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CENTRE JURIDIQUE FRANCO-ALLEMAND TRAVAUX DIRIGÉS DE DROIT ADMINISTRATIF I Cours de : M. le Professeur Philippe COSSALTER Chargée de TD : Mme Reine WAKOTE-FALCO Année universitaire 2011 / 2012 - Licence L2 FICHE N° 2 : LA NOTION D´ACTE ADMINISTRATIF Séance n° 3 : Séance du 18 novembre 2011 I. LECTURES Les étudiants sont invités à prendre connaissance des commentaires au GAJA sous : - CE Ass. 17 février 1995 Hardouin et Marie , GAJA n° 95. - CE Sect. 18 décembre 2002, Madame Duvignières , GAJA n° 110. II. DOCUMENTS ACTES ADOPTES DANS L’EXERCICE DE LA FONCTION ADMINI S- TRATIVE CE 30 juin 2003, Observatoire international des prisons , req. n° 244965 CE 19 décembre 1988, Madame Pascau , req. n° 79962 CE 29 juillet 2002, S.A.R.L. Deplanque , req. n° 246509 CE 6 mai 1996, Formery , req. n° 151818 C.E. Sect., 17 mars 2010, France Télévision , n° 336710 ACTES DECISOIRES ET ACTES NON DECISOIRES CE Ass. 26 novembre 1976, Soldani et autres , req. n° 97328. CE Ass. 14 décembre 2007, Garde des Sceaux, ministre de la jutice c/ Boussouar , req. n° 290730. CE 2 novembre 1992, Kherouaa , req. n° 130394 CE 3 octobre 2003, Boonen, req. n° 240270 CE 30 janvier 1987, Département de la Moselle , req. n° 70236

FICHE N° 2 : LA NOTION D´ACTE ADMINISTRATIF · FICHE N° 2 : LA NOTION D´ACTE ADMINISTRATIF ... CE Ass. 26 novembre 1976, ... par une délibération du 26 juillet 1991, le conseil

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CENTRE JURIDIQUE FRANCO-ALLEMAND

TRAVAUX DIRIGÉS DE DROIT ADMINISTRATIF I

Cours de : M. le Professeur Philippe COSSALTER

Chargée de TD : Mme Reine WAKOTE-FALCO

Année universitaire 2011 / 2012 - Licence L2

FICHE N° 2 : LA NOTION D´ACTE ADMINISTRATIF

Séance n° 3 : Séance du 18 novembre 2011

I. LECTURES

Les étudiants sont invités à prendre connaissance des commentaires au

GAJA sous :

- CE Ass. 17 février 1995 Hardouin et Marie, GAJA n° 95.

- CE Sect. 18 décembre 2002, Madame Duvignières, GAJA n° 110.

II. DOCUMENTS

ACTES ADOPTES DANS L’EXERCICE DE LA FONCTION ADMINIS-

TRATIVE

CE 30 juin 2003, Observatoire international des prisons , req. n° 244965

CE 19 décembre 1988, Madame Pascau, req. n° 79962

CE 29 juillet 2002, S.A.R.L. Deplanque, req. n° 246509

CE 6 mai 1996, Formery, req. n° 151818

C.E. Sect., 17 mars 2010, France Télévision, n° 336710

ACTES DECISOIRES ET ACTES NON DECISOIRES

CE Ass. 26 novembre 1976, Soldani et autres, req. n° 97328.

CE Ass. 14 décembre 2007, Garde des Sceaux, ministre de la jutice c/

Boussouar, req. n° 290730.

CE 2 novembre 1992, Kherouaa, req. n° 130394

CE 3 octobre 2003, Boonen, req. n° 240270

CE 30 janvier 1987, Département de la Moselle , req. n° 70236

21.11.2011 |Seite 2

C.E. 11 février 2010, France Télévision, req. n° 324233

C.E. 17 décembre 2010, SNPA-ONF FO, req. n° 339089

21.11.2011 |Seite 3

Document n° 1: CE 30 juin 2003, Observatoire international des pris-

ons, req. n° 244965

[…]

Considérant qu'aux termes de l'article 17 de la Constitution : le Président

de la République a le droit de faire grâce ; que, dans l'exercice de ce

droit, le Président de la République prend traditionnellement, à l'occasion

de la fête nationale du 14 juillet, des décrets de grâces collectives qui ac-

cordent des remises exceptionnelles de peine aux personnes condamnées à

des peines privatives de liberté ; qu'il a ainsi pris le 10 juillet 2001 un d é-

cret de grâces collectives que le garde des sceaux, ministre de la justice, a

commenté dans une circulaire du même jour à l'attention du ministère

public, des juges de l'application des peines et de l'administration p é-

nitentiaire dont l'OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES PRISONS,

SECTION FRANCAISE demande l'annulation pour excès de pouvoir ;

Considérant qu'il n'appartient pas à la juridiction administrative de co n-

naître des litiges relatifs à la nature et aux limites d'une peine infligée par

une juridiction judiciaire et dont l'exécution est poursuivie à la diligence

du ministère public ; que les décrets par lesquels le Président de la Ré-

publique exerce le droit de grâce que lui confère l'article 17 de la Const i-

tution échappent ainsi à sa compétence ; qu'au nombre de ces décrets fi g-

urent ceux par lesquels le Président de la République accorde de manière

collective des grâces à des catégories qu'il détermine de personnes

condamnées à des peines privatives de liberté ; que la circulaire attaquée,

qui commente le décret de grâces collectives du 10 juillet 2001 et indique

les conditions et le domaine de la remise et son mode de calcul , est ex-

clusivement relative à l'incidence de ce décret sur les limites de peines

prononcées par des juridictions répressives et en cours d'exécution ; que,

par suite, la juridiction administrative est incompétente pour co nnaître

d'une requête tendant à son annulation ;

D E C I D E :

--------------

Article 1er : La requête de l'OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES

PRISONS, SECTION FRANCAISE est rejetée.

Article 2 : La présente décision sera notifiée à l'OBSERVATOIRE IN-

TERNATIONAL DES PRISONS, SECTION FRANCAISE et au garde des

sceaux, ministre de la justice.

21.11.2011 |Seite 4

____________________________________________________________

Document n° 2 : CE 19 décembre 1988, Madame Pascau, req.

n° 79962

[…]

Considérant que les requêtes de Mme PASCAU, M. B..., M. I..., M. D...,

Mme X..., M. G..., Mlle Y..., MM. C... et Pascal H..., M. A... et Mme Z...

présentent à juger la même question et concernent la même procédure

disciplinaire ; qu'il y a lieu de les joindre pour statuer par une seule déc i-

sion ;

Considérant que la loi du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la

promotion des activités physiques et sportives distingue, en ses articles

16 et 17, les fédérations sportives bénéficiant d'un simple agrément et les

fédérations, une seule par discipline, qui reçoivent, en outre, délégation

du ministre pour organiser les compétitions sportives à l'issue desquelles

sont délivrés les titres internationaux, nationaux, régionaux et départ e-

mentaux ;

Considérant que si les fédérations agrées en application de l'article 16 de

la loi du 16 juillet 1984 sont des personnes morales de droit privé assoc i-

ées par le législateur à l'exécution d'un service public, les recours enga-

gés contre les décisions prises par elles ne relèvent de la compétence du

juge administratif qu'à la condition que ces décisions procèdent de l'exe r-

cice d'une prérogative de puissance publique ; que l'exercice par une

fédération du pouvoir disciplinaire à l'égard de ses membres est en lui -

même inhérent à l'organisation de toute association ; que, dès lors que

l'agrément ne confère aucun monopole à la fédération concernée, les

sanctions prises par une fédération sportive simplement agréée à l'enco n-

tre d'associations sportives locales ou de leurs dirigeants ne constituent

pas l'exercice d'une prérogative de puissance publique et ne peuvent être

contestées que devant l'autorité judiciaire ;

Considérant que Mme PASCAU et autres demandent l'annulation de la ou

les décisions de la Fédération Française d'Aérobic et de Stretching pr o-

nonçant leur exclusion ou leur radiation au motif que des irrégularités a u-

raient été commises dans la gestion des clubs qu'ils dirigent et qu'ils a u-

raient reconstitué une "ligue du sud-ouest" dissoute par décision fédérale

; que la Fédération Française d'Aérobic et de Stretching bénéficie de

l'agrément ministériel mais non de la délégation ; que de telles sanctions

ne procèdent donc pas de l'exercice d'une prérogative de puissance

publique ; qu'il suit de là que les requêtes présentées par Mme PASCAU

21.11.2011 |Seite 5

et autres doivent être rejetées comme portées devant une juridiction in-

compétente pour en connaître ;

Article 1er : Les requêtes présentées par Mme PASCAU et autres sont r e-

jetées comme portées devant une juridiction incompétente pour en co n-

naître.

____________________________________________________________

Document n° 3: CE 29 juillet 2002, S.A.R.L. Deplanque, req.

n° 246509

[…]

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis aux juges des réf é-

rés du tribunal administratif de Lille que la SARL DELPLANQUE, entr e-

prise spécialisée dans l'installation d'appareils de chauffage, a fait l'objet

d'une décision du 26 février 2002 du "comité local de concertation gaz"

d'Arras tendant à ce que lui soit retirée la qualification de "Professionnel

gaz naturel" pour une période correspondant à la réalisation de 25 insta l-

lations, à compter du 25 janvier 2002 ; qu'elle se pourvoit en cassation

contre l'ordonnance du 11 avril 2002 par laquelle le tribunal administratif

de Lille a rejeté comme portée devant une juridiction incompétente pour

en connaître sa requête dirigée contre la décision du 26 février 2002 du

"comité local de concertation gaz" d'Arras ;

Considérant que l'appellation "Professionnel gaz naturel" délivrée par les

organisations professionnelles d'entreprises constitue un label de qualité

de service et permet, en application de l'article 26 de l'arrêté interminist é-

riel du 2 août 1977 relatif aux règles techniques et de sécurité applicables

aux installations de gaz combustible, un assouplissement des modalités de

contrôle des installations réalisées par les entreprises qui en bénéficient

en contrepartie d'engagements que prennent celles -ci et de leur soumis-

sion à un audit régulier ; que cette appellation est régie par une conve n-

tion pour le développement de la qualité des installations intérieures

fonctionnant au gaz signée le 6 janvier 1988, modifiée le 22 février 2001,

et passée entre les distributeurs de gaz naturel que sont Gaz de France et

le syndicat professionnel des entreprises gazières municipales et a s-

similées et quatre organisations professionnelles d'entreprises spécial i-

sées dans l'installation et l'entretien d'appareils fonctionnant au gaz ; que

cette convention a prévu l'institution d'un "comité de concertation local

gaz" dans chaque centre EDF-GDF Services ; qu'aux termes de la conven-

tion, le "comité de concertation local gaz", dont le secrétariat est assuré

par EDF-GDF Services, est composé de deux membres pour chacune des

21.11.2011 |Seite 6

parties signataires de la convention et prend ses décisions à la majorité

des voix ; qu'il est habilité à se prononcer sur le retrait de l'appellation

"Professionnel gaz naturel" pour la période correspondant à la réalisation

de vingt-cinq installations ;

Considérant qu'il n'est pas contesté que le "comité de concertation local

gaz" d'Arras, constitué en application des stipulations de la convention

susmentionnée, comprend des membres de chacune des parties signataires

de cette convention, Gaz de France y étant représenté comme chacune des

organisations signataires présentes dans le ressor t du centre EDF-GDF

Services d'Arras ; que ce comité, qui n'est pas une personne morale de

droit public, est l'auteur de la décision attaquée qu'il a prise dans l'exerc i-

ce des attributions que prévoit cette convention ; qu'il suit de là que le

juge des référés, qui a suffisamment motivé son ordonnance, n'a pas

commis d'erreur de droit en jugeant que la décision attaquée n'avait pas

été prise par Gaz de France ;

Considérant que, si le juge des référés a jugé qu'il ne ressortait pas des

pièces du dossier que le "comité de concertation local gaz" et le "comité

de coordination national gaz" fussent chargés d'une mission de service

public ou dotés de prérogatives de puissance publique, il ne s'est pas,

contrairement à ce que soutient la société requérante, borné pour formuler

cette appréciation de droit, à l'examen des faits, mais a également pris en

compte l'ensemble de la situation de droit qui lui était soumise ;

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis au juge des référés,

et notamment des termes de la convention susmentionnée du 6 janvier

1988, modifiée le 22 février 2001, que l'appellation "Professionnel gaz

naturel", qui a été créée à des fins de promotion commerciale de la filière

gaz par l'amélioration de la confiance des utilisateurs, ne pr ésente pas de

caractère obligatoire et n'est délivrée qu'aux entreprises qui en font la

demande et qui se soumettent en contrepartie à des règles précisées par la

convention ; que l'avis donné par le "comité de concertation local gaz"

préalablement au retrait de cette appellation ne constitue dès lors pas

l'exercice d'une prérogative de puissance publique, nonobstant la circo n-

stance que les installations réalisées par les entreprises sont soumises à

des modalités de contrôle différentes selon que les entrep rises bénéficient

ou non de cette appellation ; qu'il suit de là que le juge des référés, qui

pouvait sans erreur de droit se prononcer sur les deux critères alors même

qu'ils présentent un caractère cumulatif, n'a pas commis d'erreur de droit

en jugeant que le "comité de concertation local gaz" n'était pas doté de

prérogatives de puissance publique et n'avait pas pris la décision co n-

testée dans l'exercice d'une mission de service public ;

21.11.2011 |Seite 7

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que la SARL DELPLANQUE

n'est pas fondée à demander l'annulation de l'ordonnance du 11 avril 2002

par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de Lille a rejeté

sa requête comme portée devant une juridiction incompétente pour en

connaître ;

[…]

____________________________________________________________

Document n° 4: CE 6 mai 1996, Formery, req. n° 151818

Considérant que, par une délibération du 26 juillet 1991, le conseil mu-

nicipal de Tamerville (Manche) a refusé à M. X..., exploitant agricole et

forestier, l'autorisation d'ouvrir un passage entre l'une des parcelles dont

il est propriétaire et une parcelle, contigüe, cadastrée B 579, appartenant

à la commune, en vue de pouvoir faire circuler sur celle -ci des engins

d'exploitation forestière ; que, par deux let tres des 29 mai et 21 août

1991, le maire de Tamerville a demandé à M. X... de combler la brèche

qu'il avait ouverte, sans autorisation, dans la haie séparant les deux pa r-

celles ; que M. X... fait appel du jugement par lequel le tribunal admi n-

istratif de Caen a rejeté comme portée devant une juridiction incompé-

tente pour en connaître la demande dont il l'avait saisie aux fins d'annul a-

tion de la délibération et des décisions ci -dessus mentionnées ;

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que la parcelle B579, n'a

pas le caractère d'un chemin rural et constitue une dépendance du d o-

maine privé de la commune de Tamerville, non affectée à l'usage du pub-

lic ; que, la délibération et les décisions attaquées, qui se rattachent à la

gestion de ce domaine, sont des actes de droit privé, dont il n'appartient

pas à la juridiction administrative de connaître ;

Considérant, toutefois, que l'appel formé par M. X... doit être porté d e-

vant le juge d'appel de droit commun au sein de l'ordre juridictionnel a d-

ministratif ; que, ni les dispositions de l'article 1er de la loi du 31 déce m-

bre 1987 portant réforme du contentieux administratif, ni celles du décret

du 14 mars 1992, pris pour son application, ne donnent compétence au

Conseil d'Etat pour statuer sur cet appel ; qu'il y a lieu, par suite, de

transmettre la requête de M. X... à la cour administrative d'appel de

Nantes ;

Article 1er : Le jugement de la requête de M. X... est attribué à la cour

administrative d'appel de Nantes.

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Document n° 5 : C.E. Sect., 17 mars 2010, France Télévision, n°

336710

Vu la requête et le mémoire complémentaire, enregistrés au secrétariat du

contentieux du Conseil d'Etat les 16 février et 8 mars 2010 (…) ; M. A

demande au juge des référés du Conseil d'Etat :

1°) d'ordonner, sur le fondement de l'article L. 521-1 du code de justice

administrative, la suspension de l'exécution de la délibération du conseil

d'administration de la société France Télévisions du 3 février 2010 ma n-

datant son président-directeur général pour ouvrir des négociations exclu-

sives avec le consortium formé de la Financière LOV et de Publicis pour

la privatisation partielle de la société France Télévisions Publicité ;

2°) d'enjoindre à France Télévisions de produire cette délibération ;

3°) de mettre à la charge de France Télévisions le versement de la somme

de 5 000 euros sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice

administrative ;

il soutient qu'il a intérêt à agir en tant qu'usager du service public de la

télévision, assujetti à la redevance audiovisuelle, et qu'il est dans l'impos-

sibilité matérielle et juridique de produire la décision attaquée ; que la

condition d'urgence est remplie, dès lors que les négociations avec le

consortium ont débuté et qu'il est gravement porté atteinte à l'indépend-

ance et à la mission de service public de France Télévisions ; qu'il existe

un doute sérieux sur la légalité de la décision contestée ; qu'en effet, elle

méconnaît le principe de libre concurrence, dès lors que seul le président

de Publicis a été reçu par le président-directeur général de France Télé-

visions, que le ministre de l'économie et des finances aurait donné des i n-

formations exclusives au consortium et que la privatisation litigieuse su s-

cite des conflits d'intérêts qui ne peuvent être résolus ; que le contr at de

régie du 31 juillet 2009 aurait dû être passé après une procédure d'appel

d'offre, dès lors que France Télévisions Publicités amorçait sa privatis a-

tion partielle ; qu'il est porté atteinte aux intérêts du service public, dans

la mesure où le prix de valorisation sur la base duquel a été prise la dé-

libération est sans commune mesure avec la juste valeur de la société et

où les recettes publicitaires seront reversées à hauteur de 70 % à une e n-

treprise privée ; que la décision a été prise de manière préc ipitée, alors

que l'avenir du contexte législatif et règlementaire est incertain ; que les

membres du conseil d'administration de France Télévisions n'ont pu

prendre une décision éclairée par une information suffisante ;

Vu la copie de la requête à fin d'annulation de la délibération contestée ;

Vu le mémoire en défense, enregistré le 10 mars 2010, présenté pour la

société France Télévisions qui conclut au rejet de la requête et à ce que la

somme de 5 000 euros soit mise à la charge de M. A sur le fondement des

dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ; elle

soutient que la juridiction administrative est incompétente, son conseil

d'administration n'ayant pas agi dans le cadre de ses missions de service

public, ni mis en oeuvre aucune prérogative de puissance publique ; que

la requête est irrecevable, la décision contestée ne mettant pas en cause

21.11.2011 |Seite 9

de manière directe l'intérêt du requérant en tant qu'usager du service pu b-

lic et ayant le caractère d'une mesure préparatoire qui ne fait pas grief ;

que l'urgence n'est pas constatée, dès lors que l'ouverture de négociations

ne porte pas atteinte à un intérêt public ou privé ; qu'il n'existe aucun

doute sérieux sur la légalité de la décision ; que le respect du principe

d'égalité n'exclut pas que des négociations soient engagées avec l'un des

candidats, dont la sélection est issue d'un processus ouvert et transparent ;

que la délibération contestée ne permettant que l'ouverture de négoci a-

tions, aucune atteinte à la concurrence ne peut être é tablie ; qu'elle n'a

aucune incidence sur les relations financières et commerciales entre

France Télévisions et France Télévisions Publicité ni, a fortiori, sur les

conditions d'affectation du produit de la redevance audiovisuelle ; que le

moyen tiré du manque d'information des membres du conseil d'admin-

istration n'est pas non plus fondé ; que l'absence d'analyse de distorsions

potentielles de concurrence ne peut être invoqué, dès lors que la décision

n'a pour effet que de permettre l'engagement de négociat ions ; qu'enfin, la

délibération est sans rapport avec le contrat de régie entre France Télé-

visions et France Télévisions Publicité et n'a pas fixé de prix de cession,

ce qui ne peut être fait que par le décret de privatisation ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 ;

Vu le code de justice administrative ;

Après avoir convoqué à une audience publique, d'une part, M. A et, d'a u-

tre part, la société France Télévisions ;

Vu le procès-verbal de l'audience publique du 15 mars 2010 à 11 heures,

au cours de laquelle ont été entendus :

- M. A ;

- la représentante de M. A ;

- Me Piwnica, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat

de France Télévisions;

Considérant, d'une part, qu'aux termes du premier alinéa de l 'article L.

521-1 du code de justice administrative : Quand une décision administr a-

tive, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réfo r-

mation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner

la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets,

lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer,

en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la déc i-

sion. ;

Considérant, d'autre part, qu'aux termes du premier alinéa du I de l'article

44 de la loi du 30 septembre 1986 : La société nationale de programme

France Télévisions est chargée de concevoir et programmer des émissions

de télévision à caractère national, régional et local ainsi que des émi s-

sions de radio ultramarines. Elle édite et diffuse également plusieurs se r-

vices de communication audiovisuelle, y compris des services de médias

audiovisuels à la demande, répondant aux missions de service public d é-

finies à l'article 43-11 et dans son cahier des charges.

21.11.2011 |Seite 10

Considérant que, par la délibération contestée, le conseil d'administration

de la société France Télévisions, dont l'Etat détient directement la totalité

du capital en vertu de l'article 47 de la loi du 30 septembre 1986, a ma n-

daté son président-directeur général pour ouvrir des négociations exclu-

sives avec un consortium formé de deux sociétés, en vue de la cession de

70% de sa participation dans le capital de la société France Télévisions

Publicité, qui assure sa régie publicitaire ; que cette délibération ne met

en oeuvre aucune prérogative de puissance publique ; que, si les décisions

de France Télévisions qui affectent la garantie de ses ressources,

lesquelles constituent un élément essentiel pour assurer la réalisation de

ses missions de service public, touchent à l'organisation même du service

public et relèvent à ce titre de la compétence de la juridiction administr a-

tive, tel n'est pas le cas des autres décisions que prend cette personne m o-

rale de droit privé, notamment de la délibération contestée qui est, par

elle-même, sans incidence sur le financement de la société France Télé-

visions non plus que, de manière générale, sur l'organisation du service

public dont elle a la charge ; qu'ainsi, la contestation de cette délibér a-

tion, qui n'a pas le caractère d'un acte administratif, ne relève pas de la

compétence de la juridiction administrative ;

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que la requête de M. A ne peut

qu'être rejetée, y compris ses conclusions à fin d'injonction et celles qu'i l

présente au titre des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice

administrative ; qu'il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de

faire droit aux conclusions présentées au même titre par la société France

Télévisions ;

O R D O N N E :

------------------

Article 1er : La requête de M. A est rejetée.

Article 2 : Les conclusions présentées par la société France Télévisions

au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont reje-

tées.

Article 3 : La présente ordonnance sera notifiée à M. Christophe A et à la

société France Télévisions.

____________________________________________________________

Document 6 : CE Ass. 26 novembre 1976, Soldani et autres, req. n°

97328.

1 REQUETE N 97 328 DU SIEUR D... TENDANT A L'ANNULATION

DE LA DECISION VERBALE PAR LAQUELLE LE GOUVERNEMENT

A TRANSFERE LE CHEF LIEU DU DEPARTEMENT DU F... DE

DRAGUIGNAN A TOULON ;

[…]

SUR LA REQUETE N 97 328 : - CONS. QUE LES CONCLUSIONS DE

CETTE REQUETE SONT, D'APRES LEURS TERMES MEMES,

DIRIGEES CONTRE "UNE DECISION VERBALE PAR LAQUELLE LE

21.11.2011 |Seite 11

GOUVERNEMENT A TRANSFERE LE CHEF-LIEU DU DEPARTE-

MENT DU F... DE DRAGUIGNAN A TOULON" ; QUE, SI LA RE-

QUETE INVOQUE DES EVENEMENTS QUI SE SONT PRODUITS

DANS LE COURANT DES MOIS DE SEPTEMBRE ET D'OCTOBRE

1974, NOTAMMENT UN COMMUNIQUE PARU DANS LA PRESSE A

L'ISSUE DU CONSEIL DES MINISTRES DU 24 SEPTEMBRE 1974,

DES DECLARATIONS D'INTENTION DU GOUVERNEMENT EX-

PRIMEES PAR LE MINISTRE DE L'INTERIEUR DEVANT L'ASSEM-

BLEE NATIONALE ET LORS D'UNE CONFERENCE DE PRESSE

AINSI QUE DIVERSES INITIATIVES DU PREFET ET DU SECRE-

TAIRE GENERAL DU F..., D'OU IL RESULTERAIT QUE LA DECI-

SION DE TRANSFERT AVAIT DEJA ETE PRISE, IL RESSORT DES

PIECES VERSEES AU DOSSIER QU'A LA DATE A LAQUELLE A

ETE INTRODUITE LA REQUETE SUSVISEE, AUCUN ACTE COM-

PORTANT LES EFFETS JURIDIQUES Y... TRANSFERT N'ETAIT IN-

TERVENU ;

QU'AINSI LES CONCLUSIONS DE CETTE REQUETE NE SONT PAS

DIRIGEES CONTRE UNE DECISION FAISANT GRIEF ; QU'ELLES

NE SONT, DES LORS, PAS RECEVABLES ;

[…]

____________________________________________________________

Document n° 7 : CE Ass. 14 décembre 2007, Garde des Sceaux, minis-

tre de la jutice c/ Boussouar , req. n° 290730

Vu le recours et le mémoire complémentaire, enregistrés les 27 février

2006 et 27 juin 2006 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, pré-

sentés pour le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE ; le

GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE demande au Con-

seil d'Etat

1°) d'annuler l'arrêt du 19 décembre 2005 par lequel la cour administr a-

tive d'appel de Paris, faisant droit à l'appel de M. Miloud A, a annulé,

d'une part, l'ordonnance du 20 décembre 2004 du président de la 7ème

section du tribunal administratif de Paris, d'autre part, sa décision du 26

novembre 2003 procédant au changement d'affectation de l'intéressé et

ordonnant son transfert de la maison centrale de Saint -Maur à la maison

d'arrêt de Fleury-Mérogis

21.11.2011 |Seite 12

[…]

Considérant que M. A a été condamné le 30 janvier 1997 par la cour

d'assises du Rhône à une peine de 20 ans de réclusion criminelle ; que par

une décision du 26 novembre 2003, le GARDE DES SCEAUX, MINIS-

TRE DE LA JUSTICE a décidé de transférer M. A de la maison centrale

de Saint-Maur, établissement pour peines, à la maison d'arrêt de Fleury-

Mérogis ; que le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE se

pourvoit contre l'arrêt du 19 décembre 2005 par lequel la cour administr a-

tive d'appel de Paris, faisant droit à la requête présentée par M. A, a, d' u-

ne part, censuré l'ordonnance du président de la 7ème section du tribunal

administratif de Paris du 20 décembre 2004 qui avait rejeté comme ir-

recevable la demande d'annulation formée par l'intéressé contre la déc i-

sion du 26 novembre 2003 et, d'autre part, annulé cette décision ;

[…]

Sur le bien-fondé de l'arrêt attaqué :

Considérant qu'aux termes de l'article 717 du code de procédure pénale :

Les condamnés purgent leur peine dans un établissement pour peines. Les

condamnés à l'emprisonnement d'une durée inférieure ou égale à un an

peuvent, cependant, à titre exceptionnel, être maintenus en maison d'arrêt

et incarcérés, dans ce cas, dans un quartier distinct, lorsque des cond i-

tions tenant à la préparation de leur libération, leur situation familiale ou

leur personnalité le justifient. Peuvent également, dans les mêmes cond i-

tions, être affectés, à titre exceptionnel, en maison d'arrêt, les condamnés

auxquels il reste à subir une peine d'une durée inférieure à un an ; qu'aux

termes de l'article D. 70 du même code : Les établissements pour peines,

dans lesquels sont reçus les condamnés définitifs, sont les maisons ce n-

trales, les centres de détention, les centres de semi-liberté et les centres

pour peines aménagées (...) ; qu'aux termes de l'article D. 80 du code : Le

ministre de la justice dispose d'une compétence d'affectation des

condamnés dans toutes les catégories d'établissement. Sa compétence est

exclusive pour les affectations dans les maisons centrales (...) ; qu'aux

termes de l'article D. 82 du code : L'affectation peut être modifiée soit à

la demande du condamné, soit à la demande du chef de l'établissement

dans lequel il exécute sa peine. (...) L'affectation ne peut être modifiée

que s'il survient un fait ou un élément d'appréciation nouveau ; qu'aux

termes de l'article D. 82-1 du code : Que la demande émane du condamné

ou du chef d'établissement, ce dernier const itue un dossier qui comprend

les éléments permettant d'établir la motivation de la demande. (...). La

décision de changement d'affectation est prise, sauf urgence, après avis

21.11.2011 |Seite 13

du juge de l'application des peines et du procureur de la République du

lieu de détention.

Considérant que, pour déterminer si une décision relative à un change-

ment d'affectation d'un détenu d'un établissement pénitentiaire à un autre

constitue un acte administratif susceptible de recours pour excès de po u-

voir, il y a lieu d'apprécier sa nature et l'importance de ses effets sur la

situation des détenus ; qu'en se fondant exclusivement sur l'existence et le

contenu des dispositions législatives et réglementaires précitées relatives

aux changements d'affectation des détenus, pour en déduire, sans s'attach-

er à en apprécier la nature et les effets, qu'une telle mesure peut être co n-

testée par la voie du recours pour excès de pouvoir, la cour administrative

d'appel de Paris a entaché son arrêt d'une erreur de droit ;

Considérant, toutefois, qu'aux termes de l'article 719 du code de

procédure pénale, dans sa rédaction alors applicable : Les condamnés sont

soumis dans les maisons d'arrêt à l'emprisonnement individuel de jour et

de nuit, et dans les établissements pour peines, à l'isolement de nuit

seulement, après avoir subi éventuellement une période d'observation en

cellule. Il ne peut être dérogé à ce principe qu'en raison de la distribution

intérieure des locaux de détention ou de leur encombrement temporaire

ou des nécessités d'organisation du travail. ; qu'en vertu de l'article 720

du même code dans sa rédaction alors applicable : Les activités de travail

et de formation professionnelle sont prises en compte pour l'appréciation

des gages de réinsertion et de bonne conduite des condamnés (. ..) ; qu'aux

termes de l'article D. 83 du même code : Le régime appliqué dans les

maisons d'arrêt est celui de l'emprisonnement individuel de jour et de nuit

(...)/ Cette règle ne fait pas obstacle, toutefois, à ce que soient organisées

des activités collectives ou des activités dirigées (...) ; qu'aux termes de

l'article D. 95 du même code : Le régime des maisons centrales et des

centres de détention comporte l'isolement de nuit (...) Pendant la journée,

les condamnés sont réunis pour le travail et les act ivités physiques et

sportives. Ils peuvent l'être aussi pour les besoins de l'enseignement ou de

la formation, de même que pour des activités culturelles ou de loisirs. Le

contenu de l'emploi du temps, et notamment la part faite à ces diverses

activités, doit permettre aux condamnés de conserver ou de développer

leurs aptitudes intellectuelles, psychologiques et physiques pour préparer

leur réinsertion ultérieure ; qu'aux termes de l'article D. 95 -1 du même

code : Sans préjudice de l'application des disposi tions de l'article D. 95

prévoyant la mise en oeuvre d'activités pendant toute la durée de l'exéc u-

tion de la peine, les condamnés bénéficient, au cours de la dernière p é-

riode de l'incarcération, d'une préparation active à leur élargissement

conditionnel ou définitif, en particulier sur le plan socio -professionnel.

21.11.2011 |Seite 14

Cette préparation comprend, le cas échéant, un placement à l'extérieur ou

au régime de semi-liberté. Elle est effectuée soit sur place, soit après

transfèrement sur un centre ou un quartier spécia lisé ;

Considérant qu'il résulte de l'ensemble des dispositions législatives et r é-

glementaires précitées que le régime de la détention en établissement

pour peines, qui constitue normalement le mode de détention des

condamnés, se caractérise, par rapport aux maisons d'arrêt, par des mo-

dalités d'incarcération différentes et, notamment, par l'organisation

d'activités orientées vers la réinsertion ultérieure des personnes co n-

cernées et la préparation de leur élargissement ; qu'ainsi, eu égard à sa

nature et à l'importance de ses effets sur la situation des détenus, une d é-

cision de changement d'affectation d'une maison centrale, établissement

pour peines, à une maison d'arrêt constitue un acte administratif suscept i-

ble de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir et non une mesure

d'ordre intérieur ; qu'il en va autrement des décisions d'affectation

consécutives à une condamnation, des décisions de changement d'affect a-

tion d'une maison d'arrêt à un établissement pour peines ainsi que des d é-

cisions de changement d'affectation entre établissements de même nature,

sous réserve que ne soient pas en cause des libertés et des droits fo n-

damentaux des détenus ; que ce motif, qui répond à un moyen invoqué

devant le juge du fond et ne comporte aucune appréciation de fait

nouvelle en cassation, doit être substitué au motif erroné en droit retenu

par l'arrêt attaqué de la cour administrative d'appel de Paris dont il just i-

fie légalement le dispositif ;

Considérant qu'en jugeant, pour en déduire qu'elle doit être motivée en

application de l'article 1er de la loi du 11 juillet 1979 relative à la mot i-

vation des actes administratifs, qu'une mesure de transfert d'un détenu

d'un établissement pour peines à une maison d'arrêt est, par nature, au

nombre des décisions qui restreignent l'exercice des libertés publiques ou,

de manière générale, constituent une mesure de police , la cour admini s-

trative d'appel de Paris a commis une erreur de droit ; que, toutefois, une

telle mesure constitue une décision qui impose des sujétions et d oit être

motivée en vertu de cette même disposition ; que ce motif, qui répond à

un moyen invoqué devant le juge du fond et ne comporte aucune appréc i-

ation de fait nouvelle en cassation, doit être substitué au motif erroné en

droit retenu par l'arrêt attaqué de la cour administrative d'appel de Paris

dont il justifie légalement le dispositif ;

[…]

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que le GARDE DES SCEAUX,

21.11.2011 |Seite 15

MINISTRE DE LA JUSTICE n'est pas fondé à demander l'annulation de

l'arrêt du 19 décembre 2005 de la cour administrative d'appel de Paris ;

qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de

l'Etat le versement à M. A de la somme de 3 000 euros qu'il demande en

application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice ad-

ministrative ;

D E C I D E :

--------------

Article 1er : Le recours du GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA

JUSTICE est rejeté.

____________________________________________________________

Document n° 8 : CE 2 novembre 1992, Kherouaa, req. n° 130394

Vu la requête, enregistrée au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat

le 25 octobre 1991, présentée pour M. Mostépha Z... et Mme Fatima Y...,

demeurant ..., et pour M. Satilmis X... et Mme Leyze A..., demeurant ... ;

les requérants demandent au Conseil d'Etat d'annuler un jugement du 2

juillet 1991 en tant que par ce jugement le tribunal administratif de Paris

a rejeté leurs demandes tendant à l'annulation de la décision du conseil

d'administration du collège Jean Jaurès de Montfermeil en date du 28 sep-

tembre 1990, interdisant le port du "foulard islamique", et des décisions

du 14 décembre 1990 par lesquelles le conseil de discipline dudit collège

a définitivement exclu leurs filles Samira Z..., Hatice et Ayse X... de cet

établissement, ensemble les décisions du recteur de l'académie de Créteil

du 11 mars 1991 confirmant lesdites décisions ;

[…]

Considérant que le principe de la laïcité de l'enseignement public qui r é-

sulte notamment des dispositions précitées et qui est l'un des éléments de

la laïcité de l'Etat et de la neutralité de l'ensemble des services publics,

impose que l'enseignement soit dispensé dans le respect, d'une part, de

cette neutralité par les programmes et par les enseignants et, d'autre part,

de la liberté de conscience des élèves ; qu'il interdit conformément aux

principes rappelés par les mêmes textes et les engagements internationaux

de la France toute discrimination dans l'accès à l'enseignement qui serait

fondée sur les convictions ou croyances religieuses des élèves ; q ue la

liberté ainsi reconnue aux élèves comporte pour eux le droit d'exprimer et

de manifester leurs croyances religieuses à l'intérieur des établissements

21.11.2011 |Seite 16

scolaires, dans le respect du pluralisme et de la liberté d'autrui, et sans

qu'il soit porté atteinte aux activités d'enseignement, au contenu des pro-

grammes et à l'obligation d'assiduité ; que, dans les établissements sc o-

laires, le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent man i-

fester leur appartenance à une religion n'est pas par lui -même incompati-

ble avec le principe de laïcité, dans la mesure où il constitue l'exercice de

la liberté d'expression et de manifestation de croyances religieuses, mais

que cette liberté ne saurait permettre aux élèves d'arborer des signes d'a p-

partenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans

lesquelles ils seraient portés individuellement ou collectivement, ou par

leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de

pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, porteraient

atteinte à la dignité ou à la liberté de l'élève ou d'autres membres de la

communauté éducative, compromettraient leur santé ou leur sécurité, pe r-

turberaient le déroulement des activités d'enseignement et le rôle éducatif

des enseignants, enfin troubleraient l'ordre dans l'établissement ou le

fonctionnement normal du service public ;

Considérant que l'article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès

de Montfermeil, dans la rédaction qui lui a été donnée par une décision du

30 novembre 1990, dispose que "le port de tout signe distinctif, vestime n-

taire ou autre, d'ordre religieux, politique ou philosophique est

strictement interdit" ; que, par la généralité de ses termes, ledit article i n-

stitue une interdiction générale et absolue en méconnaissance des princi-

pes ci-dessus rappelés et notamment de la liberté d'expression reconnue

aux élèves et garantie par les principes de neutralité et de laïcité de l'e n-

seignement public ; que les requérants sont, par suite, fondés à en d e-

mander l'annulation ;

Sur les conclusions dirigées contre les décisions du recteur de l'académie

de Créteil en date du 11 mars 1991, confirmant les décisions du conseil

de discipline du collège Jean Jaurès de Montfermeil, prononçant l'exclu-

sion définitive de Mlles Samira Z..., Hatice et Ayse X... :

[…]

Article 1er : Le jugement du tribunal administratif de Paris en date du 2

juillet 1991 est annulé en tant qu'il rejette les conclusions de M. Z..., de

Mme Y..., de M. X... et de Mme A... tendant à l'annulation de l'article 13

du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de Montfermeil et des déc i-

sions d'exclusion prises à l'encontre de leurs filles Samira, Hatice et

Ayse.

Article 2 : L'article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de

Montfermeil dans sa rédaction adoptée le 30 novembre 1990 et les déci-

sions du recteur de l'académie de Créteil du 11 mars 1991 confirmant les

21.11.2011 |Seite 17

décisions du 14 décembre 1990 par lesquelles le conseil de discipline

dudit collège a définitivement exclu Mlles Samira Z..., Hatice et Ayse

X... de cet établissement sont annulés.

____________________________________________________________

Document n° 9 : CE 3 octobre 2003, Boonen req. n° 240270

Vu la requête, enregistrée le 20 novembre 2001 au secrétariat du conte n-

tieux du Conseil d'Etat, présentée par M. X... X, demeurant ... ; M. X de-

mande au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler pour excès de pouvoir la décision implicite de rejet résultant

du silence gardé pendant plus de deux mois par le ministre de l'intérieur

sur sa demande, présentée le 17 septembre 2001 tendant à l'abrogation de

la circulaire du 2 juin 1993 relative à l'application des règles de consult a-

tion de la documentation et de communication des informations co l-

lectées, traitées et détenues par les renseignements généraux dans le c a-

dre, d'une part, du décret n° 91-1051 du 14 octobre 1991, et, d'autre part,

du principe hiérarchique ;

[…]

Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article 31 de la loi du 6

janvier 1978 : Il est interdit de mettre ou conserver en mémoire i n-

formatisée, sauf accord exprès de l'intéressé, des données nominatives

qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou

les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou les appart e-

nances syndicales ou les mours des personnes ; que, toutefois, selon le

troisième alinéa du même article, pour des motifs d'intérêt public, il peut

être fait exception à l'interdiction ci -dessus sur proposition ou avis con-

forme de la commission nationale de l'informatique et des libertés par d é-

cret en Conseil d'Etat ; que, sur le fondement de ces dernières dispos i-

tions, est intervenu notamment le décret n° 91-1051 du 14 octobre 1991

applicable aux fichiers gérés par les services des renseignements gé-

néraux ;

Considérant que les articles 34 et 35 de ladite loi prévoient que toute per-

sonne justifiant de son identité a le droit d'interroger les services ou o r-

ganismes qui détiennent les fichiers visés par ces articles en vue de savoir

s'ils contiennent des informations nominatives la concernant, d'en obtenir,

le cas échéant, communication et d'en demander une copie contre perce p-

tion d'une redevance forfaitaire ; que, lorsqu'un traitement intéresse la

sûreté de l'Etat, la défense ou la sécurité publique, il peut comprendre,

d'une part, des informations dont la communication à l'intéressé serait

21.11.2011 |Seite 18

susceptible de mettre en cause les fins assignées à ce traitement et, d'a u-

tre part, des informations dont la communication ne mettrait pas en cause

ces mêmes fins ; que, pour les premières, il incombe à la Commission n a-

tionale de l'informatique et des libertés, saisie sur le fondement de l'art i-

cle 39 de la loi par la personne visée par ces informations, de l'informer

qu'il a été procédé aux vérifications nécessaires ; que, pour les autres, il

appartient au gestionnaire du traitement ou à la Commission nationale de

l'informatique et des libertés, saisis par cette personne, de lui en donner

communication, avec, pour la Commission, l'accord du gestionnaire du

traitement ; que, dans ce dernier cas, la communication doit s'effectuer

dans les conditions de droit commun prévues notamment par les articles

34 et 35 susmentionnés de la loi du 6 janvier 1978 ;

Considérant que l'article 7 du décret du 14 octobre 1991 organise, dans

son troisième alinéa, le droit qu'ont les personnes concernées d'accéder

directement aux informations, contenues dans les fichiers gérés par les

services des renseignements généraux, ne mettant pas en cause les fins

assignées au traitement ;

Considérant que, pour l'application de ces dispositions, le ministre de

l'intérieur et de l'aménagement du territoire a précisé par une circulaire

du 2 juin 1993, d'une part, que la communication étant strictement pe r-

sonnelle et la procédure n'étant pas contentieuse, l'intéressé devra se pr é-

senter seul, sans pouvoir se faire représenter ou assister, même par un av-

ocat, d'autre part, que lors de la communication des pièces communic a-

bles de son dossier, le demandeur en prend connaissance et peut prendre

des notes ;

Considérant que l'interprétation que l'autorité administrati ve donne par

voie de circulaires des lois et règlements qu'elle a pour mission de mettre

en ouvre n'est pas susceptible d'être déférée au juge de l'excès de pouvoir

lorsque, étant dénuée de caractère impératif, elle ne saurait, quel qu'en

soit le bien-fondé, faire grief ; qu'en revanche, les dispositions impé-

ratives à caractère général d'une circulaire doivent être regardées comme

faisant grief, tout comme le refus de les abroger ; que le recours formé à

leur encontre doit être accueilli si ces dispositions fixent, dans le silence

des textes, une règle nouvelle entachée d'incompétence ou si, alors même

qu'elles ont été compétemment prises, il est soutenu à bon droit qu'elles

sont illégales pour d'autres motifs ; qu'il en va de même s'il est soutenu à

bon droit que l'interprétation qu'elles prescrivent d'adopter, soit méco n-

naît le sens et la portée des dispositions législatives ou réglementaires

qu'elle entendait expliciter, soit réitère une règle contraire à une norme

juridique supérieure ;

21.11.2011 |Seite 19

Considérant, en premier lieu, que les dispositions contestées de la circu-

laire ayant pour objet de refuser au demandeur la possibilité de se faire

représenter ou assister, même par un avocat, présentent le caractère de

dispositions impératives à caractère général et doiven t dès lors être regar-

dées comme faisant grief, de même que le refus de les abroger ; qu'aux

termes de l'article 6 de la loi du 31 décembre 1971 : Les avocats peuvent

assister et représenter autrui devant les administrations publiques, sous

réserve des dispositions législatives et réglementaires ; que les dispos i-

tions précitées de la loi du 6 janvier 1978 et du décret du 14 octobre 1991

organisant le droit d'accès aux informations nominatives contenues dans

un traitement, et plus particulièrement dans un fichier géré par les ser-

vices des renseignements généraux, n'excluent pas expressément la poss i-

bilité de se faire représenter ou assister par un avocat ; que s'il appartient

au pouvoir réglementaire de concilier l'exercice de ce droit avec l'oblig a-

tion pour la personne concernée de justifier, en application de l'article 34

de la loi du 6 janvier 1978, de son identité, le ministre de l'intérieur

n'était pas compétent, dans le silence des textes, pour interdire purement

et simplement cette faculté ; que, dans ces conditions, M. X est fondé à

demander l'annulation de la décision implicite du ministre de l'intérieur

refusant d'abroger les dispositions du huitième alinéa de la division III de

la circulaire du 2 juin 1993 précisant que l'intéressé devra se présenter

seul, sans pouvoir se faire représenter ou assister, même par un avocat ;

Considérant, en second lieu, que si M. X soutient que la commission na-

tionale de l'informatique et des libertés, interprétant strictement les di s-

positions de la circulaire précisant que le demandeur peut prendre des

notes lors de la communication des pièces communicables de son dossier,

exclut la possibilité pour ce dernier d'obtenir des photocopies, il résulte

des termes mêmes de la circulaire qu'ils n'écartent pas de manière imp é-

rative une telle possibilité ; que les dispositions en cause, et donc le refus

de les abroger, ne sont, par suite, pas susceptibles de faire grief ; que la

requête est, dans cette mesure, irrecevable ;

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que M. X es t seulement fondé

à demander l'annulation de la décision implicite par laquelle le ministre

de l'intérieur a refusé d'abroger les dispositions du huitième alinéa de la

division III de la circulaire du 2 juin 1993 précisant que l'intéressé devra

se présenter seul, sans pouvoir se faire représenter ou assister, même par

un avocat ;

Sur les conclusions tendant à l'application des dispositions de l'article L.

761-1 du code de justice administrative :

Considérant qu'il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de

faire application des dispositions précitées et de condamner l'Etat à verser

21.11.2011 |Seite 20

à M. la somme qu'il demande au titre des frais exposés par lui et non

compris dans les dépens ;

D E C I D E :

--------------

Article 1er : La décision implicite par laquelle le ministre de l'intérieur a

refusé d'abroger les dispositions du huitième alinéa de la division III de la

circulaire du 2 juin 1993 selon lesquelles l'intéressé devra se présenter

seul sans pouvoir se faire représenter ou assister, même par so n avocat est

annulée.

____________________________________________________________

Document n° 10 : CE 30 janvier 1987, Département de la Moselle , req.

n° 70236

Vu la requête enregistrée le 5 juillet 1985 au secrétariat du Contentieux

du Conseil d'Etat, présentée par le DEPARTEMENT DE LA MOSELLE

[…] tendant à ce que le Conseil d'Etat

1° annule le jugement du 21 mai 1985 par lequel le tribunal administratif

de Strasbourg a rejeté sa demande tendant à l'annulation pour excès de

pouvoir de l'acte du 30 mai 1984 de ladite chambre mettant en demeure le

président du conseil général de la Moselle d'inscrire les crédits sup-

plémentaires mentionnés à la colonne 6 du tableau annexé à ladite déc i-

sion ;

2° annule pour excès de pouvoir les décisions ci -dessus analysées de la

chambre régionale des comptes de Lorraine en date des 23 janvier et 30

mai 1984 ;

[…]

Considérant qu'aux termes de l'article 52 de la loi n° 82-213 du 2 mars

1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et

des régions : "Ne sont obligatoires pour les départements que les dépen-

ses nécessaires à l'acquittement des dettes exigibles et les dépenses pour

lesquelles la loi l'a expressément décidé. La chambre régionale des comp-

tes saisie, soit par le représentant de l'Etat dans le département, soit par le

comptable du département, soit par toute personne y ayant intérêt, const a-

te qu'une dépense obligatoire n'a pas été inscrite au budget dépa rtemental

ou l'a été pour une somme insuffisante. Elle opère cette const atation dans

le délai d'un mois à partir de sa saisine et adresse une mise en demeure au

département intéressé. Si, dans le délai d'un mois, cette mise en demeure

21.11.2011 |Seite 21

n'est pas suivie d'effet, la chambre régionale des comptes demande au r e-

présentant de l'Etat dans le département d 'inscrire cette dépense au budget

départemental et propose s'il y a lieu la création de ressources ou la dim i-

nution de dépenses facultatives destinées à couvrir la dépense obligatoire.

Le représentant de l'Etat dans le département règle et rend exécutoire le

budget rectifie en conséquence. S'il s'écarte des propositions formulées

par la chambre régionale des comptes, il assortit sa décision d'une mot i-

vation explicite" ;

Considérant qu'il résulte des dispositions susrappelées de l'article 52 pr é-

cité de la loi du 2 mars 1982 que la constatation opérée par la chambre

régionale des comptes qu'une dépense obligatoire n'a pas été inscrite au

budget départemental ou l'a été pour une somme insuffisante et la mise en

demeure qu'elle adresse au département d'inscrire à son budget les crédits

correspondants ne constituent que le premier acte de la procédure admi n-

istrative pouvant aboutir éventuellement à la décision du représentant de

l'Etat d'inscrire cette dépense au budget départemental et de rendre

exécutoire le budget rectifié en conséquence ; qu'ainsi la décision en date

du 30 mai 1984 par laquelle la chambre régionale des comptes de Lo r-

raine a constaté que les crédits inscrits au budget 1984 du département de

la Moselle ne correspondaient pas au maintien effectif des prestations

dûes en application de l'article 30 de la loi du 2 mars 1982 et a mis le

Président du conseil général de ce département en demeure d'inscrire au

budget 1984 les crédits qui étaient définis en annexe, ne constitue pas,

par elle-même, une décision susceptible d'être déférée au juge admin-

istratif ; que, dès lors, le DEPARTEMENT DE LA MOSELLE n'est pas

fondé à soutenir que c'est à tort que par le jugement attaqué, le tribunal

administratif de Strasbourg a déclaré irrecevable la demande qu'il avait

dirigée contre la décision susanalysée de la chambre régionale des

comptes de Lorraine, et pour ce motif l'a rejetée ;

Article ler : La requête du DEPARTEMENT DE LA MOSELLE est rej e-

tée.

Document n° 11 : C.E. 11 février 2010, France Télévision, n° 324233

Vu, 1°) sous le n° 324233, la requête, enregistrée le 19 janvier 2009 au

secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour Mme Nicole

U (…) ; Mme U et autres demandent au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler la lettre de la ministre de la culture et de la communication

du 15 décembre 2008, adressée au président-directeur général de France

Télévisions, relative à la suppression de la publicité en soirée, à compter

21.11.2011 |Seite 22

du 5 janvier 2009, sur les chaînes télévisées du groupe France Télévisions

et aux mesures à prendre afin de ne plus commercialiser les espaces pub-

licitaires entre 20 h et 6h sur France 2, France 3, France 4, France 5 à

partir de cette même date ;

(…)

Vu, 2°) sous le n° 324407, la requête, enregistrée le 23 janvier 2009 au

secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour Mme Nicole

U (…) ; Mme U et autres demandent au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler la délibération du conseil d'administration de France Tél é-

visions du 16 décembre 2008 par laquelle ce conseil prend acte du courr i-

er ministériel arrêtant les orientations relatives à la suppression de la

publicité entre 20 h et 6 h à compter du 5 janvier 2009 et confie la r e-

sponsabilité de leur mise en oeuvre au président-directeur général ;

2°) de mettre à la charge de l'Etat le versement de la somme de 4 000 eu-

ros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative;

....................................................................................

Vu les autres pièces des dossiers ;

Vu la Constitution ;

Vu la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 ;

Vu le code de justice administrative

Après avoir entendu en séance publique :

- le rapport de M. Xavier de Lesquen, maître des Requêtes,

- les observations de la SCP Didier, Pinet, avocat de Mme U et autres, de

la SCP Piwnica, Molinié, avocat de la société France Télévisions et de la

SCP Lyon-Caen, Fabiani, Thiriez, avocat du ministre de la culture et de la

communication ;

- les conclusions de M. Jean-Philippe Thiellay, rapporteur public ;

La parole ayant été à nouveau donnée à la SCP Didier, Pinet, avocat de

Mme U et autres, à la SCP Piwnica, Molinié, avocat de la société France

Télévisions et à la SCP Lyon-Caen, Fabiani, Thiriez, avocat du ministre

de la culture et de la communication ;

Considérant que Mme U et autres demandent au Conseil d'Etat, d'une

part, sous le numéro 324233, d'annuler la lettre du ministre de la culture

et de la communication du 15 décembre 2008 demandant au président -

directeur général de France Télévisions d'envisager les mesures néces-

saires afin de ne plus commercialiser les espaces publicitaires entre 20 h

et 6 h sur France 2, France 3, France 4, France 5 à partir du 5 janvier

2009 et d'autre part, sous le numéro 324407, d'annuler la délibération du

conseil d'administration de France Télévisions du 16 décembre 2008 par

laquelle ce conseil a pris acte du courrier ministériel arrêtant les orient a-

tions relatives à la suppression de la publicité entre 20 h et 6 h à compter

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du 5 janvier 2009 et a confié la responsabilité de sa mise en oeuvre au

président-directeur général ; que ces requêtes présentent à juger des que s-

tions connexes ; qu'il y a lieu de les joindre pour statuer par une seule dé-

cision ;

En ce qui concerne la requête n° 324233 :

Sur la recevabilité de la requête :

Considérant que la lettre du ministre en date du 15 janvier 2008, après

avoir rappelé le contexte de la réforme législative alors en cours relative

à la suppression de la publicité dans le service public de la télévision,

demande au président-directeur général de la société France Télévisions

d'envisager les mesures nécessaires afin de ne plus commercialiser les

espaces publicitaires entre 20 h et 6 h sur France 2, France 3, France 4 et

France 5 à partir du 5 janvier 2009 conformément à l'esprit et à la lettre

de la réforme législative en cours ; qu'eu égard à la précision des mesures

énoncées et de l'échéance qu'elle fixe pour leur application, la lettre du

ministre doit être regardée comme comportant une instruction tendant à

ce que soient prises les mesures en cause ; qu'elle constitue ainsi une dé-

cision faisant grief ; que les requérants ont, en leur qualité d'usagers du

service public de la télévision, intérêt à agir contre cette lettre;

Sur la légalité interne de la décision attaquée :

Considérant qu'en vertu de l'article 34 de la Constitution : La loi fixe les

règles concernant : /- les droits civiques et les garanties fondamentales

accordées aux citoyens pour l'exercice des libertés publiques ; la liberté,

le pluralisme et l'indépendance des médias (...) ;

Considérant que la décision de renoncer à la commercialisation des

espaces publicitaires dans les programmes des services de communication

audiovisuelle de France Télévisions pendant une part substantielle du

temps d'antenne, qui a pour effet de priver cette société nationale de p ro-

gramme d'une part significative de ses recettes, doit être regardée comme

affectant la garantie de ses ressources, qui constitue un élément de son

indépendance ; qu'une telle interdiction relève dès lors du domaine de la

loi ; qu'à la date de la décision attaquée, aucune disposition législative

n'interdisait la commercialisation des espaces publicitaires entre 20 h et 6

h sur France 2, France 3, France 4 et France 5 ; que, par suite, le ministre

de la culture et de la communication n'avait pas le pouvoir d'enjoindre à

la société France Télévisons de prendre les mesures que comporte sa le t-

tre du 15 décembre 2008 ; qu'il en résulte que cette dernière doit être an-

nulée ;

En ce qui concerne la requête n° 324407 :

Sur la compétence de la juridiction administrative :

Considérant que la délibération du conseil d'administration de France

Télévisions en date du 16 décembre 2008 chargeant son président -

directeur général de mettre en oeuvre de nouvelles règles de commercial i-

sation des espaces publicitaires affecte la garantie des ressources de la

société, lesquelles constituent un élément essentiel pour assurer la réal i-

sation des missions de service public confiées à cette société en vertu des

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dispositions de l'article 43-11 de la loi du 30 septembre 1986, dont celles

de diversité, pluralisme, qualité et innovation dans les programmes mis à

disposition des publics ; que, par suite, cette délibération, qui touche à

l'organisation même du service public, relève de la compétence de l a ju-

ridiction administrative ;

Sur la fin de non-recevoir opposée par la société France Télévisions :

Considérant que les requérants ont, en leur qualité d'usagers du service

public de la télévision, intérêt à agir contre la décision du conseil d'a d-

ministration de France Télévisions en date du 16 décembre 2008 ;

Sur la légalité de la décision attaquée :

Considérant que l'annulation de la lettre du ministre de la culture et de la

communication en date du 15 décembre 2008 prononcée dans la requête

n° 324233 entraîne, par voie de conséquence, l'annulation de la délibéra-

tion du conseil d'administration de France Télévisions en date du 16 d é-

cembre 2008 qui s'est borné à prendre acte de l'instruction ministérielle

illégale et à en confier la mise en oeuvre à son président ;

(…)

D E C I D E :

--------------

Article 1er : La lettre du ministre de la culture et de la communication en

date du 15 décembre 2008 et la délibération du conseil d'administration

de France Télévisions en date du 16 décembre 2008 sont annulées.

Article 2 : L'Etat et la société France Télévisions verseront chacun une

somme globale de 3 000 euros aux requérants au titre de l'article L. 761 -1

du code de justice administrative.

Article 3 : La présente décision sera notifiée à Mme Nicole U (…), au

ministre de la culture et de la communication, au secrétaire général du

gouvernement et à la société France Télévisions.

Document 12 : C.E. 17décembre 2010, SNPA-ONF FO, n° 339089

Vu la requête, enregistrée le 30 avril 2010 au secrétariat du contentieux

du Conseil d'Etat, présentée par le SYNDICAT FORCE OUVRIERE DES

PERSONNELS ADMINISTRATIFS DE L'OFFICE NATIONAL DES

FORETS (SNPA-ONF FO), dont le siège est au 2 avenue de Saint -Mandé

à Paris (75012) ; le SNPA-ONF FO demande au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler, premièrement, la décision du Premier ministre, en date du

18 septembre 2008 de transférer le siège de l' Office national des forêts

(ONF) à Compiègne, deuxièmement, la décision du ministre du budget,

des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat du

27 juillet 2009 fixant un plafond financier pour la construction du nou-

veau siège, troisièmement, la décision du gouvernement, révélée par le

protocole d'accord du 18 mars 2010, imposant à l'ONF un transfert effe c-

tif de son siège à Compiègne avant la fin de l'année 2012, qua trièmement,

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le protocole d'accord du 18 mars 2010 passé entre l'Etat, l'ONF et l'ag-

glomération de la région de Compiègne, ensemble la décision du directeur

général de l'ONF de signer ledit protocole ;

2°) de mettre à la charge de l'Etat le versement de la somme de 6 000 eu-

ros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu le code forestier ;

Vu le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :

- le rapport de M. Laurent Cytermann, chargé des fonctions de Maître des

Requêtes,

- les conclusions de M. Nicolas Boulouis, rapporteur public ;

Considérant que ni la lettre adressée par le Premier ministre le 18 sep-

tembre 2008, au directeur général de l' Office national des forêts (ONF)

l'invitant à proposer à son conseil d'administration une résolution prono n-

çant le transfert du siège de l'établissement public à Compiègne, et re n-

voyant ainsi à une intervention de l'autorité compétente, ni le courrier par

lequel le ministre du budget a fixé un plafond financier maximum à l'opé-

ration de construction du nouveau siège de l'Office, laquelle devra être

arrêtée dans son principe et son montant par son conseil d'administration,

ne sont des actes décisoires faisant grief ; que le protocole d' accord con-

clu entre l'ONF, l'Etat et l'agglomération de la région de Compiègne n'est

pas un acte unilatéral susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès

de pouvoir par les tiers ; que si le SYNDICAT FORCE OUVRIERE DES

PERSONNELS ADMINISTRATIFS DE L'OFFICE NATIONAL DES

FORETS conteste la stipulation de cet accord prévoyant une date de fin

du transfert du siège national de l'Office, celle -ci n'est pas réglementaire

et ne peut faire l'objet par les tiers d'un tel recours ; que les conclusions

dirigées contre ces actes et stipulations sont manifestement irrecevables

et doivent être par conséquent rejetées en application de l'article R. 351 -4

du code de justice administrative ;

Considérant toutefois que les conclusions du SYNDICAT FORCE

OUVRIERE DES PERSONNELS ADMINISTRATIFS DE L'OFFICE

NATIONAL DES FORETS sont également dirigées contre la décision du

directeur de l'ONF de signer le protocole du 18 mars 2010 relatif aux mo-

dalités de l'implantation du siège national de l'établissement à Compiègne

; que ces conclusions ne ressortissent pas à la compétence du Conseil

d'Etat, juge de premier ressort, mais à celle du tribunal administratif de

Paris compétent pour en connaître en application de l'article R. 312 -1 du

code de justice administrative ; qu'il y a lieu, dès lors, en application de

l'article R. 351-1 du code de justice administrative, d'en attribuer le

jugement à ce tribunal ainsi que des conclusions tendant à l'application

des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;

D E C I D E :

--------------

Article 1er : Le jugement des conclusions de la requête du SYNDICAT

FORCE OUVRIERE DES PERSONNELS ADMINISTRATIFS DE L'OF-

FICE NATIONAL DES FORETS tendant à l'annulation de la décision du

directeur de l'ONF de signer le protocole d'accord du 18 mars 2010 et de

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ses conclusions tendant à l'application de l'article L. 761 -1 du code de

justice administrative est renvoyé au tribunal administratif de Paris.

Article 2 : Le surplus des conclusions du SYNDICAT FORCE

OUVRIERE DES PERSONNELS ADMINISTRATIFS DE L'OFFICE

NATIONAL DES FORETS est rejeté.

Article 3 : La présente décision sera notifiée au SYNDICAT FORCE

OUVRIERE DES PERSONNELS ADMINISTRATIFS DE L'OFFICE

NATIONAL DES FORETS, au Premier ministre, au ministre de l'alime n-

tation, de l'agriculture, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du

territoire et à l'Office national des forêts.