

Le Fonds Social pour la récupération des produits divers (SCP 142.04) organise des formations de sécurité entièrement gratuites pour les ouvriers du secteur.

On n’est jamais trop prudent sur son lieu de travail, La Centrale Générale-FGTB le

rappelle fréquemment. Certains emplois comportent davantage de risques que d’autres. C’est notam-ment le cas pour les travailleurs du secteur de la récupération des produits divers qui sont confron-tés en permanence à des produits dont ils ignorent l’origine et qui sont susceptibles de les mettre en

danger. Des mesures préventives doivent être prises.

C’est pour cette raison que le Fonds Social COBEREC souhaite leur ad-ministrer une piqûre de rappel. Il propose aux ouvriers du secteur de participer à une formation d’une demi-journée afi n de pas-ser en revue des thèmes tels que la prévention contre l’incendie, les

premiers soins en cas d’accidents ou encore les différents risques liés à l’emploi.

Cette formation est entièrement gratuite pour les ouvriers de la sous-commission paritaire 142.04. Les ouvriers d’autres commissions paritaires peuvent également s’inscrire moyennant une partici-pation fi nancière.

Pour en savoir davantage sur le contenu du programme et connaitre les infos pratiques concernant les formations, ren-dez-vous sur www.febem-fege.be.

> RÉCUPÉRATION DES PRODUITS DIVERS

Recyclage en sécurité toujours le bienvenu

La situation dans le secteur de la construction n’est pas brillante, plus de 20.000 emplois ont déjà été perdus depuis le 1er janvier 2012 et les perspectives ne sont pas rassurantes. Robert Vertenueil, qui est avec sa collègue Katrien Van Der Helst, porte-parole de la Centrale Générale-FGTB pour le secteur de la construction nous livre leur état d’esprit et nous fait part de leurs inquiétudes. Quelles sont les diffi cultés auxquelles la construction est confrontée et pourquoi cela devient-il ingérable?

Robert: Sans être exhaustif, je pointerais la conjugaison de trois éléments. Tout d’abord, il y a une conjoncture défavorable. Comme le montre le rapport du Conseil Central de l’Economie, l’activité du secteur va pour le moins stagner, voire diminuer. La baisse générale de consommation se fait égale-ment sentir sur les travaux de construction ou de rénovation. Ensuite, il y a les conséquences de mesures prises par les pouvoirs publics qui font que le gouver-nement fédéral comme les gou-vernements régionaux réduisent ou reportent les investissements publics. Et les Villes et Communes qui représentent plus de 50 % des investissements publics doivent également revoir à la baisse les investissements.A cela il faut ajouter des consé-quences indirectes liées à des mesures telles que la révision du taux de TVA pour les travaux, la révision de certains systèmes de déductibilités fi scales, la révision du Bonus Logement. Les mesures déjà prises et en projet auront un impact négatif sur le secteur.Enfi n, il y a le phénomène du dum-ping social. On constate une dimi-nution sensible de l’emploi belge et une augmentation très signifi -cative et en croissance constante du nombre de travailleurs déta-chés. Si on ajoute à cela qu’on peut diffi cilement mesurer l’impact en

terme d’emplois du phénomène des faux indépendants et des tra-vailleurs au noir et illégaux, on ne peut être qu’inquiet. Même à niveau stable de l’activité, l’emploi des travailleurs dans les entre-prises belges diminue.

A votre avis, que faudrait-il faire?

Il n’y a pas de solution miracle, mais deux champs d’actions me semblent prioritaires. Le premier concerne la relance. Tous les gou-vernements doivent développer une politique d’investissements publics ambitieuse reposant sur les demandes de la population. Ce faisant, ils relanceraient l’activité de la construction et par voie indi-recte, toute une série d’autres sec-teurs. Quant aux gouvernements régionaux, ils devraient dévelop-per une politique de logement plus ambitieuse tant au niveau du locatif que de l’acquisitif.Le second champ d’action concerne la lutte contre le dumping social. Tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut agir tant le phénomène prend une ampleur ingérable. Mais rien de concret n’est mis en place ou si peu. Nous travaillons avec différents cabinets ministé-riels et les interlocuteurs sociaux, mais les choses avancent trop lentement. Il faut travailler plus vite sur les questions législatives à tous les niveaux de pouvoir, de-puis l’Europe jusqu’aux Régions. Et en même temps se donner les moyens de contrôles effi caces pour au minimum empêcher les dérives illégales et enfi n il faut responsa-

biliser les employeurs.

Qu’entendez-vous par responsabiliser les employeurs?

Comme je le dis souvent, aucun travailleur ne décide tout seul d’aller travailler en noir. Aucun travailleur polonais, roumain, portugais ou autre ne décide seul de venir travailler sur un chantier en Belgique. Si ce type de main-d’œuvre existe, c’est d’abord parce qu’il y a des entreprises et des maitres d’œuvre belges qui y font appel. Les entreprises belges qui appartiennent parfois à de grands groupes européens ont pour des raisons de rentabilité vis-à-vis de leurs actionnaires, amorcés le phénomène. Les grosses entre-prises qui utilisent abondam-ment la sous-traitance y compris sous forme de détachement avec toutes les dérives qu’on connait continuent à engranger de beaux bénéfi ces tandis que l’emploi glo-bal au niveau belge diminue et que les petites entreprises et indépen-dants disparaissent les uns après les autres.

> LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION DANS LA TOURMENTE

Quel avenir pour la construction?

Pour Robert Vertenueil, porte-pa-role Centrale Générale-FGTB pour le secteur de la construction il est grand temps d’agir sur la relance et le dumping social.

Page 15: FGTB - Syndicats n° 3 de 2015

SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 11

Retour au travail après la prépension? Une gifl e de plus pour les travailleurs

En effet, depuis le 1er janvier, le gouver-nement a mis en place de nouvelles règles pour le RCC. Elles concernent

les travailleurs qui n’avaient pas 60 ans au 31 décembre 2014 et qui sont en RCC depuis le 1er janvier 2015. Selon les nouvelles règles, on considère que ces travailleurs sont en chômage, ils doivent donc être disponibles activement sur le marché du travail. Même les travailleurs en RCC pour

raisons médicales sont concernés par cette mesure totalement aberrante et incom-préhensible.

Ce qui changeAuparavant, les travailleurs en prépen-sion étaient en disponibilité passive. Au-jourd’hui, ils sont en disponibilité active, ce qui signifi e que jusqu’à 65 ans, ils doivent chercher activement un travail et prendre

Des travailleurs témoignent«Si j’avais su, jamais je n’aurais négocié de RCC»Jean-Pierre, ancien travailleur de Saint-Gobain est lui aussi concerné, à deux niveaux. D’abord sur le plan personnel, alors qu’il a 40 ans de carrière et qu’il a travaillé à pauses, ensuite parce qu’en tant que délégué, c’est lui qui a négo-cié la prépension d’une septantaine de collègues. «Si j’avais su ça, jamais je n’aurais négocié le RCC. J’aurais négocié un plan social pour ces gens. C’est une véritable injustice. Il faut quand même se rendre compte de ce que nous vivons. Nous avons des textes de lois et du jour au lendemain, un nouveau ministre arrive et décide de tout balayer d’un revers de main. J’ai des collègues qui sont partis en RCC en 2009, lors d’un plan social négocié chez Saint-Gobain. Certains avaient alors 51 ans. Ça veut dire qu’aujourd’hui, après toutes ces années, ils sont eux aussi touchés par cette mesure. Certains ont tout vendu en Belgique pour s’installer en Italie. Aujourd’hui, ils sont vraiment dans la misère. Ces politiques ne se rendent vrai-ment pas compte des conséquences que leurs mesures impliquent. Ce n’est pas possible autrement.»

«Je voulais être solidaire envers les jeunes» Le cas d’Eddy est lui aussi très révélateur. Il est en RCC depuis septembre 2013. Au moment où il a pris sa prépension, l’employeur avait fait part de son inten-

tion de licencier des travailleurs, soit des jeunes, soit des travailleurs qui pouvaient prétendre au RCC. Vu qu’il remplissait les conditions, il a décidé de laisser sa place aux jeunes et est parti en RCC. Et au fi nal, suite à ce changement de législation, il a le sentiment d’avoir été dupé: «J’ai pris cette décision parce que je voulais être solidaire envers les jeunes. Mais en fi n de compte, c’est moi qui paie l’addition, et elle est salée. Si j’avais su, c’est clair que j’aurais fi ni ma carrière chez mon ancien employeur chez qui j’étais bien. En plus, j’avais cer-tains avantages liés à mon ancienneté.» Il est désormais inscrit à l’ONEm comme demandeur d’emploi et a même déjà reçu des offres.

«Une formation à 62 ans? Une aberration totale»Luciano se retrouve aussi dans une situation sidérante: alors qu’il est âgé de 62 ans, il est concerné par cette me-sure parce qu’il est encore en préavis et qu’il n’a donc pas touché d’indemnité de chômage en 2014. Au moment où nous l’avons contacté, il était en train de suivre une formation en informa-tique. «Je ne comprends pas la situa-tion dans laquelle nous sommes. On a signé un préavis, il y avait des accords et aujourd’hui, parce qu’un autre gou-vernement arrive au pouvoir, les règles changent. Nous sommes aujourd’hui pénalisés par ce gouvernement. Tous ces politiques prennent des décisions

générales, sans juger au cas par cas. Ce que moi j’aimerais, c’est que ces gens se mettent une fois dans la peau de ceux qui subissent leurs décisions. Qu’ils se rendent compte de ce que ça implique concrètement. A mon âge, suivre une formation, ce n’est vraiment pas logique. Il faut laisser la place aux jeunes et les laisser construire leur vie.»

«Ma santé ne me permettait pas de continuer à travailler et là, je risque de devoir recommencer de zéro»La situation d’Éric est elle aussi frap-pante. Il est en RCC depuis le 30 dé-cembre 2014 – régime 56 ans, pour raison médicale dans le secteur de la construc-tion: «Je ne suis momentanément pas activé, mais quoi qu’il en soit, avant d’être licencié, je travaillais depuis déjà 25 ans pour le même employeur, avec un bon salaire et des avantages liés à mon ancienneté. Si j’avais su cela, jamais je n’aurais demandé ma prépension. Je risque aujourd’hui de devoir recom-mencer ailleurs, pour un salaire qui sera probablement moins élevé et où je vais devoir tout recommencer de zéro.»

«Changer les règles après coup, c’est scandaleux!»Vincenzo est un ancien d’AGC. Lorsque nous l’avons rencontré, il venait se ren-seigner auprès de l’accompagnateur so-cial d’AGC: «J’entends des informations à gauche et à droite, et là, je suis venu voir

ce qu’il en est réellement. Je suis choqué. J’ai 57 ans et si j’avais eu toutes les cartes en mains, jamais je n’aurais demandé à prendre ma prépension. Au moment de la fermeture, j’aurais pu demander ma mutation sur un autre site d’AGC ou au moins bénéfi cier du plan social. A l’époque, je me suis dit qu’il valait mieux laisser la place aux jeunes, étant moi-même père, je suis sensible à leur situation. Mais aujourd’hui, je trouve ça scandaleux. Changer les règles qui étaient d’application lorsque nous avons signé, c’est totalement inadmissible. En plus, avec cette mesure, on ne pense pas aux jeunes. Ils ont déjà du mal à trouver un emploi, si en plus les vieux reviennent sur le marché du travail, on ne va pas en sortir. C’est honteux et mal-honnête.»

«Je croule sous les offres d’emplois… dans l’intérim»Ronny travaillait dans le secteur de la chimie, une entreprise en restruc-turation. Il a quitté son entreprise en décembre 2014, à l’âge de 56 ans avec 42 ans de carrière, tout comme 60 autres travailleurs dans le même cas que lui. Vu qu’il était électromécanicien trou-ver du boulot n’est pas le problème. Au contraire, il croule sous les offres d’emplois du Forem, essentiellement des contrats d’un jour, une semaine dans le meilleur des cas, mais toujours en intérim.

Nombreux sont les travailleurs prépensionnés qui ont dû croire qu’il s’agissait-là d’une bien mauvaise blague. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. En effet, depuis le 1er janvier, les travailleurs sous le régime chômage avec complément d’entreprise (RCC), ce que l’on appelait auparavant la prépension, doivent désormais être disponibles activement sur le marché du travail. Un changement lourd de conséquences pour de nombreux travailleurs pour qui c’est une gifle de plus.

L’occupation israélienne de la Pales-tine continue impunément malgré les condamnations de la communauté

internationale. Les nombreux liens que la Belgique entretient avec Israël contribuent au maintien et à la perpétuation des viola-tions quotidiennes du droit international.

Katarzyna Lemanska, qui a participé à la réa-lisation de l’étude, a effectué ses recherches sur le terrain en Belgique, en Palestine et en Israël. Ces recherches lui ont permis de mettre en évidence les relations entre les états belge et israélien en matière de coo-pération universitaire et militaire et aussi

les réseaux économiques entre les deux pays qui font que nous retrouvons des pro-duits des colonies dans les rayons de nos supermarchés.

Le rapport ne se borne pas à exposer le détail de toutes ces information, mais il se veut un outil pour tout un chacun qui se sent concerné par l’occupation israélienne de la Palestine et qui souhaite pousser la Belgique à se conformer à ses obligations en matière de droit international.

Le rapport est consultable sur notre site web: www.accg.be

> OCCUPATION ISRAÉLIENNE DE LA PALESTINE

Quel rôle pour la Belgique? Onze ONG et plusieurs centrales syndicales, parmi lesquelles la CG, ont commandité une étude afin de déterminer quelles sont les implications belges par rapport à l’occupation de la Palestine par Israël. Le rapport de cette étude a été présenté officiellement le 28 janvier dernier et il met en avant que des entreprises, des universités et les pouvoirs publics participent de manière directe ou indirecte à l’occupation israélienne de la Palestine.

part aux formations et accompagnements mis en place. Ils doivent aussi justifi er régulièrement les démarches qu’ils entre-prennent pour trouver un travail. Autres conséquences qui découlent de ce chan-gement, ils n’ont plus le droit de séjourner plus de 4 semaines par an à l’étranger ou de débuter une activité complémentaire.

Effet rétroactifCette mesure est catastrophique pour bon nombre de prépensionnés puisque celle-ci a un effet rétroactif, ce qui signifi e donc que même les travailleurs qui ont pourtant bénéfi cié de l’ancien système sont visés. En clair, pour être épargné par cette mesure, il fallait être âgé d’au moins 60 ans au 31 décembre 2014 et avoir déjà perçu une indemnité de chômage en tant que prépensionné avant cette date.

Il va de soi que pour la Centrale Générale-

FGTB, c’est un revirement de situation inacceptable. Des travailleurs ont fait des choix en fonction de règles qui étaient en vigueur et après coup, le gouverne-ment décide, une fois de plus seul, de les changer en profondeur. C’est totalement inacceptable. Sur ce dossier aussi, nous nous battons bec et ongles pour faire re-venir le gouvernement sur une mesure intolérable.

> DISPONIBILITÉ DES TRAVAILLEURS EN PRÉPENSION

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MÉTAL12 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

> POINT DE VUE

Parole aux Prépensionnés et PensionnésLes mesures du gouvernement touchent de plein fouet les travailleurs mais pas uniquement d’autres catégories de la société sont visées. Ces mesures sont socialement injustes et totalement inefficaces sur le plan économique. Parmi les plus touchés, les prépensionnés et les pensionnés. C’est pourquoi nous avons donné la parole à la Commission Pensionnés et Prépensionnés de Bruxelles. Cette carte blanche est l’occasion pour eux de s’exprimer sur ces mesures imbuvables.

D’emblée, les membres de la Commission soulignent que les premières victimes

des mesures gouvernementales sont les jeunes. Rien n’est fait pour favoriser l’embauche des jeunes. Que du contraire, tout ce qui est décidé par le gouvernement mar-ginalise les jeunes. Ils estiment que le combat syndical doit prioritai-rement se focaliser sur la problé-matique des jeunes. Ils sont notre avenir. Un chiffre préoccupant pour illustrer la problématique du chômage des jeunes: en région bruxelloise, le chômage des jeunes est de 30% et parfois davantage dans certaines communes.

Les membres de la Commission se rappellent que l’un des objectifs du système des prépensions était l’embauche compensatoire afi n de favoriser l’embauche des jeunes. Or, aujourd’hui, la volonté des poli-tiques est de maintenir à tout prix

les gens au travail au détriment des jeunes. Ils sont scandalisés par la «chasse aux prépensionnés», cette nouvelle mesure en appli-cation depuis le 1er janvier 2015. Tout bénéfi ciaire du Régime de Chômage avec Complément (RCC), nouvelle appellation de la prépen-sion, qui avait moins de 60 ans au 31 décembre 2014 devra rechercher du boulot sous peine d’être sanc-tionné. Cette mesure est socialement in-juste et totalement ineffi cace. Un travailleur qui a passé entre 35 et 40 ans années dans une usine ou sur un chantier est «usé». Il s’agit d’une aberration de demander aux prépensionnés de trouver du boulot alors que les jeunes n’en n’ont pas. De plus, quel employeur voudra engager un travailleur âgé dans des bonnes conditions? La disponibilité est inacceptable pour nous.

En outre, ces systèmes de pré-pension font partie des acquis obtenus suite à des négociations avec les patrons. Ils n’ont pas été offerts. Les prépensionnés sont scandalisés par le fait que toutes les conventions négociées par le passé soient balayées d’un revers de la main. Les personnes qui bénéfi cient d’une pension ou d’une prépension ne sont pas des «mendiants», ils ont mérité leur prépension ou leur pension, fruit d’une longue carrière de travail. Mais souvent une longue carrière ne suffi t pas pour vivre dignement. Un camarade pensionné depuis 10 ans constate que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, que les pensionnés se sont appauvris malgré une longue carrière pro-fessionnelle derrière eux. Un quart des pensionnés vit sous le seuil de pauvreté ! Sans oublier les écarts existant entre les hommes et les femmes, cela peut aller jusqu’à 200 euros de moins pour une femme. Une piste proposée par la Commission est d’avoir une pen-sion unique, la plus haute possible évidemment.

D’autres propositions sont faites par la Commission : la diminution du temps de travail avec maintien du salaire pour favoriser l’emploi, une plus forte mobilisation pour protéger les plus démunis. La politique menée actuellement par le gouvernement est le prolon-

gement des mesures d’austérité prises par le passé. Cela entre dans une stratégie d’affaiblissement du premier pilier de pension, la volonté étant d’obliger les gens à cotiser individuellement pour leur retraite. Ces politiques ont appauvri notre système de fi nan-cement de la sécurité sociale. Or, les richesses sont plus nom-

breuses qu’il y a trente ans mais cette richesse est mal distribuée. Face à ces agressions la riposte doit être à la hauteur, tous unis dans le combat.

Commission Pensionnés Prépensionnés de Bruxelles

(MWB-BRABANT)

Chaque 1er janvier a lieu l’indexation annuelle des salaires dans les secteurs des électriciens (SCP 149.1) ainsi que de la récupération des métaux (SCP142.1) et produits divers (SCP 142.4). L’infl ation quasi nulle de l’année 2014 (indice santé lissé) entraine un statu quo dans l’évolution des barèmes de rémunérations de ces 3 secteurs. Les barèmes applicables en 2015 sont dès lors identiques à ceux utilisés comme référence en 2014. Ils peuvent être consultés dans les pages «secteurs» de notre site web www.metallos.be . Selon les termes des conventions collectives applicables, la prochaine indexation interviendra le 1er janvier 2016.

Indexation sans effet au 1/1/2015 dans les secteurs électriciens & récuperation

Comment ils se partagent le mondeA

chaque fois, le poisson est plus gros. Le scandale SwissLeaks, qui vient

d’être révélé dans plusieurs pays du monde par un consortium de journalistes internationaux, fait suite au scandale LuxLeaks. Celui-ci, dévoilé à l’automne de l’an dernier, avait permis à un millier d’entreprises, parmi les plus importantes de la planète, de négocier avec l’Etat luxem-bourgeois et en toute opacité des accords fi scaux très avantageux pour elles. Henri Guaino, qui - ancien rédacteur des discours du président français Sarkozy - ne peut vraiment pas être qualifi é d’homme de gauche, avait parlé de «pillage fi scal méthodique de tous les autres pays européens»…

Et donc SwissLeaks, c’est encore plus énorme. 180 milliards sont en jeu, dans un mécanisme extrê-mement complexe de comptes numérotés en Suisse permet-tant d’échapper, grâce à la com-plicité de la banque britannique HSBC, aux taxes européennes sur l’épargne. Dans les profi teurs du système, on trouve de tout : des industriels ayant pignon sur

rue, mais aussi des trafi quants d’armes, des diamantaires, des stars du show-business ou même… des dignitaires d’Al-Qaï-da ! Bon nombre, en fait de ce 1% d’individus qui possèdent… 50% de la richesse mondiale. Et cela dans un contexte où, au fi l des ans, la concentration du capital dans les mains de quelques-uns s’accroît. Selon Oxfam, en 2007, cette part détenue par le 1% le plus riche n’était «que» de 44%...On a donc ce paradoxe qui, évi-demment, ne vous étonne pas : pendant que les gouvernements, dont le nôtre, multiplient les po-litiques d’austérité, la richesse globale de quelques-uns ne cesse de grimper. Ainsi, le patrimoine «moyen» de chacun de ces plus riches est de 2,3 milliards d’euros.Il faut balayer d’un revers de la main l’argument selon lequel «cela aurait toujours été comme ça». Le monde est de plus en plus inégalitaire. L’impôt sur les plus gros revenus – et sur les fortunes – n’a cessé de tomber au fi l du XX° siècle. Aux Etats-Unis, en 1964, le taux sur les revenus les plus élevés a été ramené – vous lisez

bien, ramené, donc diminué ! – à 70%. Et à la fi n des années 70 on taxait encore, en Angleterre, les revenus des placements à plus de 90%... Ils allaient si mal que ça, les Etats-Unis, en 1964?

Nous payons, aujourd’hui, les conséquences de tout cela. Les investissements dans la culture et les services publics se sont réduits comme peau de chagrin et des institutions vitales pour l’avenir du pays, comme la SNCB, sont condamnées à vivre d’expédients en attendant, sans doute, que quelque idéologue de la droite gouvernementale cherche à la pri-vatiser, ce qui n’aura comme autre conséquence que d’en réduire en-core le potentiel, au détriment, évidemment, des travailleurs ou des étudiants…

Les soins de santé sont de moins en moins accessibles. L’enseigne-ment souffre. Les perspectives, pour tout un chacun, de voir son revenu s’améliorer ne sont même plus garanties, entre les fournées de saut d’index et de règles de compétitivité dont le but prin-

cipal est, sans doute, d’accroître encore les revenus de ceux qui peuvent ensuite les placer qui en Suisse, qui au Grand-Duché, sans compter tous les «ailleurs» type Singapour…

Ces mécanismes sont bien des systèmes qui permettent à cer-tains de faire porter l’essentiel des coûts de la vie en société sur les plus modestes de ses membres. C’est en cela qu’ils sont scan-daleux. Mais il n’est pas moins scandaleux qu’ils sont, quelque part, encouragés par les Etats et les institutions européennes qui n’organisent en aucune manière une riposte à ces dérives. Les solu-tions existent, autour de la trans-parence, de l’harmonisation fi s-cale et de l’affectation de moyens sérieux à la lutte contre la fraude. Après tout, ce que 150 journalistes ont pu faire ne devrait pas être hors de portée de la structure ins-titutionnelle européenne…

Mais, d’autre part, ces mêmes Etats, cette même Europe, conti-nuent, contre vents, marées et scandales, à mettre en sourdine la

lutte contre les inégalités, à refu-ser des progressions salariales et l’uniformisation des règles fi s-cales pour répartir le fardeau de manière plus harmonieuse.

Choisir le profi t pour quelques-uns plutôt que le bien-être pour une majorité, c’est faire courir un grand risque au système dé-mocratique comme le prouve le gouvernement des riches et des patrons. Mais ils peuvent d’autant plus attirer que les pouvoirs dé-mocratique choisissent l’inertie absolue face à l’injustice, sociale et fi scale. Au bout du compte, les victimes seront encore les mêmes: nous.

Nico CuéSecrétaire

général

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SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 13ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

En effet, plus de 5 ans sont déjà passés et ce dossier est toujours en phase de réalisa-

tion. En 2009, il a fallu 5 minutes de courage politique: la lutte contre le travail au noir dans l’horeca serait engagée par la mise en place de la «caisse blanche» (SCE)! Ce dossier a été élaboré et discuté en détail AVEC les représentants patronaux par le gouvernement. A l’époque, les syndicats n’ont pas été impliqués dans la décision!

On est 5 ans plus tard et l’his-toire commence à ressembler à un soap… Dans Syndicats, nous avons donné à plusieurs reprises une actualisation, une position et une vision par rapport à cette problématique. Après l’entrée en fonction du nouveau gouverne-ment de droite, nous avons craint que le dossier soit rayé.

De plus, on oublie vite que plu-sieurs mesures d’accompagne-ment ont été introduites en 2010 et pendant les années suivantes pour rendre la mise en place de la caisse acceptable. La plus remar-quable était la réduction de la TVA octroyée en 2010 qui, selon plu-sieurs études impartiales, n’a pas du tout contribué à une diminution des prix pour les consommateurs, ni à une augmentation des inves-tissements, à la création d’emplois supplémentaires et certainement pas à l’octroi d’avantages aux tra-vailleurs… Où sont passées les aides? Comme les fédérations de l’horeca l’ont si bien formulé: «cela

a apporté une bouée d’oxygène aux entreprises», ce qui, en fait, signifi e ni plus ni moins qu’elles ont disparu dans les poches des employeurs.

Une des dernières tentatives date du 27/01, où une partie des employeurs de l’horeca ont mené une action à Bruxelles, contre la mise en place de la caisse blanche, tant qu’il n’y aura pas de mesures supplémentaires. Les délégations ont rendu visite au Secrétaire d’État de la lutte contre la fraude Bart Tommelein et au Ministre de l’Emploi et de l’Economie Kris Pee-ters. Selon les employeurs, la caisse blanche (obligatoire à partir du 1er janvier 2016) n’est pas tenable au niveau économique, malgré les mesures d’accompagnement existantes. Des milliers d’emplois risqueraient de disparaître, et bon nombre d’établissements horeca devraient fermer les portes. Selon eux, il faut introduire de nouvelles réductions de charge, car les tra-vailleurs coûtent trop cher et se-ront les coupables des faillites des entreprises horeca. Le cadre repris sur cette page démontre que ce n’est pas du tout vrai!

La FGTB Horval reste d’avis qu’un report de la mise en place de la caisse «blanche» serait inaccep-table et que, de plus, la société ne soutient plus le maintien du travail au noir.

Pour les travailleurs aussi, le travail

au noir peut avoir de graves consé-quences, car les droits sociaux ne sont acquis que sur base des heures inscrites.

Un secteur qui se respecte et qui veut un avenir, doit, d’une part investir dans la professionnali-sation du secteur (les «cow-boys» doivent partir) et d’autre part, viser un emploi à temps plein et durable.Depuis 2010, d’autres mesures spé-cifi ques ont été introduites pour l’horeca, en plus de la réduction de la TVA, par les partenaires sociaux et par le gouvernement (davantage de fl exibilité, réductions d’ONSS, assouplissement du travail des étudiants)!

Nul doute que le secteur de l’horeca est un secteur gros consomma-teur de main-d’œuvre, qui est confronté à des problèmes spé-cifi ques. Or, si le gouvernement prend maintenant de (nouvelles) mesures d’accompagnement, cela doit se faire en concertation avec les partenaires sociaux du secteur (employeurs ET syndicats!).

Pour les syndicats, des mesures complémentaires ne sont possibles qu’à condition d’avoir un maintien de l’emploi et un élargissement de l’emploi fi xe (à temps plein).

Selon le planning du Ministère des Finances par rapport à l’implé-mentation du SCE (caisse enregis-treuse), la première phase consiste en l’enregistrement (jusque fi n

février 2015).

Lors de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, la FGTB Horval a pris elle-même l’initiative et envoyé un courrier au Secrétaire d’État Bart Tommelein (compétent pour la lutte contre la fraude so-ciale) en demandant d’impliquer les syndicats dans ce dossier. Une réponse positive a été donnée et un entretien aura bientôt lieu.

Le gouvernement actuel a repris de nouvelles mesures dans l’accord gouvernemental qui en disent

long:- instauration de Flexi-jobs- réduction du coût salarial pour

les heures supplémentaires à concurrence de 360 heures (ac-tuellement 180 heures)

- augmentation du nombre de jours pendant lesquels les travail-leurs occasionnels peuvent être occupés (de 100 jours à 200 jours)

Nous suivons de près ce dossier et nous vous tiendrons au courant dans les prochaines éditions de Syndicats.

La FGTB Horval soutient toujours la mise en place de la «caisse blanche»

LES CHARGES SALARIALES SONT-ELLES RESPON-SABLES DES FAILLITES?Guidea, le centre de connaissances de l’horeca a publié les statis-tiques relatives à la situation. Nous pouvons en conclure ce qui suit: - pour l’ensemble des secteurs, le nombre de faillites a augmenté

de 11% par rapport à 2012-la part de l’horeca s’élève à 19,3%- le taux d’investissements dans la période de 2008 à 2013 a dimi-

nué de plus d’un quart! Cela confi rme les conclusions des études démontrant que la réduction de la tva n’a pas contribué à des investissements dans les entreprises.

- le chiffre d’affaires, par contre, a augmenté dans la même période d’environ 20%!!!

- presque la moitié des entreprises horeca n’a pas de structure juridique (SA, SPRL,…), mais est exploitée comme étant une per-sonne morale, ce qui confi rme le manque de professionnalisation dans le secteur.

- quand nous prenons en compte le nombre de faillites par taille, nous constatons une augmentation considérable du nombre de faillites (presque 4 x de plus qu’en 2008) dans les établissements horeca n’ayant PAS DE TRAVAILLEURS!!

Il y a même une chute dans les entreprises AYANT du personnel! Cela confi rme que ce ne sont pas les coûts salariaux qui rendent les entreprises invivables!

Retour sur plus d’une décennie de bons et loyaux services En novembre dernier, le dispositif des titres-services a fêté ses 11 ans. Le secteur représente plus de 150.000 travailleurs selon les chiffres de l’Onem (39.338 en Wal-lonie, 89.788 en Flandre et 21.079 en Région bruxelloise). Ce secteur constitue 4,3% de l’emploi salarié dans notre pays. Il occupe prin-cipalement des femmes (plus de 98%). Pour l’ensemble des travail-leurs titres-services en Wallonie, le nombre moyen d’heures de travail prestées par semaine oscille entre 18h et 22h.

Les titres-services connaissent un succès croissant. Tant le nombre d’entreprises titres-services, le nombre de personnes occupées, le nombre d’utilisateurs ainsi que

le nombre de titres ont augmenté de 5% à 12% chaque année. Près d’un habitant sur dix utilise ce dis-positif pour ses tâches ménagères. Cette mesure pour l’emploi mis en place en 2003 avait comme voca-tion de créer de nombreux postes de travail pour des personnes peu qualifi ées et de permettre de régu-lariser des activités précédemment réalisées en noir.

Un système en constante évolution Le système des titres-services a été revu à de très nombreuses re-prises: en ce qui concerne la valeur du titre lui-même (augmentation du prix du titre-service au gré des différents ajustements budgétaires fédéraux), la déduction fi scale ou encore le montant du rembourse-ment à l’entreprise. Ces change-ments successifs sont pointés du doigt par les entreprises qui ont dû mettre la clef sous le paillasson ces dernières années (ainsi en 2012, près de 1.000 travailleurs ont perdu leur emploi). Même si beaucoup d’autres facteurs expliquent ses fermetures, il est indéniable que le dispositif des titres-services a grand besoin de stabilité. Chan-ger régulièrement les règles du jeu pourrait risquer de faire fuir les utilisateurs. Les travailleurs du sec-teur veulent légitiment la garantie d’un avenir sûr. Les gouvernements régionaux doivent donc éviter de fragiliser le secteur en prenant des mesures ayant un impact négatif.

Dans la conjoncture actuelle, le maintien d’un volume d’emploi stable est essentiel.

Aujourd’hui, l’instabilité et les mesures successives ont créé une situation où l’on constate une dimi-nution de l’achat des titres-services (baisse de 5,6% par rapport à 2013) ainsi qu’une réduction de leur uti-lisation de 3,9%.

L’accord institutionnel d’octobre 2011 (6ème Réforme de l’Etat) a confi é la gestion des titres-services aux entités fédérées (les Régions). Concrètement c’est le cas depuis le 1er juillet 2014. Depuis cette date, ce sont les Régions qui sont compé-tentes pour les règles relatives à l’intervention des pouvoirs publics dans la valeur d’échange du titre-service, pour la défi nition des acti-vités autorisées, pour la règlemen-tation des prix ainsi que pour la déduction fi scale qui accompagne l’achat des titres-services.

Cette redistribution des cartes offre la possibilité aux Régions d’évaluer ce dispositif, de l’adapter aux réali-tés régionales et de le pérenniser. Ainsi dans la DPR (Déclaration de Politique Régionale wallonne), on trouve un chapitre consacré aux «services de proximité» affi rmant que les partenaires de la majorité veulent maintenir le dispositif des titres-services et qu’ils ne souhaitent pas augmenter le prix du titre. La DPR reconnaît égale-

ment que le mode de fi nancement actuel des entreprises du secteur est insuffi sant pour garantir leur pérennité et celle des emplois du secteur.

En novembre dernier, le Gouver-nement wallon a annoncé que la déduction fi scale serait réduite à 10% (au lieu de 30%). En pratique, cela signifi e donc que depuis jan-vier 2015, les utilisateurs ne pour-ront «retoucher » que 0,9e au lieu de 2,70e précédemment. Le prix net d’achat unitaire d’un titre-service est donc maintenant de 8,1e au lieu de 6,3e.

Et demain? Même si nous nous réjouissons que le Gouvernement wallon souhaite favoriser les entreprises qui inves-tissent dans la stabilité, dans la

formation des travailleurs et dans le bien-être au travail, FGTB HOR-VAL veut que les belles déclarations de principe soient traduites dans les faits.

Le dispositif des titres-services doit permettre aux travailleurs du sec-teur d’avoir une bonne qualité de vie. Les contrats à temps partiel auxquels on ajoute ou retire des heures de manière intempestive ne doivent plus être la règle. La prio-rité doit être donnée aux emplois durables et de qualité. Des adapta-tions du temps de travail doivent pouvoir être possible en regard de la pénibilité de l’emploi. Les entre-prises qui génèrent des bénéfi ces doivent prioritairement les affecter à l’amélioration des conditions de travail.

FGTB HORVAL rappelle à la Ministre de l’Emploi, Eliane Tillieux:Que les travailleurs actuels ne sont pas en «transition». Ce sont des vrais travailleurs;Qu’une ligne politique claire et stable doit être donnée aux titres-services;Que les titres-services doivent devenir un secteur à part entière et arrêter d’être un dispositif.

FGTB HORVAL rappelle également:Que les titres-services ont été créés pour favoriser l’axe «travail-famille»;Qu’à plus de 65 ans en Belgique, on n’est plus considéré comme travailleurs même si d’aucuns le souhaiteraitent…FGTB HORVAL insiste donc pour que la politique du vieillissement soit différenciée de la politique «travail-famille»FGTB HORVAL continuera à revendiquer des emplois titres-services de qualité dans un secteur enfi n reconnu.

Titres-services: un dispositif en perpétuelle mutation

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14 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

Erwin De Deyn, Président du SETCa

> POINT DE VUE

Nouveau plan d’action contre un gouvernement injusteLes manifestations et les grèves de fin 2014 ont rencontré un succès que l’on n’avait plus vu depuis des décennies. Depuis lors, la situation semblait calme, mais des négociations avaient bien lieu entre-temps. Le Gouvernement et les employeurs avaient de la sorte l’opportunité de rendre leur projet plus équitable. Ce ne fut pas le cas. Travailleurs et allocataires sociaux restent les dindons de la farce. Voilà pourquoi le SETCa soutient le plan d’action du front commun syndical.

Ceux qui ont fait entendre leur voix lors des actions en novembre et décembre savaient pourquoi ils le faisaient. Ils étaient, à juste titre, indignés du relèvement de l’âge de la (pré)pension, du saut d’index, qui leur coûtera 2% de pouvoir d’achat, et du fait que le gouvernement Michel-De Wever fait reposer unilatéralement les mesures d’austérité sur les épaules des travailleurs et des allocataires sociaux.

Mesures de harcèlementDepuis le début de cette année, de très nombreux droits des travailleurs sont tout bonnement supprimés. Pensons au crédit-temps sans motif et à une multitude de régimes permettant aux travailleurs âgés d’aménager valablement leur fi n de carrière.

Ce n’est qu’un échantillon des recettes que ce gouverne-ment réserve aux travailleurs. Ainsi, il juge apparemment

utile de forcer les prépensionnés et les chômeurs âgés à chercher activement un emploi jusqu’à leurs 65 ans (avec contrôle des démarches entreprises), alors que de nombreux jeunes ne trouvent pas d’emploi. Cela concerne donc aussi les personnes en prépension depuis plusieurs années.

ConcertationLes actions réussies de fi n 2014 ont placé employeurs et Gou-vernement devant leurs responsabilités. Les employeurs, se sachant soutenus par un gouvernement qui se range à leur côté dans les faits, étaient donc dans une position confortable.

Cette concertation avec les employeurs s’est tenue en marge de la concertation salariale biennale. Le fait que les employeurs soient disposés à négocier est d’ailleurs, déjà, le résultat des actions en soi. Sans actions, ils auraient probablement adopté une attitude encore plus arrogante et auraient refusé toute discussion.

Cette concertation n’a pas été sans résultat. En effet, les syndicats peuvent désormais négocier à propos des sa-laires, jusqu’à 0,5% d’avantages nets ou 0,375% sur les salaires bruts et 0,3% en avantages nets. Mais ceci est bien sûr largement insuffi sant pour compenser la perte liée à l’application du saut d’index. Un certain nombre d’allocations ont elles aussi été relevées. Il sera également possible, par le biais de la concertation sociale, de ralentir l’introduction des mesures gouvernementales en matière de fi n de carrière. Une solution intermédiaire a aussi été trouvée pour les métiers lourds, le travail de nuit et les car-rières longues, même si les personnes concernées devront toujours travailler plus longtemps.

De nouvelles actions contre ce gouvernement injustePour autant, malgré les résultats limités que nous n’igno-rons pas, les employeurs s’obstinent dans la direction fondamentalement injuste fi xée par le Gouvernement.C’est le Gouvernement qui refuse de revenir sur le saut d’index, le Gouvernement qui refuse que les épaules les plus larges portent les charges les plus lourdes et, encore

et toujours, ce même Gouvernement qui harcèle les pré-pensionnés. Les employeurs sont dans un fauteuil.

Concrètement, cela signifi e que la marge salariale réduite ne compensera pas le saut d’index (2%). Le pouvoir d’achat net des gens va baisser, voilà une situation qui ne change pas. Le saut d’index, l’allongement de la carrière, les écono-mies dans la sécurité sociale et les services publics… tout est maintenu, et cela reste inacceptable.

Car ce Gouvernement est ce qu’il est: un gouvernement de droite. C’est une réalité de tous les instants. Ainsi, le ministre des Finances affi rme sans détour que l’augmentation de la TVA est à ses yeux une réponse à la demande d’un «tax shift». Ce n’est pas un hasard si cette augmentation de la fi scalité est précisément la plus injuste qui soit. Celui qui a peu de moyens ressentira bien plus une augmentation de la TVA qui celui qui a la chance de percevoir un revenu élevé.Et surtout : voilà qui place à nouveau les grandes fortunes, pour qui notre pays est un paradis fi scal, hors d’atteinte. Il s’agit d’ailleurs de veiller, avec le «tax shift», à ce que l’on ne nous jette pas de la poudre aux yeux. Le SETCa le dit clairement, il réclame un impôt sur le(s) (revenus du) capital.Le SETCa s’inscrit dès lors pleinement dans le plan d’action du front commun syndical, tant au niveau des objectifs que des formes d’action.

Richard Wilkinson: l’homme qui a mis l’inégalité sur la carte

Le thème de «l’inégalité» est plus actuel que jamais. Et bien que les idées n’appartiennent jamais à une seule personne, Richard Wilkinson (72) a joué un grand rôle en la matière. En tant que co-auteur de «The Spirit Level: Why Equality is Better for Everyone» (ndt: paru en français sous le titre «Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous»), il a mis au jour le lien entre (in)égalité et problèmes sociétaux courants. L’auteur prendra la parole lors de la première journée du congrès du SETCa, le 4 mars.

The Spirit LevelLors du lancement d’un livre, il faut parfois aussi un peu de chance avec le timing. Sur ce point, l’ouvrage de R. Wilkinson

(et Kate Pickett) n’aurait pu tomber mieux : il est paru en mars 2009, juste après l’éclatement de la crise fi nancière. Grâce à cela, les médias ainsi que le grand public ont tout à coup été réceptifs à un livre sur l’inégalité, un thème qui faisait déjà l’objet de nombreuses études depuis des années.L’ouvrage a toutefois aussi un grand mérite de par son ambi-tion. Il appréhende l’inégalité non seulement d’un point de vue moral, mais aussi, et surtout, sur le plan fonctionnel. La thèse centrale est dans le sous-titre: les auteurs estiment que des sociétés égalitaires se portent généralement mieux que des sociétés inégalitaires. La recherche de l’égalité n’est dès lors pas souhaitable que moralement, elle l’est aussi sur le plan sociétal. Ce que démontrent les auteurs de manière convaincante.

Des chiffres, des chiffres, des chiffresComme pour cet autre scientifi que populaire abordant l’inégalité, Thomas Piketty, la force de l’œuvre de Wilkin-son réside dans la manière scientifi que dont il structure sa thèse. Dans son livre, il étudie le lien entre l’inégalité au sein d’une société déterminée, d’une part, et l’apparition de phénomènes sociétaux (in)désirés d’autre part.

Les résultats peuvent être qualifi és de bluffants. Pour toute une série de phénomènes, allant de l’espérance de vie, en passant par le niveau de formation et la criminalité, un lien clair et direct peut être établi avec l’(in)égalité au sein des communautés examinées.

Aspect nouveau également : il ressort qu’une égalité accrue est plus importante que le niveau de richesse des pays pris individuellement. Les États-Unis constituent un exemple-type à cet égard. Ils dominent tout le monde de la tête et des épaules en termes de richesses, mais réalisent à peine un score moyen au niveau de l’espérance de vie par exemple. Plus encore : une société plus égalitaire s’avère plus profi table pour tous dans ce pays. Les riches dans les pays «égalitaires» se portent eux aussi relativement mieux que les riches dans des pays aux inégalités élevées.

Importance des syndicatsEn outre, il est intéressant de noter que dans une étude ultérieure, les auteurs de «The Spirit Level » ont également établi explicitement le lien entre les syndicats et l’(in)égalité. Ils le font à petite échelle, en œuvrant par exemple dans les secteurs ou les entreprises en faveur d’accord salariaux collectifs, mais aussi idéologiquement. À leurs yeux, les syndicats forment une composante essentielle du pouvoir des mouvements progressistes.

Ils évoquent aussi l’expérience anglaise lorsque, dans les années 80, M. Thatcher est parvenue avec succès à rogner le pouvoir des syndicats. Cette victoire de la pensée néo-libérale, surtout dans les pays anglo-saxons, a engendré une croissance inquiétante de l’inégalité, avec toutes les conséquences négatives qui en découlent.

IdéologieAspect remarquable de cet ouvrage: il ose également dresser une analyse politique. Ainsi, le livre peut être lu aisément comme un plaidoyer en faveur de pouvoirs publics forts, contre de trop grandes inégalités salariales et pour l’analyse des problèmes sociétaux à partir d’une approche collective.Rien d’étonnant dès lors à ce que le livre ait eu à faire face directement à un vent contraire. Comme le veut l’habitude dans le monde anglo-saxon (et de plus en plus souvent chez nous aussi), des groupes de réfl exion de la droite conserva-trice ont tenté de miner l’étude. En remettant les méthodes et les résultats en question, ils voulaient aussi saboter la conclusion politique du livre précisant que plus d’égalité est bénéfi que pour tous.

Sur le plan du contenu, l’ouvrage reste intact 6 ans après sa publication. Idéologiquement, la lutte doit être menée chaque jour. C’est dans cette optique que le scientifi que, âgé de 72 ans entre-temps, a créé la «Equality foundation». Financée exclusivement par des dons, cette fondation mène une lutte d’idées pour plus d’égalité dans le pays de Marga-ret Thatcher. Une lutte à laquelle le SETCa apporte lui aussi volontiers sa contribution.

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SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015 15EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

> CONGRÈS SECTORIELS

Dresser le bilan et «dessiner l’avenir» dans les secteurs A

côté du congrès statutaire, se tiendront également des congrès spécifi ques à chaque secteur. Ces congrès sectoriels se dérouleront le 5 mars prochain à Blan-

kenberge. Dans les Finances, le Commerce, l’Industrie, les Services et le secteur Non Marchand, les militants se ras-sembleront et feront le point sur le travail écoulé au cours de ces quatre dernières années. Il sera aussi question de tracer les lignes de force du futur et déterminer les défi s qui devront être relevés. Les congrès sectoriels sont une étape importante de la vie syndicale puisqu’ils font le lien de manière beaucoup plus ciblée entre passé, présent et futur dans le secteur. Il s’agit de tirer les enseignements des événements écoulés, d’éva-luer la situation actuelle et de déterminer les objectifs pour l’avenir. Un moment fort pour les militants qui échangent leurs expériences, leurs points de vue et dressent ensemble le bilan de leur travail. Dans les prochains numéros de Syndicats, une rubrique sera spécialement consacrée à ces congrès sectoriels. Nous laisserons la parole aux Secrétaires Fédéraux concernés pour qu’ils nous exposent eux-mêmes leur vision de la situation et les conclusions à en tirer.

> LES SERVICES

Un secteur en pleine croissance et en pleine évolutionLe secteur des Services est très diversifié. Il est aussi le premier secteur représenté au sein du SETCa. Ces dernières années, les évolutions y ont été nombreuses. Une situation qui n’est pas sans conséquences sur l’emploi, les travailleurs et les conditions de travail. Nous faisons le point avec Jean-Pierre Boninsegna et Erwin De Deyn, tous deux en charge du secteur des Services. Le SETCa compte un grand nombre d’affi liés issus du secteur des Services. Une situation qui n’est pas sans lien avec la taille importante de celui-ci… Jean-Pierre Boninsegna: «C’est un secteur qui se développe de plus en plus et qui a connu une croissance impression-nante ces dernières années. Aujourd’hui, il est le premier en termes d’emploi dans le pays. Il rassemble tout de même 900.000 travailleurs au total, dont 600.000 employés… Et il est vraisemblable que son importance va encore s’accentuer dans les années à venir.»

On peut donc dire que le secteur est en pleine croissance. Erwin De Deyn: «Il est aussi en pleine évolution! La société

et l’économie en général se sont profondément transformées. Les besoins d’aujourd’hui sont diffé-rents d’il y a 20 ou 30 ans. Le ter-tiaire a pris une part de plus en plus grande dans notre système économique. Nous vivons dans une société de Services…

Le secteur-même a évolué et évo-lue toujours. Les progrès technolo-giques (la numérisation, les nou-velles technologies, les TIC – ndlr

Technologies de l’Information et de la Communication) ont un impact sur la façon dont les Services sont aujourd’hui produits, consommés et échangés. Ce qui a également une incidence sur le fonctionne-ment et l’organisation du travail ainsi que sur les travailleurs.»

Pouvez-vous nous donner quelques exemples concrets de ces changements? J-P. B.: «Ces dernières années, on a par exemple vu aug-menter l’apparition de sociétés de pointe spécialisées dans des domaines d’action très ciblés comme les télécoms, les Services IT, l’information et la communication, ... Ce sont de nouveaux types d’entreprises, qui proposent de nouveaux Services et qui nécessitent le développement de nouvelles compétences et de nouveaux métiers. De même, on voit apparaître de nouvelles formes d’emplois de bureau avec la mise en place du travail à distance ou du télétravail. Parallèlement, on constate aussi des pertes d’emplois principalement pour des jobs à caractère administratif.»

Vous parlez de nouvelles compétences et de nouveaux métiers: comment aider les travailleurs à faire face à ces évolutions? E.D.D.: «En leur donnant les moyens de s’adapter à ces évolutions, c’est-à-dire en les formant! Des compétences de base spécifi ques (notamment au niveau des TIC) sont désormais requises dans la majorité des emplois. Il est nécessaire d’offrir la possibilité aux travailleurs d’acquérir ces compétences. Le SETCa a toujours revendiqué l’impor-tance de mettre en place des formations de qualité pour tous les travailleurs. La création de CEFORA dans les années 90 est le meilleur exemple de ce combat [cfr notre article paru dans le dernier numéro]. Ici aussi, la formation des travailleurs a un vrai rôle à jouer!»

Cette évolution dans le secteur dépasse-t-elle nos frontières? J-P B.: «Bien sûr. Aujourd’hui, la tendance est à l’exter-nalisation. Les progrès enregistrés dans les technologies de l’information et de la communication contribuent à

accentuer encore un peu plus le phénomène. Ainsi, on assiste de plus en plus à l’externalisation de départements complets d’une entreprise (les Services comptabilité, IT, clientèle – call-centers,) vers des pays où la main d’œuvre est moins chère ou les avantages fi scaux plus nombreux. Les employeurs jouent avec cette situation et en profi tent inévitablement.»

E.D.D.: «De même, certaines mesures prises au niveau européen ne sont pas sans conséquences sur les emplois du secteur en Europe. Je pense à la décision de libéralisa-tion des échanges, la directive sur les Services ou encore la directive sur le marché unique des télécommunications en Europe. D’où la nécessité de s’organiser syndicalement au niveau européen, afi n de lutter contre les dérives. Il faut continuer à s’engager effi cacement dans cette voie et éga-lement renforcer le réseau syndical au niveau mondial.»

Le secteur des Services est aussi majoritairement composé de petites et moyennes entreprises. Un défi syndical à relever? J-B B.: «De manière générale, on sait que les droits des tra-vailleurs sont beaucoup plus mis sous pression dans des petites structures de type PME (par exemple en matière de formation, de rémunération, etc.) D’un point de vue syndical, il est diffi cile d’atteindre les travailleurs dans ces entreprises. Mettre en place une meilleure représen-tation syndicale et assurer une meilleure transmission de l’information auprès de ces travailleurs: voilà donc un défi de taille pour les prochaines années.»

E.D.D. : «Dans un secteur comme les Services, en constante évolution, il est certain que les défi s syndicaux à relever seront nombreux au cours des prochaines années. Comme toujours, nous serons aux côtés des travailleurs! Notre mission: préserver leurs intérêts et de bonnes conditions de travail et assurer un avenir serein du secteur.»

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ACTUALITÉS16 SYNDICATS • N°03 • 13 FÉVRIER 2015

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> ÉDITO

Grèce: la bourse ou la vie de l’Europe D

e législature en législature, les élections européennes ont été marquées soit par

un taux grandissant d’abstention-nisme et par une montée des par-tis eurosceptiques, nationalistes, voire d’extrême droite. D’euroba-romètre en eurobaromètre, les ins-tances européennes font mine de s’en inquiéter. Mais elles fi nissent toujours par conclure que les ci-toyens ne comprennent rien et qu’il faut mieux leur expliquer ou attendre un peu avant de leur resservir le plat qu’ils ont vomi.

Les citoyens sont de plus en plus désabusés et déçus de l’Europe. Avec la crise fi nancière et éco-nomique, cette Union qui devait conduire à plus de prospérité, plus de liberté, plus de solidarité entre les gens et entre les peuples, s’est au contraire enfoncée len-tement dans le chacun pour soi, sauf pour ce qui est d’imposer des politiques de régression sociale et d’austérité. Là c’est la fi nance et la bureaucratie qui la relaie qui ont pris le dessus pour imposer des politiques dures et mettre sous tutelle le fonctionnement même de la démocratie.

La Troïka, composée d’instances non élues, à savoir la Commission

européenne, la Banque Centrale européenne, et le Fonds Moné-taire international, s’est arrogée le droit de dicter des politiques budgétaires mais aussi des poli-tiques antisociales.

La négociation plus que discrète sur un Traité transatlantique qui risque de vider de leur substance toute une série de droits démo-cratiques est un autre exemple de cette dérive autoritaire pour imposer son contraire : l’absence de toute régulation du marché au nom de la libre concurrence.

Echec fl agrant

L’échec patent des politiques d’austérité n’a pas pour autant modifi é la ligne de la nouvelle Commission européenne. Depuis que la Grèce a été mise au pain sec et à l’eau, son Produit inté-rieur Brut a chuté de 25%. Sa dette, malgré les aides et les restructu-rations et autres aménagements, a grimpé de 125% à 175% du PIB au lieu de baisser. Le taux de chô-mage dépasse les 25% et même les 50% parmi les jeunes. Les salaires ont baissé. La consommation et les recettes publiques ont chuté. Les pensions ont été réduites. Des

dizaines de milliers de Grecs n’ont plus aucune couverture santé et sont obligés de faire appel à la charité des organisations huma-nitaires pour se faire soigner.

Devant ces évidences, le dis-cours de la Commission a un peu changé. On y parle de relance et d’investissements mais sans y mettre les moyens tandis que les banques sont arrosées de liquidi-tés par la BCE. On se gargarise de «garantie emploi jeunes» dont on attend toujours la mise en œuvre et qui se traduit chez nous par l’exclusion de quelque 30.000 jeunes des allocations d’inser-tion… Mais sur le fond, rien de neuf si ce n’est quelques contor-sions sémantiques: on ne dit plus austérité mais «assainissement budgétaire axé sur la croissance», bel oxymore, c’est-à-dire une ex-pression qui dit une chose et son contraire.

L’espoir d’un changement

La victoire électorale de Syriza en Grèce a soulevé un grand espoir. En rejetant le carcan imposé par les technocrates européens et internationaux de la Troïka, le peuple grec a ouvert la perspec-

tive d’un changement de cap. Le signal que nous donne la Grèce c’est que des alternatives progres-sistes sont possibles en Europe face à ceux qui cherchent à nous imposer les mêmes recettes conservatrices de plus d’austé-rité, de plus de chômage et de plus d’inégalités.

Bien sûr, la Grèce a ses particula-rités et le nouveau gouvernement devra enfi n s’attaquer aux maux endémiques de sa société tels que la corruption ou les injustices inacceptables de son système fi scal.

Deux poids deux mesures

Mais la Grèce a le droit de vouloir renégocier sa dette. Et c’est aussi une opportunité pour l’Europe. L’histoire a montré que de telles opérations sont possibles et salu-taires pour tous. L’Allemagne qui est la plus dure sur la question d’un aménagement de la dette grecque en a pourtant bénéfi cié et lui doit sans doute sa prospé-rité actuelle. Au lendemain de la seconde guerre mondiale en effet, les Alliés ont reconnu que l’Alle-magne devait d’abord retrouver le chemin de la croissance pour

avoir les moyens de payer ensuite ses dettes et ont annulé 50% de la dette, le reste ayant été étalé sur plus de 50 ans et conditionné à l’existence d’un surplus com-mercial. Ce qui fût possible pour l’Allemagne par le passé et lui a permis de se redresser économi-quement et socialement n’est-il pas envisageable pour d’autres pays aujourd’hui?

Si les créanciers de la Grèce refusent tout compromis et l’obligent à se soumettre ou à se démettre, s’ils exigent la bourse ce sera la mort de l’Europe, du projet européen mais les Grecs ne seront pas les seuls à en payer le prix.

Rudy De Leeuw Marc GobletPrésident Secrétaire

général