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Le sujet LA CONSCIENCE INTRODUCTION " avoir conscience de… " = savoir ; " Perdre/ reprendre conscience " = perception plus ou moins claire des phénomènes qui nous entourent et qui nous renseignent sur notre propre conscience ; Étymologiquement, Conscience vient du latin " cum scienta ", ce qui veut dire avec ou accompagné de savoir. Donc, en fait, être conscient signifie penser, agir, sentir, réfléchir tout en le sachant : c’est donc savoir ce que l’on fait quand on le fait. La conscience est alors assimilable à la connaissance, et c’est la caractéristique propre de l’homme et implique donc que l’homme occupe une place particulière dans le monde car la conscience que l’on a de soi-même permet de se penser, de se juger et d’autre part de penser tout ce qui entoure l’être humain, lui permettant de changer et de vouloir changer ce qui est autour de lui. I- La conscience, distance de l’homme au monde et à lui-même On dit que les animaux et les bébés sont au monde, i.e. qu’ils sont collés au monde, en font partie intégrante et n’ont pas la capacité intellectuelle de s’en détacher. L’homme, lui, au contraire, par le simple fait d’avoir conscience de soi, a aussi conscience que le reste du monde n’est as lui, et donc, il s’en détache. L’homme fait partie du monde mais peut s’en défaire, ce qui lui permet de juger et de comprendre le monde, de questionner, de donner des explications et de transformer le monde en vue d’un objectif précis. Ainsi, l’homme vit dans les soucis puisqu’il se projette dans l’avenir : il anticipe toujours alors que les animaux vivent collés au présent. Donc, l’homme se sépare du monde : il n’appartient pas au monde, c’est le monde qui lui appartient. Au premier abord, on pourrait croire que la Cs de soi est une connaissance de soi, autrement dit que la Cs de soi est immédiate (sans intermédiaire), mais en fait, cette Cs immédiate que nous avons de tous de nous même est superficielle : elle n’apprend pas qui je suis réellement ni le sens profond de soi. Au second abord, cette connaissance n’est que partielle parce que si je faisais des choses en pleine connaissance de causes, je n’éprouverais ni remords ni regrets. Finalement, la conscience de soi, moins qu’un avantage, est plus une obligation d’une tache à accomplir, ou de quelque chose à accomplir. Le " je veux être moi-même " est plus une tache à effectuer dans le temps limité de la vie que la possession d’une réelle identité. On dit que l’homme est perfectible : il a tout au long de sa vie l’occasion de se perfectionner parce qu’il n’a pas de nature bien définie. Si la Cs instaure une distance avec moi-même, l’homme, dans ce sens est double. Il y a donc deux " moi " en chaque personne : quand on se met en cause, il y a un " moi " qui juge, et un autre qui est jugé. En effet, dans la formule " Je me juge ", on a deux choses : le juge est sujet et fait par conséquent partie du monde intelligible ; et le " moi " qui est jugé est objet : il est dans le monde sensible et appartient donc au moi matériel ou encore, c’est un moi immédiat. C’est cette dualité qui est à la base de la philosophie : être soi-même est donc par définition impossible et la Cs de soi est tjs un écart entre " moi " et " moi " : ce qui fait que je ne coïncide jamais avec moi, car l’homme a tjs la possibilité de se perfectionner. Cette distance (du monde à l’homme et de l’homme à l’homme) implique un espace de réflexion donc le retour de la pensée sur soi-même : c’est un acte médiat parce que la réflexion suppose que je me détache de la chose sur laquelle je réfléchis pour y revenir ensuite. Le verbe réfléchir est plus fort que le verbe penser dans sa signification. II- La conscience, capacité de questionnement et de doute Fiches sur le Sujet 1

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Le sujet

LA CONSCIENCE

INTRODUCTION" avoir conscience de… " = savoir ; " Perdre/ reprendre conscience " = perception plus ou moins claire des phénomènes qui nous entourent et qui nous renseignent sur notre propre conscience ; Étymologiquement, Conscience vient du latin " cum scienta ", ce qui veut dire avec ou accompagné de savoir. Donc, en fait, être conscient signifie penser, agir, sentir, réfléchir tout en le sachant : c’est donc savoir ce que l’on fait quand on le fait. La conscience est alors assimilable à la connaissance, et c’est la caractéristique propre de l’homme et implique donc que l’homme occupe une place particulière dans le monde car la conscience que l’on a de soi-même permet de se penser, de se juger et d’autre part de penser tout ce qui entoure l’être humain, lui permettant de changer et de vouloir changer ce qui est autour de lui. I- La conscience, distance de l’homme au monde et à lui-mêmeOn dit que les animaux et les bébés sont au monde, i.e. qu’ils sont collés au monde, en font partie intégrante et n’ont pas la capacité intellectuelle de s’en détacher. L’homme, lui, au contraire, par le simple fait d’avoir conscience de soi, a aussi conscience que le reste du monde n’est as lui, et donc, il s’en détache. L’homme fait partie du monde mais peut s’en défaire, ce qui lui permet de juger et de comprendre le monde, de questionner, de donner des explications et de transformer le monde en vue d’un objectif précis. Ainsi, l’homme vit dans les soucis puisqu’il se projette dans l’avenir : il anticipe toujours alors que les animaux vivent collés au présent. Donc, l’homme se sépare du monde : il n’appartient pas au monde, c’est le monde qui lui appartient. Au premier abord, on pourrait croire que la Cs de soi est une connaissance de soi, autrement dit que la Cs de soi est immédiate (sans intermédiaire), mais en fait, cette Cs immédiate que nous avons de tous de nous même est superficielle : elle n’apprend pas qui je suis réellement ni le sens profond de soi. Au second abord, cette connaissance n’est que partielle parce que si je faisais des choses en pleine connaissance de causes, je n’éprouverais ni remords ni regrets. Finalement, la conscience de soi, moins qu’un avantage, est plus une obligation d’une tache à accomplir, ou de quelque chose à accomplir. Le " je veux être moi-même " est plus une tache à effectuer dans le temps limité de la vie que la possession d’une réelle identité. On dit que l’homme est perfectible : il a tout au long de sa vie l’occasion de se perfectionner parce qu’il n’a pas de nature bien définie. Si la Cs instaure une distance avec moi-même, l’homme, dans ce sens est double. Il y a donc deux " moi " en chaque personne : quand on se met en cause, il y a un " moi " qui juge, et un autre qui est jugé. En effet, dans la formule " Je me juge ", on a deux choses : le juge est sujet et fait par conséquent partie du monde intelligible ; et le " moi " qui est jugé est objet : il est dans le monde sensible et appartient donc au moi matériel ou encore, c’est un moi immédiat. C’est cette dualité qui est à la base de la philosophie : être soi-même est donc par définition impossible et la Cs de soi est tjs un écart entre " moi " et " moi " : ce qui fait que je ne coïncide jamais avec moi, car l’homme a tjs la possibilité de se perfectionner. Cette distance (du monde à l’homme et de l’homme à l’homme) implique un espace de réflexion donc le retour de la pensée sur soi-même : c’est un acte médiat parce que la réflexion suppose que je me détache de la chose sur laquelle je réfléchis pour y revenir ensuite. Le verbe réfléchir est plus fort que le verbe penser dans sa signification. II- La conscience, capacité de questionnement et de doute

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Quand je pense, dans le même temps, j’en prends conscience : la pensée englobe tous les phénomènes de l’esprit et de la réflexion ; la pensée peut accéder à un savoir véritable, par une critique sur les préjugés. Descartes affirme que la Cs et son corréla qui est la pensée deviennent à la fois le fondement et le modèle de toute vérité. Le fondement est ce sur quoi repose un ensemble de connaissance. Il développe ses idées dans deux livres principalement : Discours sur la Méthode et Méditation Métaphysique. Il reprend l’adage socratique " je sais que je ne sais rien " mais le pousse à l’extrême, en instaurant un doute méthodique et hyperbolique qui consiste à se défaire des idées reçues et de toutes les croyances, puisque par définition, elles ne peuvent être vraies. C’est donc un instrument dont le but est de trouver une vérité qui puisse servir de fondement aux autres. Descartes est un anti-aristotélicien : il doute de tout, ce qui instaure une révolution en philo : en effet, si une chose résiste au doute, alors elle est ferme et assurée et donc vraie. Pour ce faire, il a recours à la méditation : méditer consiste à raisonner et à venir à soi pour trouver le fondement de la vérité. Le doute est le début du raisonnement et prouve une certaine liberté. Descartes doute des sens parce qu’ils sont trompeurs, mais ne le sont-ils pas tout le temps ? De même, il doute des sciences puisqu’il y a forcément une ou des erreurs de raisonnement, qu’on appelle paralogismes mais aussi des pensées qui lui viennent quotidiennement à l’esprit. Quelle est alors la seule et unique certitude qui résiste à ce doute méthodique ? Il reste le " moi " comme Cs et comme capacité à penser : il dira donc " Cogito ergo sum ". Toute pensée est consciente car toujours accompagnée du savoir de celui qui pense. Cela implique que la Cs de soi est en même temps connaissance de soi : l’individu est transparent à lui-même parce que non seulement il pense, mais en plus il a Cs de le faire. Le problème est : je sais que je suis, mais je ne sais pas qui je suis : il faut donc savoir " ce que je suis, moi qui suis certain que je suis " On peut remarquer que dans sa citation, Descartes passe du " je " au " moi ". Le " moi " est une identité, une réalité permanente : c’est le fait d’être unique, ce que l’on nomme la substance (ce qui reste en soi sur les apparences) ; mais c’est aussi ce qui unifie les diverses perceptions et pensées de l’homme. Aussi nombreuses soient-elles, " il est de soi si évident que c’est moi qui doute, qui entend et qui désire, qu’il n’est pas ici besoin de rien ajouter pour l’expliquer ". Cette certitude l’amène à faire du sujet une substance pensante, séparée du corps. Son " je suis une chose qui pense " introduit une dualité entre le corps et l’âme. III- Problèmes que posent la transparence et l’immédiateté de la CsAffirmer " je suis une chose qui pense " ne me dit pas qui je suis et ne me renseigne pas non plus sur ma réelle identité. Cette identité, loin d’être immédiate et évidente est finalement problématique puisqu’elle est à faire et c’est pour Kant, le fruit d’un véritable travail. Bien sûr, le " je " est nécessaire pour pouvoir penser et s’approprier ses pensées, mais il ne donne aucune connaissance réelle sur soi-même. Être Cs signifie seulement qu’il est possible pour le sujet de prendre ses états de Cs pour objet de Cs, i.e. de réfléchir et de faire un retour sur soi. Il faut donc distinguer la Cs immédiate qui accompagne tous mes actes de la conscience médiate ou réfléchie qui permet au sujet de faire un retour sur soi-même. Donc, il y a deux moments : d’abord celui durant lequel je pense, et un autre durant lequel j’ai conscience d’être conscient. ces deux moments sont corrélatifs car la conscience des actes est en même temps conscience de soi, sinon, on perdrait son identité. Husserl dira " Toute conscience est conscience de quelque chose " et introduit par cela l’intentionnalité. Ce qui caractérise la Cs est qu’elle est toujours en relation à autre chose qu’à elle-même et il y a donc implication d’une distance du sujet à l’objet qu’il vise, qui peut être le monde extérieur

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ou le sujet lui-même. La Cs vise toujours quelque chose d’extérieur à elle, avec quoi elle ne peut jamais se confondre. Avant toute réflexion, être Cs, c’est être présent dans le monde, donc s’y inscrire et lui donner un sens . Par cela, la Cs donne un sens aux choses extérieures qui n’en ont pas forcément un. Selon Hegel, un animal est un vivant parmi les vivants. Il dit aussi que l’homme est double et qu’il a, tout comme les animaux, une conscience immédiate mais aussi un esprit, puisqu’il pense, et agit en connaissance de cause. Selon Pascal, la pensée est l’essence de l’homme : il a Cs d’être misérable, mais il est malgré cela, il est grand parce qu’il en a conscience, ce qui est différent des animaux. La pensée, c’est l’expression du roseau : l’homme est supérieur à ce qui peut le tuer. L’attache de l’homme est de bien penser en vue de bien agir. Ainsi, il nous incombe de bien utiliser ce pouvoir que nous sommes les seuls à posséder.

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Le sujet

L’INCONSCIENT

INTRODUCTIONEn tant qu’adjectif, il qualifie un être dépourvu de conscience ou, irréfléchi ou encore une personne non consciente des conséquences de ses actes. On a vu que la particularité de l’homme réside dans la conscience qu’il a de lui-même, de ses actes et de tout ce qui l’entoure. Cette Cs de lui-même ne lui donne pas la connaissance profonde de lui-même, qui est apparue comme une tâche qu’il fallait accomplir tout au long de sa vie, mais une connaissance de soi est-elle possible ? De même, on peut se poser la question : le sujet est-il toujours maître et possesseur de lui-même ? La pleine conscience des actes et pensées pose problème ; en effet, il ne va pas de soi que je suis maître de toutes mes pensées : un exemple tout simple est lors d’une dispute, on se prend à dire des choses méchantes et que l’on ne pense pas On trouvera la réponse avec Leibniz, philosophe allemand de la fin du XVII° siècle, parce qu’il soulève le problème des moments graduels de la conscience selon différents paramètres ; il dit aussi qu’on ne peut être conscient de tout, soit par habitude, soit par incapacité. Il faut donc supposer un psychisme de ma partie qui m’est obscur mais qui pourtant fait partie intégrante de moi-même.

I- L’inconscient est premier chez l’individu : 1°) chronologiquement : À sa naissance, le bébé n’a aucune conscience ni de lui-même ni du monde qui l’entoure. Cette conscience, il l’acquérira durant ses trois premières années, en apprenant à maîtriser son corps, puis son langage, et enfin à reconnaître les autres et lui-même en tant qu’individu unique. 2°) Principalement ou logiquement : L’inconscient freudien ne se définit pas seulement par le négatif, mais il est une force psychique active dont le fonctionnement obéit à des règles différentes que celles régissant le Cs. Freud propose de comprendre le psychisme (ensemble des phénomènes mentaux d’un individu) comme la coexistence de deux modes de fonctionnement dont chacun forme un système indépendant : il y a donc le système Ics et le système Pcs/ Cs. Le Pcs est situé entre le Cs et l’Ics dans la mesure où ses représentations ne sont pas présentes en permanence dans la Cs, mais ont toujours la possibilité d’y rentrer. Ce qui le sépare de l’Ics, c’est le Surmoi ou, censure qui est une instance inconsciente qui interdit l’accès à la Cs des désirs jugés inacceptables par la morale : tous les contenus Ics doivent alors se transformer pour accéder au Pcs, puis ensuite à la Cs. L’Ics, chez l’homme, est constitué de pulsions. Les pulsions sont des processus dynamiques qui orientent l’organisme vers un but précis et ces pulsions sont anarchiques. Il a sa source dans les excitations corporelles qui impliquent un état de tension. Son but est de supprimer cet état de tension, ce qui implique la rencontre d’un objet qui puisse le satisfaire ; Chez un enfant en bas âge, la pulsion la plus importante est l’autoconservation. L’ensemble des pulsions s’appelle le " ça " et s’organise au fur et à mesure de la vie, notamment par le biais d’une éducation : les parents contrecarrent les pulsions de l’enfant. Le Surmoi est le moi idéal. Il intériorise dans la conscience de l’enfant l’autorité du père et les exigences par rapport aux interdits parentaux qui sont eux-mêmes le reflet des interdits sociaux et moraux de la Société. Il joue en même temps le rôle de juge et est à l’origine de la Cs morale par le biais du refoulement qu’il provoque en exerçant une censure sur les pulsions du " ça ". Le refoulement est une opération qui repousse et maintient hors de la Cs les

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représentations liées à une pulsion dont la satisfaction n’est pas compatible avec les exigences morales que les parents ont inculquées. Le " moi " appartient en partie au système Pcs/ Cs et appartient aussi pour une grande part au système Ics puisqu’il est le résultat d’une suite d’identification Ics à la mère, d’abord, puis au père et enfin aux autres. Donc, le " moi " est soumis aux exigences du " ça ", aux impératifs du " Surmoi " et aux contraintes de la réalité : il a donc un rôle de médiateur entre les intérêts antagonistes du " ça ", du " Surmoi " et du monde extérieur. Ces éléments, une fois refoulés, sont porteurs d’une énergie pulsionnelle, ce qui les fait continuer à agir sans qu’on le sache et influence notre comportement. L’Ics est dynamique (on est loin de la conception de Leibniz) : il essaie par tous les moyens possibles de faire accéder ces représentations au Pcs et à al Cs, mais en se transformant et en revêtant des images les plus banales. Quels sont les moyens par lesquels l’Ics tente de parvenir à la Cs ?

II- Les différentes manifestations de l’Ics (l’Ics, producteur de sens) : Dans notre vie quotidienne se manifestent souvent, sans que l’on ne s’en aperçoive, ces pulsions Ics, mais d’une manière déguisée. Ces manifestations sont appelées par nos brillants savants : " symptômes ". 1. Le rêve : Freud dira que c’est " la voie royale vers l’Ics ". Le rêve résulte d’un travail d’élaboration au terme duquel les désirs refoulés parviennent à s’exprimer, mais en se déguisant pour déjouer la Censure morale et être acceptés par la Cs.Mais lorsque ce déguisement est insuffisant ou sur le point de s’arrêter, la Cs réveille le dormeur. En interprétant ces rêves, on peut retrouver les pulsions refoulées, causes du rêve. 2. Les oublis et les actes manqués :C’est un phénomène normal qui résulte d’un refoulement, donc d’une défense du Surmoi contre des phénomènes désagréables. 3. Les lapsus : c’est une faute d’inattention dans la parole et l’écriture, qui consiste à substituer un mot à la place d’un autre. En général, cela provoque le rire, mais il exprime un désir Ics qui profite pour s’exprimer d’une faiblesse de la Cs.L’Ics produit donc des effets quotidiens, qui sans cette théorie de l’Ics resteraient incompréhensibles et, partant du postulat initial que tout acte psychique a un sens, tous les actes Ics s’expliquent. Freud traite ces symptômes comme des effets de sens, en eux se manifeste une signification qui pourtant est recouverte, cachée par le sujet lui-même. C’est un paradoxe, mais il s’explique par le fait que le " moi " est le jeu de forces opposées, i.e. le " ça " et le " Surmoi ".Bien que les symptômes soient bénins pour la plupart, il existe d’autres manifestations de l’Ics qui sont de réelles maladies psychiques plus ou moins graves : • Les névroses :Maladie psychique aiguë (chronique) qui n’implique ni infection ni lésion physique, ni une désorganisation de la personnalité et s’accompagne donc d’une conscience douloureuse de la maladie. Il y a trois formes essentielles. 1. Névroses obsessionnelles 2. Hystérie : c’est en traitant ces cas que Freud en est venu à en déduire l’existence de l’Ics. État pathologique qui ne semble reposer sur aucune lésion organique ; se manifeste souvent par des crises. 3. Névroses phobiques : peur extrême, incontrôlable. Les phonies proviennent d’un traumatisme refoulé (qui se manifeste par le biais de cette phobie) par les conflits qui opposent le ça et le Surmoi.• Les psychoses : elles impliquent une grave désorganisation de la personnalité ; enferment le malade dans un univers qui ne correspond plus du tout au vrai ; Le psychotique est délirant ou autistique, mais n’a pas Cs de son anomalie.Ces symptômes sont plus ou moins gênants, voire dangereux pour le malade et son entourage, ne se rendant compte de rien. On peut vivre avec ; un analyste peut guérir. Freud, qui a émis

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Le sujet

l’hypothèse de l’Ics, a trouvé une façon de guérir : la Psychanalyse qui vise à retrouver la pulsion, cause du symptôme, en déchiffrant le discours de son patient qui a toujours une signification Ics. Pour cela différentes techniques sont mises dans la partie : l’interprétation des rêves ou des associations libres. La guérison est définie par un retour dans la Cs de la pulsion. Quel est l’acquis de la psychanalyse ? Commencée par Freud, elle évolue au cas par cas donc, affirmer que nous ne sommes plus maîtres de notre maison n’est pas définitif. La toute puissance de la Cs définie par Freud a été depuis remise en question et on s’aperçoit que l’Ics appartient tout autant à l’homme que la Cs

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Le désir

Introduction :

La passion vient du latin « pati » qui a fait le verbe « pâtir » ou « compatir », ce qui évoque la souffrance, c’est souffrir, supporter ou être passif. La passion est le contraire de l’action. Au sens classique, la passion désigne tous les états affectifs qui sont subit par l’âme (on ne choisit pas), principalement du fait de son lien avec le corps. Les passions ont leurs sources dans le corps (dans les pulsions...) et c’est pour cela qu’elles ont été rejetées par la religion, l’ascétisme (philosophie selon laquelle, il faut vivre sans aucun plaisir, qui s’oppose à l’hédonisme pour qui le plaisir est la valeur suprême, on doit agir dans le but d’avoir du plaisir : Epicure).

Ce rejet des passions et dû au fait qu’elles émanent du corps, qui est détesté, car pour eux, le corps est animal, il faut séparer le corps de son âme. Par exemple, le ramadan en Islam, est une lutte contre le corps ; la tauromachie est très religieuse, car c’est l’intelligence qui va tuer la bête.

Mais la passion a aussi été vue comme source d’activité et d’énergie. Pour les romantiques, les passions sont bonnes car elles sont à l’origine de toutes les grandes œuvres (littératures, sciences, politique…).

Stendal, parle de cristallisation pour décrire les passions. A l’origine, c’est un processus physique, quand un corps devient cristaux, et Stendal l’a reprit en terme métaphorique pour parler des passions, car pour lui, le propre de celle-ci est un processus de valorisation. Le passionné est celui qui donne plus de valeur à l’objet de sa passion qu’il n’en a réellement. Il cristallise ses souvenirs, c’est à dire qu’il les magnifie, leur donne plus d’éclat, de beauté qu’ils ne possèdent. Idéalisation d’un être dans le cadre d’une relation amoureuse ou idéaliser ses propres souvenirs dans le cas d’une romantique nostalgique.

Le premier danger de la passion est l’illusion, car l’objet qui est à l’origine de la passion est subjectif. Au sens plus philosophique, le problème est de savoir si c’est mon désir qui est source de la valeur (c’est à dire que le désir fait naître le désirable), ou est ce que c’est l’inverse (la beauté précède mon désir).

Exemple : Est-ce que c’est parce que personne est belle que je l’aime, ou est ce car je l’aime qu’elle est belle ?

Quelle est la différence entre une passion et un simple désir ? La passion a beaucoup de puissance et en général, on n’en connaît qu’une : ce qui la caractérise est l’exclusivité, le passionné ne reconnaît qu’une seule valeur (ex. Pour l’argent, c’est l’avarice ; le pouvoir, c’est l’ambition ; l’amour pour un être plus précis…). Et le passionné dévalorise tout le reste.

Lamartine : (poète romantique)« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »

Le désir n’est pas unique, on en connaît plusieurs, parfois le même jour, c’est moins fort. ⇒ La passion gagne en force ce qu’elle perd en diversité. Avec la passion, il y a un processus de projection, j’interprète le monde en fonction de ma passion. Elle n’est pas seulement une force, elle est aussi une intelligence ; je vois tout par le prisme de cette passion.

Eluard : (poète surréaliste). Illustration du processus de projection :« J’entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde. »

Les passions, ainsi que le désir ont été condamnés par un esprit philosophique : le courant idéaliste, dont les philosophes religieux sont à la base. Ces philosophes ont condamnés les passions comme étant indignes et mauvaises, et Nietzsche essaie de réhabiliter ces passions.

I° - La condamnation des passions :

Si les passions ont été condamnées, c’est au nom de la sagesse et de la raison car elles en sont l’ennemi.

Pascal (religieux du 16ème siècle) :« Guerre intestine entre la raison et les passions. »

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Le sujet

Il y aurait en nous un conflit mortel avec d’un côté le désir qui cherche à s’extérioriser, et de l’autre la volonté. La différence entre le désir et la volonté c’est que la volonté est le choix d’agir en fonction de sa réflexion, ou d’une loi qu’on se donne pour agir. Alors que ce désir est une action brute, qui ne passe pas forcément par la raison. Freud, lorsqu’il parle de ça, du moi, et du surmoi se rapproche de cette opposition.

La psychologie, qui prend sa source chez Freud, ne fait que rénover des principes qui sont très anciens.

Donc le premier chef d’accusation est qu’il faut rejeter les passions car elles s’opposent à la raison, à notre liberté, et car les passions vont contre notre intérêt le plus souvent, et ce jusqu’au bout (la mort).

Exemple : l’alcoolisme qui peut devenir une sorte de suicide lent. Ou encore le suicide amoureux ; il y a aussi la passion de la montagne, où le plus souvent, « les alpinistes sont retrouvés, écrasés dans une crevasse » (paroles du prof). Les passions s’enracinent dans le corps.

Descartes, « les passions de l’âme », où il dit, pour résumer sa théorie, que la passion résulte de l’action du corps sur l’âme et pollue cette âme. Pour l’idéalisme, dont le premier représentant est Platon, la passion est vue comme une sorte d’asservissement au monde sensible (le corps, l’essence…). Or, le but de l’homme (son salut), c’est son âme. Il ne doit s’intéresser qu’à l’intelligible, au « monde des idées ».

Le but de la philosophie, pour Platon, est de détourner les hommes du monde sensible (c’est à dire du corps, du désir, de l’économie : matériel), pour se convertir au monde des idées, intelligible (différent de sensible).

Dans toutes les religions, il s’agit de se débarrasser du corps pour sauver son âme. On ne travaille au salut de l’âme que si l’on tue le corps.

Qu’est ce que la mort ? Tout sauf un échec, car l’âme va pouvoir entrer dans la vérité, aller vers Dieu. Pour cela, il faut qu’elle soit seule, qu’elle désobéisse au corps (si je cherche à donner satisfaction à un désir, je me détourne de Dieu).

Dans toute religion, il y a l’abstinence comme principe de base (jeun, ramadan…). Un saint ( celui qui a la passion de Dieu) doit se détacher des choses terrestres ; un prêtre fait vœu de

chasteté, et le saint est un ascète (rien pour le corps). Le 3ème reproche que l’on fait au désir est qu’il est insatiable (illimité) car ceux qui condamnent le

désir, le définissent par le manque est donc l’insatisfaction (Exemple : je désire boire, car j’ai soif), et le manque est une souffrance. Une fois que le désir est accompli, assouvi, je comble le manque et je suis heureux, satisfait.

Le désir est contradictoire par nature, car il est manque, et cherche à être satisfait, mais une fois qu’il possède son objet, il en veut plus.

Il se trouve alors que je suis plutôt déçu, un désir satisfait échoue sur une déception, car ce désir meurt, et je ne peux jouire de ce que je ne désire pas. Que j’ai assouvi ou non mon désir, je suis malheureux, je souffre ( soit par manque, soit par insatisfaction, ou perte de désir). La conséquence de cette déception est que le désir renaît vers d’autres objets (je crois vivre pour quelque chose, dans le but de l’obtenir, et lorsque je l’ai, je me rends compte que ce n’est pas si terrible que ça, car ce désir meurt, et donc il renaît vers autre chose). Le désir est voué à une sorte de donjuanisme perpétuel (Don Juan est un personnage qui n’est que la personnification du désir).

Cette critique est entre autres celle de Schopenhauer ( philosophe allemand du 18ème siècle). Il dit que les hommes sont voués au malheur à cause de cette ambiguïté du désir qui n’est jamais content, et ont nécessairement des déceptions qui tiennent du désir. Mais quand ils sont déçus, ils pensent que leur déception est l’effet d’une erreur relative à l’objet. En fait dit Schopenhauer, la qualité ou la beauté de l’objet n’a rien avoir dans l’insatisfaction, elle est due à l’accomplissement du désir. Vivre, c’est osciller entre le manque et la déception (absurde). Schopenhauer est d’accord avec le fait qu’ « Il n’y a pas d’amour heureux » Aragon (poète surréaliste), car on n’est pas doué de qualités, c’est pour cela que la sagesse (quelque elle soit dans le monde) a toujours été définie par la possibilité de vivre sans désir. C’est le principe même du Bouddhisme. Le Bouddhiste est celui qui n’a plus le moindre désir. Si je n’ai alors plus aucun manque, je suis en plénitude : c’est le Nirvana (le bonheur parfait).

Dans « Gorgias » de Platon, on a l’exemple de deux hommes, un sage et un désordonné (hédoniste) qui ont tout les deux un tonneau. Le sage rempli son tonneau une fois pour toutes et trouve la sérénité (absence de manque et de désir), et l’autre rempli son tonneau, mais celui ci est percé ; il ne cesse donc pas de le remplir, tandis qu’il se vide. C’est une allégorie pour montrer que le désir est insatiable car plus on cherche à l’accomplir, plus on est déçu et on se crée de nouveaux objets à conquérir.

Transition critique : Est-ce que les passions ont vraiment leurs sources dans le corps ? Est ce quelque chose de l’ordre de l’animalité ? Le désir n’est-il pas le propre de l’homme ?Vivre ses désirs, est-ce que ce n’est pas désirer ne pas vivre ?

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Le sujet

Nietzsche est un des auteurs qui a dénoncé la morale, il dit qu’elle est la négativité même de la vie.

II° - Origine des passions :

A° - La psychanalyse :

Pour la psychanalyse, les passions viennent d’une fixation à des circonstances du passé (sorte de retour inconscient en arrière). Comme les causes de nos passions sont inconscientes, on croit que ce sont les objets qui en sont source, or les passions sont en nous, puis se fixent ensuite sur des objets.

Exemple 1 : L’avarice, représentée par Molière dans « Arpagon » ou dans la « Folie des grandeurs ». Elle peut être le résultat de la crainte infantile de manquer de quelque chose, une crainte refoulée, mais toujours présente. L’enfant, qui est très dépendant, pas autonome, ne peut survivre que si on lui donne ce dont il a besoin ; il a donc toujours peur de ne pas posséder. L’avarice est donc la revanche sur cette crainte.

Exemple 2 : Les gens qui font des collections (totalement inutiles) peuvent être expliquées au niveau psychanalytique par cette peur de manquer.

Exemple 3 : Le coup de foudre : en apparence, il est soudain, donc je déduis presque normalement que cette personne est à la cause de ce coup de foudre,. Or, la psychanalyse dit que c’est en nous et que même si on ne peut le présager, il est là. C’est la nostalgie de l’âge d’or (avant que ma conscience se forme, et quand j’étais en rapport fusionnel (sans aucun détachement) avec ma mère (l’enfant pense que sa mère c’est lui). Petit à petit, l’enfant doit se rendre compte que qu’il est un être séparé de sa mère, ce qui n’est pas très facile. Grandir, c’est se rendre compte que sa mère n’est pas que pour soi. Dans la passion amoureuse, c’est une relation de ce genre que l’on recherche (on ne veut faire qu’un). Les disputes partent de ce fait, on est encore dans le schéma d’une relation fusionnelle. Je reproche à l’autre d’être égoïste, alors que c’est moi l’égoïste car je lui demande de n’être qu’à moi. C’est un refus de l’altérité de l’autre.

Donc la psychanalyse dit qu’il y a des symptômes qui ne trompent pas : très souvent, dans le rapport amoureux, il y a un retour à l’enfance (quand on lui parle doucement, qu’on l’appelle mon bébé…), retour à un âge d’or qui resurgit.

Pour la psychanalyse, les passions n’ont pas leurs sources dans le corps (contrairement aux pulsions), elles rejaillissent de leur inconscient.

B° - « Le désir d’éternité » :

Titre d’un livre, écrit par Ferdinant Alquié. Pour lui, l’homme se définit par sa conscience et la conscience serait une mise à distance du réel (contrairement aux sensations et aux perceptions), elle déborde le réel. Or, dit Alquié, la conscience se met en rapport avec ce qui est absent, et il s’en suit que l’expérience la plus fondamentale de l’homme est l’absence. L’homme a aussi conscience de sa finitude (la mort), il est un être dans le temps, rien ne reste, tout passe. En fonction de cela, l’attitude de l’homme va être de trouver des éternités pour fuir le temps et l’absence. Il la trouve grâce à la religion, les croyances, l’art en général. Alquié dit que dans les sciences, on cherche des lois qui ne changent pas dans le temps, elles sont intemporelles. Pour lui, tout désir est désir d’éternité, c’est à dire que tout désir refuse le temps et l’évanescence du réel (il s’évapore et disparaît). On connaît une nostalgie du passé dont il est difficile de faire le deuil, on cherche à le retrouver.

F. Alquié : « La condition de l’homme est telle que rien ne lui est plus difficile que d’aimer l’avenir sans y rechercher le passé. »

Le futur est le règne de l’incertitude, de l’inconnu, il est donc angoissant. Alors que c’est dans le passé que je retrouve mon identité. C’est aux 1ère joies que j’ai connu que je veux revenir (on veut du même, un temps cyclique).

Descartes :« Lorsque j’étais enfant, j’aimais une fille de mon âge qui était un peu louche ; au moyen de quoi, l’impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui s’y faisait aussi pour émouvoir la passion de l’amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me

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sentais plus enclin à les aimer qu’a en aimer d’autres, pour cela seul qu’elles avaient ce défaut ; et je ne savais pas néanmoins que ce fût pour cela. » Lettre à Chanu

Il qu’il aimait des filles qui louchaient car il retrouvait quelque chose de son 1er amour. Ce désir qu’il avait pour elle est un retour au même, il veut ressusciter son passer.

Dans le désir il y a une sorte de confusion entre le devenir et le revenir (le temps n’a pourtant qu’un seul sens : irréversibilité du temps).

Pour Alquié, le désir n’a aucun rapport avec le corps, car le corps n’a que des besoins à satisfaire. Le désir est lié à notre condition temporelle. On est embarqué dans le temps en on a conscience de la finitude.

Bachelard (scientifique et philosophe français du 18ème siècle) :« L’homme est une création du désir et non pas du besoin. »

III° - L’amour est-il Souverain Bien ? :

Où que ce soit (cinéma, littérature, entourage…), l’amour est ce qui nous préoccupe toujours ; l’amour est partout. Ne soyons pas iconoclastes (briser les idoles) sur ce thème de l’amour. Est-ce le bien suprême ? L’amour est-il la plus belle chose ?

A° - Le mythe d’Aristophane :

Dans le livre « Le banquet », de Platon, c’est une histoire vraie qui est passée de bouches à oreilles et à donc débouché, lors d’un banquet, à celles de Platon qui l’a écrite.

Un banquet à la grecque consiste seulement à boire et il y avait Socrate , de grands médecins… et ils se demandent de quoi ils pourraient parler ; ils choisissent l’amour, et comme d’habitude, Socrate fait douter tout le monde. Chacun fait son monologue et Aristophane, un poète, prend la parole et raconte un mythe grec à sa façon. C’est le manque qui nous définit, et donc l’amour est le nom donné à ce manque. L’amour est une quête de plénitude et cette plénitude, on l’a connu en tant qu’âge d’or de l’enfance, et le paradis est vu comme étant le début de la vie. Nous sommes des êtres de désirs, des êtres incomplets, on ne peut donc pas se suffire à soi même ; c’est ce que l’on peut appeler noter finitude, fait d’êtres limités. La finitude renvoie au temps, nous ne sommes pas immortels.

B° -Le discours de Socrate :

Socrate prend la parole pour faire l’éloge de l’amour et Platon veut montrer que c’est un tout autre discours qu’il tient. Au lieu de passer par le mythe, il revient au « logos », c’est à dire à la raison. Socrate va faire exprès d’éviter toute sorte de mythe pour essayer de dire qu’elle est l’essence de l’amour. Socrate essaie de parler avec des concepts et non des images.

Il dit que l’amour est peut être amour de quelque chose. C’est la maïeutique : l’art de faire accoucher les esprits, grâce à des questions. L’amour est désiré de quelque chose, or on ne possède pas ce que l’on désire, donc l’amour est un manque. Si j’aime ce qui est beau, la beauté n’est pas dans l’amour lui-même, mais dans l’objet aimé, c’est à dire que ce n’est pas l’amour qui est beau. Il démystifie l’amour. Le souverain Bien n’est pas l’amour puisqu’il est le manque, donc la valeur n’est pas dans l’amour lui-même, mais dans l’objet aimé, par exemple, la Justice.

La valeur précède le désir, mais elle est aussi extérieure à ce désir. Il est dans le camps de ceux qui estiment que le désir équivaut à une insatisfaction. Le désir est sources de malheur.

Pour critiquer cette condamnation, il faut essayer de réfléchir autrement, il faut voir s’il n’y a pas de meilleure définition.

C° - Le désir comme puissance créatrice et joie :

Le désir crée la valeur des choses, c’est lui qui donne sa valeur à la vie, c’est à dire que si j’ai envie de vivre, c’est parce que j’ai des désirs, ce sont eux qui me poussent à agir, à grandir, à changer. Celui qui est totalement indifférent (aucun désir) ne pourrait rien faire, car chacun de nos projet est commandé par nos désirs. Il n’est alors pas manque, mais source d’énergie ; il donne un sens à notre vie, tant au niveau de l’orientation que significatif.

Les désirs sont à l’origine des œuvres (politique, artistiques, scientifiques, littéraires, de justice, philosophiques…), voire même les passions en sont à l’origine.

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Hegel : (très célèbre)« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion. »

Le désir est un processus de valorisation, les choses ont une valeur car on les désire (rien n’a de valeur en soi). Le désir et l’amour sont ce par quoi la valeur vient au monde. La vie n’a de prix seulement car je désire vivre.

Spinoza : l’éthique.« Nous ne jugeons qu’un objet est un bien que parce que nous nous efforçons vers lui, parce que nous le voulons, le poursuivons et le désirons. » En terme plus philosophique, il n’y a pas d’ antériorité de la valeur sur le désir, pas de transcendance de la valeur (Exemple : C’est pas parce que tu es belle que je t’aime, c’est parce que je t’aime que tu es belle, idem pour la musique, ma parole si elle est écoutée…) ⇒ le désir n’est pas un manque, au contraire, il crée la valeur.

Socrate (= Platon) disait que :« Tout amour est amour de quelque chose, or je ne possède pas ce que je désire, donc le désir est manque. »

Exemple pour contrer cette thèse : Rien en nous empêche de désirer ce qui est présent et ne me manque pas (comme la musique), et l’expérience nous montre que c’est tout à fait possible (être que l’on aime, les paysages…)

Donc, certains auteurs ont confondus le manque avec l’espoir.Exemple : L’handicapé espère marcher par manque. Quand je marche, cela ne me manque pas car je peux marcher. Pour être heureux, il faut ne pas avoir d’espoir ; être désespéré. Dès que j’espère, je suis dans le manque ; l’espérance ne dépend pas de soi (Exemple : j’espère aller au paradis). On ne se suicide que lorsqu’on n’a plus de désir. Exemple : Si j’espère faire de la musique, je n’en ferai jamais, mais si je le désire, je ferai tout pour y parvenir, et j’y arriverai. L’espoir aujourd’hui fait la déception de demain, il fait vivre, mais mal vivre.

D° - L’éloge des passions :

Texte de Platon (dialogue entre Calliclès et Socrate).Notion principales : Passionné (Calliclès) et Sage (Socrate)♠ « Maîtrise de soi même » : • Sagesse (Philosophie : Amour de la sagesse)

• Volonté • Raison

♠ « Plaisirs et aux passions » : • plaisir = hédonisme• désir

♠ « esclave » ≠ liberté

♠ « la beauté et le juste selon la nature » ≠ raison

♠ « faiblesse » ≠ force

♠ « tempérance » ≠ hubris (démesure)

♠ « la loi de la foule » = morale (≠ nature =loi du plus fort)

♠ « conventions humaines » = loi conventionnelle ≠ loi naturelle

⇒ Pour Calliclès, liberté = nature Pour Socrate (et donc Platon), liberté = sagesse

Commentaires du texte :

θ Calliclès est un personnage inventé par Platon.θ Le premier argument de Calliclès (immoraliste) contre Socrate part de la thèse « être maître de soi

même ». Calliclès dit que d’être maître de soi même, c’est aussi être esclave de soi-même. Il y a une sorte de conflit entre la sagesse, la morale et la vie elle-même. Toute morale se traduit par l’auto répression, des renoncements, c’est une sorte de soumission, de négation de la vie. Or, pour Calliclès, la vie est un déploiement des désirs. Opposition entre Phusis (nature en grec) = croissance, force, création et Nomos = lois sociales,

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conventionnelles. La faiblesse, là, est le fait de s’auto punir, d’obéir à la morale (= œuvre des faibles). Pour Calliclès, il n’y a de bonheur possible que si on va dans le sens de notre nature. Etre libre, c’est vivre sans contraintes et donner libre-cours à ses désirs. Calliclès est un individualiste : la valeur est dans l’individu et non pas dans le bien commun.

θ Il tente ensuite d’expliquer la généalogie de la (= d’où vient la, genèse de la…) morale. L’origine de la morale est le ressentiment des faibles. Les faibles inventent la morale pour dominer les forts. Les forts doivent se réprimer eux-mêmes, la culpabilité est l’arme des faibles. Les faibles refusent l’inégalité des hommes, et pour lutter contre cela, ils prônent la morale. Ce qui motive les faibles, c’est le désir de puissance. Calliclès est un contre la morale, l’égalité et la démocratie.

θ Dans le troisième paragraphe, il fait l’apologie de la tyrannie. C’est l’hédonisme poussé à l’extrême, Calliclès est pour la lutte, chacun pour soi, et le plus fort gagne. Pour Calliclès, la morale n’existe pas, elle est de l’ordre de la fantasmagorie. Seuls les égocentriques se livrent une bataille.

θ Calliclès rejette la morale au nom des désirs. Morale (agir pour le bien de l’autre = altruisme) et nature ou désir (= agir pour moi, mes intérêts) sont incompatibles.

θ En terme philosophique, la morale est transcendante à la nature car elle vient d’en haut. La nature est un ensemble de force qui viennent d’en bas (avec le désirs par exemple). Et Calliclès dit que cette transcendance de la morale est fausse, le désir est premier. Le monde est une société d’intérêts personnels qui s’entrechoquent : le plus fort gagne.

θ Pour Platon, soit je vis soit selon la morale, soit selon la nature.

E° - Nietzsche, une philosophie des valeurs : On va voir avec Nietzsche, qu’il y a une troisième solution, (rejet de Calliclès et de Platon).

Il y a un point commun avec Calliclès, puiqu’il rejette lui aussi, la morale au nom de la vie. Nietzsche dit que la morale est la négation des instincts, de nos désirs, et donc de soi et de la vie. Etre

morale, c’est une auto répression et donc un sacrifice de soi. La morale n’est qu’un impératif (ce qu’il ne faut pas faire). Exemple : Les Dix commandements de Dieu pour Moïse qui ne sont que des impératifs négatifs.

Nietzsche :« Dieu est mort. »

Cela veut dire qu’il rejette la morale car Dieu est morale et transcendance. Il n’y a que la nature. Mais si le point de départ est le même que Calliclès, leur philosophie est très différente.

Pour Nietzsche, l’essence de la vie est volonté de puissance. Mais celle-ci n’a rien à voir avec le désir de domination, ou celui du pouvoir ; mais c’est l’acte de se surmonter soi-même, de se dépasser. Dans un de ses livre «Ainsi parlait Zarathoustra » le héro interroge la vie en lui demandant qui elle est, et la vie répond :« Je suis ce qui est contraint de se surmonter de se surmonter soi-même à l’infini »

Sur le pland de l’histoire de l’univers, c’est vrai (on va du plus simple au plus compliqué). Pour l’homme, qu’est-ce que s’auto dépasser ? Pour Nietzsche, c’est créer des valeurs. Nous ne sommes pas que de la biologie, nous sommes des êtres qui créeons de la valeur.

C’est par ce processus de valorisation que l’homme parvient à se dépasser. Exemple de : Ψ l’art, tout les hommes ont crée des choses belles (peinture, musique, danse, sculpture..). Au lieu de proliférer des sons, je peux chanter (le chant est plus beau et plus élevé que le cri).Ψ La penséeΨ les valeurs éthiques (éthique ≠ morale). La morale se définit par une transcendance, ce qui vient contre moi. Les valeurs éthiques sont des créations de valeurs (Exemple : l’amitié est une valeur éthique, qui n’a rien à voir avec la morale, car c’est à moi d’en faire ce que je veux). C’est là qu’est la rupture avec Calliclès. D’où viennent les valeurs (art, pensées, relations humaines…) ? Nietzsche dit qu’elles viennent de ce qu’il y a de nature en nous, c’est à dire des pulsions, des instincts et des désirs. Pour Nietzsche, il y a aucune opposition entre nature et valeur (≠ Platon).

Exemple : Nietzsche dit qu’en nous, il y a l’instinct de vengeance (pulsion innée et naturelle). Or, il dit que la justice est le prolongement, sublimation de cet instinct. La justice qui est une valeur, est inventée par ce désir ; mais elle est mieux que la vengeance car elle est moins bestiale et plus réfléchie.

Donc Nietzsche est contre la morale et pour les désirs, mais pour lui, les désirs sont la source de toutes nos valeurs. S’il veut sauver les instincts, c’est parcequ’ils sont les créateurs de valeurs humaines.

Nietzsche :« La vraie culture est l’antithèse absolue de la domestication de l’homme. Le but qu’elle assigne, c’est la sublimation des instincts. »

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La domestication de l’homme c’est toutes les valeurs de l’homme. Nietzsche est contre toute sorte de valeur répressive, tout ce qui s’oppose aux instincts et aux désirs.

La véritable éducation, c’est tout sauf la morale, car il ne faut pas ettouffer la vie, au contraire, la laisser s’exprimer. Il na faut pas non plus vivre comme des sauvages, qu’avec nos instincts, le but est de les rendre plus beaux, de les élever, de les éduquer.

Exemple : si je suis dans le camps de la morale, pour punir un enfant, je vais le réprimer, jusqu’à ce qu’il réprime sa propre agressivité. L’agressivité qu’il y a en nous, de façon naturelle, au lieu de la réprimer, de la refouler, il faut l’exprimer, la sublimer. Je peux le faire dans pleins de choses comme le sport, l’art (musique, peinture…)…

Nietzsche :« Toutes les passions ont un temps où elles ne sont que néfaste où elles avilissent leur victime avec la lourdeur de la stupidité, et, a une époque tardive, où elles se marient à l’esprit, où elles se spiritualisent. »

Exemple : La sexualité (libido) peut avoir des formes primitives, animales, or l’homme est celui qui a dépassé ce stade de pulsions primaires et sait spiritualiser ce désir, par exemple dans l’amour, le romantisme… Nietzsche tient là un discours anti-religieux (qui dit que pour aimer vraiment il faut tuer le sexe), puisqu’il dit totalement le contraire ; que c’est justement parce que j’ai des pulsions que je peux aimer, car l’amour est la spiritualisation des pulsions. Le but est de poétiser la vie, la rendre plus profonde, plus belle. Donc, pour Nietzsche, si on s’attaque aux désirs, on s’attaque aux racines même de la vie. Or, la vie est un processus de valorisation (notion de volonté de puissance), et donc, ce qui est en bas, pour l’homme, plutôt que de le tuer, il faut l’élever.

Les valeurs affirment la vie, alors que la morale est sa négation.

Conclusion :

En ce qui concerne le désir, il y a des grandes orientations, c’est à dire que soit c’est Platon (désir = manque), soit c’est Nietzsche (désir = puissance d’exister et source de valeur).

Si je pense que le désir est manque, alors je souffre donc pas de satisfaction possible. Si je pense que le désir n’est pas manque, c’est parce que c’est lui qui crée les valeurs, il crée ce qu’il

vaut. La vie n’a de valeur que parce que j’ai des désirs, et il nesont pas manque aussi car je peux désirer ce qui est présent. Le bonheur consiste à déplacer la valeur de ce qui pourrait être, à ce qui est. Désirer ce qui est réel et présent plutôt que de désirer ce qui est futur et incertain. Il faut aimer l’autre comme il est et ne pas aimer ce qu’il pourrait devenir, sinon, on ne l’aime pas.

Le bonheur est différent de l’espérance (= souffrance). Il faut aimer sans espoir (on est heureux si on est désepéré).

Paul Valéry (poète du 20ème siècle) !« L’amour extrême est le sentiment de l’impossibilité de l’existence de l’être aimé. »

L’amour c’est se réjouire, s’étonner de la présence de l’autre, sinon, c’est de l’illusion, du fantasme.

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AUTRUI

INTRODUCTIONAutrui, c’est l’autre en général : " c’est l’autre qui n’est pas moi " sera la définition donnée par J-P. Sartre. Il y a en même temps proximité et éloignement ; proximité parce qu’on ne peut pas vivre seul : la solitude est un état second. Un être humain a besoin des autres car il a besoin de leur aide, mais aussi pour en savoir plus sur lui-même. En effet, nos actes ne prennent sens que par rapport au regard que l’autre peut avoir sur nous : la honte, c’est la honte devant quelqu’un. En outre, la communication avec l’autre est le besoin le plus important et si elle est possible, c’est parce que l’autre est proche de moi et peut donc comprendre. Cependant, on ne comprend pas toujours les réactions des autres parce qu’elles sont différentes, ce qui entraîne des conflits. Donc, nous sommes toujours différents : nous ne réagissons pas de la même manière même si on comprend les pensées : il existe une distance infranchissable. C’est une bonne chose dans la mesure où chacun a son caractère qui lui est propre puisque chacun a sa propre personnalité, sa propre identité, son unicité (tant biologique que morale), mais cette distance amène souvent une volonté de s’isoler des autres, c’est pourquoi autrui est une figure contradictoire en ce sens qu’on ne peut s’en passer, mais, d’un autre côté, l’autre est loin. Autrui est un " Alter ego ", c’est à dire autre moi et autre que moi. Cette distance pose deux Pb principaux : puis-je connaître autrui ? Et cette distance engendre une incompréhension et une volonté de domination. Mon rapport à l’autre n’est-il qu’un rapport de dominé/ dominant ? Ce rapport est-il nécessaire ? Ne puis-je pas voir autrui comme un être supérieur ou inférieur à moi, mais plutôt comme mon égal ? Autrui devient alors un Pb éthique : peut-on dépasser ce stade imposant une hiérarchie entre moi et les autres et voir autrui comme une fin : le respecter en tant qu’alter ego.

I- La connaissance d’autrui. Notre devoir d’être humain est de connaître autrui, ce qui peut nous permettre de réduire la distance qui existe entre lui et moi. Les conflits (incompréhensibles) et les quiproquos viendraient en fait de l’ignorance de l’autre. Cette connaissance pose Pb parce que d’abord, elle est empirique (est empirique toute connaissance se basant sur l’expérience) parce que chaque chose est unique : il m’est donc impossible de connaître l’autre en général, mais un autre en particulier. Même si je réduis cette connaissance à un petit nombre d’individus, est-elle pour autant possible ? Non, je ne peux saisir l’autre dans sa totalité, parce que lui ne le peut pas et qu’il a, tout comme moi, un point de vue unique sur le monde et donc, qu’il agit par rapport à ce point de vue particulier. On peut alors tenter de le connaître par analogie avec moi-même, i.e. trouver une identité de rapport, une ressemblance entre moi et lui. Concrètement, je vais essayer de le connaître ou de le comprendre par rapport à la réaction que j’aurai à sa place, par rapport à des attentes personnelles. Là encore, lui n’est pas moi, et vice-versa, et sa façon de réagir peut être radicalement différente de la mienne. Donc, cette connaissance par analogie est superficielle et incertaine parce que là encore empirique. On a ici une vision pessimiste car, ne puis-je pas éprouver ce que ressent autrui par le biais de certains sentiments ? Ces sentiments sont : ¨ La sympathie (du grec sun = avec ; pathos = souffrance) quand j’éprouve de la sympathie pour quelqu’un, il se crée entre lui et moi une communauté de sentiments qui peuvent aller jusqu’à une fusion affective : amitié ou amour. Par exemple, Adam Smith (économiste anglais à qui l’on doit le libéralisme) fait de la sympathie le fondement de la morale dans la mesure où elle pousse les individus à se dévouer les uns pour les autres. ¨ La pitié, sentiment de compassion (= pâtir avec) en présence du malheur d’autrui. Chez Rousseau, elle a un véritable statut philosophique puisqu’il dit que c’est " un sentiment naturel qui modérant, dans chaque individu, l’activité de l’amour de soi-même concoure à la conservation mutuelle de toute l’espèce ";. La pitié, à l’état de nature, remplace les lois et la morale et constitue avec l’instinct de conservation le fondement de la vie morale et sociale.L’état de nature est une hypothèse de travail qu’usent les philosophes des lumières qui est l’état dans lequel se trouvaient les hommes avant toute constitution civile. On entend ainsi expliquer pourquoi les hommes se regroupent, pourquoi ils ont fait des lois et pourquoi il y a des injustices. De tels sentiments font ressentir avec autrui, mais ne font pas sentir comme lui. Nous avons chacun notre façon d’éprouver les choses par rapport à notre vécu et aussi et surtout par rapport à notre éducation. De plus, si je ne peux pas connaître autrui, c’est parce que lui-même ne se connaît pas dans son intégralité : il est une énigme pour moi autant qu’il l’est pour lui, et ce pour deux raisons principales : d’une part du fait de ses déterminations Ics, et d’autre part du fait que l’homme est perfectible, i.e. qu’il n’est pas : l’homme devient : on dit alors que l’homme existe (du latin ex = hors de . et de sistere = se tenir èse tenir hors de.) alors que l’animal est. Tout ceci s’applique à moi : à travers autrui, je peux me connaître et donc en savoir plus sur moi-même. Sartre dira " qu’autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même " Autrui me libère dans la mesure où il remet en cause toutes les certitudes que je crois avoir. La présence d’autrui m’enrichit par sa différence puisqu’il m’ouvre d’autres perspectives que la mienne et me permet de ce fait une connaissance plus profonde de mon existence

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dans ce monde. Cet enrichissement se fait sur la base d’un langage commun puisqu’il réclame une communication en général. Donc, en gros, l’autre ne m’est pas connaissable de manière totale ; il est cependant un moyen pour moi de me connaître. Mais, là encore, il y a un Pb : serait-ce donc pour un but personnel et uniquement personnel que l’on communique ? En effet, nous nous utilisons mutuellement pour nous connaître nous-mêmes et enrichir nos points de vue. Je suis alors un moyen pour l’autre et vice-versa. Le Pb est de savoir si cette utilisation mutuelle me permet d’être reconnu comme Cs de soi (et inversement ) par l’autre ; Il est évident que quand j’utilise quelque chose, c’est en vue de mon bien-être et non du sien ; l’autre devient alors dans ce cas un simple objet, tout autant que l’inverse est vrai. Mais, existe-t-il, dans ce cas, une reconnaissance mutuelle ?

II- La reconnaissance mutuelle. Originellement, l’être humain est un être égocentrique : un enfant, jusqu’environ cinq ans a tendance à tout ramener à lui et n’envisage les choses que par rapport à lui-même. Le reste du monde, y compris les autres, n’existent à ses yeux que pour son bon plaisir. Mais, à l’inverse, reconnaître autrui, c’est admettre que je ne suis pas le seul sujet et qu’il existe une diversité de Cs qui ont autant que moi le droit de profiter de la vie et de ce qui les entoure et sur un plan purement juridique, qui ont autant de droit que moi. Nous savons que les autres existent, mais les reconnaissons-nous pour autant comme des Cs de soi libres, au même titre que nous ? Non, bien sûr. Et il y a des quantités astronomiques d’exemples : l’esclavage, le colonialisme, le racisme et en général l’oppression. Qu’en était-il au début de l’humanité ? Il était d’abord un animal sans Cs : la question est de savoir comment sommes-nous sortis de l’animalité pour entrer dans l’humanité ? Hegel tente de répondre à cette question dans Phénoménologie de l’esprit (1807 donc avant les théories évolutionnistes sur l’homme) en traçant l’histoire de la Cs qui se fait par étapes successives liées entre elles sous forme dialectique. La dialectique, selon Hegel, est la loi de la pensée et du réel qui progressent par négations successives en accédant à une synthèse elle-même partielle et donc appelée à être dépassée. Son livre retrace l’itinéraire subi par l’esprit humain dans sa prise de conscience progressive de la liberté. La fin de l’histoire sera atteinte quand chaque homme prendra Cs que chaque home, en tant qu’être humain, est libre. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir comment l’être humain a dépassé son animalité pour arriver à l’humanité et donc passer l’étape de la reconnaissance. Pour ce faire, Hegel va prendre deux hommes, donc deux Cs différentes. Chacune de ces deux Cs croit que la Cs qu’il a de lui-même est immédiate. Or l’immédiateté des Cs n’est pas satisfaisante. Cette certitude le fait presque sortir de l’animalité parce qu’elle s’oppose immédiatement, mais est encore intérieure. Autrement dit, le reste du monde, y compris les autres hommes n’est rien à ses yeux et donc le moi se pose comme une absoluité : chacune de ces Cs a Cs d’elle-même, mais pour ce qui est des autres Cs, elle les met dans le même sac : elle ne reconnaît pas les autres Cs comme Cs. Elle est encore, pour l’autre, figure indépendante, i.e. qu’elle ne se retrouve pas dans l’autre. elle voit l’autre comme un être vivant englué dans la matière : l’autre fait partie du décor. La Cs de soi reste alors au stade de la certitude individuelle, parce que la véritable Cs de soi passe par la reconnaissance des l’autre et est médiate, donc mutuelle. Ce processus dépasse l’absoluité et suppose une lutte entre ces deux Cs, parce que chaque Cs veut être reconnue par l’autre, mais ne veut pas que l’inverse soit fait. Au départ, cette lutte est une lutte à mort, lutte de pure prestige et dépasse la lutte animale : on dit que c’est un moyen terme : si on est capable de mettre sa vie à distance, c’est qu’on ne se confond pas avec cette simple vie biologique, c’est à dire avec l’animalité. Or, si je reste en la seule compagnie de moi-même, je ne peux pas faire cette différence qui en moi sépare l’animalité de l’humanité. Je ne peux opérer cette différence qu’en prenant autrui à témoin de la possibilité où je suis de la faire. Il y a trois éléments dans la lutte : le JE, l’AUTRE, la VIE (monde extérieur et altérité). De ce combat sort un vainqueur et un vaincu. Le vainqueur a préféré la vie à la liberté ; le vaincu, la liberté à la vie, i.e. il a montré son indépendance vis-à-vis d’elle, ce qui constitue alors la dialectique du maître et de l’esclave. Le premier temps de la dialectique est que l’esclave (latin servus, celui qui a été conservé) n’a pas été tué afin d’être témoin et miroir de la victoire de son maître ; mais en mettant la vie au service de son maître, l’esclave perd sa liberté, vivant pour faire vivre son maître. Le second temps de la dialectique : parce qu’il a interposé un esclave entre lui et le monde, le vainqueur finit par ne plus connaître les contraintes de la vie matérielle et donc, il ne sait plus rien faire. Son esclave, en revanche, apprend à connaître , à transformer et à vaincre la nature, en se soumettant à ses lois : il connaît alors ses limites. C’est ainsi grâce à son travail que l’esclave acquiert une nouvelle liberté : le travail est formateur. Le troisième temps : De son côté, le maître a de plus en plus besoin de son esclave pour survivre, à tel point qu’il en devient dépendant. Il devient en quelque sorte l’esclave de l’esclave : le travail, finalement, a permis la formation et la transformation donc l’humanisation de l’esclave, tandis que le maître devient incapable de satisfaire par ses propres moyens ses propres désirs. Lorsque l’esclave en prend Cs, il va lutter pour se libérer de

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son maître. Dans cette optique, l’histoire, c’est l’histoire de la libération des esclaves, des oppressés et la fin de l’Histoire sera pour quand il n’y aura plus ni maître ni esclave. Au terme de cette dialectique, il y a une prise de Cs à faire dans le but d’une reconnaissance mutuelle. Chez Hegel, ce conflit et cette relation de domination est un long moment, qui comme tel, est appelé à être dépassé, mais d’une manière plus pessimiste, plus négative et peut-être plus réaliste, ce rapport n’est-il pas le fondement qui constitue toute relation avec autrui ? Sartre le dit dans sa pièce de théâtre Huis clos : " l’enfer, c’est les autres ". Nos relations avec les autres sont toujours des relations de dominant à dominé, étant tour à tour l’un des deux (Cf. La Prophétie des Andes). Il faut donc, si l’on ne veut pas toujours être dominé savoir s’imposer parmi ses semblables et cette relation dominé/ dominant est à l’œuvre dans l’épreuve du regard. Ma liberté est constamment menacée par la présence d’autrui et son regard qui me rabaisse au rang de chose, d’objet, i.e. par le regard que l’autre porte sur moi ou pourrait porter sur moi, je suis destitué de ma liberté ; c’est pourquoi affronter le regard d’autrui est une épreuve angoissante. Autrui apparaît comme une menace permanente qui plane sur moi. Donc, menaces, conflits et moyens sont les maîtres mots autour. Mais, de manière pratique, que signifie le mot respect ? En d’autres termes, comment dois-je agir si je veux respecter l’autre, c’est à dire agir moralement ? C’est à cette question qu’a voulu répondre Kant dans Fondements de la Métaphysique des mœurs. Il se pose la question essentielle qui est : " Quelles règles morales, universelles doit-on suivre si ‘on vise autrui comme fin et non comme moyen ? ". Kant nous propose deux types de fins : • Les fins relatives puisqu’elles concernent le Bonheur. Elles sont relatives parce que notre conception du bonheur varie selon l’individu. Elles fondent des impératifs hypothétiques qui s’écrivent : " si tu veux A, fais B " Dans ce cas, l’action est toujours intéressée parce qu’elle comporte un intérêt. • La fin absolue. Elle est absolue parce qu’elle vaut pour tous les êtres raisonnables (il y a une différence entre les êtres doués de raison). Cette fin absolue fonde un impératif catégorique qui est moral et vaut pour n’importe qui et dans n’importe quelles circonstances. C’est pourquoi il s’énonce sous la forme d’un ordre inconditionné et désintéressé : " Fais A ! ";. Il vaut pour loi morale qui doit être pur désintéressement. Autrui doit relever de cet impératif si j’entends le respecter comme alter ego. Autrui est la fin qui vise une volonté raisonnable, cette loi doit être valable pour tous les êtres raisonnables parce que la loi morale est une loi de raison. Comment savoir si cette loi morale respecte l’autre ? Pour le savoir, il faut que la maxime de l’action, c’est à dire ce qui me pousse à agir doit être universalisable et doit pouvoir valoir pour tout le monde. Si elle ne l’est pas, elle est subjective et comporte donc un intérêt : on retourne donc aux fins relatives. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que le contenu de cette loi ne peut être qu’une forme, parce qu’elle ne doit pas dicter des préceptes bien précis puisque chaque situation est différente. Il faut donc une formule qui vaille dans tous les cas qui soient formels. " Agis de telle sorte que tu traites l’humanité non seulement dans ta personne, mais dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen ". La formule telle qu’elle est énoncée ne nous dit aucunement la manière d’agir. Il faut remarquer que lorsque Kant parle d’autrui, c’est d’une personne universalisable, comme une simple forme : je dois respecter l’autre, non pour son individualité mais parce que c’est un représentant de l’humanité. Cette loi morale est un devoir pour tout être raisonnable. Devoir qui renvoie à l’idée d’obligation. La contrainte est différente de l’obligation parce qu’elle s’exerce de l’extérieur : on n’est donc pas libre ; alors que l’obligation est une décision de notre part, souvent en relation avec la morale. Pourquoi y a-t-il obligation ? La loi morale vient de la raison, du côté intelligible. Le Pb est que nous sommes aussi des êtres sensibles et, à ce titre, on a des fins particulières. Or, si l’on veut suivre la morale à la lettre, on doit les mettre de côté. Le respect de l’autre, c’est l’oubli de soi. La morale n’est pas innée, mai c’est une tâche à accomplir. Ce doit être l’élément raisonnable en nous qui doit produire cette loi morale. C’est le même être qui crée, produit et devant qui le moi sensible se soumet. On dit qu’un être moral est autonome (par différenciation d’avec hétéronome). CONCLUSION : Cette loi morale Kantienne paraît la meilleure solution si on veut vivre dans une respect mutuel ; c’est malheureusement difficilement réalisable pour l’homme car elle suppose que tous soient raisonnables et qu’elle conduise à cette loi. Pour l’instant, les hommes en sont incapables car hétéronomes et ont besoin d’une loi extérieure qui les contraignent à ne pas toujours agir selon leur mobile sensible et égoïste. Le but est donc d’être autonome . Cette loi morale est un idéal vers lequel on doit tendre pour agir le plus moralement possible.

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Le temps

Définition impossible : "Qu'est-ce donc le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne sais plus." Saint-Augustin

Le temps passe tout le temps, le passé n'est plus, le futur n'est pas encore, mais le présent existe-t-il ? Et le "maintenant" ? Combien de temps dure l'instant ? un moment ? 10-43 sec (le mur de Planck) ?Y a-t-il trois temps, le passé, le présent et le futur, ou un seul ?Le temps est-il subjectif ou objectif ?Problématique : Le temps est-il intérieur ou extérieur à l'homme, avons-nous la maîtrise du temps. Où suis-je pendant le sommeil ? Sommes-nous les prisonniers du temps ? La temporalité n'est-elle pas le mode d'être de l'homme, sa façon d'être-au-monde, son "exister" ?

1. "Le temps n'a qu'une dimension."Saint Augustin et Kant

TEXTE : Saint Augustin : Confessions, livre XI, ch XX (On dit qu'il y a trois temps, mais il n'y a qu'un : le temps présent des choses passées, le présent des choses présentes et le présent des choses futures.)La conscience vit le temps sous trois formes : le passé par la mémoire, le présent par l'attention et le futur par l'attente, mais le temps est toujours un présent pour la conscience. Elle est dans le temps, elle est au présent.St. Augustin appelait ceci la tensio, la tension ("Le temps est une distension de l'âme") qui donne : l'attention (présent), l'attente (protension cf. Husserl - futur) et mémoire (rétention - passé).Kant : "Le temps n'a qu'une dimension", Critique de la raison pure. En même temps il y a toujours la référence de l'exister humain à une atemporalité métaphysique (cf. Cours de Chirpaz) : l'existence d'un dieu éternel, de dieux immortels ou d'un cosmos cyclique avec l'éternel retour du même. (Trois types d'éternité : celle des Grecs : Les dieux naissent du Xaos au commencement puis ils sont immortels ; celle des chrétiens d'un Dieu hors temps ; puis celle de la léviternité, pas de début dans le temps, mais une fin.)Leibniz définit le temps comme l'ordre des successifs qui ont entre eux de la connexion - succession et continuité d'une même dimension (alors que l'espace est l'ordre des coexistant.)

2. Le temps n'est qu'une mesure de l'espace en fonction d'un mobile

TEXTE : Aristote : Physique, IV (Le temps est l'unité du mouvement.)L'écoulement du temps, (mesuré par la clepsydre ou le sablier) est découpé par la société à l'aide d'un calendrier en années, mois, semaines, jours, heures, minutes, secondes ; ce sont les repères sociaux dans le flux du temps, le temps des autres que l'enfant apprend à connaître. (Ex.: horaire d'été, d'hiver).La maîtrise du temps social, agenda - planning - emploi du temps - horaires etc.. (Tout arrive à qui sait attendre.)Les horloges indiquent le temps social ( ex.: Quelle l'heure est-il ? - Horloge Parlante: Au quatrième top il sera...) par la mesure d'un mouvement régulier en marquant une position dans l'espace (cadran solaire, Omnes vulnerant, ultima necat, horloges classiques à aiguilles) ou un nombre (Quartz). (Baudelaire : "Trois mille six cent fois par heure la seconde chuchote : souviens-toi !", Le spleen.)La mesure du temps par le mouvement ne fait que représenter le temps! La mesure du mouvement s'effectue dans l'espace! Donc notre façon d'indiquer le temps est une représentation spatiale du temps. (Ex. Achille et la tortue, cf. Xénon d'Elée.)

3. Le temps de la science et le flux du réel - temps objectif

a) Le temps objectif, absolu- Newton: Le temps est universel, homogène, extérieur à l'homme. Principia (Principes mathématiques de la philosophie naturelle) : "Le temps absolu, vrai et mathématique, qui est sans relation à quoi que ce soit d'extérieur, en lui-même et de par sa nature, coule uniformément."- Descartes: Le temps est une création continuée de Dieu.

b) Le temps objectif, mais relatifPour Einstein dans La théorie de la relativité restreinte et générale, une horloge en mouvement marche 1/(1- v²/c²)-1 secondes plus lentement qu'une horloge au repos. Le temps , (ex. du train et des éclairs) est inséparable de l'espace et de l'énergie d'un mobile, avec la constante cosmologique (ou "einsteinienne") c, (vitesse limité de la lumière : 300 000 km/s).

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La simultanéité est abolie, le temps peut ralentir en fonction de la vitesse (Jules et Jim). Ainsi la physique moderne, met en doute la représentation classique du temps comme continuum linéaire (la flèche du temps - cf. Trinh Xuan Tuan, La mélodie secrète).Mais même Einstein prend comme référence une représentation spatiale du temps (horloge).

4. Le temps subjectif

a) Le temps de la conscience, la conscience comme duréeTEXTE : Bergson, L'évolution créatrice (La science positive ne représente pas le flux du temps.) Le temps n'est pas mesuré, il est vécu comme durée. (Temps objectif et temps subjectif).Si le vécu de la temporalité se réfère à la durée, c'est qu'il se joue dans l'intersection d'une durée longue et d'une durée (Bergson) courte, celle de l'événement.Les sciences exactes représentent le temps comme droite avec un sens: la flèche du temps. On considère toujours un point sur cette droite, jamais le flux du temps.

b) L'idéalité transcendantale du tempsTEXTE : Kant, Critique de la raison pure (Le temps est la forme du sens interne)Kant : "Le temps est la condition formelle a priori de tous les phénomènes en général." "Quels sont les arguments principaux de Kant ?D'abord que le temps est la condition de tout phénomène; en particulier le changement et le mouvement supposent la représentation du temps, car on ne peut dire, par exemple, qu'une chose est et n'est pas en un lieu qui si l'on suppose deux moments différents du temps; enfin que c'est dans le temps que tout change, mais que le temps lui-même ne change pas.Il suit de là que le temps n'est ni une chose ni une propriété des choses, mais seulement la condition a priori de toutes nos intuitions.Mais alors que l'espace est la forme pure des phénomènes externes, le temps est la forme du sens interne et par là de tous les phénomènes, puisque ceux-ci, en tant qu'ils affectent le sens intime, déroulent en nous une succession d'états intérieurs." Morfaux, Philosophie, Paris, p.62."Le changement ne concerne pas le temps lui-même, mais seulement les phénomènes dans le temps." Kant, Critique de la raison pure.

5. Le refus du temps qui passe

Lamartine : "Ô temps suspends ton vol !"Une autre façon de maîtriser le temps est de s'évader dans les récits, fantasmes, mythes, contes, histoires, cinéma etc. Le temps du jeu. Ou encore d'aller plus vite (avions, voitures - gagner du temps) et vivre plus longtemps (médecine, hygiène de vie etc.). Le temps bonifie (vin etc.).- Les enfants réalisent notre désir d'éternité (cf. Platon).- Toute création d'œuvre résiste au temps (l'art, la Technique, le chef d'œuvre).- L'éternité (cf. TEXTE de Platon) qui n'appartient qu'au Vivant-modèle, le Père créateur du monde, ou Éternel Retour, temps linéaire ou temps cyclique, l'homme a toujours cherché à penser sa temporalité en fonction d'un hors temps, d'une atemporalité du sacré !- L'intemporalité (ou l'atemporalité) de l'inconscient (cf. Freud) se montre dans les rêves

5. Le temps est un écoulement incessant et irréversibleLamartine : "L'homme n'a pas de ports, le temps n'a pas de rives, il coule et nous passons."

- Les trois Parques, Lachésis, Clôtho, Atropos. La destinée, l'homme ne peut rien contre le temps.- Horace disait : "Carpe diem!". (Profite du temps présent !)- Comme Ronsard, dans le poème sur la jeune femme et la rose : "Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie." Sonnet XXIV, Sonnets pour Hélène, liv. second,- Apollinaire : " Passent les heures, passent les semaines. Ni le temps passé, ni les amours reviennent. Sous le pont Mirabeau coule la Seine. Vienne la nuit, arrive l'heure (Vienne la nuit, sonne l'heure), les heures passent, je demeure (Les jours s'en vont, je demeure.)."- Jankélévitch : "Le temps est irréversible." Jankélévitch : "Il est impossible d'échapper au flux insaisissable de la temporalité."Le caractère irréversible rend impossible toute maîtrise du temps. Pour Jankélévitch, la nostalgie d'un Ulysse montre l'irréversibilité du temps, Pénélope défaisant toutes les nuits son ouvrage n'arrête pas le temps, Ulysse aura changé en rentrant à Ithaque.(devenir ( "dédevenir") voir aussi Marcel Proust , A la recherche du temps

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perdu.

6. Devenir et temporalité de l'être humain

Héraclite : "Panta rheï - Tout s'écoule" (fragment attribué à Héraclite).- Lamartine : " L'homme n'a pas de ports, le temps n'a pas de rives, il coule et nous passons."- Léo Ferré : "Avec le temps, va, tout s'en va !"- Pour Hegel, le temps comporte une unité, un sens; c'est l'historicité qui n'appartient qu'à la conscience. cf. Morfaux, p. 60. "Il n'y a de temps que dans la mesure où il y a histoire, c'est-à-dire existence humaine... L'Homme est dans le Temps, et le Temps n'existe pas en dehors de l'Homme : l'Homme est donc le Temps et le Temps est l'Homme." Alexandre Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, p. 367.- Pour Heidegger, par sa présence (hic et nunc (ici et maintenant) et conscience) l'être humain est un être au monde. L'exister de l'homme est un "Dasein", un être-là dans l'espace-temps et dans le "je pense" d'une présence humaine, ouverture essentielle dans les trois "ek-stases" de la temporalité.Pour Jankélévitch, le temps implique un devoir : "Devenir consiste à devenir un autre pour l'être un jour, plus tard, demain, dans l'avenir ; devenir ne consiste pas à être cet autre, car être au même instant soi-même et l'autre lui-même suppose ou bien un miracle d'intuition extatique, ou bien une victoire sur la contradiction .../... ; non, devenir consiste plutôt à devoir être l'autre, futurum esse, à couver l'être futur ; promesse ou espoir, être et non-être à la fois,le devenir est un être en instance d'avenir." Vladimir Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, Seuil, p. 37.

7. Le temps cyclique

"Ne pouvoir détruire le temps, ni l'avidité dévorante du temps, telle est la détresse du vouloir." Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.La cyclicité du temps correspond au vécu biologique, au rythme des saisons, des astres etc. Nietzsche : "Tout le devenir consiste dans la répétition d'un nombre infini d'états absolument identique entre eux." Fragments posthumes- Pour Nietzsche, il faut vivre chaque instant de sa vie comme si l'on devait le revivre éternellement. L'Eternel Retour signifie vouloir pleinement le réel tel qu'il est (cf. TEXTE Jorge-Louis Borges), dans l'innocence du devenir."Le temps est un enfant qui joue à un jeu d'enfant, à l'enfant la royauté !" Héraclite (Aïôn = le toujours étant)

L'existence

Introduction- Exister pour l'homme, c'est vivre en sachant qu'il doit mourir ... Cf. Pascal,Pensée 200, édit. Laffuma : l'homme sait qu'il meurt ! Par conséquence, l'existence pose problème !

I. Approche généralePour dire l'être, deux mots : essence et existence. Des deux mots existence et essence, le mot essence a été utilisé en premier pour parler de l'être.L’intérêt philosophique pour l'existence est relativement récent...Cf. Texte de Jean Beaufret (1907-1982)

A- Tentative de définition(s).Essence = ce qui est constitutif de la nature d'une chose, ce par quoi on la définit. Le terme « Essence » est synonyme de quiddité. Existence = fait d'être (réellement). Elle se dit des personnes comme des choses, même si, à la suite de Martin Heidegger, le concept s’est spécialisé pour désigner la seule existence humaine, celle d’un sujet capable d’une présence consciente au monde (Dasein). Cf. Descartes: "je pense, je suis". Étymologiquement: existere = sortir, se manifester.

B- L'existence indéductible de l'essence

La pensée de l'essence d'une chose permet de déduire ses propriétés. Par ex. de l'essence du cercle, je peux déduire qu'il est rond, propriété sans laquelle il ne serait pas un cercle. Par contre, la pensée ne peut affirmer la nécessité de l'existence d'une chose : ce n'est pas parce que je pense à une chose avec ses propriétés ("attributs"ou"prédicats") que cette chose existe. Ex. Le fait de penser que le père Noël est généreux ne permet pas de conclure à l'existence d'un père Noël généreux ! Pour la pensée, l'essence d'une chose est nécessaire, mais

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l'existence de cette chose ne saurait être que possible.Aussi aucune existence ne saurait être démontrée, elle peut qu'être montrée !

Cf. critique par Kant de la preuve ontologique de l'existence de Dieu.Analyse de la preuve ontologique. Elle est ainsi appelée par Kant, parce qu'elle prétend prouver que Dieu est (existe) en partant de ce que l'on pense qu'il est (par essence), nécessairement. Le raisonnement est développé par Saint Anselme, dans le Proslogion et par Descartes, dans les Méditations :• Être parfait, Dieu possède toutes les perfections. • Or l'existence est une perfection.• Donc Dieu possède l'existence.

Critique de la preuve ontologique.Kant récuse la preuve ontologique au nom de la nature de l'existence : elle n'est pas une composante de l'essence d'un être, qui viendrait s'ajouter à d'autres composantes; elle n'ajoute rien à ce qui le fait être ce qu'il est ! Kant montre que cette preuve est irrecevable, parce qu'elle considère l'existence comme un prédicat nécessaire du concept de Dieu. Or l'existence ne peut être le prédicat d'un concept. Kant prend l’exemple d’une somme d’argent, de cent thalers. Savoir que ces cent thalers sont en or ou en argent, voilà qui ajoute à ce concept. Par contre, que ces cent thalers existent ou n'existent pas, cela n'ajoute rien à l'idée de cent thalers, qui reste la même. Cf. Karl Jaspers (1883-1969) : " l'existence n'est pas un concept mais un index qui désigne un au-delà par rapport à toute objectivité. "

De la critique de Kant, on peut tirer trois conséquences :Première conséquence : l'existence n'est pas un concept mais une position, càd le simple fait d'être là. Dire que quelque chose existe, ce n'est pas enrichir l'idée de cette chose, c'est mettre en relation cette idée avec quelque chose qui n'est pas une idée : l'existence. Deuxième conséquence : l'existence ne peut donc être que l'objet d'une expérience. Elle s'éprouve, elle ne se prouve pas. C'est pourquoi l'objet de la pensée ( et donc de la philosophie ), ce sont les essences, et non l'existence. L'existence se constate, mais on ne peut lui faire correspondre aucune idée ni aucun discours. Sur une telle expérience, cf. Sartre, La Nausée, p. 179s. Pour Sartre (1905 /1980), philosophe français de l'existence " Par définition l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être-là, simplement. Les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. " (La Nausée, p. 185) N.B. Lire p. 179sTroisième conséquence : l'existence marque la limite de la pensée. Si l'existence n'est pas un concept elle marque la limite de la pensée, puisqu'on ne peut démontrer l'existence de quelque chose à l'aide de la seule pensée.

C) L'existence, point de départ et but de la pensée pour Kierkegaard (1813-1855)

L'existence apparaît à Kierkegaard comme étant ce sans quoi rien ne saurait être donné à penser, donc comme étant le point de départ obligé de toute pensée. Historiquement, l'affirmation du sens de l'existence a été formulée par Kierkegaard en réaction contre le système, rationaliste, de Hegel. En effet, pour Hegel " tout ce qui est réel est rationnel, tout ce qui est rationnel est réel ". Ce qui veut dire que l’irrationalité du réel n'est qu'apparente : tout est explicable et rationalisable et que la vraie réalité n'est pas la réalité empirique, mais la réalité douée de sens, càd telle que le système l'explique et la présente.

Le système de Hegel oublie volontairement la limite fixée par Kant . Il ne se soumet pas à l'épreuve de la réalité, il décide de ce qui est réel. Kierkegaard combat l'idée que le sens et la valeur de l'existence soient absolument déterminés par le système, et que la philosophie puisse, à la limite, se passer de l'existence. Cf. " Partout il est acquis et posé que rien ne dépasse la pensée. La science se détourne toujours plus des impressions premières de l'existence; il n'y a rien à éprouver, rien à ressentir, tout est prêt et la spéculation* n'a désormais plus qu'à cataloguer, ordonner, classer méthodiquement les divers degrés de la pensée; on n'aime pas, on n'agit pas, on ne croit pas, mais on sait ce qu'est l'amour, ce qu'est la loi, ce qu'est la foi, et toute la question est de savoir quelle place leur assigner dans le Système. " (Kierkegaard, Post-Scriptum, p.44)

Quand la philosophie prétend prendre le pas sur l'existence, il faut réaffirmer que l'existence est le point de départ de la pensée. La première exigence des philosophies de l'existence est de tenir compte des vécus existentiels. Le penseur ne doit pas oublier son existence d'homme au moment où il prend la plume ! Reste à savoir ce que récolte celui qui, dédaigneux des systèmes, cherche à saisir l'existence dans toute sa nudité.

II. L'existence humaine, spécificitéA) Pas d'essence humaineSelon Sartre, il n'y a pas d'essence humaine. L'homme, en effet, ne peut pas être compris comme une chose pré-déterminée. Par ex. Je peux me demander ce qu'est une chaise, non pas ce qu'est Pierre, mais qui il est. Nous

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Le sujet

pouvons alors dire qu’une chaise a une essence qui précède son existence dans la mesure où elle a d'abord été une idée dans l'esprit de celui qui l'a fabriquée. Cependant Pierre n'a été une idée dans l'esprit de personne, à moins d'imaginer Dieu concevant Pierre comme l'ouvrier la chaise.

B) L'existence précède l'essenceL'homme n'est donc pas quelque chose, il ne peut être saisi que par ses actes : l'homme est ce qu'il fait. OR il existe avant de faire telle ou telle chose. C’est pourquoi "l’existence précède l’essence".

C) L'homme est condamné à être libreChaque acte est un choix, et c'est en choisissant de faire telle ou telle chose que l'homme existe. L'homme existe en se choisissant. L’existence est donc liberté

III. L'expérience de l'existence, ses composantesA) la finitude de la condition humaineL'existence est enserrée entre les barrières de la naissance et de la mort. Elle paraît alors dérisoire mais aussi pathétique, dans la mesure où cet être fini et périssable qu'est l'homme peut penser l'infini et l'éternité. B) l'incompréhensibilité du surgissement de l'homme" Quand je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l'éternité précédente et suivante ... le petit espace que je remplis et même que je vois abîmé dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent, je m'effraye et m'étonne de me voir ici plutôt que là, car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors. Qui m'y a mis ? Par l'ordre et la conduite de qui ce lieu et ce temps a(-t-)il été destiné à moi ? " (Pascal, Pensée 68) C) le néantLa conscience de l'existence, selon Heidegger, est inséparable de la conscience du Néant qui enveloppe l’Être et dans laquelle s'abîme toute existence. Cf. Mounier, Introduction aux existentialismes, p. 66-68D) l’inachèvement de l'hommeSans essence, l'homme se fait sans cesse; il est fondamentalement projet. Cf. Sartre: "L'homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l'homme". (L'Existentialisme est un humanisme p. 38)Seule la mort peut lui donner une essence en le privant de son existence : l'homme est alors ce qu'il a été.E) la liberté absolueNon déterminé, l'homme est totalement libre, et ne peut échapper à son destin; il est "condamné à être libre " (L’Être et le Néant p. 515) Cela signifie qu'on ne saurait trouver à sa liberté d'autre limite qu'elle-même ou, si l'on préfère, que nous ne sommes pas libres de cesser d'être libres.Aussi l'homme est-il voué à une solitude absolue.Aussi la conscience de l'existence est-elle toujours tragique.ConclusionEn l'homme, l'être est à-être. C'est cela exister.

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La perception Introduction La perception, définitionLa perception est "l'acte par lequel un individu, organisant immédiatement ses sensations, les interprétant et les complétant par des images et des souvenirs, s'oppose un objet qu'il juge spontanément distinct de lui, réel et actuellement connu de lui." (Lalande)La question de la perception"Qu'est-ce qui nous est donné au juste dans la perception?" S'agit-il de données cognitives, vitales ou existentielles? I. La perception : entre sensation et expérience A. La perception, moins qu’une expérience

Si elle identifie son objet, elle le fait sans y associer les circonstances où il a pu être antérieurement rencontré. B. La perception plus qu’une sensation.

Percevoir, du latin percipere, c’est " prendre ensemble ", " récolter ", càd organiser des sensations en un tout signifiant. Cf. Alain, ex. perception d’un dé cubique C. La perception, jugement immédiat

Percevoir quelque chose, c’est l’identifier en le tenant spontanément pour existant ici-maintenant. Cf. définition de LalandeProblème qui se pose :Pas de perception sans "jugement". Reste à savoira) si un tel jugement résulte d'une faculté intellectuelle appliquée à un " donné sensible " ,b) ou si, au contraire, il est à ce point enveloppé dans la sensation qu'on pourrait dire que " les sens jugent " d'eux-mêmes ce qui se donne à percevoir.

Première possibilité= thèse intellectualiste , soutenue, avant Alain, par Platon, Descartes et Malebranche (qui se demandent si la perception peut nous fournir une connaissance des objets qui soit vraiment fiable)

Platon établit que puisqu’un sens ne peut éprouver ce qu’éprouvent les autres sens, l’unité de l’objet ne peut être que l’œuvre d’une faculté distincte de l’expérience sensible.Cf. Platon, Théétète

En analysant la perception d’un morceau de cire, Descartes montre que le jugement, acte d’inspection de l’esprit, est seul capable de comprendre qu’à travers les vicissitudes des changements d’apparence "la même cire demeure" et que l’expérience sensible ne peut rendre compte de la perception.Cf. Descartes, Méditations

Malebranche montre que l'âme estime la grandeur et la distance des objets par des jugements naturels conformes à la loi de l'optique selon laquelle líimage diminue avec l'éloignement; notre perception des figures et des mouvements combine de tels jugements.Cf. Malebranche, Recherche de la vérité

Seconde possibilité = théorie développée par les "psychologues de la forme" La forme des objets sentis est sentie ou perçue d'emblée: "la perception n'est pas un ensemble de sensations, mais toute perception est d'emblée perception d'un ensemble".

Pour la théorie intellectualiste les sensations sont la matière de la perception et c'est le jugement et la mémoire qui leur donnent une forme.

Mais pour la Gestalttheorie, il n'y a plus de distinction entre sensation et perception; la forme est inséparable de la matière et nous est donnée intuitivement avec la matière et en elle.

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Le sujet

Les objets se découpent d'eux-mêmes - sans intervention de l'intelligence - et simplement par leur structure propre sur un fond indifférencié.

J'ouvre les yeux non sur une poussière de lignes et de couleurs en désordre, mais sur un monde d'objets qui, indépendamment de mes habitudes, de mon savoir, de mes jugements, se trouvent d'emblée organisés et groupés selon la loi de la "bonne forme", la plus simple et la plus cohérente. II. La perception : activité vitale A. L’idée générale

Avant d'être un mode de connaissance des choses, la perception est l'activité vitale de tout organisme en contact avec son milieu. B. Le point de vue de Bergson

Les origines de notre perception des choses sont tout utilitaires. A ce niveau élémentaire, de même que " C'est l'herbe en général qui attire l'herbivore" ( Bergson, La pensée et le mouvant ), l'homme ne saisit des choses que ce qui l'intéresse pratiquement.

Les ressemblances entre les choses sont d'abord senties, vécues, automatiquement jouées avant d'être aperçues et pensées. (les réactions identiques ou analogues que provoque en nous leur perception immédiate sont le germe des idées générales. )

La perception est donc déterminée d'abord par les nécessités de l'action et ce sont nos besoins qui découpent dans la continuité des qualités sensibles des corps et des êtres distincts. N.B. C'est cette orientation utilitaire qui limite la perception et l'empêche d'être une connaissance totale. D'où l'extrême pauvreté des idées générales ou concepts qui ne sont que des extraits de perceptions visant avant tout l'utilité vitale. Il n'est guère contestable que les vues bergsoniennes rendent bien compte chez l'homme des perceptions les plus élémentaires comme sans doute de celles des animaux supérieurs. Comme disait Leibniz, "nous ne sommes qu'empiriques dans les trois quarts de nos actions ". Reste le dernier quart pour lequel, selon Bergson, on doit recourir à l'intuition. III. La perception, relation existentielle de l’homme au monde A. Percevoir, c’est entrer en contact corporel avec le monde

La perception n'est pas à penser sur le modèle de la vision, comme un jugement extérieur qui poserait l'existence de son objet, mais à partir d'un contact avec le monde, du sentiment de la présence des choses.

La perception est une foi en ce qu’elle donne à percevoir, évidence sensible, naturelle et spontanée vécue au contact des choses. B. Phénoménologie de la perception

Dans la perception, le sujet percevant n'est pas un spectateur passif de formes objectives : les objets qui sont investis par mes préoccupations subjectives sont valorisés dans le champ perceptif. Cf. Merleau-Ponty, phénoménologie de la perception

Köhler lui-même, théoricien de la psychologie de la forme, en fait l'aveu : le ciel bleu dans une rue étroite dessine au-dessus des maisons un rectangle qui constitue une très belle forme; or ce n'est pas le ciel qui est vu comme figure, ni les lignes des toits comme simples bords du ciel. Ce sont au contraire les maisons qui sont perçues comme "figure" et le rectangle du ciel malgré sa forme géométrique joue seulement le rôle de fond.

Pas question de revenir à l'intellectualisme, qui a exagéré la part des raisonnements, des opérations intellectuelles dans la perception. Mais ne pas oublier le rôle du sujet dans la perception, du sujet affectif et vivant.

La perception ne peut se comprendre qu'à partir de l'être vivant, de ses besoins, de ses valeurs. Je vois le monde comme je suis, disait Eluard, je ne le vois pas comme il est. Le monde perçu est tout plein de nous-mêmes. Il sourit de nos joies et grimace de nos angoisses, ressemble à nos préjugés. Il n'est pas le monde objectif de la science.

Conclusion Percevoir et savoir :

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Le sujet

" Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si nous voulons penser la science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut réveiller d'abord cette expérience du monde dont elle est l'expression seconde. La science n'a pas et n'aura jamais le même sens que le monde perçu pour la simple raison qu'elle n'en est qu'une détermination ou une explication... Revenir aux choses mêmes, c'est revenir à ce monde avant la connaissance." Maurice Merleau-Ponty

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